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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

UNIVERSITE DE KINSHASA

FACULTE DE MEDECINE

ECOLE DE SANTE PUBLIQUE

PRISE EN CHARGE DUHAMBANDJA


CANCER DE SEIN AUX
MAKUTU CLINIQUES UNIVERSITAIRES DE KINSHASA
Jeannine
Graduée en Science biomédicale
Travail de fin d’étude présenté et défendu en vue
de l’obtention du titre de Docteur en Médecine
Directeur: Professeure MAMBU NYANGI
Thérèse

ANNEE ACADEMIQUE 2020 -2021

1
Enlever ce vide

IN MEMORIAM

A ton souvenir, très cher Papa, MAKUTU NYIM FIRMIN, ma pensée est remplie de peine car ma joie aurait pu être parfaite si

tu étais là. Je vais deployer mes forces pour honorer cet homme plein de valeurs que tu étais.

2
DEDICACE

A l'ETERNEL DIEU mon créateur, Je te bénis d’avoir rendu ce travail possible. Je te le dédie ainsi que le reste de ma carrière. A toi soit

toute la gloire.

A ma mère Aimérance BAHEKA MBEMBE, pour tous les efforts consentis, tes sacrifices, tes prières, tes encouragements et surtout

pour ton amour. Tu es pour moi un modelje rends grâce à DIEU de m’avoir donné une mère comme toi, tu es le symbole du travail, du

sens de responsabilité. Nulle dédicace ne saurait exprimer suffisamment ma gratitude, mon amour et mon profond respect dédié à ton

égard. Merci d’avoir fait de moi la personne que je suis et que je serai.

A mes frères MAKUTU Lionnel, MAKUTU Clovis, MAKUTU Ange, MAKUTU Jérémie et mes sœurs MAKUTU Titina, NYAKALA

Guylaine, MAKUTU Joyce et MAKUTU faida. Le plus grand devoir que nous avons c’est de défendre l’honneur de nos parents car ils

ont investi en nous ce qu’ils ont de plus important. Puisse ce modeste et perfectible travail vous inspirer à mieux faire.

A mon grand frère HANDJILA Djeskain. Vous avez été d’une grande aide dans la réalisation de ce travail.

A mon tendre et précieux ami, Fidèle SALUMU KAKANDU, ton implication, tes conseils et tes encouragements m’ont permis de

réaliser ce travail. Je te le dédie affectieusement en signe de ma reconnaissance et de mon attachement sincère.

3
REMERCIEMENTS

A Monsieur le Recteur de l’Université de Kinshasa, Professeur Dr KAYEMBE NTUMBA Jean Marie, à Mr le Secrétaire Général

Académique, Professeur Dr Eustache BANZA NSOMWE-A-NFUNKWA, à Mr le Secrétaire General Administratif, Professeur Dr

Godefroid KABENGELE DIBWE, à Mme l’Administrateur du Budget.

Aux Professeurs Docteurs Roger MBUNGU MWIMBA, Doyen de la faculté de Médecine ; Andy MBANGAMA MUELA, Vice-

Doyen chargé de l’enseignement ; Eric KAMANGO NTAMBWE, Vice-Doyen chargé de la Recherche, Spécialisation et Agrégation ;

Pius KABUTUTU ZAKAYA, Secrétaire académique de la faculté et à tous les enseignants qui ont su nous donner une formation

didactique appréciable durant tout notre cursus.

A notre directrice de mémoire, Professeur Thérèse MAMBU NYANGI. Il nous est très agréable de vous exprimer notre gratitude et

reconnaissance pour avoir accepté la direction de ce mémoire. Vous avez fait preuve d’une patience et d’une écoute appréciable durant

l’élaboration de ce travail. Nous vous remercions pour votre soutien, votre disponibilité, vos conseils précieux et orientations qui nous ont

été d’un grand apport dans la réalisation de ce mémoire.

Aux membres du jury, Chers maîtres, vous nous avez honorés d’accepter avec grande sympathie de siéger parmi notre jury de mémoire.

Veuillez trouver ici l’expression de notre grand respect et de nos vifs remerciements.

4
A tous les Professeurs de la Faculté de Médecine de l'Université de Kinshasa. Veuillez accepter, chers maitres, nos humbles remerciements

pour la qualité des enseignements dont nous avons bénéficiés de la part de chacun de vous.

Nos remerciements les plus sincères à tous les Chefs de travaux et A tous les Assistants de la faculté de médecine, vous nous avez sans

cesse soutenus par vos encouragements et vos conseils avisés. Merci pour votre constante disponibilité. Que Dieu vous bénisse.

A ma tante Genevieve BAHEKA, merci de m’avoir prêté main forte toutes les fois que j’en avais le plus besoin.

Aux familles MAMBUIYA, HANDJILA ainsi qu’à leurs descendants

A mes frères Néhémie et Christian MAYAMBO, merci pour votre compagnie durant mon cursus académique.

Au docteur Chief LIMANGA, merci d’avoir forgé en moi la soif de l’excellence.

A toute la famille de l’Ecodim Chapelle des Vainqueurs, particulièrement au coulpe KALALA, merci pour vos prières et vos

encouragements.

A tous mes amis : Eunice MAYIKILU, Jael MASIKA, Christian LUNTALA, Prisca BAKU, Naomie BANYANGA, Marie-Helène

BARDJIS, Angie BOTEMA, Marleine BASA, Bernadette FATANA, Stella EYALA, Ursule KISELE, Eunice KATSHOUNGA, Rose

LONGONDO, Naomie LAKU, Grâce MALONDA, Thérèse NGOYA.

A mes compagnons de lutte : Eden DAMENA, Maryse EZANGU, Jeef EYALA, Djany ETOKILA, Rostand FOKA, Sandrine

GUIADEM, José GISUPA, Michée GUMBA, Glody HANYANGE, Mimie IKOKO, Lazard INZAGO, Maria ISSA, Prudent

ITUMBA, Maria JA-YONG, Alice KABANGA, Prisca KABANGU, Trésor KABASELE, Keren KADIATA, Prisca KAJA.

A tous les camarades de promotion pour ces huit belles années passées ensemble : Nous ne pouvons trouver les mots justes et sincères

pour vous exprimer notre affection et nos pensées. Vous êtes pour nous des frères, sœurs et des amis sur qui on peut compter.

A tous mes enseignants de l’école maternelle, primaire et secondaire du complexe scolaire SAINT IGNACE et du Lycée sacre-coeur

de Kimwenza.

5
Nos sincères remerciements à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la réalisation de ce travail.

LISTE D’ABREVIATIONS

Abréviation

CUK Cliniques Uuniversitaires de Kinshasa

RDC République Démocratique du Congo

BRCA Breast cancer

CCIS carcinome canalaire in situ

CLIS carcinome lobulaire in situ

THS Traitement hormonal substitutifve

WHI Women's Health Initiative

ADN Acide désoxyribonucléique

IGF Insulin-like growth factor

IRM Imagerie par résonnance magnétique

6
ACR American College of Radiologie

LISTE DE FIGURES

Figure 1 : la répartition des patientes selon leurs sexes………………………….

Figure 2 : Répartition des patientes selon les tranches d'âge……………………..

Figure 3: Répartition selon l'état civil……………………………………………

Figure 4 : Répartition selon le statut hormonal…………………………………...

Figure 5 : Répartition des patientes en fonction de la réalisation ou non d’une

chirurgie…………………………………………………………………………

Figure 6 : Répartition des patientes selon le traitement hormonal………………..

Figure 7: Répartition selon le délai entre la confirmation du cancer et le début du

traitement…………………………………………………………………………..

7
LISTE DE TABLEAUX

Tableau I : Nombre de cas par année de consultation……………………………

Tableau II : Répartition des patients par tranches d’âge…………………………

Tableau III : Répartition des patientes selon les circonstances de découverte de la

pathologie…………………………………………………………………………

Tableau IV: Les antécédents chirurgicaux………………………………………

Tableau V: Les habitudes toxiques……………………………………………….

Tableau VI : Répartition selon la parité…………………………………………

Tableau VII : Répartition des patientes selon leurs âges de ménarche………….

Tableau VIII : Répartition des patientes selon la taille tumorale à l’examen

clinique…………………………………………………………………………..

Tableau IX : La répartition selon le sein atteint…………………………………..

Tableau X : Répartition selon la classification ACR……………………………..

Tableau XI : Répartition selon le type immunohistochimique…………………..

Tableau XII : Répartition des cas en fonction de la réalisation ou non d’une

radiothérapie…………………………………………………………………….

Tableau XIII : Répartition des cas en fonction de la réalisation ou non d’une

chimiothérapie……………………………………….......................................

Tableau XIV : Répartition des patientes selon les stades cliniques……………….

8
Tableau XV : Répartition selon le délai de consultation………………………

Tableau XVI : Répartition selon l’issue thérapeutique…………………………

RESUME

Objectif : Décrire la prise en charge du cancer de sein aux Cliniques Universitaires de Kinshasa (CUK), de janvier 2018 à janvier 2021.

Méthodologie : Une Eétude transversale par revue documentaire a été menée dans le service d’oncologie de Gynécologique des CUK de

janvier 2018 à janvier 2021. Les différentes variables liées à la prise en charge du cancer de sein ont été collectées à l ’aide d’une fiche de

collecte.

9
Résultat : 64 cas de cancer du sein ont été pris en charge au service de gynécologie de Janvier 2018 à Janvier 2021. Le sexe féminin était

majoritairement représenté et l’âge de survenue du cancer de sein était d’au moins 30 ans pour la majorité des cas dont la moyennne d’âge

était de 45 ans. 70,31% des patientes ont consulté pour une masse mammaire avec une prédominance du côté droit. Nous avons trouvé les

antécédents familiaux sSeulement chez 7,81%. 78,12 % des patientes sont des multipares, 56,25 % ont vu leur ménarche après 12ans et

76,6 % des patientes étaient encore en activité génitale. 56,25 % des patientes ont présenté lors de la première consultation, des lésions au

stade IV de la classification TNM. Après réalisation de l’examen histopathologique le type histologique le plus fréquent était le carcinome

canalaire infiltrant soit 64 %. Lla radiothérapie a été réalisée dans 1,56 % des cas, 61% des patientes ont bénéficié de la chirurgie et 51,56

% de la chimiothérapie. Le délai moyen de consultation était de 10 mois et après 1 mois de confirmation du diagnostic, 22% des patientes

ont bénéficié de leur premier traitement.

