Vous êtes sur la page 1sur 21

DFGSM2

UE Sciences Humaines et Sociales


- Étude d’une controverse en santé -
Mars 2023

Thème n°1 : Le dépistage du cancer du sein


Groupe n° 3 : Maëlie Arzel, Inès Badier, Ibrahim Badra, Gabrielle
Bernard-Griffiths, Erwanna Blochet, Albane Chaudet, Marion Cloirec

Faut-il maintenir le dépistage organisé


du cancer du sein en France ?

1 sur 21
SOMMAIRE
I- Introduction ………………………………………………………………………...…… p.3
1. Contexte
2. Problématique : Faut-il maintenir le dépistage organisé du cancer du sein en
France ?

II- Chronologie (l’histoire du dépistage, les enjeux avant et maintenant) ………………… p.4

III- Les avantages du dépistage ………………………………………………………….… p.5


1. Acteurs (l’état, instances scientifiques, patients, associations)..…………………… p.5
2. Gain de temps sur la maladies + évite les traitements lourds….…………………… p.6
3. Réduction de la mortalité..………………………………………………….……… p.7
4. Facilité d’accès ..…………………………………………………………………… p.8

IV- Les inconvénients ..………………………………………………………………..…… p.8


5. Surdiagnostics et surtraitements …...…………………………………………….. p. 10
6. Cancers radio-induits …………………………………..…………………………. p.11
7. Cancers de l’intervalle ……………………………………………………………. p.12
8. Impacts psychologiques…………………………..………………………………. p.13

V- Conclusion…………………………………………………..…………………………. p.13

IV- Bibliographie………………………………………….………………………………. p.16

2 sur 21
I- Introduction :

Le cancer du sein est le premier cancer en termes d’incidence et de mortalité chez les
femmes à travers le monde. L’objectif de réduction de la mortalité a impliqué la promotion du
dépistage régulier par mammographie, qui s’est imposé comme la méthode par excellence
afin de détecter et prévenir le cancer du sein à un stade précoce, permettant ainsi une prise en
charge adaptée, dans un monde où les thérapeutiques évoluent peu en matière de guérison.

Le dépistage du cancer du sein en France consiste en un programme national de dépistage


organisé, mis en place par le ministère de la santé. Ce programme est destiné aux femmes
âgées de 50 à 74 ans, qui sont invitées à passer une mammographie tous les deux ans dans le
but de rechercher d'éventuelles anomalies susceptibles de causer un cancer.

Cependant, la question de savoir s’il faut effectuer un dépistage régulier par mammographie
ou non a suscité une controverse concernant les différentes approches de dépistage, de
diagnostic et de traitements. C’est alors qu’un questionnement émerge:

Faut-il maintenir le dépistage organisé du cancer du sein en France ?

Ou entraîne-t-il des surdiagnostics et des surtraitements de maladies, qui n’auraient pas


constitué de menaces pour la vie des femmes ?
Dans un monde où les discours alternatifs n’ont que très peu d’audience auprès des publics
concernés, certains médecins dénoncent un risque quant aux pratiques de diagnostic et
prônent l’individualisation du dépistage tandis que d’autres s’inquiètent des conséquences
qu’aurait une moindre utilisation de la mammographie.

Dans un premier temps, nous retracerons l’histoire et la chronologie du dépistage du cancer


du sein, puis nous aborderons les avantages et les inconvénients de ce dernier, en soulignant
les différents acteurs et arguments autour de cette controverse, devenue une thématique
majeure de santé publique.

3 sur 21
II- Chronologie :

Depuis sa mise en place, le


dépistage du cancer du sein par
mammographie a suscité énormément
de débats quant à son efficacité sur la
réduction de la mortalité.

Depuis les années 1990’s, l’avis est


partagé entre les différents acteurs de
la littérature médicale.
Les premières études, notamment
publiées dans le Lancet, plaidaient en
faveur du dépistage organisé, montrant
une baisse significative du taux de
mortalité dans une population de
femmes ayant eu recours au dépistage
par mammographie.
Seulement, quelques années plus tard,
une étude publiée dans ce même
journal remet en cause la corrélation
entre le dépistage et la mortalité,
donnant naissance à la controverse.

Malgré ces divergences, le dépistage


organisé est généralisé sur l’ensemble
du territoire français en 2004 et la
deuxième moitié de la décennie est
dédiée à la promotion et l’incitation au
dépistage.

