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Le mixe énergétique et les GES au Maroc : Évaluation des Scenarios et

mesures prévues

AFILAL M.E.1, ABBADIN2, LAICHE H1, ELFARH A2


1
Biochemistry and biotechnology Laboratory, Mohamed First University,
Oujda; Morocco
2
Department of physics, Mohamed First University, Faculty of Science, Oujda,
Morocco

Résumé :
Au niveau nationale le Maroc est pauvre en énergies fossiles, ses filières
bénéficient généralement d‟un soutien d‟état pour que les prix restent à la porté
des consommateurs, ce qui pèse lourdement sur la balance économique du pays
et aussi reste une source de pollution de l‟environnement de plus en plus
inquiétante.
Devant cette situation, quelles sont les prévisions d‟avenir et surtout quelles
sont les choix et les risques pour le Maroc?
Au Maroc, le développement des énergies renouvelables semble une des
préoccupations majeures dans les prévisions officielles, ainsi plusieurs textes de
lois sont promulgués depuis quelques années, plusieurs projets sont réalisés et
d‟autres prévus, en plus de l‟engagement du Maroc lors de la COP22 tenue à
Marrakech fin 2016 pour diminuer les gaz à effet de serre (GES), ainsi toute
cette dynamique nécessite une vision claire, cependant peu d‟études
scientifiques au niveau des universités Marocaines, discutent et évaluent les
mesures prises par le gouvernement.
Dans cet article nous analysons le scenario officiel proposé pour 2020 puis
2030 et 2050, en prenant en considération les particularités du contexte
Marocain.
Le Maroc jouit d‟un potentiel très important dans les énergies renouvelables
dont l‟énergie solaire, énergie hydraulique et énergie éolienne. Ces énergies ne
produisent aucun déchet et ne génèrent aucun risque particulier, mais ces filières
présentent également des contraintes, au niveau du coût, de la disponibilité dans
le temps et l‟espace, et nécessitent des installations complètes pour le transport
et la gestion centralisée, et produisent surtout l‟énergie électrique, alors que les
besoins du pays comprennent également des besoins thermiques et en
biocarburants.
Pour le nucléaire, c‟est une solution envisageable au Maroc, car il rejette moins
de gaz à effet de serre, mais la contrainte principale reste les risques d‟accidents

273
et le fait que les déchets sont des produits très dangereux et dont la gestion reste
très coûteuse.
Dans la stratégie nationale, il est envisagé de contrôler l‟augmentation des GES,
en s‟appuyant surtout sur le solaire, et l‟éolienne, sans aucune attention à
l‟énergie de biomasse !
Mots clés : Biogaz, GES, mixe énergétique, déchet organique, élevage, énergie.

The energy mix and GES in Morocco: Evaluation of the Scenarios and
planned measures.

Abstract:
At the national level, Morocco is poor in fossil fuels, its sectors generally
benefit from state support so that prices remain within reach of consumers,
which weigh heavily on the country's economic balance and also remains a
source of pollution. Of the environment more and more disturbing.
Given this situation, what are the forecasts for the future and especially what
are the choices and the risks for Morocco?
In Morocco, the development of renewable energies seems to be a major
concern in the official forecasts, as several laws have been promulgated in
recent years, several projects are being carried out and others planned, in
addition to Morocco's commitment during the COP22 held in Marrakech in late
2016 to reduce greenhouse gases (GES), so all this dynamic requires a clear
vision, however few scientific studies at the level of Moroccan universities,
discuss and evaluate the measures taken by the government.
In this article we analyze the official scenario proposed for 2020 then 2030
and 2050, taking into consideration the peculiarities of the Moroccan context.
Morocco has a very significant potential in renewable energies including solar
energy, hydropower and wind energy, these energies produce no waste and do
not generate any particular risk, but these sectors also present constraints, in
terms of cost, availability in time and space, and require complete facilities for
transportation and centralized management, and produce mostly electric power,
while the country's needs also include thermal and biofuel requirements.
For nuclear power, it is a possible solution in Morocco, because it rejects less
greenhouse gases, but the main constraint remains the risk of accidents and the
fact that waste is very dangerous products and whose management remains very
expensive. In the national strategy, it is envisaged to control the increase of
GESs, relying mainly on solar, and wind, without any attention to biomass
energy!

