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en Suisse
Une publication de la fondation Recherche suisse contre le cancer et de la Ligue suisse contre le cancer Édition 2023
Légendes des images de microscopie
Avant
Couverture Alignement d’œufs du papillon carte géographique (Araschnia levana) | Agrandissement 1500 fois
Page de droite Surface d’une feuille de sauge (Salvia officinalis) avec glandes et poils végétaux | Agrandissement 100 fois
Double page suivante Surface hydrophobe d’une feuille de riz (Oryza sativa) | Agrandissement 4000 fois
Page avant le sommaire Œuf du papillon Point-de-Hongrie (Erynnis tages) sur un trèfle frais | Agrandissement 800 fois
Milieu
Double page 22/23 Surface d’une feuille de noyer (Juglans regia) avec différentes glandes | Agrandissement 700 fois
Double page 30/31 Face inférieure d’une feuille d’olivier (Olea europaea) avec des poils d’écailles | Agrandissement 5000 fois
Arrière
Première double page Bactéries de la peste (Yersinia pestis) | Agrandissement 3500 fois
Deuxième double page Surface d’une feuille de tillandsia (Tillandsia sp.) recouverte d’écailles | Agrandissement 500 fois
Dernière page avant l’impressum Surface d’une feuille de fougère aquatique (Salvinia molesta) | Agrandissement 250 fois
Couverture Surface d’une feuille de pâquerette (Bellis perennis) | Agrandissement 2500 fois
Sommaire
6 Éditorial
18 Jeunes talents
24 Point fort
32 Résultats de la recherche
42 Remerciements
Éditorial
Changement au sommet
et toujours le même objectif
Deux changements de présidents en un an, mais notre objectif
reste le même : à la tête de la fondation Recherche suisse contre
le cancer et de la Ligue suisse contre le cancer, nous nous
engageons pour étendre les connaissances sur les maladies
cancéreuses. Ceci pour qu’elles se soignent de mieux en mieux,
voire puissent être évitées.
6
désagréables dans les bras – appelés lymphœdèmes –
dont souffrent de nombreuses survivantes au cancer
du sein après leur traitement (vous en saurez plus aux
pages 18 et 19).
7
Notre soutien à la recherche
www.recherchecancer.ch/qui-sommes-nous www.liguecancer.ch/qui-sommes-nous
8
Notre garante de qualité :
la Commission scientifique
Environ 200 projets de recherche sont soumis chaque
année à la Recherche suisse contre le cancer et à la Ligue
suisse contre le cancer via le portail en ligne GAP
(Grant Application Portal). La Commission scientifique
indépendante joue un rôle-clé dans l’examen de
ces requêtes.
La Commission scientifique au printemps 2022 De gauche à droite : Nicola Aceto, Joerg Huelsken, Pedro Romero,
Andrea Alimonti, Carlotta Sacerdote, Nancy Hynes (présidente), Jörg Beyer, Manuel Stucki, Francesco Bertoni, Aurel Perren,
Mark Rubin et Markus Joerger. Manquent sur la photo : Corinna Bergelt, Andreas Boss, Stefan Michiels, Sophie Pautex,
Tatiana Petrova, Lukas Sommer et Alexandre Theocharides.
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Notre soutien à la recherche
La qualité compte
Chaque requête de projet soumise est soigneusement Déroulement de l’évaluation
examinée par deux membres de la Commission scien-
tifique selon des critères clairs et évaluée par au moins des requêtes
deux spécialistes internationaux externes (cf. « Déroule-
ment de l’évaluation des requêtes »). La question essen- chercheuse/chercheur
tielle est celle de savoir si un projet de recherche est
susceptible d’apporter de nouvelles connaissances im-
portantes sur la genèse du cancer, sa prévention ou requête
son traitement. La Commission scientifique assure en
outre une haute qualité scientifique, car elle évalue
l’originalité, le choix des méthodes et la faisabilité des
projets de recherche.
expertise
discussion et recommandation
conseil de
fondation comité
décision
chercheuse/chercheur
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Attribution de bourses pour l’encouragement Recherche fondamentale
de la relève scientifique Quels sont les processus moléculaires à
Le soutien va d’une part aux projets de recherche de l’origine du cancer ? La recherche fondamentale a lieu le
scientifiques reconnu-e-s et établi-e-s qui travaillent plus souvent au laboratoire. Les découvertes accom-
dans des hautes écoles et des hôpitaux suisses, d’autre plies peuvent par exemple déboucher sur des idées
part à de jeunes talents qui peuvent demander une pour de nouvelles approches de traitement.
bourse pour un projet de recherche. Ces bourses per-
mettent à de jeunes oncologues d’acquérir de l’expé- Recherche clinique
rience dans la recherche, tant en Suisse qu’à l’étranger. Comment perfectionner les méthodes de
Le contact avec d’autres cultures dans leur discipline diagnostic et de traitement ? La recherche clinique doit
les prépare à une carrière dans la recherche sur le can- coopérer avec les patientes et patients. Les personnes
cer et leur permet de mettre en place des coopérations qui participent à un essai clinique le font volontairement
scientifiques durables. et sont auparavant informées des chances et risques
escomptés.
Du laboratoire à la vie quotidienne
Tous les projets de recherche soutenus et les bourses
Recherche épidémiologique
ont un objectif commun : améliorer les chances de sur-
Quelle est l’influence du tabagisme ou
vie et la qualité de vie des personnes atteintes d’un
de l’alimentation sur le développement du cancer ?
cancer. Mais ils sont très différents pour ce qui est de
La recherche épidémiologique étudie de grandes
l’orientation et de la méthode : en fonction de la ques-
quantités de données issues de différents groupes de
tion étudiée, on peut en gros les répartir entre cinq
population.
domaines différents.
Recherche psychosociale
Quel est l’impact du cancer sur le psy-
chisme des personnes touchées et de leur entourage ?
La recherche psychosociale a pour but d’améliorer la
santé psychologique et sociale des personnes atteintes
d’un cancer et de leurs proches.
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Notre soutien à la recherche
Manuela Vonarburg, dans votre travail, vous êtes, Vous travaillez depuis près de 28 ans à la division
entre autres, responsable des finances dans le Promotion de la recherche. Au début, c’était sûre-
domaine de la promotion de la recherche. Qu’est-ce ment différent ?
que cela signifie concrètement ? Oh oui, très ! J’ai commencé en 1995 avec un poste à
Toute requête de projet de recherche qui nous est sou- 40 %. J’étais payée à l’heure et j’avais pour tâche de
mise contient non seulement une partie scientifique, saisir dans la banque de données les publications
mais aussi une partie finances dans laquelle les scien- scientifiques issues des projets. Je tapais encore tout
tifiques détaillent de combien d’argent ils ont besoin cela à la main. À l’époque, nous n’étions que deux et
pour réaliser les travaux de recherche prévus. Je contrôle notre division s’appelait « Secrétariat scientifique ». Tous
combien d’argent est prévu pour les salaires et combien les mardis après-midi, Walter Weber, oncologue à Bâle,
pour le matériel de consommation et si cela correspond venait à Berne consulter la correspondance. Le nombre
à nos exigences. Au besoin, je rectifie le budget. de requêtes de recherche a aussi énormément évolué :
quand j’ai commencé, nous ne recevions qu’environ
En plus du budget demandé, contrôlez-vous
70 requêtes par année, aujourd’hui, il y en a plus du
également les dépenses réelles ?
