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Sommaire
Introduction. L’énergie, c’est la vie !
Une consommation énergétique contrainte
La consommation d’énergie : croissance et inégalités
Une consommation d’énergie très contrastée selon les ressources
Énergie et développement
Une énergie de plus en plus chère
La grande question des réserves
Le réchauffement climatique : un problème majeur
Nuisances et gestion des déchets
La prévention des risques
Les grandes énergies traditionnelles
Qu’est-ce que l’énergie ?
Les sources d’énergie
Vecteurs et réseaux de l’énergie
Électricité et stockage
Le pétrole brut
Le gaz naturel
Le charbon
Nucléaire et matières fissiles
Les hydrocarbures non conventionnels
Charbon « propre » et nucléaire après Fukushima
Les énergies renouvelables au cœur de la transition énergétique
La biomasse, entre tradition et usages nouveaux
L’hydraulique
L’énergie éolienne
Les énergies solaires
Les autres ressources renouvelables
Les énergies renouvelables sont-elles viables ?
Géopolitique de l’énergie
Échanges, tensions et enjeux de pouvoir
Les grands acteurs de l’énergie
Moyen-Orient, Russie, États-Unis : trois grands producteurs
UE, Chine, Inde : consommateurs contrastés
Le « tournant énergétique » allemand : modèle ou repoussoir ?
L’Afrique subsaharienne : une inconnue énergétique
Le temps de l’action
Accroître l’efficacité et la sobriété énergétique
Diversifier les ressources et les approvisionnements
Transports et mobilité
Aménagement du territoire et urbanisme
Modes de consommation
Réduire les inégalités
Conclusion
Bibliographie et sites Internet
Index
Auteurs
Bertrand Barré était récemment professeur émérite à l’Institut national des sciences et techniques
nucléaires et enseignant à Sciences Po/PSIA, après une longue carrière dans la recherche et
l’industrie nucléaires, en France et à l’étranger. Ancien membre de nombreux conseils scientifiques
et techniques internationaux, il a récemment publié Faut-il renoncer au nucléaire ? (Le Muscadier,
2013) et Pourquoi le nucléaire (Deboeck, 2017).
Bernadette Mérenne-Schoumaker, docteur en sciences géographiques, a toujours partagé son
temps entre la recherche et l’enseignement à la fois dans les domaines de la géographie économique
et de la didactique de la géographie. Spécialiste des activités économiques et du développement
territorial, elle a publié plus de 380 ouvrages et articles, dont Géographie de l’énergie (Belin, 2 éd.,
e
2011), Énergies et minerais (Documentation photographique, 2014), l’Atlas mondial des matières
premières (Autrement, 2 éd., 2015). Elle est aujourd’hui professeur invité à l’université de Liège,
e
ISBN :978-2-7467-4605-3
© 2017, Éditions Autrement.
17, rue de Tournon – 75006 Paris
https://autrement.com
Introduction
Géopolitique de l’énergie
É changes, tensions et enjeux de pouvoir
Les grands acteurs de l’énergie
Moyen-Orient, Russie, É tats-Unis : trois grands producteurs
UE, Chine, Inde : consommateurs contrastés
Le tournant énergétique allemand
L’Afrique subsaharienne : une inconnue énergétique
Le temps de l’action
Accroître l’efficacité et la sobriété énergétique
Diversifier les ressources et les approvisionnements
Transports et mobilité
Aménagement du territoire et urbanisme
Modes de consommation
Réduire les inégalités
Conclusion
Bibliographie et sites Internet
Index
À mes petits-enfants :
Emma, Louise, Camille, Léa, Charlie-Lou, Oscar, Paul, Gabriel,
Éléonore et Adèle Qu’ils trouvent l’énergie d’un développement durable…
B. Barré
Que s’est-il passé de significatif dans ce domaine depuis la précédente édition de cet atlas ?
L’économie mondiale donne enfin des signes de sortie de la crise de 2008, grâce notamment au
relativement bas prix du pétrole, fixé par l’OPEP en réaction au développement de la production
d’hydrocarbures de roche-mère aux États-Unis. Lors de la COP 21 qui s’est tenue à Paris en 2015, un
consensus international est apparu sur la nécessité d’agir contre le dérèglement climatique : les
engagements volontaires des pays sont encore très insuffisants, mais c’est un premier pas. Espérons
que l’élection de Donald Trump, entré en fonction en janvier 2017, ne viendra pas perturber ce
progrès, compte tenu de ses positions sur le risque climatique… C’est à cette prise de conscience
qu’il faut attribuer l’amorce de réduction de la production du charbon chinois et le début de retour,
encore timide, des véhicules électriques.
Au sein de l’Union européenne, dont le Royaume-Uni s’éloigne à grands pas, on peut se réjouir
d’une légère diminution de la consommation d’énergie, mais la baisse des énergies fossiles
s’accompagne d’une augmentation de leur part importée. Saluons également la progression des
énergies renouvelables, même si l’intermittence de l’électricité éolienne et solaire devient difficile à
gérer. La baisse du nucléaire, notamment en Allemagne, limite les effets de la progression des
énergies renouvelables sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
En France enfin, le Parlement a voté en 2015 une loi « de transition énergétique pour une croissance
verte ».
Bertrand Barré
Une consommation énergétique contrainte
Si l’humanité a toujours été contrainte dans ses choix énergétiques, elle
l’est sans doute encore davantage aujourd’hui et ce malgré une diversité
croissante des ressources. Se réinterroger sur l’évolution de la
consommation d’énergie au cours du temps éclaire sans aucun doute les
grandes questions actuelles, au même titre qu’un parcours à travers les
continents, car le modèle de consommation de nos pays occidentaux est
loin d’être généralisé.
Il est ainsi possible de découvrir les contraintes des choix déjà réalisés et
surtout celles des choix à venir. Ces contraintes sont diverses :
disponibilité des ressources et des technologies pour pouvoir exploiter ces
ressources, coûts, prix et surtout impacts environnementaux des
productions et des utilisations de l’énergie. Parallèlement, il convient de
repenser les liens entre énergie et développement, car il ne peut être
question d’imaginer une transition énergétique qui laisse sur le bord du
chemin une part non négligeable de la population mondiale.
La consommation d’énergie : croissance et
inégalités
L’histoire de l’humanité est largement liée à celle de l’énergie qui est un facteur clé des évolutions.
Depuis 1973, les changements sont assez spectaculaires : la consommation d’énergie a plus que
doublé et le bouquet énergétique s’est diversifié. Mais les évolutions observées et les moyennes
calculées cachent souvent de fortes disparités, notamment régionales, traduisant bien le maintien de
grandes inégalités.
L’énergie, une composante essentielle de l’histoire de l’humanité
L’évolution du budget énergétique individuel a toujours reflété les grands changements sociétaux.
L’histoire de l’énergie commence sans doute il y a 400 000 ans, voire 500 000 ans selon certains
auteurs, avec la découverte du feu, qui permit d’utiliser le bois. À l’époque, la consommation
annuelle d’énergie par individu se limite alors à 0,1 tep. Quand l’homme se sédentarise et qu’il
développe l’agriculture, il y a 6 000 ans environ, elle passe à 0,4 tep. Cette énergie provient alors
essentiellement de la biomasse (bois, déjections animales et déchets agricoles), sur un modèle proche
de celui pratiqué encore aujourd’hui par un milliard et demi d’individus.
Jusqu’à la fin du XVIII siècle, l’expansion de l’humanité se poursuit sur les bases héritées de la
e
révolution néolithique : utilisation de l’énergie humaine, de celle des animaux domestiques, du vent,
de l’eau courante et surtout du bois, qui est resté la source d’énergie principale jusqu’au milieu du
XIX siècle, entraînant la déforestation de certaines régions européennes. La consommation a au total à
e
peine doublé.
La révolution industrielle change la donne. Intervenue à partir de 1750, celle-ci est en fait une
révolution énergétique qui permet, grâce à la machine à vapeur (mise au point vers 1780 par James
Watt) de déployer des forces vingt à trente fois supérieures aux précédentes. La consommation est
alors multipliée par trois et c’est le début du règne du charbon qui se prolonge jusqu’à la moitié du
XX siècle.
e
Durant les Trente Glorieuses, une nouvelle accélération économique, surtout dans les pays du Nord,
provoque encore un triplement de la consommation énergétique, soutenu par un pétrole très bon
marché et, secondairement, par le recours au gaz naturel et à l’hydroélectricité. Le rythme de cette
croissance, qui conduit à une surexploitation des matières premières et au développement de
pollutions conséquentes, pose problème à certains observateurs dès les années 1970 (avec le cri
d’alarme du Club de Rome en 1972). On commence alors à s’interroger sur la durabilité d’un tel
mode de fonctionnement.
Une évolution récente qui diversifie les sources
Le premier choc pétrolier de 1973-1974 a porté un coup d’arrêt à la croissance La économique des
pays industrialisés. Mais la croissance énergétique mondiale s’est poursuivie ces quarante dernières
années puisque globalement entre 1973 et 2014, la consommation mondiale d’énergie a été
multipliée par 2,2.
Si presque toutes les sources d’énergie ont vu leur contribution augmenter en valeur absolue, seul le
pétrole a connu une réduction de sa part de marché (de 46,1 à 31,3 %). Le charbon, au contraire, a
accru significativement la sienne, passant de 24,6 % à 28,6 %. Cette croissance brutale du charbon,
aux dépens du pétrole, souvent ignorée bien que sensible depuis 2000, aggrave la menace de
changements climatiques. Le gaz connaît actuellement la révolution du gaz de roche-mère, qui
présage sans doute une nouvelle croissance. Après deux décennies de croissance faible (1985-2004),
la contribution relative du nucléaire a baissé depuis 2000 de 6,8 à 4,8 %, subissant peut-être en partie
les conséquences du drame de Fukushima (mars 2011). Enfin, les nouvelles énergies renouvelables
ne représentent encore que 1,4 %.
Une évolution récente qui diversifie aussi les consommateurs
En 1973, à la veille du premier choc pétrolier, il y avait 3,9 milliards d’êtres humains sur Terre ; au 1
er
janvier 2017, la population atteint 7,44 milliards : elle a donc été multipliée par 1,90. L’augmentation
de la consommation de l’énergie s’explique donc partiellement par la croissance démographique qui,
quoique ralentie, reste encore plus de 80 millions d’humains en plus chaque année sur cette planète !
Elle est aussi due à la croissance économique et à l’augmentation des niveaux de vie.
Si les pays riches (en gros ceux de l’OCDE) continuent à accroître leur consommation (moins en
Europe qu’en Amérique du Nord), la consommation moyenne par habitant des pays émergents (en
particulier de la Chine) et du Moyen-Orient et également celle de l’Amérique latine et de l’Afrique
augmentent nettement, contribuant à un certain rééquilibrage géopolitique.La demande d’énergie est
donc de plus en plus portée par les pays émergents.
L’inégalité des consommations dans le monde
Depuis 1900, la consommation individuelle d’énergie d’un habitant moyen de la Terre a en fait été
multipliée par cinq. Mais malgré les croissances observées un peu partout à l’échelle des grandes
régions entre 1973 et 2014, les écarts sont loin d’avoir disparu. La valeur « moyenne » de 1,9
tep/an/habitant décrit donc fort mal la réalité, comme d’ailleurs parfois aussi les moyennes
régionales.
Alors qu’un Américain du Nord dispose de plus de 7 tep/an, un Africain doit survivre avec seulement
0,67 tep/an et parfois moins de 0,40 comme au Cameroun, au Congo (RD) ou au Sénégal ; il en est
de même de l’Asiatique (hors Chine et Asie-OCDE) qui ne consomme que 0,72 tep/an alors le
Chinois dispose de 2,24 tep/an. Bien sûr, l’Américain ne vit pas deux fois mieux qu’un Allemand
dont la consommation est de 3,78 tep/an, ni qu’un Japonais dont la consommation est de 3,48 tep/an,
mais un facteur 20, ou même 10, est intolérable à terme. Le Sahélien d’aujourd’hui vit un peu comme
l’homme de Sumer, mais ce dernier n’avait pas la possibilité d’utiliser un téléphone portable.
Une consommation d’énergie très contrastée
selon les ressources
Les contrastes entre les grandes régions du monde en matière de consommation énergétique des
différentes ressources sont saisissants. De même, les bilans de production, d’importation et
d’exportation d’énergie révèlent de fortes disparités. Dans les faits, une production importante
n’entraîne pas nécessairement des tonnages exportés importants, comme une forte consommation
n’est pas toujours liée à des tonnages importés en masse. Les profils régionaux sont donc multiples.
