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Bonjour, et bienvenue au

troisième module concernant les traitements. Dans le module précédent, nous avons
étudié les différentes
technologies de traitement anaérobies. A présent, nous allons voir les
technologies aérobies, utilisées de manière
indépendante ou installées afin d'améliorer la qualité de l'effluent
provenant d'unités anaérobies. Les "systèmes aérobies" sont des systèmes
biologiques qui reposent sur l'action de bactéries nécessitant de l'oxygène pour
vivre;
tout comme nous. Ainsi, pour ces systèmes,
l'approvisionnement en oxygène est un aspect clé. En l'absence d'oxygène en
quantités suffisantes,
l'environnement devient anaérobie, ce qui mène à des processus tels que
ceux décrits dans le module précédent. Certaines technologies aérobies
s'inspirent de la nature, comme les "bassins de lagunage",
ou les "filtres plantés". Certains de ces systèmes sont
plus élaborés comme les "lits bactériens" ou
les "boues activées". Commençons avec le "bassin de
lagunage", ou lagunes. Ce système est formé d'une succession de bassins remplissant
différentes fonctions. Le premier est un bassin anaérobie,
suivi d'un ou deux bassins facultatifs, puis d'un ou deux
bassins de maturation. Regardons plus en détail les différences entre ces trois
types de bassins. Le "bassin anaérobie" est le plus profond,
avec une profondeur allant de 2 à 5 mètres, mais c'est aussi le plus petit. Il est
lourdement chargé parce
qu'il reçoit l'eau la plus brute. Le bassin anaérobie a un temps de
rétention hydraulique allant de 1 à 3 jours et sa fonction principale est la
sédimentation et la stabilisation anaérobie des
boues, soit: la décantation. Le, ou les "bassins facultatifs", s'il y en a
plusieurs, sont
moins profonds. Habituellement, leur profondeur est de moins d'1.5 mètres, mais ils
sont plus larges. L'idée ici est de maximiser
l'approvisionnement en oxygène à l'aide d'algues, du vent
ou à l'aide d'une aération artificielle. Le temps de rétention hydraulique est plus
long: de 10 à 20 jours. La fonction principale est ici
l'altération aérobie de la matière en suspension
et de la matière non dissoute soit: la dégradation. Enfin, les "bassins de
maturation"
sont encore moins profonds, avec une profondeur habituelle de moins d'un mètre,
mais ils sont larges. Le temps de rétention hydraulique
est d'environ 10 jours. Ici la principale fonction est la sédimentation
finale des solides en suspension et la réduction de la masse bactérienne et des
pathogènes,
soit: le polissage. Les bassins de lagunage peuvent transformer des eaux usées
chargées en un effluent de haute qualité. Ils sont en général fiables,
efficaces, et peu chers, en comparaison
avec d'autres systèmes centralisés. Cependant, ils requièrent beaucoup d'espace
et peuvent générer de mauvaises odeurs, en particulier le bassin anaérobie,
si sa conception est mal réalisée. Il requiert une conception et un suivi réalisés
par un expert, en particulier pour éviter les
courts-circuits, qui empêchent l'effluent de se mélanger correctement; celui-ci
traverse alors le système en un temps inférieur au temps de rétention prévu. De
plus, s'ils fonctionnent parfaitement
en climats chauds, les bassins de lagunage ne sont
pas toujours adaptés aux climats plus froids. Cette image montre de grands
bassins de lagunage dans la ville de Cuenca, en Equateur. Une manière d'augmenter
l'efficacité des bassins de lagunage est de les doter d'un système d'aération
artificiel. Ceci a été réalisé ici pour
le premier bassin, en amont sur cette photo. C'est aussi une bonne manière
d'optimiser le fonctionnement des bassins ayant atteint leur limite de conception
étant donné qu'une extension
n'est pas toujours réalisable. Dans les bassins aérés, des aérateurs mécaniques
apportent l'oxygène et maintiennent les organismes
aérobies en suspension afin de maximiser le taux de dégradation de la matière
organique. Un meilleur brassage et une bonne aération permettent la conception de
bassins plus profonds qui supportent des charges organiques beaucoup
plus élevées que les bassins de maturation. Leur profondeur peut aller de 2 à 5
mètres avec un temps de rétention de 3 à 20 jours. Dans certains cas, ils peuvent
même
