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Département d'Histoire
Année académique : 2016-2017
N° Thèse .
A papa et à maman pour le soutien sans faille durant notre cursus scolaire et
universitaire.
A tous nos frères et sœurs pour le soutien inestimable durant toutes les
périodes difficiles.
vide.
A notre cher défunt oncle KOUAME N'goran Pascal qui nous a quittés, sans que
nous ayons eu la possibilité de lui dire infiniment merci pour tant de bienfaits.
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche doit son aboutissement en partie à des personnes qu'il convient de
remercier. Nous témoignons notre infinie gratitude à notre Directeur de Thèse Professeur Louis
Edouard SETTIE. Votre soutien total nous a aidé à surmonter nos doutes et nos erreurs. Vous aviez été
plus qu'un Maître ; vous aviez su nous motiver, lorsque vous nous aviez sentis à bout de souffle. Au
Professeur Simon Pierre EKANZA qui a recadré ce thème en année de D.E.A et nous a prodigué des
conseils utiles pour aboutir à ce résultat. Au Professeur René Kouamé ALLOU pour sa disponibilité
sans faille et sa sollicitude. Au Professeur Jérôme N'Guessan ALOKO du département de Géographie
pour ses précieux conseils et ses orientations lors de l'entretien qu'il a bien voulu nous accorder.
l'enseignement.
A Messieurs Godefroy Yao KONAN au ministère des transports, Germain Yao KOUAKOU
à la Direction Générale des Infrastructures Routières, Kouassi DJA Responsable de la conformité
juridique, de la documentation, de l'information et de la formation à la SITARAIL et IDRISSA Berthé,
Responsable des archives de la Sitarail pour la disponibilité lors de nos enquêtes dans ces différentes
structures.
Nos remerciements vont aussi à l'endroit de: Monsieur Noël KOU AD 10, ses frères et sœurs,
Monsieur Raymond KOUADIO et Madame Thérèse KOUADIO pour leur soutien total, sans oublier
Monsieur Emmanuel Kouamé DJANHAN et sa famille pour les conseils et le soutien à tous les niveaux,
Messieurs Effinistand BETTY, Roger KOUADIO, Ernest N'da KOFFI, Monsieur et Madame AMANI
pour leur soutien financier. Nous sommes aussi reconnaissant envers Messieurs Désiré KOUADIO,
Hyacinthe KOUAME, notre cousin Zouzoua BEN, Docteur Blandine Brou KOUADIO et mademoiselle
Nina Amenan KOUADIO. Aux compagnons de tous les jours, Docteur Houphouët KOMENAN, Samuel
BOKA, Bernadin SALE, Alain Stéphane ZOURI, Jean-Baptiste Kouassi GOL Y et à tous ceux que
Il
SOMMAIRE
INTRODUCTION
CONCLUSION
Ill
SIGLES ET ABREVIATIONS
IV
C.N.R.S : Centre National de Recherche Scientifique
V
G.P.R.D : Groupement Professionnel Routier Départemental
et de l'Urbanisme
VI
S.A.F.C.O : Société Africaine de Conserveries
VII
INTRODUCTION
8
Pays de socle présentant des paysages morphologiques relativement uniformes. la
Côte d'Ivoire sinscrit « approximativement dans un carré de 600 kilomètres de côté »1• Elle
est bordée au sud par le golfe de Guinée, au nord par le Mali et le Burkina Faso, à l'ouest par
la Guinée et le Libéria et à l'est par le Ghana. D'une superficie de 322.463 kilomètres carrés,
elle est entièrement située dans la zone intertropicale (5c et l O" parallèle), « présentant
l'avantage d'appartenir à la fois à la zone de savane et à la zone de forêt »2. Indépendante
depuis 1960, la Côte d'Ivoire a connu une croissance économique et socioculturelle
remarquable jusqu' à la fin des années 70.
Cette période quai ifiée parfois de "miracle ivoirien" a été possible grâce à un certain
nombre de facteurs. Les matières premières agricoles (café. cacao) et le bois étaient achetés à
des prix assez rémunérateurs sur le marché international; d'où l'entrée dirnportantes devises
dans les caisses de l'Etat. L · industrie encore embryonnaire au début de 1 · indépendance a connu
un développement à partir de 1965, grâce à un effort constant de l'Etat de promouvoir
l'industrialisation comme un des piliers du développement du pays.
Tous ces facteurs ont contribué à la croissance économique parce que la Côte
d'Ivoire disposait de moyens de transport efficaces et assez bien structurés. En effet, l'Etat avait
opéré le choix de construire et de moderniser les transports en général et les transports terrestres
interurbains en particulier dès l'indépendance. C'est dans ce contexte que pour cette thèse
unique en histoire économique et sociale, le choix s'est porté sur les transports terrestres
interurbains dans l'économie ivoirienne de 1960 à 1980.
1-Motivations
Quand l'on choisit de traiter un sujet donné,<< c'est nécessairement parce qu'il nous
intéresse, nous en avons presque toujours une connaissance préalable et souvent une
expérience concrète »3. Peut-être, sommes-nous désireux de réaliser la recherche pour « mettre
à nu un problème social ou pour défendre une cause qui nous tenait à cœur »4• Au vu de ce qui
précède, le choix s'inscrit de prime abord dans une volonté de poursuivre la recherche sur la
contribution des différents types de transport au développement économique de la Côte d'Ivoire
durant les vingt premières années de l'indépendance.
1
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME (1979), Côte d'Ivoire, économie et société, Paris, Stock, 335 p., p.9.
2
Ibidem.
3
Raymond QUIVY, Luc van CAMPENHOUDT (2006), Manuel de recherche en sciences sociales, Belgique, Dunob,
3ème édition, 256 p., p. 7.
4
Ibidem.
9
L'on a voulu associer l'étude des routes à celle menée sur le chemin de fer dans
l'économie ivoirienne, dans le cadre de notre« mémoire de maîtrise >..5. Cette démarche ouvre
la voie pour que l'on s'intéresse de près à l'apport des transports terrestres interurbains dans
l'économie de la Côte d'Ivoire de 1960 à 1980. En outre, le choix du sujet a aussi été motivé
par une situation désastreuse. Lorsqu'il arrivait de quitter Abidjan. l'on avait l'habitude d'aller
6
à Laminedougou. une localité située à quinze kilomètres de « Yamoussoukro » sans trop de
difficultés.
Cependant, avec le temps, la seule route viable et les différentes pistes qui reliaient
les villages et les hameaux à cette ville étaient dans des états piteux et de dégradation très
avancée, malgré les efforts des populations pour les maintenir en bon état. Cette zone, qui jadis
était non seulement une zone de production de café et de cacao, base de l'économie ivoirienne,
mais aussi danacarde et de produits vivriers était presque dans l'oubli. Pour écouler leurs
productions, les populations éprouvaient d'énormes difficultés, surtout en saison pluvieuse.
Par la même occasion, ce ne fut pas fortuit l'idée de travailler sur ce thème car
objectivement, les transports en général et les transports terrestres interurbains en particulier en
Côte d'Ivoire ont une histoire. Celle-ci a été en étroite relation avec le développement
économique, social et culturel du pays durant les deux premières décennies de l'indépendance,
et cela méritait que l'on s'en imprègne. En effet. une économie moderne « ne se conçoit pas
7
sans d'importants échanges disposant de moyens puissants. variés el rapides » .
5 Il s'agit de notre mémoire de maîtrise intitulé: Le chemin de fer dans l'économie ivoirienne de 1960 à 1980, le
rail, un outil de développement au service de l'économie ivoirienne, publié, en 2011, à Saarbruck en Allemagne
aux éditions universitaires européennes, 124 p.
6 C'est une ville du centre de la Côte d'Ivoire, mais aussi ville natale de Félix Houphouët-Boigny, premier président
de la République de Côte d'Ivoire (1960 à 1993). Cette ville est devenue la capitale politique de la Côte d'Ivoire
depuis 1983.
7 Ministère de l'information (1970), Les voies de communication dans l'infrastructure ivoirienne, Abidjan, offset,
26 p., p.5.
10
Tout développement économique s'accompagne de moyens de transport capables
de le rendre durable. La prospérité économique de la Côte d'Ivoire entre 1960 et 1980 a été en
partie possible grâce « aux efforts de quelques hommes qui ont su la doter d'un plan
d'équipements et d'infrastructures tourné vers la mer »8. Le choix du sujet permet d'ouvrir le
débat sur l'importance des transports terrestres interurbains.
En effet, ces moyens de transport depuis leur mise en place n'ont jamais cessé
d'apporter leur contribution à l'édification d'une Côte d'Ivoire moderne et développée. L'Etat
était conscient que ce développement doit être en adéquation avec les systèmes de transport
9
« capables de promouvoir le développement économique. social et culturel » . C est fort de ce
2- Intérêt du sujet
En d'autres termes, ils ont matérialisé et caractérisé« les relations et les rapports
d'équilibre entre les d{ffërents agents économiques qu'ils soient nationaux ou
internationaux» »!". mais aussi les relations entre l'Etat et l'ensemble des acteurs impliqués
dans l'activité de transport. Ainsi, axer cette étude sur les transports terrestres interurbains dans
l'économie ivoirienne est la voie pour montrer que cette croissance de la Côte d'Ivoire enviée
parfois de par le monde, a été possible grâce aux routes et à la voie ferrée. Pour mieux aborder
8 Ministère de l'information (1970), Les voies de communication dans l'infrastructure ivoirienne, Op. Cit., p.5.
9 Yaya KEHO (2005), Relation entre investissement public et investissement privé en Côte d'Ivoire: contribution à
l'analyse empirique d'un lien ambigu, Abidjan, cellule d'analyse de politiques économiques du CIRES, 21 p., p.6.
10 Ibidem.
11
3- Approche conceptuelle
Dans I" Encyclopédie Bordas, volume X 13, le transport apparaît comme un ensemble
de véhicules automobiles, ferroviaires, maritimes, aériens et des infrastructures nécessaires à la
circulation des marchandises et des voyageurs. Ainsi, sa caractéristique première est la mobilité
offerte en tenant compte des besoins des hommes. C'est dans ce cadre que pour DIDIER Michel
et PRUD'HOMME Rémy, « le besoin d'aller ailleurs, d'aller plus vite et plus loin est
précisément ce que permet l'infrastructure de transport en.facilitant la mobilité des hommes et
des marchandises» 14•
11
Ahmed SILEM, Jean Marie ALBERTINI (2006), S/D Lexique d'économie 9ème édition, Paris, Daloz, 773 p., p.737.
12
Emilie MERENNE (2005), « Géographie des transports», France, Presses Universitaires de Rennes, pp.9-16,
p.11.
13
Encyclopédie Bordas (1994), volume X, Paris, Bordas, 5544 p., p.5256.
14
Michel DIDER, Rémy PRUD'HOMME (2007), Infrastructures de transport, mobilité et croissance, Paris, La
documentation française, 241 p., p.9.
15
Idem, p.18.
16
Jérôme LOMBARD, Benjamin STECK (2004), « Quand le transport est d'abord un lieu », in Autrepart n°32, p.3-
19, p.7.
17
Jacques LEVY, « Transport-mobilité et société », Encyclopedia Universalis, consulté en ligne le 05 octobre
2016.
12
li constitue un secteur économique fondé sur une recherche permanente de la
20
Quant au terme interurbain, il apparaît dans le Grand Larousse, volume 3 comme
des voies (routières ou ferroviaires) établies entre plusieurs villes ou localités. Cela étant, nous
avons défini les transports terrestres interurbains comme un ensemble de divers modes
d'acheminement des marchandises et des personnes. établis au sol par opposition à l'air et à
l'eau. lis assurent par une mobilité plus ou moins permanente les déplacements et les échanges
entre plusieurs villes ou localités. Pour circonscrire notre travail de recherche dans le temps, il
Nous avons décidé pour ce travail de nous consacrer aux vingt premières années de
décrivant vingt années de gestion est très riche en actes économiques et socioculturels dont les
conséquences économiques et sociales ont été très importantes, tant pour la Côte d'Ivoire, que
organisation propre à assurer son développement. Cependant, le pays était confronté, en 1960,
à des difficultés au plan administratif, culturel, économique et social. Partout, l'urgence
s'imposait.
18 Benjamin STECK (2013), « Transport et développement des territoires», in Géotransport n°1-2, p.5-14., p.7.
19 Grand Larousse (1987), volume 5, Paris, Larousse, 3253 p., p.2994.
10 Grand Larousse (1987), volume 3, Paris, Larousse, 1962 p., p.1646.
13
Ainsi. les autorités ivoiriennes ont essayé de gérer le mieux possible les legs de
l'administration coloniale, surtout dans le domaine des transports terrestres interurbains pour
amorcer le développement économique. Par la suite, il a fallu améliorer ces moyens de transport
pour les rendre encore plus performants. C'est dans ce cadre que l'effort accompli dès
l'indépendance en matière de travaux publics traduisait de façon constante. « le souci du
gouvernement de relier le plus complètement possible toutes les régions du pays par des
voies »11.
En 1960, les autorités ivoiriennes étaient conscientes que le secteur des transports
était devenu incontournable. Ainsi, vu l'accroissement très rapide des échanges, le
développement des transports terrestres interurbains (routes et chemin de fer) a été une priorité.
Ces moyens de transport apparaissaient comme des éléments essentiels et indissociables pour
permettre à toutes les régions du pays d'accéder au progrès et de participer pleinement à la vie
de la nation.
21 République de Côte d'Ivoire (1970), Côte d'Ivoire de 1960-1970, "Dix ans de progrès", Abidjan, Service de presse
de la présidence de la république, 182 p., p.68.
22 République de Côte d'Ivoire (1980), Côte d'Ivoire vingt ans, Abidjan, Fraternité hebdo, 183 p., p.115.
14
Cette politique de développement des routes et du chemin de fer a sans conteste
été un des supports et un des outils de développement qui « garantissaient des communications
rapides. plus sûres el moins coûteuses »2./ pour le transport des personnes et des marchandises.
En outre, l'homme étant au centre de l'espace géographique qu'il aménage, alors la
massification de la production en Côte d'Ivoire a « nécessité une massification des moyens de
25
transport pour acheminer les matières premières et évacuer les produits manufacturés » .
Les transports terrestres interurbains ont été pour les autorités ivoiriennes des outils
pour organiser l'économie fondée sur les échanges des produits agricoles, le transport des
produits manufacturés et des voyageurs et l'échange des idées et des informations. Ces moyens
de transport ont joué un rôle dans l'économie ivoirienne au fil des années jusqu'en 1980. A
cette date, la Côte dïvoire a rencontré d'énormes difficultés pour honorer ses engagements
dans le domaine de la construction et de la modernisation des infrastructures de transport. Les
transports terrestres interurbains sont en difficulté. Les moyens pour les développer et les rendre
C'est fort de ces constats que l'on a décidé de clore cette étude en 1980. Cette date
a marqué une rupture dans l'histoire économique et dans le développement de la Côte d'Ivoire.
La gestion n'était plus la même. En effet, 1980 a mis fin aux années glorieuses de la Côte
d'Ivoire où l'économie était prospère. C'était le point de départ d'une crise économique que
traversa le pays. Les répercussions ont été décelées dans tous les secteurs d'activité en général
et dans le domaine des transports terrestres interurbains en particulier.
En effet, la logique du développement conçue depuis 1960 a été ébranlée, alors que
les autorités politiques et administratives pensaient pouvoir bénéficier «des mêmes
circonstances que la décennie écoulée 1960-1970 »26. Elles avaient envisagé la poursuite de la
stratégie de développement. Ainsi, la deuxième décennie devait être la phase de démarrage ou
si l'on voulait« la période de l'édification des structures économiques modernes; 1970-1980
27
devait engendrer les transformations économiques et sociales» . Ce ne fut pas le cas.
24 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme (1980), Equipements et
transports 1960-1980, bilan et perspectives, France, Maury imprimeur, 431 p., p.9.
25 Michel GOUSSOT (1998), Les transports dans le monde, Paris, Armand Colin, 95 p., p.16.
26 Louis Edouard SETIIE (1997), L'Etat et le processus de développement en Côte d'Ivoire 1960-1980, Abidjan,
15
Les effets des crises pétrolières de 1973, de 1979 et les difficultés économiques
dues à la chute des cours des matières premières agricoles (café et cacao) en 1978, ont affaibli
les investissements de l'Etat. Il était dans l' impossibi I ité d'honorer dans sa totalité les
engagements pour le développement en général et dans les transports en particulier. Les années
80 ont été pour la Côte d'Ivoire et pour de nombreux Ivoiriens, une période difficile à tout point
de vue. Les compteurs étaient au rouge, les difficultés se suivaient et n'en finissaient pas.
5- Etat de la question
travail de recherche.
Ainsi, pour une meilleure approche de cet état de la question, l'on a procédé par
centre d'intérêt, et pour cela nous en avons ciblé deux. Le premier centre d'intérêt s'articule
autour de la mise en place de l'économie de la Côte d'Ivoire de 1960 à 1980 et le rôle de l'Etat
en tant que concepteur des stratégies de la croissance économique du pays. Le second prend en
compte tout ce qui se rapporte aux transports en Côte d'Ivoire. En ce qui concerne le premier
centre d'intérêt, l'on peut évoquer l'ouvrage Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, l'Etat
et l 'économie29. Comme son titre l'indique, c'est un ouvrage qui a opéré une présentation de la
28 Fernand JOLY (1976), La cartographie, Paris, PUF, Collection Magellan, 276 p. n.p.
29 Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire (1978), L'Etat et l'économie, Abidjan, NEA, 1187 p.
16
L'ouvrage met en exergue les débuts de la mise en place de l'Etat postcolonial aux
plans politiques, économiques et sociaux. li prend en compte tous les secteurs d'activité qui ont
contribué au démarrage économique de la Côte d'Ivoire de 1960 jusqu'au milieu des années
70. Les transports terrestres interurbains ont été évoqués à travers les actions de l'Etat de donner
à la Côte d'Ivoire des réseaux routiers et un chemin de fer de qualité pour accompagner les
actions de développement.
Par contre, l'impact des routes et du chemin de fer sur la croissance économique
de la Côte d'Ivoire et la croissance des activités économiques liées au développement des
transports terrestres interurbains n'ont pas été assez abordés. Quant aux ouvrages de la
30
République de Côte d'Ivoire : Côte d'Ivoire 1960-1970, "Dix ans de progrès" » et Côte
d'Ivoire vingt ans31, ils ont été très intéressants du point de vue de notre étude. En effet, le
premier évoque le développement de la Côte d'Ivoire pendant la première décennie de
l'indépendance.
Le deuxième ouvrage opère une analyse rétrospective des deux premières décennies
de l'indépendance. Ces deux ouvrages ont été d'un apport appréciable. Ils ont abordé notre
période d'étude et l'on a apprécié l'évolution économique de la Côte d'Ivoire, ainsi que la
période de balbutiement et d'effondrement de cette économie. Les transports terrestres
interurbains ont été largement abordés en ce qui concerne leur développement et leur
orientation.
Cependant, le rôle et la place de ces moyens de transport ainsi que leurs effets sur
la vie des populations et les difficultés auxquelles ils étaient confrontés ont très peu été l'objet
32
d'études. L'autre ouvrage qui nous a encore intéressé a été celui de Louis Edouard SETTIE .
30 République de Côte d'Ivoire (1970). Côte d'Ivoire 1960-1970, "Dix ans de progrès", Abidjan, Service de presse
de la présidence de la république, 182 p.
31 République de Côte d'Ivoire (1980), Côte d'Ivoire vingt ans, Fraternité hebdo, 180 p.
32 Louis Edouard SETIIE (1997), L'Etat et le processus de développement en Côte d'Ivoire 1960-1980, Abidjan,
lpnetp, 278 p.
17
L'on a aussi utilisé l'ouvrage d'Yves André FAURE et de Jean François
MEDARD33 qui présente les ambitieuses politiques de l'Etat de bâtir un pays développé. Les
auteurs ont évoqué le choix du libéralisme économique adopté dès l'indépendance. En outre,
ils ont indiqué la volonté politique de construire une certaine forme de développement.
L'ouvrage a permis de comprendre comment l'exploitation de ressources naturelles importantes
a permis de mettre en place un système politique et étatique particulier comme celui de la Côte
d'Ivoire.
34
De même, l'on a sollicité l'ouvrage de Jacqueline Dutheil DE LA ROCHERE .
Cet ouvrage dévoile les mécanismes et les institutions qui ont permis à l'Etat ivoirien d'être un
agent efficace pour le développement économique. L'auteur a aussi analysé le rôle de l'Etat en
tant que planificateur, banquier et entrepreneur, ainsi que son implication dans les politiques
économiques qui sont décrites secteur par secteur. Cependant, pour notre étude, ces deux
ouvrages ne se sont pas trop intéressés aux difficultés des transports dans les zones rurales et
leurs apports au changement des conditions de vie des populations.
33 Yves André FAURE, Jean François MEDARD (1982), Etat et bourgeoisie en Côte d'Ivoire, Paris, Karthala, 273 p.
34 Jacqueline Dutheil DE LA ROCHERE (1976), L'Etat et le développement économique de la Côte d'Ivoire, Paris, A.
Pédone, 420 p.
35République de Côte d'Ivoire (1970), Etude des transports en Côte d'Ivoire, le transport ferroviaire, Abidjan,
Setec, Volume 3, 86 p.
36 Communauté Economique Européenne (1969), Les transports en Côte d'Ivoire, étude préliminaire, Paris, Sedes,
37 p.
18
Dans cette optique, Equipements et transports 1960-1980. bilan et perspectives''
est un ouvrage qui nous a permis d'entreprendre une approche globale des infrastructures de
développement mises en place par l'Etat et celles à venir de 1960 à 1980. Aucun moyen de
transport n'a été négligé, ce qui nous a permis de constater le travail accompli par la Côte
d'Ivoire dans ce domaine. Cependant, le rapport existant entre les différents types de transport
et les difficultés auxquelles les transports étaient confrontés, ainsi que les problèmes des
disparités n'ont pas été suffisamment abordés.
39
De même, les thèses d'Edmond MAESTRJ38, de Zan SEMI-B1 et les articles de
41
Foussata DAGNOGO, Olivier NINOT et al40, et de Jean Claude ARNAUD ont fourni des
informations sur la mise en place des systèmes de transport en Côte d'Ivoire depuis la période
coloniale jusqu'à l'indépendance. En outre, des données utiles concernant les transports
terrestres interurbains à partir de 1960 ont été fournies pour mieux aborder notre étude.
Par contre, des aspects importants comme l'impact de ces moyens de transport dans
la croissance économique et dans la transformation des conditions de vie des populations n'ont
pas été assez développés. En outre, les disparités régionales qui sont apparues au moment où se
développaient les routes et le chemin de fer ont été sommairement abordées dans certains
3
ouvrages comme Côte d'Ivoire 1960-1970, "Dix ans de progrès'r ', Côte d'Ivoire vingt ans./ et
les transports en Côte d'Ivoire. étude préliminaire",
37 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme (1980), Equipements et
transports 1960-1980, bilan et perspectives, France, Maury imprimeur, 431 p.
38 Edmond MAESTRI (1976), Le chemin de fer en Côte d'Ivoire, histoire, problèmes techniques, influences sociales,
19
C'est ainsi que l'engagement a été pris de montrer tout au long du travail que les
transports terrestres interurbains de 1960 à 1980 ont toujours été au cœur du développement de
la Côte d'Ivoire, du point de vue de leur importance et de leur rôle. En d'autres termes, il nous
a été donné d'indiquer l'impact réel des routes et du chemin de fer dans le dynamisme du
développement économique, social et culturel de la Côte d'Ivoire.
Cette étude a consisté aussi à s'appesantir sur les effets des transports terrestres
interurbains sur l'accroissement du P. LB, le développement des régions et des villes, leur apport
dans la mise en place des unités industrielles et le développement de quelques cultures
industrielles. Aussi, a-t-elle été l'occasion pour évoquer les problèmes des transports terrestres
interurbains en Côte d'Ivoire et surtout les problèmes de disparités régionales qui se sont créées
concomitamment avec la construction et l'évolution des routes et du chemin de fer. Pour y
parvenir, il convient de poser la problématique retenue à cet effet.
6- Problématique
C'est dans ce cadre que la nécessité de créer des entreprises de transport tout comme
l'accroissement du nombre de véhicules devant servir pour le trafic en direction des différentes
localités de la Côte d'Ivoire ont été indispensables. Cela dit. tous étaient unanimes que là où
passait une route ou une voie ferrée, le plus petit des hameaux ou la plus petite des gares
devenait rapidement avec le temps, une zone attractive et l'économie prospérait. Il se dégage
de ces analyses que les routes et le chemin de fer ont été un des leviers de la prospérité
économique de la Côte d'Ivoire. Au regard de ce qui précède, nous nous sommes posé la
question suivante:
Quels ont été le rôle et l'impact des transports terrestres interurbains dans
l'économie ivoirienne de 1960 à 1980?
20
7- Questions secondaires
Notre question principale a suscité des questions secondaires pour circonscrire tous
- Quelles étaient les difficultés liées aux routes et au chemin de fer en Côte d'Ivoire
- Quels ont été les retombés du développement des transports terrestres interurbains
La réponse à ces questions était la voie à suivre pour atteindre les objectifs d'étude
8- Objectifs
Objectif général
- Montrer que les transports terrestres interurbains ont été un des outils essentiels
au développement économique, social et culturel de la Côte d'Ivoire durant les vingt premières
années de l'indépendance: cela grâce à la politique de développement des routes et du chemin
Objectifs spécifiques
- Evoquer les difficultés auxquelles les routes et le chemin de fer étaient confrontés
dans la croissance économique de la Côte d'Ivoire et l'amélioration des conditions de vie des
populations. Souligner les tentatives de solutions, ainsi que les résultats des actions des autorités
ivoiriennes de toujours accorder une priorité aux transports terrestres interurbains dans le
21
- Analyser les retombés du développement de ces moyens de transport sur les
régions et les villes ivoiriennes, sur la mise en place des cultures industrielles, des unités
industrielles dans les différentes localités de la Côte d'Ivoire et leur apport à la croissance du
P.I.B. Mentionner aussi l'apport des routes et du chemin de fer dans la politique de l'Etat de
transformer les conditions de vie des populations. Pour cette étude. l'on a utilisé un certain
nombre de sources qu'il convient d'analyser.
En ce qui concerne les sources imprimées, elles ont été collectées dans les fonds
d'archives de la S.I.T.A.R.A.I.L, aux Archives Nationales de Côte d'Ivoire (A.N.C.I), dans la
banque des documents numérisés de la Bibliothèque Nationale de France (B.N.F) et de l'Institut
de Recherche pour le Développement (I.R.D) de Montpellier. Il s'agit dans l'ensemble des
comptes rendus d'activité, des comptes d'exploitation, des budgets et des rapports d'activité du
chemin de fer et des structures de gestion des transports terrestres interurbains.
En outre, ces sources imprimées ont concerné aussi les actes des congrès du
P.D.C.1-R.D.A, les journaux officiels de la République de Côte d'Ivoire et les différents plans
quinquennaux. Les comptes rendus d'activité, les comptes d'exploitation de la R.A.N et des
structures de gestion des transports terrestres interurbains ont permis d'avoir une idée des
différentes activités de la voie ferrée et des routes en Côte d'Ivoire.
22
Ces sources imprimées ont été utiles, car à partir de celles-ci, il a été possible
d'appréhender en partie la mise en place des moyens de transport, leur évolution et leur compte
d'exploitation depuis leur création. Ils ont aussi permis de connaître la santé financière des
entreprises de transport, les dépenses et les travaux exécutés. Cependant, ces rapports d'activité
et ces comptes d'exploitation à eux seuls ne suffisaient pas pour montrer la vitalité de ces
moyens de transport et de corroborer les chiffres tirés de ces sources imprimées. Les actes des
différents congrès du P.D.C.1-R.D.A quant à eux sont très intéressants.
Ils ont permis d'être informé sur la politique de développement de la Côte d'Ivoire
depuis l'indépendance jusqu'en 1980. En effet, durant cette période. le P.D.C.1-R.D.A était le
seul parti politique qui dirigeait la Côte d'Ivoire. Les congrès permettaient d'établir le bilan de
la gestion du pays. Ainsi, à partir des actes du congrès, il était possible d'avoir une idée des
investissements consenties pour le développement du pays et les orientations à donner à
l'économie, à la politique, à la culture et à la société en Côte d'Ivoire pour les années à venir.
La seule difficulté est qu'il arrive que les chiffres publiés dans les différents actes
du congrès comme ceux par exemple du vr= congrès'? et du vtr- congrès" ne soient pas en
conformité avec la réalité économique du pays. En effet, les congrès ont été pour les autorités
ivoiriennes l'occasion de montrer parfois que tout allait bien et que le pays était bien géré. 11 a
fallu pour cela utiliser d'autres documents comme Côte d'Ivoire/Haute-Volta. évaluation d'un
projet régional de chemin defer", Côte d'Ivoire. prêt au secteur routier. rapport dévaluation'"
et Côte d 'Ivoire, rapport économique de base!".
Ils ont été produits par des institutions comme la Banque Mondiale et la Banque
Internationale pour la Reconstruction et le Développement pour confronter les chiffres avec
ceux produits par les actes des congrès du P.D.C.I-R.D.A. Quant aux journaux officiels de la
République de Côte d'Ivoire, ils ont permis d'avoir une notion du fonctionnement des structures
en charge des transports terrestres interurbains, les décrets, les arrêtés de nomination et les
cadres juridiques et légaux pour la pratique de l'activité de transport.
45
VI congrès du PDC/-RDA (1975), 15-16 octobre, Abidjan, Offset SIi, 315 p.
46
vwm• congrès du PDCI-RDA (1980), 29-30 septembre-L" octobre, Abidjan, Offset SIi, 303 p.
47
Banque Mondiale (1977), Côte d'Ivoire/Haute-Volta, évaluation d'un projet régional de chemin de fer, 184 p.
48
Banque Mondiale (1980), Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, 86 p.
49
Banque Mondiale (1977), Côte d'Ivoire, rapport économique de base, rapport principal, février, 312 p.
23
En ce qui concerne les plans quinquennaux de développement économique et
social, ils ont l'avantage d'ouvrir la voie aux grandes orientations de l'Etat en matière de
développement. Ces plans ont permis de connaître les prévisions sur le développement
économique, social et culturel. Cependant, si l'on a pu apprécier les prévisions de l'Etat,
l'absence de bilan des plans ne permettait pas voir si réellement elles se sont concrétisées en ce
qui concerne la croissance économique en général et le développement des transports terrestres
interurbains en particulier. Dans la réalisation de tout travail de recherche, des difficultés se
présentent. C'est le I ieu d'évoquer celles auxquelles l'on a été confronté.
24
Nous avons patienté, le temps que la situation postélectorale soit apaisée avant d'y
retourner. Par la même occasion, cette situation postélectorale n'a pas créé les conditions
optimales pour que le travail puisse avancer rapidement. C'est ainsi qu'en plus de rencontrer
des problèmes d'accès aux centres de documentation, nous n'avons pas pu contacter des
personnes ressources pour nous guider dans notre quête de la documentation appropriée. A cela,
il faut ajouter la fermeture des universités au lendemain de la crise postélectorale. Cette
situation nous a affecté, car la volonté que nous avons dès le départ s'est émoussée.
li faut aussi évoquer le problème des chiffres qui divergeaient des documents
produits par les institutions comme la Banque Mondiale et la Communauté Economique
Européenne et ceux produits par les différents ministères (ministère de l'information, ministère
du plan, ministère de l'économie et des finances) de la Côte d'Ivoire. L'on a dû les harmoniser
afin de pouvoir les utiliser convenablement. Pour atteindre les objectifs de cette étude. il a
semblé important de présenter la méthode utilisée.
25
C'est ainsi qu'aux Archives Nationales de Côte d'Ivoire, les informations sur les
infrastructures coloniales et postcoloniales ont été collectées à travers des documents comme
( 'Etude des transports en Côte d'Ivoire, les volumes 1 à 7, ainsi que les comptes économiques
de la Côte d'Ivoire de 1956 à 1960. Dans les fonds d'archives de la Sitarail, l'on a consulté les
différents rapports d'activité de la R.A.N de 1960 à 1979. lis ont été utiles pour suivre les phases
d'évolution des trafics de marchandises et de voyageurs. Au niveau de la Direction Générale
des Transports Terrestres et de la Circulation (D.G.T.T.C), les tomes I et 2 du code de la route
lis ont permis d'appréhender les règles de conduites automobiles préconisées par
les autorités ivoiriennes. En ce qui concerne l'Institut Français d'Abidjan (1.F.A), ex Centre
Culturel Français (C.C.F). l'on a recueilli des informations sur la politique étatique de mise en
place des transports terrestres interurbains. Des données sur 1 · évolution économique de la Côte
d'Ivoire et la croissance du produit intérieur brut ont aussi été collectées en ce lieu à travers de
nombreux de documents comme !'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire : l'Etat et la
nation et la Côte d'Ivoire 1960-1970, "dix ans de progrès".
Côte d'Ivoire.
26
Ces sources dans leur ensemble ont donné des informations utiles pour comprendre
la situation des transports terrestres interurbains à l'indépendance et les efforts des autorités
ivoiriennes pour les développer durant la période allant de 1960 à 1980. Par ailleurs, l'on s· est
orienté vers la consultation et l'exploitation des travaux réalisés par des chercheurs, c'est-à-dire
des mémoires, des rapports de fin de cycle et des thèses. Ils ont été importants dans la manière
d'aborder le travail de recherche.
En effet, ces travaux ont permis d'avoir une idée de la politique de l'Etat dans la
construction et l'organisation des transports terrestres interurbains en Côte d'Ivoire. Ils nous
ont permis d'élaborer un plan de travail cohérent. S'agissant des informations fournies par les
sources orales. elles ont été effectuées selon la méthode d'entretiens directs réalisés avec des
responsables qui dirigent des structures en charge des transports terrestres interurbains. De
prime abord, des questions préparées leur ont été soumises. Deux semaines après, nous avons
rencontré les intéressés et discuté des questions posées.
Ces entretiens ont permis d'avoir des informations pour compléter celles collectées
dans les ouvrages consultés. L'histoire est une discipline fondée sur la rigueur scientifique. Elle
exige un traitement efficace des informations. Ainsi, toutes les informations collectées, et qui
ont contribué à achever le travail de recherche ont été l'objet d'une critique, d'un recoupage et
d'une confrontation avec d'autres documents. L'on devait « déterminer leur exactitude. leur
conformité à la réalité, à l'événement dont elles sont le reflet »51 comme l'exige la démarche
historique.
En outre, l'histoire, comme toute discipline scientifique se veut une science ouverte
à d'autres disciplines comme l'économie, la sociologie. la géographie et la statistique pour
comprendre et expliquer le passé. Nous avons eu besoin pour cette étude de l'apport d'autres
sciences afin de mieux appréhender tous les contours du travail de recherche. C'est dans ce
cadre que l'on a utilisé les données de la géographie urbaine qui dans ses études, mise sur une
occupation rationnelle de l'espace. Cela a permis de comprendre comment cette branche de la
géographie intègre les moyens de transport en général et les transports terrestres interurbains
en particulier dans l'aménagement du territoire.
51 Claude MORIN, Jacques MENARD (2003), Guide de préparation du mémoire de maîtrise, Université Montréal,
Département d'histoire, 68 p., p.18.
27
L'objectif était de sélectionner les itinéraires. d'effectuer des choix de modes de
transport, d'augmenter la capacité des réseaux existants et de répondre aux besoins de mobilité
des personnes et des biens. Son application a permis de mieux cerner la contribution des routes
et du chemin de fer au développement des régions et des villes de la Côte d'Ivoire. L'on a eu
aussi recouru aux données de la géographie des transports pour expliquer les mouvements de
voyageurs et de marchandises.
Par la même occasion. elle a permis d'avoir une approche quantitative des
transports. c · est-à-dire le flux de transporteurs, le flux de voyageurs et les stocks de
marchandises transportés. Cette discipline a permis aussi de connaître le flux et les types de
produits transportés et enfin le flux et les circulations internationales. Elle a permis également
de comprendre les relations entre l'homme et son territoire.
Par ailleurs. l'on s'est orienté vers l'économie du développement. Les objectifs qui
se dégagent de son domaine d'étude sont l'indépendance des pays du tiers monde et les
transformations économiques et sociales qui devaient suivre. JI fallait réunir des facteurs de
production pour atteindre une croissance économique suffisante, apportant notamment une
amélioration sensible du niveau de vie des habitants de la zone concernée. En d'autres termes,
pour l'économie du développement, le projet était d'élaborer des perspectives d'évolution des
économies nouvellement indépendantes.
Tel était le cas de la Côte d'Ivoire qui a mis en place des lois-plans, des perspectives
décennales de développement économiques, sociales et culturelles et des plans quinquennaux.
Cette discipline a aussi permis de nous familiariser avec l'adoption du système d'économie
libérale ouvert sur l'extérieur adopté par la Côte d'Ivoire dès l'indépendance. Une approche du
sujet en adoptant les données de l'analyse spatiale a été utile. C'est une démarche géographique
hypothético-déductive qui permet de comprendre les logiques, les causes et les conséquences
de la localisation des populations et les activités celles-ci.
28
Avec les données de 1 'analyse spatiale, 1 'espace n'est donc pas seulement considéré
comme un support, mais comme un élément décisif dans l'organisation sociale. Dans le cas de
cette étude. elle a permis de comprendre la politique d'aménagement du territorial entre 1960
et 1980. De même, l'on s'est donné pour tâches d'utiliser au mieux les chiffres, les données
statistiques. les tableaux, les courbes et les graphiques réalisés.
lis ont permis de comprendre les variances et les taux de croissance dans l'évolution
des activités des transports terrestres interurbains. L'objectif était de pouvoir projeter les
résultats obtenus à l'échelle nationale sur le développement économique, social et culturel de
la Côte d'Ivoire durant les vingt premières années de l'indépendance. Toute cette démarche
conduit à adopter le plan suivant.
Enfin. la troisième partie du travail est intitulée : les difficultés des transports
terrestres interurbains et les tentatives de solutions. Nous nous nous consacrons ici aux
difficultés des voies routières et ferroviaires dans le premier chapitre et le deuxième évoque les
tentatives de solutions aux problèmes posés et les résultats obtenus face aux solutions des
autorités ivoiriennes.
29
PREMIERE PARTIE :
30
Par le décret du 10 mars 1893, la Côte d'Ivoire était devenue une colonie française.
Pour accompagner la politique d'exploitation des richesses forestières, agricoles et minières de
ce territoire, les routes et le chemin de fer ont été construits par le colonisateur. Cependant, le
territoire accède à lindépendance, en 1960, après soixante-sept années de domination française.
Dès lors, les nouvelles autorités ivoiriennes ambitionnaient de bâtir un pays moderne et
prospère.
Pour que ce projet soit effectif, elles ont mis en place des moyens pour atteindre le
plus rapidement possible une croissance économique soutenue et le développement qui apparaît
comme « la transformation de l'organisation complexe de la société, autrement dit, le
processus de changement des structures d'une société »51. C'est dans cette optique que les
transports terrestres interurbains ont connu une évolution notable pour accompagner les
différentes politiques de développement entre 1960 et 1980.
52 Soualiouo Ben MEITE (2010), La dette et le développement de la Côte d'Ivoire (1960-1990), Abidjan,
Université de Cocody, Thèse unique de doctorat, Histoire économique, 538 p., p.49.
31
CHAPITRE I:
PRESENTATION ET EVOLUTION DES TRANSPORTS
TERRESTRES INTERURBAINS
Cette préoccupation a été perçue comme une priorité pour l'Etat, d'où la
construction et l'amélioration des transports terrestres interurbains. Ce qui nous amène à décrire
la situation des routes et du chemin de fer en Côte d'Ivoire à l'indépendance (A), ensuite
montrer l'évolution de ces moyens de transport depuis cette date jusqu'en 1980 (8).
32
1- L'état des voies routières à l'indépendance
Cela dit. il a fallu mettre les moyens financiers pour accroître la quantité et la qualité
des routes bitumées et rendre les transports routiers plus fiables et plus compétitifs. Quant aux
routes non bitumées, mais bonnes toute l'année, l'on comptabilisait « 10.000 kilomètres »56.
Ces routes parcouraient le territoire et desservaient les zones de production. Néanmoins, des
efforts restaient encore à effectuer pour les améliorer et le bitumage d'un certain nombre devait
être à l'ordre du jour.
Enfin. les autres routes et pistes étaient évaluées à« 1../-.600 kilomètres »57. C'était
l'essentiel du système routier en Côte d'Ivoire. Cette troisième catégorie de route desservait les
zones rurales, lieux de production des denrées alimentaires et de la plupart des matières
premières exportables (café, cacao, bois) qui approvisionnaient les villes et le port d'Abidjan.
Elles n'étaient pas praticables toute l'année. Il a fallu les entretenir et les améliorer pour qu'à
défaut de connaître le bitume. ces routes deviennent avec le temps des voies praticables toute
l'année.
53
La mise en place de l'administration coloniale a amené les colons à envisager les voies et les moyens pour
évacuer les produits de l'agriculture et les richesses naturelles de l'arrière-pays et des côtes vers les points
d'exportations. Les colons se sont évertués à mettre rapidement en place les routes, non pas pour le
développement économique de la colonie de Côte d'Ivoire, mais assurer le strict minimum pour ce qui est du
transport de personnes et de marchandises. La construction de ces routes allait donner du prestige à
l'administration coloniale dans son élan civilisateur, prouver sa suprématie sur les indigènes et rapprocher
davantage les différents points de la colonie qu'ils occupaient. Lorsque la Première Guerre mondiale a fait
émerger l'automobile, il fallait une véritable infrastructure routière. Les routes précaires ont fait place à de
grandes voies d'évacuation. Durant les dernières années de la colonisation, l'administration coloniale a
commencé à créer des routes beaucoup plus pratiques, toujours selon des orientations économiques à sa
convenance.
54
Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (1971), Evaluation du deuxième projet
routier Côte d'Ivoire, 40 p., p.24.
55
Ibidem.
56
Soualiouo Ben MEITE, Op. Cit., p.52.
57
Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, Evaluation du deuxième projet routier
Côte d'Ivoire, Op. Cit., p.24.
33
Dans l'ensemble, des efforts ont été accomplis pour accroître le kilométrage des
routes. A ce sujet, Godefroy Yao KONAN affirmait « qu 'au regard du kilométrage des routes,
en 1960. on pouvait dire que le colonisateur a laissé un important réseau routier à la Côte
d'Ivoire. En ce qui concerne la qualité des routes, il y avait quelques bonnes routes. même si
les roules en terre dominaient »58. Cependant, par rapport à l'ensemble du territoire, on constate
que le pays disposait de « O. 798 kilomètre de route au km2 »59, tandis qu'il y avait « 0, 008
kilomètre de route par habitant »60.
Il fallait donc rapidement combler cette insuffisance car ces zones, si elles étaient
reliées aux différents systèmes routiers existants, l'économie ivoirienne en bénéficierait du
point de vue des potentialités économiques. En plus de ces régions ci-dessus citées, le nord et
le nord-ouest de la Côte d'Ivoire étaient aussi pratiquement "exclus" du programme routier. En
effet, pour le colonisateur, ces zones ne « présentaient pas d'intérêt »61. C'est ainsi que les
investissements dans le domaine routier dans ces régions ont alors été minimes; d'où le retard
accusé au moment de l'indépendance.
58
Entretien avec M. Godefroy Yao KONAN le lundi 30 mars 2015 au ministère des transports, Direction
Générale des Transports Terrestres et de la Circulation, Tour C, 5ème étage, porte 6 (Abidjan plateau).
59
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., P.30.
60
Ibidem.
61
Cette situation résultait du fait que l'administration coloniale créait une route et décidait plus tard de
l'améliorer dans un souci d'ordre économique, c'est-à-dire, résoudre le problème de l'exportation des
productions agricoles et des ressources naturelles de la région vers les points d'exportation en direction de la
métropole. En effet, les routes étaient construites en fonction des potentialités économiques des différentes
régions de la Côte d'Ivoire, mais aussi en fonction du tracé du chemin de fer. Ainsi, les zones de l'ouest et du sud-
ouest difficilement accessibles à cause de la forêt dense ainsi que celles du nord et du nord-ouest, moins
attractives du point de vue économique, ont pris du retard dans le domaine routier. Par ailleurs, l'administration
coloniale avait privilégié la construction des routes dans le sud, le quart sud, le sud-est et le centre parce que sa
présence était plus forte et très palpable qu'ailleurs sur le territoire. En outre, les cultures de rente (café, cacao)
connaissaient un développement particulier dans le sud par rapport au nord ou au nord-ouest qui étaient des
zones à fournir la main d'œuvre dans les plantations du sud.
34
Des efforts ont été nécessaires pour essayer de combler le retard pris dans le
domaine des transports routiers. Les remarques que l'on peut évoquer à partir des différentes
descriptions sont nombreuses. Toutefois, les caractéristiques qui prédominaient étaient de loin
l'insuffisance et la mauvaise qualité, et cela au niveau de toutes les catégories de route. En
1960, le réseau routier, legs de l'administration coloniale à la Côte d'Ivoire, paraissait très
important « 25. 700 kilomètres »62. Cependant, seuls « 10.684 kilomètres »63 restaient plus ou
moins praticables toute l'année.
Au total, le réseau routier était dans l'ensemble insuffisant par rapport aux
nombreuses exigences de développement. Il était mal orienté, inadapté et demeurait un réseau
routier de type colonial. Par ailleurs, toutes les routes étaient orientées en direction d'Abidjan,
la capitale territoriale, en 1934. La ville d'Abidjan était le point d'acheminement des produits
industrialisés, des produits d'exportation vers la métropole. Elle était le centre de réception des
produits manufacturés et autres marchandises destinées à la Côte d'Ivoire et à certains de ses
voisins (Haute-Volta, Mali et Niger).
L'on a aussi constaté que cette orientation avait un unique objectif: que les routes
atteignent le plus rapidement possible les régions riches en cultures d'exportation comme le
café, le cacao et la banane. Il fallait que des routes praticables sillonnent les zones de production
identifiées et répertoriées afin de pouvoir évacuer convenablement, et dans des délais
raisonnables toutes les productions vers les points d'exportation.
l'ensemble des cercles de la colonie et permettre le drainage des productions naturelles et agricoles vers les
points d'exportation.
65 Ces routes étaient en quelque sorte des routes internationales qui ont été utilisées pour le déplacement des
colons entre les différentes possessions françaises, ainsi que la main-d'œuvre agricole. Par ces routes aussi, les
productions agricoles et le bétail de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso et du Soudan français (actuel Mali)
descendaient pour desservir les différents marchés de la colonie et être exportés sur la métropole. En retour, les
véhicules étaient chargés de produits manufacturés venant de la métropole pour les colons et les populations
locales.
66
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.47.
35
Qu"elles soient coloniales ou fédérales. elles permettaient à l'administration de se
déplacer et d'acheminer les produits d'exportation et d'importation. Au regard de la
structuration des liaisons routières, l'on a remarqué qu'elles n'étaient pas tracées dans l'optique
de développer le territoire de Côte d'Ivoire. En effet, le développement n'était pas l'objectif
premier du colonisateur. Il fallait le strict minimum dans tous les domaines dans la mesure où,
il ne devait pas exister une concurrence entre la métropole et la colonie.
Cette structuration laissait penser que le réseau routier devait être réorienté,
amélioré et complété dans l'optique de l'adapter aux besoins de développement qui
s'imposaient à l'indépendance. En effet, le réseau routier était « organisé en grands axes nord-
67
sud et vice versa, grossièrement parallèle au réseau hydrographique » . Il était coupé
transversalement par des axes mineurs est-ouest dans la zone savanicole et nord-ouest et sud-
ouest dans la zone forestière, (voir annexe 1. p. 281) montrant la structure des routes en 1960
sur l'ensemble du territoire.
36
Tableau 11°1 : Les types de véhicules et leur nombre en Côte d'Ivoire au 3 l /12/1960
Au regard des chiffres du tableau 11°1, l'on observe l'importance qui a été accordée
à l'automobile depuis son introduction en Côte d'Ivoire. Elle est devenue une nécessité pour
les populations ivoiriennes. Au début de l'indépendance, l'on a cornptabilisé « 23. 746 véhicules
au 31décembre1960 »68. Les véhicules légers composés d'engins de petite et moyenne capacité
étaient en plus grand nombre. Ils servaient aux transports des passagers (taxis-brousse, taxis
interurbains). Le reste du lot concernait les camions, les camionnettes, les tracteurs routiers, les
remorques et de semi-remorques.
68
Louis Edouard SETIIE, Op. cn., p.47.
37
A la fin du xix= siècle, les premiers efforts de l'administration coloniale pour
exploiter la colonie de Côte d'Ivoire ont coïncidé « avec l'âge d'or du chemin de fer en
Europe »69. Le rail est apparu comme l'un des modes de transport le mieux adapté à la mise en
valeur de la colonie jusqu'à l'indépendance. Comment se présentait-il en 1960? C'est à cette
question que nous tentons de répondre dans ce sous-point du travail.
La Régie des Chemins de Fer Abidjan-Niger était gérée, en 1960, par les
autorités ivoiriennes et voltaïques. La ligne avait évolué de la façon suivante : de « 786
kilomètres d'Abidjan à Bobo-Dioulasso de 1904 à 1932 »70, elle est arrivée à Ouagadougou en
1954 et avait une longueur de « 1.145 kilomètres »71• Après avoir obtenu son autonomie de
gestion en 1959. le chemin de fer s'affirmait déjà dans l'économie ivoirienne. En effet, durant
cette période, à défaut de proposer des matériels de pointe pour le trafic, son volume d'activité
augurait des lendemains meilleurs.
69
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.109.
70
Alain Konan BROU, Op. Cit., p.14.
71
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.110.
72
Louis Edouard SETTIE, Op. Cit., p.27.
73
Alain Konan BROU, Op. Cit., p.16.
74
Ministère des finances, des affaires économiques et du plan, Op. Cit., p 41.
38
Cet accroissement du trafic de voyageurs répondait aux soucis des autorités
ivoiriennes et voltaïques de permettre à bon nombre de personnes de se déplacer librement à
des prix abordables. Des mesures ont été prises à cet effet pour les voyageurs et les
marchandises, « consistant à appliquer sur les itinéraires qui reliaient les grands centres et les
centres importants, des prix fermes el moins élevés pour un trafic voyageur et marchandise
intense » 75•
Ainsi, lorsque l'on se focalisait sur le trafic de voyageurs sur toute l'année de
l'ascension à l'indépendance, les résultats portaient à croire que la voie ferrée a été un moyen
de transport au service des populations et de l'économie ivoirienne. Quand l'on compare les
résultats de 1960 à ceux de 1959, le constat montre une évolution du trafic. De janvier 1960 à
décembre de la même année, 1.508.890 voyageurs ont emprunté le train, soit« 216 millions de
voyageurs/kilomètres »76, contre 195 millions pour la période de 1959.
Cette augmentation était de « 13, 70% et portait surtout sur les transports de
ciment (-1. 774 tonnes contre 2.609 tonnes, en 1959, des graines de coton, d'arachides, de
sésames et autres oléagineux »78. Il en est de même du mois d'août. L'on a enregistré 40.051
tonnes de marchandises chargées, « soit 15 millions de tonnes-kilomètres en trafic, contre
32.475 tonnes de marchandises chargées, soit 13 millions de tonnes-kilomètres en trafic en
1959 >/9. Le trafic international étant un des piliers de la croissance des activités du réseau
ferroviaire, son accroissement s'est reflété systématiquement sur le volume du trafic de
39
Le Mali, la Haute-Volta et le Niger avaient besoin de se ravitailler et d'exporter
à partir de la Côte d'Ivoire. En décembre 1960, le trafic de marchandises dans les deux sens a
permis de constater une augmentation du trafic à hauteur de « 62, 75% en tonnes chargées et de
65,97% en trafic »80 par rapport à décembre 1959. Ces chiffres ont montré une certaine vitalité
du trafic du chemin de fer qui s'est poursuivie sur l'ensemble de l'année 1960. En outre, le
trafic de marchandises et de voyageurs en partance de la Côte d'Ivoire a été largement supérieur
Par ailleurs, les prix pratiqués qui étaient de « 5,50 F.CFA le voyageur/kilomètre
entre classe, 4,50 F.CFA en 2ème classe el 3.00 F.CFA s= classe 81
» ont été aussi un des
éléments déterminants dans la croissance des trafics. Tous ces échanges commerciaux qui
naissaient et se développaient ont agi irrémédiablement sur le trafic de marchandises du chemin
de fer. Ainsi, de janvier à fin décembre 1960, le trafic de marchandises de la R.A.N a connu
une progression. L'on a enregistré à cet effet « 567.568 tonnes. soit 219 millions de tonnes-
82
kilomètres, contre 190 millions de tonnes-kilomètres » .
40
Dans le sens inverse, les marchandises étaient constituées « cl 'épiceries. de
li a fallu à cet effet, mettre les moyens afin que les routes atteignent les contrées
les plus reculées du pays, et cela en vue d'un développement économique, social et culturel plus
homogène. Il en est de même du chemin de fer, qui en 1960 s'affirmait déjà comme un atout
pour le développement de la Côte d'Ivoire. Même si les premiers résultats de son volume
d'activité ont été encourageants, il fallait songer à moderniser la voie et le matériel de traction.
C'est en cela qu'il est important d'analyser l'évolution des routes et du chemin de fer entre
1960 et 1980.
L'objectif de l'Etat à partir de 1960 était de mettre en place tous les moyens
nécessaires pour une rapide croissance et un développement économique, social et culturel
adéquat de la Côte d'Ivoire. Pour y parvenir, les autorités ivoiriennes se sont lancées dans la
construction et l'amélioration des transports terrestres interurbains pour accompagner les
actions de développement.
41
Ces moyens de transport permettraient ainsi aux populations de ces zones de se
rendre facilement en ville pour les besoins divers, et surtout recevoir des soins si elles sont
malades. En effet, l'accessibilité a été déterminante dans l'organisation des échanges, car il ne
pouvait pas avoir d'activités économiques sans les moyens de transport. Ainsi, « des
investissements conséquents »86 dans la construction et lamélioration des routes ont été décidés
par les autorités ivoiriennes. C'est dans ce cadre, qu'au moment où des ouvertures de voie
étaient réalisées, un important programme de bitumage des principaux axes devait suivre.
Les routes devaient être élargies, renforcées, rectifiées, tandis que d'autres devaient
subir des aménagements particuliers, (revoir le tracé sinueux de certaines routes pour faciliter
la circulation). Le secteur des transports était fondamental à la vie des sociétés modernes en
raison des déplacements, de la circulation des images, des informations et des idées. Les
transports par leur diversité et leur performance sont devenus indispensables. Au regard des
investissements qui allaient être réalisés par l'Etat, l'objectif était que des routes de qualité
Dans lensemb!e. il fallait que la route aille vers les populations afin que le
développement soit possible. C'est ainsi que l'objectif a été de retracer les pistes, les routes et
les améliorer pour les rendre plus aptes aux transports. L'après indépendance a été perçu par
l'Etat comme une période pour améliorer l'accessibilité des différentes régions du pays et
l'accroissement des charges d'entretien et de renouvellement des routes. Il fallait une expansion
kilométrique des routes, ainsi que« de très profondes mod{fications dans le sens de la qualité
du réseau »87.
