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Offrir sa souffrance : l'exemple de Marthe Robin

Écrit par Père Patrick Sempère

Offrir ses souffrances pour la conversion des pécheurs. C'est ce mystère bien délicat qui nous
réuni ce soir. Un témoin nous aidera pour essayer d'en lever le voile, Marthe Robin née le 13
mars 1902, décédée le 6 février 1981. Il ne s'agira pas de retracer sa vie. D'une part, cette vie,
totalement configurée au Christ, est en elle-même un mystère. D'autre part, Marthe
n'apprécierait pas que l'on parle d'elle seule. En effet, on ne peut la comprendre sans parler du
père Finet et en dehors des Foyers de Charité. Si la vie de Marthe est une vie de souffrance,
elle est bien davantage une vie offerte, une vie donnée. En ce sens, elle est un témoin pour
nous aider à entrer dans ce mystère.
Mais, dans un premier temps, je voudrais expliciter cette expression « offrir sa souffrance ».

Que veut dire offrir sa souffrance ?

Si l'on entend par là qu'on peut offrir à Dieu, comme un cadeau, nos souffrances, cela ne va
pas ! Ce qui défigure l'homme ne peut plaire à Dieu. Qu'elle image avons-nous de Dieu si nous
croyons qu'il se réjouit du mal qui touche sa créature ?

Une autre expression « Dieu permet la souffrance » doit aussi être bien compris. Dieu ne
permet pas la souffrance comme une concession, comme s'il laissait faire. Si Dieu permet la
souffrance, c'est qu'il l'a pris lui-même à bras le corps. Le Christ s'est trouvé face au mal,
jusqu'à en mourir. Voilà comment Dieu permet la souffrance : en la prenant sur lui, en en étant
lui-même victime. Il ne reste pas extérieur à cette souffrance qu'il permet. Il s'y engage.

Ces deux remarques permettent de comprendre cette expression. « Offrir sa souffrance », c'est
s'unir au Christ qui, effectivement, a offert sa souffrance au Père. Mais sur la croix, Jésus n'offre
pas seulement sa souffrance. C'est toute sa personne qu'il remet entre les mains du Père. Saint
Paul dira : « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et
votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu » (Rom 12). Ainsi offerte comme don de
soi, la souffrance devient lieu de l'amour. Elle devient même source de vie.

Marthe Robin n'a pas choisi de souffrir. Elle a choisi d'aimer le Seigneur, d'être en communion
avec lui dans tout ce qu'il a vécu. Et comme la souffrance de Jésus sur la croix est la plus haute

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expression de son amour, elle choisit ce même chemin pour rejoindre son bien-aimé. « Ne nous
créons pas nos souffrances. Mais quand elles se présentent, comme Jésus, comme Marie,
portons les vaillamment. La souffrance prend la valeur que lui donne celui qui la porte. De
grâce, ne souffrons pas pour rien. C'est trop triste ». Après 10 ans de lutte contre la maladie qui
la ronge (une encéphalite), elle accepte, un lundi 3 décembre 1928, de s'abandonner
totalement entre les mains de Dieu, jusqu'à être configuré au Christ en croix offrant sa vie pour
la conversion des pécheurs. « Le sacré cœur de Jésus en croix est la demeure inviolable que
j'ai choisie sur la terre » dit-elle.

La souffrance restera toujours un mal à combattre. Mais lorsqu'elle nous touche, il est possible
de l'accueillir pour en faire, comme le Christ, un chemin d'amour du Père et des frères. C'est
l'amour qui plaît à Dieu et non le sacrifice. C'est à la lumière de l'amour que la croix doit être
regardé. Sinon, elle reste un scandale ou une folie.

Marthe est loin de cette conception de rachat que nous avons souvent pour expliquer le salut
par la croix. Pour racheter l'offense infinie faite à Dieu par le péché des hommes, il fallait une
douleur infinie, celle du Fils de Dieu. Pour faire miséricorde aux hommes, Dieu exigeait cette
justice que seul son Fils pouvait lui rendre. Marthe prendra une tout autre orientation. Elle a des
paroles éblouissantes sur l'amour qui lie à chaque instant, même sur la croix, les trois
personnes divines. Si la justice du Père existe, elle n'est pas l'exigence de la souffrance de son
Fils. Ni alors de la nôtre.

