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UFR d’Histoire
Centre d’histoire sociale du XXe siècle
LA VIGILANCE ALINIENNE
Cédric WEIS
LA VIGILANCE ALINIENNE
des Libres Propos aux Feuilles libres de la quinzaine
Cédric WEIS
Le projet de thèse qui motive nos recherches est parti d’un constat fort simple :
Libres Propos, la revue d’Emile Chartier, dit Alain, l’un des philosophes les plus
importants du XXe siècle1, n’a bénéficié jusqu’à présent d’aucune étude historique
approfondie. Or, elle est, malgré le caractère confidentiel de sa diffusion, une revue
intellectuelle et politique du plus grand intérêt, non seulement dans le cadre du
pacifisme intégral des années 1930, mais aussi comme centre de « sociabilité », pour
reprendre l’expression de Jean-François Sirinelli, comme point de convergence d’un
réseau de personnalités influentes ou déterminées à influer, et surtout comme modèle
de vigilance citoyenne, toujours attentive à la justice sociale, au rapprochement entre
les peuples, à l’égalité entre les hommes. Cet humanisme intégral trouvera pourtant ses
limites dans sa constance même à défendre la paix. Etrange paradoxe qui voit vouée
aux gémonies une œuvre humaine, dépassée par l’histoire.
Pour Régis Debray, « la guerre intellectuelle est soumise aux mêmes lois
d'organisation que la guerre sociale. Sans éditeurs, pas de revue, mais sans revue pas
d'école. Sans partis politiques pas de journal, mais sans journal pas de mouvement
révolutionnaire. Et de même qu'un parti commence par un journal, une école
commence par une revue2 ». L’histoire des Libres propos et des Feuilles libres de la
quinzaine, dont l’étude nous intéresse, illustre à sa manière cette formule du
philosophe qui fait également de la revue « la principale forme d’organisation
territoriale de l’Armée intellectuelle3 ».
Libres Propos, journal d’Alain est une revue a priori confidentielle — a priori, car son
poids dans l’entre-deux-guerres reste à établir, sinon à corriger — qui apparaît après la
Grande Guerre, en 1921, et disparaît en 1935, après une interruption de deux ans et
trois mois, entre novembre 1924 et février 1927. Sa courte durée de vie participe peut-
être à cette « sorte de relégation » que Jeanne Alexandre attribue « au contrecoup de la
dernière guerre1 ». Et si la revue n’a pas vécu le temps d’une génération2, elle se survit
néanmoins jusqu’en novembre 1939 dans le cadre d’une fusion éditoriale avec La
Flèche du Lyonnais Léon Emery, devenant dès octobre 1935 les Feuilles libres de la
quinzaine. Une survivance qui est également perceptible dans la participation des
principaux rédacteurs de la revue à l’organe Vigilance du Comité de vigilance des
intellectuels antifascistes (CVIA), et ce jusqu’à sa disparition en juillet 1939.
L’histoire des Libres Propos renvoie l’image d’une époque hantée par la guerre, très
éloignée de la joie de vivre figurée par les « Années folles ». Un entre-deux-guerres
qu’elle embrasse résolument, donnant à voir la vie politique, économique, sociale et
culturelle, en France particulièrement, mais aussi dans le monde, telle que la presse
internationale et la littérature permettaient du moins de l’appréhender. La diversité des
approches — malgré l’omniprésence de la thématique guerrière —, le combat de ses
artisans pour la paix, la justice, l’égalité entre les hommes et la réconciliation entre les
peuples, leur engagement intellectuel pour toutes les causes sollicitant leur conscience,
c’est-à-dire leur humanisme, tout cela donne une représentation microcosmique de la
France des années vingt et trente, derrière laquelle perce, en filigrane, une société
française tourmentée, indécise, indéfectiblement étourdie par le choc de la Première
Guerre mondiale.
Cette histoire unit et sépare deux mondes : celui d’Alain, toujours isolé quoique
fédérateur, au-dessus de toutes les mêlées par la profondeur atemporelle de ses
Propos, mais fermement engagé dans son temps3 — et celui de ses disciples, de ses
frères d’armes, de ses admirateurs qui, non loin de lui, livrent différemment la même
1. J. ALEXANDRE, « Esquisse d’une histoire des Libres Propos », in Bulletin de l’Association des amis
d’Alain, 1967, n° 25, p. 2.
2. R. DEBRAY, op. cit., p. 87 : « Une revue dure, d'une vie nécessaire, ce que dure une génération, après quoi
elle se survit ou se métamorphose : entre vingt et vingt-cinq ans ».
3. André Comte-Sponville, en évoquant les Propos d’Alain, écrira dans la Revue Internationale de philosophie,
n° 1/2001, mars 2001 : « C'est une masse impressionnante, inépuisable, sans égale, à ce que je crois, dans toute
l'histoire de la presse et du journalisme philosophique (5000 Propos : environ 7500 pages!).»
Introduction 6
bataille pour la paix et, on l’oublie trop souvent, la justice sociale, rempart désigné
contre la guerre. Ces deux mondes s’écoutent et communient par la pensée. Ils forment
un réseau dont nous nous proposons d’examiner l’ampleur, la force de résistance,
l’influence, l’unité, la diversité, et ce afin d’appréhender correctement le destin jugé.
Faire de l’histoire, rappelle Marc Bloch dans L’Etrange défaite, ce n’est pas juger, mais
comprendre... C’est à cette tâche que nous voudrions nous atteler, pensant que
l’histoire de ces hommes plongés dans « l’âge des extrêmes1 », au travers des revues
qu’ils animèrent, miroirs de leur pensée, pourrait nous aider à comprendre ce que nous
voudrions, par « aveuglement », expliquer en un mot?
1. L’expression est d’Eric J. Hobsbawm, L’Age des extrêmes (cf. bibliographie, p. 16).
2. AZEMA Jean-Pierre, BEDARIDA François, La France des années noires. 1. De la défaite à Vichy (voir infra
p. 43), p. 47.
3. Y. LACAZE, Les Français face au problème tchécoslovaque de l'Anschluss à la conférence de Munich (mars-
septembre 1938), voir bibliographie, infra p. 32. Citation tirée du résumé de thèse, disponible à l’adresse http:/
/cuivre.sudoc.abes.fr.
4. Voir infra p. 152, le commentaire de Jean Prévost.
5. Maire de Bordeaux, A. Marquet adhérera au Parti socialiste de France, fondé en 1933 par Marcel Déat.
Introduction 7
seulement inquiétés? Je dis inquiétés, je ne dis pas châtiés, parce que je sais que, si
ce régime que vous nous appelez à défendre a prévu des peines monstrueuses contre
le malheureux soldat dont le courage défaille un seul instant, il n'en prévoit point
contre ceux qui, chargés de responsabilités publiques, mènent par leur impéritie, leur
orgueil ou de bas intérêts, leur pays à la ruine et des millions d'hommes à la mort1. »
Autant d’éléments à intégrer à l’étude du pacifisme intégral des années 1930, dont
le réseau alinien et les Libres Propos sont une incarnation déterminante.
Ainsi verrons-nous en première partie si l’étude d’un tel réseau d’intellectuels est en
mesure d’enrichir une historiographie non seulement du pacifisme intégral, mais aussi
de l’histoire de la presse et plus généralement de l’histoire politique et intellectuelle de
l’entre-deux-guerres. Nous exposerons dans un second temps les sources sur
lesquelles s’appuie aujourd’hui notre recherche, en distinguant les œuvres publiées,
contemporaines à la période considérée2, des fonds d’archives constitués
essentiellement de correspondances. La troisième partie organisera une problématique
autour de trois axes : les origines du réseau alinien de l’Affaire Dreyfus à la Grande
Guerre, puis l’identité des Libres Propos3, et enfin l’influence politique et intellectuelle
véhiculée par la revue jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, dont le refus, dans le cadre
du pacifisme intégral, demeure un sujet sensible de polémique, mais aussi de
compréhension a posteriori d’un paradoxe important de l’histoire du XXe siècle.
LP Libres Propos.
RUP Rassemblement universel pour la paix.
Historiographie
C HAPITRE 1
Bibliographie
Parmi les ouvrages qui apparaissent dans cette bibliographie, un certain nombre sortent des
bornes chronologiques envisagées pour la thèse. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord,
l’influence d’Alain remonte à la Belle Epoque, et l’étude de son réseau implique nécessairement
de porter notre attention vers l’arrière, de l’Affaire Dreyfus à Juillet 1914, en passant par les
universités populaires. De plus, les thèmes abordés dans les Libres Propos font souvent référence
au passé qu’il s’agisse de la Grande Guerre, du génocide arménien ou de la colonisation.
De ce compte rendu historiographique, il apparaîtra que les Libres Propos et les Feuilles libres
de la quinzaine en sont globalement absents. En dehors de biographies existantes sur quelques
membres du réseau alinien1, seuls les ouvrages de Jean-François Sirinelli comportent une étude
de l’une ou l’autre de ces revues. Nous y reviendrons au cours de ce développement. Les
astérisques désignent les ouvrages lus ou parcourus, par opposition aux ouvrages qui restent à
consulter. Par ailleurs, nous avons placé entre crochets, quand cela présente un intérêt, le nombre
d’apparitions du nom d’Alain dans les ouvrages consultés, suivi du ou des thèmes concernés par
la ou les occurrences.
Alain
Les travaux universitaires consacrés à Alain sont exclusivement des thèses de Lettres ou de
Philosophie (plus rarement de Droit ou de Science de l’éducation), à l’exception du mémoire de
1. Dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (DBMOF), un grand nombre des notices
existantes sur ces personnalités ont été écrites par Nicole Racine.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 11
DEA de Catherine Michel1 (IEP de Paris). Nous n’en recenserons qu’une partie dans la mesure où
les centres d'intérêt, la méthodologie et les objectifs diffèrent légitimement des nôtres. Tous ces
travaux proposent naturellement quelques esquisses biographiques, le plus souvent inspirées
d’André Sernin, d’André Maurois, de l’Histoire de mes pensées d’Alain lui-même ou des
éléments présents dans la Pléiade. L’action, la vie politique d’Alain, son poids réel dans la IIIe
République, parmi les intellectuels ou dans le lectorat en général, pas une étude n’en appelle à
l’approfondissement. On trouve néanmoins, de-ci de-là, quelques encouragements à pousser
autrement les investigations, comme cette suggestion de Maurice Savin qui, pour sa part,
préférait « garder Alain de l’histoire » : « Alain s'est toujours mêlé à tous les combats […] Celui qui
écrira le comment et le pourquoi du combat quotidien, il ne perdra pas son temps. Travail
d'historien2 », ou cette supposition de Jeanne Alexandre : « Un historien ferait apparaître
pleinement l'étonnante unité et la continuité de l'action d'Alain depuis le début des Libres Propos
en 19213 », mais également : « [Alain] était resté en prise avec l'actualité avec autant et plus
d'urgence et bien souvent autant de mordant, de jeunesse [qu’au temps de la Dépêche de
Rouen]. A l'historien futur de le suivre dans le quotidien : plébiscite de la Sarre, nouvelle alliance
franco-russe [...]4». Et lorsque le politologue Thierry Leterre5 aborde la question de la démocratie
dans l’œuvre d’Alain, c’est avant tout le philosophe qui raconte. Tout un travail d’historien reste
à faire autour d’Alain, de son influence tant politique qu’intellectuelle, de sa popularité effective,
de sa vie de journaliste (de « publiciste » ironisera Daniel Halévy), de son engagement quotidien.
ALLAIRE Jean-Marie, BOURGNE Robert, ZACHARY Pierre, Premier journalisme d'Alain : les
années d'apprentissage, 1900-1906, Institut Alain, 2001, 499 p.
BONA Dominique*, « Un esprit narquois dans une forteresse », in Le Quotidien de Paris, 30 avril
1985, pp. 15-16.
BRIDOUX André*, Alain, sa vie, son œuvre : avec un exposé de sa philosophie, Paris, PUF, 1964,
112 p.
JOUFFROY Marc, La Pensée politique d'Alain, Thèse de Droit, Montpellier, 1953, 208 p.
1. Voir la section « Biographies de pacifistes », p. 32. En effet, son mémoire ne s’intéresse pas exclusivement
à Alain, mais dresse sur 135 pages un tableau comparatif des parcours de quatre intellectuels pacifistes.
2. M. SAVIN, « Avertissement », in ALAIN, Propos I, Paris, Gallimard, 1956, p. XVIII.
3. J. ALEXANDRE, « Esquisse d’une histoire des Libres Propos », in Bulletin de l’association des amis d’Alain,
n° 25, déc. 1967, p. 89.
4. Ibid, p. 132.
5. A noter qu’il sera bientôt l’auteur d’une nouvelle biographie d’Alain, qui, néanmoins, n’abordera pas la
question telle que nous l’envisageons.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 12
LAGOUTTE Daniel, Alain son esthétique et sa peinture, Thèse 3e cycle, Arts plast., Paris 1, 1982,
324 p.
LAFFAY Albert, Alain ou le bonheur de penser librement, Paris, Institut Alain, 2003.
LORVELLEC Yves, Alain philosophe de l'instruction publique : éléments pour une critique de la
pédagogie, L'Harmattan, 2001, 150 p.
REBOUL Olivier, L'Homme et ses passions d'après Alain. Tome 1 : La passion, Paris, PUF, 1968,
385 p.
— L'Homme et ses passions d'après Alain. Tome 2 : La sagesse, Paris, PUF, 1968, 310 p.
— L'Élan humain ou l'éducation selon Alain, Presses de l'Université de Montréal, Paris, J. Vrin,
225 p.
ROLLIN Jean-Jacques, « Alain, le père la raison », in L’Express, 5-11 août 1985, pp. 116-117.
SERNIN* André, Alain. Un sage dans la cité (1868-1951), Paris, R. Laffont, 1985, 479 p.
SÛR Marie-Thérèse*, Alain et la théorie démocratique, Thèse de Droit, Université de Caen, 1976.
Alain dans ses œuvres et son journalisme politique, colloque organisé à Paris, Ecole normale
supérieure et Sciences-Po Paris (CEVIPOF), à l'occasion du cinquantenaire de la mort d'Alain, les
30 novembre et 1er décembre 2001, Institut Alain, 2004, 319 p.
***
Parmi les ouvrages d’histoire qui évoquent le philosophe, nous avons relevé un certain
nombre d’a priori négatifs dont nous voudrions donner ici un aperçu. Ils illustrent les préjugés
durables que le souvenir d’Alain a laissés dans l’historiographie, au détriment d’une étude plus
approfondie. Nous commencerons par citer Marc Ferro qui, dans Les Tabous de l’histoire, en
s’appuyant sur les travaux de Simon Epstein, écrit :
« Autre tabou, inverse et complémentaire, le cas des anciens dreyfusards analysé par Simon
Epstein. A l'origine, on aurait pu imaginer que la plupart des dreyfusards — au moins ceux qui
étaient encore vivants et actifs en 1940 — eussent été résistants; or ce n'est pas nécessairement
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 13
le cas, un bon nombre d'entre eux ont été collaborateurs ou au moins vichystes. On sait le cas
de Laval, de tradition dreyfusarde et pacifiste, mais il faut rappeler également celui de
Lagardelle, un des chantres du STO (Service du Travail Obligatoire) et qui était dreyfusard;
ceux également des académiciens Abel Hermant, Alphonse de Chateaubriand, d'autres encore,
tel le philosophe Alain qui écrivait durant l'été 1940 : « J'espère que l'Allemand vaincra, car
il ne faut pas que le genre de Gaulle l'emporte chez nous. Il est remarquable que la guerre
revient à une guerre juive qui aura ses Judas Maccabées. »1 »
Cette référence au journal d’Alain (1937-1950) est assez fréquente chez les historiens qui
entendent démontrer systématiquement les travers et les faces cachées du pacifisme alinien, sans
égards ni pour l’œuvre, ni pour l’homme. Seule compte la phrase écrite un certain jour de juillet
19402. L’œuvre, si elle n’est ignorée, semble alors délibérément occultée. Et Jean Sévilla ne fera
pas autrement lorsqu’il évoquera la France vichyste :
« Et quel est l'extrémiste qui confie les lignes suivantes à son journal intime, en juillet 1940?
« J'espère que l'Allemand vaincra; car il ne faut pas que le général de Gaulle l'emporte chez
nous. Il est remarquable que la guerre revient à une guerre juive, c'est-à-dire à une guerre qui
aura des milliards et aussi des Judas Macchabées. » C'est le philosophe Alain, radical et
pacifiste, grande conscience de la III° République3… »
Ce sont d’ailleurs les mêmes auteurs qui évoqueront l’affaire du tract de Louis Lecoin, « Paix
immédiate », sans préciser les conditions d’obtention des signatures, ni les rétractations qui ont
suivi. Dans le livre évoqué par Marc Ferro, Simon Epstein, après avoir cité la phrase de juillet
1940, fait d’Alain le collaborateur de Drieu La Rochelle à la NRF, sans préciser le caractère
apolitique de ses contributions. De plus, tirant ses informations de La France à l’heure allemande
de Philippe Burrin, il associe Alain aux collaborateurs de la Ligue de la pensée française4. Or, si
l’on en croit Jean-François Sirinelli, il n’y aurait jamais adhéré :
« Il semble même que le "Maître" lui-même ait été pressenti. Le 25 octobre 1942, en effet,
René Château avait envoyé Claude Jamet et Maurice Savin au Vésinet pour demander à Alain
son patronage pour la Ligue alors en gestation. L'initiative, apparemment, n'aboutit pas, pas
plus que l'engagement d'Alain, lors du même entretien, de publier quelques Propos dans La
France socialiste5. »
Mais Simon Epstein va plus loin puisqu’il classe Alain « parmi les modérés de la
collaboration6 » et ne rejette pas la formule du philosophe Jean-Toussaint Desanti : « Alain,
professeur de lâcheté » (1951). De cette lâcheté, il en est question chez Maurice Rajsfus, pour qui
« [en parlant d’Alain] le courage et la sincérité n'[est] pas toujours le propre des donneurs de
leçons1 ». Marc Bloch lui-même, avec moins de recul pourtant, aura le réflexe de nuancer
davantage : « Ces enthousiastes, dont beaucoup n’étaient pas personnellement sans courage,
travaillaient, inconsciemment, à faire des lâches2 ». Mais l’idée était déjà là qui rendait indigne,
dans de telles circonstances, toute volonté pacifiste. Sur quoi Alain avait déjà répondu en août
1934 :
« Vous pensez que je parle ainsi parce que j'ai peur. Tel est en effet l'argument qui allume les
guerres; et il allume les guerres justement parce que l'homme n'est pas un animal peureux. Et
si je crains la violence c'est justement parce que je n'en ai pas peur, parce que je sens la colère
bondir, parce que je sens la pitié ajournée, parce que je me crois le plus fort [...]. C'est pourquoi
il ne faut compter ni sur la peur, ni sur la sagesse, ni sur la pitié; mais plutôt par des barrages
d'institution, rendre l'occasion rare et presque impossible. C'est pourquoi la plus sauvage erreur
politique est de vouloir un peuple en défense et de lui mettre aux yeux la violence comme le plus
grand de ses devoirs3. »
Généralités
INSTRUMENTS DE TRAVAIL
Dictionnaires
Dans cette section, nous noterons la place occupée par Alain, entre Théodor W. Adorno et
Louis Althusser, dans le Dictionnaire des œuvres politiques de François Chatelet. L’article de
Marie-Thérèse Sûr y rend compte d’un recueil de propos rassemblés par Jeanne et Michel
Alexandre en 1925, Eléments d’une doctrine radicale. A cette œuvre politique s’ajouteront Le
Citoyen contre les pouvoirs (1926) et Propos de politique (1934). L’ensemble paraîtra en 1952
sous le titre Politique. Cette présence souligne la légitimité qu’il y a à s’intéresser à Alain dans le
cadre d’une histoire intellectuelle et politique. Elle participe, à notre avis, à la justification d’une
réflexion sur l’influence politique du philosophe.
JOLLY Jean, Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940, Paris, PUF, 8 vol., 1960-1977.
BERSTEIN Serge, MILZA Pierre, Dictionnaire historique des fascismes et du nazisme, Bruxelles,
Complexe, 1992, 866 p.
6. En précisant que cette conclusion peut être faite « sans trop gros risque d’erreur » (cf. S. EPSTEIN, Les
Dreyfusards sous l’Occupation, Paris, Albin Michel, 2001, p. 223).
1. M. RAJSFUS, De la victoire à la débâcle, 1919-1940, Paris, Le Cherche Midi, 2000, p. 243.
2. M. BLOCH, L’Etrange défaite : témoignage écrit en 1940, Paris, Gallimard, 1990, p 140. Pensait-il à
Alain? Il ne le dit pas expressément.
3. ALAIN, Propos LXII, in LP, août 1934, pp. 397-398.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 15
BURGUIÈRE André*, Dictionnaire des sciences historiques, Paris, PUF, 1986, 693 p.
CHATELET François*, DUHAMEL Olivier, PISIER Evelyne (dir.), Dictionnaire des œuvres
politiques, Paris, PUF, 1986, 1250 p.
JULLIARD Jacques*, WINOCK Michel (sous la dir.), Dictionnaire des intellectuels français, Paris, Le
Seuil, 2002, 1532 p.1
SIRINELLI Jean-François* (dir.), Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe siècle,
Paris, 2003, PUF, 1254 p.
SIRINELLI Jean-François*, RIOUX Jean-Pierre (dir.), La France d’un siècle à l’autre 1914-2000,
Dictionnaire critique, Hachette, 984 p.
VAÏSSE Maurice, Dictionnaire des relations internationales au XXe siècle, Paris, A. Colin, 2000,
298 p.
YVERT Benoît*, Dictionnaire des ministres : de 1789 à 1989, Paris, Perrin, 1989, 1028 p.
Aide bibliographique
CHARLE Christophe, NAGLE Jean, WORONOFF Denis, Prosopographie des élites françaises, XVIe
-XXe siècles, guide de recherche, Paris, IHMC, CNRS, 178 p.
1. Ce dictionnaire recense quelques-unes des figures appartenant de près ou de loin au réseau alinien : Alain,
M. Alexandre, R. Aron, J.-R. Bloch, G. Boris, G. Canguilhem, F. Challaye, D. Demartial, P. Desjardins,
G. Duhamel, A. Fabre-Luce, A. Gide, C. Gide, E. Gilson, J. Giono, J. Guéhenno, M. Halbwachs, E. Halévy,
J. Hyppolite, J. Isaac, Cl. Jamet, Ph. Lamour, P. Langevin, R. Louzon, A. Malraux, G. Marcel, J. Maritain,
V. Margueritte, R. Martin du Gard, M. Martinet, P. Painlevé, A. Philip, H. Poulaille, J. Prévost, C. Rist,
P. Rivet, J. Romains, M. Sangnier, A. Sauvy, V. Serge, Séverine, B. Souvarine, A. Thibaudet, P. Valéry, S.
Weil.
2. Le Chapitre 2 donnera une bonne idée de l’usage que nous avons pu faire de ce dictionnaire. De nombreuses
personnalités du réseau alinien y ont une notice.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 16
OUVRAGES GÉNÉRAUX
Dans cette série d’ouvrages, particulièrement généraux, les Libres Propos et les Feuilles libres
ne sont jamais évoqués ; les références à Alain, quant à elles, rares et allusives, sont
généralement identiques d’un livre à l’autre. L’Histoire de France au XXe siècle de Serge Berstein,
par exemple, à l’instar de La France de 1914 à nos jours de Jean-François Sirinelli, n’évoque
fugitivement le philosophe qu’en 1934, à l’occasion de la création du Comité de vigilance des
intellectuels antifascistes (CVIA). La Démocratie libérale de Serge Berstein1 n’offre également
qu’une occurrence, allusion rapide au Citoyen contre les pouvoirs. A noter l’absence d’Alain dans
l’Histoire de l’enseignement et de l’éducation, tomes III et IV, respectivement de Françoise
Mayeur et d’Antoine Prost, et ce malgré l’importance de la pédagogie2 dans l’œuvre d’Alain,
dont les Propos sur l’éducation (1932) sont un condensé.