L’interdépendance mais pas la vulnérabilité
Nous partageons une seule planète, dont les ressources sont distribuées suivant les aléas de la
géographie et les zones de consommation selon ceux de l’histoire. La distribution de ces dernières
sur base des six grandes ressources met en évidence à la fois des constantes et des disparités, surtout
si l’on fait abstraction de la biomasse qui est avant tout consommée dans les pays des Suds. Par
exemple, Amérique du Nord, Europe et Chine se retrouvent souvent parmi les grands consommateurs
de la plupart des autres ressources. Le cas du Moyen-Orient est quant à lui assez exceptionnel car il
n’apparaît réellement que sur la carte du pétrole, voire sur celle du gaz.
Imaginer que les bouquets énergétiques soient identiques partout est dès lors un leurre, comme celui
de croire que chaque pays puisse vivre en autarcie énergétique. D’ailleurs, pourquoi se limiter aux
pays ? Voudrait-on la même indépendance pour chaque province, chaque canton ? En Europe
particulièrement, il faut viser une saine interdépendance tout en réduisant la vulnérabilité. Une
dépendance énergétique de 50 %, comme celle de l’UE en 2000, était tolérable, mais sa montée
prévue à 70 % en 2030 est d’autant plus préoccupante qu’elle sera peu diversifiée dans ses lieux
d’approvisionnement, plus d’un tiers du gaz naturel et du pétrole et près de 30 % du charbon venant
actuellement de la Russie.
Énergie et développement
De même que boisson et nourriture, vêtements et logement, santé et éducation, mobilité et
communication, l’énergie est fondamentale pour l’être humain. Elle contribue à la satisfaction de
nombreux besoins : irrigation, cuisson des aliments et réfrigération des denrées, construction et
chauffage de logements (sans parler de climatisation)… Une consommation maîtrisée de l’énergie
est une des clés du développement durable.
Consommation d’énergie et PIB
L’économie moderne repose sur la consommation d’énergie, qu’il s’agisse des productions agricoles,
industrielles et même des services. En effet, contrairement à ce que l’on croit souvent, le secteur
tertiaire consomme aussi de l’énergie, principalement sous forme d’électricité ; l’informatisation
récente de la plupart de ces activités a d’ailleurs fortement accru les consommations.
La mobilité de plus en plus grande des biens et services, comme celle des agents économiques, est
aussi responsable de l’augmentation des consommations. Il est donc logique d’observer un lien entre
la croissance ou la décroissance annuelle de la consommation d’énergie et l’évolution du produit
intérieur brut (PIB). Ce dernier représente la valeur ajoutée totale des biens et des services produits
en un an sur un territoire national, voire dans le monde (comme sur le graphique). Il ne tient toutefois
compte que des biens et services de l’économie officielle et exclut donc le secteur informel,
l’autoconsommation et les services gratuits, parfois importants dans certaines régions.
Tant pour l’énergie que pour le PIB, les fluctuations ont été fortes au fil des décennies, faisant
notamment ressortir l’impact des deux grands chocs pétroliers (1973-1974 et 1979-1981), ainsi que
la crise économique de 2008-2009.
(plus « n » augmente), moins les dépenses futures paraissent pénibles et moins les recettes futures
semblent attrayantes.
Ensuite, on additionne, sur tout le calendrier, les dépenses et les recettes ainsi « actualisées », et on
compare. Sur le graphique des coûts prévus de production de l’électricité, le taux varie de 3 à 10 %.
La grande question des réserves
À l’échelle de la planète, les quantités totales de charbon, pétrole, gaz naturel, uranium, thorium et
lithium sont énormes mais toutes ne sont pas accessibles avec les technologies disponibles et
certaines ne le seront sans doute jamais. Parmi les ressources accessibles, toutes ne sont pas
exploitables économiquement, du moins dans le cadre d’un impact tolérable sur l’environnement.
La notion de réserve évolue donc dans le temps et varie en fonction d’hypothèses pas toujours
explicites.
Il y a réserve et réserve…
Les réserves correspondent aux ressources identifiées et économiquement exploitables : elles varient
en fonction des coûts et du perfectionnement des techniques de production. La notion de ressource
est moins précise puisqu’elle englobe les gisements non encore découverts (comment, dès lors, les
estimer ?) et ceux dont l’exploitation n’est pas rentable : les seules données vraiment fiables ne
peuvent donc concerner que les réserves. Toutefois, même en ce qui les concerne, il existe des
divergences selon les sources, notamment pour le pétrole.
En outre, les estimations des réserves ne dépendent pas seulement de facteurs techniques ou
économiques, mais traduisent aussi les stratégies des États et des firmes. Cela est bien mis en
évidence par les deux comptabilités des réserves de pétrole : la première – les réserves politiques –
prend en compte les réserves déclarées par les États et les compagnies, et la deuxième – les réserves
techniques – est obtenue par scouting, forme d’espionnage industriel donnant des réserves prouvées
et probables plus proches de la réalité, vendues à bon prix par des compagnies privées. Depuis 1990,
les réserves politiques sont supérieures aux réserves techniques, suite au réajustement vers le haut des
réserves de l’Opep en 1986 au moment de l’introduction des quotas.
Les réserves, selon les « 3 P » des pétroliers
Pour évaluer la quantité de pétrole qu’ils pourront extraire d’un gisement, les pétroliers ont une
approche probabiliste dite « 3 P ». Les sondages exploratoires donnent une fourchette de quantités :
on a 100 % de chances d’extraire au moins le minimum et 0 % de chances d’extraire plus que le
maximum. On considère alors comme :
– prouvées (1 P) les quantités qu’on a 90 % de chances d’extraire ;
– prouvées + probables (2 P) ce qui correspond à 50 % de chances ;
– prouvées + probables + possibles (3 P) ce qu’on a 10 % de chances d’extraire in fine.
Ces 3 P s’appliquent aux gisements en production et en développement techniquement et
économiquement exploitables aux conditions du moment : c’est ce que l’on appelle les réserves. Les
ressources comprennent en outre de nouvelles réserves encore à découvrir, ou que des progrès
techniques rendront exploitables. Quant aux ressources ultimes, une bonne part ne sera jamais
exploitée.
Des réserves inégalement distribuées
Converties en milliards de tep, les réserves prouvées de charbon représentent 2,5 fois celles du
pétrole et 3,7 fois celles du gaz naturel. Elles sont particulièrement abondantes en Asie-Océanie
(Chine, Inde et Australie), en Amérique du Nord et en Russie. 45 % des réserves prouvées de pétrole
et 43 % de celles du gaz se trouvent au Moyen-Orient. Quant aux réserves identifiées d’uranium, on
les retrouve principalement dans 9 pays dont plus de 23 % en Australie et plus de 12 % au
Kazakhstan.
Le réchauffement climatique : un problème
majeur
Comme toutes les activités humaines, la production et l’utilisation d’énergie provoquent nuisances,
accidents, pollutions, etc. Ces nuisances sont cependant moindres que celles dues à la pénurie
d’énergie. La plupart ont un caractère local, voire régional, à une exception près : l’impact sur le
climat des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre liées à l’utilisation des combustibles
fossiles.
Du jamais vu dans l’histoire de l’humanité
En analysant les « carottes » de glace prélevées dans les calottes polaires, au Groenland et surtout en
Antarctique, on peut à la fois estimer la température à laquelle se sont formés les cristaux de neige
qui ont composé cette glace et mesurer la composition en gaz des petites bulles d’air emprisonnées
dans cette dernière. Il est ainsi possible de reconstituer la température moyenne de la surface terrestre
et la composition de son atmosphère en remontant très loin dans le passé. Les derniers carottages ont
atteint une profondeur de glace de 3,5 km, ce qui correspond à de la neige tombée il y a plus de
800 000 ans. Cette très large période comprend plusieurs glaciations et plusieurs réchauffements
planétaires. En période glaciaire, la concentration de CO dans l’air est voisine de 180 vpm (volumes
2
de CO par million de volumes d’air) et, en période interglaciaire, elle monte à 280 vpm.
2
Depuis le début de l’ère industrielle, cette concentration s’est envolée pour atteindre presque 400
vpm, et il ne fait aucun doute que l’activité humaine en est responsable. Cette montée des
concentrations de CO et des autres gaz à effet de serre explique au moins la moitié du réchauffement
2
rapide enregistré depuis cinquante ans. Les cinq années les plus chaudes jamais mesurées sont, dans
l’ordre, 2016, 2015, 2014, 2010 et 2005.
L’effet de serre
Bien que notre planète dispose de son propre chauffage central (la géothermie due à sa radioactivité),
la température de sa surface est déterminée par l’équilibre entre l’énergie qu’elle reçoit du soleil sous
forme de lumière visible et l’énergie qu’elle émet dans l’espace sous forme de rayonnement
infrarouge. Dans cet équilibre, l’atmosphère laisse passer l’essentiel de la lumière visible, mais
absorbe la plupart des infrarouges qu’elle renvoie en partie vers l’espace mais aussi vers la Terre,
dont elle augmente ainsi la température de surface. La vapeur d’eau naturelle, présente dans
l’atmosphère et venue de l’évaporation des océans, joue le rôle principal dans cet « effet de serre ».
Le rôle du CO émis par l’homme. Certains gaz émis par l’homme, dont le principal est le gaz
2
augmentation s’explique en premier lieu par l’utilisation de combustibles fossiles et en second lieu
par la déforestation. L’océan a absorbé environ 30 % des émissions anthropiques de dioxyde de
carbone, ce qui a entraîné une acidification de ses eaux. La montée rapide de la concentration dans
l’atmosphère de ces gaz à effet de serre d’origine humaine commence à perturber l’équilibre
thermique de la surface terrestre. On constate non seulement un réchauffement global mais une
montée des eaux océaniques et une diminution du volume des glaciers. Certains scientifiques non
spécialistes du climat, sans nier l’augmentation de la concentration de ces gaz dans l’atmosphère,
estiment que le rapport entre cette augmentation et le réchauffement constaté est exagéré par les
climatologues et que ceux-ci sous-estiment la variabilité des facteurs naturels. Cette contestation, très
médiatisée, est minoritaire.
L’inertie du phénomène. Ce n’est que depuis les années 1970 que commencent à se manifester les
effets de l’augmentation des émissions liée au décollage industriel de l’après-guerre. Ces effets sont
encore modestes aujourd’hui mais les projections des experts à l’horizon de la fin du XXI siècle e
Les énergies renouvelables. Il est trop tôt pour évaluer les risques, probablement faibles, du solaire
(chutes durant l’installation et le nettoyage des panneaux et chauffe-eau), mais en revanche les
ruptures de barrage (de l’ordre d’une par an dans le monde), occasionnent chaque fois d’une centaine
à plusieurs milliers de morts. En 1975, la rupture du barrage de Bangio-Shimantan, en Chine, a coûté
la vie à plus de 30 000 personnes. Quant à la biomasse traditionnelle, c’est au niveau de la qualité de
l’air qu’elle est dangereuse : l’OMS considère qu’elle fait chaque année plus de victimes que la
malaria.
La sûreté nucléaire
L’industrie nucléaire manipule une grande quantité de produits radioactifs potentiellement
dangereux. Elle est en cela comparable à d’autres industries (chimie, pharmacie…) mettant en œuvre
des produits qui peuvent être très nocifs et qui sont parfois incolores et inodores comme la
radioactivité, mais beaucoup plus difficiles à détecter et à mesurer. L’industrie nucléaire doit en plus
maîtriser deux autres risques spécifiques : le contrôle de la réaction en chaîne et l’évacuation de la
chaleur résiduelle que continuent à dégager les produits radioactifs après l’arrêt de cette réaction.
L’accident de Tchernobyl (1986) a été provoqué par le premier risque, tandis que ceux de Three Mile
Island (1979) et Fukushima (2011) l’ont été par le second.
L’exigence de la sûreté nucléaire est de garantir en toutes circonstances le confinement de la
radioactivité. Ce confinement est assuré par des barrières multiples, emboîtées et indépendantes.
Comment mesure-t-on la gravité d’un événement nucléaire ?