double. Et tandis que notre volume annuel de l’époque
Oui. Mais il n’en a pas toujours été ainsi : au début,
d’un peu plus de 5 millions de francs était partagé
c’était moins organisé, mais cela s’est très bien mis en
entre près de 40 projets, nous pouvons aujourd’hui
place peu à peu. Les scientifiques que nous soutenons
soutenir chaque année plus de 60 projets de recherche
se sont entre-temps habitué-e-s à devoir nous sou-
par un montant total de plus de 18 millions de francs.
mettre un rapport intermédiaire et final et à y faire état
de leurs dépenses. Pour le matériel de consommation, Qu’est-ce qui a changé encore ?
ils doivent joindre les reçus indiquant le prix de ce qui Au début, tout se faisait sur papier. Les chercheuses
a été acheté. Pour ce qui est des salaires, il y a parfois et chercheurs devaient soumettre leurs requêtes de
des coûts que nous ne finançons pas, par exemple la projets en 15 exemplaires. Nous gardions une copie et
visite d’un congrès et les nuits à l’hôtel. Ils doivent distribuions les autres : chaque membre de la Commis-
alors créditer au projet ce qui a été facturé mais que sion scientifique (à l’époque 14 et non 19 comme main-
nous ne prenons pas en charge, ou rembourser la dif- tenant) recevait une copie de chaque requête. Ensuite,
férence à la fin du projet. Nous surveillons de près les tout s’est développé progressivement. Depuis 2011,
scientifiques et vérifions qu’ils utilisent l’argent comme les scientifiques déposent leurs requêtes en ligne. Au-
il a été accordé. Il ne faut pas oublier que cet argent jourd’hui, elles sont toutes saisies automatiquement
vient de dons et que nous l’employons donc avec le par le système et celui-ci nous soutient aussi dans le
plus grand soin. processus d’évaluation.
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Manuela Vonarburg explique comment elle vérifie les données financières.
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Faits et chiffres 2022
179
Dont recommandés 108
Dont soutenus 63
63
Recherche fondamentale 28
Recherche psychosociale 3
Recherche épidémiologique 2
18 900
Ligue suisse contre le cancer 1700
14
Répartition des projets
Par organes atteints
Poumons 2
Foie 2
Sein 5 Estomac 1
Pancréas 3
Reins 1
Intestin 6
Ovaire 1 Prostate 9
Testicules 1
Sang et glandes lymphatiques 5
Peau 3
63
Par domaines thématiques explorés
Résistance au traitement 11
Dépistage 3
Suivi 3
15
Recherche sur le cancer et politique
En réalité, le dépistage du cancer du col de l’utérus est En outre, il existe depuis quelques années un autre test
une histoire à succès : grâce au frottis (test de Pap), de dépistage qui reconnaît beaucoup plus de stades
moitié moins de femmes le contractent de nos jours en précurseurs que le test de Pap : le test de l’HPV. Contrai-
Suisse qu’il y a encore 50 ans. Ce frottis qui porte le nom rement au test de Pap, par lequel on recherche au
du médecin grec Georgios Papanikolaou permet de microscope des modifications suspectes des cellules
mettre en évidence des stades précurseurs du cancer de la muqueuse, le test de l’HPV recherche par des
que l’on peut enlever le cas échéant par une opération
avant que les cellules ne dégénèrent et ne fassent plus
de dégâts.
À partir de 30 ans, les femmes
Prise en charge à la fois excessive et insuffisante
Pourtant, la prévention du cancer du col de l’utérus tirent profit d’une surveillance par
n’en est pas au niveau qu’elle pourrait atteindre. En le test de l’HPV, plus sensible.
effet, en Suisse, le frottis est fait trop souvent chez
certaines femmes et pas assez ou pas du tout chez
d’autres. « Il y a à la fois un excès et un manque de prise méthodes de biologie moléculaire le patrimoine géné-
en charge », dit Brigitte Frey Tirri, médecin-cheffe de la tique du papillomavirus humain dans les sécrétions
clinique de gynécologie-obstétrique de Bâle-Campagne vaginales. Le papillomavirus humain ou HPV est consi-
à Liestal et présidente du groupe de travail Colposcopie déré comme la principale cause de cancer de l’utérus.
de la société médicale « gynécologie suisse », qui émet Environ 200 virus différents font partie de la famille des
des lignes directrices thérapeutiques. HPV, dont une trentaine sexuellement transmissibles,
sur lesquels une bonne douzaine sont des types dits à
haut risque.
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Il serait donc judicieux que les femmes âgées de 30 à Baisse des coûts du test
70 ans fassent faire tous les trois ans un test de l’HPV, Le problème est que le test de Pap ne revient qu’à
au lieu d’un test de Pap comme par le passé. Telle est 30 francs, tandis que le test de l’HPV coûte actuelle-
également la recommandation du comité national d’ex- ment environ 180 francs, donc trop cher : bien que son
perts dépistage du cancer (cf. encadré) qui a évalué la efficacité et son adéquation soient prouvées, il ne ré-
littérature scientifique à ce sujet. unit pas le critère économique également requis pour
être inscrit au catalogue des prestations des caisses-
maladie obligatoires. C’est pourquoi la doctoresse
Frey Tirri veut aussi déposer une demande de baisse
Notre pays devrait miser des coûts du test dans la liste des analyses.
sur ce qu’il y a actuellement Globalement, les choses semblent donc être sur la
de mieux pour dépister le cancer bonne voie, même si son travail de médecin-cheffe ne
lui laisse pas beaucoup de temps pour s’occuper de
du col de l’utérus.