Conclusion : depuis plusieurs années, le cancer du sein sévit dans le monde et est à l’origine de plusieurs cas de décès. DLes moyens plus

efficaces dans la prise en charge précoce de la maladie permettraient d’améliorer la qualité de vie des patientes avec cancer du sein.

Mots clés : prise en charge ; cancer du sein, Cliniques Universitaires de Kinshasa.

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TABLE DES MATIÈRES

IN MEMORIAM

DEDICACE

REMERCIEMENTS

LISTE D’ABREVIATIONS

LISTE DE FIGURE

CHAPITRE I. INTRODUCTION

I.1. CONTEXTE

I.2. PROBLEMATIQUE

I.3. OBJECTIFS

I.3.1. OBJECTIF GENERAL

I.3.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES

CHAPITRE II. GENERALITES

II.1. DEFINITION

II.2. ETIOLOGIE

II.3. CLINIQUE

II.4. DIAGNOSTIC

II.5. STADES DU CANCER DU SEIN

II.6. TRAITEMENT

11
CHAPITRE III. REVUE DE LA LITTERATURE

III.1. FACTEURS DE RISQUE DU CANCER DE SEIN

III.1.1. Facteurs hormonaux endogènes

III.1.2. Facteurs hormonaux exogènes

III.1.3. Facteurs liés à la reproduction

III.1.4. Facteurs génétiques, environnementaux, démographiques et sanitaires

III.1.5. Facteurs liés aux habitudes de vie et à la nutrition

III.1.1. Facteurs de mauvaise prise en charge du cancer de sein

III.2. MOYENS DIAGNOSTIQUES DU CANCER DU SEIN

III.2.1. Auto-examen des seins

III.1.2. Examen clinique des seins

III.1.3. Mammographie

III.1.4. Imagerie par résonance magnétique (IRM)

III.1.5. Histopathologie

III.3. MOYENS THERAPEUTIQUES DANS LA PRISE EN CHARGE DU CANCER DU SEIN

III.3.1. Chirurgie

III.3.2. Radiothérapie

III.3.3. Chimiothérapie

III.3.4. Thérapie hormonale

III.3.5. Thérapie ciblée

CHAPITRE IV. MATERIEL ET METHODES

IV. 1. CADRE DE L'ÉTUDE

12
IV.1.1. Type détude

IV.1.2. Période détude

IV.2. CRITÈRES DINCLUSION

IV.3. CRITÈRES DEXCLUSION

IV.4. ECHANTILLON

IV.5. VARIABLES

IV.5.1. Variables socio-démographiques

IV.5.2. Variables cliniques et informations recherchées

IV.5.3. Variables paracliniques

IV.5.4. Variables thérapeutiques

IV.5.5. Variables pronostiques et facteurs de mauvaise prise en charge

IV.6. COLLECTE DES DONNÉES

IV.6.1. Supports

IV.6.2. Techniques de collecte des données

IV.7. CONSIDERATIONS ETHIQUES

CHAPITRE V. RÉSULTATS

V.I. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

V.I.1. Résultats généraux

V.I.2. Sexe

V.I.3. Âge

V.I.4. Etat civil

V.II. DONNEES CLINIQUES

13
V.II.1. Circonstances de découverte

V.II.2. Antécédents héréditaires

V.II.3. Antécédents médico-chirurgicaux

V.II.4. Antécédents gynécologiques

V.II.5. Caractéristiques de la masse

5.1. Taille tumorale clinique

5.2. Topographie de la tumeur

V.III. DONNÉES PARACLINIQUES

V.III.1. Mammographie

V.III.2. Examen histopathologique

V.III.3. Immunohistochimie

V.IV. DONNEES THERAPEUTIQUES

V.IV.1. Traitement locorégional

1.1. Chirurgie

1.2. Radiothérapie

1.3. Chimiothérapie

1.4. Hormonothérapie

V.V. DONNÉES DU PRONOSTIC

V.V.1. Stade clinique

V.V.2. Délai de consultation

V.V.4. Délai entre la confirmation du cancer du sein et le traitement

V.V.5. Issue thérapeutique

CHAPITRE VI. DISCUSSION

14
CONCLUSION

CHAPITRE I. INTRODUCTION

I.1. CONTEXTE

L’émergence des pathologies cancéreuses dans le monde en général, et en République Démocratique du Congo (RDC) en particulier,

notamment le cancer du sein, nécessite une révision dans sa prise en charge qui supposerait une formation des professionnels de santé à la

prise en charge du cancer du sein, un développement des structures adaptées à la prise en charge de la maladie, des campagnes

d'information visant le grand public, une mobilisation des moyens financiers, une accessibilité aux anticancéreux.

Le cancer du sein en RDC est très fréquent chez la femme, car la majorité des cas et des décès qui en sont liés sont recensés dans les pays

dits en développement où l'absence de politique sanitaire efficace, d’infrastructures hospitalières adéquates font que les soins de santé

soient pratiquement inaccessibles. Or le cancer du sein est potentiellement évitable grâce aux programmes de dépistage bien conçus et bien

structurés. D'où l'intérêt de notre travail qui a pour but de réaliser une étude descriptive de la prise en charge du cancer du sein aux

Cliniques Universitaires de Kinshasa dans le souci de contribuer tant soit peu à l'amélioration de la qualité de vie des patientes qui

développent cette maladie.

I.2. PROBLÉMATIQUE

A l’origine, près de 10 millions de décès en 2020, le cancer est une des principales causes de mortalité dans le monde. Les cancers les plus

courants étaient les suivant : le cancer du sein (2,26 millions de cas), le cancer du poumon (2,21 millions de cas), le cancer colorectal (1,93

million de cas), le cancer de la prostate (1,93 millions de cas), le cancer de la peau (1,20 million de cas), le cancer de l’estomac (1,09

15
million de cas). Les cancers à l’origine du plus grand nombre de décès étaient : le cancer du poumon (1,80 million de décès), le cancer

colorectal (935 000 décès), le cancer du foie (830 000 décès), le cancer de l’estomac (769 000 de décès), et le cancer du sein (685 000 de

décès) [1]. La recherche biomédicale porte une attention particulière à la prise en charge du cancer depuis plusieurs décennies. Cette

pathologie est difficile à traiter par rapport à une infection causée par un pathogène puisqu'il faut lutter contre les cellules cancéreuses sans

endommager les cellules saines ; ce qui est très complexe [2].

Aux Etats-Unis d’Amerique, le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme après celui de la peau. Il est aussi la principale cause de

décès après le cancer des poumons. Il est la principale forme de cancer diagnostiqué chez les Canadiennes. Il représente en effet 30%

environ de tous les nouveaux cas de cancer. La fréquence augmente après l'âge de 30 ans, mais c’est chez les femmes de 60 ans qu'elle est

la plus élevée. Le taux de mortalité du cancer du sein au Canada figure parmi le plus élevé au monde [3].

L’Organisation Mondiale de la Santé nous renseigne que les Etats-Unis d’Amérique travaillent de manière considérable dans le but de

contrôler la maladie à travers un programme de développement d’une approche intégrée appelée « lutte globale contre le cancer ». Cette

approche inclut des programmes, des services et une évaluation de la surveillance, des politiques, de la recherche, des initiatives

d’éducation et des interventions. Et ceci permettra aux institutions sanitaires et aux responsables politiques de bien définir les priorités dans

l’utilisation des ressources limitées [4].

En Europe en 2012, 464.000 femmes ont reçu un effrayant diagnostic de cancer du sein et 131.000 en sont mortes [5].

En France, les données du Ministère de la santé du 11 juillet 2001 rapportent que le cancer du sein représente 32% de nouveaux cas de

cancer, soit 33.867 nouveaux cas chaque année et il est responsable de 19% de décès. La probabilité pour une femme française d’avoir un

cancer du sein au cours de sa vie est de 10,1%. Il est rare avant 30 ans et extrêmement fréquent entre 60 et 64 ans. En Europe du nord, la

fréquence la plus élevée de cancer du sein est identifiée aux Pays-Bas, soit 120 pour 100.000 et la fréquence la plus faible en Espagne et en

Grèce, soit 61-63 pour 100.000 en Europe du Sud. Le dépistage et le diagnostic du cancer du sein en France reposent sur les méthodes de

détection dont la plus importante est la mammographie. Ces dernières années, le taux de décès lié au cancer du sein a chuté grâce à un

diagnostic plus précoce et au développement de meilleurs traitements.

16
Le programme national de dépistage du cancer du sein repose sur le réseau des cabinets de radiologues privés, les femmes âgées de 50 à 74

ans qui s'y présentent sur invitation ou sur ordonnance d’un médecin, bénéficient d’un examen clinique et de deux clichés

mammographiques gratuits.

L'incidence la plus faible de cancer du sein s'observe dans les pays d'Asie et en développement. Les incidences varient de 27/100.000 en

Asie Centrale-Est [6]. En 1984, l’Inde a mis au point un programme visant à développer la connaissance des facteurs de risque et des

signes d’alerte précoces du cancer du sein, dans le but de permettre à la population d’adopter une hygiène de vie saine, de réaliser des

examens inclus dans les procédures médicales afin détecter et de diagnostiquer précocement la maladie [4].

En Australie, le cancer du sein est très fréquent. Il représente 28,2 % de tous les cancers recensés en 2008 et 15,5% de tous les décès par

cancer chez les femmes en 2007 [4].