Par analogie avec l’échelle de Richter pour les séismes, on a défini en 1991 au niveau international
l’échelle INES, pour permettre au public d’évaluer le degré de gravité d’un événement (anomalie,
incident ou accident) affectant une installation nucléaire. Les événements sont ainsi classés par
gravité croissante, de 1 à 7. En France, les exploitants déclarent chaque année une centaine
d’anomalies de niveau 1 et de un à trois incidents de niveau 2. Nous n’avons connu que deux
accidents proprement dits, de niveau 4. Les deux événements de niveau 7 survenus à ce jour dans le
monde sont les accidents de Tchernobyl et de Fukushima.
Qu’appelle-t-on exactement la non-prolifération ?
La « prolifération » est l’augmentation du nombre d’États dotés d’un armement nucléaire.
Inversement, on parle de « non-prolifération » pour désigner les moyens politiques ou techniques mis
en œuvre pour combattre la prolifération. Entré en vigueur en mars 1970, le traité de non-
prolifération (TNP) a tenté de figer ce phénomène en reconnaissant cinq puissances nucléaires
légitimes, mais pas davantage. En échange, les puissances nucléaires s’engageaient à réduire leur
armement et à ne pas freiner les transferts de technologie civile. Le rôle de contrôleur de l’utilisation
pacifique des matières nucléaires est confié à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA),
créée par l’ONU à Vienne en 1956.
EN CONCLUSION
Une consommation énergétique contrainte
FAIRE FACE À LA DEMANDE
Tout au long de l’histoire, la consommation d’énergie a augmenté globalement et aussi par individu,
malgré de grandes inégalités entre les consommations individuelles. Les ressources se sont
diversifiées mais le mix énergétique reste dominé à plus de 85 % par les énergies fossiles. Ces
énergies n’étant pas renouvelables, cela pose la question non seulement de la pérennité des réserves
à moyen terme mais encore des coûts et donc des prix car les ressources découvertes récemment,
comme les nouveaux gisements mis en exploitation, sont de moins en moins accessibles et exigent
des technologies de plus en plus coûteuses.
RÉDUIRE LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
Parallèlement, la production et l’utilisation de l’énergie engendrent nuisances, accidents et
pollutions, le plus souvent à l’échelle locale ou régionale, à une exception près : l’impact sur le
climat des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre (GES) liées à l’utilisation des
combustibles fossiles. Réduire ces GES tout en assurant de l’énergie à tous les hommes apparaît
comme le plus grand défi de la transition énergétique.
Les grandes énergies traditionnelles
La définition de l’énergie paraît souvent un peu abstraite, mais tout le
monde sait à quoi elle sert : alimentation, chauffage, éclairage,
construction, industrie, transports, communications, loisirs, partout nous
consommons de l’énergie pour adapter à nos besoins le monde qui nous
entoure.
Les sources d’énergie sont multiples et chacune a des avantages et des
nuisances. Ce chapitre est consacré aux « grandes énergies
traditionnelles », celles qui alimentent l’essentiel de nos consommations
depuis la révolution industrielle, grâce à la combustion et, marginalement,
à la fission.
Toutes ces énergies sont naturelles, même si le gaz est le seul à bénéficier
de cette flatteuse épithète, mais ce sont des énergies « de stock », non
renouvelables à l’échelle humaine et donc épuisables à terme. Ceci dit,
leurs réserves sont encore considérables et les progrès techniques
permettent aujourd’hui de tirer parti de ressources minérales jadis
inexploitables.
Qu’est-ce que l’énergie ?
L’énergie, c’est ce qui permet de modifier le monde qui nous entoure : la chaleur peut faire bouillir
de l’eau, l’énergie mécanique mettre un véhicule en mouvement, etc. Les lois de l’énergie
(thermodynamique) datent du XIXe siècle. Elles concernent la conservation de l’énergie lors des
changements d’état d’un système isolé et la dégradation de l’énergie mécanique en chaleur. Nous
savons aussi qu’énergie et masse sont deux aspects d’une même propriété de la matière.
Les différentes formes d’énergie
Dans la vie courante, on rencontre l’énergie et on l’utilise sous les formes suivantes :
– mécanique : celle des moteurs, des muscles ;
– calorifique : celle de la chaleur, du chauffage, de la cuisson ;
– cinétique : celle de la voiture, de la balle de tennis, du vent ;
– chimique : celle de la nourriture, des carburants ;
– lumineuse : celle qu’on reçoit du soleil, celle des lasers ;
– nucléaire : celle des étoiles, des centrales nucléaires.
Il s’agit bien de différentes formes de la même chose. C’est pourquoi on peut passer d’une forme à
l’autre. On utilise les mêmes unités pour les mesurer. Par exemple, l’énergie chimique du mélange de
l’essence et de l’air se transforme en énergie calorifique dans le cylindre du moteur de voiture, puis
en énergie mécanique du piston, ensuite transmise aux roues, et finalement en énergie cinétique de la
voiture, tandis qu’une petite partie de l’énergie mécanique est transformée en énergie électrique dans
l’alternateur et en énergie lumineuse dans les phares.
Les unités d’énergie selon les utilisateurs
Les scientifiques utilisent en général deux unités pour mesurer l’énergie. Pour la physique courante,
c’est le joule (J), une unité qui mesure le travail nécessaire pour soulever de 10 centimètres une
masse de 1 kilo. À l’échelle de l’atome, l’unité d’énergie est l’électronvolt (eV), qui est l’ordre de
grandeur des échanges d’énergie entre molécules lors des réactions chimiques. La puissance qui
produit un joule en une seconde s’appelle le watt (W). Comme le joule est très petit, on utilise
souvent dans la vie courante le kilowattheure (kWh), qui vaut 3,6 millions de joules (il apparaît sur
les factures d’électricité).
Les économistes, pour qui le kilowatt/heure est trop petit, ont inventé une unité plus commode, la
tep, tonne d’équivalent pétrole : 1,9 tep représente la consommation moyenne d’énergie par an d’un
habitant de notre planète. Pour la consommation d’un pays, on parlera de millions de tep (Mtep),
voire de milliards de tep (Gtep).
Transformer les autres sources d’énergie en « équivalent pétrole » comporte un certain degré
d’arbitraire. Si cette conversion semble facile pour les autres combustibles, charbon et gaz naturel,
elle est moins évidente pour l’électricité des barrages ou des éoliennes ou même pour l’électricité
d’origine nucléaire.
Dans cet ouvrage, nous utilisons les coefficients de conversion de l’Agence internationale de
l’énergie. C’est ainsi que l’hydraulique, qui produit plus d’électricité que le nucléaire, est
comptabilisée par un chiffre moitié du sien en énergie primaire.
L’énergie diffère selon l’endroit où on la mesure
L’énergie primaire. On appelle énergie primaire celle qu’on recueille ou qu’on récupère
directement de la nature : pétrole brut sortant du puits, charbon extrait de la mine, chute d’eau au
pied d’un barrage, énergie lumineuse arrivant sur un capteur solaire ou chaleur produite dans le cœur
d’une centrale nucléaire.
L’énergie secondaire. Il est rare d’utiliser directement l’énergie primaire. En général, on la convertit
en énergie secondaire, électricité ou carburant, dans des raffineries ou des centrales électriques.
L’énergie finale. Mais, primaire ou secondaire, l’énergie doit encore être transportée et distribuée à
son utilisateur : on parle alors d’énergie finale. L’énergie finale désigne par exemple l’essence dans
le réservoir, le gaz naturel au brûleur de la cuisinière, ou l’électricité à la prise de courant. Dans le
bilan mondial de consommation d’énergie finale, la moitié est consacrée au chauffage (chauffage des
locaux et chaleur industrielle), un tiers sert aux déplacements de toutes natures et un sixième est sous
forme d’électricité spécifique.
Comme on consomme de l’énergie pour les étapes de conversion, de transport et de distribution,
l’énergie finale n’est qu’une fraction de l’énergie primaire. Sur le plan mondial, toutes énergies
confondues, l’énergie finale représente un peu plus de la moitié de l’énergie primaire.
L’énergie utile. L’énergie finale n’est pas notre besoin ultime. Le déplacement en voiture, la cuisson
des aliments, l’éclairage des pièces et l’alimentation de notre téléviseur constituent l’énergie utile qui
n’est qu’une fraction de l’énergie finale.
Les sources d’énergie
Nos lointains ancêtres n’avaient comme source d’énergie que la chaleur solaire directe et les
calories de leur nourriture... crue. Puis l’homme a appris à maîtriser le feu et à utiliser le bois qui est
resté la source d’énergie principale jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le charbon est alors devenu la
source prépondérante, avant l’ère du pétrole-roi, presque rejoint aujourd’hui par le gaz. Le
nucléaire, bien plus récent, occupe encore une place modeste.
Les énergies « de stock »
L’essentiel de la consommation mondiale d’énergie est assuré aujourd’hui en puisant dans les stocks
non renouvelables de combustibles fossiles, pétrole, charbon et gaz, et de matières fissiles, uranium
et thorium. En fait, la planète continue à fabriquer du charbon et des hydrocarbures, mais à un rythme
si lent que ce renouvellement est négligeable. L’évaluation de la taille des stocks récupérables est
difficile et leur épuisement est inéluctable.
En cherchant plus loin et plus profond, en perfectionnant les technologies d’exploration et
d’extraction, on pourra exploiter des ressources moins concentrées mais à un coût supérieur et avec
une dépense d’énergie encore plus grande et un impact environnemental plus important. Les matières
fissiles ne sont pas renouvelables, mais elles constituent des stocks d’énergie considérables à
l’échelle humaine. Les énergies de stock sont concentrées et utilisables à la demande.
Les énergies de flux
Les énergies de flux se renouvellent spontanément – à l’échelle humaine, en tout cas. Leur source
principale est le soleil, dont on pense qu’il continuera à éclairer et chauffer la planète encore
quelques milliards d’années. Il est à l’origine des différentes formes d’énergie solaire, bien sûr, mais
aussi de la biomasse et des énergies éolienne, houlomotrice et hydraulique, via la photosynthèse
chlorophyllienne, les différences de pression atmosphérique et le cycle évaporation/précipitation de
l’eau.
L’énergie des marées nous vient plutôt de l’attraction de la Lune et l’énergie géothermique provient
directement de la radioactivité de la Terre. La biomasse n’est renouvelable qu’en dessous d’un
certain rythme d’exploitation, sinon on provoque la déforestation. Toutefois, si le rayonnement
solaire, le vent et les marées sont renouvelables et gratuits, les installations qui récupèrent ces
énergies ont une durée de vie limitée, de quelques dizaines d’années pour un capteur solaire ou une
éolienne à près d’un siècle pour un barrage. Il faut donc non seulement les construire, mais les
entretenir et les remplacer en fin de vie.
Les sources renouvelables sont souvent intermittentes et peu concentrées. Comme on ne sait pas
stocker de grandes quantités d’électricité, l’intermittence impose de mettre en œuvre des sources de
substitution, non renouvelables, de multiplier les interconnexions régionales et de disposer de
« réseaux intelligents » pour gérer l’équilibre instantané entre demande et production.
Substitution ou superposition ?
Dans les publications de vulgarisation scientifique, on voit souvent des titres du genre « Quand
l’hydrogène remplacera l’essence... » ou « Quand la fusion remplacera la fission... », comme si une
source d’énergie plus moderne allait définitivement prendre la place d’une autre. Tout est possible
dans le futur, mais ce n’est pas ce qui s’est passé jusqu’ici.
Le charbon n’a pas éliminé le bois : aujourd’hui encore, la biomasse traditionnelle fournit 10 % de
l’énergie primaire consommée dans le monde. Le pétrole a peut-être détrôné le charbon, mais il ne
l’a pas du tout éliminé : entre 2000 et 2010, presque la moitié de la croissance mondiale de la
consommation d’énergie a été due au charbon. Le gaz a connu une croissance spectaculaire et
l’avènement du « gaz de schiste » lui promet un âge d’or, mais il n’a évincé ni le pétrole ni le
charbon.
Le diagramme qui retrace l’évolution en pourcentage des sources d’énergie met bien en évidence les
âges d’or successifs des différentes sources mais contribue à cette idée de substitution : on y voit
presque disparaître la biomasse traditionnelle alors qu’avec 10 % de la consommation mondiale en
2012 – soit 1,3 Gtep –, elle dépasse le chiffre qu’avait la consommation mondiale en 1900 !
Pas d’impasse dans le jeu énergétique
La comparaison des différentes sources d’énergie est intéressante mais d’une portée limitée puisque
l’homme a besoin de toutes ces énergies ! Ce qu’il faut, c’est tirer au mieux parti de leurs qualités
propres en limitant au maximum leurs inconvénients spécifiques. Il faut aussi éviter de les gaspiller
et améliorer leur efficacité au fur et à mesure des progrès technologiques.
