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CENTRE DE FORMATION ET DE
RECHERCHE EN MATIERE DE POPULATION (CEFORP)
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Mémoire de fin de formation
Sous la supervision de :
Dr Alphonse M. AFFO, Enseignant-chercheur au CEFORP/UAC
Jury
Président : Dr Géraud Sètondji PADONOU
Examinateur : Dr Conrad TONOUKOUEN
Rapporteur : Dr Alphonse M. AFFO
Sommaire
Sommaire ................................................................................................................................................ i
Dédicace ................................................................................................................................................ ii
Sigles et acronymes.............................................................................................................................. iv
Résumé.................................................................................................................................................. ix
Abstract ................................................................................................................................................. ix
Introduction ........................................................................................................................................... 1
ANNEXES .......................................................................................................................................... 65
Dédicace
Dédicace 1
A
Mes parents ALIDOU Abdon et ARABA Henriette qui ont été d'un merveilleux soutien
et d'une rigueur motivante
Mes frères et sœurs Anaïs et Franklin qui ont su m’assisté et me soutenir grâce à leurs
expériences.
Dédicace 2
A
Armel DHOSSOUVI
Remerciements
Si la rédaction d’un mémoire de fin de formation apparaît souvent comme une aventure solitaire,
elle ne prend néanmoins sens qu’au regard de la multiplicité des rencontres qu’elle suscite, des
échanges desquels elle se nourrit, de l’entourage qu’elle nécessite. Ainsi, voudrions-nous adresser
notre gratitude à l’endroit de tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce
travail.
Enfin, tous ceux dont les noms ne sont pas mentionnés ici et qui, d’une manière ou d’une autre ont
consenti des efforts pour la réalisation de ce travail, nous leur témoignons notre sincère gratitude.
Sigles et acronymes
ANPC : Agence Nationale de Protection Civile
BM : Banque Mondiale
FS : Formation Sanitaire
MS : Ministère de la santé
OS : Objectif Stratégique
PH : Personne Handicapée
ZS : Zone Sanitaire
Tableau 4 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées par type de handicap selon le
niveau d’instruction et secteur ou catégorie d’activité ..................................................................... 31
Tableau 7 : Répartition (%) des répondants selon leurs perceptions sur la qualité de l’accueil et le
type de formation sanitaire ................................................................................................................. 38
Tableau 8 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtés par type formation sanitaire
fréquenté selon le niveau de satisfaction et l’appréciation de la qualité de soins reçus ................. 39
Tableau 9 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon les difficultés physiques
rencontrées dans les FS par type et nombre de handicap ................................................................. 42
Tableau 10 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon la fréquence du besoin
financier de se faire soigner par type et nombre de handicap et par secteur ou catégorie d’activité
.............................................................................................................................................................. 44
Tableau 11 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon être souvent informé des
actualités sanitaires par connaissance du projet ARCH et niveau d’instruction ............................. 47
Tableau 12 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon difficulté d’accès aux
actualités sanitaires par type de handicap .......................................................................................... 48
Graphique 2 : Proportion (%) des personnes handicapées ayant fréquenté une formation sanitaire
par celles ayant été malade ces 12 derniers mois. ............................................................................. 36
Graphique 3 : Répartition (%) des personnes ayant fréquenté au moins une formation sanitaire
selon type de formation sanitaire ....................................................................................................... 37
Graphique 4 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon catégorie de soin reçu
et leurs perceptions de consultation reçue. ........................................................................................ 38
Graphique 9 : Prévalence (%) d’accès équitable aux soins de santé selon le type et le nombre de
handicap personnes handicapées ........................................................................................................ 52
Résumé
Les personnes handicapées font partie intégrante de la population vulnérable qui présente certains
besoins plus affirmés dont le besoin d’accès aux soins de santé. Le problème d’accès aux soins de
santé des personnes handicapées demeure malgré l’article 18 de la carte d’égalité des chances de
la loi n°2017-06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes
handicapées en République du Bénin. L’étude de l’accessibilité aux soins de santé des personnes
handicapées dans les formations sanitaires publiques de la zone sanitaire Cotonou V combine
l’approche quantitative et l’approche qualitative. Elle révèle que les formations publiques de la
zone sanitaire Cotonou V ne disposent pas de ressources adéquates pour la prise en charge des
personnes handicapées. Mais, les personnes handicapées font majoritairement recours aux soins de
santé publics (64,9%), où elles sont environ deux fois moins satisfaites des soins reçus (28,1%) par
rapport à leurs attentes que leur homologue qui fréquentent les formations sanitaires privées
(69,2%) ou confessionnelles (40%). Notons que la difficulté financière à payer les soins de santé
est la principale raison pour les personnes handicapées et justifie leur réticence à fréquenter les
formations sanitaires. Les personnes handicapées motrices, visuelles et celles vivantes avec un
handicap ont mieux accès aux soins de santé alors que les personnes handicapées auditives et celles
ayant des difficultés à prendre soin d’elles-mêmes ou vivant avec trois handicaps rencontrent plus
de difficultés à accéder aux soins de santé.
Mots clés : accessibilité, Formation Sanitaire, Personnes Handicapées, soins de santé, Zone
Sanitaire, handicap
Abstract
People with disabilities are an integral part of the vulnerable population that has certain needs,
including the need for access to health care. The problem of access to health care for people with
disabilities remains despite article 18 of the equal opportunities card of law n°2017-06 of 29
September 2017 on the protection and promotion of the rights of people with disabilities in the
Republic of Benin. The study of accessibility to health care for people with disabilities in the public
health facilities of the Cotonou V health zone combines the quantitative approach and the
qualitative approach. It reveals that the public facilities in the Cotonou V health zone do not have
adequate resources for the care of people with disabilities. However, the majority of people with
disabilities use public health care (64.9%), where they are about twice as dissatisfied with the care
they receive (28.1%) compared to their expectations than their counterparts who use private
(69.2%) or religious (40%) health facilities. It should be noted that the financial difficulty of paying
for health care is the main reason for people with disabilities to be reluctant to attend health
facilities. People with motor and visual disabilities and those living with a disability have better
access to health care, whereas people with hearing disabilities and those with difficulties in taking
care of themselves or living with three disabilities have more difficulties in accessing health care.
Keywords: accessibility, Health Facilities, People with disabilities, health care, Health Zone,
disability
Introduction
Le secteur de la santé de nos jours présente de plus en plus de nombreux enjeux. La santé constitue
le pilier du bien-être de tous (enfants, adolescents, adultes, vieux, handicapés, non handicapés, etc.)
et de tout développement durable national et international. Et le développement durable de toutes
nations revêt de la cohésion entre les populations, donc ‘zéro discrimination’. Officiellement «
permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge » est le but
premier du troisième Objectif de Développement Durable « Bonne Santé et Bien-être ». Le
dixième Objectif de Développement Durable « Inégalité Réduites » vise « l’autonomisation de
tous et la favorisation de l’intégration sociale, économique et politique indépendamment des
facteurs sociodémographiques, du handicap et de la race ». Il s’agit de garantir l’accès de tous à
une couverture médicale, à des médicaments surs et efficaces et à la réduction de la pauvreté, puis
de réduire les inégalités entre les pays et au sein des pays par l’équité et l’égalité entre toutes les
catégories ou types de personnes (Objectifs de Développement Durable du Bénin). Enjeu central
dans les politiques de développement national et international, une meilleure santé est un atout
sine-qua-non au bien-être et au bonheur de tout être humain. Et une personne en bonne santé en
amont, vit plus longtemps et est plus productif.
On estime que plus d’un milliard de personnes vivent avec une forme ou une autre de handicap, ce
qui représente environ 15 % de la population mondiale. Ainsi, jusqu’à 190 millions de personnes
âgées de 15 ans et plus (soit 3,8 %) présentent des difficultés fonctionnelles importantes nécessitant
le plus souvent le recours à des soins de santé. Le nombre de personnes vivant avec un handicap
est en hausse, ce qui s’explique en partie par le vieillissement des populations et par l’augmentation
de la prévalence des maladies chroniques (OMS, 2020). La personne handicapée étant un être
humain, elle a aussi implicitement les mêmes droits et besoins de santé, en dehors de ceux que
nécessitent ou exigent son handicap, malheureusement le 'handicap', n'est souvent pas perçu
comme un problème de santé publique. Dans la réalité, peu de pays proposent des services de
qualité satisfaisante aux personnes handicapées et ces dernières rencontrent toute une série
d'obstacle lorsqu'elles essaient d'accéder aux soins de santé (OMS, 2020).
Au Bénin, le système de santé ne cesse de travailler à l’amélioration de l’offre des soins de santé à
la population et le gouvernement n’hésite pas à engager des réformes toujours pour le
développement du secteur de la santé en vue de la satisfaction des besoins de la population de façon
durable. Mais il faut malgré ces efforts constater que peu de programmes de santé au Bénin
prennent en compte l’inclusion du handicap dans le secteur sanitaire. Comme on peut lire dans le
document de la PNPIPH du Bénin de 2012-13 « Plus de la moitié des personnes vers lesquelles se
sont tournés les chercheurs soit 3/4, estimaient qu'il existe des obstacles à l'emploi des personnes
handicapées, et précisément 66% estimaient qu'il existe des obstacles à leur protection sanitaire.
Et sur le plan sanitaire, les principales menaces évoquées sont les problèmes financiers liés à la
lourde charge médicale du handicap, le manque de centres de santé appropriés pour prendre en
charge les personnes handicapées, l’absence de mesures particulières en faveur de la prise en
charge des personnes handicapées » (PNPIPH Bénin-2012-2013, P26). Mais est-ce que malgré les
efforts opérés pour combler les attentes sanitaires, les personnes handicapées accèdent-elles
facilement aux services de soins dans leur processus d’acquisition de soins en santé ?
Le présent travail est structuré en quatre (04) chapitres. Le premier chapitre expose le cadre
théorique, le deuxième chapitre présente la démarche méthodologique du travail, le troisième
chapitre présente les résultats issus de l’analyse des données de terrain et le dernier chapitre aborde
la vérification des hypothèses, la discussion et les limites de l’étude.