En Afrique, le cancer du sein est le 4ème cancer le plus fréquent dans la population générale après celui du foie, de la peau et du col [7]. En

Algérie, le nombre annuel des cas touchés par le cancer du sein ainsi que le taux de mortalité restent élevés. Au Maroc, il vient au premier

rang des cancers de la femme avant celui du col utérin. Il constitue un problème de santé publique. Son pronostic est étroitement lié au

stade auquel le diagnostic est posé [8].

Très peu de pays d’Afrique sub-saharienne ont connu des progrès dans la prise en charge du cancer du sein compte tenu de l’inexistence

des éléments essentiels à la prise en charge de la maladie. En Guinée, un registre du cancer de sein de la population a été créé en 1990 pour

enregistrer les cas de cancers incidents parmi les habitants de Conakry. Malheureusement, le pays ne possédait qu’un seul service

d’histopathologie qui avait un matériel de base limité permettant de poser le diagnostic de certitude du cancer de sein [4]. Dans la

République du Bénin, la mortalité par cancer s’explique par plusieurs facteurs dont l’inaccessibilité aux soins au moment opportun [9]. Au

Niger, 27,36 % de cas de cancer du sein ont été enregistrés de 1992 à 2009. Il demeure un réel problème de santé publique en l’absence de

politique de santé adéquate et adaptée pour leur diagnostic précoce,ce qui explique la prise en charge tardive, voire inexistante [10]. Au

Sénégal, bien que le diagnostic soit posé grâce à l’histologie, la majorité des patientes (75 %) consultent tardivement, ce qui fait de la

chirurgie, le traitement le plus utilisé, mutilante, plus longue, et, plus coûteux. En ce qui concerne la chimiothérapie, en dehors du coût

exorbitant des produits, leur disponibilité pose problème [11]. En RDC, 4.137 cas de cancers ont été répertoriés dont 13,7 % de cas de

17
cancer du sein enregistrés de 1969 à 2008 [12]. Il est le deuxième cancer le plus fréquent chez la femme congolaise après celui du col de

l’utérus. Faute de dépistage précoce et des moyens de traitement, de nombreuses femmes en meurent [13].

Aux Cliniques Universitaires de Kinshasa, le cancer du sein occupe la première place pour l’ensemble des cancers gynécologiques, avec

une fréquence de 82,5 % de cas enregistrés de 2003 à 2018 ; ensuite viennent les cancers du col utérin et de l'ovaire [14]. Si les pays

développés tentent de contrôler la maladie, quels sont les facteurs susceptibles de constituer un obstacle Comment se fait à la prise en

charge adéquate du cancer du sein dans les pays dits en développement, plus précisément en République Démocratique du Congo et aux

cliniques universitaires de Kinshasa ?

I.3. OBJECTIFS

I.3.1. OBJECTIF GENERAL

⮚ Décrire la prise en charge du cancer du sein aux Cliniques Universitaires de Kinshasa (CUK), de janvier 2018 à janvier 2021.

I.3.2. OBJECTIFS SPÉCIFIQUES

⮚ Décrire les caractéristiques socio-démographiques des patientes avec cancer du sein aux CUK de 2018 à 2021 ;

18
⮚ Déterminer la fréquence du cancer du sein aux CUK de 2018 à 2021 ;

⮚ Décrire les différents stades cliniques du cancer du sein à partir desquels les patientes ont consulté les CUK de 2018 à 2021 ;

⮚ Déterminer le délai entre l’apparition des symptômes et la première consultation ;

⮚ Déterminer le délai entre la confirmation du cancer du sein et le traitement ;

⮚ Déterminer la nature histopathologique du cancer des patientes ayant consulté les CUK de 2018 à 2021 ;

⮚ Décrire la prise en charge réalisée chez les patientes avec cancer du sein aux CUK de 2018 à 2021.

19
CHAPITRE II. GENERALITES

II.1. DÉFINITION

Le cancer du sein est une tumeur maligne caractérisée par une prolifération anarchique des cellules de la glande mammaire.

II.2. ETIOLOGIE

Les causes de cette pathologie sont jusque-là mal connues. Néanmoins, quelques facteurs de risque sont retenus :

- Les facteurs familiaux : mutation des gênes BRCA1 ou BRCA2 ;

- Les facteurs personnels : antécédents de cancer du sein, de l’ovaire, de l’endomètre ;

- La vie génitale : puberté précoce, ménopause tardive, nulliparité ou pauciparité, première grossesse tardive ;

- Les mastopathies bénignes;

- Les facteurs nutritionnels: obésité;

- Niveau socio-économique : niveau de vie élevé, vie urbaine ;

- L’hyper-oestrogénie;

- Les irradiations.

Cette maladie existe sous plusieurs formes cliniques :

- Lésions frontières : hyperplasie atypique, carcinome in situ ;

- Cancers invasifs : épithélioma lobulaire, épithélioma galactophorique, maladie de Paget du mamelon.

II.3. CLINIQUE

A l’inspection : peau ulcérée avec l'aspect de peau d’orange, sein augmenté de volume, présence d'un nodule.

20
A la palpation : présence d'une masse de consistance dure, immobile adhérant au plan profond, des adénopathies sus-claviculaires, sous-
claviculaires, axillaires ou de la mammaire interne.

II.4. DIAGNOSTIC

Le diagnostic peut être fait par la patiente elle-même grâce à l’autopalpation ; par un médecin à l’examen physique ou sur les

mammographies de dépistage ou sur le bilan de métastases.

Pour orienter ou confirmer le diagnostic, plusieurs moyens sont utilisés :

- La mammographie;

- L’échographie;

- La cytoponction;

- La biopsie qui permet de poser le diagnostic.

II.5. STADES DU CANCER DU SEIN

Stade 0
L’un des énoncés suivants s’applique :
● Les cellules cancéreuses se trouvent seulement dans le revêtement d’un canal mammaire. Cest un carcinome canalaire in situ
(CCIS).
● Il y a une accumulation de cellules anormales dans les lobules du sein. Cest un carcinome lobulaire in situ (CLIS).

Stade 1A

21
La tumeur mesure 2 cm ou moins.

Stade 1B
La tumeur mesure 2 cm ou moins où l’on ne détecte aucune tumeur dans le sein. On observe un petit nombre de cellules cancéreuses dans
les ganglions lymphatiques (micrométastases). Chaque ganglion atteint par le cancer ne mesure pas plus de 2 mm.
Stade 2A
La tumeur mesure 2 cm ou moins où l’on ne détecte aucune tumeur dans le sein. On observe des cellules cancéreuses dans 1 à 3 ganglions
lymphatiques de l’aisselle (ganglions axillaires), dans des ganglions lymphatiques situés à lintérieur du thorax, autour du sternum
(ganglions mammaires internes) ou dans ces deux régions.
Stade 2B
La tumeur mesure plus de 2 cm, mais pas plus de 5 cm. Le cancer s ’est également propagé à environ 1 à 3 ganglions lymphatiques
axillaires, aux ganglions lymphatiques mammaires internes ou à ces deux régions. La tumeur mesure plus de 5 cm.

Stade 3A
La tumeur mesure 5 cm ou moins où l’on ne détecte aucune tumeur dans le sein. On observe des cellules cancéreuses dans 4 à 9 ganglions
lymphatiques axillaires ou dans des ganglions lymphatiques mammaires internes, mais pas dans des ganglions axillaires.

La tumeur mesure plus de 5 cm. Le cancer s’est également propagé aux alentours de 1 à 9 ganglions lymphatiques axillaires ou à des
ganglions lymphatiques mammaires internes ou bien il peut s’être propagé dans 1 à 3 ganglions axillaires et ganglions mammaires internes.

Stade 3B
La tumeur a envahi les muscles de la paroi thoracique, soit la peau, soit les deux. Le cancer peut aussi s’être propagé dans 1 à 9 ganglions
lymphatiques axillaires ou à des ganglions lymphatiques mammaires internes ou bien il peut s ’être propagé à 1 à 3 ganglions axillaires et
ganglions mammaires internes. C’est un cancer inflammatoire du sein.
Stade 3C

L'un des énoncés suivants s'applique :

Le cancer s’est propagé à au moins 10 ganglions lymphatiques axillaires ou à des ganglions lymphatiques situés sous la

clavicule (ganglions infra-claviculaires).
Le cancer s’est propagé à plus de 3 ganglions lymphatiques axillaires et ganglions lymphatiques mammaires internes.

Le cancer s’est propagé aux ganglions lymphatiques situés au-dessus de la clavicule (ganglions sus-claviculaires).

Stade 4

22
Le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps (métastases à distance), comme aux os, au foie, aux poumons ou au cerveau. On parle
aussi de cancer du sein métastatique.

II.6. TRAITEMENT

La prise en charge du cancer du sein se veut multidisciplinaire. Elle est assurée par la chirurgie qui intervient à des stades opérables, la

radiothérapie, la chimiothérapie, la thérapie ciblée, l'immuno-histochimie et l'hormonothérapie.

23
CHAPITRE III. REVUE DE LA LITTÉRATURE

III.1. FACTEURS DE RISQUE DU CANCER DU SEIN

La maîtrise des facteurs de risque du cancer du sein nous permet d'éviter la maladie. Ces facteurs sont regroupés en plusieurs sections.

III.1.1. Facteurs hormonaux endogènes

⮚ Âge précoce des premières menstruations

De nombreuses études montrent que la survenue de premières règles avant l’âge de 12 ans augmente le risque de cancer du sein [15]. Le

fondement biologique de cette association correspond à l’exposition précoce et prolongée à l’imprégnation hormonale qui existe durant la

période d’activité des ovaires. Cette exposition est considérable lorsque les cycles menstruels sont réguliers. Une telle hypothèse concorde

avec les taux d’oestrogènes élevés après les règles que l’on observe chez les femmes qui ont eu leurs menstruations précocement [16].

Selon une étude descriptive des facteurs de risque du cancer du sein, Clavel chapelon F. et ses collaborateurs rapportent qu’une puberté

précoce expose les femmes aux oestrogènes pendant une plus longue durée au cours de sa vie et l’augmentation correspondante du risque

de cancer du sein est estimée à 3 % par année [17].

