Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DE MEDECINE
ECOLE DE SANTE PUBLIQUE
Directeur :
Professeur Pélagie BABAKAZO DIAMBALULA
MD, MPH, PHD
MAI 2019
I
EPIGRAPHE
All of our dreams can come true if we have the courage to pursue them
(Walt Disney)
II
IN MEMORIAM
Aux âmes très chères à mon être qui ont été rappelées auprès du Très-Haut :
Gertrude Ngoy Bukasa, Arthur Canisius Belepe, Laetitia Kabala, Juliette Kazumba, Rosette
Kabedi, Vincent Bidashimwa, Boniface Mukadi Bonyi, Jeanne Ntumba, Victor Kanyinda ainsi
que tous ceux et celles qui sont enfouis dans ma mémoire.
Vous me manquez énormément
Soyez honorés dans ce travail et par ce travail.
III
DEDICACE
A mes chers parents, Adrien kalonji Mbuyi et Marie-Chantal Muleka Kabangu, pour votre
présence, votre soutien inconditionnel selon vos capacités et aptitudes contre vents et marées.
A mes sœurs Magaly M., Grace T., Guershonny ; mes frères et beaux-frères Arnaud, Noel,
Andrick, Olivier, Thierry, Hugues, Bonaventure ; mes fils et filleuls Anthony Marc, Michael,
Angel Luxio Juan Pedrito.
IV
REMERCIEMENTS
A l’Eternel Dieu pour toutes les grâces reçues, en cours et en voie de réception tant au visible
qu’à l’invisible,
A mon directeur, le Professeur Docteur Pélagie Babakazo Diambalula, pour le sérieux, la
perspicacité, la noblesse, l’abnégation, l’encadrement et le recadrement sans oublier la direction
de ce travail, qui en pensée, est le reflet du choc des cerveaux et du dur labeur récompensé,
Aux autorités de l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa pour la formation reçue durant le long,
pénible mais glorieux parcours difficile à oublier mais utile à intégrer et assimiler pour mieux
embrasser l’avenir qui se pointe à l’horizon et qui s’annonce combattif et digne d’être vécu.
Aux personnalités, amis, connaissances et à tous ceux qui de près ou de loin ne cessent de
contribuer à mon épanouissement intégral : Monsieur l’abbé Godefroy Lwabeya et la paroisse
Saint Sébastien ; monsieur l’abbé Georges Njila, John Nyembo Kalala et la chorale Marie Reine
des Anges ; Pasteur Philémon Ngoma ; Pasteur Thimothée Kitenge ; Dr Akono Emane ; CD
Kasaï-Oriental Dr Marie-Albert Tshizemba ; Jean Fidèle Boyoo Ekangu ; Michael genese et le
Voice 21C ; Augustin Lumuanga et la chorale Marie Reine de Paix ; Raphael Tshitenga et
l’HGR Muya ; Brig General Ma Msuya ; Michel Muvudi et le CIDE ; Gracien Moke et le clan
NODASA ; Yves Mabeki et les amis de la catéchèse ; Pacifique Lwabeya et Patience Katunda ;
Martin Kapundu et le chœur Umoja ; Dr Junior Mpasu ; Francis Lumanisha Mutombo mon
frère de lutte et de cœur, Louis Marie-Grignon de Montfort Milo Kebwi et tous mes collègues
de la 30ième promotion de l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa « Mon Base » ; Angie Sifa
Kinyongo, Jeannot Lukunka Mabuankulu, Patrick Twende Mukengeshay, Régine Masengu
Ilunga, Nelly Mudumbi Kajuru, Faustin Arionzi Amanio, Diane Tenda Lusansu, Stanis
Okitenyema Onoya, Norbert Mabanza Kimbamfu, Claver Kinkela Mfinda, Papy Wembo
Onankoy, tous membres du fortissime Groupe 02 « Mon base Balonga Nkoy Impact Light ;
Tous ceux que ma mémoire a enfui au plus profond ainsi que toutes les personnes rencontrées
le long de mon parcours et qui ont contribué de près ou de loin
V
TABLE DE MATIERES
EPIGRAPHE .................................................................................................................................... I
DEDICACE......................................................................................................................................III
REMERCIEMENTS ...................................................................................................................... IV
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................... VI
LISTE DES ABREVIATIONS ..................................................................................................... VIII
RESUME..........................................................................................................................................IX
CHAPITRE I. INTRODUCTION ...................................................................................................1
1.1. Enoncé. ...............................................................................................................................1
1.2. Revue de la Littérature. .....................................................................................................5
1.3. Eléments d’orientation. .....................................................................................................9
CHAPITRE II. METHODOLOGIE ............................................................................................. 10
2.1. Type d’étude. ........................................................................................................................ 10
2.2. Présentation du site d’étude. ................................................................................................ 10
2.3. Echantillonnage. ................................................................................................................... 13
2.3.1. Population d’étude ......................................................................................................... 13
2.3.2. Taille de l’échantillon .................................................................................................... 13
2.3.3. Technique d’échantillonnage......................................................................................... 13
2.4. Liste des variables. ............................................................................................................... 14
2.4.1. Variable principale : ...................................................................................................... 15
2.4.2. Autres variables : ........................................................................................................... 15
2.5. Collecte des données. ............................................................................................................ 16
2.6. Traitement et Analyse des données. ..................................................................................... 16
2.7. Considérations éthiques. ...................................................................................................... 17
CHAPITRE III. RESULTATS. ...................................................................................................... 18
3.1. Caractéristiques sociodémographiques. .............................................................................. 18
3.2. Recours aux soins de santé et pratique de l’automédication. .............................................. 20
3.3. Niveau de connaissances sur l’automédication. ................................................................... 25
3.4. Attitude face au recours à l’automédication. ....................................................................... 29
CHAPITRE IV. DISCUSSION. ..................................................................................................... 32
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ............................................................................... 36
Conclusion ................................................................................................................................... 36
Recommandations. ...................................................................................................................... 36
ANNEXES. ...................................................................................................................................... 44
VI
Tableau I Classification des quartiers selon les critères provenant de la symbiose des
études de Flouriot et Lusamba.
Tableau II Caractéristiques socio-démographiques des répondants.
Tableau III Caractéristiques socio-démographiques des ménages.
Tableau IV Problème de santé rencontré dans le ménage.
Tableau V Symptômes présentés par les membres des ménages ayant eu des
problèmes de santé.
Tableau VI Sources d’information sur l’automédication.
Tableau VII Définition de l’automédication.
Tableau VIII Raisons du recours à l’automédication.
Tableau IX Conséquences de l’automédication.
Tableau X Attitude face au recours à l’automédication.
Tableau XI Répartition des sujets d’étude selon l’attitude face à l’automédication,
leurs caractéristiques et le niveau global de connaissance.
