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LISTE DES ABRÉVIATIONS

N° Abréviation Signification
BUCREP Bureau Central des Recensements et des Études de Population
CMA Centre Médicaux d’Arrondissement
CNPS Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
CSI Centre de Santé Intégré
C2D Contrat de Désendettement et de Développement
CTD Collectivités Territoriales Décentralisées
DSCE Document de Stratégie pour le Croissance et l’Emploie
FS Formation Sanitaire
HC Hôpital de Central
HD Hôpital de District
HR Hôpital Régional
IDH Indice de Développement Humain
INS Institut Nationale de la Statistique
MINSANTE MINistère de la SANTÉ Publique
OMD Objectif du Millénaire pour le Développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
OSC Organisations de la Société Civile
PCA Paquet Complémentaire d’Activités
PIB Produit Intérieur Brut
PMA Paquet Minimum d’Activités
PNDS Plan National de Développement Sanitaire
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PTF Partenaires Techniques et Financiers
SSS Stratégie Sectoriel de Santé

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CHAPITRE 1 : LE PLAIDOYER
1. INTRODUCTION
La conférence d’Alma-Ata de 1978 déclarait que les soins de santé primaire constituent le
moyen par lequel les populations peuvent accéder à un niveau de santé leur permettant de mener
une vie socialement et économiquement rentable. De plus, parmi les huit objectifs du millénaire
pour le développement (OMD), trois font recours à la santé, à savoir : réduire la mortalité
infantile (OMD 4), améliorer la santé maternelle (OMD 5), combattre le VIH (OMD 6). Ceci
montre encore que le niveau de développement d’un pays est tributaire de son niveau de
développement sanitaire.
Le Cameroun est parmi les pays ayant décidé d’atteindre ces objectifs en 2015. C’est pourquoi
l’état Camerounais a mi sur pieds le PNDS 2011-2015, plan dans lequel les investissements en
infrastructures sanitaires représentent 43%. Les coûts d’un investissement hospitalier ne se
limitent pas seulement à la construction des bâtiments abritant les services de soins, mais aussi
au fonctionnement et à l’entretien des bâtiments et des équipements.
Le Cameroun, qui se veut émergent à l’horizon 2035 a mis en place des stratégies de croissance,
notamment le Document Stratégique de la Croissance et de l’Emploi (DSCE), dans le but de
poursuivre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans leur
ensemble et visant à améliorer le bien-être des populations. Sur le plan sanitaire et dans le cadre
du DSCE, le Ministère de la Santé Publique a démarré des chantiers de construction, de
réhabilitation et même d’extension de certaines formations sanitaires sur l’étendue du territoire.
Ces efforts ont fortement contribué à l’amélioration des conditions de santé des populations
avec la baisse du taux de mortalité et favorisé l’accès aux structures de soin de qualité.
Cependant, malgré tous les efforts consentis par le gouvernement, les standards recommandés
par l’OMS en termes de santé n’ont pas encore été atteints et le Cameroun fait face à des
difficultés à même titre que les pays en voie de développement.
Le Gouvernement camerounais à œuvrer pour que soit mis en place « un dispositif d’assistance
médicale qui ne laisserait aucun camerounais sans soins, quels que soient ses moyens ».
L’année 2015 a servi de transition entre les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) fixé en 2000 et les Objectifs du Développement Durable (ODD) qui visent à induire
dans les États un développement inclusif et durable. Le troisième de ces objectifs cible d’ici à
2030, la réduction de la mortalité maternelle et infanto-juvénile, la fin des épidémies liées aux
principales maladies transmissibles et la réduction de la mortalité précoce liée aux maladies
non-transmissibles ; ceci à travers un accès universel aux soins et services de santé, la promotion
de comportements sains et le développement des cadres de vie favorables à la santé.
Afin d’éviter un gaspillage des ressources, et de fournir de façon efficace et efficiente des soins
de santé à la population Camerounaise, il est impératif de veiller sur la compatibilité des
infrastructures sanitaires projetées aux contextes locaux. Des études menées par des
organismes : (BUCREP, 2011), (INS, 2010), MINSANTE (2011) révèlent que seulement
46,8% des formations sanitaires ont accès au réseau de distribution d’eau et 70,1% ont accès à
l’électricité. À cette limitation des ressources, s’ajoutent les difficultés de leur gestion, la
difficulté de maintenance des réseaux d’assainissement et l’insuffisance du confort dans
certains bâtiments hospitaliers. (Happi SAH J., 2013).
Malgré tous les efforts consentis par le gouvernement, les standards recommandés par l’OMS
en termes de santé n’ont pas encore été atteints et le Cameroun fait face à des difficultés au

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même titre que les pays en voie de développement. La construction d’un Hôpital de District
(HD) destiné aux professionnels de santé, pour les recherches en médecine se présente comme
une solution viable, permettant de résoudre ce problème dans le secteur sanitaire.

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2. CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE
2.1.CONTEXTE
2.1.1. Géographie du Cameroun
2.1.1.1.Géographie physique et situation administrative
Situé entre les 2e et 13e degrés de latitude Nord et les 9e et 16e degrés de longitude Est, le
Cameroun est un pays de l’Afrique Centrale limité à l’Ouest par le Nigeria, au Nord - Est par
le Tchad, à l’Est par la République Centrafricaine, au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée
Équatoriale et au Sud-Ouest par l’Océan Atlantique. Il couvre une superficie de 475 650 km2
dont 466 050 km2 de superficie continentale et 9600 km2 de superficie maritime contenue dans
les embouchures, les criques et les lacs. Sa diversité climatique, topographique, pédologique,
sociale et culturelle fait de lui une « Afrique en miniature ».

Figure 1 : Situation géographique du Cameroun (Source: Nations Unies)

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Le Cameroun se subdivise en dix régions, lesquelles sont divisées en départements (58), eux-
mêmes divisés en arrondissements (360) et en municipalités. Chaque région est placée sous
l’autorité d’un gouverneur.
2.1.1.2.Le climat
Le climat conditionne fortement le confort thermique dans le bâtiment, le choix du système de
ventilation, ainsi que l’isolation des parois. De plus, la direction des vents dominants impose
l’orientation des bâtiments.

Figure 2 : Climat du Cameroun (Source: [3])

5
Le pays est caractérisé par une diversité géographique : les régions (du Centre, de l’Est, du
Littoral, du Sud et du Sud-Ouest) ont un climat chaud et humide aux précipitations abondantes.
Les hauts plateaux de l’Ouest (régions de l’Ouest et du Nord-Ouest) sont une zone de savane
et de terres volcaniques favorable à l’agriculture. Le Nord soudano-sahélien (régions de
l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord) est une zone de savane et de steppe caractérisé par
un climat tropical chaud et sec et des précipitations de plus en plus réduites au fur et à mesure
que l’on se rapproche du Lac Tchad.
Le Cameroun dispose d’une grande diversité climatique. Cette diversité climatique est liée
essentiellement à des contrastes dans la répartition spatio-temporelle des précipitations.
L’analyse de la répartition des pluies fait apparaître deux grands régimes pluviométriques : un
régime équatorial et un régime tropical. Les précipitations diminuent non seulement du Sud
vers le Nord en fonction de la latitude mais, également d’ouest en est en fonction du
cheminement des flux de mousson et de l’étagement du relief.
La répartition des températures sur le territoire est étroitement liée au climat. Les températures
passent de 28°C (extrême nord) à 24°C (au sud) en passant par un minimum de 18°C dans la
région du nord-ouest.
La direction des vents dominant est inégalement répartie sur le territoire. Dans les zones situées
au nord, ces directions ont tendance à être orienté du sud vers le nord. Dans la partie sud, la
tendance est d’est à ouest (figure 3).