remplir des formulaires de demande. Mais elle reste
motivée et veut continuer à s’engager, car : « Notre pays
devrait miser sur ce qu’il y a actuellement de mieux et
Le test de Pap reste recommandé aux femmes de 21 à
de plus efficace pour le dépistage du cancer du col de
29 ans, car il ne dépiste pas le virus, mais uniquement
l’utérus. »
les stades précurseurs du cancer. En effet, « les jeunes
femmes ont souvent des infections à l’HPV, mais la plu-
part s’estompent », explique Brigitte Frey Tirri. Dans ce
groupe d’âge, le test de l’HPV ne ferait donc qu’inquié-
ter, car il serait souvent positif, mais n’indiquerait en
règle générale qu’une infection à l’HPV passagère et Comité national d’experts dépistage du cancer
donc inoffensive. Dans la population et dans les cercles scientifiques,
les avis divergent sur la rentabilité et le bien-fondé
Préparation d’une demande de prise de larges campagnes de dépistage de différents
en charge des coûts types de cancer. C’est pourquoi, avec d’autres orga-
À partir de 30 ans, le risque augmente qu’une infection nisations, la Ligue suisse contre le cancer a mis en
à l’HPV s’installe dans la durée, favorisant la modifica- place, dans le cadre de la Stratégie nationale contre
tion des cellules. C’est pourquoi les femmes de cette le cancer, un comité national d’experts dépistage
catégorie d’âge tireraient profit d’une surveillance par du cancer. Celui-ci s’est appuyé sur des bases
le test de l’HPV, plus sensible : il aiderait à éviter plus scientifiques et a élaboré des recommandations
17
Jeunes talents
L’époque où le cancer du sein était Ces gonflements sont souvent très Grande dextérité
souvent mortel est fort heureusement désagréables, entravent la mobilité de C’est dans le cadre de formations com-
révolue. « Dans la plupart des cas, le l’épaule et peuvent causer des inflam- plémentaires spécialisées à l’Université
cancer du sein se soigne très bien mations. Étant donné que le lymphœ- de Toronto au Canada et à l’Hôpital
de nos jours », dit Elisabeth Kappos, dème touche en moyenne une patiente universitaire de Bruxelles en Belgique
médecin cadre en chirurgie recons- sur cinq, il fait partie « des effets se- qu’Elisabeth Kappos s’est formée à ces
tructrice à l’Hôpital universitaire de condaires du traitement les plus sous- techniques qui requièrent une grande
Bâle. « Donc on se concentre plus sur estimés et les plus pénibles », explique dextérité et une sensibilité aiguë aux
d’autres aspects », poursuit-elle, « il ne la spécialiste. structures ramifiées et fragiles de l’or-
s’agit plus seulement de la survie pure ganisme. Au début de ses études de
Jusque tout récemment, les personnes
et simple, mais de plus en plus sou- médecine, elle ne savait rien de son
touchées ne pouvaient bénéficier que,
vent aussi de la qualité de vie après le talent.
par exemple, de drainage lymphatique
traitement ».
ou de manchons de compression qui Mais pendant son année pratique, une
Gonflement des tissus du bras combattent les symptômes de gonfle- bourse lui permit de découvrir les tra-
En tant que membre du Centre du sein ment mais ne guérissent pas le lym- vaux à deux hôpitaux de renom aux
de Bâle, Elisabeth Kappos est depuis phœdème. Ce n’est qu’au cours des États-Unis : au Duke Medical Center et
des années en contact avec des survi- dix dernières années qu’on a dévelop- à la Mount Sinai Medical School à New
vantes au cancer du sein. C’est pour- pé de nouveaux processus de micro- York, elle participa à la transplantation
quoi elle a conscience de l’importance chirurgie qui permettent d’établir des d’organes au sein de l’équipe de trans
du problème appelé lymphœdème as- liaisons entre les vaisseaux lympha- plantation. « Cette période m’a beau-
socié au cancer du sein. Il s’agit de tiques ou de transplanter des ganglions coup inspirée, on m’a énormément en-
gonflements des tissus dans les bras. lymphatiques intacts d’autres régions couragée », raconte-t-elle. Elle trouva
Ils sont dus à des lésions des vais- du corps dans celle qui a été endom- le travail en salle d’opération « moti-
seaux lymphatiques de l’aisselle après magée. vant et très satisfaisant, parce qu’on
une opération ou une radiothérapie peut souvent remédier directement
qui font que la lymphe ne circule plus aux problèmes et voir immédiatement
correctement et s’accumule. le résultat de son travail ».
18
cédé microchirurgical pour le traite-
ment du lymphœdème associé au
cancer du sein.
19
Jeunes talents
Sa carrière est tortueuse : Kevin Selby C’est ainsi qu’il s’envole pour la Califor- déterminantes dans le domaine de la
a passé son enfance au Canada, fait nie où il se perfectionne d’une part en prévention du cancer du côlon », sou-
des études de biochimie aux États- épidémiologie et biostatistique à l’uni- ligne Kevin Selby. Lui-même a utilisé
Unis, puis complété par des études versité, et étudie d’autre part au dé- les données, pour démontrer qu’un
de médecine à la célèbre Harvard partement de la recherche de Kaiser processus de dépistage du cancer du
Medical School. C’est à Boston, aux Permanente quels leviers il faut ma côlon, le test de recherche de sang
États-Unis, qu’il fait la connaissance nœuvrer pour assurer le succès d’un occulte dans les selles, fonctionne
de sa future épouse originaire de programme de dépistage du cancer mieux chez l’homme que chez la
Suisse. C’est ainsi qu’il arrive en 2012 du côlon. En Californie du Nord, Kaiser femme. « C’est lié au fait que les stades
à l’Unisanté, le Centre universitaire de
médecine générale et santé publique
à Lausanne. Il y accompagne dans le
canton de Vaud en 2015 l’introduction Nous devrions davantage concentrer
du premier programme suisse de dé- les ressources limitées de dépistage sur les personnes
pistage du cancer du côlon.
à haut risque de cancer du côlon.
Des examens de dépistage
qui sauvent des vies
Permanente est un vaste réseau de précurseurs du cancer se situent plus
« Les examens de dépistage peuvent
prise en charge sanitaire intégrée pour souvent dans le côlon ascendant et
sauver des vies, car le cancer du côlon
quelque 4,1 millions d’habitant-e-s soi- transverse chez la femme, de sorte
est curable si on le détecte à un stade
gné-e-s et suivi-e-s dans 39 hôpitaux que le test les met moins facilement
précoce », explique Kevin Selby. « Mais
et plus de 700 cabinets médicaux. en évidence », explique-t-il. Et il ajoute
en Suisse, 48 % seulement de la po-
que ses résultats suggèrent de défi-
pulation se font dépister. » Il y a huit Accumulation de connaissances
nir à l’avenir non pas une, mais diffé-
ans déjà, il s’interrogeait sur la manière et d’expérience
rentes valeurs seuils pour le test.
d’améliorer cette situation : « Je voulais Leurs données de santé sont saisies
satisfaire ma curiosité et ma soif de sous forme électronique et entrent En 2018, il revient en Suisse avec son
connaissances », raconte-t-il. « Mais en dans une banque de données centra- bagage de connaissances et d’expé-
même temps, je voyais bien que je lisée où elles sont disponibles pour rience accumulé. « La bourse et le
manquais de certaines compétences des analyses épidémiologiques. « Ces temps consacré à acquérir des qua
et de connaissances en méthodo données ont déjà permis au départe- lifications supplémentaires m’ont été
logie. » Pour combler ces lacunes, il ment de la recherche de Kaiser Per- extrêmement utiles », affirme-t-il. À
postule à une bourse de recherche de manente de publier plusieurs études Lausanne, il poursuit sa carrière de
deux ans qu’il obtient en 2016. chercheur clinicien et reprend le tra-
vail qui lui convient le mieux « à l’in-
terface entre la prise en charge de
20
base en clinique et de recherche in-
novante ». Il reste également fidèle à
sa thématique : en avril 2021, il lance
un essai clinique visant à améliorer la
prévention du cancer du côlon. Cette
étude est financièrement soutenue
entre autres par la Ligue suisse contre
le cancer.