Tableau XII Répartition des sujets selon l’attitude favorable face au recours à
l’automédication, la perception de l’attitude du ménage, le niveau de
standing du quartier de résidence.
VII
RESUME
Introduction : L’automédication est un des phénomènes majeurs très répandus secouant le
monde contemporain. Elle entraine des conséquences néfastes tant pour la santé de l’individu
que pour celle de la communauté. Cette étude a été menée pour déterminer les connaissances,
attitudes et pratiques de la population de la ville-province de Kinshasa sur le recours à
l’automédication.
Méthodologie : Une étude transversale a été menée auprès de 421 ménages de la ville-province
de Kinshasa, sélectionnés par un échantillonnage probabiliste à quatre degrés. Les répondants
étaient le chef du ménage, sa conjointe ou encore un représentant du ménage. Les informations
collectées ont porté principalement sur les caractéristiques sociodémographiques des
répondants, la pratique de l’automédication dans le ménage, le niveau de connaissances et
l’attitude face à l’automédication. Les analyses ont porté sur le calcul des proportions, des
mesures de tendance centrale et de dispersion. Le test de Khi-carré a été utilisé pour comparer
les proportions.
Résultats : Sur les 421 répondants inclus dans cette étude, 71% avaient un faible niveau de
connaissances, 48% avaient une attitude défavorable face à la pratique de l’automédication et
53% avaient déclaré que leurs ménages avaient une attitude défavorable face à
l’automédication. La proportion de ceux qui avaient pratiqué l’automédication était de 52%.
Les répondants favorables à l’automédication étaient en majorité de sexe masculin (23%), âgés
d’au plus 30 ans (21%), provenant des ménages qui avaient une attitude favorable à
l’automédication (26%) et résidant dans le quartier riche (25%).
Conclusion : L’automédication est un phénomène peu connu, assez répandu et peu approuvé
dans la ville-province de Kinshasa. Elle constitue une alternative à la consultation médicale
avec des avantages mais aussi des risques. Ainsi, son recours nécessite un choix conscient et
raisonné.
CHAPITRE I. INTRODUCTION
1.1. Enoncé.
L’automédication, un des fléaux majeurs qui secouent le monde contemporain, est en pleine
expansion dans tous les continents et dans tous les âges. Cependant elle n’a pas de définition
unique. Elle peut se définir comme l’usage des médicaments/drogues pour traiter des troubles
ou des symptômes auto-diagnostiqués, ou encore l’utilisation intermittente ou continue d’un
médicament prescrit pour le traitement d’une maladie chronique, ou récurrente, ou encore des
symptômes sans ordonnance (1,2). Certains la définissent comme la consommation par le
patient des médicaments non prescrits ou non recommandés verbalement par un médecin ou un
professionnel paramédical autorisé (3). Certains encore comme étant un processus au cours
duquel le patient assume une grande responsabilité dans la prise en charge des petits maux en
consommant des produits pharmaceutiques dont l’usage sans prescription médicale est autorisé
(4). D’autres la définissent également comme l’utilisation thérapeutique, par un malade, des
médicaments en dehors d’un avis médical. C’est donc l’acte de consommer de sa propre
initiative un médicament sans consulter un médecin pour le cas concerné (5) ou encore le fait
de se soigner par soi-même (6).
L’automédication entraine des conséquences multiples avec des effets néfastes tant pour la
santé de l’individu que pour celle de la communauté. Ces conséquences sont notamment
l’utilisation non rationnelle des médicaments et d’autres substances à propriétés curatives, avec
comme risques encourus le surdosage et l’intoxication (7) ainsi que l’émergence et/ou
l’aggravation de certains maux. En effet, derrière un symptôme banal peut se cacher une
maladie dramatique. De plus, nous notons également comme conséquence grave de
l’automédication le décès (8,9,10). L’automédication a également un impact non négligeable
sur le bien-être de l’homme dans tous les aspects relatifs à sa santé car elle s’incorpore
progressivement dans les habitudes et comportements liés à la santé tout en s’identifiant comme
un phénomène applicable sous la responsabilité des acteurs de santé ci-après : le patient, le
pharmacien ainsi que le médecin (10, 11,12).
Plusieurs facteurs sont incriminés dans la survenue de l’automédication à savoir des facteurs
d’ordre sanitaire, socioculturel, économique et politique. Il s’agit entre autre du coût élevé de
la consultation médicale et des examens de laboratoire, des croyances traditionnelles et cultures
religieuses, des difficultés économiques, de la répartition du personnel médical qui demeure
2
inchangée dans les quartiers en pleine rénovation, de l’inaccessibilité aux structures des soins
et du fait d’être atteint des maladies ne causant qu’un arrêt de travail de moins d’une semaine
(13,7).
Dans le monde, l’automédication se présente actuellement comme une pratique de plus en plus
courante et n’épargne aucun pays, qu’il soit à revenu élevé ou faible. Des études menées en
2015 et 2016 en France avaient révélé que 42 à 60% des personnes avaient eu recours à
l’automédication avec un taux de satisfaction de 89% et une prévalence des effets indésirables
consécutifs à la prise des médicaments liés à l’automédication de 8% (13,5). Ces études avaient
également montré que la principale source d’approvisionnement en médicaments était la
pharmacie, que les individus qui y avaient plus recours étaient d’âge actif avec un niveau de
connaissances élevé et une capacité d’autodétermination adéquate. Par ailleurs au Cambodge,
des études ont démontré que plus de la moitié des personnes achètent des médicaments sur la
base de l’apparition des symptômes et cela sans tenir compte du traitement des maladies sous-
jacentes (10).
L’Afrique n’est pas épargnée de ce fléau. Il sied de signaler que ce continent présente beaucoup
de particularités car il est traditionnellement le continent où se déploient plusieurs catégories
de savoirs médicaux influencés par la médecine traditionnelle locale, la médecine moderne
occidentale et plus récemment, la médecine chinoise (14). De ce fait, l’automédication est
réalisée dans cette partie du monde avec des médicaments pharmaceutiques industriels et des
produits traditionnels (15), et cela tant en milieu rural qu’urbain. Une étude menée en 2015 au
Togo auprès des mères avait révélé que trois parents sur quatre (74%) avaient pratiqué
l’automédication à domicile avant la consultation médicale sans aucune connaissance sur le
médicament donné et ses risques. Le choix de la pratique de l’automédication était influencé
par la famille et dans le souci d’éviter les longues files d’attente (7). D’autres études menées au
Cameroun avaient révélé que l’individu malade qui s’automédiquait n’était pas du tout
autonome dans la prise de décision mais qu’au contraire, il dépendait de son entourage le plus
proche comprenant ceux qui ont sa confiance et qui partagent avec lui ses joies et peines (16).
