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ANALYSE DU SYSTEME ENERGETIQUE CAMEROUNAIS DANS UNE PERSPECTIVES DE

DEVELOPPEMENT SOUTENABLE

Par Valérie NKUE (*) et Donatien NJOMO (**)


Laboratoire d’analyse des technologies de l’énergie et de l’environnement (LATEE) Université de Yaoundé-Cameroun

Après une décennie de récession, l’économie camerounaise a renouée avec une croissance positive à de partir de 1995. Six
ans plus tard, le pays est tombé dans une crise énergétique qui s’est traduite par des délestages réguliers d’électricité, des
pénuries de gaz de pétroles liquéfiées, la baisser de la production pétrolière et la flambé des prix des carburants. Cette
situation a contribué à la stagnation de l’économie et à la perturbation de la vie sociale. Si les raisons des dernières
manifestations de cette crise sont d’ordre conjoncturel, celle des délestages d’électricité et des pénuries des gaz sont d’ordre
structurel et organisationnel. La maîtrise des mécanismes de fonctionnement du système énergétique constitue de ce fait un
enjeu majeur pour tout acteur du secteur de l’énergie. Cet article étudie la dynamique du système énergétique camerounais
en mettant en relief les interactions des facteurs socio-économique, environnementaux, technologique et politique qui sont à
la fois des facteurs conjoncturels, structurels et organisationnels. Nous montrons que le système énergétique camerounais
actuel n’est pas compatibles avec les objectifs de développement économique et social équitable dans l’espace et dans le
temps ni avec des objectifs d’équilibre écologique à long terme. Le déséquilibre entre l’offre et la demande de l’énergie est
analysé et le déficit d’équilibre est actuelle est évalué et commenté.

I- INTRODUCTION
Plusieurs publications ont montré le rôle fondamental que joue l’énergie dans la réalisation des objectifs du millénaire
pour le développement (OMDs) édictés par l’ONU, que ce soit pour réduire l’extrême pauvreté et la faim, assurer l’éducation
primaire pour tous, réduire la mortalité infantile améliorer la santé maternelle, assurer environnement sain ou pour combattre
le maladies endémiques ( VIH/sida, paludisme) ; l’énergie a également des liens étroits avec toutes les activités qui
concourent au développement économique et social, et son impact sur l’équilibre actuel et futur est critique. Au niveau du
Cameroun, la question qui vient à l’esprit est la suivante : Le système énergétique camerounais actuel est-il compatible avec
les objectifs de développement économique et social équitable dans l’espace et dans le temps et les objectifs d’équilibre
écologique à long terme ? Ou simplement dit, le système énergétique camerounais actuel est-il soutenable ? Avant de
répondre à cette question, nous étudierons la structure du système énergétique camerounais.
Un système énergétique est un ensemble de ressources et de processus regroupant les gisements d’énergie primaire, les
transformations en énergies finale, les réseaux de distributions et les modes de consommation dont l’organisation et
l’évolution sont régis par les facteurs politiques, technologiques, socio-économiques et environnementaux.
Les interactions parfois contradictoires entre ces différents facteurs confrontent les facteurs du système énergétique à des
dilemmes, notamment celui du développement socio-économique d’une part et celui du développement soutenable d’autre
part. Le défi majeur est alors celui de trouver le meilleur compromis satisfaisant les besoins actuels de croissance économique
et sociale, sans compromettre les besoins des générations futures, en évitant les risques de rupture et préservant
l’environnement.
Ceci passe nécessairement par l’identification des composants du système énergétique, la récolte d’informations sur les
facteurs d’organisation et d’évolution, la constitution d’une série temporelle de données sur la demande et l’offre d’énergie.
L’analyse des interactions internes entre ces différents composants du système énergétique et l’environnement permet de
mettre en évidence la dynamique du système étudié. C’est la substance de l’étude que nous rapportons dans cet article at qui
se décline autour de trois points majeurs.
Premièrement, une étude du contexte camerounais passe en revue de la démographie, la structure de l’économie et de son
évolution. Ensuite, une analyse de la structure du système énergétique camerounais décrit les institutions et acteurs de la
politique de l’énergie au Cameroun, les différents composants structurants la demande d’énergies, le potentiel énergétique
du pays, l’ensemble des chaîne d’extraction, de transformation et de distributions pour chacune des filières énergétiques que
sont les énergies renouvelable(biomasse), l’électricité et le pétrole. Enfin, une discussion examine les effets expliquant la
croissance des énergies au Cameroun. Une évaluation du déficit énergétique actuelle est également faite. Le problème de
l’impact de l’importation frauduleuse sur les produits pétrolier est examinée, les commentaires sont faits sur la flambé

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actuelle des coûts de pétrole et la nécessité d’intégré la notion de développement soutenable dans les politiques énergétiques
préconisés au Cameroun est souligné. Un glossaire de terme est fourni en annexe.
II. LE CONTEXTE CAMEROUNAIS
1. Géographie et climat

La République du Cameroun (figure 1) est un état d’Afrique centrale, situe au fond du golfe de Guinée entre les 2ème et 13ème degrés de latitude
Nord et les 9ème et 16ème degrés de longitude Est. Elle est limitée à l’Ouest par le Nigeria (1 700 km de frontière) avec une façade martine d’environ
420km le long de l’océan Atlantique, au sud par le Congo (520 km), le Gabo (300 km) et la Guinée équatoriale (400 km), à l’Est par la république
Centrafricaine (800 km) et le Tchad (1 100 km). Le Cameroun couvre une superficie de 475442 km2 qui le classe au 52ème rang des 192 membres
de L’ONU (ECOF 2007).

Le climat Camerounais très diversifié peut-être regroupé en deux domaines :

• Le domaine équatorial, caractérisé par deux saisons de pluies (précipitations abondantes) qui alternent avec deux saisons sèches
(températures élevées et stables) et une végétation se dégradant au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’équateur ;
• Le domaine tropical avec des températures élevées et des pluies peu abondantes de types soit sahélien (décembre en mars), soit soudanien.

Des particularités sont observés dans la région côtières (littoral) et dans les hauts de l’ouest ou des pluies abondantes tombent parfois pendant neuf
mois d’affilée de mars à novembre.