Le « bouquet » optimal ne sera pas le même pour chaque pays, en fonction de sa géographie, de son
climat, de sa population, de son degré d’urbanisation et de son niveau technologique. Un pays
richement doté en ressources fossiles aura moins besoin d’énergie nucléaire qu’un pays qui en est
dépourvu. Mais la sécurité de l’approvisionnement en énergie est toujours renforcée par une
diversification des sources et des lieux d’importation. Dans le jeu énergétique, mieux vaut ne pas
faire d’impasse.
Vecteurs et réseaux de l’énergie
Il ne suffit pas de produire l’énergie, il faut aussi la transporter et la distribuer. Les premières
locomotives brûlaient du bois, puis elles ont été alimentées en charbon, stocké dans un wagon. Elles
fonctionnent aujourd’hui au fuel ou à l’électricité qui circule dans les fils des caténaires. De plus en
plus, nous utilisons l’énergie non pas à la source primaire mais par l’intermédiaire de « vecteurs »,
carburants ou gaz et électricité distribués par des réseaux.
Des réseaux dans les réseaux
Les réseaux de liquide, de gaz ou d’électricité se « déclinent » dans une arborescence à plusieurs
échelles : réseaux de longue distance et à gros débit pour le transport à l’échelle continentale, réseaux
à mailles plus serrées pour le transport à l’échelle nationale ou régionale, réseau de distribution locale
à débit plus faible. De la même façon, pour l’électricité, on dispose de réseaux de transport à très
haute tension, à haute et moyenne tension, et de distribution à basse tension.
Le transport du gaz
Sur terre, le gaz est transporté sous pression dans des tuyaux, les gazoducs, enterrés ou à l’air libre.
Contrairement au pétrole qui est un liquide, le gaz naturel est compressible, ce qui signifie qu’il faut
beaucoup d’énergie et une série régulière de stations de pompage pour lui faire parcourir de grandes
distances dans un gazoduc, et que celui-ci doit être de grand diamètre.
L’infrastructure des gazoducs et des stations de pompage est très chère et très rigide : on ne peut pas
rediriger les tuyaux ailleurs que vers leur destination initiale. C’est une des raisons pour laquelle la
fourniture de gaz se fait sur la base de contrats bilatéraux à long terme, où le consommateur s’engage
à payer pour des quantités déterminées de gaz, qu’il les enlève effectivement ou non (contrats take or
pay). Pour une distance supérieure à 2 000 ou 3 000 km, il est plus économique de transporter le gaz
par voie maritime, sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Les bateaux spéciaux qui effectuent ce
transport s’appellent des méthaniers.
La chaîne du GNL
Tous les gaz (oxygène, azote ou hydrogène) sont liquéfiables si on les refroidit suffisamment. Pour
liquéfier le méthane, il faut le porter en dessous de - 160 °C à l’aide de gigantesques réfrigérateurs.
La dépense d’énergie est considérable, mais on en récupère une partie dans l’installation symétrique
où le GNL redeviendra gazeux. Le GNL est beaucoup plus dense que le gaz naturel : 1 m de GNL 3
fournira 600 m de gaz à la pression atmosphérique. C’est donc une forme sous laquelle il est facile à
3
transporter et à stocker, si on le maintient à basse température (ce qui nécessite une excellente
isolation thermique).
Les terminaux méthaniers sont des installations lourdes, mais ils permettent une souplesse
d’approvisionnement qui commence à créer un vrai commerce international du gaz naturel liquéfié.
Le Japon, par exemple, n’est approvisionné qu’en GNL. Dans ses scénarios récents, l’Agence
internationale de l’énergie prévoit une forte augmentation des parts de marché du GNL, qui n’aura
semble-t-il pas de grande influence sur les prix.
Le charbon
Le charbon est un terme générique qui désigne un ensemble de combustibles solides de
compositions et de pouvoirs calorifiques variés. Il a été le combustible quasi unique de la révolution
industrielle du XIXe siècle. Depuis, l’arsenal énergétique s’est diversifié et le charbon représente 29
% de l’énergie primaire mondiale. Première source mondiale d’électricité, il est irremplaçable pour
la réduction du minerai de fer ou la carbochimie.
L’origine du charbon
Le charbon, qui a commencé à se former à la fin de l’ère primaire, provient de l’accumulation de
matières végétales (fougères arborescentes de la forêt houillère, spores, mangroves, algues) déposées
sur place ou après transport. Les bassins d’accumulation sont des zones marécageuses (tourbières
actuelles), des lacs ou des zones deltaïques qui se sont enfoncés régulièrement. Les sédiments ont été
enfouis jusqu’à des profondeurs allant de quelque 100 mètres pour les lignites jusqu’à plusieurs
kilomètres pour les anthracites. Durant cet enfouissement, le carbone organique s’est transformé en
carbone minéral par action des micro-organismes, l’eau a été expulsée en forte proportion et la roche
s’est durcie. On range le charbon en plusieurs catégories selon le degré de transformation des dépôts
végétaux.
Les gisements se présentent en amas ou, le plus souvent, en veines intercalées entre d’autres
formations sédimentaires.
Le charbon est composite
Les minéraux. Morceaux de roches, de tailles diverses, sédimentés en même temps que la matière
organique, ils constituent, après combustion, les cendres et les scories.
La matière organique. Le charbon au sens strict est la partie de couleur noire et d’origine
organique. Sa composition chimique est caractérisée par une teneur en hydrogène (4 %) moitié
moindre que celle des pétroles. La teneur en carbone après séchage varie de 55 % pour les lignites, à
70 % pour les bitumineux et 90 % pour les anthracites.
L’eau. Plus il reste d’eau dans le charbon, plus bas est son pouvoir calorifique.
Les volatiles. Il s’agit surtout de CO , de méthane (CH ) et d’autres hydrocarbures ainsi qu’un peu
2 4
En 2015, la consommation de la Chine est revenue à 3,7 milliards pour limiter la polllution
atmosphérique, mais l’Inde, l’Amérique latine et l’Afrique prendront sans doute le relais. En ce sens,
le retour du charbon paraît durable.
50 % du charbon produit sert à la production d’électricité, 16 % à la sidérurgie, 5 % aux cimenteries.
Le solde, 29 %, au chauffage et aux autres industries, dont la carbochimie. Avec une contribution de
40 %, le charbon est de loin la première source d’électricité mondiale, malgré ses nuisances. Des
solutions existent et sont progressivement mises en œuvre pour réduire de façon très significative les
rejets polluants.
Les ressources et les réserves
Les ressources ultimes de charbon avoisinent sans doute les 5 000 milliards de tonnes, dont 900 sont
qualifiées de « réserves ». Les plus grands bassins sont les suivants en ordre d’importance
décroissant et en précisant leur période géologique de formation : bassin permo-carbonifère de
Russie et du Kazakhstan, plateforme jurassique crétacé de Sibérie, bassin de l’Ouest américain et du
Canada (jurassique et tertiaire), plateforme chinoise et Mongolie extérieure (permo-carbonifère et
jurassique), carbonifère des Appalaches, bassin hercynien nord-européen, charbon permo-triasique
d’Australie, du sud de l’Inde, de l’Afrique et du Brésil (l’ancien continent du Gondwana), bassins
crétacé et tertiaire de Colombie, du Venezuela et du Chili. Cette répartition s’explique par la
formation des continents.
Les réserves de charbon sont assez bien réparties géographiquement, à l’exception notable du
Moyen-Orient, qui en dispose peu mais bénéficie d’autres ressources naturelles.
Le transport du charbon
Le pétrole est très commode à transporter, par oléoduc ou par pétrolier, avec une dépense minime
d’énergie : il voyage énormément à travers le monde. Le gaz se transporte bien, mais pour une
dépense énergétique très supérieure. Les combustibles minéraux solides, eux, sont malcommodes à
transporter et voyagent peu de région à région. C’est par conséquent le cas du charbon : les quantités
importées et exportées ne représentent que 16 % de la production mondiale totale. Les exportations
de charbon proviennent essentiellement d’Australie et d’Indonésie. Le lignite, à valeur calorifique
moindre, voyage encore moins : il est surtout utilisé dans des centrales électriques situées à proximité
immédiate des mines.
Même en intra-régional, le transport de charbon est une lourde charge. En Chine, par exemple, une
grosse proportion des transports fluviaux et ferroviaires est consacrée à son transport des zones du
nord-ouest où il est abondant à la côte sud-est, très développée et grosse consommatrice.
Nucléaire et matières fissiles
L’énergie nucléaire utilise la chaleur libérée par la fission de noyaux d’uranium ou de plutonium
pour produire de l’électricité. On ne met pas directement dans une centrale nucléaire du minerai
d’uranium : il subit une série de transformations dans des installations industrielles au cours du
« cycle du combustible nucléaire ». Il n’y a pas de nucléaire durable sans recyclage des matières
fissiles encore présentes dans les combustibles usés.
L’uranium et ses réserves
La fission d’un gramme d’uranium produit plus d’énergie que la combustion d’une tonne de pétrole :
les combustibles fossiles s’évaluent en milliards de tonnes et les matières fissiles, en milliers de
tonnes.
L’uranium est le plus lourd des éléments naturels restant sur la Terre. Son noyau est entouré de 92
électrons. Il est essentiellement composé de deux isotopes, 235 U (0,7 %) qui est fissile et 238 U
(99,3 %). Sa teneur dans la croûte terrestre est d’environ 3 grammes par tonne. C’est beaucoup moins
que le fer ou l’aluminium mais beaucoup plus que l’or.
L’estimation des ressources d’uranium, comme celle des autres ressources minérales, dépend du coût
qu’on est prêt à consacrer à son extraction. Les réserves identifiées exploitables à moins de 260
dollars par kilo d’uranium sont évaluées à 7,6 millions de tonnes, mais on pense que le vrai total des
minerais conventionnels dépasse 17 millions de tonnes. Les sources non conventionnelles (uranium
contenu dans les phosphates et les schistes noirs) sont du même ordre de grandeur, sans compter
l’uranium des océans, très abondant (environ 4 milliards de tonnes) mais très dilué.
Par comparaison, en 2016, la consommation mondiale a été de 63 400 tonnes d’uranium pour
produire 11,5 % de l’électricité mondiale. À parc constant, les réacteurs nucléaires disposeraient de
plus d’un siècle de réserves déjà identifiées, mais leur durée dépendra de l’évolution future de ce
parc : selon l’AIE, ce parc pourrait croître de 60 % d’ici 2040.
Le plutonium et la surgénération
Quand un noyau d’uranium 238 absorbe un neutron ralenti, il ne se fissionne pas mais se transforme
assez vite en noyau d’un autre élément, le plutonium 239, matière fissile meilleure que l’uranium
235, mais beaucoup plus radioactive. On dit que 238 U est « fertile ». Dans les réacteurs à neutrons
rapides, il est possible de fabriquer à partir d’uranium 238 plus de plutonium qu’on n’en consomme
dans le cœur : le plutonium est un intermédiaire pour consommer l’uranium 238. C’est la
« surgénération ».
Les réacteurs actuellement en marche et en construction dans le monde utilisent moins de 1 % de
l’énergie potentielle contenue dans l’uranium. En revanche, les réacteurs à neutrons rapides sont
capables d’extraire la quasi-totalité de l’énergie de l’uranium. Ces surgénérateurs ont déjà été testés à
grande échelle : Superphénix, malheureusement arrêté en 1997, produisait 1 200 MWe. Avec cette
nouvelle génération de réacteurs, la « génération 4 », la limite imposée par les ressources d’uranium
au développement de l’énergie nucléaire sera repoussée de plusieurs siècles.
Le thorium
Le thorium est un métal dont le noyau contient 90 protons et qui n’a qu’un isotope naturel, 232 Th. Il
est fertile comme 238 U : en absorbant un neutron, il se transforme en uranium 233, excellente
matière fissile. N’ayant pas d’isotope fissile, il a encore été peu utilisé dans des réacteurs nucléaires
mais le sera sûrement dans le futur. Il est trois fois plus abondant que l’uranium dans la croûte
terrestre mais ses réserves exploitables sont mal connues et son cycle du combustible reste à
développer.
Le thorium semble particulièrement bien adapté aux réacteurs nucléaires « à sels fondus ».