42
Lorsque les nécessités de déplacement devenaient importantes dans telle ou telle
région, l'Etat a cherché les voies et moyens pour résoudre les problèmes de circulation. Un
« effort »88 a été réalisé pour améliorer les pistes et les routes secondaires afin de les rendre plus
aptes à un transport de plus en plus croissant. Ainsi, en partant des pistes saisonnières utilisables
en saison sèche, l'on est passé « au stade de la piste améliorée lorsque le trafic dépassait 50
revêtue.
Lorsque le trafic atteignait 300 véhicules par jour, la nécessité pour l'Etat de
bitumer cette route en terre devenait obligatoire, et pour cause, « la poussière rendait la
90
circulation dangereuse et 1 'entretien ne pouvait plus être assuré correctement » . En outre,
une route en terre qui atteignait ce taux de circulation sortait du cadre de liaison routière entre
de petites agglomérations. Elle devenait une route importante qui demandait un entretien et un
suivi permanent. Il fallait éviter qu'il ait des ruptures pour cause d'accidents ou d'affaissements
de la chaussée dus à de lourdes charges.
Le bitumage dans ce cas était la meilleure des solutions pour améliorer le quotidien
des automobilistes et permettre que l'activité économique connaisse un accroissement encore
notable. Le réseau routier a surtout connu pendant la première décennie de l'indépendance
« d'importantes extensions, qu'ils 'agisse de routes bitumées dont la longueur a doublé ou des
routes en terre et des pistes »91• Cette situation résultait des insuffisances constatées au niveau
de l'héritage colonial dans le domaine routier. Il a fallu penser sérieusement à remettre à niveau
les routes et les adapter aux exigences de transport en Côte d'Ivoire.
88Selon les chiffres tirés de Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (1973). Evaluation
d'un quatrième projet routier, 6 juin, 46 p., p.9, l'Etat de Côte d'Ivoire, entre 1966 et 1970 a consacré au réseau
routier une dépense moyenne annuelle de 4,5 milliards de F.CFA.
89Ministère du plan (1970), Les grandes lignes du plan 1971-1975, Paris, imprimerie R. Royer, 26 p., p 5.
90 Ibidem.
91 Ministère du plan, Les grandes lignes du plan 1971-1975, Op. Cit, p.5.
43
Par ailleurs, avant d'entamer la construction de nouvelles routes, il était
indispensable de revoir le tracé de certaines routes anciennes, les améliorer et les réorienter afin
qu'elles s'adaptent à un trafic de plus en plus important sur l'ensemble du territoire national.
En effet, un regard rétrospectif a permis de constater par exemple que la quai ité du réseau routier
revêtu restait très variable selon les localités et suivant l'âge des chaussées. Les routes
construites de moins de vingt ans. « soit la moitié du réseau présentait des caractéristiques
géométriques satisfaisantes et un bon état des surfaces » 92.
Ces routes avaient été réalisées vers la fin de la période coloniale, et avec leur
importance économique, l'administration coloniale avait pris le soin de bien les entretenir et de
toujours les garder en bon état. Par contre, pour le reste des routes anciennes, elles étaient en
mauvais état. Quant aux routes en terre à grande circulation, elles présentaient dans l'ensemble,
des caractéristiques convenables en saison sèche, mais ces caractéristiques se dégradaient
sensiblement en saison des pluies. En ce qui concerne les routes du réseau d'intérêt régional,
elles étaient aussi mauvaises, même en saison sèche.
C'est ainsi que dès 1964, un plan de modernisation du réseau routier a été adopté et
à partir de cette date, « des ponts définitifs et des pistes secondaires permettant / 'accès aux
93
villages retirés » ont été construits, tandis que de nouveaux tracés de route ont été entrepris.
En 1965. à l'exception de la construction d'un nouveau réseau dans le sud-ouest de la Côte
d'Ivoire, parce que cette zone souffrait d'un manque d'infrastructures routières, les efforts ont
plutôt été portés sur l'aménagement des routes existantes. Cette politique a été le point de départ
à un vaste programme de développement des routes.
92
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, France, volume 1, rapport général, EDIRAP,
92 p., p.4.
93
Ministère du plan, Les grandes lignes du pion 1971-1975, Op. Cit., p.5.
44
La politique de développement des infrastructures de transport était l'un des
objectifs majeurs des autorités ivoiriennes pour espérer atteindre le développement
économique, social et culturel souhaité. Ainsi, dans le cadre du plan sexennal 1964-1969, la
réalisation des travaux d'infrastructures routières a été un des points focaux de ce plan. C'est
dans ce cadre que certains travaux à l'étude dont la réalisation avait été décidée, se sont articulés
autour des routes à grande circulation et l'aménagement des pistes.
Par ailleurs, le renforcement des routes bitumées a été effectué dans l'optique
d'adapter le réseau existant aux nécessités du trafic de plus en plus important. Les travaux
routiers en projet se sont multipliés, surtout à l'ouest. C'est une région à peu près enclavée que
le gouvernement a décidé de désenclaver. C'est aussi le cas du sud-ouest, de l'ouest, du nord et
du nord-ouest, qu'il a fallu mettre rapidement en valeur par la construction de route. Dans le
sud-ouest, la première opération a consisté à ouvrir un réseau routier de façon à en permettre la
pénétration.
94
Ministère du plan, Les grandes lignes du plan 1971-1975, Op. Cit., p.5.
45
Si au niveau des chaussées bitumées des efforts restaient encore à accomplir pour
les accroître, le kilométrage des routes utilisables toutes les saisons a été accru. En outre, du
point de vue de l'orientation des routes du pays, il fallait qu'elle réponde aux exigences
économiques du pays et aux besoins des populations. Pour pouvoir atteindre ces objectifs de
développement, l'Etat devait encore consentir des investissements pour accroître un peu plus
encore le réseau routier.
C'est ainsi que« JO milliards de francs CFA ont été consacrés à l'extension et à
l'amélioration du réseau »95. Ce qui avait abouti à rendre permanentes des routes provisoires
et l'ouverture de routes secondaires. Pour nous imprégner de l'évolution générale du réseau
routier de la Côte d'Ivoire, référons-nous au graphique n°1.
•.:::,.
CU
20000
•..
0 -Pistes
CU
"Cl
CU 15000
1111 -Routes
•.•."'..
'CU enterre
E 10000 ~
.2 Routes
s;: revêtues
5000
0
1961 1963 1965 1966 1968
Au regard des données du graphique n°1, l'on observe une évolution du réseau
routier de la Côte d'Ivoire dans son ensemble. Au niveau des pistes, l'évolution a été
remarquable à partir de 1961. A cette date, l'Etat a procédé d'abord à des ouvertures de pistes
sur l'ensemble du territoire. Ces pistes permettaient aux zones les plus reculées de se connecter
aux voies routières déjà existantes. Elles ont par conséquent facilité l'évacuation des
productions agricoles.
95
Ministère du plan, Les grandes lignes du plan 1971-1975, Op. Cit., p.S.
46
Les pistes ont connu une légère baisse de 1963 à 1965. car durant cette période.
l'Etat s'est plus consacré aux routes revêtues. non seulement pour les accroître. mais aussi
augmenter le volume d'activité sur ces types de routes. Concernant les routes en terre, l'Etat les
avaient développées pour relier un grand nombre de localités de la Côte d'Ivoire. Par
conséquent, les autorités ivoiriennes ont beaucoup plus mis l'accent sur leur amélioration et
leur orientation pour soutenir comme il se devait le réseau bitumé et pallié les insuffisances et
A cet effet. les pistes ont été améliorées pour qu'elles deviennent des routes
secondaires. Lorsque la circulation sur ces voies connaît une croissance, des améliorations leur
sont consacrées pour les transformer en route en terre praticable toute l'année. A ce sujet, de
1963 à 1965, alors que l'on observe une légère baisse au niveau de l'ouverture des pistes, les
routes en terre quant à elles ont connu une nette augmentation. Cette augmentation répondait
d'abord au souci des autorités ivoiriennes, qui à défaut d'avoir des routes revêtues en nombre
considérable, ont préféré disposer de bonnes routes en terre praticables toute l'année.
En outre, un réseau routier est jugé de qualité par le kilométrage des routes revêtues.
A travers les données du graphique 11° 1 de la page 46, l'on a constaté que la construction des
routes revêtues a débuté timidement avec 684 kilomètres. en 1961. Une augmentation est
néanmoins perceptible sept années seulement après l'indépendance. Cette augmentation était
liée aux efforts des autorités ivoiriennes de bitumer une bonne partie des routes en terre
praticable toute l'année. Ainsi, l'accroissement des routes revêtues a été continuel à partir de
97
96
1963 pour atteindre « 899 kilomètres, en 1965 » et « 1.293 kilomètres. en 1969 » .
Dans l'ensemble. l'on a relevé une nette amélioration du réseau routier de la Côte
d'Ivoire par rapport à 1960 afin de l'adapter à l'évolution du trafic. Cependant, celui-ci
demeurait toujours insuffisant par rapport aux objectifs de développement de la Côte d'Ivoire.
Même si les différentes catégories de routes ont connu des fortunes diverses en ce qui concerne
leur développement, l'Etat a néanmoins appréhendé la construction et l'amélioration des routes
47
C'est ainsi qu'à partir de la deuxième décennie de l'indépendance, il a encore
consacré des « moyens substantiels»98 pour la construction de nouvelles routes et le bitumage
des grands axes du pays. En effet, le développement du réseau revêtu au fil des années a traduit
de façon constante, la volonté de l'Etat de relier dans des conditions optimales l" accès au port
d'Abidjan et celui de San Pedro à partir de 1972. Dans l'optique de drainer les produits
d'exportation sur ces deux ports, la Côte d'Ivoire a réalisé en premier lieu, des voies de
pénétration pour cibler les productions et le potentiel économique de chaque région.
Par conséquent, les voies radiales et les axes internationaux ont été privilégiés dès
le départ. La décennie 1970-1980 a été marquée par la réalisation de deux grands axes nord-
sud. La première réalisation a concerné « la construction d'une route goudronnée de San Pedro
à Odienné »99. Cette route a couvert le sud-ouest, l'ouest et le nord-ouest de la Côte d'Ivoire.
Elle a permis de désenclaver le plus possible ces différentes régions, tout en contribuant au
développement de la région ouest de la Côte d'Ivoire. Le deuxième axe est parti « d'Abidjan-
Yamoussoukro-Bouaké-Ferkessédougou, incluant 100 kilomètres d'autoroute au départ
d'Abidjan »11H1•
A cet axe, l'Etat a adjoint un but, celui de soutenir le chemin de fer dans le trafic
des voyageurs et des marchandises. Dès lors, le maillage du territoire s'effectuait à partir de ces
grands axes routiers. Par la suite, le besoin de rendre les différentes régions du pays accessibles
à partir d'Abidjan a contribué à créer « des amorces transversales, au niveau notamment de
Toumodi. Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo » 101• Ces amorces se sont renforcées et se sont
multipliées les années suivantes, car le besoin de déplacer les biens et les personnes s'est posé
à tous les niveaux et dans toutes les régions. Une analyse succincte des voies routières et de
leur orientation a permis d'expliquer une évidence.
98 Dans l'objectif de désenclaver toutes les régions, la Côte d'Ivoire a consacré à partir de 1970, des sommes
importantes au développement du réseau routier. Ainsi, près de 200 milliards F.CFA ont été consacrés au
renforcement et au bitumage du réseau routier de 1976 à 1980, alors que 13 milliards de F.CFA à peine avaient
été consacrés de 1960 à 1964 aux travaux routiers. Ce qui représentait tout de même, une somme équivalant à
l'ensemble des investissements dans ce domaine de 1945 à 1959. Cela dit, il faut souligner que depuis 1976, les
investissements réalisés en matière d'infrastructures routières représentent une enveloppe annuelle de 45
milliards de F.CFA. Source: République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire vingt ans, Abidjan, Edition fraternité hebdo,
1980, 183 p., p.115.
99 Banque Mondiale (1980), Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, 16 octobre, 92 p., p.4.
100 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.40.
101 Ibidem.
48
Le réseau routier axé au départ sur Abidjan jusqu'en 1970 « a vu sa configuration
très sensiblement modifiée »!02, parce que le niveau de développement de l'économie ivoirienne
le commandait. Ainsi, à la création en 1972 du port de San Pedro, la Côte d'Ivoire s'est offert
un second débouché sur la mer. Cet outil économique devait drainer les productions agricoles
"du grand ouest" par le biais de la route. En outre. la création des barrages de Kossou au centre
du pays et de Buyo à l'ouest, induisant des retenues d'eau très étendues a eu pour corollaire la
C est ainsi que, les liaisons est-ouest et centre du pays ont été détournées, soit au
centre-ouest via Daloa, soit au nord par Marabadiassa. La liaison directe San Pedro-Man par
Buyo a été reportée au centre-ouest par lssia. La desserte d'Abidjan a aussi été renforcée
considérablement pour répondre aux exigences de transport de plus en plus accrues vers la
capitale. Dans le fond, toutes ces nouvelles configurations du réseau routier répondaient à des
n°2).
Tableau n°2 : Les liaisons routières en Côte d'Ivoire construites de 1971 à 1975
Itinéraires Longueur en Km Montant (millions de FCFA TTC)
San Pedro- Yabayo 158 1.510
Yabayo-Duékoué-Guiglo 151 2.770
La Méné-Pont Weygand 48 390
Abidjan-Sikensi 71 2.415
Sikensi-N 'douci 32 630
N'douci-Divo 72 770
N'douci-Toumodi 89 1.000
Bouakè-Katiola 55 500
Piste de l'ananas Ono 41 500
Ponts-Bacs et divers - 500
717 10.910
TOTAL
Source: Tableau établi par nous à partir des chiffres extraits de République de Côte d'Ivoire,
Etude des transports en Côte d'Ivoire, le réseau routier, Paris. volume 4. Op. Cit., p.6.
102 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.40.
49
Les chiffres du tableau 11°2 de la page 49 indiquent que la Côte d'Ivoire a dégagé
des moyens pour la réalisation de ce programme routier. Ainsi, 717 kilomètres de routes ont été
construits, sans oublier les ouvrages d'art sur certains cours d'eau et la présence de bacs sur
d'autres. Un aperçu des liaisons routières a permis de constater que le sud-ouest et l'ouest du
pays ont occupé une part importante en ce qui concerne les financements routiers. En effet. leur
pauvreté en infrastructures routières a été un énorme frein au développement.
C'est fort de ce constat, qu'avec la création du port de San Pedro, il a fallu équiper
cette région en réseaux routiers afin de permettre au "grand ouest" d'être mieux relié au port,
mais aussi au reste de la Côte d'Ivoire. Par ailleurs. l'Etat a cherché à juguler le déséquilibre
régional créé du point de vue des infrastructures routières par ladrninistration coloniale. Cette
vision du développement a incité l'Etat à privilégier la construction des routes pour réaliser cet
objectif; d'où un autre programme routier de 1976 à 1980. (voir le tableau n°3).
Tableau n°3: Les voies routières réalisées par la Côte d'Ivoire de 1976 à 1980
Les programmes de construction de route ont toujours concerné dans une large
mesure les zones du sud-ouest. l'ouest, le nord et le nord-ouest de la Côte d'Ivoire. Cette volonté
de l'Etat na pas été fortuite car ces zones, une fois désenclavées et embranchées aux réseaux
routiers du pays ont participé activement à la croissance économique par le transport des
personnes et des biens. A l'analyse des chiffres du tableau n°3. concernant les orientations et
les itinéraires sélectionnés. on constate une diversification des liaisons routières sur l'ensemble
du pays.
50
Un accent a été mis sur les régions qui souffraient du manque de routes. Ce choix
a été adopté parce qu' i I fallait permettre le déplacement du nord au sud, de l'est à 1 · ouest en
passant par le centre. sans rupture dans le trafic. Ce nouveau programme routier qui a débuté à
partir de 1976, avait la particularité d'être axé sur la construction de routes de qualité. C'est
ainsi que bon nombre de voies routières ont été bitumées. Le centre, le nord et le nord-est de la
Côte d'Ivoire ont reçu d'importants financements dans le domaine routier durant cette période.
Concernant les routes secondaires d'intérêt local (classe C), ce sont : 21.073
« kilomètres non bitumés et 18 kilomètres bitumés »106• soit un total de 21.091 kilomètres. Les
107
autres routes non classées et non bitumées couvraient« 5. 164 kilomètres » • Dans l" ensemble,
108
l'on comptabilisait « 37.877 kilomètres non bitumés et 2. 123 kilomètres bitumés » , soit un
total de 40.000 kilomètres. Ces chiffres ont montré les efforts de l'Etat pour accroître le réseau
routier de la Côte d'Ivoire. L'on avait au début de l'indépendance« 25. 700 kilomètres de route
dont 700 kilomètres »109 seulement étaient bitumés.
103 Jean Claude ARNAUD (1978), "Transport", in Atlas de Côte d'Ivoire, Paris, Edition Jeune Afrique, 72 p, p.59.
104 Ibidem.
105 Ibidem.
106 Ibidem.
107 Ibidem.
108 Ibidem.
109 Louis Edouard SETTIE, Op. Cit., p.30.
51
On s'est retrouvé avec « 40.000 kilomètres de route dont 2.123 kilomètres
bitumés »110 seize années plus tard. Le réseau routier revêtu qui était pratiquement inexistant
(environ 700 kilomètres) au lendemain de l'indépendance a connu une évolution véritable pour
atteindre « 3.077 kilomètres en 1980 »111, lorsque la réalisation du bitumage des grands axes
s'est accélérée dès 1972. Pour apprécier cette évolution des routes par rapport à 1960, referons-
On a remarqué que des villes de l'ouest ont été aussi concernées par ce bitumage
des voies, ce qui n'était pas le cas en 1960: quand le sud et le sud-est étaient largement
représentés. Ces chefs-lieux de l'ouest de la Côte dIvoire avaient pour mission de donner une
impulsion au développement économique de la région. lis ont agi comme des pôles
économiques à partir desquels le développement de la région était pensé. En 1980, le nombre
des villes s'est encore accru avec des localités comme « Dimbokro, Soubré, Korhogo,
115
Ferkessédougou » et bien d'autres.
Le constat était que les routes bitumées couvraient presque l'ensemble du territoire.
En effet chaque localité de la Côte d'Ivoire a reçu un bout de bitume au niveau de son système
routier, avec un accent mis sur les axes principaux. Ils ont permis de relier les grands centres à
la capitale. Le rythme de construction des routes revêtues a montré la volonté des autorités
ivoiriennes d'améliorer le réseau routier ivoirien pour qu'il soit un des meilleurs de la sous-
région. Il fallait aux populations et aux entreprises laccès à des routes de qualité qui
contribueraient à donner de la valeur aux productions agricoles et industrielles.
52
La progression dans la construction du réseau routier revêtu a été constante au fil
des années. Ainsi, de 1961 à 1970, 1 'on est passé de 684 kilomètres à plus de 1.000 kilomètres.
De 1970 à 1977, nous ne comptabilisons pas moins de 2.000 kilomètres et enfin de 1977 à 1980,
l'on a atteint plus 3.000 kilomètres. Au regard de cette progression dans la construction des
routes bitumées, l'Etat ne s'est pas contenté d'investir dans les routes en général, mais l'accent
a été mis sur le bitumage, ultime stade de l'évolution du réseau routier comme l'indique le
graphique n°2.
a, 30000
:5
...a,
0
25000 -Pistes
"C
a,
1:11) 20000
.•......
ni
•(lj
-Routes non
E 15000 revêtues
..Q
:,2 Routes
10000
revêtues
5000
0
1961 1968 1976 1980
Source: Graphique réalisé par nous à partir des chiffres extraits de Ministère des Travaux
Publics, des transports, de la Construction et de l'Urbanisme, Côte d'Ivoire, Equipements
et transports 1960-1980, bilan et perspectives, Op. Cit., p.38.
Le graphique n°2 nous permet de constater que dans l'ensemble, l'Etat à partir de
1961, s'est consacré aux réseaux routiers en souffrance. C'est ainsi que des investissements ont
été réalisés pour pallier les insuffisances des routes sur l'ensemble du territoire. Des pistes ont
sillonné l'ensemble du territoire. Des zones quasiment abandonnées durant la colonisation se
sont ouvertes au reste de la Côte d'Ivoire.
Ainsi, la courbe représentant les pistes a été en forte croissance avant de se stabiliser
en 1976 et d'être constante à partir de cette date. Cependant, il ne suffisait pas d'ouvrir les
pistes, il a fallu les améliorer et les rendre aptes aux trafics de plus en plus importants. A cette
préoccupation, l'Etat a répondu présent et des liaisons routières de la catégorie des routes C,
c'est-à-dire les pistes rurales sont devenues des routes classées B, c'est-à-dire permanentes toute
l'année.
53
Cette catégorie de route a connu une évolution remarquable entre 1960 et 1970. La
Côte d'Ivoire a investi dans l'équipement du pays. A ce niveau, le graphique n°2 de la page 53
a montré qu'à partir de 1961, l'Etat s'est occupé du problème du non-bitumage des routes du
pays. En effet, à partir de cette date, et surtout au milieu des années 70, la transformation et
l'amélioration de certaines routes de classe "B" en routes de classe "A" et la construction des
routes revêtues ont connu une accélération.
/\u début de l'indépendance, comme le montre le tableau 11°4, les routes bitumées
se concentraient au sud de la Côte d'Ivoire. Elles étaient presque toutes en direction d'Abidjan
avec de temps à autre, de petites ouvertures sur le centre et le sud-ouest du pays. C'était cette
configuration du réseau routier revêtu que l'Etat a cherché à corriger durant les deux premières
décennies après l'indépendance. li y était parvenu dans la mesure où. à partir de 1970. les routes
revêtues ont vu leur nombre croître, ainsi que leur orientation se diversifier. Cette orientation a
été poursuivie dans le temps jusqu'en 1980. (voir le tableau n°5. p.55).
54
Tableau n°5 : Les voies routières bitumées en Côte d'Ivoire de 1978 à 1980
Longueur en Kilomètre
I tinéraircs
79
Y abayo-Gagnoa
219
San Pedro-lssia
Abidjan-Agboville et bretelle Adzopé 87
Katiola-F erkessédougou-Korhogo 230
60
Toumodi-Oumé
270
Man-Touba-Od ienné
86
Bouaké-M • bah iakro
104
Autoroute Abidjan-N 'douci
Moossou-Bonoua-Samo-Assinie 36
Source: Tableau établi par nous à partir de chiffres extrait de République de Côte d'Ivoire,
Côte d'Ivoire vingt ans, Abidjan, édition fraternité hebdo. 1980. p.11 S.
Lorsque l'on se réfère au tableau n°S. les routes bitumées ont atteint toutes les
régions du pays. Cela était lié au souci des autorités ivoiriennes de construire des routes de
qualité afin de permettre aux populations de se déplacer aisément sur l'ensemble du territoire
et accroître le volume des activités économiques. L'ouest, le sud-ouest le nord et le nord-ouest
de la Côte d'Ivoire, longtemps défavorisés ont été au centre des préoccupations dans les
programmes routiers. Cela se voit à travers le tableau n°S avec la liaison routière Katiola-
Par ailleurs, le réseau routier était aussi caractérisé par l'existence de grands axes
de pénétration nord-sud. Ainsi, les données du tableau n°S ont permis de relever l'existence de
voies bitumées comme celle de l'autoroute Abidjan-N' douci. A celle-là, il faut ajouter la route
Abidjan-Bouaké-Katiola-Korhogo. Elle est venue pallier les insuffisances du réseau ferroviaire
et permettre aux grands centres économiques de jouer leur partition dans le développement
Dans l'ensemble, la politique adoptée depuis 1970 par la Côte d'Ivoire en matière
d'infrastructures routières visait à développer les grands axes internationaux et ceux qui
reliaient les principaux pôles économiques du pays et à désenclaver toutes les régions. Le réseau
routier s'est développé régulièrement grâce à une politique accrue des grands travaux. Ils ont
été entrepris pour la création de voies nouvelles, l'amélioration des plus anciennes routes et le
55
C'est dans ce cadre que « la boucle du cacao » 117, le sud, le centre et l'ouest, ont
été en chantier. L'Etat a construit de nouvelles routes pour combler le déficit en infrastructures
routières de qualité dans ces différentes régions. Deux routes principales inter-états ont été
réalisées. L'une à l'ouest (Côte d'lvoire-Libéria) et l'autre à l'est (Côte d'Ivoire-Ghana). Des
routes à grande circulation reliant les sous-préfectures et des routes d'intérêt local reliant les
villages ont vu le jour. C'est ainsi que le trafic routier a pris du volume sur les grands axes
comme Abidjan-Dabou-Toumodi-Divo-Gagnoa-Daloa-Man.
d 'Abidjan » 118.
117 La région de la boucle du cacao se situe au centre-est de la Côte d'Ivoire. Elle appartient dans sa majeure
partie au domaine forestier, qui s'étend du s•m• degré de latitude nord en bordure de la côte du golfe de Guinée
au g•m• degré de latitude nord à l'orée de la savane. La boucle du cacao est en contact avec cette région de
savane que l'on appelle en raison de sa forme le V. Baoulé. Le nom la boucle du cacao a été donné en raison de
l'importance de la production cacaoyère dans cette zone et du tracé en forme de boucle fermée de la principale
artère routière qui dessert la région. Source : Corinne BENVENISTE, La boucle du cacao Côte d'Ivoire, étude
régionale des circuits de transport, Op. Cit, p.1. Dans la boucle du cacao, on trouvera des villes comme Daoukro,
Bongouanou, Ouellé.
118Ministère de l'information (1970), Côte d'Ivoire, Faits et chiffres 1970, Abidjan, Service de la documentation
générale et de la presse, 109 p., p.59.
119 Arnaud Jean Claude, "Transport", Art. Cit., p.59.
56
Tableau n% : Les types de véhicules sur le territoire ivoirien et leur nombre en 1976
75.860
Véhicules pat1iculiers
5. 195
Motos
6.488
Autocars-autos
17.970
Camionnettes
12.742
Camions
851
Véhicules spéciaux
5.210
Tracteurs routiers et agricoles
456
Remorques
3.925
Semi-remorques
129.153
TOTAL
Source: Arnaud Jean Claude, "Transport" dans Atlas de Côte d'Ivoire. Op. Cit .. p.59.
économiques.
L'on a observé également une augmentation du nombre des motos au même titre
que les véhicules particuliers. Elle a été plus rapide que celui des véhicules utilitaires à hauteur
de « 50% des véhicules en 1960, 62,5% en 1976 »121• Cette croissance des deux roues découlait
du coût d'achat de ces engins. lis étaient beaucoup moins chers que lautornobile et \'entretien
pouvait être effectué par ceux qui en possédaient. En outre. on pouvait se procurer les pièces de
rechange chez la plupart des vendeurs. Du point de vue de la consommation en carburant, les
deux roues offraient des avantages considérables et accessibles à 1' Ivoirien moyen.
Les véhicules utilitaires étaient non négligeables. Ils ont été indispensables pour le
transport des marchandises à l'intérieur et à l'extérieur de la Côte d'Ivoire. Ils permettaient
d'évacuer une bonne quantité de marchandises en direction et en partance des ports d'Abidjan
et de San Pedro. Dans l'ensemble, l'accroissement du nombre de véhicules dénotait de la vitalité
du système des transports routiers en Côte d'Ivoire et de l'économie ivoirienne.
120 Le taxi-brousse est en Afrique, un taxi collectif interurbain. Huit à neuf passagers peuvent y prendre place et
il ne part que lorsque toutes les places ont été vendues.
121 Jean Claude ARNAUD, "Transport", Art. Cit., p.59.
57
A partir de 1965, lorsque le développement des grands axes routiers du pays a été
programmé et a connu son effectivité dans les années 70, le parc automobile a suivi cette
122
mouvance. De 1965 à 1968, le nombre est passé de « 38.831 véhicules à 50.080 véhicules » .
123
En quatre années seulement, le parc a connu « un accroissement de plus de 45% » . Ces
véhicules ont vu leur nombre augmenter au fil des années en fonction de l'accessibilité et des
mobilités offertes. C'est le lieu de jeter un regard sur le parc automobile général en Côte d'Ivoire
par année jusqu'au au 3 1 décembre 1981, ( voir le tableau 11°7).
Tableau n°7 : Le parc automobile général par catégories en Côte d'Ivoire de 1970 à 1981
Les chiffres du tableau 11°7 indiquent que dans l'ensemble, le parc automobile
général a augmenté à partir de 1970. Il a été en quelque sorte une réponse aux problèmes de
transport qui se posaient au niveau de l'accroissement du volume des trafics. L'une des percées
significatives a été celle des motocycles. Ces engins à deux roues ont connu une ascension de
1975 à 1980. Le prix de ces engins et leur facilité d'adaptation sur les routes locales ont en
Par ailleurs, les voitures particulières ont toujours occupé une part importante au
niveau du parc général. Cette observation a montré que l'accroissement du niveau de vie des
populations ivoiriennes (amélioration des revenus) a motivé celles-ci à se procurer un véhicule
pour les déplacements. L'accroissement du parc automobile ivoirien a suivi la remarquable
58
Les transports sur les longues distances ont été l'affaire des autocars (22 places et
17 places) plus pratiques sur les routes du pays. Ces engins ont permis de relier les différentes
villes de la Côte d'Ivoire. Par contre, sur les court-courriers à travers les zones difficilement
pénétrables, les transports de voyageurs ont été assurés pour la plupart par des voitures
particulières appelées communément taxis-brousse. En dehors des voitures particulières, la
percée la plus importante a été celle des camionnettes, des camions, des semi-remorques
routières et agricoles.
consommateurs» 124.
Tous les pays comme la Côte d'Ivoire qui n'étaient pas de gros producteurs de
pétrole ont vu leur balance commerciale déséquilibrée. Ainsi, tous les secteurs d'activité ont été
affectés. Malgré ces difficultés économiques et financières, l'augmentation du parc automobile
s'est accompagnée de la diversification des marques de voitures sur le marché automobile
ivoirien comme l'atteste le tableau n°8 de la page 60.
124 Entretien avec M. KO NAN Yao Godefroy le lundi 30 mars 2015 au Ministère des transports, Direction
Générale des Transports Terrestres et de la Circulation, Tour C, s•m• étage, porte 9 (Abidjan-plateau).
59
Tableau n°8 : Quelques marques de véhicules et leur nombre sur le marché ivoirien en 1978
Le parc automobile présenté dans le tableau n°8 permet de constater que le marché
ivomen intéressait les constructeurs automobiles. L · achat et la vente des véhicules
s'effectuaient sur place via des compagnies de commerce comme la Compagnie Française de
l'Afrique de l'Ouest (C.F.A.0). Cela est perceptible à travers les différentes marques de voiture
« italiennes »127 et « allemandes »128• Les marques françaises et les marques japonaises
129
occupaient respectivement « 36,02% et 40,57% » des parts du marché ivoirien de
l'automobile à cette date. On retrouvait de prime abord les marques françaises à cause des liens
historiques qui unissent la Côte d'Ivoire à la France. En effet. ce pays a colonisé la Côte d'Ivoire
pendant soixante-sept ans, les liens économiques demeuraient. même si le pays a obtenu son
indépendance.
60
En ce qui concerne les relations internationales et les liens commerciaux, les deux
pays entretenaient de bonnes relations. En effet. la France est le premier pays importateur pour
la Côte dïvoire, et le pays exporte plus vers la France que vers n'importe quel autre pays. Quant
aux marques japonaises, elles intéressaient les populations ivoiriennes pour deux raisons. Les
véhicules japonais sont solides, s'adaptent aisément aux reliefs du pays, à l'état des routes et
des pistes ivoiriennes. Ensuite, ce sont des véhicules moins coûteux et les pièces de rechange
s'obtenaient dans la plupart des établissements de commerce en Côte d'Ivoire.
brousse). Le taux de croissance moyen annuel du trafic de voyageurs était estimé à « 4% par
an »132 depuis 1965. Le trafic interurbain de voyageurs était estimé à cette date à« 12.2 millions
133
de déplacements et 2,2 milliards de voyageurs kilomètres » • soit 75% par la route dont 8%
en voitures particulières et 67% par les transports publics. (voir le tableau n°9).
Tableau n°9 : Evolution du transport privé et public de voyageurs par la route de 1963 à 1968
(en millions/km)
130 Banque Mondiale, Prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.2.
131 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.43.
132 Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, Côte d'Ivoire, évaluation du deuxième
61
Les chiffres du tableau 11°9 de la page 61 indiquent que le transport routier de
voyageurs était assuré par des entités privées et publiques. La croissance a été régulière de J 963
à 1968. Pour ce qui est du trafic en millions de voyageurs-kilomètres, Je transport public a été
plus important. Il a occupé 93% des parts du volume total du trafic en 1963. Ce pourcentage a
été de « 88,96% »134 en 1968. Par ailleurs, le parc ayant servi aux transports publics de
voyageurs comprenait trois catégories de véhicules pour les transports interurbains.
Il s'agit entre autres « des breaks (Peugeot 404), des fourgonnettes aménagées,
Renault 1.400kg »135 pour la plupart et les autocars de moyenne capacité. En 1968, l'on
dénombrait « 2.520 véhicules breaks offrant 17.967 places, soit 29,2% des places
disponibles »136. Quant aux fourgonnettes, on comptabilisait « 2. 160 véhicules qui offraient
35. 994 places, soit 58.5% des places disponibles »137• Les autocars étaient au nombre de « 6.5 70
et [ournissaient 61.523 places »138. L'essentiel du trafic était concentré sur les grands axes
Cette configuration du réseau a établi Abidjan et plus tard San Pedro comme les
centres névralgiques de toutes les distributions à l'intérieur et à l'extérieur de la Côte d'Ivoire.
Les échanges avec les pays voisins ont aussi été très importants et indispensables à l'économie
de la Côte d'Ivoire. En ce qui concerne les déplacements de personnes, le trafic routier de
voyageurs occupait une part importante dans le volume global du trafic routier. Les
mouvements de voyageurs en provenance ou à destination des pays limitrophes ont évolué au
fil des années. Ils étaient en direction du Mali, de la Haute-Volta. du Ghana et du Liberia.
139
En données chiffrées, sur « 235. 900 voyageurs » en provenance ou à destination
l'on a enregistré « 37.500 du Ghana, 53.000 de la Haute-Volta, 142.800 du Mali et 2.600 du
Libéria »140. Le transport international de voyageurs a connu un taux élevé en direction du Mali
et de la Haute-Volta. Cela s'expliquait par la présence permanente en Côte d'Ivoire de
« 220.000 Maliens et 200. 000 Voltaïques auxquels s 'ajoutent 300.000 manœuvres
saisonniers » 141•
134 Pourcentage calculé par nous sur la base des chiffres du tableau n°9 de la page 61.
135 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit, p.32.
136
Ibidem.
137 Ibidem.
138 Ibidem.
139 Idem, p 7.
140 Ibidem
141 Ibidem.
62
De nombreux Maliens se déplaçaient par la route parce que le chemin de fer n'avait
pas encore d'embranchement dans le nord-ouest. Le cas des Voltaïques était différent, car une
bonne partie du transport international de voyageurs s'effectuait en train. En ce qui concerne le
transport routier de marchandises, le constat a été pratiquement le même. Il a évolué en fonction
de l'accessibilité, des mobilités et de la demande. De même, cette croissance était aussi liée à
l'augmentation des véhicules utilitaires chargés de parcourir l'ensemble du territoire et de
drainer les productions agricoles de la Côte d'Ivoire et des pays limitrophes vers les ports.
Les grosses entreprises étaient « bien organisées, par contre. parmi les petites
143
entreprises, on trouvait souvent des artisans mal préparés à la profession de transporteurs » ,
qu'ils exerçaient parfois en même temps que des activités commerciales. Le transport de
marchandises concernait pour une grande part, les hydrocarbures, le café, le cacao, la banane,
le bétail et la volaille venant des pays limitrophes du nord. L'accroissement du volume des
trafics marchandises a évolué rapidement lorsque la qualité des routes avait favorisé une
circulation beaucoup plus fluide que par le passé.
142 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général Op. Cit., p.36.
143
Idem, p.9.
144
Ibidem.
145
Ibidem.
63
Tableau n°10 : Les catégories de marchandises transportées par la route en 1968
transportées par la route. Les produits agricoles ( 18.84%) el le bois en grume (51.29%)
6
constituaient l'essentiel du trafic durant cette période. En effet. ils ont occupé « 70.13% »u
des parts du trafic avec en prime un fort pourcentage du transport de bois en grume. Ce
permettait le couvert végétal de la Côte d'Ivoire. Il a fallu drainer ces productions des zones
alimentaires 4.41 %. des produits élaborés 13,28%. des ciments et des matériaux de construction
4,88%. sans oublier les hydrocarbures 7,27%. ont participé activement à l'accroissement du
trafic routier. Les flux de transport demeuraient concentrés dans la moitié sud du pays,
traduisant « / 'attirance des ports maritimes et l'importance des productions forestières el
agricoles de la région »147. Cette expansion des trafics dans l'ensemble s'est évidemment
148
traduite par une charge croissante « du réseau routier revétu » •
1" Ce pourcentage a été obtenu en additionnant le pourcentage des produits agricoles (18,84%) avec celui du
bois (51,29%). Quant aux autres pourcentages, ils ont été calculés en fonction du total du trafic routier par nature
de marchandises du tableau n'lO de la page 64.
147 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.294.
148
Ibidem.
64
Cette catégorie de route qui représentait 7% de la longueur totale du réseau routier
ivoirien de l'époque supportait environ 70% des trafics exprimés en véhicules/kilomètres. C'est
ainsi qu'on a évalué, en 1980, les trafics sur les moyennes et longues distances, qui entraient et
sortaient d'Abidjan sur les voies bitumées à« 14. 000 véhicules/jour contre 4. 800 véhicules/jour
en 1969 »149. Le secteur routier le plus chargé était jusqu'à la fin de 1979, « la route Abidjan-
15
Dabou qui depuis le mois de décembre 1979 voyait passer 6.500 véhicules/jour » n.
l'ensemble du territoire.
149 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.43
150 Ibidem.
151 46.000 kilomètres de routes en 1981, dont 3.136 kilomètres de bitume, 31.300 kilomètres de routes en terre
et plus de 11.200 kilomètres de routes villageoises.
65
2- Evolution du transport ferroviaire
Le réseau ferroviaire était géré par la R.A.N, en 1960. Les premiers résultats de son
trafic avaient permis de penser à un avenir prometteur du chemin de fer. Dans le souci de
dynamiser l'économie de la Côte d'Ivoire, la voie ferrée avait été sollicitée pour accompagner
Avec 1' accroissement des besoins de déplacement, les activités de la voie ferrée ont
connu une croissance, même si de temps à autre, l'on a relevé des baisses dans le trafic. Malgré
la présence des routes, le transport par rail s'est développé d'une façon régulière. De « 216
millions de voyageurs-kilomètres en 1960 »152, il a atteint des proportions exceptionnelles vers
la fin de la décennie 70-80, avec un trafic de « 1. 100 millions de voyageurs-kilomètres et 560
153
millions de tonnes-kilomètres »
Au niveau du tracé de la ligne en elle-même, rien n'a beaucoup changé par rapport
à 1960, par contre, en ce qui concerne le matériel de traction, une nette évolution a été constatée.
15
Le matériel de traction a été entièrement « diése!isé depuis 1956 » ·', et, en 1963, l'on
comptabilisait« 28 locomotives, 21 des locotracteurs, 16 autorails, 945 wagons marchandises
et 97 wagons voyageurs »155• En 1969, le matériel de traction se chiffrait à « 33 locomotives
dont 5 de 2.000 CV. 8 de 1.350 CV et 20 de 950 CV. 15 autorails de 550 CV. 21 locomotives
156
dont 3 de 300 CV, 18 de J 50 CV » •
classe » 157. Ce souci permanent de permettre au chemin de fer de répondre aux attentes des
Etats, a contribué à lui apporter les matériels nécessaires. Ainsi, en 1970, la R.A.N
comptabilisait« 20 locomotives de 1.000 CV, 8 de 1.500 CV, 6 de 2.400 CV, 15 autocars de
158
500 à 550 CV, 103 wagons voyageurs » •
66
Pour la régularité du trafic, le réseau comprenait « des trains rapides dénommés le
Bélier et la Gazelle »159 acquis à partir de 1977. Ces deux nouveaux trains qualifiés à juste titre
"d'African express" ont permis un accroissement du volume des trafics de voyageurs en raison
des déplacements et de l'accroissement de la démographie en Côte d'Ivoire, mais aussi dans les
pays sahéliens. On a constaté une progression du trafic de voyageurs à des proportions
intéressantes. Le trafic est passé de « 70 millions de voyageurs-kilomètres en 1957 à 374
millions de voyageurs-kilomètres en 1963 »160•
!:
-QI
541
E 600
-2
~ 500
~
::a
400
"ai
î 300
g
,:: 200
e!
.Q 100
E
i 0
111963 111964 W 1965 111966 liill 1967 W 1968
Source: Graphique réalisé par nous à partir de République de Côte d'Ivoire, Etude des
transports en Côte d'Ivoire, Paris, volume 1, rapport général, Op. Cit., p.8.
159
Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.315
160
Régie du chemin de fer Abidjan-Niger {1964), Compte rendu de gestion, Abidjan, 45 p., p.19.
161
Ibidem.
67
Cette baisse était consécutive à des aléas liés au trafic (baisse du taux de
remplissage des wagons de voyageurs). Le volume des trafics a repris en 1968 pour se hisser à
541 millions de voyageurs-kilomètres. Les activités du chemin de fer, par le biais de son service
de voyageurs, a connu une croissance rapide due aux importants échanges commerciaux qui
nécessitaient le déplacement des personnes.
Par ailleurs, les investissements qui ont été réalisé ont propulsé le trafic de
voyageurs, qui a connu une nette évolution de 1964 à 1970. A ce titre, en cinq années seulement
d'exploitation après l'indépendance, l'accroissement du trafic a été considérable. Ainsi, à partir
de 1968 jusqu'en 1976, les actions en faveur du chemin de fer ont permis au trafic de voyageurs
de la R.A.N de connaître une évolution du nombre de voyageurs et de voyageurs-kilomètres
comme le montre le graphique n°4.
3500
; 3000
& 2500
t •voyageurs
~
2000
~ • voyageurs-
t
.Q
1500 kilomètres
E
1 1000
500
0
1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976
---------- -···-- ------ ~-.---·----- --·- ·- -- ----------- --
Source : Graphique réalisé par nous à partir de données extraits de Jean Claude Arnaud,
"Transport" dans les Atlas de la Côte d'Ivoire, Op. Cit., p.60.
68
Le développement du trafic de voyageurs depuis 1960 a connu une croissance
Il fallait ajouter à cela le trafic à l'intérieur de la Côte d'Ivoire qui n'était pas
négligeable. Au regard de ces constats, le trafic connaissait une croissance. Ainsi, les
mouvements de voyageurs en provenance et à destination de la Haute-Volta en 1969 ont
164
enregistré « 284. 000 voyageurs sur un total de 545. 000 » • Le trafic international de voyageurs
est apparu comme un élément essentiel dans le trafic général.
16
Sur les « 700 millions de voyageurs-kilomètres enregistrés en 1971 » 5, l'on a
observé à la montée « 349 millions de voyageurs-kilomètres dont 202, 9 millions pour le trafic
international et 146, 1 millions de voyageurs-kilomètres pour le trafic intérieur de la Côte
d'Ivoire »166• A l'arrivée, l'on a enregistré « 315,9 millions de voyageurs-kilomètres dont 221
167
millions pour le trafic international contre 94,9 millions » pour le trafic à l'intérieur de la
Côte d'Ivoire. Ces chiffres ont montré que le trafic international de la voie ferrée participait
pour beaucoup à l'accroissement du trafic global de voyageurs de la R.A.N. (voir le graphique
162 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire/Haute-Volta, évaluation d'un projet régional de chemin de fer, Op. Cit., p.
iii.
163 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.315.
164 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit., p.7.
165 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.37.
166 Alain Konan BROU, Op. Cit., p.26.
167
Ibidem.
69
Graphique n°S: Evolution du nombre de voyageurs par le rail
de 1976 à 1979 en millions/kilomètres
1400
1254 1217
"'CIi•..
-
,CIJ
E
..E
1200
1040
1113
~ 1000
"'•..::::J • Voyageurs/km
CIi
01)
800
ro
>
0 600
>
CIi
"O
•..
CIi
.0
400
E
0 200
z
0
1976 19n 1978 1979
····-
Source : Graphique réalisé par nous à partir de Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au
secteur routier, rapport d'évaluation, 1980, Op. Cit., p.37.
Les données du graphique n°5 indiquent que depuis 1976, le trafic de voyageurs du
réseau ferroviaire « s 'est accru en moyenne de 10, 9% l'an, tandis que le nombre de voyageurs-
kilomètres a presque triplé au cours de la même période »168• De 1.040 millions de voyageurs-
kilomètres en 1976, ce trafic a connu une évolution constante pour aboutir, en 1979 à 1.277
millions de voyageurs-kilomètres. Les déplacements sont entrés dans les habitudes des
populations.
Elles parcouraient de longues distances, quittant leur zone d'origine pour aller
découvrir d'autres régions pour des raisons multiples, (visite, recherche de conditions de vie
meilleure et de travail, etc.). Cet engouement pour les voyages a été aussi suscité par les
améliorations du réseau ferroviaire, surtout au milieu des années 60. Ainsi, l'accroissement du
trafic de voyageurs a conduit à une croissance des recettes tirées de ce trafic. Elle a montré la
bonne santé du transport ferroviaire en Côte d'Ivoire, (voir le graphique n°6, page.71).
70
Graphique n°6: Evolution des recettes voyageurs de la RAN
de 1961 à 1979
et 9000 8111
..u
•.
8000
"'C
u
-..
ta
QI
"C
7000
6000
"'C 5000 4490
,g
4000
Ï:!: 2829
C
QI 3000
2115
..
QI
1561
--
u 1000 1241
QI 783
a: 1000
0
•1961 • 1965 ;;, 1970 •1972 • 1974 1976 • 1978 a1979
Source: Graphique réalisé par nous à partir de Régie Abidjan-Niger, Documents financiers
et statistiques 1970-1971, Abidjan, 1971, p.10. et de Banque Mondiale, Côte d'Ivoire
prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, 1980, p.37.
Les recettes engrangées par la R.A.N se traduisent à travers ce graphique n°6 par
une évolution de celles-ci dans le domaine du trafic de voyageurs de 1960 à 1979. Ainsi, de 783
millions de francs CFA au début de l'indépendance, les recettes ont atteint 1 milliard 241
millions de francs CF A en 1965. Elles ont franchi le cap des 8 milliards de francs CF A en 1979.
Cette nette évolution des recettes était due en grande partie au trafic international du réseau
ferroviaire.
Au même titre que le trafic des voyageurs, le trafic de marchandises a connu, lui
aussi, une croissance dans le temps et dans l'espace. Dans le temps parce que les
investissements réalisés ont permis au trafic d'être en nette progression de 1960 à 1980, même
si des perturbations étaient à signaler pour des raisons multiples (baisse de la fréquence de
remplissage des trains, problèmes d'approvisionnement en marchandises, etc.). Une
progression dans l'espace en raison du tracé du chemin de fer qui permettait à la Côte d'Ivoire
d'avoir des clients au nord du pays (Mali, Haute-Volta).
71
Le trafic de marchandises constituait une activité essentielle pour le rail et en raison
croissance.
175
Dans le domaine du trafic wagon et des services, ce sont« 715.609 tonnes » de
marchandises qui ont été transportées à cette période. Dans l'ensemble, de 1960 à 1976, les
investissements et la croissance des activités économiques en Côte d'Ivoire et dans les pays
limitrophes du nord ont permis d'accroître le trafic de marchandises de la voie ferrée comme le
72
Graphique n°7: Trafic de marchandises de la R.A.N
de 1960 à 1976 ( en millions)
----.------------ ----- -- ----- -
600 - ------ ---·----
558
= ----
528
500 1
----- -·---
443--
QI
C:
C: '
1
2 400 1
C:
..,
QI
QI
300
,-
-!!!
'b
C: 210,4
a
,C
~ 200
i 100
..
- -
0
1960 1964 1968 1972 1974 1975 1976
Source : Graphique réalisé par nous à partir de Pierre DU PREY, La Côte d'Ivoire
de A à Z, Abidjan, NEA, 1977, 128 p., p.30.
Les données du graphique n°7 montrent que le monopole dont jouissait le chemin
de fer à partir de 1960 pour le transport des marchandises se ressentait directement sur
l'accroissement du volume des activités. En effet, de 1960 jusqu'à la fin de la première décennie
de l'indépendance, la croissance a été régulière. Ainsi, en 1964, l'on a enregistré 312, 9 millions
de tonnes de marchandises transportées. Ce volume a progressé à 345,3 millions de tonnes en
1968. A partir des années 70, le compteur affichait 481 millions de tonnes de marchandises
chargées en 1972.
176En 1973, c'est le premier choc pétrolier qui agit sur les économies du monde entier. La Côte d'Ivoire, à l'instar
d'autres pays dans le monde, a été fortement touchée. Dès lors, tous les secteurs d'activité dont celui des
transports ont connu d'énormes fluctuations conjoncturelles. Cette crise a eu un effet négatif sur l'élan
d'intervention de l'Etat dans le processus de développement à travers sa capacité financière à investir.
73
Cette situation était consécutive au « conflit »177 qui a opposé ces deux pays à cette
période. Le trafic a repris en 1976 et le cap des 500 millions de tonnes-kilomètres a été franchi.
Cette évolution s'est poursuivie jusqu'en 1980. Au regard de l'importance des relations
commerciales de la Côte d'Ivoire avec ses voisins du nord, le trafic international de
marchandises a occupé une part importante du trafic global de la R.A.N.
En ce qui concerne les parts d'échange du Mali avec ou à travers la Côte d'Ivoire,
une part importante a été accordée aux exportations. L'essentiel de ces échanges s'effectuaient
au départ ou à destination d'Abidjan, mais aussi de Bouaké. Concernant les itinéraires
d'approvisionnement du Mali via le chemin de fer, ils se présentaient comme suit, (voir le
tableau n° 1 1 ).
par la route.
177 Ce conflit connu sous le nom de guerre de la bande d' Agacher a opposé le Mali et la Haute-Volta. Il concernait
une zone frontalière litigieuse (c'est une fine langue de terre d'une trentaine de kilomètres de long, à cheval
entre le Mali et La Haute-Volta). Depuis leurs indépendances au début des années 1960, les deux pays se
disputent cette zone désertique riche en minerais. En décembre 1974, les militaires maliens et voltaïques
s'opposent lors d'une première guerre dénommée la "guerre des pauvres". Les combats ne durent que deux
jours et se soldent par quelques morts, avant qu'une médiation des pays voisins mette fin au conflit. Elle a eu
pour conséquence le refroidissement quelque peu des relations entre les deux pays. Source : Roger BENJAMAIN,
"Il y a trente ans éclatait la guerre de Noël entre le Mali et le Burkina Faso". Article mis en ligne par Jeune Afrique,
le 25 décembre 2015, à 10 heures 24 minutes.
74
Cela permettait un gain de temps. mais aussi des économies appréciables dans le
transport. Néanmoins, à Ouagadougou. les marchandises arrivaient à destination finale, on
évitait des pertes et le transport par la route s'effectuait sur des routes de qualité, car elles
reliaient la capitale au reste du pays. En outre, un autre constat s'imposait. Dans les échanges,
les importations étaient plus importantes que les exportations.
Cette situation découlait des besoins du Mali. Ils étaient importants en produits
manufacturés et autres. alors que dans le domaine des exportations. ces besoins se résumaient
à quelques produits agricoles et au bétail. Ce déséquilibre n'affectait en rien le volume du trafic
de marchandises du chemin de fer. La compensation s'établissait entre le volume des
exportations et celui des importations. sans oublier que les produits échangés étaient aussi
Tableau 11°12 : Catégories de marchandises et quantités transportées dans les échanges avec
le Mali (milliers de tonnes)
Importation Catégorie Exportation
Catégorie
28 Bétail 25
Hydrocarbures
10 Poisson sèche 3,5
Cola
12 Coton. arachide et autre 16,5
Ciment
Autres marchandises 30
80 TOTAL 45
TOTAL
Source : Tableau établi par nous à partir des chiffres extraits République de
Côte d'Ivoire. Etude des transports en Côte d '/voire, Paris. volume 2. perspectives de
développement économique. Op. Cit .. p.205.
Les chiffres du tableau 11°12 indiquent qu'au niveau de la ventilation des échanges
avec le Mali. les importations primaient sur les exportations. Elles étaient en grande partie
composées d'autres marchandises et d'hydrocarbures. L "essentiel du carburant utilisé au Mali
provenait de la raffinerie d'Abidjan, et avec le développement du Mali, le besoin en carburant
pays occidentaux.
75
Le troisième produit qui entrait dans les exportations était le poisson séché. li
approvisionnait les différents marchés de la Côte d Tvoire. C'est le cas du poisson séché
dénommé "Bamakô" du nom de la capitale malienne. li est très prisé par les populations
En dehors du Mali, la Haute-Volta est l'autre pays ayant des liens commerciaux
aussi importants avec la Côte d'Ivoire. Depuis la période coloniale jusqu'à t·indépendance, la
Côte d'Ivoire et la Haute-Volta entretenaient des liens commerciaux privilégiés. De 1960
jusqu'en 1980. ces liens se sont accentués dans tous les domaines et dans tous les secteurs
d'activité. Dans le transport de marchandises via le chemin de fer. l'accroissement du volume
dactivité, ainsi que les différents produits transportés ont montré la bonne santé des liens
total »178. Ces indications prouvent l'importance du chemin de fer dans le trafic de
marchandises entre les deux pays. Les produits qui entraient dans le trafic variaient à
l'importation comme à l'exportation comme le montre le tableau n° 13.
Tableau 11°13 : Nature des produits et quantités transportées dans les échanges entre
la Haute-Volta et la Côte dïvoire en 1967
Source: Tableau établi par nous-même à partir de Etude des transports en Côte d'Ivoire,
Paris. volume 2, perspectives de développement économique. Op. Cit.. p.21 O.
178 République de Côte d'Ivoire (1970), Etude des transports en Côte d'Ivoire, Paris, volume 2, perspectives de
développement économique, Op. Cit., p.210.
76
Le constat à partir des chiffres du tableau n° 13 de la page 76, est que la part des
importations était largement supérieure à celle des exportations. Dans le domaine des
importations de la Haute-Volta, les autres produits (manufacturés) et les produits pétroliers
dominaient, ensuite venaient les denrées alimentaires et les matériaux de construction.
Concernant, les exportations, le bétail occupait la première place parce qu'il fallait
constamment importer le bétail à partir des pays comme le Mali et la Haute-Volta.
On a vu que les hydrocarbures parcouraient une longue distance que l'ananas pour
arriver à destination. Ce fut le cas des produits élaborés et divers. En 1970, les produits à
l'importation concernaient les produits pétroliers, les marchandises diverses, le ciment et à
l'exportation, on avait le coton balle qui occupait une part importante du trafic en raison de
C'est le cas aussi de la Côte d'Ivoire dont lïndustrie cotonnière a été l'une des plus
performantes del' Afrique de l'Ouest. Le trafic international avec l'arrière-pays sahélien a pris
de la valeur au fil des années, en fonction des besoins des différents pays. Un récapitulatif du
trafic entre la Côte d'Ivoire, le Mali et la Haute-Volta à partir de 1970 jusqu'en 1980 s'impose
pour comprendre la valeur des relations commerciales entre ces trois pays, (voir le tableau n° 14
de la page 78).
