Ressources documentaires.

Technologies de l’environnement / Module Énergie – Biogaz

Biogaz

Dr. Grâce Chidikofan

Table des matières

Introduction ................................................................................................................... 2
SÉQUENCE 1 : Biodigesteur – Définition et principe de fonctionnement ............ 3
A. Définition : .................................................................................................................. 3
B. Principe de fonctionnement : ................................................................................... 3
SÉQUENCE 2 : Construction du biodigesteur .......................................................... 5
SÉQUENCE 3 : Exploitation d’un biodigesteur et opportunités de création
d’entreprise.................................................................................................................... 8
A. Modes d’exploitatation ............................................................................................. 8
B. Rentabilité .................................................................................................................. 9
Conclusion ................................................................................................................... 10

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Introduction
Bonjour et bienvenue dans ce module de formation portant sur la construction d’un
biodigesteur et la production du biogaz. Il apporte aux agriculteurs, entreprises, collectivités
locales et aussi aux jeunes francophones, les outils nécessaires pour pouvoir répondre, à
moindre coût, à plusieurs défis en manipulant simplement des déchets. Il s’agit de la
production d’énergie verte, d’engrais biologique, de la préservation de l’environnement et de
la création d’activités génératrices de revenus et d’emplois durables.

Pour comprendre cette technologie verte, le module est structuré en trois séquences. La
première décrit un biodigesteur et son principe de fonctionnement, la deuxième aborde la
construction d’un biodigesteur et les besoins en moyens matériel, humain et financier, et la
dernière se focalise sur les modes d’exploitation d’un biodigesteur pour assurer sa durabilité,
en toute sécurité. Dans cette dernière partie, nous aborderons également les démarches
pouvant soutenir le démarrage d’une activité lucrative de production et de fourniture de biogaz.

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SÉQUENCE 1 : Biodigesteur – Définition et principe de fonctionnement

Qu’est-ce qu’un biodigesteur et comment fonctionne-t-il ?

A. Définition :

Un biodigesteur est un dispositif sous forme de cuve dans lequel est produit du biogaz à partir
de la décomposition des déchets, exclusivement des matières organiques. Il s’agit de déchets
solides ou liquides d’origine végétale (résidus agricoles, agroalimentaires, etc.), animale
(déjection de bovins, volailles, porcs), ou de déchets municipaux (ordures ménagères,
excréments humains, etc.) ayant chacun le pouvoir de produire du biogaz.

La taille et le type d’un digesteur varient en fonction de l’usage pour lequel il est destiné. Par
exemple, un digesteur « domestique » destiné à traiter les déchets ménagers d’une famille
peut être de moins de dix mètres cube occupant une surface moyenne de 35 m² environ ; une
taille de quelques dizaines de m3 est la plus utilisée dans une exploitation agricole ou d’élevage
et pouvant occuper 90 m². Celui conçu pour un usage industriel dépassera facilement
5000 m3.

B. Principe de fonctionnement :

Le fonctionnement d’un biodigesteur est assez simple et se base sur un processus naturel dit
de fermentation. Pour bien comprendre le mécanisme, on peut se référer au corps humain.
Chaque jour, nous mangeons et nous buvons. Ces aliments et l’eau sont digérés dans le
système digestif à une température d’environ 37°C grâce à des bactéries qui transforment les
aliments. Une partie est assimilée par le corps, une partie est rejetée sous forme de gaz et
une autre partie est rejetée aux toilettes, comme les effluents. En gardant bien cette « image »
en tête, on peut comprendre facilement le fonctionnement de ce système, qui reproduit
seulement la Nature.

Ainsi, de cette même manière, on introduit également chaque jour une certaine quantité de
matières organiques mélangées à de l’eau (substrat) dans le biodigesteur. Dans cette cuve
hermétiquement fermée (en l’absence d’oxygène), les déchets sont agités, chauffés autour de
37-38°C et leur décomposition est assurée par une multitude de bactéries ou de micro-
organismes. Il se produit du biogaz composé principalement (Figure 1) de méthane (un gaz
inflammable), de gaz carbonique, de vapeur d’eau et d’autres gaz mineurs (azote, oxygène,
hydrogène, etc.).

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Figure 1 : Composition moyenne du biogaz

À la fin du processus, il reste des résidus de matières appelés digestat. C’est un fertilisant
naturel, 2,5 fois plus riche qu’un compost classique.

La dégradation progressive du substrat depuis son introduction dans le biodigesteur jusqu’à

son évacuation peut être de 20 à 60 jours dans les zones tropicales, et jusqu’à 75 jours dans
les zones tempérées.

Cette séquence est à son terme, et je vous invite à découvrir dans la prochaine de quoi est
composé un biodigesteur de façon pratique et comment il peut s’intégrer dans son
environnement.