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Figure 3 : Vents dominants sur le territoire camerounais (d'après Suchel, 1988)

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2.1.2. Démographie
D’après le 3e Recensement Général de la Population et de l’Habitat, la population du Cameroun
était estimée au 1er janvier 2015 à environ 22 179 707 habitants. Elle devrait atteindre 25 094
303 habitants en 2020. Les femmes représentent 50,6%de la population. Le rapport de
masculinité est de 97.7 hommes pour 100 femmes.
Cette population est inégalement répartie sur le territoire national : les villes de Douala et de
Yaoundé abritent à elles seules près de 20% de la population totale. Les régions les plus
peuplées sont le Centre (18,7%), l’Extrême-Nord (18%), le Littoral (15,1%) et le Nord (11,0%).
Cette population est caractérisée par son extrême jeunesse avec un âge médian de 17,7 ans.
L’âge moyen quant à lui est de 22,1 ans. La tranche de la population ayant moins de 15 ans
représente 43,6% de la population totale tandis que celle des moins de 25 ans représente 64,2
%. La majorité de cette population réside en milieu urbain (52%). On note une forte densité de
la population dans les deux grandes villes que sont : Douala (2 717 695 habitants en 2015) et
Yaoundé (2 785 637 habitants en 2015).
Source : PNDS 2016-2020.
Le taux d’accroissement de la population était de 2,6% entre 2005 et 2010. Une telle croissance
démographique entraîne un ratio de dépendance élevé (environ 95%) et une forte pression sur
les infrastructures et les services sociaux de base tels que l’éducation, la santé, l’accès à
l’énergie et à l’eau potable, la sécurité alimentaire et la sécurité foncière. En 2010, 52% de la
population totale vivaient en milieu urbain, 43,6% avaient moins de 15 ans et seulement 5,5%
de personnes avaient 60 ans ou plus.
Source : SSS 2016-2027
La structure par âge de la population révèle l’extrême jeunesse de celle- ci .Les personnes âgées
de moins de 18 ans représentent la moitié de la population .le poids démographique des enfants
âgés de moins de 15ans est estimé à 43.
Il existe plus de 230 ethnies réparties en six grands groupes à savoir :
Les Soudanais, Hamites et Sémites dans le Grand Nord (régions de l’Adamaoua, Nord
et Extrême Nord).
Les Bantous, les apparentés aux Bantous et les Pygmées. Ils vivent dans les zones de
forêt équatoriale.
Les religions pratiquées sont le christianisme, l’islam et l’animisme.
La population urbaine représente 48,2% de la population totale. Le reste de la population vit en
zone rurale.
La population est essentiellement jeune: 54% ont moins de 20 ans; seuls 3,8% de la population
ont plus de 65 ans. La fraction potentiellement active (15 – 64 ans) est estimée à 51,4 %.
Les principaux indicateurs démographiques se présentent comme suit (EDSC III, 2004) :
Taux brut de natalité : 37,8 ‰ ;
Taux brut de mortalité : 6,3‰ chez les femmes et 6,7 ‰ chez les hommes ;
Taux de mortalité infantile : 74 ‰ ;
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Taux de mortalité maternelle : 669 pour 100 000 naissances vivantes ;
Taux de croissance annuel : 2,9 %
Espérance de vie à la naissance est de 45,7ans dans la population générale (Rapport
PNUD 2006) ;
Indice synthétique de fécondité : 5
Taux global d’alphabétisation : 82% chez les hommes et 65% chez les femmes.
2.1.3. Situation socio-économique
En 2014, près de deux personnes sur cinq (37,5%) vivaient en dessous du seuil de pauvreté
monétaire, principalement en zone rurale (environ 90%) et dans les régions septentrionales
(plus de 52%). En 2010, 70% de la population était en situation de sous-emploi global, c'est-à-
dire travaillait involontairement moins de la durée hebdomadaire minimale de 35 heures, ou
gagnait moins que le SMIG horaire. Par ailleurs, le taux net de scolarisation au niveau primaire
(personnes ayant un âge compris entre 6 et 11 ans) est resté autour de 80% entre 2005 et 2010.
Le taux d'alphabétisation des personnes âgées de 15 ans ou plus était estimé à 71% en 2010
(55% chez les femmes).
2.1.4. Équité
Avec un Indice de Développement Humain (IDH) de 0,512, le Cameroun occupait le 153ème
rang sur les 188 pays évalués en 2014. L'indice de Développement Humain ajusté aux Inégalités
(IDHI) a connu une évolution à la hausse, passant de 0,330 en 2013 à 0,344 en 2015. Cette
hausse traduit une augmentation des inégalités de niveau de vie notamment dans les domaines
de la santé, de l'éducation et des revenus.
Les formations sanitaires publiques sont davantage accessibles aux couches sociales les plus
aisées: 14,5% pour le quintile le plus pauvre contre 25% pour le quintile le plus riche en 2007.
En effet, alors que la part des plus riches dans l'accès aux services d'un médecin public
approchait 43%, elle n'était que d'environ 3% pour les pauvres. Par ailleurs, on observe des
disparités dans l'accessibilité géographique aux soins en fonction de la zone de résidence (entre
le milieu rural et le milieu urbain). À titre d'exemple, seulement 46,7% des accouchements sont
assistés par un personnel qualifié en zone rurale, contre 86,7% en zone urbaine.
Source : SSS 2016-2027, P 26-27.
2.1.5. Géographie économique
2.1.5.1.L’énergie électrique
L’énergie électrique est indispensable pour le bon fonctionnement d’un hôpital. L’offre
énergétique du Cameroun, était évaluée à 933 MW en 2010 valeur faible pour un pays disposant
d’un potentiel hydraulique de 20 000 MW [3]. L’accès à l’électricité au Cameroun est très bas
et se hisse autour de 28,5% au niveau national. La proportion des ménages ayant accès à
l’électricité dans les zones rurales est inférieure à 10% [3]. Au Cameroun, la demande générale
en électricité croît de 10% par an, alors que l’offre dépasse à peine 3% [4].
Pour ce qui est des formations sanitaires, l’accès au courant électrique décroit en fonction de la
catégorie et du lieu d’implantation. Les dégâts causés par les coupures d’électricité allant de 11
à 16 heurs sont à l’origine des pertes évaluées à des millions de FCFA pour certains formations
sanitaires [18].
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Tableau 1 : Pourcentage des formations sanitaires disposant de l'électricité (Source: [5])

Électricité
Catégorie de formation sanitaire
HD 94,7
CMA 87,5
CSI 54,3
Milieu d’implantation
Urbain 90,0
Rural 50,6
Ensemble 70,1

2.1.5.2.L’eau Courante (CDE)


L’approvisionnement en eau potable dans les formations sanitaires est essentiel. En 2010,
46,8% des formations sanitaires seulement avaient accès à l’eau Courante, avec 20% des
formations sanitaires s’approvisionnant en eau de forage et presqu’autant dans une source d’eau
aménagée. Enfin, 15% pour un approvisionnement dans des sources et rivières non aménagées.

Figure 4 : Moyens de fourniture en eau dans les formations sanitaires (Source : [5])

Tableau 2 : Pourcentage des formations sanitaires disposant d'eau courante (Source: [5])

Électricité
Catégorie de formation sanitaire
HD 83,8
CMA 51,6
CSI 30,0
Milieu d’implantation
Urbain 70,9
Rural 21,8
Ensemble 46,8

2.1.6. Le système de santé camerounais


2.1.6.1.Question de santé dans le DSCE

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L’amélioration de l’état de santé des populations demeure pour le Gouvernement un objectif de
développement social étroitement lié à la poursuite d’une politique de croissance économique
soutenue. Le Gouvernement compte atteindre cet objectif à travers une approche globale
privilégiant la recherche systématique des synergies intersectorielles nécessaires à la mise en
œuvre réussie de la Stratégie Sectorielle de Santé (SSS). Les objectifs de cette stratégie
sectorielle ont été actualisés notamment pour l’échéance 2015, en relation avec les OMD. Cette
stratégie vise essentiellement à garantir, de manière pérenne, l’accès universel aux services et
soins de santé de qualité à travers l’amélioration de leur offre et le financement appropriée de
la demande de santé.
De manière plus concrète, la stratégie sectorielle de santé actualisée vise les objectifs
spécifiques ci-après :
Viabiliser 80% des districts de santé ;
Amener 100% des structures de santé des niveaux stratégique et intermédiaire à jouer
leur rôle d’appui et d’orientation-recours;
Réduire de 1/3 la charge morbide chez les pauvres et les populations les plus
vulnérables;
Réduire de 2/3 la mortalité des enfants de moins de 5 ans ;
Réduire de 3/4 la mortalité maternelle.
Pour atteindre ces objectifs spécifiques, cinq (05) axes stratégiques ont été retenus :
1) Le renforcement du système de santé ;
2) La vulgarisation de l’application du PMA et du PCA dans le district de santé ;
3) Le développement d’un système d’orientation-recours opérationnel ;
4) Le renforcement du partenariat dans le secteur ;
5) La stimulation de la demande pour la rendre solvable.
Le déroulement de ces axes stratégiques permet de dégager les interventions majeures relatives
aux services et soins de santé, regroupées selon une nomenclature qui s’organise en 04
domaines d’intervention :
Santé de la mère, de l’adolescent et de l’enfant ;
Lutte contre la maladie ;
Promotion de la santé ;
Viabilisation du district de santé.
Ces interventions basées sur l’offre, seront complétées par des actions fortes de stimulation de
la demande, telle la mutualisation du risque maladie à travers la promotion des mutuelles de
santé et la couverture d’au moins 40% de la population par un système de partage du risque
maladie.
2.1.6.2.Ancrage et orientations stratégiques