BERSTEIN Serge*, MILZA Pierre, Histoire de la France au XXe siècle, tome 2 : 1930-1945,
Bruxelles, Complexe, 1995, 400 p. [1 occurrence, CVIA]
DOISE Jean, VAÏSSE Maurice, Diplomatie et outil militaire, 1871-1991, Paris, Seuil, 1992, 749 p.
DUROSELLE Jean-Baptiste, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours, Paris, Dalloz, 1978, 935 p.
GIRAULT René, FRANCK Robert, Histoire des relations internationales contemporaines, vol. 2 :
Turbulente Europe et nouveaux mondes, 1914-1941, Paris, Masson, 1988, 279 p.
GOETSCHEL Pascale*, Histoire culturelle de la France de la Belle Epoque à nos jours, Paris, A.
Colin, 2002, 252 p. [7 occurrences]
HOBSBAWM Eric J.*, L'Âge des extrêmes, histoire du court XXe siècle, Paris, Ed. Complexe / Le
Monde Diplomatique, 1999 (1ère version anglaise, 1994), 810 p. [0 occurrence]
1. Même occurrence dans son livre, Les Cultures politiques en France, p. 127.
2. Nous évoquerons cette question en troisième partie (voir infra p. 147).
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 17
LEQUIN Yves (dir.), Histoire des Français, 3 vol., Paris, Armand Colin, 1983-1984.
MAYEUR Jean-Marie*, La Vie politique sous la Troisième République, Paris, Seuil, 1984.
[2 occurrences, Le Citoyen contre les pouvoirs, Camille Pelletan « ministre selon son cœur »]
NAQUET Emmanuel, sa thèse sur l’histoire de la Ligue des droits de l’homme (1898-1940) sera
soutenue le 9 juin 2005.
PROST Antoine*, Histoire de l’enseignement et de l’éducation, T. IV, Depuis 1930, Paris, Perrin,
Tempus, 2004, 846 p. [0 occurrence]
RÉMOND René* (sous la dir. de Jean Favier), Histoire de France : de 1918 à 1988. 6, Notre siècle,
Paris, Fayard, 1988, 1012 p. [1 occurrence : « Paix immédiate »]
WINOCK Michel*, La Fièvre hexagonale. Les grandes crises politiques. 1871-1968, Paris,
Calmann-Lévy, 1987, 470 p. [3 occurrences : CVIA, Le Citoyen contre les pouvoirs]
La Belle Époque
Dans ces ouvrages, Alain n’est pas étudié, à proprement parler. Quelques citations viennent
appuyer des analyses qui ne le concernent pas directement. Seule l’allusion au Citoyen contre les
pouvoirs (1925) dans le livre de J.-B. Duroselle évoque son action politique, mais en dehors cette
fois de la Belle Epoque. Nous n’étendrons pas la bibliographie sur cette période puisqu’elle
s’éloigne de nos bornes chronologiques. Elle nous servira néanmoins dans le cadre de l’étude des
origines du réseau alinien qui remontent nécessairement à l’Affaire Dreyfus. Notons, au passage,
l’absence d’Alain dans les ouvrages consacrés à ce sujet. Même les allusions de Michel Drouin ne
concernent pas directement son engagement dreyfusard.
BIRNBAUM Pierre*, La France de l’Affaire Dreyfus, Paris, Gallimard, 1994, 144 p. [0 occurrence]
BREDIN Jean-Denis*, L’Affaire, Paris, Fayard, Julliard, 1993 (nouv. éd.), 856 p. [0 occurrence]
CAHM Eric*, L’Affaire Dreyfus, Paris, Librairie générale française, 1994, 244 p. [0 occurrence]
DINTZER L., ROBIN F., GRELAUD L., « Le mouvement des Universités populaires », in Le
Mouvement social, avril-juin 1961.
LEYMARIE Michel* (sous la dir. de J.-F. Sirinelli), La France contemporaine. De la Belle époque à
la Grande Guerre : le triomphe de la République, 1893-1918, Paris, Librairie générale française,
1999, 379 p. [1 occurrence]
L’entre-deux-guerres
Les années 1920 intéressent moins l’historiographie que la décennie qui suit. A cette
historiographie plus réduite correspond une absence d’occurrences significative des intellectuels
concernés par notre étude. Ainsi Alain est-il absent du livre de Frédéric Monier, Les Années vingt.
De façon générale, aucun des disciples d’Alain n’est jamais cité. Seules les personnalités qui
entrent dans le cercle de son réseau sont évoquées — et, le plus souvent, pour souligner un
glissement vers la collaboration. L’ouvrage de Jean-Baptiste Duroselle, par exemple, La
Décadence, ne cite pas une seule fois Alain dans son étude passant en revue la politique
étrangère de la France de 1932 à 1939. Or, le journalisme alinien montre un certain degré de
lucide vigilance face à l’Allemagne, qui mériterait d’être opposée aux erreurs, de la presse
notamment, relevées par Jean-Baptiste Duroselle à l’occasion des élections allemandes de 1932
(p. 58). De la même façon, lorsque ce dernier fait allusion aux intellectuels appelant au
rapprochement franco-allemand, comme Jules Romains (p. 207), il serait intéressant d’y intégrer
la persistance alinienne à promouvoir cette nécessité, et ce depuis 1919. Quant aux positions
aliniennes face à l’Italie de Mussolini et à la guerre d’Espagne, Jean-Baptiste Duroselle n’y fait pas
même allusion, alors qu’il évoque les réactions de nombreux autres intellectuels. Seul l’ouvrage
d’Eugen Weber engage le philosophe plus précisément dans l’entre-deux-guerres, et l’on y
retrouve davantage d’aliniens, tels Raymond Aron, Simone Weil, André Maurois... Ainsi des
ouvrages abordant des périodes et des thèmes équivalents ne donnent pas une importance
analogue aux mêmes protagonistes. Cette tendance se justifie sans doute dans le cadre de ces
ouvrages particulièrement généraux, mais elle témoigne tout de même d’une réalité
historiographique : la sous-estimation de l’implication alinienne dans la vie politique et
intellectuelle de l’entre-deux-guerres.
BERSTEIN Serge*, BECKER Jean-Jacques, Victoire et frustrations, 1914-1929, Paris, Ed. du Seuil,
Points Histoire T12, 1990, 480 p. [1 occurrence, Alain « professeur de pacifisme »]
BERSTEIN Serge*, La France des années trente, A. Colin, 1988, 186 p. [1 occ. : « Paix immédiate »]
BORNE Dominique, DUBIEF Henri, La Crise des années trente (1929-1938), Nouvelle histoire de
la France contemporaine, vol. 13, Paris, Seuil, 1989, 324 p.
BOUVIER Jean (dir.), La France en mouvement. 1934-1938, Paris, Seyssel, Ed. Champ Vallon,
1986, 350 p.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 19
DARD Olivier*, Les années trente, Le choix impossible, Paris, Le Livre de poche, références,
1999, 274 p. [2 occurrences, CVIA]
MONIER Frédéric*, Les Années vingt, Paris, Le Livre de poche, références, 1999, 220 p.
[0 occurrence]
SAUVY Alfred*, Histoire économique de la France entre les deux guerres, 4 tomes, Paris,
Economica, 1984, 439 p. [1 occurrence in t. 2 : Propos d’économiques]
WEBER Eugen*, La France des années trente. Tourments et perplexités, Paris, Fayard, 1995,
421 p. [sans index, 6 occurrences et 2 notes relevées : Munich, antisémitisme, Le Citoyen
contre les pouvoirs, Alain « gourou du radicalisme », Jean Mistler, « l’essence de la tragédie,
c’est l’attente de la catastrophe », les radicaux et Alain, C. Jamet]
WINOCK Michel* (ouvrage collectif, reproduction d’un numéro spécial de L’Histoire), Les Années
trente. De la crise à la guerre, Paris, Seuil, 1990, 272 p. [2 occurrences, CVIA, « Paix
immédiate »]
Guerre et paix
BOCK Fabienne, Les Sociétés, la guerre, la paix : 1911-1946, A. Colin, 2003, 121 p.
CAPDEVILA Luc*, VOLDMAN Danièle, Nos morts. Les sociétés occidentales face à la guerre,
Paris, Payot, 2002, 282 p.
HERSHBERGER Guy F., War, Peace and nonresistance, The Herald press, Scottdale, 1944, 415 p.
PROST Antoine*, WINTER Jay Murray, Penser la Grande Guerre : un essai d'historiographie, Paris,
Seuil, 2004, 340 p. [0 occurrence]
L’avant-1914
La question des responsabilités est récurrente dans les Libres Propos. Elle est d’ailleurs
concomitante à celle de la révision du traité de Versailles et en particulier de l’article 231,
déclarant l’Allemagne seule et unique responsable de la guerre. La littérature qu’elle produit est
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 20
vivement commentée dans la revue — applaudie ou dénoncée, selon qu’elle provient des
« révisionnistes » comme Georges Demartial ou de leurs opposants comme Georges
Clemenceau1. Sur ce sujet, l’énergie déployée par les rédacteurs de la revue est considérable. La
question, du reste, est à l’origine d’importantes connexions avec le réseau Alinien — celle,
notamment, qui unira durablement Jules Isaac à Jeanne et Michel Alexandre. Comme le montre
Jacques Droz, l’historiographie a évolué depuis les années 1930 sur la question des
responsabilités. Cette question fondamentale n’a pas cessé d’alimenter les débats des pacifistes
intégraux, des Libres Propos aux Feuilles libres. L’étude du réseau alinien est également originale
par ce côté-là.
DROZ Jacques*, Les Causes de la première Guerre mondiale. Essai d’historiographie, Paris, Seuil,
1973, 187 p. [Sans index, 0 occurrence relevée pour Alain, 1 occurrence pour Michel Alexandre
relative à la Société d'études documentaires et critiques]
JOLL James, The origins of the First World War, Londres/New-York, Longman, 1984, 228 p.
MOMBAUER Annika, The origins of the First World War : Controversies and Consensus, Harlow,
Longman, 2002, 256 p.
La Grande Guerre
Comme nous l’évoquions en introduction de cette première partie, les Libres Propos feront
référence à certains faits marquants de l’histoire de la Grande Guerre. C’est la raison pour laquelle
nous citons ici l’ouvrage de Vahakn Dadrian sur le génocide arménien.
BECKER Jean-Jacques*, Les Français dans la Grande Guerre, Paris, Robert Laffont, 1980, 317 p.
— 1914, Comment les Français sont entrés dans la guerre, Paris, Presses de la Fondation
nationale des sciences politiques, 1977, 637 p.
— L’Europe dans la Grande Guerre, Paris, Belin, 1996, 319 p.
— Le Traité de Versailles, Paris, PUF, 2002, 127 p.
DADRIAN Vahakn N., Histoire du génocide arménien : conflits nationaux des Balkans au Caucase,
Paris, Stock, 1996, 693 p.
Les témoignages
Les Libres Propos donneront une large place à la question du témoignage, en particulier
Jeanne Alexandre1 dans le cadre de son analyse critique des ouvrages sur la guerre et autour du
livre de Jean-Norton Cru. D’anciens combattants écrivent aussi dans les Libres Propos, et leur
manière de témoigner (celle d’Alain, entre autres) intégrerait aisément une réflexion sur le sujet.
Par ailleurs, nous avons placé l’ouvrage d’Antoine Prost dans cette section, puisqu’il présente de
nombreux témoignages d’anciens combattants ; nous l’évoquerons à nouveau, en troisième
partie2, quand il sera question de l’étendue du réseau alinien.
CAZALS Remy, ROUSSEAU Frédéric, 14-18, Le Cri d'une génération, Toulouse, Ed. Privat, 2001,
160 p.
CRU Jean-Norton, Témoins. Essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattants, édités en
français de 1915 à 1928, Abbeville (Somme), impr. F. Paillart, Paris : « les Etincelles », 731 p.,
[réédition, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1993, 727 p.]
DUPLESSIS Delphine, La Mémoire de la Grande Guerre chez les socialistes et les communistes
(1919-1924), mémoire de maîtrise, Paris X, 1992, 269 p.
PROST Antoine*, Les Anciens combattants et la société française (1914-1939), Paris, Presses de
la FNSP, 1977, 3 tomes : 237, 261 et 268 p. [thèse résumée in Les Anciens combattants, 1914-
1939, Paris, Archives Gallimard-Julliard, 1977, 247 p.].
ROUSSEAU Frédéric*, Le Procès des témoins de la Grande Guerre. L'affaire Norton Cru, Paris,
Seuil, 2003, 315 p.
Les Annexes des Libres Propos dénoncent continûment dans les années 1920 ce qu’ils
considèrent comme le prolongement de la guerre — conséquence, entre autres, du traité de
Versailles —, et consacrent beaucoup d’énergie à la question de l’aide aux réfugiés et autres
victimes permanentes de la guerre. Poincaré est également la cible favorite de 1921 à 1924 non
seulement d’Alain, mais aussi de Michel Alexandre, principal ouvrier de la première série de la
1. C. WEIS, Jeanne Halbwachs-Alexandre, Une alinienne dans la mêlée, mémoire, Paris I, 2004, p. 156.
2. Voir infra p. 89.
3. Dans son livre (cité ci-dessous, écrit en 1987), Ernst Nolte parle de guerre civile européenne. Eric J.
Hobsbawm parle d’une guerre mondiale de trente et un ans (L’Age des extrêmes, op. cit., p. 45). Ironie de
l’histoire, Alain écrivait à Elie Halévy, le 25 mars 1915 : « Et, pour la suite de cette guerre de trente ans, une
paix provisoire n'est-elle pas à prévoir? » (nous citons cette correspondance p. 68).
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 22
revue. L’œuvre accomplie, pour s’opposer à ce « refus de sortir de la guerre », reste, bien
entendu, à étudier dans le cadre du réseau alinien.
BECKER Jean-Jacques, « D’une guerre à l’autre 1914-1939 », in 14-18 Aujourd’hui, Today, Heute,
n°2, 1999, pp. 142-151.
CABANES Bruno, HUSSON Édouard (Cr.), Les Sociétés en guerre, 1911-1946, Paris, A. Colin,
2003, 286 p.
CAUSARANO Pietro (dir.), Le XXe siècle des guerres, Paris, Ed. de l’Atelier, 2004, 606 p.
DARD Olivier*, Les Sociétés, la guerre, la paix : 1911-1946, CNED : Sedes, 2003, 286 p.
CAPDEVILA Luc, ROUQUET François, VIRGILI Fabrice, VOLDMAN Danièle, Hommes et femmes
dans la France en guerre (1914-1945), Paris, Payot, 362 p.
MARRUS Michael R., Les Exclus, les réfugiés européens au XXe siècle, Paris, Calmann-Levy,
1986, 418 p.
MOSSE George L., De la Grande Guerre aux totalitarismes : la brutalisation des sociétés
européennes, Paris, Hachette, 1999, 291 p.
PROST Antoine (dir.), Guerres, paix et sociétés 1911-1946, Paris, Ed. de l'Atelier, 2003, 291 p.
[Recueil d'articles du Mouvement social]
SKRAN Claudena, Refugees in Interwar Europe. The Emergence of e Regime, Oxford, Clarendon
Press, 1995, 324 p.
STEINERT Marlis*, Les origines de la Seconde Guerre mondiale, Paris, PUF, 1974, 136 p. [recueil
de textes.]
TAYLOR Alan J. P., Les origines de la Seconde Guerre mondiale, trad. de l’anglais, Paris, Presses
de la Cité, 1961, 317 p. [« Un ouvrage qui a influencé durant des décennies l'historiographie
internationale1 »]
CALVOCORESSI Peter, WINT Guy, PRITCHARD John R., Total War : The Causes and Courses of the
Second World War, New York, Pantheon Books, 1989, 1315 p.
CARLEY Michel Jabara, 1939 : L'alliance de la dernière chance : Une réinterprétation des origines
de la Seconde Guerre mondiale, Montréal, Presses universitaires de Montréal, 2001, 362 p.
DURAND Yves, Les Causes de la Deuxième Guerre mondiale, Paris, Armand Colin, 1995, 143 p.
GROSSER Pierre*, Pourquoi la Deuxième Guerre mondiale?, Bruxelles, Complexe, 1999, 303 p.
LA GORCE Paul-Marie de*, 39-45. Une guerre inconnue, Paris, Flammarion, 1995, 639 p. [Une
relecture des choix stratégiques des grands camps en présence2]
MARTEL Gordon (dir.), The Origins of the Second World War Reconsidered : A. J. P. Taylor and
the Historians, New York/Londres, Routledge, 1999, 278 p.
OVERY Richard J., The Origins of the Second World War, New York/Londres, Longman, 1998, XII-
145 p. [Un des historiens majeurs du sujet3]
PRAZMOWSKA Anita J., Eastern Europe and the Origins of the Second World War, New York, St.
Martin's Press, 2000, 278 p.
SUR LE PACIFISME
Les ouvrages sur le pacifisme se distinguent rarement les uns des autres lorsqu’il s’agit
d’évoquer les aliniens. Ils s’appuient sur les événements les plus caractéristiques de leur histoire,
désormais bien connus, et, sauf exception, sans autre développement : l’engagement d’Alain
pendant la Grande Guerre à quarante-six ans, ses Propos sur la guerre réunis dans Mars ou la
guerre jugée, sa co-présidence au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA), son
influence sur la jeunesse, son caractère de « référent incontournable de la République radicale »
pour reprendre l’expression de Jean-Pierre Biondi, son adhésion aux accords de Munich, son nom
figurant sur le tract « Paix immédiate » de Louis Lecoin, mais aussi la phrase, déjà évoquée, de son
journal du 23 juillet 1940 : « Pour moi, j'espère que l'Allemand vaincra; car il ne faut pas que le
genre de Gaulle l'emporte chez nous [...] ».
Etudes globales
On notera avec surprise la faible représentation d’Alain et de ses disciples dans l’ouvrage
fondamental de Norman Ingram, The politics of dissent - Pacifism in France 1919-1939. L’auteur
s’est, en effet, davantage appuyé sur la Ligue internationale des combattants de la paix (LICP) de
1. Ibid.
2. Ibid.
3. Ibid.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 24
Victor Méric et sur le dépouillement de ses journaux, La Patrie humaine, Le Combat pour la paix
ou Le Barrage, pour aborder la question du pacifisme extrême. Et s’il cite Jeanne Alexandre dans
le cadre de son action auprès de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté
(LIFPL), il ne cite pas une seule fois Michel Alexandre et n’évoque pas même les Libres Propos.
Même absence significative dans l’ouvrage dirigé par Peter Brock, à l’exception de l’allusion à
Michel Alexandre et aux onze personnalités de la minorité pacifiste de la Ligue des droits de
l’homme (dans le chapitre rédigé par Norman Ingram).
BARBIER J. B., Le Pacifisme dans l’histoire de France (de l’An mille à nos jours), Paris, La Librairie
française, 1966, 446 p.
BARIÉTY Jacques, FLAURY Antoine (dir.), Mouvements et initiatives de paix dans la politique
internationale 1867-1928, Berne, Peter Lang, 1987, 391 p.
BIONDI Jean-Pierre*, La Mêlée des pacifistes (1914-1945), Maisonneuve et Larose, Paris, 2000,
239 p. [23 occurrences : « théoricien du radicalisme moderne », « référent incontournable de la
République radicale », Paul Rives, CVIA vu par Correspondance internationale, intégralité d’un
propos de Mars, 8 lignes sur les Libres Propos, « On pouvait donc parler [à propos d’Alain et de
F. Challaye] « d’individualités à résonance collective », car leur impact sur l’opinion en générale,
et l’intelligentsia en particulier, était réel », le « pacifisme rédempteur », pamphlet de Bergery
Refus de penser en cœur, Marcel Déat, Challaye et La ligue de la pensée française, « pacifisme
éclairé » d’Alain opposé au « pacifisme de terroir » de J. Giono, Roger Martin du Gard, « J’espère
que l’Allemagne vaincra...»]
BROCK Peter*, Challenge to Mars : essays on pacifism from 1918 to 1945, University of Toronto
Press, 1999, 474 p. [0 occurrence sur Alain, 1 sur Michel Alexandre à propos de la LDH]
CHATFIELD Charles, For peace and justice : pacifism in America, 1914-1941, The University of
Tennessee press, cop. 1971, 447 p.
CHAUNU Pierre (dir.), Les Enjeux de la paix. Nous et les autres, XVIIIe-XXIe siècle, Paris, PUF,
1995, 360 p.
COURTOIS Stéphane*, Le Pacifisme de 1920 à nos jours, Paris, SEHRIC, 1988, 116 p.
DEFRASNE Jean*, Le Pacifisme en France, Paris, PUF, 1994, 261 p. [9 occurrences : la Grande
Guerre, Mars, l’Appel aux consciences de V. Margueritte, allusion au petit groupe des aliniens,
CVIA, « Paix immédiate », allusion à l’influence d’Alain sur la jeunesse, « J’espère que
l’Allemagne vaincra », la Ligue de la pensée française]
INGRAM Norman*, The Politics of dissent - Pacifism in France 1919-1939, Oxford, Clarendon
Press, 1991, 366 p. [3 occurrences, renvoi à J.-F. Sirinelli, Le Citoyen contre les pouvoirs,
Munich].
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 25
VAÏSSE Maurice*, Le Pacifisme en Europe : des années 1920 aux années 1950, Bruylant,
Bruxelles, 1993, 455 p. [6 occurrences : Le Citoyen contre les pouvoirs, Europe et la loi Paul-
Boncour, Félicien Challaye et La Paix sans aucune réserve, l’objection de conscience]
Les Internationales et le problème de la guerre au XXe siècle, Rome, Ecole française de Rome,
1987, 388 p.
Pacifisme de gauche
Christophe Prochasson analyse, dans son livre Les intellectuels, le socialisme et la guerre,
l’engagement de Michel Alexandre, de Charles Gide, de Léon Emery et d’un certain nombre de
personnalités pacifistes, proches, entre autres, des idées défendues dans les Libres Propos. C’est
un des rares ouvrages où figure Michel Alexandre et qui évoque le rôle joué par les revues qu’il
animait. Il rend compte, dans son introduction, de l’importance de la correspondance dans
l’observation des réseaux, et son travail constitue un excellent tremplin dans le cadre de notre
recherche appliquée à l’identité du réseau alinien, dont la spécificité est d’échapper aux partis, et
a fortiori au Parti socialiste.
BECKER Jean-Jacques, BERSTEIN Serge*, Histoire de l’anticommunisme, Paris, Ed. Olivier Orban,
1987, 407 p. [sans index, 0 occurrence relevée]
BECKER Jean-Jacques, KRIEGEL Annie, 1914. La guerre et le mouvement ouvrier français, Paris,
A. Colin, 1964, 244 p.
BILIS Michel*, Socialistes et pacifistes : l'intenable dilemme des socialistes français (1933-1939),
Syros, 1979, 372 p.
CASTAGNEZ-RUGGIU Noëlline, « Le Pays Socialiste, par la Liberté, par la Paix : des socialistes
pacifistes autour de Paul Faure », in Matériaux, janvier-mars 1993, op. cit., pp. 48-52.
DREYFUS Michel, « Le Parti communiste français et la lutte pour la paix à travers les organisations
de masse, 1936-1939 », in Colloques sur : Le Parti communiste français de la fin de 1938 à
1941, organisé par la FNSP et l’IHTP les 14-15 oct. 1983 à Paris.
