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Bonjour et bienvenue à ce deuxième

module concernant les traitements. Dans le dernier module, nous avons vu


différentes étapes
de traitement ainsi que quelques technologies de
prétraitement. Nous avançons à présent dans la chaîne
de traitement et allons voir les technologies de
traitement primaires ainsi que les technologies anaérobies. Nous avons déjà vu ce
qu'est le
traitement primaire. Le "traitement primaire" est la séparation
des solides décantables de la partie liquide. Vous avez appris ce que sont les
processus anaérobies dans le module 2.7, présenté par
Lukas Ulrich. Les processus "anaérobies" désigne les processus se
produisant en l'abscence d'oxygène. "Anaérobie" signifie littéralement "sans air".
Les bactéries anaérobies vivent sans oxygène et transforment la matière organique
en dioxyde de carbone (ou CO2) et en méthane (ou CH4),
aussi appelée "biogaz". Les processus anaérobies peuvent être
utilisés aussi bien pour les technologies de traitement
primaires que secondaires. Ils sont particulièrement efficaces dans les climats
chauds. Parfois odorants, mais très intéressant,
n'est-ce pas ? Commençons avec les technologies de
traitement primaires. N'oubliez pas que pour chaque
technologie présentée vous pouvez trouver davantage d'informations ici, dans le
Compendium. Par exemple, pour le décanteur. Le "décanteur" est LA technologie de
traitement primaire classique. Il est conçu pour éliminer les
solides en suspension par sédimentation. La faible vitesse d'écoulement dans
le décanteur permet aux sédiments de se déposer dans le fond alors que les
constituants plus légers vont flotter à la surface et former "l'écume". Un tuyau
d'évacuation est placé
entre ces deux niveaux afin de collecter l'effluent décanté. Un décanteur peut
aussi être appelé "bassin de sédimentation" ou "bassin de décantation", ou, dans
les stations de traitement
conventionnelles, "clarificateur". Les décanteurs peuvent réduire la quantité
initiale
de matière en suspension de 50% à 70%, et jusqu'à 20 à 40% de la matière organique.
Les décanteurs peuvent être utilisés
de manière indépendante, ou combinés à d'autres technologies. C'est le cas du
bassin de décantation que vous venez de voir, et d'autres que nous examinerons plus
tard. Le rendement du décanteur peut être
amélioré grâce à l'installation de plaques inclinées, appelées "lamelles", de
tubes, ou encore par l'utilisation de coagulants
chimiques. A présent jetons un oeil au "décanteur-digesteur". Le "décanteur-
digesteur" est une technologie de
traitement primaire qui combine la séparation liquide/solide à la digestion des
boues décantées. Dû à la digestion des boues, du biogaz est libéré: les bulles
produites peuvent perturber le
processus de décantation. Pour cette raison, le compartiment de décantation est
conçu en forme de "V", ce qui empêche les bulles de gaz
de remonter tout en les repoussant, ainsi que l'écume, sur les côtés. Selon la
conception et les circonstances, le décanteur-digesteur peut conduire à une bonne
stabilisation des boues, ce qui n'est pas le cas du
décanteur standard. Pour résumer, l'avantage du décanteur-digesteur
comparé au décanteur standard est la production de boues plus stables,
donc plus faciles à traiter. La fréquence de vidange des boues est aussi beaucoup
plus basse. Par contre, il s'agit d'un système plus
compliqué à construire, nécessitant une hauteur importante
ou une bonne profondeur, ce qui est par conséquent plus cher. C'est tout pour le
moment concernant
les technologies de traitement uniquement primaires. A présent jetons un oeil aux
technologies anaérobies, pouvant aussi remplir des fonctions
de traitement secondaire. J'ai nommé: le "RAC" (ou "réacteur anaérobie
compartimenté") et le "filtre anaérobie". Vous en avez peut-être déjà entendu
parler dans le module 2.7., car ils peuvent être utilisés dans les
systèmes de collecte, de stockage et de traitement, au niveau du bâtiment ou du
voisinage. A l'heure actuelle, nous allons les considérer
en tant qu'unités de traitement. Idem pour le réacteur à biogaz. Il a été présenté
par Lukas Ulrich dans le module 2.7. Veuillez-vous référer à ce module pour
plus d'informations. Parlons des RACs. Un "RAC" est une sorte de fosse
septique améliorée, équipée d'une série de cloisons à travers lesquelles
l'écoulement des eaux usées est forcé. Les cloisons peuvent être remplacées
par des tubes, comme montré ici ce qui représente une amélioration
de la conception hydraulique. Le décanteur peut être intégré au RAC, ou séparé. Les
eaux usées sont contraintes de
s'écouler à travers la biomasse active formée par les boues. Les bactéries
anaérobies présentes
dans les boues dégradent une partie de la matière
en suspension contenue dans les eaux usées qui les traversent. En général, le RAC
compte entre
3 et 6 compartiments à flux ascendant. "Flux ascendant" car l'eau
s'écoule depuis le fond jusqu'au haut de chaque compartiment. L'évacuation
contrôlée des gaz
est un avantage technique. Dans un RAC, le temps de rétention hydraulique est de 48
à 72 heures. Les RACs peuvent être très efficaces
pour éliminer la matière organique, avec une réduction allant jusqu'à 90%. Les RACs
sont particulièrement avantageux pour les zones à faible et moyen revenu. Les coûts
de gestion et d'entretien sont faibles, aucune énergie électrique n'est requise, et
ils sont résistants aux surcharges
organiques et hydrauliques. Quant aux boues, le temps de rétention est long. De 6
mois à plusieurs années. Elles sont ainsi stabilisées et plus faciles à traiter. Et
la vidange n'est pas fréquemment requise. Un RAC est une technologie plutôt
