Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
15
Les années 1960 : les modérés face aux radicaux.
La condamnation de cette époque se retrouve
chez les romanciers des années 1960. Yambo
Ouologuem et Ahmadou Kourouma sont les plus
radicaux. Tandis que Cheikh Hamidou Kane paraît
plus modéré, au point que certains le jugent
favorable à ceux qui savent « lier le bois au bois »,
cet Occident qui fascine par sa capacité à
maîtriser la nature. Cependant, lui aussi s’insurge
contre la brutalité de l’envahisseur européen et la
sauvagerie des premiers contacts avec les
populations. Bien que plus nuancée, sa critique se
prolonge par une remise en question sérieuse de
la civilisation proposée/imposée aux Africains, à
travers l’école et la société urbaine. Sa critique de
l’histoire coloniale est aussi intense et profonde, à
travers une écriture plus mesurée, plus polie, plus
raffinée, que celles de Mongo Beti, de Ferdinand
Oyono, d’Ousmane Sembène [13][13] Pour en
savoir plus sur ces auteurs, lire le repère....
16
Premiers témoins de la colonisation, ils en
brossent un tableau à la fois caricatural et ridicule.
Dénoncer les mœurs et la bêtise de
l’administration (Ferdinand Oyono), se gausser de
l’entreprise des missionnaires (Mongo Beti), ou
fustiger le mépris des cadres coloniaux lors de la
grève des cheminots, ou vis-à-vis des tirailleurs
dans le Sénégal d’après guerre (Ousmane
Sembène), sont des prises de position sans
équivoque contre différents aspects de la société
et de la politique coloniales. Mais c’est
L’?Aventure ambiguë [14][14] Publié en 1961,
L’Aventure ambiguë est l’histoire de... de Cheikh
Hamidou Kane qui en dévoile les effets pervers
sur la conscience, sur la vision du monde des
colonisés, qui en perçoit le rôle destructeur et
irréversible sur les sociétés archaïques et leurs
valeurs. En portant la critique au niveau moral et
philosophique, il démontre à la fois le danger et
l’envergure de la domination européenne qui
mettait en péril l’âme même des peuples
colonisés : en l’occurrence, la foi islamique et les
valeurs de la Pulaagu, soit les bases mêmes de la
personnalité peule. C’est sans doute ce haut
degré de coïncidence avec un moment de
l’histoire, lorsque le politique modifie
profondément la vie sociale et culturelle, qui a fait
de L’?Aventure ambiguë un livre paradigme de
cette histoire coloniale pour des générations
d’Africains de toutes origines.
Le tournant des indépendances
17
Les années 1960-1980 : mutations internes. On
peut penser que les indépendances ont permis de
tourner la page et de libérer les écrivains noirs de
leur « devoir d’histoire ». De fait, le mouvement est
amorcé, en poésie notamment. Une période
d’euphorie, où les chants d’allégresse célèbrent la
liberté nouvelle et un avenir plein de promesses,
jaillit de la plume des jeunes poètes du Cameroun,
du Congo, du Mali, comme d’Aimé Césaire ou de
Léopold Sédar Senghor, vieux combattants
croyant toucher enfin le port. Cette parenthèse
dure moins de dix ans.
18
En effet, très vite, deux romanciers et deux
dramaturges sonnent l’alarme. Rien n’est fini, pas
question de désarmer, le néocoloniasme arrive,
affirment-ils. Aimé Césaire le met en scène avec
le ballet des banquiers dans Une saison au Congo
(1966) ; Bernard Dadié avec la nouvelle
bourgeoisie locale dans Monsieur Thôgô-gnini
(1970) ; Yambo Ouologuem dans Le Devoir de
violence (1968) dresse la fresque de cette classe
de parvenus africains qui fait bon ménage avec le
colon en partance ; Ahmadou Kourouma, enfin,
révèle dans Les Soleils des indépendances (1968)
les failles dans la société traditionnelle comme
dans la ville moderne, qui menacent l’équilibre de
cette Afrique nouvelle. Et chaque roman de
Kourouma va plus loin et plus profondément dans
la critique de l’évolution de cette société. En
réalité, ses romans ne quittent jamais le point de
vue historique, au point qu’on peut prendre son
œuvre comme exemple pour suivre les étapes et
accidents de l’histoire africaine [15][15] Monnè,
outrages et défis (1990) est un flashback sur....