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Les choix stratégiques adoptés ici sont alignés sur les documents de politique générale et les
engagements internationaux ratifiés par le Cameroun.
[1]. Orientations nationales
La loi cadre dans le domaine de la santé
La loi N° 96/03 du 04 Janvier 1996 portant loi cadre dans le domaine de la santé stipule en son
article 2 que:
« La politique nationale de santé a pour objectif l’amélioration de l’état de santé des
populations grâce à l’accroissement de l’accessibilité aux soins intégrés et de qualité pour
l’ensemble de la population et avec la pleine participation des communautés à la gestion et au
financement des activités de santé. »
La Vision Cameroun 2035
En 2009, le Cameroun s’est doté d’une vision à l’horizon 2035 : « Le Cameroun : un pays
émergent, démocratique et uni dans sa diversité ». Dans cette vision, le pays s’est assigné quatre
objectifs généraux parmi lesquels celui de « Réduire la pauvreté à un niveau socialement
acceptable ».
La réalisation de cet objectif, nécessitera dans le domaine de la santé, d’améliorer l’offre de
soins et de services et de garantir l’accès de la majorité aux services de santé de qualité. Ceci
permettra de relever l’enjeu du développement du capital humain qui consiste à doter la
population camerounaise d’un bon état de santé, d’éducation, de connaissances et d’aptitude
professionnelle. Par ailleurs, la vision 2035 dans sa deuxième phase (2020-2027) prévoit sur le
plan social, les objectifs suivants:
(i) la densification des infrastructures sociales ;
(ii) l’élargissement du système de sécurité sociale ; et
(iii) le renforcement des dispositifs de lutte contre l’exclusion sociale.
Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE)
Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi DSCE (2010-2019), document de
mise en œuvre de la première phase de cette vision, a identifié l’amélioration de l’état de santé
des populations comme un objectif à la fois de développement social et de croissance
économique. Le DSCE a aussi réaffirmé la volonté du gouvernement de poursuivre la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans leur ensemble.
[2]. Orientations internationales
Sur le plan sanitaire, le Cameroun a ratifié de nombreux engagements au niveau international.
On peut en citer plusieurs:
La déclaration d’Abuja sur le VIH/Sida, la tuberculose et les autres maladies
infectieuses (2001).Celle-ci est une résolution prise par les pays africains
d’allouer au moins 15% de leur budget annuel à l’amélioration du secteur santé
d’ici 2015. Ceci a été réaffirmé dans la Déclaration de Maputo (2003) ;
La Déclaration d’Addis-Abeba sur la Santé Communautaire (2006),
recommande:

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 de rendre les communautés autonomes et renforcer les structures de
gestion communautaires, les activités des consommateurs et les liens
avec les systèmes de prestation des services de santé ;
 d’assurer l’engagement et la participation des communautaires dans les
interventions en soins de santé (planification, prestation, auto
surveillance) ;
 de renforcer les interactions entre les services de santé et les
communautés desservies ;
 de mettre en place des mécanismes de partage mutuel d’informations ;
 de renforcer les partenariats ;
La Déclaration de Kampala 2006 relative à la disponibilité des ressources
humaines en vue du renforcement du système de santé ;
La Déclaration d’Ouagadougou sur les Soins de Santé Primaires et les Systèmes
de Santé en Afrique (2008) : réaffirme les principes de la déclaration de Alma
Ata (1978) surtout pour ce qui concerne la santé en tant que droit humain
fondamental et la responsabilité incombant aux gouvernements de veiller sur la
santé de leur population ;
La Déclaration d’Alger 2008 sur le renforcement de la recherche en santé en
Afrique ;
La Feuille de route africaine sur la Campagne pour l’accélération de la
Réduction de la Mortalité Maternelle et en Afrique (CARMMA), (Addis-Ababa,
2009) ;
La Déclaration de Rio sur les déterminants sociaux de la santé (2011). Il s’agit
d’un engagement non contraignant par lequel les États membres de l’OMS
promettent d’améliorer les conditions de travail et de vie qui influent sur la santé
et le bien-être des populations. Elle énonce les cinq engagements visant à réduire
les inégalités ;
La Déclaration sur la couverture sanitaire universelle, Mexico-City (2012).
L’objectif central étant d’assurer un accès équitable aux services et soins de
santé y compris les médicaments qui sont acceptables, abordables, accessibles
et de qualité ;
Le plan d’action mondial pour les vaccins 2011-2020 qui vise l’extension des
avantages de la vaccination à tous les individus, quel que soit leur lieu de
naissance ;
L’Adhésion à l’international Health Partnership (IHP+) en 2011 qui montre
l’engagement du Cameroun à fédérer les efforts de tous les partenaires du
secteur santé autour d’une stratégie unique et à améliorer la gestion de son aide
au développement ;
Ending Preventable Child and Maternal Deaths: A Promise Renewed (APR). Il
s’agit d’un engagement pris en 2012 par 176 pays membres de l’Organisation
des Nations Unies à tenir la promesse des OMD 4 et 5 et soutenir les progrès
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vers ces OMD au-delà de 2015, jusqu’à ce que l’on remédie aux cas de décès
évitables de la mère et l’enfant ;
Les Objectifs du Développement Durable 2015 (ODD) : l’objectif N° 3est
spécifiquement lié à la santé. Cet objectif cible en 2030 la réduction de la
mortalité maternelle et infanto-juvénile, la fin des épidémies liées aux
principales maladies transmissibles et la réduction de la mortalité précoce liée
aux maladies non transmissibles, à travers un accès universel aux soins et
services de santé. Les ODD mettent également l’accent sur la promotion de
comportements sains et le développement de milieux de vie favorables à la santé.
La figure 5 présente de manière détaillée l’arrimage entre la SSS 2016-2027 et
les Objectifs du Développement Durable.
[3]. Vision du secteur
Énoncé de la vision
Elle découle de la vision 2035 et est formulée de la manière suivante : « Le Cameroun, un pays
où l’accès universel aux services de santé de qualité est assuré pour toutes les couches sociales
à l’horizon 2035, avec la pleine participation des communautés ».
Cette vision est soutenue par des valeurs d’équité, de solidarité nationale, de responsabilité
partagée et de justice sociale.
Principes directeurs
La vision est guidée et soutenue par des principes directeurs qui constituent des règles majeures
devant encadrer ou inspirer les « choix de politique à priori ». Il s’agit de :
PD1. Équité dans l’accès géographique, financier et culturel aux services de santé :
Au Cameroun, les interventions sanitaires prendront à la fois en compte la dimension territoriale
et la situation socioéconomique et culturelle des populations (Couverture Santé Universelle).
PD2. Soins et services de qualité : le respect des exigences de qualité par tous les acteurs :
Le secteur de la santé fournira des prestations de soins et services conformes aux normes et
standards nationaux et internationaux.
PD3. Participation communautaire :
La responsabilisation effective des communautés sera favorisée, pour une meilleure implication
dans la gestion de leurs problèmes de santé.
PD4. Gouvernance :
La redevabilité, la transparence, et le contrôle social seront renforcés, pour une meilleure
participation et coordination des acteurs, ainsi que des interventions à tous les niveaux.
L’obligation de rendre compte (redevabilité) de ses actions et le contrôle social permettront
d’être plus efficace.
PD5. Gestion axée sur la performance (efficacité, efficience, pertinence, viabilité
financière, excellence) :
La chaîne PPBS (planification programmation budgétisation suivi/évaluation) devra être
optimisée pour atteindre les objectifs/cibles fixés, à partir des ressources disponibles.
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PD6. Partenariat pour la santé :
Le partenariat pour la santé consiste à susciter, à organiser, et à assurer la cohérence des
interventions de tous les partenaires (PTF, CTD, OSC, acteurs du secteur privé, etc.) autour
d’un plan d’action budgétisé et consensuel.
PD7. Déconcentration et décentralisation:
La déconcentration vise à rapprocher les services et soins de santé des usagers et à renforcer le
pilotage stratégique au niveau du district de santé dans la perspective de les rendre à même de
gérer leurs problèmes de santé.
La décentralisation, inscrite dans la constitution de 1996 et la loi d’orientation de 2004, confère
aux CTD des responsabilités en matière de développement social et plus particulièrement dans
le secteur santé4,5.
PD8. Participation et responsabilisation :
La santé étant une valeur commune, sa préservation, engage la participation et la
responsabilisation aussi bien du citoyen, du prestataire de service que des pouvoirs publics avec
l’appui de leurs partenaires.
PD9. Gestion optimale des informations sanitaires :
Il s’agit de mettre en place un système intégré de collecte de données, d’analyse, de stockage
et de production d’informations factuelles pour une meilleure orientation dans la prise de
décision en santé.