4 sur 21
La Haute Autorité de Santé restera réservée quant aux potentiels dangers de surdiagnostics et
surtraitements jusqu’en 2016 où une Grande Concertation Citoyenne sera mise en place afin
de mettre les différents acteurs au cœur du débat.

Figure 1: Interactions entre les différents acteurs du dépistage organisé du cancer du sein

Aujourd’hui, bien que les discussions soient toujours en cours, la mammographie reste à
l’examen de choix.

III- Les avantages du dépistage organisé

L’État français fait partie des principaux acteurs intervenant dans la mise en place du
dépistage organisé du cancer du sein en France. En effet, celui-ci à mis en place depuis 2004,
le dépistage organisé du cancer du sein permettant aux femmes âgées de 50 à 74 ans
d’accéder à une prise en charge précoce d’éventuelles anomalies.

Comme autre acteur majeur de ce système nous retrouvons de nombreuses associations


comme “Vivre comme Avant”, “Ruban Rose” ou encore la “Ligue contre le cancer” qui
soutiennent le dépistage organisé notamment au travers d’organisation d’événement tel que

5 sur 21
Octobre Rose, qui est une campagne annuelle se déroulant
en octobre et qui a pour but de sensibiliser les femmes au
cancer du sein et de l’importance du dépistage précoce.

Le but de ce mois d’octobre est de soutenir la recherche et de diffuser un message fort en


faveur du dépistage notamment en arborant un ruban rose, symbole international de la lutte
contre le Cancer du Sein.

L’association est également soutenue par de nombreuses marques et entreprises, telles que
Les galeries Lafayette, Décathlon, Naf Naf ou encore Estée Lauder, elle-même à l’origine
d’Octobre Rose.
Enfin nous retrouvons le corps médical qui apporte son soutien au dépistage du cancer du
sein, permettant aux femmes de se faire dépister près de chez elles et dans de bonnes
conditions.

1- Un gain de temps sur la maladie

Un des arguments fortement mis en avant lors des campagnes de sensibilisation contre
le cancer du sein, est que le dépistage anticipé permet de pouvoir traiter précocement un
cancer et ainsi, de réduire les risques d’aggravation de celui-ci et son risque de mortalité.

Selon l’HAS, un cancer du sein est “découvert lors d’un dépistage dans 90 % des
cas 1 ”, concernant les 10 % restant, la détection se fait lors d’un examen clinique, suite à des
signes d’appel tel que par exemple une masse découverte lors d’une auto-palpation.
D’après l’InCa, “La détection précoce permet à 99 femmes sur 100 d’être en vie 5 ans après
le diagnostic 2 ”, ainsi le dépistage organisé pour les femmes à partir de 50 ans, tous les 2 ans,
permet de détecter éventuellement une anomalie à un stade peu avancé et par conséquent de
pouvoir le traiter au plus tôt avec des méthodes moins lourdes pour la femme.

1
Données épidémiologiques de l’HAS, https://has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2015-04/refces_k_du_sein_vf.pdf, 2015.

2
Dépistage des cancers du sein : bénéfices et limites,
https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Se-faire-depister/Depistage-du-cancer-du-sein/Benefices-et-limites , mise à jour en
septembre 2022.

6 sur 21
En effet, les traitements lourds tels que la chimiothérapie causent de nombreux effets
secondaires difficiles à vivre au quotidien chez les patientes, notamment une grande fatigue,
des nausées, des rendez-vous à répétitions à l’hôpital, des vomissements, etc… . De plus,
lorsque le cancer est à un stade avancé, une chirurgie non conservatrice du sein est envisagée,
causant de grandes séquelles psychologiques chez les femmes puisqu'elles doivent faire le
deuil d’une partie de leur corps, qui représentait chez certaines une part de leur féminité.
Éviter ces traitements permet de se rétablir plus facilement et plus rapidement tout en limitant
l’impact sur la vie quotidienne des patientes. Le dépistage organisé permet de faire un suivi
clinique chez les femmes âgées de 50-74 ans se faisant dépister régulièrement avec l’aide de
l’examen mammographique, cela permet encore une fois de détecter une éventuelle anomalie
à un stade précoce et ainsi pouvoir traiter cette anomalie au plus tôt. Il s’agit d’un gain de
temps sur la maladie.

2- Réduction de la mortalité.