Chaque roman est la représentation d’un des
moments-clés des États du continent et met en
évidence le processus de sa détérioration.
19
En 1968, Yambo Ouologuem affronte lui aussi
l’histoire coloniale avec Le Devoir de violence.
Mais sa lucidité, doublée de cynisme, et une
volonté manifeste de démystifier l’a priori d’une
Afrique précoloniale idyllique, provoque un
malaise dans l’intelligentsia de la Négritude qui
avait privilégié jusqu’ici l’innocence, voire
l’irresponsabilité des chefs traditionnels devant
l’envahisseur étranger. Mais entre les
années 1970 et 1980, les écrivains africains
développent davantage le roman de mœurs et les
multiples problèmes affectant les sociétés en
mutation. Ville et campagne, État et famille-ethnie,
modernisme et tradition, sont les thèmes
dominants dans tous les ouvrages qui prennent
pour sujet l’éducation, l’union matrimoniale, la vie
communautaire, le travail et le développement. Il
s’agit alors plutôt d’histoire des peuples à la
Georges Duby que d’histoire politique, car ces
romans, ces comédies, demeurent très proches
des réalités quotidiennes [16][16] Le Mandat
(1968) d’Ousmane Sembène, Les Fils de
Kouretcha.... Tous construisent un immense
puzzle de la vie sociale dans les vingt premières
années de l’indépendance. Malgré les partis
uniques mis en place un peu partout, les
structures de l’administration coloniale,
remplacées en coupé/collé par celles des
nouveaux États, tiennent bon. Et les peuples sont
plutôt optimistes dans la mesure où tout diplômé
trouve un emploi dans la fonction publique. La
conjoncture économique des Trente Glorieuses
en France se répercute sur l’économie africaine,
et sur la généreuse Coopération.
20
Les années 1980-2000 : l’avènement des écrivains
féminins [17][17] Voir le repère p. 118-119..
Depuis les années 1980 jusqu’aux années 2000,
l’intérêt pour les problèmes sociaux est relayé par
les « romans de femmes ». En effet, jusqu’alors la
littérature africaine est presque uniquement
illustrée par les hommes. Il existe néanmoins
quelques exceptions avec la Sénégalaise Annette
Mbaye d’Erneville (née en 1936), la Camerounaise
Thérèse Kuoh-Moukouri (née en 1938), la
Malienne Aoua Keïta (1912-1980) et la Congolaise
Clémentine Faïk-Nzuji (née en 1944). C’est peu
pour les quatorze pays d’Afrique francophone…
Pour le domaine anglophone, on ne compte que la
Ghanéenne Ama Ata Aïdoo (née en 1942).