— « Le parti communiste français et la lutte pour la paix du Front populaire à la Seconde
Guerre mondiale », in Communisme, n° 18-19, 2ème et 3ème trimestre 1988, pp. 98-
106.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 26
— « Pacifistes socialistes et humanistes dans les années trente », in Revue d’histoire moderne
et contemporaine, tome XXXV, juillet-septembre 1988.
— Le Siècle des communismes [en collaboration avec B. Groppo, C. Ingerflom, R. Lew, C.
Pennetier, B. Pudal et S. Wolikow], Paris, Ed. Atelier, 2000, 542 p.
KRIEGEL Annie, Aux origines du communisme français (1914-1920), Mouton, 1964, 2 vol.,
995 p.
MERLE Marcel, Pacifisme et internationalisme, XVIIe-XXe siècles (textes choisis), A. Colin, 1966,
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RABAUT Jean*, Tout est possible! Les gauchistes français, 1929-1944, Paris, Denoël, 1974, 415 p.
[4 occurrences pour Alain : S. Weil, le Centre syndical d'action contre la guerre, « Paix
immédiate » — 3 occurrences pour Michel Alexandre, dont une différente : la Fédération des
étudiants révolutionnaires]
SANTAMARIA Yves*, L'Enfant du malheur : le Parti communiste français dans la lutte pour la
paix : 1914-1947, S. Arslan, 2002, 315 p.
— Le Parti communiste français dans la lutte pour la paix. 1932-1936, thèse d’histoire, sous
la dir. d’Annie Kriegel, Paris X, 1990, 950 p.
— « Un prototype toutes missions : le Comité de lutte contre la guerre dit « Amsterdam-
Pleyel » (1932-1936) », in Communisme, n° 18-19, 2ème et 3ème trimestre 1988, pp.
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SOWERWINE Charles*, Le mouvement ouvrier français contre la guerre, 1914-1918, EDHIS, Paris,
1985, 7 volumes.
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GORGUET Ilde, Les mouvements pacifistes et la réconciliation franco-allemande dans les années
vingt (1919-1931), Berne, Lang, 1999, 331 p.
LÉVY Claude, « Autour de Jean Luchaire : le cercle éclaté de Notre Temps », in Hans-Manfred
Bock, Reinhart Meyer-Kalkus, Michel Trebitsch, Entre Locarno et Vichy, les relations culturelles
franco-allemandes dans les années trente, t. I, Paris, CNRS Éditions, 1993, p. 121-130.
NAQUET Emmanuel, « Éléments pour l'étude d'une génération pacifiste dans l'entre-deux-
guerres : la LAURS et le rapprochement franco-allemand (1924-1933) », in Matériaux pour
l'histoire de notre temps, édité par l'Association des amis de la BDIC et du musée, janvier-mars
1990, n° 18, p. 50-58.
Pacifisme et religion
L’anticléricalisme républicain des acteurs de la revue Libres Propos ne signifie pas hostilité
délibérée au fait religieux. Jeanne Alexandre n’est pas indifférente à l’idée de Dieu pourvu qu’elle
soit sociale. Et l’on note même une sympathie pour les croyants, toutes confessions confondues,
1. M. ALEXANDRE, « Pour une Internationale ouvrière, Un projet : le stage ouvrier », in LP, mars 1931,
pp. 149-151.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 28
dès lors que leurs discours participent, dans un même humanisme, à la défense de la paix et de
la justice sociale. Ainsi en va-t-il de Marc Sangnier — que Jeanne Alexandre avait déjà rencontré
avant la Grande Guerre1 — et de Pie XI à l’occasion de sa nouvelle encyclique en décembre 1922,
ou d’Emmanuel Mounier; les exemples se suivent tout au long de l’entre-deux-guerres. René
Château écrira, en 19442, en évoquant l’école alinienne : « Du radicalisme trop radical, des athés
presque chrétiens et des pacifistes presque guerriers, tant ils haïssent la guerre3 ». De ces liens,
du rapport des pacifistes de gauche à la religion, l’historiographie pourrait s’enrichir à travers
l’histoire des Libres Propos.
BECKER Annette*, La Guerre et la foi. De la mort à la mémoire 1914-1930, Paris, A. Colin, 1994,
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BELLEC A. M.*, Le nationalisme et le pacifisme dans les milieux catholiques de 1933 à 1939
d'après les périodiques, thèse, Paris, 1967, 136 p.
FOUILLOUX Etienne, Les Chrétiens français entre crise et Libération 1937-1947, Paris Seuil, 1997,
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GOYET Bruno, « Les mouvements catholiques pour la paix à travers les papiers du Père Yves de
La Brière », in Matériaux..., n° 30, janvier-mars 1993, op. cit., pp. 14-20.
REMOND René, Les Catholiques dans la France des années 1930, Paris, Cana, 1979, 273 p.
Pacifisme juridique
L’étude des Libres Propos permettrait d’approfondir la question du rapport complexe entre le
pacifisme intégral et le pacifisme « de Genève », notamment avec les principaux leaders de
l’Association de la paix par le droit (APD), tel Jules Prudhommeaux ou Théodore Ruyssen. Comme
le rappelle Norman Ingram, l’APD « exerce [au début des années 1920] une quasi-hégémonie sur
le pacifisme français » et, jusqu’en 1932, « on voit les Félicien Challaye [membre du comité
directeur jusqu’à cette date] et les Léon Emery militer [à leurs] côtés ». Cependant une première
ligne de fracture apparaît au milieu des années 1920, en particulier sur la responsabilité de
l’Allemagne dans le déclenchement de la Grande Guerre. La question de l’objection de
conscience sera un autre cheval de bataille, jusqu’au débat sur le pacifisme intégral lancé par
Félicien Challaye dans les Cahiers des droits de l’homme en 1928-1929 et dans la Paix par le droit
en 1931-1932.
BARIETY Jacques, FLEURY Antoine (dir.), Mouvements et initiatives de paix dans la politique
internationale 1867-1928, Berne, Peter Lang, 1987, 391 p.
Pacifisme « intégral », « extrême », « radical »... tels sont les principaux qualificatifs retenus par
l’histoire pour désigner l’« aveugle » obstination avec laquelle certains pacifistes sont restés sur
leurs positions, malgré la montée des périls et des exigences hitlériennes. C’est là toute la
difficulté de l’analyse du pacifisme radical, lucide en permanence jusqu’à « l’aveuglement ». Cette
attitude portera durablement préjudice à la mémoire de ces intellectuels, n’eurent-ils aucun lien
condamnable avec Vichy. Or, cet aveuglement n’a jamais été pesé, ni étudié de très près, et sans
doute mérite-t-il quelques nouvelles réflexions, car lucidité et aveuglement ne peuvent, du jour
au lendemain, passer d’un camp à l’autre sans autre forme de procès. De là naîtront des erreurs
d’appréciations nourries, entre autres, par l’inexactitude des faits rapportés. C’est pourquoi, nous
pensons qu’il faut revenir sur l’appréciation des périls et tâcher de comprendre au-delà de ce qui
a déjà été jugé. Nous n’avons pas trouvé d’ouvrages exclusivement consacrés au pacifisme
intégral spécifique aux aliniens. C’est, du reste, l’objet de notre projet de thèse, le sous-titre de
ce mémoire s’intitulant Histoire paradoxale d’un pacifisme intégral.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 30
AUVRAY Michel*, Objecteurs, insoumis, déserteurs : Histoire des réfractaires en France, Paris,
Stock 2, 1983, 438 p.
BECKER Annette*, « L’exil intérieur des pacifistes intégraux (1914-1918) », in Matériaux pour
l'histoire de notre temps, janvier-mars 1993, juillet-sept. 2002, n° 67, pp. 28-35.
CATTELAIN Jean-Pierre*, L’Objection de conscience, Paris, PUF (Que sais-je?), 1973, 128 p.
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BERTRAND-SABIANI Julie*, Le Pacifisme dans les lettres françaises : de la Belle Epoque aux
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BOUSCH Denis, Les Écrivains du front : la littérature allemande après 1918 et l'engagement
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LEROY Géraldi*, « Le pacifisme des écrivains dans les années trente », in Le Pacifisme dans les
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CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 31
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1997, 185 p.
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Pacifisme féminin
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RACINE Nicole, TREBITSCH Michel, « L'Europe avant la pluie. Les intellectuels et l'idée
européenne dans l'entre-deux-guerres », in Melusine, n° XIV, Paris, 1994, pp. 23-49.
ANTICOLONIALISME
chercher les contributions les plus critiques. Dans le groupe Clarté, par exemple, ou au journal
Monde, animés l’un et l’autre par Henri Barbusse; ou dans le mouvement surréaliste, qui
n’épargne à ses lecteurs aucun sarcasme sur le « brigandage colonial » et appelle au boycott de
l’Exposition coloniale », écrit Bernard Droz. Les Libres Propos doivent être associés à cet
engagement intellectuel en faveur d’une justice coloniale ou plus délibérément contre le
colonialisme.
DROZ Bernard*, « La colonisation sous la IIIe République », in Dictionnaire des intellectuels, op.
cit., p. 342.
GIRARDET R., L’Idée coloniale en France, de 1871 à 1962, Paris, La Table ronde, 1972, 506 p.
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FABIANI Jean-Louis*, Les Philosophes de la République, Paris, Ed. de Minuit, 1988, 177 p.
[3 occurrences]
LALOUETTE Jacqueline, La Libre pensée en France, 1848-1940, Paris, Albin Michel, 1997, 636 p.
LAMOTTE D. et RISPAIL J.-L. (dir.), Intellectuel(s) des années trente. Entre le rêve et l'action, Paris,
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LEYMARIE Michel*, Les Intellectuels et la politique en France, Paris, PUF, 2001, 127 p. [sans
index, 7 occurrences relevées : engagement en 1914, influence sur la jeunesse, CVIA, « Refus de
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 35
penser en cœur », Munich, « Paix immédiate » de Decoin [sic], Max Gallo en 1983 « Où sont les
Gide...»]
LOTTMAN Herbert R.*, La Rive gauche, du Front populaire à la guerre froide (trad. de l’américain),
Paris, Seuil, 1981, 394 p. [8 occurrences : Cl. Jamet, la naissance du Front populaire et du CVIA,
Vendredi, E. Dabit lisant une déclaration d’Alain aux assises de l’Association internationale des
écrivains pour la défense de la culture le 4 nov. 1935, télégramme adressé à Daladier et
Chamberlain, « brève contribution » d’Alain à la NRF de Drieu la Rochelle, Jean Prévost résistant]
LOUBET DEL BAYLE Jean-Louis*, L’Illusion politique au XXe siècle, des écrivains témoins de leur
temps J. Romains, Drieu la Rochelle, Aragon, Camus, Bernanos, Malraux, Paris, Ed. Economica,
1999, 369 p. [sans index, 1 occurrence relevée, brève allusion à la Dépêche de Rouen]
MERLIO Gilbert (dir.), Ni gauche, ni droite : les chassés-croisés idéologiques des intellectuels
français et allemands dans l'entre-deux-guerres, Talence, Editions de la Maison des sciences de
l'homme d'Aquitaine, 1995, 314 p.
ORY Pascal*, SIRINELLI Jean-François, Les Intellectuels en France de l'Affaire Dreyfus à nos jours,
Paris, Armand Colin, 2002, 282 p. [13 occurrences : Universités populaires, boursiers et
Lagneau, la loi des trois ans, pacifisme de la Grande Guerre, influence sur la jeunesse, l’Appel
des intellectuels du 10 février 1934, CVIA, Vendredi, le Centre syndical d’action contre la guerre
de Michel Alexandre (1938), « Paix immédiate », Max Gallo en 1983]
RACINE Nicole*, « Bataille autour d’intellectuels dans les manifestes et contre-manifestes de 1918
à 1939 », in Intellectuel(s) des années trente. Entre le rêve et l’action, sous la direction de
Danielle Bonnaud-Lamotte et Jean-Luc Rispail, Editions du CNRS, 1989, pp. 223-238.
RACINE Nicole et TREBITSCH Michel (dir), « Intellectuels engagés d'une guerre à l'autre : actes de
la table ronde du 18 novembre 1993...», in Les Cahiers de l'Institut d'histoire du temps présent,
CNRS, Paris, 1994, n° 26, 274 p.
— « Les intellectuels », in Pour une histoire politique, sous la direction de René Rémond,
Paris, Seuil, 1988, 399 p.
SOULEZ Philippe* (dir.), La Guerre et les philosophes de la fin des années 20 aux années 50,
Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 1992, 320 p. [6 occurrences : « pacifisme hors
de propos », les disciples vichyssois, R. Aron, S. Weil]
Réseaux
Nous verrons en troisième partie que l’étude du réseau alinien ne se limite pas aux liens avec
les élites, qu’elles soient intellectuelles ou politiques. En particulier, nous voudrions analyser ce
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 36
qui rapproche Alain des anciens combattants, et dans quelle mesure ces derniers participent à
l’extension du réseau alinien. Nous avons déjà évoqué1 l’ouvrage d’Antoine Prost, Les Anciens
combattants, qui n’est pas directement concerné par la thématique du réseau, mais dans lequel
l’influence du philosophe est évoquée. Or, nous n’avons pas trouvé d’études analysant
précisément cette question, importante pour notre sujet.
CHARLE Christophe*, La République des universitaires 1870-1940, Paris, Seuil, 1994, 505 p.
CHAUBET François, Paul Desjardins et les décades de Pontigny, Villeneuve d'Ascq, Presses
universitaires du Septentrion, 2000, 327 p.
GIRAULT Jacques, Instituteurs, professeurs : une culture syndicale dans la société française : fin
XIXe-XX siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, 351 p.
RACINE Nicole, TREBITSCH Michel, « Sociabilités intellectuelles : lieux, milieux, réseaux », in Les
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ROCHE Anne*, TARTING Christian (dir), Des années trente. Groupes et ruptures, [actes du
colloque d'Aix-en-Provence des 5-7 mai 1983, organisé par l'antenne de l'U.R.L. n° 5 de l'Institut
national de langue française à l'université de Provence 1], Paris, Editions du CNRS, 1985, 298 p.
Jeunesse et générations
AZÉMA Jean-Pierre, WINOCK Michel, « Les générations », in Vingtième siècle, revue d'histoire,
numéro spécial, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, n° 22, avril-juin
1989, pp. 3-116.
CHOLVY Gérard, Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (XIX-
XXe siècles), Paris, Cerf, 1999, 419 p.
SMITH R. J., The Ecole normale supérieure and the Third republic, Albany, State University of
New-York, 1982, 201 p.
WOHL Robert, Generation of 1914, Londres, Weidenfeld and Nicolson, 1980, 307 p.
BRUNETEAU Bernard, L'Europe nouvelle de Hitler : une illusion des intellectuels de la France de
Vichy, Paris, Ed. du Rocher, 2003, 435 p.
CHARPENTIER Pierre Frédéric, Les Intellectuels au cours des années 39-40, thèse sous la direction
de Pascal Ory (soutenue le 4 juin 2005).
HEBEY Pierre, La NRF des années sombres, juin 1940 - juin 1941. Des intellectuels à la dérive,
Paris, Gallimard, 1992, 460 p.
LINDENBERG Daniel*, Les Années souterraines 1937-1947, Paris, Ed. La Découverte, 1990,
408 p. [13 occurrences]
RIOUX Jean-Pierre*, La Vie culturelle sous Vichy, Bruxelles, Complexe, 1990, 412 p. [cite Simone
Weil qui écrivit dans Les Cahiers du Sud sous le pseudo d’Emile Nouis (1940-1942)].
SAPIRO Gisèle, La Guerre des écrivains, 1940-1953, Paris, Fayard, 1999, 807 p. [14 occurrences :
Vendredi, H. Massis élève d’Alain à Condorcet, le Grand Prix de littérature de 1943, la NRF de
J. Paulhan, puis de Drieu la Rochelle, « l’Académie idéale » de F. Mauriac]
Biographies d’intellectuels
L’ouvrage de Jean-Louis Loubet del Bayle est intéressant dans le cadre de notre étude, car il
s’intéresse aux personnalités politiques et intellectuelles qui, dans leur jeunesse, ont souhaité
échapper aux groupes politiques traditionnels pour en renouveler la pensée. Or, le réseau alinien
se caractérise précisément par cette même volonté d’indépendance, de liberté et de réflexion
politique « en marge des partis et des mouvements établis1 », par cette nécessité critique faisant
de chacun le « dissident » d’une famille politique ou intellectuelle. Et pourtant, Jean-Louis Loubay
del Bayle ne compte pas avec les aliniens, dont la jeunesse des membres est caractéristique,
lorsqu’il s’intéresse aux non-conformistes des années 1930, ni ne cite les Libres Propos lorsqu’il
fait allusion à « l’étonnant pullulement de revues » dominées par cette nouvelle génération
d’intellectuels désireuse de construire « un monde nouveau »2. N’est-ce pas justement au nom
des Libres Propos que, dès mars 1934, Michel Alexandre s’emploie sur plusieurs numéros à
détailler « une esquisse des réformes républicaines les plus urgentes à réaliser : Réforme politique
sous l'idée de Contrôle; Réforme économique sous l'idée d'Egalité; Réforme intellectuelle sous
l'idée d'Humanité ».
« Jean Touchard et Jean-Louis Loubet del Bayle avaient cantonné leur analyse au seul versant
de droite du paysage politique français, écrit Jean-François Sirinelli. II nous semble pourtant qu'à
gauche également, Révolution constructive et le courant « Jeune-Turc » au sein du Parti radical
appartiennent, avec, naturellement, plus que des nuances, au même mouvement de
rénovation3 ». Reste à considérer, dans cette gauche, l’œuvre des « non-conformistes » liés aux
Libres Propos. De ce point de vue, l’étude du réseau alinien pourrait prolonger celle des « non-
conformistes » proposée par Jean-Louis Loubay del Bayle, et reprise par Olivier Dard dans Le
Rendez-vous manqué des relèves des années 1930. On voit, avec ce dernier ouvrage, que
l’historiographie s’interroge aussi sur l’usage des termes : « non-conformisme et non-
conformistes, deux notions à déconstruire? », s’interroge Olivier Dard. Pour ce dernier « la
démarche souffre d’abord d’une question de méthode. [...] En fait, les figures de proue du
mouvement ne sont pas tout à fait des hommes neufs4. » Pour autant, l’auteur, s’il fait une allusion
aux Feuilles libres de la quinzaine, laisse de côté la « relève » qui aux côtés de Michel Alexandre
anime le militantisme alinien.
BRUN Gérard, Technocrates et technocratie en France (1918-1945), Paris, Albatros, 1985, 324 p.
1. Jean-Louis LOUBET DEL BAYLE, Les Non-conformistes des années trente. Une tentative de
renouvellement de la pensée politique française, Paris, Seuil, 2001, p. 28.
2. Ibid, p. 29.
3. J.-F. SIRINELLI, Génération intellectuelle..., op. cit., p. 394.
4. Olivier DARD, Le Rendez-vous manqué des relèves des années 1930, pp. 5-6.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 40
DARD Olivier*, Le Rendez-vous manqué des relèves des années 1930, Paris, PUF, 2002, 332 p.
[1 occurrence : pétition in Nouveaux Cahiers de sept. 1938]
LEFRANC G., Histoire du Front populaire, 1934-1938, Paris, Payot, 1965, 501 p,
LOUBET DEL BAYLE Jean-Louis*, Les Non-conformistes des années trente. Une tentative de
renouvellement de la pensée politique française, 1969, rééd. Paris, Seuil, 2001, 562 p.
[1 occurrence : « l’enquête sur l’ordre » de Réaction en avril 1930].
OLIVERA Philippe, La Politique lettrée en France. Les essais politiques (1919-1932), thèse de
doctorat d'histoire, Université de Paris I, 2001, 791 p.
TOUCHARD Jean, « L'esprit des années trente », in Tendances politiques dans la vie française
depuis 1789, Paris, Hachette, 1960, p. 90-120 [réédité in Pierre Andreu, Révoltes de l'esprit, Les
revues des années trente, Paris, Editions Kimé, 1991, p. 195-229].
Les aliniens ont beau se distinguer par leur indépendance et par cet « individualisme
anarchisant2 » comme l’écrit Serge Berstein — signifiant par là ce qui ressort des Eléments d’une
doctrine radicale (1925) —, ils n’en sont pas moins proches, et parfois membres, des principaux
partis de gauche de l’entre-deux-guerres. C’est pourquoi, il nous paraît intéressant de vérifier leur
présence ou leur absence, selon les cas, dans l’histoire des différents partis politiques. D’ores et
déjà, Alain n’apparaît chez Serge Berstein que pour être mieux éliminé du parti radical. Et il nous
semble que l’opposition ou la résistance d’anciens socialistes comme Jeanne et Michel
Alexandre, ou de socialistes actifs comme Lucien Cancouët, pour ne citer qu’eux, s’intégrerait à
une histoire de la SFIO. De la même façon, les réticences de Simone Weil à l’égard du Parti
communiste français constituent un élément non négligeable de son histoire.
ROBRIEUX Philippe, Histoire intérieure du Parti communiste. t. 1, 1920-1945, Paris, Fayard, 1980,
583 p.
SIRINELLI Jean-François (dir.), Histoire des droites en France, 3 vol., Paris, Gallimard, 1992,
794 p., 771 p., 956 p.
L’histoire des Libres Propos ne s’arrête pas, en 1939, avec les derniers numéros des Feuilles
libres de la quinzaine. Il faut y associer les années noires qui verront un certain nombre des
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 43
AMOUROUX Henri*, La Grande histoire des Français sous l'Occupation, Paris, Robert Laffont,
5 vol. [1 occurrence relevée in vol. 1]
AZEMA Jean-Pierre*, BEDARIDA François, La France des années noires. 1. De la défaite à Vichy,
Paris, Seuil, 2000, vol. 1, 580 p. [3 occurrences, CVIA, « Paix immédiate », R. Château et sa Ligue
de la pensée française datée ici de 1943]
— La France des années noires. 2. De l’occupation à la Libération, Paris, Seuil, 2000, vol. 2,
632 p. [0 occurrence]
Autour de la collaboration
ARON Robert, Histoire de Vichy, 1ère éd. en 1954, nouvelle éd. : Paris, A. Sauret, 1974, 2 vol.
(434 p., 531 p.).
BURRIN Philippe, La France à l’heure allemande, 1940-1944, Paris, Seuil, 1997, 559 p.
[2 occurrences : NRF, la Ligue de la pensée française]
CONAN Eric, ROUSSO Henry, Vichy, un passé qui ne passe pas, Paris, Fayard, 1994, 513 p.
ORY Pascal*, La France allemande, Paris, Gallimard, 1977, 373 p. [sans index, 2 occurrences
relevées : cité par Georges Suarez et Camille Mauclair, sans affinités]
— Les Collaborateurs, 1940-1945, Paris, Seuil, 1990, 331 p. [6 occurrences : pacifisme inté-
gral, « Paix immédiate », René Château, Claude Jamet, Drieu la Rochelle et la NRF]
PAXTON Robert O.*, La France de Vichy : 1940-1944, Paris, Seuil, 1973, 375 p. [1 occurrence :
CVIA]
ROUSSO Henry*, Vichy. L’Evènement, la mémoire, l’histoire, Paris, Gallimard, 2001, 750 p.
[0 occurrence]
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 44
Socialisme et résistance
La question s’impose non seulement par la seule présence, dans la résistance, d’aliniens
comme Jean Prévost et Georges Canguilhem, contre-modèles d’une « lâcheté » souvent avancée
à l’encontre d’Alain et des siens par les détracteurs du pacifisme intégral, mais aussi dans le cadre
du questionnement de Philippe Soulez :
« [...] d’où vient l’étrange coalition du silence après-guerre pour tenter de faire oublier
délibérément Echec de la force, l’appel « Paix immédiate », l’engagement vichyssois de
disciples proches que ne rachète pas celui de Simone Weil dans la France libre1 ? ».