3
Plusieurs études publiées dans le British Medical Journal ainsi que dans le New
4
England Journal of Medicine ont comparé le taux de mortalité par cancer du sein chez les
femmes qui se faisaient dépister régulièrement par mammographie tous les deux ans à celui
des femmes qui ne se faisaient pas dépister. Les résultats ont montré une réduction
significative de la mortalité due au cancer du sein de 25% à 30% chez les femmes âgées de
50 à 69 ans se faisant dépister régulièrement. Selon l’HAS, le dépistage organisé permettrait
une diminution entre 3 et 35 % de mortalité, selon les différents pays.

Lorsqu’est détecté précocement un cancer du sein, les traitements engendrés vont être moins
lourds et les chances de survies meilleures. En effet, lorsque le cancer est détecté tôt, les
options de traitement sont plus grandes et les chances de guérison sont plus élevées. Les
traitements tels que la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l'hormonothérapie
peuvent être plus efficaces lorsqu'ils sont administrés à un stade précoce de la maladie. Cela
signifie que les femmes peuvent être traitées avant que la maladie ne devienne plus avancée
et potentiellement plus difficile à traiter.

3
Cet article de 2021 examine l'évolution des preuves concernant le dépistage du cancer du sein. Les auteurs notent que bien que le
dépistage mammographique ait été associé à une réduction de la mortalité par cancer du sein, https://www.bmj.com/content/372/bmj.n256 .

4
Le groupe de travail a examiné des études scientifiques sur le dépistage du cancer du sein et a conclu que la mammographie peut réduire la
mortalité par cancer du sein, https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmsr1504363, 2015.

7 sur 21
Le dépistage permet indirectement d’améliorer les chances de guérison. En France, la
réduction de la mortalité serait de 23 % grâce au traitement du cancer du sein à un stade
précoce, d’après le centre de lutte contre le cancer Léon Berard.

3. Un examen connu et accessible par tous.tes

C'est un examen connu de tous car il est régulièrement mis en avant lors de
campagnes de sensibilisation telles que Octobre Rose citée précédemment. Ces campagnes
promeuvent l'importance du dépistage précoce et de la prévention du cancer du sein auprès de
la population française.

C’est un examen facile d’accès, puisque dans le cadre du dépistage organisé, les femmes âgés
de 50 à 74 ans peuvent prendre rendez-vous dans un centre de radiologie agréé ou dans un
hôpital près de chez elles pour une mammographie, les délais d'attente peuvent être réduit par
rapport à une demande individuelle.

De plus, en France, la réalisation de cet examen lors du dépistage organisé est prise en charge
à 100% par l’Assurance Maladie, sans avance de frais de la part de la patiente. L’organisation
du dépistage précoce a été faite de sorte que, le plus de femmes entre 50 et 74 ans puissent y
avoir accès, tous les 2 ans, sans contrainte financière ou contrainte de proximité avec les lieux
où se déroulent les examens.

IV- Les inconvénients du dépistage organisé

Jusqu’en 2000, aucun réel inconvénient au dépistage n'avait été relevé, au contraire
celui-ci était même plutôt mis en avant comme un outil indispensable pour diminuer la
mortalité dû au cancer du sein.
C’est la revue scientifique médicale The Lancet qui marque la naissance de la controverse en
publiant en 2000 un article 5, posant pour la première fois un questionnement sur la véritable
utilité du dépistage du cancer du sein par mammographies en pointant les conséquences que
celui-ci pouvait engendrer. À ce moment-là , le dépistage organisé en France n’était pas
encore mis en place.

5
Gøtzsche PC, Olsen O. Is screening for breast cancer with mammography justifiable? Lancet. 2000 Jan; 355(9198)

8 sur 21
Depuis, les associations de patients telles que RoseUp et les patients eux-mêmes
alimentent cette controverse.

On retrouve notamment l’association de consommateur “UFC que choisir?” qui a pour but
d'informer, de conseiller et de défendre les consommateurs sur divers sujets, ils accusent
l’INca de faire de la désinformation sur le dépistage et de ne pas légitimer la controverse sur
l’utilité du dépistage à partir de 50 ans qui est décrit comme une infox sur le site de l’INca
encore aujourd’hui: “le dépistage des cancers du sein n’est ni inutile, ni néfaste. Ses bénéfices
sont indéniables pour les femmes 6 “.