⮚ Ménopause tardive

Les femmes qui ont leur ménopause après 50 ans présentent un risque accru de cancer du sein, en comparaison avec celles dont les

menstruations cessent précocement. Le risque de cancer du sein augmente d’environ 3 % chaque année à partir de l’âge présumé de la

ménopause [18]. Le mécanisme par lequel la ménopause tardive augmente le risque de cancer du sein s’explique par la production

prolongée des hormones ovariennes [19].

24
III.1.2. Facteurs hormonaux exogènes

⮚ Contraceptifs oraux

Le risque de cancer du sein a augmenté d’environ 25 % chez les femmes utilisant couramment les contraceptifs oraux. Un rapport de la

société des obstétriciens et gynécologues du Canada spécifie que le fait d’avoir déjà utilisé des contraceptifs oraux n'entraîne pas un

accroissement du risque de cancer du sein associé à l'hormonothérapie [20]. Le cancer du sein est rare chez les jeunes femmes en âge de

procréer qui utilisent les contraceptifs oraux, et une utilisation importante de ces produits n'entraîne pas un nombre supplémentaire de cas.

En revanche, l'utilisation tardive de ces médicaments entraîne une augmentation relative du risque de cancer du sein au moment où le

risque naturel devient appréciable.

Ainsi, plus les contraceptifs oraux seront utilisés tardivement, plus le nombre de cas de cancer du sein qui en résulterait sera important

[21].

⮚ Traitement hormonal substitutif (THS)

Le THS de la ménopause est prescrit pour réduire le taux d'hormones ovariennes circulantes. Les femmes sous THS présentent un risque

élevé de cancer du sein par rapport aux femmes qui ne l’ont jamais utilisé, et ce risque de cancer du sein augmente avec la durée

d’utilisation. Pour les femmes ayant suivi un THS pendant cinq ans ou plus, le risque est augmenté de 26 à 35 % [22]. Cependant, le risque

attribuable (effet réel du THS) diminue dès l'arrêt du traitement. Il a également été montré que, chez les femmes ayant eu recours au THS à

l’âge de 50 ans, et qui l’ont poursuivi durant 5, 10 et 15 ans, l’accroissement de risque est respectivement de 2, 6 et 12 cas pour 1.000 [19].

Par ailleurs, l’effet du THS varie selon la composition des produits. Le risque relatif est de 2 % chez les femmes utilisant une association

oestroprogestative, tandis qu'il n'est augmenté que de 30 % chez les femmes recevant un traitement oestrogénique seul [23]. L'étude

américaine WHI (Women's Health Initiative Study 24), dont les premiers résultats ont été publiés en 2002, a révélé que les femmes qui

prennent une association oestroprogestative à la ménopause durant plus de 5 ans augmentent légèrement leur risque de cancer du sein.

Selon une étude cohorte menée en France, les femmes qui utilisent la progestérone micronisée au lieu d’un progestatif synthétique ne

verraient pas leur risque du cancer du sein s’accroître.

Un des mécanismes par lesquels le THS influence le risque de cancer du sein est qu’il retarde les effets de la ménopause [19].

25
III.1.3. Facteurs liés à la reproduction

La nulliparité

Les femmes qui ont mené au moins une grossesse à terme avant l’âge de 30 ans présentent, en moyenne, un risque de cancer du sein

diminué de 25 % par rapport aux femmes nullipares [24]. Une étude série des cas a été réalisée sur le profil épidémiologique et

anatomopathologique du cancer de sein au Maroc : 21,1 % des patientes étaient des nullipares [25]. Sano DI et ses collaborateurs dans “Le

cancer du sein : problèmes diagnostiques et thérapeutiques au CHU de Ouagadougou 1998” ont trouvé 54% de multipares parmi les

femmes présentant un cancer du sein au Burkina Faso [26].

III.1.4. Facteurs génétiques, environnementaux, démographiques et sanitaires

⮚ Histoire familiale et mutations génétiques

L’histoire familiale est associée, de manière régulière, à un risque accru de cancer du sein. Le risque relatif pour toute forme de parenté est

d’environ 1,9 et l’excès de risque est plus marqué chez les femmes plus jeunes et lorsque la maladie s’est développée chez une proche

parente (mère, fille ou soeur) avant l’âge de 50 ans [27].

Par ailleurs, certaines mutations génétiques sont susceptibles d’augmenter le risque de cancer du sein. Deux gènes, BRCA1 et BCRA2,

semblent les plus impliqués.

Par rapport à la population générale, les femmes porteuses des mutations sur ces gènes présentent un risque accru de cancer du sein. Il est

estimé que le risque associé aux mutations de ces gènes dépasse 80 % pour les femmes et 6 % pour les hommes, lorsque le sujet porteur de

ces gènes atteint l’âge de 70 ans [28]. Le fait d’avoir le même environnement, le même style de vie et un patrimoine génétique commun,

ajouté à l’instabilité génomique en rapport avec les mutations, expliquerait en partie le risque accru de cancer du sein associé à l’agrégation

familiale et aux mutations génétiques [19].

⮚ Radiations ionisantes

26
Un suivi intensif de plusieurs groupes de population a montré que le sein est l’un des organes les plus sensibles aux effets des radiations

[17]. L’exposition du tissu mammaire aux radiations ionisantes, avant l’âge de 40 ans, est susceptible de provoquer un cancer du sein dans

les années ultérieures. Le risque de cancer du sein est similaire pour une exposition unique ou pour des expositions multiples à intensité

totale égale [29]. Les radiations ionisantes augmentent le risque de cancer du sein dans la mesure où elles endommagent l’ADN et ses

constituants [19].

⮚ Âge

L’âge est le facteur de risque le plus important vis-à-vis du cancer du sein [30]. La maladie est rare chez les femmes de moins de 30 ans, le

risque augmente entre 50 et 75 ans [19]. Essiben F. et ses collaborateurs ont mené une étude descriptive en 2007 dans le but de décrire les

aspects cliniques et thérapeutiques du cancer du sein à l’hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé. Il ressort de cette étude

que le cancer du sein touche aussi les patientes dont l’âge est compris entre 17 et 75 ans [31]. Les maladies bénignes du sein constituent un

facteur de risque de cancer du sein, elles sont histologiquement divisées en deux groupes : les lésions prolifératives et les lésions non

prolifératives avec ou sans atypie. Les lésions non prolifératives ne sont généralement pas associées à un risque accru de cancer du sein ou,

si elles le sont, le risque est très faible. Les lésions prolifératives sans atypie multiplient le risque par deux, tandis que les lésions

hyperplasiques avec atypie augmentent ce risque d’au moins quatre fois [17]

⮚ Densité mammographique

Le risque de cancer du sein augmente avec le niveau de densité des tissus mammaires, en mammographie. Pour les femmes ayant des seins

denses en mammographie, le risque est multiplié de deux à six fois. Cette augmentation du risque est indépendante de l’effet des autres

facteurs de risque.

On estime que 30 % des cas de cancer du sein sont attribuables à une densité mammaire à la mammographie supérieure à 50 % par rapport

à la moyenne [32].

27
III.1.5. Facteurs liés aux habitudes de vie et à la nutrition

⮚ Obésité et prise de poids

L’obésité est associée à un profil hormonal soupçonné de favoriser le développement du cancer du sein. L’obésité augmente d’environ 50

% le risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées, probablement en raison de l’augmentation des concentrations sériques

d’oestradiol libre [17]. Cependant, parce qu'elle donne souvent lieu à des cycles menstruels anovulatoires, l’obésité n'augmente pas le

risque chez les femmes avant la ménopause. Elle serait même associée à un risque réduit chez ces femmes dans les pays économiquement

développés [16]. Toutefois, l’obésité apparaît comme un facteur de risque important après la ménopause. Par ailleurs, les femmes ayant un

surpoids de plus de 20 kg, à partir de l’âge de 18 ans, présentent, après la ménopause, un risque de cancer du sein multiplié par deux [33].

L’excès de tissu adipeux entraîne l’augmentation de la production et du temps d’exposition aux hormones stéroïdiennes [34]. Le tissu

adipeux est également un site de stockage et de métabolisme des stéroïdes sexuels. Après la ménopause, l’aromatisation des androgènes

dans le tissu adipeux est l’une des plus considérables sources d’oestrogènes circulants [19].

Une étude transversale réalisée en France et publiée en 2019, nous renseigne que 5,4 % des cancers sont attribuables à l’excès pondéral.

Soit 18.600 cas dont 4.500 cas du cancer du sein [35].

⮚ Tabagisme

La fumée du tabac est une importante source de substances carcinogènes. Pourtant, la cigarette n’est pas considérée comme un facteur de

risque établi du cancer du sein. Certains investigateurs ont trouvé que les fumeuses présentent un risque réduit, d’autres aucun risque tandis

que d’autres ont rapporté une augmentation de risque associée au tabagisme. Le tabagisme passif semble associé à un risque augmenté

d’environ 60% ; ce risque est multiplié par trois chez les femmes après la ménopause [36]. L’effet protecteur de la cigarette dans le cancer

du sein serait dû à une diminution des oestrogènes circulants et à l’action anti-oestrogénique du tabac. Il a été rapporté que les fumeuses

ont une ménopause précoce et une concentration urinaire réduite d’oestrogènes pendant la phase lutéale du cycle menstruel [37].

⮚ Alcool

28
L’alcool est le seul facteur nutritionnel établi de risque de cancer du sein. Ce risque augmente d’environ 7 % pour une consommation

moyenne d’une boisson alcoolique par jour [38]. Les femmes ayant un cancer du sein, et consommant au moins une boisson alcoolisée par

jour, ont une durée de survie diminuée de 15 % à 40 %, comparativement à celles qui ne boivent pas d’alcool [39].

L’alcool provoque une augmentation du niveau des hormones dans le sérum et une production accrue de facteurs de croissance IGF

(insulin-like growth factor). Les IGF agissent comme des mitogènes, inhibent l’apoptose et interagissent avec les oestrogènes. Une

production accrue d’IGF augmente le risque de cancer du sein, surtout avant la ménopause [40].