Par ailleurs au Madagascar, une étude menée en 2015 a révélé que le recours à l’automédication
augmentait avec l’âge et cela sans association significative avec le genre et le lieu de résidence.
Elle a également montré qu’en comparaison avec le recours médical professionnel,
l'automédication était perçue comme prenant moins de temps et étant financièrement moins
coûteuse en termes de transport ou de soins et fournitures (17).
3
Cependant, l’investigation menée en 2014 dans la ville de Lubumbashi auprès des étudiants
d’âge compris entre 18 et 35 ans avait montré une prévalence de l’automédication à 99% avec
78,8% des étudiants qui reconnaissaient que l’automédication peut conduire aux conséquences
telles qu’un échec thérapeutique, une erreur diagnostique et/ou de dosage, ainsi que des effets
indésirables (19).
L’automédication en RDC reste à ce jour un domaine peu exploré à cause entre autre de la
population congolaise qui la considère comme une habitude normale dans le vécu quotidien. Et
cela bien que la législation congolaise, depuis l’époque coloniale, a défini au travers les Codes
Larcier et le journal Officiel, les conditions requises pour l’exercice de la pharmacie, la santé
et la sécurité de la population. Selon ces lois, la vente des médicaments ne peut s’effectuer que
dans les établissements pharmaceutiques (20,21). Ces lois désignent le pharmacien comme
étant la seule personne autorisée à gérer un établissement pharmaceutique et le seul habilité à
effectuer tout acte pharmaceutique. Par ailleurs, la délivrance des médicaments aux patients
doit se faire selon les prescrits de la loi c’est à dire avec ou sans prescription médicale dans le
strict respect du circuit du médicament qui s’étend de sa fabrication dans les laboratoires jusqu’à
son acquisition par le client en passant par les grossistes répartiteurs, les établissements de vente
en gros et les pharmacies. Cependant le problème de faisabilité et de suivi de l’exécution de ces
mesures persiste et cela dans l’ensemble du pays (20,21).
A ce jour, nous n’avons pas trouvé d’étude relative aux connaissances, attitudes, et pratiques
de la population congolaise en général, et kinoise en particulier, face à l’automédication. Alors
que les résultats qui découleraient de ce genre d’étude pourraient contribuer à l’orientation des
solutions pour lutter contre l’automédication et promouvoir des soins de santé en milieu
hospitalier en vue de l’amélioration de l’état de santé de la population de la ville-province de
Kinshasa. C’est ce qui a motivé cette étude. Elle a été initiée pour répondre à la question de
recherche suivante : Quelles sont les connaissances, attitudes et pratiques de la population de la
ville-province de Kinshasa face au recours à l’automédication ?
5
Plusieurs auteurs soutiennent que l’automédication est une pratique commune et courante au
travers le monde (5,23), et aussi que c’est un phénomène émergeant qui menace de plus en plus
la santé publique (19). Au travers les pays, sa prévalence s’élèverait au moins de 45% à 98%
(24).
Par ailleurs, dans environs 50% des cas, l’automédication se pratique avec les médicaments
présents dans le domicile et que dans 25% des cas, elle se pratiquerait soit avec des
médicaments prescrits préalablement pour certaines conditions pathologiques ou soit vendus
sans prescription médicale (25). D’autres précisent que dans le monde, il y a plus de 100 000
médicaments qui sont vendus sans prescription médicale dans les différents marchés qui se sont
développés dans les pays à haut revenu et ont vulgarisé l’automédication notamment les pays
membres de l’Union Européenne, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada (8,3,26).
Par ailleurs, quelques auteurs reconnaissent en l’automédication une association avec la forme
de médecine appelée auto médecine qui réunit toutes les étapes de la prise en charge du patient
6
mais avec la nuance de n’être entreprise que par le patient lui-même. Ces étapes sont l’auto
prévention, l’autodiagnostic, l’auto traitement et l’auto réhabilitation (29).
Plusieurs facteurs ont été incriminés dans le recours à l’automédication. Ces facteurs sont
d’ordre sanitaire, socioculturel, économique, politique tels que le coût élevé de la consultation
médicale et des examens de laboratoire, les prescriptions médicales par des professionnels de
santé non autorisés, les croyances traditionnelles et cultures religieuses, l’absence de
synchronisation de la relation médecin-pharmacien-patient, les difficultés économiques, la
précarité de certains emplois, la répartition du personnel médical qui demeure inchangée dans
les quartiers en pleine rénovation et tant d’autres (13,7).
Des études menées dans les pays développés ont montré une prévalence accrue de
l’automédication notamment en France de 42% à 60% (13,5) ; en Chine de 64,4% (30) ; en
Russie de 50% avec une équivalence de la répartition selon le genre à savoir 45% pour les
hommes et 47% pour les femmes (29) ; en Turquie de 64,3% (31). Cependant dans les pays
émergeants, des études ont montré une prévalence de l’automédication un peu plus élevée
notamment en Inde de 78,6% avec 81,2% des femmes et 75,3% d’hommes (23) ; au Royaume
d’Arabie Saoudite de 83,3% avec 73,9% des femmes et 45,3% d’hommes (2) ; au Népal de
84% avec 68,25% des femmes, 73,3% des résidents en milieu urbain et 65% ayant un âge
compris entre 17 et 20 ans (26) à 83,3% (32) ; au Brésil de 76% (33) ; au Pérou de 74,8% à
savoir 23,8% pour l’automédication responsable et 51% pour l’automédication irresponsable
7
(34). Par ailleurs en Inde, une étude menée auprès 150 adolescents dont l’âge variait entre 10
et 19 ans a montré une prévalence de l’automédication de 28% (35).
Dans le continent africain, plusieurs auteurs ont décrit le phénomène de l’automédication tout
en tenant compte des particularités relatives au déploiement des catégories de savoirs médicaux
dans son sein (14) ainsi que la réalisation de l’automédication avec des médicaments
pharmaceutiques industriels, des produits traditionnels (feuilles, racines, écorces végétales), des
denrées alimentaires (15) et cela tant en milieu rural qu’urbain. Des études menées auprès de
certains pays africains ont montré une prévalence élevée de l’automédication. C’est le cas du
Madagascar où elle est de 34% (17) ; du Togo où elle est de 73,6% (7) ; du Nigeria où elle varie
entre 92,3% (36) et 49,2% (37) ; du Bénin où elle est de 69,77% (38).
La RDC témoigne d’une rareté d’études consacrées à l’automédication. La seule étude réalisée
en 2012 dans tout l’ensemble de son territoire a montré un recours à l’automédication de 3540
personnes dans une population de 111 000 habitants soit une prévalence de 3,18% (18).
