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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT REPUBLIQUE TOGOLAISE

SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE TRAVAIL – LIBERTE - PATRIE

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CENTRE DE FORMATION BANCAIRE DU TOGO

MEMOIRE DE MASTER PROFESSIONNEL


EN SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

Mention : Sciences de Gestion


Option : Banque et Finance
Spécialité : Banque, Finance et Assurance

THEME

LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX AU


TOGO

Présenté par : Directeur : Pr JOHNSON Daniel Kuawo Assan


Maître de Conférences-CAMES
Mlle SOSSOU Akossiwa
Codirecteur : Pr OUYI Badji Gilbert
Maître de Conférences-CAMES

Avril 2021

Rue Docteur Kaolo Tokoin-Tamé, 01 BP 4863 Lomé 01 Togo, Tél: +228 22 26 69 13


Fax: +228 22 26 50 73, Email: cfbt.togo@gmail.com, Site: www.cfbtogo. tg – NIF 10001452510
SOMMAIRE
DEDICACE .............................................................................................................. ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................ iii
SIGLES ET ACRONYMES ..................................................................................... iv
LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................... vi
LISTE DES GRAPHIQUES ................................................................................... vii
LISTE DES ANNEXES ......................................................................................... viii
INTRODUCTION GENERALE................................................................................. 1
PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE ET REVUE DE LA LITTERATURE ...... 5
CHAPITRE1 ............................................................................................................ 6
PROBLEMATIQUE ET CADRE INSTITUTIONNEL DU BLANCHIMENT DE
CAPITAUX .............................................................................................................. 6
1. 1. Problématique ............................................................................................. 6
1.2. Cadre juridique et institutionnel du blanchiment de capitaux ....................... 9
CHAPITRE 2 ......................................................................................................... 22
CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE ................................. 22
2.1. Cadre conceptuel, mécanismes et techniques du blanchiment de capitaux
.......................................................................................................................... 22
2.2. Revue de la littérature ................................................................................ 31
DEUXIEME PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE ................ 39
CHAPITRE 3 : ....................................................................................................... 40
LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ......................................................... 40
3.1. Population cible et échantillon.................................................................... 40
3.2. Méthodes de collecte de données ............................................................. 41
3.3. Rappel des obligations des assujettis à la loi ............................................. 44
CHAPITRE 4 ......................................................................................................... 59
PRÉSENTATION, ANALYSE, EVALUATION, DISCUSSIONS DES RÉSULTATS
ET PLAN D’ACTION SOMMAIRE ......................................................................... 59
4.1. Présentation, analyse des données de la CENTIF Togo, et évaluation de
l’efficacité de la lutte contre le blanchiment de capitaux ................................... 59
4.2. Discussion de la politique togolaise de lutte contre le blanchiment de capitaux
et proposition d’un plan d’action sommaire ....................................................... 68
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES..................................................................... I
ANNEXES ............................................................................................................. VI
TABLE DES MATIERES ........................................................................................ X

i
DEDICACE

mon père SOSSOU Mawussi

et

ma mère ATTISSO Ayéwa Epse SOSSOU

ii
REMERCIEMENTS

Ce travail n’aurait pu voir le jour sans l’aide et la volonté du Tout-Puissant. Merci


Seigneur de nous avoir donné le courage d’entamer et de finir notre recherche. La
réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes
à qui nous voudrions témoigner toute notre gratitude.
❖ Nous voudrions tout d’abord adresser toute notre reconnaissance au
Directeur de ce mémoire, Professeur JOHNSON Daniel Kuawo Assan, Maître de
Conférences-CAMES, Directeur Académique, Pédagogique et de Recherche à
UCAO-UUT, pour sa disponibilité à lire notre document et surtout ses judicieux
conseils, qui ont contribué à alimenter notre réflexion ;
❖ Ensuite notre reconnaissance est dédiée au Professeur OUYI Badji Gilbert,
Maître de conférences, co-directeur, pour son encadrement, son soutien en vue de
l’élaboration de notre mémoire ;
❖ Nous tenons sincèrement à remercier les membres du jury, pour avoir
accepté, malgré leurs multiples occupations, de lire notre document et de l’évaluer ;
❖ Nous désirons aussi remercier le corps enseignant et le personnel du Centre
de Formation Bancaire du Togo qui nous ont fourni les outils nécessaires à la
réussite de nos études supérieures ;
❖ Nous tenons à remercier spécialement Monsieur PASSOKI Tarabalo, qui fut
la première personne à nous faire découvrir le sujet qui a guidé notre réflexion ;
❖ Nous voudrions exprimer notre reconnaissance aux amis et collègues qui
nous ont apporté leur soutien moral et intellectuel tout au long de notre démarche ;
❖ Un grand merci à Monsieur Essolissam POYODI, Procureur près le
Tribunal de Grande Instance de Lomé et ses substituts, à Monsieur ANADE Jean,
Commissaire principal de police, membre de la CENTIF TOGO, pour leur
volonté à nous fournir les informations nécessaires pour l’élaboration de ce
mémoire. Ils ont grandement facilité notre travail ;
❖ Notre gratitude aux Révérends Pasteurs BAMOK Noumin et ANKOU
Saram pour leurs prières et conseils motivants ;
❖ Enfin, nous tenons à témoigner toute notre gratitude à notre frère SOSSOU
Yawo Mawunu pour sa confiance et son soutien inestimable.

iii
SIGLES ET ACRONYMES

BC : Blanchiment de Capitaux

BC/FT : Blanchiment de Capitaux et de Financement du Terrorisme

BCCI : Bank of Credit and Commerce International (Banque de


crédit et du Commerce International)

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest

BRI : Banque de Règlements Internationaux

BRVM Togo : Bourse Régional des Valeurs Mobilières Togo

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CENTIF : Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières

CFE : Centre de Formalités des Entreprises

DOS : Déclaration d’Opérations Suspectes

EPNFD : Entreprises et Professions Non Financières Désignées

FMI : Fond Monétaire International


GAFI : Groupe d’Action Financier
GIABA : Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment

d’argent en Afrique

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

INSEED : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques


et Démographiques

PIB : Produit Intérieur Brut

GAFI : Groupe d’Action Financier

ILEA : International Law Enforcement Academies (Académies


d’application des Lois Internationales)

KYC : Know Your Customer (Connaître son client)

iv
OCRTIDB : Office Central de Répression du Trafic Illicite des Drogues et
du Blanchiment

OFAC : Office of Foreign Assets Control ()

ONU : Organisation des Nations Unies


: Organisation des Nations Unies contre la Drogue et le
ONUDC
Blanchiment de Capitaux

OPCVM : Organisme de Placement de Capitaux et de Valeurs


Mobilières

SGI : Société de Gestion et d’Intermédiation

SGP : Société de Gestion de Patrimoine

UCAO-UUT : Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest-Unité


Universitaire du Togo

US : United States

v
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Produit Intérieur Brut (PIB) du Togo entre 2014 et 2018 .................... 25

Tableau 2 : Nombre de DOS annuelles reçues par catégorie de déclarants ......... 62

Tableau 3 : Point sur le traitement des DOS au 31 décembre 2018...................... 65

Tableau 4 : Plan d’actions sommaire..................................................................... 76

vi
LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1: Echantillonnage et répartition des assujettis .................................... 41

Graphique 2 : Répartition des assujettis du secteur financier ................................ 41

Graphique 3 : Evolution de déclaration des opérations suspectes reçues par année

.............................................................................................................................. 59

Graphique 4 : Contribution du système bancaire aux déclarations d’opérations

suspectes (DOS) en 2018 ..................................................................................... 61

Graphique 5 : Importance des montants mis en cause dans les déclarations

d’opérations suspectes (DOS) en 2018 ................................................................. 63

vii
LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Questionnaire Institutions Financières................................................. VI

Annexe 2 : Questionnaire Institutions non Financières......................................... VII

Annexe 3 : Questionnaire CENTIF Togo ............................................................. VIII

Annexe 4 : Questionnaire Procureur de la République .......................................... IX

viii
INTRODUCTION GENERALE

1
La multiplication et la mondialisation des affaires commerciales ont récemment
amplifié la criminalité économique au centre des débats. Le blanchiment de capitaux
est un phénomène de grande ampleur qui nuit à l’économie mondiale. Le Togo n’en
est pas épargné. Selon l’article 324-1 du code pénal français, le blanchiment de
capitaux est une infraction qui consiste à faciliter par tous les moyens la justification
mensongère de l'origine des biens ou des revenus acquis par voie criminelle ou
délictuelle afin de réinvestir lesdits biens ou revenus dans des activités légales.
Cette pratique influe souvent sur les activités légales, notamment en compromettant
à la réputation des entreprises qui empruntent ces canaux.

Par sa nature même, le blanchiment de capitaux est en dehors du champ normal


couvert par les statistiques économiques. Néanmoins, comme pour d'autres
aspects de l'activité économique souterraine, on a pu avancer des estimations afin
de donner une idée de l'ampleur du problème. D'après le Fonds monétaire
international (FMI), en 2008, le volume annuel des opérations de blanchiment dans
le monde représente en moyenne 2% à 5% du PIB mondial (estimé à 71 000
milliards de dollars US) ce qui correspond à une somme comprise entre 1 000 et 3
000 milliards de dollars US. Selon le rapport de l'Office des Nations unies contre la
drogue et le crime, le blanchiment de l’argent sale est estimé à 1 600 milliards de
dollars dans le monde en 2009, soit 2,7 % du PIB mondial (estimation...).

Aujourd’hui, le cliché traditionnel du blanchisseur de capitaux ne se limite plus à un


individu suspect qui transporte des liasses de billets dans une valise. Cependant,
les motivations des blanchisseurs n’ont pas changé puisqu’il s’agit toujours de
donner une existence légale à des biens acquis illégalement, en camouflant des
profits et en dissimulant leur origine.

Seulement, pour y parvenir, ces derniers recourent dorénavant à des moyens de


plus en plus raffinés et de plus en plus complexes pour parvenir à leurs fins (Broyer,
2002). A cet effet, le blanchiment de capitaux ne cesse d’augmenter au fil des
années. Mais les autorités, à l’échelle internationale, sous-régionale et nationale,
ont érigé des lois et mis en place des mécanismes afin de lutter contre le
blanchissement des capitaux.

En effet, plusieurs organismes se sont engagés à éradiquer le fléau de blanchiment

2
de capitaux. Parmi ceux-ci, on note sur le plan international entre autres : la
Convention de Vienne (ONU,1988) qui régit le système actuel de contrôle
international des substances psychoactives et pose les principes fondamentaux de
lutte contre le blanchiment des capitaux illicites ; la Déclaration de Bâle (1988) fixant
les principes de premières règles déontologiques qui s’appliquent aux banques des
pays membres ; le Groupe d’Action Financière (GAFI, 1989) qui regroupe les sept
(07) pays les plus industrialisés dont l’objectif est d’empêcher l’utilisation du
système bancaire pour le blanchiment d’argent d’origine criminelle. Dans la sous-
région ouest africaine, nous pouvons citer le Groupe intergouvernemental d’action
contre le blanchiment d’argent en Afrique (GIABA, 1997), les différentes Directives
(2002, 2007 et 2015) de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
Tous ces organismes ont mis en place des cadres réglementaires et des dispositifs
de lutte contre le blanchiment des capitaux.

Au Togo, avec la politique économique d’investir, de créer sa nouvelle entreprise à


zéro franc, en moyenne neuf cent quatre-vingt-huit (988) entreprises (CFE, janvier-
novembre 2020) se créent tous les ans au Centre de Formalités des Entreprises
(CFE). Cette politique constitue un risque relativement élevé de blanchiment de
capitaux dans le pays.

Depuis les années 2004, le Togo s’est imprégné dans la lutte contre le trafic illicite
des drogues et le blanchiment, avec la création de l’Office Central de Répression
du Trafic Illicite des Drogues et du Blanchiment (OCRTIDB), qui joue le rôle
d’interface auprès des unités qui interviennent dans ladite lutte (Décret N°2004-
053/PR du 28 janvier 2004).

Pour renforcer cette lutte, le Togo a mis en œuvre, le 1er décembre 2009, un
dispositif de lutte anti-blanchiment baptisé sous le nom de la Cellule Nationale de
Traitement des Informations Financières (CENTIF) puis transposé dans son
ordonnancement juridique en date du 04 mai 2018, la Directive N°
02/2015/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le
financement de terrorisme dans les pays de l'UEMOA du 02 juillet 2015. Cette loi
oblige les professionnels exposés au risque de blanchiment de capitaux à appliquer
des mesures protectrices. La liste des professionnels auxquels s'appliquent les

3
mesures préventives n’est pas exhaustive. Elle est largement étendue et ne se
limite pas seulement aux banques.

L'ensemble des spécialistes du secteur financier est visé ainsi que les assurances,
les douanes, les métiers de la comptabilité, les notaires, les auditeurs, les avocats,
les agents immobiliers, les conseillers fiscaux et économiques et les marchands de
biens de grande valeur.
Chargée de traiter les opérations suspectes déclarées par les assujettis à la loi, la
CENTIF Togo transmet les rapports aux juridictions compétentes pour initier les
poursuites contre les blanchisseurs. Force est de constater que plus de dix (10) ans
après sa mise en œuvre, les statistiques relatives aux déclarations de soupçons et
aux opérations diverses indiquent une certaine lourdeur dans cette lutte.

Au regard de ces constats, nous nous posons fondamentalement la question de


savoir si le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux est-il efficace au
Togo ? Ceci justifie le choix de notre sujet de recherche : la « lutte contre le
blanchiment de capitaux au Togo. »

De cette interrogation principale, découlent les questions subsidiaires suivantes :


✓ Pourquoi les assujettis sont-ils réticents à faire les déclarations d’opérations
suspectes ?
✓ Quel est le niveau de dynamisme des organes de traitement et de
répression ?
✓ Comment l’Etat est-il impliqué dans la lutte contre le blanchiment des
capitaux au Togo ?

Dans le but de répondre à toutes ces questions, outre l’introduction et la conclusion,


nous avons subdivisé notre mémoire en deux (02) parties. La première est
consacrée à la problématique et la revue de la littérature et aborde en un premier
chapitre la problématique et le cadre institutionnel du blanchiment de capitaux. Dans
le second chapitre, nous traitons du cadre conceptuel et la revue de la littérature.
La seconde partie définit l’approche méthodologique et empirique. Son premier
chapitre porte sur la méthodologie de la recherche tandis que le second chapitre
fait état de la présentation, analyse, évaluation, discussions des résultats et plan
d’action sommaire.

4
PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE ET REVUE DE LA
LITTERATURE

Cette première partie aborde dans le premier chapitre la problématique à travers


l’analyse de la situation, la définition des objectifs de la recherche, la mise en relief
de l’intérêt qui justifie le choix du thème. Dans ce même chapitre, nous allons
présenter les différentes normes de la lutte contre le blanchiment de capitaux. Le
second chapitre concerne les contours des concepts du blanchiment de capitaux
puis une revue des différentes théories en lien avec la présente recherche.

5
CHAPITRE1
PROBLEMATIQUE ET CADRE INSTITUTIONNEL DU
BLANCHIMENT DE CAPITAUX

Comme tout travail de recherche, ce mémoire est initié suite à un problème


constaté. Elle s’inscrit dans l’esprit de mieux cerner ledit problème afin de proposer
des solutions alternatives. Ce chapitre vise donc à exposer clairement la
problématique, les objectifs de cette recherche, puis le cadre institutionnel du
blanchiment de capitaux.

1. 1. Problématique
La problématique vise à présenter l’analyse, les objectifs et l’intérêt de la lutte contre
le blanchiment de capitaux au Togo.

1.1.1. Analyse de la situation

Une véritable lutte contre le blanchiment de capitaux impose que tous les assujettis
togolais à la loi déclarent à la CENTIF Togo, chaque fois toutes les opérations
suspectes rencontrées dans l’exercice de leur profession. A cet effet, la CENTIF
Togo, chargée de traiter les opérations suspectes déclarées par les assujettis à la
loi, transmet les rapports au Procureur de la République compétent pour initier les
procédures de poursuite des blanchisseurs. Mais force est de constater que plus de
dix (10) ans après la mise en œuvre de la CENTIF Togo, très peu seulement (01)
sur les soixante-deux (62) rapports transmis au Procureur de la République a fait
l’objet de jugement à ce jour.

Il découle de cette situation que la lutte contre le blanchiment de capitaux connait


un certain nombre de dysfonctionnements liés à plusieurs aspects.

En 2018, on note trois cent vingt-neuf (329) déclarations d’opérations suspectes


(DOS) contre deux cent onze (211) en 2017, pour des montants respectifs de
quatre-vingt milliards deux cent millions (80 200 000 000) de francs CFA et
quarante-neuf milliards quatre cent millions (49 400 000 000) de francs CFA. Parmi
les nombreux acteurs assujettis aux Déclarations d’Opérations Suspectes (DOS),

6
le secteur bancaire composé à ce jour de Treize (13) banques commerciales, Deux
(02) établissements financiers et quelques rares compagnies d’assurances,
notaires, organisation non gouvernementale se montrent relativement plus engagés
dans la lutte. On constate que Trois (03) banques commerciales sont auteurs des
3/4 des DOS transmises à la CENTIF. Au regard de ce qui précède, pourrait-on dire
qu’il existe une certaine lourdeur dans le mécanisme de déclaration des opérations
suspectes ? S’agissant du traitement des DOS, aucune affaire n’a à ce jour fait
l’objet de jugement (CENTIF, 2018). Cette situation est-elle due à l’insuffisance de
qualification du personnel de la CENTIF et des organes de répression ?
Aussi, ceux-ci devraient être dotés de ressources financières, matérielles et
techniques suffisantes pour bien mener leur mission. Or ces ressources financées
par l’Etat sont insuffisantes l’on est alors en droit de se poser la question de savoir
s’il y a un manque de volonté de la part de l’Etat ou sa méconnaissance de l’impact
du blanchiment de capitaux sur l’économie togolaise ?
Au vu de tout ce que dessus, nous trouvons ainsi la nécessité de faire une recherche
sur la problématique liée à l’efficacité de la lutte contre le blanchiment de capitaux
au Togo.

Afin de mener ce travail de recherche à bout, il s’avère nécessaire de fixer des


objectifs qui nous serviront de feuille de route.

1.1.2. Objectifs de la recherche

Les objectifs de notre recherche sont de deux (02) types : un objectif général et des
objectifs spécifiques.

1.1.2.1. Objectif général

L’objectif principal poursuivi dans le présent travail est de contribuer à l’amélioration


de la lutte contre le blanchiment de capitaux au Togo.

1.1.2.2. Objectif spécifiques

L’objectif général est subdivisé en objectifs opérationnels ci-dessous :


✓ analyser les raisons de réticence des assujettis à déclarer les opérations
suspectes qu’ils rencontrent ;

7
✓ évaluer le degré d’engagement des organes de traitement et de
répression savoir : la CENTIF Togo et la justice, la gendarmerie puis la
police ;
✓ faire ressortir l’implication de l’Etat dans la lutte contre le blanchiment de
capitaux au Togo.

1.1.2.3. Intérêt de la recherche

La présente recherche s’inscrit dans la foulée des études et travaux de recherche


déjà réalisés en matière de blanchiment de capitaux.

La plupart des études et travaux antérieurs se sont focalisés en général sur la lutte
contre le blanchiment de capitaux dans le système économique et financier en
Afrique plus précisément dans l’espace de l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA). En outre, à notre connaissance, peu de travaux de recherche
ont abordé de façon spécifique le sujet. L’un des intérêts de notre étude est d’avoir
comme cible principale les professionnels du secteur financier et non financier
exerçant sur le territoire togolais ainsi que les organes de traitement et de
répression institués par l’Etat togolais.

Notre recherche vise à analyser les difficultés qu’éprouvent chaque acteur togolais
dans la lutte contre le blanchiment de capitaux. La revue de la littérature évoque
bien des travaux qui analysent les enjeux du blanchiment de capitaux sur
l’économie. Ces travaux portent la plupart du temps sur les économies
européennes. Nous n’avons pas rencontré d’ouvrages spécifiques africains traitant
des enjeux du blanchiment de capitaux sur l’économie africaine. Cependant, on
note quelques mémoires des étudiants africains à l’instar de ANGRA Jean-Yves qui
a écrit sur : « La lutte contre le blanchiment d'argent dans le système économique
et financier en Afrique : analyse critique des procédures existantes et propositions
d'axes d'améliorations ». Notre travail rejoint donc ces études avec la spécificité du
cas du Togo.

Cette recherche servira à tracer des pistes et solutions pour mieux lutter contre le
blanchiment de capitaux dans un Etat.

8
La problématique ainsi abordée, il convient d’étudier les différentes institutions en
matière de lutte contre le blanchiment de capitaux.

1.2. Cadre juridique et institutionnel du blanchiment de


capitaux
Tant sur le plan national, qu’international, plusieurs dispositions sont prises pour
prévenir le blanchiment de capitaux.

1.2.1. Lutte contre le blanchiment de capitaux à l’échelle internationale

Plusieurs organismes se sont engagés à éradiquer le fléau de blanchiment de


capitaux. Parmi ceux-ci, on note sur le plan international entre autres : la Convention
de Vienne, la Déclaration de Bâle, la Convention du Conseil de l’Europe et la
Directive de l’Union Européenne, le Groupe d’Action Financière (GAFI), et la
Convention de l’ONU à Palerme.

1.2.1.1. La Convention de Vienne


En 1988, une convention internationale a été signée à Vienne (ONU, 1988) sous
l’égide de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cette convention régit le
système actuel de contrôle international des substances psychoactives et pose les
principes fondamentaux de lutte contre le blanchiment de capitaux illicites.