III.1.6. Facteurs de mauvaise prise en charge du cancer du sein

⮚ Délai du traitement du cancer du sein

Dans plusieurs pays, les délais de prise en charge et les délais d’accès aux services de soins sont devenus une priorité dans les politiques de

santé publique [41]. Cette mesure apparaît ainsi comme un élément important dans la qualité et dans la continuité des soins. C ’est aussi un

indicateur de performance du système de soins et un traceur des inégalités d’accès aux soins [42]. Cependant, la prise en charge des

patientes atteintes de cancer du sein doit pouvoir prendre le temps d’une décision réfléchie et multidisciplinaire pour aboutir aux choix des

traitements les plus adaptés [43]. Certains pays se sont engagés dans l’évaluation et la réduction chiffrée des délais de prise en charge des

cancers et en ont fait un objectif de leurpland’action [44].

Plusieurs études ont été menées pour mieux connaître ces délais de prise en charge du cancer du sein vu que le pronostic de ce dernier en

dépend. Cependant, avant d’établir s’il existe un retard au traitement du cancer du sein, il convient de définir ce que l’on dénomme « délai

de prise en charge » : c’est le temps écoulé entre le diagnostic initial d’un cancer du sein et l’initiation de son traitement quelles qu’en

soient les modalités.

Il s’avère donc capital de pouvoir maîtriser ce temps d’attente lors du parcours de soins, à la fois pour le succès du traitement et pour

répondre aux besoins des malades. Majdouline El Fouhi et ses collaborateurs ont trouvé un délai moyen de consultation de 10 mois [25].

29
En Tunisie, suite à l’absence des données sur les délais de prise en charge du cancer du sein, une étude descriptive rétrospective a été

menée sur un échantillon de dossiers médicaux de patientes diagnostiquées, opérées et suivies pour un cancer du sein au Service de

gynécologie et obstétrique du CHU Farhat Hached de Sousse en 2013. Les résultats obtenus étaient les suivants : Le délai médian d'accès

au diagnostic était de 13 jours. Cent et une patientes (55,2 %) avaient un délai inférieur à 15 jours entre le résultat de l’écho-

mammographie et le résultat de l’examen anatomopathologique.

Concernant les cas où le premier traitement était la chirurgie, le délai médian d’accès à la chirurgie était de 35 jours. Seulement 11,8 % des

femmes ont bénéficié d’une chirurgie dans un délai inférieur à 15 jours après la confirmation histologique de la malignité de la tumeur.

Pour les cas où le premier traitement était une chimiothérapie néo-adjuvante, le délai médian d’accès à la chimiothérapie néo-adjuvante

était de 62,5 jours. Une femme sur quatre (20,8 %) commence sa chimiothérapie néo-adjuvante dans un délai inférieur à 30 jours après la

confirmation histologique.

Indépendamment de la nature du premier traitement, le délai médian d’accès au traitement était de 35 jours, le premier traitement a débuté

plus de 30 jours après la confirmation histologique de la malignité chez 65,9 % des femmes.

Le délai médian global de la première prise en charge thérapeutique était de 52 jours. La majorité des femmes (62,6 %) accédaientt à une

première prise en charge thérapeutique dans un délai allant d’un à trois mois après avoir découvert leur cancer radiologiquement (écho-

mammographie) ; 13,8 % dans un délai inférieur à 30 jours et 23,6 % ont dépassé les 90 jours [45].

⮚ Facteurs socio-économique et socio-culturels :

Le pronostic du cancer du sein est étroitement lié au stade auquel le diagnostic est posé. Il s'agit d'une pathologie dont les moyens

diagnostiques sont de nos jours développés, allant de la détection précoce à la mise en évidence de lésions infra-cliniques ; ce qui a

nettement amélioré le pronostic dans les pays développés. Une étude rétrospective a été menée de janvier 2012 à janvier 2013 portant sur

130 patientes porteuses d'un cancer du sein dans le service d'onco-radiotherapie CHU Mohammed VI Marrakech dans le but d'identifier les

facteurs qui amènent les patientes à consulter à des stades tardifs.

30
Ainsi, 63,07 % des patientes consultées au-delà de six mois avec un délai moyen de consultation de 8,47 mois avec comme motif de

consultation des lésions classées T4 dans 27,69 %, et des tumeurs d'emblée métastatiques dans 13,84 %. Les facteurs retrouvés à

l'interrogatoire étaient le manque de moyens financiers (40 %), l’éloignement des structures sanitaires dans 23 % des cas, les habitudes

socioculturelles avec les traitements traditionnels en première intention représentent 20 %, et l'insuffisance de prise en charge

thérapeutique estimée à 7 % [46]. Bane et Kadiatou, dans leur étude rétrospective et descriptive, ont trouvé 59,5 % des patientes avec

cancer du sein au stade IV [47].

La mammographie est encore inaccessible à la majorité de la population sénégalaise du fait d’une mauvaise répartition territoriale des

centres d’imagerie qui en disposent. En outre, le coût de cet examen est élevé, entre 40.000 FCFA (60 Euros) et 80.000 FCFA (120 Euros),

largement au dessus des possibilités financières du sénégalais moyen. Il faut aussi déplorer la qualité de certains clichés qui ne répondent

pas souvent aux critères de validité ou d’interprétation requis pour servir de test de dépistage. De gros efforts de formation, de

décentralisation et d’exonération méritent d’être déployés dans ce domaine de la radiologie pour vulgariser la mammographie aux fins de

dépistage [11].

Selon plusieurs auteurs, le message de sensibilisation serait mieux transmis par les professionnels de la santé et que, dans ce cas, il

aboutirait à une pratique plus régulière de l’auto-examen des seins [48].

Il ressort d’une étude transversale menée par Serigne Modou Kane Gueye portant sur la problématique de la prise en charge du cancer du

sein au Sénégal, que l'autopalpation est faiblement pratiquée suite à une connaissance insuffisante sur l'auto-examen des seins, mais surtout

à une faible implication (21,4 %) du personnel de santé dans la sensibilisation des populations [11].

III.2. MOYENS DIAGNOSTIQUES DU CANCER DU SEIN

III.2.1. Auto-examen des seins

La valeur de l'auto-examen clinique du sein systématique reste controversée. Certaines sociétés telles que l'American Cancer Society et

l'US Preventive Services Task Force se prononcent contre l'une ou l'autre des modalités de dépistage systématique chez les femmes à

31
risque moyen. D'autres sociétés, dont l'American College of Obstetricians and Gynecologists, prônent l'auto-examen clinique du sein

comme étant une composante importante de dépistage du cancer du sein.

L'examen clinique des seins fait généralement partie des soins annuels systématiques chez les femmes de > 40 ans.

Aux États-Unis d'Amérique, l'examen clinique du sein complète plutôt qu'il ne remplace la mammographie de dépistage. Cependant, dans

certains pays où la mammographie est considérée comme trop coûteuse, l'examen clinique du sein est le seul moyen de dépistage ; les

rapports sur son efficacité dans ce rôle varient. L'auto-examen des seins seul ne suffit pas pour réduire la mortalité. Les preuves de son

utilité sont discutées, mais il est largement pratiqué. Un auto-examen des seins négatif pouvant inciter certaines femmes à renoncer à la

mammographie ou à un examen clinique du sein, il convient d'insister sur la nécessité de cette procédure lorsque l'auto-examen des seins

est enseigné. Les patientes doivent être informées qu'elles sont dans l’obligation de réaliser l'auto-examen des seins chaque mois, le même

jour. Chez la femme réglée, on recommande de réaliser l'examen 2 ou 3 jours après la fin des menstruations parce que les seins sont moins

susceptibles d'être douloureux et tendus [49].

III.2.2. Examen clinique des seins

L'examen clinique des seins est effectué par des praticiens. Le médecin, au cours de son entretien avec la patiente, l'interroge sur son passé

médical personnel et sur les facteurs de risque, en particulier familiaux. Il procède à un examen minutieux des seins et des creux axillaires

à la recherche de ganglions sous les aisselles [50]. Une étude transversale, réalisée à l’Hôpital Général de Douala du 30 avril 2007 au 30

avril 2010, a décrit que le symptôme dominant était une douleur mammaire pour un effectif de 22 patientes, soit 21,4 % suivie de la

tuméfaction du sein, soit 6,8 % [51]. En Algérie, selon l’étude menée par Razali Sofiane en 2018, la localisation de la maladie intéresse le

sein droit, soit 54,35 % et 36,96 % pour le sein gauche contre 8,70 % pour l’atteinte bilatérale [52]. Pour Majdouline El Fouhi, le sein

gauche était le plus concerné avec 50,2 %, suivi du sein droit, soit 44,7 % et la localisation bilatérale, soit 1,3 % [25].

III.2.3. Mammographie

La mammographie est plus efficace chez la femme âgée en partie parce qu'en vieillissant, le tissu fibro-glandulaire mammaire tend à être

remplacé par du tissu adipeux, plus facilement distinguable du tissu anormal. Les lignes directrices du dépistage par mammographie des

32
femmes présentant un risque moyen de cancer du sein varient. Mais en général, le dépistage commence à 40, 45 ou 50 ans et est répété

chaque année ou deux années jusqu'à l'âge de 75 ans.

Le problème du moment et de la fréquence des mammographies de dépistage comprend les éléments suivants :

La précision : elle dépend en partie des techniques utilisées et de l'expérience du radiologue. Certains centres utilisent une

analyse informatique des images numériques de mammographie (mammographie numérique plein champ) pour faciliter le diagnostic. Ces

systèmes peuvent être légèrement plus sensibles dans les cancers invasifs chez la femme de < 50 ans lorsque les résultats sont interprétés

par des radiologues, mais probablement pas lorsqu'ils sont analysés principalement par l'ordinateur.

Les risques : Bien que la mammographie utilise de faibles doses de rayonnements, l'exposition aux rayonnements induit des

effets cumulatifs de risque de cancer. Lorsque le dépistage radiologique débute à un jeune âge, le risque de cancer est augmenté.