21
À partir de 1980, c’est une nouvelle génération qui
s’exprime. Des femmes instruites offrent un point
de vue sur leur condition. Elles mettent à jour une
série de questions jusqu’ici mal abordées,
lorsqu’elles ne sont pas simplement occultées,
par les « mâles ». Ainsi les situations liées à la
stérilité, la polygamie, l’excision, l’éducation des
filles, aux relations avec la famille du mari, sont
développées et analysées, et élargissent donc
considérablement la thématique du roman de
mœurs. Des romancières comme Mariama Bâ
(Sénégal, 1929-1981), Aminata Sow Fall (Sénégal,
née 1941), Calixthe Beyala (Cameroun, née en
1961), Philomène Bassek (Cameroun, née en
1957), Fatou Keïta (Côte d’Ivoire, née en 1955),
Buchi Emecheta (Nigeria, née en 1944), Flora
Nwapa (Nigeria, 1931-1993), Ken Bugul (Sénégal,
née en 1947), Régina Yaou (Côte d’Ivoire, née en
1955), Werewere Liking (Cameroun, née en 1950)
sont des porte-parole et témoins du sexe dit faible
et de ses revendications. Cependant que d’autres,
comme Tanella Boni (Côte d’Ivoire, née en 1954),
Véronique Tadjo (Côte d’Ivoire, née en 1955),
Fatou Diome (Sénégal, née en 1968), Léonora
Miano (Cameroun, née en 1973), Aminata Sow
Fall (encore) n’hésitent pas à soulever les
questions politiques de corruption, d’émigration,
de mendicité, de conflits ethniques. Rejoignant
ainsi le nouveau courant littéraire amorcé par les
écrivains vers 1985, celui que nous avons baptisé
du nom de « chaos ». Et dont ils ne sont toujours
pas sortis.
22
Les écrivains du chaos. À partir du milieu des
années 1980, l’histoire infléchit l’économie et
donc la politique africaine. La période est
marquée en Afrique par la politique malthusienne
du FMI, puis dix ans après par la dévaluation de
50 % du franc CFA. Ces mesures ne sont que les
prolégomènes de la crise euro-américaine qui
éclate vers 2005 suite à l’emballement de la
spéculation financière capitaliste. Mais pour les
ex-AEF et AOF, elles sont un coup fatal à une
situation d’équilibre qui permettait un
développement encore possible.
23
Cependant d’autres facteurs, comme l’extrême
corruption des instances gouvernementales et
l’extension de l’économie libérale avec la
privatisation des moyens de production aux
mains des trusts étrangers, aggravent
dangereusement les écarts entre les Africains qui
en bénéficient et une classe moyenne et ouvrière
ne vivant que de son salaire. Par ailleurs, une
politique de scolarisation produit des diplômés
que l’économie locale en difficulté ne parvient
plus à absorber, entraînant la fuite d’un nombre
important de cerveaux qui investissent en
Amérique ou en Europe. En outre, un chômage
sans précédent s’installe dans les villes africaines
surpeuplées.
24
Les tensions sociales débouchent sur des
manifestations et des émeutes qui sont
réprimées avec violence et qui, dans plusieurs
pays, dérivent en luttes tribales, génocides
partiels et vastes déplacements de populations
réfugiées totalement démunies. Les
conséquences sont un mouvement quasi--
psychotique d’émigration des jeunes sans
formation (au péril de leur vie) et une fuite des
diplômés. Est-il possible d’en analyser les
répercussions sur les écrivains et leurs
productions ?
25
La crise de 1995-2012. À partir de 1995, on peut
distinguer trois types de réactions. Une grande
partie des romanciers et poètes se lancent dans
une critique de plus en plus aiguë des régimes en
place et de leurs abus. Deux tons dominent : l’un
sérieux, voire tragique [18][18] On peut citer les
textes du Sénégalais Boubacar Boris... ; l’autre, un
humour qui évolue vers la dérision [19][19] Ce
sont les romans du Congolais Sony Labou Tansi
(1947-1995),.... Car peu à peu l’histoire devient
innommable, les faits débordant l’imagination.
Les romanciers ne peuvent plus en rendre compte
à la manière de témoins fidèles. Ils ne peuvent
désigner le scandale ou l’horreur de certaines
situations que sous le masque de la métaphore
ou du sarcasme (le mot est de l’écrivain guinéen
Tierno Monénembo). Ainsi le drame du Rwanda
est évoqué par Véronique Tadjo ou par le Guinéen
Nocky Djedanoum (né en 1959). De même, les
pièces et romans du Togolais Kossi Efoui (né en
1962) ou de l’Ivoirien Koffi Kwahulé (né en 1956)
sont des métaphores filées pour évoquer la
situation politique au Togo. Et pour aborder les
événements du Liberia et de la Sierra Leone,
Ahmadou Kourouma, comme le Congolais
Emmanuel B. Dongala (né en 1941), mettent en
scène des enfants pour percevoir l’insoutenable. Il
s’agit bien là d’une littérature du chaos, dans la
mesure où les textes sont parfois décourageants
pour les âmes sensibles.