Ce texte de portée internationale a imposé les normes suivantes aux Etats


signataires :

• inscrire dans leur législation pénale l'infraction de blanchiment des capitaux


issus du trafic des stupéfiants ;
• améliorer la coopération internationale dans les enquêtes et investigations
judiciaires ;
• appliquer les règles de l'extradition entre les états signataires ;
• éviter que le secret bancaire ne fasse obstacle aux enquêtes pénales
internationales (non-opposabilité du secret bancaire).

9
1.2.1.2. La Déclaration de Bâle

Le 12 décembre 1988, le Comité de Bâle a publié une déclaration de principe fixant


les premières règles déontologiques s'appliquant aux banques des pays membres,
afin d'éviter leur implication, même involontaire, dans des activités criminelles. Ces
principes sont :
• l'identification des clients ;
• la détection d'opérations suspectes ;
• la coopération avec les services de police et les autorités judiciaires ;
• l'élaboration de programmes internes de sensibilisation et de formation.

Les autorités de contrôle considèrent qu’il y a manquement à ces principes dès lors
que des insuffisances d’organisation ou de contrôle sont constatées ; l’application
de ces principes est donc obligatoire pour les autorités de contrôle.

1.2.1.3. La Convention du Conseil de l’Europe et la directive de l’Union


Européenne

Le 08 novembre 1990, le Conseil de l’Europe a adopté une convention relative à la


lutte contre le blanchiment, à la saisie et à la confiscation des produits issus de ce
crime.
La Directive du Conseil de l'Union Européenne du 4 décembre 2001, modifiant la
directive du 10 juin 1991, invitait les Etats membres de l'Union Européenne à
modifier leur droit national afin de prévenir l'utilisation du système financier aux fins
de blanchiment.

1.2.1.4. Le Groupe d’Action Financière (GAFI)

En 1989, les sept pays les plus industrialisés du monde ont procédé à la création
d'un groupe de concertation dénommé le GAFI (GAFI, 1989). Ce groupe s’est donné
pour objectif "d'empêcher l'utilisation du système bancaire pour le blanchiment
d'argent d'origine criminelle".

Les décisions les plus importantes prises par cette instance sont :
• Février 1990 : proposition de 40 recommandations visant à l'harmonisation
du droit pénal et du droit bancaire des pays membres ;

10
• Juin 1992 : renforcement de la coopération internationale relative aux
échanges de renseignements sur les personnes suspectes et les réseaux
employés ;
• Juin 1999 : décision de production annuelle d’un rapport sur l’évolution des
méthodes et techniques de blanchiment.

Les instruments internationaux, principalement la Déclaration de Bâle de 1988


formulée par le Comité des règles et pratiques de contrôle des opérations bancaires
de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) et les 40 recommandations du
Groupe d'Action Financière (GAFI) sur le blanchiment de capitaux, constituent
aujourd'hui le cadre de référence sur lequel s'appuient les institutions financières
internationales, notamment celles de Bretton Woods, pour apprécier les efforts des
Etats en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux à savoir:
• l’harmonisation législative : il s'agit pour les Etats, d'insérer dans leur
législation, l'infraction liée au blanchiment de capitaux ;
• la collaboration entre les Pouvoirs publics, les autorités monétaires, le
secteur financier, les professions et catégories d'entreprises qui exercent des
activités particulièrement vulnérables. Elle repose principalement sur
l'organisation de la déclaration, par les assujettis, des opérations suspectes,
complexes, inhabituelles ou de montant élevé ;
• la coopération internationale : le blanchiment de capitaux étant un
phénomène mondial, la solution à ce problème ne peut être que d'ordre
global.

1.2.1.5. La convention de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à


Palerme

La lutte contre le blanchiment de capitaux à l'échelle mondiale a connu une nouvelle


impulsion avec l'adoption, le 15 décembre 2000 à Palerme (Italie) (ONU, 2000), de
la Convention des Nations Unies sur le crime organisé qui vise à accroître la
coopération entre les 189 Etats membres, afin de mieux lutter contre les puissantes
filières du crime organisé. Ce texte préconise l'adaptation des lois nationales en vue
de lutter efficacement contre le crime organisé et la corruption, en s'attaquant au
blanchiment d'argent et en facilitant les procédures d'extradition.

11
1.2.2. La lutte contre le blanchiment de capitaux à l’échelle sous-
régionale et nationale

Il s’agit d’exposer, dans la présente section, les dispositifs de lutte contre le


blanchiment de capitaux dans la sous-région ouest africaine dans un premier
paragraphe, puis sur le plan national dans un second paragraphe.

1.2.2.1. La lutte contre le blanchiment de capitaux à l’échelle sous-


régionale
1.2.2.1.1. La zone franc

Lors de leur réunion tenue en avril 2001 à Abidjan (Côte d’Ivoire), les Ministres des
Finances et les Gouverneurs des banques centrales des pays membres de la Zone
Franc ont affirmé solennellement leur volonté de se doter, dès l'année 2002, d'une
législation contre le blanchiment de capitaux. Ils ont souligné que la lutte contre le
blanchiment et la délinquance économique et financière était une clé de la stabilité
internationale et ont décidé de renforcer leur action pour combattre les circuits de
financement du terrorisme.

1.2.2.1.2. La Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest


(CEDEAO)

En 1997 s’est tenue à Praia (Cap vert) la première réunion des ministres
coordonnateurs de la lutte contre la drogue de la CEDEAO (GIABA, 1997). A cette
occasion, les participants ont affirmé leur détermination d’adopter des dispositions
nécessaires à la protection des économies nationales. C’est ainsi que naît le Plan
d’Action Régional de lutte contre la drogue. Ce plan recommande notamment
l’élaboration d’une convention régionale sur le blanchiment de l’argent et la
confiscation du produit du trafic illicite des drogues.

Ce plan donnera lieu à la décision de créer le GIABA (Groupe Intergouvernemental


d’Action contre le Blanchiment de l’Argent en Afrique), par les chefs d’états de la
CEDEAO réunis le 10 décembre 1999 à Lomé (Togo). Les missions assignées au
GIABA sont les suivantes :

• information, formation, sensibilisation et assistance juridique ;


• suivi des auto-évaluations ;
• évaluation mutuelle ;

12
• élaboration de la typologie du blanchiment.

1.2.2.1.3. L’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)

En ligne avec les initiatives susvisées et conformément aux recommandations des


instances internationales et régionales, la Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest (BCEAO) a engagé des actions susceptibles de déboucher au niveau de
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) sur la proposition d'un
cadre réglementaire de lutte contre le blanchiment de capitaux d'origine criminelle
ou délictuelle, notamment ceux provenant du trafic de stupéfiants et d'êtres
humains, de la corruption, des détournements de deniers publics et de la fraude
(BCEAO, 2015).

La nécessité d'une réglementation communautaire au sein de l'UEMOA est justifiée


par le fait que les évolutions observées dans le monde ces dernières années, en
matière de développement de la criminalité financière et qui semblent se dessiner
dans la sous-région, comportent des risques d'atteinte à l'intégrité du système
financier de l'UEMOA.
En somme, la lutte contre le blanchiment de capitaux se justifie par le fait que :

• sur le plan moral, l'influence des organisations criminelles peut affaiblir le


tissu social et miner les valeurs individuelles et collectives ;
• sur le plan politique, l'opération de blanchiment permet aux détenteurs de
capitaux d'origine illicite d'infiltrer les systèmes démocratiques, grâce à la
corruption, afin d'obtenir soutien et/ou protection dans l’accomplissement de
leurs activités délictuelles. Ils constituent donc une menace pour l'ordre
public et les valeurs républicaines ;
• sur le plan économique, grâce aux importantes ressources financières dont
ils disposent, les malfaiteurs d'argent sont en mesure de contrôler
l’économie. Ils faussent de ce fait le fonctionnement normal des marchés, en
instaurant notamment une concurrence déloyale ;
• sur le plan financier, l'utilisation des établissements de crédit à des fins de
blanchiment peut entamer la réputation et la crédibilité des banques et
établissements financiers et provoquer, en conséquence, leur déstabilisation
et, finalement, des crises systémiques.

13
Compte tenu des mutations intervenues dans l’environnement économique et
financier international (absence de réglementation, libéralisation croissante,
espaces économiques intégrés), les pays membres de l’UEMOA ont entrepris
d’importantes réformes afin d’être en phase avec les pratiques internationales :

Les textes applicables en la matière sont les suivants :

• Le règlement n°09/2010/CM/UEMOA relatif aux opérations financières


avec l’extérieur en date du 1er octobre 2010.

Les opérations de change, mouvements de capitaux et règlements de toute nature


dans l’UEMOA ou entre un Etat membre et un Etat tiers, doivent avant tout
s’effectuer conformément aux dispositions de la réglementation des changes en
vigueur dans l’Union.

• La directive n°02/2015/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment


de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA en date du 02 juillet 2015

Le Conseil des Ministres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine


(UEMOA) réuni à Bissau a adopté le 02 juillet 2015 la Directive n°
02/2015/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les
pays de l'UEMOA. Cette directive est accompagnée d’un nouveau projet de Loi
uniforme qui devra être retranscrit dans l’ordonnancement interne de chaque Etat
membre.

Cette nouvelle Directive abroge et remplace toutes dispositions antérieures


contraires, notamment les dispositions de la Directive n° 02/2002/CM/UEMOA du
19 septembre 2002 sur le même sujet et celles de la Directive n°
04/2007/CM/UEMOA du 04 juillet 2007 relative à la lutte contre le financement du
terrorisme dans les Etats membres de l’Union.
• Loi uniforme relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux dans les
Etats membres de l’UEMOA.

1.2.2.1.3.1. Au titre de la prévention du blanchiment

La Loi uniforme institue un cadre juridique permettant de prévenir l’utilisation des


circuits économiques et financiers à des fins de recyclage de capitaux illicites. Son

14
champ d’application couvre toute personne physique ou morale qui, dans le cadre
de sa profession, réalise, contrôle ou conseille des opérations entraînant des
dépôts, des échanges, des placements, des conversions ou tous mouvements de
capitaux. Il s’agit aussi bien des organismes intervenant dans le secteur financier
que non financier, notamment les membres des professions juridiques pour
certaines de leurs activités, les transporteurs de fonds, les marchands d’articles de
grande valeur et les établissements de jeux.

La loi uniforme définit les modalités d’identification par les banques et


établissements financiers, de leur clientèle (habituelle et occasionnelle) et les
conditions de conservation des pièces justificatives des opérations effectuées, de
même que les dispositions relatives à la mise en place par les organismes
financiers, de programmes internes de prévention, pour mieux détecter les
opérations de blanchiment de capitaux.

1.2.2.1.3.2. Au titre de la détection du blanchiment de capitaux

Les modalités de détection des opérations de blanchiment ainsi que les procédures
de déclaration de soupçons relatives aux opérations suspectes ont été organisées.
De même, le régime de la responsabilité incombant aux assujettis et à l'Etat ainsi
que la levée du secret professionnel dans le cadre des investigations liées au
blanchiment de capitaux ont été prévus. Par ailleurs, l'institution d'une Cellule
Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) est venue
compléter ce dispositif.

La CENTIF est une structure permanente, composée de six membres, dont un


représentant de la Banque Centrale assurant son secrétariat et deux chargés
d'enquêtes. Les membres de la CENTIF exercent leurs fonctions, à titre permanent,
pour une période de trois ans, renouvelable une fois. La CENTIF, dans le cadre de
l'exercice de ses attributions, s'appuiera sur un réseau de correspondants désignés
ès qualité par arrêté de leur Ministre de Tutelle au sein des différents services de
l'Etat impliqués dans la lutte contre le blanchiment de capitaux (Police,
Gendarmerie, Douanes, Services Judiciaires de l'Etat).

Le Siège de la BCEAO assure la coordination des activités des CENTIF au niveau


communautaire. Le Siège de la BCEAO est également chargé de la centralisation

15
et de la synthèse des rapports périodiques établis par les CENTIF. Le rapport de
synthèse, produit au moins une fois l'an, est destiné à l'information du Conseil des
Ministres de l'Union sur l'évolution de la lutte contre le blanchiment de capitaux dans
l'UEMOA. A travers ces rapports, la Banque Centrale peut proposer des orientations
susceptibles de favoriser les échanges d'informations, la coopération entre les
CENTIF et l'harmonisation de leurs actions.

1.2.2.1.3.3. Au titre des mesures coercitives

Des mesures coercitives sont prévues en cas de non-respect des dispositions de la


loi relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux. Des sanctions sont
également prévues en cas de non détection d’opérations de blanchiment de
capitaux.

1.2.2.1.3.4. La loi uniforme sur les instruments de paiements

Cette loi dispose entre autres en son article 2 que les banques sont tenues de
vérifier l’identité et l’adresse des postulants avant toute ouverture de compte.

1.2.2.1.3.5. L’Instruction n° 01/2007/RB du 2 juillet 2007

Cette instruction a été prise en application de la Loi uniforme et en définit les


modalités pratiques d’application par les organismes financiers.

Elle vise à indiquer aux organismes financiers, les moyens à mettre en œuvre en
vue du respect de leurs obligations générales de vigilance, de détection des
opérations suspectes ainsi que de leurs obligations spécifiques en matière de
déclaration de soupçon, de formation et de contrôle.

1.2.2.2. Lutte contre le blanchiment de capitaux à l’échelle nationale

Sur le plan national, l’arsenal de lutte contre le blanchiment d’argent est constitué
du dispositif institutionnel et de la loi du 04 mai 2018.

1.2.2.2.1. Dispositif institutionnel : la CENTIF Togo

1.2.2.2.1.1. Présentation de la CENTIF Togo :

Le Togo s’est inscrit dans le cadre de la Convention de Palerme, des Recomman-


dations du GAFI et de l’exécution de la Directive n°O7/2002/CM/UEMOA du 19
16
septembre 2002 de l’UEMOA en se dotant d’une Cellule Nationale de Traitement
des Informations Financières (CENTIF) Togo.

Au cours de l’année 2009, le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux


et le financement du terrorisme s’est renforcé avec la finalisation des principaux
textes de base et la prise de multiples arrêtés visant l’opérationnalité de la CENTIF.

L’action de la CENTIF Togo s’est articulée autour des préliminaires de sa


fonctionnalité et du traitement des déclarations d’opérations suspectes, sur les
bases juridiques suivantes :

• la loi n°2007- 016 du 06 juillet 2007 relative à la lutte contre le blanchiment


des capitaux ;
• la loi n°2009- 022 du 07 septembre 2009 relative à la lutte contre le
financement du terrorisme ;
• le décret n°2008- 037/PR du 28 mars 2008 portant création, organisation et
fonctionnement d’une cellule nationale de traitement des informations
financières ;
• le décret n°2009- 008/PR du 14 janvier 2009 portant nomination des
membres de la CENTIF Togo ;
• l’arrêté interministériel n°0136/MSPC/MEF/MJRIR du 11 août 2009 portant
création du comité de suivi des activités relatives à la lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ;
• l’arrêté n°171/MEF/CENTIF-TG du 13 août 2009 fixant un modèle de
déclaration des opérations suspectes, pris par le Ministre de l’Economie et
des Finances, conformément à l’article 26 de la loi n°2007-016 du 06 juillet
2007 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux ;
• l’arrêté n°293 MEF/CENTIF-TG du 25 novembre 2009 portant nomination
des correspondants de la Cellule Nationale de Traitement des Informations
Financières.

Les membres ont prêté serment le 26 février 2009 devant la Cour d’Appel de Lomé
qui les a renvoyés à leurs fonctions. Leur installation officielle par le Ministre de
l’Economie et des Finances est intervenue le 1er décembre 2009.

17
1.2.2.2.1.2. Mission de la CENTIF Togo

Placée sous la tutelle du Ministre chargé de l’Economie et des Finances, la Cellule


Nationale de Traitement des Informations Financières du Togo est un service
administratif doté d’une autonomie financière, ainsi que d’un pouvoir de décision
autonome sur les matières relevant de sa compétence. La CENTIF Togo a pour
mission de recueillir et de traiter le renseignement financier sur les circuits de
blanchiment de capitaux. A ce titre, elle :

• est chargée, notamment de recevoir, d’analyser, et de traiter les


renseignements propres à établir l’origine des transactions ou la nature des
opérations faisant l’objet de déclaration de soupçons auxquelles sont
astreintes les personnes assujetties ;
• reçoit également toutes autres informations utiles, nécessaires à
l’accomplissement de sa mission, notamment celles communiquées par les
Autorités de contrôle, ainsi que les officiers de police judiciaire ;
• peut demander la communication par les assujettis, ainsi que par toute
personne physique ou morale, d’informations détenues par eux et
susceptibles de permettre d’enrichir les déclarations de soupçons ;
• effectue ou fait réaliser des études périodiques sur l’évolution des techniques
utilisées aux fins de blanchiment de capitaux ou de financement du
terrorisme au niveau du territoire national.

Elle émet des avis sur la mise en œuvre de la politique de l’Etat en matière de lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. A ce titre, elle
propose toutes réformes nécessaires au renforcement de l’efficacité de la lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

La CENTIF élabore des rapports périodiques (au moins une fois par trimestre) et un
rapport annuel, qui analysent l’évolution des activités de lutte contre le blanchiment
de capitaux et le financement du terrorisme au plan national et international et
procède à l’évaluation des déclarations recueillies. Ces rapports sont soumis au
Ministre chargé des finances.

La CENTIF participe également à la politique d’évaluation mutuelle diligentée par


les institutions financières internationales et les partenaires au développement.
18
1.2.2.2.1.3. Organigramme de la CENTIF Togo

La CENTIF Togo est composée de six (06) membres, nommés


par décret pris en conseil des Ministres :

• un (01) haut fonctionnaire issu de la Direction Générale des Douanes qui en


assure la présidence ;
• un (01) magistrat spécialisé dans les questions financières mis à la
disposition de la CENTIF par le Ministère chargé de la Justice ;
• un (01) représentant de la BCEAO, assurant le Secrétariat de la CENTIF
Togo ;
• un (01) chargé d’enquêtes, Officier de Police Judiciaire, détaché par le
Ministère de la Sécurité ;
• un (01) chargé d’enquêtes, Inspecteur des Services des Douanes, détaché
par le Ministère chargé des Finances ;
• un (01) haut fonctionnaire de la Gendarmerie, détaché par le Ministère
chargé de la Défense.

Les six (06) membres de la CENTIF Togo sont aidés dans leurs fonctions par un
personnel d’appui constitués de juristes, d’économistes, de statisticiens, d’analystes
financiers, d’informaticiens, de comptables, de secrétaires etc.

1.2.2.2.2. Dispositif légal de lutte contre le blanchiment de capitaux

Ce dispositif constitue la loi uniforme n°2018-004 du 04 mai 2018 relative à la lutte


contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats
membres de l’UEMOA. Cette loi est une transposition dans l’ordonnancement
interne du Togo, de la Directive n°02/2015/CM/UEMOA relative à la lutte contre le
blanchiment de capitaux dans les Etats membres de l’UEMOA en date du 02 juillet
2015 à Bissau. Les principales innovations introduites par cette loi sont :

• l'insertion de la lutte contre le financement de la prolifération des armes de


destruction massive, facilitant ainsi l’application systématique de sanctions
financières ciblées exigées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies ;
• l'introduction de dispositions relatives à l'évaluation des risques, tant au
niveau national qu’institutionnel, impliquant notamment la prise de mesures

19
appropriées pour identifier, évaluer, comprendre et atténuer les risques de
BC/FT ;
• la limitation de l'utilisation des espèces dans les transactions, notamment la
vente d’un bien immobilier de montant supérieur à un seuil fixé par l'autorité
compétente, ne pourrait être acquitté qu'au moyen de virements ou de
chèques,
• l’obligation pour les personnes assujetties de déclarer à la CENTIF les
transactions en espèces d'un montant égal ou supérieur à un seuil fixé par
une instruction de la BCEAO, qu'il s'agisse d'une opération unique ou de
plusieurs opérations qui paraissent liées ;
• l’obligation pour les assujettis d’identifier et d’évaluer les risques pouvant
résulter du développement de nouveaux produits, de nouvelles pratiques
commerciales ainsi que de l’utilisation de technologies novatrices ;
• la précision des mesures de vigilance spécifique à mettre en œuvre par les
institutions financières dans le cadre de leurs relations de correspondant
bancaire transfrontalier ;
• l'insertion de dispositions interdisant explicitement aux institutions financières
de nouer ou de maintenir une relation avec une banque fictive ;
• la définition des conditions de recours à des tiers, par les assujettis, pour
mettre en œuvre des obligations de vigilance relatives à leurs clients
(identification, collecte et conservation des informations sur les clients) ;
• la fixation des modalités d'échange d'informations entre la CENTIF et les
autorités de contrôle, les ordres professionnels et les instances
représentatives nationales ;
• la définition de lignes directrices en matière de protection de données et de
partage d'informations, à l'intention des institutions financières nationales
appartenant à un groupe international ;
• la précision des méthodes et moyens de recherche ainsi que de constatation
de l'infraction de BC/FT par l'administration des douanes (immobilisation et
perquisition des moyens de transport, visite et retenue des personnes
soupçonnées).

20
Ces innovations permettent au Togo, de garantir une meilleure conformité de son
dispositif de LBC/FT aux standards internationaux, en l’occurrence les 40
recommandations révisées en février 2012 par le GAFI.
+

+ +

L’étude de la problématique de notre recherche a permis d’analyser la situation, de


déterminer les objectifs et d’en sortir l’intérêt. Dans le cadre institutionnel, plusieurs
dispositions préviennent le blanchiment de capitaux. Les dispositions
internationales et sous-régionales, bien que n’ayant pas une force obligatoire,
constituent à bien des égards des recommandations qui priment sur les lois
nationales.