Comment offrir notre souffrance ?

Comment une personne qui souffre peut-elle s'offrir à Dieu ?


Commençons, comme le rappelle St Paul, par la voie royale : celle de la charité.

La charité

Offrir sa vie, c'est d'abord rester ouvert à la vie des autres par la charité. Bien sûr, parlant de
charité, cet amour des autres vient de l'amour de Dieu. Notre vie, à l'image de la vie divine, est
faite pour se donner. Marthe ne se contentait pas de prier. On connaît le nom de 103000
personnes qui l'ont rencontré ! Toutes les 20 minutes, les personnes se succédaient dans sa
chambre. Et cependant, chaque fois, elle était tout entière donnée à chacune. Tous ont été
touchés par cette présence : son écoute, son intelligence, sa mémoire, sa clarté, sa force, sa
simplicité, sa joie aussi. Une fois qu'on était entré dans sa chambre, on restait dans son cœur.
Sans oublier le nombreux courrier qu'elle recevait et auquel elle répondait en dictant ses
réponses, puisqu'elle était paralysée des bras ; sans oublier la confection de colis envoyés aux
prisonniers, aux dispensaires, aux écoles et aux autres Foyers de Charité. Sans oublier non
plus sa famille puisque Marthe a toujours vécu dans la petite ferme de ses parents, à la Plaine,
dans cette région de la Drôme, 70 km au sud de Lyon. Sans oublier encore les membres des
Foyers qui montaient à la Plaine pour lui confier leurs préoccupations.

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La configuration au Christ qu'elle a accepté de vivre ne pouvait qu'accroître et nourrir l'amour


des personnes qui venaient la rencontrer ; un amour simple, mais en acte. Elle vivait à chaque
instant les deux commandements de l'amour : l'amour de Dieu et l'amour des autres car l'un ne
peut se vivre sans l'autre. « Je connais maintenant la joie la plus pure, la plus douce qu'on
puisse connaître : celle de vivre pour les autres et pour leur bonheur » dit Marthe.

C'est par et dans cet amour que sont fondés les Foyers de Charité : offrir à toutes les détresses
un foyer de lumière (grâce aux enseignements de la retraite fondamentale), un foyer de charité
(grâce aux liens vécus entre les membres) et un foyer d'amour (par la découverte de la
Paternité de Dieu). Ce dernier point est essentiel pour comprendre les FdC. Le lien de Marthe
avec Jésus est totalement dans celle perspective : par le Fils découvrir le Père. « Seigneur
Jésus... c'est par vous, avec vous et en vous que je veux prier, aimer, louer, bénir et glorifier le
Père » dit-elle (2/01/1930). Ce qu'elle connaît de l'amour de Dieu, elle veut le partager. Elle veut
le faire connaître. Les Foyers sont faits pour cela.

Marthe ne vit pas cette charité dans un monde idéal. « Tout chancelle. Mon âme est toute
désemparée ! Seigneur Jésus je vous aime. Je ne peux même plus le sentir tant je souffre.
Mais je le sais ! » écrit-elle (21/04/1930). Ou encore : « Journée intimement unie à Dieu... sans
rien de sensible et de doux » (5/12/1930). Pour vivre ce don total de soi aux autres et à Dieu,
elle a besoin, comme tout à chacun, de points d'appui. Quels sont-ils ?