26
Cependant, une autre partie des écrivains
d’Afrique, et généralement ceux qui sont sur place,
prend le parti de poursuivre le roman de mœurs
plus classique, ou encore un roman du terroir où
ils s’attachent à la description des problèmes
quotidiens, réduits à leur environnement direct,
évitant d’embrasser les affres des pays voisins.
Ils produisent néanmoins d’excellentes œuvres
littéraires, comme Gaston-Paul Effa (Cameroun),
Abdoulaye Elimane Kane (Mali), Pabé Mongo
(Cameroun), Felwine Sarr (Sénégal), Venance
Konan (Côte d’Ivoire), Ken Bugul et Aminata Sow
Fall (Sénégal).
27
Il est enfin une troisième tendance qui fait couler
beaucoup d’encre ces quinze dernières années :
celle des « négropolitains ». Un certain nombre de
jeunes écrivains, pour la plupart résidant en
France, réagissent contre le « ghetto » dans lequel
les enferment les qualificatifs d’« africain, noir,
nègre », pour préférer la neutralité du terme
« écrivain », tout court. Embrayant sur cette
tendance, Michel Le Bris, initiateur des sessions
« Écrivains voyageurs », annexe ces nouveaux
nomades à une « littérature monde en français »
où la langue et l’écriture priment sur l’identité et la
culture d’origine. Ces écrivains, associés à des
auteurs français (dont certains très connus
comme J.M.G. Le Clezio ou Erik Orsenna) se
sentent ainsi libérés du « devoir d’histoire » et du
rôle contraignant et douloureux de témoins des
perturbations de leur continent. Très sollicités par
certaines instances de la francophonie, les
médias les font connaître plus largement à Paris
comme en province. On peut citer les noms du
Congolais Alain Mabanckou (né en 1966, voir
l’article de Jean-Michel Devésa) et Daniel Biyaoula
(né en 1953), du Djiboutien Abdourahman Waberi
(né en 1965), des Togolais Sami Tchak (né en
1960) et Kangni Alem (né en 1966), du Béninois
Florent Couao-Zotti (né en 1964), des
Camerounais Léonora Miano (née en 1973) ou
Eugène Ébodé (né en 1962). Sans négliger leur
talent, qui est réel, on constate chez plusieurs
d’entre eux un hiatus considérable entre le
discours qu’ils tiennent dans différents articles et
interviews et les thèmes abordés dans leurs
romans. L’obsession de l’Afrique les poursuit ! Et
bien qu’ils se disent et se veulent libres, éloignés,
détachés du monde noir, leur couleur également
les poursuit et détermine leur rapport à autrui, en
tant qu’émigrés étrangers nègres. C’est une
situation postcoloniale, si l’on rejoint les analyses
d’Achille Mbembe et Homi Bhabha, qui oblitère
jusqu’à nos sociétés et nos comportements
occidentaux au cœur de nos propres villes.
28
On n’échappe pas à son histoire. La seule solution,
c’est de l’assumer. La fuite dans une
mondialisation n’est qu’un leurre. L’expérience
des écrivains antillais (Aimé Césaire, Léon-
Gontran Damas, Édouard Glissant, Patrick
Chamoiseau, Maryse Condé) et haïtiens (Jacques
Roumain, Jean-Fernand Brierre, Jean Métellus,
Dany Laferrière, Lyonel Trouillot) est exemplaire.
Ils ont regardé leur histoire en face et ont vu plus
clair dans leur identité, leur rôle et leur mission. Il
n’est pas question cependant de porter un
jugement moral sur des choix et attitudes
culturels et politiques, qui relèvent du seul libre
arbitre. Nous n’avons pas la même histoire, même
si, comme l’écrit Cheikh Hamidou Kane, nous
aurons vraisemblablement un « commun avenir ».