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2. La démographie

Depuis son indépendance, il y a soixante un ans, le Cameroun à réaliser quatre recensements généraux de la population. Les résultats du
quatrième qui s’est achevé en 2014 ont estimés la population à 21 657 488 individus. Cette population était estimée à 16.3 millions d’habitants en
2005, ce qui plaçait le Cameroun au 60ème rang mondial, 41ème rang africain et deuxième rang en Afrique centrale après la République
démocratique du Congo (ONU, 2005). La structure de la population par groupe d’âge reste quasiment inchangée depuis le recensement de 1987.
Cette population est essentiellement jeune : 44,6% de la population a moins de 14 ans, tandis que 3,8% a plus de 65 ans (INS, 2006). Selon les

résultats du dernier recensement, le Cameroun compte toujours un peu plus de femmes (50,6 %) que d’hommes (49,4 %). La moitié de la

population a moins de 17,7 ans et le poids démographique des moins de 15 ans se situe à 43,6 %. Les personnes âgées de plus de 60 ans ne

représentent que 5,5 % de la population totale.

Les deux métropoles Yaoundé (capitale politique) et Douala (capitale économique) abritent respectivement 2 440 462 et 2 446 945 million
d’habitants. Le taux d’urbanisation atteint 55% contre 32% en moyenne pour l’Afrique subsaharienne (2012).

Le Cameroun compte deux langues officielles, le français et l’anglais parles respectivement par 78% et 22% de la population et reconnues d’égale
valeur par la contribution ; on a aussi recensé plus de 250 langues locales, fort utilisées dans la communication familiale, mais qui ne sont ni écrites
ni enseignées. Les deux régions anglophones sont celles du Nord-Ouest et du Sud-Ouest

3- Aperçu de l’économie

1- Évolution de l’économie camerounaise

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L’économie camerounaise est assez diversifiée tuais fortement soutenue par l’agriculture, comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, et par le pétrole. Le PIB au taux
de change courant estimé à 18,3 milliards de dollars US en 2006 par labanque mondiale place le Cameroun au 86 ème rang mondial (Data, 200)).

L’histoire de l’économie du Cameroun peut se scinder en trois grandes phases (figure 2) : une première phase allant des années de l’indépendance au milieu des années 1980, avec des taux de
croissance positifs qui avoisinaient les 7 % par an. Le moteur de la croissance ici étant l’agriculture. Il est propulsé à partir des années 1977 par la mise en exploitation des gisements
de pétrole.

Une deuxième phase qui va de 1985 à la première moitié des années 1990’où sous l’effet conjugué de la chute des prix des exportations, en moyenne de 40.40 % pour le pétrole,
de l’augmentation du taux de change du dollars US et de la baisse des cours de produits agricoles sur quatre années consécutives (Babi, 2003), le Cameroun est entré dans une
récession économique pour laquelle J a fallu une décennie pour se remettre.

Depuis 1995 (troisième phase) à la faveur des diverses politiques économiques axées 1 sur l’ajustement autonome et Structurel, la dévaluation du
franc CFA intervenue en janvier 1994, le pays a recommencé a renouer avec une croissance positive.

Cette croissance reste cependant très instable. En effet, après la régression de 2005 on a observé une légère remontée en 2000 avec un taux de croissance de 3,5 % contre 2,5%
en 2005, tiré essentiellement par !e secteur pétrolier. Avec la reprise dans les bâtiments et travaux publics et l’annulation de la dette obtenue le 28 avril 2006 après l’atteinte du
point d’achèvement de l’initiative PPTE (2), elle atteint 4,2 % en 2007. Les projections la situent à 4,5 % en 2008.

En 2020, les pays de la CEMAC ont enregistré un taux de croissance de leur PIB réel de - 1,7 % (dont - 4,0 % pour le secteur pétrolier et - 1,1 % pour le secteur hors pétrole) contre +
2,9 % en 2019. En particulier, le secteur non pétrolier a au total perdu 3,2 points de croissance en 2020, reflétant l’impact de la crise économique et sanitaire qui a frappé l’ensemble
de l’économie mondiale et qui s’est notamment traduit par un taux de croissance du PIB mondial négatif, à - 3,4 % en 2020 contre + 2,8 % en 2019.
En juin 2020, au plus fort de la crise sanitaire, le taux de croissance prévisionnel du PIB de la CEMAC était de - 3,7 %, dont - 1,9 % pour le secteur pétrolier et
- 4,1 % pour le secteur hors pétrole. (BEAC 2020)

2- Les secteurs productifs de l’économie

Le secteur agricole représente 21 % du PIB (figure 3) et se répartit entre une production vivrière active, exportée pour une partie vers les pays voisins, et des cultures de
rente (coton, caoutchouc, palme, cacao, banane).Ce secteur, et particulièrement l’agriculture, emploie 55,7 % de la population active (INS, 2006)
L’activité agricole repose essentiellement sur l’énergie humaine a l’exception de certaines régions d’élevage (partie septentrionale du pays) qui bénéficient parfois de la traction
animée. Ce secteur souffre d’une offre insuffisante en énergie dite « moderne ». Le PANERP indique bien une élasticité de 0,25 entre la production agricole et l’offre de
terriens énergétiques (PANERP, 2007). Ainsi, avec la volonté affichée des autorités camerounaises de redynamiser le secteur agricole et le programme de mécanisation de l'agriculture
exposé dans le DSRP (DSS, 2005), le secteur agricole pourrait consommer davantage d’énergie moderne et en particulier des produits pétroliers.
Le secteur industriel camerounais n’a connu aucun investissement majeur depuis près de 20 ans ct ne représente plus que 17 % du PIB en 2007. Il subit la régression de la production
manufacturière attribuable d’une part au déficit actuel d’énergie électrique. C’est ainsi que l’indice de la production en volume a chuté au cours du deuxième trimestre 2006 (- 4,0
%) et au troisième trimestre (-5,2%) (GICAM, 2007). En plus du très faible taux d’industrialisation (ONUDI, 2001), le taux de vieillissement des équipements productifs est assez
élevé et en croissance continue allant d’environ 48 % en 1989/90 à 62 % en 200_1/02 (Babi; 2005).
Le secteur tertiaire contribue à 49 % au PIB. Il est soutenu par le sous-secteur de la téléphonie mobile qui connait une croissance fulgurante. Avec plus de 1,8 million
d’abonnés à la fin du premier semestre 2005 et un chiffre d’affaires de plus 115 milliards de F CFA (3) hors taxes (GICAM, 2005), ce sous-secteur a enregistré en 2006 près de 2,9
millions d’abonnés pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 250 milliards pour les trois opérateurs présents sur le marché (GICAM, 2006).