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I. Introduction :
Après un siècle de développement économique marqué par une accélération non
contrôlée de la consommation d‟énergie et de matières premières, le monde
prend conscience que le modèle de développement est à caractère non durable,
ce qui nécessite obligatoirement un changement des comportements. Le Maroc
est aussi soumis à une forte contrainte énergétique illustrée par une grande
dépendance à l‟importation qui risque de s'aggraver au fil du temps, déjà le
pétrole importé représentait 84,1%des besoins énergétiques en 2009 [1]
Ainsi le Maroc devrait prendre des initiatives pour assurer une transition
énergétique favorable au développement durable, mais comment augmenter la
consommation énergétique sans risque de pollution, Sachant que la
consommation énergétique annuelle moyenne actuelle est 20 à 40 fois plus
faible par rapport aux pays développés, au Maroc le citoyen consomme moins
de 0,56 kilo équivalent pétrole par personne et par jour (kep/hab/j) contre
10,6kep/hab/jen Europe 23,6 en USA.[2 -5].
L‟énergie de biomasse au Maroc représente un potentiel actuellement très peu
développé et devrait retenir l‟attention des acteurs nationaux. Parmi les
composantes de l‟énergie de biomasse, on trouve la valorisation des résidus
organiques par fermentation méthanique, avec un potentiel annuel au Maroc qui
dépasse les 85 millions de tonnes, cette source d‟énergie semble être ignorée
dans les prévisions officielles de développement des énergies renouvelables.
Pourtant ces déchets sont la source principale des GES s‟ils restent abandonnés
dans l‟environnement ou bien utilisés comme amendement directe sans
prétraitement préalable. C‟est une énergie dont le coût est compétitif. Elle est
moins polluante que les énergies fossiles et produit toute les formes d‟énergie
(thermique, électrique, carburant), avec une disponibilité dans l‟espace et le
temps, ce qui permet la production d‟énergie de façon décentralisé dans le lieu
même des besoins.
L‟énergie de biomasse, et particulièrement la technologie de biogaz, devrait
prendre ca place dans le mix énergétique. Le transfert de technologie des
différentes énergies renouvelables devrait impliquer plus les universités
Marocaines, selon une vision et un plan d‟action clair, car souvent le contexte
Marocain nécessite des mises au point d‟adaptation socioéconomique.
Nous discutons les lacunes du scenario officiel, et nous justifions les
nouveaux choix qui devraient être plus adaptés pour le développement durable
du Maroc.

275
Tout scénario dans le domaine énergétique devrait prendre en considération les
contraintes suivantes :
 L‟augmentation de la population et donc des besoins
 la nécessité de diminuer les émissions des GES (ou CO2eq)

La stratégie principale du pays devrait se reposer simultanément sur:


 les économies d‟énergie, et efficacité énergétique, en particulier dans les
domaines des transports et de l‟habitat.
 le développement des énergies renouvelables dont les ressources ne se
limitent pas au solaire et éolienne.

Rien ne pourra se faire sans une communauté scientifique sensibilisée et


compétente, d‟où l‟interpellation des établissements d‟enseignement supérieurs,
et la recherche scientifique en première ligne.
Les éléments composants toute énergie et qui devraient être les critères
d‟évaluation pour le choix du mixe énergétique de chaque pays sont[4] :
 La source d‟énergie ; l‟inégale répartition géographique des ressources
fossiles est à l‟origine des risques géopolitiques majeurs. Pour les énergies
renouvelables, selon la source, nous avons des limites dans le temps et
l‟espace mais avec une meilleure répartition géographiques, surtout pour
l‟énergie de biomasse qu‟aucun pays du monde, ne pourrait en être privé,
si la technologie adéquate est bien adaptée.
 le procédé, qui met en jeu des machines en général de taille très
importante : la production d‟énergie est une industrie très intense en
capital. La taille même des équipements de production d‟énergie est
source de risques industriels importants.
Le procédé produit en général des déchets plus ou moins nocifs, qu‟il faut
traiter, recycler, stocker, en tout cas neutraliser. L‟indice le plus important
est le taux des émissions en GES de chaque procédé.
Pour ce point aussi, l‟énergie de biomasse et surtout la valorisation des
déchets organiques par la technologie de biogaz est la moins
contraignante, puisque les bioréacteurs peuvent êtresdimensionnés selon
la disponibilité des déchets dans chaque site (ferme ou zone
industrielle…), et les résidussont aussi valorisables comme fertilisant en
plus de l‟énergie. Concernant le bilan GES il est très positif puisque ce
procédé permet d‟éviter la libération du méthane qui a un pouvoir de
réchauffementglobale (PRG) 21 fois plus élevé que le CO2, donc la
technologie de biogaz, n‟est pas seulement un choix mais une
nécessité [5][6][7]