21
Point fort
24
Comment le microbiote
influence le cancer
L’être humain vit de tout temps en relation
de symbiose avec une multitude de compagnons
microscopiques variés. À titre d’exemples, trois
projets de recherche suisses montrent entre
autres que les microbes participent à la matura-
tion des cellules immunitaires, décidant ainsi
du succès ou de l’échec des immunothérapies.
25
Point fort
26
De fait, les bactéries n’ont pas toutes nous protéger de l’excès de poids, lule immunitaire de ne pas l’attaquer.
un effet antitumoral, loin de là : cer- des maladies auto-immunes et de la Les inhibiteurs de points de contrôle
taines ont même l’effet inverse. Par démence. Mais le microbiote joue vi- empêchent les cellules cancéreuses
exemple, chez certaines personnes siblement aussi un rôle décisif dans de freiner les cellules immunitaires
atteintes d’un cancer de l’intestin, la les immunothérapies contre le cancer. et déchaînent ainsi les défenses de
bactérie Fusobacterium nucleatum, l’organisme. « Ces médicaments ont
Le système immunitaire doit active-
normalement présente dans la bouche, révolutionné le traitement de tumeurs
ment maintenir un équilibre sain entre
se retrouve dans la tumeur où elle solides auparavant incurables », sou-
les microbes et il le fait en sécrétant
favorise la multiplication des cellules ligne Fabio Grassi, « mais ils ne fonc-
des anticorps dans la muqueuse intes-
cancéreuses et le développement ra- tionnent que chez une minorité de
tinale. « Ces anticorps sont des agents
pide de résistances contre les chimio- patientes et de patients ».
de la paix dans l’intestin », explique
thérapies. « En même temps, ces bac-
Fabio Grassi : ils aident les bactéries « En outre, les inhibiteurs de points de
téries entraînent aussi l’épuisement
utiles à coloniser la muqueuse nutritive contrôle provoquent chez de nom-
précoce des cellules immunitaires »,
et à protéger ainsi la paroi de l’intestin breuses personnes des effets secon-
explique Giandomenica Iezzi. Actuelle-
d’intrus indésirables. Un type particu- daires sévères sur la peau et dans
ment, en coopération avec l’oncologue
Sara De Dosso de l’Hôpital cantonal
du Tessin, elle vérifie si les patient-e-s
peuvent tirer profit d’un traitement de
ces microbes néfastes par l’antibio- Chez nombre de patientes et patients,
tique métroniza dole pendant les dix les immunothérapies s’accompagnent d’effets
jours précédant leur opération du can-
secondaires sévères.
cer de l’intestin.
Fabio Grassi
Un équilibre sain
Le groupe de recherche de Fabio
Grassi, à l’Istituto di ricerca in biome- lier de cellules immunitaires appelées les voies digestives », ajoute-t-il. En
dicina (IRB) de Bellinzona, a choisi une lymphocytes T auxiliaires joue un rôle- effet, les cellules immunitaires déchaî-
approche légèrement différente : il ne clé dans ce processus. Pour simplifier, nées se dirigent souvent non seule-
cherche ni à introduire des bactéries on pourrait dire que plus ces lympho- ment contre les cellules cancéreuses,
utiles dans la tumeur, ni à en suppri- cytes sont nombreux, plus la diversité mais aussi contre des cellules saines
mer les mauvaises. Au contraire, les des anticorps est grande dans l’intes- de l’organisme. Lorsque les cellules
scientifiques se concentrent sur l’en- tin et plus l’équilibre de notre micro- meurent et se dissolvent, elles libèrent
semble de l’écosystème intestinal et biote est stable. une molécule appelée ATP. Norma
veulent créer l’équilibre sain qui carac- lement, l’ATP se trouve à l’intérieur
Effets secondaires de défenses
térise la symbiose qui s’est dévelop- de la cellule où son rôle de monnaie
déchaînées
pée au cours de l’évolution entre nous bioénergétique garantit le bon fonc-
Chez les patient-e-s atteint-e-s d’un
et une multitude de micro-organismes tionnement du métabolisme cellulaire.
cancer et soigné-e-s par la forme
des plus variés. Il apparaît de plus en Mais en dehors des cellules, elle si-
d’immunothérapie la plus courante,
plus clairement que cette biodiversité gnale un danger.
les inhibiteurs de points de contrôle,
encore inconnue récemment, que nous
on est souvent loin d’un équilibre Si l’ATP échappée des cellules ren-
portons sur et en nous, ce que l’on
stable. Les points de contrôle sont contre des lymphocytes T auxiliaires,
appelle le microbiote, a la faculté de
des récepteurs des cellules immuni- elle s’attache à un récepteur sur leur
taires qui freinent leur activité. Lors- surface et déclenche ainsi la mort cel-
qu’une cellule cancéreuse occupe un lulaire. De ce fait, chez les personnes
point de contrôle, elle signale à la cel-
27
Point fort
atteintes d’un cancer qui souffrent Profil microbien et réponse explique Jana Gadient, collaboratrice
d’effets secondaires sévères du trai- thérapeutique scientifique dans le groupe de re-
tement par inhibiteur de points de En revanche, le BCG mentionné plus cherche de Cédric Poyet.
contrôle, le nombre de lymphocytes T haut a déjà fait la preuve de son béné-
Pour leur projet de recherche, les
auxiliaires diminue et donc aussi la fice clinique : cet agent pathogène de
scientifiques recueillent des échantil-
diversité des anticorps dans l’intestin. la tuberculose atténué porte le nom
lons de selles et d’urines de personnes
En même temps, le risque de désé des deux scientifiques français Albert
en bonne santé et de patient-e-s at-
quilibre de la flore intestinale dans Calmette et Camille Guérin qui avaient
teint-e-s de cancer de la vessie. Le
son ensemble augmente, de sorte réussi en 1921, au bout de 13 ans de
but est de caractériser la diversité mi-
que la symbiose utile se transforme travail, à produire un vaccin à partir de
crobienne contenue dans ces échan-
tout à coup en une dysbiose néfaste, l’agent de la tuberculose bovine. De-
tillons et d’en déduire un profil micro-
qui annule l’effet anticancéreux de puis plus de 40 ans, le BCG est utilisé,
bien susceptible de prédire la réponse
l’immunothérapie. non seulement comme vaccin contre
au traitement par BCG. « Cela ne fait
la tuberculose, mais aussi pour forti-
Dans son projet, l’équipe de Fabio qu’une bonne dizaine d’années que la
fier les défenses immunitaires aux
Grassi a étudié s’il est possible d’éli- science a découvert que non seule-
stades précoces du cancer de la ves-
miner l’ATP du système et si cela per-
met d’améliorer le taux de réponse au
traitement par inhibiteurs de points
de contrôle. Ils ont administré à des On ne sait que depuis
souris une protéine appelée apyrase
qui rompt (ou hydrolyse) l’ATP. Effec
une bonne dizaine d’années que la vessie abrite,
tivement, ils ont ainsi pu avoir une elle aussi, de nombreuses bactéries.