En 2016, l’État français charge l’INca de réaliser une grande concertation citoyenne, afin de
faire évoluer la pratique du dépistage. Deux scénarios ont été mis en avant lors de la
conclusion de cette concertation7 : le premier évoque un “renoncement à un programme de
dépistage organisé, au profit d’une approche plus individualisée [...]”; le deuxième évoque “
le développement d’un nouveau programme rénovant celui actuel.” Mais l’état des lieux
actuel fait preuve d’aucun changement.

Comme autre acteur de cette controverse, il y a le collectif Cancer-Rose. Il a été fondé en


2015 par un groupe de médecins, en réaction à “la désinformation et aux campagnes
marketing Octobre Rose qui incitaient les femmes à faire des mammographies de dépistage
sans mettre à disposition tous les éléments [...]sur les risques et les bénéfices du dépistage du
cancer du sein 8 ” comme l’explique Cécile Bour, présidente du collectif. Certains membres
de Cancer-Rose font également partie du Formindep 9.

D’autres professionnels de santé prennent position sur la controverse comme Catherine Hill,
épidémiologiste à l’institut Gustave-Roussy, pour qui, il y aurait une surestimation des
bénéfices du dépistage et sous-estimation des surdiagnostics. Le médecin généraliste et

6
L’info derrière l’infox: Le dépistage du cancer du sein est-il inutile, voire néfaste ?, INca,
https://leseclairages.e-cancer.fr/le-depistage-du-cancer-du-sein-est-il-inutile-voire-nefaste/, 2020

7
Rapport du comité d'orientation, concertation sur le dépistage organisé du cancer du sein, septembre 2016

8
Site du collectif Cancer-Rose, https://cancer-rose.fr/que-faisons-nous/

9
Association militant pour une formation et une information des médecins indépendante de l’industrie pharmaceutique: https://formindep.fr

9 sur 21
blogueur Dominique Dupagne, prend position aussi en exprimant son opinion au travers
d’interview radio et de publication sur les réseaux sociaux 10, espérant ainsi pouvoir faire en
sorte de laisser aux femmes faire le choix en ayant une information loyale et claire.

1. Surdiagnostic et surtraitement

Il a été constaté une augmentation statistique du nombre de mastectomies


partielles plus importante que celle de l'incidence des cancers du sein invasif.
Cette hausse pourrait être envisagée comme une conséquence du surdiagnostic des cancers du
sein qui induisent par conséquent des surtraitements.
La mammographie de dépistage pourrait amener des femmes à avoir le diagnostic d’un
cancer, alors que ce cancer n’aurait ni entraîné la mort ni une maladie. D’après l’article
11
scientifique , “le dépistage conduit dans 30% à 52% des cas à la découverte de lésions
cancéreuses [...] qui seraient restées asymptomatiques [...]”, or par précaution, toutes les
lésions sont traitées par leur ablation. Bien que les recommandations soient de privilégier la
chirurgie conservatrice, c’est-à-dire sans l’ablation de la glande mammaire, les mastectomies
sont en hausse.

10
Publication de Dominique Dupagne sur le réseau social Twitter: https://twitter.com/DDupagne/status/1444298430638170113

11
Robert, V., Doubovetzky, J., Lexa, A., Nicot, P. & Bour, C. Le dépistage organisé permet-il réellement d'alléger le traitement chirurgical
des cancers du sein ? Médecine, 2017

10 sur 21
Le graphique ci-dessus, issus des données du PMSI 12, montre que depuis la généralisation du
dépistage organisé du cancer du sein en 2004, il n’y a pas eu de baisse des traitements
chirurgicaux, mais au contraire, une augmentation de ceux-ci.

Il semblerait donc que le dépistage organisé ne permettrait pas de réduire l’utilisation des
traitements lourds malgré un dépistage précoce.
D’après une étude de la Cochrane, “ pour chaque 2 000 femmes invitées au dépistage pendant
10 ans, une sera sauvée de son cancer et 10 femmes en bonne santé subiront un surtraitement.
Et 200 autres femmes subiront un stress psychologique majeur pendant des années à la suite
d’une mammographie faussement positive 13 ”.
Ainsi au travers de différentes études, il à été montré l’envers du décor du dépistage organisé
du cancer du sein. Les conséquences induites par un diagnostic faussement positif ne sont pas
minimes et impactent fortement la vie des patientes. De plus, réaliser des mammographies
tous les 2 ans n’est pas sans risques.