Cependant des études menées dans certaines de ses villes ont montré une prévalence accrue
notamment à Lubumbashi où la prévalence varie entre 99% (19) et 90% (39) ; à Bukavu où la
prévalence est de 61,3% (40), et dans la ville-province de Kinshasa où la prévalence de
l’automédication est, selon les auteurs, de 3% (18) ; de 59,6% (3) ou encore de 21,1% (41).
Les entités nosologiques qui ont entrainé le recours à l’automédication ont été déterminés par
plusieurs auteurs. Elles partent de symptômes considérés par la communauté comme bénins
aux maladies pouvant être invalidantes entre autres la douleur, la fièvre, les céphalées, la grippe,
le mal de gorge, le rhume, la diarrhée, le paludisme, les dysménorrhées et tant d’autres.
Plusieurs auteurs ont orienté leurs préoccupations sur l’automédication en termes de
connaissances, d’attitudes et de pratiques des communautés. Ces préoccupations ont été
développées tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement.
1.3.2. But :
1.3.3. Objectifs
Objectif général :
Objectifs spécifiques :
L’étude menée est transversale descriptive. Elle a consisté à réaliser une enquête auprès de
ménages dans les quartiers sélectionnés.
La ville-province de Kinshasa, cadre de la présente étude, est une entité géographique d’une
superficie de 9 965 km2 avec une population estimée à 17 071 000 habitants (en 2017) et une
densité de 1713,095 habitants / Km2. Elle est située à 4o 19’ 54’’ de latitude Sud et 15o 18’ 50’’
de longitude Est.
Elle comprend 24 communes reparties en 4 districts administratifs à savoir :
1) District de Tshangu : Kimbanseke, Maluku, Masina, Ndjili, Nsele (5 communes).
2) District de Lukunga : Barumbu, Gombe, Kinshasa, Kintambo, Lingwala, Ngaliema (6
communes).
3) District de Funa : Bandalungwa, Bumbu, Kalamu, Kasa-Vubu, Makala, Ngiri-Ngiri,
Selembao (7 communes).
4) District du Mont-Amba : Kisenso, Lemba, Limete, Matete, Ngaba, Mont-Ngafula (6
communes).
Bien que la Ville province de Kinshasa soit une ville urbaine dans son ensemble, des différences
sont notées dans les communes en fonction des points suivants : superficie, effectif
démographique, niveau d’urbanisation, niveau de vie, qualité des infrastructures de base. Ainsi,
la typologie de Flouriot a permis de classer les districts de la ville de Kinshasa en fonction de
leur éloignement par rapport au Centre-Ville et les communes en fonction de leur pourcentage
d’infrastructures et de bâtiments construits (43).
Une autre classification de la ville-province de Kinshasa en fonction des quartiers a été établie
par Lusamba. Cette classification regroupe les quartiers en cinq strates à savoir les quartiers
résidentiels, les quartiers des anciennes cités, les quartiers des cités planifiées, les quartiers
excentriques et d’extension ainsi que les quartiers semi-ruraux (44).
Les critères à la base de cette classification sont la densité démographique, les dimensions
parcellaires, la situation cadastrale, l’état des infrastructures, l’accessibilité, le niveau de vie des
habitants. Cependant ces quartiers ne sont pas totalement spécifiques à des communes
particulières mais s’y retrouvent entremêlés. Ainsi, les communes comportent chacune
quasiment différents types de quartiers. Voici la répartition des quartiers dans les communes
selon l’auteur : (i) Les quartiers résidentiels : Lemba, Gombe, Limete, Ngaliema ; (ii) Les
quartiers des anciennes cités : Kinshasa, Lingwala, Barumbu, Kintambo ; (iii) Les quartiers des
cités planifiées : Lemba, Matete, Ndjili, Kalamu, Bandalungwa ; (iv) Les quartiers excentriques
et d’extension : Masina, Kisenso, Selembao, Makala, Ndjili, Bumbu, Kimbanseke, Ngaba et (v)
Les quartiers semi-ruraux : Maluku, Nsele, Mont-Ngafula.
La ville-province de Kinshasa comprend au total 332 quartiers qui sont inégalement construits.
En plus, la population résidente s’y est installée tout en tenant compte des disparités sociales.
Dans le cadre de cette étude, pour un besoin de représentativité de toutes les couches de la
population en conformité avec leur contexte local de vie, lequel est fortement influencé par le
niveau de vie socio-économique et culturel, nous avons catégorisé les quartiers en fonction des
critères provenant d’une symbiose de deux études (43,44). Cette catégorisation en trois niveaux,
à savoir riche, moyen et pauvre figure dans le tableau I :
12
Tableau I. Classification des quartiers selon les critères provenant de la symbiose des
études de Flouriot et Lusamba.
2.3. Echantillonnage.
Cette enquête a été menée auprès des ménages dont les répondants étaient soit des chefs de
ménages, des conjointes des chefs de ménages ou des représentants des chefs de ménages.
Etaient éligibles les personnes qui avaient satisfait aux critères suivants : (i) Être âgé d’au moins
18 ans ; (ii) Être chef de ménages, conjoint de chef de ménage ou membre représentant du
ménage ; (iii) Être résident de la ville-province de Kinshasa depuis au moins six mois et (iv)
Être résident du ménage pendant les six derniers mois précédant l’enquête.
La taille de l’échantillon pour l’enquête auprès des ménages a été déterminée par la formule
suivante de SCHWARTZ :
𝑍𝛼2 𝑝𝑞
𝑛≥ 2
𝑑
Dans laquelle :
p : proportion de personnes pratiquant l’automédication dans la ville-province de Kinshasa.
Cette proportion était de 0,453 dans une étude antérieure (22).
q : proportion de personnes ne pratiquant pas l’automédication dans la ville-province de
Kinshasa. Elle équivaut à 1-p = 0,527.
Z : coefficient de confiance, équivaut à 1,96 pour une confiance de 95%.
d : degré de précision absolue ; il a été fixé à 0,05.
Ainsi la taille de l’échantillon a été estimée à 381 et majorée à 419 en tenant compte de 10%
des non réponses (36,23).
Les sujets inclus dans cette étude ont été sélectionnés selon une technique d’échantillonnage
probabiliste à quatre degrés en suivant la procédure suivante :
a) Stratification des quartiers de la ville-province de Kinshasa en trois
catégories (quartiers riches, quartiers moyens et des quartiers pauvres) selon les
critères proposés par Flouriot et Lusamba Kibayu (tableau I).
b) Sélection d’un quartier par strate par tirage aléatoire simple en usant de
l’application génératrice des nombres aléatoires sur MS-EXCEL.