remplacer les bassins anaérobies, ce qui évite les mauvaises odeurs
souvent générées par ceux-ci. Néanmoins, une bonne aération requiert
de forte consommation d'énergie, ce qui coûte davantage et nécessite
un approvisionnement constant en électricité. Si l'apport en électricité est
interrompu, le bassin peut devenir anaérobie et les processus biologiques changer
complètement. Nous allons à présent jeter
un oeil à une autre famille de technologies de traitement:
les "filtres plantés". Les "filtres plantés" visent à répliquer
les processus survenant de manière naturelle dans les zones humides,
les marais ou marécages. Il en existe trois types : Le "marais artificiel à
écoulement surfacique", le "filtre planté horizontal", et le "filtre planté
vertical". Commençons avec le "marais artificiel à écoulement surfacique". Dans ce
cas, l'eau s'écoule lentement
à travers le marais, les particules se déposent, et
les agents pathogènes sont détruits par l'action combinée du soleil,
de la décantation, de l'absorption, et de leur capture par de plus grands
organismes. Les organismes et les plantes
utilisent les nutriments. Ce type de filtre planté est communément utilisé comme
étape de polissage après des processus de traitement
secondaires ou tertiaires. Il s'adapte uniquement aux
eaux usées faiblement concentrées. Ceci est un point très important. Le niveau de
l'eau se situe entre 10
et 45cm au-dessus du sol et les eaux usées doivent être
distribuées de manière homogène à l'entrée du filtre. Une bonne gestion et un bon
entretien
sont nécessaires pour que les lieux ne se convertissent pas en zone de reproduction
de moustiques, ainsi que pour éviter les courts-circuits. Jetons à présent un oeil
au "filtre planté
horizontal". Son niveau de performance relatif
à la réduction de la DCO, des solides en suspension et
des pathogènes est plus élevé que pour les marais artificiels à écoulement
surfacique. Aussi, le problème de moustiques est évité car l'eau s'écoule
sous la surface, comme l'indique bien son nom. A l'image des technologies
précédentes, une bonne distribution de l'affluent
à l'entrée du filtre est primordiale. Le lit de gravier se situe à une profondeur
de 50cm à 1m. Le niveau d'eau est maintenu
entre 5 et 15cm sous la surface. Lorsque les eaux usées s'écoulent
horizontalement à travers le bassin, le matériau filtrant filtre les particules. Il
agit à la fois comme filtre et
comme surface fixe sur laquelle les bactéries peuvent
s'attacher, formant ainsi de larges biofilms. Les racines des plantes jouent
un rôle important dans le maintien de la perméabilité
du filtre. Il est très important que
le traitement primaire en aval du filtre soit efficace, pour limiter les risques de
colmatage. Il est nécessaire qu'un suivi des plantes soit réalisé par des experts,
en particulier durant les
phases initiales. Comme remarque finale, nous
devons mentionner que les filtres plantés nécessitent
de larges espaces, en général une surface d'environ 5 à
10 mètres carrés par équivalent-habitant. Cette photographie illustre le dernier
type
de filtre planté: le "filtre planté vertical" qui est bien sûr difficile à
différencier des autres depuis l'extérieur. Ce type de filtre est
le plus sophistiqué et le plus performant des filtres plantés. En injectant les
eaux usées
au-dessus de la surface, leur distribution est grandement améliorée. L'eau s'écoule
et est collectée
par un système de drainage. La différence majeure entre les
filtres plantés verticaux et horizontaux n'est pas uniquement la direction de
l'écoulement mais surtout les conditions aérobies. Les eaux usées sont ici versées
de
manière intermittente, quatre à dix fois par jour. Ainsi, le filtre est
alternativement saturaté puis insaturé, et traverse des phases aérobies et
anaérobies. Avec ce régime, le
risque de colmatage est moindre qu'avec des filtres plantés horizontaux. Néanmoins,
les processus de traitement sont les mêmes que pour
ces derniers. A cause du système de dosage mécanique, cette technologie exige la
présence d'une équipe d'entretien formée, un approvisionnement constant en
électricité,
et la disponibilité des pièces de rechange. Les filtres plantés peuvent
être très performants et ceci, tout en s'inspirant de processus naturels.