L'Eucharistie

Nous oublions souvent que la messe est le lieu de l'offrande. Dans l'eucharistie, lorsqu'il
présente le pain, le prêtre dit : « Tu es béni Seigneur Dieu de l'univers, toi qui nous donnes ce
pain, fruit de la terre et du travail de l'homme. NOUS te le présentons... ». Idem sur le vin, fruit
de la vigne et du travail de l'homme. Ce pain et ce vin reçus, nous les présentons au Père. En
ces mots si simples, la messe assume l'offrande de notre travail, de toutes nos activités de la
semaine, donc de toute notre personne. C'est le moment décisif où nous avons à nous remettre
au Père avec toute notre vie. « NOUS te le présentons... ».
Dans l'offertoire, nous nous offrons, avec nos pauvretés, comme le Christ s'offre sur la croix en
sa pauvreté. Nous nous remettons à la disposition de Dieu, les mains nues, prêts à abandonner
ce qui les encombre (richesses matérielles, honneurs, réussites, volonté, intelligence), prêts à
nous donner sans réticence pour que Dieu accomplisse son œuvre par nous, en nous et à
travers nous. Plus nous serons vides de nous-mêmes, plus Dieu pourra prendre sa place.
Heureusement, nous ne sommes pas laissés à nos seules forces pour nous offrir ainsi. Dans
l'eucharistie, nous sommes emportés dans le don parfait que le Christ fait de lui-même au Père.
En présence du Christ, réellement présent sous le pain et le vin, la quatrième prière
eucharistique nous fait dire : « Regarde, Père, cette offrande que tu as donné toi-même à ton
Église ; accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à cette coupe d'être rassemblés
par l'Esprit Saint en un seul corps, pour qu'ils soient eux-mêmes dans le Christ une vivante
offrande, à la louange de ta gloire ». Parce qu'elle est vide d'elle-même, parce qu'elle est « une
vivante offrande », Jésus comble Marthe lors de ses communions : « L'hôte bien-aimé déverse
en mon cœur un océan de délices... Cette divine union et fusion d'amour est la force et la vie de
mon âme. Jésus est l'ami qui me console de tout » (23/06/1930). Cet amour qu'elle reçoit, parce

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qu'elle à remis toute sa vie à Dieu, lui permet de se donner chaque jour davantage. Ainsi
Marthe ne se referme pas sur les grâces extraordinaires qu'elle reçoit dans l'eucharistie. Elle
communie pour porter à Dieu toutes les détresses humaines.

Marthe connaît aussi et vit de la communion spirituelle. « Tous les jours où je n'ai pas le
bonheur de recevoir la sainte eucharistie et plusieurs fois dans la journée, je fais la communion
spirituelle, la communion d'esprit et de cœur. Dans ma vie de malade, qu'il m'a été doux de
communier de désir... Si je n'avais pas su cette manière de faire la communion, je n'aurais pas
pu vivre » (7/09/1930). Même lorsqu'il n'est pas possible de recevoir l'hostie, il est toujours
possible de communier au Christ en s'unissant à son désir de faire non sa volonté mais celle du
Père.

La consécration à Jésus par Marie

Un aspect fondamental et spécifique de la vie de Marthe, et de la vie des Foyers, est la


consécration de leur vie à Jésus par les mains de Marie. Marthe ne peut dire « oui » à la
volonté du Père qu'en l'insérant dans le « Fiat » de Marie. Marthe connaît bien la Ste Vierge.
Non par des lectures qu'elle aurait faites, mais par ses rencontres avec elle. Toute sa vie
d'abandon est vécue par Marie, avec Marie et en Marie. « C'est vous, ô Mère incomparable que
je supplie de détruire en moi tout ce qui n'est pas pour Jésus et à Jésus. Promenez en mon être
le feu qui purifie afin qu'il n'y ait rien dans mon cœur qui puisse déplaire à Celui qui chérit mon
âme » (25/07/1930). Marthe est très exacte sur ce point. Ce qu'elle veut, c'est trouver Jésus, le
seul chemin vers le Père. Mais pour trouver Jésus, elle se tourne vers Marie afin que, comme
nous venons de l'entendre, Marie tourne vers son Fils tout ce qui ne lui ai pas encore donné.
C'est la signification de la consécration de St Louis Marie Grignon de Montfort, dit chaque jour
dans les Foyers. « Je vous choisis aujourd'hui ô Marie, en présence de toute la cour céleste
pour ma mère et ma reine. Je vous livre et consacre... »