Reste alors à découvrir le concept du blanchiment de capitaux et la revue de la


littérature en la matière.

21
CHAPITRE 2
CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE

Dans ce chapitre, il est question, dans une première section, de définir certains
concepts relatifs au blanchiment de capitaux ensuite d’aborder les différents
mécanismes et techniques utilisées par les infracteurs pour blanchir les capitaux.
La revue de la littérature concerne la seconde section où nous exposons les
approches théorique et empirique du thème que nous traitons.

2.1. Cadre conceptuel, mécanismes et techniques du


blanchiment de capitaux
La notion de blanchiment de capitaux renferme dans ce travail, la définition du
concept, son origine, ses différents circuits et son impact sur l’économie togolaise.

2.1.1. Cadre conceptuel du blanchiment de capitaux

2.1.1.1. Définition du blanchiment de capitaux

Etymologiquement, le blanchiment de capitaux consiste à cacher l’origine d’une


somme d’argent qui a été acquise par le biais d’une activité illégale en la réinjectant
dans des activités légales. Le terme blanchiment de capitaux provient du fait que
l’argent acquis de manière illégale est appelé « la finance noire » (Kalombo, 2015).
Le blanchiment de capitaux consiste à réinjecter l’argent illégal dans une activité
honnête.

Le code pénal togolais définit le blanchiment de capitaux en son article 897 comme
étant l’infraction constituée par un ou plusieurs des agissements énumérés ci-après,
commis intentionnellement :

• la conversion, le transfert ou la manipulation des biens, dont l’auteur sait


qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit ou d’une participation à ce crime
ou délit, dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits biens
ou d’aider toute personne impliquée dans la commission de ce crime ou délit
à échapper aux conséquences judiciaires de ses actes ;

22
• la dissimulation, le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement,
de la disposition, du mouvement ou de la propriété réels de biens ou de droits
y relatifs dont l’auteur sait qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit, tels que
définis par les législations nationales des Etats membres de l’Union
économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) ou d’une participation à
ce crime ou délit ;
• l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens dont l’auteur sait, au moment
de la réception desdits biens, qu’ils proviennent d’un crime ou d’un délit ou
d’une participation à ce crime ou délit.

Il y a blanchiment de capitaux même si les faits qui sont à l’origine de l’acquisition,


de la détention et du transfert des biens à blanchir sont commis sur le territoire d’un
autre Etat membre de l’UEMOA ou sur celui d’un Etat tiers (Nouveau code pénal
togolais, 2016). Selon la loi pénale, il y a infraction de blanchiment d’argent dès lors
qu’il existe l’intention de blanchir de l’argent, que l’auteur soit actif ou passif.

N’apparaissant pas sui generis, le blanchiment de capitaux provient d’un point.

2.1.1.2. Origine du blanchiment de capitaux

Historiquement, la notion de blanchiment de capitaux est apparue dans les années


20 aux Etats-Unis, à l'époque de la Prohibition. En effet, de nombreuses liquidités
sont alors à disposition mais qui ne peuvent être réintroduites dans le circuit légal.
C'est ainsi qu’en 1928 à Chicago, les célèbres, Al Capone (célèbre chef d'une
famille mafieuse), Luky Luciano, Bugsy Moran et d'autres auraient racheté des
laveries automatiques (les Sanitary Cleaning Shops), commerce où les paiements
se font par nature en monnaie fiduciaire, afin de mêler l'argent « sale », provenant
de la vente illégale d'alcool, à de l'argent « propre », issu des revenus réguliers de
l'activité de blanchisserie (Angra, 2009).

Le phénomène a pris de l'ampleur dans les années soixante-dix (70) (Angra, 2009),
avec la progression des ressources procurées par les trafics de drogue aux grandes
organisations criminelles. La criminalité économique a fait son apparition d'abord
pour contourner les législations fiscales puis, avec le temps, et surtout par l'avancée
des techniques modernes, est devenue un domaine où le crime organisé est source
de gains énormes. Les principales causes de blanchiment sont directement liées

23
aux activités de la criminalité organisée dont le développement est caractérisé par
un double mouvement de diversification et d'internationalisation.

2.1.1.3. Circuits du blanchiment de capitaux

Tous les pays du monde sont touchés de manières variées. Cependant certaines
zones géographiques dans le monde sont plus sensibles que d’autres. Parmi les
pays sensibles, nous pouvons citer :

• les Etats-Unis, l’Amérique latine, l’Amérique centrale, la Colombie et le


bassin des Caraïbes. Ces zones sont impliquées dans la production et le
trafic de drogues notamment héroïnes, cocaïnes, cannabis et les flux
financiers frauduleux (Castelli, 2003) ;
• les pays de l’Asie, vieille tradition de règlement des transactions en espèces
et le réseau de banques souterraines qui favorisent efficacement le transfert
de capitaux sous anonymat ; la Mexique, le Japon avec la mainmise des
Yakuzas sur une partie de la finance japonaise, sous la domination de trois
(03) fédérations mafieuses : Yamaguchi-gumi, Inagawakai et Sumiyoshi-Kai
(Gayraud et al, 2014).
• l’Europe, places financières historiquement attractives comme Andorre,
Monaco, Suisse, Luxembourg, Espagne et Liechtenstein auxquels s’ajoutent
des réseaux bancaires les plus développés au monde (Gayraud et al, 2014);
• l’Afrique, surtout les pays comme le Nigéria, le Togo et le Bénin, avec la
fraude fiscale, la fraude, faux et usage de faux, l’escroquerie, les infractions
à la réglementation des relations financières extérieures (CENTIF, 2009-
2018);

• les Pays de l’ex-Union soviétique et de l’ex- bloc de l’Est, la mafia russe et


ses investissements dans l’immobilier, restauration, industries minières.

Le Togo faisant partie des pays concernés par le phénomène du blanchiment de


capitaux, quelle influence a-t-il sur l’économie du pays ?

2.1.1.4. Impact du blanchiment de capitaux sur l’économie togolaise

Il existe peu de données disponibles pour chiffrer avec précision le taux de


blanchiment de capitaux au Togo. Cependant, une estimation pourrait être faite à
24
partir des analyses ci-dessous. Selon les statistiques de l’Institut National de la
Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED), le Produit
Intérieur Brut (PIB), qui est un indicateur économique qui permet de mesurer les
richesses créées dans un pays au cours d’une période donnée, se présente au
Togo entre les années 2014 et 2018, comme suit :

Tableau 1 : Produit Intérieur Brut (PIB) du Togo entre 2014 et 2018

Année Montant PIB en Milliards de FCFA Croissance en


pourcentage
2014 2 259
2015 2 471,8 5,74
2016 2 613,68 4,92
2017 2 729,98 4,45
2018 2 863,2 4,88
Source : INSEED

Selon les rapports de la Cellule Nationale de Traitement des Informations


Financières (CENTIF) Togo, le montant des dossiers confirmés illicites de
blanchiment de capitaux transmis au procureur de la République au cours des
années 2017 et 2018, s’élève respectivement à 2 261,3 Millions et 397,8 Millions
(CENTIF, 2018). En 2017 l’argent sale au Togo représente 0,08% du PIB de la
même année. L’argent blanchi en 2018 constitue 0,01% du PIB de cette année.

Le blanchiment de capitaux n’a pas une très grande influence sur l’économie du
Togo, mais constitue tout de même un risque, qui devrait être combattu de peur qu’il
se répande.

2.1.2. Mécanismes et techniques du blanchiment de capitaux

Après l’exposé du mécanisme du blanchiment de capitaux, notre étude relève les


différentes techniques que les infracteurs utilisent.
2.1.2.1. Mécanisme du blanchiment de capitaux

Le mécanisme de blanchiment de capitaux est un agencement d’étapes pour


blanchir de capitaux. Il comprend trois (03) phases savoir : la phase d’injection, la
phase d’empilage et la phase de recyclage.
25
2.1.2.1.1. La phase d'injection

Le premier stade, encore appelé : le placement ou l’immersion, comprend tous les


moyens par lesquels les fonds provenant directement d'une activité illégale sont
introduits pour la première fois, le plus souvent sous forme de grandes quantités
d'argent en espèces, dans le circuit financier. C'est à ce stade que le blanchiment
de capitaux est le plus facilement décelable. Cela peut se faire en fractionnant de
fortes quantités d'espèces pour obtenir des sommes plus petites et moins suspectes
qui sont alors déposées directement sur un compte bancaire, ou en se procurant
divers instruments monétaires (chèques, ordres de virement, etc.) qui sont ensuite
collectés et déposés sur des comptes en d'autres lieux (Angra, 2009).

2.1.2.1.2. La phase d'empilage

La deuxième phase dite empilage ou lavage ou encore dispersion, se définit comme


une succession souvent complexe de transactions financières, dont le but est
d'effacer, le plus rapidement possible, tout lien entre les capitaux "injectés" et leur
origine illicite. Outre la transformation rapide de ceux-ci en d'autres moyens de
paiement (chèques, chèques de voyage, lettres de crédit, billets à ordre), les
transferts nationaux et internationaux constituent quelques-unes des méthodes
privilégiées. Cette deuxième étape consiste en d'autres termes à procéder à une
série de conversions ou de déplacement de fonds pour les éloigner de leur source.
Les fonds peuvent ainsi être transférés à travers l'achat ou la vente d'instruments
de placement (obligations, bons de Trésor, etc.) entre autres (Angra, 2009).

2.1.2.1.3. La phase d'intégration

La troisième et dernière phase dite l'intégration ou recyclage, inclut toutes les


méthodes permettant aux capitaux d'origine criminelle, préalablement injectés et
empilés, d'être investis dans les circuits économiques et financiers légaux, sous la
forme de valeurs honnêtes et rémunératrices, comme notamment l’achat des
immeubles, des fonds de commerce, des objets de valeur ou encore des
participations dans des entreprises.
Deux observations générales peuvent être faites par ailleurs en ce qui concerne les
tendances actuelles du blanchiment de capitaux. Premièrement, certaines
techniques traditionnelles restent les instruments préférés pour cacher de l'argent

26
mal gagné. Deuxièmement, outre les techniques classiques de blanchiment, les
experts ont prêté attention aux évolutions intervenant dans le secteur financier qui
engendrent de lourdes menaces sur l'efficacité de la lutte contre le blanchiment des
capitaux (Angra, 2009).

2.1.2.2. Les techniques du blanchiment de capitaux

Plusieurs agissements permettent de blanchir de l’argent, notamment le secteur


bancaire, le secteur immobilier, ainsi que d’autres.

2.1.2.2.1. Cas du secteur bancaire

Depuis toujours, les banques demeurent un secteur privilégié pour écouler des
revenus de la criminalité. Plusieurs formes d'activités tendent à indiquer l'existence
d'opérations de blanchiment d'argent dans le secteur bancaire. On peut dès lors
distinguer les techniques traditionnelles des nouvelles techniques.

2.1.2.2.1.1. Les techniques traditionnelles de blanchiment de capitaux


dans le secteur bancaire :

L'une des activités de blanchiment d’argent par voies bancaires est l'utilisation de
comptes sous des faux noms, ou au nom de personnes ou d'intérêts opérant pour
d'autres bénéficiaires. Cette catégorie de techniques est plus utilisée par les
différents intermédiaires pour blanchir des capitaux, notamment les membres des
professions juridiques et les comptables.

Dans tous les cas, les comptes sont utilisés pour faciliter le dépôt ou le transfert de
fonds illégaux. Souvent, on se trouve face à une superposition complexe de
transactions faisant intervenir des comptes multiples au nom de multiples
personnes, entreprises ou sociétés écrans. Les experts ont noté plusieurs
caractéristiques prouvant l'existence du blanchiment des capitaux par
l'intermédiaire de tels comptes.

Par exemple, les opérations observées sur ces comptes concernent souvent des
montants plus importants que ceux auxquels on pourrait s'attendre compte tenu de
la nature prétendue de l'activité du titulaire du compte en question.

27
En outre, la documentation présentée à l'appui des opérations, comme les contrats
de prêts, les garanties, des contrats de vente ou d'achat ou les lettres de crédit, est
souvent fausse ou entachée de vices juridiques. Le titulaire du compte peut être
une entreprise régulièrement constituée. De fait, il se peut que ce soit une seule et
même personne.

Outre celles décrites ci-dessus, d'autres techniques habituelles du blanchiment de


capitaux continuent d'occuper une place importante dans le secteur bancaire. Les
transferts électroniques restent un instrument essentiel à toutes les étapes du
processus de blanchiment. En effet, les transferts électroniques permettent à la fois
d'opérer des dépôts ou des retraits entre deux ou plusieurs comptes. Les
transactions (dépôts ou retraits) sont très souvent fractionnées (réalisées à des
valeurs peu significatives), même lorsque la déclaration des transactions
importantes en espèces n'est pas obligatoire (Angra, 2009).
Exemple, les établissements financiers ont l’obligation de déclarer à la CENTIF
TOGO, les opérations excédant par semaine, Cinq Millions (5 000 000) de Francs
CFA pour les personnes physiques, et Cinquante Millions (50 000 000) de Francs
CFA pour les entreprises (loi uniforme, 2018). Les blanchisseurs de capitaux ont
donc tendance à éviter de figurer sur ce genre de déclarations pour ne pas éveiller
les soupçons.

2.1.2.2.1.2. Nouvelles menaces de blanchiment de capitaux dans le secteur


bancaire :

En plus des méthodes traditionnelles de blanchiment de capitaux, examinées ci-


dessus, l'émergence de nouvelles techniques de paiement présente de nouveaux
risques. En effet, le secteur financier se développe et teste un éventail de nouveaux
produits, généralement appelés "cyberpaiements", et destinés à remplacer l'argent
ou à offrir d'autres nouveaux moyens de réaliser des transactions.

Un élément essentiel de la technologie des cyberpaiements est l'utilisation


des "cartes à puce". Il s'agit de cartes de crédit contenant un microprocesseur sur
lequel est chargé un certain montant. Ces cartes peuvent par ailleurs être lues par
des distributeurs automatiques ou des terminaux qui déduisent le montant de
chaque transaction du total du crédit disponible. Lorsque la carte est épuisée, elle
peut être rechargée dans un automate manuel, par téléphone, au moyen d'un
28
portefeuille électronique ou d'un ordinateur personnel, ou bien elle peut être tout
simplement jetée. Le terme "cyberpaiements" comprend aussi les systèmes
"bancaires électroniques" grâce auxquels les actifs disponibles sont détenus dans
un ordinateur personnel et transférés électroniquement par la voie d'Internet. Ce
type de produits est d’actualité au Togo à l’instar des mobil banking. Bien que le
montant de quelques transactions soit limité, ce moyen constitue une piste pour
blanchir de l’argent.

Récemment, les concepteurs se sont heurtés à moins de restrictions. Une somme


plus importante, voire indéterminée, peut être chargée sur les nouveaux produits
qu'ils ont mis au point. Ceux-ci peuvent être utilisés dans tout établissement de
détail agréé. Certains permettront même de stocker les actifs et de réaliser les
transactions dans de multiples monnaies. En outre, ce qui est plus surprenant,
certains permettront d'avoir accès aux actifs et de les transférer sans passer par
une institution financière.

De toute évidence, cette technologie offre plusieurs avantages, tant pour les
pouvoirs publics que pour le secteur privé. L'accès instantané aux services
bancaires à partir d'emplacements éloignés peut considérablement améliorer
l'efficience et réduire les dépenses d'exploitation. Malheureusement, les avantages
que les cyberpaiements représentent pour l'activité commerciale légale sont aussi
ceux qui attirent les blanchisseurs de capitaux.

La possibilité de réaliser d'importantes transactions de façon anonyme, et


entièrement en dehors du système bancaire, pourrait permettre aux blanchisseurs
d'argent de se soustraire aux mesures de prévention que les membres du Groupe
d’Action Financière (GAFI) ont tant œuvré à mettre en place.

Actuellement, les experts ne disposent pas de données qui montrent que les
techniques des cyberpaiements sont manipulées par des intérêts criminels.
Pourtant, on s'accorde généralement à reconnaître que cette question doit être
traitée d'urgence. Compte tenu de la vitesse à laquelle l'industrie des
cyberpaiements se développe, et de la menace très importante que son utilisation
abusive aurait sur les mécanismes actuels de lutte contre le blanchiment des
capitaux, les organismes de contrôle et de répression de cette activité, et en premier

29
lieu le GAFI, ne doivent donc pas attendre que les blanchisseurs d'argent aient déjà
commencé d'exploiter les possibilités offertes par les cyberpaiements pour agir
(Angra, 2009).

2.1.2.2.2. Cas du secteur immobilier

De nos jours, l’immobilier reste le domaine par excellence dans lequel les
infracteurs investissent beaucoup pour cause d’absence de contrôle dans ledit
domaine. Ainsi que ce soient dans les ventes sous seing privées ou authentiques,
les acheteurs enfreignent aux exigences de la loi selon lesquelles aucune
transaction en espèce ne doit être supérieure à Cinq Millions (5 000 000) de Francs
CFA, toute somme supérieure à ce montant doit transiter par les comptes (loi
uniforme, 2018). Il s’agit stricto sensu d’une « bulle immobilière », dopée à l’argent
du crime (Angra, 2009).

2.1.2.2.3. Les autres secteurs

Outre les banques et le secteur immobilier, plusieurs autres secteurs d’activités


permettent aux blanchisseurs de rendre pur l’argent noir. Il s’agit notamment du
marché financier, des assurances, du notariat, de la profession d’avocat.

En effet, pour toutes les transactions sur le marché financier, les acteurs
commerciaux à l’instar des Sociétés de Gestion et d’Investissement (SGI),
d’OPCVM, des Sociétés de Gestion de Patrimoine (SGP), visent plus la recherche
de profit que de vérifier la provenance de l’argent investi. Ceci justifie l’idée de
GAYRAUD Jean-François selon laquelle « l’argent sale peut alimenter une bulle
boursière en suscitant le développement d’institutions financières dont la première
finalité n’est pas le financement de l’économie productive mais le retraitement de
l’argent sale » (Gayraud, 2014).

Également, dans les professions telles que les assurances, le notariat, la profession
d’avocat, des experts comptables, certes les identités des clients sont vérifiées mais
pas d’égard sur l’origine des fonds perçus. C’est l’exemple des ventes immobilières
faites devant le notaire où l’acheteur tient en espèce plus de Cinq Millions (5 000
000) de Francs CFA, pour venir payer le vendeur (loi uniforme, 2018).

30
Rendre pur l’argent sale, est un phénomène qui existe depuis longtemps et a gagné
pratiquement le monde entier. Ce phénomène influe à petit coup sur l’économie
togolaise. En résumé, le blanchiment de capitaux est composé de trois (03) phases
à savoir :

• l’injection où l’argent illégale de somme importante est introduit dans le


système financier sous forme de petits dépôts sur de multiples comptes,
• l’empilage, phase à laquelle l’argent injecté est assimilé aux moyens de
paiement
• et l’intégration qui permet au blanchisseur de consommer l’argent empilé en
l’introduisant dans des activités légales.

Il existe plusieurs techniques pour blanchir les capitaux notamment l’emprunt des
secteurs bancaire, immobilier, du marché financier, des assurances, de la
profession libérale et autres.

2.2. Revue de la littérature


Le blanchiment de capitaux est devenu un fléau mondial au point que les Etats via
leurs banques doivent fournir de constants efforts et redoubler de vigilance vis-à-vis
des investisseurs que le professeur (Muanda, 2009), qualifie dans son ouvrage de
droit des affaires et dans celui de droit pénal des affaires (Muanda, 2014) : « des
criminels d'affaires à l'apparence innocente ». (Muanda, 2014).

Les flux financiers de source illicite sont aujourd’hui partie prenante du processus
de mondialisation : les recettes de la drogue, du trafic des armes, de la prostitution,
du jeu clandestin, etc., en irriguant de manière constante les différents secteurs de
l’économie légale, auraient pour fonction primordiale d’atténuer les déficiences
récurrentes des mécanismes officiels de financement du développement. Cette
thèse séduisante de la substitution financière va souvent de pair avec l’idée
iconoclaste d’une criminalisation accélérée des structures de la légalité, laquelle se
manifesterait principalement sous la forme d’une extension du pouvoir d’influence
des organisations criminelles en matière de décision économique (Fabre, 1999).

Notons que le thème sur le blanchiment de capitaux est rarement abordé et en


termes de revue littéraire il serait difficile de parler de revue théorique et de revue

31
empirique comme pour les autres thèmes, surtout d’ordre économique. Dans notre
cas, nous abordons ce thème en mettant en exergue la singularité théorique du
blanchiment d’argent, sa dimension économique et le coût lié au système de
blanchiment de capitaux.

2.2.1. Les singularités théoriques du concept de réseau de blanchiment

D’un point de vue théorique, le blanchiment est une illustration emblématique de


l’importance de la délégation, de l’intermédiation au sein de l’économie illégale : en
plus de créer du lien social entre les délinquants et les blanchisseurs, la raison
d’être économique d’un tel réseau, en tant que forme organisationnelle spécifique,
résiderait, entre autres atouts, dans la possibilité de maîtriser les coûts de
délégation consubstantiels à l’activité onéreuse et lucrative de blanchir.

Par rapport à la répression, sa signification économique et sociale apparaît elle-


même très singulière : le contenu de la lutte anti-blanchiment se différencie
nettement des sanctions et des contraintes affectant en permanence les sphères
de production et de consommation des stupéfiants. Un contrôle plus ou moins
efficace s’exerce en effet sur les contreparties matérielles, les biens marchands
illégaux mis en vente afin d’en réduire l’offre ou d’en empêcher la commercialisation
par le biais d’une action conjuguée des autorités policières et des appareils
judiciaires (Boyer, 2000).