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Le stockage et le transport de l‟énergie, restent différents selon le type
d‟énergie, mais toujours difficiles. Alors qu‟il est impossible de stocker le
vent ou le rayonnement solaire, dans le cas de l‟énergie de biomasse, elle
reste possible de stocker la source organique ou le gaz résultant de la
fermentation.
 L‟économie d‟énergie, c‟est- à- dire l‟amélioration des rendements et la
diminution des couts. Chaque étape de la chaine de production de
l‟énergie (du produit et matières premières et les efforts à faire….)
devraient êtrel‟objet de la recherche du meilleur rendement dans les
établissements universitaires du pays.

Devant cette problématique,il est nécessaire de développer une technologie qui


combine les avantages au niveau de la gestion, le traitement, la valorisation
énergétique et la production d'énergie verte à partir des différentes sources selon
le contexte du pays. [8]
Parmi les technologies modernes, qui gagne d‟avantage d‟importance dans le
monde entier , on trouve la méthanisation des déchets organiques diverses
(liquides et solides) dans des bioréacteurs hermétiquement fermés, ou les
microbes adaptés produisent le biogaz, dont essentiellement le méthane
[8][10][4]. Le biogaz est valorisable en énergie thermique, biocarburant ou
électrique[11] .
Le Plan Maroc Vert est au centre de la stratégie de développement durable. Le
Maroc a ainsi lancé deux agropoles et quatre autres sont en préparation afin
d‟augmenter massivement les produits agricoles. Au Maroc, l'agriculture et
l‟élevage concerne un secteur socio-économique très important, plus de 42 % de
la population marocaine vivent de ce secteur[12]. Le développement de ce
secteur au Maroc se trouve devant une contrainte majeure, qui est
l‟augmentation de la production des déchets et résidus organiques et le besoin
d‟une solution adapté. Plus de 95 % de ces déchets sont abandonnés dans
l‟environnement ou bien utilisés comme amendement directe sans prétraitement
préalable. Ces déchets sont chargés de souches pathogènes, et en substances
chimiques qui peuvent nuire aux nappes phréatiques et eaux superficielles [13].
Aussi la mise en décharge à l‟air libre provoque une pollution de
l‟environnement par les gaz à effet de serre et les microbes et microparticules
aéroportées (aérosols)[14]
Le secteur agricole est un des secteurs les plus émetteurs des GES à l‟échelle du
globe, ainsi toute stratégie de réduction des GES devra comprendre le
développement de la technologie de biogaz qui permet entre autre:[15]

277
1. Réduire le recours aux engrais minéraux de synthèse, en valorisant plus
les ressources organiques, pour réduire les émissions de N2O (PGR=310).
2. Optimiser la gestion du sol pour favoriser le stockage de carbone
3. Réduire les émissions de CH4 liées aux effluents d'élevage
4. Réduire, sur l‟exploitation, la consommation d‟énergie fossile des
bâtiments et équipements agricoles pour limiter les émissions directes de
CO2.

II. Ressources et formes énergétiques au Maroc


Le tableau 1 permet de comparer objectivement toutes les sources d‟énergies, et
met en évidence la nécessité de revoir les prévisions officielles, avec
essentiellement une attention particulière à la technologie de biogaz, pour une
meilleure stratégie de développement durable au Maroc.