77
Tableau 11°14: Evolution de la nature des marchandises échangées dans le Trafic de la
Côte d'Ivoire avec le Mali et la Haute-Volta de 1970 à I 980 (milliers de tonnes)
Mali Haute-Volta
Nature
1970 1975 1980 1970 1975 1980
Sortie de Côte d'Ivoire
3,3 3,7 45 1,2 1.2 1,4
Noix de coco
10.5 12,5 14.0 17.5 19.1 21.0
Noix de cola _:,
- - 70 100 1r
Hydrocarbure -
12.0 18.0 25 13 12 20
Produit de consommation final
- - - 10 10 10
Produits intermédiaires
25,8 34,2 43,5 111,7 142,3 177,4
Sous total échanges commerciaux
25,0 35.0 50,0 80,0 80.0 80.0
Transit
50,8 69,2 93,5 191,7 222,3 257,4
Total
Entrée en Côte d'Ivoire
2,5 4,0 5.3 3,8 6,0 8,0
Produits vivriers
33.9 36,0 39 33.0 42 55
Bétail viande
4,7 4,7 4,7 - - -
Poisson
41,1 44,7 49,0 36,8 48 63
Sous total commerciaux
25 45 60 45 60 80
Transit
66.1 89,7 109 81.8 108 143
Total
Tous trafics
66,0 78,9 92.5 148,5 190,5 240,5
Echanges commerciaux
50 50 110 125 140 160
Transit
116,9 158,9 202,5 273,5 330,5 400,5
Total
Source: Tableau établi par nous à partir des chiffres extraits de République de Côte dIvoire,
Etude des transports, Paris, volume 2. Perspectives de développement économique.
Op. Cil, p.213.
78
Au niveau du sous-total des échanges commerciaux, la progression était visible
dans le trafic avec les deux pays. Comme exemple, avec le Mali, de 25.800 tonnes, en 1970, le
trafic a atteint 43.500 tonnes, en 1980. Ce volume est appréciable pour un pays dont une part
importante du trafic s'effectuait par la route au détriment du chemin de fer. Avec la Haute-
Volta. les données étaient toutes différentes. Le trafic de marchandises seffectuait en grande
La perte au profit de la route était moins sensible et parfois même inexistante. Dans
l'ensemble, le trafic avec le Mali et la Haute-Volta, en ce qui concerne les entrées de
marchandises a été tout aussi croissant, néanmoins, le trafic au départ de la Côte d'Ivoire était
supérieur à celui en provenance du Mali et de la Haute-Volta. En somme, les échanges
commerciaux avec le Mali et la Haute-Volta de 1970 à 1980 indiquaient un volume d'activité
en constante croissance. En effet, les caractéristiques du chemin de fer dans le domaine du
transport de marchandises lourdes ont été en sa faveur dans ce trafic avec les différents pays.
79
Avec le Mali, malgré la perte du volume d'activité au profit de la route, les chiffres
Côte d'Ivoire.
produits transportés, mais aussi du trafic en général. La R.A.N a mis tout en œuvre pour
s'assurer une part plus importante du trafic vers le nord de la Côte d'Ivoire et en Haute-Volta.
Les actions ont permis la progression du trafic des marchandises. ainsi que la croissance des
marchandises à partir de 1970 avec une baisse constatée, en 1972 et en 1976. Cette baisse était
en partie liée aux aléas de la crise pétrolière de 1973. mais aussi aux taux de remplissage des
wagons. Le volume du trafic a repris à partir de 1977 pour encore connaître une autre baisse du
80
Cependant, au niveau des recettes du trafic de marchandises. l'on a enregistré une
croissance. Les chiffres du tableau n° 15 de la page 80 ont permis de constater une évolution
très remarquée des recettes du trafic, même si une baisse était observée, en 1979. De 1960 à
1970, les recettes ont augmenté et se sont poursuivies dans le temps. En 1976, elles ont été de
plus de quatre milliards de francs CFA et, en 1979. malgré une légère baisse. les recettes étaient
81
CHAPITRE II :
PLACE ET ROLE DES TRANSPORTS TERRESTRES INTERURBAINS
DANS L'ECONOMIE IVOIRIENNE
A)LAPLACEDESROUTESETDUCHEMINDEFERPARRAPPORT
AUXAUTRESTYPESDETRANSPORT
Ces moyens de transport sont apparus comme les mieux outillés et les plus
développés par rapport aux autres types de transports pour convoyer les marchandises et les
voyageurs. En effet, le chemin de fer et les liaisons routières qui avaient été utilisés pour la mise
en valeur du territoire par l'administration coloniale, étaient les meilleurs atouts de l'Etat dès
1960.
82
Des aérodromes existaient, et le transport lagunaire était courant. Cependant, les
autorités ivoiriennes ont accordé beaucoup plus d'importance aux transports terrestres
interurbains. Elles ont permis aux routes et au chemin de fer d'être les outils essentiels dans le
trafic de marchandises et de voyageurs sur l'étendue du territoire. Ils constituaient des moyens
de masse et permettaient des économies appréciables pour l'acheminement des marchandises
C'est ainsi qu'à partir de 1965, des politiques ont été initiées pour le développement
des infrastructures économiques, et six ans plus tard, c'est-à-dire de 1971 à 1976, l'Etat a injecté
179
« 48.5 milliards defrancs CFA dont 25 milliards de.francs CFA pour les transports » dans
le développement économique de la Côte d'Ivoire. L'on insiste de prime abord sur ces chiffres
pour montrer que tous les types de transport ont été au cœur des préoccupations de l'Etat.
Cependant, les transports terrestres interurbains l'ont été encore davantage.
le tableau n° 16.
Tableau n°16 : Les investissements dans les transports par secteur de 1971 à 1980
179 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, volume 1, rapport général, Op. Cit., p.7.
180
Ibidem.
181 Alain Konan BROU, Op. Cit., p.46
83
Au regard des chiffres du tableau n°16 de la page 83, l'Etat a cherché à développer
les moyens de transport. A ce sujet, aucun n'a été négligé. Cependant, les transports terrestres
interurbains ont été prioritaires par rapport aux autres types de transports en général et le
transport aérien en particulier. Les chiffres du tableau n° 16 ont permis de constater que les
investissements réalisés par l'Etat dans le domaine des transports terrestres interurbains
s'élevaient à « 24 milliards de francs CFA »182, soit plus de la moitié du total des
183
investissements de 1971 à 1975. Ce montant est passé à« 42,5 milliards defrancs » CFA de
1976à1980.
Lorsque l'on compare ces sommes à celles qui ont été investies dans l'aéronautique,
la remarque était que l'Etat avait opéré le choix de développer les transports terrestres
interurbains. L'objectif était de rendre accessible l'ensemble du territoire et permettre par
conséquent aux populations ivoiriennes et étrangères de circuler aisément. Tel ne fut pas le cas
du transport aérien qui se caractérisait par un nombre restreint d'aérodromes et semblait être
réservé à « une élite » 184.
182 Chiffre obtenu à partir du tableau n°l6 de la page 83 en additionnant les montants investis dans les routes,
ponts et bac avec ceux investis dans le chemin de fer afin de montrer l'écart d'investissement entre les
transports terrestres interurbains et les autres types de transport.
183
Ibidem.
184 Groupe minoritaire de personnes ayant dans une société, une place éminente due à certaines qualités
valorisées socialement.
185 Alain DUBRESSON, Op. Cit., p.273.
186 Pierre DU PREY, La Côte d'Ivoire de A à Z, Op. Cit., p.30.
187
Ibidem.
188 Henri BOURGOUIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.121.
84
Par ailleurs, comme le soulignait Germain Yao KOUAKOU, « les routes
occupaient une part importante des trafics par rapport à l'avion et aux lagunes. La route était
le moyen de transport le plus accessible. Elle était moins chère par rapport au transport aérien
189
et .fluvio lagunaire. Les routes parcouraient l'ensemble du territoire » et rapprochaient les
populations. La route et le rail montraient leur efficacité sur les longues distances.
Ils étaient performants que ce soit le gros camion ou le wagon en ce qui concerne
la possibilité de transporter un nombre important de marchandises et de rouler longtemps. En
tout état de cause, les transports terrestres interurbains, du point de vue des quantités de
marchandises ont été les plus rentables dans presque tous les cas pour les autorités ivoiriennes.
Ils surclassaient largement le transport aérien. même si sur les lignes côtières. l'avion gagnait
du terrain.
A l'analyse des informations du tableau 11° 17, les transports terrestres interurbains
supplantaient les voies aériennes, parce que le transport aérien en Côte d'Ivoire était moins
développé que ne laissait supposer l'image économique du pays. Cela tenait à la « densité du
réseau routier, mais surtout en raison du coût élevé du prix du transport qui fait de l'avion un
189 Entretien avec M. KOUAKOU Yao Germain, le mercredi 1 avril 2015 à son bureau à la Direction Générale des
Infrastructures Routières, 3eme étage (Abidjan-plateau).
190 République de Côte d'Ivoire (1970), Etude des transports en Côte d'Ivoire, le transport aérien, France, volume
85
Les transports terrestres interurbains étaient plus accessibles pour les déplacements
sur l'ensemble du territoire que l'avion qui a une étiquette de moyen de transport pour les
personnes aisées. Dans le cas contraire, même si I' Ivoirien moyen réussissait à prendre l'avion
ne serait-ce qu'une seule fois, c'est juste une expérience qui le marque, parce que la possibilité
de recommencer n'était pas évidente. Le transport aérien était encore inaccessible pour une
importante frange de la population ivoirienne. Une analyse du tableau n° 17 de la page 85 a
permis de constater que la route et le chemin de fer parcouraient de longues distances à des
vitesses raisonnables.
Ils offraient au niveau des prix moyens beaucoup d'avantages par rapport à l'avion.
De même, les transports terrestres interurbains transportaient en quantité et en qualité à des prix
étudiés par rapport à l'avion, qui pour le transport à l'intérieur de la Côte d'Ivoire proposait 185
francs CF A. Les aérodromes étaient en nombre insuffisant et moins équipés. Tous ces constats
demeuraient des handicaps pour le transport aérien. La priorité accordée aux routes et au chemin
de fer était encore perceptible, quand l'on prenait le cas du chemin de fer par exemple.
Le rail présentait des caractéristiques favorables pour un trafic évolutif plus que
l'avion du point de vue de la quantité des marchandises à transporter et le prix. Il connaissait
du succès sur les moyennes et longues distances. Il offrait une grande efficacité énergétique,
tout en assurant le déplacement d'un maximum de marchandises et de voyageurs. Lorsque le
trafic est exprimé en tonnes de marchandises et en milliers de passagers, le chemin de fer était
de loin « le moyen de transport contemporain le plus économique. Du point de vue sécuritaire,
c'est un des moyens les plusfiables » 192•
11 jouissait d'un monopole au même titre que la route. Ils avaient pour eux plusieurs
facteurs qui contribuaient à leur réussite. La capacité des trains et des véhicules à transporter
les marchandises et les voyageurs sur de longues distances à travers toutes les zones de la Côte
d'Ivoire était un point essentiel dans la primauté accordée à ces moyens de transport. Des cars
de transport de passagers assez spacieux et de gros camions ralliaient chaque jour les localités
à l'intérieur et à l'extérieur de la Côte d'Ivoire. Les transports terrestres interurbains étaient
considérés comme une des conditions essentielles de « tout transport donc de toute vie
économique » 193.
192
République de Côte d'Ivoire, V/ème Congrès du PDCI-RDA, 15-16 octobre, Op. cu., p.230.
193
République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire, vingt ans, Op. Cit., p.115.
86
C'est à cet effet que face à l'avion, la route était même le moyen de transport
incontournable pour le transport des voyageurs et des marchandises sur les petites distances,
quand le chemin de fer se chargeait de l'effectuer sur les longues distances à des prix
abordables. Par ailleurs, la politique adoptée au milieu des années 60 par la Côte d'Ivoire en
matière d'infrastructures routières et ferroviaires, confirmait encore cette importance accordée
aux transports terrestres interurbains par rapport au transport aérien.
Elle visait d'une part à développer les grands axes internationaux et ceux qui
reliaient les principaux pôles économiques du pays, là où le transport aérien était inexistant.
D'autre part, désenclaver toutes les régions du pays afin de faciliter la mise en valeur des
ressources disponibles. Les routes étaient à l'abri de la concurrence sur une quantité
d'itinéraires secondaires. Cette logique était perceptible lorsqu'il s'agit de transporter des
marchandises sur de longues distances ou pour des chargements unitaires peu importants.
La primauté était encore incontestée par rapport au transport aérien dans la mise en
valeur progressive des régions de plus en plus éloignées des aérogares et d'Abidjan. En effet,
« la pénétration dans les zones forestières ou des savanes nouvelles était rigoureusement liée
au développement des routes »194• Les handicaps de la route disparaissaient quand l'on se
focalisait sur ses avantages. A l'image du rail, elle a la capacité d'assurer une infinité de
relations. Elle était la seule à mailler presque totalement le territoire et à permettre des relations
directes d'un point à un autre sans rupture de charge.
Cette facilité lui permettait d'être à la fois rapide et économique. La route a donc
logiquement supplanté l'avion dans les liaisons à l'intérieur de la Côte d'Ivoire. Les atouts dont
disposaient les transports terrestres interurbains ont confirmé leur suprématie par rapport au
transport aérien. En effet, de par leur complémentarité, les routes et le chemin de fer ont été
indissociables au développement économique de la Côte d'Ivoire. Ils avaient l'assentiment des
autorités ivoiriennes par rapport aux autres modes de transports. Ils offraient l'une des
meilleures conditions de coût et de sécurité.
194
Communauté Economique Européenne (1969), Les transports en Côte d'Ivoire, étude préliminaire, Paris,
SEDES, 37 p., p.15.
87
Par rapport aux transports aériens, les routes et le chemin de fer ont reçu plus
d'attention de la part de l'Etat durant les deux premières décennies de l'indépendance de la
Côte d'Ivoire. Les résultats de ces investissements ont été remarquables. Le trafic global de
voyageurs, en 1968 oscillait déjà à plus de 12 millions de déplacements et plus de 2 milliards
de voyageurs/kilomètres réparti comme suit, (voir le tableau n°18).
195
Ce pourcentage a été obtenu en additionnant le pourcentage de progression des routes à celui du chemin
de fer dans le tableau n°l8 de la page 89.
88
Tableau n°19 : Trafic de marchandises par modes de transport en 1968
Au regard des chiffres du tableau 11° 19, le transport de marchandises était encore
assuré pour une très grande part par les transports terrestres interurbains. Une nette percée du
transport lagunaire avec le transport de bois en grume est à signaler tout de même. Les chiffres
du transport aérien étaient insignifiants par rapport aux trafics de marchandises de la route et
du rail.
Comme pour les voyageurs, la part des transports terrestres interurbains était
prépondérante,« 95,3% >>196 des quantités de marchandises transportées ont été assurées par ces
deux types de transports. La route à elle seule assurait plus de « 70% »197 du trafic de
marchandises en tonnes/kilomètres. La part du transport privé était relativement importante
puisqu'elle a atteint pratiquement 30% du total du trafic et 36% de l'ensemble du transport
routier.
Quant au trafic ferroviaire, il assurait 14% du trafic en tonnage, mais près de 25%
des tonnes/kilomètres. Les transports terrestres interurbains étaient les types de transports ayant
la primauté par rapport au transport aérien dans le trafic de marchandises et le déplacement des
voyageurs. Cela était dû à leur performance à l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte d'Ivoire.
Cette primauté était aussi perceptible par rapport au transport fluvio-lagunaire.
196
Ce pourcentage a été obtenu en additionnant le pourcentage de progression des routes à celui du chemin
de fer dans le tableau n°l8 de la page 89.
197
Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, Côte d'Ivoire, évaluation du deuxième
projet routier, Op. Cit., p.4.
89
2- Les voies routières et ferroviaires, les primautés de l'Etat
par rapport aux voies fluvio-lagunaires
Dans le trafic de voyageurs par exemple, les pirogues et les pinasses ne pouvaient
pas concurrencer les cars de transport, les taxis-brousse et surtout le chemin de fer. Le train
conservait avec le temps une position très compétitive en matière de rapidité sur les longues et
moyennes distances. La capacité des camions et des wagons à transporter des marchandises en
grande quantité, et sur de longues distances ont été des facteurs très déterminants dans
l'accroissement du trafic. La concurrence existait certes, mais elle était quasiment à l'avantage
de la route et de la voie ferrée.
Ce monopole constaté ici aussi était dû aux difficultés rencontrées par le transport
fluvio-lagunaire. En effet, les fleuves et les lagunes n'offraient pas très souvent des possibilités
de transport à cause des rapides. Ce qui rendait les voies lagunaires et fluviales peu praticables.
En 1960, le transport par voie d'eau ne représentait qu'une part très relativement faible en
tonnes/kilomètres dans l'ensemble des transports de marchandises.
198
Communauté Economique Européenne, Les transports en Côte d'Ivoire, étude préliminaire, Op. Cit., p.13.
90
Tableau n°20 : Les investissements par modes de transport en millions de 1960 à 1969
Les chiffres du tableau 11°20 indiquent des sommes importantes injectées dans le
financement du transport routier et ferroviaire. En 1960, déjà, ces moyens de transport étaient
des outils indissociables au développement de la Côte d'Ivoire. La construction et la
modernisation des routes et du chemin de fer étaient une priorité. La voie lagunaire n'est certes
pas laissée pour compte, mais au vu des investissements, la route et le chemin de fer ont été
plus au centre des préoccupations de l'Etat.
« effectué par des entreprises privées avec le matériel ancien »200. Il concernait le transport de
grumes et le minerai de manganèse.
Dans la plupart des cas, le transport du bois des chantiers au lieu d'écoulement était
effectué en grande partie par la route 75%, la flotte lagunaire ou fluviale assurait le reste du
trafic, tandis que 2,5% du tonnage était acheminé par rail. Les axes routiers empruntés par les
forestiers aboutissaient naturellement aux ports d'embarquement des billes et des bois débités,
c 'est-à-dire « Abidjan (90%) du trafic et Sassandra (5%), Grand Béréby et Tabou partageaient
199
Communauté Economique Européenne, Les transports en Côte d'Ivoire, étude préliminaire, Op. Cit., p.14.
200
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit., p.16.
91
201
les derniers 5% » . Les transports terrestres interurbains assuraient pratiquement seuls les
trafics de bois en grume au détriment des lagunes.
La voie d'eau avait perdu une importance relative au profit de la route parce que le
transport par la route était devenu le principal moyen d'évacuation du bois. En 1972. c'était par
San Pedro et non plus par Sassandra que sont évacués les bois de l'ouest ivoirien. Cette situation
était liée « au déplacement des zones d'exploitation vers/ 'ouest et à leur éloignement de plus
en plus grand d'Abidjan. ainsi qu'à l 'amélioration du réseau routier )/02. En effet
l'exploitation forestière depuis la période coloniale a réduit la superficie du couvert végétal. Il
a fallu se déplacer à lïntérieur du pays vers l'ouest pour avoir des essences exploitables.
Ces zones d'exploitation étaient loin des lagunes, alors les seuls moyens
d'évacuation vers les points d'exportation ont été les routes. Ainsi. les axes les plus empruntés
étaient Abengourou-Abidjan, Daloa-Yarnoussoukro-Abidjan, Man-Gagnoa-Abidjan. La voie
routière reliant le port de San Pedro a été une des excellentes liaisons pour l'évacuation des
grumes. Lorsque l'on observe l'ensemble des catégories de marchandises transportées par les
moyens de transport, les routes et le chemin de fer ont été largement utilisés par rapport aux
voies lagunaires comme le montre le tableau 11°21.
201
République de Côte d'Ivoire, vr=
Congrès du PDCI-RDA, Op. Cit., p.230.
202
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, Paris, volume 2, Op. Cit., p.7.
92
689 560 4.809 I 972,4 I 341,5 1378,9
TOTAL 3.560
Source: Tableau établi par nous à partir des chiffres extraits République de Côte d'Ivoire,
Etude des transports en Côte d'Ivoire, Paris, volume I, rapport général, Op. Cit., p.\ 2.
Au regard des chiffres du tableau 11°21 de la page 92, l'on observe une diversité de
marchandises transportées par les moyens de transport. Concernant les types de transport qui
avaient la priorité dans le trafic de ces différentes marchandises, les transports terrestres
interurbains ont occupé une place de choix par rapport autres types de transport. Les quantités
de produits vivriers, celles du café et du cacao ont permis de montrer que la route et le chemin
de fer se sont octroyés une position dominante au détriment du transport fluvio-lagunaire.
Ce fut aussi le cas sur un certain nombre de produits comme les autres produits
agricoles, les produits alimentaires, les produits élaborés et divers, le ciment et les matériaux
de construction, sans oublier les hydrocarbures. Au total, que ce soit en milliers de tonnes où
transports terrestres interurbains. Cette suprématie s'est accentuée beaucoup plus sur des
catégories de marchandises spécifiques. Si l'on prenait le cas des enrochements. la voie ferrée
Depuis l'indépendance, les transports terrestres interurbains ont occupé une place
importante dans le trafic de marchandises et le déplacement des personnes. Ils ont supplanté les
autres modes de transports. L'Etat a réalisé des efforts pour développer le transport aérien et le
transport fiuvio-lagunaire. Cependant, le couple rail-route, malgré la concurrence du transport
aérien et du transport fluvio-lagunaire, a été plus utilisé pour le transport des personnes et des
avait accordé une priorité aux transports terrestres interurbains dans sa politique de
développement de la Côte d'Ivoire. Ainsi, ces moyens de transport ont joué des rôles
93
1- L'acheminement des marchandises et des voyageurs
L'un des rôles fondamentaux des transports terrestres interurbains en Côte d'Ivoire
a été de faciliter les déplacements entre des points géographiques différents. Ils ont joué aussi
un rôle dans la structuration et l'organisation de l'espace et du territoire.
C'est dans ce cadre que les routes et le chemin de fer ont affecté la mobilité de
toutes les personnes et ont impacté leur bien-être économique, leur sécurité et leurs conditions
de vie sur l'ensemble du territoire. En effet, quand le système de transport était défaillant, il
était source de frustrations, de pertes économiques, d'absences de bien-être et de mobilités.
Cependant, lorsqu'il était efficace et performant, il fournissait des opportunités et des bénéfices
économiques et sociaux. Les routes et le chemin de fer ont facilité le déplacement pour l'accès
aux services de santé et à un bien-être.
Ils ont façonné les villes et les régions en favorisant la mobilité des personnes. Les
transports terrestres interurbains ont eu un impact sur toute la société (usagers, fournisseurs,
entrepreneurs, gouvernements). La mobilité en général est une caractéristique fondamentale et
importante de l'activité humaine. Elle répondait à un besoin primordial. celui de se déplacer
pour aller d'un lieu à un autre, en fonction des motifs très variés et variables dans le temps.
Cependant, toutes les sociétés et tous les humains ne possèdent pas le même niveau
de mobilité. C'est pour cette raison que les sociétés ou les individus jouissaient d'une grande
mobilité avaient généralement plus d'opportunités de se développer que ceux n'ayant qu'une
mobilité réduite. Les autorités ivoiriennes avaient le souci de permettre à la population de se
déplacer aisément sur l'ensemble du territoire. Elles devaient créer pour cela les conditions afin
de faciliter l'acheminement des marchandises vers les points dexpcrtation et d'importation.
Ce rôle assigné aux routes et au chemin de fer s'est soldé par un trafic de voyageurs
et de marchandises en constance croissance depuis l'indépendance. Le transport étant un facteur
économique de production de biens et de services, son rôle dans ce domaine a été d'ouvrir les
marchés aux produits. C'est ainsi que l'approvisionnement de ces espaces d'échange a été
effectué par l'acheminement des marchandises, que ce soit par les exportations ou les
importations. Les transports routiers et ferroviaires ont permis de mettre en place des circuits
commerciaux. Ils ont favorisé les échanges.
94
Ces moyens de transport ont engendré une spécialisation géographique, une
production à grande échelle, une augmentation de la compétition et de la valeur aux produits
manufacturés et agricoles par leur efficacité. Le chemin de fer s'est développé en Europe au
XIX"111c siècle et « s'est imposé comme un moyen de transport efficace pour les voyageurs et les
marchandises. »203. En Côte d'Ivoire, la voie ferrée a été introduite au xx= siècle par la
colonisation. Elle a été la première grande innovation technologique de transport terrestre et a
joué un rôle d'impulsion à une série d'importantes mutations en matière d'affrètement et de
mouvement de passagers.
Elle avait besoin de systèmes de transport adéquats, efficaces et fort variés, car « de
l'intégration des systèmes de transport adaptés à son espace physique, dépendait en majeure
partie son développement'i", L'ouverture et l'accroissement des échanges ont été possibles
grâce aux transports terrestres interurbains. Ainsi, la nécessité de produire et de vendre à
l'extérieur a parfois guidé l'Etat dans sa politique de construction et de modernisation des routes
et du chemin de fer.
203 Kélémory COULIBALY (2012), "De la gare de train au statut de ville: une dynamique du chemin de fer en
Côte d'Ivoire", in Revue de Géographie Tropicale et d'Environnement, n°l, pp. 61-67., p. 61.
204 José Mvuezolo BAZONZI (2005), Système de transports pour un développement intégré de l'Afrique : vers un
95
Si les routes ont été une nécessité pour la mise en valeur de la colonie, elles ont joué
un rôle indissociable dans le développement de la Côte d'Ivoire à l'indépendance. Ces moyens
de transport étaient incontournables et jouaient un rôle essentiel dans la croissance économique.
Lorsque l'on prend le cas des transports routiers, ils avaient pour fonction la rationalisation des
circuits de distribution, en assurant à tous les consommateurs ivoiriens et étrangers un
approvisionnement régulier et à moindres frais. L'application d'une politique de transport
intégrée a été la condition d'un aménagement harmonieux du territoire national.
Pour un Etat qui veut se doter d'une économie moderne, « la circulation des
personnes, le transport des marchandises à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières
208
étaient la condition et la conséquence de tout développement économique et social » • C'est
pour cette raison que les transports terrestres interurbains à partir de 1970 avaient eu pour rôle
de favoriser encore la communication exigée par les besoins administratifs, stratégiques,
touristiques ou géopolitiques. En outre, les routes et le chemin de fer ont permis les mobilités
et l'ouverture des marchés à la plupart des produits consommés venant d'ailleurs.
207 République de Côte d'Ivoire, \l"m• Congrès du PDCI-RDA, Op. Cit., p.6.
208 Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.109.
96
Ces moyens de transport ont dynamisé Je développement économique de la Côte
d· Ivoire. lis ont été un des éléments clés de la croissance économique et de la compétitivité des
secteurs d'activité. En effet, l'agriculture, l'industrie et les échanges extérieurs ont été
compétitifs dans une économie comme celle de la Côte d'Ivoire, parce qu'une infrastructure de
transport terrestre étoffée existait et jouait dans une large mesure un rôle indispensable. Pour
de longues années, la prospérité de la Côte d'Ivoire a été fonction du développement et du rôle
des transports terrestres interurbains dans les échanges extérieurs.
lis ont assuré une mobilité optimale des hommes et des marchandises. En somme,
de 1960 à 1980, l'un des rôles assignés aux transports terrestres interurbains a été de permettre
le déplacement des personnes sur l'ensemble du territoire et d'acheminer les marchandises à
l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte d'Ivoire. Ils ont été aussi de grands pourvoyeurs
209 Ministère du plan, Perspectives décennales de développement économique, social et culturel 1960-1970, Op.
Cit., p.6.
97
Lors de la construction d'une voie routière ou ferroviaire. ce sont des ouvriers
spécialisés ou non qui décrochaient un emploi le temps de la finition des chantiers. A la fin des
travaux et la voie ouverte à la circulation, des emplois indirects sont créés. li s'agit entre autres
des agents d'entretien des réseaux routiers ou ferroviaires. En outre. l'on a observé « une
floraison de commerce »1 '° tout autour des liaisons routières et ferroviaires afin d'assurer le
nécessaire aux usagers des transports terrestres interurbains. Des hôtels. des restaurants et le
ferroviaires.
De même. les routes et le chemin de fer ont aussi été des facteurs économiques de
production de biens et de services. Ils permettaient une production à grande échelle. Ce qui a
eu un impact sur la valeur des terres et a amené la spécialisation géographique de certaines
régions. lis étaient à la fois facteurs et reflets de l'activité économique. En d'autres termes, les
routes et le chemin de fer ont contribué au développement économique par la création d'emplois
et par diverses activités qui en découlaient. Un grand nombre d'emplois dans des domaines
divers (assurances. emballages, entretiens, agents de voyages, transitaires, garagistes,
ménage et bien d'autres) à proximité des gares devenait plus important. Dans les régions
traversées par le rail et les routes, naissaient de petits métiers (forgerons, couturiers,
mécaniciens. chargeurs) et de petites activités (vente de jus de fruit. d'objet artisanal, la vente
210 L'activité commerciale autour des gares porte sur la vente des produits manufacturés à usage domestique
comme les lampes, les torches, les ustensiles de cuisine, les tenues vestimentaires et autres. En outre, la gare
est le lieu d'échange des produits agricoles (igname, banane, manioc, riz, maïs, etc .. ). Les artisans vivant en
connexion avec la gare profitent pour écouler les objets sortis de leurs ateliers comme les porteries, les
masques.
98
En milieu rural, les populations en général, les femmes et les jeunes en particulier
menaient en connexion avec la circulation des voitures et des trains, de petits métiers qui les
occupaient. En outre, ceux-ci valorisaient les produits locaux (igname, banane, maïs, taro, le
mil, etc.). Les routes et le chemin de fer étaient des outils de transport totalement intégrés. Au
regard de leurs spécificités, ils permettaient à de milliers de personnes de vivre de petites
activités autour de l'unité de transport. L'on souligne par exemple à Katiola, à Bouaké et à
Dimbokro l'existence d'un nombre raisonnable de commerçants.
lis vivaient pour la plupart de l'économie informelle qui se greffait aux gares en
proposant aux voyageurs des produits comme des pagnes, des tenues vestimentaires, des outils
agricoles et bien d'autres. Les transports terrestres interurbains ont permis aux femmes des
différentes régions de la Côte d'Ivoire d'emprunter la voiture ou le train pour aller vendre leurs
productions dans les agglomérations voisines. L'on a constaté l'accroissement des métiers de
l'artisanat (potiers, forgerons, tisserands, bijoutiers et sculpteurs, garagistes) avec le
développement de la voie ferrée et des routes.
lis ont pris de l'importance dans les villes précitées où leur nombre était variable
d'une ville à une autre. La vie des populations était désormais rythmée par ces moyens de
transport et l'on observe l'importance d'un lieu : la gare. En effet, la gare devient la cellule de
211
base spatiale où « s'affirmait la rencontre entre l'ici et l'ailleurs » • C'est le lieu où se
mêlaient les productions, les identités, les attentes de ceux qui vivaient à proximité et de ceux
qui venaient d'autres horizons plus ou moins distants.
service de transport.
99
On pouvait y trouver« des bureaux. des sites de production d'entreprises qui ont
choisi de s )1 implanter. compte tenu des facilités de transport indispensables à leurs
activités »213• En outre, l'on installait des centres commerciaux dont .-< l'aire de chalandise était
favorisée par les commodités proposées par la densité des transports et l 'intensité des
circulations »21.,. La gare était un lieu dont l'attrait dépassait le passager en partance ou en
transit. Elle était incontestablement « source d'espoir, de travail potentiel et d'argent à
gagner »215.
La gare a été ouverte,« en 1912 »217, à 345 kilomètres d'Abidjan. Du point de vue
de son emplacement entre les localités du nord et celles du sud de la Côte d'Ivoire, la ville de
218
Bouaké a« assis son statut de pôle économique du nord grâce à la garefèrroviaire » . Chaque
gare rayonnant sur un périmètre plus ou moins grand, la gare ferroviaire de Bouaké « constituait
la porte d'accès au meilleur moyen de communication »219• La ville a connu une dynamique
sociale et économique grâce à l'importance de sa gare ferroviaire.
Ainsi, les opportunités d'emplois ont été effectives en raison des liens économiques
et commerciaux que créait la gare entre la ville de Bouaké et ses zones relais que sont les villes
secondaires et les villages. En outre, de nombreuses liaisons routières reliant la ville de Bouaké
aux zones relais devaient parfois leur existence à la gare ferroviaire. L'attrait de la gare a
propulsé la ville et « les villages les plus proches del 'agglomération y vendent volontiers leurs
. agrtco
proliuits . f es »--no.
220 Gérard ANCEY (1974), Relations de voisinage ville-campagne pour une analyse appliquée à Bouaké et sa
100
La gare de trains de Bouaké était un lieu de commerce très dynamique où « la
redistribution des produits vivriers notamment et la dynamisation de l'économie productive
locale »111 y trouvaient de la valeur. Les alentours de la gare ferroviaire ont vu se développer
des entreprises du petit détail, des tabliers ont été installés. Les marchands de poisson, les
bazars, les vendeurs de volaille et autres activités informelles se sont greffés à la gare pour
Par ailleurs, les entrepreneurs et les marchands ont utilisé la gare et les moyens de
transport pour capter la clientèle et le mouvement des passagers. Le commerce offrait aux
transporteurs une destination et de leur côté, les transports de masse développaient les échanges
et stimulaient la consommation. Dans l'accroissement des échanges, l'on ne pouvait ignorer le
développement des échanges au niveau des frontières de la Côte d" Ivoire avec les autres pays.
En effet, la frontière constituait un carrefour économique où transitait l'ensemble du fret en
L'on observe « une polarisation des activités économiques le long des axes et des
221
points de passage aménagés sur les.frontières communes » . En effet, à la naissance des Etats
postcoloniaux, les frontières ont inscrit le commerce frontalier dans un autre contexte. Ainsi, la
recomposition territoriale qui s'est opérée a entrainé « l'émergence d'espaces frontalières
reconnus comme tels et animés par des.flux commerciaux organisés au/Our de villages et villes
marchés »123.
Les villes frontalières en Côte d'Ivoire comme Korhogo (non loin de Sikasso et
Bobo-Dioulasso), Bondoukou (non loin de Sampa au Ghana) et Bouna (non loin de Batié et
Karnpti au Burkina Faso) tiraient un bénéfice de leur situation dù aux retombées du commerce
entre les pays. En effet. les villes localisées à proximité des frontières bénéficiaient« d'une
véritable rente de la situation etjouaient le rôle de tête de pont dans l 'inscription spatiale des
224
réseaux marchands » .
101
Ces réseaux de marchands qui se sont créés autour des frontières ont été matérialisés
par l'installation d'un certain nombre d'acteurs (correspondants, dépendants, courtiers, logeurs,
acheteurs, collecteurs, revendeurs et chargeurs). Les échanges entre tous ces acteurs ont été
favorisés par les axes routiers ou ferroviaires. Ainsi dans le cas du trafic entre la Côte d'Ivoire
et le Mali, l'axe routier Korhogo-Sikasso par la ville de Pogo était l'un des plus importants axes
frontaliers du nord de la Côte d'Ivoire. Par cette route bitumée très fréquentée transitait
225
«l'essentiel des échanges entre les deux états » .
En ce qui concerne la zone frontalière nord de la Côte d'Ivoire par exemple, les
marchés. les différents axes routiers et les postes douanières ont été « des lieux très actifs où
227
circulaient de nombreux produits provenant d'horizons divers » . En ces lieux, les échanges
commerciaux se sont polarisés sur le bétail, la volaille, les produits agricoles et maraîchers
(tomate fraîche, gombo, piment, etc.). les hydrocarbures. les engrais et les produits alimentaires
Au total, les gares routières, ferroviaires et les frontières ont été indispensables dans
la localisation des activités et la création des emplois. Par ailleurs. la R.A.N par exemple est
aussi par l'importance de son effectif et par la masse salariale qu'elle distribuait annuellement,
228
« l'un des plus importants employeurs en Côte d'Ivoire comme en Haute-Volta » .
102
Depuis 1960, l'on a enregistré une nette évolution des effectifs. Ainsi, du 3 1
229
décembre 1967 au 31 janvier 1971, le personnel est passé« de 3.984 agents à 4.043 agents » •
Avec les besoins de transport et la modernisation, les effectifs ont augmenté pour répondre à la
demande de plus en plus croissante du transport par rail, (voir le graphique n°8).
2000 • Exploitation
1800
• Matériel et traction
1600
âi
C
C 1400 Voie et batiment,
~ télécommunications et
X, 1200
signalisations
f 1000
.a • Etudes et travaux neufs
E
z0 800
• Administrations
600
400 SWLHT
200
0 • Assistance technique
1971 1973 1975 1976
------------
Source : Graphique réalisé par nous à partir des chiffres extraits de Banque Mondiale,
Côte d'Ivoire/Haute-Volta, Evaluation d'un projet régional de chemin de fer,
1977, annexe 4, p.6.
La remarque que l'on observe à partir du graphique n°08 est que le personnel de la
R.A.N du 31 janvier 1967 au 31 janvier 1971 a été évolutif. L'on avait relevé une augmentation
de « 246 »230 agents supplémentaires recrutés en 1971 par rapport à 1967. Cette augmentation
des effectifs a été poursuivie par la R.A.N à partir de 1970 jusqu'en 1976. Elle a renforcé son
effectif pour répondre aux attentes de la clientèle et permettre à l'entreprise de relever les
nouveaux devis dans le transport de marchandises et de voyageurs.
Les secteurs les plus pourvus en effectifs ont été ceux du matériel et traction, des
voies et bâtiments, de l'exploitation et enfin de l'administration. L'augmentation des effectifs
n'a pas toujours été constante, et l'on a constaté quelques légères baisses au niveau des postes.
La baisse la plus significative a été constatée de 1973 à 1976 au niveau de l'assistance
technique.
229Ministère de l'information, Côte d'Ivoire, faits et chiffres 1970, Op. Cit., p.56.
23 °
Chiffre obtenu lorsque nous avons réalisé la soustraction entre l'effectif des employés de la R.A.N de 1971
avec celui de 1967.
103
La raison est qu'après avoir misé sur la formation du personnel, la R.A.N confiait
ce poste à des nationaux au fil des années ; d'où la régression du nombre de postes que
détenaient les expatriés. Au total, le chemin de fer à l'image des routes demeurait l'un des
grands pourvoyeurs d'emplois dans l'économie ivoirienne. Les investissements qui ont permis
à la voie ferrée de réaliser sa mue ont eu des répercussions sur les effectifs. Il a fallu encore du
personnel pour assurer le bon fonctionnement des services de la R.A.N comme l'indique le
graphique n°9.
.1 Il 1 .
:!!
6 1400
i_!!
1
1200
1000
· 1·C. · Vole et batlment,
télécommunications
signalisations
et
0
z 800 • Etudes et travaux neufs
600
400 1111 • 1111 • 1111 • •• • •Administrations
200
0 - - - - ,,.swLHT
1971 1971 191D 1911
Source: Graphique réalisé par nous à parti des chiffres extraits de Banque Mondiale,
Côte d'Ivoire/Haute-Volta, Evaluation d'un projet régional de chemin de fer,
Op. Cit, annexe 12, p.2.
Dans l'ensemble, l'effectif est passé de 4.230 en 1971 à« 5.340 »231 en 1981, avec
232
« une augmentation de 12% depuis 1973, malgré des augmentations de trafics modérées » •
Ces chiffres ne comptaient pas « 800 membres d'un personnel temporaire »233 affecté à des
programmes d'investissement, tels que les travaux de renouvellement du tracé. Le graphique
n°09 indique une croissance des effectives au niveau de plusieurs postes. La croissance la plus
significative a concerné le matériel de traction, les voies et bâtiments et l'exploitation. Au
niveau des autres postes, la tendance a été à la hausse, mais aussi à la baisse selon les
performances et les besoins de la R.A.N.
231 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire/Haute-Volta, Evaluation d'un projet régional de chemin de fer, Op. Cit., p.83.
232
Idem, p.6.
233
Ibidem.
104
En 1977, l'on a enregistré plus de « 5. 195 agents qui travaillaient sur le réseau tout
entier.r ", En outre, la modernisation du réseau et du matériel de traction ayant abouti à
l'accroissement du volume des activités, il a fallu de la main d'œuvre pour pallier les
insuffisances constatées dans les différents services. Des emplois ont été créés à cet effet pour
répondre aux nombreuses attentes des usagers. C'est ainsi que l'effectif de la R.A.N arrêté au
31 décembre 1980 a été de « 5.240 agents »235.
Par ailleurs, la mise en place des routes et du chemin de fer a été à la base de la
création de certaines grandes zones industrielles (palmier à huile et hévéa au sud de la Côte
d'Ivoire) et de grands blocs industriels (unité de production d'huile de palme Ehania,
Toumanguié, production de sucre à Ferké I et II, Borotou). Cela a entraîné des connexions entre
les unités industrielles et les populations. Au centre de la Côte d'Ivoire par exemple, les
tisserands traditionnels de Bouaké et de Dimbokro achetaient les fibres à tisser produites par
les usines textiles de la région.
De même. le développement des cultures industrielles dans les zones traversées par
les routes et/ou le chemin de fer a accru le nombre de producteurs et la main-d'œuvre. L'on a
enregistré « 44. 701 Ivoiriens qui travaillaient dans le textile dans les années 70, soit 71% sur
un total de 63. 005 »236. Les réseaux de transport ont permis de créer des pôles économiques et
des zones d'influence dans les différentes localités de la Côte d'Ivoire. Une intense activité
économique a pris forme dans ces zones. Les échanges commerciaux et la création des services
se sont développés concomitamment avec le développement des routes et du chemin de fer.
Cela était lié aussi au volume croissant du commerce extérieur et intérieur. De tout
temps, les transports ont joué « un rôle essentiel dans l'ouverture d'un pays à de nouvelles
formes d'activités »237. L'existence de voies à gros trafic sur le territoire ivoirien, axe Abidjan-
frontière de la Haute-Volta par exemple a contribué à la fixation d'activités qui auraient pu se
développer en d'autres endroits si les voies de transport avaient été importantes. En effet, des
activités connexes se sont développées le long des axes routiers pour proposer des services
divers aux usagers. Ainsi, les stations de carburants profitaient de l'unité de transport pour
écouler le carburant acheté à la raffinerie d'Abidjan.
105
En dehors de ces stations, ils existaient de petits détaillants qui s'approvisionnaient
dans les stations. Ils proposaient leur service aux automobilistes en panne de carburant loin des
stations et aux motocyclistes qui préféraient se ravitailler chez eux que d'aller à la station. L'on
observait parfois l'existence de boutiques dans les stations permettant aux usagers du transport
qui n'avaient pas pu effectuer des courses, de s'approvisionner avant de reprendre la route.
Quant aux garages. leur existence était liée au dépannage des véhicules. Leur utilité
était avérée dans la mesure où une panne pouvait survenir au cours du voyage et ces garagistes
permettaient aux automobilistes de poursuivre leur trajet ou mettre en lieu sûr le véhicule
lorsque la réparation n · a pu être effectuée. Concernant les boutiques de pièces de rechange, leur
service était associé à celui des garagistes. Elles facilitaient la tâche au garagiste et à
l'automobiliste dans la réparation du véhicule.
Tableau n°22 : Création et répartition des emplois en Côte d'Ivoire par zones géographiques
La première remarque concernant les chiffres du tableau 11°22 est que les emplois
étaient répartis sur l'ensemble du territoire. Les pôles économiques et leurs zones d'influence
étaient aussi concernés. Les emplois ont été croissants de 1975 à 1985 grâce aux
investissements réalisés par l'Etat dans la création et l'amélioration des réseaux routiers et du
réseau ferroviaire. La région d'Abidjan et ses zones frontalières étaient en tête des zones où la
création d'emplois a été remarquable. La ville d'Abidjan concentrait toutes les activités
économiques et toutes les branches industrielles.
106
En ce qui concerne les moyens de transport. la finalité de toutes les liaisons était
Abidjan avec son port en eau profonde. Par la suite, l'on note la zone de San Pedro, Man et
leurs zones d'influence. De 8.000 emplois créés de 1975 à 1980, l'on est passé à 15.000 emplois.
Une progression remarquable est à soulignée car l'Etat voulait corriger les déséquilibres
régionaux. Il a développé le sud-ouest avec la création du port de San Pedro en 1972 et le
bitumage de quelques routes importantes de la région.
107
Avec le temps, ils ont subi la concurrence des voies aériennes et du transport tl uv io-
lagunaire sur un certain nombre d'itinéraires à l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte
d'Ivoire. Cependant, les routes et le chemin de fer ont plus préoccupé les autorités ivoiriennes
et ont joué un rôle déterminant dans la croissance économique du pays. C'est pour cette raison
qu'il a fallu les organiser afin de mieux les utiliser dans les actions de développement. C'est ce
que nous tentons de montrer dans la deuxième partie du travail.
108
DEUXIEME PARTIE :
109
Toute activité humaine a besoin au préalable d'une organisation pour bien
fonctionner. Dans le cas des transports terrestres interurbains en Côte d' [voire, leur organisation
s'imposait dans la mesure où ils occupaient une place importante dans l'économie de la Côte
d'lvoire. lis jouaient un rôle indispensable à la croissance de tous les secteurs d'activité qui leur
étaient liés. Cette organisation a été confiée à des structures propres de l'Etat, ainsi qu'à d'autres
structures annexes (chapitre l). Dans le sens de cette organisation, les routes et le chemin de fer
ont impacté le développement économique, social et culturel de la Côte d'Ivoire de 1960 à 1980
( chapitre ll).
110
CHAPITRE I:
ORGANISATION DES TRANSPORTS TERRESTRES INTERURBAINS
Entre 1960 et 1980, l'Etat de Côte d'Ivoire s'est préoccupé de l'organisation des
transports terrestres interurbains. Ainsi, il a confié cette charge à des structures sous tutelles du
ministère des transports, mais aussi à des structures annexes. Chaque structure a eu un rôle
spécifique dans l'organisation et la gestion des routes et du chemin de fer.
239On peut évoquer entre autres le premier projet routier initié par la Banque Mondiale en 1968 d'un montant
de 5,3 millions de dollars, ensuite le deuxième en 1971, d'un montant de 20,5 millions de dollars qui ont permis
à la Côte d'Ivoire de développer son réseau routier.
111
A partir de ce moment, les transports routiers devaient être organisés dans l'optique
de répondre à des principes fondamentaux pouvant contribuer à la compétitivité des productions
nationales sur les marchés intérieurs et extérieurs. Cela passait nécessairement par une
réduction du temps des échanges, une amélioration de la qualité des services et un
accroissement de la mobilité des personnes et des biens. La politique des transports routiers a
été alors conçue et mise en œuvre par l'Etat pour assurer la satisfaction dans les conditions
optimales, les besoins des usagers et la facilitation de la circulation des personnes et des biens.
Le but a été de faci I iter l'information des parties et la concertation entre el les dans
les différents domaines des transports. Elles ont été indispensables au bon fonctionnement des
activités de transport de biens et de personnes. A ce sujet, les structures administratives au
service et en charge du réseau routier de la Côte d'Ivoire ont évolué entre 1960 et 1980. C'est
ainsi que depuis l'indépendance, un ministère en charge des transports a été créé pour gérer
l'activité de transport en Côte d'Ivoire. Au fur et à mesure que les besoins en matière de
transport engendrés par la croissance économique rapide du pays se présentaient, l'Etat a été
240
dans l'obligation « d'effectuer une mise à jour des structures » •
240Des structures ont été créées au sein du ministère en charge des transports en Côte d'Ivoire. Il s'agit entre
autres de la Direction Générale des Transports Publics, de la Direction du Matériel des Travaux Publics, la
Direction des Travaux Neufs. Toutes ces directions ont évolué en fonction des besoins dans le domaine des
transports routiers. Elles ont été des structures incontournables dans le fonctionnement du ministère en charge
des transports, mais aussi dans l'organisation et la gestion du système routier de la Côte d'Ivoire.
112
Ainsi, de 1960 à 1964, les structures administratives au service du réseau routier
ont évolué en fonction des exigences de transport constatées. Déjà, en 1960, il existait une
Direction des Travaux Public (D.T.P), qui en avril 1963 a été érigée en Direction générale dans
le cadre de la création du Ministère des Travaux Publics, des Transports, des Postes et
Télécommunications (M.T.P.T.P.T). Les attributions de cette direction générale couvraient les
domaines suivants : le réseau routier bien entendu, mais aussi les grandes voiries et les réseaux
divers deau et d'assainissement.
Ces directions étaient issues (avec quelques modifications) des arrondissements qui
jusqu'en 1963 étaient repartis comme suite : « 2 à Abidjan, 1 à Bouaké. 1 à Daloa et 1 à
Ferkessédougou »2"2. L • Etat a pris soin de les mettre dans des zones bien précises de couverture.
241 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.43.
242
Ibidem.
113
Les chefs d'arrondissement avaient sous leur autorité des subdivisions au niveau
des bases de l'organisation et de la structuration des transports routiers sur l'ensemble du
territoire. L'on a observé qu'en fin 1962, dix-sept subdivisions territoriales ont été mises en
place. Elles étaient localisées à« Abidjan. Abaissa. Adzopé, Bondoukou, Gagnoa, Daloa, Man,
243
Tabou. Bouaflé. Bouaké 1, Bouaké JI, Séguéla, Odienné, Boundiali et Ferkessédougou » dont
quatre créées en 1961 et 1962. Il faut compléter le tout par les trois subdivisions hydrauliques
à Abidjan, Bouaké, Daloa et enfin quatre avec la création de la subdivision de Korhogo.
Cette organisation a d'abord pris forme par« la loin° 64-294 du l" août 1964,
244
portant organisation. coordination et harmonisation des transports routiers » , promulguée
par Félix Houphouët-Boigny. Dans les principes, cette loi en son article premier énonçait que
les transports routiers étaient réglementés, coordonnés, harmonisés de manière à assurer les
besoins des usagers. La loi a été aussi promulguée pour mettre à la disposition de l'économie
du pays dans les conditions les plus avantageuses, l'ensemble des moyens de transport dont ils
pouvaient avoir besoin en qualité et en quantité.
A partir de 1964 jusqu'en 1972, les structures du ministère des travaux publics et
des transports ont ainsi évolué pour s'adapter à l'accroissement de l'accessibilité et aux
mobilités de plus en plus croissantes sur l'ensemble du territoire. Ainsi, une Direction du
Matériel des Travaux Publics (D.M.T.P) a été créée, en 1967. Elle est venue pallier les
insuffisances d'entretien des routes. Cette direction avait des subdivisions dans les différentes
grandes zones économiques du pays. Elle était chargée en collaboration avec les autres
structures du ministère des transports, de planifier l'entretien des routes en Côte d'Ivoire.
243 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.43.
244
Journal officiel de la République de Côte d'Ivoire, août 1964.
114
C'est dans ce cadre qu'avec des matériels composés essentiellement de machines
d'entretien et d'ouverture des voies. la Direction du Matériel des Travaux Publics a été au fil
des années une structure indissociable dans l'organisation et la gestion des transports routiers
en Côte d'Ivoire. Cette organisation s'est poursuivie par le renforcement des directions
départementales au nombre de six. en 1970 (Abidjan. Bouaké. Daloa. Korhogo. Abengourou et
Man). Dans le même temps. le nombre de subdivisions a augmenté. Elles étaient au nombre de
été en adéquation avec le découpage administratif du pays. En effet, dans le souci de rapprocher
l'administration des administrés, l'Etat s'est attelé au découpage du territoire en entités
territoriales pour mieux maîtriser les politiques de développement. Les préfets et les sous-
préfets exécutaient les directives dans les provinces. Dans les différents centres administratifs,
l'organisation et la gestion des transports routiers étaient assurés d'un commun accord entre
l'Etat, ses représentants dans les différentes localités et les acteurs du monde des transports
routiers.
lis veillaient à ce que des mesures adaptées soient prises pour que le système routier
ministère des transports et des travaux publics aux objectifs de développement de la Côte
d'Ivoire. Des moyens conséquents ont été dégagés et déployés en direction de certaines zones
245 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p 43.
115
Cette direction était chargée de gérer le réseau routier ivoirien, la grande voirie, les
réseaux divers d'eau et l'assainissement. Elle s'est aussi occupée du réseau lagunaire. Dans son
fonctionnement, la D.G.T.P comprenait des services centraux comme la Direction des études
avec ses trois sous-directions, la Direction du Matériel des Travaux Publics (D.M.T.P) et la
Direction des Travaux Neufs (D.T.N). Il fallait ajouter à celles-ci, la sous-direction des services
administratifs, la sous-direction de la comptabilité et des services extérieurs, (voir annexe 3,
p.283). La Direction Générale des Travaux Publics était un des maillons importants dans
l'organisation du ministère.
Dans le souci dêtre toujours en conformité avec les besoins des populations en
matière de transport routier, l'Etat a décidé après 1972 d'apporter des modifications à
l'organisation établie dans la gestion des transports routiers. C'est ainsi qu'en 1973, la Société
Nationale de Génie Civil (S.O.N.A.G.E.C.I) a été créée par « transfert de moyens et du
6
personnel de la Direction des Travaux Neufs »2-1 . En contrepartie, la Direction de l'Entretien
s'est occupée des tâches dévolues précédemment à la Direction des Travaux Neufs (D.T.N).
Elle intervenait directement sur l'aménagement des grands itinéraires non encore revêtus pour
246 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p 43.
116
De 1977 à 1980, des changements ont été apportés à l'organisation et à la gestion
des routes dans le cadre du remaniement ministériel en 1977. Un nouveau ministère est apparu,
celui des Travaux Publics, des Transports, de la Construction et de l'Urbanisme. La
construction, l'équipement, les grands travaux et l'habitat étaient les domaines d'activité de ce
ministère. Cette nouvelle configuration a semblé plus souple à gérer, car elle a focalisé les
tâches du ministère sur des domaines bien précis. Il disposait pour cela de dix directions
centrales dont quatre s'occupaient directement des transports routiers et sept directions
Le ministère était soutenu par « deux organismes autonomes, le Bureau Central des
Etudes Techniques (B.C.E. T) et le Laboratoire du bâtiment et des Travaux Publics
(L.B.T.P) »247. La Direction Générale des Travaux Publics qui dans l'organigramme du
ministère était une structure incontournable était soutenu par une Direction des Transports
Terrestres (D.T.T). Les compétences de cette direction se sont articulées autour des questions
relatives au transport routier et à leur coordination avec les autres modes de transport. La
Direction des Transports Terrestres permettait une complémentarité entre les différents modes
de transport en Côte d'Ivoire.
routes »249.
247 Banque Mondiale (1980), Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, rapport n°2792a-lVC, 92
p., p.13.
248 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.44
249 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.13.
117
A l'analyse des résultats dans le domaine routier entre 1970 et 1980, un travail a
été réalisé afin de relier la totalité des localités ivoiriennes. Certes, des efforts encore à fournir
existaient. mais une vue d'ensemble des voies routières construites et bitumées, (voir le tableau
11°2 et 11°3, infra, p.49 et p.50) dénotait de la volonté de l'Etat de développer les transports
terrestres interurbains. Dans la perspective de gérer toujours au mieux les transports routiers,
vingt-neuf services départementaux des travaux publics. de la construction et de l'urbanisme
ont appuyé le ministère des transports dans ses tâches.