Les hydrocarbures non conventionnels
En plus du pétrole et du gaz naturel classiques ou conventionnels, il existe dans la croûte terrestre
d’autres ressources en hydrocarbures, considérables mais plus difficiles à exploiter. Ce sont les
huiles et gaz de roche-mère, les sables asphaltiques, les schistes bitumineux voire les hydrates de
méthane ou « clathrates ». Les hydrocarbures peuvent aussi être de simples vecteurs si on les
fabrique à partir de charbon, de gaz ou de biomasse.
Deux très grands gisements de sables asphaltiques
Les sables asphaltiques sont des sédiments imprégnés de bitumes, avec des minéraux associés mais
sans gaz. L’immense majorité des dépôts se trouvent au Venezuela et au Canada. Les sables de
l’Alberta contiennent 10 % à 12 % de bitume et 5 % d’eau. Le reste est un mélange minéral de sable
et d’argiles.
Le mélange d’hydrocarbures extra-lourds est trop visqueux pour couler naturellement si on fore un
puits. Quand les gisements ne sont pas trop profonds (jusqu’à 70 mètres environ), on les exploite en
carrière à ciel ouvert, comme le lignite, avec des excavatrices géantes. Les gisements plus profonds,
en majorité, doivent être exploités in situ, en augmentant la fluidité des huiles par injection de vapeur
d’eau sous haute pression (typiquement 100 bars). Le mélange migre alors vers le puits et peut être
pompé jusqu’à l’unité de traitement qui le transformera en brut synthétique.
On estime que la quantité d’huile récupérable des sables de l’Alberta dépasse les 40 Gtep et que
celles de l’Orénoque sont du même ordre de grandeur. Par comparaison, les réserves de pétrole
récupérables en Arabie saoudite seraient de 36 Gtep. Mais on ne parle pas de produits équivalents :
pour extraire et transporter 50 tonnes de brut saoudien, il faut en dépenser une tonne. Le chiffre est
plus près de 20 à 50 quand on produit un brut équivalent à partir de sables asphaltiques.
Gaz et huile de roche-mère
Il existe aussi de grandes réserves de gaz « non conventionnels » : le grisou des gisements de
charbon, le gaz extrait de réservoirs non poreux dit « tight gas » et surtout le gaz extrait, directement
et avant sa migration, de la roche-mère où il s’est formé – souvent appelé « gaz de schiste ».
L’exception américaine. Leur exploitation a spectaculairement augmenté aux États-Unis depuis
2007 grâce aux forages horizontaux et à la fracturation hydraulique de la roche, provoquant une
véritable révolution dans le marché du gaz : son prix de gros en Amérique du Nord est passé en
quelques années de 12 à 3 $/MBTU, alors qu’il reste couplé au prix du pétrole dans les autres
continents. Tandis qu’au tournant du siècle les États-Unis s’équipaient massivement en terminaux
pour importer du GNL, ils se préparent désormais à exporter ! Cette irruption de gaz bon marché a
baissé le coût de l’énergie pour l’industrie d’outre-Atlantique mais a sérieusement ralenti le
développement des énergies renouvelables et le redémarrage du nucléaire aux États-Unis. En outre,
beaucoup d’électriciens américains sont passés du charbon au gaz, et les États-Unis sont devenus
exportateurs de charbon, notamment vers l’Allemagne qui réduit sa production nucléaire depuis
2011.
En parallèle, les États-Unis se sont mis à exploiter, avec les mêmes techno-logies, l’huile présente
dans sa roche-mère avant migration vers un réservoir. En 2014, cette production a atteint 4 millions
de barils par jour, 5,6 millions si on y ajoute les condensats du gaz de schiste. Cette production s’est
maintenue en 2016 malgré la baisse des prix du baril. Les majors se retirent même des sables
asphaltiques canadiens pour investir dans l’huile de roche-mère texane !
Charbon « propre » et nucléaire après
Fukushima
À l’actif du charbon, de grandes réserves, un prix intéressant et peu de risques géopolitiques ; à son
passif, la pollution atmosphérique des centrales, les accidents miniers et sa contribution de 30 %
aux émissions anthropiques de CO2. Peut-on croire en un « charbon propre » ? L’énergie nucléaire
produit 11 % de l’électricité mondiale. Mais alors que s’amorçait une reprise, l’accident de
Fukushima a relancé la controverse. La fusion est-elle pour demain ?
Le charbon peut-il être propre ?
Aux centrales à charbon modernes, on adjoint de véritables petites usines chimiques appelées
« scrubbers » qui réduisent les pollutions, mais il reste encore beaucoup de vieilles installations très
polluantes dans le monde. Les principales pollutions sont les suivantes :
- la formation des oxydes d’azote (NOx), à l’origine de retombées d’acide nitrique très corrosif, peut
être réduite par le maintien de la température de combustion et l’utilisation de filtres adaptés ;
- le soufre, irritant pulmonaire qui se retrouve dans les fumées sous forme de SO et SO , est limité
2 3
La capture du CO dans les fumées est démontrée à l’échelle pilote, mais elle consomme beaucoup
2
d’énergie. Une fois le CO capturé, on le « séquestre » dans un puits de carbone « durable » ou dans
2
être mise en œuvre que si les permis d’émission deviennent très chers ou si les réglementations
nationales l’imposent. À plus long terme, si on trouve les catalyseurs adaptés, on pourra peut-être
combiner CO et hydrogène pour fabriquer du carburant synthétique.
2
tritium, deux isotopes de l’hydrogène. La fusion D-T produit un noyau d’hélium (particule alpha) et
un neutron, ainsi qu’une grande quantité d’énergie.
Pour forcer les noyaux D et T à fusionner, on leur communique de très grandes vitesses par agitation
thermique en chauffant le « plasma » jusqu’à 100 ou 150 millions de degrés. Pour que ce plasma
ultra chaud n’entre pas en contact avec une paroi, on le confine dans une sorte de prison magnétique
dans un dispositif appelé Tokamak. Il existe aussi le « confinement inertiel », mais plutôt d’intérêt
militaire. Contrôler la fusion est une entreprise très difficile, à laquelle la communauté scientifique
internationale consacre des efforts considérables depuis plus de 50 ans.
Le projet ITER
En 2005, sept grands partenaires (Union européenne, Japon, Russie, États-Unis, Chine, Corée du Sud
et Inde) ont décidé de construire à Cadarache (Bouches-du-Rhône) le plus gros Tokamak du monde,
baptisé ITER. Cette installation devrait commencer ses expériences vers 2022 et passer en D-T vers
2027.
EN CONCLUSION
Les grandes énergies traditionnelles
UNE TRANSITION INÉLUCTABLE
Épuisables par nature, les énergies de stock devront progressivement laisser la place aux énergies de
flux, mais compte tenu de leur prépondérance écrasante dans le bouquet énergétique mondial, il ne
faut pas s’illusionner sur le rythme de cette transition. Une grande partie de la réponse dépendra de
la maîtrise de la demande d’énergie.
TROP DE FOSSILES
Si l’on attendait simplement l’épuisement de nos réserves de combustibles, le dérèglement des
climats terrestres via l’effet de serre nous conduirait presque sûrement à une catastrophe
difficilement imaginable.
DES ÉNERGIES PLUS PROPRES
Comme les énergies de stock seront encore longtemps mises en œuvre, il faut réduire leurs
nuisances, en usage courant pour ce qui concerne les combustibles, et en cas d’accident pour
l’énergie nucléaire. Le renforcement des centrales nucléaires est en cours, mais la capture du CO 2
dans les centrales « fossiles » ne se fera pas dans les conditions économiques et réglementaires
actuelles.
Les énergies renouvelables au cœur de la
transition énergétique
La transition énergétique suppose une montée en puissance des énergies
renouvelables. Celles-ci sont diverses et parfois exploitées depuis
longtemps, tout au moins sous une forme traditionnelle. Certaines ne
servent qu’à produire de l’électricité tandis que d’autres permettent de
créer parallèlement de la chaleur, du froid ou encore des agrocarburants.
Ces ressources pourront-elles se substituer aux énergies fossiles ? Pour
répondre à cette question, il est nécessaire de prendre en compte différents
paramètres : la répartition des ressources aux différentes échelles spatiales
sur terre et en mer, leur caractère intermittent ou non, les quantités
d’énergie produites aujourd’hui et pouvant l’être demain, les coûts
d’installation et de fonctionnement des systèmes de production… En
fonction de tout cela, il est possible d’analyser la viabilité des énergies
renouvelables, qui conditionne sans doute beaucoup leur futur
développement.
La biomasse, entre tradition et usages nouveaux
La biomasse assure un peu moins de 10 % de nos besoins en énergie : 60 % de cette biomasse est
utilisée de manière traditionnelle et 40 % relève de la biomasse moderne, qui permet non seulement
de produire de la chaleur, mais aussi des agrocarburants et de l’électricité. Ces deux deniers usages
se sont beaucoup développés depuis l’envolée récente des cours du pétrole. Des aides publiques ont
favorisé ces filières dans de nombreux pays.
Biomasse traditionnelle et biomasse moderne
On estime que 38 % de la population mondiale dépend de la biomasse traditionnelle pour la cuisson
de ses aliments : 69 % en Afrique, 50 % en Asie, 14 % en Amérique latine et 4 % au Moyen-Orient.
Il s’agit le plus souvent de populations qui n’ont pas les moyens financiers d’utiliser les combustibles
fossiles et recourent au bois (parfois converti en charbon de bois), aux déchets végétaux et aux
déjections animales. Ces produits sont habituellement brûlés dans des feux ouverts ou des poêles à
faible rendement pour assurer la cuisson des aliments ou apporter un peu de chaleur dans les
habitations. On rend souvent ce procédé responsable de la déforestation mais d’autres pratiques,
comme l’exploitation du bois pour les marchés internationaux des meubles ou de la construction, y
concourent également.
Les constituants de la biomasse mo-derne sont plus diversifiés : il s’agit non seulement du bois issu
des forêts, de résidus agricoles et forestiers, mais aussi de résidus des industries agroalimentaires, de
produits agricoles eux-mêmes et d’ordures ménagères. Ces ressources servent à produire de la
chaleur, de l’électricité et des agrocarburants.
Après le premier choc pétrolier, le Danemark est devenu le leader du développement des éoliennes.
En 2015, la firme chinoise Goldwind est devenue la première entreprise du secteur, avec 12,5 % du
marché. Elle est suivie par la firme danoise Vesta (11,8 %) jusqu’alors la première, puis par la firme
américaine GE Wind et la firme allemande Siemens.
Les principaux fabricants d’éoliennes construisent des machines d’une puissance de 2 à 6 MW, la
plus grande aujourd’hui sur le marché faisant 8 MW. La progression récente de la puissance installée
est spectaculaire : elle a été multipliée par 25 entre 2000 et 2015 Même si c’est en Chine et aux États-
Unis que la progression est la plus forte, l’Europe est aussi en croissance : ainsi, en 2016, les
capacités installées y ont dépassé celles des centrales à charbon. En 2015, le secteur emploie plus
d’un million de personnes dans le monde et produit 841 TWh, soit 3,5 % de l’électricité mondiale.
Le gisement éolien
L’efficacité d’une éolienne dépend de son emplacement. En effet, la puissance fournie augmente
avec le cube de la vitesse du vent : un site avec des vents d’environ 30 km/h de moyenne sera
environ huit fois plus productif qu’un autre site avec des vents de 15 km/h de moyenne.
Une éolienne fonctionne d’autant mieux que les vents sont réguliers et fréquents. Elle commence à
produire quand la vitesse du vent est supérieure à une valeur comprise entre 10 et 20 km/h, mais doit
être arrêtée pour des raisons de sécurité quand le vent dépasse 90 km/h. Dans l’idéal, l’axe de
rotation de l’éolienne doit rester la majeure partie du temps parallèle à la direction du vent, cette
dernière doit donc être la plus stable possible.
Enfin, l’important n’est pas la puissance de l’éolienne (en MW), mais la quantité d’électricité (en
MWh) qu’elle peut produire en une année, c’est-à-dire le nombre équivalent d’heures de marche à
pleine puissance. On construit et on installe surtout en mer des éoliennes de plus en plus grandes.
