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Bonjour, et bienvenue au troisième module

sur les technologies de collecte et de stockage. Dans ce module, nous allons voir
les technologies
concernant la gestion in situ des eaux noires et des eaux grises, tels que la fosse
septique et
le réacteur à biogaz. Ces technologies sont basées sur des processus
anaérobies, notion que je vais de suite expliquer. Le mot "anaérobie" décrit des
processus
biologiques se produisant en l'absence d'oxygène. Ces processus ont naturellement
lieu dans les
marécages, marais, étangs et autres plans d'eau stagnante. Ils sont
facilement reconnaissables lors de la formation de bulles de gaz, comme montré
sur ces belles photographies. Le gaz se forme, par exemple, au fond d'un étang
où les bactéries anaérobies décomposent les substances organiques riches
en carbone, en méthane et en dioxyde de carbone, (aussi appelées 'biogaz'). Les
bulles de gaz remontent ensuite à la surface.
Dans les régions froides, où les surfaces des lacs gèlent durant l'hiver, on peut
parfois observer des bulles piégées en-dessous de la glace,
comme illustré sur ces deux images ic à droite. Dans l'ingénierie du traitement des
eaux, on
parle souvent de "digestion anaérobie". Le terme "digestion anaérobie" se réfère à
la dégradation et stabilisation de la matière organique par des microorganismes
en l'abscence d'oxygène, menant à la production de biogaz. Les processus anaérobies
et aérobies sont
tous deux utilisés dans le traitement des eaux usées. Les processus aérobies
nécessitent un système d'aération
fournissant de l'oxygène et sont techniquement plus complexes. Ils sont donc peu
utilisés lors de la phase de collecte et de stockage. Nous allons introduire ces
technologies plus tard,
dans les leçons sur les traitements centralisés et semi-centralisés. Voilà en ce
qui concerne l'introduction aux processus généraux.
A présent, jetons un coup d'oeil à quelques technologies. La "fosse septique" fait
partie des technologies
d'assainissement in situ les plus répandues. Il y a deux choses importantes à
savoir
à propos de la fosse septique. Premièrement, c'est un réservoir imperméable,
généralement fait de béton armé, de polyéthylène ou fibre de verre. Deuxièmement,
ce système possède un tuyau de sortie à travers lequel l'effluent clarifié quitte
le réservoir.
Dans la réalité, les gens ignorent souvent ces deux aspects. Ils appellent même
souvent une fosse à ciel ouvert
"fosse septique", ce qui est erroné. Les eaux noires et grises entrent dans le
réservoir par un tuyau d'entrée. Les solides décantables se déposent au fond,
où ils s'accumulent pour former des boues. Avec le temps, les boues sont
stabilisées
par digestion anaérobie. Elles doivent être retirées chaque 3 à 5 ans. Les
substances flottantes migrent vers la
surface, formant une couche d'écume. L'effluent de la zone d'eau claire, au
centre, s'écoule par un tuyau de sortie, puis est généralement infiltrée, par
exemple, dans un lit d'infiltration. Un ou deux murs de séparation
peuvent améliorer la division des liquides et des solides dans le réservoir. Les
fosses septiques
sont passives et ne requierts ainsi pas d'énergie électrique pour fonctionner.
Ceci en fait une technologie robuste. La construction est relativement chère mais
cette technologie a une longue durée de vie, et ne demande pas beaucoup
d'entretien. Les coûts relatifs à la vidange mécanique,
cependant, peuvent être considérables. Peu d'espace est nécessaire à son
établissement, car cette
technologie est généralement souterraine. Du côté négatif, il faut mentionner
que l'élimination des organismes pathogènes, matières en suspension,
substances organiques et nutriments est relativement lente, donc
l'effluent ainsi que les boues nécessitent un traitement ultérieur
et/ou une mise en décharge appropriée. Pour assurer des résultats optimaux de la
fosse septique, celle-ci doit être régulièrement pompée, comme vous pouvez le voir
sur cette photo. Un "Réacteur anaérobie compartimenté", ou "RAC",
est une version améliorée d'une grande fosse septique. Son fonctionnement est très
similaire mais il est équipé de chicanes qui forment plusieurs compartiments
anaérobies pour
davantage éliminer la matière organique et améliorer les résultats du traitement.