Ce fut un problème qu' i I a fallu résoudre. car les routes dites secondaires et les
pistes rurales atteignaient le plus grand nombre de population. Elles permettaient l'éclosion
d'une économie rurale dynamique. Dans cette volonté d'organiser et de gérer le transport
routier, le contrôle et l'administration des infrastructures étaient assurés par l'Etat. Par contre,
l'exploitation des transports routiers relevait « uniquement de l 'initiative privée, contrôlée et
règlementée par l'État »150.
250
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, volumel, rapport général, Op. Cit., p.7.
118
C'est ainsi que la Direction du Matériel des Travaux Publics (D.M.T.P) gérait
251
« dans le cadre d'un budget annexe, le parc matériel des travaux publics » . Elle a été une
des particularités du ministère des travaux publics et des transports. En effet, pour la
construction et l'entretien des routes, le ministère s'était doté d'engins gérés par la Direction du
Matériel des Travaux Publics. Elle les mettait à la disposition des vingt-une subdivisions des
travaux publics de la D.G.T.P pour les travaux d'entretien.
Pour être plus efficace, la Direction Générale des Travaux Publics a pris le soin de
responsabiliser chaque subdivision des travaux publics. Ainsi, chacune avait sous sa
252
responsabilité « un réseau routier de 1.500 à 2.000 kilomètres de longueur » qu'il a fallu
entretenir et maintenir en bon état. Cependant. I" entretien ne pouvait donner de bons résultats
que sur une distance raisonnable. C'est pour cette raison que la Direction Générale des Travaux
Publics a divisé les différentes subdivisions en secteur routier de 300 kilomètres.
A ce niveau. disons que la D.M.T.P s'y était préparée. Elle était chargée de toutes
les questions concernant le matériel, à l'exception des véhicules routiers. Elle avait ensuite« la
responsabilité de l'achat, de l'entretien des engins et de la formation des conducteurs et des
mécaniciens »253. Au début de 1970, elle comptabilisait « 207 niveleuses, 64 bulldozers, 41
pelles el trac/a-chargeurs, 47 tracteurs à roue, 80 rouleaux à pneus, 4 engins divers, soit 443
engins au total »254. Au regard du nombre et de la diversité des engins, les moyens existaient
pour soutenir les subdivisions des travaux publics et les secteurs routiers
251 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit., p.11.
252
Ibidem.
253
Ibidem.
254
Ibidem.
119
En somme. le ministère des travaux publics et des transports administrait
directement et contrôlait l'ensemble du système des transports de la Côte d'Ivoire. du point de
vue des infrastructures, des matériels de transport et de leur exploitation. Cette organisation
avait pour objectif de mettre en place un système de transport cohérent qui imbriquait tous les
modes de transports afin de fluidifier les transports de biens et de personnes. En effet, le
transport devait s'exercer dans des conditions satisfaisantes de sécurité, de continuité,
d'adaptabilité et d'égalité.
Ainsi, pour chaque ligne, un tarif de base était établi. Ce tarif proposé par le
Groupement Professionnel Routier Départemental « était soumis pour approbation au préfet
de département »255. Si dans un délai de trente jours, aucune opposition n'a été enregistrée de
la part du préfet, ce tarif était considéré comme approuvé. En cas de désaccord entre les deux
parties, le tarif était arrêté par le ministre chargé des transports et son homologue des affaires
économiques et financières, après avis du Comité National des Transports.
255 Décret n°66-538 du 17 novembre 1966, fixant la réglementation et l'harmonisation des transports routiers,
chapitre lv, article 17, p.11.
120
Ainsi, depuis 1970, la réglementation des tarifs de transport de voyageurs et de
marchandises était mise à jour « périodiquement par arrêté conjoint du ministre chargé des
prix et du ministre chargé des transports »256. Pour les marchandises, ils comportaient une
fourchette avec un prix planché et un prix plafond. La différence entre ces deux prix était
« destinée avant la mise en place d'une nouvelle tarification. à compenser d'éventuelles
augmentations ponctuelles »257 pouvant intervenir pour les carburants, le personnel et les
assurances.
En outre, cette réglementation des tarifs tenait compte des caractéristiques, des
itinéraires qui étaient pratiqués, de l'état des routes, des variations de l'importance des frets de
retour et des taux de chargement. Dans la plupart des cas. le tarif a été fonction de l'état des
routes, (voir annexe 5, p.285). Lorsqu'un contrat a été établi entre un affréteur et un
transporteur, le prix du transport ne pouvait en aucun cas être inférieur de plus de 15% aux tarifs
en vigueur. L'organisation et la gestion des transports routiers étaient dévolues de prime abord
à ) 'Etat, qui confiait cette tâche au ministère en charge des transports.
256 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.292.
257 Ibidem.
258 Gilbert TIXIER (1965), "La succession à la Régie des chemins de fer de l'AOF, problèmes posés par l'apparition
de nouveaux Etats", in Annuaire français de droit international, volume 11, pp.916-932., p.918.
259
Ibidem.
121
Quant à la Régie fédérale dont le siège se trouvait à Dakar, elle constituait un
organisme à caractère industriel et commercial doté d'une autonomie financière. En ce qui
concerne le fonctionnement de la Régie fédérale des chemins de fer de 1· A.O.F, le président du
conseil d'administration nommait les directeurs des régies locales après avis des chefs de
colonies intéressés. Cependant, en 1958, les bouleversements politiques intervenus dans
l'ensemble des colonies del' A.O.F ont eu des répercussions sur l'organisation et la gestion des
chemins de fer en général et celui de la colonie de Côte d'Ivoire en particulier.
En effet, une certaine autonomie interne a été acquise et tous ces bouleversements
d'ordre politique ont provoqué la dislocation de la Régie fédérale des chemins de fer de I' A.0.F.
A sa suite, de nouveaux établissements publics sont nés. De ce transfert de compétences par un
26
arrêté « 3-106/1. G.A.A (Inspection Générale des Affaires Administratives) du 31 mars 1959 » n,
la Régie fédérale cessait d'exister à compter du 1 cr avril 1959. Des pleins pouvoirs ont été acquis
par les structures qui ont été mises en place dans les pays ouest-africains.
En ce qui concerne la Régie Abidjan-Niger, elle a été créée par des textes
provisoires le 1 cr avril 1959. Elle fut organisée par une convention impliquant le gouvernement
de la Côte d'Ivoire et celui de la Haute-Volta en date du 30 avril 1960. A l'indépendance, le
réseau ferroviaire était organisé et géré autrement par rapport aux routes. Ainsi, sous la direction
de la Régie Abidjan-Niger, le chemin de fer était administré conjointement par les autorités
ivoiriennes et voltaïques. Sa gestion et son exploitation ont été confiés à « une entreprise
publique binationale, la Régie des chemins de.fer Abidjan-Niger. appartenant à la Côte d'Ivoire
et au Burkina Faso, autrefois Haute-Volta »261.
Cette gestion était régie par une convention qui définissait « notamment la
composition du conseil d'administration de la R.A.N el les grandes lignes de la gestion
financière )/62. La direction de la R.A.N au sein du ministère des transports coordonnait en
partenariat avec son homologue de la Haute-Volta à donner une assise à la régie pour le
transport des personnes et des marchandises entre les deux pays.
260
Gilbert TIXIER, Art. Cit., p.921.
Brigitta MITCHELL, Budin JACQUES-KARIM (1998), "La concession d'exploitation du chemin de fer Abidjan-
261
Ouagadougou", dans Transports en Afrique, note technique, restructuration des chemins de fer, note n° 13, 4 p.,
p.l.
262 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit., p.25.
122
La R.A.N, dont le siège était à Abidjan, était gérée par un« conseil d'administration
placé sous/ 'autorité cl 'un directeur général »263. Outre des représentants de la Côte d'Ivoire et
de la Haute-Volta, le conseil comprenait également un agent comptable agréé par les ministres
des finances ivoirien et voltaïque, (voir annexe 6, p.286). La gestion du chemin de fer a été plus
centralisée sur la R.A.N. Elle fonctionnait beaucoup plus comme une entreprise avec un conseil
d'administration, qu'une structure sous tutelle du ministère des transports. chargée de
répercuter les grandes décisions dans le domaine des transports.
Cette particularité a institué la R.A.N comme une entreprise dont l'objectif premier
a été de produire et de vendre « des services »264. Le conseil d'administration était composé de
« dix-sept membres, de quatre représentants des deux gouvernements, de trois représentants
des usagers du chemin de fer de chaque pays et de trois membres représentant le personnel de
la R.A.N »265. La convention signée en date du 30 avril 1960, à laquelle un cahier de charges
financières et techniques a été annexé, a permis une gestion harmonieuse du réseau.
Il a été aussi prévu « une participation des Etats à hauteur de 60% aux dépenses
d'entretien et de renouvellement de la voie el des installations de sécurités en fonction de la
localisation des travaux »266. Contrairement aux systèmes routiers dont l'entretien revenait
exclusivement à l'Etat. la voie ferrée était entretenue par les deux Etats, toutefois, la charge la
plus importante revenait au pays dans lequel les travaux devaient s'effectuer.
123
B) LES STRUCTURES ANNEXES ET LEURS ACTIONS
124
Selon le décret 64-212 du 26 mai 1964 en son article 125, « le contrôle technique
consistait en un ensemble de vérifications qualitatives et quantitatives qui devait être
effectuée »267. Elle permettait d'attester que le véhicule présenté possédait les capacités de
sécurités routières convenables auxquelles tous les véhicules étaient obligatoirement soumis.
Cette action a incité la Côte d'Ivoire à créer dès 1960 « la première station de contrôle technique
(CTA) »268_
Son principale activité était d'assurer le contrôle technique périodique de tous les
véhicules automobiles affectés aux transports publics et privés de personnes et de marchandises.
Cependant, il convient de signaler que cette activité était auparavant pratiquée par le Bureau
Veritas, un organisme prive français. Avec la S.I.C.T.A, la Côte d'Ivoire s'est donné encore les
moyens pour le contrôle technique des véhicules.
Cette charge sera son activité principale à partir 1974. La création de la S.I.C.T.A
en tant que structure annexe du ministère en charge des transports a permis à l'Etat de
s'imprégner davantage de la sécurisation des véhicules. En plus du contrôle technique des
véhicules, l'Etat se préoccupait aussi de la sécurité des usagers sur toutes les routes du pays à
cause des accidents.
C'est pour cette raison qu'il avait créé l'Office de Sécurité Routière (O.S.E.R).
Cette structure est un établissement Public à caractère administratif. Elle était placée sous la
double tutelle du ministère des travaux publics et des transports (tutelle administrative et
technique) et du ministère de l'économie et des finances (tutelle financière), conformément au
décret d'application 11°78-1088 du 12 décembre 1978.
27 p., p.3.
125
Son objectif était l'étude, la recherche et la mise en œuvre, ainsi que « la
coordination de tous les moyens humains et matériels tendant à accroître la sécurité des
usagers de la route, en vue de réduire tant en nombre qu'en gravité les accidents de la
circulation en Côte d'Ivoire »269• Elle était dirigée par un directeur nommé par décret.
L'O.S.E.R était supervisée par une commission consultative de gestion.
Cette commission était composée du ministre des travaux publics et des transports
(président), du ministre de l'économie et des finances, du ministre de la défense, du ministre de
la sécurité intérieure et du ministre de la sante publique et de la population. L'une des structures
qui soutenait aussi le ministère des transports dans l'organisation et la gestion des transports
terrestres interurbains était le Comité National des Transports (C.N.T). Cette structure était
connue avant l'indépendance sous le nom de Comité Consultatif des Transports (C.C.T). Il avait
270
été créé par un « arrêté 4475 du 2-9-1949 » .
Pour les besoins de transport de plus en plus croissants, les autorités coloniales
avaient jugé utile, en plus d'améliorer la qualité des routes, de créer en remplacement du Comité
Consultatif des Transports, un Comité des Transports en Côte d'Ivoire (C.T.C.I). li a été mis en
place par le décret 59-105 du 21-8-59 paru au journal officiel de Côte d'Ivoire du 5-9-1959 et
C'est ainsi que le Comité National des Transports fut créé par le décret 11°66-538
du 17 novembre 1966, fixant la réglementation et l'harmonisation des transports routiers, en
son article premier, du chapitre premier des dispositions générales. Le comité comprenait des
représentants des autres modes de transport (maritimes et aériens), des représentants des
organisations professionnelles des transports routiers et des affréteurs regroupés au sein des
chambres consulaires.
269 Kablan ASSIE (1981), La sécurité routière en Côte d'Ivoire, Office de Sécurité Routière (0.5.E.R), Addis Abeba,
33 p., p.14.
210 Journal officiel de l'Afrique occidental française, 1949, p.1300.
126
Ce comité était à caractère consultatif et avait « pour mission de proposer au
271
gouvernement des orientations souhaitables de la politique des transports » . Dans son
fonctionnement, le comité était présidé par le ministre chargé des transports. Celui-ci avait le
soutien d'autres ministères et des directeurs centraux, (voir annexe 8, p.288). Le comité se
réunissait chaque fois que la situation des transports routiers l'exigeait ou quand les deux tiers
des membres le demandaient. En cas de désaccord entre les membres, la voix du président était
prépondérante. Les procès-verbaux étaient signés par lui et le secrétaire.
transports routiers.
Le Comité National des Transports donnait son avis sur toutes les questions
relatives à 1' organisation et au fonctionnement des transports en général et des transports
terrestres interurbains en particulier. Ces questions lui étaient soumises au préalable par le
ministère en charge des transports. L'une des structures annexes qui contribuait aussi à
1 'organisation et à la gestion de ces moyens de transport a été le Syndicat National des
Transports de Marchandises et de Voyageurs de Côte d'Ivoire (S.Y.N.A.T.M.V.C.l). C'est un
syndicat qui réunissait du moins tous les acteurs du monde des transports opérant sur le territoire
national.
271 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.290.
127
Sa création répondait à la satisfaction d'un besoin. Il agissait au compte des
transporteurs auprès des autorités ivoiriennes pour une organisation et une gestion efficace des
différentes liaisons routières et poser les véritables problèmes de transport. Depuis
l'indépendance, le Syndicat National des Transporteurs regroupait « la quasi-totalité des
transporteurs et des entreprises de transports de voyageurs et de marchandises ivoiriens ou
d'origine étrangère»272. Signalons qu'avant 1975, il a connu une crise interne entre 1970 et
1974.
En effet, de 1960 jusqu'en 1975, il existait deux syndicats qui opéraient en Côte
d'Ivoire. L'on avait d'un côté le Syndicat National des Transports de Marchandises et de
Voyageurs de Côte d'Ivoire qui regroupait uniquement les transporteurs ivoiriens et le second,
l'Union Routière, créée en I 950. Il était << l'émanation de l'Union Routière de France
(U.R.F)»273. Après la crise interne, les membres de l'Union Routière ont dissous leur
mouvement pour adhérer au S.Y.N.A.T.M.V.C.I afin d'aider l'Etat à organiser et à gérer au
mieux les transports terrestres interurbains.
Une autre structure annexe intervenait aussi dans l'organisation et la gestion. Ce fut
le Centre National des Bureaux de Fret (C.N.B.F). Il a été« crée par le décret n°69-358 du 31
juillet 1969 et modifié par le décret n°72- 97 du 2.février 1972»27-I. Il était reconnu comme un
organisme d'utilité publique sans but lucratif. Le Centre National des Bureaux de Fret
regroupait les représentants des affréteurs et les professionnels des transports publics routiers
de marchandises. 11 était représenté en justice par le président ou le président délégué ou le
membre du conseil d'administration désigné à cet effet.
Dans son fonctionnement, le Centre National des Bureaux de Fret était dirigé« par
un conseil d'administration composé en nombre égal de représentants des transporteurs
routiers, de représentants des usagers des transports routiers. de courtiers de fret et d'un
représentant du conseil des chargeurs»275• La direction générale du C.N.B.F était assurée par
un directeur général assisté éventuellement d'un ou plusieurs directeurs adjoints et des
directeurs des bureaux de fret régionaux.
272 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.290.
273
Ibidem.
274
Journal officiel de lo République de Côte d'Ivoire (1972), 22 juin, p.1043.
275 Journal officiel de la République de Côte d'Ivoire (1972), 24 février, p.258.
128
Le directeur était nommé par le conseil d'administration qui seul pouvait mettre
fin à son mandat. Il assurait la gestion et la coordination des bureaux de fret existant sur le
territoire national, en application des décisions du conseil d'administration. Pour mener à bien
les missions qui lui sont confiées, le directeur disposait des pouvoirs plus étendus délégués par
le conseil d'administration du Centre National des Bureaux de Fret, (voir annexe 9. p.289).
Toutes les structures annexes présentées ont permis aux transports terrestres
interurbains d'être des atouts pour le développement économique de la Côte d'Ivoire. Chaque
structure au niveau de ses activités s'activait différemment des autres afin de combler un vide
quand cela était constaté. C'est ainsi que la Société Ivoirienne de Contrôle Technique
Automobile avait pour activité principale le contrôle technique périodique de tous les véhicules
automobiles affectés aux transports publics et privés de personnes et de marchandises.
129
Les activités de la S.I.C.T.A ont permis d'avoir des véhicules en bon état pour la
pratique de l'activité de transport en toute sécurité pour tous les transporteurs qui envoyaient
leur véhicule à la visite technique. Quant à l'Office de Sécurité Routière, elle avait pour mission
de concevoir, élaborer et mettre en œuvre une véritable politique de sécurité globale, cohérente
et suivie. L'O.S.E.R avait pour vocation d'abord de prévenir les accidents par l'éducation,
l'information et la sensibilisation des usagers de la route (à l'aide des campagnes permanentes
ou ponctuelles).
C'est aussi le cas pour le transport des marchandises. Les tarifs relayés par les structures sous
tutelle du C.N.T s'appliquaient sur l'ensemble du territoire sous la supervision des représentants
de l'Etat et les élus locaux. Les avis du C.N.T étaient incontournables lorsqu'il s'agit de prendre
des décisions importantes dans le domaine du transport routier sur l'ensemble du territoire.
277 Décret n°66-538 du 17 novembre 1966, fixant la réglementation et l'harmonisation des transports routiers,
Op. Cit., p.11.
130
Cette organisation serait plus efficace si les acteurs du monde des transports étaient
associés et partie prenante sous la supervision du ministre des transports. C'est dans ce cadre
que le Syndicat National des Transports de Marchandises et de Voyageurs de Côte dïvoire
aidait le ministère à mieux organiser et gérer le système des transports routiers. En effet, ses
activités consistaient à la répartition des lignes entre les transporteurs. Le Syndicat agissait aussi
à assurer la desserte de toutes les localités du pays. Il assurait la gestion des différentes gares
Cette structure a eu pour mission de gérer la création des bureaux de fret sur
l'ensemble du territoire national. Il menait des activités pour permettre aux transports terrestres
interurbains d'être présents et efficaces dans le trafic des voyageurs et des marchandises. C'est
dans ce cadre que son activité a consisté aussi à « l 'exploitation des Lettres de voitures, à tenir
des statistiques sur le volume des marchandises lransportées par directions. ainsi que sur les
kilomètres parcourus»279.
Le Centre National des Bureaux de Fret, dont le budget était alimenté par les
recettes des bureaux de fret régionaux, était chargé de fournir au ministère en charge des
transports. des informations, notamment sur la fréquence de l'utilisation des routes dans toutes
les régions. li vérifiait aussi la validité des documents qui autorisaient la pratique de l'activité
de transport public et privé. Le C.N.B.F veillait à assurer de manière permanente l'information
des usagers sur les possibilités de transport. Il s'activait à mettre à jour les offres de transport
sur le territoire afin de permettre aux usagers de se déplacer aisément sans se soucier des
278 Ministère de l'économie et des finances (1971), Etudes économiques et financières, Abidjan, Offset SIi, 92 p.,
p.36.
279 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.290.
131
Cette activité du Centre National des Bureaux de Fret était importante car elle
présentait létat des routes et les possibilités de transport dans les différentes zones du pays.
Elle permettait déviter les problèmes d"enclavement occasionnés par le manque ou
!"insuffisance de moyens de transport, dus à la vétusté ou à l'impraticabilité des voies. Cela a
contribué aussi à mettre à la disposition des pouvoirs publics, des renseignements et des
statistiques sur l'évolution des transports routiers et des données nécessaires à l'élaboration
De même. le Centre National des Bureaux de Fret à travers ses différents bureaux
à Abidjan et à l'intérieur du pays collectait les données concernant l'ensemble des frets au
départ. et à l'arrivée dans chaque bureau pour le compte de l'Etat. Ses activités ont permis aux
autorités ivoiriennes d'avoir des informations afin de mener à bien les politiques de
ont été une action conjuguée entre les structures du ministère en charge des transports et des
structures annexes au ministère. L'importance des transports en général et des transports
terrestres interurbains en particulier dans le développement d'un pays est avérée. Ainsi. dès
Au fur et à mesure que les besoins dans le domaine des transports apparaissaient. le
ministère aussi opérait sa mue pour s'adapter aux nouvelles réalités concurrentielles du monde
des transports. C'est fort de ce constat, qu'au sein du ministère en charge des transports, des
directions se chargeaient de mieux organiser, gérer et coordonner les transports sur l'ensemble
du territoire national. La tâche étant difficile, le ministère collaborait avec des structures
annexes. Elles ont contribué énormément à l'organisation et à la gestion des transports terrestres
interurbains. Au sortir de cette organisation, le rail et les routes ont impacté le développement
132
CHAPITRE II :
IMPACTSDESTRANSPORTSTERRESTRESINTERURBAINSDANS
LE DEVELOPPEMENT DE LA CÔTE D'IVOIRE
Cela a été perceptible avec le développement des régions, des villes et la mise en
place des unités industrielles. Ensuite, ils ont contribué à laccroissernent du produit intérieur
brut (PIB). au développement de quelques cultures industrielles et enfin. ils ont eu des effets
sur la vie des populations. tout en étant des nécessités pour le transport de personnes et des
biens.
Les transports terrestres interurbains se sont affirmés au cours des vingt premières
années de l'indépendance comme des entités indispensables au décollage économique de la
Côte d'Ivoire. Tout en participant à la croissance économique du pays, ils ont dynamisé le
développement des régions et des villes ivoiriennes. Ils ont aussi participé à la mise en place
des unités industrielles et au développement de quelques cultures industrielles.
133
Ces moyens de transport étaient devenus des instruments incontournables dans
l'organisation volontariste de l'espace et jouaient« un rôle indispensable dans sa structuration
80
au travers de ses effets externes [. .. } et primordial pour le développement urbain >/ • Le
développement des régions et des villes ivoiriennes était lié au développement des liaisons
routières et au tracé du chemin de fer. Cette situation a été favorisée par le découpage
administratif de la Côte d'Ivoire. Il a fallu créer des entités territoriales qui sont devenues des
pôles économiques de développement.
Pour que cela soit effectif, des liaisons routières devaient les relier entre elles d'une
part et à la capitale d'autre part. La plus petite des gares où la voiture et/ou le train permettait
son accessibilité, le hameau le plus reculé devenait très rapidement un pôle économique
d'envergure pour toutes les agglomérations qui lui étaient voisines. En outre, « les défis du
développement »281 qui attendaient l'Etat à l'indépendance, étaient nombreux. De prime abord,
il a fallu lutter contre la pauvreté et désenclaver le plus grand nombre possible de localités en
Côte d'Ivoire.
La mise en place des routes et du chemin de fer a favorisé l'établissement des villes.
Celles-ci ont acquis de l'importance vis-à-vis de l'élément de transport qui était en face. En
effet. une gare ferroviaire. une autoroute ou une route principale. a été à la base de l'ouverture
de la localité qui l'abritait au monde. La route du cacao à l'est et celle du café à l'ouest de la
Côte d'Ivoire sont des exemples en la matière.
280 Irène KASSI (2007), Régulation des transports populaires et recomposition du territoire urbain d'Abidjan,
Université de Bordeaux 3, Thèse géographie, 331 p., p.10.
281 Dès, les premières années de l'indépendance, les autorités ivoiriennes devaient relever le défi de la croissance
économique, le défi de la lutte contre la pauvreté, le défi de la transformation des conditions de vie des
populations ivoiriennes et le défi de la scolarisation des Ivoiriens.
134
Les transports terrestres interurbains ont favorisés l'implantation et le
développement des villes qu'elles ont atteint, ainsi que les villes relais dont l'économie
dépendait étroitement de la dynamique de ces villes pôles économiques de la région. L'un des
défis majeurs du développement à l'indépendance dans la plupart des pays et surtout en Afrique
au sud du Sahara a été l'accélération de la croissance et la réduction de la pauvreté.
L'importance des infrastructures de transport routière ou ferroviaire pour des pays ''pauvres"
Ces infrastructures étaient à la fois un produit fini, offrant directement des services
aux consommateurs et un produit intermédiaire participant à la productivité des secteurs de
production du pays. C'est dans cette optique, qu'une infrastructure routière et ferroviaire de
qualité à la portée des usagers devenait un facteur décisif d'amélioration de la communication
entre les producteurs et les consommateurs, entre les exportateurs et les importateurs. La
livraison des biens et des services en temps réel en toute sécurité devenait une réalité.
Pris sur cet angle, les transports terrestres interurbains en Côte d'Ivoire ont joué
« un rôle moteur dans la croissance économique et constituaient le socle du développement et
282
la base essentielle à l ïntégration physique et économique » des différentes régions de la Côte
d'Ivoire. Les routes et la voie ferrée, dès 1960 ont contribué « à l'accélération, à la
concrétisation del 'intégration et à l 'unité nationale »283. Ils ont permis le désenclavement de
plusieurs régions. La conséquence a été le renforcement du tissu économique, social et culturel
de la Côte d'Ivoire.
Les routes et le chemin de fer ont facilité l'accès des populations ivoiriennes aux
différents marchés et aux services sociaux. Cela a sans nul doute conduit par effet
d'entraînement à la réduction de la pauvreté dans les zones reliées par les liaisons routières et
ferroviaires. Le transport est un facteur de localisation. Comme tel, les transports terrestres
interurbains ont contribué à la localisation des activités. Ainsi, là où était signalé une activité
284
ou un intérêt, « on a développé le transport pour rendre ce lieu accessible » . Ces systèmes
de transport ont favorisé la dispersion des hommes et des activités ou leur concentration en des
284 Marcel POULIOT et Nancy DANSEREAU (S.d), Transport et développement économique, S.e., 5 p. p.l.
135
Les moyens de transport ont orienté l'habitat et l'implantation des activités
humaines. Les routes et la voie ferrée avaient un certain pouvoir d'attraction et les lieux
d'échange ont favorisé certaines de leurs fonctions. Si leurs effets sur les activités n'étaient pas
toujours automatiques, ils étaient par contre importants, lorsqu'ils s'inscrivaient dans une
logique de transformation sociale, économique et urbaine de l'espace desservi. Ils jouaient« un
285
rôle d'accélérateur pouvant suffire à transformer l'espace » .
Ainsi, il était important pour l'Etat et par souci d'équilibre, de relier l'ensemble du
territoire par des infrastructures de transport adéquates qui s'accompagnaient d" investissement
pouvant contribuer à la fixation des populations. C est ainsi que, les routes et le chemin de fer
ont été des entités indissociables pour satisfaire les objectifs d'aménagement du territoire et de
développement de la Côte d'Ivoire initiés par l'Etat. Ces moyens de transport étaient parmi les
principaux vecteurs « d'intégration économique[ ... ], préalable à la.facilitation des échanges
288
et à la circulation des biens, des services et des personnes» .
288
Nations Unies, Commission économique pour l'Afrique, Situation des transports en Afrique, Addis-Abeba, 8-
10 octobre 2007, 18 p., p.l
289
Emmanuel Noubissie N'GANKAN (2012), Dossier de l'actualité "Comment la banque mondiale y contribue",
dans Fraternité Matin n· 14310, du 08 août, p.18.
136
A la question de savoir pourquoi investir plusieurs centaines de milliards de francs
dans les transports terrestres interurbains? La réponse laissait entrevoir ces moyens de transport
comme des outils qui précédaient le développement. Autrement dit, sans les routes et le chemin
de fer, point de développement considéré « comme l'accumulation des facteurs contribuant à
accroître durablement le bien-être économique, social et culturel des individus. des ménages
290
et des communautés dans un pays » .
Par le développement d'un réseau routier de qualité dans ses trois dimensions
(principales, secondaires, et tertiaires), les autorités ivoiriennes ont mis à la disposition des
populations et des investisseurs, un important outil de promotion économique et culturelle. La
route a permis « de fluidifier le trafic, favorisant ainsi une facile circulation des biens et des
personnes sur l'ensemble du territoire. Elle stimulait également le commerce intérieur et
extérieur »291. Le développement du monde rural était au cœur des préoccupations de l'Etat à
partir de 1960.
C'est ainsi que durant les deux premières décennies après l'indépendance les
liaisons routières et ferroviaires, qu'elles soient nationales ou internationales, avaient« vocation
à désenclaver les pays [. .. ]. l 'e.ffervescence des circulations locales et nationales venait
rappeler combien le transport routier est adapté à la demande et le transport ferroviaire
réservé aux marchandises »292. Dans ces conditions, les relations naissaient entre le
développement des systèmes de transport, l'accélération des circulations routières et
293
ferroviaires et « les évolutions dans le domaine économique. social, politique et territorial » .
290 Hué Bi GOORE (2012), "Les grands travaux en cours, que de retombées", dans Fraternité Matin n°14310, du
08 août, p.18.
291 Ibidem.
292 Jérôme LOMBARD et Olivier NINOT (2002), "Des mobilités aux transports, regards croisés en Afrique de
137
Les routes et le chemin de fer étaient apparus comme un des leviers de l'avancée
économique des régions et des villes ivoiriennes. En effet, en ville comme en campagne. dans
les relations interurbaines, les transports terrestres interurbains offraient des avantages
incontestables (dessertes nombreuses, multiplicité des types de véhicules, offres pléthoriques).
Le réseau routier de la Côte d'Ivoire par exemple a été étoffé. Il couvrait une grande partie du
territoire national.
Des pistes venaient souvent en complément des axes routiers bitumés, « permettant
aux automobilistes, aux autocars de desservir les villages les plus reculés et d'offrir une
alternative aux transports locaux »294. Le développement d'axes routiers dans les campagnes
ivoiriennes, s'il a favorisé la croissance de la commercialisation des produits agricoles, a surtout
poussé les populations à se rapprocher des routes.
Cette situation qui résultait de l'immigration vers les villes en Côte d'Ivoire n'était
pas seulement due au surpeuplement rural, « mais de la perception des villes par les ruraux
295
comme étant le passage obligé du monde traditionnel vers la modernité» . La ville était pour
eux un des symboles de l'affranchissement, de l'épanouissement et de l'évolution sociale. Dès
lors, malgré les efforts de 1' Etat pour équiper les zones rurales, les populations se déplaçaient
vers les villes, et ce constat était visible au niveau du pourcentage de la population en zone
rurale et urbaine en Côte d'Ivoire. (voir le tableau 11°23. p.139).
138
Tableau 11°23: Pourcentage de la population rurale et urbaine en Côte d'Ivoire
de 1965 à 1980
1975 1980
1965
MILIEU RURAL
68% dont: 60,4% dont
80% dont
Savane: 33% Savane : 32,5%
Savane: 40%
Forêt: 67% Forêt : 67,5%
Forêt: 60%
MILIEU URBAIN
32% dont 39.6% dont
20% dont
Savane: 20% Savane : 18.4%
Savane: 23%
Forêt: 36% Forêt: 81,6%
Forêt: 41 %
Abidjan : 36% Abidjan : 44%
Source : Tableau établi par nous à partir de Alain DUBRESSON, Villes et industries
en Côte d'Ivoire, Op. Cit., p.235.
En effet, les régions sud, est et ouest attiraient les migrants à cause des « attraits
économiques »296 par rapport à la zone de savane dont la dynamique ne tenait qu'à des villes
comme Bouaké et Korhogo. Par ailleurs, ces zones de forêt étaient mieux dotées en
infrastructures économiques et en équipements de transport. La deuxième remarque observée
montrait que le pourcentage des populations vivant en milieu urbain s'est aussi accru au fil des
années. De 20%, en 1965, le pourcentage a été de 39, 6% au moment où la Côte d'Ivoire était
296Ces zones de la Côte d'Ivoire concentrent la culture des produits de rente (café, cacao). Les infrastructures
routières et ferroviaires ont contribué à une dynamique éclosion économique des villes comme Abidjan,
Agboville, Man, Gagnoa, Daloa, San-Pedro Ces villes attirent des milliers de personnes à la recherche d'emploi et
d'un bien-être économique et social.
139
Les zones urbaines de la région de savane ont vu leur pourcentage de population
baissé au profit des milieux urbains en zone de forêt et surtout Abidjan qui accueillait, en 1975,
44% de la population urbaine selon les chiffres du tableau 11°23 de la page 139. Cette baisse du
pourcentage de la population urbaine des zones de savane provenait du très peu de potentialités
économiques offertes par les villes de la région, en dehors de quelques-unes déjà énumérées ci-
dessus. Cette situation avait contraint les populations. surtout les jeunes et les adultes à se
déplacer vers les villes du sud, de l'est et de l'ouest en quête d'un mieux-être.
d'autre part.
11°24.
140
Le tableau n°24 de la page 140 présente la population de dix villes chefs-lieux de
département de 1965 à 1975. L'on constate une croissance démographique dans chacune des
villes. En effet, du point de vue de la concentration des infrastructures économiques et des
facilités d'accès proposées par les transports terrestres interurbains, ces villes attiraient le
maximum de migrants. Pour lutter contre le déséquilibre qui semblait s'installer, l'Etat avait
pris soin d'établir ces centres régionaux du nord au sud et de l'est à l'ouest en passant par le
centre comme l'atteste le tableau n°24.
C'est ainsi que dans chaque localité, ces villes chefs-lieux de département étaient
des pôles économiques de référence, qui avec les villes relais dynamisaient 1 'économie
régionale et l'économie nationale. Même si Abidjan surclassait les autres villes du point de vue
du nombre de populations, les villes comme Bouaké, Daloa, Man, Korhogo, Dimbokro et
Abengourou n'en demeuraient pas moins.
180000
•..
C:
160000
-~
-- --
0 140000
..Q 1 12 1 aAgboville
0 120000
-F-
-
"tl 1 1 aDimbokro
~ 100000
.Q
E0 80000 1 1 !li Bouaké
~ 60000
40000
20000
0
1 Il
• Il 1
• Ferkessedougou
Source : Graphique réalisé par nous à partir de Banque Mondiale, Côte d'Ivoire,
rapport économique de base, Op. Cit., p.236.
141
Le constat à partir des données du graphique 11° l O de la page 141 est que de l 965 à
l 975, toutes les villes traversées par la voie ferrée ont connu une croissance démographique.
Ces villes recevaient des populations venues des zones rurales de la Côte d'Ivoire et d'ailleurs
principalement des pays limitrophes du nord du pays. Les villes comme Bouaké, Agboville et
Dirnbokro, concentraient un nombre important de populations. Elles présentaient des aspects
de villes modernes avec toutes les commodités après Abidjan. La Régie des chemins de fer
Abidjan-Niger possédant une gare dans chacune de ces villes, les activités économiques ont
prospéré.
Par ailleurs, l'accessibilité et les mobilités offertes par le rail et les liaisons routières
ont permis à ces villes d'attirer les populations en quête de revenus meilleurs, d'emplois stables
et bien rémunérés et des conditions de vie acceptables. La ville d'Agboville est non loin
d'Abidjan qui déversait son surplus de populations. C'est une ville du sud de la Côte d'Ivoire
et une grande zone de production de café, de cacao et de bois. Depuis la période coloniale, le
sud de la Côte d'Ivoire captivait les populations et les investisseurs pour ses potentialités
A l'indépendance, cette situation n'avait pas beaucoup changé. Elle s'est accrue
tout au contraire. La ville d'Agboville était une des destinations prisées par les populations avec
le développement de plusieurs activités. Quant à Dimbokro, elle était un carrefour d'échanges
entre les villes de l'est et du centre de la Côte d'Ivoire. Elle est reliée par des voies routières à
la boucle du cacao. Ainsi, la ville recevait d'importantes productions de cacao devant passer
par le rail pour être acheminées sur le port d" Abidjan. Elle est aussi une zone agricole et
industrielle très active qui influençait les mouvements de populations.
Quant à Bouaké, elle enregistrait 173.000 habitants en 1975. C'est la deuxième ville
importante après Abidjan. Elle était un pôle économique de première importance du point de
vue des activités économiques et de la qualité des infrastructures routières et ferroviaires. Elle
est « la capitale du centre de la Côte d'Ivoire et elle concentrait presque toutes les unités
297
industrielles que l'on pouvait rencontrer à Abidjan » . La ville entretenait des relations
économiques avec toutes les localités sous sa coupole. Elle développait un commerce florissant
et favorisait la naissance de petits métiers (couturiers, artisans, coiffeurs, bijoutiers,
142
Les activités permettaient à de milliers de personne de se prendre en charge et de
s'occuper de leurs familles. Pour la ville de Ferkessédougou, la croissance démographique a été
fonction de la mise en valeur du nord de la Côte d'Ivoire, dans le cadre de la politique de lutte
contre les disparités entre le sud et le nord. Cette action a été précédée par des grands travaux
de constructions de routes. Ils ont permis une accessibilité de la région, de stabiliser une partie
de la population dans cette zone et de limiter le flot de populations vers le sud, avec la création
des unités industrielles comme les complexes sucriers.
Le recensement de 1975 avait classé comme villes toutes les agglomérations de plus
de I 0.000 habitants, celles de plus de 5.000 habitants qui disposaient d'une fonction
typiquement urbaine (commerciale, administrative).
298
Amadou DIOP (2008}, Enjeux urbains et développement territorial en Afrique contemporaine, l'espace UEMOA,
Paris, éditions Karthala, 176 p., pp.48-49.
143
Il y avait aussi deux préfectures (Dabakala et Biankourna), ainsi qu'une sous-
préfecture (Grand-Labou), jadis chef-lieu de cercle qui n'atteignait pas ce chiffre. L'on
comptabi I isait au total << cinquante-huit villes regroupant 2.102. 000 habitants, 31. 3% de la
299
population du pays » . Dans la répartition de la population sur le territoire selon les chiffres
du tableau 11°25 de la page I 43, les régions du sud plus Agboville, le centre, le centre-ouest et
l'ouest du pays étaient les zones de prédilection des populations.
Quant aux régions les moins peuplées, elles payaient la lourde conséquence du
déplacement des zones de culture du café et du cacao vers l'ouest du pays, surtout l'est de la
Côte d'Ivoire, ainsi que le manque d'infrastructures de transport de qualité. Par ailleurs. la
densité de la population était en conformité avec la population totale dans les différentes
régions. Lorsque l'on se réfère aux chiffres du tableau 11°25, la remarque était que la densité
2
d'habitants au km à l'ouest était supérieure à celle du centre-ouest, quand bien même le centre-
ouest serait plus peuplé que l'ouest.
Cela était dû à la forte concentration des hommes sur un espace qui occupait 11 %
du territoire national que sur un espace occupant 12% du territoire. L'une des observations les
plus marquantes était que « 32% de la population »Jnn en Côte d'Ivoire vivaient maintenant
dans les villes. Le taux d'urbanisation variait quelque peu en fonction de la densité de la
population et les villes étaient distribuées de façon inégale. Elles étaient nombreuses dans le
centre, le sud et l'est du pays. Les villes étaient « rares dans les angles peu peuplés. sud-ouest.
nord-ouest. nord-est »JI)/. Dans l'ensemble, dix-sept d'entre elles avaient moins de 10.000
habitants, vingt-quatre de 10 à 20.000 habitants et dix de 20 à 40.000 habitants.
299
Yves MARGUERAT (1982), "Des ethnies et des villes, analyse des migrations vers les villes de Côte d'Ivoire",
in, Cahiers d'Orstam n°l, pp.303-340., p.308-309.
300
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.26.
301
Yves MARGUERAT, Art. Cit., p.309.
144
De même, quatre en ordre croissant (Gagnoa, Korhogo, Divo, Man et Daloa),
s'échelonnaient« de 40 à 60. 000 âmes, dominées par Bouaké 175. 000 et surtout la métropole
majeure qu'est Abidjan 951.000 »302. Des villes comme Korhogo, Ferkessédougou, Agboville,
Alépé, Katiola et Ouangolodougou jouaient le rôle de villes frontalières. Elles constituaient des
pôles économiques incontournables dans leurs zones d'influence. La voie ferrée et les
différentes routes qui les reliaient, créaient la vie. Ces pôles économiques suscitaient l'activité
économique.
Ils étaient des villes essentielles autour desquelles, le développement prenait forme
avec l'accroissement du volume des activités des transports terrestres interurbains. En outre,
cinq villes principales de la Côte d'Ivoire forestière exerçaient, elles aussi. une véritable
polarisation d'envergure régionale, à savoir Man, Daloa, Gagnoa, San Pedro et Abengourou,
chef-lieu de l'est. Sur la côte, de part et d'autre d'Abidjan, apparaissaient deux centres attractifs,
Dabou à 50 kilomètres à l'ouest et Grand-Bassam à l'est.
Elle était « depuis très longtemps une ville tournée vers/ 'extérieur »303. Sur le plan
démographique, la croissance de la ville de Bouaké a toujours « reposé davantage sur les
courants migratoires que sur les mouvements naturels des taux de natalité »304. Le chemin de
fer a consacré la ville comme capitale du centre et important nœud économique. Elle constituait
« le principal marché ivoirien de redistribution du bétail »305• Toutefois, Katiola et Dabakala
formaient à ses portes des pôles autonomes.
302
Yves MARGUERAT, Art. Cit., p.309.
303
Gérard ANCY (1974), Relations de voisinage ville-campagne, une analyse appliquée à Bouaké, sa couronne et
sa région, Paris, Orstom, 252 p., p.183.
304
Ibidem.
305
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, Paris, volumel, Rapport général, Op. Cit.,
p.161.
145
Les liaisons routières et ferroviaires ont contribué pour beaucoup à l'émergence
des villes ivoiriennes. Concernant les déplacements de populations des savanes vers les zones
forestières, il intéressait en particulier « les populations adultes du nord attirées par les régions
306
du sud et du sud-est » . Ces populations venaient s'installer comme manœuvres, commerçants
ou planteurs indépendants dans les zones forestières. Cette situation entrainait un écart
important de peuplement entre Abidjan et les autres régions. En pays baoulé, la zone de Bouaké
qui couvre une surface de 22.000 kilomètres carrés accueillait près de « 800.000 habitants, soit
une densité de 33 habitants au Km2 »307.
306
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, OP. Cit., p.27.
307
Ibidem.
308
Ibidem.
309
Ibidem.
310
Yves MARGUERAT, Art. Cit., p.308.
311
. Ibidem.
312
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, rapport économique de base, Op. Cit., p.135.
146
C'est la capitale du centre de la Côte d'Ivoire tout aussi attrayante. Les villes de
Daloa et Gagnoa régnaient sur le centre-ouest du pays. Il en est de même de Korhogo au nord,
Abengourou à l'est et Dimbokro au centre-est. Dans l'ensemble. le pays était «jalonné de villes
moyennes de 20. 000 à 50. 000 habitants et de nombreuses petites villes. On comptait au total
69 agglomérations à caractère urbain »313. La population ivoirienne qui était en 1975 de
« 6.671.827 habitants »314, comptait« 2.121.534, urbains »315, soit 31,79% de la population
totale.
Le fait urbain en Côte d'Ivoire est un phénomène du xx= siècle. Il n'était pas
aussi "vieux" comparé à celui de l'Europe. En effet, les villes étaient des« créations coloniales
qui répondaient à un souci d'occupation effective du territoire sous le contrôle de postes
militaires et administratif'> »316. En ce qui concerne la croissance urbaine, elle a démarré
timidement durant la colonisation pour atteindre son paroxysme à partir de l'indépendance,
lorsque la Côte d'Ivoire a connu économiquement "son heure de gloire" sans précédent.
Le pays attirait les populations venues de tous les horizons pour bénéficier des
retombées de cette croissance économique. Au début des années 60, l'on a remarqué des taux
spectaculaires de croissance« pour les villes situées sur les grands axes goudronnés 13,26% et
même 15, 3% sur les grandes routes de l'intérieur du pays et aussi pour les villes situées au
contact de laforêt et de la savane 14,4% »317. A partir de 1965 « des sommes importantes »318
ont été consacrées au développement des transports terrestres interurbains dans la quasi-totalité
des régions de la Côte d'Ivoire.
313
Anne Marie COTIEN (1974)," Un aspect de l'urbanisation en Côte d'Ivoire", in Cahiers d'Outre-mer, Bordeaux,
Revue de géographie n°l06, pp.183-193., p.185.
314
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, rapport économique de base, Op. Cit., p.237.
315
Ibidem.
316
Anne Marie COTIEN, Op. Cit., p.183.
317
Idem, p.185.
318
La Côte d'Ivoire bénéficiera de plusieurs projets routiers financés par la Banque Mondiale. En 1968 (5,8
millions de dollars), en 1971 (20,5 millions de dollars), en 1972 (17,5 millions de dollars). Source : Banque
Mondiale, Côte d'Ivoire, évaluation d'un quatrième projet routier, Op. Cit., pp.1-2.
319
Jean Pierre TROUCHAUD, Op. Cit., p.25.
147
Le centre régional rassemblait « les organismes définissant les politiques
d'aménagement et de planification »320. C'est à son niveau qu'étaient effectués le
regroupement, le traitement de l'information, la conception des programmes et la répartition
des investissements. C'est dans ce cadre que les villes les plus dynamiques sur le plan
démographique ont été les mieux accessibles par voie routière ou ferroviaire. En outre, elles
« étaient situées à des régions d'activités économiques intenses »321.
Ce fut le cas des villes de forte production de café et de cacao à l'est, c'est-à-dire
les villes du pays Agni (Abengourou, Agnibilékro), dans la boucle du cacao (Daoukro,
Bongouanou, Ouellé). A l'ouest de la Côte d'Ivoire, on peut évoquer les villes de production
de café de Divo à Man où le démarrage des plantations a été plus tardif, mais la croissance
urbaine a suivi. Le cadre urbain influait sur les habitants, il les transformait peu à peu par ses
exigences (nourritures, matières premières, commerces). En effet, la ville influençait par son
pouvoir les activités internes et périphériques. Elle favorisait et diffusait un nouveau mode de
vie.
Le rôle des zones rurales dans cette croissance de la population urbaine était d'être
des réservoirs de mains-d'œuvre et des fournisseurs de produits agricoles pour la consommation
urbaine intermédiaire et finale. La ville devenait source d'emplois, lieu de contact, de créativité,
de pouvoir et de décision. Elle était sans cesse soumise à des flux de déplacement. C'est dans
cette optique que les investissements massifs de l'Etat concentrés en majorité dans certaines
villes du pays et surtout à Abidjan ont déclenché l'évolution de la démographie de cette ville.
320
Jean Pierre TROUCHAUD, Op. cu., p.25.
321
Anne Marie COTIEN, Art. Cit., p.185.
148
Par les em plois et les revenus, Abidjan était devenu « un pôle de convergence qui
322
attirait continuellement de nouveaux arrivants des campagnes et des pays limitrophes » .
Ainsi, grâce aux mobilités offertes en direction de cette mégalopole, cette destination était la
plus prisée. Les opportunités d'emplois qu'elle offrait participaient activement à son
développement. Sa population a été en constante évolution depuis 1960 comme l'atteste le
graphique n° 11.
1.646.000
2000000
z 1500000
Q
~::,
•..0 1000000
•..
500000
0
al960 al965 W1970 al975 111978 W1984
Source : Graphique réalisé par nous à partir de KASSI Irène, Régulation des transports
populaires et recomposition du territoire urbain d'Abidjan, Université
de Bordeaux 3, Thèse, 2007, 331 p., p.53.
149
Même si le niveau de développement était inégal comparé aux autres villes,
néanmoins, les villes de l'intérieur du pays qui étaient des pôles économiques ressentaient, elles
aussi. cette croissance économique. Avec le développement des routes et du chemin de fer, les
déplacements s'effectuaient aisément entre les différents grands centres économiques, et la
croissance urbaine a suivi. En effet, à l'indépendance, on dénombrait « JO villes de 10.000
habitants, 20 en 1965 et 44 en 1975 »323.
Ainsi, les régions dont l'accessibilité a été facilitée par les transports terrestres
interurbains ont vu naître et croître des villes avec une population urbaine qui dénotait de
l'importance que les transports avaient sur la croissance urbaine. Les routes et le chemin de fer
ont été << des moyens de transport avec le reste du monde, ils permettaient à ces villes de sortir
de leur enclavement total et du sous-développement »325. La ville devenait ainsi un pôle attractif,
la croissance démographique devenait un facteur de vitalité. De 1960 à 1980. avec
l'amélioration des conditions de déplacement, les villes ivoiriennes ont été sujettes à des
mouvements de populations.
323
Alain DU BRESSON ( 1989). Villes et industries en Côte d'Ivoire, pour une géographie de l'accumulation urbaine,
Paris, Karthala, 855 p., p.237.
324
Idem, p.240.
325
Alain Konan BROU, Op. Cit., p 67.
150
Tableau n°26 : Evolution de la population en Côte d'Ivoire et pourcentage de la population
urbaine et rurale de 1975 à 1980
1975 % 1980 %
POPULATION RURALE 4.563.000 68 4.990.000 60.4
POPULATION URBAINE 2.146.300 32 3.272.000 39,6
TOTAL 6.709.300 100 8.262.000 100
1
-
Source : Tableau établi par nous à partir de Alain DUBRESSON, Villes et industries
en Côte d'Ivoire, Op. Cit., p.234.
326
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.234.
327
Ibidem.
151
Lorsque l'on prend l'exemple de quatre petites vi lies traversées par des grands axes
bitumées (Guiglo, Zuenoula, M'bahiakro et Daoukro), la circulation a été améliorée, et ces
villes ont été plus ouvertes à un développement plus accru des activités économiques. Ce
bitumage a été en quelque sorte un signal fort de départ à toute la gamme moderne des
opérations d'urbanisation. li en est de même du chemin de fer, qui à travers les différentes gares
construites le long de la ligne, permettait à toutes les agglomérations qui les abritaient de
s'ouvrir au reste du pays, et de dynamiser une économique locale et régionale plus intense.
Un tiers de la population vivait dans les villes de Côte d'Ivoire, en 1976 et, en 1980,
la population urbanisée était de plus de 38% selon les chiffres du tableau n°26 de la page 15 l.
Dans ce processus d'urbanisation, les populations du nord descendaient plus vers le centre et le
sud. Quant à l'ouest, elle avait accusé un retard par rapport au sud et à l'est du pays. Cependant,
avec les grands projets de construction des routes dans les différentes localités et le déplacement
de l'économie cacaoyère vers l'ouest, la situation a quelque peu été équilibrée. En revanche,
329
« Abidjan gonflait comme une éponge au rythme de 10% l'an » .
328 Georges LORY (1981), L'introduction à l'économie ivoirienne, Abidjan, Société d'édition, 111 p., p.26.
329 Ibidem.
330 Amadou DIOP (2008), Développement local, gouvernance territoriale, enjeux et perspectives, Paris, éditions
Karthala, 230 p., p.167.
152
Ainsi, des régions entières du pays sont sorties de l'enclavement et du sous-
développement. Comme on pouvait le constater, là où passaient les routes ou la voie ferrée,
l'économie des villes et des régions se diversifiait. Les villes devenaient des pôles économiques
de première importance. Elles attiraient les populations à la recherche d'emplois et de
conditions de vie meilleure. La croissance démographique de la Côte d'Ivoire s'est accrue non
seulement en raison de la croissance naturel le, mais aussi grâce à la très forte immigration de
populations étrangères venues des pays limitrophes et d'ailleurs.
Ce développement des régions et des villes ivoiriennes a été effectif parce que les
routes et le chemin de fer ont permis le déplacement des personnes et des biens. Ils ont créé une
vie économique dans les différentes régions et les villes qu'ils traversaient. A l'image de la ville
Toumodi qui a largement bénéficié du passage d'une grande voie de circulation, elles étaient
nombreuses, les villes ivoiriennes qui ont su donner de la vie à l'économie ivoirienne par le
biais des transports terrestres interurbains. En dehors du développement des régions et des
villes, les transports terrestres interurbains ont contribué à la mise en place de quelques unités
industrielles en Côte d'Ivoire.
Dans cette section du travail, il n'était pas question de mener une étude globale sur
l'industrie en Côte d'Ivoire. Cependant, nous al Ions évoquer 1 'importance des transports
terrestres interurbains dans la mise en place de quelques unités industrielles, et qui ont contribué
à donner à la Côte d'Ivoire un tissu industriel important en Afrique au sud du Sahara. Un
établissement manufacturier est par nature ancré dans un système de relation permanente tant
en amont qu'en aval de la production.
331
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.273.
332
Marcel Benié KOUADI (2004), Analyse de la croissance économique de la Côte d'Ivoire, 87 p., p.36.
153
Le réseau routier de la Côte d'Ivoire a connu d'importantes extensions et la
modernisation de l'infrastructure ferroviaire a été réalisée à un rythme accéléré à partir de la
capitale Abidjan. Ces moyens de transport relativement développés ont constitué l'un des atouts
de la Côte d'Ivoire dans la mise en place d'un tissu industriel plus dense, même si des inégalités
existaient entre Abidjan et le reste du pays. Les routes et le chemin de fer ont stimulé la
croissance de plusieurs « branches industrielles »333 tout en procurant à « l'ensemble de
l'économie un outil de valorisation des productions par leur insertion dans un marché
élargi ,>JJ.1•
Cette volonté de transformer les matières premières locales en s'orientant vers des
activités industrielles exportatrices a conduit les autorités ivoiriennes à créer des industries dans
les différentes régions. Ce secteur d'activité encore embryonnaire au début de l'indépendance
a connu une évolution véritable au milieu des années 1960 jusqu'en 1980. Le développement
s'opérait en étroite collaboration avec l'évolution des transports terrestres interurbains.
Les routes et le chemin de fer ont participé à l'enracinement des unités industrielles,
ils ont contribué à l'évacuation des productions industrielles tout en étant aussi à l'avant-garde
pour le développement des zones enclavées. C'est ainsi que le développement industriel
observé pendant les deux premières décennies de l'indépendance de la Côte d'Ivoire a suivi
deux directions : d'une part, « la substitution aux importations au moyen d'industries légères
et, d 'autre part, la valorisation des ressources naturelles »336.
333
On avait les industries alimentaires et para-alimentaires, les industries du textile, du vêtement, les industries
du bois, les industries chimiques, les industries métalliques et les industries diverses. Source : Henri
BOURGOUIN, Philippe GUILHAUME, OP. Cit., p.92.
334
Hubert BONIN (2000), 100 mots clés d'Histoire économique, Paris, édition Belin, 389 p., p.364.
335
Marcel Benié KOUADIO, Op. Cit., p.36.
336
Idem, p.10.