1.1 Problématique
Dans le monde, plus d’un milliard de personnes vivent avec un handicap sous une forme ou une
autre et près de 200 millions d’entre elles ont de très grandes difficultés fonctionnelles et de façon
spécifique « Pour 800 millions de personnes dans le monde, le handicap est un enjeu essentiel du
développement » (K. Georgieva, 2019). La population de personnes handicapées (PH) est souvent
oubliée et fait régulièrement face à des discriminations et l’exclusion dans l’accès à la santé,
l'éducation, le travail et la vie communautaire. Mais, on note une amélioration des conditions de
vie des PH dans certains pays comme Singapour, Espagne, Royaume-Uni, … qui prennent plus au
sérieux les questions du handicap et les réformes qui tiennent compte de la CDPH (le respect de
ces droits). Certains pays peinent à fournir aux PH les services sociaux sur plusieurs plans :
éducation, santé, moyens de subsistances etc. Parmi ceux-ci, la santé, socle de tout développement
personnel, n’est pas du tout à négliger et surtout lorsqu’il s’agit des personnes handicapées. Mais
les personnes handicapées n’ont pas toujours les mêmes chances d’avoir accès aux soins de santé
(et à l’éducation, à un emploi etc.) preuve de discriminations dont elles sont parfois victimes même
si elles connaissent leurs droits. Le Bénin, pays de l’Afrique de l’ouest découpé en 77 communes
parmi lesquelles on retrouve Cotonou, compte en 2013 10.008.749 habitants dont 92.495 PH
(INSat, 2013).
La commune de Cotonou, comptant au dernier RGPH-4, 679 012 habitants dont 11 846 PH
présente un panier de problèmes liés à l’inclusion et l’adaptation sur le plan sanitaire (éducationnel
et moyens de subsistances). Il est à signaler que la république du Bénin a signé la Convention
relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH), ainsi que le Protocole facultatif se
rapportant à la CDPH le 8 février 2008, qui tous deux ont été ratifiés le 5 juillet 2012 « PNIPH
2012- 2021 ». La loi n°2017-06 portant protection et promotion des droits des personnes
handicapées en République du Bénin adoptée en avril 2017 institue « la carte d’égalité des chances
» et dispose en son article 18 « La carte d’égalité des chances permet, à son titulaire, de bénéficier
des droits et des avantages en matière d’accès aux soins de santé, de réadaptation, d’aide
technique et financière, d’éducation, de formation professionnelle, d’emploi, de communication,
d’intégration sociale, de transport, d’habitat, de cadre de vie, de sport, de loisirs, de culture et des
arts, de participation à la vie publique et politique, d’aide en situation de risque et d’urgence, de
protection et de promotion ainsi qu’à tout autre avantage susceptible de contribuer à la protection
et à la promotion des droits des personnes handicapées. ». Malencontreusement les textes tardent
à être entièrement mis en pratique et le non-respect des droits à la santé des personnes handicapées
demeure l’une des principales difficultés liées à l’accès, à l'adaptation et à l'intégration des PH dans
l’offre des services publics.
s’insère la vulnérabilité des personnes handicapées et les inégalités sociales et économiques qui
vont en leur défaveur. Bien que les personnes handicapées appartiennent à la portion de la
population la plus vulnérable, leurs besoins sont souvent négligés ou moins insatisfait par les
gouvernements et les organisations internationales.
Compte tenu des mesures prises par le gouvernement béninois, il sera véritablement question pour
cette recherche d’étudier les difficultés liées à l’accessibilité des PH aux soins de santé dans les
centres de santé et hôpitaux publics de la zone sanitaire Cotonou V.
Les différentes questions à l’origine de la présente recherche sont de connaitre la diversité des
offres de soins dans la ZS Cotonou V, d’analyser le recours aux soins de santé des personnes
handicapées et d’analyser les différentes inégalités d’accès aux soins de santé des personnes
handicapées. Les réponses à ces différentes questions seront les défis de la présente recherche.
1.2 Hypothèses
1.3 Objectifs
❖ Objectif général
Etudier l’accessibilité aux soins de santé des personnes handicapées dans les formations sanitaires
publiques de la zone sanitaire Cotonou V.
❖ Objectifs spécifiques
• Décrire l’offre de soins de santé dans les formations sanitaires publiques de la zone sanitaire
Cotonou V ;
• Analyser le recours aux soins de santé des personnes handicapées ;
• Analyser les inégalités d’accès aux soins de santé des personnes handicapées.
D’après P. Bonnet (2002), l'usage des services de santé (modèles d'utilisation qui complètent le
regard sur accessibilité et accès aux soins), l’accessibilité des soins est fonction de plusieurs
facteurs regroupés en trois (facteurs de prédisposition, de capacité et de déclenchement) et est
appréciée à travers des indicateurs sanitaires.
Structure sociale : race, niveau d’éducation, occupation, ethnie, mobilité résidentielle, taille de la
famille ; indicateurs de valeurs et croyances : santé et perception des maladies, attitudes face au
risque maladie, connaissance des maladies et de leur impact
Indicateurs familiaux : revenu, assurances, source régulière de soins, accès aux sources ;
Accessibilité aux
soins de santé de la
zone Cotonou V par
les PH
Cette recherche fait appel à l’utilisation fréquente de certains concepts et termes qu’il convient de
clarifier afin de rendre plus facile la compréhension du travail.
Santé : La santé se définit comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne
consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». Elle représente « l’un des droits
fondamentaux de tout être humain, quelles que soit sa race, sa forme, sa religion, ses opinions
politiques, sa condition économique ou sociale » un droit consacré dans le Préambule de la
constitution de l’OMS (1946). La santé est un sujet à la fois individuel (état de santé d’un individu)
et collectif (état de santé d’une population).
Accès : La géographie des soins de santé repose sur le concept d’accès ou d’accessibilité (les deux
termes n’étant d’ailleurs pas forcément les mêmes selon les auteurs) et l’accès est l’analyse spatiale
de l’offre de soins et du recours aux soins d’après H. Picheral (1984).
Accessibilité : D’après H. Picheral, l’accessibilité (aux soins) est la capacité matérielle d’accéder
aux ressources sanitaires et aux services de santé, elle présente au moins deux dimensions :
matérielle et sociale.
Soins de santé : Les soins de santé relèvent des sciences appliquées et des sciences biomédicales.
Ils se centrent sur la santé de l'Homme ou de l'animal. Ils impliquent non seulement la recherche,
l'étude et la connaissance de la santé, mais également l'application de cette connaissance aux fins
d'améliorer la santé, de guérir des maladies, et d'améliorer le fonctionnement du corps. Les soins
de santé se fondent sur la médecine, la pharmacologie, la biologie, la chimie et la physique ainsi
que les sciences sociales, la sociologie en exemple. « Dictionnaire : sensagent- portail de la
médecine ».
Soins primaires (ou soins de santé primaire) : Les soins primaires, ou de premier recours,
regroupent des services à faible intensité technologique ; ils sont délivrés à des patients souffrant
de problèmes de santé non invalidants, de pronostic a priori favorable, dans un contexte
ambulatoire. Le patient peut utiliser ces services sans recourir à l’hébergement. Ils sont dits de
premier recours car ils constituent le point d’entrée dans les services de santé d’un pays. La
première fonction de ces services est donc d’assurer des soins pour les problèmes de santé les plus
courants, sans hébergement. Ces problèmes de santé peuvent être mineurs et ponctuels, comme le
diagnostic et le traitement d’une angine, ou correspondre à une maladie chronique plus grave mais
pas invalidante, comme le diabète de type 2. La spécialité médicale dominante en soins primaires
est la médecine générale, assistée de professions paramédicales exerçant sur délégation du médecin
: infirmières, aides-soignantes intervenant au domicile du patient, kinésithérapeutes. Les services
d’urgence, hospitaliers ou maisons de garde, font également partie de l’offre de soins de premier
recours. D’autres professionnels de santé non-médecins offrent aussi des services de soins
primaires : les dentistes, les pharmaciens (G. de Pouvourville, 2009).
Soins Secondaires (ou soins de santé secondaire) : Les soins secondaires signifient simplement
que vous serez pris en charge par quelqu’un qui a une expertise plus spécifique de ce qui vous
afflige. Lorsque votre prestataire de soins primaires vous oriente vers un spécialiste, vous êtes alors
en soins secondaires.
Les spécialistes se concentrent soit sur un système spécifique du corps, soit sur une maladie ou une
condition spécifique. Par exemple, les cardiologues se concentrent sur le cœur et son système de
Soins tertiaires (soins de santé tertiaire) : Les soins tertiaires nécessitent un équipement et une
expertise hautement spécialisés. Une fois qu’un patient est hospitalisé et qu’il a besoin d’un niveau
de soins spécialisés plus élevé au sein de l’hôpital, il peut être orienté vers des soins tertiaires.
À ce niveau, vous trouverez des procédures telles que le pontage aorto-coronarien, l’hémodialyse
ou la réanimation rénale, et certaines chirurgies plastiques ou neurochirurgies. Il comprend
également le traitement des brûlures graves et tout autre traitement ou procédure très complexe.
Un petit hôpital local peut ne pas être en mesure de fournir ces services. Vous devrez donc peut-
être être transféré dans un centre médical qui fournit des services de niveau tertiaire hautement
spécialisés. (C. Lo, D. Ilic, H. Teede, et al, 2016).
C’est un ensemble de moyens d’adaptation à une situation nouvelle où la fonction antérieure est
manifestement endommagée et doit être remplacée par une autre approche.
Soignant : Le soignant est une personne qui exerce une profession et qui dispense des soins auprès
de personnes malades ayant perdu partiellement leur état de santé et/ou se trouvant à une certaine
étape de leur vie. C'est une personne qui utilise des compétences sur différents plans au point de
vue technique, relationnel, éducatif et pédagogique, compétences qu'elle doit savoir gérer, utiliser
à bon escient et surtout savoir adapter à toute situation. Le soignant doit faire part d'une grande
adaptabilité aux situations et surtout être conscient de ses responsabilités autant personnelles que
professionnelles et ce non seulement vis à vis des personnes auxquelles il dispense des soins mais
aussi vis à vis de lui-même (I. Bischwiller, 2017).
Soigné : Le terme "soigné" désigne la personne qui bénéficie de soins préventifs, curatifs ou
palliatifs, délivrés par un soignant. Le soigné peut être dénommé par plusieurs termes : personne
soignée, bénéficiaire de soins, patient (du latin "patiens" qui signifie "qui supporte"), patientèle :
employé pour désigner un ensemble de patient d'un point de vue économique, sujet : employé dans
la recherche médicale, actent : employé pour désigner un patient qui est acteur de sa santé (L.
Khammar, 2019).
Relation soignant- soigné : Lorsque la rencontre se fait entre un soignant et un soigné, celle-ci se
fait dans un contexte particulier. La personne soignée, vit un moment de sa vie ou elle nécessite
d’avoir recours à des soins et la communication qui va s’établir avec le soignant sera déterminante
pour la relation qui va se créer autour du soin. La relation soignant/soigné est un rapport mutuelle
asymétrique entre le soignant et la personne soignée.
Le soignant est celui qui a les connaissances et peut aider tandis que, le patient est celui qui n'a pas
les connaissances et a besoin d'aide de soins (L. Khammar, 2019).
est la composante corporelle qui comprend le fonctionnement des systèmes organiques et des
structures anatomiques. La deuxième est la composante individuelle, nommée « activité » et définie
comme « l’exécution d’une tâche ou d’une action par un individu ». Enfin, la dernière est la
composante sociale, couverte sous la notion de « participation » et définie comme « l’implication
de l’individu dans une situation de vie réelle » (OMS, 2001).