Evolution de la repartition sectorielle du PIB


au Cameroun de 2021
6.80%
26.40%
52.90%

8.2

secteur primaire secteur secondaire secteur tertiaire impots et taxes nets

III- STRUCTURE DU SYSTÈME ÉNERGÉTIQUE CAMEROUNAIS

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1- Institutions et acteurs de la politique de l’énergie au Cameroun

Plusieurs administrations et organismes interviennent dans la politique énergétique au Cameroun. On peut citer entre autres, la présidence de la république qui oriente la politique
générale du secteur de l’énergie.
Le ministère de l’énergie et de l’Eau élabore et met en œuvre les plans et stratégies gouvernementales en matière de production, de transport et de distribution de l’énergie. La
société EDC gère pour le compte de l’Etat camerounais le patrimoine du secteur électrique. La société AES Sonel assure la production, le transport et la distribution de
l’électricité. La promotion de l’é1ectrification rurale est assurée par !’Agence d’Électrification Rurale (AER). La SNH gère les ‘activités de la‘ recherche ct production
pétrolière et la commercialisation de la part de la production de pétrole brut qui revient à l’État camerounais. Trois sociétés assurent la production pétrolière : Total E&P, Pecten et
Perenco. Le pétrole est raffiné sur le plan local par la sonara. Après le raffinage, les produits pétroliers transportés par Camship et Camail sont stockés par la SCDP, puis transférés
vers des stations-service par des camionneurs agréés ; des sociétés privées telles que Total, Texaco, Oilybia, SCTM et Petrolex assurent la distribution auprès des consommateurs.
Deux organismes publics interviennent dans la régulation du secteur : L’Agence de régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) et la Caisse de Stabilisation des Prix des
Hydrocarbures (CSPH). Il n’existe pas encore au Cameroun un cadre institutionnel régissant le secteur des énergies renouvelables.

2- Structure de la demande énergétique

consommation d'energie final par secteur


2.36%

5.22%
13.20%

78.60%

residentiel transport industries autres

consommation final par vecteur d'energie

18.48%

7.30%

74.22%

biomass electricite petrole

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Les systèmes énergétiques des pays en développement généralement tributaires des énergies traditionnelles sont moins performants que ceux des pays industrialisés (Urban, 2007). Au
Cameroun, la demande en énergie reste encore insatisfaite et le taux d’art aux énergies modernes est très fable, de l’ordre de 15 % pour l’électricité et de 18 % pour le gaz domestique en
moyennes nationale ; en outre l’accès â l’électricité est inférieur à 5% dans les zones rurales contre environ 50 % dans les zones urbaines.
Tous secteurs d’activités confondus, 1a consommation camerounaise d’énergie finale s’élève à environ 5 235 ktep en 2006 et se répartit comme suit (figure 4) :
Il en ressort que le secteur résidentiel constitue le poste de consommation le plus important avec 73 % des parts. Les secteurs du transport et de l’industrie viennent
respectivement en seconde ct troisième positions et représentent 12 % et 9 % de la consommation d'énergie finie.
Par secteur énergétique, la consommation d’énergie finale au Cameroun présente la structure suivante :
On constate ainsi que la structure de la consommation d’énergie finale au Cameroun est typique de celle de l’Afrique subsaharienne avec une prédominance de l’énergie
traditionnelle (74 % de biomasse) composée essentiellement de bois de feu. La figure 6, donne la répartition des consommations de cette énergie selon les secteurs d’activité.
La biomasse est essentiellement consommée par les ménages. Cette énergie traditionnelle dont la consommation dans le secteur résidentiel se situe à 2619 ktcp en 2006 est utilisée par
98,7 % des ménages en zone rurale, ménages qui représentent 65 % de la population camerounaise. C’est la principale source d’énergie utilisée dans les ménages pour la cuisson
des repas. D’après le SIE-Cameroun, 96 % des énergies domestiques sont destinés à la cuisson des repas, soit 72 % de la consommation d’énergie finale au Cameroun.
Il convient de remarquer qu’en dehors de la biomasse, d’autres énergies renouvelables règles que le colère et l’éolien sont également utilisés au Cameroun mais à faible échelle
pour l’électrification des centres de soins de santé primaire, la production d’eau chaude, le pompage de l’eau et les télécommunications. Leur apport donneur encore marginal à
l’heure actuelle dans les bilans énergiques.
Les produits énergétiques modernes (électricité et produits pétroliers) ne représentent que 1360 ktep, soit le quart de la consommation d’énergie finale en 2006. La figure 7, donne la
répartition de cette consommation par secteur d’activités économiques.
On observe que le secteur du transport absorbe plus de la moitié (56%) des produits énergétiques modernes. Il consomme la quasi-totalité des produits pétroliers.
Les quatre modes de transport présents au Cameroun (routier, ferroviaire, aérien, maritime et pipeline) ne fonctionnent qu’avec les produits pétroliers.
Le gaz domestique (GPL) est essentiellement consommé par les ménages. En sept ans, sa consommation a subi une croissance de 2 9 % p a s s a n t d e 3 3 900
t o n n e s métriques e n 2000 à 43 800 t o n n e s métriques en 2006 (CSPH, 2007) et la demande n’est pas toujours satisfaite, comme en témoignent les pénuries
récurrentes observées sur le marché.
La consommation totale d’électricité présente une structure dominée par l’énergie livrée en HT a quatre industries (Alucam, Socatral, Cimencam et Cicam) grosses
consommatrices d’énergie appelées « clients spéciaux › dii distributeur AES-Son1; leur part dans la consommation d’électricité en 2006 s’est élevée â 124 ktep (1 439 GWh), soit 42 %
de la consommation finale d’électricité.
Rapportée à la population nationale, la consommation finale d’énergie au Cameroun est de 0,29 tep/hab. en 2006.
En énergie traditionnelle (biomasse) ce ratio est de 0 ,23 t e p /hab. Il t o m b e à 0,08 top/hab. Pour des énergies modernes (électricité et produits pétroliers), soit i),06
top/tab, pour les produits pétroliers et 265 kWh/hab. pour l’électricité.
En énergie primaire, la consommation camerounaise, évaluée à 0,33 top/hab., est inférieure à la moyenne africaine (0,58 tep/hab.). La figure 8, donne une comparaison
avec d’autres pays. On remarque bien que les pays industrialisés (Canada, États-Unis, France) et émergents comme l’Afrique du Sud, sont très énergivores. Par exemple, la
France et le Canada consomment respectivement treize er vingt- cinq fois plus d’énergie primaire par habitant que !e Cameroun.
De 2000 à 2006, la consommation d’énergie finale au Cameroun est passée de 4314 ktep a 5 235 ktep avec une croissance moyenne de 3,4 % par m. Durant cette période, la
structure de la consommation est restée la même, c’est-à-dire 74 % d’énergie traditionnelle et 26 0/0 d’énergie moderne. La figure 9 illustre cette situation.