Notes
[1]
J.-F. Bayart, Les Études postcoloniales. Un
carnaval académique, Paris, Karthala, 2010.
[2]
Écrivain américain (1868-1963) qui fut l’un des
fondateurs du panafricanisme.
[3]
Fondé en 1910, c’est le magazine officiel de la
National Association for the Advancement of
Colored People (NAACP), une organisation de
défense des droits civiques.
[4]
Leader noir (1887-1940), il fut le précurseur du
panafricanisme à travers sa revue The Negro
World, fondée en 1918.
[5]
Ancien tirailleur et ancien postier, il écrivit Les
Violations d’un pays (1927), parabole
pamphlétaire dénonçant la colonisation avec
violence et en des termes jugés simplistes par les
intellectuels noirs de l’époque.
[6]
Écrivain qui reçut le prix Goncourt en 1921 pour
son roman Batouala, véritable roman nègre.
[7]
P. Dewitte, Les Mouvements nègres en France,
Paris, L’Harmattan, 1985.
[8]
On en verra les traces dans La Revue du monde
noir (1931) et Légitime défense (1932) dont nous
avons donné les principales orientations dans Les
Écrivains noirs de langue française (1963) et dans
Histoire de la littérature négro-africaine (2001).
[9]
Fondée en 1935, Damas la définira ainsi :
« L’Étudiant noir, journal corporatif et de combat,
avait pour objectif la fin de la tribalisation, du
système clanique en vigueur au quartier Latin ! On
cessait d’être étudiant martiniquais,
guadeloupéen, guyanais, africain et malgache,
pour n’être qu’un seul et même étudiant noir. »
Aimé Césaire y développera pour la première fois,
dans un article intitulé « Négrerie », son concept
de Négritude. La revue n’a eu qu’un seul numéro.
[10]
On peut citer Kwame Nkrumah (1909-1972,
président du Ghana de 1960 à 1966), George
Padmore (1903-1959, écrivain et diplomate
trinidadien), Chinua Achebe (écrivain nigérian, né
en 1930), Wole Soyinka (écrivain nigérian, né en
1934), Ngugi wa Thiong’o (écrivain kényan, né en
1938), Jomo Kenyatta (1894-1978, président du
Kenya de 1964-1978), Peter Abrahams (écrivain
sud-africain, né en 1919), Ezekiel Mphahlele (1917
-2008, écrivain sud-africain), Nelson Mandela
(président de l’Afrique du Sud de 1994 à 1999, né
en 1918).
[11]
Le Sénégalais Abdou Anta Ka (né en 1931),
l’Ivoirien Eugène Dervain (1928-2010), le Guinéen
Condetto Nénékhaly-Camara (1930-1972), le
Malien Seydou Badian Kouyaté (né en 1928), le
Sénégalais Marouba Fall (né en 1950).
[12]
Illustré par les Sénégalais Cheik Aliou Ndao (né en
1933) et Amadou Cissé Dia (1915-2002), Massa
Makan Diabaté (1938-1988), les Ivoiriens Bernard
Dadié (né en 1916) et Bernard Zadi (né en 1938),
le Haïtien Gérard Chenet (né en 1927), le Béninois
Jean Pliya (né en 1931), mais aussi les
Martiniquais Daniel Boukman (né en 1936, auteur
de Les Négriers, 1971) et Édouard Glissant (1928-
2011, auteur de Monsieur Toussaint, 1961).
[13]
Pour en savoir plus sur ces auteurs, lire le repère
p. 116-117.
[14]
Publié en 1961, L’Aventure ambiguë est l’histoire
de Samba Diallo, qui vit au pays des Diallobé.