Source Potentiel coût % du mixe % du mixe


d‟énergie estimé au Dh/KWH énergétique énergétique
Maroc électrique global
2020/2030/2050 2020/2030/2050
Pétrole 1,6 – 3,4 51 / ? /0 48,5 /38,5/ ?
Charbon 0,5– 1 0 30,9/39,1/ ?
Gaz naturel 0,6 – 0,9 0 7,8/2,1/ ?
Solaire 5kWh/m2/j 1,62 – 14/ ?../65,6 4,6/./65/ ?
(thermique et (20000MW) 4,32
photovoltaïque)
Eolienne 25000MW 0,76 – 14/. ?./29,7 6,5//29/ ?
2,16
Hydraulique 3800 MW 0,16 – 14/. ?./ 4,6 1,6/. ?./2,5
0,21
Bois énergie 400MW 0,46 – 0,1/. ?./0 ../../..
1,44
Biogaz 5000GWh/an 0,1-1 ../../0 ../../..
nucléaire 1000 0,32 –1,3 7/ . ?./0 0 ,1/ ?/ ?
importation 700 MW ? ../../0 ../../..
d‟Espagne

Tableau 1: comparaison des différentes sources d‟énergie et les prévisions


d‟avenir au Maroc[16 et 17]

278
L‟analyse du tableau 1, montre clairement que le mixe énergétique au Maroc,
n‟est pas bien équilibré. Notre proposition est donc de développer également la
technologie de biogaz pour que le mix énergétique soit plus favorable au
développement durable, ainsi on pourra diminuer la part des énergies fossiles
très polluante. Pour relever le défis de transfert de technologie des différentes
énergies renouvelables au Maroc, on devrait impliquer plus les universités
Marocaines, selon une vision et un plan d‟action clair, car souvent le contexte
Marocain nécessite des mises au point d‟adaptation socioéconomique.

III. Origines des GES

Les GES sont des composants gazeux de l‟atmosphère qui ont comme
caractéristique d‟absorber une partie de rayonnements infrarouges émis par la
surface de la terre et contribuer à l‟effet de serre à côté d‟autres composants non
gazeux tels que les gouttes d‟eau des nuages.
L‟augmentation de leur concentration dans l‟atmosphère terrestre et l‟un des
facteurs d‟impact à l‟origine du réchauffement climatique.
Un gaz ne peut absorber les rayonnements infrarouges qu‟à partir de trois
atomes par molécule ou à partir de deux atomes différents.[18]
 Le potentiel de réchauffement global (PRG) d‟un gaz à effet de serre, est
calculé par équivalence avec une quantité de CO2 qui aurait le même PRG.
 Le gaz carbonique (CO2) : Le PRG est 1 comme gaz d‟étalon de base.
Provient surtout de la combustion de (charbon, pétrole, gaz et l‟industrie
(fabrication de ciment)
 Le méthane (CH4) : PGR est 21 : provient de l‟élevage des ruminants, de la
culture du riz, des décharges publiques, des exploitations pétrolières et
gazières ;
 Le protoxyde d‟azote (N2O) : PGR est 310, vient des engrais azotés et de
divers procédés chimiques.
 les gaz fluorés : le PGR est 12000, sont des gaz propulseurs dans les bombes
aérosols, des gaz réfrigérants (climatiseurs). Ils sont émis aussi par diverses
industries (mousses plastiques, composants).
 L„hexafluorure de soufre (HFC) : le PGR est 22000, est un gaz détecteur de
fuites, utilisé également pour l‟isolation électrique ;

279
 Les hydrocarbures per fluorés (PFC) : le PGR est 7390 sont entre autres
émis lors de la fabrication de l‟aluminium. la fabrication des semi-
conducteurs et des panneaux photovoltaïques.