Le traitement
peut être également amélioré en installant 1 à 3 réacteurs biologiques à culture
fixée, qui aident à piéger
les particules non décantables en suspension, et fournissent une plus grande
surface
pour la croissance microbienne. Cette technologie est appelée
"filtre anaérobie". Un RAC, ou un filtre anaérobie, peuvent être
installés à échelle réduite pour la collecte et le traitement in situ, mais aussi
dans le cas
du traitement semi-centralisé ou centralisé. Des explications plus détaillées
sur ces deux technologies seront données dans le module 3.2. Dans le cas de la
fosse septique, du RAC,
ou du filtre anaérobie, les gaz produits par les processus anaérobies
sont simplement libérés dans l'atmosphère car leur quantité est
relativement faible. Le "réacteur à biogaz", ou "digesteur anaérobie", est
quant à lui conçu pour générer autant de biogaz que possible et pour le collecter
afin qu'il puisse être utilisé comme source énergie renouvelabe pour la cuisine ou
à d'autres fins. Les eaux noires provenant de toilettes peuvent être
directement connectées au digesteur. Pour produire des quantités significatives de
biogaz,
des produits additionnels, comme de la bouse de vache ou des déchets organiques
solides peuvent
généralement être mélangés à l'entrée. Le substrat s'écoule dans le réacteur, où le
temps de rétention typique est de 15 à 25 jours. Le biogaz est collecté dans le
dôme surplombant le
réacteur, puis est transporté au point d'utilisation, à travers un tuyau à gaz.
Lorsque du nouveau substrat est ajouté au réacteur ou lorsque la pression du gaz
s'élève, le digestat
s'écoule dans la chambre d'expansion d'où il peut être retiré. Sur ces images,
vous voyez des exemples de différents designs de réacteurs à biogaz.
L'image en haut à gauche montre un réacteur fixe en pierre, en cours de
construction. On voit ici
un autre digesteur fixe en pierre, similaire à celui montré auparavant sur le
dessin.
Comme vous voyez, l'espace requis est assez faible, parce qu'il
peut être construit sous le sol. Sur la droite, vous pouvez voir le dôme d'un
réacteur flottant où le gaz peut se déplacer de bas en haut, selon
le volume de gaz déjà présent à l'intérieur; finalement, ceci est un réchaud à
biogaz.
Cette technologie a l'avantage de ne pas nécessiter d'énergie pour fonctionner,
tout en produisant elle-même de l'énergie. Une forte réduction de la matière
organique et
des particules peut être réalisée. Le digestat est presque sans odeurs, et contient
cependant tous les nutriments. Il peut donc être utilisé comme fertilisant;
cependant la réutilisation dans l'agriculture doit être faite correctement et avec
précaution
car le digestat peut encore contenir des pathogènes. Cette technologie a beaucoup
d'avantages mais son succès repose sur une implémentation
correcte (réalisée par des professionels), une utilisation adéquate, et un
entretien régulier. Nous avons vu qu'il y a plusieurs technologies
anaérobies robustes et faciles à utiliser pour le traitement in situ
des eaux noires et grises. Dans ce module, deux choses principales sont à retenir :
Premièrement, les fosses septiques peuvent être
une bonne solution mais il est important que l'effluent soit correctement mis en
décharge
et que les boues soient régulièrement vidangées. La deuxième chose que j'aimerais
que vous gardiez
à l'esprit est que le réacteur à biogaz peut être une technologie intéressante,
mais que
les bénéfices économiques ne garantissent pas nécessairement son succès.
Les coûts d'investissement initiaux deuvent être couverts ou non, mais cela dépend
du design, de l'implémentation et de l'opérateur. Voilà tout. Nous avons passé en
revue les
technologies du groupe fonctionnel de collecte et de stockage. A présent, mon
collègue Philippe Reymond va
me succéder pour parler des différentes technologies relatives au transport.

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