Formations sanitaires : Dans le cadre de notre étude, les formations sanitaires regroupent
l’ensemble des structures sanitaires (Hôpital de zone, centre de santé, clinique) publiques ou
privées.
De « la santé pour tous en l’an 2000 » de l’OMS de la conférence d’Alma Ata en 1978 jusqu’aux
Objectifs de Développement Durable, la santé demeure l’une des priorités de tous les temps de la
communauté internationale. Cette volonté se manifeste conjointement avec l’intégration des
personnes vulnérables au processus de développement notamment les personnes handicapées.
L’accessibilité aux soins de la santé est un véritable problème de la santé publique. L’accessibilité
(aux soins) « traduit la possibilité de recourir aux prestataires de soins et n’a donc qu’une valeur
potentielle (desserte). Elle est surtout fonction du couple distance / temps, donc de la proximité ou
de l’éloignement du cabinet médical, de l’établissement de soins et de la longueur du trajet à
effectuer. Indicateur social (inégalités) et indicateur de santé fréquemment utilisés, l’accessibilité
est une condition de l’accès aux soins mais ne détermine pas à elle seule le recours aux soins
effectifs (c’est à dire l’utilisation effective du système). L’accessibilité se dit aussi de la possibilité
financière de recourir à des services de santé (couverture, assurance sociale) ou à une innovation
médicale (pratique, technique, équipement, diffusion). La plus grande accessibilité est ainsi un des
objectifs premiers de tout système de santé dans sa dimension sociale (équité). Dans les deux cas,
l’accessibilité est maintenant considérée comme un déterminant de santé et un éventuel facteur de
risque » (H. Picheral, 2001, P307). L’auteur cite ainsi deux dimensions principales : géographique
et économique. Il précise aussi que ce sont des indicateurs d’inégalités, en effet l’isolement qui
contribue fortement à la pauvreté : les populations sans accès aux services de santé, sociaux, et
économiques sont plus pauvres que celles pouvant y accéder. Dans le même sens, la pauvreté et la
mauvaise santé tire un lien de causalité à double sens : la pauvreté engendre la mauvaise santé et
la mauvaise santé entretient la pauvreté (W. Adam, 2002).
C’est le cas des personnes handicapées qui avaient une probabilité quatre fois plus grande de ne
pas être bien traitées et presque trois fois plus grande de se voir refuser les soins de santé dont elles
ont besoin qu’ont révélé les données provenant de 51 pays dans le cadre de l’enquête sur la santé
dans le monde (OMS, 2011).
argent à des personnes de leur entourage, et 35 % se retrouvent dans l’obligation de vendre un bien
(MDM, 2008).
En plus de ces quatre dimensions de l’accessibilité selon l’OMS, il faut ajouter la notion de
fonctionnalité et de disponibilité et la notion d’accessibilité culturelle (R. Maud et B. Chloé, 2010).
Selon l’enquête sur la santé dans le monde, les personnes handicapées ont une probabilité deux fois
plus grande de juger insuffisantes les compétences des agents de santé pour leurs besoins. De
nombreux agents d’aide à la personne sont mal payés et n’ont pas une formation suffisante. Les
personnes handicapées sont particulièrement vulnérables aux carences de services tels que les soins
de santé, la réadaptation, le soutien et l’assistance. D’après les données obtenues dans quatre pays
d’Afrique australe, seulement 26 à 55 % des personnes bénéficiaient de la réadaptation médicale
dont elles avaient besoin ; 17 à 37 % avaient les aides techniques nécessaires ; 5 à 23 % suivaient
une formation professionnelle adéquate ; 5 à 24 % bénéficiaient des services d’aide sociale
nécessaires (OMS, 2011).
Selon R. Penchansky et W. Thomas (1981), l’acceptabilité est la relation entre les caractéristiques
(âge, sexe, langue, ethnie, religion, localisation) et les attitudes des patients, celles du personnel et
des structures de la santé. Elle fait essentiellement référence à la capacité, à la fois du prestataire
de service et du patient, de surmonter les barrières sociales et culturelles qui empêche ou altèrent
le contact entre eux. Ainsi, un hôpital peut être plus accessible qu’un autre, en raison de son
affiliation religieuse, de la présence d’un proche parmi les employés, gage d’un meilleur accueil,
ou de parent à proximité, ce qui facilite l’hébergement et la pension des accompagnateurs (J.
Lasker, 1981).
Chapitre II : Démarche
méthodologique
Ce chapitre prend en compte le cadre d’étude, la nature de la recherche, la population de l’étude,
l’échantillonnage, les techniques et outils de collectes des données, le traitement et l’analyse des
données, les considérations éthiques et déontologiques, ainsi que les difficultés rencontrées.
La commune de Cotonou est située sur le cordon littoral dont elle tire son nom de département du
Littoral, issu du dernier découpage administratif du Bénin du 15 janvier 1999. Le département du
Littoral était une sous-préfecture de l’ancien département de l’Atlantique, qui lui-même vient du
découpage territorial de 1958 où le pays comptait six provinces issues du découpage colonial
français. Avec une superficie de 79 km² (0,07% du territoire national), le département du Littoral
est le plus petit des douze départements que compte aujourd’hui le Bénin. Situé au croisement des
6°20 de parallèle Nord et de 2°20 méridiens Est, ce département est limité par le lac Nokoué au
nord, l’océan Atlantique au sud, la commune de Sèmè-Kpodji (du département de l’Ouémé) à l’Est
et la commune d’Abomey-Calavi (du département de l’Atlantique) à l’ouest.
Administrativement, Cotonou est la seule commune du département du Littoral. Elle compte treize
(13) arrondissements et 143 quartiers de ville selon le dernier découpage administratif suivant : «
loi n°2015-01 du 06 mars 2015 modifiant et complétant la loi n°2013-05 du 27 mai 2013 portant
création, organisation, attributions et fonctionnement des unités administratives en République du
Bénin. La zone sanitaire Cotonou V couvre les 7 e,8e, 9e et 10e arrondissements à travers le Centre
de Santé de Saint Michel, de Zogbo, de Sètovi, de Sikècodji et l’Hôpital de Ménontin (hôpitaux
publiques).
▪ Population de Cotonou
La zone sanitaire Cotonou V compte 1.719 personnes handicapées en 2013 soit 15% des personnes
handicapées de Cotonou.
D’après ‘Population Stat’ (World statistical data), la population de Cotonou serait de 699.000
habitants en 2021.
▪ Ethnies et religion
A partir du noyau originel des Toffins, la ville de Cotonou s’est progressivement enrichie de toutes
les ethnies du Bénin. Ainsi, les principaux groupes socio-culturels rencontrés à Cotonou sont :
- Le groupe Fon et apparentés : Ce sont les Fon, les Goun, les Mahi, les Toffins etc. Ils représentent
56.7% de la population de la ville ;
- Le groupe Adja et apparentés représentant 18.3% de la population. Ce sont les Mina, Adja,
Xwla…
- Le groupe Yorouba : Il est constitué des Yorouba, des Nagots, des Idaasha et représente 11.5%
de la population ;
- Les autres groupes sont les bariba, les dendi, les yoa, les lokpa, les otamari, les peulhs etc.
En ce qui concerne les religions à Cotonou, le christianisme est la religion la plus pratiquée avec
57.8% de Catholiques, 5.7% de Protestants, 4.4% de Célestes et 7.8% d’autres chrétiens. L’Islam
vient en seconde position avec 14.2% suivi du Vodou avec 2.3%.
La commune de Cotonou compte en 2019, deux (02) hôpitaux nationaux, trois (03) hôpitaux de
zone, dix-huit (18) centres de santé, deux (02) dispensaires, dix-huit (18) formations sanitaires
confessionnelle, cent (100) officines et six (06) autres hôpitaux.
Quant à la zone sanitaire Cotonou V, elle comporte un hôpital de zone, quatre (04) centres de santé,
deux (02) formations sanitaires confessionnelles, huit (08) officines et deux (02) autres hôpitaux.
Au Bénin, on peut disposer dans une zone sanitaire des spécialités suivantes médecine générale,
chirurgie d’urgence, gynécologie-obstétrique, soins curatifs, accouchements, radiologie,
laboratoire, vaccination, pharmacie ou dépôt pharmaceutique, loisirs, alphabétisation, activités à
base communautaire.
Le taux de fréquentation sanitaire est 59,1 % au Bénin, 84,4 % à Cotonou et 106,4 % dans la zone
sanitaire Cotonou V. Par ailleurs, le taux d’occupation des lits est 51,9% au niveau national, 50,5
% à l’Hôpital de Ménontin.
Cette recherche est de nature transversale à caractère mixte (qualitative et quantitative). En effet,
l’atteinte des objectifs de cette étude n’exigent aucun critère d’une étude longitudinale. En outre,
le caractère mixte de cette étude se justifie par le fait que nous avons besoin des données
qualitatives (ex : Comment les agents de santé appréhendent l’accessibilité aux soins de personnes
handicapées …) et des données quantitatives (ex : statistiques par type de handicap et selon les
dimensions de l’accessibilité aux soins de santé) pour appréhender les objectifs et vérifier les
hypothèses de l’étude. Cette recherche a commencé en mai 2021 et a pris fin en janvier 2022, soit
une durée de 8 mois.
La population cible est essentiellement constituée des personnes handicapées qui habitent la ZS
Cotonou V.
Pour les personnes handicapées interrogé (en occurrence les PH intellectuelles ou mentales), les
réponses aux questions sont fournies par leur parent ou membre de leur famille qui généralement
les accompagne à fréquenter les formations sanitaires.
Cibles tertiaires : les agents de santé des formations sanitaires publiques de la ZS Cotonou V, les
responsables d’associations ou ONG de personnes handicapées à Cotonou et intervenant dans la
zone sanitaire Cotonou V.
2.4 Echantillonnage
• Volet quantitatif
Il faut souligner qu’en dépit des erreurs éventuelles ayant marqué sa constitution, ladite liste a
permis de générer un échantillon de convenance pour la collecte des données. En effet, partant de
l’existant, nous nous sommes orientés vers un échantillonnage de type non probabiliste qui a permis
de faire un ratissage systématique des PH disponibles sur la liste reçue du CPS. Ainsi quatre
catégories de PH ont été constituées : auditive, mentale, motrice et visuelle. Finalement 131 PH
(39,9%) ont répondu favorablement à notre requête. Les autres n’étaient pas soit disponibles, soit
présents (déménagement hors de la zone d’étude, décès, etc.) dans la zone d’étude. Le tableau 1
présente l’échantillon de convenance obtenu.