Figure : Consommation d’énergie primaire par habitant


Figure : Consommation d’énergie primaire par habitant

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Figure : Consommation d’énergie primaire par habitant

Figure : Evolution de la consommation d’énergie finale

3- Structure de l’offre énergétique

• Electricité

Le Cameroun dispose du second potentiel hydroélectrique africain (294 TWh) après la République dém ocratique du Congo, d o nt moins de 3 % sont utilisés
â ce jour. Le Potentiel exploitable est assez considérable : 19,7 GW pour un productible moyen de 115 T W h par an, (figures 10 et 11).
Depuis leur création, les installations de production d’énergie au Cameroun n’ont pas subi une croissance majeure de leurs capacités.
De 2000 à 2006, le parc de la production hydroélectrique n’a pas changé. La légère croissance de la puissance électrique Installée observée entre 2003 et 2006 résulte de l’entrée en service
de nouvelles capacités thermiques importantes, en 1’occurrence Îa centrale de Limbe (85 M W ) , de l’augmentation de la capacité du parc existant (Oyomabang 1, Logbaba) et de
l’augmentation du nombre d’auto producteurs d’électricité.

Cependant la production d’électricité reste toujours fortement dominée par les centrales hydroélectriques, soit environ 76 % de la production totale en 2006. Les auto-
producteurs ont marqué de manière significative la production d'électricité au Cameroun avec une contribution d’environ 19 %, trois fois supérieure à la production des centrales
thermiques d’AES SONEL (5 %), (figure 12).

La part importante des autos producteurs dans la production d’électricité nationale S’explique entre autres par l’insuffisance de l’offre publique d’énergie. D’après le recensement
effectué par l’ARSEL en 2004, 68 % des auto producteurs produisent leur propre énergie pour garantir la permanence de leur alimentation, 20 % produisent en appoint et 16 % produisent
pour faire face au défaut du réseau national d’électricité. Il importe de signaler que compte tenu du fait de leur isolement, les exploitants forestiers sont contraints à
l'autoproduction

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puissance installée (en MW)
2500

2000

1500

1000

500

0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Hydroélectrique Thermique
Auto-production sans biomass TOTAL

Figure 10 :Puissance installée

production d’électricite en Gwh


9000
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021

Hydroelectrique Thermique publique


Auto-production avec biomass TOTAL

Figure 11 : Production d’électricité

Figure 9 : Part de la puissance installée et de l’énergie produite en 2018

• Les Hydrocarbures

Le Cameroun ne produit pas encore de gaz naturel mais dispose de réserves prouvées de 157 milliards m3 pour un potentiel de 570 milliards m3 (SNH,2007) ; Des études sont en
cours pour son exploitation dans un futur proche. Quant à la production pétrolière, e l l e est en baisse, passant de 116 000 barils par jour en 2000 à 85000 barils par jour
en 2007 soit une moyenne annuelle de 34 millions de barils par an. (Figure 13)

La part de l’Etat camerounais a travers la SNH est en moyenne de 65 % par an. Le reste appartenant aux partenaires associés. La figure 14 donne la répartition de la production

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pétrolière en 2007 :
Avec des réserves modestes estimées à 250 millions barils au 31 décembre 2006, si de nouveaux gisements de pétrole ne sont pas découverts, le Cameroun sera fortement dépendant
des importations de pétrole dans lesannées 2030. Cependant, de nouveaux permis de recherche ont été octroyé notamment celui autorisant la recherche dans le
bassin du Rio Del Rey sur le bloc dénommé « Ndian River » situé en partie dans la zone de transition a l’Est de la presqu’île de Bakassi qui serait potentiellement riche en brut léger.