influence positive sur l’écosystème Jana Gadient
intestinal. « Nous avons corrigé la
dysbiose », dit Fabio Grassi. Le traite-
ment combiné, à base d’inhibiteurs sie : on instille le bacille vivant six fois, ment l’intestin, mais aussi la vessie
de points de contrôle et d’apyrase, a à une semaine d’intervalle, dans la abrite de nombreuses bactéries », ex-
aussi eu pour effet de renforcer la ré- vessie en passant par l’uretère. Dans plique Jana Gadient. Auparavant, on
ponse immunitaire contre le cancer. la vessie, le BCG alerte le système avait longtemps pensé que l’urine
« Notre approche fonctionne très bien immunitaire, de sorte que celui-ci se était stérile parce qu’on ne parvenait
chez la souris », explique le chercheur. prépare à lutter contre la tumeur. pas à cultiver les bactéries qu’elle
Il reste toutefois à voir si, à l’avenir, les contient, c’est-à-dire à les multiplier
Cette approche fonctionne : elle abou-
patient-e-s atteint-e-s d’un cancer au laboratoire de microbiologie.
tit à une suppression de la tumeur à
pourront également profiter de cette
long terme, mais hélas seulement chez Mais pourquoi se mettre à la re-
approche visant à promouvoir la diver-
environ 60 % des patient-e-s. « Chez cherche de modèles microbiens dans
sité de la flore intestinale.
les 40 % restants, il convient d’éviter la vessie et l’intestin ? Ou en d’autres
le traitement au BCG et ses effets se- termes, quel est le lien entre le micro-
condaires et de choisir une autre stra- biote de l’intestin et celui de la ves-
tégie thérapeutique », écrit l’urologue sie ? « Ces deux communautés bacté-
Cédric Poyet de l’Hôpital universitaire riennes interagissent avec le même
de Zurich dans sa requête de projet.
« Malheureusement, nous ne savons
pas à l’avance quels patientes et pa-
tients tireront profit du traitement »,
28
système immunitaire », explique Jana
Gadient. « Si nous découvrons un pro-
fil favorable dans l’intestin, indiquant
une bonne réponse au traitement, on
peut supposer qu’une signature simi-
laire d’une communauté bactérienne
favorable sera présente dans la ves-
sie. »
Importance croissante
de la symbiose
En plus de Giandomenica Iezzi, Fabio
Grassi et Cédric Poyet, encore bien
d’autres oncologues font des travaux
de recherche sur la symbiose avec
nos minuscules compagnons. Et bien
que leurs approches et objectifs soient
très divers, on peut déduire un point
commun de cet intérêt considérable et
encore en plein essor : dans un avenir
proche, l’importance du microbiote va
plutôt s’accroître que diminuer. Et on
peut s’attendre à ce que les recherches
intensives sur le rôle de ces micro-
organismes pour la genèse et le trai-
tement du cancer continuent à appor-
ter des découvertes surprenantes et
des approches thérapeutiques encore
inimaginables actuellement.
29
Résultats de la recherche • Recherche fondamentale
Une révolution a eu lieu il y a près Un effet hélas de courte durée cytes CAR-T génétiquement modifiés
de dix ans dans le traitement du can- « Le traitement par cellules CAR-T dans le myélome multiple. Ceci de
cer des cellules sanguines : au lieu aboutit à des résultats remarquables manière à remédier aux deux points
de combattre les cellules cancéreuses et à long terme contre les leucémies », faibles des traitements actuellement
par des médicaments, la médecine explique Caroline Arber, qui dirige un disponibles : les nouvelles cellules im-
mise de plus en plus sur le système groupe de recherche à l’Université de munitaires sont plus fiables dans le
immunitaire du patient. Pour un traite- Lausanne et soigne aussi des patient- dépistage des cellules cancéreuses,
ment de ce type, appelé traitement e-s au Centre hospitalier universitaire et elles ne manifestent aucun signe
par cellules CAR-T, on prélève au pa- vaudois (CHUV) à Lausanne une jour- d’épuisement dans l’environnement
tient des globules blancs spécifiques, née par semaine, « et il y a aussi des de moelle osseuse modifié. Bien au
les lymphocytes T, et on les équipe résultats prometteurs dans le traite- contraire, les signaux néfastes les
à la surface d’un récepteur appelé ment du myélome multiple ». activent.
CAR. Ainsi armés, les lymphocytes T
Mais hélas, dans le cas du myélome Pour remédier à ces deux points
sont alors capables de reconnaître les
multiple, un cancer des cellules san- faibles, les chercheuses et chercheurs
cellules cancéreuses. Ensuite, on les
guines qui se loge dans la moelle os- ont dû recourir à un tour de passe-
réinjecte au patient de manière à ce
seuse (cf. encadré), l’effet est le plus passe du génie génétique : ils ont
qu’ils se multiplient dans l’organisme
souvent de courte durée. « Ce sont équipé les lymphocytes T d’un gène
et éliminent les cellules cancéreuses.
essentiellement deux mécanismes qui pour un récepteur qui reconnaît deux
sont responsables des rechutes », caractéristiques de surface différentes
explique Caroline Arber : d’une part, des cellules cancéreuses. Ainsi, les
les cellules cancéreuses modifient cellules cancéreuses ont beaucoup
Cancer du sang dans la moelle osseuse
leur surface et passent ainsi de mieux plus de mal à se dissimuler, car elles
En Suisse, environ 700 personnes
en mieux sous le radar des lympho- doivent pour cela modifier ou désacti-
contractent chaque année un myé
lome multiple. Ce sont des cellules cytes CAR-T génétiquement modifiés. ver ces deux caractéristiques à la fois.
spécifiques du sang, les plasmo- D’autre part, des signaux chimiques
L’équipe de recherche a aussi muni les
cytes, qui dégénèrent et migrent provoquent une modification de la
lymphocytes T d’une autre construc-
dans la moelle osseuse. Leur mul structure de la moelle osseuse qui
tion génétique dont Caroline Arber
tiplication incontrôlée fait qu’ils favorise la croissance des cellules
décrit la fonction comme celle d’un
forment de nombreuses accumu cancéreuses. En outre, la modification
lations pathogènes, interrompent
« interrupteur moléculaire ». Lorsqu’un
de l’environnement épuise les lym-
la fabrication normale d’autres facteur soluble de l’environnement se
phocytes CAR-T qui ont été injectés
cellules sanguines et détruisent lie à l’interrupteur, celui-ci s’enclenche
au patient et inhibe ainsi leur activité.
peu à peu les os. et stimule des voies de signalisa-
Tour de passe-passe tion des lymphocytes CAR-T qui pro-
Dans un projet soutenu par la fonda- longent la vie, de sorte qu’ils agissent
tion Recherche suisse contre le can- plus longtemps.
cer, Caroline Arber et son équipe ont
perfectionné l’approche des lympho-
32
cellules immunitaires stimulées se mul-
tiplient et gagnent en même temps en
endurance. « Cela permet d’améliorer
et prolonger le contrôle de la tumeur »,
explique la chercheuse.