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SÉQUENCE 2 : Construction du biodigesteur

En règle générale, un biodigesteur comprend 4 parties : (1) le bac de chargement, (2) le
digesteur avec un système de captage du biogaz, (3) le bassin de récupération du
digestat, (4) le réseau de plomberie pour conduire le gaz aux différents points d’utilisation.

Point d’utilisation du biogaz

Déchets organiques (DO) + eau (4) (Foyers à gaz)
Vanne de sortie du biogaz
+ Réseau de plomberie

(1)
Bac de
chargement
(2)

Digesteur avec (3)

dispositif de Bassin de
captage du gaz récupération
du digestat

Figure 2 : Différents composants d’un biodigesteur

NB : D’autres accessoires peuvent s’ajouter en fonction de l’utilisation souhaitée, comme un

filtre, un compresseur, un réservoir de stockage externe du gaz, de petites bouteilles à gaz
pour la commercialisation du biogaz, et un groupe électrogène à gaz pour la production
d’électricité.

Notez qu’il existe différentes manières et différents matériaux dans la mise en place d’un
biodigesteur en fonction des moyens disponibles. Il peut être enfoui dans le sol ou bâti à la
surface, et être construit en maçonnerie de moellons, de briques, en béton, en plastique
(polyéthylène), en acier ou en bâche.

Pour mieux illustrer tout ce qui vient d’être décrit, nous allons nous rendre à la ferme
agroécologique Matica (Bénin). Le promoteur a opté pour un biodigesteur en vue de produire
prioritairement de l’engrais organique pour ses cultures. Un biodigesteur de 4 m3 est en
construction sur une emprise de 21 m². C’est un modèle testé efficace, garantissant une
sécurité, et vulgarisé dans les pays en développement. La construction a démarré par le
digesteur de type dôme fixe (voûte surmontant la cuve de fermentation permettant de stocker
le biogaz produit) enfoui dans le sol, fait de briquettes de sable et de ciment. Un trou de dôme
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est prévu pour évacuer le digestat vers le bassin de récupération qui sera de 2 m3. Ensuite, le
bac de chargement, un dispositif hors sol, va être connecté au digesteur par un tuyau en PVC.
La durée d’exécution de ces travaux est prévue pour 10 jours. Toutefois, il est important de
préciser qu’elle dépend en général de la taille du dispositif à mettre en place, mais aussi du
temps nécessaire pour la fouille, qui est déterminé en fonction de la nature du sol. Dès le
premier chargement qui lance le processus, on peut avoir au bout de 2 à 3 semaines du biogaz
selon la température ambiante. Le biogaz issu du processus de fermentation sera acheminé
vers la cuisine où il est prévu deux foyers de cuisson.

Sur la Figure 3, vous avez également un exemple de biodigesteur de plus grande capacité de
20 m3 dans sa phase avancée de construction à la ferme agricole du groupement de femmes
transformatrices de manioc en gari de Dodji-Bata dans la commune de Zè au Bénin (Plus
d’informations : https://www.objectif2030.org/projets/2138/). Sur la Figure 4, il s’agit d’un
biodigesteur en polyéthylène installé par une start-up qui produit du biogaz et le vend à une
coopérative de femmes productrices d’Atiékè en Côte d’Ivoire

Bassin de
digestat
chargement
Digesteur

Bac de
chargement

Figure 4 : Installation d’un biodigesteur en plastique

Polyéthylène par une start-up qui produit du biogaz et le vend à
une coopérative de femmes productrices d’Atiékè en Côte
Figure 3 : Biodigesteur de 20 m3 en d’Ivoire
construction à la ferme agricole du
groupement de femmes
transformatrices de manioc en gari de
Dodji-Bata dans la commune de Zè
au Bénin (Financement OIF/IFDD).

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D’un point de vue investissement, pour la mise en place d’un biodigesteur en dôme fixe, il
faudrait prévoir un budget moyen de 150 000 FCFA, soit 229 € le mètre cube.

Les estimations ont montré que pour un ménage rural disposant de quelques têtes de bovins
et d’un biodigesteur de 8m3, le coût de production peut est compris entre 88 et 128 FCFA soit
0,13 et 0,2 € le mètre de biogaz produit. Cette production peut permettre au ménage
d’économiser 1175 kg de bois/an et 460 h/an pour la collecte du bois de chauffe.

Dans le cas de la commercialisation du biogaz par une microentreprise, le prix de vente peut
être situé entre 177-200 FCFA soit 0,26-0,30 € le mètre cube.

Toutefois, soulignons que le coût de production du biogaz dépend en général de la taille du

biodigesteur et de nombreux paramètres liés à chaque contexte socio-économique de mise
en œuvre tels que les coûts de matières premières, de la main-d’œuvre, mais aussi et surtout
du nombre de clients dans le cas d’une vente.