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Figure 5 : Tableau démontrant la " Prise en compte des ODD dans la SSS (arrimage) (Source : [6])

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Figure 6 : Tableau démontrant la " Prise en compte des ODD dans la SSS (arrimage) (Source : [6])

2.1.6.3.Organisation générale du système sanitaire au Cameroun


Le Cameroun est divisé en 10 régions administratives qui sont équivalentes aux régions de
santé. Ces 10 régions sont subdivisées en 189 districts de santé, eux-mêmes subdivisés en 5 284
aires de santé. Le secteur de la santé est réparti en trois (03) grands sous-secteurs : le sous-
secteur public, le sous-secteur privé et le sous-secteur de la médecine traditionnelle.
Dans le sous-secteur public, il existe également trois (03) niveaux :
Le niveau central (décisionnaire) ;
Le niveau intermédiaire ;
Le niveau périphérique (opérationnel).
La figure 5 résume les relations fonctionnelles entre ces niveaux.
a) Le niveau central
Il regroupe les services centraux du Ministère de la Santé Publique qui élaborent les stratégies
et politiques sanitaires, ainsi que les hôpitaux généraux et centraux qui possèdent un standing
national. On distingue :
Les hôpitaux généraux : Ce sont des établissements publics administratifs dotés de la
personnalité juridique et jouissant de l'autonomie financière. On peut citer : l’hôpital
Général de Yaoundé et celui de Douala, le Centre Hospitalier Universitaire de Yaoundé,
les Hôpitaux Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé et Douala.
Les hôpitaux centraux : Ils ne relèvent pas de l'autorité directe du Ministère de la Santé
Publique. Plusieurs dans cette catégorie sont des organismes sous tutelle tels que les
Facultés de Médecine (CHU), la Fondation Chantal Biya, le Centre Hospitalier de la
CNPS, l’Hôpital de Garnison Militaire de Yaoundé.
b) Le niveau intermédiaire
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Il regroupe les formations sanitaires et hospitalières ayant un rayonnement régional. Les
hôpitaux régionaux (HR) se trouvent dans cette rubrique, ils représentent les formations
sanitaires de troisième rang après les hôpitaux généraux et centraux.
Chacune des 10 régions compte au moins une structure paramédicale de ce calibre pour former
les aides-soignants, les infirmiers brevetés ou les infirmiers diplômés d’État (IDE).
c) Au niveau périphérique
Il regroupe les formations sanitaires et hospitalières ayant un standing local. Les hôpitaux de
district (HD), les centres de santé intégré (CSI), les centres médicaux d’Arrondissement (CMA)
et les centre de santé ambulatoire font partie de ce niveau. Par ailleurs, les maires assurent la
présidence des comités de gestion des HD et des CMA, tandis que celles des HR et des HC sont
confiés aux Délégués du Gouvernement auprès des communautés urbaines.

Figure 7 : Pyramide sanitaire du MINSANTE au Cameroun (Source : Geomatic Strategy, 2009)

d) Les formations sanitaires du Cameroun


Le système de santé camerounais compte à son actif :
05 hôpitaux de 1ère catégorie (Hôpital Général de Yaoundé, Hôpital Général de
Douala, Centre Hospitalier Universitaire de Yaoundé, Hôpital Gynéco-Obstétrique et
Pédiatrique de Yaoundé, Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Douala) ;
04 hôpitaux de 2ème catégorie (Hôpital Central de Yaoundé, Hôpital Jamot de
Yaoundé, Hôpital Laquintinie de Douala, Hôpital de Reference de Sangmélima) ;
11 hôpitaux de 3ème catégorie ;
166 hôpitaux de district ;

18
194 centres médicaux d’arrondissement ;
2 119 centres de santé intégrés.
Sur le plan de la formation professionnelle, on recense au Cameroun :
04 facultés publiques de médecine à Yaoundé, Douala, Buea et Garoua ;
01 faculté privée de médecine (Université des Montagnes) ;
39 établissements de formation du personnel médico‐sanitaire.
De plus, depuis le début de l’année académique 2007/2008, une filière de formation en
Administration de la santé a été rouverte à l’École Nationale d’Administration et de
Magistrature (ENAM). Faute de structures locales de formation, les ingénieurs biomédicaux
continuent à être formés exclusivement à l'étranger. Avec l’appui des partenaires techniques et
financiers, le Gouvernement a ouvert la filière de formation en maintenance hospitalière dans
04 lycées techniques (Bertoua, Yaoundé, Kumba et Garoua).
2.1.6.4.Situation de quelques piliers du système de santé
Un pilier désigne dans notre cas tout élément qui permettrait de décrire le système de santé en
question. Dans la suite, nous présenterons les sources de financement de la santé au Cameroun
et les ressources humaines en santé.
a) Financement de la santé
Collecte des ressources financières ;
En 2012, le volume total du financement de la santé était de 728 milliards de FCFA, soit 5,4%
du PIB. Les principales sources de financement étaient : les ménages (70,6%), le Gouvernement
(14,6%), le secteur privé (7,7%) et les bailleurs de fonds (6,9%).
Achat des services de santé
Plusieurs mécanismes de paiement des prestations existent dans le secteur santé, à savoir :
Les paiements directs des soins par les ménages ;
Le remboursement des frais de soins par les mutuelles/assurances maladies pour les
personnes couvertes avec ticket modérateur ;
La subvention de la gratuité des soins pour certaines interventions prioritaires ;
Le financement basé sur la performance ;
L’allocation budgétaire de l’État pour le fonctionnement des structures sanitaires.

19
b) Ressources humaines en santé (RHS)
Les besoins globaux en RHS ont été évalués au terme du Recensement Général des Personnels
de la Santé (RGPS) de 2011. Ces besoins sont détaillés dans le Plan de Développement des
Ressources Humaines (PDRH). En 2012, le secteur de la santé comptait 38 207 personnels de
santé, toutes catégories confondues. Le Plan Stratégique de Développement des Ressources
Humaines pour la Santé (PSDRHS 2013-2020) relevait une insuffisance de personnel dans les
catégories suivantes : médecins, pharmaciens, infirmiers qualifiés et sages-femmes.
Par ailleurs, on notait leur forte concentration dans les grands centres urbains, en particulier
Yaoundé et Douala. Le ratio personnel de santé/population (médecin, infirmier et sagefemme)
était de 1,07 pour 1 000 habitants en 2011 alors que l’OMS recommande 2,3 personnels pour
1000 habitants. De manière générale, les ressources humaines du MINSANTE sont
insuffisantes en qualité et en quantité, et inégalement réparties sur l’ensemble du territoire
national. À ce jour, des efforts sont entrepris pour fidéliser le personnel exerçant dans les zones
difficiles notamment dans les trois régions du Septentrion, le Sud-ouest (Bakassi et Akwaya) et
le Centre.
Concernant la production des ressources humaines, La formation continue des professionnels
de santé, pourtant indispensable, n’est pas systématique. Elle est également peu structurée et
insuffisante au regard des besoins des structures sanitaires. On note aussi une absence de
visibilité sur les formations continues à effectuer dans plusieurs thématiques prioritaires
(processus gestionnaire, santé mentale, etc.)

20
Figure 8 : Répartition du personnel de santé (infirmiers, médecins et pharmaciens) par région (Source: [8])

21
2.1.7. État des lieux de la répartition des équipements sanitaires au Cameroun
Selon les données du Ministère de la Santé Publique (2012), le Cameroun présente sur son
territoire une couverture inégale des formations sanitaires. 2454 formations sanitaires publiques
ont été recensées dans les 189 districts de santé. Les formations entrant dans le décompte sont
les hôpitaux généraux, centraux, régionaux et de district, les centres de santé intégrés et les
centres médicaux d’arrondissement.
La carte ci-après (Figure 8) présente la couverture géographique des formations sanitaires sur
toute l’étendue du territoire.

Figure 9 : Nombre de formations sanitaires publiques par district de santé (Source : Geomatic Strategy, 2009)