Les coûts : Les coûts comprennent non seulement l'imagerie elle-même, mais également les coûts et les risques des tests

diagnostiques nécessaires pour évaluer des résultats d'imagerie [49].

III.2.4. Imagerie par résonance magnétique (IRM)

L'IRM est supposée être plus précise qu'un examen clinique du sein ou qu'une mammographie pour le dépistage des femmes à haut risque

(p. ex., > 20 %) de cancer du sein, telles que les femmes présentant une mutation du gène BRCA.

Pour ces femmes, le dépistage doit comprendre une IRM ainsi qu'une mammographie et un examen clinique du sein. L'IRM a une

sensibilité plus élevée, mais elle peut être moins spécifique. L'IRM peut être recommandée chez les femmes qui ont un tissu mammaire

dense dans le cadre de l'évaluation globale [49].

33
III.1.5. Histopathologie

La biopsie consiste à prélever des fragments de l’éventuelle tumeur à l’aide d’une aiguille, à travers la peau (biopsie dite « percutanée »).

Cet examen permet l’analyse histopathologique ; il est effectué par le médecin radiologue qui va guider son geste par les images obtenues à

la mammographie [53].

Le prélèvement doit être radiographié et la radiographie doit être comparée avec la mammographie effectuée avant la biopsie pour

déterminer si la totalité de la lésion a été enlevée. S'il existe une lésion suspecte du sein, un prélèvement par biopsie au niveau de cette

lésion est nécessaire, car elle permet de réaliser un examen anatomopathologique [50]. Au Mali, une étude a été réalisée au Centre

Hospitalier Mère-Enfant Le Luxembourg de Bamako, au terme de laquelle le carcinome canalaire infiltrant était le plus représenté, soit

85,7 % [47]. Selon Majdouline El Fouhi et ses collaborateurs, ce type histologique représentait 73,2 % [25].

III.3. MOYENS THERAPEUTIQUES DANS LA PRISE EN CHARGE DU CANCER DU SEIN

Les principaux traitements du cancer du sein sont la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, l'hormonothérapie et la thérapie

moléculaire ciblée. Ces traitements peuvent être utilisés seuls ou associés les uns aux autres. La chirurgie et la radiothérapie sont des

traitements locaux. Ils permettent un contrôle local de la maladie, dans le sein et dans les aires ganglionnaires voisines. Ils diminuent

également le risque de récidive.

Les traitements médicamenteux (chimiothérapie, hormonothérapie et thérapie moléculaire ciblée) sont des traitements généraux, appelés

aussi traitements systémiques. Ils complètent la chirurgie et la radiothérapie et visent un contrôle général de la maladie, en diminuant le

risque de récidive et de métastases à distance.

III.3.1. Chirurgie

La chirurgie est souvent le premier traitement entrepris. Elle sert à enlever la tumeur cancéreuse. Dans le cas du cancer du sein, elle se

nomme mastectomie. La mastectomie est partielle ou segmentaire (une partie du sein est enlevée) ou totale (tout le sein est retiré). On y

ajoute presque toujours une chirurgie aux ganglions lymphatiques de l’aisselle. Le choix du type de mastectomie repose entre autre sur la

taille de la tumeur, son type et son emplacement dans le sein. La préférence de la femme est aussi prise en compte. La mastectomie peut

34
être partielle ou tumorectomie : le chirurgien enlève le tissu cancéreux (tumeur) ainsi qu’un peu de tissu sain autour de la tumeur. Il s’agit

d’une chirurgie conservatrice du sein ou totale, le sein est entièrement retiré : les glandes mammaires, le tissu gras, le mamelon et la peau.

Elle est choisie lorsqu’il n’est pas possible de faire une mastectomie partielle. Cela se fait dans environ 20 à 25 % des cas de cancer du sein

[20].

III.3.2. Radiothérapie

La mastectomie partielle doit généralement être suivie de radiothérapie afin de détruire les cellules cancéreuses qui pourraient rester dans le

sein. Elle réduit le risque qu’une tumeur ne réapparaisse, elle contribue au contrôle local de la maladie. Elle utilise les radiations pour

détruire les cellules anormales et bloquer leur capacité à se multiplier [20].

III.3.3. Chimiothérapie

La chimiothérapie utilise une classe de médicaments, appelés antinéoplasiques, pour traiter les cancers. Pour le cancer du sein, elle est

habituellement administrée après la chirurgie. Elle permet de détruire les cellules cancéreuses qui se seraient échappées de la tumeur

principale. Le choix d’entreprendre ou non une chimiothérapie dépend du stade d’évolution de la maladie. Elle est introduite dans la

circulation sanguine pour atteindre tout le corps et détruire les cellules cancéreuses là où elles se trouvent [20]. Rozali Sofiane a décrit que

le taux de patientes ayant bénéficié de la chimiothérapie était de 100 % [52].

III.3.4. Thérapie hormonale

La thérapie hormonale estgénéralement combinée à la chirurgie, à la radiothérapie ou à la chimiothérapie. Si l’examen de la tumeur montre

que le cancer a des récepteurs hormonaux, son développement est donc stimulé par les hormones sexuelles (les oestrogènes et la

progestérone).

L'hormonothérapie vise à empêcher l'action de certaines hormones qui stimulent la croissance des cancers. Le traitement peut être

médicamenteux ou chirurgical.

Il existe 2 types de médicaments anti-hormonaux :

35
- Les anti-oestrogènes comme le tamoxifène (Nolvadex-D®) qui se fixe à la surface des cellules cancéreuses, sur les récepteurs

normalement occupés par les oestrogènes. Ce médicament est administré par voie orale sous forme de comprimés.

- Les inhibiteurs de l’aromatase : Ils empêchent la production d'estrogènes par les tissus gras et les glandes surrénales. Ils sont

utilisés seulement chez les femmes ménopausées [20].

III.3.5. Thérapie ciblée

Les thérapies moléculaires ciblées sont des traitements médicamenteux utilisés pour freiner la progression de certains types de cancers.

Elles font partie des traitements adjuvants, tout comme la chimiothérapie ou l'hormonothérapie. Elles sont utilisées en complément à

l'intervention chirurgicale. Elles ont pour but de s'attaquer aux cellules cancéreuses qui se sont détachées de la tumeur originelle, les

cellules métastatiques [54].

36
CHAPITRE IV. MATERIEL ET METHODES

IV. 1. CADRE DE L'ÉTUDE

Notre étude s’est déroulée aux Cliniques Universitaires de Kinshasa (CUK) situées dans la commune de Lemba, dans le district de Mont-

Amba, en République Démocratique du Congo.

IV.1.1. Type détude

Nous avons mené une étude transversale par revue documentaire dans le service d’oncologie de Gynécologie.

IV.1.2. Période détude

L’étude s’est réalisée sur une période allant de Janvier 2018 à Janvier 2021.

IV.2. CRITÈRES D’INCLUSION

Ont été inclus dans notre étude, tous les cas de cancers du sein diagnostiqués et traités dans le service d’oncologie gynécologique aux

Cliniques Universitaires de Kinshasa, durant la période d’étude.

IV.3. CRITÈRES D’EXCLUSION

Ont été exclus de notre étude, toutes les patientes dont les fiches ne répondaient pas aux critères d’inclusion sus-mentionnés.

IV.4. ECHANTILLON

Il a été constitué de tous les dossiers des patientes dont le diagnostic était celui du cancer du sein aux CUK, dans le service d’oncologie de

Gynécologie.

IV.5. VARIABLES

37
IV.5.1. Variables socio-démographiques

⮚ Âge;

⮚ Profession;

⮚ Etat-civil;

⮚ Niveau détude;

⮚ Adresse (Commune);

⮚ Province d’origine;

⮚ Religion.

IV.5.2. Variables cliniques et informations recherchées

⮚ Motif de consultation;

⮚ Antécédents du cancer du sein dans la famille ;

⮚ Antécédents personnels : tabac, alcool, chirurgie mammaire, antécédents du cancer du sein, parité, gestité, avortement, âge de la

menarche, âge de la menopause, durée du cycle, durée des règles, prise de contraceptifs, traitement hormonal de substitution.

IV.5.3. Variables paracliniques

⮚ La mammographie;

⮚ L’échographie mammaire;

⮚ L’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) ;

38
⮚ L’histopathologie.

IV.5.4. Variables thérapeutiques

⮚ La chirurgie;

⮚ L’hormonothérapie;

⮚ La chimiothérapie;

⮚ La radiothérapie;

⮚ La thérapie ciblée.

IV.5.5. Variables pronostiques et facteurs de mauvaise prise en charge

⮚ Délai entre l’apparition des premiers symptômes et la première consultation ;

⮚ Délai entre le diagnostic et le début de la prise en charge ;

⮚ Stade clinique de la maladie ;

⮚ Nature histopathologique du cancer ;

⮚ Conduite thérapeutique adoptée.

IV.6. COLLECTE DES DONNÉES

39
IV.6.1. Supports

La collecte de données s’est réalisée à l’aide d’une fiche d’enquête et les données ont été recueillies dans :

⮚ Les dossiers de malades;

⮚ Le registre de consultation en oncologie gynécologique ;

⮚ Le registre d’hospitalisation en oncologie gynécologique.

IV.6.2. Technique de collecte des données

Elle s’est faite grâce à la revue documentaire des informations recueillies qui ont été rapportées dans la fiche d'enquête.

IV.7. CONSIDERATIONS ETHIQUES

Nous avons mené notre étude dans le respect strict de l’anonymat des patientes et du caractère confidentiel des renseignements collectés.

40
CHAPITRE V. RÉSULTATS

V.I. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

V.I.1. Résultats généraux

Durant une période de trois ans (de janvier 2018 à janvier 2021), 64 cas de cancer du sein ont été pris en charge au sein du service de

gynécologie des Cliniques Universitaires de Kinshasa (Tableau I).

Tableau I. Nombre de cas par année de consultation.