• Volet qualitatif
Le volet qualitatif a permis d’interroger des personnes ressources identifiées sur la base de leurs
expériences avec les personnes handicapées et leur fréquentation des formations sanitaires. Il s’agit
Ces personnes identifiées et sélectionnées par choix raisonné ont consenti volontairement à
participer à l’enquête.
Les entretiens enregistrés sur supports magnétiques ont été transcrits et ont fait l’objet d’une
analyse de contenu. Les résultats ont été illustrés par certains verbatim tirés des entretiens
qualitatifs réalisés.
En fonction des objectifs de la recherche, nous avons utilisé quatre (04) techniques de collecte de
données que sont : Revue de littérature, Observations directes systématiques, Entretien par
questionnaire et Entretiens par guide.
Entretiens par guide : Grâce au guide d’entretien, l’entretien semi-directif et individuel est réalisé
avec les acteurs de la cible secondaire pour connaitre leurs appréhensions de l’accessibilité aux
soins de santé des personnes handicapées.
En plus des trois (03) principaux outils de collecte à savoir grille d’observation, questionnaire
d’enquête et guide d’entretien, plusieurs outils ont servi lors de la collecte de données sur le terrain.
Entre autres, nous avons les smartphones pour la collecte numérique des données grâce à
l’application CS entry et l’enregistrement vocal pendant les entretiens avec l’application
Magnétophone, un appareil photo pour la prise de vues, l’ordinateur avec différents logiciels.
Au vu des objectifs, nous avons fait recours aux méthodes usuelles de statistique descriptive
principalement les fréquences ainsi que la statistique bivariée (Kh²) afin de dresser des tableaux,
de faire des graphiques, des estimations statistiques, etc.
Les données qualitatives (issues des entretiens et de l’observation) sont transcrites directement et
compilées, par suite sont mises en relation avec celles quantitatives.
Au cours de la réalisation des activités de cette recherche, nous sommes confrontés à des difficultés
de la théorie à la pratique. On peut citer entre autres :
- etc.
Pour atteindre les objectifs et vérifier les hypothèses de cette recherche, nous avons collecté des
données qualitatives et quantitatives.
Pour le compte du volet qualitatif, nous avons réalisé quinze (15) entretiens dont dix (10) avec les
agents de santé de la ZS Cotonou V et cinq (05) avec les responsables d’organisation des personnes
handicapées (OPH) de Cotonou.
Sur les 10 agents de santé interviewés, 6 sont de sexe féminin, 4 ont un niveau d’instruction
secondaire contre 6 de niveau supérieur. Leur âge est en moyenne 43 ans et compris entre 32 ans
et 59 ans. Leur ancienneté dans le corps médical ou paramédical est au moins 6 ans, au plus 28 ans
et en moyenne 15 ans.
Concernant les responsables d’OPH, ils ont tous le niveau d’instruction supérieur et militent pour
le bien-être des PH avec responsabilité au sein d’une OPH en moyenne dix (10) ans. Une femme
et quatre (04) hommes, ils sont âgés de 36 à 49 ans, en moyenne 43 ans.
Tableau 2 : Répartition des répondants du volet qualitatif selon la catégorie socioprofessionnelle et le sexe
Femmes Hommes Ensemble
Personnel de santé 6 4 10
Responsables OPH 1 4 5
Total 7 8 15
Le tableau 3 présente la répartition par sexe, âge, arrondissement de résidence, religion et groupe
socio culturel des personnes handicapées enquêtées. Il indique que la majorité (57,3%) des PH
répondantes étaient de sexe masculin (contre 42,3 de femmes), avec plus de PH interrogées dans
les 8e et 9e arrondissements (34,4% et 29,0% respectivement).
La répartition selon l’âge révèle que les PH interrogées sont âgés de 20 à 81 ans avec un âge moyen
de 44 ans. Celles âgées de 18 à 39 ans étaient en proportion plus élevées, soit de 45% devant les
PH répondants âgées de 40 à 59 ans (38,9%) et de 60 ans et plus (16%).
Par ailleurs, 74% des PH répondantes étaient des chrétiens et 61% étaient du groupe socio culturel
fon et apparentés (Fon, Goun, Aïzo, Mahi, Wémè, Torri, Kotafon, Toffin, Sèto) et seulement 1%
étaient des autres groupes sociaux culturels non identifiés par notre recherche.
Tableau 3 : Répartition par sexe, âge, arrondissement de résidence, religion et groupe socioculturel des
personnes handicapées enquêtées
Caractéristiques socio démographiques Pourcentage Effectifs
Masculin 57,3 75
Sexe
Féminin 42,7 56
18-39 ans 45,0 59
Âge 40-59 ans 38,9 51
60 ans et plus 16,0 21
7e arrondissement 13,0 17
8e arrondissement 34,4 45
Arrondissement de Cotonou
9e arrondissement 29,0 38
10e arrondissement 23,7 31
Endogènes 9,9 13
Chrétiens 74,0 97
Religion
Musulman 7,6 10
Sans religion 8,4 11
Fon et apparentés 61,8 81
Groupe socioculturel
Adja et apparentés 19,8 26
La répartition des personnes handicapées enquêtées selon le type et le nombre de handicap montre
sur le Graphique 1 qu’il y a plus de PH répondantes ayant des problèmes de mobilité (61,8%), mais
très peu de PH avaient du mal à prendre soins d’elles-mêmes (6,1%). Les PH cognitives, auditives,
visuelles et celles ayant des problèmes de communication représentent respectivement 7,6%,
13,7%, 23,7% et 17,6% des PH enquêtées.
De plus la majorité des PH répondantes ont un type de handicap, soit 80,2% contre 5,3% ayant
trois types de handicap.
Cognition 7,6%
Type de handicap
Audition 13,7%
Communication 17,6%
Vision 23,7%
Mobilité 61,8%
Un handicap 80,2%
Nombre de
handicap
Le tableau 4 présente la répartition (%) des personnes handicapées enquêtées par type de handicap
selon le niveau d’instruction et le secteur ou catégorie d’activité. Il ressort des résultats de ce
tableau que la moitié des PH est sans niveau d’instruction (51,1% contre 22,9% pour le niveau
secondaire, 14,5 pour le primaire et 11,5% pour le supérieur). Elles exercent plus dans le secteur
de l’artisanat et du commerce (respectivement 38,9% et 18,3%) ; 18,3% sans profession et 12,2%
travaillent dans l’assainissement, de bâtiment et travaux publics (BTP), de cuisine, d’éducation, de
la religion, de santé et du tourisme.
La répartition selon le type de handicap indique que les PH visuelles sont les plus instruites
(secondaire : 32,3%, supérieur : 22,6%) avec une faible proportion de sans profession, soit 16,2%.
Par contre, celles ayant des problèmes de cognition (sans niveau : 90%, supérieur : 0% et sans
profession : 90%) ou de difficultés à prendre soin d’elles-mêmes (sans niveau : 87,5%, supérieur :
12,5% et sans profession : 75%) sont les moins instruites et ayant une forte proportion de sans
profession.
Tableau 4 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées par type de handicap selon le niveau
d’instruction et secteur ou catégorie d’activité
Type de handicap
Soin de Commu- Ensemble Effectif
Vision Audition Mobilité Cognition
soi nication
Niveau d’instruction
Aucun niveau 38,7 50,0 56,8 90,0 87,5 56,5 51,1 67
Primaire 6,4 33,3 12,3 10,0 0,0 21,7 14,5 19
Secondaire 32,3 16,7 22,3 0,0 0,0 17,4 22,9 30
Supérieur 22,6 0,0 8,6 0,0 12,5 4,4 11,5 15
Secteur ou catégorie d'activité
Artisanat 22,6 61,1 38,3 10,0 12,5 39,1 38,9 51
Commerce 19,3 0,0 23,4 0,0 0,0 0,0 18,3 24
Administration 19,3 0,0 12,4 0,0 0,0 4,3 12,2 16
Sans profession 16,2 22,2 18,5 90,0 75,0 39,1 18,3 24
Autres 22,6 16,7 7,4 0,0 12,5 17,4 12,2 16
Total 100 100 100 100 100 100 100 131
Source : Enquête de terrain, octobre 2021
3.2 Types de soins de santé offerts dans les formations sanitaires publiques
de la zone sanitaire Cotonou V
Pour décrire l’offre de soins de santé de la ZS Cotonou V, cette partie aborde la disponibilité des
soins, les ressources humaines, matérielles, les infrastructures et la perception des PH sur le
personnel soignant.
Comme l’indique le tableau 5, les FS publiques de la ZS Cotonou V offrent des soins de santé
primaires et secondaires avec pour précision la disponibilité (100%) des soins de santé primaires
dans toutes les 5 FS parcourues. Quelques soins de santé secondaires sont disponibles dans trois
des cinq FS parcourues mais pas tous les jours, 24 heures sur 24.
3.2.3 Les ressources humaines et perceptions des PH sur les prestations du personnel de santé
En effet, le ratio médecin/habitant est conforme aux normes de l’OMS qui requiert au moins un
médecin pour 10 000 habitants. Par contre, le ratio personnel qualifié/habitant du secteur public
seul n’est pas suffisant selon les normes de l’OMS qui retient 25 personnel qualifié pour 10 000
habitants. Notons la contribution du secteur sanitaire privé et confessionnel qui pourraient combler
le gap du radio personnel qualifié/habitant.
Les services de kinésie thérapie (disponibles dans 2 FS) offrent les soins de réadaptation qui sont
spécifiques aux PH, sont assurés par seulement trois (03) kinésie-thérapeutes.
Aucune formation sanitaire publique ne dispose des agents interprètes maîtrisant la langue de signe
pouvant servir d’intermédiaire entre les agents de santé et les patients auditifs ou ayant de difficulté
de communication. Notons qu’une formation sanitaire (soit 20%) dispose d’une équipe de
brancardiers et malgré que deux centres (40%) disposent de l’ambulance et des agents d’orientation
ou de renseignements.
Quant à la qualité du personnel soignant, nous notons que 40,6% des personnes handicapées ayant
reçu au moins une fois un soin de santé dans une formation sanitaire publique ces douze (12)
derniers mois trouvent que les agents de santé ne témoignent pas de comportements rassurant pour
leur administrer de soin convenable. En outre, 42,7% des personnes handicapées enquêtées jugent
de mauvais le comportement des soignants des formations sanitaires publiques. Les entretiens
qualitatifs réalisés indiquent que le personnel de santé de la ZS Cotonou V n’a pas reçu de
formation spécifique sur la prise en charge des PH. Les propos ci-après en donnent une illustration.
« Il y a insuffisance de matériels et aussi les personnels soignants n’ont pas été formé de
façon particulière pour la prise en charge des personnes handicapées. » Homme, Infirmier,
49 ans, Octobre 2021.