2. Les cancers radio-induits

Les cancers radio-induits sont des cancers de la région mammaire liée à l’irradiation
reçut par la patiente lors de la mammographie. Il s’agit de l’examen de référence dans le
dépistage du cancer du sein puisqu’il permet d’examiner l’intérieur des seins via des rayons
X . Or il est apparu qu’il y a un manque de communication auprès des patientes sur les
risques potentiels qu’engendre une exposition aux rayons X lors des mammographies, comme
le témoignage suivant l’explicite: “Je me suis présentée au centre de radiologie avec une
simple ordonnance, sans la moindre information sur les radiations, [...] ni sur les doses de
14
radiations délivrées par les dix clichés avec agrandissements[...] ”, témoignage d’une
patiente membre de Cancer-Rose.

Par ailleurs, le risque de développer un cancer à la suite d’une exposition à la mammographie


est établi mais apparaît faible. C’est pourquoi, l’intervalle entre deux mammographies est de
12
Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) qui recense de façon exhaustive les actes chirurgicaux réalisés en
France. Ces données sont accessible à tous : https://www.scansante.fr

13
Gøtzsche PC, Jørgensen KJ. Screening for breast cancer with mammography.,
https://www.cochrane.org/fr/CD001877/BREASTCA_depistage-du-cancer-du-sein-par-mammographie, Cochrane Database of Systematic
Reviews 2013

14
Témoignage du patiente sur son expérence autour du dépistage organisé, https://cancer-rose.fr/2021/06/06/temoignage-de-sophie/ , 2021

11 sur 21
deux ans. De plus, le dépistage ne débute qu’après 50 ans et se termine vers 74 ans afin de
limiter l’irradiation de la patiente. Toutefois, une patiente à risque est susceptible de subir des
examens de dépistage en dehors de cette période et avec une fréquence plus importante.

Ainsi, si une femme suit strictement la recommandation de participation au programme de


dépistage, elle réalisera 13 mammographies. Son exposition aux rayonnements ionisants
représentera alors, au total, le quart de celle provoquée par un scanner abdominopelvien, acte
très courant et moins de 2% de l’exposition totale de la population française aux
rayonnements ionisants.

15
Toutefois, l’étude IH Auge de 2014 , indique que le risque de décès par cancer radio-induit
est de l’ordre de 1 à 10 pour 100 000 femmes ayant réalisé une mammographie tous les 2 ans
pendant 10 ans. Le nombre de décès évités avec le dépistage est largement supérieur au
risque de décès par cancer radio-induit. Par conséquent, il est important de se concentrer sur
les cas de surexposition causés par une fréquence excessive de mammographies, commençant
avant l'âge de 50 ans ou effectuées de manière annuelle sans justification, ainsi que sur
l'exposition de groupes de population spécifiques tels que les femmes porteuses de certaines
altérations génétiques ou ayant des antécédents personnels d'irradiation.

3. Cancer de l’intervalle

Le cancer de l’intervalle est un cancer qui n’est pas détecté lors du dépistage organisé
car il se développe très rapidement, entre deux mammographies.

Les cancers de l’intervalle sont généralement de stade plus avancé et plus défavorable que les
cancers détectés par mammographie. Autrement dit, le dépistage organisé détecte surtout des
cancers de stade peu agressif. Selon Cancer-Rose, “Cette situation est très frustrante pour la
patiente à laquelle on a fait valoir le caractère protecteur et salvateur du dépistage, avec une
impression pour elle d'avoir "tout bien fait", et d'être malgré tout mal récompensée de son
assiduité.”

15
Le dépistage du cancer du sein : un long fleuve pas si tranquille, Jean-Yves Seror,
https://www.gyneco-online.com/cancerologie/le-depistage-du-cancer-du-sein-un-long-fleuve-pas-si-tranquille , 2017

12 sur 21
Il s’agit donc de garder à l’esprit qu’un examen rassurant n’empêche pas à un cancer du sein
de se déclarer.
4. Impacts psychologiques

Dans un premier temps, le dépistage du cancer du sein est source de stress chez les
femmes, cette controverse les plonge dans une incertitude. Catherine Hill est épidémiologiste
et spécialiste du cancer à l’institut Gustave-Roussy (Villejuif).
Elle pense que les femmes doivent être au courant de la controverses car “après tout ce sont
elles qui décident de faire ou non mammographie” dit-elle. Or face aux manques
d’informations, et la multitude d’infox que l’on trouve sur internet, les femmes sont perdues.
Doivent-elles ou non aller se faire dépister?

