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Mamadou BAKAYOKO, Le rejet nietzschéen du pessimisme schopenhauerien de la souffrance dans la tragédie…………. 269-278
Socio-anthropologie
Kawélé TOGOLA, La sécurité comme paradigme de développement et de cohésion sociale : Cas des communes urbaine
N° D’EDITEUR: 0002
DEPOT LEGAL: N° 8084 du 29 août 2006
Troisième trimestre
(Imprimé en Côte d’Ivoire)
localisation lorsqu’il est directement lié à ce temps. Dans cette perspective, l’apport de l’adverbe
sur le futur simple en français parlé au Congo (désormais FPC) nous autorisent à retenir deux
questions pour éclairer notre problématique. Notre question principale se présente de la manière
suivante : l’adverbe apporte-il une certaine signification au temps futur en FPC ? Notre question
secondaire se fonde sur cette interrogation : l’adverbe modifie-t-il la signification du futur simple
en FPC ? Ces deux questions nous conduisent à formuler deux hypothèses :
•L’adverbe apporterait une autre signification à la valeur sémantique du futur simple
en FPC.
•L’apport sémantique de l’adverbe sur le futur serait une particularité congolaise.
L’objectif de cet article est de décrire le changement la modification du futur simple les
adverbes pour exprimer différentes valeurs temporelles et aspectuelles et aussi de voir dans
quels contextes syntaxiques ces formes apparaissent souvent en français parlé en République
du Congo. Notre étude jette un éclairage nouveau sur des contextes favorables à l’usage du futur
simple accompagné des adverbes. L’approche psychomécanique de Gustave Guillaume nous
servira de base pour l’analyse du corpus.
I- CADRE THÉORIQUE ET DÉFINITIONNEL
Un adverbe est un mot généralement invariable qui se joint avec les verbes, les adjectifs
ou les adverbes et qui les nuance de diverses manières. Selon Lucien Tesnière (1969 : 74)
« Les adverbes expriment les attributs des procès, c’est-à-dire les circonstances
dans lesquelles interviennent ces procès. Ces circonstances ont pour effet de
localiser les procès dans l’espace et dans le temps et d’en marquer les relations
avec d’autres procès ».
Au regard de cette définition, on pourrait donc dire qu’un adverbe est un mot invariable
ajoutant une détermination à un verbe, un adjectif, un adverbe ou une phrase.
Toujours dans cette même perspective, Christian Courchelle et alii (1998 : 13) pensent
que :
« Un adverbe est un mot ou groupe de mots (on parle alors de locution adverbiale)
chargé de modifier, de nuancer la signification d’un verbe, d’un adjectif, d’un autre
adverbe, ou d’une proposition (ad = auprès, verbum = mot) ».
Nous comprenons par-là que l’adverbe est un mot invariable. Il complète le sens d’un
mot ou d’une phrase en exprimant une intensité, un temps, un lieu, une manière, une affirmation
ou une négation, une opinion sur ce qui est dit.
Dans notre corpus, nous avons relevé deux catégories d’adverbes : les adverbes de
circonstance (lieu, temps, manière, degré) et les adverbes d’opinion ou adverbes d’énonciation
(affirmation, doute, négation, interrogation et exclamation).
II- PRÉSENTATION DU CORPUS
Les données sur lesquelles s’appuie cette étude proviennent du Corpus du français parlé
au Congo réalisé et transcrit par Edouard Ngamountsika, dans le cadre de son travail de thèse,
soutenue en 2007. Ledit corpus a été actualisé en 2015. Nous choisissons de travailler sur un
corpus oral pour deux raisons principales : la première, le français parlé est d’une ampleur
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ISSN : 1991-8666 Lettres d'Ivoire N° 027 Juin 2018
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considérable et constitue la matière la plus appropriée pour étudier la langue dans un contexte
d’énonciation spontanée et pour dégager des tendances générales par rapport à l’usage. La
seconde raison est que, l’analyse d’un corpus de français parlé permet d’étudier les usages
authentiques de la langue française.
III- ADVERBES DE CIRCONSTANCE
On entend par adverbes de circonstance, les adverbes qui déterminent le terme auquel
ils se rapportent du point de vue du temps, du lieu, de la cause (Wagner et Pinchon, 1991 : 442).
Ce sont des adverbes ou locutions adverbiales dont l’emploi implique le lieu, le temps, la
manière, la qualité, l’intensité, etc. Ils apportent différentes indications concernant le sens du
verbe. Ils précisent notamment dans quelles circonstances se déroule l’action exprimée par le
verbe.