Des supergrids pour faire face à l’intermittence du vent
L’éolien est subventionné dans tous les pays, mais dans les sites favorables, le coût de production des
grandes éoliennes devient presque compétitif. Comme il est impossible d’obliger le vent à souffler à
la demande, sur un territoire donné, la production d’électricité éolienne peut varier d’un facteur 30
d’un jour sur l’autre ! La charge moyenne annuelle effective rapportée à la charge nominale de
l’installation est appelée facteur de charge ; cette grandeur est très importante dans le calcul de
rentabilité d’une installation énergétique car elle représente le temps que l’éolienne travaille à sa
puissance maximale. Sur terre dans nos régions, il est de l’ordre de 20 % à 25 % ; en mer, on peut
atteindre 40 %. C’est-à-dire qu’un parc éolien onshore (sur terre) de 30 GW en France ou en
Belgique peut très bien ne produire que l’équivalent de 6 GW de centrales thermiques, et pas à la
demande.
Pour faire face à cette intermittence, il est de plus en plus question en Europe de développer un
supergrid en mer du Nord pour relier les parcs éoliens, couplé à un supergrid terrestre qui permettrait
de relier et d’exploiter le potentiel éolien du nord, le soleil du sud et les possibilités hydroélectriques
des massifs montagneux. Un supergrid est un réseau de transport d’électricité sur de très grandes
distances. À la différence des réseaux classiques utilisant du courant alternatif, les supergrids
s’appuient sur des lignes à courant continu haute tension (CCHT) qui minimisent les pertes induites
par le transport (jusqu’à 25 %). De tels réseaux permettraient d’accroître la part des énergies
renouvelables, de diminuer parallèlement les émissions de CO et de réduire la dépendance
2
énergétique vis-à-vis des pays du Golfe et de la Russie. Toutefois, ces projets coûtent cher.
Comment, dès lors, les financer, mutualiser les coûts et plus tard sans doute le prix de l’électricité
(qui varie fortement d’un pays à l’autre) sans une réelle politique européenne de l’énergie ?
Les énergies solaires
Une petite fraction de l’énergie que rayonne le Soleil vers notre planète suffirait, en théorie, à
combler tous les besoins énergétiques de l’humanité, sans menace d’épuisement. Le problème est
que cette énergie est très diffuse et, bien sûr, rythmée par l’alternance jour-nuit. Si l’intermittence
n’est pas un problème pour les applications thermiques, elle constitue une limite au développement
d’électricité d’origine solaire à grande échelle.
Le solaire thermique
Les technologies solaires thermiques contribuent de manière significative à la production d’eau
chaude sanitaire dans de nombreux pays : en 2015, près des deux tiers des installations en service
étaient dédiées à cet usage. Les capteurs solaires sont aussi utilisés pour des systèmes combinés (eau
chaude sanitaire et chauffage de bâtiment), pour le chauffage de piscines, les centrales de chauffage
solaire, les procédés industriels ou encore la climatisation solaire.
Les capteurs permettent de recueillir l’énergie lumineuse transmise par rayonnement et de la
communiquer à un fluide caloporteur (gaz ou liquide) sous forme de chaleur. Beaucoup de capteurs
sont vitrés : ce sont des capteurs plans (surtout en Europe) ou des capteurs à tubes sous vide
(principalement en Chine). Aux États-Unis, au Brésil et en Australie, les capteurs non vitrés
dominent.
La production en solaire thermique a été multipliée par quatre depuis 2005 pour atteindre 435
Gigawatts thermiques en 2015. La grande majorité de la capacité de chaleur solaire (71 % de la
capacité totale en 2014) se trouve en Chine.
Le solaire photovoltaïque
L’électricité photovoltaïque est produite par transformation d’une partie du rayonnement solaire par
une cellule photovoltaïque, composant électronique qui, exposé à la lumière, génère une tension
électrique et produit du courant continu. Les cellules photovoltaïques se présentent sous la forme de
deux fines plaques en contact étroit. Pour 90 % d’entre elles, elles sont constituées de semi-
conducteurs à base de silicium, pris en sandwich entre deux électrodes métalliques – mais d’autres
matériaux sont aussi utilisés comme des polymères. Pour l’avenir, il est beaucoup question du solaire
photovoltaïque concentré dont le rendement serait double (plus de 40 %) et qui réduirait fortement le
nombre de cellules et les surfaces. Les panneaux solaires actuels ont une durée de vie de 20 à plus de
30 ans et sont presque intégralement recyclables. On peut les utiliser sur des toitures de maisons ou
d’entrepôts ou dans des centrales.
Dans le monde, le parc solaire photovoltaïque est passé de 5,1 GW en 2005 à 227 GW en 2015. La
Chine dispose aujourd’hui du premier parc mondial ; elle est suivie par l’Allemagne (premier pays
jusqu’en 2014), le Japon, les États-Unis et l’Italie. La Chine est aussi le premier producteur de
cellules. Comme il faut beaucoup d’énergie pour réduire la silice en silicium, le photovoltaïque est la
source d’énergie renouvelable qui émet le plus de gaz à effet de serre, mais dans des quantités
toutefois beaucoup moins importantes que n’importe quelle source fossile.
Le solaire thermodynamique
C’est sans doute l’utilisation la plus ancienne (déjà connue dans l’Antiquité) de l’énergie solaire :
concentrer les rayons solaires en un seul point afin d’obtenir des températures très élevées.
De nos jours, les centrales de ce type, dites hélioélectriques, sont composées d’une multitude de
capteurs souvent paraboliques et orientables qui concentrent les rayons solaires et les dirigent vers
une chaudière unique. Cela permet de chauffer des fluides calo-porteurs (souvent de l’huile ou des
sels fondus) à des températures allant en général de 250 à 1 000 °C. Ces fluides chauffent de la
vapeur d’eau qui entraîne des turbines qui, à leur tour, produisent de l’électricité comme dans des
centrales classiques. Les États-Unis dominent ce marché où l’on trouve peu d’autres pays, à
l’exception de l’Espagne.
Des centrales électriques solaires de plus en plus grandes
La plus grande centrale photovoltaïque actuelle a une puissance de 648 MW : inaugurée en Inde fin
2016, la centrale de Kamuthi comporte 2,5 millions de panneaux solaires, nettoyés par des robots et
s’étalant sur 10 km . Elle devance la ferme solaire Topaz en plein désert californien, d’une puissance
2
de 550 MW et connectée au réseau électrique fin 2014 ; installés sur 25 km , ses panneaux solaires ne
2
sont surélevés que de 1,7 mètre afin de limiter l’impact sur le paysage. Fin 2015, une centrale plus
grande encore, appelée Solar Star, elle aussi en Californie, devrait disposer d’une puissance de
579 MW.
La plus grande centrale thermodynamique a une capacité de 392 MW et compte 175 000 héliostats.
C’est la centrale d’Ivanpah, entrée en activité en février 2014 dans le désert de Mojave, en Californie.
Les centrales solaires sont bien adaptées aux régions où le besoin de climatisation est important
(synchronisme entre production et demande). Leur taille rejoint, voire dépasse, celle des centrales
thermiques classiques, mais le facteur de charge – quoique très élevé en Californie – ne dépasse
jamais 35 %.
Les autres ressources renouvelables
La géothermie permet de produire de la chaleur ou de l’électricité. Elle a été exploitée avant le
premier choc pétrolier, comme l’énergie marémotrice qui est un type particulier d’énergie
hydraulique, au même titre que d’autres sources renouvelables de la mer. Parmi elles, seul l’éolien
offshore posé est arrivé aujourd’hui au stade de maturité, l’éolien flottant pour des installations au-
delà de 50 mètres de profondeur n’étant encore qu’au stade de démonstration.
La géothermie : formes et technologies
La géothermie (ou chaleur de la Terre) est issue de la circulation d’eaux en profondeur réchauffées
par la proximité des magmas. Ce n’est donc pas une énergie intermittente puisqu’elle est
indépendante des conditions climatiques, de la saison et du moment de la journée.
On distingue la géothermie de surface, qui exploite la chaleur superficielle et l’inertie thermique du
sol (de quelques dizaines de centimètres à une centaine de mètres de profondeur) pour le chauffage
et/ou la climatisation des logements individuels, et la géothermie profonde, qui exploite la chaleur
des nappes aquifères ou des roches sèches profondes (de quelques centaines de mètres à plusieurs
kilomètres de profondeur) pour le chauffage et/ou la production d’électricité. Il existe de la
géothermie à basse et très basse énergie, qui produit de la chaleur à partir de réservoirs d’eau chaude,
et de la géothermie à haute énergie, qui produit de l’électricité à partir de réservoirs de vapeur.
La production de chaleur d’origine géothermique s’appuie principalement sur trois technologies : le
puits canadien (géothermie de surface), la pompe à chaleur (géothermie de surface) et le réseau de
chaleur (géothermie profonde). Ces trois technologies permettent de transférer les calories contenues
dans le sol (aquifères ou roches) à un fluide caloporteur qui alimente les immeubles.
La géothermie dans le monde
En termes de production électrique d’origine géothermique, la puissance totale installée des centrales
géothermiques atteignait 12,6 GW en 2015, avec une production de près de 73 TWh, soit moins de
0,1 % de la production électrique mondiale. 26 pays sont concernés par cette technologie ; parmi eux,
un producteur domine les autres : les États-Unis. En termes de production directe de chaleur
d’origine géothermique, la puissance fournie en 2015 atteignait 70 GW thermiques, ce qui
correspond à une production équivalant à plus de 163 TWh. La géothermie-chaleur constituait ainsi
la deuxième énergie renouvelable pour les usages thermiques, après la biomasse. Les pays
producteurs sont assez nombreux : 75 au total, dont deux plus importants : la Chine et les États-Unis.
Cette forme d’énergie connaît par ailleurs une croissance assez nette, les derniers chiffres disponibles
traduisant une augmentation de plus de 39 % entre 2010 et 2015.
L’énergie marémotrice
C’est la première des énergies de la mer à avoir été exploitée. C’est en effet en 1966 que fut mise en
service l’usine marémotrice de la Rance, près de Saint-Malo, qui a été jusqu’en 2011 – année du
démarrage de la centrale de Sihwa (254 MW) en Corée du Sud – la seule grande centrale de ce type.
Sa puissance est de 240 MW et, comme l’usine fonctionne non seulement au flux et au reflux mais
utilise aussi un système de pompage pendant les heures creuses dans le but d’élever le niveau du
bassin intérieur ou de le faire baisser, son facteur de charge peut atteindre 25 % mais sa production
est seulement de l’ordre de 500 GWh. L’usine est en rénovation jusqu’en 2025.
Les contraintes de localisation de telles centrales sont importantes : de fortes amplitudes de marées
sont nécessaires (au moins 5 mètres) et le site doit permettre la construction d’un barrage dans de
bonnes conditions. De même, les défis technologiques et écologiques à relever sont souvent
nombreux. Toutefois, le potentiel de l’énergie marémotrice dans le monde n’est pas négligeable
(environ 1/10 de la production mondiale d’hydroélectricité) et de nouveaux projets sont élaborés,
comme « Swansea Lagoon » (240 MW) au Royaume-Uni, avec construction d’un lagon artificiel à
hauteur de la baie de Swansea.
L’énergie éolienne offshore
C’est en 1991 que la première éolienne offshore a été installée à Vindeby, au Danemark, et c’est au
début des années 2000 qu’on a vu apparaître les premiers parcs éoliens (dénommés aussi « fermes
éoliennes »). Mais quel essor depuis : fin 2016, l’Europe, qui concentre 95 % de la capacité
mondiale, compte 3 589 éoliennes regroupées en 81 fermes avec une capacité installée de 12,6 MW.
Toutefois leur production – 46 TWh – ne représente que 0,2 % de la consommation totale
d’électricité.
Les avantages de l’éolien offshore par rapport à l’éolien terrestre sont nombreux : des vents plus forts
et plus réguliers, un éloignement des côtes qui diminue les conflits d’usage, un meilleur facteur de
charge et dès lors un moindre recours à des centrales pour pallier à l’intermittence et une production
de CO moitié moindre pour une quantité égale d’énergie éolienne produite ; mais les sites pouvant
2
accueillir les éoliennes sont plus rares et surtout les projets sont plus coûteux et nécessitent
fréquemment l’aide des pouvoirs publics.
Les énergies renouvelables sont-elles viables ?
Pour qu’une source d’énergie soit viable, elle doit être accessible au plus grand nombre, présenter
une garantie de fourniture à long terme, avoir un impact environnemental minime et être
économiquement compétitive. Cette dernière condition handicape sans aucun doute les énergies
renouvelables et, plus encore, les énergies de la mer dont le développement constitue un réel défi.