Dans les formations sanitaires publiques de la ZS Cotonou V, seize (16) lits réglables sont
disponibles et repartis en deux FS, soit environ deux (02) lits réglables pour 1000 personnes
handicapées motrices.
Malgré que 60% des formations sanitaires estiment que tous les soins de santé qu’offrent leur centre
sont accessibles à toute personne handicapée quel que soit son type de handicap, toutes les
formations sanitaires reconnaissent et affirment que leur matériel médical n’est pas adapté aux
personnes handicapées. Ainsi, en plus de l’insuffisance de matériel, les quelques peu disponibles
dans la ZS Cotonou V ne sont pas adaptés aux personnes handicapées.
« C’est pénible puisqu’on note une insuffisance, les équipements ne sont pas du tout adaptés
et tout le reste. Par exemple, les tables d’accouchements sont trop hautes pour les femmes
handicapées et on peut donc dire que la table a été conçue en pensant uniquement à la
femme non handicapée, sinon on pouvait tout au moins penser à une table maniable
adaptée. » Homme, 42 ans, Sociologue, responsable d’OPH, Octobre 2021.
Malgré la présence de rampe dans la photo 2 à l’entrée, on note la présence de soins à l’étage alors
que ce centre ne dispose pas d’une équipe de brancardiers ou de secouristes. La photo 3 révèle
l’étroitesse de certaines portes dans les formations sanitaires.
« On voit qu’il y a une non inclusion des PH dans la construction des formations sanitaires,
avec la présence des escaliers dans ses FS. » Homme, 32 ans, Educateur, Responsable
d’OPH, Octobre 2021
1 2 3
Au cours de ces douze (12) derniers mois, il a été constaté que 86,3% des personnes handicapées
interrogées ont au moins une fois ressenti de malaise nécessitant de recevoir de soin de santé et
43,5% ont fréquenté au moins une formation sanitaire. Parmi les PH ayant été malade, 38,5% ont
au moins fréquenté une formation sanitaire. Ceci montre la réticence des PH à fréquenter les FS
quand elles sont malades. Les personnes non handicapées pourraient avoir le même comportement.
Par contre, plus de la moitié (72,2%) des PH n’ayant pas été malade a fréquenté une formation
sanitaire ces douze derniers mois pour dépistage de Covid-19, vaccination contre la Covid-19,
contrôle médical.
80%
72,2%
70%
61,1%
60% 56,5%
50% 43,5%
38,9%
40%
27,8%
30%
20%
10%
0%
Ayant été au moins une N'ayant pas été malade Ensemble
fois malade ces 12 ces 12 derniers mois
derniers mois
La majorité des personnes handicapées enquêtées ayant fréquenté au moins une formation sanitaire
(43,5%) au cours de ces douze (12) derniers mois ont fréquenté des formations sanitaires publiques,
soit 64,9% contre 26,3% qui ont fréquenté une FS privée et 22,8%, un centre de santé
confessionnelle ou ONG de santé. Ceci serait conditionné par l’offre de soins de santé.
70% 64,9%
60%
50%
40%
30% 26,3% 22,8%
20%
10%
0%
Centre de santé public Centre de santé privé Centre de santé
confessionnelle /ONG
Graphique 3 : Répartition (%) des personnes ayant fréquenté au moins une formatio n
sanitaire selon type de formation sanitaire
Source : Enquête de terrain, octobre 2021
Le tableau 7 indique que dans l’ensemble, la majorité des répondants est accueillie de façon
acceptable (54,4%) quelque fois chaleureuse (29,8%) dans les FS. Un enquêté sur sept (1/7) estime
que l’accueil est mauvais.
La répartition selon le type de formation sanitaire montre que le mauvais accueil est plus fréquent
dans les formations sanitaires publiques (soit deux PH sur dix) que dans les autres formations
sanitaires, confessionnelle ou d’ONG (15,5%) et privée (00%). C’est d’ailleurs une cause de la
réticence des PH à fréquenter les FS selon cet interviewé :
« Les personnes handicapées sont réticentes à causes des stigmatisations qu’ils endurent
lorsqu’elles fréquentent les formations sanitaires, surtout publiques. » Homme, 35ans,
Médecin généraliste, octobre 2021.
La répartition selon le type de FS montre que dans les FS privées, les PH sont accueillies de façon
acceptable à 40% et chaleureusement à 53,3% contre respectivement 52,2% et 13,5% dans les
formations sanitaires publiques.
Tableau 7 : Répartition (%) des répondants selon leurs perceptions sur la qualité de l’accueil et le type de
formation sanitaire
Formation sanitaire
Ensemble Effectif
Publique Privée Confessionnelle/ONG
Parmi les personnes interrogées ayant fréquenté au moins une formation sanitaire (56,5%) en quête
de soin de santé au cours de ces douze (12) derniers mois, 89,5% sont satisfaites de la consultation
contre 7% qui jugent les prestations mauvaises et 71,5% ont reçu des soins de réadaptation contre
6,1% de rééducation.
Notons que les personnes handicapées ayant déclaré avoir reçu de mauvaise consultation (7%) ont
seulement fréquenté des formations sanitaires publiques.
Consultation reçue
Aucune 3,5%
Mauvaise 7,0%
Bonne 89,5%
Primaire 40,8%
Soin de santé reçu
Réadaptation 71,4%
Rééducation 6,1%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
3.3.3 Satisfaction des soins reçus et appréciation de la qualité des soins reçus
D’après le tableau 8, on note que parmi les PH ayant reçu de soins de santé dans une formation
sanitaire ces douze derniers mois (34,4%), 40,8% sont satisfaits contre 12,2% qui n’ont pas trouvé
de satisfaction. De même, plus de la moitié (55,1%) apprécie les soins de qualité contre 34,7% qui
pensent le contraire et 10,2% qui ne sauraient se prononcer.
La répartition par type de formation sanitaire fréquenté selon le niveau de satisfaction nous montre
que les PH ayant fréquenté une formation sanitaire privée sont en majeur partie satisfaits des soins
reçus (69,2% contre 28,1% et 40% respectivement des PH ayant fréquenté une formation sanitaire
publique et celles ayant fréquenté une formation sanitaire confessionnelle ou d’ONG). Les PH qui
n’ont pas trouvé de satisfaction après les soins reçus représentent respectivement 30%, 12,5% et
7,7% des PH ayant fréquenté une formation sanitaire confessionnelle ou d’ONG, publique et privé.
Quant à l’appréciation de la qualité des soins reçus, les PH qui trouvent que le personnel soignant
accorde ou attribue les soins nécessaires représente 46,9% de celles ayant fréquenté une formation
sanitaire publique, 50% de celles ayant fréquenté une formation sanitaire confessionnelle et
76,9% de celles ayant fréquenté une formation sanitaire privée.
Tableau 8 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées par type formation sanitaire fréquenté selon
le niveau de satisfaction et l’appréciation de la qualité de soins reçus
Formation sanitaire
Confessionnelle Ensemble Effectif
Publique Privée
ONG
Satisfaction
Bonne 28,1 69,2 40,0 40,8 20
Moyenne 59,4 23,1 30,0 46,9 23
Pas satisfait 12,5 7,7 30,0 12,2 6
Soins de qualité
Oui 46,9 76,9 50,0 55,1 27
Non 40,6 23,1 40,0 34,7 17
Ne sait pas 12,5 0,0 10,0 10,2 5
Total 100 100 100 100 49
Source : Enquête de terrain, octobre 2021
3.4 Analyse des inégalités d’accès aux soins de santé des personnes
handicapées
L’accessibilité physique aux soins de santé concerne la répartition géographique des FS sanitaire,
les moyens de transport que les patients utilisent pour se rendre dans les FS ainsi que les obstacles
et difficultés physiques auxquels ils sont confrontés dans les FS.
Concernant les moyens de transport, les personnes handicapées enquêtées utilisent majoritairement
moto (personnelle ou taxi-moto) pour se rendre dans les formations sanitaires, soit huit (08)
personnes handicapées sur dix (10).
Véhicule 12,2%
Aucun 13,7%
Moto 80,9%
❖ Difficultés physiques
Les installations sanitaires ou matériels médicaux ne sont pas adaptés ou accessibles aux personnes
handicapées quel que soit le type de handicap selon plus de huit (08) personnes handicapées
interrogées sur dix (10). Les matériels médicaux ne sont pas adaptés à 43,5% des personnes
handicapées enquêtées. Les personnes handicapées motrices rencontrent plus de difficulté à
marcher à l’intérieur des bâtiments (escaliers, carreaux clissant, etc.) que l’ensemble des personnes
handicapées (76,5% contre 57,3% de l'ensemble des PH interrogées).
liées à la présence de marches à l’intérieur des bâtiments que l’ensemble des PH, soit 63,8% contre
57,3%.
Suivant les proportions des PH qui n’ont aucune difficulté physique lorsqu’elles fréquentent les
FS, on résume que les PH ayant des difficultés ou problèmes de mobilité (9,9%) ou à prendre soin
d’elles-mêmes (25,0%) ainsi que celles ayant une incapacité (26,7%) rencontrent plus de difficultés
physiques en milieu sanitaire que les PH ayant deux incapacités (63,2%) ou des problèmes
d’audition (83,3%) ou de communication (65,2%).
Tableau 9 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon les difficultés physiques rencontrées
dans les FS par type et nombre de handicap
Présence de
Étroitesse des Les installations Aucune
Une mauvaise marches à
encadrements sanitaires/matériels difficulté
signalisation l’intérieur des
de portes inadaptés physique
bâtiments
Type de handicap
Vision 3,2 22,6 45,2 80,6 46,7
Audition 0,0 11,1 5,6 83,3 83,3
Mobilité 4,9 40,7 76,5 88,9 9,9
Cognition 0,0 50,0 40,0 90,0 40
Soin de soi 0,0 50,0 50,0 87,5 25
Communication 0,0 21,7 26,1 78,3 65,2
Nombre de handicap
Un handicap 2,9 29,5 63,8 86,7 26,7
Deux handicaps 5,3 21,1 21,1 84,2 63,2
Trois handicaps 0,0 57,1 57,1 85,7 28,6
Ensemble 3,1 29,8 57,3 86,3 32,1
Effectif 4 39 75 113 42
Source : Enquête de terrain, octobre 2021
Les données collectées sur le terrain et relatives au coût et besoins financiers de se faire soigner,
de même que celles relatives à la source de provenance des ressources financières et prise en charge
médicale des soins de santé des PH, sont nécessaires pour aborder l’accessibilité financière des
soins de santé publics par les personnes handicapées.