14
c) Sélection de 50% des avenues du quartier, soit une avenue sur deux, par tirage
aléatoire simple.
d) Sachant que dans chaque quartier 127 ménages devraient être sélectionnés, ce
nombre a été reparti de manière équitable sur l’ensemble des rues sélectionnées
pour le quartier. Le choix de ces ménages sur les rues s’est fait par échantillonnage
aléatoire systématique sur base du relevé parcellaire préalablement établis. Et dans
une parcelle où il y avait au moins deux ménages, celui à inclure dans l’étude était
choisi de manière aléatoire.
Dans un ménage où il y avait eu plus d’une personne éligible, la priorité était octroyée au chef
de ménage suivi de sa conjointe.
Les quartiers sélectionnés pour cette étude étaient les suivants :
a) Quartier riche : Quartier 13 de la commune de Limete qui correspond au quartier
Résidentiel.
b) Quartier moyen : Quartier 02 de la commune de Selembao qui correspond au quartier
Cité Verte.
c) Quartier pauvre : Quartier 10 de la commune de Kisenso qui correspond au quartier
Mission.
Ces théories revêtent une importance majeure tant dans la définition des variables que dans
l’essence de cette étude car elles affirment qu’il existe une interaction dynamique entre la
personne, le comportement et l’environnement dans lequel se produit ce comportement ; lequel
constitue le contexte social.
Le contexte social qui comprend le quartier ou la zone, la communauté, l’institution ainsi que
la structure politique d’une personne est interdépendant au comportement humain et permet
l’influence de certains facteurs clés pour le changement de comportement lié à la santé à savoir
15
les connaissances, l’auto-efficacité, les attentes des résultats, les objectifs, les
facilitateurs/entraves/obstacles.
D’où pour aborder des études relatives aux comportements liés à la santé des populations, il
convient d’investiguer sur les connaissances, attitudes, perceptions, pratiques du dit public cible
tout en reconnaissant la valeur de l’expertise locale ou communautaire pour un éventail de choix
possibles et des multiples niveaux d’implication.
En nous basant sur la littérature à notre portée et en conformité avec les théories
comportementales ci-dessus qui s’accommodent à cette étude, les variables suivantes ont été
d’intérêt pour cette étude. Certaines d’entre elles sont également définies dans les lignes qui
suivent alors que la description détaillée de toutes ces variables d’intérêt est présentée en annexe
(Annexe I).
Les données pour cette étude ont été collectées en utilisant l’entretien semi-structuré face-à-
face sur base d’un questionnaire saisi administré au répondant à son domicile.
L’outil de collecte utilisé était un questionnaire comprenant en son sein des questions fermées
et semi-ouvertes. Cet outil se trouve en annexe (Annexe 1). La durée d’administration de ce
questionnaire était de 45 minutes à 1 heure. L’interview s’est déroulée en français, en lingala et
en swahili selon le choix de l’enquêté (e) dans une zone abjecte de nuisances de tout genre de
nuisances, calme et de convenance pour le répondant avec attention particulière aux sensibilités
des genres.
L’équipe d’enquête était composée de six personnes dont quatre enquêtrices et deux
superviseurs sélectionnés selon les critères suivants : (i) Être âgé d’au moins 18 ans ; (ii) Être
au moins gradué ; (iii) Être résident de la ville-province de Kinshasa depuis au moins six mois
et (iv) Savoir s’exprimer au moins dans trois langues nationales et une langue internationale.
Cette équipe avait bénéficié d’une formation axée sur la compréhension de l’outil durant cinq
jours et d’un pré-test de deux jours dans deux quartiers des communes de Lemba et Mont-
Ngafula.
Après validation du protocole par le promoteur du mémoire, nous avions obtenu l’ordre de
mission de la Direction de l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa puis les autorisations des
Médecins Chef des Zones de Santé de Limete, Kisenso et Selembao. Lors de l’interview, nous
avons débuté par obtenir le consentement éclairé écrit auprès de toutes nos cibles sur lesquelles
les données devraient être collectées tout en veillant à la non prise du nom des enquêtées afin
de garantir la confidentialité et l’anonymat. La durée de l’enquête était de dix jours (26 Février
2019 au 07 Mars 2019).
Les données de l’enquête ont été saisis avec EPIDATA 3.1. L’analyse s’est faite avec SPSS
version 23 et les données ont été résumées en proportions pour des variables catégorielles et en
mesures de tendance centrale et de dispersion pour les variables quantitatives. Le Test du khi-
deux de Pearson a été utilisé pour la comparaison des proportions.
17
Notre étude étant centrée sur les sujets humains, les principes d’éthique de la recherche ont été
respectés. Le consentement libre et éclairé a été sollicité par l’équipe de façon verbale puis de
façon écrite tout en signalant au répondant qu’aucune intervention, expérience ne serait
pratiquée de nature à violer l’intégrité physique, ni aucun jugement de valeur ne serait émis lors
de l’enquête et de l’entretien. La participation libre et sans contrainte à l’étude a été sollicitée
auprès des enquêtés (es) en toute confiance.
La confidentialité des informations livrées par les participants a été garantie et un codage a été
utilisé pour identifier l’enquêté (e) afin que son nom ne ressorte pas dans les outils de collecte.
L’étude n’a octroyé aucune récompense directe aux répondants et ne leur a fait courir aucun
risque majeur en hors de la consommation de leur temps.
Les bénéfices de l’étude relatifs à la promotion des soins de santé en milieu hospitalier en vue
de l’amélioration de l’état de santé de la population de la ville-province de Kinshasa ont été
expliqués à l’enquêté (e). La formation des enquêtrices et des superviseurs avait tenu compte
de ces aspects pour minimiser les effets de nuisance consécutive à l’enquête.
De plus, il a été expliqué aux enquêtés (es) que les résultats de l’étude bénéficieront en premier
à la communauté de la Ville-province de Kinshasa. De ce fait, à la fin de l’étude, une retro
information auprès des autorités politico-administratives de droit serait faite.
18
Les caractéristiques sociodémographiques des répondants et des ménages sont présentées dans
les tableaux II et III.
Les répondants de cette enquête étaient en majorité des représentants du ménage (51%), de sexe
féminin (66%), âgés de 18 à 30 ans (49%) avec un âge moyen de 34 ± 13 ans. En outre, ils
étaient en majorité de niveau d’étude secondaire (52%) et fréquentaient en majorité les Eglises
de Réveil (52%).
19
Il ressort du tableau III que les résidents dans des ménages étaient sous la responsabilité des
employés (51%), lesquels ménages étaient en majorité constitués de six à dix personnes (52%)
et situés en majorité dans des quartiers de niveau de standing moyen (40%).
20
27%
73%
Oui Non
Sur les 421 ménages enquêtés, un peu plus de sept sur dix (73%) avaient au moins un membre
du ménage ayant vécu un problème de santé, une maladie ou un accident, au cours des quatre
semaines précédant l’enquête.