Une question largement débattue
La question du futur des énergies renouvelables est régulièrement débattue : elle oppose les partisans
de ces énergies à certains groupes de pression représentant les énergies traditionnelles. Chiffres à
l’appui, ceux-ci ont tendance à reléguer les énergies renouvelables au second plan. Ils avancent des
valeurs absolues en termes de production d’énergie relativement faibles, alors que les défenseurs du
renouvelable évoquent, eux, des taux de croissance favorables, en termes non seulement de
production mais aussi d’emplois : d’après Irena (l’Agence internationale pour les énergies
renouvelables), le secteur compte 9,8 millions d’emplois en 2016 et pourrait atteindre 24 millions
d’ici 2030, compensant les pertes d’emplois dans le secteur des combustibles fossiles.
En ce qui concerne la part du secteur au niveau énergétique, il faut se prémunir contre certaines
confusions fréquentes et garder à l’esprit que la part des énergies renouvelables n’est pas équivalente
si on la calcule dans la consommation d’énergie finale ou dans la seule production d’électricité.
Concernant l’énergie finale, cette part diffère aussi si l’on considère toutes les énergies renouvelables
ou uniquement les énergies « nouvelles », dites EnR, donc sans la biomasse traditionnelle.
titres de plus gros consommateur d’énergie et de plus gros émetteur de gaz à effet de serre.
Avant 1973, l’abondance d’une énergie bon marché faisait partie de l’American Way of Life. De 1985
à 2000, l’énergie semblait avoir disparu de l’agenda politique interne, puis l’augmentation des prix
de l’énergie a relancé le sujet et abouti au passage, en 2005, de l’Energy Policy Act. Pus récemment,
la montée en production des hydrocarbures de roche-mère (gaz et huile « de schiste ») a bouleversé le
paysage énergétique américain. Un des objectifs essentiels de la politique étrangère des États-Unis
est la liberté d’accès aux réserves de pétrole du Moyen-Orient. Une large part du budget militaire
américain est consacrée à cela.
Les États-Unis ont d’énormes réserves de charbon : de l’anthracite dans les Appala-ches, du charbon
bitumineux dans le centre du pays et du lignite exploité à ciel ouvert dans les États du Nord-Ouest.
En dépit d’un récent transfert vers le gaz (34 %), le charbon reste la première source d’électricité du
pays (30 %) en 2016. Cette importance du charbon dans l’économie américaine explique la non-
ratification du protocole de Kyoto. On a assisté en 2015 avec la COP 21 à une évolution parallèle des
États-Unis et de la Chine qui ont participé aux négociations climatiques, mais l’élection de Donald
Trump peut inquiéter... Indépendamment du pouvoir fédéral, certains États, notamment la Californie,
ont pris depuis longtemps des mesures énergiques pour limiter les gaz à effet de serre. Les États-Unis
sont enfin les premiers producteurs d’électricité nucléaire.
UE, Chine, Inde : consommateurs contrastés
« Vieille » Europe, Chine triomphante et Inde émergente, voici un mélange hétéroclite… Et
pourtant ces régions ont en commun d’être de grandes importatrices d’énergie, impliquées chacune
à leur manière dans une transition énergétique importante.
L’Union européenne
En 2000, l’Union européenne importait 50 % de sa consommation en pétrole, gaz et charbon, qui
fournissent 75 % de son énergie primaire. En 2030, cette part importée atteindra 70 %, rendant
l’Union encore plus dépendante du gaz russe et du pétrole du Moyen-Orient.
L’Union a édicté des objectifs communs en matière d’économies d’énergie, de réduction des
émissions de gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables, mais les autres
volets de la politique énergétique varient beaucoup d’un pays à l’autre, notamment dans le domaine
nucléaire.
La République populaire de Chine
Entre 2006 et 2010, les États-Unis ont cédé à la Chine les titres de premier consommateur d’énergie
et de premier émetteur de gaz à effet de serre. Ceci dit, il ne faut pas oublier qu’une part non
négligeable des émissions chinoises vient de la fabrication de biens exportés vers les pays de
l’OCDE.
Avant tout, la Chine, c’est le charbon, dont elle est le premier producteur mondial, avec plus de
3,5 milliards de tonnes extraites en 2013, lignite inclus, auxquelles s’ajoutent 320 millions de tonnes
importées. Préoccupé par la pollution, le gouvernement chinois développe les énergies nucléaire et
renouvelables, annonce la fin de la croissance du charbon et participe désormais aux négociations
internationales sur l’effet de serre. Si la production d’électricité nucléaire de la Chine ne la place
encore qu’en cinquième position, son programme de construction de réacteurs est, de loin, le premier
du monde. La Chine est aussi le premier exportateur de panneaux solaires photovoltaïques.
L’Union indienne
La population indienne dépassera sans doute celle de la Chine vers 2030. La croissance économique
du pays est également très forte, entre 7,5 et 9 % par an depuis une dizaine d’années. L’Inde apparaît
de plus en plus comme une puissance économique planétaire, mais elle n’a pas réglé le problème de
la pauvreté. La croissance reste concentrée sur quelques zones et n’a, pour l’instant, qu’un impact
limité sur le reste du territoire.
L’Inde est le troisième producteur mondial de charbon (615 Mt) dont elle importe 180 Mt/an.
Troisième producteur mondial d’électricité, le pays connaît dans ce secteur un déficit permanent que
le gouvernement espère combler par des « super-mégaprojets » de centrales à charbon, alors que
celui-ci produit déjà 71 % de l’électricité. De 1974 à 2009, l’Inde a dû développer seule son
programme nucléaire. Elle bénéficie désormais d’un statut d’exemption et peut avoir accès à l’aide
internationale, indispensable pour atteindre ses objectifs ambitieux en la matière.
Le « tournant énergétique » allemand : modèle
ou repoussoir ?
Pour compenser leur sortie programmée du nucléaire, les Allemands ont investi depuis près de
20 ans des sommes considérables dans le photovoltaïque et l’éolien, sources d’électricité
renouvelables mais intermittentes. Comme ils sont souvent cités en exemple, il est important
d’évaluer les aspects positifs et négatifs de leur expérience.
La genèse de l’Energiewende
Il est d’usage de prendre l’année 1990 comme référence pour évaluer les variations de consommation
d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre (GES). Dans le cas de l’Allemagne, la référence n’est
pas significative car elle se situe avant la réunification. La RDA possédait de nombreuses industries
énergivores et polluantes dont beaucoup ont été fermées très peu de temps après sa disparition. Pour
prendre un peu de distance avec cet événement exceptionnel, nous prendrons comme référence
l’année 2000. Ce choix est d’autant plus justifié que le tournant énergétique allemand, ou
Energiewende, date des élections générales de 1998 qui ont vu la CDU perdre la majorité au profit de
la coalition entre le SPD et les Verts, dirigée par Gerhard Schröder. Le nouveau gouvernement
décide alors de l’arrêt de toutes les centrales nucléaires allemandes avant 2022. En 2000,
l’Allemagne était le quatrième producteur mondial d’électricité nucléaire, derrière les États-Unis, la
France et le Japon et devant la Russie. Le nucléaire produisait 31 % de son électricité.
Deux ans de discussions entre le gouvernement et les compagnies d’électricité ont défini les
modalités de cette sortie programmée du nucléaire et, en 2000, la loi « EEG » a acté cette sortie et a
promu le remplacement du nucléaire par l’électricité d’origine renouvelable, très fortement
subventionnée :
- les propriétaires de panneaux solaires et de fermes éoliennes bénéficient désormais d’un accès
prioritaire au réseau ;
- la loi allemande garantit l’indemnisation totale des coûts d’investissement. Les taux offerts sont
garantis 20 ans à partir de l’année d’installation, mais ceux-ci baissent chaque année pour les
nouveaux systèmes installés ;
- le coût de ces tarifs de rachat est répercuté sur les consommateurs domestiques. Jusqu’à 2015, la
surtaxe a fait augmenter le prix de détail de 6,1 centimes le kilowattheure (sans compter les frais de
raccordement mensuels).
Les conséquences de Fukushima
En 2005, la CDU remporte la majorité des sièges et Angela Merkel remplace Schröder. Elle fait voter
au Bundestag, en septembre 2010, un amendement qui repousse d’une douzaine d’années la sortie du
nucléaire. Mais après la catastrophe nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011, elle décide de fermer
immédiatement 8 des 17 réacteurs du pays. Deux mois plus tard est annoncée la sortie du nucléaire
pour 2023.
Quels résultats ?
Après 15 ans, on constate la diminution de 10 % de la consommation énergétique, notamment par
une meilleure pénétration de l’électricité. Mais l’augmentation spectaculaire de la production
d’électricité d’origine renouvelable n’a pas permis de réduire significativement l’usage des
combustibles fossiles ni de réduire la capacité des centrales fossiles en « backup ».
Pourtant, l’effort financier a été considérable : l’Institut pour la compétition économique de
l’université de Düsseldorf a calculé le coût total de l’Energiewende : plus de 150 milliards d’euros
sur la période 2000-2015. En extrapolant sur la période 2000-2025, l’Institut arrive au chiffre de
520 milliards d’euros, dont 56 milliards d’euros pour renforcer le réseau électrique. L’Allemagne
espérait devenir le premier fournisseur mondial de panneaux solaires, mais c’est la Chine qui l’est
devenue.
Le tournant énergétique allemand a fragilisé le réseau électrique européen : quand le vent souffle très
fort sur la mer du Nord, à cause de la priorité d’accès de l’éolien sur leur réseau, les Allemands
doivent parfois indemniser leurs voisins pour que ceux-ci acceptent d’importer de l’électricité (le
2 mai 2017, ce prix négatif a atteint -75 €/MWh) ! De plus, les centrales thermiques nécessaires pour
compenser les manques de vent et de soleil ont un facteur de charge trop bas pour être rentabilisées :
il faut aussi les subventionner pour éviter leur fermeture, qui créerait des risques de blackout.
Comment se situe l’Allemagne dans l’Union européenne ? Prenons deux critères : les émissions
individuelles de CO liées à l’énergie et le prix de l’électricité facturée aux ménages (cartes ci-
2
contre).
Alors… Modèle ou repoussoir ? Il est peut-être encore trop tôt pour se prononcer, mais une chose est
certaine : il faut avoir les reins solides de l’économie allemande pour se payer une expérience aussi
coûteuse, et ce n’est pas le cas de la plupart des États membres de l’Union européenne.
L’Afrique subsaharienne : une inconnue
énergétique
Le développement de l’Afrique subsaharienne est l’inconnue de ce siècle, mais combiné à la
croissance démographique de cette région, il entraînera une forte augmentation des besoins en
énergie, aujourd’hui fort bas. Riche en ressources naturelles, l’Afrique est exportatrice de pétrole et
de gaz et dispose d’un fort potentiel hydraulique et solaire. Ce continent, secoué par les conflits,
saura-t-il satisfaire ses besoins en énergie ?
Quand l’Afrique s’éveillera…
Sur les splendides photos de notre planète prises de nuit depuis l’espace, l’Afrique est bien le
continent noir : on voit plus de lumières dans la petite Belgique que dans toute l’Afrique
subsaharienne. À la fin du XX siècle, cette partie du continent, encore sous le coup de la
e
Sur un même trajet, en Europe, un passager en voiture particulière consomme cinq fois plus
d’énergie qu’en métro ou en TGV. Encore faut-il que les infrastructures et l’urbanisme le permettent,
d’où l’importance de l’aménagement du territoire pour réguler les consommations énergétiques. Pour
les marchandises, le train diesel consomme à la tonne transportée un peu plus que la voie d’eau, mais
deux fois moins que les poids lourds de plus de 25 tonnes, neuf fois moins que les véhicules
utilitaires légers et vingt-neuf fois moins que l’avion.
D’une manière générale, la mobilité est bien sûr liée au niveau de vie des populations et au
développement économique.
Analyser l’énergie dans une perspective mondiale est aujourd’hui fondamental tant sont fortes les
interdépendances entre les hommes en termes d’accès aux ressources et aux technologies et en
termes d’environnement. De fait, les impacts de l’énergie – et plus particulièrement le réchauffement
climatique – méconnaissent les frontières politiques, économiques et même naturelles. Mais les
bonnes pratiques et les actions innovantes sont généralement mises en œuvre localement,
régionalement, voire au niveau national, d’où l’intérêt de présenter des études de cas à ces échelles.