33
Résultats de la recherche • Recherche clinique
Les enfants et adolescent-e-s at- excessif », dit Roland Ammann, spé- consistant à modifier le seuil tous les
teint-e-s d’un cancer reçoivent sou- cialiste du cancer de l’enfant et res- mois dans chaque hôpital. Comme de
vent une chimiothérapie. Ces médica- ponsable d’un groupe de recherche à nombreux enfants et adolescent-e-s
ments n’éliminent pas seulement les l’Hôpital de l’Île à Berne. ont plus d’un épisode fébrile au cours
cellules cancéreuses, mais aussi toutes de leur traitement qui peut durer
Environ la moitié des épisodes fé-
les autres cellules à division rapide. En jusqu’à deux ans, « nous avons pu
briles sont dus à des infections virales
font partie les cellules souches héma- comparer bon nombre de patientes et
qui reculent le plus souvent au bout
topoïétiques, responsables également patients avec eux-mêmes », explique
de quelques jours, même sans anti-
de la fabrication de cellules immuni- Roland Ammann.
biotiques, explique-t-il. Pour étudier
taires. Par conséquent, la chimiothé-
s’il est possible de réduire l’usage de Au total, 269 enfants et adolescent-
rapie cause une déficience provisoire
ces médicaments et d’éviter des hos- e-s atteint-e-s d’un cancer, âgé-e-s
en cellules immunitaires, dont le nom
pitalisations inutiles sans pour autant de 1 à 17 ans, ont participé à l’étude.
scientifique est neutropénie.
mettre en danger la vie des jeunes Dès les deux analyses intermédiaires,
À l’hôpital au moindre signe patient-e-s, il a développé avec son les résultats étaient si flagrants que
Dans cet état de déficience immuni-
taire, une infection bactérienne peut
vite devenir incontrôlable et mettre la
vie en danger. C’est pourquoi les mé- La grande majorité
decins ont appris depuis des dizaines
d’années à envoyer leurs jeunes pa- de nos jeunes patientes et patients
tient-e-s en urgence à l’hôpital au reçoivent un traitement excessif.
moindre signe d’infection et à les
soigner par un antibiotique à large
spectre dès que la température dé- équipe un essai clinique soutenu finan- l’équipe de recherche décida de stop-
passe un seuil défini. Effectivement, cièrement par la Ligue suisse contre per l’étude avant la date prévue. Les
cette prudence a permis de faire le cancer, réalisé dans six centres du résultats publiés dans la revue mé
baisser la mortalité par infection à cancer de l’enfant de notre pays. dicale de renom The Lancet Child &
moins de 1 %. Adolescent Health montrent d’une part
Une réponse aussi pertinente
qu’un seuil de fièvre plus élevé n’est
Mais les analyses de laboratoire, dont que possible
pas dangereux, c’est-à-dire que dé-
les résultats arrivent le plus souvent La question essentielle était la sui-
caler le seuil de fièvre ne mène pas à
quelques jours après le début du trai- vante : faut-il hospitaliser les jeunes
plus de redoutables septicémies bac-
tement par antibiotiques, montrent patient-e-s comme jusqu’à présent
tériennes chez les jeunes patient-e-s.
qu’une infection bactérienne n’est pré- à partir d’une température de 38,5 °C
sente que dans un cas sur quatre. ou seulement à partir de 39 °C ? Pour Il y a même eu moins de septicémies
« L’immense majorité de nos patientes que la réponse soit aussi pertinente dans les mois où le seuil de fièvre était
et patients reçoivent un traitement que possible, les chercheuses et plus élevé que dans ceux où il était
chercheurs ont choisi une approche plus bas. « Nous ne nous y étions pas
34
Roland Ammann et Isabelle Lamontagne, qui a participé au projet, discutent les résultats de l’étude.
attendus », raconte Roland Ammann. En projetant ces chiffres à l’échelle cer de l’enfant se sont habitué-e-s
Se pourrait-il que la fièvre aide à lut- de la Suisse, cela représente une tout au long de leur carrière à ne
ter contre les infections bactériennes économie de 1200 occupations de lits prendre aucun risque avec leurs jeunes
et donc à éviter les septicémies ? par an, soit environ 2,4 millions de patient-e-s immunodéprimé-e-s.
« L’image de la fièvre qui est bonne et francs. « Pour la Suisse et d’autres
Il est difficile de faire changer les
utile est très répandue dans la so pays où les conditions sont compa-
mentalités, d’autant plus que, surtout
ciété », répond-il, « mais nos données rables, nous pouvons recommander
au début, cela demande beaucoup
ne permettent pas de tirer une telle basé sur les preuves scientifiques
de courage et des nerfs solides. Le
conclusion ». un seuil de fièvre de 39 °C en oncolo-
seuil de fièvre en cas de neutropénie
gie pédiatrique », affirme sans équi-
Une petite semaine de moins ne s’est donc pas encore décalé en
voque l’équipe de recherche dans son
à l’hôpital Suisse, la discussion a surtout lieu
article scientifique.
D’autre part, les résultats ont montré actuellement en Australie, dit le cher-
que relever le seuil de température Difficile de faire changer cheur. Les résultats obtenus là-bas
permet de réduire de 17 % les hospita- les mentalités aideront peut-être à convaincre en
lisations. À l’échelon du patient indivi- « Nous attendons que les centres Suisse dans les prochaines années
duel, cela veut dire qu’au cours d’une suisses du cancer de l’enfant re- plus de spécialistes du bien-fondé du
année de chimiothérapie, il ou elle ne prennent ce seuil plus élevé comme nouveau seuil de fièvre. « En méde-
passera en moyenne que douze jours valeur de référence », peut-on lire dans cine, modifier non seulement les pro-
à l’hôpital au lieu de 18. « Une petite le rapport final. Mais pour le moment, cessus, mais aussi les mentalités est
semaine de plus à la maison, c’est une cette attente est déçue. Cependant, un travail de longue haleine », explique
différence notable pour les familles pour Roland Ammann, il était clair que Roland Ammann.
d’enfants atteints d’un cancer », sou- ce changement de mentalité ne se
ligne Roland Ammann. produit pas du jour au lendemain. En
effet, nombre de spécialistes du can-
35
Résultats de la recherche • Recherche épidémiologique
Elles ont un nom compliqué et sont alors inutile de faire quoi que ce soit, Mais il y a aussi des tumeurs inter
spéciales à plus d’un titre : les tumeurs car la tumeur a été enlevée à un stade médiaires dont le diamètre se situe
neuroendocrines (TNE) ont une struc- précoce. entre 1 et 2 centimètres. Les expé-
ture qui ressemble à celle des cellules riences étant mitigées, les spécia-
Tumeurs intermédiaires
nerveuses et elles sécrètent des subs- listes ont du mal à prendre la décision
« Les choses sont claires également
tances messagères ou des hormones. d’enlever ou non une partie du côlon.
dans le cas d’une grosse tumeur de
Les TNE sont rares, elles peuvent tou- En effet, l’intervention est lourde et
plus de 2 centimètres de diamètre dé-
cher différents organes, mais n’évo- entraîne dans un cas sur cinq des
couverte dans l’appendice », dit Reto
luent que lentement et ne causent complications.