IV. Facteurs d’émission :

Définition :
Un facteur d'émission est le coefficient multiplicateur qui permet de détailler le
contenu d'un produit, d'un service, d'un mode de déplacement, ou de tout ce qui
émet des gaz à effet de serre. Le calcul des émissions de GES est basé sur des
facteurs d'émissions qui sont multipliés par les valeurs d‟énergie. Ces facteurs
comprennent les émissions de dioxyde de carbone, de méthane et d'oxyde de di
azote afin de produire une valeur d'équivalence de dioxyde de carbone.
Facteurs d‟émissions pour les combustibles (énergie thermique)[4] :

o Le bois énergie : Le bois de feu, source énergétique première pour les


activités traditionnelles au Maroc (chauffage et usages domestiques en
milieu rural, « hammams » et fours), représente actuellement 30% de la
consommation énergétique nationale totale. Cette forte pression sur la
biomasse ligneuse conduit à un déséquilibre entre la production durable et
la consommation en bois et entraîne inéluctablement des phénomènes de
déforestation qui atteignent plus de 30 000 ha par an [19]], avec des
conséquences graves tel que la désertification et l‟érosion des sols. Cette
filière n‟est pas toujours considérée comme énergie renouvelable. Bien
que le bilan en GES est considéré comme neutres, car le CO2 libéré
correspond à celui absorbé par photosynthèse.

o Les biocarburants : Dans l‟état actuel des techniques, seules quelques


espèces végétales permettent d‟extraire des bio- carburants, avec en
plus la polémique sur la priorité alimentaire des terres cultivables.[1]

o Le biogaz pour l‟énergie thermique est une filière qui mérite d‟être
encouragée au Maroc, car le biogaz riche en CH4, 21 fois plus polluant
que le CO2, ne se dégagerait plus dans l‟atmosphère, ce qui contribuerait

280
énormément à la limitation des GES issus des déchets organiques, et donc
l‟intérêt sera double, énergétique et environnementale.[15]

Facteurs d‟émissions pour les combustibles (transport) :


Ils dépendent du contenu en carbone et du pouvoir calorifique du combustible
considéré. Les bases de données de chaque pays, devraient intégrer également
pour les différents combustibles des facteurs d‟émissions, correspondant au CO2
émis lors de la phase de production et de transport, éventuellement de raffinage
du combustible et de son origine. Ce FE est évidemment bien approximatif : il
devrait logiquement tenir compte des conditions précises d‟extraction et de
transport qui ne sont pas identiques selon que c‟est un carburant importé d‟un
pays ou autre.
La combustion des hydrocarbures sera en général:
CnH(2n+2) + (3n+1)/2(O2) --------> nCO2 + (n+1)H2O

[CO2]=44 g/mol, [H2O]= 18 g/mol:


o L‟application à l'essence (octane pur). n=8, [C8H18] = 114 g/mol.
La masse de CO2 rejetée par mole d'octane consommée est de : 44*8 = 352 g.
La masse de H2O rejetée par mole d'octane consommée est de : 18(8+1) = 162 g.
Le rapport consommation d'essence sur rejets de CO2 est de 352/114 = 3.09
Comme l'unité des volumes est plus usuelle lorsque l'on parle de carburant, il est
préférable de passer ce rapport en gramme de CO2 par litre d'essence
consommée.
Sachant que la masse volumique de l'essence est de 0.74 kg/l et que 1 gramme
d'essence brulée rejette 3.09 grammes de CO2, il vient : 0.74 * 3.09 = 2.28 kg de
CO2 par litre d'essence brulée.[20]
o Cas du Diesel (hexa décane pur), soit n=16.
La masse de CO2 rejetée par mole d'octane consommée est de : 44*16 = 704 g.
Donc Le rapport consommation de diesel sur rejets de CO2 est de 704/226 =
3,16
Sachant que la masse volumique du gasoil est de 0.85 kg/l et que 1 gramme de
diesel brulé rejeté 3.16 grammes de CO2, il vient : 0.85 * 3,16 = 2.67 kg de CO2
par litre de diesel brulé. [20] Les FE théoriques pour les combustibles purs,
devraient être ajustés pour chaque pays pour être plus précis, en fonction de la
composition et des origines.