Sauf cas de simultanéité de saisies de drogues et de monnaie fiduciaire, les fonds


en voie de blanchiment ont au contraire rarement un rapport physique, un contact
direct avec les marchandises mises au ban de la Loi et par conséquent de la société.
En d’autres termes, l’organisation des circuits financiers de l’argent illégal ne se
confond presque jamais avec les filières de production et de commercialisation des
drogues.

Devenue quasi indétectable grâce au mélange constant avec des flux provenant
d’activités licites, la finance d’origine criminelle n’est toutefois pas dépourvue de
retombées économiques dans le domaine de la production réelle. Comme dans le
cas du foncier urbain (Castelli, 1999), l’argent recyclé peut également se réifier soit
sous la forme de marchandises (logement résidentiel et immobilier commercial), soit
sous celle de capital productif (bâtiments industriels).
32
D’un point de vue méthodologique, nous sommes en présence d’un processus
économique en évolution constante dont il faut bien observer les effets
déterminants, à un moment historique donné, sans pour autant réduire ceux-ci à
une explication ternaire. (Cutajar, 2000) insiste à juste titre sur l’anachronisme du
modèle classique d’analyse : « Analyser le processus de blanchiment n’est pas aisé
tant les méthodes mises en avant sont nombreuses et évolutives. L’analyse
classique du phénomène repose sur une succession de trois étapes nettement
différenciées : le placement, l’empilage et l’intégration. Le modèle est révolu ». Une
approche dynamique s’intéressera au contraire plus à la durée des montages
financiers qu’à leur segmentation statique inscrite dans un espace-temps borné.
Selon les territoires et les activités choisis, la circulation incessante de flux de
monnaie, d’informations et d’innovations technologiques au sein d’un réseau
clandestin permet alors de déjouer la répression et d’asseoir la légitimation des
richesses illégales. La coexistence paradoxale d’opérations sophistiquées et de
procédés plus rustiques, voire archaïques à l’intérieur même de l’organisation
réticulaire traduit en réalité son évolution récente vers la polyvalence.
La notion de polyvalence donne sa pleine signification économique et sociale aux
structures réticulaires du blanchiment ; une telle forme d’organisation peut être
d’ores et déjà considérée comme polyvalente lorsqu’elle a la capacité :

• d’attirer l’ensemble des capitaux et des patrimoines criminels en assurant la


flexibilité permanente des différentes stratégies de blanchiment ;
• de mettre en œuvre, séparément ou conjointement, les stratégies d’opacité,
de crédibilité et de respectabilité liées au changement de statut de l’argent
illicite [Broyer, 2001] ;
• d’utiliser à bon escient la variable espace-temps qui accompagne toujours
une opération de recyclage de grande ampleur;
• d’optimiser, quelle que soit la source variée des actifs utilisés, l’ensemble des
formes de blanchiment (archaïques, élémentaires, élaborées, sophistiquées)
• de répondre aux motivations sociales des criminels et des différentes
catégories de blanchisseurs en évitant un certain nombre d’inconvénients qui
fragilisent de l’intérieur l’efficacité et la sécurité opérationnelles du réseau :
découverte par la répression, trahison des membres, prégnance des
comportements opportunistes.

33
2.2.2. La dimension économique du blanchiment

L’évaluation économique de la finance de provenance criminelle demeure un thème


controversé et encore peu étudié sur lequel règne une incertitude périodiquement
entretenue par la fourniture régulière de chiffres globaux fantaisistes, produits de
travaux d’une légèreté méthodologique notoire. Ainsi, les quantifications excessives
de liquidités supposées blanchies tendent sans doute à accentuer le hiatus entre la
taille réelle du phénomène et son observation statistique ; celles-ci ne sont d’ailleurs
pas toujours dépourvues d’arrière-pensées idéologiques. Avec l’amplification de la
menace potentielle de criminalisation de l’économie, le bien-fondé et le
renforcement de certaines mesures anti-blanchiments se trouvent être ainsi
politiquement justifiés par l’énormité des chiffres produits.

Avant même toute tentative de conceptualisation, examinons préalablement, avec


toute la circonspection requise, les dernières évaluations concernant les sommes
en jeu. La nature souterraine des activités illicites impose de recourir à une
approche avant tout déductive dès lors que l’on se trouve dans l’impossibilité
pratique de quantifier avec précision le montant des profits potentiels à blanchir.

Plusieurs modalités directes et indirectes de calcul sont néanmoins envisageables


qui permettent de croiser différentes informations selon le niveau d’agrégation
disponible (Morel et Rychen, 1994). À un niveau transnational par exemple, on
cherchera à évaluer globalement l’excédent monétaire plausible résultant du
marché des stupéfiants, afin d’en déduire indirectement le volume des fonds
susceptibles d’être blanchis. Le croisement des chiffres officiels de saisies, de
consommation et de production des stupéfiants, malgré de nombreuses carences
et incohérences, demeure en général la démarche privilégiée des principaux
organismes spécialisés dans ce domaine (Manacorda, 2001).
C’est ainsi que le GAFI estime en 1990 la production ou les ventes afin d’en déduire
la valeur des passifs bancaires susceptibles d’être blanchis. Cet organisme parvient
ainsi à un chiffre des ventes de drogue (héroïne, cocaïne, cannabis) en Europe et
aux États-Unis s’élevant à 122 milliards de dollars, lesquels se répartissent de la
manière suivante : 61 % pour la vente de cannabis, soit 74,4 milliards de dollars ;
29 % pour la cocaïne, soit 35,4 milliards de dollars ; et 10 % pour l’héroïne, soit 12,2
milliards de dollars.
34
Le GAFI formule en outre l’hypothèse suivant laquelle 55 % à 70 % des fonds
criminels pourraient donner lieu à un blanchiment, c’est-à-dire en fin de compte à
un recyclage de 85 milliards de dollars par an.
Le World Drug Report du Programme des Nations Unies pour le Contrôle
International des Drogues (PNUCID, 1997) sur la base d’hypothèses audacieuses
concernant la pureté du produit final et les taux d’exportation de l’héroïne et de la
cocaïne, parvient à évaluer approximativement la production et le trafic des drogues
au cours de l’année 1995. Le PNUCID obtient en fait un chiffre d’affaires de 339
milliards de dollars distribué ainsi : 107 milliards de dollars pour l’héroïne ; 117
milliards de dollars pour la cocaïne ; 62 milliards de dollars pour la marijuana ; 13
milliards de dollars pour le haschich, et 60 milliards de dollars pour les drogues
synthétiques. On voit que l’évaluation du PNUCID est nettement supérieure à celle
du GAFI. Or, il est plus que probable que cette différence quantitative soit le résultat
d’erreurs, d’approximations et de méthodologies divergentes dans l’appréhension
pertinente de la réalité économique du trafic des drogues.

Quoi qu’il en soit, plusieurs auteurs (Grimai, 2000) ; (Kopp, 1997) n’hésitent plus à
questionner l’ampleur des chiffres diffusés en critiquant sévèrement le calcul
excessif des dépenses liées à l’achat au détail des stupéfiants de même que le
niveau élevé de leur prix de vente supposé. Ainsi, Reuter prétend que le chiffre
d’affaires du marché mondial des drogues ne dépasse pas en réalité les 100
milliards de dollars annuels et que la majeure partie de cette valeur ajoutée se
formerait essentiellement sur les marchés domestiques. Il avance en outre un chiffre
de 20 milliards de dollars pour la valeur commercée au niveau international.

La revue de la littérature ainsi décrite, il convient d’aborder la question de la


recherche de même que les hypothèses.

2.2.3. Questions de la recherche et formulation des hypothèses

Les questions de recherche vont permettre de déterminer les hypothèses à vérifier


par la suite.

2.2.3.1. Question de la recherche


Il s’agit d’une question générale et de quelques questions spécifiques.

35
2.2.3.1.1. Question générale

À la conception de notre recherche, nous nous sommes posé la question de savoir


si le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux est-il efficace au Togo.

2.2.3.1.2. Questions spécifiques

De la question principale découlent les questions spécifiques suivantes :


1- Pourquoi les assujettis sont-ils réticents à faire les déclarations d’opérations
suspectes ?
2- Quel est le niveau de dynamisme des organes de traitement et de répression ?
3- Comment l’Etat est-il impliqué dans la lutte contre le blanchiment des capitaux
au Togo ?

De ces questions de recherches, sont sorties les hypothèses ci-dessous

2.2.3.2. Formulation des hypothèses

2.2.3.2.1. Notion d’hypothèse

Selon le Larousse (2017), une hypothèse est une proposition visant à fournir une
explication vraisemblable d’un ensemble de faits, et qui doit être soumise au
contrôle de l’expérience ou vérifiée dans ses conséquences.
Pour le Wikipédia (2017), l’hypothèse est une proposition ou une explication qu’un
chercheur se contente d’énoncer sans prendre position sur son caractère véridique,
c’est-à-dire sans l’affirmer ou la nier. Il s’agit donc d’une simple supposition,
appartenant au domaine du possible ou du probable.

Pour vérifier notre hypothèse générale, nous aurons recours à trois (03) hypothèses
spécifiques. Les hypothèses spécifiques permettent à l’hypothèse générale d’être
vérifiable, par le biais de leur opérationnalisation, dans le cadre d’une recherche
particulière.

2.2.3.2.2. Hypothèse générale

Hypothèse générale : Le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux du


Togo éprouve de difficultés d’être efficace.

36
2.2.3.2.3. Hypothèses spécifiques

Partant de l’hypothèse générale, nous formulons les hypothèses spécifiques ci-


après :

1’ Les assujettis appliquent difficilement le dispositif de lutte contre le


blanchiment de capitaux pour cause d’intérêt égoïstes ;

Il existe une multitude d’assujettis sur le territoire togolais mais peu font de
déclarations d’opérations suspectes rencontrées. Cette situation s’explique par le
fait que les assujettis sont beaucoup plus préoccupés par leurs rentabilités
financières ou bénéfices que de dénoncées des infracteurs ou de faire des
déclarations suspectes.

2’ Le faible niveau de dynamisme des organes de traitement et de répression


dû au manque de ressources financières ;

Les difficultés financières font que l’organe de traitement (CENTIF) et les organes
de répression (Police, Gendarmerie, Tribunaux) ne suivent pas de formations
spécifiques en matière de criminalité financières. Ce qui rend leur implication et
actions moins impactantes. Ces difficultés financières ne leur permettent pas non
plus d’organiser régulièrement des sensibilisations sur le blanchiment de capitaux
à l’endroit des assujettis.

3’ les dysfonctionnements observés dans la lutte contre le blanchiment de


capitaux sont inhérents à une faible implication de l’Etat.

La CENTIF et les organes de répression sont alimentés par le budget de l’Etat. Or


ce budget n’arrive pas à couvrir tous les besoins de ces organes. Le manque de
contrôle et de suivi de l’Etat dans la lutte contre le blanchiment des capitaux renforce
le laxisme de la part des assujettis.
+

+ +
On parle de blanchiment de capitaux, quand l’argent illicite est injecté, empilé et
recyclé. A cet effet, plusieurs techniques facilitent le blanchiment de capitaux
notamment les secteurs bancaire, immobilier et autres. Ceci suscite la réflexion de

37
quelques auteurs qui ont écrit sur ce fléau, surtout en ce qui concerne sa dimension
économique. La lutte contre ce fléau a suscité des questions auxquelles nous avons
émis des hypothèses à vérifier.

La première partie de notre recherche a permis de découvrir, d’une part, la situation,


les objectifs, l’intérêt de la recherche ainsi que les dispositions internationales et
sous-régionales et leurs forces à travers la problématique et d’autre part les
mécanismes, techniques qui ont suscité la réflexion des auteurs et des questions
auxquelles nous avons émis des hypothèses à vérifier.

38
DEUXIEME PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE ET
EMPIRIQUE

La première partie du travail a permis d’énoncer la problématique et de réaliser la


revue de la littérature qui confirme dans sa conclusion la question nodale de notre
recherche. La deuxième partie, après avoir exposé la méthodologie adoptée,
s’appesantira sur les résultats obtenus, leur interprétation ainsi que leur discussion
et se terminera par une formulation de suggestions.

39
CHAPITRE 3 :
LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

La résolution d’un problème requiert l’établissement d’une série de questions à


administrer, le contact des personnes cibles à interroger, la détermination des
informations à collecter, l’opération de collecte des données à déployer. Cela
suppose des choix à faire devant déboucher sur des conclusions. En clair, il s’agit
d’une approche rationnelle de la recherche, communément appelée méthodologie.

En science sociale, essentiellement trois types de recherche sont souvent utilisés :


la recherche expérimentale, la recherche exploratoire et la recherche
corrélationnelle. Pour les besoins de notre recherche, nous retenons l’enquête
exploratoire qui consiste à aller sur le terrain pour collecter des données et de
procéder à des analyses organisées.

3.1. Population cible et échantillon


3.1.1. Population cible

Dans notre étude, la population cible concerne l’ensemble des acteurs impliqués
dans la lutte contre le blanchiment des capitaux au Togo. Cette population est
constituée des assujettis (les professionnels du secteur financier : institutions
financières et compagnies d’assurances puis des professionnels du secteur non
financier : notaires, avocats, les experts comptables), l’organe de traitement de
données fournies par les assujettis (CENTIF) et les organes de répression
(tribunaux, gendarmerie, police et Etat).

3.1.2. Echantillon

Notre échantillon est basé sur cinquante structures, à savoir :

- quarante-six (46) structures pour les assujettis dont vingt (20) institutions du
secteur financier (13 institutions bancaires, 2 micro finances, 2 structures du
marché financier : BRVM Togo, SGI Togo ; et 3 compagnies
d’assurance ; vingt-six (26) structures du secteur non financier.

40
- pour les organes de répression, nous avons retenus trois (03) institutions (la
Gendarmerie Nationale, le Commissariat Centrale de Lomé et le Tribunal de
Lomé) ;
- l’organe de traitement, la CENTIF.
Le graphique ci-dessous récapitule notre échantillonnage et la répartition des
assujettis.
Graphique 1: Echantillonnage et répartition des assujettis

Echantillonage Répartition des assujettis


2%

6% Assujetis
Secteur Financier
Organe de 43%
repression 57% Secteur Non
Organe de Financier
92% traitement

Source : Enquête de terrain

Graphique 2 : Répartition des assujettis du secteur financier

Répartition des assujettis du secteur financier


15 13
Effectif

10

5 2 2 3

0
Banques Microfinances Marchés Financiers Assurances

Assujettis

Source : Enquête de terrain

3.2. Méthodes de collecte de données


Dans le but de vérifier les hypothèses formulées, notre démarche méthodologique
s’articule autour de deux (02) axes : la documentation et les enquêtes exploratoires.

41
3.2.1. La recherche documentaire ou documentation

La recherche documentaire nous a amené à consulter des documents officiels


(Rapports annuels de la CENTIF, rapports d’évaluation du GIABA), des mémoires,
rapports, travaux et autres ayant un lien avec notre thème. Nous avons également
consulté des sites internet, notamment celui de la CENTIF, du GIABA, de la
BCEAO, de l’INSEED.

3.2.2. L’enquête exploratoire

L’enquête est caractérisée par une population cible, un échantillon et des outils de
collecte de données et d’informations. Dans ce sous-paragraphe nous présentons
la population cible et l’échantillon choisi ainsi que les outils de collecte de données
qui ont été élaborés en fonction des hypothèses formulées.

• Outils de collecte de données


La recherche en sciences sociales et économiques impose le choix d'une approche
méthodologique scientifique, susceptible d'appréhender aussi bien les aspects
quantitatifs que qualitatifs des phénomènes. Pour mieux appréhender notre
thématique en vue d'une interprétation et d'une explication plus significative, une
double approche méthodologique a été adoptée, il s'agit du questionnaire et du
guide d’entretien.
✓ Le questionnaire
Le questionnaire peut être défini, comme l'ensemble des méthodes par lesquelles
on exprime des données dans un langage quantitatif sous une forme numérique ou
qualitatif. Ces méthodes utilisent très souvent les mathématiques et les statistiques
pour analyser des données recueillies afin de parvenir à des résultats quantitatifs
ou qualitatifs.

Les rubriques importantes du questionnaire élaboré concernent :


• les obligations de vigilance et de déclarations des opérations suspectes
(assujettis)
• le pouvoir spécifique de la CENTIF TOGO (organe de traitement) ;
• et le traitement des opérations suspectes (organes de répression).

42
✓ Le guide d’entretien
C’est une forme de recherche qui tente d’obtenir des réponses précises et
approfondies et complète le questionnaire. Le guide d’entretien s’appuie sur les
entretiens individuels avec des personnes ressources au niveau des assujettis, des
organes de répression et l’organe de traitement.

• Déroulement de l’enquête

Une recherche scientifique nécessite une démarche méthodologique appropriée.


Deux principales étapes ont été nécessaires pour pouvoir mener à bien cette étude.
Il s’agit de la pré-enquête et l'enquête principale.

✓ La pré-enquête
Elle s’est déroulée sur une période d’un (01) mois de juin à juillet 2020. Au cours de
cette période de pré-enquête, nous avons exploré les sites de recherche, vérifié les
possibilités d'accès aux enquêtés et personnes ressources, eu des entretiens
informels avec ceux-ci et de juger de la faisabilité de l'étude.
Une fois cette étape préliminaire effectuée, nous sommes passés à l’enquête
proprement dite.
✓ L'enquête principale
Elle concerne la collecte des données grâce aux outils ou techniques de collecte
évoqués plus haut. La période va de juillet à septembre 2020, soit trois (03) mois.
Durant cette étape empirique, l’administration du questionnaire a été faite ainsi que
les entretiens avec des personnes ressources savamment choisies en fonction de
leur compétence et fonction au sein des structures enquêtées ainsi qu’en fonction
de la nature et la sensibilité des informations ou données dont nous cherchons.
Cette période d’enquête s’est déroulée non sans difficultés.

✓ Les difficultés rencontrées au cours de la collecte des données


Les différentes difficultés que l’on a recensé sont principalement la non disponibilité
des enquêtés et des personnes ressources ; leur réticence à répondre à certaines
questions qu’elles jugent très sensibles (surtout au niveau des assujettis) ; la
documentation réduite relative au thème traité.

43
Après cette étape de collecte de données, nous passons à l’étape suivante qui est
d’aborder ce sur quoi porte l’enquête.

3.3. Rappel des obligations des assujettis à la loi


Nos enquêtes ont pour fondement de confronter la pratique des obligations par les
assujettis aux exigences de la loi. Il convient de connaître ces obligations.

3.3.1. Obligations incombant aux directions générales

Il incombe aux directions générales plusieurs obligations notamment : l’obligation


de vigilance, de déclaration des opérations suspectes, de conservation et
d’archivage des documents et de surveillance particulière de certaines opérations.

3.3.1.1. Obligations de vigilance

Toutes les entreprises et sociétés qui sont obligées de lutter contre le blanchiment
d’argent sale, doivent appliquer les obligations de vigilance qui se traduisent par le
devoir d’élaborer et de mettre en place des programmes harmonisés de prévention
du blanchiment de capitaux (loi uniforme, 2018)1, lesquels représentent le principe
de procédure anti-blanchiment.
Les entreprises ont l’obligation de centraliser des informations sur l'identité des
clients, des donneurs d'ordre, des bénéficiaires effectifs, des bénéficiaires et
titulaires de procuration, des mandataires et sur les transactions suspectes. A cet
effet, les entreprises du secteur financier surtout disposent d’un dispositif
d’enregistrement et de connaissance de la clientèle à l’ouverture de compte, appelé
Connaissance de la clientèle ou Know Your Customer (KYC). Ce dispositif permet
de vérifier que le client ne fait pas l'objet d'une mesure de gel des avoirs. L’institution
constitue ainsi un dossier de preuve de connaissance du client en tenant compte
des informations suivantes :

• pour les personnes physiques, des noms et prénoms complets, de la date et


du lieu de naissance et de l'adresse de son domicile principal. La vérification
de l'identité d'une personne physique requiert la présentation d'un document
officiel original en cours de validité et comportant une photographie, dont il

1 Article 24 de la loi uniforme 2018-004 du 04 mai 2018

44
en est pris copie. La vérification de son adresse est effectuée par la
présentation d'un document de nature à en rapporter la preuve ou par tout
autre moyen. S'il s'agit d'une personne physique commerçante, cette
dernière est tenue de fournir, en outre, toute pièce attestant de son
immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.
• pour les personnes morales, succursales ou bureaux de représentation
l'identification implique l'obtention et la vérification d'informations sur la
dénomination sociale, l'adresse du siège social, l'identité et les pouvoirs des
associés et dirigeants sociaux mentionnés dans l'Acte uniforme concerné ou
de leurs équivalents en droit étranger, la preuve de sa constitution légale, à
savoir l'original, voire l'expédition ou la copie certifiée conforme de tout acte
ou extrait du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier datant de moins de
trois (3) mois, attestant notamment de leurs formes juridiques.

Outre l’état civil et le domicile, les institutions financières vérifient également les
revenus, patrimoine, statut fiscal, de la clientèle en vue d’évaluation des risques de
blanchiment...

Les dossiers de la clientèle seront complétés pour justifier la notation RISQUE


BALE II, qui consiste à actualiser régulièrement les dossiers, surveiller le
fonctionnement des comptes clients présentant un risque accru de blanchiment =
clients sensibles, comptes dormants...

Le dispositif Know Your Customer tient compte aussi des aspects particuliers
notamment de :

• l'ouverture du compte à des mineurs peut se faire à partir d'un acte ou extrait
de naissance. En outre, il faut consigner au dossier client la copie de la pièce
d'identité du représentant légal ayant ouvert le compte, actualiser ledit
dossier jusqu’à la majorité du mineur.
• des clients sensibles : ceux qui manipulent des espèces, clients en relation
avec les pays à risque (ETNC), clients Personnes Politiquement Exposés,
les activités qui défraient la chronique en matière de corruption (sport, vente
d'armes...).