22
Nous pouvons observer à travers cette carte l’inégale répartition des hôpitaux et centres de santé
dans certains districts de santé du territoire. Les districts les mieux équipés sont recensés dans
les régions du Sud (Ebolowa), du Centre (Bafia), et de l’Ouest (Dschang, Foumban,
Malentouen) qui disposent de plus de 30 formations sanitaires. Tandis que certains districts ne
possèdent pas plus de dix formations sanitaires : il s’agit par exemple des districts de Gashiga
dans le Nord, Makary dans l’Extrême Nord et Yokadouma dans la région de l’Est.
D’après les données disponibles du Ministère de la Santé Publique en 2012, la population
camerounaise s’élevait à 20 418 313 habitants pour 2 454 formations sanitaires publiques. Nous
avons calculé un ratio permettant de connaitre le nombre d’habitants qu’une formation sanitaire
couvre en divisant le nombre d’habitants par le nombre de formations sanitaires. Au Cameroun,
une formation sanitaire couvre donc en moyenne 8 320 habitants. La norme internationale
préconise au minimum une formation sanitaire pour 10 000 habitants. Par conséquent le
Cameroun est dans l’ensemble plutôt bien équipé, cependant il existe des disparités importantes
entre les districts de santé.
Sur la carte, ce même ratio a été calculé pour chaque district de santé. Il ressort que 129 districts
sur 189 sont situés dans la norme internationale tandis que 60 districts sont en dehors de la
norme. Les districts de santé qui sont hors norme sont représentés par un dégradé de rose violet.
Le violet foncé met en évidence les districts qui ont les moins bons résultats selon ce ratio. La
majorité des districts de l’Extrême Nord se retrouvent en dehors de la norme. Sur la carte
précédente, l’Extrême Nord faisait partie des régions ayant un nombre de formations sanitaires
peu élevé. Étant l’une des régions les plus peuplée du pays, c’est donc assez logiquement que
la plupart de ses districts soient en dehors de la norme internationale donc en manque de
formation sanitaire publiques. À contrario, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui
étaient avec la région du Nord parmi celles qui abritaient des districts peu fournis en formations
sanitaires publiques ne possèdent que très peu de districts hors norme. Cela suppose que
l’équilibre population – formation sanitaire est meilleure dans ces 2 régions.
L’Adamaoua et le Nord sont après l’Extrême Nord les 2 régions les plus touchées par le manque
de formations sanitaires publiques car elles présentent chacune plus de 4 districts assez vastes
en superficie hors norme.
Dans la région de l’Est les 2 districts qui étaient les moins bien fournis en formations sanitaires
publiques sont aussi les 2 seuls districts hors normes, il s’agit des districts de Nguelemendouka
et de Garoua Boulai. Les autres districts de l’Est, frontaliers à la Centrafrique sont au final dans
la norme donc leur situation n’est pas aussi inquiétante comme pouvait le laisse penser la
première carte sur la répartition simple des formations sanitaires publiques.
La région du Sud est la seule qui ne présente aucun district hors norme. La région du Centre
obéit pratiquement à la même logique hormis l’aire urbaine de Yaoundé qui obtient des résultats
à l’opposé du reste de la région. Tous les districts de santé de la ville Yaoundé sont hors norme
et présentent des chiffres extrêmes. Les districts de santé de Biyem-Assi, Cité Verte, Djoungolo
et Efoulan présentent un ratio d’une formation sanitaire pour respectivement 45 460, 45 354,
55 076 et 33 679 habitants. Les formations sanitaires publiques disponibles ne couvrent pas
suffisamment la forte population de la ville de Yaoundé. À Douala également plus de la moitié
des districts sont hors norme. C’est dire la nécessité qu’il y a à doter ces districts de santé en
formations sanitaires publiques supplémentaires car la couverture y est bien faible au regard de
la taille de la population qui est fortement élevée et ce malgré le fait que Yaoundé et Douala
23
regroupent la quasi-totalité des hôpitaux généraux et centraux, cela n’atténue pas les mauvais
ratios observés.
La taille de la population est en définitive un élément important pour analyser la couverture des
formations sanitaires publiques sur le territoire ; Une faible couverture induit une surcharge de
patients dans les établissements de santé et cela produit sans aucun doute un effet négatif sur la
qualité des soins administrés aux patients.

Figure 10 : Ratio formation sanitaire/population couverte par district de santé, écarts à la norme de l'OMS

24
De façon générale, outre l’inégale répartition des formations sanitaires, l’environnement de la
santé au Cameroun se caractérise par :
Un ratio nombre d’habitants par formation sanitaire insuffisant dans certains districts de
santé :
Cependant, dans les régions de l’Extrême-Nord et du Nord l’on constate un manque criard en
équipements sanitaires dans certains districts de santé qui présentent un ratio hors-norme.
Un accès difficile aux formations sanitaires : Du fait de l’absence ou du manque de
routes aménagées, et de l’éloignement, l’accessibilité aux formations sanitaires est
rendue difficile. Ce problème est rencontré principalement dans les régions de
l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Est et du Sud-Ouest.
Un temps d’accès aux formations sanitaires très long dans certains districts : Si l’on
ajoute à l’éloignement des populations des formations sanitaires le mauvais état des
routes en général sur l’étendue du territoire, l’on peut remarquer que ces facteurs
augmentent le temps d’accès aux hôpitaux. Par conséquent, ces populations ne peuvent
pas toujours accéder aux hôpitaux même dans les situations d’urgence.
2.1.8. Quelques indicateurs de santé
2.1.8.1.Une offre de soins insuffisante
L’équité dans la répartition des FS reste également une préoccupation fondamentale pour le
système de santé camerounais. L’analyse de la répartition des FS à travers le territoire national
révèle une inégale répartition des FS sur le territoire.
Tableau 3 : Situation des indicateurs de couverture sanitaire par habitant (Happi SAH J., 2013)

Région Population moyenne par hôpital


Adamaoua 169 270
Centre 125 917
Est 57 283
Extrême Nord 145 017
Littoral 159 211
Nord 146 445
Nord-ouest 112 793
Ouest 93 962
Sud 153 810
Sud-ouest 43 259
Normes de l’OMS 100 000
Cameroun 118 330

En 2013, le nombre d’HD au Cameroun est de 156 contre 180 districts de santé, soit un ratio
de 86,67% et donc un déficit de 13,33% (Figure 9). En dehors de l’Ouest, toutes les autres
régions ont un ratio inférieur à 100%. La région Sud-Ouest est particulièrement affectée avec
un ratio de 66,67%. Ce déficit en hôpital de district est à la source du manque d’accès aux soins,
notamment pour les patients des centres de santé dont les cas doivent être référés aux hôpitaux
de districts supposés exister ; la distance entre le centre de santé et l’hôpital de district le plus
proche ayant dépassé la norme.

25
Figure 11 : Répartition des hôpitaux de district et district de santé par région (Source: PNDS 2011-2015)

Au Cameroun, les ménages sont distants en moyenne de 11,6 km de l’hôpital de district. Les
ménages pauvres étant distants (11,6 km) de cet hôpital que les non pauvres (9,2 km). [DSCE]
2.1.8.2.Insuffisance des infrastructures dans les formations sanitaires
Certaines formations sanitaires au Cameroun souffrent d’une insuffisance en infrastructure [5].
Cette insuffisance est plus prononcée en milieu urbain qu’en milieu rural. Cette situation rend
pénible l’accès aux soins pour les populations rurales, car, celles-ci doivent parcourir de longues
distances pour recevoir les soins sollicités.
Tableau 4 : Pourcentage des formations sanitaires disposant de certains services de base (Source: [5])

Laboratoire d’analyse Salle de Salle


Morgue
médicale consultation d’opération
Catégorie de formation sanitaire
HD 47,5 97,4 100 92,1
CMA 6,3 93,8 100 43,8
CSI 1,1 69,1 95,7 17
Milieu d’implantation
Urbain 17,5 95 97,5 52,5
Rural 8,4 66,3 97,5 26,5
Ensemble 12,8 80,5 97,5 39,6

2.1.8.3.L’accès aux services de soins de qualité


Au Cameroun, le niveau des principaux indicateurs sanitaires questionne ; le taux de mortalité
des enfants de moins de 5 ans est encore au-dessus des prescriptions cibles de l’OMS. En 2015,
il était estimé par l’OMS à 87,9 décès pour 1000 naissances, donc au-dessus de l’objectif visé
26
de 76 décès pour 1000 naissances. Les données disponibles concernant la mortalité maternelle
hospitalière pour 100 000 accouchements, montrent que ce ratio était de 135 et 107 décès pour
100 000 accouchements respectivement en 2014 et 2017 (Tableau 5).
Tableau 5 : Nombre d'accouchements et décès hospitaliers de 2014 à 2017

2014 2015 2016 2017


RÉGION

ADAMAOUA 10102 25 12722 22 16455 22 16140 25


CENTRE 45175 37 41553 42 50702 38 59102 59
EST 6488 0 8067 8 10621 7 13512 14
EXTRÊME 23837 62 26022 50 33313 50 41859 65
NORD
LITTORAL 28077 25 35690 23 37211 39 36421 21
NORD 14411 49 15642 24 18550 35 27558 51
NORD 32755 38 31161 18 33930 37 27838 15
OUEST
OUEST 33797 22 44691 26 42992 27 40709 21
SUD 4662 14 4027 3 6366 13 7487 6
SUD OUEST 12753 16 16436 38 19465 42 21331 36
NATIONAL 212057 236011 269605 291957

Cette situation où les indicateurs de mortalité restent au-dessus des normes OMS peut
s’expliquer par un accès aux soins de santé difficile pour une certaine frange de la population
qui vit sous le seuil de pauvreté au Cameroun. À cet effet, l’Institut National de la Statistique
(INS) à travers sa quatrième enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 4), réalisée en
2014 montre que 37,5% de la population soit environ 8 088 876 de personnes vivent en dessous
du seuil de pauvreté qui est de 339 715 FCFA par équivalent-adulte et par an. En dépit de
l’existence d’un document de stratégie nationale de technologie de la santé et des efforts de
construction et d’équipement de formations sanitaires, l’accessibilité physique aux soins de
santé de qualité reste précaire. Ceci est dû notamment à une inégalité de leur répartition lorsque
l’on analyse la carte sanitaire nationale, ainsi qu’à la vétusté et au manque de maintenance de
la plupart des infrastructures et équipements sanitaires.
Dans le même ordre d’idées, on note par rapport aux normes de l’OMS, que la couverture de la
population en personnel médical reste insuffisante malgré des efforts de recrutement déployés
par le Gouvernement avec l’appui de ses partenaires : Fonds PPTE (Pays pauvres très endettés),
C2D (Contrat de désendettement et de développement), etc. Le ratio professionnel de
santé/population est de 0,63 pour 1000 habitants au Cameroun contre 2,3 pour la norme
internationale.