BERSTEIN Serge*, CÉPÈDE Frédéric, MORIN Gilles, PROST Antoine, Le Parti socialiste entre
Résistance et République, Paris, Publications de la Sorbonne, 2000, 357 p. [1 occurrence pour
G. Canguilhem, 1 occurrence pour J. Prévost]
GUIDONI Pierre, VERDIER Robert (dir.), Les Socialistes en résistance, 1940-1944 : Combats et
débats, actes de la journée du 15 mai 1998, organisée par l'Office universitaire de recherche
socialiste et la Société des amis de Léon Blum, Paris, S. Arslan, 1999, 188 p.
MAYER Daniel, Les Socialistes dans la résistance, Paris, PUF, 1968, 250 p.
Procès et épurations
Parmi les disciples et les proches d’Alain, certains collaboreront au régime de Vichy. Les
anciens élèves René Château et Georges Bénézé, notamment, seront « condamnés » à la
Libération. Léon Emery et Félicien Challaye auront des procès difficiles, mais recevront le soutien
de Michel Alexandre. Bien entendu, il n’existe pas de bilan des peines prononcées à l’encontre
des aliniens collaborateurs, comme il n’existe aucun bilan de l’engagement des résistants. Ce
travail reste à faire, qui permettrait de situer précisément le réseau alinien dans la guerre.
BARUCH Marc Olivier (dir.), Une poignée de misérables. L'épuration de la société française après
la Seconde Guerre mondiale, Paris, Fayard, 2003, 612 p. [L'épuration administrative et
professionnelle2]
DELPORTE Christian, « L’épuration des journalistes », in Matériaux pour l’histoire de notre temps,
juillet-décembre 1995, n° 39/40, pp. 28-31.
HENKE Klaus-Dietmar, WOLLER Hans (dir.), Politische Sauberung in Europa. Die Abrechnung mit
Faschismus und Kollaboration nach dem Zweiten Weltkrieg, Munich, DTV, 1991, 396 p. [Une
des rares études comparatives, très complète, sur l'épuration en Europe3]
HUYSE Luc, DHONDT Steven, La Répression des collaborations 1942-1952. Un passé toujours
présent, Bruxelles, CRISP, 1993, 346 p. [Sur la Belgique, une des meilleures analyses sur
l'histoire sociale de l'épuration, à comparer avec le collectif dirigé par M. O. Baruch4]
KAPLAN Alice, Intelligence avec l'ennemi. Le procès Brasilllach, Paris, Gallimard, 2000, 305 p.
[Un livre remarquable sur le monde judiciaire et les milieux intellectuels1]
LOTTMAN Herbert R.*, L'Épuration 1943-1953, Paris, Fayard, 1986, 532 p. [0 occurrence sur
Alain, 1 occurrence sur F. Challaye acquitté]
L’ANTISÉMITISME
Nous aborderons cette question en troisième partie2. Elle n’est pas directement traitée dans
les Libres Propos ou Les Feuilles libres de la quinzaine, quoiqu’elle soit sous-jacente dans certains
articles consacrés à la violence nazi. L’antisémitisme d’Alain — qui donne pourtant son adhésion,
en avril 1934, à la Ligue internationale contre l’antisémitisme3 — mais que l’histoire a retenu,
justifie cette section.
ANDICS Hellmut, Histoire de l'antisémitisme, trad. de l'allemand par Raymond Albeck, Paris,
Albin Michel, 1967, 315 p.
BADINTER Robert, Un antisémitisme ordinaire : Vichy et les avocats juifs, 1940-1944, Paris,
Librairie générale française, 1999, 217 p.
DEBONO Emmanuel, Militer contre l'antisémitisme en France dans les années 1930 : l'exemple
de la Ligue internationale contre l'antisémitisme 1927-1940, Institut d'études politiques, 2000,
273 p.
ERNER Guillaume, Expliquer l'antisémitisme : le bouc émissaire : autopsie d'un modèle explicatif,
Paris, PUF, 2005, 258 p.
FABRE Philippe, Le Conseil d'État et Vichy : le contentieux de l'antisémitisme, av.-pr. par Étienne
Picard, issu d'un mémoire de DEA de droit public de l'Université Paris I (soutenu en juin 1998),
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FABRE-LUCE Alfred, Pour en finir avec l'antisémitisme, Paris, Julliard, 1979, 154 p.
FONTETTE François (de), Histoire de l'antisémitisme, Paris, PUF, coll. Que sais-je?, 1993, 127 p.
GANIER-RAYMOND Philippe, Une certaine France : l'antisémitisme 40-44, Paris, Balland, 1975,
193 p.
1. Ibid.
2. Voir infra p. 113.
3. Cf. Cahier 1 de Monique Morre-Lambelin, infra p. 89.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 46
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WINOCK Michel*, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Paris, Seuil, 1990, 444 p.
[0 occurrence]
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FASCISME ET ANTIFASCISME
BURRIN Philippe*, La Dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery 1933 - 1945, Seuil, 1986, 534 p.
[7 occurrences : volontariat d’Alain en 1914, M. Déat, R. Château, « Paix immédiate », visite de
M. Déat en nov. 1939, le journal de juillet 1940, la Ligue de la pensée française]
MILZA Pierre, Fascismes français, passé et présent, Paris, Flammarion, 1987, 465 p.
RACINE, Nicole, « Une cause : l'antifascisme des intellectuels dans les années trente », in Politix,
n° 17, 1992, pp. 79-85.
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 47
Socialisme et fascisme : une même famille?, colloque sur les sources socialistes du fascisme,
Paris, Albin Michel, 1983, 175 p.
Le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) n’a guère suscité d’études. Mis à
part l’article de Nicole Racine dans Le Mouvement social et le mémoire de Laurence Estival, il
n’existe aucune autre analyse du mouvement et de son organe. Le long article de Nicole Racine
donne cependant un aperçu assez complet du contenu du bulletin d’avril 1934 à juillet 1939, et
constitue une précieuse esquisse de l’histoire du mouvement. Bien entendu, son étude pourrait
s’enrichir d’autres développements. Nicole Racine suggère elle-même, afin « d’évaluer
l’influence du CVIA sur l’opinion », « une étude socio-géographique de ses sections ». Comme
nous le verrons en troisième partie, un travail sur l’influence du réseau alinien permettrait de
prolonger les rares travaux effectués sur le sujet.
La presse
Illustration du vide historiographique relatif aux revues aliniennes, aucun des ouvrages
consultés de la liste suivante n’évoque seulement les Libres Propos, les Feuilles libres de la
quinzaine ou Vigilance. Fort logiquement, leurs acteurs ne sont pas plus cités, à l’exception
d’Alain lorsqu’il est question de la NRF. L’Histoire générale de la presse (1871-1940) mentionne
CHAPITRE 1 - BIBLIOGRAPHIE 48
également le nom du philosophe pour indiquer qu’il collabore à La Lumière, mais ne signale pas
son parcours journalistique, qui remonte au début du XXe siècle, notamment dans les colonnes
de La Dépêche de Rouen. De même pour ce qui concerne le journalisme de Simone Weil et de
Raymond Aron, absents de cet ouvrage. Il est, du reste, assez peu d’études consacrées au monde
des revues dans l’entre-deux-guerres.
ADMUSSEN Richard L.*, Les Petites revues littéraires 1914-1939. Répertoire descriptif, Saint-
Louis Missouri, Washington Press et Paris, Librairie A. G. Nizet, 1970, 159 p.
ALBERT Pierre*, Histoire de la presse, Paris, PUF, 1993, « Que Sais-je », 127 p.
ANDREU Pierre*, Révoltes de l'esprit, Les revues des années trente, op. cit., 276 p. [sans index,
3 occurrences relevées : aucune relative au journalisme d’Alain]
BELLANGER Claude, La Presse clandestine, 1940-1944, Paris, Armand Colin, 1961, 260 p.
BELLANGER Claude*, GODECHOT Jacques, GUIRAL Pierre, TERROU Fernand (dir.), Histoire
générale de la presse (1871-1940), vol. 3, Paris, PUF, 1972, 688 p. [2 occurrences : La Lumière,
NRF]
CAILLARD Maurice, FOROT Charles, « Les Revues d’avant-garde », in Belles Lettres, n°65-66,
décembre 1924, réédition Ent’revues, J.-M. Place, 1990.
CORPET Olivier, « La revue », in Histoire des droites en France, op. cit., t. II : Cultures, Paris,
Gallimard, 1992, p. 161.
DECAUDIN Michel, « Formes et fonctions des revues littéraires au XXe siècle », in Situation et
avenir des revues littéraires. Actes du colloque de Nice (1975), Nice, université de Nice, Centre
du XXe siècle, 1976.
GOURMONT Remy (de), Les Petites revues. Essai de bibliographie, Paris, Mercure de France,
1900, 34 p.
JULLIARD Jacques, « Le monde des revues au début du siècle », in Cahiers Georges Sorel, n° 5,
1987, pp. 3-9.
LECOQ Bertrand*, « Les revues », in Histoire de l'édition française (sous la dir. de Roger
CHARTIER, Henri-Jean MARTIN), tomes IV, Paris, Fayard, Cercle de la Librairie, 1990. [4
occurrences : NRF]
LEYMARIE Michel*, MOLLIER Jean-Yves, PLUET-DESPATIN Jacqueline (dir.), La Belle Epoque des
revues : 1880-1914, colloque tenu à l'Abbaye d'Ardenne à Caen du 20 au 22 janvier 2000,
organisé par l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine, le Centre d'histoire culturelle des
sociétés contemporaines de l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, le Centre de
recherche sur l'histoire de l'Europe du Nord-Ouest de l'université Charles-de-Gaulles de Lille...,
Paris, Ed. de l’IMEC, 2002, 439 p.
MARTIN Marc*, Médias et journalistes de la République, Paris, Odile Jacob, 1997, 494 p.
[0 occurrence]
STAROBINSKI Jean, « L’usage des revues », in La Revue des revues, 1996, n° 21.
Monographies
PENTIER Laurence, L’Etude d'un hebdomadaire d’opinion : La Lumière de Georges Boris (mai
1927 - juin 1940), mémoire de maîtrise (dir. A. Becker), Paris, Nanterre, 1992, 401 p.
RACINE, Nicole, « La revue Europe et l'Allemagne (1929-1936) », in Entre Locarno et Vichy. Les
relations culturelles franco-allemandes dans les années trente, sous la direction de Hans-
Manfred Bock, Reinhart Meyer-Kalkus et Michel Trebitsch, Paris, CNRS Editions, 1993, tome II,
p. 631-658.
WINOCK Michel, Esprit, Des Intellectuels dans la cité (1930-1950), Paris, Seuil, 1996, 499 p.
CENSURE
Cette dernière section se justifie dans le cadre d’une étude de la provocation politique,
caractéristique des Libres Propos tout au long de son existence, et de cette propension au
scandale que nous avions évoquée dans Jeanne Alexandre, Une alinienne dans la mêlée1. Mais
la censure devient militaire avec les derniers numéros des Feuilles libres de la quinzaine. Bien
entendu, il n’existe pas d’études sur la surveillance ou la censure dont auraient été victimes les
aliniens. Nous savons quelles « pressions » ont été exercées sur le couple Alexandre et comment
Simone Weil fut reléguée au lycée du Puy en 1931, à l’instar des précédents2. Nous ignorons, en
revanche, dans quelle mesure les libertés prises par les chroniqueurs étaient appréciées et
tolérées, en particulier celles de Lucien Cancouët dans sa féroce hostilité aux pouvoirs.
FORCADE Olivier, La Censure politique en France pendant la Grande Guerre, thèse d’histoire sous
la direction de J.-J. Becker, Paris X, 1999, 992 p.
NETZ Robert*, Histoire de la censure dans l'édition, Paris, PUF, 1997, 127 p.
ORY Pascal* (dir.), La Censure en France à l'ère démocratique, Bruxelles, Complexe, 1997, 357 p.
Il s’en faut de beaucoup que nous ayons atteint à l’exhaustivité. L’abondance des travaux est
telle, qu’on est toujours surpris à la première bibliographie venue. Par ailleurs, nous n’avons pas
multiplié les références étrangères dans la mesure où il y avait déjà fort à faire avec les références
francophones, mais nous sommes conscients de leur importance dans le développement des
questions envisagées. Nous espérons néanmoins avoir réuni ici les ouvrages les plus significatifs
et les mieux à même d’orienter une recherche future.
Il semble, à l’issu de cette étude historiographique, qu’un champ d’investigation s’ouvre à
nous qui voulons replacer Alain et les siens dans le combat pacifiste des années 1930. Il est assez
significatif que Norman Ingram privilégie la ligue de Victor Méric lorsqu’il traite du pacifisme
intégral et qu’il délaisse la combativité alinienne pourtant très représentative des idéaux et des
craintes de la France de l’entre-deux-guerres. Au-delà du pacifisme, c’est la place du réseau
alinien dans la IIIe République qu’il convient de retrouver, Or, il n’existe aucune étude sur les liens
qui unissaient cette mouvance aux différents groupes sociaux, tel que le prolétariat ou l’élite
politique et intellectuelle.
2. Malgré l’obtention de Valenciennes, elle fut maintenue au Puy par la commission « sur avis spécial de
Bouglé » écrit Jeanne Alexandre à Jean Laubier le 2 octobre 1931 (Nîmes, Ms 801-V-1).
D EUXIÈME PARTIE
LES SOURCES
C HAPITRE 2
Œuvres contemporaines
Notre recherche profitera de deux types de sources que nous avons choisis d’exposer
séparément. D’une part, les œuvres contemporaines (romans, essais, articles) rencontrées au
cours de la recherche et qui intéressent notre sujet. D’autre part, les documents publics ou privés,
faisant l’objet d’une consultation particulière, le plus souvent auprès d’institutions spécialisées, et
à propos desquels nous reviendrons au Chapitre 3.
Certaines œuvres contemporaines constituent de véritables témoignages sur l’époque
considérée et sont, par là, des sources précieuses. De même, les correspondances relèveront de
cette catégorie dès lors qu’elles auront été publiées. Par ailleurs, nous profiterons de cette
organisation pour rendre compte du mouvement chartiériste dans sa diversité.
CLASSIQUES ET RÉFÉRENCES
GANDHI Mohandas, Vie de M. K. Gandhi écrite par lui-même (Histoire de mes expériences avec
la vérité), trad. de l’anglais, Paris, Rieder, 1931, 413 p.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 53
TAGORE Rabindranath, La Maison et le monde, trad. de l’anglais, Paris, Payot, 1921, 308 p.
TOLSTOÏ Lev Nikolaevitch, Écrits politiques, les Éd. Écosociété, 2003, 161 p.
CAPY Marcelle*, Une voix de femme dans la mêlée, préface de R. Rolland, Librairie Ollendorf,
1916, 155 p.
CORCOS Fernand*, La Paix, oui si les femmes voulaient, Paris, Aubier, 1929.
GENIAUX Claire, « Les femmes et la paix », in Cahiers bleus pour la république syndicale, n° 92,
7 février 1931.
— « Pourquoi dois-tu en tant que femme, combattre la guerre? », in Ligue internationale des
mères et des éducatrices pour la paix, n° 7, juin 1932.
INTERVIEWS ET DOCUMENTAIRES
GIONO Jean, Du côté de Manosque : entretiens avec Jean Carrière [Enregistrements réalisés à
Manosque en juillet 1965 et diffusés sur France Culture en octobre 1965], Radio France, 2004.
OPHULS Marcel, Le Chagrin et la pitié : chronique d'une ville française sous l'occupation, Télédis,
1969, 4 heures 11.
La mouvance chartiériste
Cette liste d’ouvrages puisés dans la « mouvance chartiériste1 » — distinguant Alain de ses
disciples, ses collaborateurs de ses amis et admirateurs — n’a pas vocation à être exhaustive, loin
de là. Elle donne néanmoins un aperçu des œuvres majeures de personnalités composant le
squelette du réseau alinien. Nous signalerons la date de leur apparition dans les colonnes des
Libres Propos et joindrons quelques informations complémentaires d’ordre biographique.
Nous ne reproduirons pas la très complète bibliographie effectuée par Thierry Leterre dans son
livre La Raison politique d’Alain2. Son caractère exhaustif nous incline à renvoyer à son
recensement. Nous nous contenterons ici de rappeler les œuvres maîtresses d’Alain et les plus
susceptibles d’intéresser notre recherche.
ALAIN*, « Histoire de mes pensées », in Les Arts et les dieux, Paris, Gallimard, 1958, 213 p.
— Vingt et un propos d'Alain : méditations pour les non combattants, l'Emancipatrice, 1915,
32 p.
— Eléments d’une doctrine radicale, Paris, Gallimard, 1925, 315 p.
— Le Citoyen contre les Pouvoirs, Éditions du Sagittaire, Simon Kra, 1926, 237 p.
— Histoire de mes pensées, Gallimard, 1936, 310 p.
— Mars ou la guerre jugée, Paris, Gallimard, 1936, 309 p.
— Souvenirs de guerre, P. Hartmann, 1937, 247 p.
— Politique, PUF, 1952, 335 p.
— Propos I, Paris, Gallimard, 1956, 1370 p.
— Portraits de famille, Mercure de France, 1961, 203 p.
— Propos II, Paris, Gallimard, 1970, 1326 p.
— Propos d’un Normand (1906-1914) [Edition critique intégrale en 10 tomes des 3083 Pro-
pos parus dans La Dépêche de Rouen et de Normandie, par J.-M. Allaire, R. Bourgne et P.
Zachary, avec la coopération de G. Pascal et P. Heudier], Le Vésinet, Paris, Institut Alain,
1990-2001.
DISCIPLES ET ÉLÈVES
ALEXANDRE Jeanne*, « Esquisse d'une histoire des Libres Propos (journal d'Alain) », in Bulletin de
l’Association des amis d'Alain, n° 25, décembre 1967, 144 p.
1. Titre repris à la bibliographie de J.-F. SIRINELLI, Génération intellectuelle..., op. cit., p. 689.
2. T. LETERRE, op. cit., pp. 251-269.
3. (1888-1952). Voir N. RACINE, in DBMOF, vol. 17.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 55
BOIS Jacques2 — Le Maitron note « en 1921, Bois fut élu vice-président de la section de Tenay
(Ain) de la Ligue des droits de l'homme ». Reste à vérifier s’il s’agit du même homme.
BUFFARD André4 (pseudonyme : André Laroque), L'Occupation des territoires rhénans au point
de vue du droit des gens, Thèse de Droit, Strasbourg, 1924, 178 p.
— « La philosophie du pacifisme », in La Voie de la Paix, 1958, 48 p.
CAILLOUX René5 — Ancien élève. Nous ne connaissons que ses écrits aux LP à partir de mars
1932 : dialogues imaginaires à propos de la Conférence du désarmement.
1. (1888-1978). Ancien élève d’Alain, professeur de philosophie à Cahors, Toulouse, Poitiers (cf. A. SERNIN,
Un philosophe méconnu : Georges Bénézé, op. cit.). Sa Traduction humaine des formules d'Einstein paraît dans
les Libres Propos du 14 juillet 1923 au 2 septembre 1923.
2. Cf. notice in DBMOF, vol. 19. Deux articles relevés dans les LP : en novembre 1932 sur Jacques Martin,
objecteur de conscience, et en septembre 1934 sur « Le service militaire obligatoire ».
3. (1901-1975). Première signature complète en novembre 1929 (reproduction d’un article paru dans les
Nouvelles littéraires). Mais ses initiales apparaissent vraisemblablement dès le 8 juillet 1922 dans « La Lettre
de l’étudiant », chronique qu’il partagera avec Denise Fontaine. Il écrira également dans Vendredi à partir de
novembre 1935.
4. (?-1977). Ses premiers articles datent de juillet 1932, au vu de sa correspondance avec Michel Alexandre.
5. (1899-1959). Philosophe, poète, musicien. Une brochure (à l’occasion d’un gala symphonique
carpentrassien organisé par la Radio-Diffusion française) jointe à sa correspondance avec Jeanne et Michel
Alexandre (cf. archives de Nîmes) donne un aperçu biographique de René Cailloux par Paul Mus (lui-même
élève d’Alain) et présente cinq de ses poèmes.
6. (1904-1995). Voir J.-L. FABIANI, in Dictionnaire des intellectuels, op. cit., pp. 254-256. Prendra
également le pseudonyme de C.-G. Bernard, durant son service militaire (cf. J. ALEXANDRE, Esquisse..., op.
cit., p. 73) de mars 1927 à mars 1929.
7. (1906-1970). Son premier article dans les Libres Propos date du 20 octobre 1927. Voir également ses
articles dans La France socialiste. Les lettres de la Ligue de la pensée française se trouvent à l’AA-PA (archives
politiques, à Bonn). Voir le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (DBMOF), vol. 22.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 56
DUCASSE André2, La Guerre des Camisards : la résistance huguenote sous Louis XIV, Paris,
Hachette, 256 p.
— Vie et mort des Français, 1914-1918 : simple histoire de la grande guerre (également sous
la dir. de Jacques Meyer, Gabriel Perreux), Paris, Hachette, 1959, 508 p.
— Les Négriers : ou le trafic des esclaves, Paris, Hachette, 1948, 255 p.
— Balkans 14-18 ou Le chaudron du diable, Paris, R. Laffont, 1964, 262 p.
GANUCHAUD Jacques — Ne nous connaissons que sa large contribution aux LP à partir de mars
1927. Ses initiales apparaissent également dans les Feuilles libres de la quinzaine.
GUINDEY Guillaume4, Le Drame de la pensée dialectique : Hegel, Marx, Sartre, Paris, J. Vrin,
1976, 158 p.
HILY Maurice — Nous ne connaissons que ses articles aux LP : première critique littéraire en
février 1933.
1. (1894-1955). Voir A. BERGOUNIOUX, in DBMOF, vol. 24. Voir ses articles dans L’Œuvre. Les relations
entre Alain, Michel Alexandre et Marcel Déat sont établies jusqu’en 1939.
2. (1894-1986). Son premier article aux LP date d’avril 1929 (cf. Annexe 1).
3. (1899-1932). Femme de Pierre Fontaine (secrétaire du groupe des Etudiants révolutionnaires) et ancienne
élève d’Alain (quelques mois précise J. Alexandre dans son hommage, in LP, juin 1932, pp. 295-299). Evoquée
par Jean Prévost dans Dix-huitième année. Participe aux LP à partir d’août 1922, en signant de ses initiales
« La lettre de l’Etudiant ». Signe son premier article le 6 octobre 1923. Il semble qu’elle publia également deux
articles dans Europe (cf. http://www.europe-revue.info/histoire/etudes/gnocchi.htm). Nous n’avons pas encore
trouvé ses livres en bibliothèque.
4. (1909-1989). Académicien des sciences morales et politiques.
5. (1902-1983). Son premier article dans les Libres Propos date du 20 novembre 1927. Voir
A. HYVERNAUD, D. ROY, Georges Hyvernaud, Châteauneuf-sur-Charente, Plein chant, 1996, 184 p.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 57
JAMET Claude1, Images de la littérature, Sorlot, 1943, 340 p. (recueil d'articles parus dans La
France socialiste entre le 29 novembre 1941 et le 5 décembre 1942).
— Engagements. Images et portraits d'écrivains suivis de Confession sans repentir de l'auteur
de Fifi Roi, Le Lotus d'or, Sélection du Nouveau Parthénon, 1949, 253 p.
— Le Rendez-Vous manqué de 1944, Éditions France-Empire, 1964, 317 p.
— Notre front populaire, journal d'un militant (1934-1939), Paris, La Table ronde, 1977,
325 p.
— « Le Dreyfusisme radical d’Alain », in Les Ecrivains et l’Affaire Dreyfus, textes réunis par
Géraldi Leroy, PUF, 1983, pp. 177-184.
LAMIZET Georges*, « Alain et la guerre », in Bulletin de l’Association des amis d’Alain, n° 51,
déc. 1980.