Dans la première partie du roman, le jeune
homme passe de l’école coranique à l’école des
Blancs. Dans la deuxième partie, il part vivre en
France, séjour qui provoque la remise en question
de sa foi en Dieu. De retour dans son village, sa
mort est causée par un fou.
[15]
Monnè, outrages et défis (1990) est un flashback
sur l’époque de la rencontre entre le conquérant
européen et les chefs traditionnels africains, où
compromis et trahisons aboutissent à la période
coloniale. En attendant le vote des bêtes
sauvages (1998) caricature sur le mode épico-
burlesque le temps des Bokassa, Mobutu,
Eyadema, où les États et leurs peuples sont livrés
à l’arbitraire des présidents à vie. Enfin, avec Allah
n’est pas obligé (2000), il stigmatise l’époque plus
récente où les pouvoirs politiques sombrent dans
le chaos, où la rue comme le palais sont
désormais aux mains de différentes bandes
armées en présence (Liberia, Somalie, Rwanda).
[16]
Le Mandat (1968) d’Ousmane Sembène, Les Fils
de Kouretcha (1973) d’Aké Loba, Le Lieutenant de
Kouta (1973) de Massa Makan Diabaté, La
Marmite de Koka-Mbala (1976) de Guy Menga,
Tribaliques (1971) et La Nouvelle Romance (1976)
de Henri Lopes, Le Fils d’Agatha Moudio (1967)
de Francis Bebey, Le Sang des masques (1976) et
Sous l’orage (1963) de Seydou Badian Kouyaté, Le
Bel Immonde (1976) de Vumbi Yoka Mudimbe,
Buur Tilleen, roi de Médina (1974) de Cheik Aliou
Ndao, L’Errance (1975) de Georges Ngal, Perpétue
et l’habitude du malheur (1974) de Mongo Beti.
[17]
Voir le repère p. 118-119.
[18]
On peut citer les textes du Sénégalais Boubacar
Boris Diop (né en 1946), du Malien Ibrahima Ly
(1936-1989), du Guinéen Williams Sassine (1944-
1997, auteur de Wirriyamu, 2001), et du Congolais
Sylvain Bemba (1934-1995, auteur de Léopolis,
1984).
[19]
Ce sont les romans du Congolais Sony Labou
Tansi (1947-1995), du Guinéen Alioum Fantouré
(né en 1938), Le Pleurer-Rire (1982) d’Henri Lopes
(ne en 1937), Quand on refuse on dit non (2004)
d’Ahmadou Kourouma et les derniers Mongo Beti
(Branle-bas en noir et blanc, 2000 ; Africains si
vous parliez, 2005).
Résumé
Français
La littérature négro-africaine écrite naît entre
1930 et 1940, à la suite des premiers
mouvements d’émancipation négro-américains et
africains, avec l’éclosion de revues spécifiques.
Après la Seconde Guerre mondiale, avec la revue
Présence africaine, apparaît une littérature de
protestation. Parallèlement, le roman africain se
développe en réponse à la politique anticoloniale
précédant les indépendances. Après 1960, la
littérature africaine décrit les problèmes internes
aux nouveaux États africains. De 1985 à 2005, un
virage rend compte de la détérioration
progressive des structures sociales, politiques et
économiques de ces États dirigés par des
dictateurs. Au xxie siècle émergent des auteurs
soucieux de s’affranchir du chaos africain au
profit d’une identité « mondiale » et purement
littéraire.
Mots-clés
littérature africaine
colonisation
postcolonial
histoire
écrivain noir
francophonie
Lumières (philosophie)
Pour les articles homonymes, voir Lumière
(homonymie).