La controverse au sein du monde médical, sème également le doute dans la tête des femmes.
Or “le fardeau des incertitudes” des médecins ne doit pas peser sur les patients. Cela peut
nuire à la relation thérapeutique, pourtant essentiel à une bonne prise en charge thérapeutique.
Défiance vis-à-vis des experts, des institutions médicales
Il y a donc ce doute d’aller ou non se faire dépister. Puis pour celle à qui on apporte un
diagnostic de cancer du sein, il y a l’installation d’un doute quant à la poursuite d’un
traitement. Car cette controverse sur le dépistage du cancer du sein, amène les femmes à être
plus méfiantes, à suspecter un sur-diagnostic.
Ensuite il ne faut pas oublier que l’annonce d’un diagnostic de cancer du sein est source
d’angoisse. Dans une étude du Cairn sur “l'impact du cancer et de ses traitements sur les
fonctions cognitives : l’exemple du cancer du sein.”

“A chacune de donner suite ou non à l’invitation au dépistage mammographique sans


culpabiliser, ni regretter.” - patiente membre de Cancer-Rose

IV- Conclusion

La question du maintien du dépistage organisé du cancer du sein par mammographie


est difficile à traiter au vu du fait qu’il n’existe pas de réelle alternative à l’heure actuelle. Les
femmes concernées ont le choix entre participer au dépistage et s’exposer aux risques liés au
surdiagnostic, ou bien ne pas y participer et prendre le risque de ne pas recevoir les

13 sur 21
traitements nécessaires en cas de dépistage tardif du cancer du sein. C’est ce qui fait toute la
difficulté de cette problématique de santé publique.

Lors de l'évaluation menée par la HAS en 2011, les conclusions de la controverse concernant
l'efficacité du dépistage du cancer du sein par mammographie n'étaient pas encore définitives
d'un point de vue scientifique, mais aucun pays n'avait remis en question l'importance de la
stratégie de dépistage pour les femmes âgées de 50 à 74 ans. La controverse a tout de même
été prise en compte dans les débats et les recommandations de la Haute Autorité de Santé
puisqu’elle était à l’origine de méfiance chez certains professionnels de santé ainsi que
certaines patientes ce qui remettait en cause la stratégie de santé publique mise en place.

Malgré tout, les recommandations de la HAS n'avaient pas pour but de s'engager dans la
controverse ni de remettre en question l'importance du dépistage du cancer du sein chez les
femmes, car cette question nécessite une étude approfondie de la littérature qui n'était pas liée
à la demande initiale.

Néanmoins, cette problématique reste un point levier quant à de futurs amélioration du mode
de dépistage du cancer du sein en France.
Aujourd’hui, les femmes sont fortement incitées par l’Etat, des associations et les soignants à
participer au dépistage du cancer du sein, afin de pouvoir détecter et soigner au mieux ces
cancers. Cependant, il convient de noter que certains chercheurs ont exprimé des
préoccupations quant à la sur-détection et au sur-traitement qui peuvent survenir avec un
dépistage régulier, ainsi que la nécessité d'un équilibre entre les avantages et les
inconvénients potentiels du dépistage.

L’HAS s’est exprimée à propos de cette controverse. Selon elle, les sur-diagnostics sont
présents dans tous les différents dépistages. Il est aujourd’hui impossible de différencier les
lésions qui vont évoluer, et celles qui resteront ainsi, c’est pourquoi un traitement est proposé
automatiquement. De plus, la mammographie est organisée tous les deux ans afin d’éviter le
plus possible les irradiations, mais également d’éviter un fort taux de cancer de l’intervalle.
Pour finir, “150 à 300 décès seraient évités pour 100 000 femmes participant régulièrement
au programme de dépistage pendant 7 à 10 ans”.

14 sur 21
Les femmes doivent discuter avec leur médecin de la fréquence et du moment appropriés
pour le dépistage du cancer du sein. Finalement, il est primordial que les femmes qui sont
impliquées dans les mouvements pour la santé des femmes soient incluses dans ces
discussions, afin que soient développés les outils nécessaires pour effectuer ces changements.

15 sur 21
Bibliographie

Titre Auteur Année Nature Lien d’accès

Is screening for breast Gøtzsche PC, 2000 Article https://www.thelancet.com/journals/la


cancer with Olsen O scientifique ncet/article/PIIS0140-6736(99)06065
mammography -1/fulltext
justifiable?