2.1.9. État des lieux de la santé dans la région du Nord et l’Extrême-Nord


2.1.9.1.Répartition administrative de l’Extrême-Nord

27
La région du Nord occupe près de 15% de la superficie du pays. Elle s’étend sur 65 576 km²
(Wikipédia). Cette région, dont le Chef-Lieu est Garoua, est composée de quatre (04)
départements : le département de la Bénoué, le département du Faro, le département du Mayo-
Louti et le département du MayoRey.

Figure 12 : Les départements de la Région du


Nord

Dans le tableau ci-après, sont consignées les chefs-lieux et les superficies de chaque
département de la région.
Tableau 6 : Les départements de la région du Nord (source Wikipédia

Département Chef-lieu Superficie (km²)


Bénoué Garoua 13 614
Faro Poli 11 785
Mayo-Louti Guider 4 162
Mayo-Rey Tcholliré 36 529

2.1.9.2.Présentation physique

28
La région du Nord est la partie centrale de la cuvette de la Bénoué dont le terrain atteint une
altitude de 176m à Garoua. La cuvette est orientée d’Est en Ouest. Sur elle s’élèvent de petits
massifs granitoïdes et volcaniques tels que les Monts de Rolli, les Monts Hosséré Vokré
(2049m), le Mont Tcholliré. Au sud-ouest, les Monts Atlantika surplombent la vallée du Faro.
Le climat est de type tropical soudanien classique se caractérisant par l’existence d’une longue
saison sèche d’octobre à avril et une courte saison des pluies de mai à septembre et une
température moyenne de 35°C pouvant atteindre les 40 à 45°C. La pluviométrie moyenne
annuelle s’élève à 1 000 mm d’eau. Les pluies sont généralement accompagnées de violents
orages en saison de pluie (de mai en octobre) qui font baisser les températures. Au Sud de
Garoua, une savane boisée aux forêts claires recouvre le sol, mais au Nord, elle fait place à une
steppe très riche en épineux rabougris et pauvre en espèces feuillues.
Plusieurs cours d’eau situés dans la zone prennent leur source sur le plateau de l’Adamaoua et
se jettent ensuite dans la Bénoué, principal collecteur de la cuvette. Le lac Lagdo, dans le nord-
ouest du parc national de Bouba Ndjida est un barrage de retenue des eaux utilisé pour la
production d’énergie hydro-électrique.
2.1.9.3.Démographie et traits humains
D’après les données statiques de l’INS (2016), la population de la région du Nord peut être
estimée à 2 856 872 habitants en 2019 qui se répartit en 1 447 284 personnes de sexe féminin
et 1 409 588 personnes de sexe masculin.
Tableau 7 : Données démographiques de la région du Nord Cameroun (Source: INS, 2016)

Région NORD
Population projetée en 2019 2 856 872 hab.
Superficie 65 576 km²
Densité 17,33 hab/km²

29
Sur le plan humain, les populations du Nord sont en majorité rurales et les villages de la région
sont organisés en chefferies appelées Lamidats. La population de cette région est cosmopolite
et à majorité rurale. Elle est composée principalement des Peulhs, Fali, Haoussa, Laka, Bata,
Sara, Moundang, Guidar, Mboum, Toupouri, Bororo, Kanouri, NGambaye, Lélé… En plus de
ces ethnies, on retrouve également des populations venues du Nigeria voisin, du Mali, du Tchad,
du Sénégal et du Niger. La présence de ces derniers dans cette commune est synonyme de paix
et de stabilité ce qui traduit le sens de l’hospitalité des populations locales. Les principales
langues véhiculaires de la commune sont le Foulfouldé et l’Haoussa.
Dans le domaine religieux, il existe plusieurs confessions à savoir l’islam, le catholicisme, le
protestantisme, et l’animisme. L’islam est la pratique religieuse dominante dans la région.
2.1.9.4.Activités économiques de la zone
Les principales activités économiques que l’on rencontre dans la région sont les suivantes :
L’agriculture pratiquée par près de 90% de la population ;
L’élevage ;
La pêche ;
Le commerce.
La culture de prédilection dans cette zone est le coton. Cependant, l’élevage des chevaux et des
ânes est une activité de plus grande importance. Le calcaire utilisé pour la production du ciment
est retrouvé dans les localités de Figuil et de Guider. L’artisanat y est aussi très développé avec
la création et l’aménagement du centre artisanal de Garoua et autres centres culturels.
2.1.9.5.Les équipements sanitaires et de formation professionnelle
a) Formations sanitaires
La région du Nord, et même les régions voisines de l’Extrême Nord et de l’Adamaoua ne
disposent d’aucune formation sanitaire de niveau central. Mais l’on peut y recenser des
hôpitaux de niveau intermédiaire et périphérique. La répartition des formations sanitaires
publiques dans la région du Nord se fait comme ci-après :
Au niveau Intermédiaire :
 Hôpital Régional de Garoua
Au niveau périphérique :
 Hôpital de District de Guider ;
 Hôpital de District de Touboro ;
 Hôpital de District de Lagdo ;
 Hôpital de District de Polli ;
 Hôpital militaire de Garoua ;
 Centre médical de la Sureté Nationale de Garoua.
En plus de cela, l’on peut recenser des CSI, des CMA, des cabinets dentaires, des officines de
pharmacies et des unités de santé traditionnelles.
b) Structures de formation professionnelle de la santé
La région du Nord dispose des instituts de formation dans le domaine de la santé ci-après :

30
La Faculté de Médecine et de Sciences Biomédicales de Garoua ;
L’École Privée de Formation des Infirmiers ;
L’école des infirmiers ;
L’école des aides-soignants.

2.2.PROBLÉMATIQUE
2.2.1. Les problèmes de la santé dans la région du Nord et l’Extrême-Nord
La région du Nord est marquée par des problèmes spécifiques sur le plan de la santé, en plus
des problèmes dont font face les autres régions du Cameroun. Parmi ces problèmes on peut citer
un faible taux d’équipements sanitaires, dont une insuffisance en Hôpitaux de Districts et
Centres de Santé dans certains quartiers à forte densité humaine, une carence criarde en
personnels en quantité comme en qualité, l’absence d’électricité et/ou d’eau dans certains
centres de santé et la réticence des populations de se soigner à la médecine moderne. Un autre
problème majeur est l’absence d’un hôpital de niveau central dans cette région, et dans les
régions de l’Extrême Nord et de l’Adamaoua voisines, ce qui implique que les cas de maladies
les plus extrêmes et nécessitant des compétences spécialisées sont évacués dans les grands
centres qui sont en majorité situés dans les principales métropoles Yaoundé et Douala.
2.2.1.1.Le déficit en structures sanitaires
Les recommandations exigées par l’OMS concernant les infrastructures sanitaires sont les
suivantes :
Tableau 8 : Norme d'implantation des hôpitaux en fonction des habitants

Catégorie des Hôpitaux Normes OMS


1 HC Pour 1 000 000 Habitants
1 HR Pour 750 000 Habitants
1 HD Pour 100 000 Habitants
1 CMA Pour 25 000 Habitants
1 CSI Pour 10 000 Habitants
1 Médecin Pour 10 000 Habitants

À partir de ces données et du nombre d’infrastructures sanitaires présentes dans la région du


Nord, on obtient le ratio de la population par rapport au type de structure.
Tableau 9 : Ratio Population/hôpitaux par catégories (Source : MINSANTE, 2017 et Pettang, Auray, 2005)

NORD
Catégories Hôpitaux Ratio
d’hôpitaux recensés Pop./hôpitaux
HC 0 /
HR 1 2 856 872
HD 10 285 687
CMA 8 357 109

31
CSI 90 31 743

On constate donc que bien que ces ratios Population/catégories d’hôpitaux tendent à se
rapprocher des recommandations de l’OMS, cette région présente encore un réel déficit en
matière d’infrastructures sanitaires. De plus, on y note une absence des hôpitaux centraux (HC).
2.2.1.2.Les personnels de santé en quantité insuffisante
La répartition des médecins comme celle des hôpitaux est inégale sur l’ensemble du territoire
camerounais. Les ratios Médecins/Population les plus faibles sont ceux des régions de
l’Extrême Nord et du Nord ce qui y justifie un fort taux de mortalité (taux de mortalité région
du Nord//région du centre).