45
• la connaissance des clients occasionnels : le client occasionnel ne s'adresse
à l'établissement bancaire que pour effectuer une opération ponctuelle sans
entrer dans une relation durable : échange manuel, virement de fonds, achat
de bon au porteur. Dans ce cas, il faut la conservation de la pièce d'identité
plus la preuve de l'origine des fonds en cas de sommes importantes.

Une autre obligation pour les entreprises est la désignation de responsable de la


conformité au niveau de la Direction chargé de l'application du dispositif de lutte
contre le blanchiment de capitaux, et généralement du traitement des transactions
suspectes. A cet effet, ce poste est généralement doté d’un outil informatique
d’alerte des opérations hors normes, consistant en des dépôts de fonds élevés,
chiffrés par semaine comme tel : Cinq Millions (5 000 000) de Francs CFA pour les
particuliers, Dix Millions (10 000 000) de Francs CFA pour les entreprises
individuelles, et Cinquante Millions (50 000 000) de Francs CFA pour les sociétés
(loi uniforme, 2018). Ces opérations pourront faire l’objet de gel ou de déclaration.
Le responsable de la conformité constitue pour la plupart du temps le correspondant
de la CENTIF et déclarant des opérations suspectes.

Un principe qui n’est pas aussi moindre, est la formation continue du personnel
destinée à aider les entreprises à détecter les opérations et les agissements
susceptibles d'être liés au blanchiment de capitaux. A cet effet, une formation, pour
tout le personnel entrant est recommandée ainsi que celle régulière pour le reste
du personnel. Les entreprises sont alors obligées d’informer et de former tout le
personnel concerné dans l’entreprise. Il est surtout important de former le personnel
exposé au blanchiment comme par exemple les personnes avec des fonctions de
commercialisation ou qui gèrent des opérations d’assurance. Il ne faut pas aussi
oublier le personnel à sensibiliser. Ce sont les personnes qui n’ont pas de fonction
de contrôles spécifiques à effectuer, mais qui doivent être réceptives au dispositif
de lutte contre le blanchiment et être ainsi capable d’agir. C’est par exemple l’arrivée
de nouveaux collaborateurs ou l’évolution professionnelle interne de personnel vers
d’autres fonctions exposées au risque de blanchiment.

La mise en place d’un dispositif de contrôle interne est nécessaire pour vérifier la
conformité, l'observance et l'efficacité des mesures adoptées pour l'application du
programme de prévention de blanchiment de capitaux.

46
Les principes sur lesquels doit s’appuyer une procédure anti blanchiment se
résument comme suit :

• contrôle de 1er degré a priori, rôle des structures de « front-office » ;


• contrôle de 2nd degré, rôle des structures de « back-office » ;
• contrôle de 3ème degré a posteriori : rôle de l’audit qui est une mission
ponctuelle.

Il n’y a pas que les contrôles qui font partir de la procédure anti blanchiment mais il
est nécessaire aussi d’avoir un suivi périodique et actualiser l’application. Chaque
année un compte rendu annuel d’activités du correspondant CENTIF est soumis au
conseil d’administration ou à la direction générale.

3.3.1.2. Obligations déclaratives

L’obligation déclarative des opérations est circonscrite, avec une forme et un


contenu précis, et doit être suivie. La CENTIF a un pouvoir spécifique face aux
déclarations de nature confidentielle, dont les déclarants sont exemptés de toute
responsabilité.

3.3.1.2.1. Périmètre de l’obligation déclarative

D’après l’article 79 de la loi uniforme, les organismes sont tenus de déclarer à la


CENTIF, selon un modèle de déclaration fixé par arrêté du ministre chargé des
finances en annexe, pour trois (03) raisons :

Primo, les sommes inscrites dans leurs livres ou les opérations portant sur des
sommes dont ils soupçonnent ou ont de bonnes raisons de soupçonner qu'elles
proviennent d'une infraction de blanchiment de capitaux, ou d'une fraude fiscale,
lorsqu'il y a présence d'au moins un critère défini par la réglementation en vigueur.
Secundo, toute opération pour laquelle l'identité du donneur d'ordre ou du
bénéficiaire effectif ou du constituant d'un fonds fiduciaire ou de tout autre
instrument de gestion d'un patrimoine d'affectation reste douteuse en dépit des
diligences effectuées. Enfin, les opérations pour compte propre ou pour compte de
tiers effectuées par les institutions financières avec des personnes physiques ou
morales, y compris leurs filiales ou établissements, domiciliées, enregistrées ou

47
établies dans l'ensemble des Etats ou territoires dont les insuffisances de la
législation ou les pratiques font obstacle à la lutte contre le blanchiment de capitaux.

3.3.1.2.2. Forme et contenu de la déclaration de soupçon

Selon l’article 81 de la loi uniforme, les déclarations de soupçons sont établies par
écrit. Elles sont transmises à la CENTIF, par les personnes physiques et morales,
par tout moyen laissant trace écrite. Les déclarations faites téléphoniquement ou
par moyen électronique doivent être confirmées par écrit dans un délai de quarante-
huit (48) heures. Elles comprennent l’identité des personnes concernées,
l’identification des opérations suspectes, l’origine et la destination des fonds, et
précisent notamment suivant le cas : les raisons pour lesquelles les opérations ont
déjà été exécutées ou sont en cours d’exécution, le délai dans lequel les opérations
suspectes doivent être exécutées.

Lorsque la déclaration de soupçon émane de l'administration des douanes, elle est


faite par écrit, signée et datée par la personne déclarante habilitée, à cet effet. Elle
est accompagnée du formulaire de déclaration de transport physique transfrontalier
d’espèces et d'instruments au porteur prévu.

3.3.1.2.3. Suivi de la déclaration

L’organisme doit informer la CENTIF immédiatement si des éléments nouveaux


apparaissent et tendent à renforcer le soupçon initial, ou a contrario à l’infirmer.
C’est alors à la CENTIF de décider si l’entreprise peut librement exécuter ou non
l’opération ayant donné lieu à ladite déclaration. D’après la (loi uniforme 2018) la
CENTIF accuse réception de la déclaration de soupçon dans le délai d’exécution
de l’opération, sauf si l'entité déclarante a indiqué expressément ne pas vouloir en
être destinataire.
Lorsque les circonstances l'exigent, la CENTIF peut, sur la base d'informations
graves, concordantes et fiables en sa possession, faire opposition à l'exécution de
l'opération ayant fait l'objet d'une déclaration de soupçon avant l'expiration du délai
d'exécution mentionné par le déclarant. Cette opposition est notifiée à ce dernier
par écrit et fait obstacle à I' exécution de I 'opération pendant une durée qui ne peut
excéder quarante-huit (48) heures.

48
3.3.1.2.4. Pouvoir spécifique de la CENTIF

La CENTIF accuse réception de toute déclaration de soupçon écrite. Elle traite et


analyse immédiatement les informations recueillies et procède, le cas échéant, à
des demandes de renseignements complémentaires auprès du déclarant, des
autres assujettis, des Cellules de Renseignement Financier étrangères ainsi que
de toute autorité publique et/ou de contrôle.
Lorsque ses investigations mettent en évidence des faits susceptibles de relever
du blanchiment du produit d'une activité criminelle, la CENTIF saisit le Procureur de
la République.
Le juge d'instruction peut, sur requête de la CENTIF, proroger le délai d'opposition
sans que ce délai ne dépasse vingt-quatre (24) heures ou ordonner le séquestre
provisoire des fonds, comptes ou titres concernés par la déclaration de soupçon. Il
peut présenter une requête ayant le même objet.
La CENTIF peut demander, à tout organisme de lui communiquer tous pièces et
documents relatifs à une opération. Ceci, pour pouvoir reconstituer la situation, suite
à la réception d’une déclaration de soupçon ou pour voir les transactions effectuées
par une personne physique ou morale, et qui sont liées à une opération suspecte.
Les documents peuvent aussi être demandés dans le cas où des services étrangers
avec les mêmes compétences ont besoin de renseignement.

3.3.1.2.5. Confidentialité de la déclaration

Il est interdit, sous peine de sanctions prévues par les dispositions de la loi, aux
déclarants de porter à la connaissance du propriétaire des sommes ou de l'auteur
de l'une des opérations induisant une déclaration de soupçon ou à des tiers, autres
que les autorités de contrôle, ordres professionnels et instances représentatives
nationales, l'existence et le contenu d'une déclaration faite auprès de la CENTIF et
de donner des informations sur les suites qui ont été réservées à ladite déclaration.

3.3.1.2.6. Immunité civile, pénale et disciplinaire du déclarant

Aucune action en responsabilité civile ne peut être intentée ni aucune sanction


professionnelle prononcée contre un organisme, ses dirigeants ou ses préposés qui
ont fait de bonne foi la déclaration mentionnée à l’article 79 de la loi. En cas de
préjudice résultant directement d’une telle déclaration, l’Etat répond du dommage

49
subi. Les dispositions s’appliquent même si la preuve du caractère délictueux des
faits à l’origine de la déclaration n’est pas rapportée ou si ces faits ont fait l’objet
d’une décision de non-lieu, de relaxe ou d’acquittement.

3.3.1.3. Conservation et archivage des documents

La loi (uniforme, 2018) fait obligation aux organismes, en ce qui concerne les
documents qui contiennent l’identité des clients qui peuvent être habituels ou
occasionnels, de les conserver pendant une durée de dix (10) ans à compter de la
clôture des comptes ou de la cessation de la relation avec lesdits clients. Ils
conservent également les pièces et documents relatifs aux opérations qu'ils ont
effectuées, y compris les livres de comptes et les correspondances commerciales,
pendant une durée de dix (10) ans, après l'exécution de l'opération.
De même les documents, qui sont relatifs aux opérations déclarées ou font objet
d’un dossier de renseigner, sont archivés dix (10) ans à compter du jour de leur
exécution, sauf exceptions.
3.3.1.4. Surveillance particulière de certaines opérations

Avant de signer un contrat avec un client, l’organisme devrait être vigilant et ce,
pendant toute la durée du contrat. Cela veut dire que lors de la souscription, il
devrait lutter contre le blanchiment d’argent sale jusqu’à l’issu du contrat.

3.3.1.4.1. A la souscription d’un contrat

D’abord, l’institution doit se poser des questions suivantes :

• la résidence du souscripteur se situe-t-elle dans un pays listé par le GAFI


comme pays et territoires non-coopératifs ?
• la résidence se situe-t-elle dans un pays frappé d’une sanction, ce qui
s’oppose à la réalisation de la souscription par exemple d’un contrat
d’assurance ou le virement de fonds en provenance de ce pays ne pouvant
être accepté ?
• l’identité du souscripteur est-elle sur les listes de personnes faisant l’objet de
sanctions financières établies par l’ONU et l’Union européenne ?

Ensuite, il faut s’intéresser aux chèques parce qu’avec un paiement par chèque de
banques à vue, chèques endossés, mandats postaux ou des chèques multiples

50
d’émetteurs différents, on coupe tout lien et toute traçabilité entre le souscripteur et
les fonds à l’origine de la transaction.

De nos jours, le virement bancaire est très utilisé. Une attention mérite d’être faite
en ce qui concerne les paiements en provenance de l’étranger, a fortiori, si les pays
ne disposent pas d’une législation anti-blanchiment qui ressemble aux standards
internationaux définis par le GAFI.

Une vigilance particulière doit aussi s’appliquer aux paiements en liquide à une
société sous la forme des versements multiples, récurrents en espèces, et situés
en deçà du seuil réglementaire, sur un compte détenu par ladite société sans que
l’identité du déposant des fonds ne soit déclinée. En acceptant le paiement en
liquide, on en fait face aux problèmes d’identification et de l’origine des fonds.

3.3.1.4.2. Durant la vie d’un contrat

Durant la vie du contrat, il faut être prévoyant dans le cas de modification du


bénéficiaire. Par exemple si un assureur a passé un contrat d’assurance-vie en
faveur d’une personne sans rapport clairement défini avec le souscripteur, cela peut
être un indice éventuel de blanchiment. C’est pour cela qu’il est interdit au
souscripteur de modifier les clauses bénéficiaires, une fois que le bénéficiaire est
devenu acceptant sans l’accord de ce dernier.

3.3.1.4.3. A la fin du contrat

A la fin d’un contrat, deux (02) situations peuvent se présenter. La première


situation consiste en une sortie anticipée d’un contrat entrainant un préjudice
financier. C’est une opération, qui se situe dans le cadre d’un versement
exceptionnel, suivi de rachats ou d’avances voire de décès dans des délais très
courts. Également la sortie anticipée d’un placement, provoque une perte financière
conséquente pour le souscripteur (pénalités, pertes d’avantages fiscaux). En cas
d’absence d’explication convaincante, ce dernier peut constituer l’indice d’une
transaction suspecte.

La deuxième situation comprend la demande de remboursement de bons de


capitalisation par une personne différente du souscripteur. Dans ce cas, les

51
transactions doivent être impérativement enregistrées sur un registre obligatoire en
y reportant les références permettant de retracer l’historique de l’opération.

3.3.2. Sanctions et cas connus de blanchiment de capitaux

La loi a prévu de sanctions contre les auteurs de blanchiment de capitaux, ce qui


est vérifié par des cas concrets connus au Togo.

3.3.2.1. Sanction pour le blanchiment de capitaux

D’abord cette partie va aborder les risques pénaux pour les personnes physiques,
ensuite pour les personnes morales et enfin les risques pénaux pour les deux
groupes.

3.3.2.1.1. Risques pénaux applicables aux personnes physiques

Les peines qui sont applicables aux personnes physiques ont deux caractères. Ce
sont des peines simples et des peines complémentaires.

Des peines simples sont mentionnées à l’article 898 du Code pénal togolais et il
existe deux sanctions principales qui peuvent être prononcées. L’auteur de
l’infraction peut être condamné à une peine privative de liberté ce qui représente un
emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans. Il existe aussi une peine pécuniaire,
avec laquelle, son infracteur est obligé de payer une amende de Cinq Millions (5 000
000) à Vingt-cinq Millions (25 000 000) de Francs CFA.

Les peines complémentaires sont décrites à l’article 902 du Code pénal. Il prévoit
des peines complémentaires civique ou administrative qui se matérialisent par des
interdictions d’absence définitive du territoire pour les étrangers, de séjour, de
quitter le territoire national, d’établir de passeport, de conduire des engins à moteur,
d’exercer la profession d’émettre des chèques pour une durée comprise entre un
(01) à dix (10) ans, puis la confiscation des biens destinés à commettre l’infraction.

Les peines peuvent être plus sévères, portées au double dans le cas où existent les
circonstances aggravantes. Il y a circonstance aggravante lorsque :

• l'infraction de blanchiment de capitaux est commise de façon habituelle ou


en utilisant les facilités que procure l'exercice d'une activité professionnelle ;

52
• l'auteur de l'infraction est en état de récidive. Dans ce cas, les condamnations
prononcées à l'étranger sont prises en compte pour établir la récidive ;
• l'infraction de blanchiment est commise en bande organisée.

3.3.2.1.2. Risques pénaux applicables aux personnes morales

Selon les articles 903 du Code Pénal et 124 de la loi uniforme les personnes morales
autres que l’Etat, déclarées pénalement responsables de blanchiment simple ou de
blanchiment en présence des circonstances aggravantes sont sanctionnée de façon
suivante :

Premièrement, elles sont punies d'une amende d'un taux égal au quintuple de celles
encourues par les personnes physiques, sans préjudice de la condamnation de ces
dernières comme auteurs ou complices des mêmes faits.

Deuxièmement elles peuvent être exclues des marchés publics, à titre définitif ou
pour une durée de cinq (5) ans au plus, frappées par la confiscation du bien qui a
servi ou était destiné à commettre I ’infraction ou du bien qui en est le produit,
placées sous surveillance judiciaire pour une durée de cinq (5) ans au plus,
frappées d'interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq (5) à dix (10) ans,
d' exercer directement ou indirectement une ou plusieurs activités professionnelles
ou sociales à I 'occasion de laquelle l'infraction a été commise, punies, par la
fermeture définitive ou pour une durée de cinq (5) ans, des établissements ou de
l'un des établissements de I ’entreprise ayant servi à commettre les faits incriminés,
et par la dissolution, lorsqu'elles ont été créées pour commettre les faits incriminés,
suivie de l'affichage de la décision prononcée ou la diffusion de celle-ci par la presse
écrite ou par tout moyen de communication audiovisuelle, aux frais de la personne
morale condamnée.
Par ailleurs, dans les institutions financières relevant d'une autorité de contrôle
disposant d'un pouvoir disciplinaire, l'autorité de contrôle compétente, saisie par le
Procureur de la République de toute poursuite engagée contre ladite institution,
peut prendre les sanctions appropriées, conformément aux textes législatifs et
réglementaires spécifiques en vigueur.

53
3.3.2.1.3. Risques disciplinaires applicables aux deux groupes

Le risque disciplinaire est initialement applicable au seul irrespect du devoir de


déclaration. Cependant, lorsque par suite, soit d'un grave défaut de vigilance, soit
d'une carence dans l'organisation de ses procédures internes de contrôle, une
personne visée par la loi a méconnu lesdites obligations, l'autorité de contrôle ayant
pouvoir disciplinaire peut agir d'office dans les conditions prévues par les textes
législatifs et réglementaires spécifiques en vigueur.
Dans le cas du risque disciplinaire, les sanctions peuvent être : l’avertissement, le
blâme, l’interdiction d’effectuer certaines opérations et toutes autres limitations dans
l’exercice de l’activité, la suspension temporaire d’un ou plusieurs dirigeants de
l’entreprise, voire la démission d’office d’un ou plusieurs dirigeants de l’entreprise,
le retrait total ou partiel d’agrément.
La Commission de Contrôle peut aussi prononcer une sanction pécuniaire. Le
montant de cette sanction dépend de la fonction de la gravité des manquements
commis.

3.3.2.2. Affaires connues sur le blanchiment de capitaux au Togo


Cette partie s’intéresse aux affaires de blanchiment d’argent qui se sont produites
sur
le territoire togolais. Il s’agit du blanchiment de capitaux par la Bank of Credit and
Commerce International (BCCI), puis quelques autres affaires pour lesquelles les
fonds en jeu sont gelés. Cependant, nous allons nous intéresser seulement au cas
de la BCCI Togo.

La Bank of Credit and Commerce International (BCCI)2 est une banque créée en
1972 par le Pakistanais Agha Hasan Abedi, âgé de 49 ans. Son siège social est
situé au Luxembourg, pour des raisons fiscales. Son quartier général est à Londres,
pour des raisons pratiques. Le principal centre d'opérations de la BCCI se situe à
Karachi, au Pakistan. La BCCI est construite au départ sur des intentions
honorables ; notamment, aider le financement des hommes d'affaires musulmans
et faciliter le développement des pays du tiers monde. Contrôlée par des capitaux
arabes, dirigée par des Pakistanais, elle opère surtout à partir de Londres et des
îles Caymans, mais aussi à partir du Luxembourg, où les réglementations bancaires

2 https// :www.hec.unil.ch

54
et financières sont assez souples. Elle dispose de 20 milliards de dollars d'actifs
(environ 120 milliards de francs), possède plus de 400 filiales et succursales dans
le monde entier, y compris le Togo, où la BCCI est autorisée par l’Arrêté n°141/MEF
du 07 mai 19793, à exercer ses activités sur le sol togolais, notamment : collecter
les fonds du public, faire du crédit, et gérer les moyens de paiement.

La BCCI devient ainsi l'une des principales banques privées du monde. Mais le sens
des affaires n'explique pas entièrement cette réussite. Il existe une face cachée.
La BCCI se livre à d'autres activités, assez éloignées de la banque traditionnelle, à
l'insu, de certains de ses dirigeants. Elle crée pour cela une sorte de département
spécialisé, une banque dans la banque, en utilisant ses filiales "exotiques", comme
l'ICIC des îles Caymans ou encore une banque américaine rachetée très
discrètement, la FAB, First American Bankshares. Cela va lui permettre de brouiller
les pistes par virements multiples et successifs, et ainsi de rendre les enquêtes très
difficiles. Elle se livrait ainsi à la fraude, à la réception de l’argent provenant de la
vente de la drogue. En Afrique, le naira du Nigéria, n’est pas du reste que la BCCI
blanchit. La BCCI, reconnue comme le meilleur circuit pour l'argent de la drogue,
avait vu les dépôts liés à ces activités prendre une grande part dans les activités de
la banque.

La BCCI a occasionné en plus, des pertes financières de plus de vingt Milliards


(20.000.000.000) de dollars, lesquelles étaient masquées depuis plusieurs années
par la publication de comptes truqués.

C’est alors que le 05 juillet 1991, la Banque d'Angleterre et l'Institut monétaire du


Luxembourg, ont décidé de l’opération de fermeture de la BCCI, dans de nombreux
pays ou villes, à Londres, Paris, Luxembourg, aux îles Caymans, et un peu partout
en Europe. L’opération de fermeture a abouti au même scénario : portes closes par
décision des autorités, coffres fermés, comptes gelés.

Cependant, les tentatives de sauvetage de la BCCI, prises dans plusieurs pays, ont
aussi échoué. Au Botswana, les autorités ont choisi de maintenir la succursale de
la BCCI ouverte et de garantir tous les prêts et dépôts dans le but d'éviter des

3 https// :www.jo.gouv.tg

55
émeutes publiques. Finalement, Robert Morgenthau, le procureur du district de
Manhattan, poursuivra Abedi et son successeur à la tête de la BCCI, Swaleh Naqvi,
pour avoir escroqué les déposants de vingt milliards (20 000 000 000) de dollars !