LETELLIER Pierre2 — Nous ne connaissons que ses articles parus aux LP. Le premier date de
décembre 1928. Son père, Léon Letellier était un disciple de Jules Lagneau.
LIBRAN Simone — Jeune professeure à Constantine. Nous ne connaissons que ses articles aux LP,
dont sa première lettre d’Algérie en avril 1930.
MARCOUX Camille3 — Nous ne connaissons de lui que ce que J.-F. Sirinelli en dit sur sa
participation active aux universités populaires de Lucien Cancouët et René Château.
MASSIAC Benjamin — Nous ne connaissons de lui que ses articles parus aux LP : le premier date
d’avril 1927 et concernait Thérèse Desqueyroux.
PÉTREMENT Simone5 (août 1930), Essai sur le dualisme chez Platon, les gnostiques et les
manichéens, thèse de doctorat, Lettres, Paris, 354 p.
— Le Dualisme chez Platon : les gnostiques et les manichéens, Paris, PUF, 1947, 354 p.
— Le Dieu séparé : les origines du gnosticisme, Paris, Ed. de Cerf, 1984, 698 p.
— La Vie de Simone Weil, op. cit. dans les biographies d’intellectuels.
PRÉVOST Jean6, Les Frères Bouquinquant, Paris, Le livre de poche, 1967, 171 p.
1. Né en 1910. Voir Cl. PENNETIER, in DBMOF, vol. 33. Voir aussi P. ORY, in Dictionnaire des intellectuels,
op. cit., pp. 749-750.
2. « Ami intime de René Château » (J.-F. SIRINELLI, Génération intellectuelle..., op. cit., p. 482).
3. Il existe une courte notice dans le Maitron, faisant d’un certain Camille Marcoux un militant communiste de
la Vienne, administrateur de l'hebdomadaire le Front populaire de la Vienne du 21 novembre 1936 à mois de
septembre 1937. Or, notre Camille Marcoux est justement de Poitiers, comme l’atteste la réponse d’un
questionnaire de J.-F. SIRINELLI, in Génération intellectuelle..., op. cit., p. 679. Le lien reste à vérifier.
4. Alias Emile Herzog (1885-1967). Son premier article dans les Libres Propos est tiré de Marianne et date
d’août 1933. Il n’écrira pas directement pour les LP. Il y a bien un lecteur collaborateur qui utilise les initiales
d’Emile Herzog (E. H.), mais rien ne nous prouve aujourd’hui qu’il y a un lien entre les deux.
5. Son premier article dans les LP date d’août 1930.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 58
— La Création chez Stendhal, essai sur le métier d'écrire et la psychologie de l'écrivain, Paris,
Mercure de France, 1959, 407 p.
ROCHE Antoine1 — Nous ne connaissons de lui qu’un article portant sa signature (cf. « Hegel sur
l’orgueil », in LP, n° 6, 24 juin 1922, pp. 65-66). D’autres articles, notamment dans les « Lettres
de l’Etudiant », sont signés A. R.
SAVIN Maurice2 — Le Prince trop beau, Paris, Mercure de France, 1959, 196 p.
SYLVESTRE DE SACY Samuel3, Descartes par lui-même, Paris, Le Seuil, 1971, 191 p.
TERRON René (début officiel 20) — Nous ne connaissons que ses articles parus aux LP. Le premier
date du 20 août 1927.
WEILL Jean — Nous ne connaissons de lui que les articles parus aux LP. Le premier date de janvier
1929.
Sont regroupées dans cette section les personnalités qui s’inscrivent dans l’histoire active et
militante des Libres Propos, puis des Feuilles libres, en dehors des élèves et des disciples. Les
relations qu’elles ont nouées dépassent la simple fraternité intellectuelle, mais n’excluent pas une
certaine hétérogénéité et des divergences pouvant conduire à la rupture.
6. (1901-1944) La biographie de Gérôme Garcin propose une bibliographie assez complète (cf. Pour Jean
Prévost, op. cit., pp. 179-181). Certains de ses articles de la revue Pamphlet ou Revue européenne, sont
reproduits dans les LP. En revanche, pas de contributions directes, exceptée la polémique à propos de son
Histoire de France en déc. 1932 (cf. C. WEIS, op. cit., p. 105).
1. « C'est Antoine Roche qui, le premier, vint en éclaireur de la jeunesse à Nîmes [en 1921], lieu d'origine des
petits cahiers blancs, enveloppés de quelque mystère. On devine notre accueil! Il nous révéla que les élèves
recherchaient assidûment les Libres Propos sans oser en parler à Alain pour le plaisir d'y retrouver tels
moments des cours et de s'y retrouver eux-mêmes » (cf. J. ALEXANDRE, « Esquisses...», op. cit., p. 36).
2. (1905-1978) Son premier article aux LP date de septembre 1931.
3. (1905-1975) Il ne semble pas avoir collaboré aux LP, bien qu’il ait demandé à Alain quoi écrire pour le
premier numéro de mars 1927 (cf. J. ALEXANDRE, « Esquisse...», op. cit., p. 71.
4. Alias Mme Frammery. Entre à l’Ecole normale de Sèvres en 1932.
5. (1909-1943). Voir G. LEROY, in DBMOF, vol. 43. Son premier article date de mai 1929 (à noter la
longueur des articles venus d'Allemagne dont le premier date d’août 1932).
6. Sa première signature dans les LP date de janvier 1931, et sa première lettre d'Allemagne de mars 1931.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 59
BOUCHÉ Henri2, L'Arme aérienne et l'organisation politique du monde [préface pour le livre du
général Hébrard, Vingt-cinq années d'aviation militaire], Paris, A. Michel, 1946, 12 p.
CANCOUËT Lucien3, Mémoires [inédits, préfacés par Alain], 2 tomes, déposés à l'Institut
d'Histoire sociale, 1950, 396 p.
CARREZ Jules4, Les Hommes et leurs forêts [textes choisis et présentés par], Paris, A. Bonne,
1973, 269 p.
— Le Congo français, Cahiers de la Quinzaine, 12e cahier de la VIIe série, 1906, 119 p.
— Le Mouvement ouvrier au Japon, Librairie du Parti socialiste et de L'Humanité, 1921,
111 p.
— Pour la paix sans aucune réserve, Thèse de F. Challaye, suivie d'une discussion entre Th.
Ruyssen, F. Challaye, G. Canguilhem, J. Le Mataf, et de textes de B. Russell et d'Alain sur
la vraie et la folle Résistance, Nîmes, Impr. coopérative « La Laborieuse », Documents des
« Libres Propos », 1932, 71 p.
— Pour la paix désarmée même en face de Hitler6, Le Vésinet, chez l'auteur, 8 décembre
1933, 23 p.
— Les Origines de la Guerre mondiale, les responsabilités russes et françaises, Paris, 55, rue
Lamarck, 1934, 32 p.
— Souvenirs sur la colonisation, Libr. Picard, 1935, 210 p. [rééd. aux Ed. Nuits rouges, sous
le titre Un livre noir du colonialisme : souvenirs sur la colonisation, préface de Michel
Dreyfus, 1998, 201 p.]
— Jaurès, Paris, Mellotée, 1937, 319 p. [nouvelle édition 1948, 333 p.].
— La Formation du socialisme. De Platon à Lénine, Paris, F. Alcan, 1937, 192 p.
— La Chine, le Japon et les puissances, Rieder, 1938, 96 p.
— « La crise de la Ligue des droits de l'homme », in La Grande revue, novembre 1937,
pp. 77-97.
— Bergson, Paris, Mellottée, 1947, 312 p.
— Freud, Paris, Mellottée, 1948, 387 p.
— Péguy socialiste, Paris, Amiot-Dumont, 1954, 335 p.
— Georges Demartial. Sa vie. Son œuvre, op. cit.
— Textes [d’Alain] choisis pour les classes, Paris, PUF (coll. Les Grands textes), 1959-1960,
2 vol., 304 et 264 p.
EMERY Léon3, La IIIe République [préface de Dominique Sordet], Paris, Éditions du centre
d'études de l'agence inter-France, 1943, p. 213 p.
— Sept témoins : la crise de l'esprit vue à travers Thomas Mann, Valéry, Spengler, Huxley,
Malraux. Propos sur notre destin : une psychanalyse de la société technologique, Lyon,
Les Cahiers libres, 1970.
— Etapes et rencontres à travers les tumultes d’un siècle, Lyon, Les Cahiers libres, 1976,
128 p.
GIDE Charles4, Histoire des doctrines économiques depuis les Physiocrates jusqu'à nos jours
[Première édition 1909], Paris, Libr. de la Société du Recueil Sirey, 1922, 815 p.
1. Son premier article dans les Libres Propos date de juin 1922.
2. Ses premiers articles paraissent dans les Feuilles libres de la quinzaine.
3. (1898-1981). Voir M. MOISSONNIER, in DBMOF, vol. 27. Sa première intervention au sein des Libres
Propos date de janvier 1935.
4. (1847-1932). Voir la notice dans le DBMOF, vol. 29, mais également la Revue d'économie politique, 1932,
dans laquelle on trouvera une bibliographie exhaustive. Charles Gide écrivait pour l’Emancipation, la revue
associée au Libres Propos. Nous avons néanmoins trouvé un article écrit pour les LP du 5 mai 1923.
5. (1870-1931). Voir J. GAUMONT et J. GANS, in DBMOF, vol. 29. Les archives de sa nièce Fernande
Gignoux ne se composent que de photocopies des articles de l’Emancipation. Elle n’a en sa possession aucune
correspondance inédite.
6. (1895-1970). Cf. N. RACINE, in DBMOF, vol. 30.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 61
HALBWACHS Maurice1 — La Classe ouvrière et les niveaux de vie, thèse, Paris, Alcan, 1913.
LANGEVIN Paul2, Les Méthodes modernes de guerre et protection des populations civiles, M.
Rivière, 1929, 243 p.
— ALAIN, GÉROME P., PRENANT M., RIVET P., Les Prétentions sociales du fascisme, CVIA,
1934, 32 p.
— ALAIN, BABY J., RIVET P., La Jeunesse devant le fascisme, id., 1934, 23 p.
— ALAIN, BOUCHÉ H., RIVET P., Non! la guerre n'est pas fatale! id., 1936, 62 p.
— ALAIN, CASATI M., RIVET P., La France face au problème colonial, id., 1936, 61 p.
— Congrès « Paix et liberté » du Front populaire de la région parisienne. Discours de P. Lan-
gevin, Editions de « Paix et liberté », 1939, 32 p. (collection « Paix et liberté », n°6).
LAUBIER Jean3 — Nous ne connaissons de lui que ses articles parus dans les Libres Propos, sous
son nom et sous le pseudonyme du général Cognets-Desmarteaux. Ses initiales apparaissent
également dans les Feuilles libres de la quinzaine.
1. (1877-1945). Cf. C. CHARLE, in Dictionnaire des intellectuels, op. cit., pp. 693-694. Maurice Halbwachs
est le frère de Jeanne Alexandre. Il écrivit régulièrement dans les Libres Propos des articles intitulés « Carnet
du sociologue » du 13 mai 1922 au 13 juin 1923.
2. (1872-1946). Cf. N. RACINE, in DBMOF, vol. 33. Voir aussi A. MONCHABLON, in Dictionnaire des
intellectuels, op. cit., pp. 814-815.
3. Enseigna la philosophie à Saint-Omer, puis à Amiens (cf. in Bull. AAA, 1935, p. 61, p. 71).
4. (1891-1960). Voir N. RACINE, in DBMOF, vol. 36 (bibliographie et sources complètes). Son premier
article dans les LP date de juin 1930 et concerne l’affaire Cuvellier (cf. Annexe 1).
5. (1882-1945). Cf. J.-L. PANNÉ, in DBMOF, vol. 36. Ses premiers articles, dans les LP, datent d’octobre
1932, mais il est cité par la revue un an plus tôt pour un article paru dans Evolution.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 62
PAZ Magdeleine2, C'est la lutte finale! (Six mois en Russie soviétique), Paris, Flammarion, 1923.
REYNIER Elie3, L'Organisation syndicale dans l'Ardèche, Paris, Éditions de la Vie ouvrière, 1913.
ROTH Lucien4 — Nous ne connaissons de lui que ses articles parus aux Libres Propos à partir de
juin 1932. Le DBMOF mentionne ses traductions d'Otto Ernst, de Heinrich von Kleist et de Peter
Rosegger. Il participera, entre autres, à la rubrique « Lecture » de Jeanne Alexandre.
VAUTHIER Raymond5 — Nous ne connaissons de lui que les articles parus dans les LP sur le
Service civil international, à partir de septembre 1930.
FRATERNITÉS INTELLECTUELLES
6. (1890-1964).Trésorier et rédacteur aux LP, chargé de la chronique du ciel à partir de janvier 1929 et
surtout de la chronologie politique avec Michel Alexandre (sous le pseudonyme commun de P. et R. du Mazet)
jusqu’en septembre 1931, date de la relève par Jean Laubier (voir Annexes). Cf. J. ALEXANDRE, in Bulletin
de l’AAA, 1965, n° 21, p. 47.
1. Notice de 2 lignes dans le DBMOF, évoquant ses fonctions de trésorière à la section française du Comité
international des femmes pour la paix permanente (1915).
2. Cf. J. PRUGNOT et Nicole RACINE, in DBMOF, op. cit., vol. 38. Les combats menés par Magdeleine Paz
sont suivis par les Libres Propos. Ses liens étaient étroits tant avec Alain qu’avec Jeanne Alexandre.
3. (1875-1953). Cf. Y. LEQUIN, in DBMOF, vol. 40 : « La bibliographie d'Élie Reynier est énorme; ses
œuvres sont plus souvent scientifiques et pédagogiques que polémiques ou politiques ». Un article de lui paraît
aux LP en janvier 1930 à propos de Témoins de Norton Cru.
4. (1885-1962). Cf. J. PRUGNOT, in DBMOF, vol. 40.
5. (1905-1987). Cf. sa notice dans le DBMOF, vol. 43.
6. (1878-1949). Cf. sa notice dans le DBMOF, vol. 43. Apparaît aux LP dans une protestation en septembre
1932. Proche de Jeanne Alexandre. Fondatrice de La Mère éducatrice et de La Volonté de paix (organe du
Comité international d'action et propagande pour la paix et le désarmement). Voir également ses collaborations
à La Revue socialiste (août 1911) et à La Voix libertaire (1931, 1936, 1937).
7. (1892-1974). Sources disponibles à l’Université de Standford (cf. bibliographie de P. Burrin, in La Dérive
fasciste, op. cit., p. 504). Les Libres Propos reproduisent deux de ses articles parus dans Monde, son discours
prononcé au Congrès Radical-Socialiste examinant la politique du gouvernement Herriot (novembre 1932) et
sa lettre de démission adressée à E. Herriot (mars 1933).
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 63
BLOCH Jean-Richard, Naissance d’une culture. Quatre essais pour mieux comprendre mon
temps, Paris, Rieder, 1936.
DUPIN Gustave3, La Guerre infernale, Genève, Éd. de la revue Demain, sans date, Éd. revue et
augmentée, Paris, Société mutuelle d'édition, 1920, 258 p.
1. (1859-1940) Cf. Cl. PAULHAN, in Dictionnaires des intellectuels, op. cit., pp. 423-425.
2. (1884-1966) Cf. G. SAPIRO, in Dictionnaires des intellectuels, op. cit., pp. 474-475.
3. (1861-1933). Pseudonyme : Ermenonville. Voir N. RACINE, in DBMOF, vol. 25. Une lettre de lui, de
décembre 1922, a été publiée aux Libres Propos à l’attention d’Henri Damay, directeur du Progrès civique.
Dès juin 1923, les Libres Propos présentent sa revue : Vers la vérité. Un hommage lui sera rendu par Jeanne
Alexandre en nov. 1933.
4. (1872-1940). Cf. M.-N. BONET, in DBMOF, vol. 26. Nous ignorons encore les liens entre Jacques Mesnil
et les aliniens, si liens il y eut, mais nombreux sont ses articles qui sont reproduits dans les Libres Propos, et il
semble qu’il ait écrit un article pour la revue en avril 1932.
5. (1899-1983). Il ne participera pas directement aux LP, mais communiquera avec la revue, sera très souvent
cité et vivement admiré, notamment pour La Victoire.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 64
— Vingt-cinq années de liberté. 1, Le grand jeu, 1936-1939, Paris, Julliard, 1962, 319 p.
— Vingt-cinq années de liberté. 2, L'Épreuve, 1939-1946, Paris, Julliard, 1963, 287 p.
— Vingt-cinq années de liberté. 3, La récompense,1949-1961, Paris, Julliard, 1964, 357 p.
— Pour en finir avec l’antisémitisme, Paris, Julliard, 1979, 154 p.
GALLIMARD Gaston — Ses liens avec les aliniens nous sont encore inconnus. Proche d’Alain, il
soutint la 1ère série des Libres Propos en lui prêtant son nom, mais il ne semble pas qu’il y ait
eu le moindre effort financier en faveur de la revue.
GÉRIN René1, Les Responsabilités de la guerre, quatorze questions par René Gérin, quatorze
réponses par Raymond Poincaré, Paris, Payot, 1930, 186 p.
— Comment fut provoquée la guerre de 1914, Paris, Marcel Rivière, 1933 [2de édition],
215 p.
— Pour discuter les idées reçues. Paralogismes du Français moyen, Paris, Marcel Rivière,
1932.
— Si la guerre éclatait, que faire?, 1936.
— Pacifisme intégral et guerre civile, 1937.
— La Paix anxieuse et obstinée, 1938.
GIDE André*, Œuvres romanesques complètes, Paris, Gallimard, coll. Pléiade, 6 vol.
GOUTTENOIRE de Toury2, Poincaré a-t-il voulu la guerre? Poincaré — avec Iswolsky — contre
Georges Louis?, préface d'H. Barbusse, Éd. Clarté, 1920, 162 p.
— Jaurès et le parti de la guerre, préface de Ch. Gide, Rieder et Cie, 1922, 241 p.
— MM. Viviani et Poincaré font fi de la vérité. À propos du débat de la Chambre sur les res-
ponsabilités de la guerre, Éd. Clarté, 1923, 64 p.
— Le Front populaire ruiné par ses chefs, Sorlot, 1939, 64 p.
GUÉHENNO Jean3, Journal d’un homme de quarante ans, Paris, Grasset, 1934, 259 p.
GUITTON Jean4, Le Livre de la sagesse et des vertus retrouvées, Paris, Presses Pocket, 2000,
253 p.
1. (1892-1957). Voir notice in DBMOF, vol. 29. Une lettre de lui, adressée au ministre de la guerre, paraît
aux LP en juin 1932.
2. (1876-1964). Cf. N. RACINE, in DBMOF, vol. 30. Son premier article aux LP date d’avril 1934. Mais un
article est reproduit à sa demande au mois de février 1924 (n° 22).
3. (1890-1978). Cf. N. RACINE, in DBMOF, vol. 31.
4. (1901-1999) Membre de l’Académie française — il dira : « A l’Académie Alain avait quatre amis, Maurois.
Mondor, Massis et moi », cf. in Bulletin de l’AAA, n° 27, déc. 1968, p. 55 —, on trouvera une bibliographie
complète à l’adresse suivante : http://www.academie-francaise.fr). Cf. P. CHENAUX, in Dictionnaire des
intellectuels, op. cit., pp. 688-689.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 65
HALÉVY Elie, Histoire du peuple anglais au XIXe siècle, 5 vol., Paris, Hachette, 1926-1932,
2337 p.
HALÉVY Florence, Six jours en URSS : septembre 1932 : récit de voyage inédit, Presses de l'École
normale supérieure, 1998, 138 p.
HYPPOLITE Jean1 — Son œuvre est essentiellement philosophique. Nous n’avons pas encore
retrouvé de liens précis avec les aliniens, si ce n’est cette allusion de J.-F. Sirinelli :
«[...] a connu lui aussi la pensée d'Alain en khâgne à Poitiers, par l'intermédiaire de Georges
Bénézé. Une fois normalien, il ira écouter les cours d'Alain à Henri-IV et, se souvient-il en
1968, « j'ai recopié à cette époque un cours sur Hegel, et c'est sûrement sous l'influence d'Alain
que j'ai entrepris des études hégéliennes ». Itinéraire confirmé par Georges Bénézé [...] »
ISAAC Jules2, Histoire contemporaine depuis le milieu du XIXe siècle : 1848-1939, Paris,
Hachette, 887 p.
LETELLIER Léon (1859-1926). Écrits fragmentaires, souvenirs de son action, Union pour la Vérité,
1927, 317 p.
— L’Idée socialiste, trad. de l'allemand [éd. allemande en 1933, trad. française en 1935],
Genève, Presses universitaires romandes, 1975, 542 p.
MARTIN DU GARD Roger*4, Jean Barois, 1910-1913, rééd., Paris, Gallimard, 2003, 500 p.
— Les Thibault, 1920-1937, rééd. in Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. Pléiade,
1433 p.
MONDOR Henri, Alain : souvenirs, pages inédites, lettre sur le sujet du cœur et de l'esprit,
Gallimard, 1953, 262 p.
1. (1907-1968) Ancien directeur de l’Ecole normale supérieure, professeur au Collège de France. Cf. Michel
DREYFUS, Claude PENNETIER, in DBMOF, vol. 32.
2. En août 1934, les Libres Propos reproduiront, avec son autorisation, sa « magistrale étude » parue dans la
Revue Historique de mai 1934, sous le titre : « Examen critique du Précis de M. Camille Bloch, historien non
mobilisé ». En avril 1935, les Libres Propos publieront sa lettre : « Je suis trop attaché aux réalités pour vous
suivre […]. Il est trop tard pour arracher cette épine des responsabilités de la guerre » (cf. Annexes p. 107).
3. Cf. Michel BRÉLAZ et Ivo RENS, in Biographie nationale publiée par l’Académie royale des sciences, des
lettres et des beaux-arts de Belgique, Tome 38, fascicule 2, p. 535 à 554, Etablissements Emile Bruylant,
Bruxelles, 1974 (notice publiée sur le site de l’université du Québec, à l’adresse suivante : http://
www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales).
4. Le roman Les Thibault a été écrit entre 1920 et 1937; hymne à la paix, il sera couronné par le Prix Nobel
l’année de son achèvement.
5. (1873-1953). Cf. N. OFFENSTADT, in DBMOF, vol. 37. Ses articles parus, entre autres, dans La Volonté
et Le Barrage seront très souvent reproduits dans les LP.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 66
ROLLAND Romain1, Jean-Christophe [écrit de 1904 à 1912], Paris, A. Michel, 1950, 1610 p.
VIDAL Albert3, « La Gorge » [nouvelle], in Le Mouvement socialiste, édité en volume avec trois
autres textes sous le titre général La toile d'araignée, Toulouse, 1903.
ŒUVRES ROMANESQUES
BARBUSSE Henri*, Le Feu, journal d'une escouade, Paris, Flammarion, 1916, 379 p. [rééd.
Flammarion, 1965, 315 p.].
CENDRARS Blaise, La Main coupée, Paris, Denoël, 1946, 328 p. [réed. Folio, 1987, 433 p.].
DORGELÈS Roland, Les Croix de bois, Paris, A. Michel, 1919, 384 p. [rééd. Livre de poche, 1981,
437 p.].
GENEVOIX Maurice, Ceux de 14..., Paris, Flammarion, 1950, 683 p. [rééd. Paris, Le Grand Livre
du mois, 1998, 1089 p.].
GRAVES Robert, Adieu à tout cela, trad. de l'anglais par R. M. Pépin, 1929 [rééd. Paris,
Autrement, 1998, 471 p.].
JÜNGER Ernst*, Orages d'acier : journal de guerre, trad. de l’allemand, 1920 [rééd. Paris, Folio,
1974, 439 p.].