Ratio Médecin/Population
1,4
1,2
1
0,8
0,6
Ratio Médecin/Population
0,4
0,2
0

Figure 13 : Ratio Médecin/Population par région de santé (Source : Pettang, Auray, 2005)

L’accès aux soins hospitaliers dans cette région est très en dessous des recommandations de
l’OMS de 01 médecin pour 10 000 habitants, comme le démontre la figure ci-après. On a
environ 0,36 médecin pour 10 000 habitants. Une des raisons pouvant justifier cette insuffisance
est l’absence dans cette région d’un hôpital d’assez grande envergure, qui pourrait susciter
l’intérêt des médecins et infirmiers après leurs formations. En effet, les zones les mieux
équipées en hôpitaux et les plus prisées par les personnels sanitaires sont celles situées aux
alentours des villes de Yaoundé et de Douala. Ce qui justifie l’affluence des personnels de santé
dans ces villes après leur formation.
2.2.1.3.L’accès difficile aux formations sanitaires
D’après les études de Geomatic Strategy sur l'analyse de la corrélation entre le réseau routier et
la localisation des formations sanitaires nous montrent que sur toute l’étendue du territoire
camerounais, quatre zones apparaissent comme les plus enclavées en matière de distance à
parcourir pour accéder à une formation sanitaire. Les habitants de ces zones doivent parcourir
plus de 75 km. Parmi ces quatre zones, deux sont situées dans les régions septentrionales, avec
une à l’extrême nord et une autre à la limite entre le Nord et l’Adamaoua. Cette situation est
principalement due au relief, au manque de routes aménagées et à l’éloignement des populations
des formations sanitaires fonctionnelles.

32
Au sein des 2 454 formations sanitaires publiques au Cameroun, il y a 172 hôpitaux publics
divisés en 4 catégories : 5 hôpitaux généraux, 7 hôpitaux centraux, 14 hôpitaux régionaux, 146
hôpitaux de district. Ces structures sanitaires publics sont logiquement les mieux équipées pour
pouvoir faire face à des cas graves de maladie surtout lorsqu’il est question d’opérer un malade.
Les populations doivent pouvoir accéder au plus vite à un hôpital surtout en cas d’urgence.
Nous avons modélisé les déplacements sur le réseau routier camerounais pour connaitre les
zones d’influence des hôpitaux. Autrement dit nous avons estimé un temps moyen d’accès à un
hôpital public à partir de n’importe quel point sur le territoire camerounais. Il s’avère que
certaines zones au Cameroun sont privilégiées par rapport à d’autres surtout en ce qui concerne
le temps d’accès à un hôpital en empruntant le réseau routier et en circulant à 70 km/h.
Toutes les routes ne permettent pas de circuler à 70 km/h au Cameroun. Sur certaines routes
nationales, régionales ou départementales, il est possible de rouler plus vite mais sur d’autres
routes rurales ou alors non bitumées et parfois mal entretenues, il est difficile même de rouler
à plus de 50 km/h. la valeur 70 km/h représente donc une vitesse moyenne approximative, en
sachant que lorsque l’on se dirige vers un hôpital, hormis pour rendre visite à quelqu’un ou pour
y travailler c’est souvent pour une raison ou une situation qui nous amène à être plutôt pressé.
En roulant donc à 70 km/h sur les routes camerounaises, il y a certaines zones qui sont situées
à plus de 2h d’un hôpital. Ces zones en question sont en grande partie proches des frontières
aux extrêmes nord, ouest et est. Ces zones sont aussi différemment peuplées, nous n’avons pas
pu obtenir les chiffres actualisés de la population par villages mais les zones de Touboro et
Yokadouma, Moloundou sont celles qui contiennent le plus grand nombre de villages
administrativement recensés.
La zone la plus enclavée est sans aucun doute celle de Yokadouma-Moloundou lorsque l’on
prend en compte sa superficie, le nombre de villages qu’elle contient, environ 57 mais surtout
en plus du fait que ces 57 villages sont situés à plus de 2h d’un hôpital public, certains d’entre
eux peuvent se retrouver jusqu’à plus de 10 heures si l’on prend en compte les intempéries
pendant la saison pluvieuse. La zone enclavée du district de santé de Touboro possède
également un nombre important de villages, 55 ont été recensés. 4 hôpitaux entourent cette
zone mais ils sont assez éloignés et difficiles d’accès surtout que la partie sud de cet espace est
bordée par le parc national de la Vallée du Mbéré.
La zone enclavée la plus au centre à l’intérieur des terres au Cameroun est située à cheval sur
4 districts de santé, ceux de Tibati, Ngaoundal (Région de l’Adamaoua), Betaré Oya (région de
l’Est), et Yoko (région du Centre). Nous pouvons parler ici d’angle mort situé au carrefour de
3 régions. 10 villages sont situés dans cette espace qui parait oublié. Les pointes nord, ouest et
sud-ouest font également parties des zones les plus reculées en matière d’accessibilité à un
hôpital. Les districts de Mada à la pointe nord, de Kribi et Ambam à la pointe sud-ouest, et de
Bakassi à la pointe ouest, renferment respectivement 28, 39 et 13 villages situés à plus de 2h

33
d’un hôpital public. En définitive l’ensemble des villages situés dans les zones fortement
enclavées s’élève à 202.
Figure 14 : Accessibilité aux formations sanitaires publiques (Source : Geomatic Strategy, 2009)

34
Figure 15 : Mesure de l'accessibilité aux hôpitaux publics

35
2.2.1.4.Énoncé du problème
Au vu des difficultés que rencontrent la région du Nord sur le plan sanitaire, nous choisissons,
dans le cadre de notre étude, de nous attarder sur la question de : « L’absence d’un hôpital de
niveau central dans les trois régions septentrionales du Cameroun ». Ce travail devra
s’inscrire dans la dynamique de :
résorption du déficit en équipements de santé dans ces régions ;
création d’un pôle d’attraction des personnels dans ces régions ;
formation des personnels de santé déjà en place dans ces régions ;
amélioration de l’accessibilité des populations aux services hospitaliers.
2.2.1.5.Carte sanitaire de KALFOU

2.2.1.6.

36
III. Proposition d’une solution viable
Afin de résoudre le problème posé, nous nous proposons d’implémenter un hôpital de 2e
catégorie dans la ville de Garoua, notamment un Centre Hospitalier Universitaire (CHU). En
effet :
 La ville de Garoua est dotée d’une faculté de médecine créée en 2018 par le
décret No2018/004 du 08 janvier 2018 portant sur la Création de la Faculté de
Médecine et des Sciences Biomédicales de Garoua. À cet effet, un CHU dans cette
ville offrira un cadre pour des recherches en médecine, et la formation et
l’enseignement des étudiants de la Faculté de Médecine présente d’un point de vue
pratique ;
 Le CHU étant un hôpital de niveau central (2e catégorie). Il attirera le
personnel de santé dans cette région du pays ;
 Les structures sanitaires de ce niveau sont logiquement mieux équipées pour
pouvoir faire face à des cas graves de maladie surtout lorsqu’il est question d’opérer.
 De plus, Garoua est une position stratégique dans le septentrion : Chef-lieu de
la région du Nord, Garoua par rapport à Yaoundé et Douala qui sont les principaux
pôles renfermant les infrastructures sanitaires est plus proche des localités de l’Extrême
Nord, du Nord et de l’Adamaoua.

IV. Évaluation du gap


Gap : se concentrer seulement sur la région du nord
Évaluer le manque

CHAP III : PRÉSENTATION DU PROJET


I. Définition et Objectifs du projet
La fiche technique de notre projet comporte :
a) THÈME : PROJET DE CONSTRUCTION D’UN CENTRE HOSPITALIER
UNIVERSITAIRE (CHU) A GAROUA

b) OBJECTIFS :
Les différents objectifs de ce projet sont : Renforcer le système de santé camerounais ;
 Contribuer à l’atteinte des OMD à travers :
o Une meilleure prise en charge et des soins de qualité qui pourront garantir la
réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans (OMD 4) et l’amélioration
de la santé maternelle (OMD 5) ;
o Un combat contre le VIH/SIDA, le paludisme et autres maladies (OMD 6) ;
37
 Aider à la formation pratique des étudiants en médecine de la Faculté de
Médecine et des
Sciences Biomédicales de Garoua, des infirmiers de l’École des Infirmiers Diplômés d’État
(IDE) et des autres instituts de formations aux métiers de la santé ;
 Attirer les personnels de santé de grande expertise dans les régions
septentrionales du pays, principalement dans la région du Nord. Cela aura pour effet
d’atténuer l’inégale répartition de la charge médicinale et des infirmiers sur
l’ensemble du territoire ;
 Rééquilibrer le déploiement des populations en attirant un nombre élevé des
populations de la région ;
 Assurer la prise en charge des patients présentant des cas d’urgence en
facilitant leur évacuation des autres hôpitaux de ces trois régions. Cela permettrait de
réduire les coûts et distances liés à leur accès aux soins et donc de rendre la santé
accessible à tous.