Cette articulation globale-locale a constitué un fil rouge pour cet ouvrage dont les nombreuses cartes
montrent les ancrages territoriaux de l’énergie et permettent de s’interroger sur les fortes disparités à
toutes les échelles spatiales. Une question émerge alors : un développement plus égalitaire et plus
propre est-il possible ?
Pour y répondre, il convient de replacer cette problématique dans le cadre du développement durable,
qui se veut à la fois équitable, vivable et viable, combinant ainsi les dimensions économique,
environnementale et sociale auxquelles on associe de plus en plus des règles de bonne gouvernance.
C’est particulièrement évident dans trois champs d’action prioritaires : la mobilité, l’aménagement du
territoire et la consommation.
Toutefois, comprendre les problèmes énergétiques reste un exercice difficile vu la complexité
croissante de ces derniers, combinaisons d’aspects technologiques, politiques, économiques,
sociaux… En outre, l’abondance d’informations parfois contradictoires et la multiplication de prises
de position diverses ne simplifient pas la tâche des citoyens. Départager l’essentiel de l’accessoire,
définir avec précision les notions de base, expliquer comment les choses fonctionnent, présenter des
questions en débat – comme les hydrocarbures non conventionnels, la viabilité des énergies
renouvelables, le charbon propre ou l’avenir du nucléaire par exemple… voilà les objectifs de cet
Atlas des énergies mondiales. À partir des données les plus récentes possibles, il fournit des clés pour
comprendre les problématiques actuelles, se forger une opinion et agir.
Ce tour du monde des problèmes énergétiques met en somme bien en évidence les grands enjeux
auxquels les hommes vont être confrontés mais il présente aussi certaines réponses possibles comme
les économies d’énergie, l’accroissement de l’efficacité énergétique, la diminution drastique des
pollutions et, bien entendu, la réduction des disparités entre les régions de la planète, de même
qu’entre les hommes au sein de ces régions.
Bernadette Mérenne-Schoumaker
Bibliographie et sites Internet
BIBLIOGRAPHIE
Principales statistiques
Agence internationale de l’énergie (AIE/IEA)
- Publications annuelles : Key World Energy Statistics et World Energy
Outlook.
British Petroleum (BP)
- Publication annuelle : BP Statistical Review of the World Energy.
Energy Information Administration (EIA), É tats-Unis
- Publication annuelle : Annual Energy Outlook.
Ministère de la Transition écologique et solidaire
- É nergies et climat : plusieurs publications annuelles pour la France.
- Chiffres clés de l’énergie et Chiffres clés des énergies renouvelables.
Réseau de transport d’électricité (RTE)
- Statistiques de l’énergie électrique en France
J.-M. CHEVALIER, Les 100 mots de l’énergie, Paris, PUF, coll. « Que sais-
je ? », 2008.
B. MÉ RENNE-SCHOUMAKER, Énergies
et minerais. Des ressources sous tension,
Paris, La Documentation française, La Documentation photographique,
n° 8098, 2014.
P. PIRO, La
Transition énergétique ? Comprendre vite et mieux, Paris,
Belin-Cité des Sciences, 2014.
Y. MATHIEU, Le dernier
siècle du pétrole ? La vérité sur les réserves
mondiales, Paris, Technip, 2010.
SITES INTERNET
Généralités sur l’énergie
• Agence internationale de l’énergie (AIE/IEA) : www.iea.org
• Bertrand Barré (site bilingue) : www.bertrandbarre.com
• British Petroleum (BP) : www.bp.com
• Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement
(CNUCED) Commodities and Development :
http://unctad.org/en/Pages/SUC/Commodities-Special-Unit.aspx
• Conseil mondial de l’énergie (WEC) – Conseil français de l’énergie
(CFE) : www.wec-france.org
• É nergie Choix futur, blog de P. Papon : http://pierrepapon.fr
• Energy Information Administration (EIA), É tats-Unis :
www.eia.doe.gov
• IFP É nergies nouvelles (IFPEN) : www.ifp.fr
• Encyclopédie de l’énergie : www.encyclopedie-energie.org
• Manicore, site de J.-M. Jancovici : www.manicore.com
• Ministère de de la Transition écologique et solidaire :
www.developpement-durable.gouv.fr
• Planète-É nergies : www.planete-energies.com/fr
• Réseau de transport d’électricité (RTE) : www.rte-france.com
• Encyclopédie de l’énergie : encyclopedie-energie.org
L’énergie nucléaire
• Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA/IAEA) :
www.iaea.org
• Agence pour l’énergie nucléaire (AEN/NEA) : www.oecd-nea.org
• Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives
(CEA) : www.cea.fr
• Société française d’énergie nucléaire : www.sfen.org
• World Nuclear Association : www.world-nuclear.org
Énergie et environnement
• Actu Environnement : https://www.actu-environnement.com/energie/
• Association Sauvons le climat : www.sauvonsleclimat.org
• Carbon Dioxine Information Analysis Center (CDIAC) :
http://cdiac.ornl.gov/#
• Global Chance : www.global-chance.org
• Encyclopédie de l’environnement : http://www.encyclopedie-
environnement.org/
• Groupement intergouvernemental d’étude des climats (GIEC) :
www.ipcc.ch
Énergie et territoires
• Ateliers énergie et territoires :
www.edfvilledurable.fr/atelierenergieetterritoires
• Energy Cities : www.energy-cities.eu
Index
A
Accidents 1, 2, 3, 4
Afrique 1, 2
Allemagne 1, 2
Acteurs de l’énergie 1, 2
AIE (Agence internationale de l’énergie, en anglais IEA) 1
Agrocarburants 1, 2
Aménagement
durable 1, 2
du territoire et énergie 1
Approvisionnement 1, 2
Autopartage 1
B
Barrage 1, 2, 3
Bilan énergétique 1
Biomasse 1, 2
Biogaz 1
Bois 1
C
Capteur solaire 1
Carburant 1
Centrale
hydraulique 1
nucléaire 1
thermique 1
Charbon 1, 2, 3
Charbon de bois 1
Chine 1, 2
Circuits courts 1
CO2 1, 2, 3
Cogénération 1
Compagnies pétrolières 1
Conflit énergétique 1, 2
Consommation
durable 1
d’énergie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
et énergie 1, 2, 86, 87
Confinement 1, 2
Conseil mondial de l’énergie (WEC) 1
Conversion ligno-cellulosique 1
Coû t de l’énergie 1, 2
Covoiturage 1
D
Déchets 1, 2
agricoles 1, 2
radioactifs 1
Déforestation 1
Déjections animales 1, 2
Développement durable 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35,
36, 86, 87
Diversification 1, 2, 3
E
É changes d’énergie 1, 2
É cobilan (ACV) 1
É conomies d’énergie 1, 2, 3
É coquartiers 1
Effet de serre 1, 2
Efficacité énergétique 1, 2
É lectricité 1, 2, 3, 4
accès 1
consommation dans monde 1, 2
coû ts 1
de base 1
de pointe 1
et développement 1
flux 1
prix 1
production 1-unu5
É nergie 1, 2
acteurs 1, 2
aménagement du territoire
et urbanisme 1, 2
avenir 1, 2
calorifique 1
chimique 1
cinétique 1
coû ts 1, 2
dans le monde 1, 2
de stock 1
de flux 1
de la mer 1, 2, 3
domestique 1
efficacité 1, 2
électrique 1, 2
éolienne 1, 2
éolienne offshore 1, 2, 3
et développement 1, 2, 3, 4
et modes de consommation 86, 87
et réduction des inégalités 1, 2
finale 1
fossile 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
géothermique 1
grise 1
houlomotrice 1, 2
hydraulique 1, 2
hydrolienne 1, 2
lumineuse 1
marémotrice 1, 2, 3
mécanique 1
nucléaire 1, 2, 3, 4, 5
osmotique 1
politique de l’Union européenne 1
primaire 1, 2
renouvelable 1, 2, 3, 4
secondaire 1, 2
solaire 1, 2
thermique 1
thermique des mers 1
transports et mobilités 1, 2
utile 1
Energiewende 1
Environnement 1, 2, 3
É oliennes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
EPR 1
É tats-Unis 1
É thanol 1
F
Facteur de charge 1, 2, 3, 4, 5
Ferme éolienne 1, 2
Fermentation alcoolique 1
Fission 1
Formes d’énergie 1, 2
Fukushima 1, 2
Fusion nucléaire 1
G
Gaz 1, 2
à effet de serre (GES) 1, 2
consommation 1
de pétrole 1
de schiste 1
de ville 1
flux 1
naturel 1
naturel liquéfié (GNL) 1
non conventionnel 1
prix 1
réseau 1, 2
Gazoduc 1, 2, 3, 4, 5
Géopolitique 1
Géothermie 1
Gestion des déchets 1, 2
GIEC (Groupement intergouvernemental d’étude des climats) 1, 2
Grisou 1
H
Houille 1 (voir aussi Charbon)
Huiles extralourdes 1
Hydraulique 1, 2
grande 1
petite 1
Hydrocarbures (voir Pétrole)
Hydrocarbures
non conventionnels 1, 2
Hydroélectricité 1
Hydrogène 1, 2, 3, 4, 5, 6
Hydrolienne 1, 2
I-L
IDH (Indice de développement humain) 1, 2
Inde 1, 2
Indépendance énergétique 1, 2
Inégalités 1, 2
Interdépendance 1
Intermittence 1, 2, 3, 4, 5, 6
ITER 1
Lithium 1
M
Marées noires 1, 2
Maturité des énergies marines 1
Métaux fissiles et fertiles 1, 2
Méthanier 1
Méthanisation 1
Mix énergétique 1, 2, 3
Mobilité durable 1, 2
Modèle TOD (Transit Oriented development) 1
Modes de consommation et énergie 1, 2
Moyen-Orient 1
Multimodalité 1, 2
N
Nuisances 1, 2
Non-prolifération 1
Nouvelles technologies 1
Nucléaire 1, 2, 3
consommation 1
risques 1, 2, 3
O
Oléoduc 1
Opep (Organisation des pays producteurs de pétrole) 1
Opaep (Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole) 1
P
Peak oil 1
Pellets 1, 2
Pétrole 1, 2-unu3, 4, 5, 87
consommation 1
flux 1
multinationales 1
risques 1
Pétrolier 1
Photovoltaïque 1, 2
Plateformes multimodales 1
Pile à combustible 1
Plutonium 1
Pollutions 1, 2
réduction 1
Pompe à chaleur 1, 2
Précarité énergétique 1, 2
Prévention des risques 1, 2
Production
agrocarburants 1, 2, 3, 4
charbon 1, 2, 3, 4, 5
électricité 1-unu5, 2
énergie nucléaire 1, 2, 3
énergies renouvelables 1, 2, 3, 4, 5, 6
gaz naturel 1, 2
géothermie 1, 2, 3, 4
hydroélectricité 1, 2, 3, 4
pétrole 1, 2, 3, 4
Produits pétroliers 1
R
Raffinage du pétrole 1
Réacteur nucléaire 1
Réchauffement climatique 1, 2
Réduction des inégalités et énergie 1, 2
Réseaux d’énergie 1, 2
Réserves 1-unu2
charbon 1
gaz 1, 2
pétrole 1, 2, 3
sables asphaltiques 1
uranium 1, 2
Ressources
éoliennes 1, 2, 3, 4
fissiles 1
fossiles 1, 2, 3
géothermiques 1, 2, 3
hydroélectriques 1, 2
solaires 1, 2
d’hydrocarbures non conventionnels 1
Risques 1, 2, 3
Russie 1
S
Sables asphaltiques 1, 2
Schistes bitumineux 1, 2
Séquestration du CO2 1
Silicose 1, 2
Smart grids 1
Sobriété énergétique 1, 2, 3, 4
Solaire
photovoltaïque 1, 2
thermique 1
thermodynamique 1
Sources d’énergie 1-unu1
Stockage géologique 1, 2, 3
Sû reté nucléaire 1
Surgénérateur 1
Supermajors pétrolières 1
T
Tchernobyl 1, 2
Thorium 1
Tokamak 1, 2
TNP (Traité de non-prolifération) 1
Transition énergétique 1, 2
Transports
et énergie 1, 2
multimodaux 1, 2
Turbine
à cycle combiné 1, 2
à gaz 1, 2
U
Union européenne 1
Uranium 1, 2
réserves 1, 2
Urbanisme et énergie 1, 2
Unités d’énergie 1, 2, 3
V-X
Vecteurs d’énergie 1, 2, 3, 4
Viabilité des énergies renouvelables 1, 2
Voiture électrique 1
Vulnérabilité énergétique 1, 2