Figure 13 : Evaluation de la production pétrolière au Cameroun

• Les produits pétroliers

Le pétrole camerounais est assez lourd et n’assure que 10 % des approvisionnements de la raffinerie nationale dont la technologie i distillation Atmosphérique exige des
bruts légers. La quasi-totalité (90 %) de huit traité par la Sonara est importée, notamment du Nigeria voisin.
 l’état actuel du développement des activités, la raffinerie da Cameroun fonctionne a plus de 98 % de sa capacité de production. L’outil de raffinage est ainsi quasiment
saturé.
La Sonara fournit huit types de produits : le fuel-oil FO3500, le fuel-oil FO1500, le distillat, le gazole, le kérosène, l’essence, le GPL et naturellement les gaz de raffinerie. Le gasoil
occupe la grande part de la production (33%) suivi du kérosène et de l’essence moteurs.
Le distillat, produit semi-fini, est entière- ment exporté. Jusqu’en 2004, date de la mise en service par AES Sonel de la centrale thermique de Limbé, la totalité de FO3500
était également exportée. De nos jours, des 273000 tonnes produites, AES SONEL en consomme 11 0/0.
Il y a lieu de rremarquer la présence des sociétés qui produisent du fuel-oil (consommé par les industriel locales) par transformation des huiles de récupération. Les quantités
produites peuvent atteindre 15 000 tonnes par an. Ce combustible est utilisé dans les chaudières : de cimenterie, des industries brassicoles et des savonneries.
Les gaz de raffinerie produits par la Sonara sont consommés en partie (60 %) dans le process et le reste, environ 24000 tonnes par an, est brûlé à la torche.
Le gaz de pétrole liquéfié (GPL), considéré comme produit fatal par la Sonara et dont la production reste marginale (24 000 tonnes/an), pose un
problème réel d’approvisionnement du marché intérieur face à une demande continuellement croissante. L’Etat camerounais a ainsi de plus en plus
recours aux importations sur le marché international. Durant les cinq dernières années, les importations de GPL sont passées de 12 000 tonnes métriques
en 2002 à 29 000 tonnes métriques en 2007, soit un accroissement de 142%.

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• Les énergies renouvelables

Au Cameroun, le secteur des énergies renouvelables reste encore marginal. Il n’existe aucun cadre institutionnel et règlementaire définissant ce
domaine. A l’évidence les mesures incitatives sont nécessaire pour améliorer la pénétration des de technologies d’énergie renouvelables au
Cameroun. La biomasse d’origine forestière est la filière dominante de ce secteur.

Deuxième réserve dans le bassin du Congo après la république démocratique du Congo, le Cameroun possède un potentiel forestier d’environ 21
millions d’hectares (MINFOR et FAO ,2005) qui compte plus de 300 essences. Les forets camerounais sont sources de bois énergie pour la
grande majorité de la population ; elles se réduisent cependant à un rythme supérieur à 100000 ha /an du fait d’une exploitation industrielle de
bois d’œuvre mal contrôlées et de l’agriculture sur brulis.

La biomasse au Cameroun est essentiellement constituée de combustible ligneux comprenant des rémanents forestiers, des résidus de
transformation de bois, des résidus agricoles et des résidus des industries agroalimentaire (figure16).

Les rémanent forestiers sont évalues autour 600 à 700000 tonnes par an (tchouate, 2003).

Avec le nombre actif d’industrie du bois qui est passe de 38 en 1994 à 66 en 2000 les résidus de première transformation du bois sont
évalués entre 500 000 tonnes et 800000 tonnes par an. Ceux des industries de seconde transformation sont estimés à 400000 tonnes.

LES RESIDUS AGRICOLES EVALUES A 5,7 millions de tonnes par an sont largement dominés par les rafles de mais qui a elles seules
totalisent 4,3millions de tonnes. Les déchets agroindustriels issus de la transformation des produits agricoles sont évalués a 190000 tonnes par an.

AU TOTAL, près de 7 ?8millions de tonnes de biomasse sont disponibles chaque année.

En matière d’énergie solaire, elle est abondante et disponible sur tout le territoire national. La zone méridionale, plus humide, reçoit une
insolation moyenne de 4kwh /j/m2 dont 50% est du rayonnement diffus. La zone septentrionale, plus aride et sèche dispose d’un ensoleillement
régulier. L’irradiation solaire reçue dans cette zone est de 5,8kwh /j/m2 habens moyenne dont 42% de rayonnement diffus (NJomo ,1988).
L’utilisation du solaire à des fins énergétiques reste encore peu développer au Cameroun.

Quant à l’énergie éolienne son utilisation est elle aussi marginale un aérogénérateur est recense sur l’ensemble du territoire en 2004 (ARSEL
2004). Le potentiel éolien est difficile à exploiter parce que les vents dépassent rarement une vitesse de 5m/s sur le continent (PANERP 2007).
Des vitesses de 4,0 à 4 ,60m/s son pourtant régulièrement enregistre dans les régions du nord et de l’extrême nord.

Iv. Discussion

L’évolution de la consommation de l’énergie (cons) peut être considère comme la résultante de plusieurs facteurs parmi lesquels la
croissance économique (Pib), l’intensité énergétique (cons/PIB) et la croissance démographique (hab.). On peut alors écris l’équation suivante :

CONS-ENERGIE = (CONS/PIB) *(PIB /hab.) *hab.

CONS/PIB / : intensité énergétique. Elle mesure la quantité d’énergie nécessaire pour produit une unité de PIB. Sa baisse est souhaitée :

PIB / hab. : produit intérieur brute par habitant. On l’interprète comme la richesse individuelle créée. Sa hausse est souhaitée.

(5) Comités d’études et de Prospectives Industrielles, ministère du Développement industriel et commercial.


Hab. : nombre habitant. Cette grandeur influence fortement l’évolution des consommations des énergies domestiques (bois de feu, gaz
domestique et électricité BT).

Entre 2000 et 2006, la consommation d’énergie croit de21%, résultat des effets combines de la démographie (+19%), de richesse individuelle
crée (+5%) et de l’intensité énergétique (-3%) (Figure 17).

Leffe démographique (+19%) induit une augmentation des consommations d’énergies. Cette forte part de l’effet démographique sur la croissance
des consommations d’énergies s’explique par la prédominance de la consommation de la biomasse (73% de consommation totale d’énergie) qui
est très corréler a la croissance démographique.

En revanche, l’effet de l’intensité énergétique (-3%) fait baisser cette consommation. A première vue, ceci parait traduire un gain en efficience
énergétique. Cependant bien qu’elles ne permettent qu’une interprétation incomplète, cette diminution de l’intensité énergétique est la
conséquence des modifications structurelle de l’économie et du système énergétique.

En fait, depuis 2000 on observe un accroissement de la tertiarisation de l’économie camerounaise. Une telle évolution se traduire par une
augmentation des valeurs ajoutes et une diminution des consommations d’énergie car le secteur tertiaire est moins énergivore.

D’autre part, le système énergétique camerounais connaît depuis le début des années 2001 un déficit en énergie électrique et en gaz domestique
qui a fortement réduit les consommations d’énergie, contribuant à faire décroitre l’intensité énergétique.