Cependant, il faut être conscient
des risques de colmatage, et de la nécessité d'une bonne maîtrise des filtres, en
particulier pendant les phases d'implémentation et d'entretien. Attention aux
niveaux
d'ammoniaque trop élevés car ils empêchent les plantes
de croître correctement. Dans tous les cas, un bon traitement
primaire est crucial. Avant de conclure ce module, nous allons jeter un oeil à deux
technologies plus élaborées que nous pouvons appeler "conventionnelles" : le "lit
bactérien" et les "boues activées". Ces systèmes sont particulièrement adaptés aux
pays développés, mais entrainent d'importants coûts d'investissement et nécessitent
un personnel compétent pour
la gestion et l'entretien, ainsi qu'une source d'énergie constante. Le "lit
bactérien" est un réacteur
biologique à culture fixée qui fonctionne dans
des conditions principalement aérobies. Les eaux usées préalablement décantées sont
continuellement répandues par aspersion sur le filtre, par
exemple grâce à un arroseur rotatif. La matière organique est dégradée
par le biofilm qui recouvre le matériau filtrant. Le filtre fait généralement 1 à
2.5 m de profondeur, mais certains filtres peuvent atteindre jusqu'à 12 m de
profondeur. Un flux d'air adéquat est important pour assurer
une efficacité de traitement suffisante et prévenir les odeurs. L'air peut circuler
verticalement à
travers le filtre. Par rapport aux technologies précédemment introduites, le lit
bactérien requière de faibles surfaces de terrain; cependant, les mouches et les
odeurs
sont souvent problématiques. Le système des "boues activées" est le système le plus
connu et répandu dans les pays occidentaux; il se présente sous différentes
formes :
les réacteurs séquentiels (SBR), les tranchées d'oxidation, les lits mobiles ou
encore les bioréacteurs à membranes. Ce système fonctionne grâce à des
microorganismes
hautement concentrés qui dégradent la matière organique
et éliminent les nutriments, produisant aisni un effluent de haute qualité. Pour
maintenir des conditions aérobies et garder les boues activées en suspension, un
approvisionnement en oxygène continu
et bien orchestré est nécessaire. Les phases d'aération et de mélange peuvent être
assurées
en appliquant de l'air ou de l'oxygène dans le réservoir ou grâce à des aérateurs
de surface. Des agglomérats de particules
de boues, appelés "flocs", se forment dans le réservoir aéré
et sont éliminés dans un décanteur appelé "clarificateur secondaire". Nous sommes à
présent à la
fin de ce module concernant les technologies de
traitement aérobies. Nous nous sommes penchés sur des technologies
bien différentes, pouvant toutes être très efficaces mais possèdant des besoins
distincts. Pour résumer, nous pouvons dire que
les facteurs de décision clés sont : l'espace disponible, les ressources
financières, la présence de personnel compétent et l'apport énergétique. Nous avons
à présent passé en revue toutes
les technologies concernant le traitement des eaux usées présentes dans le
Compendium. Cependant, comme vous avez pu l'observer, toutes
ces technologies produisent des boues. De plus, les systèmes in situ,
comme les fosses septiques, génèrent également d'importantes quantités de boues.
Comment traiter ces boues ? C'est ce que nous verrons dans
le prochain module. A bientôt!

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