A la somme de ces coûts selon le cas, 9,9% des PH enquêtées déclarent ne jamais éprouver de
besoin financier de se faire soigner contre 38,2% ; 37,4% et 14,5% qui éprouvent respectivement
parfois, souvent et toujours des besoins financiers de se faire soigner. Les témoignages de certains
interviewés viennent corroborer les résultats ci-dessus et montre réellement que le coût souvent
élevé des soins de santé pour les PH rend souvent difficile voire impossible l’accès des PH aux
formations sanitaires, comme nous pouvons le lire comme suit :
« Déjà les personnes handicapées sont des personnes vulnérables et indiquent un manque
de moyens financiers pour se rendre dans les formations sanitaires afin de se faire soigner.
Le coût des soins est souvent élevé. L’accessibilité n’est pas bonne du tout. » Homme, 68
ans, Comptable, Responsable d’OPH, Octobre 2021
De plus, sur les 15 personnes interviewées, 13 affirmaient que le facteur financier est l’un des
principaux facteurs d’inégalités d’accès aux soins de santé des PH.
Les résultats du tableau montrant la répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon la
fréquence du besoin financier de se faire soigner par type et nombre de handicap et par secteur ou
catégorie d’activité, nous permet de dire que les PH visuelles (12,9% Jamais et 22,6% Toujours)
et motrices (11,1% Jamais et 13,6% Toujours) éprouvent moins le besoin financier de se faire
soigner. Contrairement, les PH ayant des problèmes de cognition (30% Souvent et 40% Toujours)
ou de communication (43,5% Souvent et 26,1% Toujours) éprouvent plus de besoin financier pour
se faire soigner que les autres.
Les données du tableau 10 indiquent que 42,9% des PH ayant trois handicaps éprouvent toujours
de besoins financiers pour se faire soigner contre 12,4% seulement ayant un seul handicap qui
n’éprouvent jamais de besoins financiers pour se faire soigner. On note une association positive
significative (au seuil de 5%) entre fréquence de besoin financier de se faire soigner et le nombre
d’incapacités. Pour une PH, plus le nombre d’incapacité (handicap) est élevé, forte est la fréquence
du besoin financier de se faire soigner.
Également, on note une forte association significative (au seuil de 1%) entre le secteur ou catégorie
d’activité et la fréquence du besoin financier de se faire soigner. Respectivement, les sans
profession (0% Jamais et 37,5 %Toujours), les artisans (5,9% Jamais et 9,8% Toujours) éprouvent
plus de besoin financier de se faire soigner que les commerçants (8,3% Jamais et 8,3% Toujours)
et les administratifs (25% Jamais et 0 %Toujours) handicapés.
Tableau 10 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon la fréquence du besoin financier de
se faire soigner par type et nombre de handicap et par secteur ou catégorie d’activité
Variable et Besoin financier de faire soigner
Total
signification Jamais Parfois Souvent Toujours
Type d'incapacité (NS)
Vision 12,9 32,3 32,3 22,6 100,0
Audition 0,0 38,9 38,9 22,2 100,0
Mobilité 11,1 38,3 37,0 13,6 100,0
Cognition 0,0 30,0 30,0 40,0 100,0
Soin de soi 0,0 37,5 25,0 37,5 100,0
Communication 0,0 30,4 43,5 26,1 100,0
Nombre de handicap (**)
Un handicap 12,4 40,0 38,1 9,5 100,0
Deux handicaps 0,0 31,6 36,8 31,6 100,0
Trois handicaps 0,0 28,6 28,6 42,9 100,0
Secteur ou catégorie d'activité (***)
Artisanat 5,9 45,1 39,2 9,8 100,0
Commerce 8,3 37,5 45,8 8,3 100,0
Administration 25,0 37,5 37,5 0,0 100,0
Sans profession 0,0 25,0 37,5 37,5 100,0
Autres 25,0 37,5 18,8 18,8 100,0
Ensemble 9,9 38,2 37,4 14,5 100,0
Effectif 13 50 49 19 131
(**) p≤0,05 (***) p≤0,01 (NS) : non significatif au seuil de 5%
Source : Enquête de terrain, octobre 2021
de santé (61,1%), 81,2% se servent de leurs ressources personnelles alors que seulement 3,8%
bénéficient des aides financières de l’Etat.
Au sein des PH enquêtées, moins d’une PH sur dix (10) dispose de la prise en charge médicale
(soit 9,2%) et environ une PH sur vingt (20) bénéficie d’une subvention médicale. Ces résultats
montrent qu’en réalité les PH arrivent à faire un effort pour payer leurs soins de santé malgré qu’ils
ne bénéficient pas de soutien financier ou autres soutiens.
120%
100% 95,4%
90,8%
80%
60%
40%
20%
9,2%
4,6%
0%
Prise en charge médicale Subvention médicale
Oui Non
Pour examiner l’accessibilité des personnes handicapées à l’information, nous allons aborder le
niveau d’information sanitaire des répondants et les moyens ou outil d’information ainsi que les
difficultés d’accès aux actualités sanitaires.
On note qu’il y a une forte association entre le fait d’être informé des actualités sanitaires et le fait
d’avoir entendu parler du projet ARCH. Aussi, faut-il noter que 47,4% des PH n’ayant pas
connaissance du projet ARCH, estiment qu’elles sont informées des actualités sanitaires.
Le niveau d’instruction a également une influence forte et positive sur le fait d’être informé des
actualités sanitaires. Ainsi, plus la PH est instruite, plus elle est susceptible d’être informée des
actualités sanitaires. Environ 9 sur 10 (86,7%) des PH ayant le niveau d’instruction supérieur sont
informées des actualités sanitaires contre seulement 4 sur 10 des PH ayant aucun niveau ou
primaire.
Notons que l’actualité sanitaire se résume aux campagnes de vaccination, au dépistage ou autre.
Tableau 11 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon être souvent informé des actualités
sanitaires par connaissance du projet ARCH et niveau d’instruction
Être souvent informé des
Variable et signification
actualités sanitaires Total
Oui Non
Connaissance du projet ARCH (***)
Oui 69,1 30,9 100,0
Non 47,4 52,6 100,0
Niveau d’instruction (***)
Aucun niveau et Primaire 41,9 58,1 100,0
Secondaire 83,3 16,7 100,0
Supérieur 86,7 13,3 100,0
Ensemble 56,5 43,5 100,0
Effectif 74 57 131
(**) p≤0,05 (***) p≤0,01 (NS) : non significatif au seuil de 5%
100%
90%
80% 87,0%
70%
60%
50% 57,3%
40%
42,7%
30%
32,8%
20%
10%
0%
Radio Télévision Téléphone/Réseaux Bouche à oreille
sociaux (Famille/Amis/Crieur
publuc)
La répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon les difficultés d’accès aux actualités
sanitaires par type de handicap, présentée au tableau 12, montre que 90% des PH cognitives ont
déclaré qu’il y avait une insuffisance de communication/sensibilisation concernant les actualités
sanitaires (contre 58% de l’ensemble des PH). On note que 8,7% de PH ayant des difficultés de
communication n’avaient aucune difficulté à accéder aux actualités sanitaires (contre 21,4% de
l’ensemble des PH).
Les PH à trois incapacités, auditives, cognitives et celles ayant des problèmes à prendre soin
d’elles-mêmes sont celles ayant plus de difficultés à s’informer des actualités sanitaires, par
opposition à celles ayant une incapacité, visuelles et motrices.
Tableau 12 : Répartition (%) des personnes handicapées enquêtées selon difficulté d’accès aux actualités
sanitaires par type de handicap
Aucune
Manque de Insuffisance de Mauvais
difficulté
moyens/outils communication/ emplacement
de
de PH Sensibilisation des affiches
s'informer
Type de handicap
Vision 45,2 48,4 12,9 23,3
Audition 83,3 61,1 27,8 0,0
Mobilité 45,7 60,5 32,1 18,5
Cognition 40,0 90,0 50,0 0,0
3.4.4 Discrimination
Afin d’aborder la discrimination liée aux personnes handicapées et leur accessibilité aux soins de
santé publics, nous nous baserons sur les données issues de nos travaux de recherche sur le terrain
et relatives aux formes ou types de discriminations, de même que les données relatives à l’équité
dans l’accès aux soins de santé des personnes handicapées.
En effet, les discriminations se relèvent plus inquiétantes dans les faits selon les résultats des
entretiens et quelques témoignages des PH enquêtées.
« C’est quand je voulais accoucher pour la deuxième fois, la sage-femme m’a dit que je
suis handicapée qu’on est obligé de m’opérer. Elle m’a laissé là, de rester comme ça jusqu’à
ce que l’enfant même sorte, comme je ne veux pas qu’on opère. » Femme, 37 ans, PH
motrice, octobre 2021.
Parfois, les besoins les plus élémentaires ne sont pas satisfaits dans les FS.
« Un jour à l’hôpital, je voulais uriner mais la dame (Infirmière) à refuser parce que mon
frère qui m’a amené n’était plus là. » Homme, 63 ans, PH visuelle, octobre 2021.
« Malgré l’attention accordée aux PH, il y a des disfonctionnements, les PH dans la société
sont complexées et un mauvais regard leur est jeté ; certains soignants mettent de pudeur
dans l’approchement des patients handicapés. » Homme, Infirmier, Octobre 2021.
Notons que 38,9% des PH enquêtées pensent que les PH ne font pas objet de discrimination en
milieu sanitaire à cause de leur handicap. C’est ce que souligne un interviewé :
« Le dysfonctionnement n’est pas souvent observé qu’avec les PH mais également avec les
personnes non handicapées. Le mauvais accueil est avec tout type de patients, le manque
de concentration, non-respect du patient, absence de communication, avec les PH on note
des langages discriminatoires, manque de connaissances sur la thématique du handicap. »
Homme, 47 ans, Juriste, responsable d’OPH, octobre 2021.
De l’analyse suivant les types de handicap, on constate que les PH ayant des problèmes d’audition
(44%) ou à prendre soin d’elles-mêmes (37,5%) sont plus confrontées à des discriminations en
milieu sanitaire alors que celles ayant des difficultés de cognition (28,4%) ou de mobilité (20%)
sont les moins confrontées. Mais les PH auditives ne sont quasiment jamais confrontés à un refus
de soins alors que celles ayant des problèmes de prendre soin d’elles-mêmes, sont les plus exposées
au refus de soins de santé, soit 25% des PH ayant ces problèmes sont au moins une fois victime de
discrimination en milieu sanitaire.
Les PH ayant une incapacité (30,5%) sont plus exposés aux discriminations que celles ayant trois
incapacités (28,6%) alors que les PH à une incapacité (6,7%) sont moins confrontés au refus de
soin de santé que celles à trois incapacités (14,3%).