Lee déficit en énergie électrique se traduire par le délestage fréquent et parfois prolonger désorganisant ainsi la vie économique et sociale. Cette
situation a engendré des troubles sociaux dans certaines localités du pays notamment dans les villages d’Abong-Mbang et Kumba au dernier
trimestre de l’année 2007, ou les populations ont protestes contre le délestage prolonge (AES_SONEL ,2007).

Ce déficit énergie électrique est très sensible aux heures de pointes entre 18h et 23h ou la demande de l’ensemble des consommateurs (excepte
ALLUCAM) augmente de 33% (figure 18). La situation est quasiment la même les jours ouvrables et les jours fériés (légèrement plus prononcer
les jours ouvrables). GRAPHE

La forte tension à la pointe peut être atténué, par exemple, en insistant les consommations des industries grosse consommatrice a se reporte aux
heures creuses (24h et 5h). Cette invitation peut être facilite en accordant des tarifs préférentiels a ces heures. C’est une technique qui profite à la
fois aux consommateurs et la société d’électricité.

Comme le relevé PDSE, (PDSE 2006), AES_SONEL ne parviennent pas à raccorde tous les ménages qui en font la demande (y compris ceux qui
préfinance les couts du branchement). Cette situation amplifie les branchements clandestins en utilisant frauduleusement de l’électricité. On
assiste ainsi à un phénomène ou les familles s’alimentent de plus en plus chez des ménages abonnes.

On introduit ainsi la notion du <<taux d’accès effectif En électricité sans être abonnes. Alors que le taux d’accès à l’électricité (4) est resté
constant et égal à 15% durant ces 07 derniers années, LINS indique que le taux d’accès effectif a atteint 50% EN 2005. Selon les régions un
abonne alimente environs 2 à 5 ménages (PANERP, 2006).

Jusqu’au début des années 90 ou le pays ne connaissait pas un déficit aussi prononcer en énergie électrique, l’étude du plan énergétique national
(PEN ,1990) indique que la consommation moyenne d’électricité en basse tension était C0 =1944 kWh /abonne / an

Cette donnée servira de base pour estime le déficit d’énergie en basse tension. L’année de la basse est 2000.

Comme l’indique Reiss, 2005, la demande el électricité est détermine par le prix de l’électricité le revenu de ménage, l’évolution de la
démographie et la croissance économique.

Cependant depuis 2000, la croissance économique camerounaise est presque stagnante ; le revenu des ménages est quasiment constant. Compte
tenu du fait que AES_SONEL ne parvient pas à raccorde tous les ménages qui en font la demande et que ceux –ci s’alimentent majoritairement
auprès des ménages abonnes, on peut supposer que la consommation en abonnes par an évolue essentiellement avec le taux de variation des
néons abonnes

C (i) = C (i-1) +t(i)*C (i-1)

(5) Comités d’études et de Prospectives Industrielles, ministère du Développement industriel et commercial.


La demande en basse tension e donne alors par la relation D(i)=A(i)*C(i)

Soit:

D (I) = (1+t (i))*C (i-1)*A (i)

C(i):consumation par abonne et par an

A(i) nombre des abonnes

t(i) taux de croissance des non-abonnes

Le tableau 1 regroupe les principales variables (population, ménage, abonne et non abonne) caractéristique de la demande d’électricité en basse
tension (BT). La population est estime en faisant hypothèse de croissance annuel de 2,9 % (INS ,2006). Diapres l’enquête ESD (ESD2004), la
taille moyenne des ménages est de 4,8

Tableau 1 : Données caractéristiques de la demande d’électricité en BT (milliers)

I 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006


Population* : P(i) 15217 15658 16112 16580 17060 17555 18064
Ménages : M(i) 3170 3262 3357 3454 3554 3657 3763
Abonnes : A(i) 451 452 488 504 507 527 537
Non-abonnes 2719 2810 2869 2950 3048 3131 3226
Consommation 737 759 780 846 978 1072 1153
(GWh)
Sources : AES Sonel- Calculs : LATEE
(*) La population est estimée en faisant l’hypothèse d’une croissance de 2,9% par an (INS)

GRAPHE.

Le résultat des calculs (figure 19) montre que de 2000 à 2006, la demande de l’électricité en basse tension est toujours supérieure à l’offre
disponible (consommation enregistre). Le déficit entre l’offre et la demande a été plus accentue autour des années 2002 et 2003 ou il atteint 220
GWh. DEPUIS LANNEE 2004 ON OBSERVE QUE CE DEFFICIET diminue progressivement et n’a plus été que de 86GWh en 2006 soit 7%
de la demande.

Cependant selon le scénario <<optimiste des prévisions de Tchouate 2003, la demande de l’électricité en basse tension devrait passée de 661
GWh en 2000 à 925GWh en 2005. On note ainsi une sous-estimation de la demande en fait, malgré les délestages, la demande est satisfaite
(offre disponible) a été de 737GWh en 2000 et de 1072GWh en 2005. Il faudrait dont être accès prudent sur la pertinence des variables et
indicateur énergétique choisir pour les analyses prospectives.

En moyenne et en haute tension la demande en énergie électrique est principalement déterminer par les besoins industrielles. Les quatre
entreprises industrielles qui constitue les clients spéciaux ALLUCAM SOCATRAL, CIMENCAM et SICAM) de AES_SONEL et qui sont les
plus gros consommateurs d’énergie électrique absorbe la totalité de l’énergie livre en haute tension et 70% des consommations cumulées en
moyenne tension et haute tension.

En 2001 avec la campagne de délestage d’électricité, la fourniture d’énergie à ces industries grosses consommatrices a été fortement réduite. La
puissance fournie à Alucam a été réduite de 60 MW pour une puissance garantie de 145 MW. L’énergie consommée par Alucam est ainsi passée
de 1336 GWh en 2000/2001 à 1026 GWh en 2001/2002, soit une réduction de 23%. Socatral et Cimencam Bonabéri ont également vu leurs
livraison en électricité baisser de 6,4% et 2,4% respectivement, passant ainsi à 41 GWh et 14 GWh. Comme l’indique une étude du CEPI (05), la
Cimencam avait pourtant fait une demande supplémentaire de 0,6 MW pour porter la production de son usine de Bonabéri à un million de tonnes
par an.