1. Apparaît dans les Libres Propos à l’occasion d’une pétition (le 12 janvier 1924). Une lettre de lui est
reproduite le 26 janvier 1924.
2. (1855-1929) Cf. notice in DBMOF, vol. 41. Pas de collaboration directe avec les LP, mais des liens avec
Jeanne Alexandre depuis la Grande Guerre.
3. (1879-1943). Cf. R. CAZALS, in DBMOF, vol. 43. Nous ne connaissons de lui que l’extrait d’une lettre sur
Jules Romains, paru aux LP, en janvier 1935, à la suite d’un article de Jeanne Alexandre.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 67
— Feu et sang : bref épisode d'une grande bataille, trad. de l’Allemand, 1925 [rééd. Christian
Bourgeois, 1998, 187 p.].
BERNANOS Georges, La Grande peur des bien-pensants : Édouard Drumont, Paris, Grasset,1931,
458 p.
HALÉVY Daniel, La République des comités : essai d'histoire contemporaine (1895-1934), Paris,
Grasset, 1934, 193 p.
ISAAC Jules, Un débat historique : le problème des origines de la guerre, Paris, Rieder, 1933,
270 p.
LEROY-BEAULIEU Anatole, Les Juifs et l'antisémitisme - Israël chez les nations, Paris, Calmann-
Lévy, 1893, 441 p.
RENOUVIN Pierre, La Crise européenne (1904-1914) et la Grande Guerre, Paris, Félix Lacan,
1934, 640 p.
BARTHAS Louis, Les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier (1914-1918), Paris, la
Découverte, 1997, 564 p.
BARRÈS Maurice, Journal de ma vie extérieure, Recueil d'articles publiés dans diverses revues et
publications entre 1881 et 1923, Paris, Juilliard, 1994, 522 p.
GUITARD Louis, La Petite histoire de la IIIe République. Souvenir de Maurice Coltrat2, Paris, Les
Sept couleurs, 1959, 183 p.
1. Nous avions pensé intégrer Albert Thibaudet au groupe des « fraternités intellectuelles », mais l’absence de
correspondance ou d’indices suffisants nous en a dissuadés. Néanmoins, La République des professeurs semble
particulièrement favorable à Alain. Par ailleurs, en 1932, A. Thibaudet publie, sous le titre Les Idées politiques
de la France, un livre qui s'ouvre sur cette citation d’Alain : « La politique, ce sont les idées » (cf. E. WEBER,
La France des années 1930, op. cit., p. 155 : l’historien juge cet aphorisme parfaitement naïf).
2. Ancien secrétaire de R. Poincaré.
CHAPITRE 2 - ŒUVRES CONTEMPORAINES 68
WEISS Louise, Mémoires d’une Européenne, T1 (1893-1919), Paris, Payot, 1970, 316 p.
ZWEIG, Stefan*, Le Monde d’hier, Souvenirs d’un Européen, trad. de l’allemand, Paris, Belfond,
532 p.
Correspondances publiées
La liste qui suit ne fait qu’évoquer une possibilité de recherche, dans la correspondance des
intellectuels de l’entre-deux-guerres, d’éléments susceptibles d’intéresser l’histoire du réseau
alinien. Il va sans dire que cette liste pourrait être très largement augmentée.
ALAIN*, Correspondance avec Elie et Florence Halévy, Paris, Gallimard, 1958, 467 p.
CLAUDEL Paul, Correspondance avec Gaston Gallimard : 1911-1954, Paris, Gallimard, 1995,
829 p.
GIDE André, BLOCH Jean-Richard, Correspondance (1910-1936), Brest, Faculté des lettres Victor
Ségalen, 1997, 150 p.
GIONO Jean, Correspondance avec Jean Guéhenno : 1928 - 1939, Seghers, 1991.
HIRSCH Pierre*, Bon voisinage, Edmond Privat et Romain Rolland : lettres et documents, La
Baconnière, Neuchâtel, 1977, 230 p.
MARTIN du GARD Roger*, Correspondance générale (1896-1958), 8 vol., Paris, Gallimard, 1980-
1997.
Fonds d’archives
« Précautions prises, les correspondances sont parmi les meilleures sources dont dispose
l'histoire intellectuelle. Sérielles, elles autorisent l'histoire des réseaux, de leur vitalité, de leur
évolution et de leur affaissement1 ». Comme Christophe Prochasson, nous accorderons à la
correspondance un rôle majeur, en veillant à ce qu’elle ne nous trompe pas. A ce stade, les
archives de la bibliothèque municipale de Nîmes et de l’Institut Alain, mais aussi les fonds
Duchêne et Alexandre de la Bibliothèque de documentation internationale et contemporaine
(BDIC) ont été explorés en profondeur. Les archives du musée Alain de Mortagne recèlent peut-
être encore quelques secrets. Un prochain voyage permettrait de s’en assurer.
ARCHIVES NATIONALES
Juridictions extraordinaires
Préfecture de police
II. Alain
III. Témoignages
IV - Témoignages (suite)
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 71
V - Correspondance
◆ Photocopie d’une lettre de Roger Martin du Gard à E. Peillet (1941) conservée à la BNF.
I II
Paris 11/11/1946
Montpellier 31/12/1948 Le Bail Jean (suite à
Alquié Ferdinand - 23/10/1950 2 lettres ?
Lambroso p. 73)
- 13/01/1951
- 08/06/1951
? printemps 1915
Audry Colette 1 lettre ? Leneru Marie
? 1915-1916
Lisbonne 30/11/1924
- 17/03/1925
? 28/11/1939
Bataillon Marcel ? 05/12/1939 Leon Paul Copies ?
Paris 08/12/1939
? 29/12/1939
? 09/10/1944
? 15/10/1935
- ?
- Samedi
Bénézé Georges Poitiers 04/12/19??
? ? Letellier L. 1 lettre ?
? ?
? 30/05/19??
Cahors (?) 21/05/192?
Le Havre 07/09/1921
Bost Pierre ? 15/10/1922 Mann L. 2 lettres ?
Le Havre (?) 26/03/1938
1. Une partie de cette correspondance est parue dans le Bulletin de l’Association des amis d’Alain, en particulier
dans le n°35 (66 lettres).
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 72
I II
St-Cloud samedi
- lundi
- ?
- ?
- samedi
Buffard André (lettres Penthièvre 24/07/19??
Marcel Gabriel
de M. Alexandre à) St-Cloud 10/09/1933 5 lettres ?
- 14/01/1933 (suite à Mann p. 71)
- 15/10/1933
- 31/10/1933
Paris XVIe 12/11/1933
Paris Ve 07/02/1934
Pyrénnées orient. 29/03/1934
Wassy (Hte-
10/10/1939
Cailloux René Marne) Martin du Gard Roger 20 photocopies
19/01/1943
-
Paris XIVe ?
Cancouët Lucien - 09/10/1944 Masseron-Castex L. 1 lettre ?
? 31/12/1945
Paris 29/09/1917
Cohen Marcel 1 lettre ? Morhardt M. Cap Breton 19/08/1918
Paris 22/12/1919
Gueckédou
Couturier Lucie 29/04/1922 Nersessian Jean 1 copie ?
(Guinée)
Périgueux du 20/01/1916
- (6 lettres) ...
- au 24/05/1916
Creuse 04/06/1916
Williamstown - 25/06/1916
Cru J. Norton 23/02/1931 Nez Marc Aux armées du 01/02/1918
(USA)
- (2 lettres) ...
- au 06/04/1918
Angoulême 08/06/1918
- 08/07/1918
Pantin 10/11/1918
Bordeaux 16/02/1915
Daste Jeanne - 28/03/1915 Partoès François 1 lettre ?
Rouyades (?) 20/08/1915
Paris 03/03/1927
Desjardins Paul - 04/11/1929 Percin (général) Paris VIIe 22/02/1916
- 16/03/1930
Pontigny 09/03/1934
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 73
I II
Lyon 15/10/1935
? 24/06/1943
Lyon 13/09/1944
Luchon 25/08/1945
Emery Léon Pioch Georges 5 lettres ?
Crillon-le-Brave 16/07/19??
18 lettres Après la guerre
? 09/02/1976
? 1976
St-Sauveur en
Fayein Claudie (Dr) 05/04/1941 Rist Charles 1 lettre ?
Puisaye
29/08/1916
Fourneret R. 1 lettre ? Romain Rolland Thun
07/04/1932
? 19/04/1932
Gide André Saint-Sernin Bertrand 3 lettres ?
Nice 22/12/1939
2 lettres
Gignoux Claude ? Sainte-Soline Claire Auxerre 27/05/1938
photocopiées
? 03/09/1945
Gilson Etienne 1 lettre ? Salomon Marie
? 08/12/1945
? lundi
? ?
? ?
Guéhenno Jean Paris 29/06/1939 Savin Maurice Reims 02/07/1938
? 22/04/1968
? 08/01/1969
? 15/01/1971
22/08/1921
Val d’Izère
? 23/02/1922
Halévy Elie 10/10/1922 Terron René 7 lettres
?
16/10/1922
?
20/10/1922
Aix 24/12/1957
Isaac Jules Thomas Albert 1 lettre ?
- 19/07/1959
Khodoss Claude et
Copies ? Vezon Jean 1 copie ?
Florence
VIII. Photographies
X. Charles Gide
Copie dactylographiée par M.-J. Flamand des critiques parues dans les Libres Propos (7 classeurs).
Papiers de Michel Alexandre remis par Jean-Paul Léon (27040 3.N.1 ae).
Depuis l’article1 de Nicole Racine, rédigé en 1977, cette bibliothèque s’est enrichie d’une
collection de l’organe Vigilance du CVIA. Malheureusement, encore incomplète, elle ne compte
aujourd’hui que les n° 1 à 59 (28 avril 1934 - 2 novembre 1937)2. Grâce à Nicole Racine, nous
avons pu numériser les numéros 61 à 65 de janvier à avril 1938.
◆ FURés 313, Pacifisme, 1923-1930 : Congrès national de la paix, Xe (1923), Xle (1927), Xlle
(1930).
◆ FURés. 317, Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, section française
(1932-1938).
◆ FURés. 348, Dossiers Jeanne et Michel Alexandre.
1. Dossier France :
◆ GFURés. 101,1914-1918, Texte rendant compte de l'opinion publique, 128 pièces.
2. Dossier SFIO :
◆ GFURés. 95, Correspondance.
3. Divers :
◆ GFURés. 96, Grande-Bretagne, Londres, 14-18, 113 pièces.
L’inventaire des archives de la Ligue est accessible sur Internet, via le site de la BDIC, sous la
forme d’un fichier .pdf de 140 pages, grossi par l’index nominatif des requêtes individuelles.
Nous n’en tirerons ici que l’essentiel pour notre recherche. La cote initiale pour l’ensemble du
fonds est FURés. 798. Nous la compléterons par les numéros des cartons sélectionnés.
1. Pour chaque dossier, la personnalité mentionnée est soit l'expéditeur, soit le destinataire des lettres.
2. Ces dossiers se composent d’extraits de comptes rendus de séances, de rapports et de lettres des membres des
commissions.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 77
1. Les dossiers de ce carton comportent les intitulés suivants : « Les événements d’Arménie » (1921); « La
terreur blanche en Lettonie » (1919); « Juifs de Roumanie » (1919); « Situation des enfants en URSS »
(1936); « Situation politique en Pologne » (1930); « Situation politique aux Philippines » (1928).
2. Parmi l’ensemble du fonds, ces documents sont les seuls qui datent d’avant 1914. Il s’agit principalement de
lettres et notes internes qui témoignent de la mobilisation de la LDH sur l’Affaire : campagnes de presse,
réunions publiques, enquêtes, interventions auprès des autorités, souscriptions, publications de documents
judiciaires, etc. Ces documents sont classés par année, de 1898 à 1909.
3. Ce carton contient un certain nombre de lettres de ligueurs locaux (commentaires sur l’affaire, suggestions
diverses), ainsi que plusieurs dossiers d’intervention, en faveur de Léon Delamarche (haut fonctionnaire
sanctionné par le ministère du commerce), sur le respect des droits des principaux inculpés, et sur la publication
des documents officiels portant sur l’affaire Prince.
4. Il s’agit ici des documents réunis par la Ligue au cours d’une enquête dans laquelle Edouard Herriot fut mis
en cause (1934).
5. Outre un certain nombre de lettres éparses de journaux et revues, ces cartons contiennent une liste des
« journaux amis » établie en 1935, un dossier sur l’interdiction de l’Humanité et Ce Soir en 1939, ainsi que
trois dossiers recensant quelques polémiques entre la Ligue et certains organes de presse entre 1924 et 1926.
6. Le carton 67 est entièrement consacré au « Comité pour la libération de Thaelmann ».
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 78
? ??/??/1924 Ms 3477
? 10/05/1925 Ms 3479
? 17/08/1925 Ms 3478
? 20/07/1927 Ms 3482
? 16/07/1927 Ms 3481
? 31/07/1928 Ms 3483
? 08/07/1936 Ms 3484
? 22/07/1931 Ms 3485
? 04/03/1932 Ms 3486
? 29/05/1932 Ms 3488
? 08/04/1933 Ms 3487
? 04/06/1933 Ms 3489
Buffard André* ? 29/12/1933 Ms 3490
Alain Le Vésinet ??/??/1933 Ms 3491
(suite)
? 12/03/1934 Ms 3494
Le Vésinet 24/03/1934 Ms 3492
? 22/03/1934 Ms 3493
? 13/06/1934 Ms 3495
Paris 29/10/1934 Ms 3496
? ??/??/1934 Ms 3497
? 21/01/1935 Ms 3498
Le Pouldu 29/04/1935 Ms 3499
? 15/06/1935 Ms 3500
Le Pouldu 11/07/1935 Ms 3501
- 20/08/1935 Ms 3502
Kérigou-en-Crozon 29/06/1950 Ms 3503
? ? Ms 3480
Valéry Paul
Alain (copie de Monique ? 10/01/1930 MNR Br 239
Morre-Lambelin)
*. Cette correspondance est parue dans le Bulletin de l’AAA, n° 44, décembre 1977, pp. 10-37.
**. Il semble que cette correspondance-là soit inédite. Nous ne l’avons pas encore consultée.
Dossier Duchêne, Boîte 1 : Groupes, Affiches, Brochures, Journaux et documents, Papiers divers.
Nous avons noté certaines archives à consulter : Marcel Déat, Romain Rolland, Olga Wormser.
Seules les boîtes intéressant directement notre sujet apparaîtront dans l’inventaire qui suit. Le
fonds Aron est évidemment plus vaste. Nous avons fait une seconde sélection à l’intérieur de
trois boîtes retenues, afin de ne faire apparaître que la correspondance démarrant dans les limites
de nos bornes chronologiques, exception faite des personnalités intéressant notre sujet, mais
dont la correspondance avec R. Aron ne commence qu’après la Seconde Guerre mondiale.
Boîtes 206 à 212 - Correspondance personnelle conservée par R. Aron à son domicile (1929-1983)
1. Fonds de l’EHESS, Archives privées R. Aron, consultables à l'EHESS, Centre de recherches politiques
Raymond Aron, avec l'aimable autorisation de Mme Dominique Schnapper.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 80
❒ Jeanne et Michel Alexandre — 15 octobre 1934; 25 juillet 1953; 9 août 1957; 12 janvier 1965;
13 juin 1968; 4 décembre 1970; 7 mars 1971; 25 mars 1972.
❒ Emmanuel Berl — [s. d.]; [mai 1973?].
❒ Pierre Bertaux — 24 octobre 1932; 10 octobre 1933; 3 novembre [1933?] ; 16 mai 1946; 11 juin
1968; 15 mars 1976; 21 avril 1980; 25 octobre 1982; 15 mars 1983. — Lettres de R. Aron à
Pierre Bertaux : 5 janvier [1929?] ; 18 janvier 1930 : 15 mai 1930; 10 juin 1930; 19 novembre
1930 : 24 janvier 1931 ; 24 février 1931 ; 23 octobre 1931; 29 novembre 1931; 14 décembre
1931; [hiver 1931-1932?] ; 10 juillet [1932?] ; 4 août 1932; 13 août 1932; 11 février 1933; 1er
mars 1933 ; 30 avril 1933; 4 juillet 1933; 11 juillet 1933; 15 juillet 1933 ; 22 juillet 1933 ; 17
août 1933; 14 décembre 1933; 4 février 1934; 16 avril 1934; 21 juillet 193S; 1er août 1939; [été
1939]; 11 avril 1983.
❒ Léon Brunschvicg — [carte postale Pontigny, 1933?] ; [novembre 1933]; 21 juin [1934?] ; 26 jan-
vier 1936; 27 février 1938.
❒ Roger Caillois — 22 avril [1938]; 1er décembre 1970; 1er juillet [19??]. — Lettres de R. Aron à
Roger Caillois (copies) : 24 juillet 1938; 14 juillet 1941; 19 septembre 1941; 12 décembre 1941;
16 février 1942; 8 avril 1942; 8 juillet 1942; 8 décembre 1942; 11 février 1943; 16 août 1943;
19 novembre 1943; 7 février 1944; 24 juillet 1944; [automne 1945].
❒ Georges Canguilhem — [fin 1935/début 1936]; 28 novembre [1963]; 2 décembre 1970; 21 sep-
tembre 1971; 7 juin 1972; 26 juin 1973; 22 février 1976; 14 avril 1977; 21 février 1978; 1er
septembre 1983. — Lettres de R. Aron à Georges Canguilhem : 24 mai 1963; 28 septembre
1971.
❒ Paul et Lily Desjardins — 31 août 1933; 18 juillet 1934; 6 février 1935; 29 mai [1935]; 5 novem-
bre 1936; 28 avril 1937; 4 mai 1937; 21 mars 1938; 28 mars 1938; 8 avril 1938 : 15 juin 1939.
— Lettre de P. Desjardins à sa femme Lily : 30 octobre 1936.
❒ Alfred Fabre-Luce — 5 mars 1935; 13 mars 1935; 28 mai 1938; 6 septembre 1946; 20 septem-
bre 1946; 26 septembre 1946; 3 octobre 1946; 29 juillet [1954?] ; 2 mars 1955; 24 octobre
1956; 26 avril 1957; 14 mai 1957; 12 mars 1958; 29 août [1958]; 27 octobre 1959 : 25 avril
1961; 25 juin 1963; 27 novembre 1963; 21 mai 1965; 2 juillet 1965; 17 mai 1966; 4 septembre
1966; [mars 1967]; 28 mars 1968; 3 septembre 1968; 13 septembre [1968?] ; 7 janvier
[1969?] ; 12 février 1969; 23 novembre 1970; 4 février 1971; 23 février 1972; 10 août 1972; 31
mai 1976; 30 août 1979; 27 septembre 1979; 19 mai 1980; 5 mars 1981; 9 septembre 1981;
12 septembre 1981; 1er octobre 1981. — Lettres de R. Aron à Alfred Fabre-Luce : 1er mai 1938
(copie); 24 juillet 1938 (copie); 9 septembre 1946 (copie); 16 septembre 1946 (copie); 24 sep-
tembre 1946 (copie); 30 septembre 1946 (copie); 6 avril 1947 (copie); 1er octobre 1954 (copie);
23 mars 1957 (copie); 12 novembre 1960 (copie); 3 mai 1961 (copie); 6 juillet 1962 (copie); 1er
juillet 1963; 15 septembre 1963 (copie); 28 mai 1965 : 27 mai 1966; 22 mars 1967; 23 janvier
1968 (copie); 8 septembre 1968 (copie); 31 décembre 1968 (copie); 3 décembre 1970; 15
février 1971; 4 juin 1971 (copie) : 25 février 1972; 7 octobre 1974; 3 juin 1976; 11 mai 1980; 26
mars 1981; 8 octobre 1981. — Lettre de Charlotte Fabre-Luce à R. Aron : 31 mai 1983.
◆ Boite n° 209. Classement chronologique (les lettres reçues - Années 1920 à 1959)
Années 1930
❒ 1928. Sur la prestation de R. Aron à l'agrégation — André Cresson à sa femme, 25 juillet.
❒ 1933. Lettres de félicitations reçues à l'occasion du mariage de R. Aron — Alain, 1er octobre;
Wolfgang Brobeil, 8 novembre; Anne Heurgon, 12 septembre; Jenny de Margerie. [décembre];
Hubert Schröder, 16 novembre; Leo Spitzer, 24 septembre.
❒ 1934. Autour de la 3e décade de Pontigny, 25 août-4 septembre — Charles du Bos, 25 mai, 21
juillet, 24 juillet + prospectus sur les Entretiens d'été de Pontigny, 3 août, 4 septembre; Jean
Schlumberger, 12 et 18 mars; Michel Simon, 6 septembre; carte postale, [fin août-début septem-
bre]. — Lettres de R. Aron à Charles du Bos (copies) : 29 mars, 10 mai, [s.d.] + 2 f. dactylogr. + 3
f. manuscrits.
❒ 1934. Autres lettres — Jacques Bois, 28 janvier; Otto Schneider, 1er juin; E. Schüle, 11 mars; Phi-
lippe Schwob, 20 juillet; Michel Simon, 15 novembre; Eric Weil, 7 juin.
❒ 1935 — Louis Guéroux, 21 octobre; François Roussel, 31 janvier.
❒ 1936. Lettres reçues après la publication de La Sociologie allemande contemporaine, Paris, Félix
Alcan, fin 1935 — Emile Bréhier. 8 janvier; Arvid Brodersen, 28 août et 3 novembre 1937; F. Gar-
cia Calderon, 16 février; Marcel de Coppet, 29 mars; Henri Jourdan, 8 janvier : André Lalande, 9
mars; Lucien Lévy-Bruhl, [s.d.]; Dominique Parodi, 13 janvier; Edmond Vermeil, 8 janvier; [signa-
ture non identifiée], 13 janvier; liste du service de presse.
❒ 1936. Autres lettres — Marcel de Coppet, 14 janvier; François Henry, 28 octobre; André Lalande,
27 octobre.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 82
❒ 1937. Lettres reçues après la publication de l'article « Réflexions sur les problèmes économiques
français », in Revue de Métaphysique et de Morale, XLIV — Henri Aron, 30 novembre; Camille
Bloch, 23 décembre; Marcel de Coppet, 2 janvier 1938; Georges Glasser, 5 décembre; Maurice
Halbwachs, 30 novembre; Henri Hauser, 27 décembre; Pierre Laroque, 28 novembre; Bernard
Lavergne, 30 novembre; Max Lazard, 26 février 1938; Charles Rist, 30 novembre; Albert Rivaud,
8 décembre; Henri Roddier, [samedi soir?] ; Georges Ullmo, 10 janvier 1938.
❒ 1937. Autres lettres — André Fauconnet, 10 mai; Maurice Patronnier de Gandillac, 8 juillet; Jean
Pouillon, 3 juillet; Raverat, 2 décembre; J. Vrin, 2 juillet et 21 octobre.
❒ 1938. Lettres reçues après la publication de l'Introduction à la philosophie de l'histoire, Paris, Gal-
limard et de la Philosophie critique de l'histoire, Paris, Vrin — Hans Barth, 8 juin; Henri Bergson,
30 juin; Henri Berr, 2 avril; Pierre Boutang, 29 mars; Arvid Brodersen, 25 avril; Jean Cavaillès, 1er
janvier; Paul Fauconnet, 28 mars; André George, 19 décembre; P. Gottiet, 26 mai; Bernard
Guillemain, [s.d.]; Georges Gurvitch, 21 et 27 avril; Georges Guy-Grand, 24 avril; Daniel Halévy,
14 avril 1939 + livret de 16 p. « Note concernant deux passages du « Journal des Années noires »
de Jean Guéhenno »; Jean Laporte, 23 octobre; Louis Lavelle, 3 octobre; Lucien Lévy-Bruhl,
[s.d.]; Alexandre Marc, 5 avril; R. de Margerie, 2 novembre; Enrico de Negri, 14 juin; J. Nippgen,
11 avril et 30 mai; Dominique Parodi, 19 avril; Àke Petzjjll, [s.d.]; Herbert Prozinski, 16 mai, 5
juin et 11 juin; Ernest Seillières, 26 avril, 20 mai, 28 mai; Hans Speier, 24 avril; Charles Werner (2
mai); Florian Zuaniecki, 17 mai; [professeur de Bordeaux], 25 juillet. —Lettre de R. Aron à Hans
Barth : 14 juin. — Lettre de R. Aron à Jean de Fabrègues (copie) : 7 mai 1939. Voir aussi : Boîtes
d'archives n°187 : Correspondance échangée autour des ouvrages de R. Aron, dossier
« Introduction à la philosophie de l'histoire » [...]