En janvier 1990, la BCCI est obligée de plaider coupable pour recyclage de l'argent
de la drogue et s'en tire avec une "petite amende" de Quinze millions (15 000 000)
de dollars, coût minime par rapport au préjudice causé à sa réputation par cette
affaire.

Au Togo, suivant l’Arrêté n°245-MEF du 10 juillet 19914, les autorités ont mis la
Bank of Credit and Commerce International (BCCI) à Lomé, sous administration
provisoire, et ont confié tous les pouvoirs nécessaires à son administration et à sa
gérance au Contrôleur interne à l’agence principale de la Banque Centrale des Etats
de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

En 1992, les activités de la BCCI devraient être suspendues. Néanmoins, dans le


souci de la secourir, les autorités togolaises ont, par Arrêté n°370/MEF/CAB du 18
septembre 19925, prorogé la période de suspension des activités bancaires de la
BCCI-LOME, à compter du 18 août 1992, sauf pour ce qui concerne les placements
sur le marché monétaire, les opérations portant sur les dépôts à vue et à terme, les
dépôts d’épargne, les bons de caisse et les autres sommes dues à la clientèle.

Les conséquences du blanchiment d’argent sales de la BCCI sont assez lourdes.


La situation de la BCCI a fait plusieurs victimes dans le monde entier.
Les autorités d'Abu Dhabi n'ont pas été mises au courant de la décision de
fermeture de la BCCI prise le 2 juillet 1991. Les deux principaux acteurs de la
décision sont Brian Quinn, le directeur du contrôle à la Banque d'Angleterre, et
Pierre Jaans, le responsable de l'Institut monétaire luxembourgeois. Dès l'annonce
de l'arrêt global des activités de la BCCI, les autorités d'Abu Dhabi proposent que
le cheikh Zayed injecte de nouveaux fonds pour soutenir la banque et la réorganiser
à partir des trois filiales de Londres, Abu Dhabi et Hong Kong. Mais les autorités
monétaires restent fermes, et Mazrui, l'envoyé d'Abu Dhabi, n'a d'autres ressources
que de repartir.

4 Journal officiel de la République togolaise, n°17, parution du 16 juillet 1991


5 Journal officiel de la République togolaise, parution du 16 octobre 1992

56
Pendant que les autorités examinent avec attention les filiales de la BCCI à travers
le monde, elles essaient d'évaluer les pertes des déposants. La presse pakistanaise
mentionne ainsi que le pays est en état de panique et que tous les déposants
veulent retirer leurs dépôts. Un autre journal ajoute que les contrebandiers et les
barons de la drogue essayent avec acharnement de ressaisir leurs comptes
"offshore". Au Nigéria et au Botswana, les fonctionnaires sont inquiets et se
demandent si les dépôts effectués par la Banque Centrale à la BCCI seront perdus.
Au Bangladesh, 40 000 clients menacent même de faire une grève de la faim si
leurs dépôts ne leur sont pas restitués immédiatement.

En Chine, les autorités, après une période d'hésitation, ont décidé de fermer la
succursale de la BCCI dans la zone économique spéciale de Shenzhen, centre
principal des programmes d'encouragement pour les entreprises privées. Le
gouvernement chinois a perdu près de 400 millions de dollars, et beaucoup de ses
diplomates, qui recevaient leur salaire par l'intermédiaire de la BCCI, ont connu
quelques jours difficiles. Hong Kong a fermé la succursale de la BCCI, qui comptait
40 000 clients.

Au Botswana, la succursale de la BCCI a fait perdre aux déposants plus de vingt


milliards (20 000 000 000) de dollars.

En Angleterre, la situation est quelque peu différente : la BCCI y était aussi une
banque de particuliers. La Banque d'Angleterre a gelé plus de 400 millions de
dollars de dépôts sur quelques 120 000 comptes détenus par des familles indiennes
et pakistanaises et des petites entreprises, mais aussi par une soixantaine de
municipalités qui ont placé environ 160 millions de dollars de fonds publics à la
BCCI. Les clients devront attendre plusieurs mois avant de recevoir ce qui est
garanti par la loi : 75 % de leur argent, mais avec un plafond de 15 000 livres (soit
environ 130 000 francs). Les 12 000 salariés de la banque sont en chômage, et les
dizaines de milliers de déposants, ne peuvent ni récupérer leurs dépôts ni utiliser
leurs chéquiers ou leurs cartes de crédit. Ils se demandent pourquoi la Banque
d'Angleterre et les, autorités bancaires ne sont pas intervenues plus tôt.

En fin de compte, la situation de la BCCI devient plus harassante, au point où les


mesures de sauvetage ne parviennent plus à secourir ladite banque. C’est ainsi
qu’au Togo, le Ministère de l’économie et des finances a par Arrêté n°308/MEF/CAB

57
du 02 novembre 19946 retiré l’agrément accordé par arrêté n°141/MEF du 07 mai
1979 à la Bank of Credit and Commerce International (BCCI).

Ainsi, la Bank of Credit and Commerce International (BCCI) n’est plus autorisée à
exercer ses activités sur le territoire de la République Togolaise et est par
conséquent radiée de la liste des Banques.
+

+ +

Nous avons choisi quelques échantillons parmi notre population cible qui n’est que
les institutions financières, les professionnels libéraux, les organes de répression et
la CENTIF. Constituent des méthodes de collecte de données pour notre recherche,
la documentation et la méthode exploratoire avec comme outils un questionnaire et
un guide d’entretien. Etant donné que notre recherche n’est pas apparue sui
generis, nous avons pris soin de rappeler sa base, nommément les obligations des
assujettis puis un cas concret de blanchiment de capitaux, ne serait-ce pour
examiner les conséquences du fléau en cas de commission d’infraction.

6 Journal officiel de la République togolaise n°32, parution du 16 novembre 1994

58
CHAPITRE 4
PRÉSENTATION, ANALYSE, EVALUATION,
DISCUSSIONS DES RÉSULTATS ET PLAN D’ACTION
SOMMAIRE

Pour répondre aux questions de recherche, des hypothèses ont été formulées. Ce
dernier chapitre ouvre la voie à leur évaluation. Dans une première section, nous
avons présenté, et analyser les résultats, cependant, la deuxième section a permis
de discuter lesdits résultats puis proposer un plan d’action sommaire relatives aux
constats pour terminer le chapitre.

4.1. Présentation, analyse des données de la CENTIF Togo, et


évaluation de l’efficacité de la lutte contre le blanchiment de
capitaux

4.1.1. Présentation, analyse des données de la CENTIF Togo

Au terme de notre enquête nous avons recueillis des informations complétées par
la recherche documentaire. Ceci nous permet de présenter, d’analyser, d’interpréter
et enfin tirer des conclusions quant à la vérification des hypothèses formulées
auparavant.
L’analyse des données de la CENTIF Togo porte sur, d’abord les déclarations de
soupçons effectuées par les professionnels, ensuite les infractions sous-jacentes,
et enfin le traitement desdites opérations.

4.1.1.1. Déclarations de soupçon effectuées par des professionnels

Depuis la création de la CENTIF en 2009 à l’année 2014, le nombre de déclarations


d’opérations suspectes (DOS) réalisé a suivi une évolution irrégulière. Néanmoins
à partir de 2014 jusqu’à 2018, on note une évolution croissante du nombre de
déclarations effectuées par les professionnels.

Ainsi, en 2018, la CENTIF-Togo a reçu trois cent vingt-neuf (329) déclarations


d’opérations suspectes (DOS) contre deux cent onze (211) en 2017, soit 56% de
hausse. Cette forte progression du nombre des DOS est due notamment à la

59
persistance des cas de fraude et d’escroquerie à travers le système bancaire et à
l’importance des cas suspects de réceptions de transferts internationaux de fonds.

En 2017, comme indiqué ci-dessus, la CENTIF-Togo a reçu deux cent onze (211)
déclarations d’opérations suspectes (DOS) contre quatre-vingt-et-une (81) au cours
de l’année 2016, soit 160% de hausse. Cette relative progression du nombre des
DOS est due notamment à la recrudescence des cas de fraude et d’escroquerie à
travers le système bancaire.

Au cours de l’année 2015, la CENTIF-TG a reçu 53 déclarations d’opérations


suspectes contre 34 précédemment. La remontée de 56% observée contraste avec
la baisse enregistrée en 2014 et traduit une meilleure appropriation du dispositif par
les assujettis en particulier ceux du secteur bancaire.

Graphique 3 : Evolution de Déclaration des Opérations Suspectes reçues par


année

Sources : Assujettis, CENTIF-Togo

4.1.1.1.1. La contribution du système bancaire aux déclarations


d’opérations suspectes :
Comme les années antérieures, les soupçons ont été déclarés majoritairement par
le système bancaire qui reste le plus actif dans la détection des transactions
suspectes au Togo. Sur treize (13) banques en activité à fin 2018, onze (11) ont
transmis au moins une DOS à la CENTIF sur la période, contre sept (7) banques
déclarantes en 2017. Sur ces déclarations, trois (3) banques représentent à elles
seules 73% des DOS avec une part respective de 28%, 24% et 21%.

60
Au cours de l’année 2017, les sept (7) banques ayant transmis au moins une DOS
à la CENTIF sur la période, constituent une baisse de 22% par rapport aux neuf (9)
banques déclarantes de l’année 2016. Deux (02) banques représentent à elles
seules 66% des DOS avec des parts respectives de 34% et 32%. La troisième
pointe derrière avec 18% des déclarations.

En 2015, comme les années précédentes, les soupçons sont toujours déclarés par
le système bancaire qui était seul actif dans la détection des crimes financiers au
Togo. Le nombre de banques ayant souscrit à une DOS sur la période progresse à
6.
Le nombre de banques déclarantes et la fréquence de leur déclaration révèlent
l’absence ou la faiblesse de la mise en œuvre du dispositif de LBC/FT par
l’ensemble du système bancaire et le risque d’utilisation des banques non
déclarantes pour faciliter le BC/FT.

Graphique 4 : Contribution du système bancaire aux DOS en 20187

Situation des banques par rapport aux DOS Parts Des onze (11)banquesdéclarantes

5,6%
1,9%

24,2%
20,9%
%
déclarantes
Banques
15Banques 85 6,5%
déclarantes
%
0,9% 1,4%
non

9,3% 0,5%
27,9%
0,9%

Sources : Assujettis, CENTIF-Togo,

4.1.1.1.2. Les déclarations d’opérations suspectes annuelles reçues par


catégorie de déclarants :

La Cellule a également enregistré en 2018, cent-onze (111) opérations suspectes


de deux institutions financières non bancaire ainsi qu’une (1) d’une régie financière

7
www.centif.tg, Rapport annuel des activités 2018

61
et deux (2) des entreprises et professions non financières désignées (EPNFD), dont
l’une effectuée par un notaire et l’autre par un avocat.

Outre les banques, une institution de microfinance et l’Administration des services


postaux ont déclaré respectivement, une (1) et trente-huit (38) opérations suspectes
durant l’année 2017.On note dans l’ensemble, que les déclarations effectuées par
les Etablissements de crédit sont importantes que celles des autres professionnels.

Tableau 2 : Nombre de DOS annuelles reçues par catégorie de déclarants8


2009

2013

2015
2011

2014

2016

2018

Total
2010

2012

2017
Déclarants

Etablissements
7 21 27 24 52 33 52 74 172 215 677
de crédit
SFD 0 1 2 0 2 0 0 0 1 1 7
Régies
0 19 4 3 1 1 0 1 0 1 30
financières
Poste 0 0 1 3 0 0 1 6 38 110 159
ONG 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1
Autres
1 1 0 0 1 0 0 0 0 2 5
déclarants
Total 8 42 34 30 57 34 53 81 211 329 879
Sources : Déclarants, CENTIF-Togo, Rapport annuel des activités 2018

4.1.1.1.3. Importance des montants mis en cause dans la Déclaration


d’Opérations Suspectes

En 2018, le montant total des sommes en cause pour les déclarations reçues se
chiffre à 80,2 milliards9, soit une augmentation de 62% par rapport à 49,4 milliards
de l’année précédente.

Cette augmentation du montant total des sommes est due à la hausse du nombre
des déclarations ainsi qu’à celle des montants en jeu dans les opérations suspectes
ayant fait l’objet de déclaration. En effet, 7 déclarations dont le montant en jeu est
supérieur à un milliard cumulent 84% de la somme globale des 329 DOS, avec un

www.centif.tg, Rapport annuel des activités 2018


8

Tous les montants indiqués dans le rapport sont en franc CFA


9

62
plafond de 28,0 milliards pour le montant le plus élevé, alors qu’en 2017 ces DOS
(neuf) représentaient 80% de la valeur des 211 DOS avec 12,2 milliards comme
montant le plus élevé.

En 2017, le montant total des sommes en cause pour les déclarations reçues se
chiffre à 49,4 milliards de francs CFA, en diminution de 29% par rapport aux 69,8
milliards de francs CFA de l’année 2016.

Cette baisse, en dépit de l’augmentation du nombre des déclarations, est due à la


faiblesse des montants en jeu dans les opérations suspectes ayant fait l’objet de
déclaration. En effet, 9 déclarations dont le montant en jeu est supérieur à un
milliard cumulent 80% de la somme globale des 211 DOS, avec 12,6 milliards de
francs CFA pour le montant le plus élevé, alors qu’en 2016 ces DOS représentaient
93% de la valeur des 81 DOS avec 40 milliards de francs CFA de montant le plus
élevé.

La répartition du montant des DOS signale l’existence sur la place togolaise de


transactions douteuses de grande envergure.

Graphique 5 : Importance des montants mis en cause dans les DOS en 201810

Sources : Déclarants, CENTIF-Togo, Rapport annuel des activités 2018

4.1.1.2. Infractions sous-jacentes des Déclarations des Opérations


Suspectes reçues

Les déclarations de soupçon enregistrées au cours de l’année 2018 portent sur :

10
www.centif.tg, Rapport annuel des activités, année 2018

63
• Quatre (04) cas de Blanchiment de Capitaux (BC) portant sur des infractions
à la réglementation des relations financières extérieures. Ils se rapportent à
d’importantes transactions bancaires en espèces effectuées par des
opérateurs de change non agréés et des commerçants pour des règlements
du commerce international via des canaux illicites ainsi qu’à une saisie d’un
colis postal contenant des billets étrangers ;
• Quatre (04) cas de BC pour fraude fiscale, qui sont afférents à de multiples
transactions bancaires effectuées entre des personnes morales et leurs
bénéficiaires effectifs ;
• Treize (13) cas de BC relatifs au faux et usage de faux, qui sont relatifs
notamment à la production de faux relevés et attestations bancaires ;
• Quarante-neuf (49) cas BC liés à la fraude et à l'escroquerie dont les faits
concernent notamment des réceptions de transferts frauduleux et des
tentatives d’escroquerie bancaire ;
• Deux Cent Cinquante-six (256) cas de BC dont la justification des
transactions reste à clarifier. La plupart concerne : d’importants versements
et/ou retraits en espèces inadaptés au profil des clients, des envois ou
réceptions de transferts internationaux de fonds sans lien apparent entre les
donneurs d’ordre et les bénéficiaires ou sans motif économique réel,
d’importantes cessions de devises aux banques, des dépôts récurrents
d’espèces sur des comptes bancaires suivis de retraits à l’international par
carte bancaire ou de transferts à l’étranger ou dans un autre pays de
l’UEMOA, le regroupement de sociétés dans le domaine immobilier ;
• Trois (03) opérations suspectées liées au financement du terrorisme sont
relatifs à des transferts en faveur d’une société ciblée par l’OFAC (Office of
Foreign Assets Control) et le pays de destination, ciblé par l'UE et les Nations
unies.

4.1.1.3. Traitement des Déclarations d’Opérations Suspectes (DOS)

Conformément aux textes réglementaires en vigueur, les déclarations reçues par la


CENTIF doivent faire l’objet d’analyse sur la licéité ou non de l’activité et sur l’origine
des ressources en cause afin de confirmer ou d’infirmer les soupçons des
déclarants. En cas de confirmation de soupçon, les rapports doivent être transmis

64
aux autorités judiciaires pour l’ouverture d’une information. Ainsi, en 2018, Vingt-
deux (22) DOS ont fait l’objet de rapports transmis au Procureur de la République,
représentant un peu plus du tiers (35,5%) des soixante-deux (62) déclarations
transmises par la Cellule depuis le début de ses activités. Aucune DOS n’a été
classée au cours de l’année en raison d’absence d’éléments probants de
Blanchiment de Capitaux et de Financement du Terrorisme (BC/FT). A fin 2018,
sept-cent-douze (712) DOS sont au stade d’investigation auprès de la Cellule.

En 2017, tout comme en 2016, quatorze (14) DOS ont fait l’objet de rapports
transmis au Procureur de la République, représentant 35% des quarante (40)
déclarations transmises par la Cellule depuis le début de ses activités. Au cours de
l’année, deux (2) DOS reçues en 2016 ont été classées en raison d’absence
d’éléments probants de BC/FT, ce qui situe le nombre total desdites DOS à cent
cinq (105). A fin 2017, quatre cent cinq (405) DOS sont au stade d’investigation
auprès de la Cellule. La situation de l’ensemble des DOS dans le processus de
traitement est résumée comme suit.

Tableau 3 : Point sur le traitement des DOS au 31 décembre 2018

Nombre de DOS
Période de Reçues En cours d’étude Transmises à la justice Classées
réception
2009* 6 5 1 0
2010* 40 37 3 0
2011 34 26 2 6
2012 30 16 4 10
2013* 57 51 0 6
2014 34 28 2 4
2015 53 53 0 0
2016 81 - 14 -
2017 211 206 14 0
2018 329 327 22 0
Total 875 749 62 26
Source : CENTIF-TG, Rapport annuel des activités 2018

65
Il découle de l’analyse des données de la CENTIF, que les déclarations des
Etablissements financiers ne représentant que 0.5/5 des assujettis, occupent la
grande partie dans l’ensemble des opérations suspectes déclarées par les
professionnels. Cependant, sur les rapports transmis par la CENTIF au procureur
de la République, aucun n’a fait l’objet de jugement.

4.1.2. Evaluation de l’efficacité de la lutte contre le blanchiment de


capitaux

Pendant l’élaboration de nos travaux, nous avons réalisé une mission de


conformité, durant laquelle nous avons procédé à la confrontation des exigences
de la loi avec l’application par les différents acteurs de la lutte contre le blanchiment
de capitaux desdites obligations.
Cet examen a été effectué pour évaluer la contribution de chaque acteur dans la
lutte contre le blanchiment de capitaux, afin d’apprécier l’efficacité de ladite lutte. Il
ne met donc pas nécessairement en évidence toutes les améliorations qu'une étude
spécifique et plus détaillée pourrait éventuellement révéler.
Pour chaque acteur, nous avons procédé, par entretien, a une prise de
connaissance, puis une évaluation, suivie de tests de conformité dans l'application
des obligations afin de faire ressortir les points forts et les axes d'amélioration. Pour
ce faire, nous avons eu préalablement besoin d’énoncer un questionnaire (cf.
annexe pour le modèle de questionnaire de revue de lutte anti blanchiment). Les
rubriques importantes du questionnaire concernent :
• Les obligations de vigilance ;
• Les obligations de déclarations des opérations suspectes ;
• Le pouvoir spécifique de la CENTIF TOGO ;
• Et le traitement des opérations suspectes.

Les principales observations issues de nos travaux sont présentées ci-après :

4.1.2.1 La CENTIF devrait procéder à une sensibilisation suffisante des autres


acteurs sur les dangers du blanchiment de capitaux.

1) Constat

La loi fait obligation aux assujettis de déclarer toutes les opérations suspectes
rencontrées. De nos entretiens, il ressort que sur Quarante-sept (47) principales

66
structures enquêtées parmi les acteurs du marché financier et les professionnels
du secteur non financiers, Quatre (04) seulement ont une fois déclaré une opération
suspecte depuis l’apparition de la CENTIF Togo. Ils ne sont pas trop regardants
dans la vérification des opérations suspectes. Ainsi-se préoccupent-ils plus de leur
rentabilité financière.

Les professionnels méconnaissent la gravité du fléau de blanchiment de capitaux


du fait que les sensibilisations de la CENTIF Togo sont rares et ne touchent que les
premiers responsables de maillons desdits professionnels (CENTIF, 2019). Aussi,
il n’existe aucun suivi des rares sensibilisations faites par la CENTIF aux autres
acteurs de la lutte.

2) Implication

Une sensibilisation insuffisante et un manque de contrôle des praticiens en contact


direct avec les blanchisseurs de capitaux induit une non maitrise des risques
inhérents au blanchiment de capitaux.

3) Suggestion

Il serait souhaitable que la CENTIF organise une sensibilisation en formation


séminaire à tous les autres acteurs de la lutte anti blanchiment au moins une (01)
fois dans l’année, à propos des méfaits du blanchiment de capitaux sur leurs
entreprises afin que leurs décisions de gestion en soient inspirées. Par ailleurs, la
puissance publique devrait mettre en place un programme de suivi pour vérifier la
mise en œuvre des obligations de lutte anti blanchiment de capitaux à tous les
niveaux.

4.1.2.2. La CENTIF et les organes de répression devraient renforcer le suivi de


formation spécialisée en matière de blanchiment de capitaux en vue d’une lutte
effective et la spécialisation des juridictions.

1) Constat

La cellule de traitement des informations financières et les organes de répressions


à savoir : la police judiciaire, la gendarmerie et la justice, ne suivent que de rares
formations séminaires, ponctuelles, organisées par le GAFI, le Groupe Egmont, le
GIABA (CENTIF, 2017,2018) et l’ONUDC. Aussi les rapports sont confiés à deux
(02) juges ayant pleins d’autres catégories de dossiers d’infractions à traiter.