Tableau 13 : Prévalence (%) de discrimination (forme ou type) selon le type et le nombre de handicap
Oui, j'ai
Non, je ne Refus de Morale ou
été dans Physique Verbale
pense pas soin institutionnelle
le cas
Type d'incapacité
Vision 29,0 29,0 6,5 55,6 100,0 33,3
Audition 44,4 27,8 0,0 62,5 100,0 12,5
Mobilité 28,4 45,7 8,6 56,5 91,3 26,1
Cognition 20,0 70,0 10,0 50,5 100,0 50,0
Soin de soi 37,5 50,0 25,0 66,7 100,0 33,3
Communication 34,8 43,5 13,0 75,0 100,0 25,0
Nombre d'incapacité
Une incapacité 30,5 37,1 6,7 59,4 93,8 21,9
Deux incapacités 31,6 36,8 10,5 66,7 100,0 16,7
« Il y a assez de difficultés pour recevoir les soins, les PH ne sont pas pris en charge. Des
fois même on vous (les PH) voit et on te dit qu’est-ce que toi tu viens chercher ici. »
Homme, 42 ans, Sociologue, Responsable d’OPH, Octobre 2021.
Pour répondre à la question liée à l’inégalité d’accès aux soins de santé des PH, la majorité des
répondant affirmaient qu’il y avait belle et bien d’inégalité et que ces inégalités étaient parfois
flagrantes. Même les soignants en ont connaissance comme ce médecin qui affirme sur la question
du dysfonctionnement de relation soignant-soigné :
« Bon, il faut noter que les personnes handicapées sont très susceptibles, vraiment et c’est
même très flagrant. » Homme, 35ans, Médecin généraliste, octobre 2021.
Les PH ayant de difficultés d’audition (5,6%), de soin (12,5%), de communication (13%) ou trois
incapacités (14,3%) estiment moins qu’elles ont accès aux soins de santé de façon équitables
contrairement à celles visuelles (48,4%), motrices (39,5%) ou celles à une incapacité (41,9%).
Ensemble 37,4%
Audition 5,6%
Type de handicap
Soin de soi 12,5%
Communication 13,0%
Cognition 30,0%
Mobilité 39,5%
Vision 48,4%
Trois handicaps 41,9%
Nombre de
handicap
Graphique 9 : Prévalence (%) d’accès équitable aux soins de santé selon le type et
le nombre de handicap personnes handicapées
Source : Enquête de terrain, octobre 2021
L’atteinte de ces objectifs a permis de vérifier les hypothèses de la recherche. Les résultats selon
chaque objectif spécifique ainsi que la vérification des hypothèses se présentent comme suit.
❖ OS1
Les résultats attestent que les FS publiques de la ZS Cotonou V ne disposent pas de ressources
adéquates pour la prise en charge des personnes handicapées. En effet, les soins de santé primaires
et quelques soins secondaires disponibles dans la ZS sont administrés par des soignants qui n’ont
pas toujours reçu de formation spécifique sur la prise en charge des personnes handicapées. Aussi,
faut-il ajouter, le personnel soignant administre ces soins avec un plateau technique insuffisant et
dont ceux disponibles ne sont pas adaptés à toutes les PH comme le cas des infrastructures.
Ainsi, l’hypothèse stipulant que les formations sanitaires publiques de la zone sanitaire Cotonou V
ne disposent pas d’équipements adaptés pour la prise en charge des besoins spécifiques des
personnes handicapées est vérifiée.
❖ OS2
Les PH sont réticentes à fréquenter les formations sanitaires quand elles sont malades. Ceux qui
font recours aux soins de santé, fréquentent majoritairement les formations sanitaires publiques
(64,9%) où elles sont plus exposées au mauvais accueil, à la mauvaise consultation mais bénéficient
moins d’accueil chaleureux et d’une bonne consultation que dans les FS privées ou
confessionnelles. Par conséquent, les PH qui fréquentent les FS publiques sont moins satisfaites
des soins reçus (28,1%) par rapport à leurs attentes que leurs homologues qui fréquentent les FS
privées (69,2%) ou confessionnelles (40%).
Ainsi, l’hypothèse selon laquelle les patients handicapés sont mieux pris en charge dans les
formations sanitaires privées, et confessionnelles que dans les formations sanitaires publiques est
confirmée.
❖ OS3
Les résultats indiquent que malgré que chaque arrondissement de la ZS Cotonou V dispose au
moins d’une formation sanitaire publique, les PH rencontrent des difficultés pendant le processus
d’accès aux soins de santé. En effet, on note respectivement des difficultés financières (90,1%),
des difficultés à s’informer de l’actualité sanitaire (78,6%), des difficultés physiques (67,9%) et
des difficultés liées à la discrimination (30,7%) en milieu sanitaire.
Selon les quatre dimensions interdépendantes de l’accessibilité aux soins de santé, les PH à trois
incapacités ont moins accès aux soins de santé alors que celles ayant une incapacité ont plus accès
aux soins de santé. De même, les PH motrices et visuelles ont plus accès aux soins de santé
contrairement aux PH ayant des difficultés ou problèmes à prendre soin d’elles-mêmes et celles
auditives.
Il résulte de ce qui précède que l’hypothèse stipulant que les PH motrices ont moins accès aux soins
de santé que les autres PH n’est pas confirmée.
4.2 Discussion
Les résultats révèlent dans l’instance publique sanitaire, l’inadéquation des ressources sanitaires et
l’insuffisance des équipements. Ces résultats sont concordants à ceux de la Banque Africaine de
Développement (2021) qui les expliquent généralement par le déficit de financement. La Banque
Africaine de Développement (BAD) indique que « L’Afrique est confrontée à des déficits
importants en matière de financement des infrastructures sanitaires. Les 4,5 milliards d’USD
investis chaque année dans les dépenses d’équipement par les gouvernements africains sont bien
inférieurs aux 26 milliards d’USD d’investissements annuels estimés nécessaires pour répondre à
l’évolution des besoins en matière de santé au cours de la prochaine décennie. Si la COVID-19 a
mis en évidence la nécessité d’investir davantage, la crise a également laissé les pays africains
face à des ressources très limitées et à un endettement croissant. Le soutien des bailleurs de fonds
aux infrastructures sanitaires n’a cessé de diminuer ces dernières années, et le soutien disponible
pour les nouvelles infrastructures secondaires et tertiaires est marqué par des déficits importants.
Les pays africains auront donc besoin d’un soutien supplémentaire pour répondre aux besoins en
matière d’infrastructures sanitaires, ainsi que d’une aide pour mobiliser des fonds provenant
d’investissements privés, notamment des communautés de la diaspora. » (BAD, 2021, p iii). Cela
pourrait constituer la source des difficultés que rencontrent les PH dans les FS publiques et
expliquer en partie la réticence des PH à recourir aux soins de santé de bonne qualité. Il convient
également de souligner que lorsqu’elles sont confrontées aux difficultés d’accéder aux soins dans
les formations sanitaires publiques, certaines PH font plutôt recours aux soins issus de la médecine
endogène et combinés parfois aux prières religieuses (chrétienne, islamique, etc.).
Dans la continuité de son rapport de 2018 sur « L’accès aux droits et aux soins des personnes en
situation de handicap et/ou de précarité », P. Denormandie (2019) avait consacré un chapitre à
l’accès aux soins des personnes en situation de handicap repérables dans le Système National des
Données de Santé (SNDS), dans lequel elle met en évidence des difficultés de recours aux soins
pour les personnes en situation de handicap, en particulier les personnes bénéficiant de l’allocation
adulte handicapée (AAH), ainsi qu’un reste à charge plus élevé que pour la population générale (P.
Denormandie, 2019). Remarquons ainsi que le problème d’accès aux soins de santé des personnes
handicapées demeure une urgence du monde qui doit impérativement être solutionné. Ces
Les personnes handicapées affirment pour une étude portant sur l’accès à la santé des personnes en
situation de handicap et de précarité en France, qu’elles sont bien prises en charge dans leur accès
aux soins de santé, soit plus de trois quarts des enquêtés. Mais ces mêmes personnes handicapées
disent rencontrer des difficultés dans leurs démarches de recevoir de soins (A. Abjean et al, 2016).
Nous pouvons traduire cette différence par rapport aux résultats de la présente étude par les
différences géographiques, économiques et socio- culturelles qui varient par pays, parfois par
région. Par exemple parlant d’équipement, les pays européens sont mieux équipés et disposent de
technologies de pointes afin de bien prendre en charge leurs patients. Et c’est même dans cette
optique que, parfois certains spécialistes de la santé au Bénin réfèrent des patients vers ces pays
pour une prise en charge plus adéquate.
Les résultats révèlent que les PH rencontrent principalement des difficultés financières pendant le
processus d’accès aux soins de santé. Ceci relève l’indigence dans le secteur de la santé pour les
personnes vulnérables comme les PH qui trouvent exorbitants les coûts des soins de santé. Aussi,
notons les difficultés de s’informer sur l’actualité sanitaire, les difficultés physiques et les
difficultés liées à la discrimination en milieu sanitaire. Ceux-ci confirment les résultats de l’OMS
(2011) qui à travers le Rapport mondial de l’OMS sur le handicap et santé de 2011 a montré que
dans les pays à revenus faibles, les PH font face à plusieurs difficultés dans leur processus
d’obtention de soins de santé avec des proportions plus élevées que chez les personnes non
handicapées. Bien souvent ces PH n’avaient pas les moyens de payer la consultation ; pour se
rendre chez le médecin ; elles n’avaient pas de moyen de transport, ont été mal soigné auparavant
; n’avait pas trouvé le temps nécessaire pour s’expliquer ; ont essayé d’obtenir des soins qui lui ont
été refusés (par exemple 65,4% des PH n’avait pas les moyens de payer la consultation contre
38,7% chez les PNH). Le matériel inapproprié du personnel de santé était flagrant avec les
compétences inappropriées du personnel de santé ;
Ces résultats mettent en évidences les réalités des situations stigmatisantes qu’endurent les PH en
milieu sanitaire qui dénoterait par ailleurs de la méconnaissance des agents de santé de la situation
réelle des PH ainsi que les mesures de mitigation prises par les pouvoir publics pour promouvoir
leur bien-être.
Sur un autre plan, les données de la présente investigation ont révélé que les PH motrices et
visuelles ont mieux accès aux soins de santé que les PH qui éprouvent des difficultés ou problèmes
à prendre soin d’elles-mêmes et celles auditives. Cependant ce résultat est contraire aux résultats
des travaux de A. Catherine (2016) qui révèlent que « les personnes de groupes d’âge avancé et
celles qui signalent des troubles de l’auto soin et de la mobilité ont une prévalence plus élevée
d’accès aux soins que celles qui signalent des déficiences visuelles et auditives. ». Cette situation
pourrait s’expliquer par la faiblesse, la fragilité et la peine flagrante qu’exprime les personnes
handicapées ayant des troubles de mobilité et à prendre soins d’elles-mêmes, qui est visible à
première vue et qui oblige les personnes sensibles à immédiatement leur venir en aide, leur assister
et leur prendre en charge. A l’opposé des personnes handicapées visuelles et auditives qui
présentent certes une déficience, mais pas urgente ou grave selon les agents de santé, puisqu’eux
déjà peuvent encore se servir de leurs membres inférieurs (jambes, pieds etc.) et avec un peu
d’effort de leur sens. Notons que l’étude de A. Catherine prend en compte quatre mesures d’accès
aux soins de santé (fournisseur habituel de soins de santé, couverture d’assurance maladie, besoins
non satisfaits en matière de soins de santé en raison du coût et contrôle de routine sanitaire) alors
que l’analyse de la présente recherche se base sur quatre dimensions interdépendantes de
l’accessibilité aux soins de santé.