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III-2-4 : Déjà
Un adverbe comme déjà laisse entendre que le locuteur a eu connaissance de la
réponse à un moment antérieur à l’énonciation de la question, mais qu’il en demande la
confirmation pour des raisons pragmatiquement variables (oubli, incertitude) (Riegel et alii, 1994 :
380). Ils renchérissent que l’adverbe déjà impose à la phrase une orientation argumentative
(ibidem, 380). Ces exemples en donnent la preuve :
-vous êtes encore jeune- il (se) peut qu’un jour vous aurez déjà une voiture vous
changerez-vous vous allez changer le milieu (Autour des mots : silence et calme,
p. 33)
-aujourd’hui nous sommes en deux mil quatorze, on aura déjà combien de têtes
(Récit de campagne, p. 90)
Ces exemples montrent que les événements dont parle le locuteur sont tout simplement
prévisibles, incertains. Ces faits ne dépendent pas de lui. L’occurrence (9) laisse comprendre que
le locuteur a eu connaissance de la réponse à un moment antérieur à l’énonciation de la
question, mais qu’il en demande la confirmation pour des raisons pragmatiques variables (oubli,
incertitude). En (10) le locuteur s’interroge sur le nombre de têtes de moutons qu’ils pourraient
avoir d’ici quelques années. Là encore, l’événement n’est pas contrôlable par le parleur.
III-2-5 : Toujours
L’adverbe toujours marque la permanence d’un état ou d’une action par rapport à une
borne temporelle dans le passé (Dominique de Salins, 1996 : 74). Il peut aussi exprimer la durée.
C’est le cas dans les exemples suivants :
-euh moi je serai toujours derrière toi (Récit de campagne, p. 96)
-mais il y aura toujours comparaison moi je vais comparer Eto’o par rapport à
Drogba (La CAN : Eto’o et Drogba, p. 123)
Les futurs « serai » de la personne 1 et « aura » de la personne 3 sont tous renforcés par
toujours qui signifie ici sans cesse, sans fin ni interruption. En (11), le locuteur rassure son ami
que quel que soit ce qui pourrait arriver dans l’avenir, il ne l’abandonnera jamais ; son soutien est
total et inconditionnel. En (12), toujours exprime aussi l’idée de continuité, c’est- à-dire qu’aussi
longtemps que le football existe la comparaison entre ces deux joueurs (Eto’o et Drogba) fera
toujours couler beaucoup d’encre et de salive.
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Par contre dans les exemples (13) et (14), l’adverbe toujours qui renforce « trouvera »
et « arrivera » signifie en toute occasion. En (13), le locuteur pense que tous les différends,
quelle que soit leur nature, finissent par être régler. En (14) le locuteur parle de la croyance en
Dieu. Il a la ferme conviction que tout bon chrétien s’efforce toujours à faire du bien, d’aller vers la
perfection. Il croit mordicus à ce qu’il dit :
-ça peut s’arranger on trouvera toujours un –compromis (Un amour cocufié, p. 8)
-tout croyant tout lecteur de la bible qui veut s’identifier à ce qu’il est écrit ça
arrivera toujours à la perfection (La vie en société à Brazzaville, p. 115)
III-2-6 : Encore
L’adverbe encore indique que l’action ou l’état dure au moment où on est. Il peut aussi
indiquer la répétition, le renforcement ou la restriction. André Borillo (1984 : 37) donne le nom de
modifieurs temporels « à tous les termes et les expressions de valeur temporelle qui ne font pas
intégralement partie de la structure du verbe ». Selon lui, encore est « fondamentalement un
adverbe exprimant l’ajout de quantité mais l’interprétation qui en est donnée dans la perspective
d’un déroulement temporel n’est qu’une forme particulière, même si elle est très fréquente, d’un
sens établi avant tout sur cette notion d’ajout ». De même, l’adverbe encore peut désigner le
procès en cours dont il souligne la répétition. Il correspond alors à une interprétation itérative.
Ainsi, "Encore est un marqueur polysémique" (Fuchs et alii, 1991 : 137). La présupposition
temporelle est définie comme "toute présupposition qui implique que ce qui est présupposé est
antérieur au présupposant" (Molendijk, 1993 : 185). En faisant intervenir la notion de
présupposition, Co Vet (cité par Borillo, op.cit., p.54) range encore dans la catégorie des
“adverbes présuppositionnels ”. Mais l’adverbe encore dans l’exemple suivant est mis en rapport
avec le futur simple de façon à exprimer une idée de répétition et non de continuité :
-Ce jour-là après nous y aura encore deux petits qui vont venir - et avant les cobras
là se sont dit qu’écoutez nous on est en train de procéder par la fouille (Quelques
moments de guerre, p. 27)
La présence de l’adverbe encore dans cette phrase marque non seulement l’absence de
continuité mais rend aussi impossible le remplacement de ce futur simple par un temps du passé.