Le père Finet

Ces extases lors de la communion, les visites de Jésus et de la Ste Vierge dans sa chambre
n'empêchent pas Marthe de rester bien humaine. Elle a aussi besoin de « soutien dans sa
faiblesse, de consolateur dans ses souffrances, d'ami dans ses afflictions, de guide pour son
âme » pour reprendre ses expressions (22/09/1930). La vie mystique en effet n'élimine pas une
vie authentiquement humaine, faite de partage, d'écoute, de questionnement. Après le curé de
sa paroisse, le père Faure, c'est le Père Finet qui va lui être donné comme soutien. Entre eux,
une communion exceptionnelle va s'établir, chacun faisant grandir l'autre dans sa vocation. Le
père Finet est touché par cette vie divine qu'il discerne en Marthe, par cette intimité qu'il
découvre entre le Seigneur et elle, entre la Ste Vierge et Marthe, par la rectitude de ses
paroles, etc... Tout cela nourrit sa foi de prêtre. Mais Marthe a besoin d'être éclairé par le père
qui a fait des études de théologie. Elle a besoin d'être conforté dans ce qu'elle vit. Elle se confie
à lui. Il l'éclaire dans ce qu'elle vit. Il la confesse avant chaque communion. Il l'aide à accueillir
la Passion qu'elle vit chaque semaine et ainsi à répondre à l'appels de Dieu. Par celui qui

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devient ainsi son père, Marthe découvre et approfondie la Paternité de Dieu « de qui vient toute
paternité sur terre ». Elle le renvoie sans cesse à cette mission de Père. Elle ne prendra jamais
aucune décision vis-à-vis des Foyers, laissant le père Finet, puis les Pères de chaque Foyer qui
naîtront, assumer pleinement leur mission. Une grande intimité lie Marthe et le père Finet,
emprunte d'affection, de grand respect et de délicatesse. Un membre de Foyer disait que cette
intimité, bien que visible, n'était pas exclusive. Elle invitait ceux qui en étaient témoins à entrer
dans cette communion. « Que tous ils soient un » prie le Christ. Et cependant cette relation
aussi passera par des purifications, tant pour le père Finet que pour Marthe.
Il ne s'agit pas pour nous de vouloir imiter cette relation qui vient d'abord d'un don de Dieu. Mais
simplement nous rappeler que notre vie de foi, même si elle est personnelle, ne peut se vivre
individuellement. Nous sommes tous membres d'un même Corps. Et aucun membre ne peut
dire à un autre : je n'ai pas besoin de toi. Se savoir et se reconnaître membre d'un corps aide à
œuvrer pour ce corps. En ce sens, Marthe était une vraie fille de l'Eglise. C'est pour le bien du
corps tout entier qu'elle vivait.

La prière

Lorsque l'on aime, on veut être en présence de celui que l'on aime, même s'il « est là dans le
secret ». Voilà la dimension de l'offrande dans la prière : donner du temps à Dieu, vouloir
demeurer en son amour, à chaque instant de sa vie.
Un épisode donnera de comprendre ce qu'est la prière pour Marthe. En 1980, 4 pères de Foyer,
dont le père Finet, discutaient dans sa chambre sur les futurs statuts des Foyers. Marthe
écoutait tout en restant silencieuse. A un moment, un des prêtres se tourne vers elle et lui dit :
« Marthe, vous ne dites rien. Et elle de répondre : Mais ce n'est pas moi qui suis responsable.
Puis : Moi, je suis la prière ». La prière est la vie de Marthe. C'est par cette vie de prière qu'elle
veut agir dans les Foyers, non en y prenant la tête. Unie au Christ, elle accueille tout ce qui
entre dans sa chambre et elle offre tout au Père.
« L'action m'est refusée ici-bas, dit-elle. Mais Jésus me donne d'exercer celle de la prière, de
l'amour dans la souffrance, dans les sacrifices. Elle paraît stérile dans le monde, mais combien
féconde devant Lui » (28/08/1930).
Cet exercice de la prière auquel nous sommes tous appelés, lui non plus, ne repose pas sur
nos seules forces. Que nous le sentions ou pas, Dieu nous aime. L'Esprit demeure en nous. Et
« l'Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier
comme il faut. Mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables »
(Rom 8). C'est d'abord l'Esprit qui prie en nous, qui nous tourne vers Dieu pour nous permettre
de nous abandonner.