21
Quant à l’action immédiate entreprise par les ménages face au problème de santé rencontré, elle
est présentée dans la figure 2.
Rien fait 1%
0 5 10 15 20 25 30 35
De la figure 2, nous notons que sur les 307 ménages ayant vécu une situation relative à un
problème de santé survenu durant les quatre semaines précédant l’enquête, trois ménages sur
dix (32%) avaient acheminé le membre du ménage souffrant dans un établissement de soins et
un ménage sur cent n’a rien fait. En outre, près d’un ménage sur cinq (19%) avait administré
les médicaments se trouvant au domicile, près d’un ménage sur cinq (18%) s’était procuré les
médicaments à la pharmacie sans ordonnance médicale et un ménage sur cent avait administré
autre chose qu’un médicament.
22
Sur base des actions immédiates entreprises par les ménages face aux problèmes de santé
rencontrés, la proportion de ménages pratiquant l’automédication a été calculé et présentée sur
la figure 3.
Pratique de l'automédication
48%
52%
NON OUI
Il ressort de la figure 3 qu’un peu plus de la moitié des ménages avait pratiqué l’automédication
(52% ; IC95% : 46% - 58%).
23
Concernant la nature du problème de santé rencontré par les membres des ménages au cours
des quatre semaines précédant l’enquête ainsi que des symptômes présentés, ils figurent
respectivement dans les tableaux IV et V.
Notons que, pour la question relative aux symptômes, plus d’une réponse était possible.
Le tableau IV montre que le paludisme était le problème de santé présenté par la majorité des
membres des ménages (60%).
24
Tableau V. Symptômes présentés par les membres des ménages ayant eu des problèmes
de santé.
Du tableau V, nous notons que les symptômes les plus fréquemment évoqués étaient
respectivement la fièvre (60%), les céphalées (33%) et les vomissements (16%).
25
Sur les 421 répondants, 133 ont déclaré avoir entendu parler de l’automédication, soit 32%.
Le tableau VI présente la voie par laquelle les répondants ont entendu parler de
l’automédication.
Le tableau VI montre que près de cinq répondants sur dix (48%) ayant déclaré avoir entendu
parler de l’automédication l’avaient entendu auprès de leurs amis et connaissances.
26
A la question de définir l’automédication, sur les 421 répondants inclus dans cette étude, 197
ont déclaré connaitre ce qu’était l’automédication (47%). La manière dont les répondants ont
défini l’automédication est présentée au tableau VI. A cette question, plus d’une réponse était
possible.
Sur les 197 répondants ayant défini l’automédication, cinq répondants sur dix (53%) l’avaient
défini comme étant le fait de consommer des médicaments non prescrits ou non recommandés
verbalement par un médecin ou un professionnel paramédical autorisé.
27
Les raisons justifiant le recours à l’automédication, selon les répondants inclus dans cette étude,
sont présentées dans le tableau VIII. Notons que pour cette question plus d’une réponse était
possible.
Le tableau VIII montre que le manque d’argent pour les soins de santé était la raison la plus
fréquemment évoquée comme motivant le recours à l’automédication.
5%
24%
71%
Il ressort de ce tableau que près de cinq répondants sur dix (48%) avaient déclaré avoir une
attitude défavorable face à la pratique de l’automédication. De plus, un peu plus de cinq
répondants sur dix (53%) avaient déclaré que leurs ménages avaient une attitude défavorable
face à l’automédication.
30
Tableau XI. Répartition des sujets d’étude selon l’attitude face à l’automédication, leurs
caractéristiques et le niveau global de connaissance.
Le tableau XI montre que les répondants ayant une attitude favorable à l’automédication étaient
en majorité de sexe masculin (23%) et âgés d’au plus 30 ans (21%).
31
Tableau XII. Répartition des sujets selon l’attitude favorable face au recours à
l’automédication, la perception de l’attitude du ménage, le niveau de standing du quartier
de résidence.
Attitude face à l’automédication
Variables Ensemble Favorable Défavorable et p
mitigée
Effectif (%) Effectif (%)
Attitude du ménage (n = 416)
Défavorable et mitigée 334 50 (14,9) 284 (85,0) <0,001
Favorable 82 21 (25,6) 61 (74,3)
Niveau de standing du quartier
de résidence (n = 421)
Moyen et pauvre 319 48 (15,0) 271 (84,9) 0,044
Riche 102 25 (24,5) 77 (75,4)
Le tableau XII montre que les répondants favorables à l’automédication étaient en majorité
ceux provenant des ménages qui avaient une attitude favorable à l’automédication (26%) et
résidant dans des quartiers de standing riche (25%).
32
Cinq répondants sur dix ont évoqué avoir pratiqué l’automédication et cela sous diverses formes
notamment pour près de deux ménages sur dix en administrant les médicaments se trouvant au
domicile ou en se procurant les médicaments à la pharmacie sans ordonnance. Les études
menées au Nigeria (36,46) ont présenté des résultats qui semblent aller de pair avec ceux de
cette étude. Cependant la proportion trouvée dans cette étude est supérieure à celle rapportée
par une étude menée outre part en RDC (41) et inférieure à celles des études menées autre lieu
en RDC (19) et à la région méditerranéenne (25,2,31).
De plus, sept répondants sur dix ont évoqué avoir vécu une situation relative à la survenue d’un
problème de santé ou d’un accident survenu durant les 4 dernières semaines précédant
l’enquête.
Le Paludisme a été cité comme problème de santé le plus fréquent et les symptômes les plus
fréquemment évoqués étaient la fièvre, les céphalées et les vomissements. Les données
provenant du Haut-Katanga vont de pair avec celles obtenues dans cette étude (19), et la fièvre
a également constitué le symptôme majeur dans les investigations effectuées en Ethiopie (47),
au Madagascar (17) alors qu’elles s’éloignent de celles effectuées au Nigeria (Maux de tête)
(36), en Egypte (douleurs gastro-intestinales) (25), en Arabie Saoudite (Maux de tête) (2) et en
Turquie (Rhume) (31).
Ces différences de résultats trouvent leur explication dans le fait que plusieurs facteurs
interviennent dans la pratique de l’automédication et cela à divers degrés notamment le choix
de la population d’étude qui doit tenir compte du profil socio-démographique et culturel
(caractéristiques socio-démographiques ; attitude socio-culturelle et attitude face à la vie, la
santé et le stress) ; du profil épidémiologique et géographique de l’entité en étude, ainsi que des
diverses interactions pouvant exister entre eux.
De plus, près de deux répondants sur cinq avaient déjà entendu parler de l’automédication, près
de cinq répondants sur dix avaient affirmé connaitre la définition de l’automédication et près
deux répondants sur cinq ont pu la définir comme étant le fait de consommer des médicaments
non prescrits ou non recommandés par un médecin ou un professionnel paramédical autorisé.