154
Le souci de mettre en place un tissu industriel important au cours des années 70
s'est concrétisé par« la création de grandes unités de production industrielle un peu partout
en Côte d'Ivoire »337• Les transports terrestres interurbains ont ouvert la voie à la mise en place
de ces unités industrielles. En effet, la transformation des produits locaux dans les différentes
régions était effectuée par les unités industrielles. En ce qui concerne l'évacuation vers les
points d'exportation, les routes et le chemin de fer se chargeaient de convoyer les productions.
Ainsi, l'on a enregistré dans les villes traversées par la voie ferrée et les routes, la
création d'unités industrielles pour la transformation des produits comme le palmier à huile, le
coton etc. Ces réseaux de transport constituaient par « leur maillage et leur trame. un atout
considérable enfaveur des stratégies de régionalisation industrielle »338. Le remarquable effort
d'équipement du pays, en particulier dans le domaine des transports terrestres interurbains a
constitué inéluctablement un atout majeur dans la localisation des unités industrielles.
Cette politique a permis entre 1960 et 1980 à l'Etat de multiplier par « six les
superficies de blocs agro-industriels à cultures intensives »339. Lorsque l'on se focalise sur l'axe
ferroviaire Abidjan-Niger, il a été construit au départ pour des raisons politiques et militaires
(communications entre tous les pays de l'A.O.F, pacification des territoires). Cependant, à
l'indépendance, la voie a favorisé les échanges et a contribué à la création et au développement
des villes comme Bouaké.
En raison « de sa situation sur l 'axeferroviaire, elles 'est très vite urbanisée et est
devenue un centre relais d'échanges. mais aussi le centre de la culture. puis de la
transformation du coton »3-1n_ En outre, la nécessité d'exporter la production agricole et
industrielle des régions non desservies par le rail a aussi motivé la construction des routes vers
l'est et vers l'ouest. Cette politique de développement des routes en direction d'autres régions
a transformé San Pedro qui est devenu le deuxième pôle industriel sur la base de sa fonction de
port tourné vers l'extérieur.
337
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.205.
338
Alain DUBRESSON, Op. Cit., p.278.
339
Ibidem.
°
34
Catherine AUBERTIN (1978), Contribution pour une étude des aspects spatiaux de l'industrialisation en Côte
d'Ivoire, Abidjan, Orstom, 123 p., p.20.
155
Par ailleurs, la concentration des hommes et des unités de transformation dans les
centres urbains avait pour objectif de tirer « le meilleur parti possible des bénéfices de
concentration spatiale liés aux coûts des transports et aux services nécessaires à chaque unité
de production »3.,1. Dans la mesure du possible, l'implantation des nouvelles entreprises était
effectuée à proximité des moyens de transports et des centres de production de la matière
première. Les transports terrestres interurbains ont contribué à impulser la politique de
vulgarisation du secteur secondaire dans la croissance économique de la Côte d'Ivoire.
Il n'était pas étonnant de voir que ce fut dans ce secteur que « les efforts des
autorités ivoiriennes aient rencontrées leurs premiers succès avec trois grands complexes
géants defilature, tissage devant produire chacun entre 9 et 12.000 tonnes/an de tissus »3-12. En
effet, vers la fin des années 60, les premiers éléments de la transformation du coton existaient.
Des usines d'impression et de teinture comme « /CODI (1964). SOTEXI (1967), UN/WAX
(1970) el ERG (1969) »343 travaillaient déjà des tissus écrus importés pour le marché ivoirien.
341
Jean CHEVASSU et Alain VALETIE (1976), Caractéristiques structurelles de la croissance industrielle de la Côte
d'Ivoire, Abidjan, Orstom, 82 p., p.l.
342
Idem, p 78.
343
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.282.
344
Ibidem.
156
L'Etat a démontré à l'évidence son souci de créer à l'intérieur du territoire des pôles
générateurs d'activités développantes, lorsque les transports terrestres interurbains le
permettaient. C'est dans cette optique, que Moharned DIA W ARA, alors ministre du plan lors
de la présentation du complexe UTEXI en juillet 1975 à Dirnbokro, avait souligné les
principaux objectifs du pari textile ivoirien, c'est-à-dire,« renforcer l'appareil de production
en conquérant des positions solides sur le marché mondial des.files et des tissus de coton, créer
des pôles de développement à l 'intérieur du pays »345.
Ces complexes (UTEXI et de COTIVO) ont valorisé les fibres de coton en vue
d'exporter les trois quarts de la production. Ils ont permis à l'industrie du textile et de
l'habillement d'avoir une place dans l'industrialisation de la Côte d'Ivoire. Par la promotion
des unités de filature et de tissage, l'Etat a apporté un nouveau souffle industriel et stimulé« une
croissance qui ne pouvait plus être fondée sur les seules perspectives du marché intérieur »346•
Dans l'ensemble, la politique industrielle de 1960 à 1970 visait de prime abord la substitution
des productions nationales aux produits de grandes consommations importées.
En effet, quels que soient les choix d'ordre économique, industries d'exportation,
industries à marché ivoirien ou industries mixtes, une condition déterminante de la localisation
des établissements hors d'Abidjan était « l'existence d'infrastructures permettant cl 'assurer
normalement les.fonctions de productions et d'échanges »348. La réussite d'une telle politique
passe nécessairement par le développement des transports terrestres interurbains à l'intérieur
du pays. Ainsi, l'Etat a réalisé des projets routiers en direction des zones de l'Ouest, du centre
et du nord, (voir tableau 11°2 et 3, infra p.49 et 50).
345
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.282.
346
Ibidem.
347
Marcel Benié KOUADIO, Op. Cit, p 89.
348
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.267.
157
Cette politique de développement des routes qui s'est accentuée à partir de 1970 a
permis une amélioration et une augmentation du kilométrage du système routier de ces régions
pour faciliter la mobilité des personnes et des biens. L'effort d'équipement en moyens de
transport entrepris au cours de la deuxième décennie de l'indépendance a permis un
déploiement des unités de production au sein du territoire ivoirien. La conséquence a été « des
gains consécutifs à/ 'élargissement du marché intérieur »349.
Cette politique de valorisation a été aussi « envisagée dans le secteur du bois avec
le vaste complexe papetier de la région du sud-ouest. capable de produire 300.000 tonnes de
pâte à papier de bois locaux »353. L'une des cultures ayant suscitée la création d'unités
industrielles a été la canne à sucre. La mise en place de ces unités industrielles a été décidée, en
1974. A cette période, le Président Félix Houphouët-Boigny avait décrété un programme
d'urgence de vingt-un milliards de francs CF A pour le développement des régions nord et ouest.
349
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.279.
350
Idem, p.120.
351
Ibidem.
352
Ibidem.
353
Ibidem.
354
Soualiouo ben MEITE, Op. Cit., p.202.
355
Catherine AUBERTIN, Op. Cit., p.70.
356
Soualiouo ben MEITE, Op. Cit., p.204.
158
Enfin de compte, en août 1978, les complexes à réaliser ont été au nombre de six
(voir tableau n°27) d'un coût global de « 264 milliards defrancs CFA »357, soit « 44 milliards
de francs CFA en moyenne par complexe »358. Ce projet fut intéressant en ce sens que la
production de sucre intervenait « en amont de nombreuses industries en expansion »359 que sont
les boissons gazeuses, les jus de fruits locaux, les confiseries, les chocolateries et les
conserveries de fruits locaux. Il était susceptible « d'accélérer l'intégration et l'allongement
des chaînes de production agroalimentaires industrielles et la mise en valeur maximale de
productions locales )>360.
La particularité des complexes évoqués dans le tableau n°27 est qu'ils sont localisés
au nord et au centre-ouest de la Côte d'Ivoire avec le complexe de Zuenoula en "pays Gouro''.
Cette décision a permis d'équiper ces régions en unités industrielles. tout en cherchant à établir
un rééquilibrage des régions industrielles du pays. Si durant cette période Abidjan dominait en
matière de création d'usines. la politique de l'Etat de mettre en place d'autres unités
industrielles dans d'autres régions du pays a permis de disposer d'un tissu industriel plus dense
et un peu plus homogène.
357
Alain DUBRESSON, OP. Cit., p.295.
358
Ibidem.
359
Catherine AUBERTIN, Op. Cit., P.77.
360
Alain DUBRESSON, OP. Cit., p.295.
159
L 'une des satisfactions dans la création des unités industrielles a été dans le secteur
des nouvelles cultures (huile de palme, hévéa, ananas, etc.). Des complexes agro-industriels ont
été créés autour de ces nouvelles cultures dans les différentes régions où elles pouvaient
apporter des dividendes aux producteurs. En ce qui concerne le palmier à huile, la réussite a été
au rendez-vous. Les promoteurs ont « investi des régions où le palmier à huile était loin d'être
connu ], .. }, ils ont transformé un produit de cueille/le en une culture exigeante étroitement
tributaire des usines mises en place »361.
Les chiffres du tableau 11°28 montrent que le nombre d'huileries et leur localisation
confirmaient que le palmier à huile a été une culture industrielle qui participait à
l'industrialisation de la Côte d'Ivoire. Par ailleurs. leur installation dans les différentes localités
n'était pas fortuite. Ce sont des zones bien desservies par les routes. L'évacuation des produits
semi-finis et finis des zones de production au lieu d'exportation était aisée pour les industrielles.
361
Anne-Marie Pillet SCHWARTZ (1973), Capitalisme d'Etat et développement rural en Côte d'Ivoire, la société
pour le développement et l'exploitation du palmier à huile en pays Ebrié, Université de Paris 1, Thèse de doctorat
de 3eme cycle, 389 p. p.5.
362
Ibidem.
160
La mise en place des unités industrielles autour des grands blocs de champs
industriels a été réalisée de manière continue de 1969 à 1973. Concernant la capacité de
production. elle était fonction de la production de régime de palmier à huile. C'est dans ce cadre
que des unités comme celle de Dabou, Ehania au sud-est et Toumanguié avaient une capacité
de 40 tonnes de régimes/heure de production d'huile de palme.
Ces deux grandes unités industrielles que sont Ehania et Dabou ont vu leur capacité
de production portée ultérieurement à 60 tonnes de régimes/heure. De même. deux autres usines
supplémentaires ont été ouvertes les années suivantes, l'une dans le sud-ouest du pays et l'autre
dans la région d. Abidjan pour le traitement des graines de coton, le coprah et les palmistes. Une
idée de la production globale de régimes en tonnes des huileries est perceptible à travers le
tableau 11°29.
Tableau 11°29: Production globale de régimes en tonnes des huileries de 1971 à 1982
Huileries 1971 1973 1975 1977 1979 1980 1981 1982
Eloka 41.113 56.672 65.317 69.165 70.097 70.172 70.172 70.172
Anguédedou 30.964 50.824 59.778 62.825 63.804 64.014 64.014 64.014
Toumanguié 47. 176 68.641 80.903 87.898 91.211 92.011 92.011 92.711
Ehania 25.310 79.362 114.799 187.181 204.954 207.354 208.354 208.754
lrobo 45.282 70.804 102.225 113.760 120.859 123.221 124.731 125.644
Boubo - 36.924 65.505 85.444 95.533 98.383 100.408 101.308
Bolo 3.714 17.324 38.171 52.519 58.254 59.434 60.134 64.434
Soubré - 10.164 45.986 67.615 78.204 80.204 81.604 82.404
Savane Dabou - 80.509 103.704 1 1 1.824 116.453 117.822 119.904 121.197
TOTAL 218.869 471.227 706.388 838.231 899.449 921.615 921.832 926.638
Source: Tableau établi par nous à partir de Anne-Marie PILLET SCHWARTZ. Capitalisme
d'Etat et développement rural en Côte d 'Ivoire. Op. Cit .. p.48.
Les chiffres du tableau 11°29 montrent la production globale des différentes huileries
de 1971 à 1982. En outre, leur localisation répondait aux attentes de I" Etat dans
l'industrialisation de la Côte d'Ivoire. Elles étaient installées là où il était possible de tirer profit
des produits semi-finis et finis qui sortaient de ces unités de production. Les routes du sud, du
sud-est et du sud-ouest créaient les conditions d'un important trafic en direction des lieux
d'exportation. En effet. on installait une usine là où il était certain de pouvoir écouler sans trop
de difficultés la production.
161
Dans le cas où la matière première ne provenait pas de la région et que le besoin
de compléter la production s'imposait il a fallu alors des moyens de transport assez fluides
dans l'optique de respecter les délais de production et de livraison. li en est de même de la main
dœuvre qui devait certainement venir des autres régions du pays. Les liaisons routières et
ferroviaires ont été assez bien conçues pour répondre non seulement aux attentes des
populations, mais aussi à celles des investisseurs.
Des complexes agro-industriels ont été mis en place pour compenser un peu le
retard industriel de certaines régions par rapport à Abidjan. Cette politique de mise en place de
ces unités industrielles s'est accompagnée du développement de nouvelles cultures
industrielles. De même, les transports terrestres interurbains ont aussi contribué à accroître le
produit intérieur brut de la Côte d'Ivoire.
162
Cette initiative entrait globalement dans la politique de diversification des cultures
entreprise à l'indépendance. Ainsi, pour les autorités ivoiriennes, il fallait entrevoir d'autres
sources de revenus pour alimenter les caisses de l'Etat par des devises issues de la vente de
nouveaux produits d'exportation. Cette politique a été engagée tant en zone forestière qu'en
zone de savane. Elle a concerné les principales cultures industrielles d'exportation en dehors
du café et du cacao, c'est-à-dire, le coton. le palmier à huile. l'hévéa. la canne à sucre et l'ananas
pour ne citer que celles-là.
Les populations ont adopté ces nouvelles cultures industrielles. Elles ont contribué
à accroître la production de matières premières transformées par les unités industrielles, « tout
en augmentant très nettement les revenus aux paysans et par contrecoup les dimensions du
363
marché intérieur pour les produits élaborés par l'industrie ivoirienne » . Toute activité
économique a toujours été précédée par la mise en place des moyens de transport. Pour l'Etat,
les transports terrestres interurbains devaient soutenir la politique de diversification en étant un
trait d'union entre les zones d'implantation, de production et celles de transformation et
d'exportation.
Les efforts de l'Etat de doter le pays d'infrastructures de transport adéquats ont sans
contexte permis l'ascension du palmier à huile. Les régions de production ont été accessibles,
les mobilités ont été permanentes sans trop de ruptures, surtout en saison des pluies. Le plan
palmier (1963-1985) « a représenté plus de 19.251 milliards de F CFA el 17,1 millions de
366
dollars américains d'investissement surfinancement de plusieurs bailleurs defonds ,, . et de
l'Etat. Il a permis de créer dans de basses côtes forestières. un paysage nouveau d'immenses
plantations ordonnées géométriquement autour des cheminées d'huileries.
363 Ministère du plan, Loi plan de développement économique, social et culture 1967-1970, Op. Cit., p.37.
364 Anne-Marie Pillet SCHWARTZ, Op. Cit., p.2.
365 Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.44.
366 République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire 1960-1970, "Dix ans de progrès", Op. Cit., p.49.
163
Les grands ensembles agro-industriels comme Ehania ou Toumanguié étaient
couronnés de plantations villageoises de plus modestes dimensions. En outre, l'accroissement
des superficies cultivées a contribué à accroître les productions des unités de transformation,
(voir le tableau 11°29, infra, p.161 ). Cela avait abouti à une augmentation de la valeur de la
production de régime de palme. En 1980, la valeur de la production était de (( 10.421 millions
defrancs CFA ))367.
Il a investi pour cela << 2,3 milliards de francs CFA. dont 725 millions de francs
CFA pour la Côte d'Ivoire. 765 millions defrancs CFA pour la France, CCCE et FAC, 875
millions defrancs CFA pour la Banque Mondiale ))368. Ce programme était basé sur la réussite
du plan palmier et les acquis techniques de l'Institut de Recherche des Huiles et des Oléagineux
(I.R.I-1.0). Le plan cocotier a été lui aussi une réussite avec plus de (( 20.000 hectares en
exploitation soit, 8.000 hectares en plantations familiales et 12.000 hectares en grands
domaines ))369 de 1967 à 1977.
367 Ministère de l'économie, des finances et du plan (1980), La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 80-81, Abidjan,
Société Africaine d'Edition, 324 p., p.79.
368 République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire 1960-1970, "Dix ans de progrès", Op. Cit., p.48.
164
Graphique n°12: Production de Coprah de 1960 à 1975
16 15
14
"'GIC 12 10,9
11,79
C
0
••GI 10
."'.
-a
~
8
7,6
~ 6
0
•1960 •1965 •1970 •1975
Source : Graphique réalisé par nous à partir des données de Ministère du plan, Perspectives
décennales de développement économique, Social et culturel 1960-1970, 249 p., p.112.
165
G raphique n°13: Valeur de la production de coprah de
1960 à 1980
2500
......
,c
1997
;:J 2000
C
~
..••.•. 1500
C
.2
iC
1000
••~::,
..I! 500
~
0
1960 1965 1970 1975 1980
Source : Graphique réalisé par nous à partir des données de Ministère de l'économie, des
finances et du plan, La Côte d'Ivoire en chiffres, éditions 76, p.103, édition 78-79, p.101
et édition 80-81, p. 79.
Ainsi, l'évolution des valeurs de la production a été fonction du prix d'achat et des
tonnages produits. De 1960 à 1980, ! 'Etat avait développé des nouvelles cultures industrielles.
Si déjà au niveau des oléagineux et du cocotier des investissements ont permis d'avoir des
résultats au-delà des espérances des autorités ivoiriennes, d'autres cultures restaient encore à
être vulgarisées. C'est dans cette optique que dès 1961, l'hévéaculture fit une entrée modeste
dans la politique de diversification des cultures.
166
Cette culture s'est régulièrement développée grâce à l'intervention de l'Etat, de la
S.A.P.H, de la Société du Caoutchouc de l'Afrique de l'Ouest (S.C.O.A) et une filiale de
Michelin. Les zones de prédilection pour la culture étaient le sud du pays, la zone de Dabou, le
sud-ouest et le sud-est de la Côte d'Ivoire avec quelques incursions à l'intérieur du pays.
Comme pour la plupart des nouvelles cultures industrielles soutenues par l'Etat, l'hévéaculture
a pris de l'envergure en fonction de l'intérêt accordé à la culture. La croissance des superficies
cultivées a entraîné une évolution de la valeur de la production de latex comme le montre le
graphique n°14.
~
6000 r--- ------------ ··--------- -----~ --- ---
u
5000 1- ---- -----· - -----
L s343
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"'
u
C
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1- - ·----
•.:,.
CU 1
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CU
ïi 1000 i ·-·-·--
>
0 ----------
Source: Graphique réalisé par nous à partir des données de Ministère de l'économie, des
finances et du plan, la Côte d'Ivoire en chiffres, éditions 76, Op. Cit, p.103, édition 78-79,
Op. cu.. p.101 et édition 80-81, Op. Cit., p.79.
167
Ainsi, de 900 millions de francs CFA en 1970, la valeur de la production s'est
chiffrée à 5.343 millions de francs CFA en 1980, soit plus de cinq fois la valeur de 1970 selon
le graphique 11°14 de la page 167. L'une des cultures qui avait suscité l'intérêt de l'Etat est
l'ananas. En effet la culture a débuté en Côte d'Ivoire en 194 7 dans les sous-préfectures de
Grand-Bassani et dAdiaké.
En ce qui concerne les zones de culture. l'on a identifié les zones côtières (Grand-
Lahou, Adiaké), et la zone de la Comoé. L'ananas frais exigeait des soins coûteux pour la
culture. la récolte et le conditionnement, alors, il était essentiellement cultivé le long des axes
routiers menant au lieu d'exportation et de transformation. Ainsi, les productions de la zone à
l'est de la Comoé étaient réservées aux usines de la S.A.L.C.I à Ono et de la S.I.A.C.A à
Bonoua.
371 Ministère d'Etat, Ministère de l'agriculture et des ressources animales (1979), L'agriculture Ivoirienne à
l'aube du XX/ème siècle, Abidjan, 308 p., p.18.
168
Les chiffres du tableau n°30 de la page 168 permettent de constater une croissance
de la valeur de la production d'ananas en Côte d'Ivoire de 1960 à 1980, surtout à partir de 1965.
La vulgarisation de la culture auprès des planteurs, la transformation locale de la production et
les exportations de la Côte d'Ivoire ont donné de la valeur à la production nationale. De 268
millions de francs CFA, en 1960, la valeur de la production a été de 1.538 millions de francs
CF A. dix ans après. En 1980, elle s'est chiffrée à 9.878 millions de francs CFA. soit plus de six
fois le montant de 1970.
Aux complexes industriels ont été associés des plantations villageoises de canne à
sucre, dont la production servait de matières premières. Le nord de la Côte d'Ivoire n'a pas été
choisi au hasard pour promouvoir cette culture. Cela répondait à des impératifs de
développement régional. De même, le chemin de fer et les routes qui reliaient les zones de
production à l'ensemble du pays ont été indispensables à l'approvisionnement des usines et à
l'écoulement de la production.
372 La SODESUCRE a été créée en octobre 1971 pour mettre en œuvre un plan de développement de la canne à
sucre. L'objectif était la satisfaction de la consommation nationale de sucre et l'exportation, tout en constituant
des pôles de croissance autour de complexes agro-industriels. Source : Soualiouo Ben MEITE, Op. Cit., p.202.
373 République de Côte d'Ivoire, V/ème Congrès du PDCI-RDA, 15-16 octobre (1975), Abidjan, offset SIi, 315 p.,
p.212.
374
Catherine AUBERTIN, Op. Cit., p.2.
169
L'on évoquait aussi « les conditions climatiquesfavorables. un bon ensoleillement
375
et/ 'harmattan propice à une bonne teneur en sucre de canne >> . Les possibilités d'accès aux
zones de cultures par les moyens de transport et les conditions climatiques favorables ont permis
d'identifier cette partie de la Côte d'Ivoire comme la zone idéale pour développer cette nouvelle
culture. Le programme sucrier exécuté sur financement de l'Etat. des subventions financières,
une contribution américaine et des concours techniques assurés par des planteurs francophones
de ("Îles Maurice est devenue une réalité en Côte d'Ivoire.
La configuration des six complexes réalisés ont permis de planter à Ferké Il « 3.300
hectares irrigués »376, Borotou, situé entre Man, Séguéla et Odienné couvrait une superficie
378
« de 5.010 hectares »377. Quant à Katiola, l'on a identifié une superficie « de 6.270 hectares » .
375
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.52.
376
Soualiouo Ben MEITE, Op. Cit., p.209.
377
Ibidem.
378
Idem, p.210.
379
Ibidem.
380
Ibidem.
381 Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.53.
382 Paul BOURRIERE, Art. Cit., p.790.
170
La culture du coton s'est développée en Côte d'Ivoire à partir de 1970, grâce à
l'action de la Compagnie Ivoirienne pour le Développement du Textile (C.I.D.T). La création
de cette compagnie en 1974 en remplacement de la Compagnie Française pour le
Développement du Textile (C.F.D.T) a "ivoirisé" cette structure d'encadrement des planteurs
de coton. Il fallait souligner aussi l'aide de l'Institut de Recherche pour la Culture du Textile
(I.R.C.T) et les services spécialisés du ministère de l'agriculture qui ont permis de « promouvoir
un développement régional intégré dans la zone cotonnière »383.
Le coton et la canne à sucre ont permis au nord de la Côte d'Ivoire d'avoir ses
cultures de rente. Par l'entremise de la diversification des cultures, la Côte d'Ivoire a pu compter
sur de nouvelles cultures industrielles pour accroître ses recettes à l'exportation, Les
productions de ces quelques cultures industrielles ont été en nette progression depuis
l'indépendance et surtout à partir de 1965.
Ce résultat a été possible grâce aux efforts de l'Etat. En effet, à travers la création
des unités industrielles, la mise en place des sociétés d'Etat à vocation agricole et le soutien des
partenaires au développement, de nouvelles cultures industrielles ont pu se développer en Côte
d'Ivoire. En ce qui concerne la valeur à la production, l'apport de ces nouvelles cultures aux
recettes d'exportation de la Côte d'Ivoire a été non négligeable. 11 a représenté en 1975 « 8. 2%
des recettes totales d 'exportation »388 du pays.
383 République de Côte d'Ivoire, V/ème Congrès du PDCI-RDA, Op. Cit., p.212.
384 Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.51.
385 Banque mondiale, Côte d'Ivoire, rapport économique de base, Op. Cit., p.274.
386
Ibidem.
387
Ibidem.
388 Marcel Benié KOUADIO, Op. Cit., p.37.
171
Par ailleurs, l'Etat par le développement des nouvelles cultures a voulu d'une part.
lutter contre la détérioration des termes de l'échange et, d'autre part, renflouer les caisses par
des recettes provenant d'autres cultures, et lutter contre les disparités régionales. Aux alentours
des grandes unités industrielles, les nouvelles cultures industrielles se sont développées grâce à
l'accessibilité des zones de production. Les routes et le chemin de fer ont aussi contribué à
l'accroissement du produit intérieur brut de la Côte d'Ivoire de 1960 à 1980.
En effet, les infrastructures économiques ont toujours tenu une place importante
dans l'économie d'un pays. C'est ainsi que l'expansion économique de la Côte d'Ivoire à partir
de 1960 a pu être une réalité grâce au système de transport par la route et par le rai 1. l ls ont
conditionné dans une large mesure la croissance du produit intérieur brut de la Côte d'Ivoire,
et cela grâce à l'accroissement rapide des exportations et des importations.
389 Ministère du plan, Plan quinquennal de développement économique, social et culturel 1971-1975, Paris, R.
Royer, 52 p., p.7.
390 WWW.îobintree.com/dé(inition, consulté le 12 juin 2013 à 10 heures 45 minutes.
172
Ces autorités ont promu une économie libérale axée sur la production. la
diversification agricole. louverture sur l'extérieur et léquipernent pour atteindre les objectifs
de développement. Les routes et le chemin de fer ont permis un aménagement plutôt réussi du
territoire, tout en offrant des possibilités pour le déplacement des biens et des personnes. C'est
ainsi que la mise en valeur des richesses agricoles et le développement industriel ont été appuyés
par un système de transports terrestres interurbains qui a répondu aux attentes des usagers et
des investisseurs.
Cette croissance était due à trois secteurs d'activité que sont le primaire (agriculture,
exploitation forestière, élevage et pêche), le secondaire (industrie et énergie) et le tertiaire
(transport, commerce, services et tourisme). Cependant, ce qu'il convient de souligner, c'est
que l'importance des secteurs primaires et secondaires était étroitement liée au développement
du secteur tertiaire en général et du système des transports en particulier.
391
Marcel Benié KOUADIO, Op. Cit., p.10.
392
Ministère du plan, Plan quinquennal de développement économique, social et culturel, Op. Cit., p.7.
173
Les répercussions étaient perceptibles sur l'ensemble des activités de tous les
secteurs de l'économie. La contribution en pourcentage des transports à proprement parler au
PIB était variable selon les années comme le montre le tableau n°3 I.
Ainsi, entre 1971 et 1975, le taux général de croissance du PIB de la Côte d'Ivoire
a été de 7% par an en moyen. Le "miracle économique" continuait de se répercuter sur tous les
secteurs d'activité. Au niveau du secteur tertiaire, avec en prime les transports, la croissance
moyenne a été de 7.4% par an. Cette marge de progression sest concrétisée par une constance
de la production intérieure brute de la Côte d'Ivoire au cours de la deuxième décennie.
En effet, les actions de l'Etat en faveur de l'économie ivoirienne ont été à la base
de cette embellie économique qui a pris ses racines à partir de 1960. Dès lors, l'on a remarqué
une constante de la production intérieure brute, avec en prime une évolution des montants du
PIB de la Côte d'Ivoire durant les treize premières années de l'indépendance, (voir le tableau
11°32. page 175).
174
Tableau 11°32 : Evolution du montant du PIB de la Côte d'Ivoire de 1960 à 1973
(Milliards de FCFA)
Montant en milliards Croissance %
1960 142,0 -
1965 208 8
1966 224 7,9
1967 225 6,8
1968 265 8
1969 281 7.9
1970 304 7.9
1971 329 7,9
1972 352 7.8
1973 376 7,8
Source : Tableau établi par nous à partir des chiffres extraits de Jean CHEY ASSU
et Alain V ALETTE, Caractéristiques structurelles de la croissance industrielle
de la Côle d'Ivoire. 1976. p.5.
De 1960 à 1973, le montant du produit intérieur brut a plus que doublé, passant de
142 milliards de francs CFA à 376 milliards de francs CFA. La Côte d'Ivoire était un modèle
de croissance en Afrique et dans le monde à cette période. Dans l'ensemble, le taux de
croissance a oscillé autour de 7% en moyenne par année durant cette période. La croissance des
secteurs d'activité en Côte d'Ivoire au cours de la deuxième décennie après l'indépendance a
eu des répercussions sur le montant du P .1. B.
Ainsi, en 1974. le montant du P.I.B a été de « 738.661 millions defrancs CFA »393•
En 1980, au moment où l'économie ivoirienne plongeait dans la crise, le montant du produit
intérieur brut était de « 2.240.000 millions de francs CFA »39-1. Cette croissance du montant du
produit intérieur caractérisait la bonne santé de l'économie ivoirienne avant de sombrer dans la
crise à la fin des années 70.
393
Soualiouo Ben MEITE, Op. Cit., p.263.
394
Ibidem.
175
Ce taux de croissance positif est mis aussi à l'actif des transports qui ont toujours
soutenu les actions de développement. Ainsi, leurs contributions au produit intérieur brut ont
été croissantes de 1960 à 1974, (voir le graphique n° 15).
80 72,2
~ 70
15
~
"- 60
°2 50
Ji
l:: 40
E
C: 26,5
.• .
Il
C:
30
17,9
22,1
sC:
-
20 12,9
9,9
i 10
0
•1960 •1962 •1966 •1968
Source: Graphique réalisé par nous à partir des données de Banque Mondiale: Côte d'Ivoire,
rapport économique de base, rapport principal, Op. Cit., p.266.
Cette politique s'est accentuée à partir de 1970 et avait permis aux transports de
participer encore plus aux taux de croissance du produit intérieur brut de la Côte d'Ivoire
jusqu'en 1980. En outre, le développement du commerce intérieur et extérieur de la Côte
d'Ivoire a été possible grâce aux transports terrestres interurbains. Ainsi, le secteur tertiaire a
contribué de façon significative à l'accroissement du P.I.B à partir des années 70. Les
exportations et les importations de la Côte d'Ivoire ont été évolutives parce qu'elles ont été
soutenues par les transports terrestres interurbains, (voir le tableau n°33, page 177).
176
Tableau n°33 : Montant des exportations et des importations de la Côte d'Ivoire
de 1975 à 1980 (Millions de FCF A)
Exportations Importations
1975 254,6 241,4
1976 392,5 33 I 1,6
1977 529,2 429,6
1978 524,4 522,5
1979 534,8 528,9
1980 663,9 631.9
Source: Tableau établi par nous à partir des chiffres extraits de KOUADIO Benié Marcel,
Analyse de la croissance économique de la Côte d'Ivoire, Op. Cit.. p.47.
Les exportations de la Côte d'Ivoire ont été en nette évolution de 1975 à 1980, selon
les chiffres du tableau 11°33, grâce à un système de transport routier et ferroviaire de qualité. Le
Port d'Abidjan et celui de San Pedro ont été les points névralgiques des exportations et des
importations de la Côte d'Ivoire. Cependant, l'évacuation des productions sur l'ensemble du
pays, ainsi que celles des pays limitrophes a été effective avec le concours des routes et du
chemin de fer. En effet, par le biais des routes, les productions agricoles dans les différents
pôles économiques ont pu être convoyées sur ces deux ports pour les exportations.
Le chemin de fer a assuré les liaisons entre la Côte d'Ivoire et les pays limitrophes
du nord. Il en est de même des importations. La distribution des marchandises à l'intérieur et à
l'extérieur de la Côte d'Ivoire a pu être effective avec la participation des transports terrestres
interurbains. Par l'accroissement des revenus tirés des exportations et des importations, les
routes et le chemin de fer ont joué un rôle déterminant dans la croissance économique du pays.
L'Etat percevait des droits de douane et des taxes par l'entremise de ces échanges
En effet, en fonction des liens commerciaux entretenus par la Côte d'Ivoire avec
ses voisins, les routes et le chemin de fer ont été au cœur des échanges dont les retombées ont
été bénéfiques à la croissance économique de la Côte d'Ivoire. En 1978 par exemple. la voie
ferrée avait récolté pour l'Etat de Côte d'Ivoire, des droits de douane à hauteur de « 38.665.953
de fanes CFA et des impôts et taxes de près de 27 /.201.220.fi'ancs CFA »395. Ces impôts et
taxes ont atteint en 1980. près d'un demi-milliard (490.341.939 francs CFA).
177
En somme, la première décennie de l'économie ivoirienne a été dominée par
l'agriculture dont les performances ont contribué à équiper le pays. La deuxième décennie a été
celle des secteurs secondaires et tertiaires. La volonté d'industrialiser le pays a incité l'Etat
mettre en place un certain nombre d'unités de transformation avec le soutien des transports
terrestres interurbains. Aux alentours de ces grands complexes industriels, la Côte d'Ivoire a
développé de nouvelles cultures industrielles.
Cette politique a contribué d'une pait à diversifier son agriculture et ses sources de
revenus et, d'autre part, à fournir des matières premières aux industries locales et lutter contre
les disparités régionales. Grâce à ces actions, le produit intérieur brut a crû à 7% par an en
moyenne de 1960 à 1980. Cet embelli économique a été possible parce que les routes et le
chemin de fer étaient de qualité. Ils ont toujours été au cœur de cette dynamique économique
sans précédent. Ces moyens de transport, là où ils sont passés. ont contribué à changer le
quotidien des populations. C'est cet aspect des transports terrestres interurbains que nous
abordons maintenant.
Ils ont impacté le cadre social et culturel des populations par la transformation de leurs
conditions de vie.
396
Aimé ADIKO, Lasm MANSO (S.d), Définition de l'enseignement supérieur en Côte d'Ivoire après l'indépendance,
12 p., p. l.
178
Cette politique a été d'autant plus nécessaire à « l'équilibre social interne de la
société ivoirienne dans son ensemble, qu'au développement harmonieux de l'économie »397.
Cela a nécessité des interventions de l'Etat dans des domaines divers. Des programmes
délectrification, d'adduction en eau potable, de santé et d'éducation ont été envisagées. Pour
la réussite de ces programmes, les transports terrestres interurbains ont incontournables.
En effet, ces moyens de transport ont contribué à aménager le territoire ivoirien, ils
ont été des soutiens indispensables à l'Etat dans la construction des équipements socioéducatifs,
l'électrification et la fourniture deau potable dans les différentes localités. Dans le domaine de
l'enseignement, lona constaté que là où les routes et le chemin de fer ont permis de mettre en
place une administration adéquate, les écoles ont été construites pour assurer l'éducation des
populations. Il était impérieux pour les autorités ivoiriennes de former des cadres compétents
pour compenser le départ des colons.
Ainsi, l'éducation des jeunes Ivoiriens a été alors nécessaire, voire indispensable
pour atteindre les objectifs de développement qu'elles se sont fixées à l'indépendance. Cette
situation s'imposait parce que le Président Félix Houphouët-Boigny a voulu accélérer la
scolarisation en raison de la pénurie de cadres à l'indépendance liée, d'une part à une
scolarisation insuffisante et, d'autre part à la "négligence" du colonisateur.
En outre. depuis l'indépendance, les pays africains ont développé leur système
découlant « des huis politiques, économiques. sociaux et culturels plus généraux énoncés dans
leurs plans nationaux »398• Ces objectifs fondamentaux se sont focalisés sur la démocratisation
de l'éducation, c'est-à-dire, permettre à un grand nombre d'individus d'avoir accès librement à
l'instruction. Cela devait aboutir à l'épanouissement de cet individu et de la société, ainsi que
la promotion de l'identité culturelle.
Cette vision de l'éducation est entrée dans la droite ligne du droit à l'éducation, qui
selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture
(U.N.E.S.C.O) était un droit fondamental de l'homme. Ainsi, la Côte d'Ivoire, à l'image des
autres pays indépendants s'est efforcée par des moyens divers, selon les options et les
ressources nécessaires à instruire tous les enfants grâce un enseignement adapté.
397
Henri BOURGOIN, Op. Cit., p.227.
398
UNESCO (1982), L'éducation et le développement endogène en Afrique, évolution, problèmes, perspectives,
Harare, 122 p., p.7.
179
Pour l'effectivité de cette politique. tous les pôles économiques reliés par les
transports terrestres interurbains ont été de prime abord, les points de départ d'une scolarisation
à grande échelle. Elle s'est étendue au fur et à mesure aux zones relais dépendant des grandes
villes. lorsque les moyens de transport le permettaient, par des mobilités plus accrues entre la
ville principale et les zones relais. Cette manière d'entrevoir le développement de l'éducation a
été adoptée pour rattraper le retard de la Côte d'Ivoire.
A partir de ces critères, les écoles ont été construites dans les différentes localités
reliées par les transports terrestres interurbains pour faciliter l'accès aux populations et aux
personnels enseignants. Au vu de ce qui précède, l'on a relevé une évolution rapide de
l'enseignement au premier degré ainsi qu'au second degré depuis 1960. Si les écoles primaires
ont été construites dans les campagnes comme en ville, les collèges, les lycées et les centres
professionnels ont été édifiés dans les sous-préfectures et les préfectures pour accueillir les
élèves après l'entrée en sixième qui normalement intervenait au bout de six années au niveau
au primaire.
399 Brice GUIGRE (S.d), La scolarisation en Côte d'Ivoire depuis 1960 à nos jours, S.e., 20 p., p.l.
400
UNESCO, Op. Cit., P.2.
401
Brice GUIGRE, Op. Cit., p.l.
180
En ce qui concerne l'enseignement au primaire. les efforts de l'Etat ont permis
2
d'avoir en 1980 « 3.310 écoles publiques et 499 écoles privées »-1° • avec un effectif de
04
« 954. 190 élèves ».J1!3. Cet effectif s'est accru pour atteindre « 1.024.585 élèves »./ , en 1980-
406
1981 dont « 409.859 filles »./05, soit 38,97% de l'effectif et de « 641. 726 garçons » , soit
61,02% de l'effectif. Concernant le secondaire, l'on a comptabilisé en 1980 un effectif de
172.409 élèves, suite à l'accroissement des infrastructures. Cet effectif a été multiplié par trois
en comparaison aux chiffres de 1969-1970.
Concernant, les zones les mieux dotées en infrastructures scolaires, les localités
dans lesquelles les systèmes de transport ont été les plus développés ont connu les meilleurs
taux de scolarisation. En effet. les régions et les villes dont l'accès a été rendu facile par les
routes et le chemin de fer, l'accroissement de la démographie a incité l'Etat à construire les
équipements socioéducatifs pour améliorer les conditions de vie de la population.
181
C'est fort de ce constat qu'à partir de 1970. l'on a comptabilisé un taux de
scolarisation de plus « 75% dans des villes comme Abidjan. Agboville. Bouaké. Daloa. Gagnoa,
Man el Abengourou »4n9. La particularité était que les zones urbaines ont été mieux reliées aux
zones rurales, facilitant du coup la construction des infrastructures éducatives quand le besoin
était signalé. En outre. plus de« 50% de taux de scolarisation »410 étaient signalé dans des villes
comme Divo. Bouatlé et Aboisso. Ce sont des villes qui bénéficiaient de la vitalité économique
procurée par les mobilités offertes par les différents réseaux routiers du sud-ouest.
Malgré cette relative croissance du taux de scolarisation dans les régions du sud. du
centre, de l'est et de l'ouest, des inégalités existaient tout de même. Le constat était perceptible
au nord, au nord-ouest et au nord-est avec des taux de scolarisation de 25% .. même si des villes
comme Korhogo. Ferkessédougou, Boundiali, Odienné et Séguéla étaient des exceptions. Les
autres localités présentaient des résultats qui laissaient transparaitre I' écart existant entre les
régions du sud et celles du nord dans la construction des infrastructures éducatives.
Ainsi. lorsque par exemple des villes du rail comme Bouaké et Agboville
comptabilisaient en 1968-1969 « 28 écoles primaires dont 3 privées el 23 écoles primaires dont
4 privées »m. d'autres villes comme Ferkessédougou et Katiola en comptaient « 7 dont 2
privées et 6 dont 3 privées »412• En somme, la volonté d'améliorer les conditions de vie des
populations à l'indépendance a incité les autorités ivoiriennes à investir dans l'éducation. Ainsi
cette politique de développement de l'enseignement a abouti à l'évolution du taux brut de
scolarisation à tous les niveaux de 1 'enseignement en Côte d'Ivoire. même si des inégalités
existaient entre les différentes régions.
182
Ainsi, les zones dont l'accessibilité a été favorisée par les transports terrestres
interurbains ont connu un accroissement des infrastructures scolaires pour pouvoir accueillir
les populations en âge d'aller à l'école. En outre. l'électricité. une source d'énergie nouvelle,
est entrée dans les habitudes des ménages pour améliorer leur quotidien et permettre aux unités
industrielles qui ont été mises en place de fonctionner convenablement. Pour alimenter les
ménages et fournir de l'électricité aux unités industrielles dans des conditions adéquates. l'Etat
a créé l'Energie Electrique de la Côte d'Ivoire (EECI).
413 République de Côte d'Ivoire, V/ème Congrès du P.D.C.I-R.D.A, Op. Cit., p.232.
414 Ministère du plan, Perspectives décennales de développement économique, social et culturel 1960-1970, Op.
Cit., p.47.
183
La Côte d" Ivoire qui ne comptait aucun village électrifié en 1960 affichait près de
« 500 villages électrifiés à raison de quarante/an ,,'15 en 1979. Durant vingt ans. l'Etat s'est
évertué à rendre agréable la vie des populations. L "électrification a permis d'améliorer les
conditions de vie de nombreux Ivoiriens. Le pays produisait 25,6 fois plus d'énergie qu'en 1960
et elle distribuait « 96.3% sur un réseau interconnecté desservant par moins de 467
localités ,i'16• Cette politique a connu le succès parce que l'accessibilité proposée par les
moyens de transport a été un facteur déterminant dans sa réalisation.
Toutes les préfectures, les sous-préfectures et des centaines de village reliées par
les routes et le chemin de fer ont été électrifiés pour un meilleur rendement des unités
industrielles et une amélioration de la vie des populations. L'accès à l'eau potable était un
problème qui s'est posé avec acuité aux populations des villes et des campagnes. En 1960,
« fournir à domicile ou presque une eau propre. saine et abondante à toutes les populations
était un impératif social majeur ,i'17• C'est ainsi que dans tous les grands centres urbains. des
extensions du réseau de distribution d'eau ont été réalisées pour répondre aux besoins des
populations.
les mobilités offertes par les moyens de transport et la restructuration administrative du pays
ont rendu " obligatoire la créai ion ou I 'extension des réseaux de distribut ion d 'eau "' 18 En ce
qui concerne l'hydraulique villageoise devant permettre déquiper la plupart des villages et des
petites agglomérations en eau, l'Etat a réalisé cette opération en tenant compte de l'accessibilité
des zones concernée et de la taille des populations. Ainsi, une première tranche de travaux a été
exécutée là où les besoins étaient préoccupants.
li a fallu mettre sur pied une organisation efficace. capable de réduire peu à peu les
déficiences d'alimentation en eau des zones rurales, les localités où sévissaient le ver de guinée,
la bilharziose et I'onchocercose. Cette politique a été précédée par la construction et
l'amélioration des réseaux routiers dans les zones de savane et de forêt. Elle a permis de
rapprocher les zones reculées à la capitale et d'améliorer le cadre de vie des populations par des
415
EECI, 1960-1980, Op. Cit., p.20.
416
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.270.
417
Ministère du plan, Perspectives décennales de développement économique, social et culturel 1960-1970, Op.
Cit., p.80,
418
Ibidem.
184
C'est dans ce cadre que l'Etat a entrepris, en 1972. (( un effort d'équipement dans
19
les régions de savane et le paysforestier dans le domaine de/ 'hydraulique >/ afin de pallier
les besoins en eau. faciliter l'intégration et l'adaptation des paysans dans les zones rurales. A
cette époque, une trentaine de centres urbains dont Abidjan ont été raccordés au réseau d'eau
potable et pas moins de 1.000 puits étaient équipés de pompes à main en zone rurale pour
l'éradication des maladies dues à la mauvaise qualité de l'eau.
L'on a constaté que de 1973 à 1979, les efforts de l'Etat pour la fourniture de l'eau
potable aux populations ont eu des résultats. De nombreuses localités. comme le montre le
tableau n°34, ont bénéficié des bienfaits de ce programme d'hydraulique urbaine.
185
Ce programme a pu se réaliser parce que l'Etat l'a précédé de l'amélioration de
l'accessibilité des zones qui souffraient du manque de route de qualité. En effet. dans la lutte
contre le déséquilibre régional, les autorités ivoiriennes ont mis l'accent sur le désenclavement
des localités de l'intérieur du pays pour un aménagement plus homogène du territoire. Ainsi,
aucune région du pays n'a échappé aux différents programmes routiers qui ont été initiés.
C'est fort logiquement que les localités répertoriées dans le tableau 11°34 de la page
185 ont bénéficié d'un certain nombre d'équipements (école, électrification, adduction en eau
potable) en raison de l'accroissement de la population et au développement des activités
économiques. Ces actions se sont concrétisées grâce à l'accessibilité et aux mobilités offertes
par les voies routières et ferroviaires.
Dans cette opération pour équiper les villes secondaires et les campagnes en eau
potable, l'on a remarqué une propension des localités du nord. En effet, à la faveur de la création
des complexes sucriers dans le nord de la Côte d'Ivoire, cette région a bénéficié des ouvertures
de piste. de l'amélioration de la route du coton et du bitumage des voies en direction d'Abidjan
et de San-Pedro. Cette politique a facilité la fourniture de l'eau potable à plusieurs centres
(Sinérnatiali, Tingrela, Ouangolodougou, Kani, etc.).
Ce fut aussi le cas des localités de l'ouest du pays qui grâce au port de San-Pedro,
les voies routiers de cette région ont été améliorées augmentant du coup les mobilités entre les
différentes localités. li a été aisé pour l'Etat d'exécuter son programme hydraulique dans les
grands centres urbains comme dans les centres secondaires. L'objectif de l'Etat était de doter
un grand nombre de localités en eau potable avec un intérêt particulier accordé aux zones rurales
plus accessibles.
420
République de Côte d'Ivoire, V/ème Congrès du P.D.C.J-R.D.A, Op. Cit., p.239.
421
Ibidem.
186
La volonté de rester en contact avec les siens a été une préoccupation constante
pour les autorités ivoiriennes. Pour répondre aux nombreuses attentes des investisseurs et des
populations, l'Etat avait décidé de développer les Postes et Télécommunications (P.T). Elles
ont constitué un des moyens les plus efficaces pour favoriser les contacts humains. En effet, le
développement des transports terrestres interurbains a permis le développement des villes pôles
économiques et des zones secondaires.
La relation entre ces villes et leurs zones relais a été rendu possible par les mobilités
plus accru offertes par les routes et le chemin de fer. Il a été nécessaire pour l'Etat de créer les
conditions pour une communication entre la Côte d'Ivoire et le reste du monde. Le téléphone,
le fax et le télex sont devenus indispensable pour l'amélioration des conditions de vie des
ménages, mais aussi pour le fonctionnement de l'administration et des entreprises. C'est ainsi
qu'à lindépendance, la plupart des grandes villes du pays étaient dotées de postes et
télécommunications.
Cependant, les besoins se sont accrus avec la croissance des activités industrielles,
le fonctionnement des administrations et le boom démographiques dans les différents centres
urbains. Les postes et télécommunications étaient devenus indispensables en matière de
communication pour les entreprises et les populations. C'est ainsi qu'en développant les
infrastructures de transport pour une meilleure accessibilité de l'ensemble du territoire, l'Etat a
poursuivi ses efforts d'amélioration du réseau urbain des postes et télécommunications à
Abidjan et dans les centres de l'intérieur du pays.
Il a pour cela construit des bureaux de poste dans les nouvelles sous-préfectures et
des hôtels de postes à Bouaké, à Daloa, à Korhogo, soit « un investissement de 4, 5 milliards de
1960 à 1969 >/n. Cette façon de développer les T.P était en rapport avec l'aménagement du
territoire. En effet, l'Etat a subdivisé le pays en entité territoriale. Dans chaque préfecture et
sous-préfecture, les équipements adéquats devaient être à la disposition des représentants de
l'Etat pour le fonctionnement de l'administration. Ainsi, la construction de ces bureaux de poste
dans ces nouvelles sous-préfectures n'était pas fortuite, elles étaient accessibles du point de vue
des transports terrestres interurbains.
422
Ministère du plan, Perspectives décennales de développement économique, social et culturel 1960-1970, Op.
Cit., p.82.
187
En outre, l'accroissement démographique observé au niveau de ces entités
territoriales a incité l'Etat à les doter en bureaux de poste pour les courriers et satisfaire les
demandes dans le domaine de la communication par téléphone et par fax. En ce qui concerne
les hôtels de postes dans les villes de Bouaké, Daloa et Korhogo, cela répondait à un souci de
décentralisation des P.T pour qu'ils soient plus accessibles aux populations. En effet, au regard
de l'emplacement de ces hôtels de poste, Bouaké par exemple était la ville du rail et des routes
internationales vers le Mali et la Haute-Volta.
En tant que capitale du centre, cette ville concentrait presque toutes les activités
commerciales et industrielles et exerçait sa domination sur toutes les localités aux alentours.
Quant à Daloa, elle exerçait son monopole sur le centre ouest du pays. Elle était l'aboutissement
d'une route principale bitumée et d'un ensemble de routes secondaires qui la reliaient aux autres
agglomérations. Elle est le lieu de convergence des populations des centres secondaires et des
campagnes. En ce qui concerne Korhogo, elle jouait le rôle de capitale du nord, elle était une
des rares villes du nord accessible par un réseau routier de qualité.
188
C'est ainsi que l'objectif de 1968 à 1973, actualisé pour la période allant de I 971 à
1975 a été de satisfaire« une demande téléphonique de 34.000 lignes, 25.000 pour Abidjan et
23
9.000 pour l 'intérieur »-1 . Ces objectifs ont permis d'automatiser 35 centres manuels. Les
réseaux téléphoniques et télex ont été développés par la création de 300 lignes télex et un centre
satellite à San Pedro, nouvelle ville portière. Ainsi, à partir de cette ville reliée par une route
principale bitumée, les mobilités dans l'ouest du pays jusqu'à Odienné ont été améliorées.
L'accessibilité a été déterminante dans la politique d'extension des postes et
télécommunications aux villes secondaires dans cette partie de la Côte d'Ivoire.
En outre, l'Etat a aussi développé à cette période les liaisons internationales pour
une meilleure communication et une réduction du coût des appels. Toutes ces actions ont
nécessité de 1976 à 1980 un investissement de « 227,2milliards de F CFA dont 149,5 milliards
de F CFA de/ 'Etat et 77,8 milliards de F CFA des entreprises publiques dans le domaine des
transports et des télécommunications »424. Ces deux secteurs étant liés, les résultats de ces
investissements ont donné de constater qu'en 1979, on comptait 25 villes ayant plus de 100
postes principaux, téléphones et télex compris, (voir le tableau n°35, page 190).
424
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. cn..
p.163.
189
Tableau 11°35 : Villes ivoiriennes ayant plus de 100 postes principaux en 1979
A partir des chiffres du tableau 11°35. 1·011 a constaté que le téléphone était
accessible dans toutes les grandes villes du pays. là où l'administration a été mise en place. Les
autorités ivoiriennes avaient tenu compte de l'accessibilité des localités à partir des transports
terrestres interurbains pour développer les postes et télécommunications. Ainsi, en dehors
d'Abidjan et des villes du rail, le téléphone était accessible aux populations vivant dans toutes
les villes chefs-lieux de département.
La remarque qu'il convenait de souligner dans cette politique de dotation des villes
en postes et télécommunications. c'est que l'Etat avait pris en compte les besoins dans toutes
les régions. Ainsi. l'extension a été réalisée dans des régions comme le nord et l'ouest qui
souffraient dun manque dinfrastructures dans tous les domaines.
190
En outre, la volonté d'améliorer les conditions de vie, de travail des populations et
des entreprises a incité l'Etat à entamer dès 1976, les principales opérations de modification des
services postaux et l'extension du réseau de télécommunication. Cette opération qui s'est
prolongée jusqu'en 1980 a permis aux entreprises d'étendre leur système de communication.
Elles pouvaient être reliées« au centre télex international inauguré en 1977, ainsi qu'au Centre
Automatique des Messages (C.A.M) ))425.
Cette politique d'extension a aussi concerné les villes secondaires à partir des pôles
économiques, comme le montrent les chiffres du tableau n°35 de la page 190. Si Abidjan
dominait en ce qui concerne le nombre des abonnés, les villes de l'intérieur de la Côte d'Ivoire
ont réalisé un bon quantitatif, notamment les villes du rail comme Bouaké, Agboville,
Dimbokro, Katiola. Il en est de même des villes de l'ouest comme San Pedro, Gagnoa, Daloa
et Man.
C'est pour cette raison que la Côte d'Ivoire a cherché à améliorer les conditions
sanitaires des populations urbaines, ainsi que celles des zones rurales. Le système de santé mis
en place par les autorités ivoiriennes s'est développé en tenant compte des progrès de
pénétration « des routes, des voies de communication, des moyens de locomotion, de la sécurité,
de la mise en valeur des ressources nationales et des progrès techniques de la médecine »428.
Les routes et le chemin de fer dès 1960 ont joué un rôle essentiel dans le désenclavement des
régions en contribuant à la mobilité des personnes sur presque l'ensemble du territoire.
425
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.278.
426
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.196.
427
En 1960, pour toute la Côte d'Ivoire, le nombre d'abonnés au téléphone était de 3.667. Le nombre d'abonnés
résidant à Abidjan était de 2.560. En pourcentage, cela donne : Abidjan 41,2% et le reste de la Côte d'Ivoire
58,8%. Quant au télex, on compte, en 1961, moins de 120.000 minutes taxées. La plupart des opérations
s'effectuent à Abidjan ; seuls quelques grands centres, comme Bouaké, y participaient. Source : Louis Edouard
SETIIE, Op., Cit., p.51.
428
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.239.
191
Du point de vue de l'accessibilité des agglomérations et de l'accroissement de la
démographie dans celles-ci, la nécessité pour l'Etat de construire des équipements sociaux
comme les centres de santé a été une priorité. Les liaisons routières et ferroviaires ont permis
aux populations des zones rurales de venir en ville pour recevoir des soins, le temps qu'un
centre de santé rurale soit érigé dans leur localité. Dans l'ensemble, la politique de santé adoptée
par l'Etat mettait l'accent sur la médecine préventive et l'hygiène sociale.
Cette action de la santé publique a été essentielle car « grâce au service de grandes
endémies. on a assisté à un recul spectaculaire de plusieurs maladies » -131• Ce constat était
perceptible surtout en milieu rural quand les liaisons routières ont permis aux personnels de
santé se déplacer et d'aller à la rencontre des populations et vice versa. En outre, l'organisation
du système de santé s'est opérée à l'intérieur des régions sanitaires qui correspondaient à des
unités géographiques.