Cependant, la multiplication des techniques de collecte à savoir l’entretien par guide, l’enquête par
questionnaire, l’exploitation de documents et l’observation directe systématique augmentent la
validité des résultats.
Concernant la validité interne des résultats, il faut notifier les insuffisances liées à l’absence
d’interprète pour les personnes handicapées dû à une insuffisance de ressources à notre disposition.
Ainsi, notons les éventuels biais que pourraient engendrer la traduction des questions et réponses,
principalement pour les personnes handicapées auditives et le fait que pour les personnes
handicapées cognitives ou mentales, les réponses aux questions étaient fournies par un parent ou
un membre de leur famille qui les accompagne à fréquenter généralement les formations sanitaires.
Notons également que cette recherche n’a pas mis en relation les dimensions de l’accessibilité aux
soins de santé à la fois (statistique multivariée). En effet, elle se limite à la statistique bivariée, ce
qui n’a pas permis de mettre en évidence la concomitances et l’influence (lien de causalité) entre
les variables.
Conclusion et recommandation
▪ Conclusion
L’accès aux soins de santé est essentiel pour le bien-être de la population en général et en particulier
pour celle à forte vulnérabilité comme les personnes handicapées, les personnes de troisième âge,
etc. La présente recherche visait à étudier l’accessibilité aux soins de santé des personnes
handicapées, tout en mettant un accent sur les défis sanitaires actuels.
Prenant en compte exclusivement l’offre publique, les résultats de la recherche révèlent que les
formations sanitaires publiques de la zone sanitaire Cotonou V ne disposent pas de ressources
adéquates pour la prise en charge des personnes handicapées. Les résultats montrent aussi que les
personnes handicapées en cas de maladie sont réticentes à fréquenter les formations sanitaires et
celles qui s’y rendent en quête de soins de santé sont plus exposées au mauvais accueil, à la
mauvaise consultation. Pendant le processus de recours aux soins de santé, les personnes
handicapées sont confrontées à des difficultés financières, physiques, liées aux discriminations en
milieu sanitaire et des difficultés de s’informer des actualités sanitaires. En considérant à poids égal
les quatre dimensions interdépendantes de l’accessibilité aux soins de santé, les PH à trois
incapacités ont moins accès aux soins de santé alors que celles ayant une incapacité ont plus de
facilité à accéder aux soins de santé. Également, les PH motrices et visuelles éprouvent moins de
difficultés à accéder aux soins de santé contrairement aux PH ayant des difficultés ou problèmes à
prendre soin d’elles-mêmes et celles auditives qui en éprouvent plus.
Ces résultats, confirment les hypothèses 1 et 2 qui stipulent que les formations sanitaires publiques
de la zone sanitaire Cotonou V ne disposent pas suffisamment d’équipements adaptés à la prise en
charge des besoins spécifiques des personnes handicapées et que les patients handicapés sont mieux
pris en charge dans les formations sanitaires privées, confessionnelles que publiques. Par contre,
ils infirment l’hypothèse 3 selon laquelle les personnes handicapées motrices ont moins accès aux
soins de santé que les autres personnes handicapées.
Malgré les mérites de cette recherche, notons toutefois certains aspects de l’accessibilité aux soins
de santé des personnes handicapées dont elle ne fait pas objet. En effet, la mise en relation entre
▪ Recommandations
Les résultats de cette recherche suggèrent que soit impérativement adopter des approches
multidimensionnelles afin de palier certaines irrégularités et rendre meilleure l'accès des personnes
handicapées aux soins de santé au Bénin. Le gouvernement pour l’inclusion des personnes
handicapées devrait mobiliser ses cartes à penser, et améliorer les conditions d'accessibilité aux
soins de santé, afin de rassurer et inciter les personnes handicapées à se rendre dans les formations
sanitaires pour se faire soigner ; il faut à cet effet :
- prendre les décrets d’application pour mettre en application véritablement la loi n°2017-06
adoptée le 13 avril 2017 et promulguée le 29 septembre 2021 portant protection et promotion
des droits des personnes handicapées en République du Bénin ;
- rendre opérationnel le volet assurance maladie du projet Assurance pour le Renforcement du
Capital Humain (ARCH) dans les hôpitaux au plan national ;
- aménager les infrastructures sanitaires en incluant des personnes handicapées
- renforcer le plateau technique sanitaire pour une meilleure expérience tant pour le soigné que
pour le soignant ;
- renforcer les capacité des agents de santé afin qu’ils soient dotés des compétences et des savoir-
faire nécessaires pour satisfaire les besoins de chaque personne handicapée, par l'intégration de
la thématique du handicap dans formation initiale de tous les professionnels de la santé et ce de
façon continue par des sensibilisations ;
- veiller à ce que les personnes handicapées bénéficient en toute équité des programmes publics
de soins de santé ;
- promouvoir la réadaptation à base communautaire (RBC) afin de rendre plus allégeant l’accès
des personnes handicapées aux services de santé existants ;
- intégrer les questions (au moins les six questions résumées) du Groupe de Washington sur le
handicap dans les principaux recensements et enquêtes pour la disponibilité des données sur
les personnes handicapées du Bénin permettant de mettre en place et d’évaluer les politiques
de développement en faveur des personnes handicapées ;
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ANNEXES
Section 2 : Etat des lieux de l'offre de soins de santé aux personnes handicapées
N° Questions Réponses Codes Sauts
Personnel et Matériel
Le centre compte combien de Médecins
Q201 /__/__/
?
Le centre compte combien de Infirmiers
Q202 /__/__/
?
Le centre compte combien de Sage-
Q203 /__/__/
femmes ?
Le centre compte combien de
Q204 /__/__/
Spécialistes de personnes handicapées ?
Votre centre dispose-t-il de lits Oui 1
Q205 réglables, c’est-à-dire adaptable à toute 2►Q207
personne handicapée ? Non 2
Q206 Si oui, combien en disposez-vous ? /__/__/
Le matériel médical est-il adapté aux Oui 1
Q207
personnes handicapées ? Non 2
Soins de santé
Q208 Oui Non
a) Une mauvaise
signalisation 1 2
b) Étroitesse des
encadrements de portes 1 2
Quels sont les obstacles physiques
auxquels vous êtes souvent confrontés c) La présence de
dans les centres de santé ? marches à l’intérieur des
bâtiments 1 2
d) Les installations
sanitaires inadaptées 1 2
e) Autres à préciser 1 2
Section 7 : Discrimination
1. Identification du répondant
1-1 Arrondissement
1-2 Quartier
1-3 Cible
1-4 Prénom du répondant
1-5 Age du répondant
1-6 Statut professionnel du répondant
1-7 Niveau d’instruction du répondant
1-9 Ancienneté dans la profession :
Thèmes Questions
2. Généralités 2.1. Que représentent les personnes handicapées pour vous (image,
symbole, opinion globale, etc.) ?
2.2. De quoi (infrastructures, équipements ressources humaines, etc.)
dispose votre structure pour prendre correctement en charge les
personnes handicapées ?
3. Accessibilité des personnes 3.1. Que pouvez-vous dire concernant l’accessibilité aux soins des
handicapées aux soins de personnes handicapées ? (Insister sur l’offre spécifique et la
santé demande de soins)
3.2. Qu’est ce qui est concrètement fait par votre structure pour faciliter
la prise en charge des soins des personnes handicapées ? (Essayer
d’obtenir des exemples concrets)
4. Inégalités dans l’accès aux 4.1. Dans votre structure qu’est ce qui fait la différence entre la prise
soins des PH en charge des personnes handicapées et les personnes non
handicapées ?
4.2. Les personnes handicapées disent généralement qu’elles ne sont
pas correctement prises en charge dans les formations sanitaires.
Qu’en pensez-vous ?
4.3. Quels sont les principaux types ainsi que les facteurs d’inégalités
d’accès aux soins de santé à l’égard des personnes handicapées ?
5. Relations « soignant- 5.1. En général, quels types de dysfonctionnements observez-vous
soigné » dans les relations de soin entre le personnel soignant et les
personnes handicapées qui se rendent dans les centres de santé ?
(Vérifier si la nature du dysfonctionnement varie selon le type de
handicap)
5.2. Quelles sont les influences (positives ou négatives) de ces relations
« soignant-soigné » dans le processus de guérison de la personne
handicapée ?
5.3. Que fait-on dans votre structure lorsqu’une personne handicapée
se plaint de mauvaise prise en charge (y compris accueil) ?
6. Suggestions pour un accès 6.1. D’après vous, comment garantir un accès équitable aux soins de
équitable aux soins de santé santé aux personnes handicapées dans les centres de santé ?
des PH
D. Grille d’observation
Unités d’observation Sources d’information Données d’observation
Infrastructures sanitaires • Etat de la cour • Notes
• Escalier • Photos
• Carreaux clissant
• Etage
Matériels médicaux • Hauteur de lit • Notes
• Machine d’analyse • Photos
• Autres
Personnes handicapées dans les • Type de handicap • Notes
formations sanitaires publiques • Accompagnement • Photos
• Accueil
• Déplacement dans la formation
sanitaire
Dédicace ................................................................................................................................................ ii
Sigles et acronymes.............................................................................................................................. iv
Résumé.................................................................................................................................................. ix
Abstract ................................................................................................................................................. ix
Introduction ........................................................................................................................................... 1
3.2 Types de soins de santé offerts dans les formations sanitaires publiques de la zone sanitaire
Cotonou V ....................................................................................................................................... 32
3.2.3 Les ressources humaines et perceptions des PH sur les prestations du personnel de santé
...................................................................................................................................................... 32
3.3.3 Satisfaction des soins reçus et appréciation de la qualité des soins reçus ..................... 39
3.4 Analyse des inégalités d’accès aux soins de santé des personnes handicapées .................... 40
❖ Equité dans l’accès aux soins de santé des personnes handicapées ................................ 51
▪ Conclusion .................................................................................................................................... 59
▪ Recommandations ........................................................................................................................ 60
ANNEXES .......................................................................................................................................... 65
C. Guide d’entretien à l’endroit des agents de santé et responsables d’association et ONG pour
personnes handicapées .................................................................................................................... 74