281
Facteurs d‟émissions pour la production d‟électricité :
Les facteurs d‟émissions de CO2 des différentes sources de production
d‟électricité exprimés en gCO2eq/KWh. Ces chiffres sont des ordres de
grandeur, qui peuvent varier de 10 à 50% en fonction de la puissance de
l‟installation, de sa technologie ou encore de sa localisation. Ils apportent
toutefois un éclairage permettant notamment de comparer les énergies
renouvelables avec les différentes énergies conventionnelles.[21]
o Cas de L‟électricité fossile :[22]
Contrairement aux énergies renouvelables ou au nucléaire, la production
d‟électricité à partir des sources conventionnelles, génère des émissions de gaz à
effet de serre. Ainsi, la production d‟électricité à partir du charbon affiche un FE
de 1060 gCO2eq/kWh contre 730 gCO2eq/kWh pour le fioul et 418
gCO2eq/kWh pour le gaz. Ainsi, l‟électricité produite à partir de gaz est deux
fois moins polluante que celle produite à partir du charbon. Aussi l‟électricité
produite à partir de charbon émet 19 fois plus de GES que l‟électricité
photovoltaïque, et 150 fois plus que l‟électricité produite par une éolienne.

o L‟électricité éolienne
La production d‟électricité issue de la filière éolienne est l‟une des plus « propre
» du mix électrique. Elle implique toutefois des impacts environnementaux tels
que l‟utilisation des sols, avec un impact sur la faune et la flore, des
conséquences sur les paysages et la génération de nuisances sonores. L‟analyse
de leur cycle de vie montre que ces turbines n‟émettent pas de CO2 mais les
processus de fabrication, de mise en œuvre, de maintenance, d‟exploitation et de
fin de vie ont un bilan carbone faible mais non négligeable. En France, on
évalue à 12,7g CO2eq/kWh l‟empreinte de la filière éolienne avec une marge
d‟erreur en fonction de la technologie – et de sa localisation ! [21]
o Le photovoltaïque
Si le développement de la filière photovoltaïque est un pilier de la transition
énergétique, elle n‟est pas sans impacts environnementaux, liés notamment à
l‟occupation des sols ou l‟utilisation de matériaux rares dont l‟extraction est très
polluante. En France on évalue le FE de la filière photovoltaïque à 55g
CO2eq/kWh. Qu‟on est il pour le Maroc !?[21]

282
o L‟électricité hydraulique :
L‟électricité d‟origine hydraulique présente l‟avantage d‟être peu polluante. En
moyenne 6g de CO2eq sont émis dans l‟atmosphère pour produire un kWh.
Cependant la marge d‟erreur est grande, car dépend de la puissance installée, des
infrastructures nécessaires à la production, ou encore des variations climatiques
o Le nucléaire
Comme l‟énergie éolienne et l‟énergie photovoltaïque, une centrale nucléaire
n‟émet pas de CO2 en production. L‟analyse de son cycle de vie, de l‟extraction
de la matière première au stockage des déchets, démontre un bilan carbone de 6g
CO2eq/kWh.http:[23]

o L‟électricité de biomasse : au niveau d‟une décharge : permet la


production uniquement de l‟électricité avec plusieurs autres inconvénients
dont essentiellement la perte de la matière organique, le manque
d‟étanchéité et par conséquence la pollution de l‟environnement.
Malheureusement au Maroc, plusieurs décharges sont en cours
d‟installation sans aucune évaluation scientifique sur le plan économique
et environnementale, pourtant l‟alternative existe et consiste à développer
des installations de biréacteurs modernes plus rentables.

o L‟électricité de biomasse : au niveau d‟un bioréacteur à biogaz :

Cette filière présente plusieurs avantages, dont la possibilité de produire et


consommer l‟énergie de façon décentralisée, dans le lieu même de
production des déchets sans besoins de transport d‟énergie.
Le tableau 2 : Montre une comparaison globale des différentes sources
énergétique, et il est remarquable de constater que l‟énergie de biogaz présente
le maximum d‟avantages, pourtant le mixe énergétique marocain semble
l‟ignorer.[24]