La réconciliation

Marthe ne communiait jamais sans s'être confessé. Cette attitude nous rappelle son amour du
Christ. Parce qu'elle aimait le Seigneur par dessus tout, elle ne pouvait imaginer le recevoir en
son cœur sans l'avoir préparé, sans l'avoir purifié par le pardon de l'absolution. Dans ce
sacrement de la réconciliation, Marthe voyait et vivait d'abord et encore l'amour du Père qui
veut tout pardonner à ses enfants. Marthe avait conscience de sa faiblesse. Elle avait

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conscience de la grandeur de Dieu. Elle percevait bien que la communion, la rencontre entre
l'un et l'autre, ne pouvait se vivre que parce que Dieu lui-même le voulait et le permettait.
« Tous les désirs de Jésus sont de combler l'extrême de notre misère des merveilleux et
immortels trésors de sa miséricorde. Espère, mon âme : Jésus va te pardonner tout ce qui a pu
lui déplaire en toi » (8/08/1930).
Tout sacrement est rencontre du Christ. Et seul le Christ peut nous révéler ce que nous
sommes vraiment. Il est la lumière qui éclaire tout homme. « Venez voir un homme qui m'a dit
tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? » dit la samaritaine. Voilà notre offrande dans ce
sacrement : pas seulement celle de nos péchés, mais accepter de nous laisser regarder par le
Christ tel que nous sommes, accepter de nous laisser prendre tel que nous sommes pour qu'il
puisse, par son pardon, nous permettre d'aimer comme Il aime.

Conclusion

Tout doit être fait pour surmonter la souffrance. Mais nous ne pourrons jamais l'éliminer
complètement du monde. D'une part, nous ne pouvons pas nous extraire de notre finitude et
d'autre part aucun de nous n'est en mesure d'éliminer totalement tout le mal qui est source de
souffrance. Le seul chemin qui nous reste pour assumer la souffrance consiste à nous offrir à
Dieu. Et ce chemin est accessible à tous puisqu'il est celui de la charité, celui de l'eucharistie,
de la prière, celui de Marie, tout cela vécu en Eglise. Ainsi la souffrance peut devenir un lieu
d'amour.
Laissons à Marthe les derniers mots :

Mon Dieu ! faites en moi et de moi tout ce que vous voulez pourvu que vous grandissiez mon
amour. Soyez moi tout.Mes jours et mes nuits s'écoulent dans la lumière et l'amour : que de
lumière crée l'obscurité ! L'amour qui m'envahit progresse toujours... que Dieu en soit béni !En
Dieu tout est sans mesure, l'âme qui s'est livrée ne sait jusqu'où l'amour l'emmènera. L'amour
est un feu consumant qui propage son action dans les âmes.Je sens que je possède un trésor
que Dieu veut distribuer par moi. Pour cela... oubli de moi toujours plus parfait... que je
disparaisse complètement et sans réveil dans la volonté de Dieu et que Lui seul
apparaisse."Mes désirs ne sont pas vos désirs, mes vues ne sont pas vos vues".Seigneur, mon
Dieu ! Je Vous en conjure, faites que je rayonne sur ceux qui m'entourent, donnez leur la
lumière, éclairez les par moi, communiquez vous à eux par moi, donnez vous à eux à travers
moi...Je surabonde de grâces ! Comme j'ai tout donné et abandonné à Dieu, ne gardant rien
pour moi, rien à moi, je suis heureuse à la pensée que Celui qui en est devenu possesseur
recueille tout pour le déverser dans les âmes qu'il lui plait et que Lui-même choisit.Je voudrais
que les âmes du monde entier puissent aimer Dieu comme je l'aime, que toutes chantent avec
moi l'hymne de la reconnaissance et de l'amour.Pour L'aimer, il faut avant tout le connaître...
Mon Dieu que votre règne arrive ! Je voudrais que Dieu enseigne à toutes les âmes comme à
moi et leur apprenne le secret tout divin d'utiliser généreusement leurs souffrances quelle qu'en
soit la nature, le degré, la profondeur, volontairement, rien par force... tout par amour, sans
chercher à savoir le pourquoi de la douleur, mais remonter à Celui qui l'envoie, ne pas regarder
que la blessure, voir la main qui l'a faite, la panse, la guérit.L'enseignement divin ne se

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communique pas extérieurement, il ne se voit ni ne s'entend. Invisible et sans bruit Dieu


encourage d'une façon toute intérieure. Il se fait sentir, connaître et non voir, un Cœur qui se
résigne et accepte. Il se fait comprendre, non entendre à l'âme qui a confiance et s'abandonne
sinon joyeusement du moins paisiblement en toute confiance.

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