Les données fournies au Nigeria (36) indiquent plutôt une définition acceptable de
l’automédication fournie par neuf répondants sur dix.
A ce qui précède, il est important de justifier ces écarts par les efforts des pays d’Afrique
subsaharienne pour la transformation structurelle du monde rural notamment dans le domaine
de l’éducation, de la santé, de l’économie, cela à différents rythmes instigués par chaque pays.
D’où le cas de figure du Nigeria (48).
En outre, la source d’information sur l’automédication était pour près de cinq répondants sur
dix les amis et connaissances. Le surdosage, l’aggravation/émergence de certaines maladies
ainsi que l’intoxication étaient évoqués en majorité comme les conséquences de
l’automédication et que la raison majeure du recours à l’automédication était le manque de
moyens financiers pour les soins de santé. Les raisons justifiant le recours à l’automédication
recueillies en RDC dans le Nord Kivu (45), au Nigeria (36), en Egypte (25), au Madagascar
(17) et en Ethiopie (47) vont de pair avec celles recueillies dans cette étude, mais s’éloignent
de celles recueillies en RDC dans le Haut-Katanga (Gêne de présenter le cas au
médecin/pharmacien) (19), en Arabie Saoudite (Long temps d’attente dans les centres de santé)
(2) et en Russie (Inefficacité des services médicaux des centres de santé étatiques) (29). De
plus, les conséquences de l’automédication telles que émises dans cette étude ont été évoquées
par les répondants des études menées au Nigeria (36,37,46).
Ces disparités peuvent se justifier par le fait que l’automédication constitue un fléau
cosmopolite en grande expansion dans les pays en voie de développement avec une
prépondérance pour les milieux défavorisés et exempts des atouts d’urbanisation et de
modernisation. Dans ces contrées, l’automédication est surtout une pratique commune des
jeunes, et de plus, elle est influencée par plusieurs facteurs, et cela quel qu’en soit le continent
et les peuples (24). En Afrique subsaharienne, et plus particulièrement en RDC, plusieurs
facteurs ont rendu la pharmacie point de contact prépondérant pour les soins de santé avec les
populations locales notamment la rareté des établissements des soins en milieu reculé et rural,
le coût élevé des soins médicaux ; la satisfaction des clients sur les soins médicaux, le niveau
socio-économique, le niveau de réglementation juridique de l’exercice de la pharmacie et de
34
l’acquisition des médicaments par les clients. Dans ce cas-ci, les prescriptions médicales et/ou
orientations thérapeutiques proviennent en majorité des non qualifiés qui se retrouvent dans les
officines.
S’agissant des attitudes face à l’automédication, cette étude a montré que près de cinq
répondants sur dix ont déclaré être défavorables à la pratique de l’automédication. De plus, cinq
répondants sur dix ont déclaré que leurs ménages étaient défavorables à l’automédication. Les
données relatives à l’attitude des répondants face à l’automédication obtenues en Russie (29)
vont dans le même sens que celles obtenues dans cette étude mais sont inférieures à celles
obtenues au Nigeria (36).
Ceci se justifie par le fait que l’attitude face à l’automédication se doit de tenir compte des
divergences existant entre les pays développés et ceux en voie de développement en termes de
population ou colonies (urbaine/rurale), de considération des soins et services de santé tant
modernes que traditionnels ainsi que des perceptions y afférentes. D’où le cas de figure de la
Russie (29).
Il sied d’évoquer que les répondants favorables à l’automédication étaient en majorité de sexe
masculin, d’au plus 30 ans, provenant des ménages qui avaient une attitude favorable à
l’automédication et résidant dans des quartiers riches. De plus, même si les associations
n’étaient pas significatives, les répondants favorables étaient en majorité de niveau supérieur et
avaient un faible niveau de connaissances sur l’automédication.
L’étude que voici est parmi les rares, sinon la première des études réalisées dans la ville-
province de Kinshasa. Elle a permis d’obtenir des informations cruciales auprès des ménages
sur les connaissances, attitudes et pratiques de la population de la ville-province de Kinshasa
concernant l’automédication dans les quartiers riche, moyen et pauvre. Ces informations, qui
montrent des disparités entre les populations de ces quartiers, peuvent servir de base pour des
35
études visant la mise en place des programmes d’intervention dans différents domaines pour
lutter contre l’automédication.
Cependant l’approche mixte (qualitative et quantitative) serait idéale afin de recueillir, auprès
de tous les répondants, des informations relatives aux comportements humains et perceptions
tant du phénomène que des conditions, risques et gains éventuels de l’automédication dans la
population de la ville-province de Kinshasa, laquelle nécessite des investigations plus accrues.
De plus, certaines difficultés liées à la recevabilité dans les ménages de certains quartiers ont
contribué à varier les effectifs de ménages à couvrir et cela dans le but d’atteindre la taille de
l’échantillon calculé.
Néanmoins, il convient de signaler que les différentes couches de la population de la ville-
province de Kinshasa résidant dans ces quartiers ont été couvertes.
36
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Conclusion
Recommandations.
3. A la Communauté Scientifique :
- Promouvoir la réalisation des investigations relatives au domaine de
l’automédication
- Vulgariser à travers le réseau scientifique les réalisations sur ledit domaine.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
36. AYANWALE M.B., OKAFOR I.P., ODUKOYA O.O. Self-medication among rural
residents in Lagos, Nigeria. J Med Trop 2017 ; 19 : 65-71.
37. AWOSAN K.J., YUNUSA A., YAKUBU I., YUNUSA KK., AUWAL AM..
knowledge, attitude and practice of pharmacovigilance among operators of pharmacies
and patent medicine stores in Sokoto Metropolis, Nigeria. Journal of Drug Delivery and
Therapeutics. 2018 ; 8 (5) : 358-364.
38. AGUEH V. et al . Prevalence and Determinants of Antimalarial Self-medication in
Southern Benin. International Journal of Tropical Disease & Health, 16 (4) : 1-11, 2016
; article n°27862.
39. SOMPWE MUKOMENA E., CILUNDIKA MULENGA P., MASHINDA KULIMBA
D., LUTUMBA TSHINDELE P., MAPATANO MALA ALI, LUBOYA NUMBI O.
Parasitémie asymptomatique chez les enfants de moins de 5 ans, enfants en âge scolaire
et prise en charge des épisodes fébriles dans les ménages de Lubumbashi. République
Démocratique du Congo. Pan African Medical Journal. 2016 ; 24 : 94 doi :
10.11604/pamj.2016.24.94.9350.