283
source Potentiel cout du FE, GES (impact sur Rendement
KWH l’environnement)
Pétrole - + - -
Charbon - + - +
Gaz naturel - - - +++
Nucléaire - + - +
Solaire ++ + + -
Eolien + ++ + +
Hydraulique - - + +
biogaz ++ ++ +++ +++
Bois de feu - + neutre -
Géothermique - + + -
- : négatif + : positif
Tableau 2: Les avantages de l‟énergie de biogaz par rapport aux autres sources
d‟énergie

Potentiel :
L‟électricité d‟un pays est généralement produite par plusieurs sources, ainsi le
(FE) taux moyen, du mixe énergétique français s‟élève à 82g CO2eq/kWh, car
utilise l‟énergie nucléaire. Au Maroc on l‟estime à 767 g CO2eq/kWh !! Car on
utilise surtout le charbon.[25].

V. Méthode de calcule du bilan GES au Maroc

Un Bilan GES est une évaluation de la quantité des GES émise dans
l‟atmosphère sur une année par les activités d‟une organisation ou d'un territoire.

284
Le calcule du bilan GES est actuellement utilisé par des organisations qui
s‟engagent, de façon volontaire, dans une démarche de comptabilisation et
réduction de leurs émissions de GES, bien qu‟il devrait être obligatoire, pour les
entreprises et établissements publiques d‟une certaine taille (plus de 500
salariés) et pour les communes et villes de plus de 50.000 habitants. Un bilan
GES devrait être réalisé tous les 3 ans pour justifier les mesures prises et les
résultats obtenus.[25]
Le bilan carbone est un indice de comptabilisation des GES. Il vise à permettre
l'évaluation des GES provoquées par une activité, qu'elle soit industrielle ou
non, ou par une région donnée. L'équivalent carbone est la mesure "officielle"
des émissions GES. Un kilogramme de dioxyde de carbone (CO2) contient 0.27
kg de carbone, l‟émission de 1 kg de CO2 vaut donc 0.27 kg équivalent carbone
(Kg éq.C). Beaucoup d'entreprises, toutefois, utilisent "l'équivalent CO 2",
donnant des valeurs 3,67 fois supérieures (dans un rapport de 44/12 pour être
exact), facteur qui correspond au rapport (masse moléculaire du CO2)/(masse
atomique du carbone).
Dans les calcules on devrait prendre en compte l‟ensemble des (GES) selon le
niveau de précision:[26]
Niveau 1: les émissions directement générées par l‟entreprise (établissement,
commune): combustion d‟énergie fossile dans une chaudière ou une voiture,
réactions chimiques, fuites de gaz frigorigènes…..
 Niveau 2: les émissions indirectes liées à la consommation d‟énergie par
l‟entreprise (établissement, commune) : émissions générées par la production
d‟électricité, de vapeur, de chaleur ou de froid consommés par l‟organisation
 Niveau 3: les autres émissions : émissions liées à la production des intrants, de
véhicules, des machines, des bâtiments possédés ou gérés, le transport de
matière, les déchets générés.
Les démarches et avantages d‟atténuation des GES pour une entreprise
(établissement, commune) sont multiples :[16]
o La baisse de la consommation d‟énergie fossile: amélioration de l‟efficacité
énergétique des bâtiments, production d‟énergie renouvelable, équipements
plus performants au niveau énergétique……
o L‟optimisation des processus : distance parcourue pour la livraison, stockage,
modes de commercialisation, la réduction des emballages….

285
o La gestion des risques (déchets) par changement des habitudes et activités
émettrices dans l‟environnement et qui n‟ont pas un caractère durable……
o L‟optimisation de la valorisation des différents substrats (résidus/déchets)
par Methacomposte, aviculture, pisciculture…..
o L‟exigence par la société civile et les acteurs socioéconomiques, et la
réglementation de l‟image de l‟entreprise (établissement, commune), vis-à-
vis de ses clients (citoyens), La démonstration de leadership et d‟exemplarité
……
o La mobilisation et la motivation du personnel de plus en plus sensible aux
enjeux environnementaux, de façon universelle sans contraintes ni frontières
politique ou intérêt économique des uns par rapport aux autres……
Les émissions ou bilan GES sont exprimées en T.CO2eq/an. Souvent les calcules
utilisent les données officielles (publiées) avec des incertitudes sur les FE.
Chaque calcul effectué devrait être donc assorti d‟une incertitude, selon le
contexte de chaque pays.