Fausses évidences et Vincent 2004 Revue https://www.cairn.info/revue-sante-pu


vrais dilemmes en santé Boissonnat blique-2004-1-page-9.htm
publique : le dépistage
radiologique des
cancers du sein

L'impact du cancer et Morel, 2010 Revue https://www.cairn.info/revue-de-neur


de ses traitements sur Nastassja, et al. opsychologie-2010-3-page-250.htm?c
les fonctions cognitives: ontenu=article
l'exemple du cancer du
sein

Participation au HAS 2012 Recommandations https://www.has-sante.fr/jcms/c_1194


dépistage du cancer du 998/fr/la-participation-au-depistage-d
sein: recommandations u-cancer-du-sein-des-femmes-de-50-a
de la HAS pour les -74-ans-en-france#:~:text=Depuis%2
femmes de 50 ans à 74 02004%2C%20la%20France%20a,co
ans existe%20avec%20un%20dépistage
%20individuel

Les traitements du Institut 2013 Guide pratique https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-


cancer du sein National du publications/Catalogue-des-publicatio
Cancer et la ns/Les-traitements-des-cancers-du-sei
Ligue contre le n
cancer

16 sur 21
Screening for breast Gøtzsche PC, 2013 Publication https://www.cochrane.org/fr/CD0018
cancer with Jørgensen KJ scientifique 77/BREASTCA_depistage-du-cancer
mammography -du-sein-par-mammographie

Dépistage du cancer du Catherine Hill 2014 Article https://www.em-consulte.com/article/


sein : où en est-on ? 894287/pdf/depistage-du-cancer-du-s
ein

Cancer du sein : “On Chantal 2014 Article https://lesgeneralistes-csmf.fr/2014/0


surestime les bénéfices Guéniot 7/03/cancer-du-sein-on-surestime-les-
du dépistage” benefices-du-depistage/

Dépistage et prévention HAS 2015 Référentiel de https://has-sante.fr/upload/docs/applic


du cancer du sein pratiques ation/pdf/2015-04/refces_k_du_sein_
vf.pdf

Dépistage du cancer du Jean-Yves Nau 2015 Point de vue https://www.revmed.ch/revue-medica


sein : faire participer les le-suisse/2015/revue-medicale-suisse-
femmes à la controverse 492/depistage-du-cancer-du-sein-faire
médicale ? -participer-les-femmes-a-la-controver
se-medicale

Breast-Cancer Béatrice 2015 Article https://www.nejm.org/doi/full/10.105


Screening - viewpoint Lauby-Secretan scientifique 6/nejmsr1504363
of the IARC Working et al.
group

Rapport de la Institut 2016 Compte rendu http://www.concertation-depistage.fr/


concertation citoyenne National du final de la wp-content/uploads/2016/10/depistag
Cancer concertation e-cancer-sein-rapport-concertation-se
pt-2016.pdf

AVIS DE Institut 2016 Compte-rendu des http://www.concertation-depistage.fr/


CONFÉRENCE DES National du avis des wp-content/uploads/2016/05/concerta
CITOYENNES Cancer citoyennes tion-depistage-cancer-du-sein-avis-de
s-citoyennes_mars-20161.pdf

17 sur 21
AVIS DE Institut 2016 Compte-rendu des http://www.concertation-depistage.fr/
CONFÉRENCE DE National du avis des wp-content/uploads/2016/05/concerta
PROFESSIONNELS Cancer professionnels tion-depistage-cancer-du-sein-avis-de
s-professionnels_mars-2016.pdf

Le dépistage organisé Vincent Robert 2017 Étude https://www.jle.com/fr/revues/med/e-


permet-il réellement et al. docs/le_depistage_organise_permet_i
d’alléger le traitement l_reellement_dalleger_le_traitement_
chirurgical des cancers chirurgical_des_cancers_du_sein__3
du sein ? 10529/article.phtml?tab=citer

La controverse sur la Dominique 2017 Chronique radio https://www.radiofrance.fr/franceinter


mammographie de Dupagne /podcasts/sante-polemique/la-controv
dépistage s'amplifie erse-sur-la-mammographie-de-depist
age-s-amplifie-8014319

Efficacité et Philippe Autier, 2017 Article Efficacité et surdiagnostic du


surdiagnostic du Magali Boniol, dépistage mammographique aux Pays
dépistage Alice Koechlin Bas, étude populationnelle · Cancer
mammographique aux et al. Rose (cancer-rose.fr)
Pays Bas, étude
populationnelle