429 Ministère du plan, Perspectives décennales de développement économique, social et culturel 1960-1970, Op.
Cit., p.28.
430
Ibidem.
431 Ministère du plan, Les grandes lignes du plan 1971-1975, Op. Cit., p.6.
192
Les structures sanitaires « étaient groupées et articulées hiérarchiquement pour
constituer un réseau allant du centre de santé rurale élémentaire jusqu'au Centre
Départemental de Médecine Préventive (C.D.M.P) et aux Centres Hospitaliers Régionaux
(C.HR) »·132. Cette hiérarchisation permettait de suivre l'état sanitaire des populations depuis
les structures de base moins équipées jusqu'aux hôpitaux les plus équipés.
C'est ainsi que dans les villages, les populations disposaient de centres de santé
pour les soins. Cependant, si le mal dépassait les capacités de ce centre, le village s'orientait
vers la ville secondaire où l'équipement était plus grand avec plus de compétences. Par la suite,
les patients étaient envoyés dans un Centre Hospitalier Régional (C.H.R). quand le mal
dépassait les compétences de la ville secondaire. En cas dïncapacité au niveau du C.H.R. les
médecins de ce centre avaient recours au Centre Hospitalier Universitaire (C.H.U) plus équipé.
Cette forme d'organisation pyramidale dans la fourniture des soins aux populations
était efficace à condition que les centres de santé concernés soient reliés par les moyens de
transports praticables. A ce niveau, l'amélioration des transports terrestres interurbains dans
chaque région de la Côte d'Ivoire a été mise en avant dans la politique de développement de
l'action sanitaire dans les différentes localités du pays.
Cette action s'est soldée par l'admission d'un meilleur cadre de santé aux
populations et la construction de plusieurs structures sanitaires à différents endroits du pays.
Même si les actions des autorités ivoiriennes en matière de santé étaient plus orientées vers les
populations urbaines, les zones rurales n'ont pas été oubliées pour autant. C'est ainsi qu'avec
la politique d'ouverture des pistes et le programme d'amélioration et d'entretien des routes en
terre à partir de 1970, le désenclavement des zones rurales a été effectif. Les villages ont été
mieux reliés aux villes.
La résultante de l'amélioration de la mobi I ité entre les zones rurales et les zones
urbaines a permis à l'Etat de pouvoir construire des structures sanitaires dans les zones rurales.
Ainsi, à la fin de la première décennie de l'indépendance, l'on cornptabilisait « 179 dispensaires
33
ruraux dont 31 étaient gérés par des missionnaires »-1 • L'une des satisfactions est venue des
régions administratives du nord et de l'ouest.
432
.Ministère du plan, Perspectives décennales de développement économique, social et culturel 1960-1970, Op.
Cit., p.100.
433
Ministère du plan, Perspectives décennales de développement économique, sociai et culturel 1960-1970, Op.
Cit., p.100.
193
Ces régions administratives « ont vu leur situations 'améliorer, témoin de l'effort
d'aménagement régional »"3". Pour ces deux régions, la politique de santé a été primordiale
pour rattraper le retard accusé depuis la colonisation. C'est dans ce cadre qu'en fonction des
ouvertures des voies et de l'accroissement de la démographie et des échanges, les
investissements dans le domaine de la santé publique de 1971 à 1975 ont permis au nord de
« bénéficié de 1.540 millions defrancs CFA et l'ouest de 1.270 millions de francs CFA »435 sur
un total de 9.700 millions de francs CFA.
En outre, la lutte contre la mortalité infantile a retenu I" intérêt des autorités
ivoiriennes. Elles ont développé pour cela des actions liées à l'amélioration des conditions de
vie et d'information des femmes et à l'amélioration de la surveillance médicale des futures
mères. Cette politique s'est concrétisée par une large diffusion des maternités et des Centres de
Protection Maternelle et Infantile (P.M.l). Ainsi, dans chaque sous-préfecture de Côte d'Ivoire,
l'Etat a construit une maternité et un centre de protection maternelle et infantile.
Dans ces entités territoriales, ces centres étaient accessibles en raison de la qualité
des liaisons routières qui permettaient de les relier aux villages environnants. Leur rôle a été de
pratiquer les accouchements. Par ailleurs, l'Etat s'est préoccupé de la médecine sociale. La
priorité a été accordée, en 1976, à la lutte contre les maladies transmissibles et aux infections
endémiques. C'est dans cette optique qu'une flotte de véhicules spécialement équipés a été mise
à cet effet à la disposition des équipes mobiles d'intervention en 1978. Elles étaient « chargées
des campagnes de dépistage et des campagnes de vaccination sur/ 'ensemble du territoire »./36.
Le total des investissements au cours des cinq dernières années pour améliorer l'état
sanitaire des populations ivoiriennes s'est élevé à plus de« 7 milliards 600 millions de.francs
CFA »"37 pour l'ensemble des réalisations à partir de 1970. Au moment où la crise frappait
l'économie ivoirienne, en 1980, la Côte d'Ivoire disposait de « 61 hôpitaux, 310 dispensaires
ruraux. 126 maternités et 162 centres de protection maternelle et infantile »"38.
434
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.247.
435
Jean Louis LIERDEMAN (1972), Planification de la croissance et organisation de l'espace en Côte d'Ivoire,
ORSTOM, 131 p., p.83.
436
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.249.
437
République de Côte d'Ivoire, vr= Congrès du P.D.C.I-R.D.A, Op. Cit., p.200.
438
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.209.
194
Ces infrastructures ont été construites dans chaque région du pays, reliées entre elles
par des transports terrestres interurbains. L'objectif a été de faciliter le déplacement des
populations, des agents de santé et des équipes mobiles pour améliorer l'état sanitaire des
populations. A partir de 1960, l'amélioration des conditions de vie des populations ivoiriennes
était l'une des préoccupations de l'Etat de Côte d'Ivoire. Les transports terrestres interurbains
ont permis l'aménagement du territoire, la circulation des personnes et des biens et le
développement urbain et semi-urbain. Dans les domaines sociaux et culturels, les retards étaient
considérables.
195
Cette nécessité qui est apparue avec la voiture et le train a dépassé le cadre purement
national en raison des relations économiques et commerciales de la Côte d'Ivoire avec ses
voisins du nord. Ces deux types de transport ont contribué à l'élargissement des marchés
intérieurs et extérieurs dans les échanges. Ce qui a favorisé la promotion des productions
agricoles et industrielles de la Côte d'Ivoire. Cette vocation des transports terrestres interurbains
a été primordiale dans la mise en place d'un système économique plus concurrentiel.
En effet, il s'est avéré impérieux de gérer au mieux l'ensemble des facteurs utilisés
dans le système de production ivoirien. La voiture et le train se sont révélés être parmi les plus
importants. Ces moyens de transport ont été indispensables à la croissance des activités
économiques et à l'éclosion d'un milieu social plus favorable. Cela dit. les différentes
circulations observées et qui se sont enchevêtrées les unes des autres ont dynamisé les systèmes
39
de transport. Ils ont en retour influencé « les motifs et les modalités de déplacement »-1 .
Les mobilités qu'offraient la voiture et le train ont eu des répercussions sur la vie
économique. sociale et culturelle de la Côte d'Ivoire et de ses habitants. Pour cela. il a été
nécessaire par souci d'équilibre « d'apporter à la campagne I 'infrastructure (routière et
ferroviaire) adéquate, couplée à l'investissement »440. Cette politique a contribué à la fixation
d'une partie de la population ivoirienne, surtout paysanne. En outre, il fallait un nécessaire
équilibre entre la construction des moyens de transport et les besoins des populations.
439
Jérôme LOMBARD, Olivier NINOT, Art. Cit., p.3.
440
Mvuezolo BAZONZI, Op. Cit., p.4.
196
Cela a été nécessaire à la diffusion des productions par le biais « des échanges
extérieurs et des investissements productifs, tout en réduisant les coûts de transport »441. Les
transports terrestres interurbains ont été indispensables dans le secteur primaire. Ils ont permis
la collecte des productions vivrières et commerciales dans les différentes localités du pays en
direction des lieux d'exportation et l'approvisionnement des différents marchés du pays et de
la sous-région. Par les relations économiques entre la Côte d'Ivoire et ses voisins du nord, le
chemin de fer, était au centre des échanges commerciaux, quand les routes monopolisaient le
transport du bois et des produits manufacturés.
441 Maman Hassan ABDO (S.d), Rôle des infrastructures de transport dans la construction de l'espace ouest-
africain, Université Abdou Moumouni de Niamey au Niger, Faculté des sciences économiques et juridiques, 18
p., p.4.
197
Les transports terrestres interurbains ont été indissociables à l'accès des
populations environnantes « aux différents marchés el aux services sociaux induits par la
présence de la route et du chemin defer »442. L'Etat a matérialisé les aspirations des populations
en développant très rapidement le transport par la route et par le rail. Il a commencé par
appliquer une tarification souffle sur les routes et sur le trajet du chemin de fer, (voir le tableau
n° 17, infra, p.85).
Cette action a suscité un engouement de la part des populations dans leurs différents
déplacements à l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte d'Ivoire. Il a été de même pour les
opérateurs économiques qui voyaient l'indispensabilité des transports terrestres interurbains
dans le trafic des marchandises. En outre, le besoin de se déplacer, de se familiariser à de
nouveaux produits et de nouer de nouvelles relations économiques ont laissé apparaitre la
nécessité du train et de la voiture.
Les conditions de vie des populations ont pu être modifiées par un meilleur accès
aux services de santé, à l'éducation, à l'électrification, à l'eau potable, à une meilleure
productivité agricole et des possibilités d'échanges induisant des revenus conséquents. Cela
étant. lïndispensabilité de la voiture et du train a été perceptible quand lïsolement des
populations en général et des populations rurales en particulier est devenu une caractéristique
fondamentale de la pauvreté.
En effet, l'accès aux services énergétiques, à l'emploi, tout comme aux marchés et
aux activités civiques et culturelles a été très difficile en raison des distances à parcourir, de
l'état des routes et des modes de transport disponibles. L'inaccessibilité des populations rurales
aux services essentiels était alors bien souvent un verrou ayant enfermé les ménages dans
l'extrême pauvreté. Ce fut le cas de certaines localités de la Côte d'Ivoire. Elles sont restées
longtemps éloignées des routes et de la voie ferrée.
442
Mvuezolo BAZONZI, Op. Cit., p.3.
198
Ces localités n'intéressaient plus par conséquent les commerçants circulant sur les
axes principaux. Dans ces conditions, les populations en général et les femmes en particulier
(revenus faibles, dépendantes des hommes), à la différence des hommes plus mobiles et en
capacité financière d'emprunter les transports modernes, subissaient dans certaines zones de la
Côte d'Ivoire un isolement croissant. Cela limitait les opportunités économiques à partir d'une
gare routière ou d'un carrefour important.
Ces constats montrent une fois encore que les transports terrestres interurbains
étaient indispensables au développement de la Côte d'Ivoire à tous les niveaux. Au plan
économique, les routes et la voie ferrée ont été nécessaires à la croissance économique de la
Côte d'Ivoire par leur apport à tous les secteurs d'activité. Leur nécessité intervint aussi au plan
social et culturel par les mobilités qu'ils offraient aux populations et les changements intervenus
dans les conditions de vie des populations en général et celles du monde rural en particulier.
Les routes et le chemin de fer depuis l'indépendance ont connu une organisation particulière.
Au niveau des routes, l'Etat via le ministère en charge des transports a mis en place
les dispositions en fonction du développement économique pour organiser le transport routier.
La gestion du chemin de fer a été différente de celle de la route. Il était géré par convention
entre la Côte d'Ivoire et la Haute-Volta. Par ailleurs, d'autres structures annexes au ministère
ont apporté leur contribution à l'organisation et à la gestion de ces moyens de transport.
199
Le P.I.B a été de 7% par an en moyenne entre 1960 et 1980. Les transports terrestres
200
TROISIEME PARTIE:
201
Les routes et le chemin de fer ont été incontournables à la croissance économique
leur efficacité dans certaines régions de la Côte d' 1 voire. L'Etat a tenté d'apporter des solutions
jouer leurs partitions dans le développement économique, social et culturel de la Côte d'Ivoire
durant les vingt premières années de l'indépendance. Dans cette dernière partie de notre travail
de recherche, nous nous intéressons aux difficultés des transports terrestres interurbains
(chapitre 1), ensuite, nous analysons les tentatives de solutions de l'Etat aux difficultés des
202
CHAPITRE I:
LES DIFFICULTES DES TRANSPORTS TERRESTRES
INTERURBAINS
Les transports terrestres interurbains ont permis à la Côte d' 1 voire d · atteindre une
croissance économique de 7% par an en moyenne entre 1960 et 1980. Ils ont contribué à
l'accroissement des activités économiques. De même. ils ont été au cœur du développement
social et culturel par l'amélioration des conditions de vie des populations sur l'ensemble du
territoire. Cependant, ces moyens de transport ont été confrontés à des difficultés. Ainsi. dans
ce chapitre, nous abordons les difficultés des voies routières (A), ensuite celles des voies
ferroviaires (8).
Les difficultés des transports par voie routière en Côte d'Ivoire se sont résumées
durant les vingt premières années de l'indépendance. à l'insuffisance des voies, au mauvais état
des routes et à l'absence de rigueur dans la gestion des transports routiers.
La Côte d'Ivoire depuis l'indépendance avait accompli des efforts pour améliorer
le réseau routier ( 45.000 kilomètres en 1980). Cependant. ce réseau a montré des insuffisances
par rapport à l'ensemble du territoire. Ces problèmes perçus à la période coloniale, se sont
accentués après I "indépendance. L • Etat avait, certes, réalisé de gros investissements pour pallier
les insuffisances, cependant, des efforts subsistaient encore pour un bon maillage du territoire
ivoirien. Cette insuffisance des voies routières était plus ressentie dans les régions du nord et
de 1 • ouest du pays.
Ces régions avaient pris du retard par rapport au reste de la Côte d'Ivoire. Cette
situation résultait des insuffisances des legs de la colonisation dont la Côte d'Ivoire avait hérité.
L'Etat dans un premier temps s'est contenté de les utiliser au mieux avant de penser à construire
d'autres voies de pénétration. Par ailleurs, le nord selon le colonisateur présentait peu d'intérêt
en ce qui concerne les potentialités économiques. Il ne fournissait que la rnain-dœuvre utile
dans les plantations du sud et de l'est de la Côte d'Ivoire. Quant à l'ouest, elle demeurait encore
difficilement accessible à cause de la forêt.
203
L'aménagement progressif du territoire à l'indépendance et le souci constant
d'améliorer les conditions de vie des populations ont néanmoins conduit les autorités
ivoiriennes à des ouvertures de voie en direction des différentes localités du pays. Pour les
besoins de transport de plus en plus importants dans des conditions optimales, l'on a constaté
l'amélioration et le bitumage de certaines routes du pays. Cependant, la plupart de ces voies ont
plus été en direction des sous-préfectures et des préfectures sans que les zones secondaires aient
été largement bénéficiaires.
Ainsi, les populations de l'ouest comme celles du nord. malgré les potentialités
économiques. avaient d'énormes difficultés pour participer convenablement au développement
de la Côte d'Ivoire. Elles étaient pratiquement enclavées et participaient peu à l'économie
nationale par rapport aux populations du sud. En outre, dans les régions où l'infrastructure
routière semblait bien développée, une différence nette existait entre les zones urbaines bien
fournies et les zones rurales qui étaient en souffrance.
Si en zone urbaine l'insuffisance de route était moindre, les zones rurales et semi-
urbaines n'étaient pas logées à la même enseigne. L'écart était flagrant et constituait un
véritable problème de développement. La qualité des infrastructures dans un pays est
caractérisée par la quantité et la qualité des voies praticables toute l'année et en toutes saisons.
Depuis 1960. l'Etat de Côte d'Ivoire a construit de nouvelles routes. tout en améliorant les
routes existantes.
204
Cependant, les routes de catégorie "A" en terre praticable toute l'année et les routes
bitumées étaient en nombre insuffisant, (voir graphique 11°2, infra, p.53) pour la pratique d'une
activité de transport plus intense. Les routes de bonne qualité ont été insuffisantes, même si
elles permettent de relier les grands pôles économiques à la capitale et contribuent à la
croissance des échanges intérieurs et extérieurs de la Côte d'Ivoire. Elles étaient toutes en
direction d'Abidjan.
Les zones semi-urbaines et les zones rurales souffraient du manque de bitume des
principaux axes. Les routes de catégorie "A" non revêtues mais praticables toutes les saisons
étaient. elles aussi, insuffisantes. Elles ne couvraient pas la totalité du pays. Certaines localités
étaient encore abonnées aux pistes villageoises qui se dégradaient et restaient impraticables
durant les saisons de pluies. Le manque de voies routières en Côte d'Ivoire était perceptible à
la qualité et à la quantité des bonnes routes.
Celles qui sont à grande circulation, et bonnes toute l'année étaient insuffisantes,
limitant les possibilités de transport sur certaines parties du territoire. Ces types de route se
concentraient surtout sur Abidjan et dans quelques grandes régions du pays comme le sud-est
(voir annexe l, page 28 l ). La structure transversale des routes internationales les obligeait à
fournir des services limités. En effet, les localités non embranchées à ces routes bénéficiaient
moins des retombées économiques de leur construction. L'insuffisance de route de bonne
qualité avait des répercussions sur le désenclavement des localités.
Elles laissaient apparaître des disparités frappantes entre les zones où les
infrastructures routières ont été étoffées et celles où elles ne l'étaient pas. Cette situation
s'expliquait par des choix politiques en ce qui concerne l'orientation de certaines routes. En
effet. au début de lïndépendance, l'Etat avait construit les voies routières en direction des
grandes zones de production agricole.
Par la suite. d'autres ouvertures de voies ont été effectuées en direction des
différentes localités du pays, en mettant toujours l'accent sur les zones agricoles. Par ailleurs,
le problème s'est accentué avec la crise économique qu'a connue la Côte d'Ivoire. L'Etat a été
dans l'impossibilité d'achever les projets de développement des routes envisagées. Des régions,
qui normalement devaient bénéficier d'infrastructures routières plus conséquentes, avaient vu
les projets mis en veilleuse par manque de moyens financiers.
205
C'est dans cette optique que pour le programme triennal des investissements publics
pour les années 1979-\980-1981, les investissements réalisés par l'Etat sous forme de budgets
ou subventions en francs CF A ont été « de 70.091 millions en 1979, 48. 700 millions en 1980,
32.335 millions en 1981 »443. Le constat était saisissant, les ressources de l'Etat pour les
investissements diminuaient au fil des années de crise et les transports en général et les routes
en particulier ont souffert du manque d'entretien. Cela s'est répercuté aussi sur la qualité des
routes à la disposition des populations.
Les routes en terre ne recevaient pas d'entretien régulier; il était parfois difficile de
pratiquer une activité intense de transport. Cette situation ne permettait pas d'accroître la
mobilité des personnes et des biens d'un point à un autre de la Côte d'Ivoire et de donner de la
valeur aux productions agricoles. De même, l'insuffisance de voyageurs et de marchandises à
certaines périodes (le temps des labours et la fin des récoltes) agissait sur le pourcentage de
remplissage des véhicules.
Les insuffisances constatées au niveau de toutes les catégories de route ont eu des
répercussions sur le volume du trafic de voyageurs et de marchandises dans les différentes
localités mal desservies par les infrastructures routières. En somme, le réseau routier de la Côte
d'Ivoire présentait de nombreuses insuffisances et des déséquilibres régionaux qui ont
défavorisé principalement l'ouest, le sud-ouest, le nord-ouest et le nord de la Côte d'Ivoire.
443
Ministère de l'économie et des finances, La Côte d'Ivoire en chiffres, édition 79-80, Op. Cit., p.317.
206
Ainsi, l'Etat avait consenti un effort substantiel pour mettre à niveau le réseau
routier de ces localités précitées. L'une des difficultés majeures à laquelle étaient confrontées
les routes était la mauvaise qualité de celles-ci. Les autorités ivoiriennes ont mis un accent sur
la modernisation des routes pour accompagner le développement du pays. Si elles ont permis
la croissance économique entre 1960 et 1980, il importait néanmoins de souligner que leur
mauvais état a constitué un frein à leur très grande efficacité.
Le mauvais état portait généralement sur les points suivants : une visibilité
insuffisante et un manque de coordination entre le tracé et le profil en long. La sinuosité de
certaines routes en raison de leur tracé, entraînait une mauvaise visibilité et une circulation
difficile. En outre, le drainage était très insuffisant sur certaines routes (absence d'exécutoires,
existence de fosses et de bourbiers), ainsi qu'une insuffisance des ouvrages de franchissement
des cours d'eau (ponts. bacs). Les ouvrages d'art étaient soit provisoires ou inexistants.
Durant les fortes pluies, ils étaient emportés par les flots, limitant les possibilités de
circulation sur les voies routières. Le mauvais état des routes se rencontrait le plus souvent sur
les pistes rurales et les routes en terre. A l'intérieur du pays, certains axes routiers étaient« à
viabilité saisonnière »4·14. Ainsi, les productions agricoles avaient moins de valeur sur ces axes
routiers. car l'écoulement était mal assuré. De même, les campagnes de modernisation du
monde rural étaient « souvent.freinées par le mauvais étal du réseau secondaire et des pistes
rurales »-/.15.
444
République de Côte d'Ivoire, \/"me Congrès du P.O.C.I-R.D.A, Op. Cit., p.10.
445
Ibidem.
446
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, volume 4, Op. Cit., p 13.
207
La dégradation de certaines routes était en effet liée à la zone géographique, à la
saison et au niveau d'entretien. Ainsi, les routes en terre situées en zones forestières étaient
difficiles à entretenir en raison de la texture argileuse du sol, donc difficile à travailler. Elles se
gorgeaient d'eau quand il pleuvait. Comme elles n'étaient pas bitumées, la circulation en saison
pluvieuse rendait la surface boueuse. Les routes de catégorie "B", non revêtues offraient des
caractères plus réduits.
Pour le reste, c'est-à-dire les 41 %, l'état de surface, était variable. On pouvait rouler
sur une bonne surface pendant un temps, avant de rencontrer une mauvaise surface. Cependant,
l'absence fréquente de couche d'amélioration rendait ces routes très vulnérables à l'eau. En
saison des pluies, il n'y avait que 10% d'entre elles qui avaient un bon état de surface. Ce
problème était récurrent sur « les routes situées dans la moitié sud de la Côte d'Ivoire (zone de
7
forêt). parce que très sollicitées et le sol argileux non revêtu >>4-1 devenait rapidement avec les
pluies un véritable "champ de patate".
Cependant, aucune route de catégorie "A" n'était coupée en saison des pluies. La
circulation était, certes, difficile sur certaines routes, mais elle s'effectuait tout de même
pendant toute l'année. Dans l'ensemble, le mauvais état de surface des routes en terre était lié
à l'absence de couche d'amélioration et à des problèmes d'entretien. En ce qui concerne les
routes revêtues, leur mauvais état de surface de roulement résultait d'un sous-dimensionnement
et à des défauts de mise en œuvre. Il ne faut pas oublier que les routes revêtues « ont été
exécutées dans l'optique d'un aménagement progressif au coût initial au minimum en vue de
réaliser le plus rapidement possible un kilométrage suffisant de ces routes »448.
447
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, Volume 4, Op. Cit., p.3.
448
Ibidem.
208
C'est ainsi que dans la précipitation d'aménagement de ces routes. des défauts sont
apparus dans la technique utilisée. Ils étaient consécutifs à un sous-dimensionnement de la
chaussée eu égard aux charges qu'elles supportaient. Les défauts résultaient aussi d'une
insuffisance localisée de la plate-forme ou des techniques de mise en œuvre des matériaux
constitutifs et de la mauvaise qualité géotechnique des matériaux.
Ces défauts ont été accentués par le manque d'entretien (absence de drainage et
stagnation de l'eau en surface). Concernant les anciennes routes goudronnées, certaines avaient
besoin d'être « renforcées pour que leur chaussée n'ait pas à subir de graves dommages et à
pouvoirfaire face aux besoins du trafic »449. Dans lensernble, les défauts des routes en Côte
d'Ivoire ont été les suivants:
- La tôle ondulée : elle était constituée par l'accumulation des matériaux de surface
de la chaussée en succession d'ondulations transversales. Elles étaient sensiblement
perpendiculaires à l'axe de la route. Les ondes ainsi constituées étaient régulières en espacement
de l'ordre de 60 à 70 mètres et en amplitude de 10 à 15 centimètres. Les caractéristiques
dépendaient de la granulométrie, de la plasticité des matériaux en surface et de l'intensité de la
circulation. Le processus de formation était consécutif à l'arrachement de matériaux en surface
par les pneumatiques lors du contact, suivant chaque décollement des roues. Le phénomène se
produisait en saison sèche.
- Les bourbiers : ils apparaissaient dans des zones où le sol est gorgé d'eau. Les
bourbiers de zone de basse étaient causés par une imbibition de la plate-forme entraînée par la
hauteur d'une nappe deau voisine. C'étaient les défauts les plus importants et les plus fréquents
sur les routes en terre. Les bourbiers de "faux plats" se formaient en dehors des zones basses.
Ils résultaient d'un mauvais écoulement des eaux de ruissellement.
449
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit, p.8.
209
- Le profil en W sableux : il apparaissait lui aussi, en saison sèche. L'absence de
cohésion de matériaux à prédominance sableuse entraînait le rejet des matériaux et la formation
d'ornières. La profondeur des ornières pouvait être suffisante pour arrêter la circulation, tout au
moins les voitures légères. L'entretien de telles sections de route était délicat. Il a fallu l'apport
de matériaux plastiques pour éviter un encaissement progressif de la route lors des reprof lages
où le sable est rejeté sur les côtés.
Le problème qui s'est posé avec acuité a été celui des coupures de route sur des
itinéraires où le trafic était déjà important. En effet, le mauvais état des routes, surtout celles en
terre et les pistes a constitué un véritable frein au désenclavement de certaines localités. Les
routes n'étaient pas permanentes, faute d'ouvrage sur les rivières ou de l'insuffisance des
hauteurs de remblais et de plateformes. Elles se trouvaient coupées en hivernage. privant
certaines localités du pays de participer à l'économie nationale pendant des semaines.
Par ailleurs, les interruptions dans le trafic étaient gênantes, car « certaines
50
productions étaient périssables. notamment la banane »./ . Les défauts techniques constatés
sur les routes en terre et les routes revêtues montraient l'incapacité du réseau routier à absorber
tout le trafic sur l'ensemble du territoire. Il a existé des déséquilibres régionaux et le prix des
transports était lié à la qualité de la route en Côte d'Ivoire. (voir le tableau 11°36).
Tableau 11°36 : Etat des routes et coût d'exploitation des véhicules F CF A/Km
(hors taxes) en 1977
Catégories de véhicules
Etat de surface
Voitures Transports Camionne/les Camions
particulières publics
Routes revêtues 47,3 84,5 48,2 125,7
en bon état
Routes en terre moderne en 70,6 113,3 66.6 146,5
bon état
Routes en terre 70,6 114.2 66.6 147.6
bon état
Routes en terre 83.5 133.0 77.1 159.5
état moyen
Routes en terre 101,1 157,3 91,9 186,9
en mauvais état
Source : Tableau établi par nous à partir de Banque Mondiale, Côte d 'Ivoire. prêt au
secteur routier, rapport d'évaluation. Op. Cit.. p.50.
° Communauté Economique Européenne, Les transports en Côte d'Ivoire, Op. Cit., p.16.
45
210
Les chiffres du tableau 11°36 de la page 210 confirment que le coût du transport était
fonction de la qualité de la route sur laquelle le trafic de voyageurs et de marchandises était
effectué. Ainsi, sur les routes revêtues, les routes en terre modernes en bon état et les routes en
terre en bon état, les prix pratiqués étaient abordables. Cependant, des écarts de prix existaient
en raison des catégories de véhicules et des distances à parcourir.
Les camions et les véhicules de transport publics par exemple pratiquaient des prix
plus élevés parce que ces types de véhicules parcouraient de longues distances. Ils étaient les
liens entre la capitale et les villes de l'intérieur. Ils desservaient aussi les pays voisins de la Côte
d'Ivoire. Ces véhicules étaient incontournables dans le trafic de marchandises sur l'ensemble
du territoire et leur importance était indispensable dans les échanges internes et externes.
Par contre, sur les routes en terre dont I" état de surface était moyen et les routes en
terre en mauvais état, les coûts d'exploitation étaient très élevés. Il était difficile pour les
véhicules de circuler sur ces différentes routes, surtout les camions et les véhicules particuliers
comme le montrent les chiffres du tableau n°36. Ces types de routes étaient les plus nombreux.
Ils se retrouvaient dans les zones rurales et leur entretien était difficile.
Le trafic sur ces catégories de route pouvait être rare et les transporteurs qui les
empruntaient pratiquaient les prix indiqués dans le tableau n°36 pour compenser les charges
presqu'à vide, sans oublier les incidents mécaniques qui pouvaient survenir et qui n'étaient pas
rares. En outre, cette mauvaise qualité des voies entraînait un ralentissement de la circulation,
des pertes de temps préjudiciables aux usagers et aux transporteurs et des cas d'accidents. Ainsi,
les accidents à l'extérieur d'Abidjan étaient de « 721 en 1973, 874 en 1974. 1.118 en 1975 et
1.520 en 1977 >>.:51.
451
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit, p.10.
452
Ibidem.
453
Ibidem.
211
2- L'absence de rigueur dans la gestion des routes
Des tentatives de solutions ont. certes, été envisagées au fil des années, mais il
existait tout de même. En effet, les exigences de développement économique et l'accroissement
des activités de transport par la route ont conduit l'Etat a modifié continuellement le ministère
en charge des transports. Cependant, sa compétence était toujours rattaché à des domaines
autres que le transport (l'assainissement, la construction de l'habitat, la distribution d'eau). Le
partage du budget du ministère avec les autres domaines de compétences réduisait la part
consacré aux routes.
212
En outre, l'entretien des voies accordé au ministère à travers les régies n'a connu
de succès que sur les routes les plus fréquentées. Les routes en terre et les pistes villageoises
étaient souvent laissées dans des états très avancés de dégradation. Cette situation était liée à
l'insuffisance des moyens financiers. En effet, comme le soulignait Godefroy Yao KONAN,
« les ressources étaient limitées pour l'Etat, donc des choix de développement de certaines
5
routes ont été effectués au détriment de certaines catégories de route »-1 -1_
Cette situation était aussi causée par la direction du matériel du ministère des
transports qui accordait son équipement à l'entretien des routes à grande circulation. A ce sujet,
Germain Yao KOUAKOU soutient que « celas 'expliquait par la loi du grand nombre. Ce qui
voulait dire que le réseau routier qui générait une valeur économique plus grande était mieux
entretenu que le reste »./55• Les autorités ivoiriennes semblaient oublier à partir de ce constat,
que la vitalité des routes à grande circulation dépendait en grande partie des routes d'intérêt
local et des pistes de l'arrière-pays.
En effet, les routes secondaires permettaient de drainer les productions des zones
de culture. ensuite les routes à grande circulation prenaient le relais pour convoyer vers les
points d'exportation les différentes marchandises. Dans les zones où le trafic routier était plus
dense, les services départementaux des travaux publics ont été plus actifs dans l'organisation et
la gestion des transports routiers. Les entretiens routiers ont été mieux supervisés avec un
personnel qualifié.
Dans le cas contraire, ces services départementaux des travaux publics ont existé
de nom et se sont contentés de gérer des tâches dont la teneur n'a pas impacté véritablement le
développement et l'entretien du réseau routier. De même, les routes à grande circulation
préoccupaient beaucoup plus les différents services. Ils ont cherché à les maintenir en bon état,
tout en occultant les routes secondaires embranchées aux réseaux nationaux et internationaux.
C'est un problème qu'il a fallu résoudre, car les routes dites secondaires et les pistes rurales
reliaient des localités peuplées. Elles permettaient l'éclosion d'une économie rurale plus
dynamique.
454
Entretien avec M. Godefroy Yao KONAN le lundi 30 mars 2015 au Ministère des transports, Direction
Générale des Transports Terrestres et de la Circulation, Tour C, 5ème étage, porte 6 (Abidjan plateau).
455
Entretien avec M. Germain Yao KOUAKOU le mercredi 01 avril 2015 à la Direction Générale des
Infrastructures Routières, 3eme étage (Abidjan-plateau).
213
De même. la manière de procéder de la direction du matériel limitait ses
compétences dans l'entretien des routes de Côte d'Ivoire. En effet, les structures en charge de
l'entretien des réseaux routiers sur l'ensemble du territoire prenaient attache avec la direction
du matériel. Elle les assistait en octroyant des engins pour les travaux d'entretien des sections
de route sur lesquelles elles devaient intervenir régulièrement. Des défaillances d'entretien
survenaient lorsque les structures n'avaient pas assez de matériel d'entretien. Elles éprouvaient
alors d'énormes difficultés à entretenir les sections de route mises à leur disposition.
Ainsi. l'entretien portait sur des travaux mineurs (fermeture des nids-de-poule), là
où de grands travaux de terrassement contribueraient à améliorer sensiblement la circulation et
laccroissernent du trafic de voyageurs et de marchandises. En ce qui concerne les directions et
les sous-directions du ministère en charge des transports. le grand nombre ralentissait
l'exécution des décisions du ministère, (voir annexe 3, p.283). En outre, dans le cadre de
l'organisation et de l'exécution des travaux d'entretien des routes, l'on a constaté un manque
de personnel qualifié et expérimenté.
Cependant, des efforts encore à fournir subsistaient pour maintenir en bon état
l'ensemble du matériel d'entretien des routes. Le manque de personnel qualifié était un
problème qui se posait tout le temps depuis l'indépendance. Il était particulièrement difficile
d'avoir des personnes qualifiées pour superviser tous les travaux d'entretien routier sur
l'ensemble du pays. Dès lors, des choix ont été opérés par l'Etat en privilégiant la supervision
de l'entretien des voies principales à grande circulation au détriment des routes secondaires,
des routes rurales et des pistes villageoises.
456
Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, Evaluation d'un quatrième projet routier
Côte d'Ivoire, Op. Cit., p.9.
457
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.13.
214
Par ailleurs, bien que la comptabilité analytique ait été introduite dans chaque
subdivision, en 1973, la Direction des Travaux Publics (D.T.P) du ministère des transports
employait « 4. 000 personnes, mais manquait gravement de personnels qualifiés au niveau des
cadres moyens el supérieurs. d'où le recrutement d'ingénieurs el de techniciens étrangers »458
en l'occurrence français.
Par la même occasion, la réglementation des transports publics et privés n'était pas
« assez stricte en ce qui concerne l'attribution des patentes. l 'inspection des véhicules el les
tarifs applicables aux charges de plus de trois tonnes, au parcours de plus de 100 kilomètres et
à tous les services passagers »459. Ce manque de rigueur dans l'application de la réglementation
en vigueur était un problème important qu'il a fallu régler pour mieux harmoniser le transport
public et privé de voyageurs et de marchandises.
458
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.13.
459
Idem., p.11.
215
C'est un syndicat national qui n'avait pas la caution de tous les transporteurs et l'on
avait l'impression qu'il existait seulement pour les grands transporteurs, reléguant au second
plan les petits transporteurs. Cela a encouragé la naissance de petits syndicats évoluant dans
l'informel. Ils avaient une influence, quand il s'agissait de perturber la circulation sur certaines
liaisons routières du pays. L'absence des gares routières modernes a contribué à la création de
nombreuses petites gares, proposant d'innombrables destinations.
460
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.11.
461
Ibidem.
216
En outre, l'insécurité sur les routes ivoiriennes était un problème tout aussi
important. Cette situation était liée à la forte croissance de la motorisation en Côte dïvoire. A
l'image des pays en développement, la Côte d'Ivoire a connu une aggravation ou une stagnation
de « l 'insécurité routière dont les conséquences avaient une grave incidence financière sur
462
l'économie » . Les accidents de la circulation avaient parfois pour causes l'excès de vitesse,
l'alcoolisme et le non-respect des panneaux de signalisation.
Il fallait les transporter vers les grands centres économiques comme Abidjan,
Bouaké, Daloa, Man, San Pedro afin de les commercialiser ou les exporter. Si des routes ont
sillonné l'ensemble du territoire pour l'effectuer, un chemin de fer avec d'autres trajectoires
allait apporter un plus aux transports de voyageurs et de marchandises. Cependant, ce n'est pas
le cas du rail en Côte d'Ivoire.
462
Kablan ASSIE, Op. Cit., p 1.
463
Président de la République de Côte d'Ivoire de 1960 à 1993.
464
N'GUETIA Kamanan (1993), "Agriculture ivoirienne, café cacao: la fête au village", in Le Démocrate,
l'hebdomadaire du PDCI-ROA, Abidjan, SIi, 90 p., p.60.
217
Sa trajectoire unique a été un véritable problème pour accroître sa performance. En
effet. les besoins de déplacement des populations se limitaient dans certaines localités du pays
seulement aux routes. Le chemin de fer, faute d'embranchement dans dautres localités, ne
permettait pas aux populations de bénéficier de ses services. Sa finalité première était le
transport des produits lourds de la Haute-Volta et du Mali vers Abidjan et également les
marchandises lourdes d'Abidjan vers ces pays. Il n'existait pas d'embranchement en direction
des autres régions à l'intérieur de la Côte d'Ivoire.
La voie ferrée traverse uniquement le pays du nord au sud et vice versa. Du coup,
sa rentabilité était fortement limitée. Des régions comme l'ouest et ses zones relais, ainsi que
l'est et ses zones relais étaient de « trèsfortes régions agricoles qui pouvaient accroitre encore
le volume d'activité de la voie ferrée »"'65. Cependant. cette opportunité n'avait pas été
envisagée. Par ailleurs. I" ouest avec la construction du Port offrirait d'énormes possibilités pour
l'exploitation d'un trafic ferroviaire intense.
Quant à 1 'est du pays qui était une forte région de production de cacao, de café et
de bois, elle pouvait être une zone essentielle dans l'accroissement du volume du trafic de
marchandises et de voyageurs par la voie ferrée. En effet, même s'il n'existait pas une
concurrence entre la route et la voie ferrée, ces zones qui concentraient le gros des trafics sur la
route, ont été un manque à gagner pour le chemin de fer.
Ces importants tonnages de cacao qui circulaient sur les routes de ces régions
pouvaient être aussi transportés par la voie ferrée, mais ce ne fut pas le cas. En d'autres termes,
l'ouverture d'autres voies, en direction d'autres régions du pays allait contribuer à désenclaver
plus les régions et à développer celles-ci par les possibilités de transport offertes. Le problème
posé par la non-orientation de la ligne en direction d'autres régions a été encore perceptible
dans le trafic avec le Mali.
Si avec la Haute-Volta, le problème ne se posait pas, avec le Mali par contre, il était
flagrant. car la route participait plus que le chemin de fer au trafic de marchandises avec ce
pays. Le chemin de fer n'avait pas d'embranchement dans le nord-ouest par Ouangolodougou.
De même, les problèmes politiques entre le Mali et la Haute-Volta, en 1974, ont perturbé le
trafic vers le Mali, occasionnant une perte du volume du trafic de marchandises qui passait par
la Haute-Volta.
465
Alain Konan BROU, Op. Cit., p.99.
218
En somme, la trajectoire unique de la ligne de chemin de fer en Côte d'Ivoire a été
un problème pour accroître ses performances dans le transport des personnes et des biens. Ce
problème a été accentué par la vétusté de la ligne. Le réseau ferroviaire qui a été construit du
nonnes et les techniques d'un trafic économique. En outre. la voie était caractérisée par un tracé
accidenté avec « des rampes maxima de 2501100 »166 et LIil rayon minimum de courbes de 180
mètres.
voie métrique et unique de 25 Kg/met généralement non ballasté. le chemin de fer jouait tant
bien que mal son rôle dans l'économie ivoirienne. Cependant. la vétusté de la voie était un
obstacle dans la mesure où ce chemin de fer à voie unique exigeait très peu de superstructure.
Il a été conçu pour un transport pas trop lourd. Ainsi. par ces caractéristiques. la
vitesse était limitée. le nombre et le poids des trains qui l'utilisaient aussi. Cela étant. pour le
466
REGIE ABIDJAN-NIGER, La voie de fa Régie du chemin de fer Abidjan Niger (1971), n°9, Abidjan, ICI, 24 p., p.9.
467
Ibidem.
"' Alain Konan BROU, Op. Cit., p.96
469
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire/Haute-Volta, évaluation d'un projet régionale de chemin de fer, Op. Cit.,
p.16.
219
Ce fut aussi le cas de la section de Bouaké (PK 315-PK 467) aux abords de Tafiré.
Des rails de 25 à 26 kg installés depuis plus de cinquante ans « devraient être remplacés en
raison de l'usure ondulatoire, d'usure latérale et du.feuilletage des champignons de rail dans
70
les virages »"' • Ainsi, la vitesse des trains était limitée pour éviter les accidents ferroviaires
provoqués par la vétusté de la superstructure et par voie de conséquence coûteux pour la R.A.N.
Depuis l'indépendance on a pu comptabiliser « 5 déraillements. en 1964. 4 en 1965 el 6
déraillements. en 1966 >>-11,.
En effet, la longueur des sections à voie unique entre les gares limitait strictement
le nombre de trains qu'il était possible de mettre en circulation chaque jour. Cela était
évidemment « une gêne pour l'assouplissement des horaires et, par conséquent, la commodité
des déplacements: d'où la saturation du réseau »"'76. Cette saturation intervenait entre «janvier
77
et avril »"' . Les rails ayant un poids au mètre insuffisant, ne pouvaient « assurer le passage de
locomotives très lourdes »"'78.
470
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire/Haute-Volta, évaluation d'un projet régionale de chemin de fer, Op. Cit.,
p.72.
471
Alain Konan BROU, Op. Cit., p.96.
472
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire/Haute-Volta, évaluation d'un projet régionale de chemin de fer, Op. Cit.,
p.146.
473
Idem, p.145.
474
Ibidem.
475
Ibidem.
476
Ibidem.
477
Cette période est très importante pour la régie des chemins de fer, car le taux de remplissage des wagons
était plus élevé.
478
Ministère de l'information, Côte d'Ivoire, faits et chiffres 1970, Op. Cit., p.24.
220
Le service de marchandises souffrait par conséquent d'une insuffisance de cadence
de rotation du matériel remorqué et d'une incapacité à respecter ses engagements liés aux
exigences de transport. C'est ainsi que dans de nombreux cas, la R.A.N n'offrait pas en matière
de délais « une qualité de service correspondant aux exigences des clients )..479. Cela résultait
de la vétuste et de l'insuffisant du matériel roulant. En 1963, le réseau comptait « 28
locomotives, 21 locotracteurs et 16 autorails diéselisés de tractions )..480•
479
Ministère de l'économie et des finances, Etudes économiques et financières, Op. Cit., p.5.
480
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.27.
481
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, Paris, volume 1, rapport général, Op. Cit.,
p.5.
221
2- Les routes et le chemin de fer: origine des disparités
Les disparités régionales ont été un problème majeur pour la Côte d'Ivoire. Elles
ont été accentuées par la politique d'aménagement du territoire dès les premières années de
l'indépendance et ont retardé le développement économique de certaines localités de la Côte
d'Ivoire. Les transports terrestres interurbains ont été au cœur de l'aménagement territorial de
la Côte d'Ivoire. Ils ont participé au désenclavement et au développement des régions et des
villes ivoiriennes par les mobilités qu'ils offraient.
Les routes et le chemin de fer, là où ils ont été développés et mis en valeur, ont
contribué à l'éclosion d'une économie locale. La zone desservie a pris de limportance avec le
temps à cause des flux de transport. Elle est devenue par la suite un pôle économique
d'envergure en raison de l'accessibilité. Son influence a eu des répercussions sur toutes les
localités qui lui étaient rattachées par les mobilités offertes. Cependant, ce ne fut pas le cas pour
toutes les agglomérations parce que l'insuffisance des routes et du chemin de fer a été à la base
de certaines disparités.
222
L · on observait cette disparité entre la zone d • Abidjan, le sud et les autres localités
du pays. C'est ainsi qu'en dehors de Bouaké qui semblait suivre le rythme imposé par Abidjan,
les autres régions étaient encore à la traine. Ce fossé a été difficile à combler surtout entre les
régions du sud de la Côte d'Ivoire et celles du nord et de l'ouest. Cc déséquilibre de
développement avait parfois pour origine les transports terrestres interurbains. Il a été constaté
que là où les réseaux routiers ont été denses et les flux de transport ont été améliorés. l'économie
a été en net progrès.
C'est le cas du chemin de fer qui a permis à certaines villes comme Agboville,
Dimbokro et Bouaké de développer une économie agricole et industrielle florissante. Les
systèmes de transport ont contribué largement aux déséquilibres économiques constatés entre
les différentes zones du pays. De graves distorsions économiques doublées d'inégalités non
moins graves étaient perceptibles dans l'accès à la formation, aux équipements culturels,
sanitaires et sociaux. C'est en cela que le taux de scolarisation variait de « 77% dans le sud-est
à 15% dans le nord )/82.
Les transports terrestres interurbains ont été un des leviers de la croissance des
activités économiques sur l'ensemble du territoire. Ils ont permis les mobilités et ont donné de
la valeur aux produits agricoles et industriels. Ces moyens de transport ont contribué à mettre
en valeur les potentialités économiques des différents centres économiques. Ainsi, en fonction
des possibilités de déplacements qu'offraient les différentes liaisons routières et ferroviaires, le
niveau de développement de chaque région se répercutait sur le revenu des habitants, (voir le
tableau n°3 7).
Tableau 11°37 : Différences de revenus entre les régions de Côte d'Ivoire en 1965
482
Jean Louis LIERDE MAN, Op. Cit., p.4.
223
Les chiffres du tableau n°37 de la page 223 montrent que la disparité économique
était réelle entre les différentes régions de la Côte d'Ivoire cinq années seulement après
l'indépendance. Elle variait entre le nord et le centre, entre ces zones et le sud et enfin, entre
ces zones précitées et Abidjan. De même, la disparité existait entre les zones rurales et les zones
urbaines. La ville d'Abidjan et ses zones relais procuraient des revenus intérieurs nets
supérieurs par rapport au nord et au centre de la Côte d'Ivoire. Cette situation découlait de la
domination de la mégalopole abidjanaise.
A 1 'intérieur même de cette région, la disparité entre les zones rurales et les zones
urbaines était visible parce qu'il n'existait pas forcément de liens économiques apparents entre
le pôle économique et ses zones relais. Ainsi, toute la dynamique économique se concentrait
uniquement dans la ville pôle de développement, sans que les zones rurales puissent bénéficier
des retombées de ce développement. Le même constat a été établi au centre de la Côte d'Ivoire
entre les zones rurales et les zones urbaines.
Les écarts de revenus ont alors suffi à expliquer le glissement migratoire nord-sud,
et l'attrait des villes sur les populations rurales. En effet, l'amélioration des transports terrestres
interurbains a entraîné des migrations et des appauvrissements en population d'une région à
une autre. Les régions les moins dotées en infrastructures ont subi les mouvements de
populations au profit des régions les mieux dotées et les mieux équipées.
L 'on a constaté après analyse qu'il existait une mauvaise ventilation des
investissements entre les villes et les campagnes. En effet, dès l'indépendance. l'Etat a focalisé
son développement sur des grandes régions et sur certaines grandes villes de la Côte d'Ivoire.
Celles-ci étaient devenues avec le temps, de grands pôles économiques à partir desquels le
développement des zones relais devait être exécuté. Cependant, l'on a observé que dans
beaucoup de cas, le développement s'arrêtait à ces grandes zones de développement. sans que
les zones rurales aient été largement bénéficiaires.
224
Par ailleurs, les mouvements de populations signalés ont créé un déséquilibre entre
les zones de forêt et les régions de savane. La zone de forêt attirait les populations en quête de
travail. Le niveau de vie a été largement supérieur à celui des zones savanicoles. Ainsi,
l'accroissement de la population incitait l'Etat à entrevoir des investissements nouveaux pour
améliorer le cadre de vie des populations. C'est dans cette optique que les équipements de
qualité et en quantité se distinguaient des équipements dans les zones de savane.
Ces revenus étaient par contre de « 78.400 francs CFA »-1s-1 dans les villes en zone
forestière, « 34. 900.fi·ancs CFA »485 dans les campagnes des zones forestières, « 71. 400.fi'ancs
86
CFA »-1 dans les villes en zone savanicole et« 13.300.francs CFA »-187 en zone rural dans les
régions de savane. On relevait tout de même une amélioration des revenus dans les villes en
zone forestière et en zone savanicole. Cette situation résultait de la croissance des activités
économiques dans ces zones, surtout après la mise en place des unités industrielles comme les
usines du textile à Dimbokro, Agboville et les complexes sucriers dans quelques villes du nord.
483
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.245.
484
Ibidem.
485
Ibidem.
486
Ibidem.
487
Ibidem.
488
Idem, p.231.
225
La concentration des activités à Abidjan a entraîné un afflux démesuré de
populations et a rendu désuet les efforts d'équipements et de création d'infrastructures
collectives. Les nuisances de la croissance et de l'exode rural ont été des maux avec lesquels il
a fallu apprendre à vivre. Une politique de régionalisation et d'aménagement du territoire a été
mise en place pour les atténuer. Les routes et le chemin de fer ont rencontré d'énormes
difficultés en Côte d'Ivoire dans leur fonctionnement. Les voies routières étaient insuffisantes
et en mauvais état.
L'Etat a été confronté à une absence de rigueur dans la gestion des liaisons
routières. Elles ont par conséquent été moins performantes dans certaines localités de la Côte
d'Ivoire. C'est aussi le cas du chemin de fer dont la trajectoire unique et la vétusté du matériel
de traction et de remorquage n'ont pas souvent permis un trafic lourd de marchandises sur
certaines sections de la voie ferrée. En outre, les transports terrestres interurbains ont été au
centre de certaines disparités régionales connues en Côte d'Ivoire. L'Etat a essayé de trouver
des solutions pour permettre aux routes et au chemin de fer de jouer pleinement leur rôle dans
la croissance continue de l'économie ivoirienne.
226
CHAPITRE II :
LESTENT ATIVES DE SOLUTIONS AUX PROBLEMES DES ROUTES
ET DU CHEMINS DE FER ET LES RESULTATS OBTENUS
L'Etat dans son engagement à développer le pays a essayé d'apporter des solutions
aux problèmes des transports terrestres interurbains en Côte dïvoire. Celles-ci ont permis
d'avoir des résultats significatifs dans la modernisation des routes et du chemin de fer.
Face aux difficultés des transports terrestres interurbains, des solutions ont été
envisagées afin de permettre à ces moyens de transport d'être plus efficaces dans la poursuite
de la croissance économique de la Côte d'Ivoire.
489
République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire 1960-1970, "Dix ans de progrès", Op. Cit., p.68.
227
A partir de 1965, le ministère des transports et des travaux publics, dans les divers
secteurs qui ont intéressé son département, avait maintenu d'une façon constante le rythme des
investissements à 44 milliards de francs CFA. Ces investissements se répartissaient comme
suit : « 9 milliards defrancs CFA pour l'entretien des infrastructures existantes, 35 milliards
de francs CFA pour les travaux neufs »"'90. Ces financements ont été indispensables, car au
regard du décollage économique de la Côte d'Ivoire. il a fallu adapter les infrastructures
routières aux besoins de développement.
Un accent particulier a été mis sur le bitumage des voies routières. Cette catégorie
de route permettait de pratiquer l'activité de transport dans des conditions optimales. Par
ailleurs. le bitumage a ouvert la voie à la croissance des villes et à léclosion économique des
localités que ces routes ont traversées. Comme le montre le tableau 11°38. voyons la localisation
des routes bitumées de 1695 à 1969.
Les données du tableau 11°38 indiquent que l'Etat a réalisé des investissements
substantiels pour le bitumage de certains axes routiers afin d'améliorer le transport des
personnes et des marchandises. Le trafic était intense sur ces types de route.
490
République de Côte d'Ivoire, l,'<ime Congrès du P.D.C./-R.D.A, Op. Cit., p.230.
228
Le rendement économique des véhicules a été à la hauteur des investissements
consentis pour la modernisation. La circulation était permanente sans rupture en ce qui concerne
le trafic de voyageurs et de marchandises. L'autre constat est venu de la localisation des voies
bitumées. Elle a concerné l'est, le sud-est, le centre-ouest et le centre de la Côte d'Ivoire. La
route Abengourou-Agnibilékro par exemple a été bitumée non seulement pour accroître encore
davantage la circulation sur ce réseau routier à l'est de la Côte d'Ivoire. Elle facilitait aussi le
transfert de la production cacaoyère de cette région au port d'Abidjan dans de meilleures
conditions.
C'est ainsi qu'en 1968, la Banque Mondiale a mis en place le premier projet routier.
D'autres ont suivi jusqu'en 1975. Les investissements à partir de ces différents projets ont été
les suivants:« 5.8 millions de dollars en 1968. 20,5 millions de dollars en 1971, 17,5 millions
de dollars en 1972. 7,5 millions de dollars en 1973 et 43 millions de dollars en 1975 »491. Ces
financements ont tous été exécutés de façon satisfaisante.
491
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.6.
492
Jean Louis LIERDE MAN, Op. Cit., p.83.
493
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p. 7.
229
Ces investissements ont été d'environ « 36 milliards de F CFA en 19ï7. 41
milliards de F CFA en 1978 et 48 milliards de F CFA en 1979 et étaient estimés à 50 milliards
9
en 1980;;-1 -1_ La politique routière de la Côte d'Ivoire a consisté à créer les routes pour faciliter
la circulation des biens et des personnes. Cette politique avait pris de l'ampleur au fur et à
mesure que les besoins des populations dans le domaine routier se posaient avec insistance et
que le développement économique de la Côte d'Ivoire le commandait.
Le financement des projets routiers était entré dans sa phase cruciale à partir de
1965 pour s'intensifier durant la deuxième décennie de l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Au
cours de cette période, la croissance économique devait être soutenue par un réseau routier de
qualité et le financement était la meilleure des options pour aboutir aux résultats escomptés.
Ainsi, avec l'aide des partenaires au développement (Banque Mondiale, Banque Internationale
pour la Reconstruction et le Développement) et des pays amis (France, Allemagne, Brésil, Italie
et bien d'autres), la Côte d'Ivoire s'est occupée de toutes les catégories de route en souffrance
comme le montre le tableau n°39 de la page 231.
494
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.22.
230
Tableau n°39: Financement du secteur routier de la Côte d'Ivoire sur fonds propres
et emprunts extérieurs de 1977 à 1979 (Millions de FCFA)
Pour l'exécution des projets dans ce domaine. le financement sur fonds propres de
l'Etat a presque doublé, en 1978, par rapport aux chiffres de 1977. Cela s'expliquait par les
recettes engrangées par la Côte d'Ivoire à la suite de la hausse des prix du café et du cacao. Le
pays avait les moyens conséquents pour financer les projets de développement dont les
programmes routiers. Ce financement a connu néanmoins une baisse, en 1979, à cause de la
crise économique à laquelle l'économie ivoirienne était confrontée.