Année Nombre de cas de cancer du sein

2018 25

2019 11

2020 10

2021 18

Total 64

V.I.2. Sexe

La totalité de cas analysés s était de sexe féminin, soit 64 cas.

Figure 1 : la répartition des patientes selon leurs sexes.

70
60 64
50
40
30 Colonne
20 1
10
0
0 0 0
mas feminin
culin

41
V.I.3. Âge

La tranche d'âge comprise entre 41 et 50 ans a été la plus touchée avec un taux de 34,37 % (Tableau II, figure 2). L’âge moyen de survenue

était de 45 ans.

Tableau II. Répartition des patients par tranches d’âge.

Tranche dâge Effectif Pourcentage (%)

20 – 30 3 4,68

31 – 40 16 25

41 – 50 22 34,37

51 – 60 17 26,56

61 – 70 5 7,81

>70 1 1,56

Total 64 100

Figure 2. Répartition des patientes selon les tranches d'âge

42
V.I.4. Etat civil

Dans notre série, 85,93 % des patientes étaient mariées, 12,5 % étaient célibataires, et 1,56 % divorcées (Figure 3).

Figure 3. Répartition selon l'état civil

100,00%
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Celibataire Marié Divorcé
Etat civil

V.II. DONNEES CLINIQUES

43
V.II.1. Circonstances de découverte

Le cancer du sein a été découvert dans 99 % des cas par la patiente elle-même devant des signes révélateurs ci-dessous. L’autopalpation

d’un nodule était le mode de découverte le plus fréquent puisqu’on le retrouve dans 70.31 % des cas (Tableau 3). L’association de

plusieurs symptômes/anomalies a été rapportée par certaines patientes.

Tableau III. Répartition des patientes selon les circonstances de découverte de la pathologie

Circonstances de découverte Effectif Pourcentage (%)

Douleur mammaire 8 12,50

Masse palpée 45 70,31

Ecoulement mammaire 2 3,12

Changement de l'aspect de la peau du sein 2 3,12

Plaie mammaire 7 10,93

V.II.2. Antécédents héréditaires

Un antécédent familial de cancer du sein a été retrouvé chez 5 patientes, soit 7,81 % des cas.

V.II.3. Antécédents médico-chirurgicaux

Il faut noter que 17 patientes avaient des antécédents chirurgicaux, 11 d’entr’elles avaient subi une tumorectomie et 6 parmi elles ont subi

une mastectomie (Tableau IV). Par ailleurs, 13 patientes avaient un antécédent toxico-allergique (Tableau V).

Tableau IV. Les antécédents chirurgicaux

Antécédents chirurgicaux Nombre

44
Tumorectomie 11

Mastectomie 6

Total 17

Tableau V. Les habitudes toxiques

Habitudes toxiques Nombre

Tabagisme 1

Alcoolisme 12

Total 13

V.II.4. Antécédents gynécologiques

4.1. Contraception

La prise des contraceptifs a été précisée chez 2 patientes, soit un pourcentage de 3,12 %. Elle comprend essentiellement l’implant et le

stérilet.

4.2. Parité

Dans notre série, une prédominance de la multiparité a été notée avec un taux de 78,12 %, suivie de la pauciparité avec un taux de 14,06 %

(Tableau VI).

Tableau VI. Répartition selon la parité

Nombre de parité Effectif Pourcentage (%)

Nulliparité 5 9,37

Pauciparité 9 14,06

Multiparité 50 78,12

45
Total 64 100

4.2. Ménarche

L’âge de la ménarche a été précisé chez 49 patientes. Ainsi, 36 d’entr’elles ont eu une ménarche à un âge > 12 ans, soit 56,25 % du nombre

total des cas, et 13 patientes à un âge < 12 ans, soit 20,31 % des cas (Tableau VII). Cependant, le cycle était régulier chez 23 patientes, soit

35,94 %.

Tableau VII. Répartition des patientes selon leurs âges de ménarche

Âge de la ménarche Effectif Pourcentage (%)

Non mentionné 15 35,94

< 12 ans 13 20,31

> 12 ans 36 56,25

Total 64 100

4.3. Ménopause

Le statut hormonal a été précisé chez toutes les patientes. Il en ressort que 49 d’entr’elles étaient toujours en activité génitale au moment du

diagnostic, alors que 15 des patientes étaient ménopausées (Figure 4). L’âge de ménopause le plus fréquent a été démontré dans la tranche

d’âge comprise entre 41 et 50 ans (14,06 %).

Figure 4. Répartition selon le statut hormonal

46
50
45
40
35
30
25 49
20 15 Colonne1
15
10
5
0

V.II.5. Caractéristiques de la masse

5.1. Taille tumorale clinique

La taille clinique des tumeurs était variable : 81,25 % des patientes avaient une masse tumorale supérieure à 5 cm (Tableau VIII).

Tableau VIII. Répartition des patientes selon la taille tumorale à l’examen clinique

Taille Effectif Pourcentage (%)

<2 cm 5 7,81

2 5 cm 7 10,93

>5 cm 52 81,25

Total 64 100

47
5.2. Topographie de la tumeur

L’examen clinique des seins a objectivé une atteinte unilatérale chez la majorité des patientes, soit 84,37 % des cas avec une légère

prédominance du côté droit dans 51,56 % des cas. De ce fait, 10 patientes avaient une atteinte bilatérale, soit 15,62 % des cas (Tableau IX).

Tableau IX. La répartition selon le sein atteint

Sein attaint Nombre Pourcentage (%)

Gauche 21 32,81

Droite 33 51,56

Bilateral 10 15,62

V.III. DONNÉES PARACLINIQUES

V.III.1. Mammographie

La mammographie a été réalisée chez 25 patientes : une prédominance des tumeurs classées ACR 4 (American College of Radiologie) a

été notée chez 10 patientes, soit 15,6 % des cas (Tableau X).

Tableau X. Répartition selon la classification ACR

Classification ACR Effectif Pourcentage (%)

0 2 3,12

1 2 3,12

48
2 1 1,56

3 2 3,12

4 10 15,6

5 8 12,5

Non disponible 39 60,93

Total 64 100

V.III.2. Examen histopathologique

L’examen histopathologique a été pratiqué chez 47 patientes pour confirmer la nature maligne de la tumeur. Le type anatomopathologique

le plus fréquent était le carcinome canalaire infiltrant retrouvé chez 41 patientes (64 %).

V.III.3. Immunohistochimie

L’immunohistochimie a été réalisée chez 13 patientes seulement. Ainsi, le type luminal a été le plus fréquent avec un taux de 15,63 %.

Letype triple négatif était de 4,69 %(Tableau XI).

Tableau XI. Répartition selon le type immunohistochimique

Tumeur Effectif Pourcentage (%)

Tumeur luminale 10 15,63

Tumeur non luminale 0 0,00

Triple négatif 3 4,69

49
Non disponible 51 79,69

V.IV. DONNEES THERAPEUTIQUES

V.IV.1. Traitement locorégional

V.IV.1.1. Chirurgie

Au cours de cette étude, nous avons colligé les dossiers de 39 patientes (61 %) ayant subi une chirurgie mammaire.

Figure 5. Répartition des patientes en fonction de la réalisation ou non d’une chirurgie

39% chirurgie
61% mammaire

perdue de vue

V.IV.1.2. Radiothérapie

Dans notre série, la radiothérapie a été réalisée chez une seule patiente, soit 1,56% des cas (Tableau XII).

Tableau XII. Répartition des cas en fonction de la réalisation ou non d’une radiothérapie

Radiothérapie Effectif Pourcentage (%)

Faite 1 1,56

Non faite 63 98,44

Total 64 100

50
V.IV.1.3. Chimiothérapie

Dans notre série, 33 malades ont reçu un traitement par chimiothérapie, soit (51,56 %)

Tableau XIII. Répartition des cas en fonction de la réalisation ou non d’une chimiothérapie

Chimiothérapie Effectif Pourcentage (%)

Faite 33 51,56

Non faite 31 48,44

Total 64 100

V.IV.1.4. Hormonothérapie

Une hormonothérapie a été prescrite chez 19 cas, soit 29,68 % des patientes. Dans 68,42 % des cas, soit chez 13 patientes,

l’hormonothérapie était à base de Tamoxifen (Figure 6).

Figure 6: Répartition des patientes selon le traitement


hormonal

Anastrazole
31.58%
Tamoxifè ne
68.42%
0.00% 20.00% 40.00% 60.00% 80.00%

V.V. DONNÉES DU PRONOSTIC

V.V.1. Stade clinique

Nous avons réparti les patientes selon les différents stades cliniques. Ainsi, les stades IV et III ont été les plus fréquents avec des taux

respectifs de 56,25 % et 28,12 %. Alors que les stades I et II représentaient 15,62 % (Tableau XIV).

51
Tableau XIV. Répartition des patientes selon les stades cliniques

Stade Clinique Effectif Pourcentage (%)

I 3 4,69

II 7 10,94

III 18 28,12

IV 36 56,25

Total 64 100

V.V.2. Délai de consultation

Le délai entre l'apparition de premiers symptômes et la date de la première consultation a été précisé chez toutes les patientes. Ainsi, parmi

ces cas, 35,93 % ont consulté dans un délai entre 7 et 12 mois. Le délai moyen est estimé à 10 mois (Tableau XV).

Tableau XV. Répartition selon le délai de consultation

Délai Effectif

< 3 mois 10

Entre 3 et 6 mois 17

Entre 7 et 12 mois 23

Entre 13 et 24 mois 6

> 24 mois 8

Total 64

V.V.4. Délai entre la confirmation du cancer du sein et le traitement

Dans notre série, le délai était précisé chez 26 patientes. Le délai entre la confirmation du cancer et le début du traitement était supérieur à

1 mois dans la majorité des cas, soit 22 % des malades (Figure 7).

52
Figure 7. Répartition selon le délai entre la confirmation du cancer et le début du traitement

V.V.5. Issue thérapeutique

Après l'instauration du traitement, 40 patientes représentant 62,5 % de notre échantillon ont été perdues de vue et 20 patientes, soit 37 %

sont décédées.