Image de couverture de l'interprétation par
Voltaire de l'œuvre d'Isaac Newton, Éléments de
la philosophie de Newton, mis à la portée de tout
le monde (1738). Le manuscrit du philosophe
assis, qui traduit l'œuvre de Newton, semble
« éclairé » par une « lumière » quasi-divine venant
de Newton lui-même, lumière réfléchie par le
miroir tenu par une muse, en réalité la traductrice
de l'œuvre de Newton, Émilie Du Châtelet,
maîtresse et collaboratrice de Voltaire.
scientifique
1.1.2 Liberté individuelle et contrat
social
o 1.2 Valeurs et représentations sociales
des Lumières
1.2.1 Changement de représentation
connaître
o 1.3 Critique de l’organisation sociale
2 Acteurs et portée
o 2.1 Philosophes des Lumières
2.1.1 Portraits
2.2.1 Encyclopédie
loges
2.2.4 Marchands ambulants et presse
Révolution américaine?
2.3.2 Les Lumières à l’origine de la
Révolution française ?
3 Notes et références
4 Voir aussi
o 4.1 Bibliographie
Jean-Jacques Rousseau.
Changement de représentation
Les valeurs essentielles défendues par les
hommes des Lumières dans toute l’Europe sont la
tolérance, la liberté et l’égalité. Ces valeurs
débouchent, en Angleterre, en Amérique et en
France, sur la définition de nouveaux droits
naturels et sur une séparation des pouvoirs
politiques. À ces valeurs s'ajoutent le goût de la
Nature et le culte de la raison.
« Aujourd’hui nous recevons trois éducations
différentes ou contraires : celles de nos pères,
celles de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on
nous dit dans la dernière renverse toutes les idées
des premières. »
— Montesquieu6
Idéal du philosophe
La Lecture de Fragonard
Les Académies étaient des sociétés savantes qui
se réunissaient pour s’occuper de Belles-lettres et
de sciences et contribuer à la diffusion du savoir.
En France, après les fondations monarchiques du
XVIIe siècle (Académie française, 1634 ; Académie
des inscriptions et belles-lettres, 1663 ; Académie
royale des sciences, 1666 ; Académie royale
d'architecture, 1671), naissent encore, à Paris,
l’Académie royale de chirurgie (1731) et la Société
royale de médecine (1776). Le clergé et, dans une
moindre mesure, la noblesse y prédominent.
Ces sociétés provinciales regroupent les
représentants de l’élite intellectuelle des villes
françaises. Leur composition sociale révèle que
les privilégiés y occupent une place moindre qu’à
Paris : 37 % de nobles, 20 % de gens d’Église. Les
roturiers constituent 43 % des effectifs : c’est
l’élite des possédants tranquilles qui siège là.
Marchands et manufacturiers sont peu présents
(4 %).
Voisines des Académies, souvent peuplées des
mêmes hommes avides de savoir, les
bibliothèques publiques et chambres de lecture
se sont multipliées, fondées par de riches
particuliers ou à partir de souscriptions publiques.
Elles collectionnent les travaux scientifiques, les
gros dictionnaires, offrent une salle de lecture et,
à côté, une salle de conversation. Toutes ces
sociétés de pensée fonctionnent comme des
salons ouverts et forment entre elles des réseaux
provinciaux, nationaux, européens, échangeant
livres et correspondance, accueillant les étrangers
éclairés, lançant des programmes de réflexion,
des concours de recherche. On y parle physique,
chimie, minéralogie, agronomie, démographie.
Dans les Treize colonies britanniques en
Amérique du Nord, James Bowdoin (1726-1790),
John Adams (1735-1826) et John Hancock (1737-
1793) fondent l’American Academy of Arts and
Sciences à Boston durant la Guerre
d'indépendance des États-Unis. En 1743,
Benjamin Franklin fonde la Société philosophique
américaine. Au début du XIXe siècle, Thomas
Jefferson avait l’une des plus riches bibliothèques
privées du pays. Parmi les réseaux éclairés, le
plus développé est celui de la franc-maçonnerie,
quoique réservé aux couches supérieures.