VI. Evolution du mixe énergétique et Scenarios d’avenir pour le Maroc

L‟analyse des besoins énergétiques au Maroc, Figure 1 : montre qu‟en 2012, le


besoin en énergie thermique et en biocarburants était plus important qu‟en
énergie électrique, alors que l‟énergie solaire et éolienne, qui semblent être
privilégiés, ne pourrons satisfaire le secteur de transport par exemple dans le
proche avenir (2020[19], d‟où la nécessité de revoir le mixe énergétique par
l‟intégration de la technologie de biogaz qui produit surtout l‟énergie thermique
et éventuellement le méthane comme biocarburant

Figure 1: Besoins énergétiques au Maroc[27]

286
VII. Conclusion et recommandations :

Cette étude, sur les différentes sources d‟énergie au Maroc, nous permet de
soulever les recommandations suivantes:
 Le mixe énergétique au Maroc, devrait intégrer la technologie de biogaz
pour la valorisation énergétique des déchets organiques et éviter les GES.
 La mise en décharge de ces déchets est inadéquate de point de vue
énergétique et économique et surtout en bilan GES.
 Le biogaz est une énergie verte valorisable en chaleur et en électricité, et
même en carburant pour les machines, pompes, et véhicules dans les
fermes agricoles et les bâtiments d‟élevage au Maroc.
 Les études devraient êtres encouragées au niveau des établissements
universitaires, pour augmenter le rendement en biogaz, par adaptation de
la fermentation aux différents déchets organiques liquides et solides,
produits dans les différentes régions du Maroc.
 Les autorités marocaines, doivent admettre que dans tous les pays du
monde, l‟énergie de biomasse (bois énergie et biogaz) est la source
principale d'énergie, ainsi en 2050 cette énergie sera de 47,25% en
France ; 15,38% en Suisse; 8, 57% en Chine; 26% au Danemark... Alors
que la stratégie marocaine n‟en prévoit que 0,1%.
 Par cette étude, nous visons, attirer l‟attention sur l‟importance du
développement de la technologie au niveau des universités Marocaines.
Nous estimons que l‟université marocaine n‟est pas suffisamment
impliqué dans la définition des scénarios et mixe énergétique.
 La politique énergétique relève principalement de la responsabilité du
ministère de l‟Énergie, des Mines, de l‟Eau et de l‟Environnement
(MEMEE), chargé d‟exécuter la politique du gouvernement en matière de
sécurité d‟approvisionnement, de diversification des sources d‟énergie, de
développement des énergies renouvelables et d‟amélioration de
l‟efficacité énergétique. Le MEMEE est soutenu dans son travail par
nombre d‟institutions établies au cours de la dernière décennie dans le but
de faire avancer les objectifs du gouvernement en matière de politique
énergétique, loin de l‟enseignement supérieur et de la recherche
scientifique:
+ ADEREE : L‟Agence Nationale de Développement des Énergies
Renouvelables et de l‟Efficacité Énergétique a été créée en 2010; elle a
succédé au Centre pour le développement des ER.

287
+ IRESEN : L‟Institut de Recherche en Énergie Solaire et Énergies
Nouvelles a été créé en 2011.
+ MASEN : Créée en 2010, l‟Agence Marocaine pour l‟Énergie Solaire,
est une société anonyme chargée de promouvoir et de participer dans des
projets d‟énergies renouvelables.
+ SIE : La Société d'Investissements Énergétiques est financée par
l‟État; elle a été créée en 2009.
+ Un secrétaire d‟État est chargé des affaires environnementales et relève
du ministre de l‟Énergie.
+ ONHYM : L‟Office National des Hydrocarbures et des Mines est
responsable du secteur des hydrocarbures.
+ SAMIR : La Société Anonyme Marocaine de l‟Industrie du Raffinage
reste l‟unique raffinerie du Maroc.
+ ONEE : L‟Office National de l‟Électricité et de l‟Eau Potable /Branche
électricité est l‟opérateur du réseau électrique national.

Référence :

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