❒ 1938. Lettres reçues après la publication de « La sociologie de Pareto », Zeitschrift für Sozialfors-
chung, VI — Georges Aillet, [s.d.]; Nicolas Chiaromonte, [s.d.] ; André Cresson, le 1er mars; Jean
Laporte, 14 février; Lucien Lévy-Bruhl, 2 mars; Léon Robin, 8 mars.
❒ 1938. Autres lettres — Robert Dehan, 19 mai; Liliane Fernandez, 5 août; G. Mauss, 28 mai; Louis
Rougier, 9 septembre. — Lettres de R. Aron à Walter Benjamin (copies) : 3 et 12 juin.
❒ 1939. Lettres reçues après la communication prononcée à la Société française de philosophie le
17 juin : « Etats démocratiques et états totalitaires » — Norbert Elias, 23 juillet; Paul Kecskemeti,
22 juin; Adolphe Landry, 14 juin; Henri Moysset, 18 juin; Jeanne-Frédérique Renauld, août;
Albert Rivaud, 17 juin; L. Rosenstock-Franck, 14 juin; Théodore Ruyssen, 13 juin; [signature non
identifiée], 12 et 18 juin.
❒ 1939. Autres lettres — Célestin Bouglé, 27 novembre.
Années 1940
◆ 1940 — Marvin Farber, 25 avril; André Labarthe, 14 août; Robert Marjolin, 5 juin. — Lettres
de R. Aron à [André Labarthe?] (copies) : 20 juillet, 31 juillet, 3 août.
◆ 1941— France libre : Service de la Marine marchande, 4 octobre; Reform Club, 31 octobre.
◆ 1942 — Jacques Maritain, 9 août. — Lettre de R. Aron à Jacques Maritain (copie) : 14 juillet.
◆ HUMMEL Pascale, LEJEUNE Anne, PEYCERÉ David, Pour une histoire de l’Ecole normale
supérieure, Sources d’archives, 1794-1993, Archives nationales, Presse de l’ENS, 1995,
213 p.
L’Institut Alain n’a pas vocation à accueillir de chercheurs. Il ne dispose pas, à proprement
parler, de salle de travail et de consultation. Seule la bonne volonté de ses directeurs, leur
confiance et leurs généreuses attentions m’ont permis d’accéder à leurs archives et de travailler
librement sur des sources fondamentales :
En revanche, l’Institut n’a pas un seul numéro de l’organe Vigilance du CVIA. Cela est
significatif du peu d’intérêt porté par les alénistes à l’histoire politique du réseau alinien. C’est en
particulier perceptible lorsqu’on évoque les Libres Propos, dont les annexes échappent le plus
souvent aux discussions. Cette absence est d’autant plus étonnante que de nombreux aliniens
devaient en avoir la collection complète.
Nous tirons l’inventaire de ces quatre cahiers2 d’une partie du travail effectué au cours du
stage prévu dans le cadre de ce DEA (cf. Rapport de stage). Ils contiennent la correspondance
1. Cf. La « Table analytique et index de 1919 à 1991 », établie par CH. Ducourtieux, in Bulletins de la Société
des amis de l’Ecole normale supérieure, n° 187-189, déc. 1992, bull. spécial.
1. Les sommaires des bulletins sont accessibles sur Internet à l’adresse : http://alinalia.free.fr.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 84
adressée à Alain entre 1926 et 1939 et ont été constitués par Mme Monique Morre-Lambelin. Ils
comportent la lettre originale adressée à Alain (ou, parfois, à Mme Morre-Lambelin) et la réponse
d’Alain recopiée par Mme Morre-Lambelin.
2. Les cahiers sont foliotés en bas à droite de manière à inclure les lettres originales. Nous reprenons cette
numérotation dans l’inventaire qui suit. Nous commençons par le Cahier 4, car les lettres qu’il contient sont
antérieures aux autres.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 85
❒ Courte biographie d’Alain, dont liste de ses articles pour la presse et liste des articles de presse
parlant d’Alain et/ou des Libres Propos, fol. 28-34.
❒ Lettre de P. Masson-Oursel de La Psychologie et la vie (8 sept. 1928), demande de photo et de
biographie pour hommage : « cette revue [...] marche de façon satisfaisante, mais je tiens à la ren-
dre utile, intéressante aux hommes d’affaires »/ réponse favorable de Morre-Lambelin (13 sept.
1928) / réponse d’Alain (18 sept.)
❒ Biographie rédigée par Morre-Lambelin, allusion au rapprochement Montaigne, La Bruyère /
Alain, fol. 37-40.
❒ Lettre à P. Valéry (29 nov. 1928) à propos d’Eupalinos et de Variété, fol. 41.
❒ Lettre communiquée à Gallimard (Déc. 1928) pour la trad. en anglais des ouvrages d’Alain /
réponse du 24 oct. 1928, fol. 42.
❒ Lettre de Romain Rolland (30 oct. 1928) accompagnant l’exemplaire de son Beethoven dédicacé
+ lettre archive de R. R. (9 oct. 1921) « Je lis votre Guerre jugée, c’est le livre le plus viril qui ait
été écrit sur la guerre. [...] Livre qui, tout en mettant Mars au pilori, n’offense ni la Patience, ni le
Courage, ni la Justice », / réponse d’Alain (3 janvier 1929) sur la musique, L’Héroïque en
particulier : « vous êtes l’homme du devenir et du progrès. Pour moi, je ne puis. Je vois les diffé-
rences. Je ne vois point le développement. [...] Un homme qui marche, voilà ce que vous êtes. Je
tire grande sécurité de ce pas-là. [...] Où nous allons, je ne sais. Selon ce que j’ai éprouvé, nous
avons toujours à faire le même pas qui surmonte, et c’est toujours à recommencer, depuis l’éter-
nelle barbarie, toujours présente, toujours forte, et sans progrès concevable, puisqu’il faut tout
résoudre dans le moment. », fol. 43-44.
❒ Lettre à A. Maurois (3 janv. 1929) à propos de Climats, fol. 45.
❒ Bibliographie complète d’Alain envoyée le 21 avril 1929 à la Clark University (Massachusetts) :
classement par ordre, politique (c’est en quelque sorte Esope qui parle), morale (« les moins
contestées »), esthétique (« les préférées de l’auteur »), philosophie, fol. 46-48.
❒ Lettre à P. Valéry (2 juin 1929) à propos de Platon, fol. 49.
❒ Lettre à Olga Auscherlicht (?) (12 juin 1929), Vienne (annonce) + lettre à Frédéric Lefèvre (9 juin
1929) pour ses Matinées du hêtre rouge, fol. 50.
❒ Lettre à P. Valéry (26 août 1929) à propos de La Pythie, fol. 51.
❒ Lettre de G. Lapierre (4 juillet 1929) du SNI, à propos de sa revue hebdomadaire qui paraîtra en
octobre prochain / réponse d’Alain (27 août 1929) : 1 propos par semaine (« je ne puis vous pro-
poser, avant une longue connaissance de familiarité, de donner 100 frs (prix minimum des pro-
pos payés) pour un article entièrement libre de tout système, et qui choquera souvent le
lecteur »), fol. 52-53.
❒ Lettre à A. Thibaudet (2 janvier 1930) à propos de M. Barrès et de J. Lagneau, fol. 54.
❒ Lettre de P. Valéry (4 janvier 1930) pour le commentaire à la Jeune Parque : « Peu de poètes, que
je sache, auront un Alain pour les encourager » / réponse d’Alain (10 janvier 1930), fol. 55-56.
❒ Lettre de Louis Rolland (dit Louis Francis) (3 février 1930) à propos de son livre Les Nuits sont
enceintes. / réponse d’Alain (27 mars 1930) : « Ici j’ai 67 élèves [...]. Ils ont ordinairement des
opinions rétrogrades et des mœurs républicaines; tout se tasse. Et en somme, les pays ne chan-
gent guère; c’est la géographie qui règle tout », fol. 57-58.
❒ Lettre de Philippe Carr (2 oct. 1930), questionnaire pour un vol. sur la France littéraire et artistique
pour la maison anglaise d’édition Europa. / réponse le 5 oct., fol. 59.
❒ Lettre de René Groos (25 sept. 1930) de L’Ordre («journal quotidien d’opinion et d’information »)
à propos de l’influence du cinéma sur le roman d’après Pierre Benoit (R. Groos, louait les livres
d’Alain dans l’Intransigeant) / réponse d’Alain (5 octobre 1930), fol. 61-62.
❒ Article de R. Lalou dans Les Nouvelles littéraires (14 fév. 1931) + croquis utilisé en page de cou-
verture de ce mémoire, à propos des Entretiens au bord de la mer.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 86
❒ Lettre de Julius Schmidt (5 février 1931) à propos des Entretiens, allusion à Ernst Cassirer, aux
trad. d’Alain en allemand, à sa trad. du propos de Jeanne d’Arc qui sera lue par la tragédienne
Gertrud Eysoldt à la TSF, fol. 64.
❒ Lettre de Guemoa Höst (21 avril 1931), lecteur à l’université d’Oslo (et ancien élève des mardis
soirs à Sévigné), « Au Maître admiré de tant de jeunes », à propos de la corrélation entre le pro-
pos de Norton Cru et ceux d’Alain (dans Mars en particulier) et du silence de Du témoignage sur
le témoignage d’Alain. / réponse d’Alain (27 avril 1931), fol. 65-66.
❒ Lettre de Rainer Bümel (8 mai 1931), étudiant allemand en philosophie, qui traduisait Alain à ses
amis : « Par vous j’ai compris et Descartes et le doute, c’est-à-dire l’homme », voudrait le trad.
plus officiellement / réponse négative (18 mai) en raison de ses engagements.
❒ Lettre de Werner Dieball (27 sept. 1931) demande si l’Allemagne était responsable de la Grande
Guerre / réponse d’Alain (5 oct.) : « La guerre est toujours l’œuvre d’un petit nombre de tyrans
supérieurs ou subalternes, et la première chose à faire, si l’on veut conserver la paix, c’est de met-
tre les tyrans hors de jeu. Il est bien facile de reconnaître que ni Brüning, ni Briand, ni Laval ne
sont au nombre de nos tyrans; au contraire, Tardieu et Maginot sont tels. Et chacun balaie devant
sa porte. », fol. 69-70.
❒ Lettre de Paul Hymans1 (12 oct. 1931) lecteur d’Alain depuis 2 ans, fol. 71.
❒ Lettre à J. Chardonne (19 nov. 1931), à propos de Claire, fol. 72.
❒ Lettre à F. Lefèvre (19 nov. 1931), à propos de Le Sol, fol. 73.
❒ Lettre à Jean Schlumberger (15 nov. 1931) à propos de St Saturnin / réponse de J. Schlumberger
(21 nov. 1931) : « Il m’importe beaucoup d’être assuré par un juge dont le coup d’œil est aussi
libre que le vôtre », fol. 74-75.
❒ Lettre à G. Duhamel (23 nov. 1931), fol. 76.
❒ Lettre de S. Solmi (s.d.) à propos des Entretiens, fol. 77.
❒ Lettre d’Henri Lefèvre (6 déc. 1931) questionnaire sur Hegel pour l’Université syndicaliste /
réponse d’Alain (20 déc. 1931), fol. 80-81
❒ Texte à insérer pour Idées, fol. 82
❒ Lettre de Mme Lacroix (pour la mort de son fils Jean Lacroix, ancien élève d’Alain) / réponse
d’Alain (31 janv. 1932) : « Penser est la même chose que prier » / réponse de Mme Lacroix, fol.
83-84
❒ Lettre à A. Maurois (19 fév. 1932), pour Le Cercle de famille, fol 86.
❒ Lettre de Roger Lutigneaux (2 janv. 1932), chargé de la rubrique de la « Vie intellectuelle » au stu-
dio des PTT, pour une interview. / réponse négative d’Alain (contre la radio), fol. 87.
❒ Lettre d’Henri Brochier (4 oct. 1932), à propos des tyrans et du balayage : « Je vous croyais plus
capable d’opinion et d’opinion courageuse. [...] Ami Alain, vous nous devez toute votre pensée,
toute votre puissance de pensée2 », sur les dangers du capitalisme. fol. 88.
❒ Lettre de René Maheu (13 fév. 1932), ami de Canguilhem, Harnois, Ganuchaud, Château, Weill,
et lecteur à Cologne où il a remplacé Aron, invitation au nom du prof. Spitzer : « de quel secours
votre action serait ici pour plus d’un. Rarement les hommes n’ont été aussi en détresse qu’actuel-
lement en Allemagne » / réponse négative d’Alain (19 fév. 1932) : « Mon opinion est que cette
agitation forcenée qui parcourt le globe, n’est jamais que des pensées. Axiome : tout ce qu’on dit
est faux. C’est à la pointe de l’outil que naissent les idées efficaces, toujours bien au-dessous de
notre réflexion et même de notre attention. En dessous, donc, se prépare et se fait l’histoire,
bonne ou mauvaise; et la règle du jeu est qu’on ne sait rien de l’événement que par l’événement.
1. Paul Hymans (1865-1941), qui présida la première session de la SDN et fut à plusieurs reprises ministre
des Affaires étrangères du royaume de Belgique.
2. C’est l’auteur qui souligne.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 87
D’où cette règle prise de la guerre et bonne partout; ne pas s’agiter et ne pas montrer le creux de
la main à la devineresse. », fol. 89-90.
❒ Texte de Morre-Lambelin pour introduire les Propos sur l’éducation + brouillon de titres possi-
bles, fol. 91.
❒ Lettre de J. Schmidt (2 fév. 1932), à propos des Vingt leçons sur les beaux arts, de son Propos XC
proche de la pensée d’Hitler (à propos d’un écrit à Brüning) et de son adhésion au parti national
socialiste : « Si le monde des sales usuriers tremble sous le pas des SA hitlériens, l’humanité sor-
tira redressée et purifiée de la lutte qui s’engage à moins que nous ne succombions à l’infection
des microbes du « système »», fol. 92.
❒ Lettre d’E. Berl (17 janv. 1933), demande de propos pour sa rubrique « Sous la lampe » / réponse
d’Alain (23 janvier 1933) : « Combien le cul de lampe? », fol. 93-94.
❒ Lettre d’A. Grosser des éd. Eugène Figuière (19 janv. 1933), demande de propos pour une antho-
logie. / réponse (25 janvier) + note biographique rédigée (3 fev. 1933), fol. 95-97.
❒ Feuille de comptabilité de propos (brouillon), fol. 98.
❒ Lettre à R. Rolland (28 fév. 1926), fol.99-101.
❒ Lettre de H. Labrousse (12 avril 1932) de la bibliothèque de Rouen, Morre-Lambelin, à propos de
l’absence des LP 1ère série dans le catalogue de « La Librairie française ».
❒ Biographie d’Alain par D. Mathète (de Sacy) (juin 1924), fol. 123-131.
❒ Lettre de G. Zéraphie (2 fév. 1933) / réponse d’Alain (8 fév. 1933) / réponse de G. Zéraphie (14
fév 1933), fol. 51-54.
❒ Lettre du Dr W. Gaede (13 fév. 1933), demande d’autorisation de trad. en allemand des Propos
sur l’éducation, avec l’assentiment du directeur à Berlin de l’Institut central d’éducation et
d’enseignement. / réponse favorable d’Alain du 22 fév. 1933, fol. 55-57.
❒ Lettre à Montherlant, en réponse à l’envoi de Mors et vita, fol. 58.
❒ Lettre à de Monzie, pour l’Encyclopédie, s. d., fol. 59.
❒ Lettre à G. Duhamel (9 avril 1933) pour l’envoi du Notaire du Havre / Réponse de G. Duhamel
(12 avril 1933), fol. 61 et 63.
❒ Lettre de Yanette Delétang-Tardif (14 février) + article du Nouveau Journal du 13 février / Réponse
d’Alain / Réponse de Y. Delétang-Tardif (7 avril 1933), fol. 60-62.
❒ Lettre de Nitti (?) à propos de son envoi La Démocratie (9 avril 1933) / réponse d’Alain (10 mai
1933), fol. 64-65.
❒ Un appel de G. Bataille, Lucien Laurat, Jacques Mesnil, Pierre Pascal, B. Souvarine, au sujet de Vic-
tor Serge. / Lettre de Pierre Kaan (7 mai 1933) / réponse d’Alain (12 mai 1933), fol. 66-68.
❒ Lettre d’Alain à « Princesse » (Pentecôte 1933), fol. 70-71.
❒ Lettre de Rachid Saffet (10 juillet 1933), député au parlement turc, fol. 72.
❒ Notes sur la poésie écrite au Pouldu à la suite d’une visite de Y. Delétang-Tardif (été 1933),
fol. 74.
❒ Lettre de Robert Mengin (26 juillet 1933)/ réponse d’Alain (1er août 1977), fol. 75-79.
❒ Lettre enquête de Marcel Sauvage de L’Intransigeant pour l’hebdo Pour vous (28 sept. 1933) /
réponse d’Alain (7 oct.), fol. 79-83.
❒ Lettre en italien (+ trad.) de H. Bégami (2 oct. 1933) / réponse d’Alain (30 oct. 1933), fol. 85-86.
❒ Lettre de R. Delamy (6 nov. 1933) à propos d’A. Maurois / réponse d’Alain (11 nov. 1933),
fol. 87-91
❒ Lettre des Temps futurs (23 nov. 1933) / réponse d’Alain (30 nov.), fol. 92-93.
❒ Lettre de Pierre Kaan / réponse d’Alain (7 oct. 1933), fol. 94-95.
❒ Lettre à André Malraux (8 oct. 1933) à l’occasion du prix Goncourt., fol. 96.
❒ Lettre à Mme Olga Wormser (15 déc. 1933) pour Anne Lacroix à propos de son livre Euxin, fol.
97-98.
❒ Lettre de Lucien Favre (1er janvier 1934) au lendemain de sa visite / réponse d’Alain (2 février
1934) / réponse de Lucien Favre (4 février 1934), fol. 99-102.
❒ Notes concernant une visite médicale (diagnostique : vertiges labyrinthiques) + journal de Morre-
Lambelin de janvier 1934 à propos de sa maladie d’oct. 1933 à février 1934 (« la politique a cessé
pour un moment de m’intéresser »), fol. 103-104.
❒ Une enquête de La Revue mondiale : « le parlementarisme a-t-il fait faillite? » (2 février 1934) /
réponse d’Alain (9 février 1934), fol. 105.
❒ Lettre à René Lalou (15 fév. 1934), fol. 106.
❒ Lettre de Justin Godart (15 fév. 1934) de la revue Votre Santé (proposition de collaboration) /
réponse positive d’Alain (25 février), fol. 107-109.
❒ Lettre à Paul Rivet, à l’occasion du Comité d’action pour la défense républicaine (allusion à Can-
couët), fol. 110-111.
❒ Lettre de reconnaissance de Jean R. Poisson (23 mars 1933 (?)), ancien élève, fol. 112.
❒ Lettre de S. Pétrement (27 mars 1934) de remerciements, fol. 113.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 89
❒ Lettre de Tcheng Tim Yun (27 mars 1934) / réponse d’Alain (3 avril 1934), à propos de la traduc-
tion, fol. 114-116.
❒ Lettre de Bernard Lecache, président de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (dont la
liste de son comité d’honneur) (29 mars 1934) / réponse d’Alain (3 avril 1934) : « ainsi j’ai tiré au
jour, pour mon compte, ce ferment d’antisémitisme, dont vous parlez, et qui agit même dans les
juifs » + envoi de « l’adhésion de [son] esprit », fol. 117-119.
❒ Lettre de Pierre Kaan, à propos du contact à prendre avec Boris Souvarine (19 avril 1934) pour lui
trouver un travail dans une revue du syndicat des instituteurs (allusion à Doriot inexpliquée) /
réponse d’Alain (24 avril 1934) / => Lettre à G. Lapierre de l’Ecole libératrice (24 avril 1934) /
réponse négative de G. Lapierre (27 avril) pour La Glèbe, et allusion au CVIA, fol. 120-125.
❒ Lettre à Lucien Fabre pour Le Ciel de l’Oiseleur (24 avril 1934), fol. 126.
❒ Lettre de J. van Melle de Toute l’Edition : « L’éditeur doit-il être un partisan? » / réponse d’Alain
(13 mai 1934), fol. 127-129.
❒ Lettre (+ trad.) de H. Bégami (16 mai 1934) / réponse d’Alain (5 juin 1934), fol. 130-132.
❒ Lettre de Pierre Abraham du Comité de l’Encyclopédie française (14 déc. 1933) / Lettre de
P. Abraham (7 janvier 1934) / Lettre de P. Abraham (19 avril 1934) / lettre de P. Abraham (6 ou 8
juin 1934), allusion, entre autres, à G. Canguilhem, Elie Faure, Henry van De Velde, A. Maurois...
/ réponse négative d’Alain (12 juin 1934) / réponse de P. Abraham (7 juillet 1934), fol. 133-141.
❒ Lettre de J.-R. Bloch à J. et M. Alexandre (25 juin 1934), à propos de l’envoi de 20 brochures
d’Alain [LP ?] à l’École normale de Poitiers, etc., fol. 142.
❒ Lettre à Frédéric Lefèvre sur son livre La difficulté d’être femme (1er juillet 1934), fol 143.
❒ Lettre de Louis Amalou, directeur d’Ecole (19 février 1934), demande propos pour discours. /
réponse d’Alain (12 juillet 1934), fol. 144-145.
❒ Lettre à Pierre Jérôme (27 juillet 1934), secrétaire du CVIA, à propos de « l’incident Tardieu », fol.
146-147.
❒ Lettre de P. Abraham (15 janvier 1935), dont allusion à la diffusion difficile des Libres Propos en
Hollande / réponse négative d’Alain (19 janvier) pour sa participation à l’encyclopédie (« Je vous
remercie de garder quelque bienveillance à l’Indocile »), fol. 148-149.
❒ Lettre à Bénézé (23 juin 1936) pour sa thèse, fol. 150.
❒ Lettre de Paul Valéry à Alain (22 juin 1944, copie) : « [...] on se couche souvent si peu nourri que
l’insomnie a le visage de la faim », fol. 151.
❒ Lettre de Maurice Mathis (13 nov. 1927) : « Je veux vous dire que vous faites un bien immense à
la jeunesse actuelle. Le scepticisme d’Anatole France désespérait nos enthousiasmes, vous l’avez
combattu et j’ose vous donner la victoire. Vous avez simplement, humainement montré l’univers
à nos esprits, nous débarrassant de tout un chaos d’idées fausses » / réponse d’Alain (15 nov.
1927), fol. 152-153.
❒ Un portrait (?) du 6 janvier 1933, fol. 154.
❒ Lettre à Mme Salomon après lecture de sa notice sur Miss Scott (24 août 1932), fol. 13.
❒ Lettre de Lucien Fabre à M. Morre-Lambelin (3 sept. 1934) / Lettre de L. Fabre à Alain (7 août
1934) naviguant en Méditerranée. / réponse d’Alain (7 sept. 1934), allusion à la Muse, fol. 14-16.