40. MULONGO MBARAMBARA P., BARAKA SONGA P., MUKUPI WANSUBI L.,
MUHUMU MUTUTA P., BOPE KWETE MINGA B., KYAMBIKWA BISANGAMO
C.. Self-medication practice among pregnant women attending antenatal care at health
centers in Bukavu, Eastern DR Congo. International Journal of Innovation and Applied
Studies ISSN 2028-9324, Vol. 16, n°1, May 2016, pp 38-45.
41. KABONGO KAMITALU Ramsès, NTETANI ALONI Michel. High School Students
Are a Target Group for Fight against Self-Medication with Antimalarial Drugs. A Pilot
Study in University of Kinshasa. Research Article. Hindawi Publishing Corporation
Journal of Tropical Medicine, Vol. 2016, Article ID 6438639, 3 pages,
http://dx.doi.org/10.1155/2016/6438639.
42. RAVI SHANKAR P., ARUN K. DUBEY, NEELAM R. DWIVEDI, A. NANDY, B.
BARTON. Knowledge, perception and practice of self-medication among premedical
and basic science undergraduate medical students. Original Article. Asian Journal of
medical sciences. Nov-Dec 2016, Vol. 7, Issue 6, pp 63-68.
43. FLOURIOT Jean, « Kinshasa 2005. Trente ans après la publication de l’Atlas de
Kinshasa », Les Cahiers d’Outre-Mer [En ligne], 261 | Janvier-Mars 2013, mis en ligne
le 01 janvier 2015, consulté le 20 avril 2019. URL :
http://journals.openedition.org/com/6770 ; DOI : 10.4000/com.6770.
43
44. LUSAMBA KIBAYU Michel. Portrait des quartiers populaires de Kinshasa (RDC). Un
territoire, une identité. Institut d’études du Développement (UCL), 2005, 15 p.
45. KASEREKA BAKIKULA Jean-Paul, KAKULE MILANDO Eurasme. Evaluation du
niveau de connaissance des effets de l’automédication dans la commune de Karisimbi.
Cas de la population du quartier Mabanga Sud. République Démocratique du Congo.
Annales de l’UNIGOM, Juin 2017, Vol. VII, n°1, pp 317-332.
46. AWOSAN K.J., IBITOYE P.K., ABUBAKAR A.K.. Knowledge, Risk Perception and
Practices Related to Antibiotic Resistance among Patent Medicine Vendors in Sokoto
Metropolis, Nigeria. Niger J Clin Pract 2018 ; 21 : 1476-83.
47. AYALEW MOHAMMED Biset. Self-medication practice in Ethiopia. A systematic
Review. Patient Preference and Adherence 2017 : 11, pp 401-413.
48. FONDS INTERNATIONAL DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE. Encourager une
transformation inclusive du monde rural. 78 p. : Rapport sur le développement rural ;
Rome . FIDA : 2016.
44
ANNEXES.
2. Le questionnaire d’enquête.
Instruction (Enquêteur) . Ce questionnaire est à adresser aux chefs de ménages, conjoints de chef de
ménage ou membres représentants de ménage, masculins ou féminins, d’au moins 18 ans, résident
dans le ménage et dans la ville-province de KINSHASA. Prière de ne pas interroger le répondant pour
la deuxième fois.
Date [___ /___] 2019 Code ID (numéro fiche) [___ /___]
Commune / Quartier . /______________ /______________/ [___ /___]
Adresse ___________________________________________
Ménage . Numéro (cfr pas de sondage) [____] Nombre de ménages dans la parcelle [____]
Nom de l’enquêteur (ou Code) _________________________ [___ /___]
Langue d’interview . /____/ Français /____/ Lingala /____/ Swahili /____/ Tshiluba /____/
Kikongo /____/ Autre à Préciser (si autre langue) ___________________________
Heure . Début de l’interview . [___ /___] Fin de l’interview . [___ /___]
Statut de l’interview (0 = Refus de participer / 1 = inachevée / 2 = achevée / 3 = Autre à
spécifier) [___] Au besoin de spécifier _________________________
CONSENTEMENT ECLAIRE
laquelle vous ne voulez pas répondre, dites-le-moi et je passerai à la question suivante. Vous pouvez
également interrompre l’Entretien à n’importe quel moment.
Avez-vous des questions ?
Donnez-vous votre consentement pour débuter cet Entretien ?
Signature du répondant
Instruction (Enquêteur) . Prière d’encercler, d’écrire en chiffres ou en lettres là où cela est demandé
ou requis. Ne pas lire les assertions ET UNE SEULE REPONSE EST DEMANDEE. S’il vous plait,
merci de bien vouloir respecter ces instructions.
8. Autre à préciser .
_______________________
Instruction (Enquêteur) . Prière d’encercler, d’écrire en chiffres ou en lettres là où cela est demandé
ou requis. Ne pas lire les assertions ET UNE SEULE REPONSE EST DEMANDEE. S’il vous plait,
merci de bien vouloir respecter ces instructions.
Instruction . Prière d’encercler, d’écrire en chiffres ou en lettres là où cela est demandé ou requis.
Ne pas lire les assertions. S’il vous plait, merci de bien vouloir respecter ces instructions.
A présent, je vais vous poser quelques questions relatives à ce que vous savez sur les soins de santé.
Vous pourrez trouver ces questions très personnelles mais cela nous aidera à connaitre les aspects
importants de la vie dans le ménage.
Je vous garantis encore une fois la confidentialité de cet entretien.
Instruction . Prière d’encercler, d’écrire en chiffres ou en lettres là où cela est demandé ou requis.
Ne pas lire les assertions. S’il vous plait, merci de bien vouloir respecter ces instructions.
A présent, je vais vous poser quelques questions relatives à ce que vous pensez quand nous parlons de
l’automédication (ou encore comment vous vous représentez mentalement l’automédication.). Vous
pourrez trouver ces questions très personnelles mais cela nous aidera à connaitre les aspects
importants de la vie dans le ménage.
Je vous garantis encore une fois la confidentialité de cet entretien
.
________________________
________________________
________________________
______
Instruction . Prière d’encercler, d’écrire en chiffres ou en lettres là où cela est demandé ou requis. Ne
pas lire les assertions. S’il vous plait, merci de bien vouloir respecter ces instructions.
A présent, je vais vous poser quelques questions relatives à votre choix face à l’automédication. Vous
pourrez trouver ces questions très personnelles mais cela nous aidera à connaitre les aspects
importants de la vie dans le ménage.
Je vous garantis encore une fois la confidentialité de cet entretien.
Nous voici arrivés à la fin de notre entretien, nous vous remercions pour toute votre
coopération et toute votre attention.
Instruction (Enquêteur) . Prière de marquer l’heure de la fin de l’interview au début du
questionnaire. Merci de respecter la consigne.