67
2) Implication

L'insuffisance de formation spécialisée du personnel de la CENTIF et des organes


de répression et la non spécialisation des tâches au sein du pouvoir judiciaire ne
permettent pas une lutte anti blanchiment qualifiée.

3) Suggestion

Il serait souhaitable, de renforcer la formation en matière de lutte contre le


blanchiment de capitaux et le financement de terrorisme aux programmes de
formation de la police judiciaire, de la gendarmerie, et de la justice, afin de pouvoir
bien mener la lutte anti blanchiment. Ainsi une spécialisation des tâches
accélérerait le traitement des rapports transmis par la CENTIF au procureur
compétent.

4.1.2.3. L’Etat devrait plus s’engager dans la lutte anti blanchiment de capitaux.

1) Constat

Le budget de l’Etat n’arrive pas à fournir à la CENTIF, et les organes de répression


des ressources humaines, matérielles, financières et techniques suffisantes pour
accomplir efficacement leur mission.

2) Implication

Une faible volonté des autorités togolaises, induit la corruption dans la lutte anti
blanchiment de capitaux.

3) Suggestion

Il serait souhaitable que le Gouvernement togolais en fasse davantage en


augmentant progressivement les ressources nécessaires, puis collaborer avec la
CENTIF et les organes de répression afin que la lutte anti blanchiment de capitaux
soit efficace et exempte de corruption.

4.2. Discussion de la politique togolaise de lutte contre le


blanchiment de capitaux et proposition d’un plan d’action
sommaire

L’évaluation de l’efficacité de la lutte anti blanchiment nous a permis de relever les

68
difficultés auxquelles sont confrontés les acteurs, puis proposer un plan d’action.

4.2.1. Discussion de la politique togolaise de lutte contre le blanchiment


de capitaux

Le concept de blanchiment de capitaux est peu connu de l'opinion publique


togolaise. Seuls les Etablissements financiers ont une parfaite connaissance du
fléau et accomplissent leurs obligations, et ce, pour des raisons de contrôle de la
commission bancaire. A titre d'expérience personnelle, nous avons entrepris un
sondage sur les banques et microfinances, les Sociétés de Gestion et
d’Intermédiation (SGI), la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) Togo,
les assurances, les avocats, les notaires, les expert comptables, les agents
immobiliers.
Le constat fondamental en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux au
Togo, est que les institutions et les textes de lois existent. Toutefois, la volonté, et
surtout la mise en œuvre effective des diligences édictées pour combattre
véritablement le fléau peinent à se concrétiser dans les faits.
A ce niveau de notre étude, nous avons donc voulu mettre en exergue les difficultés
qui, pour nous, constituent un frein à l’efficacité de la lutte anti blanchiment de
capitaux.
Nos remarques s'articulent autour de trois (03) axes principaux à savoir :

4.2.1.1. Le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux est difficilement


applicable par les acteurs concernés :

La lutte anti-blanchiment de capitaux souffre du laxisme d’application des lois par


les professionnels. Ces derniers ont la crainte de perdre leurs rentabilités
financières. Cette situation est due à l’insuffisance de connaissance, de
conscientisation et de contrôle des professionnels par rapport aux fléaux de
blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Ainsi sur un échantillon
de quarante-sept (47) structures enquêtées parmi les banques et microfinances, les
SGI, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) Togo, les assurances, les
avocats, les notaires, les expert comptables, les agents immobiliers, tous
appliquaient l’obligation de connaissance de la clientèle. Cependant, en dehors des
banques et microfinances, les autres acteurs font preuve d’ignorance volontaire en
matière de détection voire de déclaration des opérations suspectes, « Font preuve

69
d'ignorance volontaire les personnes qui, pour éviter de faire face à la réalité,
négligent en toute connaissance de cause de prendre les mesures qui s'imposent
dans une situation où il y a matière à enquête » (Gendarmerie Royale du Canada,
2006)11.

Par exemple 4,7/5 des acteurs du marché financier et des professionnels du secteur
non financiers ne sont pas trop regardant dans la vérification d’opérations
suspectes. Ils se préoccupent plus de leur rentabilité financière. Cette situation est
due à l’insuffisance de contrôle des acteurs du marché financiers et des
professionnels du secteur non financier par le pouvoir suprême.

4.2.1.2. Les difficultés financières ne permettent pas une plus grande implication de
la CENTIF et les organes de répression :

Le personnel de la cellule de traitement des informations financières et les organes


de répression à savoir la police judiciaire, la gendarmerie et la justice, manquent de
formation spécialisée en matière de lutte anti blanchiment et de financement du
terrorisme. Ainsi, parmi les six (06) membres piliers de la CENTIF-TOGO, nommés
par décret pris en Conseil des Ministres, seul un membre a suivi une formation
complète savoir :

• Une formation juridique ;


• Une formation policière ;
• Et une formation financière.

Du côté des organes de répression notamment la police judiciaire, la gendarmerie


et la justice, on note également une méconnaissance de la notion de blanchiment
de capitaux et de corruption due à l’absence de formation préalable en matière de
la criminalité financière. A ce cet effet, ces acteurs principaux de la lutte anti-
blanchiment ne suivent que de rares formations séminaires, ponctuelles,
organisées par le GIABA et l’ONUDC.

Cette situation d’inégalité de compétence justifie d’abord, le fait que la CENTIF


Togo, n’arrive à faire que très peu de sensibilisation à l'endroit des praticiens ; et

11Source : Le blanchiment d'argent-guide de prévention, Gendarmerie Royale du Canada,


2006

70
ensuite éprouve parfois de la lenteur dans les enquêtes et dans l’élaboration voire
la publication des rapports annuels d’activités sur le site internet pour l’accès au
public. Il découle de cette situation la fuite des informations. Le temps mis par la
CENTIF Togo, puis le juge d’instruction pour établir la preuve de blanchiment de
capitaux avant de transmettre les rapports à la juridiction de jugement, les
blanchisseurs sont informés de leur sort et demeurent injoignables, puis
disparaissent éventuellement du territoire.

Aussi, vu le volume des dossiers surtout ceux dans lesquels les personnes sont en
détention, la jurid
Ceci justifie le fait qu’entre la période d’octobre 2017 - septembre 2018, sur les
quatorze (14) rapports transmis au Procureur de la République Togolaise, aucune
condamnation n’ait été enregistrée. Par contre dans la même période au Sénégal,
tous les dix-sept (17) rapports transmis aux autorités judiciaires compétentes ont
fait l’objet de poursuites pénales pour blanchiment de capitaux et financement de
terrorisme, suivi de la Guinée Conakry qui a enregistré treize (13) condamnations
pénales et du Sao Tomé et Principe sept (07) poursuites pénales pour la même
cause (GIABA, octobre 2017-septembre 2018).12

4.2.1.3. Pesanteurs observées sont inhérentes à un léger engagement des acteurs,


notamment de la part de l’Etat :

La CENTIF Togo et les organes de répression en charge de la lutte anti blanchiment


de capitaux sont dotés de ressources financières, matérielles et techniques
insuffisantes pour accomplir efficacement leurs missions. Or les missions de ces
acteurs principaux sont financées par le budget de l’Etat. Ces insuffisances
dénotent d’une faible volonté politique pour combattre le blanchiment de capitaux.
Le constat est que le Togo constitue jusqu'à ce jour une cible privilégiée du
blanchiment d'argent du fait de ses besoins constants en investissements
extérieurs, mais aussi en raison de la flexibilité de sa législation juridique et fiscale.
D'ailleurs, les infractions souvent rencontrées savoir : la fraude fiscale, la fraude,
faux et usage de faux, l’escroquerie, les infractions à la réglementation des relations
financières extérieures (CENTIF, 2018) viennent confirmer notre position.
L'implication de telles actions se manifeste par une absence de contrôle des

12 htt://www.giaba.org, résumé des rapports d’activités des pays, octobre 2017-septembre 2018

71
autorités politiques, un désintérêt au plus haut niveau de décision pour les questions
de blanchiment de capitaux.
La raison principale de tels agissements tire son origine soit d'une méconnaissance
des impacts du blanchiment de capitaux, soit dans la recherche de profit.
D’abord, les impacts économiques internationaux du blanchiment de capitaux sont
connus de par le monde. Cependant, les effets virulents sur l’économie togolaise et
la population sont toujours méconnus ou tout simplement négligés, par l’Etat.
Ensuite, il est indéniable, que le blanchiment de capitaux existe au Togo. A cet effet,
le niveau de rémunération des employés de l’administration publique et parfois
même du privé, favorise la corruption, source de la fuite des informations, par
ricochet la fuite des blanchisseurs. Dans ce sens, les institutions togolaises
paraissent de façade, censées lutter contre le blanchiment de capitaux alors qu'en
réalité il n'en est rien.
On se rend donc à l'évidence que les capacités des institutions togolaises de lutte
contre le blanchiment de capitaux demeurent bien faibles.

4.2.2. Un plan d’action sommaire

Vu l'écart qui existe entre les textes préconisant la lutte contre le blanchiment de
capitaux et la pratique, ce niveau de notre étude, s’offre donc de faire des
propositions de solutions pour l’amélioration du dispositif de lutte contre le
blanchiment de capitaux au Togo.

4.2.2.1. La sensibilisation et le contrôle des entreprises :

La CENTIF Togo doit s’efforcer d’intensifier la sensibilisation et la formation au


niveau des autres acteurs à savoir : les professionnels du secteur financier et non
financiers au moins une (01) fois par an, puis instaurer des suivis. Ce procédé
permettra une prise de conscience et une implication dans la lutte anti blanchiment
de capitaux au Togo.

Ainsi, pouvons-nous demander le renforcement de cette méthode simple


permettant de détecter qu'une action pourrait relever du blanchiment d'argent,
même sans avoir préalablement reçu une formation sur ce concept. Elle se résume
en cinq (5) questions clés à savoir :

72
1. Est-ce que je connais bien ce client ?
2. Est-ce que je comprends parfaitement l'opération que le client désire effectuer ?
3. Suis-je réticent à faire cette opération ?
4. L'opération est-elle justifiable compte tenu du profil du client ?
5. S'agit-il d'une méthode courante d'effectuer ce genre d'opérations ?

Selon nous, sensibiliser l'opinion générale togolaise, précisément les praticiens


(banquiers, les micros fiances, les SGI, la BRVM, les courtiers en assurance, les
notaires, les avocats, les comptables, les agents immobiliers etc.), à répondre à ces
cinq questions essentielles avant d'entamer toutes transactions financières avec un
client serait un grand pas vers la propagation totale du concept de blanchiment de
capitaux sur le territoire togolais.

Pour ce faire, le Togo pourrait utiliser les médias (radiodiffusion, télévision, etc.…)
mais aussi la publicité (panneaux, pancartes ou simples affiches selon les moyens)
pour que chaque citoyen togolais se sente directement concerné par ce
phénomène, qui, faut-il le rappeler, est en constante évolution.

4.2.2.2. Le renforcement des formations spécialisée et continue de la


CENTIF et des organes de répression puis de la spécialisation des
juridictions :

Des programmes structurés de formation et d'assistance technique sont


indispensables à la majorité des employés de la CENTIF Togo et aux organes de
répressions savoir : les policiers, les gendarmes et les magistrats afin d’être plus
qualifiés pour lutter de façon convenable contre le blanchiment de capitaux au Togo.
Le Togo peut ainsi accroître ses propres moyens de lutte au point de devenir un
partenaire efficace dans la campagne anti blanchiment de la communauté
internationale.

A cet effet, les formations séminaires sur les stratégies de lutte anti blanchiment
doivent être multipliées pour le personnel existant de la CENTIF Togo, en vue
d’améliorer sa capacité. En cas de recrutement de nouveaux employés, la CENTIF
Togo doit veiller à embaucher les ressources humaines à compétences diversifiées.

Aussi doit-on renforcer l’introduction aux programmes de formation des policiers,


des gendarmes et des magistrats des disciplines relatives à la criminalité financière.

73
Un institut peut être créé pour la formation des principaux acteurs ci-dessus, à
l’instar de la formation de l’Académie d’Application des lois Internationale des Etats
Unis.
Aux Etats Unis, par exemple, il existe les ILEA13. Les ILEA ont été organisées et
sont financées par l'Institut National de Lutte contre la prolifération des narcotiques
et l'application des lois aux USA (INL). Ils ont pour mission de fournir des cours aux
cadres moyens de la police de divers pays. Cette formation comprend des stages
sur les délits financiers et le blanchiment de capitaux. Des séminaires sur ces
questions ont également été organisés à l'intention des cadres supérieurs de la
police dans certaines ILEA. Cette formule a donné de bons résultats en Asie, en
Amérique centrale, en Amérique du Sud, en Russie, et en Europe centrale.

Il serait également souhaitable que le ministère de la justice sollicite une


spécialisation des juridictions afin d’obtenir une juridiction qui pourra s’occuper
spécifiquement que des affaires relatives à la criminalité financière. Ceci
accélérerait le traitement des rapports transmis par la CENTIF au procureur
compétent.

Cette formation est évocatrice des possibilités dont dispose le Togo pour participer,
voire même élaborer, lui-même, des plans de formation pertinents en direction des
différents acteurs de ses secteurs financiers respectifs.

4.2.2.3. La réorganisation institutionnelle et politique


L’effort des acteurs dans la lutte anti blanchiment de capitaux doit être encouragé
par l’Etat Togolais. Ainsi, le pouvoir législatif serait amené de veiller et réitérer pour
chaque acteur de la lutte anti blanchiment nommément, les déclarants, la CENTIF
et les organes de répression, les obligations qui pèsent sur chacun d’eux, ainsi que
des garde fous sanctionnant les négligences en la matière.

Nous proposons que l’Etat togolais veille au renforcement de la communication,


l’échange des renseignements et de la coordination des activités entre ses services

13 International Law Enforcement Academies en français Académies d'application des Lois


Internationales

74
de police, de traitement des informations financières, ses autorités de
réglementation ainsi que son appareil judiciaire (loi uniforme, 2018).

Aussi, le gouvernement devrait instaurer un contrôle du haut niveau pour superviser


l’implication de chaque acteur.

Dans le souci d’avoir en fin de compte une équipe plus dynamisée dans la lutte
contre le blanchiment de capitaux, l’Etat se trouve dans l’obligation de bannir au
niveau de tous les acteurs, la corruption, le venimeux virus qui pourrait inhiber la
lutte. C’est ce que justifie un auteur en ces termes : « Pourquoi voulez-vous que les
dirigeants de cette Europe politique mettent de la bonne volonté à supprimer ces
réseaux d'argent sale dont ils se sont servis pour asseoir leur pouvoir ? [...J. Ils se
protègent ; malheureusement, en se protégeant, ils protègent beaucoup d'autres
choses. Lorsque vous entravez la coopération des juges en matière de corruption,
vous l'entravez en tous domaines ; vous l'entravez sur les trafics de drogue, le
proxénétisme, la mafia [...J » (Robert D., 1996)14.

Compte tenu de tous ces éléments, la lutte contre le blanchiment de capitaux ne


semble guère pouvoir se dérouler dans des conditions satisfaisantes. Les enjeux
politiques, sociaux, économiques et financiers sont pourtant essentiels. Les
autorités politiques, nationales et internationales devraient, de ce fait, tout mettre en
œuvre pour prévenir l'apparition de déséquilibres irrémédiables.

14 Propos cités dans D. Robert, La Justice ou le chaos, Stock, 1996, p. 47.

75
Tableau 4 : Plan d’actions sommaire

Activés Source de Date Acteurs


Coûts
prévues financement prévisionnelle impliqués
Sensibilisation Fin mars ; Les libéraux ;
et formation Etat Fin juin ; Les institutions
Emissions 5 000 000 Fin septembre ; financières ;
radio Fin décembre. Les citoyens.

Réception d’un
professeur Etat Janvier à Policiers ;
spécialiste décembre Gendarmes ;
pour enseigner Juges ;
les matières de 12 000 000 Personnel de
lutte contre le la CENTIF.
blanchiment de
capitaux et de
financement du
terrorisme
Achat des Les juges, les
équipements ( Etat Janvier à policiers,
véhicules, 50 000 000 décembre gendarmes et
machines) au personnel
de la CENTIF
Mise en place
d’un dispositif 12 000 000 Etat Janvier à Etat
de suivi et de décembre
contrôle au
niveau des
acteurs
Spécialisation Janvier à
du ministère de 50 000 000 Etat décembre Etat, ministère
la Justice de la Justice
Source : Conception de l’étudiant
+

+ +

Une analyse des déclarations de soupçon effectuées montre que seuls les
établissements financiers et quelques rares autres assujettis sont engagés dans la
lutte contre le blanchiment de capitaux. Les infractions sous-jacentes des
opérations suspectes sont essentiellement relatives aux infractions à la
réglementation des relations financières extérieures, à la fraude fiscale, au faux et
usage de faux, et à l'escroquerie. Le traitement de ces déclarations s’avère
problématique, c’est ainsi qu’une évaluation de l’efficacité de la lutte contre le

76
blanchiment est faite à partir des obligations des différents acteurs. Face aux limites
recensées, nous avons émis quelques recommandations en vue de l’amélioration
du dispositif togolais de lutte contre le blanchiment de capitaux.

La deuxième partie de notre recherche a permis d’une part de présenter les


échantillons choisis parmi les institutions financières, les professionnels libéraux,
les organes de répression et la CENTIF, désignés comme notre population cible.
Pour parvenir aux résultats, la documentation et la méthode exploratoire ont été
appliquées du point de vue méthodologique. Elle a d’autre part, décortiqué les
résultats de notre recherche, en montrant une irrégularité d’engagement dans la
lutte anti blanchiment, tout en évaluant son efficacité. Face aux limites recensées,
nous avons émis quelques suggestions en vue de l’amélioration de la lutte anti
blanchiment au Togo.

77
CONCLUSION GENERALE

78
Au terme de cette recherche, au cours de laquelle notre expérience s'est fermement
enrichie dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d'argent, il nous a été
donné l'opportunité de confronter nos acquis théoriques en Banque Finances et
Assurance aux réalités économiques du monde des affaires.

L’objectif de ce mémoire était de contribuer à l’amélioration de la lutte contre le


blanchiment de capitaux, précisément relever puis proposer un plan d’action pour
combattre les diverses limites de ladite lutte au Togo.

L’étude de la problématique de notre recherche a permis d’analyser la situation, de


déterminer les objectifs et d’en sortir l’intérêt. Dans le cadre institutionnel, plusieurs
dispositions préviennent le blanchiment de capitaux. Les dispositions
internationales et sous-régionales, bien que n’ayant pas une force obligatoire,
constituent quand bien même des recommandations qui priment sur les lois
nationales.

On parle de blanchiment de capitaux, quand l’argent illicite est injecté, empilé et


recyclé. A cet effet, plusieurs techniques facilitent le blanchiment de capitaux
notamment les secteurs bancaire, immobilier et autres. Ceci suscite la réflexion de
quelques auteurs qui ont écrit sur ce fléau, surtout en ce qui concerne sa dimension
économique. La lutte contre ce fléau a suscité des questions auxquelles nous avons
émis des hypothèses à vérifier.

Nous avons choisi quelques échantillons parmi notre population cible qui n’est que
les institutions financières, les professionnels libéraux, les organes de répression et
la CENTIF. La documentation et la méthode exploratoire avec comme outils un
questionnaire et un guide d’entretien constituent des méthodes de collecte de
données pour notre recherche. Etant donné que notre recherche n’est pas apparue
sui generis, nous avons pris soin de rappeler sa base, notamment les obligations
des assujettis puis un cas concret de blanchiment de capitaux, ne serait-ce pour
examiner les conséquences du fléau en cas de commission d’infraction.

Il découle de l’analyse des données de la CENTIF, que sur cinq (05) assujettis à la
loi, les Etablissements financiers ne représentant que zéro virgule cinq (0,5) à faire
des déclarations d’opérations suspectes (CENTIF,2018). Cependant, sur les

79
rapports transmis par la CENTIF au procureur de la République, très peu seulement
a fait l’objet de jugement.

Notre démarche nous a conduit à l’évidence que quatre virgule cinq sur cinq (4,5/5)
des assujettis se préoccupent plus de leur rentabilité, pour cause de manque de
sensibilisation suffisante et de contrôle de la CENTIF. La CENTIF et les organes de
répression savoir la police, la gendarmerie et la justice ont besoin de renforcer la
formation spécialisée continue en matière de blanchiment de capitaux, de
corruption, de ressources matérielles, à raison de l’insuffisance d’engagement dans
la lutte anti blanchiment.

A cet effet, nous proposons l’implication du gouvernement dans la lutte anti


blanchiment en mettant à disposition de la CENTIF et des organes de répression
des moyens financiers afin de suivre des formations spécialisées en criminalité
financière, et en faisant du suivi de l’application du dispositif de lutte anti
blanchiment. De son côté, la CENTIF devrait se charger d’une sensibilisation
suffisante de tous les assujettis au moins une (01) fois dans l’année, puis faire le
suivi de la mise en œuvre par ceux-ci de leurs obligations.

La recherche que nous avons réalisée constitue notre humble contribution à la lutte
contre le blanchiment de capitaux au Togo. Ainsi, nous espérons que cette analyse
contribuera à la fois à l'éveil des consciences et à la sensibilisation des différents
acteurs sur l'ampleur de ce phénomène. Nous sommes d'ailleurs disposés à prêter
main forte aux éventuels ateliers de réflexions que nos travaux pourraient inspirer
en vue de la mise en œuvre pratique de nos axes d'amélioration.