Tableau XVI. Répartition selon l’issue thérapeutique

Issue thérapeutique Effectif Pourcentage (%)

Perdues de vues 40 62,5

Décès 24 37,5

Total 64 100

53
CHAPITRE VI. DISCUSSION

Nous basant sur les résultats obtenus à l’issue des analyses statistiques réalisées sur les données collectées, nous allons dans ce chapitre,

discuter la signification de principaux résultats par rapport aux données présentées dans la litterarture.

Le sexe féminin était majoritairtotalement représenté dans notre étude et l’âge de survenue du cancer de sein était d’au moins 30 ans pour

la majorité des cas dont la moyennne d’âge était de 45 ans.70,31% des patientes ont consulté pour une masse mammaire avec une

prédominance du côté droit. Nous avons trouvé les antécédentsfamiliaux Seulement chez 7,81%. 78,12 % des patientes sont des

multipares, 56,25 % ont vu leur ménarche après 12ans et 76,6 % des patientes étaientencore en activité génitale. 56,25 % des patientes ont

présenté lors de la première consultation, des lésions au stade IV de la classification TNM. Après réalisation de l’examen

histopathologique le type histologique le plus fréquent était le carcinome canalaire infiltrant soit 64 %. La radiothérapie a été réalisée dans

1,56 % des cas, 61% des patientes ont bénéficié de la chirurgie et 51,56 % de la chimiothérapie. Le délai moyen de consultation était de 10

mois et après 1 mois de confirmation du diagnostic 22% des patientes ont bénéficié de leur premier traitement.

En effet, l’analyse et la comparaison de nos résultats avec ceux enregistrés par André Nkondjock et Parviz Ghadirian par rapport à l'âge de

survenue du cancer du sein nous ont permis d’affirmer que la maladie est rare chez les femmes de moins de 30 ans [19]. En effet, dans

notre étude, la maladie touche essentiellement les femmes dont la moyenne d’âge est de 45 ans.

Dans notre série d'études, la majorité des femmes ontconsulté pour une masse palpée, soit 70,31 %. Au Cameroun, selon Belley Priso E. et

ses collaborateurs, dans leur étude sur le profil épidémiologique et clinique de la pathologie mammaire à l’Hôpital général de Douala, le

symptôme dominant était la douleur mammaire qui représentait 21,4 % [51].

54
Dans notre population, 7,81 % des patientes présentent des antécédents familiaux de cancer du sein. Ce qui représente un risque faible,

alors que selon Phroah et ses collaborateurs, le risque de développer la maladie est lié à l’histoire familiale [27].

Le risque lié à la nulliparité est faible dans notre étude : 9,37 % des patientes étaient nullipares alors que 78,12 % étaient multipares. Nous

rejoignons les résultats qui ont été trouvés à Casablanca par Majdouline El Fouhi et ses collaborateurs avec un taux de 21,1 % [25] .et ceux

de Sano et ses collaborateurs qui ont trouvé 54 % de multipares parmi les femmes présentant un cancer du sein au Burkina Faso [26].

Ceci ne concorde pas avec les données obtenues par plusieurs études, notamment celle de Layde et ses collaborateurs qui démontrent que

le risque de la maladie prédomine chez les nullipares [24]. Considérant l’importante influence de la nulliparité dans la survenue du cancer

du sein, la différence entre ce qui est dit dans la littérature et ce que nous avons trouvé dans notre étude serait due à la coexistence des

autres facteurs qui contribueraient à la possibilité de développer la maladie.

Nous avons constaté que sur 49 patientes dont l’âge d’apparition des premières règles a été précisé, 36 patientes, soit 56,25 % ont eu une

ménarche à un âge supérieur à 12 ans. Dans leur étude consistant à décrire les facteurs de risque du cancer du sein, Clavel Chapelon et ses

collaborateurs rapportent que l’exposition aux oestrogènes liée à la précocité des règles pendant une longue période augmente le risque de

cancer du sein [17].

La ménopause tardive expose au risque de cancer du sein comme l’ont affirmé André Nkondjock et Parviz Ghadirian [19]. Nous avons,

dans notre étude obtenu un taux de 76,6 % des patientes qui étaient encore en activité génitale ; seulement 23,4 % étaient ménopausées.

Selon la localisation de la maladie, le sein droit était atteint dans 51,56 % contre 32,81 % pour le sein gauche et 15,62 % d’atteinte

bilatérale. Ces données sont presque similaires à celles trouvées par Razali Sofiane en Algérie : 54,35 % pour le sein droit contre 36,96 %

pour le sein gauche et 8,70% pour l’atteinte bilatérale [52]. Ceci ne correspond pas aux résultats trouvés à Casablanca par Majdouline El

Fouhi selon lesquels le côté gauche était le plus concerné avec 50,2 % suivi du sein droit, soit 44,7 % et la localisation bilatérale soit 1,3 %

[25].

55
Le type histologique le plus fréquent était le carcinome canalaire infiltrant retrouvé chez 41 patientes de la population générale, soit 64 %.

Ceci corrobore avec les résultats retrouvés au Mali par Bane et Kadiatou en 2011 où le carcinome canalaire infiltrant était le plus

représenté, soit 85,7 % [47]. Selon Majdouline El Fouhi et ses collaborateurs, ce type histologique représentait 73,2% [25].

Jacques Allard en 2021 a déclaré que la radiothérapie est d’une grande importance dans la prise en charge du cancer. Elle permet de

détruire les cellules anormales et de bloquer leur capacité à se multiplier [20]. Ainsi, seulement 1,56 % des patientes ont bénéficié de la

radiothérapie dans notre étude ; ceci pourra être expliqué par le coût élevé de ce moyen thérapeutique dans notre milieu.

Dans la prise en charge thérapeutique, au cours de notre étude, une majeure partie des patientes ont bénéficié d’une chirurgie et d’une

chimiothérapie, soit respectivement 61 % et 51,56 %. Rozali Sofiane a décrit que le taux de patientes ayant bénéficié d’un traitement

similaire était de 100 % [52]. Cette différence pourrait être expliquée par le statut socio-économique défavorable de la population.

Le pronostic lié au cancer du sein dépend de plusieurs éléments, notamment le stade clinique de la maladie, le délai dans la prise en charge,

etc. Pour le stade clinique, 56,25 % des patientes ont présenté, lors de la première consultation, des lésions au stade IV de la classification

TNM. Nos résultats se rapprochent de ceux de Bane et Kadiatou qui ont trouvé 59,5 % des patientes avec cancer du sein au stade IV [47].

Il faudrait interroger plusieurs domaines afin de comprendre le mystère qui se cacherait dans la consultation tardive de certaines patientes.

Parmi ces domaines, nous avons : la sensibilisation qui jusque là n’est pas toujours efficace pour le bien-être de la population, le niveau

socio-économique bas, l’influence religieuse, l’influence traditionnelle, la mauvaise politique sanitaire…

Majdouline El Fouhi et ses collaborateurs ont trouvé un délai moyen de consultation de 10 mois [25] ; ce qui semble être similaire à ce qui

a été rapporté dans nos résultats. Cette longue période comprise entre l’apparition des premiers signes et la première consultation rend la

prise en charge du cancer du sein plus laborieuse.

56
La majorité de nos patientes ont bénéficié du premier traitement après 1 mois, soit 30 jours de la confirmation du diagnostic et cela n’a été

signalé que chez 26 patientes, soit 22 %. Ces résultats sont semblables à ceux qui ont été notifiés dans Cairn.Info où le délai moyen d’accès

au traitement était de 35 jours [45].

Nos lLimites de l’étude:

Nous avons méné une étude transversale qui avait pour but de décrire la prise en charge du cancer de sein aux CUK de janvier 2018 à

janvier 2021. Lors de notre étude, nous avons déploré une mauvaise tenue des dossiers et l’absence d’un nombre important des données

permettant d’étudier de manière exhaustive certaines variables. Par conséquent, nous avons été contraints d’exclure certains dossiers.

CONCLUSION

Le cancer du sein est une maladie très fréquente qui entraine des repercussions graves dans plusieurs aspects. Il touche les quatre coins du

monde à tous les âges de la puberté à la ménopause.

La moyenne d’âge des patientes de notre population d’étude était de 45 ans avec des extrêmes de 20ans et 73 ans. La tranche d'âge la plus

touchée étant de 41 à 50 ans.

Concernant les paramètres cliniques analysés, 49 patientes sur 64 étaient encore en activité génitale. 45 patientes ont consulté pour une

masse mammaire, 50 patientes sur 64 étaient multipares, l’âge de la ménarche a été précisé chez 49 patientes dont 36 ont eu leur ménarche

à un âge supérieur à 12ans.

Le diagnostic est souvent posé à un stade avancé, ce qui fait la complexité de la prise en charge. Le principal défi à relever dans cette

maladie est de la déceler à temps afin d’entreprendre un traitement optimal voire curatif car La survie depend du stade de découverte de la

méladie et de la qualité du traitement.

57
La prise en charge se veut multidisciplinaire nécessitant des moyens humains et matériels considérables. La chiurgie est le traitement le

plus utilisé, elle est généralement associée à une chimiothérapie et une radiothérapie adjuvante.

L’importance d’une bonne politique de santé axée sur le dépistage, la sensibilisation et la prise en charge précoce du cancer de sein est

incontestable en vue de lutter contre ce fléau ravageur.

RECOMMANDATIONS

Aux prestataires de santé :

 De rendre plus efficace la sensibilisation sur le diagnostic précoce du cancer du sein dans le but d’améliorer la prise en charge

de cette dernière ;

 De mettre en place des moyens adéquats pour le suivi des patientes avec cancer du sein ;

Au pouvoir public

 De soutenir les programmes de lutte contre le cancer du sein ;

 D’équiper le service de gynécologie des CUK d’un matériel adapté pour la meilleure prise en charge du cancer du sein.

 De rendre les soins de santé plus accessibles et moins coûteux pour l’ensemble de la population congolaise.

58
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Annexe

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