La demande en énergie électrique en HT & MT est généralement fortement corrélée avec la croissance économique. Cependant, plusieurs études
parmi lesquelles DSRP, 2003 et PANERP 2007, montrent que le déficit en énergie électrique bride la croissance économique camerounaise. Il

(5) Comités d’études et de Prospectives Industrielles, ministère du Développement industriel et commercial.


serait donc difficile d’estimer la demande (besoin) d’électricité en HT & MT à partir PIB. Toutefois en HT, la demande peut se calculer simplement
en faisant la somme des consommations et des énergies délestées fournies par AES Sonel.

En MT on peut supposer que la demande évolue avec le taux de croissance moyen du PIB entre les années 1996 et 1998 au moment où l’économie
camerounaise retrouvait une croissance positive. On peut ainsi évaluer la demande en énergie électrique HT & MT durant la période 2000 à 2006
en écrivant la relation, tableau 2 :

Dhm(i) = Dht(i) + Dmt(i)

Avec:

Dht(i) = Cht(i) + Délht(i)

Dmt(i) = (1+ tPIB)*Dmt(i-1)

Dht(i) : demande d’électricité en HT au cours de l’année i

Dmt(i) : demande d’électricité en MT au cours de l’année i

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Conso. HT&MT 1961 1708 1788 1951 2116 2192 2221


(offre)

-Consommation 568 627 668 708 724 748 782


MT : Cmt(i)

- Consommation 1393 1081 1120 1243 1392 1444 1439


HT: Cht(i)
Délestage 30 300 288 158 55 _ _
HT(Alucam) :
Délht(i)

Délht (i) : énergies délestées en HT durant l’année i, i = 2000 à 20006.

Dmt(1999) = 586 GWh (SONEL, 2000)

tPIB = taux de croissance moyen du PIB réel entre 1996 et 1998 (5%)

GRAPHE

Il en résulte que le déficit en énergie électrique en HT et MT a atteint (figure 20) en 2001 près de 320 GWh. Depuis 2005, la situation s’est
nettement améliorée. Le déficit actuel est inférieur à 40 GWh par an.

Le faible niveau d’offre d’énergie constaté entre 2001 et 2003 s’explique entre autres par le déficit des ressources hydriques observé au cours de
cette période, la vétusté des installations et le manque de maintenance des équipements de production. On note que pour faire face à cette
situation, des mesures ont été adoptées depuis 2003, visant à réduire ce déficit à court et moyen termes. Il s’agit de :

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• L’accroissement du parc thermique avec de nouvelles installations à Limbé (85 MW), Oyomabang II (16 MW), Logbaba (17,6 MW) et
Bafoussam (4,5 MW),
• La forte sollicitation des centrales thermiques d’appoint dont la production est passée de 79,7 KWh en 2001/2002 à 137 KWh en 2004,
• L’amélioration de la qualité de service dans le réseau de transport. Les énergies non distribuées sont passées de 50,1 GWh en 2003 à 4,9
GWh en 2006, soit une réduction de 90%,
• L’amélioration du rendement de distribution (lutte contre les pertes dans le transport), lequel est passé de 69 % en 2003 à 78 % en 2006.

Pour le long terme, le Cameroun a élaboré en 2005 une première version du plan de développement du secteur électrique à l’horizon
2030 (PDSE, 2006) vise la mise en valeur du potentiel hydroélectrique camerounais pour satisfaire une demande évaluée à l’horizon 2030
à 15 TWh en énergie et à 2400 MW en puissance de pointe (scénario << Médian). Le PDSE, 2006 gagnerait cependant à être réactualisé
en intégrant un chapitre sur l’efficacité énergétique. C’est une option qui améliore la qualité de l’offre d’énergie et contribue ainsi au
développement soutenable. Il s’agit de promouvoir la diminution de l’énergie consommée par usage, à service rendu égal et à conditions
économiques rentables.
Le Cameroun a également mis en place depuis 2005 un ambitieux Plan d’Action National Energie pour la Réduction de la Pauvreté
(PANERP) qui intègre les programmes déjà envisagés dans le Plan Directeur de l’Electrification Rurale (PDER). Le PANERP a pour
objectif d’accroitre le taux d’accès aux services énergétiques de base (éclairage, cuisson, communication et petites activités productives).

Cependant, la prédominance en milieu rural des usages non productifs de confort (éclairage, climatisation, radio) indique le modèle actuel
d’utilisation de l’électricité en milieu rural est un modèle de consommation et non de production, ce qui traduit un sous-emploi des
investissements réalisés. En matière de réduction de la pauvreté par l’électrification rurale, nous pensons qu’il serait judicieux pour le
PANERP de créer un cadre incitatif de productivité en zone rurale afin de faciliter un usage productif de l’électricité pour un
développement soutenable. D’ailleurs, l’une des raisons qui expliquent le faible taux actuel d’électrification rurale serait sa non-rentabilité
due à un très bas niveau de consommation en zone rurale.

En ce qui concerne les énergies de cuisson, elles sont quasi totalement tributaires du bois de feu et de ses dérivés, qui, du fait de la faible
pénétration des cuisinières améliorées, sont à l’origine de plusieurs impacts socio-économique et environnementaux négatifs. Environ
80% de la population camerounaise (des campagnes et des villes) dépendent du bois de chauffe pour la cuisine, et la consommation du
bois de chauffe serait d’environ 10 millions de m3 par an (PNUD, 2006). Cette consommation n’est pas soutenable (durable) pour
plusieurs raisons :

✓ Elle n’est pas compensée par une croissance équivalente de biomasse ligneuse ; ce qui fait ainsi perdre progressivement au bois-
énergie camerounais sa qualité d’énergie renouvelable qui suppose le maintien d’un équilibre entre la consommation et la
production (reboisement) ;
✓ Les équipements rudimentaires (foyers 3 pierres) de consommation du bois énergie exposent les femmes et les enfants à la chaleur
des foyers ouverts et aux fumées de combustion de bois de feu et de charbon. Ces fumées qui contiennent plusieurs substances
chimiques nocives pour la santé (monoxyde de carbone (CO), oxydes d’azote (NOx), composés organiques volatils (COV),
hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), …) sont responsables de 1,6 million de décès par an dans les pays en
développement (OMS, 2005) ;
✓ Les corvées de collecte de bois de feu donnent moins de temps aux femmes rurales pour les activités productrices de revenus,
induisant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté.