L’adverbe encore, à côté du futur simple, nous conduit à l’idée d’une répétition d’une certaine
action. Il signifie alors que le procès a été accompli au moins une fois au moment de l’énoncé ou
à un autre point de référence situé dans le passé. Encore postposé au verbe « aura » indique
que l’action va se répéter, il a un sens de réitération, c’est-à-dire les petits dont parle le locuteur
viendront toujours. Dans notre exemple, “… y aura encore les petits qui vont venir” présuppose :
les petits venaient auparavant. Cette présupposition nous est donnée par la procédure sur
laquelle se fonde la définition de la présupposition vue supra. L’événement est considéré par le
locuteur comme vrai, possible, prévisible.
IV- ADVERBES D’OPINION
Entrent dans cette catégorie des adverbes à valeur prédicative au moyen desquels le
locuteur exprime une opinion, formule un jugement sur le contenu du thème (Wagner et Pinchon,
1991 : 446). Les adverbes d’opinion modifient une proposition entière, en ajoutant une nuance de
certitude, de négation ou de doute (Guides Le Robert et Nathan, 1995 : 66). Les adverbes ou
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l’énonciateur. Cette incertitude est renforcée par la présence de peut- être placé en fin de phrase.
Le locuteur n’est pas maitre de ce qu’il dit.
IV-3-2 : Ne… point
Point avec l’adverbe de négation ne a le même sens que l’adverbe pas et sert à marquer
une négation totale. Ne…point, qui demeure d’un usage courant dans certaines régions, a une
couleur provinciale dans le français parlé à Paris. On évite de l’y employer (Wagner et Pinchon,
1991 : 421).
Dans la langue écrite, cet adverbe survit encore. Il rompt la monotonie qu’engendrerait
la répétition de ne…pas lorsque deux phrases négatives se succèdent. L’adverbe ne…point
implique une négation littéraire, c’est – à- dire il est souvent utilisé dans le registre soutenu :
-tu n’ajouteras point et tu ne retrancheras point (Une donation des bibles au
campus, p. 114)
La locution adverbiale ne… point qui encadre les verbes « ajouteras »
et « retrancheras » amène le locuteur à marquer une négation totale. S’inspirant de la bible, le
locuteur affirme qu’on ne doit, ni ajouter ni enlever ce qui est écrit. Les futurs dans cette phrase
marque l’engagement de l’énonciateur et place le fait sous sa dépendance.
IV-3-3 : Ne… plus
La négation relative ne…plus se comporte syntactiquement comme la négation absolue.
C’est-à-dire que les deux particules encadrent le verbe conjugué ou son auxiliaire à un temps
composé. Dans la négation relative ne…plus, il y a une information de durée et une notion de
rupture du comportement dans le passé. On parle aussi de présupposition, parce que cette
négation laisse entendre que l’état ou l’action « ont effectivement eu lieu » (Dominique de Salins,
1996 : 74). Ne…plus signifie « ne…pas désormais ». « Plus indique la rupture d’une continuité
temporelle. Il découpe la succession temporelle en distinguant un avant et un après » (Riegel et
alii, 1994 : 418), comme en témoigne le passage ci- après :
-tu leur diras-je ne ferai plus un devoir (Dans la cour, p.71)
Dans cette occurrence, la locution adverbiale ne… plus encadrant le verbe, marque la
rupture d’une action « faire le devoir ». Ici, elle donne à l’avant un statut de présupposé. Je ne
ferai plus le devoir, présuppose « je le faisais auparavant ». L’époque future est explicitement
indiquée.
IV-3-4 : Jamais ou ne…jamais
A la différence de ne…pas, la négation à valeur temporelle absolue ne… jamais
s’oppose sémantiquement, à l’adverbe temporel absolu toujours (Dominique de Salins, 1996 :
72). Dans la même perspective, l’auteur ajoute que Jamais spécifie la partie de l’énoncé visée
par la négation ; il situe la négation dans l’ordre temporel… Il étend la portée de la négation à la
totalité d’un intervalle temporel, plus ou moins vaste ».