Le dépistage du cancer Jean-Yves 2017 Publication https://www.gyneco-online.com/canc


du sein : un long fleuve erologie/le-depistage-du-cancer-du-se
SEROR
pas si tranquille in-un-long-fleuve-pas-si-tranquille

Préventions des cancers Dorsaf Omrane 2018 Article https://lesenjeux.univ-grenoble-alpes.


du sein : ce que la et fr/2018/supplement-a/03-preventions-
controverse fait à Pierre Mignot des-cancers-du-sein-ce-que-la-contro
l’action publique verse-fait-a-laction-publique/

Cancer du sein: HAS Publié en Article https://www.has-sante.fr/jcms/pprd_2


2016
modalité spécifique de 974673/fr/cancer-du-sein-modalites-s
Mis à jour

18 sur 21
dépistage pour le en 2019 pecifiques-de-depistage-pour-les-fem
femmes à haut risque mes-a-haut-risque

Pourquoi le dépistage Laetitia Lorniac 2020 Page web Pourquoi y-a-t'il une controverse sur
du cancer du sein fait le dépistage du cancer du sein ?
débat ? Explications de (chimio-pratique.com)
la controverse

L’info derrière l’infox: Institut 2020 Page web https://leseclairages.e-cancer.fr/le-dep


Le dépistage du cancer National du istage-du-cancer-du-sein-est-il-inutile
du sein est-il inutile, Cancer -voire-nefaste/
voire néfaste ?

Quand l’Institut Anne-Sophie 2021 Publication https://www.quechoisir.org/actualite-


national du cancer Stamane journalistique depistage-du-cancer-du-sein-quand-l-
dérape institut-national-du-cancer-derape-n9
3160/

Effect of screening by Indraneel 2021 Article https://www.bmj.com/content/372/bm


clinical breast Mittra, Gauravi scientifique j.n256
examination on breast A Mishra et al.
cancer incidence and
mortality after 20 years

Voici à quoi devrait se Dominique 2021 Publication https://twitter.com/DDupagne/status/1


résumer Octobre Rose Dupagne Twitter 444298430638170113

Témoignage de Sophie Sophie 2021 Témoignage https://cancer-rose.fr/2021/06/06/tem


oignage-de-sophie/

Dépistage des cancer du Institut 2022 Page wed https://www.e-cancer.fr/Comprendre-


prevenir-depister/Se-faire-depister/De
sein : Bénéfices et National du
pistage-du-cancer-du-sein/Benefices-
limites Cancer et-limites

Dépistage des cancer du Institut 2022 Page wed https://www.e-cancer.fr/Comprendre-


sein : des modalités National du prevenir-depister/Se-faire-depister/De
adaptées à votre niveau Cancer

19 sur 21
de risque pistage-du-cancer-du-sein/Les-niveau
x-de-risque

Les résultats décevants Anne-Sophie 2022 Publication https://www.quechoisir.org/decryptag


du dépistage Stamane journalistique e-cancer-du-sein-les-resultats-deceva
nts-du-depistage-n97716/#:~:text=Un
%20intérêt%20mal%20établi&text=L
es%20études%20les%20plus%20soli
des,plus%20récents%20mais%20moi
ns%20fiables.

Octobre Rose : un mois Centre de lutte 2022 Page web https://www.centreleonberard.fr/octo


pour sensibiliser sur le contre le cancer bre-rose
cancer du sein Léon Bérard

Traitements du cancer Société 2023 Page web https://cancer.ca/fr/cancer-informatio


du sein de stade 2 canadienne du n/cancer-types/breast/treatment/stage-
cancer 2

Que faisons-nous ? Cécile Bour 2023 Page web https://cancer-rose.fr/que-faisons-nou


s/

L’indépendance au 2023 Page web https://formindep.fr


service de la santé

Données PMSI 2023 Page web https://www.scansante.fr

Les cancers de 2023 Article https://cancer-rose.fr/2023/02/20/canc


l’intervalle ers-dintervalle-incidentalomes-les-per
dants-des-depistages/

Emilie Groyer 2023 Article https://www.rose-up.fr/magazine/ma


Mammographie 3D : “Il
mmographie-3d-tomosynthese-depist
est trop tôt pour
age-cancer-sein-trop-tot/

20 sur 21
l’intégrer au dépistage
organisé !”

21 sur 21

Vous aimerez peut-être aussi