Le développement des technologies modernes de combustion de bois de feu, des techniques de production de biogaz ou de gaz
naturel synthétique sont des solutions pour une consommation durable de la biomasse. Ces solutions doivent passer par une
organisation de cette filière qui reste encore dans l’informel.

La demande actuelle exprimée de gaz domestique estimée à 50 000 tonnes métriques par an cache une demande latente non
exprimée. En effet, le taux d’accès au GPL est modeste (18%) et la consommation moyenne par habitant était de 2,6 kg/hab. en
2006 contre 11,7 kg/hab. pour le Sénégal qui est un pays non producteur de pétrole et moins riche que le Cameroun.

(5) Comités d’études et de Prospectives Industrielles, ministère du Développement industriel et commercial.


Durant les trois dernières années, la charge financière supportée par l’Etat camerounais pour soutenir les prix du GPL à
l’importation est passée de 6,031 milliards de FCFA en 2005 à 9,127 milliards de FCFA en 2007 (CSPH, 2007), soit 51%
d’accroissement de subvention contre seulement 1,4% d’accroissement pour la consommation pendant la même période.

Le transport est la branche d’activité la plus dépendante du pétrole et les carburants ne sont pas exonérés de certaines taxes comme
le gaz domestique. Leurs prix sont indexés sur le cours international du Brent. Malgré les efforts de stabilisation des prix par le
gouvernement du Cameroun, ceux-ci ne cessent de grimper (figure 21 page suivante).

Les prix du carburant sont ainsi passés de 436 et 350 FCFA/litre respectivement pour l’essence et le gasoil en 2000 à 576 et 534
FCFA en 2006, soit un accroissement de 32% pour l’essence et 52% pour le gasoil en sept ans.

Ce renchérissement des prix à la pompe crée un différentiel assez important par rapport à ceux pratiqués au Nigéria, premier pays
africain producteur de pétrole avec qui le Cameroun partage plus de 1700 km de frontière. Comme on peut le constater sur la
figure 22, en juin 2000, le différentiel des prix pratiqués au Nigeria et au Cameroun était déjà assez important : 65FCFA/litre de
gasoil, 227 FCFA/litre de pétrole lampant et 302 FCFA/litre d’essence moteur.

GRAPHES

Cette situation favorise les importations illicites des produits pétroliers qui proviennent essentiellement du Nigeria, ce qui
préjudiciable à l’économie camerounaise. En effet, en suivant l’évolution du parc automobile depuis 2000 et en supposant la
consommation unitaire par parc constant, le volume de carburant consommé frauduleusement est estimé à 150 000 m3 en 2006,
représentant un manque à gagner de 38,2 milliards de FCFA pour l’économie camerounaise.

V- CONCLUSION

Il ressort de cette étude que le système énergétique camerounais actuel n’est pas soutenable. Dans l’espace, l’équité n’est pas
assurée, le système énergétique camerounais se caractérisant principalement par l’accès inégal aux services énergétiques modernes en quantité et
en qualité, entre les populations des zones urbaines et celles des zones rurales et périurbaines qui sont dans une réelle pauvreté énergétique (accès
à l’électricité < 5% dans les zones rurales contre environ 50% dans les zones urbaines). L’équité entre les générations actuelles et futures, n’est
pas non plus assurée, au rythme où s’exploitent le ressources énergétiques et notamment le pétrole camerounais dont les réserves sont du reste
reconnues modestes. Quel sera l’état de ces réserves en 2030 au rythme actuel d’exploitation (production de l’ordre de 34 millions par an) ? Les
forets camerounaises sources de bois-énergies pour la grande la grande majorité de la population, elles aussi se réduisent à un rythme inquiétant
(>10000ha/an) du fait d’une exploitation industrielle de bois d’œuvre mal contrôlée et de l’agriculture sur brulis ; quel sera l’état de cette source
d’énergie à l’horizon 2030 ? L’équilibre écologique à long terme n’est pas non plus assuré dans le système énergétique camerounais actuel du
fait de la cuisson au feu de bois pratiquée par une très large fraction de la population (98,7% des ménages en zones rurales) ; du fait de
l’utilisation des combustibles fossiles dans l’industrie, dans le transport, dans les centrales thermiques ; et du fait de l’utilisation du pétrole
lampant pour l’éclairage domestique par une très grande fraction (> 85%) de la population.

En 2006, l’usage du bois-énergie pour les besoins domestiques a absorbé près de 72% de la consommation d’énergie finale au Cameroun,
laquelle était évaluée à 5235 ktep, pendant que le transport représentait 12%, les usages industriels 9% et les autres usages 7% de la
consommation. Cette répartition, qui s’avère être la même pour les sept dernières années, montre que les principaux déterminants de la demande
d’énergie au Cameroun ont le nombre de ménages (usages de cuissons et d’éclairages) et le parc automobile (transport). Cependant, les
consommations du secteur industriel restent bien corrèles avec le taux de croissance du PIB.

(5) Comités d’études et de Prospectives Industrielles, ministère du Développement industriel et commercial.


Malgré son potentiel hydroélectrique considérable, ses ressources importantes en énergie renouvelable et ses réservent de gaz naturelles offshore
appréciables et suffisantes pour un développement économique soutenable du pays sur le long terme, le système énergétique camerounais connait
un déséquilibre en l’offre et la demande. Le déficit était évalué en 2001 à 540GWh pour l’électricité et a 7000tonnes pour le gaz domestique. Ce
déficit s’est réduit pour l’électricité et se situe de nos jours autour de 40GWh. Cette situation est attribuable d’une part a un manque
d’investissements, mais surtout à une politique qui donne la priorité à l’offre énergétique et délaisse les actions de maitrise de la demande en
énergie.

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