compact, comme
vous pouvez le voir ici, en Egypte. De plus, il peut être construit
sous-terre, ce qui facilite son implémentation. Il peut même être construit sous
un jardin ou une aire de stationnement. Cependant, bien que le RAC semble simple,
il ne faut pas oublier que, comme tous les systèmes de
traitement présentés ici, il repose sur des processus biologiques. C'est comme un
organisme vivant. La période initiale est cruciale pour atteindre des résultats
optimaux et requiert un suivi par des experts, au moins pendant les six premiers
mois. Le RAC est particulièrement adapté aux stations de traitement de
petite envergure, parfois appelées "stations de traitement
décentralisées". Il est important de mentionner ici deux avantages liées à un tel
système: la modularité et la préfabrication. La "modularité", comme sur cette image
de l'entreprise allemande BORDA, fournit une grande flexibilité et permet la
construction de stations de traitement en meilleure adéquation des besoins, avec la
possibilité d'ajouter des modules supplémentaires
selon la croissance démographique. La "préfabrication" des unités de traitement
permet un meilleur contrôle de la qualité, ainsi que l'utilisation de matériaux
adaptés aux systèmes anaérobies. Elle permet aussi de réduire drastiquement le
temps
de construction. Ces unités structurelles peuvent être fabriquées
localement, comme ici en Indonésie. Fermons cette parenthèse et retournons à nos
technologies. L'effluent issu du RAC nécessite généralement un traitement
complémentaire. Pour améliorer la qualité de l'effluent, des compartiments remplis
de matériau
filtrant peuvent être ajoutés. On les appelle "filtres anaérobies". Les "filtres
anaérobies" peuvent aussi
être installés après le décanteur, comme
montré sur cette image. Cela fonctionne exactement sur le
même principe que le RAC mais avec l'ajout d'un matériau filtrant tel que du
gravier, de la pierre broyée, de
la pierre ponce ou des copeaux de plastique. La taille des matériaux filtrants
est en général de 12 à 55mm de diamètre. Le filtre idéal doit avoir une surface
importante, pour permettre la croissance bactérienne et d'assez grands pores pour
empêcher le colmatage. Comme dans le cas du RAC, l'eau s'écoule du fond jusqu'au
haut de la structure et une conduite d'aération est
installée au sommet. Le niveau de l'eau doit
être d'au moins 0.3 mètres pour garantir un
écoulement constant. Le filtre est soutenu par une grille pour éviter le colmatage
du
fond de la structure. Le temps de rétention hydraulique est le paramètre de
conception
le plus important car il influence grandement les
performances du filtre. Un temps de rétention hydraulique de 12 à 36 heures est
recommandé. Le colmatage est un problème majeur
pour les filtres anaérobies. Lorsque l'efficacité diminue, le filtre doit être
nettoyé. Pour ce faire, le sens de l'écoulement est inversé; autrement dit, un
"lavage à contre-courant"
est effectué. On peut aussi retirer puis nettoyer le filtre. Le nettoyage du filtre
étant délicat, il est conseillé d'éviter au mieux son colmatage. Cette photographie
montre quatre RACs mis en parallèle
ainsi que des filtres anaérobies sur un site en construction en Inde, avec une
capacité de conception de 150
mètres cubes, soit l'équivalent d'environ
1500 habitants. A présent, jetons un oeil à une technologie anaérobie plus
sophistiquée. La "biofiltration sur boues anaérobies", en anglais: "UASB". Le
"UASB" est un processus à réservoir unique. Les eaux usées entrent dans le
réacteur depuis le fond, puis remontent. Un lit de boues en suspension filtre et
traite les eaux usées lorsqu'elles le traverssent. Le lit de boues comprend de
petits agglomérats de microorganismes d'un diamètre d'environ 1 à 3mm qui, en
raison de leur poids, résistent au flux ascendant. Le point crucial est de
trouver le juste équilibre afin que le lit de boues
ne soit pas décanté, mais ne soit pas non plus emporté par le courant. Ceci en fait
un système délicat. Il faux considérer une vitesse de flux ascendant de 0.7 à 1 m/h
pour maintenir le lit de boues en suspension. Pendant le processus de digestion, du
biogaz est libéré. Les éléments essentiels à la conception
d'un réacteur UASB sont: le système d'apport et de distribution des effluents, le
séparateur gaz/solides et la conception d'évacuation des effluents. Le UASB permet
une importante élimination de DCO, peut supporter d'importantes charges organiques
et sécrète de faibles quantités de boues. Il requière une importante charge
hydraulique, donc est souvent utilisé pour le traitement des
eaux usées industrielles. Cependant, pour qu'il fonctionne correctement, il
nécessite la surveillance d'un opérateur compétent et un approvisionnement en eaux
usées
et en électricité constant. Le développement d'épaises boues peut prendre plusieurs
mois. Un suivi par du personnel compétent durant
la période initiale est très important. Pour résumer, nous considérons que
les systèmes anaérobies sont parmi les plus efficaces
et les plus compacts. Ils fonctionnent surtout très bien
en climats chauds donc sont particulièrement adaptés aux zones tropicales. De plus,
les RACs ainsi que les filtres anaérobies demandent très peu de gestion
et d'entretien. Néanmoins, s'ils sont très efficaces
pour éliminer la matière organique, ils n'éliminent cependant les pathogènes et les
nutriments
que de manière réduite. Ainsi, l'effluent et les boues nécessitent un traitement
complémentaire. Dans le prochain module nous
allons passer en revue les différentes technologies
de traitement aérobies. A bientôt!

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