231
L'Etat n'ayant plus les ressources suffisantes pour financer la construction et le
bitumage des routes nationales, il avait souscrit à des emprunts extérieurs comme solution pour
achever ces travaux routiers. C'est pour cette raison que l'on a constaté un accroissement des
chiffres des emprunts extérieurs, en 1979, par rapport à 1978. Au niveau des routes d'intérêt
régional. la même observation s'est imposée.
En effet, ces routes construites par la Côte d'Ivoire contribuaient à relier davantage
l'ensemble des régions de la Côte d'Ivoire (préfectures et sous-préfectures) du nord au sud et
de l'est à l'ouest en passant par le centre. En outre, les routes régionales ont été des relais
indispensables aux routes nationales pour le drainage des productions agricoles et industrielles
des zones de production jusqu'au lieu d'exportation. Cette catégorie de routes a été au cœur de
l'aménagement du territoire. Leur construction a amélioré l'accessibilité et a permis la mise en
place d'une administration adéquate dans chaque région de la Côte d'Ivoire.
Ce qu'il convient de relever des chiffres du tableau n°39 de la page 231, c'est que
le financement a été la solution appropriée pour résoudre les problèmes des routes en Côte
d'Ivoire. Comme le soulignait Godefroy Yao KONAN « les solutions aux difficultés des routes
sont venues des investissements réalisés par l'Etat de Côte d'Ivoire surfonds propres et l'aide
des partenaires au développement comme la Banque Mondiale. le Japon, l'Allemagne et autres.
95
La Côle d'Ivoire a sollicité des appuis pour/ 'entretien des roules »-1 _
495
Entretien avec M. Godefroy Yao KONAN le lundi 30 mars 2015 au Ministère des transports, Direction
Générale des Transports Terrestres et de la Circulation, Tour C, 5ème étage, porte 6 (Abidjan plateau).
232
En 1979, lorsque les fonds de la Côte d'Ivoire se sont amenuisés, elle a eu recours
aux emprunts extérieurs pour achever les projets routiers. Au total, 1' Etat a investi pour apporter
une solution adéquate aux difficultés des transports routiers. Les montants consentis par les
autorités ivoiriennes et les partenaires au développement ont été en nette croissance de 1977 à
1979 selon les chiffres du tableau 11°39.
Tableau n°40: Montant pour l'entretien des routes ivoiriennes de 1976 à 1978
(Millions de FCFA)
1976 1977 1978
Entretien régulier des routes 4.836 4.601 4.182
Travaux d'amélioration des routes en terre et gravillonnées 1.404 1.816 2.742
Fonds d'entretien routier 5.197 4.770 5.488
Source: Tableau établi par nous à partir des chiffres de Banque Mondiale, Côte d'Ivoire.
prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, 1980, Op. Cit.. p.18.
Ces travaux routiers portaient sur un entretien régulier des routes, ainsi que sur des
travaux d'amélioration des routes en terre et les routes gravillonnées. A partir des chiffres du
tableau 11°40, l'on a observé une baisse des dépenses d'entretien régulier des routes de 1977 à
1978. Cette baisse a été néanmoins compensée à partir de 1977 jusqu'en 1978 par une
augmentation d'environ 35% du montant consacré aux travaux d'amélioration des routes en
terre et des routes gravi I lonnées. Ces types de route, lorsqu'ils ont été bien entretenus, ont
compensé l'absence des routes bitumées dans certaines localités de la Côte d'Ivoire.
496 Ces pourcentages ont été calculés par nous à partir des chiffres du tableau n°39 de la page 232.
233
Dans de nombreux cas. l'état de surface de circulation de ces routes a été amélioré.
Cela a permis un trafic plus dense et le désenclavement des zones en souffrance qui manquaient
de bonnes routes. Par ailleurs, les chiffres du tableau 11°40 de la page 233 ont permis d'évoquer
les montants alloués au fonds d'entretien routier de 1976 à 1978. Ce fonds a été fourni à hauteur
de 5.197 millions de francs CF A en 1976. Cette somme a connu une légère baisse en 1977
(4.770 millions de francs CFA), avant de connaître à nouveau une hausse en 1978 (5.488
millions de francs CF A).
Cette hausse répondait aux soucis des autorités ivoiriennes de doter le fonds
d'entretien routier de plus de moyens financiers pour mieux s'occuper de l'entretien des routes
du pays. Le financement de la modernisation des routes de la Côte d'Ivoire incombait aussi aux
entreprises publiques. Ainsi, les investissements venant de ces structures ont été de « 16, 1
milliards de F CFA (1966 à 1970), 18,5 milliards de F.CFA (19ïl-1976), 2-1 milliards de F
CFA (1976-1980) »./97. li en est de même des contributions du secteur public et du parapublic
Ivoirien.
Les transports ont été financés à hauteur de « 3 7,3 milliards de F CFA (1966-1970).
43,5 milliards de F CFA (1971-1976). 66,5 milliards de F. CFA (1976-1980) »./98• La route était
l'une « des conditions de tout transport. donc de toute vie économique »499. C'est ainsi qu'à
partir de I 970, sa modernisation pour répondre aux attentes des populations et de l'Etat a été
grande. En effet, l'insuffisance des routes et le mauvais état de surface qui les caractérisaient
ont ralenti le développement de nombreuses localités de la Côte dlvoire qui devait samorcer
au cours de la deuxième décennie de l'indépendance.
Pour y remédier, les travaux routiers ont « absorbé près de 4 milliards de francs
CFA par an pour le développement et l'amélioration du réseau »500. C'est dans ce cadre que
durant les années 70, les investissements routiers ont été entrepris en partie grâce au Budget
spécial d'investissement et <l'Equipement (B.S.I.E) dont« le cumul des investissements donnait
un total de 237.178 millions defrancs CFA »501 .
497
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, Volume 2, perspectives de
développement économique, Op. Cit., p.36.
498
Ibidem.
499
République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire 1960-1970, dix ans de progrès, Op. Cit., p.68.
500
Ibidem.
501
Louis Edouard ETIIE, Op. Cit., p.127.
234
L'on pouvait souligner aussi l'aide du Fonds Européen de Développement et du
Fonds Français dAide et de Coopération (F.F.A.C). L'objectif de tous ces financements était
de fournir à la Côte d'Ivoire des routes de qualité pour propulser encore davantage la croissance
économique, accroître la performance des entreprises. limiter le temps et les charges
supplémentaires de transport. Dans l'ensemble. la préoccupation première de l'Etat pour la
période 1970-1980 a été de moderniser les routes et le chemin de fer pour qu'ils soient des
moyens indissociables au développement économique. social et culturel de la Côte d'Ivoire.
C'est ainsi que les investissements ont permis l'ouverture de nouvelles routes et
l'amélioration de ce qui existait. L'Etat s'est évertué à rendre praticables par le bitumage les
routes comme N'Douci-Yamoussoukro, N'Douci-Divo, Grand-Bassam-Abidjan,
Yamoussoukro-Bouaké, Divo-Gagnoa et Grand-Bassam-Aboisso, Il avait aussi procédé à
l'aménagement routier de la boucle du cacao dans l'est du pays, ainsi que les routes secondaires
dont l'importance a été indiscutable au fur et à mesure que les échanges avec l'arrière-pays
croissaient.
En effet de 1974 à 1980. avec l'aide de la Banque Mondiale dans le cadre d'un
prêt sectoriel. « les routes gravillonnées (2.000 kilomètres) el les routes en terre qui posaient
des problèmes plus graves ont été améliorées »502. Par ailleurs, quelques « 4.500 kilomètres de
routes de desserte ont été remis en état dans la région cotonnière »503. Le sud-ouest a connu
des ouvertures de route pour le désenclaver. De même, avec le développement urbain. l'Etat a
pensé aussi à moderniser le réseau des villes comme Abidjan. Bouaké, Korhogo, Daloa,
Abengourou et Man.
La deuxième décennie a été sans conteste la période des grands projets routiers pour
soutenir l'économie ivoirienne. C'est ainsi que depuis 1976, environ « 1.500 kilomètres de
routes goudronnées ont été construits ou renforcés moyennant un coût d'environ 184 milliards
defrancs CFA en prix courant »504• Ces routes étaient localisées dans toutes les grandes zones
économiques de la Côte d'Ivoire. C'est dans ce cadre que la route Abidjan-Bouaké-Katiola-
Korhogo a été le prolongement de la route internationale vers la Haute-Volta. Elle a permis une
fluidité du trafic entre les deux Etats.
502 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.8.
503
Ibidem.
504
Idem, p.22.
235
La route San Pedro-Man terminée, en 1977, a permis de désenclaver encore l'ouest
et le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. Elle a connu un prolongement à Touba et à Odienné. Quant
à la route Man-Odienné, elle a atteint Biankouma en 1977 et Odienné en 1980 pour faciliter le
trafic vers le Mali et désenclaver le nord-ouest de la Côte d'Ivoire. Le grand axe Bouaké-
Ferkessédougou terminé, en 1977, a renforcé le flux de transport entre le nord. le centre et le
sud de la Côte d'Ivoire.
D'une manière générale. la politique adoptée depuis 1970 par la Côte d'Ivoire en
matière d'infrastructures routières visait « à développer les grands axes internationaux et ceux
reliant les principaux pôles économiques »505• Cette politique devait permettre le
désenclavement toutes les régions afin de faciliter leur mise en exploitation rationnelle. Ainsi.
les investissements ont permis d'améliorer dans l'ensemble, la qualité des infrastructures
routières, de « créer des roules. des pistes nouvelles et d 'assainir le marché des transports »506.
Cette action a permis une adéquation entre J'offre et la demande, mais aussi une rationalisation
des circuits de distribution.
L'accent avait été mis d'abord sur la nécessité d'assurer un bon entretien des routes
existantes. Ainsi, les sommes consenties à cet effet ont été les suivantes : « -1.836 millions de
francs CFA en 1976. -1.60/ millions defrancs CFA en /977 et -1./82 millions defrancs CFA en
/978 ,>'"'. Ces travaux d'entretien et d'amélioration, surtout sur les routes en terre et les routes
gravillonnées répondaient à une préoccupation. lis devaient permettre à la plus grande partie du
réseau d'offrir de bonnes conditions de transport, même en saison des pluies.
importantes pour pallier les insuffisances constatées dans toutes les localités du pays. Tous ces
efforts d'investissement ont permis à la Côte d'Ivoire de trouver des solutions aux problèmes
d'insuffisance et de mauvaise qualité des routes. Du point de vue organisationnel. de
l'accroissement du matériel et de la lutte contre les disparités. des tentatives de solutions ont
505
République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire, vingt ans, Op. Cit., p.115.
506
République de Côte d'Ivoire (1981), vir» Congrès du PDC/-RDA, 29 et 30 septembre, 1" octobre 1980,
Abidjan, Offset SIi, 303 p., p.189.
507
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.18.
236
b- Les actions contre l'absence de rigueur, l'amélioration du matériel et la lutte
contre les disparités
Pour un bon rendement des investissements consentis pour améliorer les routes,
l'Etat a pensé aussi à régler les problèmes dans l'organisation et la gestion du transport routier.
Ainsi, les autorités ont mis en place un cadre juridique et légal pour la pratique de l'activité de
transport en Côte d'Ivoire. L'Etat a commencé par établir une distinction entre la pratique de
l'activité de transport à titre privé et celle pratiquée à titre public. Des dispositions ont été prises
pour pallier les difficultés d'ordre organisationnel des transports routiers.
Par ailleurs, les différentes réformes au sein du ministère en charge des transports
avaient permis de regrouper les syndicats de transport en un seul pour défendre les intérêts des
transporteurs, au cas où des incompréhensions surviendraient entre le ministère de tutelle et les
acteurs du monde des transports. De cette action, le syndicat national des transporteurs était
consulté et partie prenante dans toutes les grandes décisions, en ce qui concerne l'orientation à
donner à la politique des transports en Côte d'Ivoire.
237
Le décret n°66-538 du 17 novembre 1966 est venu confirmer toutes ces dispositions
jusqu'en 1980. C'est dans ce cadre que pour le transport public, il ne pouvait être exercé que
par des transporteurs détenteurs d'une autorisation de transport et préalablement inscrits au
registre des transporteurs de leur catégorie et prévue par la réglementation en vigueur. En ce
qui concerne le transport à titre privé, la réglementation a été très dissuasive. Il était effectué
par une personne avec son propre véhicule ou pris en location dans un court délai pour le trafic
de personnes et de marchandises. Il a fallu aussi une autorisation préalable selon les conditions
prévues par la réglementation en vigueur.
Le ministère des travaux publics et des transports a été la seule entité habilitée à
délivrer toutes les prescriptions précitées. Cette inscription au registre des transporteurs
constituait une reconnaissance officielle. Elle permettait ainsi de sortir de l'informel et de
professionnaliser l'activité. En outre, la pression a été mise sur le transporteur. Son titre pouvait
être supprimé ou suspendu lorsqu'un cas de manquement grave ou répété à la réglementation
des transports. du travail ou de la sécurité était constaté.
508
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.11.
509
Kablan ASSIE, Op. Cit., p.12.
238
En 1963, des mesures prises par le parlement tendaient « à prévenir la conduite
sous/ 'emprise de/ 'alcool »5rn. Ainsi,« des peines d'emprisonnement allant de deux mois à un
an, assorties d'une amende de 100.000 defrancs CFA à 2 millions defrancs CFA »511 avaient
été recommandées. En outre, le port de la ceinture de sécurité était devenu obligatoire le 1 cr
janvier 1971 en rase campagne, aux places avant des véhicules de tourisme pour accentuer
encore la sécurité des usagers de la route.
Dans la continuité, par le décret 11°70-368 du 26 mai 1970, complété par le décret
11°72-375 du 16 juin 1972, le comité national de coordination des actions de préventions
routières a été mis en place dans l'optique « d'intensifier la lu/le contre les accidents de la
circula/ion »512• De même, sur insistance du comité national de coordination des actions de
prévention, des ressources financières ont été octroyées pour équiper les unités spécialisées.
Elles étaient dotées de moyens logistiques (véhicules et engins radar) pour lutter contre l'excès
de vitesse avec le concours de la gendarmerie en 1972.
Par ailleurs, la direction des assurances avait acquis des véhicules de secours et
d'interventions. Cette direction assistait les accidentés grâce à la collaboration du Groupement
des Sapeurs-Pompiers Militaires (G.S.P.M) créé, en 1974 et du Service d' Aide Médicale
d'Urgence (S.A.M.U) qui a vu le jour, en 1976. La conjugaison vigoureuse de tous ces moyens
a contribué entre 1973 et 1975 à « infléchir la courbe des accidents et des victimes (tuées et
blessées) »513•
Cependant. faute de moyens financiers pour accroître encore les actions du comité
national de coordination dans le cadre des actions de prévention, la tendance des accidents était
revenue à la hausse. Le "paroxysme" a été atteint, en 1977 « 6.266 blessés au Iota/ dont 4.344
514
à l'extérieur d'Abidjan. 600 tués au total dont 355 à l'extérieur d'Abidjan >> • Il a fallu une
réaction de 1 · Etat pour tenter de freiner cette insécurité grandissante sur les routes. Ainsi. en
1978, un arrêté du ministère chargé des transports avait prévu la suspension du permis de
conduire pour une durée de trois mois pour les chauffeurs indélicats.
51
° Kablan ASSIE, Op. Cit., p.9.
511
Ibidem.
512
Ibidem.
513 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, volume 1, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.13.
514
Idem, p.10.
239
L'Etat a aussi créé l'Office de Sécurité Routière (O.S.E.R) pour la sensibilisation
des automobilistes. Pour accentuer cette politique de sécurisation des usagers de la route. un
bureau de la sécurité routière a été créé par la suite au début de 1979 pour « élucider les
515
accidents de la route, promouvoir el coordonner les activités de sécurité routière » . Dans le
cadre du prêt au secteur routier et conformément aux recommandations des consultants, la
Banque Mondiale a appuyé « les efforts du gouvernement ivoirien pour améliorer la sécurité
516
routière par laformation des conducteurs de poids lourds » .
Au total, le cadre juridique et légal mis en place par l'Etat en 1960 a permis
d · atténuer les incohérences dans l'organisation et la gestion des transports terrestres
interurbains. Cette action s'est intensifiée à partir de 1970, et les réglementations ont obligé les
transporteurs à se conformer aux prescriptions. Ceux-ci ont cherché à se procurer les
autorisations nécessaires pour la pratique de l'activité de transport sur l'ensemble du territoire.
Ces autorisations étaient vérifiées par les Centres Nationaux de Bureau de Fret installés sur le
territoire.
Ces centres facilitaient les contacts entre les expéditeurs et les transporteurs. Ils
contribuaient à réduire les fraudes sur les transports de marchandises hors des bureaux de fret.
La création d'un ministère en charge des transports et l'action des structures annexes au
ministère ont permis à l'Etat de réglementer, de coordonner et d'harmoniser les transports
routiers le mieux possible pour les rendre plus performants. Par ailleurs, le problème de
l'insuffisance de personnels qualifiés dans les domaines techniques a été en partie résolu par la
formation.
515 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt ou secteur routier, volume 1, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.11.
516
Idem, p.10.
240
Dans l'optique de remédier aux besoins de transport de plus en plus croissant, et vu
le développement de l'économie ivoirienne, l'on a observé une nette amélioration des moyens
de locomotion dans le domaine des transports routiers. Au début de l'indépendance, le parc
automobile ivoirien était de 23.464 véhicules au 31 décembre 1960. Ce parc est passé à 52.837
véhicules au 3 1 décembre 1964, soit « une augmentation de plus de 120%, quatre années
seulement après les indépendances »517.
De nouvelles routes ont été construites. Elles ont relié de nouvelles localités et les
mobilités ont été accrues pour créer une économie beaucoup plus dynamique. Dans l'optique
de satisfaire les demandes de transport de plus en plus croissant. le parc automobile a connu,
lui aussi, une croissance, (voir infra, page 56-58). La diversité des marques automobiles
évoquées dans le tableau n°8, infra, p.60, dénotait de l'intérêt que les transporteurs et les
populations accordaient aux véhicules.
517 République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire 1960-1970, "Dix ans progrès", Op. Cit., p.117.
518
Ministère de l'information, Côte d'Ivoire, faits et chiffres 1970, Op. Cit., p.59.
241
On retrouvait en tête des ventes les marques françaises parce qu'il existait selon
Godefroy Yao KONAN « une usine de montage de Renault en Côte d'Ivoire qui facilitait
l'achat de véhicules »519. La production de cette usine avait atteint les 4.000 unités, camions
compris en 1970. Le gros de la production (50%) était constitué de Renault 4. En outre, les liens
historiques et commerciaux ont commandé le choix des populations ivoiriennes, mais aussi
Cependant, les facilités douanières encore consenties par la Côte d'Ivoire « aux
produits.français avaient disparu à partir de 1972 el, en 1976, la Régie n'était plus le premier
520
fournisseur du pays. Renault met fin au montage à Abidjan au milieu des années 80 » . Cette
situation a ouvert le marché ivoirien à d'autres constructeurs. Ce fut le cas des véhicules
japonais. lis avaient l'assentiment des populations et des transporteurs pour leur solidité et leur
Ces véhicules étaient moins coûteux et l'on pouvait se procurer les pièces de
rechange dans les établissements de commerce en Côte d'Ivoire. En effet. comme l'indiquait
Godefroy Yao KONAN « les marquesjaponaises étaient prisées pour les prix parce que c'était
une période où les japonais se lançaient dans la construction automobile, alors, tous les
521
premiers véhicules étaient abordables au niveau des prix » .
visible à travers l'accroissement du parc automobile ivoirien, les marques de véhicules que l'on
rencontrait sur le territoire de 1960 à 1980 et l'accroissement des ventes de véhicules neufs. Cet
accroissement a permis de donner une autre dimension aux trafics de voyageurs et de
problème, celui de la disparité régionale que l'Etat a tenté de solutionner pour rééquilibrer le
développement. Comme. il était difficile de combler l'écart existant entre les régions de savane
et la zone forestière, alors, il fallait « s'efforcer de faire participer chacune de ces régions à
522
l 'effort de production et aux résultats de la croissance » .
519 Entretien avec M. Godefroy Yao KONAN le lundi 30 mars 2015 au Ministère des transports, Direction
Générale des Transports Terrestres et de la Circulation, Tour C, 5ème étage, porte 6 (Abidjan plateau).
520 RENAULT CLASSIQUE, Les cahiers roussin Renault 4, tome 2, Universelle et sportive, 28 p., p.8.
521 Entretien avec M. Godefroy Yao KONAN le lundi 30 mars 2015 au Ministère des transports, Direction
Générale des Transports Terrestres et de la Circulation, Tour C, 5ème étage, porte 6 (Abidjan plateau).
522 Louis Edouard SETTIE, Op. Cit., p. 72.
242
L'Etat afin d'enrayer l'accroissement des déséquilibres créés par le colonisateur et
accentué par les choix de développement économique de l'indépendance, a pensé autrement le
développement. Cette nouvelle politique d'aménagement du territoire a démarré véritablement
à partir de 1970. Les autorités ivoiriennes ont procédé d'abord à de nouveaux découpages
administratifs et des pôles économiques ont été créés.
L'on insista sur l'ouverture des voies en direction des zones rurales et cette option
avait permis d'améliorer les conditions de vie des populations rurales. En ce qui concerne les
mesures pour l'orientation du développement économique, des plans quinquennaux ont succédé
aux lois-plans des années 60. Si ces lois-plans avaient permis le démarrage économique de
certaines régions du pays, il a fallu procéder autrement pour mieux atteindre un développement
plus équilibré de la Côte d'Ivoire que par le passé.
Cette solution aux problèmes des déséquilibres a débuté avec la préparation du plan
quinquennal de développement de 1971 à 1975. C'est ainsi que les propositions de planification
du développement régional se sont concrétisées par les premières structures régionales qui ont
été mises en place. Dans la foulée, « une réorganisation du ministère du plan a été adoptée à
52
ce nouvel ordre de préoccupations » "'.
243
Des mesures diverses ont été adoptées à ce sujet contre ces déséquilibres
économiques et socioculturels préoccupants. Elles ont consisté à la création d'institutions
d'aménagement du territoire, la création de schémas directeurs régionaux et la réalisation
d'opération intégrée de développement. L'Etat a orienté les investissements publics et privés à
travers « la création d 'emplois dans les zones défavorisées. le développement des
infrastructures de communication »515. Cette politique étant inscrite dans les plans
quinquennaux, l'Etat avait à cet effet prévu un aménagement de l'espace ivoirien selon trois
axes de circulation principaux :
Ainsi, le pôle du sud-ouest s'est construit autour du port de San Pedro mis en service
en 1972. Il« a permis de réaliser un équilibre entre/ 'est el/ 'ouest el d'assurer une meilleure
mise en valeur des potentialités de celle région »516. Le port a été accessible par un réseau
routier qui a sillonné le sud-ouest. li a permis de l'adapter au rythme de croissance de
l'économie nationale. Cette politique est entrée dans sa phase pratique dans le cadre de la
réorganisation administrative et territoriale entreprise pour << relancer le développement
517
économique des départements excentriques et atténuer les inégalités régionales » .
244
Ainsi, selon le Président Félix Houphouët-Boigny, il s'agissait concrètement de
« faire en sorte qu'il n'existe plus une vitrine du littoral et une arrière-boutique du nord »528•
La préoccupation était évidente et la seule voie réaliste a consisté à organiser le développement
des régions. C'est dans cette optique que l'Etat a envisagé l'industrialisation des villes de
l'intérieur, l'équipement des centres semi-urbains et la mise en place d'actions de
développement rural. La tendance a été de créer des pôles de développement sur les lieux même
des grands programmes agricoles. surtout au nord et à l'ouest de la Côte d'Ivoire.
Dans la continuité des programmes d'aménagement des années 70, les travaux
préparatoires du plan quinquennal de développement économique, social et culturel pour la
période 1976-1980 ont permis de définir des options majeures en matière d'aménagement du
territoire. De prime abord, une option en faveur d'un aménagement volontariste du territoire a
été adoptée « en vue d'une répartition plus équilibrée des hommes. des équipements, des
activités et d'une mise en valeur des potentialités des différentes régions »529.
En outre. l'Etat avait concentré les moyens sur un nombre restreint de pôles de
développement (Bouaké, San Pedro, Man, Korhogo. Ferkessédougou. Daloa. Gagnoa). Ces
nouveaux pôles économiques devaient donner une nouvelle impulsion au développement
régional et contrebalancer le poids excessif d'Abidjan. Cette politique d'aménagement a eu
pour résultat de transformer les villes précitées en centres économiques d'envergure, à partir
desquels le développement régional était impulsé.
528
Henri BOURGOIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.106.
529
Gérard SOURNIA (2003), "Aménagement du territoire et stratégie du développement en Côte d'Ivoire", in
L'information géographique n°l, volume 67, pp.124-129., p.127.
530
Gérard SOURNIA, Art. Cit, p.126.
245
Cette initiative s'est traduite par « la création en I 97 3 »531 d'une Direction de
I" Aménagement du Territoire et de I" Action Régionale (D.A.T.A.R) dépendant du ministère du
plan. C'est dans ce cadre que le sud-ouest a été érigé par les autorités nationales en région de
mise en valeur prioritaire dans le dessein de transformer l'ouest de la Côte d'Ivoire en un autre
centre de gravité économique du pays. Cela s'est concrétisé par la construction d'une nouvelle
ville et d'un port international à San Pedro.
Il fallait associer à cette action, la réalisation d'axes routiers (et peut-être à long
terme ferroviaire) nord-sud, l'établissement de plans d'industrialisation, de création de
périmètres agro-industriels et l'exploitation des énormes ressources forestières. L'option de
l'industrialisation régionale a été perçue comme une solution adéquate pour lutter contre le
déséquilibre. Elle s'est manifestée par « le lancement des vastes projets de mise en valeur des
ressources minières de la province ouest et qui concernait/ 'or, lefer et le nickel »532.
531
Décret du 13 février 1973 paru au journal officiel de la République de Côte d'Ivoire, 1973, p. 534.
532
Gérard SOURNIA, Art. Cit., p.127.
533
Ministère d'Etat, Ministère du plan et du développement, Op. Cit., p.9.
246
Des objectifs spécifiques ont été assignés à chaque structure d'aménagement. Ainsi,
I' A. V .B créée en juillet 1969 avait une mission générale et permanente d'aménagement
régional. Une mission spécifique et temporaire « de transfert de populations sinistrées vers le
sud-ouest du pays »534. L'économie agricole a été le moyen choisi pour assurer à la région « la
force de travail nécessaire aux investisseurs locaux »535. Par ailleurs, les autorités ivoiriennes
étaient préoccupées d'accroître le revenu des paysans tout en cherchant la réalisation de
l'autosuffisance et la sécurité alimentaire en Côte d'Ivoire.
Toutes ces actions avaient abouti à la formation des paysans pour gérer des
organisations professionnelles agricoles et coordonner les relations agriculture-habitat rural par
un aménagement cohérent de l'espace.L'A.Y.Ba permis d'avoir quelques résultats positifs
comme la construction du barrage de Kossou et la construction de nombreux équipements
socio-collectifs. On a aussi relevé la construction des dispensaires, des écoles, des centres
culturels et l'ouverture de « 550 kilomètres de pistes et la construction de soixante-trois
nouveaux villages ))536.
Quant à l' A.R.S.O créée en décembre 1969, ses objectifs étaient de désenclaver et
d'accompagner le peuplement du sud-ouest de la Côte d'Ivoire. Le point focal de ses actions
ont permis de mettre en valeur toutes les ressources de la région et de constituer un second pôle
de développement national à partir de San Pedro et son port. Ce fut une étape essentielle dans
la lutte contre les déséquilibres régionaux accentués à la fin de la première décennie de
l'indépendance de la Côte d'Ivoire.
534 Teré GOG BE (2013-2014), Initiation ou introduction de la notion de région et régionalisation en Côte d'Ivoire,
Cours de Licence 2, Abidjan, IGT, 27 p., p.12.
535
Ibidem.
536 Pascal ROUMEGUERE, (1986), "Une société de développement régional intégré : l'Autorité pour
l'Aménagement de la Vallée du Bandama ou AVB (1969-1980) ", in Cahiers d'Orstom, pp.141-149. p.142.
537
Ibidem.
538
Ibidem.
539
Ibidem.
247
5
L'opération a nécessité près de « dix-neuf milliards defrancs CFA » -1° et a permis
à I' A.R.S.O en matière de réalisations de construire environ « 200 kilomètres de routes
bitumées »5-11• A cet effet, la route Méné-lssia a eu l'avantage de mettre en liaison la ville de
San Pedro et les zones de Soubré, lssia et Daloa. Ces routes bitumées ont contribué à l'effort
542
d'extension et « d'amélioration des voies de desserte de cette région pleine de potentialités » .
Dans la continuité des plans quinquennaux. celui de 1976-1980 a permis de lutter contre les
disparités et d'orienter autrement les efforts de l'Etat en matière d'aménagement du territoire.
Les opérations de grande envergure dans le domaine agricole ont permis au nord de
la Côte d'Ivoire d'avoir ses cultures de rentes (coton, tabac, anacarde, canne à sucre). L'ouest,
nouvelle zone de culture du café et du cacao. s'est plus intégré à la dynamique de l'économie
nationale. grâce à son ouverture sur le port de San Pedro. En somme, la lutte contre les disparités
régionales ont été une préoccupation pour les autorités ivoiriennes. Les différentes actions ont
consisté à rééquilibrer le développement des différentes régions.
248
Ces actions ont permis la construction de nouvelles routes, le bitumage de certaines
voies. la mise en place des unités industrielles et le développement de nouvelles cultures
industrielles au nord et à l'ouest de la Côte d'Ivoire. Les résultats ont été probants car le nord,
l'ouest et d'autres zones de la Côte d'Ivoire ont pu réduire en partie l'écart de développement
qui existait entre eux et le sud pays. Le chemin de fer aussi était confronté à des difficultés.
Ainsi. l'Etat et la R.A.N ont essayé de lui apporter des solutions.
Les solutions aux problèmes du chemin de fer en Côte d'Ivoire ont consisté à
moderniser les installations de la R.A.N, le matériel roulant et à améliorer les services.
Il a fallu investir pour résorber les retards pris durant des années dans le
renouvellement du matériel et de l'infrastructure. Cette modernisation a concerné
l'infrastructure. la superstructure de la voie et le matériel roulant. Les anciennes voies à
écartement de I mètre ont été remplacées par des voies pouvant être portées à 1,067 mètre. soit
54
A"6". « des rampes maximales 100100, des rayons de courbes maximales de 500 m » 5.
Les largeurs de la plate-forme ont été en remblais à 5 mètres, en déblais à 4,5 mètres,
ainsi que l'utilisation de rails de poids techniques de 36,407 kg/m et soudés de gare à gare.
Quant aux garages, ils ont été équipés de rails de 36,497 kg/rn, Des moyens financiers ont été
dégagés pour l'achèvement des travaux de reconstruction et de dédoublement de la voie. Ces
travaux avaient pour objectif, d'adapter la capacité de la voie à la demande de transport en
expansion continue.
249
Ces caractéristiques ont été les suivantes : rampes maximas compensées de 10
millimètres/mètre au lieu de 25 millimètres/mètre. Des courbes en plan, des rayons minima de
500 mètres au lieu de 300 mètres. La partie du réseau allant de Tafiré à Ouagadougou avait déjà
été construite selon ces normes. Les travaux effectués ont été des rectifications ou des
dédoublements sur certaines sections de la voie. Ainsi. en 1969. de nouveaux travaux de
modification du tracé ont été entrepris par la direction de la R.A.N à un rythme d'environ 50
kilomètres par an.
Ces travaux ont été répartis en deux projets : de 1970 à juillet 1973, le tronçon
Agboville-Dimbokro long de 105 kilomètres a été dédoublé à hauteur de « 2.830 millions de
francs CFA avec l'aide financière du F.E.D »547. Ce dédoublement a été aussi réalisé sur la
section Dimbokro-Bouaké du 23 septembre 1974 au 24 juillet 1978. Cette section était longue
de 130 kilomètres pour un coût de « 6.280 millions defrancs CFA.financée grâce à un prêt du
F.E.D el de la Banque Européenne d'Jnvestissemenl (B.E.1) »5-18. Quant au tronçon Bouaké-
Tafiré, i I a été rectifié à hauteur de « JO, 8 milliards defrancs CFA »549 de 1978 à 1981. li portait
sur 168 kilomètres de voies.
547 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire/Haute-Volta, évaluation d'un projet régional de chemin de fer, Op. Cit., p.83.
548
Ibidem.
549 République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire vingt ans, Op. Cit., p.123.
550
Ibidem.
551
Ibidem.
552 République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire 1960-1970, "Dix ans de progrès", Op. Cit., p.70.
250
553
C'est dans ce cadre que de 1971 à 1975. « 5.610 millions de francs CFA >> ont
été investis en matériels roulants et divers. Cette somme a été portée à« 6.140 millions defrancs
CFA de 1976 à 1980 »55-1. Ces investissements ont abouti à un accroissement en qualité du
matériel de traction de la R.A.N. A partir de 1975, l'on comptabilisait 110 wagons couverts.
Un après, c'est-à-dire en 1976, la R.A.N a acquis encore « 13 motrices de 950 CV et 35 voitures
en acier oxydable, des rames composées de 02 motrices, 07 voitures pouvant transporter 600
voyageurs »555.
553 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit., p.7.
554
Ibidem.
555 Alain Konan BROU, Op. Cit., p.103.
556
République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire vingt ans, Op. Cit., p.125.
557
Ibidem.
558
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.188.
559
Ibidem.
251
Cette politique a connu un engouement au début de la deuxième décennie de
croissance de 1 · entreprise.
La R.A.N devait être une partenaire fiable. respectueuse des délais de livraison et
être capable de fournir aux clients des informations sur les disponibilités des trains, les retards
et les annulations. li a surtout été essentiel de développer un service commercial dynamique qui
entretenait des contacts réguliers avec la clientèle. C'est pour cette raison que la R.A.N avait
« préconisé une stratégie commerciale pour faire front avec succès à la concurrence el
560 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit., p.6.
561 République de Côte d'Ivoire, vir= Congrès du PDCI-RDA, Op. Cit., p.189
562 Banque Mondiale, Côte d'lvoire/Haute-Volto, évaluation d'un projet régional de chemin de fer, Op. Cit., p.100.
252
Il fallait conserver une part prédominante du trafic international avec la Haute-Volta
en assurant des services efficaces et en offrant des tarifs compétitifs. En outre, l'entreprise
devait recouvrir une bonne part du trafic malien transitant par Abidjan. Pour cela, la R.A.N
avait pris les dispositions appropriées pour améliorer les installations de la voie ferrée à
Ouangolodougou. Elle avait mis en place un matériel adéquat pour répondre aux attentes des
clients.
En outre, des cours ont également été dispensés « pour le recyclage de certaines
catégories de personnel ainsi que des programmes spéciaux pour la formation d'instructeurs
africains »565. L'amélioration des accueils réservés aux voyageurs dans les différentes gares et
dans les trains a été aussi une politique adoptée. A cela, il a fallu mettre en place une politique
de tarifs incitatifs (5,50 francs CFA en I ère classe et 4,50 francs CFA en 2ème classe) dans les
années 70. Ce qui avait permis au chemin de fer de résister à la forte concurrence des autres
moyens de transport sur certains itinéraires.
Pour renforcer la sécurité dans la marche des trains, chaque gare a été protégée dans
chaque sens par un signal lumineux électrique d'avertissement fixe et un signal d'entrée et de
sortie en gare. Des circuits de voie et des détecteurs de queue de train ont été aussi installés de
façon à assurer la sécurité des circulations. De même, pour mieux garantir la sécurité des trains,
l'amélioration des réseaux de télécommunications a été nécessaire.
563 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire/Haute-Volta, évaluation d'un projet régional de chemin de fer, Op. Cit., p.18.
564 Idem, p.59.
565 Idem, p.55.
253
La modernisation des transmissions téléphoniques et télex a consisté à augmenter
la capacité du câble coaxial (passage de 48 à 360 circuits), à l'extension du réseau téléphonique
automatique et du réseau de téléimprimeur. Il a été nécessaire de reconstruire la ligne
téléarienne d'Abidjan à Bouaké. parallèlement à celle de la voie. Ainsi. le fil de cuivre des
circuits a été remplacé par du fil Copperweld (acier et cuivre) mécaniquement plus résistant.
Par la même occasion, la mise en place d'un câble coaxial autoporté aérien
d'Abidjan à Ouagadougou avait permis de diversifier le support de transmission de la ligne
existante. Ce câble permettait d'acheminer 48 conversations téléphoniques simultanées. Cette
modernisation a eu l'avantage de favoriser la disponibilité des réseaux téléphoniques auto-
interconnectés. Cela a été possible entre les principales gares (Abidjan, Agboville, Dimbokro
et Ferkessédougou) en Côte d'Ivoire. (Ban fora. Bobo-Dioulasso et Koudougou) en Haute-
Volta.
Des réseaux de téléimprimeurs ont été installés dans les principales gares et les
chaînes hôtelières. En outre. des circuits de régulation ferroviaire et un circuit d'alarme radio
sol-train ont été opérationnels en 1978. ainsi que des circuits de téléinformatique. La R.A.N a
aussi pris le soin d'équiper les différents services des gares de téléphones, de télex, de fax et
même d'ordinateurs. Ces outils de communication ont relié entre elles les différentes gares afin
de faciliter les liaisons et l'échange des informations.
Cette nécessité s'imposait pour assurer la fluidité du trafic, grâce à une grande
surveillance des convois durant les parcours. Dans le cadre de cette amélioration des services,
la R.A.N a aussi reconstruit les bâtiments des gares importantes pour les adapter aux normes
modernes de ventes de service. Elle avait construit et amélioré les buffets hôtels dans les
différentes grandes villes traversées par le chemin de fer.
Cette politique a permis d'une part aux passagers et aux personnels de la société en
escale de se restaurer et de se reposer dans des réceptifs hôteliers adéquats (Ranhôtel Bouaké,
Cercle du rail Abidjan). Il fallait d'autre part « diversifier les activités du réseau afin d'accroître
ses revenus »566. Dans le souci d'harmoniser les différents modes de transports, notamment le
rail et la route, un centre de transfert rail/route avait été emménagé à cet effet pour leur
254
Ce centre de transfert permettait un meilleur rendement des transports terrestres
interurbains en ce qui concerne le transport de marchandises. Face aux difficultés des routes et
du chemin de fer, l'Etat a réalisé des investissements importants pour résoudre le problème du
mauvais état de certaines routes. Ils ont contribué à accroître la qualité des infrastructures
routières et un effort a été envisagé pour instaurer la rigueur dans la gestion du transport routier.
Concernant le chemin de fer. une attention a été portée à la modernisation des installations, des
matériels et à l'amélioration des services. Ces actions ont eu des résultats sur les transports
terrestres interurbains.
Ainsi, ces mesures ont contribué à créer un cadre de concertation et un climat apaisé
pour une bonne coordination et une harmonisation des conditions d'exploitation du réseau
routier. La formation des cadres a permis de renforcer les capacités opérationnelles du personnel
du ministère des transports. Par ces actions, les autorités ivoiriennes avaient essayé d'assainir
le mieux possible, le milieu des transports routiers. en permettant une gestion rationnelle des
circuits de distribution.
255
Cette amélioration dans l'organisation et la gestion des transports routiers a eu pour
résultat une meilleure qualité du service offert à la clientèle, répondant aux exigences d'un trafic
commercial intense. Une desserte optimale des différentes localités de la Côte d'Ivoire et un
gain de temps pour les usagers de la route étaient perceptibles sur « certaines liaisons
routières »567. La modernisation du réseau routier a contribué à une meilleure accessibilité de
l'ensemble du pays que par le passé.
Par la même occasion, les villes ivoiriennes ont été mieux reliées à Abidjan d'une
part et entre elles d'autre part, (voir annexe 12, p.292). Les grandes voies transversales nord-
sud étaient, certes, mieux achevées que les axes est-ouest et nord-est, néanmoins, le nombre de
préfectures raccordées aux réseaux bitumés a été en constante évolution hors d'Abidjan. Ainsi,
la croissance a été de« 3 en 1969. 9 en 1970, 22 en 1980 »568.
Ce constat était à tout point de vue un bon résultat par rapport à la situation du début
d'indépendance. Les pôles économiques de la Côte d'Ivoire ont été mieux reliés à leurs zones
relais par des réseaux de routes non revêtues et des routes en terre ou gravillonnées de meilleure
qualité. Cela avait abouti à des gains importants sur les coûts kilométriques d'exploitation des
véhicules en 1980. surtout sur les routes revêtues. Il a représenté selon les véhicules 35 à 55%
de roulage sur les pistes. Ce résultat est dû à l'accroissement du système routier de meilleure
qualité comme le montre le tableau 11°41 de la page 257.
567 La qualité du service était perceptible sur les liaisons routières bitumées. Ainsi, les routes reliant les grandes
villes de la Côte d'Ivoire et celles qui relient la Côte d'Ivoire aux pays limitrophes ont connu un accroissement du
trafic de marchandises et de voyageurs.
568
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.275.
256
Tableau 11°41: Classification des routes et kilométrage par type en 1976 et 1980
Source : Tableau établi par nous à partir de Banque Mondiale, Côte d'Ivoire. prêt au secteur
routier, rapport d'évaluation. Op. Cit., p.8.
A partir des chiffres du tableau n°4 I, l'on constate une nette évolution en qualité
du système routier de la Côte d'Ivoire dans son ensemble. Ce fut le résultat des efforts
d'investissement de la part de l'Etat et des partenaires au développement. Au cours des dix
dernières années durant les deux premières décennies de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, le
volume total des prêts accordés directement par la Banque Mondiale au secteur des transports
a été de « 123,3 millions de dollars pour le sous-secteur des routes »569.
569 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.6.
257
Les routes locales quant à elles ont connu une marge de progression plus importante
46.4%. car l'Etat avait le souci de relier une grande partie des zones rurales aux centres
économiques les plus proches. L'ouverture et l'amélioration des pistes rurales ont été au centre
des préoccupations des autorités ivoiriennes. Ces routes locales contribuaient à drainer les
productions agricoles vers les grands marchés du pays et sur les ports d'Abidjan et de San
Pedro.
Elles ont aussi permis de donner de la valeur aux productions agricoles des
différentes localités de la Côte d'Ivoire. Les routes locales ont favorisé le regroupement des
populations autour du système de transport et la naissance d'une économie locale structurée.
Les producteurs se souciaient moins des difficultés d'écoulement des récoltes. Ils avaient
parfois la possibilité de vendre directement leurs productions à un acheteur, quand celui n'était
pas représenté par un intermédiaire.
Dans l'ensemble, les chiffres du tableau 11°41 de la page 257 ont permis de constater
que 28.4% du réseau routier ivoirien permettaient un trafic intense sans avoir à se soucier de
leur mauvais état de surface. Ces routes ont permis de fluidifier le trafic routier dans les
différentes zones où elles ont été construites et entre ces zones et le reste du pays. Il fallait
ajouter à celles-ci, les routes locales dont l'état de surface était fonction de l'entretien et du
trafic qui s'y effectuait. La progression a été remarquable au niveau de toutes les catégories de
route.
Cette amélioration a été significative entre 1976 et 1980, lorsque « furent achevés
les grands axes bitumés Abicijan-Korhogo et San Pedro-Odienné »570. En vingt ans, la
progression du réseau routier a été de l'ordre de« 76,48%. soit 3,82% ! 'an »571. La plus grande
des satisfactions provenait du réseau bitumé. En effet, entre 1960 et 1980, la progression a été
« 339.5% et par an 16,97% »572».
570
Alain DU BRESSON, Op. Cit., p.273
571
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.186.
572
Ibidem.
258
Le chiffre de 1960 a été multiplié par « 4,5 »573. Cette progression des routes dans
l'ensemble s'est soldée par un trafic de voyageurs et de marchandises qui s'est accru. Le trafic
a surtout été important sur tous les axes reliant les pôles de développement. Au niveau du trafic
de voyageurs et de marchandises, l'amélioration constatée au niveau des différents types de
routes a eu des répercussions sur le volume des trafics. Depuis 1963. le taux de croissance
moyen annuel du trafic a été de 5%. Le déplacement des personnes et l'acheminement des
marchandises ont dynamisé les activités économiques. Ces trafics se sont accrus au fil des
années. (voir le tableau 11°42).
Tableau 11°42 : Evolution par nature du trafic routier en Côte d'Ivoire en 1975
Nature des trafics Quantité
Trafic de voyageurs
1-1 Nombre de voyageurs (en milliers) 19.960
Véhicules particuliers 3.150
Transports publics 16.810
2-1 Nombre de voyageurs-kilomètre (en millions) 2.922
Voitures particulières 462
Transports publics 2.460
Marchandises
Tonnage transporté (milliers de tonnes) 6.252
Bois (milliers de tonnes) 2.194
Liquides en conteneur 563
Marchandises diverses 3.495
Source: Tableau établi par nous à partir de Banque Mondiale, Côte d'Jvoire. prêt au
secteur. rapport d'évaluation, 1980, Op. Cit., p.41.
Les chiffres du tableau 11°42 montrent que le transport routier de voyageurs était
assuré par des entités privées (voitures particulières) et des entités publiques. En ce qui concerne
le trafic, il était de 19.960.000 voyageurs en 1975. Ce chiffre était en progression par rapport à
1968 (9.692.000 voyageurs), soit un taux de progression de 48.5%. Cette croissance était due à
l'amélioration du système routier de la Côte d'Ivoire.
Les populations se déplaçaient beaucoup plus aisément sur des routes de meilleure
qualité pour des raisons multiples (visite aux parents, scolarisation des enfants, recherche
d'emplois, échanges commerciaux). De 180 millions de voyageurs/kilomètres en 1968 pour le
compte du transport privé, le trafic atteint 462 millions de voyageurs/kilomètres en 1975 selon
les chiffres du tableau 11°42. Ce qui était incontestablement un résultat remarquable.
573
Louis Edouard SEITIE, Op. Cit., p.186
259
Le transport public de voyageurs avait l'avantage du trafic. Il pointait à 1.455
millions de voyageurs/kilomètres en 1968 avant d'atteindre les 2.460 millions de
voyageurs/kilomètres en 1975, (voir le tableau 11°42 de la page 259). Cette croissance du trafic
résultait des énormes investissements réalisés par la Côte d'Ivoire à partir de 1970. Ils ont abouti
à un accroissement en qualité du réseau routier de la Côte d'Ivoire, (voir tableau 11°41, p.257),
mais aussi au développement du parc automobile ivoirien de 1960 à 1980.
En effet, il a cru lui aussi, en fonction de la qualité des routes qui sillonnaient le
territoire ivoirien, mais aussi grâce à l'organisation et à la gestion qui ont été revues. De même,
cette croissance était aussi liée à l'augmentation des véhicules utilitaires chargés de parcourir
le territoire et de drainer les productions agricoles de la Côte d'Ivoire et des pays limitrophes
sur les différents ports du pays. En effet, les camions et les autobus représentaient « 20% du
parc automobile et assuraient 80% du transport intérieur de marchandises »578. Des offres de
transport étaient alors envisageables en direction de chaque grande zone de production agricole.
574
République de Côte d'Ivoire, Côte d'Ivoire vingt ans, Op. Cit., p.117.
575
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.2.
576
Les chiffres concernant le trafic de voyageurs en 1968 évoqués de la page 259 à 260 proviennent du tableau
n°9, infra, page 61.
577
Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.43.
578
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.2.
260
Ces véhicules sillonnaient les zones rurales de la Côte d'Ivoire pour collecter les
productions commerciales et vivrières. Cette croissance du trafic de marchandises a été réalisée
en fonction de I" importance des importations de produits manufacturés. Avec I" amélioration
des conditions de vie des populations à l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte d'Ivoire, il a
fallu approvisionner les localités de la Côte d'Ivoire et surtout les pays de l'hinterland en
produits manufacturés.
579
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.11.
580
Voir les chiffres du tableau n°9, infra, page 61.
581
Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.43.
582
Ibidem.
261
Cette spécialisation a permis d'évaluer les capacités de transport offertes par les
routes. Ainsi, en 1969, le transport privé de marchandises était effectué par« 14.381 véhicules
offrant 47.900 tonnes »583 de charges transportées. Quant au transport public de marchandises,
il était assuré par« 2.631 véhicules offrant 27.600 tonnes »584 de charges utiles. A partir des
années 70, avec la modernisation des routes et l'accroissement des véhicules de transport. le
trafic routier a connu une croissance très importante de l'ordre de 11 % par an en moyenne.
Ces données ont également révélé « des taux de croissance plus élevés sur les routes
récemment goudronnées »585, ainsi que sur les routes régionales gravillonnées et en terre. Les
routes dans l'ensemble ont permis un accroissement du trafic passé de « 400 millions de
véhicules/kilomètres en 1963 à près de 2.000 millions de véhicules/kilomètres en 1980 >>586,
assurant à presque tous les consommateurs en Côte d'Ivoire et à l'étranger une certaine
régularité des approvisionnements.
583
République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit., p.33.
584
Ibidem.
585
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.9.
586
Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p 43.
587
Ibidem.
588
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.78.
589
Ibidem.
262
Cela était perceptible sur de nombreuses routes de Côte d'Ivoire, (voir tableau 11°2,
infra, p.49). Cette catégorie de route supportait « 70% des trafics exprimés en
véhicules/kilomètres »590 en raison de son état de surface en très bon état. Ce qui limitait le
temps de transport. Par ailleurs, sur les moyennes et les longues distances des trafics entrants et
sortants d'Abidjan, le volume des trafics s'est chiffré, en 1980, à près de« 14.000 véhicules/jour
contre -1.800 véhicules/jour en 1969 »591. En ce qui concerne le rendement, les usagers de la
route ont contribué aux recettes engrangées par l'Etat de l'activité de transport.
En effet. ils versaient chaque année un droit d'immatriculation pour leur véhicule,
des droits dimportation et une taxe à valeur ajoutée sur leur véhicule. Ces droits sont aussi
perçus sur les pièces de rechange. le carburant et les lubrifiants, ainsi que sur deux taxes
spécialisées sur le carburant (taxe spéciale et taxe spécifique). Une idée des recettes produites
par certaines taxes sur le carburant a permis à travers le tableau 11°43 de mieux nous imprégner
de quelques retombées que le développement des transports routiers pouvait avoir sur
l'économie ivoirienne.
TAXE SPECIFIQUE
Montant affecté au budget d'investissement 1.619 1.898 3.981 4.100
Montant affecté aux offices publics de logement - - 602 600
Total partiel 1.619 1.889 4.535 4.700
TOT AL GENERAL 3.637 5.249 8.275 8.350
Source : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement, Evaluation
d'un quatrième projet routier Côte d'Ivoire, 1977, Op. Cit., p.9.
Les chiffres du tableau n°43 montrent que les recettes produites par la taxe spéciale
et la taxe spécifique sur le carburant ont été en nette croissance de 1966 à 1971. Cela résultait
des investissements consentis par la Côte d'Ivoire, surtout à partir de 1965 pour développer le
réseau routier. Les demandes et les offres de transport ont été importantes.
590 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p 43.
591
Ibidem.
263
A cette situation, il fallait adjoindre l'accroissement du parc automobile. A partir
de ces différents indicateurs, la demande en carburant s'est accrue en fonction des offres de
transport et de la multiplicité des liaisons routières sur l'ensemble du territoire au fil des années.
L'accroissement du trafic de voyageurs et de marchandises a un impact sur les recettes tirées
de certaines taxes sur le carburant comme le montrent les chiffres du tableau n°43 de la page
263. La particularité qui se dégageait encore était que tous les activités qui tiraient profit du
En effet, les recettes tirées des taxes sur le carburant ont contribué à financer
d'abord l'entretien des routes. Un montant avait été affecté au budget ordinaire. A ce niveau, le
montant de la contribution a été évolutif de 1966 à 1971, selon les chiffres du tableau n°43. De
820 millions de F CFA. il a atteint 2.100 millions de F CFA en 1971. Ce qui était non
négligeable comme contribution au budget général de l'Etat. En ce qui concerne la taxe
Elles ont contribué à financer des secteurs d'activités autres que le transport. Cela
était perceptible à travers le montant affecté aux offices publics de logement. Au total, avec le
développement des transports routiers, l'Etat a pu bénéficier des recettes (taxes, impôts,
patentes) provenant des activités I iées aux transports routiers sur l'ensemble du territoire. Par
ailleurs, les actions de l'Etat de moderniser le transport routier se sont répercutées aussi sur la
croissance de la valeur des échanges commerciaux entre la Côte d'Ivoire et certains de ses
264
Graphique n°16: Valeur des échanges commerciaux de la Côte d'Ivoire
avec le Niger de 1965 à 1976 en millions de F CFA
3000
2500
-
~
u 2000
....
~
..,
- - -
1 1547 1sn 1 • Exportation
C: 1500
s
! 1000 1
999 1 • Importation
500 I
0 1
189
-
1965
4
a; l
501
Source : Graphique réalisé par nous à partir de Banque Mondiale, Côte d'Ivoire,
rapport économique de base, Op. Cit., p.256.
Les échanges ont repris et les recettes ont été évolutives de 1974 à 1975 avant
d'enregistrer encore une baisse en 1976. La particularité des échanges entre la Côte d'Ivoire et
le Niger est que ces échanges s'effectuaient principalement par les routes car le chemin de fer
partant d'Abidjan n'arrivait pas à Niamey (capitale du Niger). Au regard de l'évolution des
échanges surtout à partir de 1970, elle correspondait à la période où la Côte d'Ivoire a réalisé
des investissements pour l'extension et la modernisation de son réseau routier.
265
C'est dans ce cadre que les importations du Niger via le port d" Abidjan ont été de
« 1.810 tonnes en 1971. 2. 770 tonnes en 1973, 10.409 tonnes en 1975. 14.480 tonnes en
J 976 ,,592• En ce qui concerne les exportations, l'on a comptabilisé « 117 tonnes en 1971, 176
tonnes en 1973. 968 tonnes en 1974. 248 tonnes en 1975. 4.610 tonnes en 1976 ,,593• Les
échanges commerciaux entre la Côte d'Ivoire et le Niger ont influé aussi sur la croissance
économique du point de vue des recettes procurées par ces échanges.
Dans ce trafic, les produits exportés par la Côte d'Ivoire vers le Niger étaient les
produits manufacturés, les produits alimentaires et « les fils de coton. les tissus, les contre-
9
plaqués. les automobiles, les pièces pour motocyclistes ,>5 -1, A l'importation, l'on avait le bétail
et le poisson séché qui dominaient le trafic. La Côte d'Ivoire entre 1960 et 1980 a investi des
sommes considérables pour le développement des routes. Ainsi, la production de la branche des
transports routiers évaluée par les comptables nationaux est passée globalement de « 21.914
millions defrancs CFA en 1968 à 96. 708 millions de.francs CFA en 1978 »595.
Les solutions apportées aux problèmes du chemin de fer ont été indispensables dans
la croissance du volume d'activité de ce moyen de transport. La modernisation de la voie et du
matériel. le dédoublement des voies, l'achat de matériels neufs et adaptés. l'adoption de
nouvelles méthodes de gestion et l'amélioration des services ont eu des résultats très probants.
L'on a observé la croissance du volume des activités du chemin de fer. Les actions entreprises
durant des années ont permis d'assurer de façons soutenues le transport de voyageurs et de
marchandises.