Kaderli, médecin adjoint à la clinique
donc en général pas de symptômes
universitaire de chirurgie et médecine Les complications sévères, comme
pendant longtemps.
viscérales de l’Hôpital de l’Île. Le risque par exemple une perforation de l’in-
Leur découverte est souvent fortuite, est alors accru que la tumeur ait déjà testin, sont certes rares, les infections
par exemple après une opération de formé des métastases. C’est pourquoi et le ralentissement du transit intestinal
l’appendicite, lorsque les spécialistes les directives recommandent dans ce sont plus fréquents, « mais ces compli-
du laboratoire de pathologie exa- cas une deuxième opération pour en- cations moins sévères sont néanmoins
minent les tissus prélevés. Souvent, lever le côté droit du côlon, voisin de désagréables et allongent souvent la
la tumeur ainsi découverte dans l’ap- l’appendice touché. durée d’hospitalisation », explique Reto
pendice est petite, moins de 1 centi- Kaderli. « Nous voulons l’éviter, d’autant
mètre de diamètre. D’après les direc- plus que nous avons le plus souvent
tives médicales internationales, il est affaire à des patientes et patients re-
lativement jeunes. » L’âge moyen des
personnes touchées n’étant que de
36 ans, nombre d’entre elles ont en-
La recherche sur les cancers rares : un défi à relever core bien des années de vie devant
« Nous étudions une tumeur rare. Pour pouvoir tirer une conclusion elles.
pertinente, il faut donc collecter des données de toute l’Europe, ce qui
demande beaucoup de travail », explique Reto Kaderli. Mais la coopéra- Taux de survie comparables
tion internationale a porté ses fruits, car grâce à elle, les scientifiques Dans le cadre d’un projet soutenu par
ont pu mettre en doute – et puis optimiser – des décisions importantes la fondation Recherche suisse contre
prises en clinique. « La question posée dans notre projet est simple, le cancer, Reto Kaderli et son équipe
mais la réponse a une grande portée, en particulier pour les personnes ont collecté les échantillons tissu-
touchées. » laires et l’histoire de la maladie de
278 patient-e-s de toute l’Europe.
Chez toutes ces personnes, une opé-
ration de l’appendicite avait eu lieu
36
Rompre avec un dogme oncologique
Pardon ? Les métastases, respon-
sables de 90 % des décès par d’autres
types de cancer, seraient dans ce
cas sans importance clinique ? « Oui,
nous rompons avec un dogme onco-
logique », répond Reto Kaderli. « Nous
disons : il vaut mieux laisser le tissu
tumoral en place plutôt que d’opérer
inutilement. Les ganglions lympha-
tiques restent petits et ne causent
pas de symptômes. »
37
Résultats de la recherche • Recherche psychosociale
Le courage de la franchise
De nombreux parents souhaitent protéger leurs enfants d’infor-
mations pénibles. Mais si un enfant est atteint d’un cancer grave,
il y a de bonnes raisons de l’informer d’une manière adaptée à
son âge plutôt que de lui dissimuler ses perspectives.
En oncologie pédiatrique, il n’est pas Elle raconte le cas d’un jeune homme En outre, les oncologues pédiatriques
facile pour les spécialistes de com- de 17 ans rencontré lors de ses tra- ne doivent pas oublier qu’ils ont le
muniquer de mauvaises nouvelles aux vaux en Roumanie qui avait appris par devoir de répondre honnêtement aux
enfants et à leurs parents. D’autant hasard du médecin qu’il était atteint questions de leurs jeunes patient-e-s.
moins lorsque les parents leur de- d’un cancer et que ses parents le « Pas question de leur mentir », sou-
mandent d’épargner à l’enfant un pro- savaient depuis longtemps. « Il s’est ligne Bernice Elger. Donc dès l’instant
nostic inquiétant. « Nous comprenons senti trahi », souligne-t-elle. Évidem- où un enfant pose la question de son
ce souhait des parents, ils veulent pro- ment les enfants et les adolescent-e-s pronostic, il est inévitable de lui révé-
téger leur enfant », disent Michael Rost ont une antenne pour leur réalité mé- ler la vérité.
et Bernice Elger de l’Institut d’éthique dicale : « Ils saisissent beaucoup de
Michael Rost et Bernice Elger sug-
médicale et biomédicale de l’Universi- choses et ne sont pas aussi ingénus
gèrent donc aux oncologues pédia-
té de Bâle. Dans le cadre d’un projet de que les adultes le croient bien sou-
triques de parler avec les parents et
recherche soutenu par la Ligue suisse vent. »
d’insister sur le fait de dire, tout au
contre le cancer, ils se sont penchés
Une incertitude angoissante moins en gros, la vérité à l’enfant.
sur cette thématique difficile.
Il est préférable pour les mineur-e-s « Cela peut tout à fait être une vérité
Dans des travaux précédents, ils concerné-e-s d’apprendre leur pro- filtrée », explique Michael Rost. « En
avaient constaté que le souhait de nostic dans le cadre d’un entretien fonction de l’âge, on peut choisir l’un
secret des parents conduit effective- aussi franc et honnête que possible des nombreux stades entre tout dire
ment dans certains cas les oncolo- plutôt que d’être laissé-e-s dans et cacher le pronostic. »
gues pédiatriques à taire le pronostic l’ombre : « car l’incertitude est angois-
« Plus de temps pour les entretiens »
à leurs jeunes patient-e-s. Certain-e-s sante », dit Michael Rost, « bien sou-
La fermeté des parents à vouloir dis-
oncologues ont déclaré se conformer vent, l’enfant laisse alors libre cours
simuler le pronostic dépend parfois
au souhait des parents pour ne pas à son imagination et construit éven-
aussi du contexte culturel de la fa-
déstabiliser la famille encore plus à tuellement des explications encore
mille, font remarquer les chercheurs :
cette phase délicate. plus angoissantes que la réalité ».
par rapport aux familles d’Europe du
Relations orientées vers la vérité
Mais Michael Rost et Bernice Elger ne
sont pas d’accord avec cet argument,
car tenir secret le pronostic n’a qu’un Bases à un traitement et suivi sensibles à la culture
temps. À long terme, ce silence n’aide Les réflexions sur le dévoilement du pronostic des enfants
pas à stabiliser la famille, au contraire : atteints d’un cancer font partie du projet de recherche
« Du point de vue systémique, pour intitulé « Oncologie pédiatrique pour les minorités culturelles
en Suisse ». Celui-ci avait pour but d’accroître la visibilité des
la stabilité à long terme de la famille,
familles issues de l’immigration, de manière à créer les bases
il est préférable de dévoiler la véri-
à un traitement et suivi individuels et sensibles à la culture
té d’une manière adaptée à l’âge et
des patient-e-s en Suisse.
concertée avec les parents », affirme
Michael Rost. « Les relations familiales
sont les plus stables lorsqu’elles sont
orientées vers la vérité », complète
Bernice Elger.
38
nord ou anglo-américaines, les fa- les jeunes patient-e-s et leurs familles
milles issues de pays latins expriment dans la prise de décision et donc de
plus souvent le souhait de protéger définir en commun le traitement à en-
leur enfant. Bernice Elger parle d’un visager.