Née en Angleterre et en Écosse, la franc-
maçonnerie, groupement à vocation humaniste et
initiatique, concentre tous les caractères des
Lumières : elle est théiste, tolérante, libérale,
humaniste, sentimentale. Elle connaît un succès
foudroyant dans toute l’Europe où l’on compte
des milliers de loges en 1789. Les milieux civils,
militaires et même religieux, liés aux appareils
d’État, sont tout particulièrement gagnés. Ni
anticléricales (elles le seront au XIXe siècle) ni
révolutionnaires, les loges ont contribué à
répandre les idées philosophiques et l’esprit de
réforme dans les lieux politiquement stratégiques.
La discussion intellectuelle l’emporte sur le
caractère ésotérique ou sectaire. Surtout, les
élites y font, plus encore que dans les Académies,
l’apprentissage du primat de l’égalité des talents
sur les privilèges de la naissance.
Marchands ambulants et presse
La diffusion des idées des Lumières est
également permise grâce aux différents
marchands ambulants. En effet, ces derniers,
allant de province en province, colportaient les
informations et, par extension, les idées aux
analphabètes.
La presse a facilité la diffusion des textes
philosophiques (notamment l’Encyclopédie de
Diderot et d’Alembert), et a déclenché les
processus de la réflexion chez le peuple. La
presse contribue enfin à la constitution de
l’opinion publique, malgré la censure, toujours
active. Le Journal des Sçavans, le Mercure de
France, les périodiques économiques comme les
Éphémérides du citoyen rédigées par Nicolas
Baudeau du parti des Économistes (parti des
philosophes politiques ou les Physiocrates
comme aussi François Quesnay), sont en fait
plutôt ce que nous appellerions des revues. Par le
recensement d’ouvrages et par les abonnements
collectifs des sociétés de pensée, un public
éloigné des centres de création peut prendre
connaissance des idées et des débats, des
découvertes du mois, sinon du jour.
Influence de la Philosophie des Lumières dans les
changements politiques
Articles connexes
Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen
Despotisme éclairé
Échiquier politique
Encyclopédie
Espagne des Lumières
Franc-maçonnerie
Gazette de Leyde
Humanisme
Lettres d'une Péruvienne de Françoise de
Graffigny
e
Littérature du XVIII siècle
Lumières écossaises
Modernité
Qu'est-ce que les Lumières ? de Kant
Rationalisme
Siècle des Lumières
Tolérance
Universalisme
Liens externes
Exposition virtuelle « Le siècle des Lumières :
un héritage pour demain » (Bibliothèque
nationale de France) sur expositions.bnf.fr
Dossier sur la littérature des Lumièressur
infoplanete.com
Qu'est-ce que les Lumières ? Par Michel
Foucault sur 1libertaire.free.fr
Qu’est-ce que les Lumières aujourd’hui ? - de
Valéry Rasplus sur calle-luna.org
Littérature des Lumières et Révolution site de
la Bibliothèque André-Desguine
Textes sur les Lumières sur hypo.ge-dip.etat-
ge.ch
Analyse de l’ouvrage de Jonathan Israel sur
les Lumières radicales - par larissa- gokadi
sur wodka.over-blog.com
[masquer]
v·m
Portail de la philosophie
Portail des Lumières
Portail du XVIIIe siècle
Catégories :
Lumières
Histoire de la philosophie
XVIIIe siècle
| [+]
Menu de navigation
Non connecté
Discussion
Contributions
Créer un compte
Se connecter
Article
Discussion
Lire
Modifier le code
Historique
Accueil
Portails thématiques
Article au hasard
Contact
Contribuer
Débuter sur Wikipédia
Aide
Communauté
Modifications récentes
Faire un don
Imprimer / exporter
Créer un livre
Télécharger comme PDF
Version imprimable
Outils
Pages liées
Suivi des pages liées
Importer un fichier
Pages spéciales
Adresse de cette version
Information sur la page
Élément Wikidata
Citer cette page
Autres langues
Azərbaycanca
Deutsch
English
Esperanto
Հայերեն
日本語
Қазақша
Norsk bokmål
Русский
Slovenčina
Bân-lâm-gú
Modifier les liens