Les exemples (23), (24) et (25) expriment des vérités générales qui étendent l’action (ou
l’état) dont parle le locuteur au présent et à tout l’avenir :
-Ah ça non le Congo ne pourra jamais atteindre le niveau qu’a la France
aujourd’hui- (Mbvuru, p. 59)
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-c’est pourquoi le roi V avait dit à la France que tant que vous ne croyez pas au
fétichisme en Afrique, vous n’aurez jamais la coupe du monde (Récit de campagne,
p. 92)
-voilà or le sida on pourra jamais-on pourra avoir les calmants- on pourra jamais
traiter le sida (mbvuru, p. 58.)
Ces futurs, accompagnés de la locution adverbiale ne… jamais, dans les énoncés (23) et
(24) permettent ainsi d’exprimer des considérations générales à toutes les époques (maintenant
et plus tard). Tout le monde sait que la comparaison entre la République du Congo et la France
est une utopie. Les propos du roi V paraissent comme quelque chose de vrai. A l’énoncé (25), on
remarque que jamais n’est pas associé à ne. Cela ne nous étonne pas car nous étudions le
français parlé. A propos Riegel et al. (1994 : 418) disent « Dans l’usage oral actuel, ne peut être
effacé. L’autre élément constitue alors la seule marque de la négation ». Dans cette occurrence,
le locuteur pense, comme tout le monde d’ailleurs que le sida ne peut être guéri, il est incurable ;
c’est une évidence, une vérité incontestable.
En outre, les exemples (26) et (27) présentent une négation totale avec la locution
adverbiale ne… jamais :
-tant que j’aurai pas une licence je ne pourrai jamais avoir une relation amoureuse
avec quelqu’un- (L’amour et les études, p.135)
-tu vois un peu les liens que vous avez-euh il ne pourra jamais devenir XX je ne
sais pas ce que tu penses (Un ami cocufié, p.9.)
On constate que jamais dans les phrases ci-dessus, marquant la négation absolue, n’a
pas la même valeur que dans les exemples (23), (24) et (25). Ici, les événements ne dépendent
pas de celui qui parle. Ils peuvent ou ne pas avoir lieu. Ce ne sont pas des vérités absolues.
Personne
Parlant des pronoms et déterminants indéfinis personne, rien, Riegel et alii pensent
que « Ces termes négatifs servent à constituer un groupe nominal. Ils indiquent qu’il n’y a pas
d’occurrences de l’ensemble référentiel pertinent qui vérifie le prédicat ; cet ensemble référentiel
peut être discursivement d’extension variable, le groupe nominal dénotant, par défaut, l’ensemble
des humains (personne n’est parfait) ou l’ensemble des choses, ou bien renvoyant à un
ensemble particulier établi par le contexte ou la situation (personne n’a bronché. Je n’ai rien
entendu). Leur fonctionnement nominal permet à ces termes une variété de positions plus que
celle des adverbes précédents » (Idem, 420). Ils s’emploient le plus souvent avec ne, mais on les
rencontre aussi seuls, notamment dans une phrase nominale. L’exemple qui suit illustre nos
propos :
-ah mon frère personne me dira que le sida se transmet dans les femmes-
(Mbvuru)
Le pronom indéfini Personne dans cette occurrence n’est qu’un indicateur de
quantification nulle, niant l’existence d’un référent humain. L’énonciateur est convaincu qu’il ne se
laissera pas persuader que le sida se transmet par le biais d’une femme. Il émet suffisamment de
doutes quant à la transmission de cette maladie par la femme.
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CONCLUSION
Nous avons étudié l’apport sémantique des adverbes sur le futur simple en français parlé
au Congo pour voir comment les locuteurs congolais se représentent le temps futur lorsqu’il est
accompagné des adverbes et quelle place occupent ces adverbes dans l’expression de la
postérité. D’une manière générale, nous avons constaté que lorsque le futur simple se fait
accompagner par des adverbes, ceux-ci apportent une certaine valeur sémantique à ce temps.
Ces adverbes peuvent indiquer qu’un énoncé est ou pas ancré dans la situation d’énonciation.
Par ailleurs, nous ne pensons pas que l’apport sémantique de l’adverbe sur le futur simple soit
l’apanage du français parlé au Congo ; on devrait également retrouver cela dans d’autres
catégories de français. Aussi les formes du futur simples accompagnées des adverbes
apparaissent dans des contextes syntaxiques diversifiés : dans des phrases simples avec
adverbe de circonstance (lieu, temps, manière), dans des phrases simples avec adverbe
d’opinion (affirmation, doute, négation et interrogation). Si les adverbes de circonstance forment
un constituant de la phrase, en modifiant l’un des termes ou l’une des propositions qu’elle
contient, les adverbes d’opinion ne sont pas intégrés à la phrase et peuvent donc se situer à ses
deux bords extrêmes, détachés par une virgule.
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