80
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

❖ Ouvrages consultés :

1. ANGRA Jean-Yves, La lutte contre le blanchiment d’argent dans le système


économique et financier en Afrique : analyse critique des procédures existantes et
propositions d’axes d’amélioration, Institut national polytechnique de
Yamoussoukro, 2009.
2. CASTELLI Bernard, « Les réseaux de blanchiment de l’argent sale en Amérique
latine : de l’illégalité financière à la légitimité économique », Autrepart, Vol.3 N°27,
2003.
3. CASTELLI Bernard, « Impacts urbains du recyclage de l’argent de la drogue dans
les Andes : état des lieux », Revue Tiers-monde, N°158, avril-juin 1999.
4. GAYRAUD Jean-François, Le nouveau capitalisme criminel, Odile Jacob, Paris,
2014.
5. FABRE, Guilhem, Les prospérités du crime. Trafic de stupéfiants, blanchiment et
crises financières dans l’après-guerre froide, L’Aube/Unesco,1999.
6. CUTAJAR C., L’ordre juridique français face aux sociétés écran des paradis fiscaux,
in Le blanchiment des profits illicites, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000.
7. CUTAJAR C., La description du processus de blanchiment, in le blanchiment des
profits illicites, Presses universitaires de Strasbourg, Collections de l’Université
Robert Schuman, Centre de Droit des Affaires, 2000.
8. BROYER Philippe, Le blanchiment de l’argent. Nouveaux enjeux internationaux,
Etudes 2002/5, Tome 396.
9. BROYER Philippe, L’Argent sale dans les réseaux du blanchiment, L’Harmattant,
coll. Economie et Innovation, 2001.
10. BROYER Philippe, L’argent sale, L’Harmattant, 2000.
11. MOREL Bernard, RYCHEN Frédéric, Le Marché des drogues, L’Aube, 1994.
12. Grimai, J-C, Drogue : l’autre mondialisation, Le Monde-Folio actuel, 2000.

13. KOPP Pierre (1997), L’économie de la drogue, La Découverte, coll. Repères,1997.

14. Robert Denis, La Justice ou le chaos, Stock, 1996.

I
❖ Ouvrages et documents de référence :

▪ BEAUFILS Vincent, Le dictateur dans la seringue, L'Express, 13 septembre 1991.

▪ GREENWALD John, "The Brave ones begin to sing", Time, 19 août 1991. 8.

Financial Times, 15 novembre 1991; et John GREENWALD, "The braves ones

begin to sing", loc. cit.

▪ GROSGEORGE Marie, « L’argent sale » Enjeux moraux et juridiques du

marquage de l’argent, Idées économiques et sociales, (N° 182), 2015.

▪ Jonathan BEATY& S.C. GWYNNE, Le réseau de connexions internationales de

la BCCI présenté dans : "The dirtiest bank of all", Time, 29 juillet 1991 ; ainsi

que dans Steven WALDMAN, Marcus MABRY, Clara BINGHAM & Marc

LEVINSON, "The mentor and the protégé", Newsweek, 23 septembre 1991, qui

présente les connexions alléguées et prouvées.

▪ Arrêté n°245-MEF du 10 juillet 1991 portant nomination d’administrateur

provisoire de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI) à Lomé.

▪ Arrêté n°370/MEF/CAB du 18 septembre 1992, portant prorogation de la

période de suspension des activités de la BCCI-LOME.

▪ Arrêté n°308/MEF/CAB du 02 novembre 1994, portant retrait d’agrément à la

Bank of Credit and Commerce International (BCCI).

▪ Loi n°2015-10 du 24 novembre 2015 portant Nouveau Code Pénal modifié par

la loi n°2016-027 du 11 octobre 2016, Edition 2017.

▪ Loi n°2018-004 du 04 mai 2018 relative à la lutte contre le blanchiment de

capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats membres de l’Union

Monétaire Ouest Africaine.

▪ POULIQUEN Thierry, Code anti-blanchiment et financement du terrorisme -

Grand Format, Larcier Luxembourg, Les Codes Poche, 26 février 2020.

II
▪ POULIQUEN Thierry, La lutte contre le blanchiment d'argent, Edition

Promoculture/Larcier, Vademecum, 04 novembre 2014.

▪ Rapport annuel 2009 de la CENTIF TOGO.

▪ Rapport annuel 2010 de la CENTIF TOGO.

▪ Rapport annuel 2011 de la CENTIF TOGO.

▪ Rapport annuel 2012 de la CENTIF TOGO.

▪ Rapport annuel 2013 de la CENTIF TOGO.

▪ Rapport annuel 2014 de la CENTIF TOGO.

▪ Rapport annuel 2015 de la CENTIF TOGO.

▪ Rapport annuel 2017 de la Cellule Nationale de Traitement des informations

financières.

▪ Rapport annuel 2018 de la Cellule Nationale de Traitement des informations

financières.

▪ Rapport trimestriel 2016 de la CENTIF TOGO.

▪ ROBERGE Ian, « la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du

terrorisme aux Etats-Unis », Politique américaine, L'Harmattan, N° 10, 2008.

III
❖ Références électroniques

▪ www.argent-sale.over-blog.com

▪ www.centif.tg

▪ www.memoireonligne.com Economie et France

▪ www.cairn.info

▪ www.stat-togo.org/

▪ www.onu-vienne.delegfrance.org

▪ www.luttecontreleblanchiment.e-monsite.com

▪ www.admin.ch

▪ www.fatf-gafi.org

▪ www.unodc.org

▪ www.giaba.org

▪ www.bceao.int

▪ www.hec.unil.ch

▪ www.jo.gouv.tg

▪ www.linternaute.fr

▪ www.jurifiable.com

▪ www.captaincontrat.com

▪ www.droit-finances.commentcamarche.com

▪ www.justice.ooreka.fr

▪ www.tresor.economie.gouv.fr

▪ www.amazon.fr

▪ www.larcier.com/fr/la-lutte-contre-le-blanchiment-d-argent-2014

▪ www.decitre.fr/livres/la-lutte-contre-le-blanchiment-d-argent

▪ www.imolin.org

IV
▪ www.bis.org

▪ www.nouvelobs.com

▪ www.diplomatie.gouv.fr

▪ www.onu-vienne.delegfrance.org

▪ www.un.org

▪ www.lemonde.fr

▪ www.voaafrique.com

V
ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire Institutions financières

Numéro du Questionnaire Institutions financières ------------

Monsieur/Madame,

Ce questionnaire est élaboré pour les besoins de la rédaction d’un mémoire de Master II en Banque
Finances et Assurance portant sur le thème : « la lutte contre le blanchiment d’argent sale au Togo. »

Les résultats obtenus devraient nous permettre de relever les faiblesses de la lutte anti-blanchiment
au Togo, afin de pouvoir proposer des approches de solutions en vue d’une amélioration.

Vous remerciant par avance pour votre collaboration, nous vous invitons à répondre en toute liberté
à nos questions, de manière à nous communiquer votre point de vue sur le sujet.

3.1.1 Obligations de vigilance

1) Avez-vous connaissance du fléau de blanchiment d’argent sale ?


2) Votre Institution a-t-elle nommé un correspondant CENTIF-Togo ?
3) Avez-vous un service de lutte anti-blanchiment communément dénommé « département
conformité ? »
4) Avez-vous élaboré et mis en place un programme de prévention de blanchiment de capitaux ?
5) Formez-vous le personnel entrant ?
Formez-vous régulièrement le reste du personnel ? Si oui sur quelle période ?
6) Avez-vous mis en place un dispositif de connaissance de la clientèle communément appelé KYC
(Know Your Customer) ?
7) Rencontrez-vous souvent des opérations suspectes ?
Si oui faites-vous de déclaration à la CENTIF- Togo ?
8) Obtenez-vous rapidement de retour de la CENTIF-Togo ?
9) Avez-vous souvent de suite de vos déclarations d’opérations suspectes transmises par la
CENTIF-TOGO à la Justice ?
Si non que faites-vous pour obtenir suite ?
10) Que pensez-vous de l’efficacité de votre dispositif interne de lutte anti-blanchiment ?
Connaissez-vous de difficultés dans son fonctionnement ?
Si oui lesquelles ?
Merci pour votre aimable collaboration !!!

Nous serons plus ravies d’obtenir vos réponses d’ici une semaine !!

Tél : 92 10 38 20 / 98 05 01 16

VI
Annexe 2 : Questionnaire Institutions non financières

Numéro du Questionnaire Institutions non financières ------------

Monsieur/Madame,

Ce questionnaire est élaboré pour les besoins de la rédaction d’un mémoire de Master II en Banque
Finances et Assurance portant sur le thème : « la lutte contre le blanchiment d’argent sale au Togo. »

Les résultats obtenus devraient nous permettre de relever les faiblesses de la lutte anti-blanchiment
au Togo, afin de pouvoir proposer des approches de solutions en vue d’une amélioration.

Vous remerciant par avance pour votre collaboration, nous vous invitons à répondre en toute liberté
à nos questions, de manière à nous communiquer votre point de vue sur le sujet.

3.1.1 Obligations de vigilance

1) Avez-vous connaissance du fléau de blanchiment d’argent sale ?


2) Votre service a-t-il nommé un correspondant CENTIF-TOGO ?
3) Identifiez-vous votre clientèle ?
4) Rencontrez-vous souvent des opérations suspectes ?
Si oui faites-vous de déclaration à la CENTIF- TOGO ?
5) Obtenez-vous rapidement de retour de la CENTIF-TOGO ?
6) Avez-vous souvent de suite de vos déclarations d’opérations suspectes transmises par la
CENTIF-TOGO à la Justice ?
Connaissez-vous de difficultés dans son fonctionnement ?
Si oui lesquelles ?
Merci pour votre aimable collaboration !!!

Nous serons plus ravies d’obtenir vos réponses d’ici une semaine !!

Tél : 92 10 38 20 / 98 05 01 16

VII
Annexe 3 : Questionnaire CENTIF Togo

Numéro du Questionnaire CENTIF ------------

Monsieur/Madame,

Ce questionnaire est élaboré pour les besoins de la rédaction d’un mémoire de Master II en Banque

Finances et Assurance portant sur le thème : « la lutte contre le blanchiment d’argent sale au Togo. »

Les résultats obtenus devraient nous permettre de relever les faiblesses de la lutte anti-blanchiment au

Togo, afin de pouvoir proposer des approches de solutions en vue d’une amélioration.

Vous remerciant par avance pour votre collaboration, nous vous invitons à répondre en toute liberté à

nos questions, de manière à nous communiquer aussi votre point de vue sur le sujet.

1) Après analyse de la licéité des opérations suspectes, faites-vous de retour aux déclarants ?
Si oui combien de temps vous prend l’enquête ?........................................................
2) Sensibilisez-vous la population, principalement les autres acteurs sur la lutte anti blanchiment ?
Si oui est-ce périodique et régulier ?.............................................................................
3) Faites-vous de contrôle surtout au niveau des autres acteurs de la lutte anti blanchiment ?

Si oui est-ce périodique et régulier ?.............................................................................

4) Suivez-vous ainsi que l’organe de répression de formation spécialisée pour la lutte anti

blanchiment ?.........................................................................................................

Si oui, les apports de ladite formation :…………………………………………………

Si non pourquoi ?..........................................................................................................

5) Eprouvez-vous de difficultés dans l’accomplissement de votre mission ?

Si oui, lesquelles ?

Merci pour votre aimable collaboration !!!

VIII
Annexe 4 : Questionnaire Procureur de la République

SOSSOU Akossiwa, Etudiante en Master II Lomé, le 20 juillet 2020

en Banque Finances et Assurance

au Centre Formation Bancaire du Togo (CFBT)

A
Monsieur le Procureur de la
République du Togo
Lomé-Togo

Objet : Demande de renseignements

Monsieur le Procureur de la République,

Nous venons par la présente solliciter de votre haute bienveillance la réponse au questionnaire ci-
dessous.

En effet, ce questionnaire est élaboré pour les besoins de la rédaction d’un mémoire de Master II en
Banque Finances et Assurance portant sur le thème : « la lutte contre le blanchiment d’argent sale
au Togo. »

Les résultats obtenus devraient nous permettre de relever les faiblesses de la lutte anti-blanchiment
au Togo, afin de pouvoir proposer des approches de solutions en vue d’une amélioration.

Vous remerciant par avance pour votre collaboration, nous vous invitons à répondre en toute liberté
à nos questions, de manière à nous communiquer votre point de vue sur le sujet.

4.1.3 Traitement des Déclaration d’Opérations Suspectes


1) Avez-vous connaissance du fléau de blanchiment d’argent sale ?
2) La CENTIF-TOGO, chargée de vérifier la licéité des opérations suspectes avant communication
desdites opérations à la justice pour jugement des infracteurs, vous transmettre -elle des rapports
issus du blanchiment d’argent ?
3) Si oui, avez-vous une idée sur le nombre de rapports à vous transmis à ce jour ?
4) Combien de rapports avez-vous pu traiter à ce jour ? Comment les avez-vous traités ?

5) Combien de condamnations avez-vous enregistré à ce jour ?


6) Rencontrez-vous des difficultés lors de cette mission ? Si oui lesquelles ?
7) Qu’avez-vous besoin pour mieux accomplir votre mission ?
Merci pour votre aimable collaboration !!!

IX
TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE .............................................................................................................. i

DEDICACE .............................................................................................................. ii

REMERCIEMENTS ................................................................................................ iii

SIGLES ET ACRONYMES ..................................................................................... iv

LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................... vi

LISTE DES GRAPHIQUES ................................................................................... vii

LISTE DES ANNEXES ......................................................................................... viii

INTRODUCTION GENERALE................................................................................. 1

PREMIERE PARTIE : PROBLEMATIQUE ET REVUE DE LA LITTERATURE ...... 5

CHAPITRE1 ............................................................................................................ 6

PROBLEMATIQUE ET CADRE INSTITUTIONNEL DU BLANCHIMENT DE


CAPITAUX .............................................................................................................. 6

1. 1. Problématique ............................................................................................. 6
1.1.1. Analyse de la situation................................................................................... 6

1.1.2. Objectifs de la recherche ............................................................................... 7

1.1.2.1. Objectif général ............................................................................... 7


1.1.2.2. Objectif spécifiques ......................................................................... 7
1.1.2.3. Intérêt de la recherche .................................................................... 8
1.2. Cadre juridique et institutionnel du blanchiment de capitaux ....................... 9
1.2.1. Lutte contre le blanchiment de capitaux à l’échelle internationale ................. 9

1.2.1.1. La Convention de Vienne ................................................................ 9


1.2.1.2. La Déclaration de Bâle.................................................................. 10
1.2.1.3. La Convention du Conseil de l’Europe et la directive de l’Union
Européenne ............................................................................................... 10
1.2.1.4. Le Groupe d’Action Financière (GAFI) .......................................... 10
1.2.1.5. La convention de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à Palerme
.................................................................................................................. 11
1.2.2. La lutte contre le blanchiment de capitaux à l’échelle sous-régionale et
nationale ................................................................................................................ 12

X
1.2.2.1. La lutte contre le blanchiment de capitaux à l’échelle sous-régionale
.................................................................................................................. 12
1.2.2.1.1. La zone franc.......................................................................... 12
1.2.2.1.2. La Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO) ............................................................................................. 12
1.2.2.1.3. L’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) 13
1.2.2.2. Lutte contre le blanchiment de capitaux à l’échelle nationale ....... 16
1.2.2.2.1. Dispositif institutionnel : la CENTIF Togo ............................... 16
1.2.2.2.1.1. Présentation de la CENTIF Togo : ...................................... 16
1.2.2.2.1.2. Mission de la CENTIF Togo ................................................ 18
1.2.2.2.1.3. Organigramme de la CENTIF Togo ..................................... 19
1.2.2.2.2. Dispositif légal de lutte contre le blanchiment de capitaux ..... 19
CHAPITRE 2 ......................................................................................................... 22

CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE ................................. 22

2.1. Cadre conceptuel, mécanismes et techniques du blanchiment de capitaux


.......................................................................................................................... 22
2.1.1. Cadre conceptuel du blanchiment de capitaux ............................................ 22

2.1.1.1. Définition du blanchiment de capitaux .......................................... 22


2.1.1.2. Origine du blanchiment de capitaux .............................................. 23
2.1.1.3. Circuits du blanchiment de capitaux ............................................. 24
2.1.1.4. Impact du blanchiment de capitaux sur l’économie togolaise ....... 24
2.1.2. Mécanismes et techniques du blanchiment de capitaux.............................. 25

2.1.2.1. Mécanisme du blanchiment de capitaux ....................................... 25


2.1.2.1.1. La phase d'injection ................................................................ 26
2.1.2.1.2. La phase d'empilage .............................................................. 26
2.1.2.1.3. La phase d'intégration ............................................................ 26
2.1.2.2. Les techniques du blanchiment de capitaux ................................. 27
2.1.2.2.1. Cas du secteur bancaire ........................................................ 27
2.1.2.2.2. Cas du secteur immobilier ...................................................... 30
2.1.2.2.3. Les autres secteurs ................................................................ 30
2.2. Revue de la littérature ................................................................................ 31
2.2.1. Les singularités théoriques du concept de réseau de blanchiment ............. 32

2.2.2. La dimension économique du blanchiment ................................................. 34

2.2.3. Questions de la recherche et formulation des hypothèses .......................... 35

2.2.3.1. Question de la recherche .............................................................. 35

XI
2.2.3.1.1. Question générale .................................................................. 36
2.2.3.1.2. Questions spécifiques ............................................................ 36
2.2.3.2. Formulation des hypothèses ......................................................... 36
2.2.3.2.1. Notion d’hypothèse ................................................................. 36
2.2.3.2.2. Hypothèse générale ............................................................... 36
2.2.3.2.3. Hypothèses spécifiques ......................................................... 37
DEUXIEME PARTIE : CADRE METHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE ................ 39

CHAPITRE 3 : ....................................................................................................... 40

LA MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE ......................................................... 40

3.1. Population cible et échantillon.................................................................... 40


3.1.1. Population cible ........................................................................................... 40

3.1.2. Echantillon ................................................................................................... 40

3.2. Méthodes de collecte de données ............................................................. 41


3.2.1. La recherche documentaire ou documentation ........................................... 42

3.2.2. L’enquête exploratoire ................................................................................. 42

3.3. Rappel des obligations des assujettis à la loi ............................................. 44


3.3.1. Obligations incombant aux directions générales ......................................... 44

3.3.1.1. Obligations de vigilance ................................................................ 44


3.3.1.2. Obligations déclaratives ................................................................ 47
3.3.1.2.1. Périmètre de l’obligation déclarative ....................................... 47
3.3.1.2.2. Forme et contenu de la déclaration de soupçon..................... 48
3.3.1.2.3. Suivi de la déclaration ............................................................ 48
3.3.1.2.4. Pouvoir spécifique de la CENTIF ........................................... 49
3.3.1.2.5. Confidentialité de la déclaration ............................................. 49
3.3.1.2.6. Immunité civile, pénale et disciplinaire du déclarant ............... 49
3.3.1.3. Conservation et archivage des documents ................................... 50
3.3.1.4. Surveillance particulière de certaines opérations .......................... 50
3.3.1.4.1. A la souscription d’un contrat ................................................. 50
3.3.1.4.2. Durant la vie d’un contrat ....................................................... 51
3.3.1.4.3. A la fin du contrat ................................................................... 51
3.3.2. Sanctions et cas connus de blanchiment de capitaux ................................. 52

3.3.2.1. Sanction pour le blanchiment de capitaux .................................... 52


3.3.2.1.1. Risques pénaux applicables aux personnes physiques ......... 52

XII
3.3.2.1.2. Risques pénaux applicables aux personnes morales ............. 53
3.3.2.1.3. Risques disciplinaires applicables aux deux groupes ............. 54
3.3.2.2. Affaires connues sur le blanchiment de capitaux au Togo ........ 54
CHAPITRE 4 ......................................................................................................... 59

PRÉSENTATION, ANALYSE, EVALUATION, DISCUSSIONS DES RÉSULTATS


ET PLAN D’ACTION SOMMAIRE ......................................................................... 59

4.1. Présentation, analyse des données de la CENTIF Togo, et évaluation de


l’efficacité de la lutte contre le blanchiment de capitaux ................................... 59
4.1.1. Présentation, analyse des données de la CENTIF Togo ............................. 59

4.1.1.1. Déclarations de soupçon effectuées par des professionnels ........ 59


4.1.1.1.1. La contribution du système bancaire aux déclarations
d’opérations suspectes : ........................................................................ 60
4.1.1.1.2. Les déclarations d’opérations suspectes annuelles reçues par
catégorie de déclarants : ........................................................................ 61
4.1.1.1.3. Importance des montants mis en cause dans la Déclaration
d’Opérations Suspectes ......................................................................... 62
4.1.1.2. Infractions sous-jacentes des Déclarations des Opérations
Suspectes reçues ...................................................................................... 63
4.1.1.3. Traitement des Déclarations d’Opérations Suspectes (DOS) ....... 64
4.1.2. Evaluation de l’efficacité de la lutte contre le blanchiment de capitaux ....... 66

4.2. Discussion de la politique togolaise de lutte contre le blanchiment de capitaux


et proposition d’un plan d’action sommaire ....................................................... 68
4.2.1. Discussion de la politique togolaise de lutte contre le blanchiment de capitaux
.............................................................................................................................. 69

4.2.2. Un plan d’action sommaire .......................................................................... 72

4.2.2.1. La sensibilisation et le contrôle des entreprises : .......................... 72


4.2.2.2. Le renforcement des formations spécialisée et continue de la
CENTIF et des organes de répression puis de la spécialisation des
juridictions :................................................................................................ 73
4.2.2.3. La réorganisation institutionnelle et politique ................................ 74
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES..................................................................... I

ANNEXES ............................................................................................................. VI

TABLE DES MATIERES ........................................................................................ X

XIII

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