592
Henri BOURGOUIN, Philippe GUILHAUME, Op. Cit., p.118
593
Ibidem.
594
Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, rapport économique de base, Op. Cit., p.257.
595 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l'urbanisme, Op. Cit., p.294.
596
Idem, p.40.
266
En ce qui concerne la structure et la superstructure de la voie, l'homogénéité des
caractéristiques techniques du tracé depuis Abidjan jusqu'à Ouagadougou a accru la capacité
de transport et la vitesse des trains. L'accroissement de la capacité de transport des trains ainsi
que la vitesse ont confirmé la vision que le renouvellement de la voie était la solution ultime à
une exploitation adéquate du chemin de fer en Côte d'Ivoire. La R.A.N a été en pleine mutation.
Elle s'imposait parce que cette mutation allait contribuer à laccroissernent des possibilités de
transport dans le domaine des trains lourds de marchandises.
Durant les dix dernières années des vingt premières années de l'indépendance. les
actions en faveur du chemin de fer ont réduit les dépenses du personnel d'entretien. Cela a été
possible compte tenu de nouveaux procédés mécaniques d'entretien des voies appliqués sur
certaines sections des voies. A ce sujet. les résultats obtenus à partir du nouveau matériel
dentrciien des voies ont été intéressants. En outre. l'entretien des voies dans les services
opérationnels plus vastes ont entraîné une meilleure surveillance de la main-dœuvre, une
amélioration de la qualité de l'entretien et de la productivité de la main-dœuvre.
597 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire/Haute-Volta, évaluation d'un projet régional de chemin de fer, Op. Cit., p.85.
598 Idem, p.24.
267
Les travaux d'entretien ont permis de diminuer les frais de traction en augmentant
la charge des trains. Ces travaux ont donné comme résultat « un taux interne de rentabilité de
17 à 18% )>599• Par ailleurs, la résultante de toutes ces actions a été l'accroissement du trafic de
voyageurs et de marchandises. En effet, à partir de 1970, le taux d'accroissement du trafic de
voyageurs a été en moyenne de 8% par an. li a connu une nette croissance évaluée à« 2.576.000
600
voyageurs transportés et 626 millions de voyageurs/kilomètres >> .
Ils ont été équipés de rames indéformables. Le Bélier était un train d'affaire pour la
population de Bouaké. Il permettait d'effectuer dans la journée un aller et retour sur la section
de voie Abidjan-Bouaké. Ce train a contribué à réduire de deux heures le temps mis sur cette
section, passant de sept heures à cinq heures. Quant à la Gazelle qui a été le train rapide
international de la R.A.N, il desservait tous les jours le centre et le nord de la Côte d'Ivoire à la
Haute-Volta en vingt heures. En 1978, le trafic de voyageurs a été de « 1.254 millions de
voyageurs/kilomètres »602•
599 République de Côte d'Ivoire, Etude des transports en Côte d'Ivoire, rapport général, Op. Cit., p.5.
600 Banque Mondiale, Côte d'lvoire/Houte-Volta, évaluation d'un projet régional de chemin de fer, Op. Cit., p.88.
601
Ibidem.
602 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.37.
603
Ibidem.
604 Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.188.
268
Ce trafic pointait à « 443 millions de tonnes/kilomètres »605 de marchandises
transportées, soit trois fois supérieurs à la quantité transportée, en 1960. Le trafic de
marchandises a continué de croître et, en 1979, l'on a enregistré un trafic de « 472 millions de
tonnes/kilomètres »606. Dans l'ensemble, la croissance des activités du chemin de fer a été
fonction de l'intérêt que les Etats et les bailleurs de fonds ont bien voulu accorder à ce moyen
de transport.
9000
8000
C
b! 7000
.g 6000
g 5000
i 4000
~ 3000
i륥 2000
~ 1000
0
Recettes marchandises Recettes voyageurs
-···-----------
Source : Graphique réalisé par nous à partir de Banque Mondiale, Côte d'Ivoire, prêt au
secteur routier, rapport d'évaluation, Op. Cit., p.37.
605
Louis Edouard SETIIE, Op. Cit., p.188.
606
Ibidem.
607 Banque Mondiale, Côte d'Ivoire /Haute-Volta, Evolution d'un projet régional de chemin de fer, Op. Cit., p.25.
608 Idem, p.26.
269
En tant que structure qui vend des services, l'accroissement des recettes a permis à
la R.A.N de maintenir le cap et de soutenir la croissance économique de la Côte d'Ivoire. Les
recettes tirées du trafic des voyageurs ont été supérieures à celles des marchandises à partir de
1978 comme le montre le graphique n° 17 de la page 269. Cela était dû à la modernisation du
matériel et à l'accroissement du trafic de voyageurs. En effet, l'achat de nouvelles locomotives
bien équipées et confortables a permis à la R.A.N d'avoir de nouveaux clients.
En outre, la qualité du service offert aux clients dans les trains de voyageurs a
naturellement permis à la R.A.N de fidéliser la clientèle. L'évolution des recettes a été fonction
de l'évolution des trafics de voyageurs et de marchandises. Cette évolution a été le résultat du
remplacement des anciennes voies par des nouvelles qui pouvaient supporter des trafics lourds
sur de longues distances. Par la suite, l'acquisition de nouveaux trains rapides de voyageurs a
dynamisé le volume du trafic de voyageurs. L'amélioration des services dans les différentes
gares de la R.A.N ont permis d'accroître les trafics.
La R.A.N a été une structure qui a su diversifier ses activités et les vendre en misant
sur la qualité des installations. des prestations et le matériel de traction et de remorquage. Les
responsables de la R.A.N étaient persuadés que le tourisme était un marché d'avenir. Ainsi,
pour les personnes qui désiraient découvrir et apprécier le folklore local en même temps que
les sites et les hommes, il a fallu satisfaire les attentes de ce type de clients.
Elle disposait pour cela de réceptifs hôteliers qui comprenaient à Abidjan le cercle
du rail. proposant une restauration attrayante et toujours de bonne tenue. A Dimbokro, le snack-
bar de la gare assurait des services de rafraîchissement et de restauration rapide. A Bouaké, le
Ranhôtel de grand standing, situé au cœur de la ville à proximité de la gare était une vitrine
pour la R.A.N avec ses soixante chambres et suites climatisées, son restaurant gastronomique,
sa salle de conférences, sa piscine et sa décoration africaine.
270
En somme, les problèmes auxquels les transports terrestres interurbains en Côte
d'Ivoire étaient confrontés ont connu des solutions à travers les actions de l'Etat. En effet, par
le biais des investissements, les routes et le chemin de fer ont été modernisés et le maillage du
territoire a été plus accru, (voir annexe 1, p.281 ). Les véhicules pour le transport routier, le
matériel de traction et de remorquage de la R.A.N ont été renouvelés.
271
CONCLUSION
272
Nous retenons de cette étude que l'histoire des transports terrestres interurbains en
Côte d'Ivoire durant les deux premières décennies de l'indépendance a été en étroite relation
avec les initiatives des autorités ivoiriennes pour le développement économique et socioculturel
du pays. En effet, la volonté de l'Etat de créer les conditions d'un développement adéquat a
incité la création et l'amélioration des routes et du chemin de fer. Cependant, lorsque l'on
observe les legs de la colonisation dans le domaine des transports terrestres interurbains en
610
1960, il n'existait que « 25.700 kilomètres »609 de route dont près de « 700 » kilomètres
bitumés.
Pour la période, c'était non négligeable, mais dans l'ensemble, le réseau routier
était insuffisant. Il était toujours dominé par les routes en terre et les pistes. En outre,
l'orientation des routes était encore fonction de l'importance économique des régions, laissant
certaines localités sans des routes adéquates. Il était primordial pour l'Etat de remédier à cette
situation au moment l'indépendance. Malgré son insuffisance à couvrir l'ensemble du territoire
et son orientation axé sur les zones de productions agricoles à cette période, le réseau routier
était néanmoins l'un des plus denses en Afrique de l'Ouest.
Cette particularité du système routier ivoirien a permis de comptabiliser de« 22. 917
véhicules ))611 sur le territoire en 1960. Ainsi depuis l'introduction de ces engins en Côte
d'Ivoire, ils ont servi pour la plupart aux transports de voyageurs et de marchandises entre les
différentes localités du pays. Les routes ivoiriennes présentaient à l'indépendance des atouts
considérables pour le développement. Cependant. pour atteindre les objectifs de croissance
économique qu'elles se sont fixées, l'amélioration du système routier a été une des priorités des
autorités ivoiriennes au lendemain des indépendances.
En ce qui concerne le chemin de fer, le constat était qu'à défaut de proposer des
matériels de pointe pour les trafics, son volume d'activité donnait des satisfactions. Le
déplacement des personnes et des biens était assuré dans les deux sens et le trafic international
de voyageurs et de marchandises était croissant, malgré quelques baisses. En 1960, si d'emblée
le réseau routier de la Côte d'Ivoire semblait dense et important, il n'était pas assez adapté aux
possibilités et aux besoins du pays. Il ne couvrait pas l'ensemble du territoire et de nombreuses
localités étaient enclavées, faute de routes praticables. Ainsi, pour le rendre encore performant,
273
l'Etat a songé à moderniser le réseau routier et à l'étendre aux contrées les plus reculées de la
capitale.
L'accessibilité des zones agricoles était une priorité et les mobilités devaient être
améliorées. Il en est de même du chemin de fer qui déjà, en 1960, s'affirmait comme un des
atouts pour amorcer le développement économique, social et culturel de la Côte d'Ivoire. Les
résultats présentés à l'indépendance étaient encourageants. Cependant, la modernisation des
transports terrestres interurbains a été nécessaire. Cette préoccupation a été au cœur des
politiques de développement entre 1960 et 1980. En effet, en tant que premier acteur de la
conception du modèle de développement de la Côte d'Ivoire, l'Etat s'était engagé à développer
le système routier afin de soutenir la croissance de tous les secteurs d'activité.
De nouvelles routes ont été ouvertes, les anciennes ont été améliorées et le
bitumage des axes principaux ont été réalisés. Certaines régions comme le nord et l'ouest qui
jusqu'au milieu des années 60 souffraient du manque de routes viables ont bénéficié de
programmes d'ouvertures de pistes et le bitumage de certaines liaisons routières. Ces actions
ont permis de désenclaver l'ouest avec la création du port de San Pedro en 1972. Les I iaisons
routières de cette région ont contribué à l'accessibilité des localités tout en améliorant la
mobilité vers la capitale Abidjan.
C'est dans ce contexte que les routes qui étaient axées sur Abidjan au début de
l'indépendance, ont progressivement changé de configuration. Le réseau a connu une extension
qui a permis une desserte des principaux pôles économiques de la Côte d'Ivoire. Il a facilité et
accru le trafic de marchandises, de voyageurs et la circulation des informations et des idées à
l'intérieur comme à l'extérieur de la Côte d'Ivoire. Cette évolution du transport routier a été en
rapport avec les investissements consentis par l'Etat, les bailleurs de fonds et des pays
occidentaux à partir de 1965.
274
L · on a cornptabi I isé ainsi << 51. 700 véhicules »612 en 1968. « //O. 000 ,,613 en 1973,
61
près de« / 30.000 » "' en 1976 et « 243. 780 »615 en 1980. Ces engins offraient des capacités de
charges plus importantes au fil des années. Ils étaient au premier rang dans les échanges
commerciaux à l'intérieur de la Côte d'Ivoire et avec les pays sahéliens. Le résultat de ces
déplacements a été l'accroissement du volume des trafics de voyageurs et de marchandises.
Quant au chemin de fer, son développement a été réalisé de façon régulière. Le kilométrage
n'avait pas évolué après l'indépendance, cependant des modifications ont été nécessaires sur
certaines sections de la voie pour permettre un trafic de voyageurs et de marchandises plus
lourd.
A la question de savoir si les transports terrestres ont plus préoccupé les autorités
ivoiriennes que les autres types de transport, la réponse a été saisissante car ces moyens de
transport ont été sollicités très tôt pour soutenir la croissance économique et le développement
socioculturel. Ils jouissaient d'un monopole par rapport au transport aérien et au transport
tluvio-lagunaire dans la circulation des biens, des informations et des idées et le déplacement
des personnes.
612
Arnaud Jean Claude, "Transport", Art. Cit., p.59.
613
Ibidem.
614
Ibidem.
615
Ibidem.
275
Les investissements dans ces modes de transport ont bouleversé quelque peu le
quasi-monopole dont bénéficiaient le rail et les routes dans le trafic de marchandises et de
voyageurs sur certains itinéraires à l'intérieur de la Côte d'Ivoire. Dès l'indépendance, l'objectif
des autorités ivoiriennes était de parvenir au développement économique, social et culturel de
la Côte d'Ivoire. Pour y arriver, les transports terrestres interurbains ont joué un rôle
déterminant pour soutenir les actions de l'Etat.
De prime abord, leur rôle a été de favoriser l'acheminement des marchandises des
zones de production jusqu'au lieu d'exportation. Ils étaient les liens privilégiés entre les
différents ports de la Côte d'Ivoire avec les villes de lintérieur du pays. et surtout avec les pays
du sahel. En outre, ils étaient chargés de transporter les voyageurs. de diffuser les informations
et les idées sur l'ensemble du territoire. L'accessibilité des zones de production et les mobilités
offertes par les transports terrestres interurbains, durant les deux premières décennies de
1' indépendance ont permis une croissance continue des trafics de marchandises et de voyageurs.
Il en est de même; des différents produits intervenant dans les échanges. Ils étaient
composés de produits de l'agriculture, du bétail et de la volaille provenant de la Côte d'Ivoire
et des pays sahéliens, en ce qui concerne les exportations. Concernant les importations, le trafic
se concentrait sur les produits manufacturés, les hydrocarbures, les matériaux de construction
venant des pays occidentaux et de Côte d'Ivoire, en direction des pays sahéliens. Par ailleurs,
les routes et le chemin de fer ont eu la particularité d'être de grands pourvoyeurs d'emplois.
Ces moyens de transport, dans les localités où ils ont été accessibles ont suscité une
dynamique économique. Une économie florissante est née dans les centres économiques qui se
sont développés autour de l'unité de transport. Les activités économiques se sont greffées aux
gares, les petits métiers ont prospéré. Des milliers d'emplois dans tous les secteurs d'activité
étaient liés aux transports terrestres interurbains.
276
Les routes et le chemin de fer ont œuvré au développement de la Côte d" Ivoire
parce quils étaient organisés et gérés par un ministère en charge des transports et par des
structures annexes qui soutenaient le ministère. Ainsi, la particularité du ministère et les
structures sous tutelle a été d'organiser et de réglementer le mieux possible le transport routier
sur l'ensemble du territoire. Les différentes directions du ministère des transports, avec l'aide
des structures annexes ont régulé l'activité de transport routier à travers des tâches spécifiques.
Ils ont contribué à une structuration plutôt réussi de l'espace ivoirien. tout en
marquant la présence de l'Etat dans les différentes localités de la Côte d'Ivoire. Les routes et le
chemin de fer ont permis à des zones d'émerger économiquement. de rapprocher et de
rassembler les populations autour des gares routières et ferroviaires et d'impulser le
développement à partir de ces zones. Une économie locale et régionale dynamique a pris forme
dans les différents pôles économiques et la croissance démographique a constitué un facteur de
dynamisme économique constaté dans ces pôles économiques.
277
Ces nouvelles cultures d'exportation ont permis de fournir des matières premières
aux industries locales et de réduire quelque peu la dépendance de l'économie ivoirienne aux
fluctuations des prix du café et du cacao. Durant les deux premières décennies de
l'indépendance de la Côte d'Ivoire, la croissance remarquable de l'économie ivoirienne était
citée parfois en exemple. Les secteurs d'activité soutenus par les transports terrestres
interurbains ont eu leur part dans le P.1.8 portée à 7% en moyenne par an.
Cet embelli économique a généré l'amélioration générale des conditions de vie des
populations ivoiriennes et étrangères. L'Etat avait construit des écoles et des centres de santé,
électrifié et fourni de l'eau potable aux populations, surtout dans les zones reculées de la
capitale, là où les routes et le chemin de fer ont permis le désenclavement. Le train et la route
sont devenus des nécessités pour les populations. Ils ont influencé les motifs et les modalités de
déplacement. En outre, la valeur des productions agricoles et industrielles et les transformations
sociales étaient étroitement liées au développement des transports terrestres interurbains.
Cependant. ces moyens de transport ont été confrontés à des difficultés qui ont
freiné leur efficacité dans certaines localités de la Côte d'Ivoire. On peut évoquer entre autres
l'insuffisance des routes, leur mauvais état de surface dans certaines localités de la Côte
d'Ivoire, ainsi que le manque de rigueur dans l'organisation et la gestion du système routier.
Quant au transport ferroviaire, les difficultés se résumaient à la trajectoire unique et à la vétusté
de la ligne. Malgré des modifications, la ligne est demeurée vétuste et elle limitait
considérablement les possibilités d'un trafic très important.
Les villes pôles économiques étaient mieux équipées que les villes secondaires et
les villages. Il a existé des inégalités de revenus entre les zones urbaines et les zones rurales,
entre les régions forestières et les zones savanicoles. L'écart de développement s'est aussi
répercuté sur les taux de scolarisation dans les différentes régions. Quand les zones du sud, du
centre et de l'est oscillaient au tour de 75% et plus de taux de scolarisation, les zones du nord
avaient des difficultés à décoller avec des taux de 25%.
278
Face aux difficultés des transports routiers. l'amélioration et la modernisation des
réseaux routiers ont été au centre des préoccupations à partir de 1970. Les investissements ont
permis d'accroître la longueur des routes, le bitumage des routes régionales et des routes
internationales, l'ouverture de nouvelles routes pour désenclaver les zones rurales. Par ai lieurs,
des réglementations ont permis de légaliser la pratique du transport en Côte d'Ivoire et de sortir
le secteur de lïnformel.
En effet, ces moyens de transport qui étaient insuffisants et mal orientés au moment
de l'indépendance ont connu un développement satisfaisant durant les vingt premières années
de l'indépendance. Cela avait permis une assez bonne accessibilité du territoire et les mobilités
ont presque été permanentes. Les transports terrestres interurbains ont été en amont et en aval
dans l'accroissement de tous les secteurs d'activité et de l'évolution du PIB de la Côte d'Ivoire
durant les deux premières décennies de l'indépendance.
En outre, ces moyens de transport ont incité l'Etat à améliorer les conditions de vie
des populations, quand l'on se réfère aux infrastructures socioéducatives construites dans les
différentes localités de la Côte d'Ivoire. Même si des inégalités de développement existaient
entre les différentes régions du pays, néanmoins, l'Etat a pu compter sur les transports terrestres
interurbains pour atteindre ses objectifs de développement entre 1960 et 1980. Cependant, ce
travail de recherche ne marque pas une fin à la recherche sur la contribution des moyens de
transport au développement de la Côte d'Ivoire.
Il est incomplet et renferme des imperfections liées à nos débuts dans une recherche
de telle envergure. C'est pour cette raison qu'il est souhaitable que certains aspects comme le
rôle des syndicats de transport, soit plus approfondi afin d'enrichir la connaissance sur cet
aspect dans l'étude des transports en Côte d'Ivoire. Dès lors. face à la crise économique à
laquelle l'économie ivoirienne était confrontée. en 1980, le développement des transports
terrestres interurbains était-il encore envisageable?
279
ANNEXES
280
Annexe I : Evolution des routes non-bitumées et bitumées en Côte d'Ivoire de 1960 à 1985
"1
,..., •.•...• T
1960
0 100km
1985
281
Annexe 2 : Organigramme de la Direction Générale des Travaux Publics
..
DllfOEUI GINW.L
06 TUYAUX MUCS
SOUS-0111:CTION
J)flA
COMPATAIJ~nE
S0Ul·D1lfC1YJN
DES !OUTES kT Of
L'INFI.I.Slal(Tl.lE
AEIONAt/TIOUE
S0US-0itEC110N J
. DE L'HYD:AUllQUE .
D11ECTION DU
MATEll!L DES
ll.l.VAUX PlALJCI
m
· SOur.:E: Oir,c1i,n Gi,!l'lle des lro,oux Mlit1 !IRD-5550 >i
282
Annexe 3 : Organigramme du Ministère des Travaux Publics et des Transports en 1971
,.
/,
1
ORGANIGRAMME DU MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS ET DES TRANS:PORTS 1
MINIS'(lf
CA li NET
DIRECTION DE
L'A~INISTRATION DIRECIION DE
DIRECTION DE
GENERALE l'INSTITl/T L'AERONAUTIQUE
GEOGWHIQUE DIRECTION DU DIRECTION DE
El DES FINANCES CIVILE PORT D'ABIDJAN LA FORMATION
PROFESSIONNf[L!.
6/RD · 5551
",\ ~.
283
Annexe 4 : Organigramme Ministère des transports en 1980
COTE D'IVOIRE
MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS DES TRANSPORTS DE LA CONSTRUCTION ET DE L'URBANISME
IM.T.P.T.C.U.I
ORGANIGRAMME
IHNISTAE
ET
Su'ltABINll
11/SVfCTflJR ~ENTRf
OfSOIAECTIOHS DE
ET DES SERVICES OOCVMENTATION
-
1
1 1 l 1
1
OIRECTION 1 DIRECTION CENTRALE lllllftllON Ill
BIJOEAU DIAECI IONS REO!OHALfS OIRE Cl ION CéNlRALE L'Al11,1rN1HnA
CENIRfü 1 D'Aff'ROVISIONNEMENI tN
CENTfiAL OES TA AVAUX l'\JOLICS DU CONTROLE DES 1 llON t I Ül~
DES fü NSl'OR Tl EAU ET OU 6YS1 EME
DES ETUDES CONSTRUCTION ET GHANDS TRAVAUX 1 ~INANlf.S
TERRESTRES O'ECOUTS
1ECl1Nl0U1S 111 URli~NIS',IE
'
1
-""···-··-~--
CEllULf DE LA PLANI,
DIRECTION CENTRAL!
lABOnA !OIRE
DU BATIMENT
'1 DIRECTION CENTRALE
Dl L'AVIATION
FICATIO~ ET COOROINA110H OIRECllON crnTRAlE
OES TRAVAUX PUBLICS El DES TRAVAUX . . ~ CIVILE
OES TAANSl'OHTS ,OU MAIEOIEL
PURLICS
lfHfRUROAINS
1 : DIAECTION CENlRALE
lnlr11\MIUlf,IOUlll
•I "ro~1oi11i:1 SOUS DIRECTION OE OES Alf AIHH
LA ~ROGRA1,tMA TION DES DIRECTION OE URBAINES
INVf.STISm.lENTS L'ENlRETlfN
flOUTIERS AOUTlfH ',
1
1
Urh11Mw
OIRéC'rlON CEN JHAI t
Ut PLANlftCATIDN
OIRECTION OES
SOUS OIRECllON
DES ROUTES
rnmux ROUTIERS
PEAIOO!OUES
,~ ·
\;:,·.,,
. : ..
URBAINE
ArclllliCIV/1
DIRECTION CENTnALE
DES HATIMtNIS
H1i,ul0911
D 1. ln Oi111u~n1 Il 111 a,~11111 ijl!l \nli11111nl d11,uimcn1
lt p10~1 l19"f1•1 d1111 ~. C111111 t'I 1•1il19111.
MUCS
284
Annexe 5 : Tarifs des transports routiers
( - 2 -
I
f TAXI-BROUSSE (8 places): C A R
f D!STNCES
. -------------: -----noutes ··-- ;----------- ·- -; . . . . ~~utês ----
-------------- : -- --------- - ;
:Routes revêtues : non revëtues :Routes revêtues : non revêtues )
: -------. ---.---. ---- - . -;
Tarif arrondi Tarff ar.rondi : __ Tarif_arrondi_:_ Tarif_ a~ron~i /
o a 10 kms 150 200 100 150
- -- - -- -:---- --- ----- 1---.
-----t-- . .... -
\-==-~ 20 kms
1 21 ~ 30 kms
300.
450
400 ,
600 ·
----~~~------------=-
325
=~,:'
400
_
: 31 _a_ 40 _ kms __ · ; ~ 600 __ ', __ : 75o : 425 : 500 _
__41,.. ~ 50 kms . ------- 750 950 525 650
---------------------- .---------
- - -------
51 ~ 70 kms
- '1 -:, - ~8 ·:,~, -----: ----1 350
91S!l0kms :
1 050
1625
. :,. _
·1:
i·.
.
1 35G ,
1 700 -------: ------ 925 -------: -----1 150
2100 : 1125
725 :
: 1400
900
------i !
)
1
·· .. ......••
Il
Source: Ministère des Travaux Publics et des Transports. Décret 79-588 du l ljuillet 1979.
portant réglementa/ion de la concurrence el des prix, p.2.
285
Annexe 6: Organigramme de la RAN
BOARD Of DIRECTOAS
OENERAL MANAGER
ASSISTANT GENERAL
MANAOER
1 1 '
REPRESENTATIVE
GENERAL IN!PECTOR FOfl OF THE GENERAL
TECHNICAL I.IATTERS MANM,EA IN UPPER VOLTA
-
·- 1 1 1 1
STUOIES 1 MOTIVE POWER TRACK Ir
AWINlSTRATIVE FiNANCIAL QllER/\ TIONS COMMrnCIAL & ROLLING STOCK \'IORKS
CIVIL WORKS
MANAGER MAIIAGEA MANAGER MANAGER MANMER MANAGER
MANAGER
1 1 1 1 1 1 1
TELEC().IMUNI-
SUPPLIES & SLEEPING CARS CATIONS l SIG· DOCUMENTATION
TRAINING PERSONNEL MEDICAL SPECIAL mi1PUTING
STORES AND HOTELS NALLING SERVICE
DIVISION DEPARTMENT SERVICE POLICE SERVICES
DEPARTMENT DEPARTMEIIT SERVICE
286
Annexe 7 : Loi du I cr août 1964. portant organisation et harmonisation
des transports routiers
l--:-;
r1
• J · I , _ ·~• 1 , 11• l • 'l 1
'l
i
:i".
• 929 ,
TRANSPORTS ROUTJEns.
'
TRANSPORTS
-. ,,::
. .•..
~·
Source: .Journal officiel de la République de Côte d'Ivoire, 1966. p.929.
287
Annexe 8: Décret portant réglementation et harmonisation des transports routiers
L....i" L- \
1 \
.. 930.
.;;;~·
Source: Journal officiel de la République de Côte d'Ivoire, 1966, Op. Cit., p.93.
288
Annexe 9: Organisation du Centre National de Bureaux de Fret
22 juin 1~·n JOURNAL OFt'JClEL ui:; LA llEPU BLJQUE DE COTE l)'!VOlfiE. !0~5
~-.:
ARTICU:. 24 AllT(CU. 3
,..-. Le conseil d'administrAtion peul en Jouctton des besoins, proposer Le Bureau do l'ret -d'Abldjan prend en charge, dans les limi tës
aux pouvoirs publlc:.t, )a création de Bureaux de I-.• ret régionaux, ,JléJinies par la NlglomentoUon, !'e;uemb!e du fret &u déport
création oui fera l'oh.iet d'un nrréU: Inteml niatér-tel , ,l'Abiàjan et ir. destination de l'intérieur de la Côte d'hoire. J:
'(_V__ ---
-- -
TITRE Ill
---- rapproche lt:a off'res et leB demandes de fret., el p rcpcse des Rppu.i-
ro.gd11 dan, des d61nls d1attento ,:nlnime et dans lea limitc!I des
- - - - ' !' turlh officiels en vigueur pour lee Trcnai,orte .. publica r0~t!t~N de
mnrchundisoa.
Y L~DIIŒCTION GEN~:RALE DU CENTI\E NA'l'll>NAL \
1' DES BUREAUX DJ:; F!ŒT I 1TTRE li
1 A llT1Cl..! 2!>
1
1 ÛHCAt.:ISA1'IüN ÜU BUREAU DE FH.è:T ll',\HID,!AN
1 Le Centre national des Bu rcnux de Fret tt11t dh·Lcé pu r un direc- ' . ARTlCU: 4
r
tratfon qui peut acul mett.re li~ .\ .son mandut,
rlun,s lie cadre ce la nrivtaion et. éu eont.r-ôle budg-ét.Aire du Ccntr e
f l C C l ;;e" t., ARTICUl 27 atlonal des Bure.aux do Pret. ·
Le clirect.our g6n6ra1 ·ae.sur~ la gestion et la coordination des
Bureaux do Fret cxiato.nh sur le Terri•.otro national en applicatiun ARTICLE 6
1 du d6clalotu du consetl d'administration. Pour mener- à bien cette Le Bureau de f'ret d'Abidjan eat. dirigé pu r un di recteu r ,~cionnl
mJ,.,.lon, l1 diapoae d«:3 pou-voir- s ptu1 étendue qui lui aont délégués
no
0::::1é !,!~~Î11i~~~;\~\~~r
d~é"ci!~i~en~~ètio~~r
6
de~r.~~~etii":9:rP,~nl-~r~~
.:;,,er le ·Jlr:tofd~ du conseil d'admini1trallon du Contre national
de, Bureaux de F'ret, . 1 lu i est déléc-u.é les pouvoirs nêcessufres à l'exerctee de sa fonct l on .
~ ----- ; TITRt: Ill
AnutTt INTERMINJSl'i:J(JEJ, 11' 1355 MEF./MTPT. dt<i
~ 16 juin. 1972, auto,-isnnt la création du Bureau de r-« '
IU-:GLF.MENT IN'i'ER!El:R
DU BUREAU DE ~·RE'I' D'AD!DJA.N
d'Al,i.dja.11 et portasit aourobation. de son règlement
1 intérieur. ! Cho.mp d'app.'ica tion
1
• LE •
MINISTRF. Of: !.'ECONOMIE ET DES FIJ,;ANCF.S, 11 ARTlCL.E 7 .
'
lt.i:: bl!NI.STRE DES ..fRAV,\t,'X PUBLICS 1':T DES TRANi:WOR'fS,
. ,
1 1 Doivent pnsur obligatQircmen>;. µor le Hurenu ~IL' C• n:l
t•
d'Ahid)nn toutes olfrc• <le frel répcnds nt aux conditions su.vantes :
/ Vu la loi 1J• 04-294 du. l •• aoOt 196f,• o~uniior1l la coordin°ationil f _ Etre transporté~-1 pal' r ou tee à 100 kilomètres ,~l plus ;
11 •t l'harmonh;utlon dc:i 'Transpcr-te rou .. iers • . , - Avolr un poiC,: ~i:a.1 ou au pér-leu r- à 3,5 termes pcu r le rnt•:HC'
. Vu le décrot n• ,6G.~3Q du 11 novcmOre 19(jG, If xn n t 111 réglemcn- Il desrtnnro l r-e :
:talion et l'han1\orun,l1c,n dee 'l'ra.nap<>rW, routlent ; , _ Etr~ comucsé de tnu rc hutvtl ses e uivuntes
1• ~'zJ~ ~~~\t.:ri~;·~~~2~~~~n~~il~~l\!r06;,d:c~!~i:t:::; J: i~é::t~i I Cirr.t::it; •
,J Vu l'arrit.-0- int~nninlRtént'J n• J H8 MEf'./~1Tr. du 20 mal 10·12,. ] • Pcnde r cu x ;
00
rt.ant •PP":>ba~ion
!lurr.aux de I· re~ ; du règlemunt intérieur du Cent re nnti<"lnn.1 dt'1 ' Morchn.ndin!i
(. E1nhu!lnço~ vicle s ;
·, Vu Ju. l~ttn, n" HDT. t..P. lOeB/72 du 14 avrtt 19'12 du f>ré>!-idcn
lu Contro nnt.ionnl dck Bur<:nux <le )•'rcl1 Morchundise.s nL1 vnl urue.
Annt,'ENT : 2• Sont fi:!!q.1~n11,~~ Ju pas"ugc- uu Bu reuu th• 1-'rc~ d'AtJidjan le s
ma rchendtses et-eprë s
Article premier. -- Est auto, Iaé la création d,1 Bureau\ •. Hyd rccu rbu res ; ·,
Fret d'Abidjan, el est app rouvé son règlement intét-iot11·, I • Ifoln en ,:no.me~ ;1
-joint en annexe, proposé par le Centre nattonul des' • Cat,, cneao et coton ; ···
r
ureaux de .F,rct. · , A~
· • ·B;,in.nc11 lf'!t · nr-urna> :
Art. 2. - Le présent arrêté sern publié au Journal Trnnsport1 excep t ionncla et hor-e 1,obn.rit ;
1//iciel de la Côle d'Ivoire. • Tr1rnspon, isot.ht:rmea :
PoJuon !rab et fum6 ;
Abidjan. le Hi Juin 1972. 1
;_! Tout trnnsport hou tur!fico,tlon.
1 L• m~n\ltrt dt l'Ec<mo-mie Le mini•tr• cl,, T,-avau::c public, 1
j ·•t dei Finances, et dn T,.a.n,pe>rt3, S' Tout nutro fret, même {aiannt l'objet. d'un' contnt \'116 par
le mlnlsttc des Tro.nsports c\. le mini:stie de I'Eccnernle et des
H. KONA:-1 BJ;;OIE. CRA!! KADJI. 11 Flnance!ll doit pnsser pur le Bureou de Fret. d'Abldf c n pour être
1
/• . · :~~EX:·- ~
rGirnt4 irHc-rr,lini1tiriel n:• 1355 MEP./&tT('T. du 15 JkÙ& 1912,
t:n1·eci11tr~.
1/
AkTJCU: 8
,t<>riaan, la criu!ihn du Bu.,cn.u d1t. F"ret d:Abidja,i et pc,rt-:mt
d~ fret ront reçues n.u 11iè1rc du. Durenu de Fret
'.JProbati01t da 1un riql,rm.,,nt i,i.tJritiu·.
T!TRE PRE~HF.:I<
t.:;~i~Lesj~n po.r
! • of'!'rc1
téléphone, par télex, pat court~cr ou pa r t-Out e utr-e
/Il; CREATION DU BUREAU DE FRET D'All!DJAN ; 2' Lo Rurcnu de Fn,t d'Abidjan lnecrlt au .tur et A meeu re,
ARTJC.U: PR&Mtr::R / dan• l'ordre d'arrlv4o, sur des fiche,, leu ofte1 qui lui parviennent
en Y montlonnAhl notamment :
Dan• l• cadr11. du Olepoaltlonn régh,:rnnt, le Cnntr~ n_atJonnl thH1 1 a) Ln d~,t~ et )'hou:O de la rcmlae .Jo l'offru d>3 fret el le nu111ér,;,
c,oé d'1:nrq;latroment.;
..;.•:....
roawc do Fret, li ctt un Bureau do. Jo'.rot_'rt<giolÎàl à AbldJ_J\n,
b) La nature du la. tr.urchnnèlso ;
AITJCL!: 2
o) La dostfnatJon dt la marcha.~<tJu :
:1 pnnd le ·nom do Bureau de Fret d 1AbldJAn, cri, ab:-lJi;-6 ~ D.~.A. ,.
cf) L'!dentit~ de l'1trr6tour et (.,: llou d'enl/,y~aiorit d~ '!nii.
289
Annexe 10: Contrôle dimension et poids véhicules selon la SICTA
POIDS ET DIMENSIONS
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EMPATTEMENT
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290
Annexe 11 : Aménagement intérieur des véhicules selon la SICT A
C.
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1 p«10de~Anitteo11 1ponecrattà •
Lat&:alc 60 X 140 60X 140 1,.:::,
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(()
1.-....,) . -
D\ l · J l J~- _ .J \ D
1SO \ ~Porlede
, ~· 1,.65' 140 11sl 11 d~
t~ .. . . ,. . .
,/
1 1. 60
1 '.
;k
OJ/1111991,
Source: SICTA. Textes légaux el arrêtés applicables en Côte d'Ivoire, Op. Cit., p.3.
291
Annexe 12 : Transports sur le territoire ivoirien
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.,- - S.l'Hlo
r.,.,..'l 1//00tOltflH
..•.. .•.•.
Sor,.-t 91UD0 ,.,..,
..
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R•ra,..-...-(AI
B11Udlâ1 (ou 1n coun M b.n..,aao•I
Routa NCOIIÂiru Il)
81n-é• (11111 en coun 1M hi~I
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S à 9 vals twltdaMadamn
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M,.,._. :.uo~•• jligre,. ,nttut'9fc~)
P1st1 "'TUntnte Pm e(W fa\.f flP.ntlP J i S Vob hôdoNtlillllU ~ liote: lw1èe
P151e t""9Dtair11 -- Mo1111 rJ. 3 nb hcltdo.1t1dittfn ~ P01t tRHU pn,fonde
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De 7 à 70 '~- l
Oot-4111
Mruns de 4
~~}f,/ ,
l!JOI
..
61
292
Annexe 13 : Récapitulatif des enquêtes
Brou K. Alain : Comme notifié dans notre courrier adressé à votre Directeur, nous sommes à
la recherche de réponses à un certain nombre de préoccupations concernant le transport
routier en Côte d'Ivoire de 1960 à 1980. Cela entre dans le cadre de notre thèse unique de
doctorat qui a pour thème les transports terrestres interurbains dans/ 'économie ivoirienne de
1960 à 1980.
Godefroy Yao KONAN : Effectivement nous avons pris connaissance et nous espérons
pouvoir vous apporter toutes les réponses possibles qui pourront vous aider à finaliser votre
travail. Nous vous écoutons.
BROU K. Alain : Notre première préoccupation est la suivante : quelles catégories de route
l'on rencontrait en Côte d '/voire à l'indépendance ?
Godefroy Yao KONAN : A l'indépendance en Côte d'Ivoire, on avait des pistes rurales. des
routes en terre et quelques routes bitumées qui ont permis à l'administration coloniale
d'exploiter les richesses naturelles et agricoles de la Côte d'Ivoire.
BROU K. Alain : Comment pouvait-on caractériser les routes laissées par l'administration
coloniales à la Côte d '/voire en 1960 !'
Godefroy Yao KONAN : Au regard du kilométrage des routes en 1960. on pouvait dire que le
colonisateur a laissé un important réseau routier à la Côte d'Ivoire. Pour ce qui est de la qualité
des routes, il y avait de bonnes routes, même si les routes en terre dominaient. li n'y avait pas
un grand trafic. Seules les grandes villes du pays étaient reliées par les routes bitumées.
BROU K. Alain : Quel était la politique adoptée par l'Etat de Côte d'Ivoire en matière de
routes à partir de I 960 ?
Godefroy Yao KONAN : A partir de 1960, il fallait développer le réseau routier ivoirien pour
répondre aux objectifs de développement. Des investissements ont été faits pour construire de
nouvelles routes, améliorer les routes qui existaient. Des dispositifs d'entretien des routes ont
été mises en place. L'Etat s'occupait de l'entretien des routes à travers les régies. Les axes
agricoles étaient les plus importants et les routes étaient toutes en direction d'Abidjan ensuite
San Pedro.
293
BROU K. Alain: Quel était le rôle des routes en Côte d'Ivoire de 1960 à 1980?
Godefroy Yao KONAN : Les routes en Côte d'Ivoire ont eu pour 1111ss1on de mailler
l'ensemble du territoire ivoirien. Du point de vue économique. elles ont contribué à mettre en
pratique la théorie du producteur et du consommateur. Cela a consisté à acheminer les produits
agricoles des zones de production vers les grands centres de distribution pour que ces
productions soient accessibles aux consommateurs.
Les routes ont créé et animé des liens économiques entre les producteurs et les consommateurs.
Toutes ces activités ont induit les déplacements. L · absence de transport laissait entrevoir des
difficultés économiques. A cela. il fallait ajouter le fait que l'accroissement du matériel roulant
en Côte d'Ivoire nécessitait un accroissement des infrastructures pour supporter le
développement du transport de plus en plus important.
BROU K. Alain : Pourquoi le réseau routier était-il plus développé au Sud qu'ailleurs sur le
territoire ?
M. KONAN Yao Godefroy: Monsieur Brou vous savez qu'en Côte d'Ivoire l'agriculture fait
l'économie et au Sud du pays. les cultures de rente ont été développées nécessitant le
développement des routes pour le transport des productions agricoles. En plus l'Etat percevait
des taxes et des impôts sur toutes les activités liées au système des transports dans la zone. Ce
qui convient de retenir ici. c'est que l'agriculture étant la base de l'économie ivoirienne. alors
l'Etat s'est fait fort de rendre praticable toute l'année les différentes liaisons routières qui
touchaient ces grandes zones agricoles, afin d'améliorer les recettes de l'Etat.
Cette croissance du réseau routier était accompagnée par la croissance du nombre de véhicules.
Par ailleurs, on retrouvait en Côte d'Ivoire plusieurs marques de véhicules. Les marques
françaises étaient les plus nombreuses à cause des liens historiques et économiques, de même,
il existait une usine de montage automobile de Renault qui facilitait les achats. Les marques
japonaises étaient prisées pour les prix, en plus c'était une période où les Japonais se lançaient
dans la construction automobiles, alors les tous premiers véhicules étaient abordables au niveau
des prix.
BROU K. Alain: Quelles étaient les difficultés des roules en Côte d'Ivoire ?
Godefroy Yao KONAN : Comme difficultés majeures. nous avions la dégradation avancée de
certaines routes due au manque d'entretien.
294
Les ressources étaient limitées pour l'Etat, donc des choix de développement de certaines
routes ont été faits au détriment de certaines catégories de routes. La sécurité des usagers posait
aussi problème, car les accidents de circulation étaient fréquents sur les routes en Côte d'Ivoire.
Godefroy Yao KONAN : A ce sujet disons que les solutions sont venues des investissements
faits par l'Etat de Côte d'Ivoire sur fonds propres et l'aide des partenaires au développement
comme la Banque Mondiale, le Japon, l'Allemagne. La Côte d'Ivoire a sollicité des appuis pour
l'entretien des routes. Des projets d'entretien routier ont été mise en place et financés par la
Banque Mondiale par exemple pour s'occuper du réseau routier. C'est dans cette optique que
l'Etat a bitumé des axes importants qui reliaient les différentes grandes zones agricoles du pays.
L · entretien des routes internationales a fait l'objet d'attention de la part de l'Etat.
Au niveau sécuritaire, l'Etat a mis un accent particulier sur le contrôle technique des véhicules
qui était assuré à l'indépendance par le Bureau Veritas. A partir des années soixante-dix, c'était
la S.I.C.T.A qui était chargée d'assurer la bonne santé des véhicules roulant sur le sol ivoirien.
Par ailleurs, l'Etat de Côte d'Ivoire a créé l'O.S.E.R afin de permettre à cette structure
d'éduquer les usagers aux méthodes de sécurités routières avec l'appui des forces de l'ordre.
BROU K. Alain : Quels ont été les résultats des actions de l'Etat face aux difficultés des
transports en Côte d'Ivoire de 1960 à 1980 ?
Godefroy Yao KONAN : Les actions de l'Etat ont abouti à l'accroissement du réseau routier
de la Côte d'Ivoire. Cela a permis aussi un assez bon maillage du territoire. Le kilométrage des
routes bitumées a connu un accroissement notable, surtout dans les grandes zones de
productions agricoles. L'on a noté une nette amélioration du ratio population véhicule. Les
mobilités ont été plus importantes sur l'ensemble du territoire. L'accroissement du réseau
routier s'est accompagné du développement du nombre de véhicules en Côte d'Ivoire. Les
offres se sont accrues en direction des différentes localités de la Côte d'Ivoire.
BROU K. Alain : Quels impacts les routes ont elles eu dans le développement de la Côte
d'Ivoire et sur la vie des populations?
Godefroy Yao KONAN : Les routes ont été au cœur du développement de la Côte d'Ivoire.
Comme le disait le Président de la République Félix Houphouët-Boigny, la route précède le
développement.
295
Le développement de ces moyens de transports a donné de la valeur aux cultures agricoles de
la Côte d'Ivoire. Les routes ont contribué au développement des régions et des villes à travers
les mobilités et les liens économiques entre les différentes localités. Les villes se sont
développées avec l'accroissement du système des transports. Des pôles de développement se
sont créés pour lutter contre les disparités régionales à travers les cultures d'exportation. Au
niveau des populations, les routes ont contribué à améliorer le cadre de vie des populations
ivoiriennes par la construction des écoles, des centres de santé, l'électrification villageoise et
l'adduction en eau potable.
BROU K. Alain : Bonjour M. Kouakou. nous sommes passés vous voir afin d'avoir des
réponses à des préoccupations concernant les routes en Côte d'Ivoire de 1960 à 1980 dans le
Germain Yao KOUAKOU: Merci M. BROU, nous allons faire des efforts pour répondre à
vos préoccupations.
Brou K. Alain : Comment les routes ont-elles été développées en Côte d'Ivoire ?
BROU K. Alain : Quel était la place des routes par rapport aux transports aérien et fluvio-
lagunaire en Côte cl 'Ivoire ?
Germain Yao KOUAKOU : Les routes occupait une part importante des trafics par rapport à
l'avion et aux lagunes. La route était le moyen de transport le plus accessible. Elle était moins
chère par rapport au transport aérien et fluvio lagunaire. Les routes parcouraient l'ensemble du
territoire. L'Etat avait accordé aux routes des investissements importants pour accroître les
trafics de marchandises et de voyageurs.
296
Germain Yao KOUAKOU: L'entretien des routes était confié au ministère des transports. Par
l'entremise du Fonds d'entretien routier, le financement des entretiens des différentes catégories
de routes était exécuté. Des ressources étaient affectées au fonds d'entretien routier pour
exécuter les travaux. La Direction des routes au sein de la Direction Générale des Travaux
Publics était chargée d'exécuter les travaux d'entretien avec le soutien de la Direction du
matériel.
BROU K. Alain : Comment explique-t-on le faite que les routes du Sud et Sud-Est étaient les
mieux entretenues ?
Germain Yao KOUAKOU: Cela s'explique par la loi du grand nombre. Le réseau routier qui
génère une valeur économique plus grande était mieux entretenu que le reste. Les routes du Sud
et du Sud-Est contribuaient à évacuer les importantes productions de bois et de cacao produites
dans les différentes localités du Sud et de l'Est. Par ailleurs Abidjan était le point de départ et
d'arrivée de toutes les liaisons routières. Avec le temps et le déplacement de la culture du café
et du Cacao vers l'Ouest, l'Etat de Côte d'Ivoire a développé les routes en direction de ces
zones pour permettre un bon maillage du territoire. tout en permettant aux différentes localités
de participer à l'économie nationale.
BROU K. Alain : Comment l'Etat de Côte d'Ivoire sécurisait les routes et les usagers de la
route?
Germain Yao KOUAKOU : La sécurité était un facteur très important dans la construction
des routes. Il fallait réduire le plus possible les courbes afin d'avoir une route droite qui facilitait
le trafic. La signalisation pour informer les automobilistes. Lutter contre l'indiscipline des
conducteurs, ce qui causait des accidents de la route. Pour l'Etat de Côte d'Ivoire. la sécurité
routière était incontournable dans l'accroissement du trafic routier.
d 'Ivoire ?
Yao Germain KOUAKOU : Les routes précèdent le développement. A l'absence des routes,
aucune économie ne bouge, aucun produit n'a de la valeur pour le producteur. En Côte d'Ivoire,
les routes ont dynamisé les productions agricoles et industrielles. Elles ont été importantes dans
la mise en valeur progressive des richesses de la Côte d'Ivoire. Le développement du réseau
routier a été fonction du développement des zones agricoles.
297
Les routes ont contribué à développer des économies locales, à améliorer les conditions de vie
des populations.
Kouassi DJA: M. BROU nous avions reçu votre courrier de demande d'enquête. Nous avions
tenu à vous rencontrer afin de fixer les dispositions à prendre pour la réussite de cette enquête.
Nous aurions besoin de l'ensemble de vos préoccupations afin de trouver les personnes
ressources qui pourront vous donner entière satisfaction. De ce fait, nous souhaiterons que vous
adressiez un autre courrier au Secrétariat général dans lequel vous mentionnerez vos
préoccupations.
BROU K. Alain : Merci M. DJA. Comme notifié dans mon courrier, nous avions eu le bonheur
de travailler dans les archives de la Sitarail pour notre thèse unique de Doctorat dont le thème
est : Les transports terrestres interurbains dans l'économie ivoirienne de 1960 à 1980. Nous
venons solliciter les responsables de la Sitarail. afin de rencontrer des personnes ressources
pour d'autres préoccupai ions concernant le chemin de fer en Côte d 'Jvoire de 1960 à 1980.
Nous allons adresser comme convenu un autre courrier au Secrétariat général avec en pièce
jointe les questionnaires de l'enquête pour.faciliter les démarches.
9- Quelles ont été les actions menées pour moderniser le chemin de fer et lutter contre les
problèmes?
298
10- quels impacts le rail a-t-il eu dans le développement économique, social et culturel de la
Côte d'Ivoire?
Kouassi DJA : Bonjour M.BROU. nous avons tenu à vous rencontrer aujourd'hui pour vous
informer que nous sommes au regret de ne pouvoir donner suite à votre demande d'enquête.
Nous avons pris connaissance de vos préoccupations. Mais le problème qui se pose est que la
Sitarail a commencé ses activités en 1995, soit 15 ans après 1980 et les personnes ressources
qui pouvaient répondre à vos questions à l'époque de la R.A.N et qui étaient à des postes de
responsabilité, aucune personne n'est là. La seule possibilité pour vous actuellement est les
archives, car les informations concernant la période que vous étudiez ont été déjà classées dans
les archives.
BROU K. Alain : Nous vous comprenons parfaitement. La difficulté que nous rencontrons en
étudiant les vingt premières années de l'indépendance de la Côte d 'Ivoire. c'est de rencontrer
des interlocuteurs qui peuvent vous donner des informations afférentes à votre thème. Ce qui
nous motive à terminer ce travail de recherche, c 'est defaire connaitre encore le chemin defer
en Côte d'Ivoire el à/ 'extérieur de la Côte d'Ivoire et attirer si possible des investisseurs quand
nous savons que la voie de l'Ouest de la Côte d'Ivoire est en projet.
Kouassi DJA: Exactement, la première chose que les opérateurs économiques font en
s'intéressant à un pays, c'est de s'interroger sur les infrastructures d'un point de vue juridique
et historique. Si l'histoire de ce secteur est confrontée à des énormes difficultés, ils ne viennent
pas. Ils regardent l'histoire et le droit de ce secteur. Voici un peu les difficultés auxquelles nous
sommes confrontés, l'impossibilité pour nous de vous trouver des personnes ressources pour
répondre à vos préoccupations.
Si le sujet portait par exemple sur la vie du chemin de fer dans les localités telle que les
populations les ont vécues. il serait possible de trouver des personnes ressources pour répondre
à certaines préoccupations. Par contre, dans une entreprise où les personnes passent, il est
difficile de les répertorier. Néanmoins, sachez que nous sommes toujours disposés à fournir des
informations concernant la Sitarail, si cela est nécessaire à l'avenir.
299
LISTE DES GRAPHIQUES
300
Graphique 0°1 : Evolution des catégories de route en Côte d'Ivoire de 1961 à 1968 .46
Graphique 0°9 : Evolution du personnel de la RAN par postes de 1976 à 1981 104
Graphique 0°10 : Evolution de la population de quelques villes du rail de 1965 à 1975 141
Graphique 11°11 : Croissance démographique de la ville d" Abidjan de 1960 à 1984 149
301
LISTE DES TABLEAUX
302
Tableau n°1 : Les types de véhicules et leur nombre en Côte d'Ivoire au 3 l /12/1960 37
Tableau n°2: Les liaisons routières de la Côte d'Ivoire construites de 1971 à 1975 .49
Tableau n°3: Les voies routières réalisées par la Côte dlvoire de 1976 à 1980 50
Tableau 11°4 : Les liaisons routières revêtues de Côte d. Ivoire en l 961 54
Tableau n°5 : Les voies routières bitumées en Côte d" Ivoire de 1978 à 1980 55
Tableau n% : Les types de véhicules sur le territoire ivoirien et leur nombre en 1976 57
Tableau n°7: Le parc automobile général par catégories en Côte d'Ivoire de 1970 à 1981 58
Tableau n°8: Quelques marques de véhicule et leur nombre sur le marché ivoirien en 1978 60
Tableau n°9: Evolution du transport privé et public de voyageurs par la route
de 1963 à 1968 (en millions/km) 61
Tableau 11°10: Les catégories de marchandises transportées par la route en 1968 64
Tableau 11°11 : Les itinéraires d'approvisionnement du Mali via le chemin de fer 74
Tableau n°12 : Catégories de marchandises et quantités transportées dans les échanges
de la Côte d'Ivoire avec le Mali (milliers de tonnes) 75
Tableau n°13: Nature des produits et quantités dans les échanges entre la Haute-Volta et
la Côte d'Ivoire en 1967 76
Tableau 11°14: Evolution des marchandises échangées dans le trafic de la Côte d'Ivoire avec
le Mali et la Haute-Volta de 1970 à 1980 (milliers de tonnes) 78
Tableau n°15 : Le trafic marchandises de la RAN et les recettes engrangées
de 1970 à l 979 80
Tableau 11°16: Les investissements dans les transports par secteur de 1971 à 1980 84
Tableau 11°17: Les tarifs moyens par modes de transport.. 85
Tableau n°18 : Trafic de voyageurs par modes de transport en 1968 88
Tableau n°19 : Trafic de marchandises par modes de transport en i 968 89
Tableau n°20 : Les investissements par modes de transport en millions de l 960-1969 91
Tableau n°21 : Répartition du tratic de marchandises par mode de transport.. 92
Tableau 11°22 : Création et répartition des emplois en Côte dlvoire
par zones géographiques ! 06
303
Tableau 0°26: Evolution de la population en Côte d'Ivoire et pourcentage de la population
304
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323
TABLE DES MATIERES
324
DEDICACE I
R.EMER.CIEMENTS 11
SOMMAIRE 111
SIGLES ET ABREVIATIONS IV
INTRODUCTION 8
325
DEUXIEME PARTIE: ORGANISATION ET IMPACTS DES TRANSPORTS
TERRESTRES INTERURBAINS DANS LE DEVELOPPEMENT
DE LA COTE D'IVOIRE 109
326
RESUME
ABSTRACT
The present study was interested in interurban land transport in the Ivorian
economy from 1960 to 1980. This is a topic event which aimed al analysing the contribution
of these means of transport to the economic, social and cultural growth of Ivory Coast during
the first twenty years of ils independence. Indeed, since 1960. date of the independence of the
country until 1980, the State of Ivory Coast with the assistance of the partners to the
development, invested important sums for the development of interurban land transports.
Thus, the roads and the rail contributed to convey the travellers and the goods for the whole
of the territory. They allowed the creation of many direct and indirect jobs in all sectors.
Furthermore, these means of transport were one of pillars of the area and urban
developmem. of the growth of the Gross Domestic Product of Ivory Coast. Knowing that the
improvement of the living conditions of the populations living on Ivorian soi/ was one of
major concerns of the government on Ivory Coast to independence, the road links and
railways, favoured a rather successful development on Ivorian territory, the construction of
the schools, health centres, the abduction of drinking water and electrification. lnterurban
land transports made it possible the economy of Ivory Coast to be quoted sometimes in
example ail over the worldfrom 1960 to 1980.
Keywords: Communication, development, economy, industry, interurban, Ivory
Coast, land, population, rail, road, transport.