J’espère qu’avec toutes ces explications, vous êtes maintenant rassurés que disposer d’un
biodigesteur ne demande pas forcément de grands moyens. Avec un tout petit budget, vous
pouvez produire une énergie propre, durable et à moindre coût.

Mais, comment réellement tirer profit d’un biodigesteur dès qu’il est mis en place ? Quelles
sont les étapes pour créer une activité génératrice de revenus par la fourniture et la
commercialisation du biogaz. La réponse à cette question se trouve dans la séquence 3 que
nous abordons.

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SÉQUENCE 3 : Exploitation d’un biodigesteur et opportunités de

création d’entreprise
Dans cette séquence 3 qui présente dans un premier temps les modes d’exploitation d’un
biodigesteur, nous allons nous référer une fois encore au corps humain.

A. Modes d’exploitatation

Tout comme il a besoin d’une ration alimentaire équilibrée et d’un bon entretien pour bien vivre,
le biodigesteur exige également quelques bonnes pratiques pour être maintenu fonctionnel et
vous offrir tous les services pour lesquels l’investissement se fait. À ce titre, le respect
rigoureux d’un approvisionnement stable, équilibré et maîtrisé et une bonne maintenance du
biodigesteur assurent son bon fonctionnement.

Pour ce faire, il est bien entendu que le choix et le tri des matières organiques (déchets) sont
des facteurs déterminants de production de biogaz de qualité et par conséquent de rentabilité
de l’unité, car tous les déchets disponibles n’ont pas les mêmes pouvoirs pour produire du
biogaz.

L’expérience sur un biodigesteur de 20 m 3 recevant 200 kg d’un mélange de bouse de vache,

d’épluchure de manioc, de résidus de palme et de déchets ménagers avec 400 l d’eau/jour
(Figure 5) a montré qu’il est possible de produire jusqu’à 12 m3 de biogaz/jour et 8 m3
d’engrais/mois.

Figure 5 : Chargement d’un biodigesteur de 20 m3

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Il est aussi nécessaire d’utiliser au fur et à mesure le biogaz et de vérifier la

pression dans le digesteur pour ne pas dépasser celle requise. À cet effet, les
installations sont généralement équipées d’un manomètre.

De même, le digestat doit être régulièrement retiré du biodigesteur, une fois par semaine. Ce
digestat peut être vendu aux agriculteurs pour la fertilisation des sols de culture et constituer
une source complémentaire de revenus.

B. Rentabilité

À la lumière de tout ce qui précède, avant donc de penser à mettre en place un biodigesteur
et bénéficier d’une bonne rentabilité, plusieurs conditions doivent être remplies.

Quelles sont alors ces conditions favorables à la création d’une activité rentable de production
du biogaz ?

Disposer d’un terrain avec un titre de propriété : l’ouvrage a une durée minimale de vie
de 20 ans, il est donc important que le terrain appartienne au bénéficiaire ;
Disposer de déchets suffisants pour assurer les chargements initiaux et journaliers ;
Disposer de l’eau nécessaire pour assurer le mélange selon les normes avec les
déchets ;
Installer le biodigesteur le plus proche possible des sources de production des déchets,
du lieu d’utilisation du biogaz. Ce qui signifie qu’il faudra identifier les potentiels
demandeurs du biogaz et/ou de l’engrais afin de fixer au mieux la capacité du digesteur
(dimensionnement) pour rentabiliser l’installation ;
Disposer des ressources financières pour prendre en charge le coût de
l’investissement et l’entretien de l’ouvrage.

Cependant, il faut noter qu’il est vivement recommandé de se faire accompagner d’un expert
technique en la matière pour la réalisation du projet depuis sa phase de montage jusqu’à sa
mise en œuvre. Cette disposition est d’une grande importance pour être conforme aux
règlementations et normes techniques en vigueur d’une part, et apprendre à piloter
correctement son installation durant les deux premières années de fonctionnement d’autre
part.

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Conclusion

Nous voici au terme de ce module. Il a été articulé autour de trois points essentiels : la
définition d’un biodigesteur et son principe de fonctionnement, sa construction et son mode
d’exploitation.

Il est à retenir que le biodigesteur est un dispositif qui, fonctionnant naturellement comme un
corps humain, reçoit des déchets organiques et les digère pour produire du biogaz et de
l’engrais biologique. Il peut être construit dans des tailles et avec des matériaux variés selon
les besoins avec un budget moyen de 150 000 FCFA soit 229 € le mètre cube installé. Enfin,
différentes conditions favorables sont requises pour garantir la rentabilité d’une activité de
production du biogaz.

Dès maintenant, je vous encourage vivement à vous engager pour la promotion de cette
solution énergétique verte. Vous verrez qu’il y a certainement des avantages à en tirer à
moindre coût.

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