« paternalisme familial » plus ou moins
« L’oncologie se concentre souvent
prononcé.
uniquement sur les processus physio-
Les spécialistes en oncologie pédia- pathologiques qui se déroulent dans
trique doivent aussi tenir compte de l’organisme », remarque la bioéthi-
ces valeurs traditionnelles et des ha- cienne. Pour elle, il est temps d’élargir
bitudes culturelles, « il faut alors un le champ de vision, car « les compé-
peu plus de temps pour les entre- tences dites molles jouent un grand
tiens », conseille-t-elle. Mais Bernice rôle pour le succès du traitement,
Elger est convaincue que cela vaut la elles influencent la participation de la
peine, car le but doit être d’impliquer famille et le degré auquel les malades
se conforment aux recommandations
de traitement ».
Bernice Elger et son collaborateur Michael Rost lors d’un échange dans la bibliothèque de l’institut
39
Résultats de la recherche • Recherche sur les services de santé
Comment avez-vous eu l’idée par rapport auxquelles on peut se po- Avez-vous été surprise par le nombre
d’étudier les effets secondaires sitionner sur une échelle de 0 (pas du de vos patient-e-s qui se retrouvent
financiers de la protonthérapie ? tout) à 4 (tout à fait). Par exemple : en difficulté financière ?
Tout a commencé il y a quelques an- « Je suis en mesure de régler mes dé- Oui, cela m’a surprise que tant de per-
nées, lorsque j’ai remarqué un jeune penses mensuelles » ou « Je suis sa- sonnes doivent dépenser une partie
patient de 16 ans qui était toujours tisfait-e de ma situation financière ». de leurs économies, mais aussi qu’elles
seul dans la salle d’attente. Quand je Nous avons ensuite synthétisé les ré- l’acceptent comme si cela allait de soi.
lui ai demandé où étaient ses parents, ponses sous forme d’un chiffre, un En Suisse, les patient-e-s participent à
il est apparu qu’il avait une mère céli- score, déterminé selon une méthode leurs coûts de maladie par le montant
bataire qui ne pouvait pas s’offrir le précise. Les personnes dont le score de leur franchise et de la quote-part.
trajet quotidien en train de Saint-Gall est faible sont dans une mauvaise si- Ce sont souvent plusieurs milliers de
à notre Institut Paul Scherrer à Villigen tuation financière. Dans notre étude, francs que nous n’avons même pas
et devait en outre aller au travail. C’est
là que j’ai pris conscience pour la pre-
mière fois du fait qu’ici en Suisse, les
patients doivent payer les frais de dé- Ce ne sont pas seulement les patient-e-s
placement de leur poche. Ce n’est pas qui souffrent des effets secondaires financiers,
le cas en Autriche d’où je suis origi-
naire. Depuis, cette thématique m’a
mais toute la famille.
poursuivie et j’ai rencontré beaucoup
d’autres cas similaires. Mais au-delà,
nous avons voulu établir un aperçu c’était le cas de près d’un quart des pris en compte dans notre étude,
systématique de l’ampleur et de l’im- personnes interrogées. Il est égale- parce que nous nous sommes concen-
pact de la charge financière pour nos ment apparu que 43 % des personnes trés uniquement sur les coûts liés au
patientes et patients. C’est ainsi qu’est interrogées devaient piocher dans traitement.
née l’étude que nous avons pu ache- leurs économies. 37 % devaient se ser-
Quelles conclusions tirez-vous
ver l’année passée. rer la ceinture : par exemple, dépenser
de vos résultats ?
moins pour les activités de loisir, c’est-
Qu’avez-vous découvert ? Nos patient-e-s sont dans une situa-
à-dire qu’elles allaient moins souvent
Nous avons demandé à 90 patient-e-s tion très difficile : ils souffrent d’une
au restaurant ou au cinéma. Et 10 % ont
adultes et aux parents de 56 patient- maladie grave que nous pouvons trai-
dû emprunter de l’argent.
e-s mineur-e-s de remplir après le trai- ter ici par la protonthérapie. Cette
tement un questionnaire pour relever radiothérapie présente des avantages
les soucis financiers. Les question- considérables, en particulier à long
naires comportent douze affirmations terme : les rayons détruisent les cel-
lules cancéreuses, mais épargnent les
40
tissus sains avoisinants. C’est particu-
lièrement important chez les enfants
et les adolescents qui sont encore
en pleine croissance. Fort heureuse-
ment, les coûts du traitement sont
pris en charge par les caisses-mala-
die pour certaines indications, mais
tous les autres frais qui y sont liés
restent à la charge des patient-e-s.
Ce ne sont pas seulement les frais
de déplacement, certaines personnes
doivent manger à l’extérieur, prendre
une chambre pour les six à sept se-
maines de traitement parce qu’elles
ne peuvent pas faire tous les jours un
trajet de plusieurs heures. De nom-
breuses familles doivent payer une
personne qui va s’occuper des frères
et sœurs de l’enfant malade. Toutes
ces dépenses sont une charge, c’est
pourquoi nombre de nos patientes et
patients auraient besoin d’une alloca-
tion complémentaire. Ce n’est pas de
leur faute s’ils ont cette maladie qui
requiert une protonthérapie.
41
Remerciements
Kevin Selby
Médecin et chercheur à l’Unisanté à Lausanne
(p. 20/21)
Bernice Elger
Directrice de l’Institut d’éthique médicale et
biomédicale de l’Université de Bâle
(p. 38/39)
42
Merci beaucoup ! Votre don
nous permet de trouver des réponses
qui concernent une tumeur rare mais
sont d’une grande portée pour
les personnes concernées.
Reto Kaderli
Médecin adjoint en chirurgie viscérale Un grand merci pour votre soutien !
à l’Hôpital de l’Île à Berne Grâce à lui, nous avons pu montrer
(p. 36/37)
que nous avons beaucoup de patientes
et patients qui ont besoin
d’une allocation complémentaire.
Barbara Bachtiary
Médecin adjointe en radio-oncologie au centre de
protonthérapie de l’Institut Paul Scherrer à Villigen
(p. 40/41)
www.recherchecancer.ch/dons-report
43
Impressum
Éditeur et informations
Fondation Recherche suisse contre le cancer et Ligue suisse contre le cancer
Effingerstrasse 40, case postale, 3001 Berne
Tél. +41 (0)31 389 91 16
scientific-office@liguecancer.ch
www.recherchecancer.ch
www.liguecancer.ch
Photos de portraits
Valérie Chételat
www.valeriechetelat.com
Photo p. 21 de Thomas Oehrli
Illustration
Oreste Vinciguerra
www.ab-bild.ch
Traduction française
Sophie Neuberg
www.wortlabor-online.de
Correction et impression
Stämpfli SA, Berne
www.staempfli.com
Des exemplaires imprimés peuvent être commandés à la boutique de la Ligue suisse contre le cancer :
boutique.liguecancer.ch
Cette édition ainsi que les précédentes sont disponibles en format PDF sous :
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