c) PRÉSENTATION DE LA SITUATION SOUHAITÉE


La situation souhaitée à l’aboutissement du projet se présente suivant les points suivants :
• Activité visée : Construire un CENTRE HOSPITALIER UNIVERSITAIRE
DANS LA
VILLE DE GAROUA, doté de services et d’équipements respectant les normes de l’OMS ;
• Population ciblée : La population cible de notre projet est la région du Nord
• Partenaires : La réalisation du CHU nécessitera l’établissement d’un certain
nombre de partenariats. Ces partenariats se feront suite à la vulgarisation du projet et
des activités visant sa réalisation par le ministère de la santé publique. Nous aurons
entre autres comme partenaires :
 Le Ministère de la Santé Publique ;
 Les ministères promoteurs, pouvant investir dans la santé sans pour
autant éprouver le même intérêt.
 Les opérateurs privés ;
 Les prestataires publics et privés ;
 Les communautés et les Partenaires Techniques et Financiers (PTF).
Les États partenaires et autres organismes bienfaiteurs

d) CARACTÉRISTIQUES DU CHU
Services de base et plateau technique

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Dans la hiérarchisation du système sanitaire au Cameroun, les CHU sont généralement classés
parmi les hôpitaux centraux. Ces hôpitaux contiennent au minimum les services suivants :
• Médecine générale
• Pédiatrie
• Maternité et gynécologie
• Chirurgie
Le plateau technique quant à lui doit être minimalement équipé :
• D’un laboratoire
• D’une salle d’opération
• D’une salle d’urgences
• D’une pharmacie
• D’une morgue
• D’une salle de radiographie
• D’une salle d’imagerie médicale
• Des services annexes (gestion des déchets, eau/électricité, gaz,
buanderie, restauration, etc. )

Le tableau ci-après récapitule les services ainsi que nous prévoyons pour le CHU de Garoua.
Tableau 5 : Les services du CHU de Garoua
UNITÉ SERVICE
Accueil
Direction générale
Administration Service financier
Direction des Ressources Humaines
Comptabilité matière
Accueil
Médecine Générale Consultation
Soins
Hospitalisation
Chirurgie dentaire
Chirurgie et spécialité
Petite chirurgie

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Anesthésie
Gynécologie et Obstétrique Maternité principale

Pharmacie
Technique Radiologie et imagerie
Anatomie Pathologie
Laboratoire et Banque de sang

Pour évaluer la capacité de notre établissement, nous nous basons sur ceux de l’Hôpital
Central de Yaoundé qui est un hôpital de même type. Des spécifications supplémentaires
seront obtenues lors de la programmation de notre hôpital. Ainsi, nous proposons une capacité
de :
 650 lits toutes spécialités confondues ;
 70 médecins ;
 408 personnels paramédicaux ;
 114 personnels administratifs et agents de l’État.
II. Financements
II.1. Stratégie de financement
La stratégie de financement prend en compte les diverses sources de financement du secteur
de la santé que sont l’État, le privé et les ménages. À ces dernières, on rajoute les organismes
internationaux. À cette stratégie, nous rattachons la collecte des recettes, la mise en commun
des ressources et l’achat des interventions.
a) L’État
La collecte se fera à travers la fiscalisation des activités de production au profit de la santé. La
mise en commun des ressources se déclinera par une meilleure organisation des interventions
du Gouvernement et des Partenaires Techniques et Financiers à travers le SWAP et le
développement de la multisectorialité.
b) Secteur privé
 Le développement du système de partage du risque maladie permettra d’améliorer et
de renforcer les mécanismes de collecte et de garantir la mise en commun des ressources ;
 L’achat des interventions efficaces se fera à travers la contractualisation privé-privé et
privé public.
 Enfin, les dépenses de santé des ménages seront orientées vers l’amélioration du
rapport coût efficacité par le développement du système de partage du risque maladie.
II.2. Sources de financement du projet

40
Les principales sources de financement du secteur de la santé sont : le budget de l'État, les
ménages à travers le recouvrement des coûts et autres paiements directs et le financement
extérieur. Les collectivités publiques locales, les ONG et l'assurance‐maladie privée apportent
une contribution marginale.
a) Financement du projet
Afin que ce projet puisse être réalisé, nous optons pour un financement émanant de multiples
sources notamment :
 L’État
L’État joue un rôle prépondérant dans le financement de l’ensemble des projets sanitaires au
Cameroun à travers les budgets alloués au Ministère de la Santé Publique et aussi aux
départements ministériels apparentés dont la contribution à l’amélioration de la santé des
populations ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Les crédits d’investissement inscrits au
budget du ministère de la sante représente environ 30 du budget de ce dernier.
 Le financement extérieur
 Les bailleurs de fonds multilatéraux
• Banque Africaine de Développement (BAD) ;
• Union Européenne (UE) ;
• Banque Mondiale (BM) ;
• PNUD ;
• UNESCO ;
• FNUAP ;
• UNICEF ;
• OMS.
 Les bailleurs de fonds internationaux bilatéraux
• Belgique-AGDD ;
• Canada-ACD ;
• France-AFD ;
• Allemagne-KFW ;
• Japon-JICA.
b) Financement du fonctionnement
Le fonctionnement du CHU DE GAROUA nécessitera un ensemble de fonds. Tout comme la
quasi-totalité des structures sanitaires publiques, les fonds nécessaires au fonctionnement de
ce CHU proviendront :
• du budget de l'État ;

41
• des ménages à travers le recouvrement des coûts et autres paiements directs ;
du financement extérieur.
Ces ressources devront permettre une intégration totale du CHU dans le système de santé
camerounais. Cette intégration inclut une appropriation de l’ensemble des procédures
d’acquisition des équipements et médicaments mais aussi les procédures de prises en charges
des malades par une disponibilité des soins suivant les normes prescrites.

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CONCLUSION
Tout au long de notre travail, nous avons tour à tour présenté l’environnement géographique,
politique, économique, démographique et sanitaire au Cameroun et dans la région du Nord et
la problématique liée aux difficultés du secteur de la santé dans les trois régions septentrionales
et implémenté une solution viable face à cette situation. Parvenus au terme de ce travail, il en
ressort que la création d’un CHU dans la ville de Garoua s’inscrit comme un début de solution
à la résorption du déficit criarde en équipements et personnels sanitaires dans les régions de
l’Adamaoua, de l’Extrême Nord et du Nord. Ce projet s’inscrit également dans le processus
d’atteinte des OMD liés à la Santé, ce qui conforte le Cameroun dans sa marche vers
l’Émergence.
Les normes prescrites par l’OMS ne sont pas atteintes dans de nombreux districts de santé. En
moyenne il y a 102 districts en dehors de la norme prescrite en matière de couverture sanitaire
et charges professionnelles, ce qui représente près de 54% des districts, c’est-à-dire plus de la
moitié. Le manque de médecin surtout dans les zones rurales et enclavées, la couverture
insuffisante d’infirmiers et de pharmaciens ainsi que les contraintes physiques d’accession à
une formation sanitaire proche de son domicile sont des éléments qui poussent et encouragent
la population à avoir recours aux médicaments de la rue ainsi qu’à la médecine traditionnelle
qui pour beaucoup se présentent comme mesures palliatives.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1]. EFFA E., NZOYEM N., TCHATCHIMA A., « Plaidoyer pour la construction d’un
centre hospitalier universitaire (CHU) dans la ville de Garoua. », Projet de Management
des projets d’investissement (GCU 581), sous la supervision de Pettang Chrispin,
Cameroun, École Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé, 2013.
[2]. Chrispin Pettang et al., (1998). Manuel d’aide à la conception des infrastructures
sanitaires au Cameroun. Projet Santé-Fécondité Et Nutrition ; Presses Universitaires.
[3]. Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (2010).
Atlas National de Développement Physique du Cameroun, Cameroun, 72 P
[4]. Bureau Central des Recensements et des Études de Population rapport national sur
l’état de la population (2011) : Enjeux et défis d’une population de 20 millions
d’habitants au Cameroun en 2011, Cameroun, 96 P
[5]. Institut National de la Statistique (2010). Deuxième enquête sur le suivi des dépenses
publiques et le niveau de satisfaction des bénéficiaires dans les secteurs de l’éducation
et de la santé au Cameroun, Cameroun, 68 P
[6]. Ministère de la Santé Publique (2016). Stratégie Sectorielle de Santé 2016-2027 (SSS
2016-2027), Cameroun, P 29 – 117.
[7]. NTSAMA E., CHRISTIE T., YOLANDE E., ROSE N. (2011). Projet de Recherche
« Identification des questions de recherche prioritaires en matière de politique d’accès
et d’usage des médicaments dans des pays francophones d’Afrique Centrale, à revenus
faibles ou intermédiaires, CAMEROUN », Cameroun, P. 9.
[8]. HAPPI SAH JEAN S., « L’adaptation des normes de conception des infrastructures
sanitaires au Cameroun », Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du diplôme
d’ingénieur de conception de Génie Civil, sous la direction de Chrispin Pettang,
Cameroun, École Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé, 2013, P. 3-50.

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