❒ Lettre d’Anne Marie Lacroix (1er sept. 1934) à propos de son livre Marcelle qu’elle veut lui
dédier. / réponse d’Alain (11 sept. 1934). / réponse d’A. M. Lacroix (17 sept.) + lettre d’A. M.
Lacroix (25 sept.), fol. 17-26.
❒ Lettre de M. Alexandre à M. Morre-Lambelin (20 sept. 1934), fol. 27-28 : « rentré de Lyon où
nous avons bien travaillé avec le noble Emery et sa femme », fol. 27-28.
❒2 lettres à M. Alexandre de A. Seigneur du Comité pour la libération de Thaelmann et des antifas-
cistes emprisonnés, demandant la signature d’Alain (8 et 18 sept. 1934) / réponse de refus
d’Alain adressée à Michel Alexandre, fol. 29-33.
❒ Lettre à A. Malraux (15 oct. 1934), pour appuyer un livre de B. Souvarine au nom de S. Weil (13
oct.), la vierge rouge, fol. 35.
❒ Lettre à Louis Francis (21 oct. 1934) pour son roman Blanc, fol. 36.
❒ Lettre à A. Maurois pour un article sur Les Dieux, fol. 37.
❒ Lettre à Jean Risque pour son livre Gamin, forge ton avenir (1er nov. 1934), fol. 38.
❒ Lettre de G. Duhamel (7 sept. 1934) sur Les Dieux / lettre à G. Duhamel (2 nov. 1934) pour Vue
de la terre promise, fol. 39-40.
❒ Annonce d’une lettre à Gaston Bouchard pour Un clair matin, fol. 40.
❒ Envoi du propos de Politique avec page manuscrite pour le Japon (17 nov. 1934) : « La politique
est l’art de vivre bien avec ses ennemis », fol. 41.
❒ Brochure pour la libération de Thaelmann, fol. 42-43.
❒ Lettre à M. K. X. Roussel (23 nov. 1934), fol. 44.
❒ Lettre de V. Pozner (18 nov. 1934) des nouvelles éditions Regards (sur le monde du travail) :
« Notre comité de Direction m’a demandé de recueillir l’opinion de personnalités les plus repré-
sentatives du monde politique, littéraire et scientifique français...» à propos de la phrase de Dala-
dier au Petit Provençal sur les 30000 fascistes à Paris qui s’entraînaient à la guerre civile. /
confirmation d’Alain (23 nov.) : « je voudrais bien être en âge de conduire les Hommes libres.
J’espère qu’ils ne se feront pas battre. », réponse publiée, fol. 45-46.
❒ Lettre de John W. Klein (13 nov. 1934), sur la question de l’influence de Liluli sur Mars / réponse
négative d’Alain (24 nov. 1934), fol. 47-49.
❒ Article de Yanette Delétang-Tardif (12 nov. 1934) dans Le Nouveau Journal de Strasbourg sur Les
Dieux. / Poèmes de Y. Delétang-Tardif : Briser n’est rien / réponse d’Alain (25 nov.), fol. 50-53.
❒ Enquête de La Revue mondiale, signée Louis Jean Finot : Pourra-t-on éviter une révolution?, « La
revue [...] a jugé qu’il convenait d’interroger à ce sujet les personnalités qui, en France, sont les
plus aptes à fournir en France des réponses claires et utiles » / réponse d’Alain (29 nov. 1934), fol.
54-57.
❒ Lettre de Georges Perlmutter, étudiant en droit, Oran (2 déc 1934), choqué qu’Alain écrive à la
NRF / réponse d’Alain (12 déc. 1934) : « vous me plaisez, bondissante jeunesse », fol. 58-59.
❒ Lettre de Georges Chevalier (9 déc. 1934), étudiant en droit, Colmar, Ht-Rhin, à propos des idées
politiques contenues dans les Eléments d’une doctrine, demande de l’idée directrice de l’œuvre
d’Alain, allusion « à la grande indulgence pour les jeunes auxquels vous avez consacré toute
votre vie » / réponse d’Alain (12 déc.) dévoilant ses 3 idées directrices, fol. 60-62.
❒ Lettre à son éditeur à propos de Stendhal (19 oct. 1934), fol. 63.
❒ Lettre de vœux de Yanette Delétang-Tardif (31 déc. 1934) / réponse d’Alain (1er janv. 1935), fol.
64-65.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 91
❒ Lettre à Kyoshi Komatou (10 janvier 1935) à propos des mauvaises trad. en japonais (dixit
Malraux) fol. 66.
❒ Lettre à Simone Weil (14 janvier 1935), fol. 67-68.
❒ Lettre de X (29 déc. 1934) concernant un projet d’Edition et de librairie républicaine (ci-jointe
liste des adhérents) / réponse positive d’Alain (19 janv. 1935) : « J’ai hésité quelque temps; car il
me semble que les hommes de gauche ont besoin de lire une littérature de droite », fol. 69 et 78.
❒ Lettre à H. de Jouvenel (30 janvier 1935), refus pour état de santé de présider une commission
concernant le tricentenaire du Discours de la Méthode. / réponse de H. de Jouvenel (6 février
1935), fol. 79-80.
❒ Lettre à Jules Romains (3 février 1935), allusion à Poincaré. / réponse de J. Romains (28 février
1935), fol. 81-83.
❒ Lettre à René Le Senne (18 février 1935), en réponse à son livre Obstacle et valeur, fol. 84-85.
❒ Lettres de Nath Imbert (31 janvier et 25 mars 1935) pour le Dictionnaire national des contempo-
rains / réponse (3 avril 1935), fol. 86-87.
❒ Lettre de J. Guéhenno (4 avril 1935) pour article sur V. Hugo dans Europe / réponse d’Alain (7
avril 1935), fol. 88.
❒ A propos de En lisant Balzac : lettre du dr. Sabouraud (3 avril 1935) / Lettre de Pierre Chardon
(6 avril), fol. 89-90.
❒ Lettre d’Henri Barbusse (15 février 1935) demandant des livres d’Alain pour la bibliothèque de
Moscou / réponse d’Alain donnant entre autres Le Citoyen contre les pouvoirs, fol. 91.
❒ Lettre de Radio-Paris (16 avril 1935) pour une causerie sur Stendhal (7 personnalités) / lettre de
René Lalou (25 oct. 1935) commentant la réponse négative d’Alain à Radio-Paris / réponse néga-
tive d’Alain à Radio-Paris et réponse à R. Lalou, fol. 92-94.
❒ Lettre de S. Marcus (19 avril 1935), étudiante de Sévigné, à propos des bienfaits d’Alain sur la
jeunesse. / réponse d’Alain (3 mai 1935), fol. 95-97.
❒ Lettre à Mme Léon Letellier (12 mai 1935) à l’occasion du mariage de son fils, fol. 98.
❒ Lettre à Paul Rivet à l’occasion de son élection en mai 1935 au conseil municipal de Paris XIIIe /
réponse de Rivet (18 mai 1935) « A vous, notre âme invisible... ».
❒ Lettre à Leslie John Beck (22 mai 1935) pour son livre La Méthode synthétique d’Amelin,
fol. 101-103.
❒ Lettre à A. Malraux (30 mai 1935) pour Le Temps du mépris, fol. 104.
❒ Lettre de S. Weil. / réponse d’Alain (28 juin 1935) fol. 105-109.
❒ Lettre de G. Canguilhem (26 juin 1935) sur le Stendhal / réponse d’Alain (3 juillet), fol. 110-111.
❒ Lettre d’excuse à H. Barbusse (4 juillet 1935) pour son absence au congrès international des écri-
vains pour la défense de la culture, fol 112.
❒ Lettre de Jean Lameere (28 juin 1935) à propos de la création d’une classe de philosophie à
Bruxelles (conseils), allusion à sa très grande influence comme professeur de philosophie en pre-
mière supérieure / réponse d’Alain (5 juillet) / réponse de J. Lameere (9 juillet), fol. 113-115.
❒ Lettre à J. Romains (11 juillet 1935) pour son renfort à Vigilance, et sur l’alliance franco-russe :
« Ma position de radical est remarquable en ceci que j’aime d’instinct la République de Staline,
que je ne prête guère l’oreille aux accusations, que je ne signerai même pas le généreux discours
de Magdeleine Paz aux Ecrivains...», / réponse de Jules Romains (17 juillet), fol. 116-117.
❒ Lettre de Kyo Komatz (23 juin 1935), demande entre autres d’un texte pour la lutte contre le fas-
cisme au Japon / réponse d’Alain (25 juillet 1935), fol. 118-120.
❒ Lettre de Jean Prévost (7 août 1935) / réponse d’Alain fol. 121-123.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 92
❒ Réponse (dactylographiée) à Guéhenno, reprise des fol. 8-10 (cf. plus haut) + réponse (dactylo-
graphiée) au directeur d’école, reprise du Cahier 1, fol. 144-145.
❒ Lettre de L. Cancouët (9 août 1935) : « Je revis les instants de 1920 - souvenez-vous! [...] L’heure
de la grande pénitence a sonné... », fol. 128.
❒ Lettre de Jean Painlevé (7 août 1935) du Comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme /
Appel pour la défense de d’Albert Kayser et Rudolf Klaus / réponse d’Alain (13 août) : « vous
pouvez me demander beaucoup et même me compromettre allégrement. [...] demander à Hitler
une faveur, c’est lui obéir. Ce qu’il faut c’est lui déclarer encore et encore notre mépris. [...] En
bref, je dirai que nous n’avons qu’un rapport possible avec les tyrans, c’est de leur nuire. Ce n’est
pas de l’idéologie, c’est de la pratique. [...] En général, quand Vigilance signe, je signe. Et
advienne que pourra. Les individus sont déjà assez encombrants. Aux indomptables de se plier. »
/ réponse de J. Painlevé de l’Institut de cinématographie scientifique, fol. 124-129.
❒ Lettre de Martin Chauffier (12 et 29 août 1935) à propos de la création par Chamson de son heb-
domadaire Vendredi / réponse positive d’Alain (18 août) / réponse de Martin Chauffier (19 août),
fol. 130-134.
❒ Enquête de Toute l’Edition (27 juillet 1935) sur l’emploi par les écrivains de leur temps de vacan-
ces. / réponse d’Alain (18 août 1935), fol. 135-136.
❒ Lettre à René de Vrique, secrétaire de L’Avant-garde libérale de Gand, encouragement à lire Le
Canard enchaîné, fol. 137.
❒ Lettre à J. Prévost, fol. 138-139.
❒ Feuille de comptes aboutissant à 60 frs le propos + projet de tableau de la littérature française à la
suite du congrès international des écrivains, sous le titre « Nos héritages », nbre de pages et
rémunération / Lettre de René Lalou (8 sept. 1935), demande d’un texte sur Pascal / réponse
négative d’Alain (10 sept.) / réponse navrée de R. Lalou (13 sept. 1935) : « [...] le critique ne doit
adhérer à aucun parti : [cette affirmation] m’a valu la même année d’être expulsé de l’Ecole libé-
ratrice et de L’Intransigeant » / Acceptation d’Alain pour un texte sur A. Comte (16 sept.), fol.
140-143.
❒ Lettre à F. Challaye (12 oct. 1935) à propos de son livre et de son soixantième anniversaire. /
réponse de F. Challaye (1er nov. 1935), fol. 144-145.
❒ Lettre de Maurice à Morre-Lambelin (22 oct. 1935) en faveur de Pienchot, ancien élève d’Alain à
Henri IV et aujourd’hui dans la nécessité / Lettre d’Alain à Antoine Roche de Marianne / réponse
positive d’A. Roche (nov. 1935) qui cherchera à Marianne ou à Vendredi, fol. 146-149.
❒ Courtes lettres à G. Duhamel pour La Nuit de la Saint-Jean, à J. Schlumberger pour L’Histoire des
quatre potiers, et à Claude Avelin pour L’Homme de Phalère, fol. 150.
❒ Lettres (25 sept., 23 oct. 1935 et 15 nov.) du Congrès international des écrivains (réclame cotisa-
tion), fol. 151-153.
❒ Lettre à P. Valéry (9 nov. 1935), fol. 154.
❒ Lettre de Maurice Darantière (12 nov. 1935), fol. 155.
❒ Lettre de Jacques Mehelin (?) à Morre-Lambelin (9 sept. 1935), allusion à la trad. de Mars par sa
femme (à Bâles), fol. 156-157.
❒ Lettre d’A. Roche à propos de Pieuchot / réponse d’Alain (28 nov. 1935), fol. 158-159.
❒ Lettre d’Eugène Dabit (5 nov. 1935) qui a quitté l’école primaire à 13 ans (lecteur des LP), écri-
vain (in Europe, entre autres, vu réponse d’Alain) / réponse d’Alain demandant ses livres (1er
déc. 1935), fol. 160-161.
❒ Lettre de Maurice Schumann (ancien élève) à propos de son enquête « La révision du procès de
Jésus-Christ que les juifs palestiniens parlent d’entreprendre est-elle possible, pensable,
souhaitable? » pour Les Nouvelles littéraires / réponse d’Alain (1er déc. 1935) / réponse de Schu-
mann (1 déc. 1935), fol. 163-165.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 93
❒ Lettre de Paul Dermée (2 déc. 1935) à propos de son article dans Comoedia « Alain, prétend-il
tuer la radio? », à partir d’un Propos paru dans La Lumière, allusion à son adhésion au CVIA et à
l’Association internationale des écrivains pour la défense de la culture (absentes de ses signatures
pour incompatibilité avec une presse neutre) / réponse d’Alain (6 déc. 1935), allusion à Einstein,
fol. 166-168.
❒ Lettre à Jean Nocher (6 déc. 1935) pour son livre Révolutionnaires, où allez-vous?, fol. 169.
❒ Lettre de Costes (6 nov. 1935), allusion à un article de Régénération de nov. 1935 citant un pro-
pos d’Alain paru dans La Lumière, et pour un projet de phalenstère / réponse d’Alain, fol. 170 et
172.
❒ Lettre de Maurice Romain (11 déc. 1935) à propos d’une enquête pour L’Intransigeant / article de
M. Romain « Que sera l’Europe en 1970? », fol. 173-175 / lettre-article (non signé et marqué
« non envoyé ») sur le sujet, fol. 173-176.
❒ Lettre de René Trintzin à Alain (14 déc. 1935) pour une interview pour L’Intransigeant à propos
de son récent ouvrage Sentiment, passions et signes / réponse d’Alain (18 déc. 1935) / lettre de
remerciement de René Trintzin à Alain (20 déc. 1935), allusion à sa lecture des Propos d’un Nor-
mand, fol. 177-179.
❒ Lettre à M. R. Delavignette pour son livre Soudan-Paris-Bourgogne, fol. 180.
❒ Lettre de G. Picq-Fevez à propos des Entretiens au bord de la mer (27 déc. 1935), fol. 181-182.
❒ Lettre (14 janvier 1936) à la demande de L’Humanité qui demande des lignes pour les 70 ans de
Romain Rolland (prévus le 24 janv. 1936).
❒ Lettre d’Alfred Sauvy (12 déc. 1936) sur le « chômage chronique », étude inspirée selon l’auteur
des Propos d’Economique. / réponse d’Alain.
❒ Lettre de P. Kaan (6 janvier 1936) / réponse d’Alain (10 février 1936), fol. 186-188.
❒ Lettre à L. Blum (14 février 1936) après l’attaque de l’Action Française, fol. 189.
❒ Lettre de Martin Chauffier (7 février 1936) de Vendredi, appel à collaboration. / réponse d’Alain
(14 février), fol. 190-191.
❒ Lettre de Dominique Jacques Maroger (18 février 1936), après la mort de son mari / réponse
d’Alain (21 fév. 1936), fol. 192-193.
❒ Lettre de Henri Mineur du Comité de défense des antifascistes roumains (22 fév. 1936) sollicitant
le témoignage d’Alain dans le procès de Constantinesco-Iasi, prof. d’histoire de l’art. / livret de
Henri Mineur, Les Héros de la Roumanie antifasciste, préf. de Paul Langevin, Ed. du Comité de
défense. / réponse d’Alain (27 février 1936), fol. 194-197.
❒ Lettre à J.-R. Bloch (29 février 1936) à propos de l’Encyclopédie, fol. 198.
❒ Lettre de H. Rullier (?) (16 fév. 1936), lecteur de Vendredi et de Marianne, / réponse d’Alain (3 (?)
mars 1936), à propos de son livre Hommes en cage (rapport avec Francis Carco?), fol. 199.
❒ Lettre à M. Sébastien Charlety à l’occasion de son livre Mon Journal (de la Marquise de
Montcalm) : « Et il est beau de penser que l’oubli est la loi de la politique, qui va ainsi directement
contre l’histoire », fol. 200.
❒ Lettre de René Jacques Poudrel (13 janvier 1936), lecteur des Propos dans La Lumière, acteur,
demande d’ouvrages et de conseils de lecture / réponse d’Alain, envoi des Citoyens contre les
pouvoirs, Sentiments, passions, signes, et conseils : lire Voltaire, Rousseau, Balzac, Stendhal, fol.
201-203.
travailles au rythme d’un chef-d'œuvre par semaine » / réponse d’Alain (25 août 1936), prévi-
sions optimistes pour la France et une allusion à Einstein, fol. 1-12.
❒ Lettre de G. Boris à Morre-Lambelin (23 nov. 1936), à propos de la santé d’Alain et de son
absence consécutive dans les colonnes de La Lumière. / réponse de Morre-Lambelin (25 nov.) /
Note : arrêt des propos à La Lumière à partir du 31 oct. 1936, relevé des livres offerts à la biblio-
thèque pour les ouvriers syndiqués, fol. 13-14.
❒ Lettre de G. Bénézé (3 déc. 1936) et liste de ses questions de philosophie pour H.IV / réponse
d’Alain (17 déc. 1936) / réponse de G. Bénézé (28 déc. 1936) / lettre de G. Bénézé (juin 1937),
fol. 15-20.
❒ Lettre à Henry de Waroquier (23 déc. 1936) après une visite faite à son atelier, fol. 18.
❒ Lettre de Lorenzo Giusso (5 août 1937), jugements sur Balzac, fol.19-25.
❒ Lettre à Mme Aline Texcier, à propos d’une thèse d’un étudiant de Turin sur Alain => courte auto-
biographie d’Alain, fol. 26-27.
❒ Lettre d’André Bridoux (3 juin 1937), fol. 28.
❒ Lettre de G. Picq-Fevez (30 août 1937), à propos de Souvenirs de guerre, fol. 29-30.
❒ Lettre de ? (20 mai 1937), à propos de Souvenirs de guerre, fol. 31.
❒ Lettre de G. Duhamel (13 août 1937), à propos de Souvenirs de guerre, fol. 32.
❒ Lettre de Tolomei Piétrasanto (15 août 1937), à propos de Souvenirs de guerre, fol. 33.
❒ Lettre de Lucien Fabre (s.d.), à propos de Souvenirs de guerre, fol. 34.
❒ Lettre de Grosrichard (?) (21 mai 1937), à propos de Souvenirs de guerre, fol. 35-36.
❒ Lettre de Jacques Audiberti (juillet 1937), à propos de Souvenirs de guerre, fol. 37.
❒ Lettre à Jean Schlumberger (27 sept. 1937), à propos de ses derniers écrits, fol. 38.
❒ Lettre de Santiago Gastaldi (?) (27 août 1937), à propos d’un hommage à Balzac en Uruguay,
fol. 39 / Une lettre de remerciement de José Bacigalupe et de Santiago Castaldi (9 nov. 1937), fol.
40 / liste des personnalités françaises participantes, fol. 46. / deux réponses d’Alain, fol. 48.
❒ Lettre du Cri du jour pour un commentaire (à la vieille du congrès radical) d’Alain sur le livre de
E. Berl, Les Intellectuels dans la mêlée, fol. 47.
❒ Lettre à Marcel Bouteron (6 oct. 1937), envoi d’un exemplaire de Balzac, fol. 49.
❒ Lettre de (?) de Nîmes (6 oct. 1937), allusion à Gabrielle Landormy (la future femme d’Alain),
fol. 50.
❒ Lettre de Marcel Bouteron (9 oct. 1937), fol. 51.
❒ Lettre de Julius Schmidt à Morre-Lambelin (6 nov. 1937), à propos d’Alain, « la tête la plus puis-
sante de la France contemporaine », fol. 52.
❒ Lettre de Picq-Fevez (22 oct. 1937), fol. 53.
❒ Lettre de S. Coroze (21 sept. 1937), à propos de la semaine du Gothéanum, / liste des personna-
lités adhérentes / note confirmant l’adhésion d’Alain et de Maurice Savin, / lettre de remercie-
ment de (?) (6 oct. 1937), fol. 54-56.
❒ Liste de 7 noms + professions (abonnés LP?).
❒ Lettre de D. Pezard (16 juin 1937), auteur de Nous autres à Vauquois, à propos de Souvenirs de
guerre / réponse d’Alain (22 oct. 1937), allusion à « notre ami Bouché l’aviateur » / lettre de D.
Pezard (22 nov. 1937), fol. 57-61.
❒ Article (août 1937) d’Auguste Bailly, in Candide, à propos de Souvenirs de guerre, fol. 63.
❒ Article (2 sept. 1937) de René Lalou sur le Balzac d’Alain, fol. 64.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 95
❒ Article de Brasillach « Alain devant Balzac », in Gringoire, 3 sept. 1937, même s’il n’a « rien d’un
disciple », il en fait « un chef-d'œuvre », + extraits (in Les Superbes), fol. 65.
❒ Lettre de Th. Diolé (?) de Vendredi (2 déc. 1937) demande d’entretien à propos de Entretiens
chez le sculpteur / réponse d’Alain refusant entretien (rhumatismes) mais demandant question-
naire, fol. 67.
❒ Article de Schlumberger in NRF, déc. 1937, à propos de Souvenir de guerre / réponse d’Alain (4
oct. 1937), fol. 68-69.
❒ Lettre de L. Fabre (20 mai 1937), demande de livres / envoi effectué le lendemain, / lettre de
L. Fabre (5 déc. 1937), déçu par les critiques sur Alain, fol. 70-71.
❒ Lettre à H. de Waroquier (2 février 1938), fol. 72
❒ Lettre à R. Rolland (1er mars 1938) à propos de ses Grandes époques créatrices : « pendant ces
jours vous avez fait de grandes choses, et moi aussi j’ai voulu me mêler de politique... bien vaine-
ment. Voici que nous allons voir que le temps viendra où les violents seront doux comme des
moutons; chose que nous croirons l’un et l’autre avoir annoncé », fol. 73.
❒ Lettres à L. Brunschvicg et Tolomei Pietrasanto (Italie) (5 mars 1938), / réponse de L. Brunschvicg
(5 mars 1938), fol. 74-75.
❒ Lettre de Madeleine Rolland (6 avril 1938), fol. 76-77.
❒ Lettre à R. Monod (23 mars 1938) pour aider Savin à aller enseigner à Paris / lettre 2 louant
Bénézé et Canguilhem, fol. 78.
❒ Lettre d’Antoine Laporte (médecin) à propos de Savin et du cabinet du ministre de l’éducation
nationale René Bertaux. Laporte conseille une lettre à Parodi de Roustan/ lettre de René Bertaux à
A. Laporte (30 mars 1938) / Lettre de R. Monod (26 juin 1938), à propos de Savin, fol. 79-82.
❒ Contre-appel (rédigé par Michel Alexandre et H. Bouché) de La Flèche (25 mars 1938) contre
celui paru dans Ce Soir du 20 mars prescrivant l’union nationale. / Réponse parue dans Le Parisien
du 26 mars 1938 contre l’Union nationale (liste des signataires dont Alain et Giono, etc.), fol. 85.
❒ Télégramme de Giono à M. Alexandre (22 mars 1938) / réponse d’Alain (23 mars) / + lettre de
César Fauxbras (?) à Alain, allusion à M. Wullens., fol. 86.
❒ Lettre à O. Merlier (dir. des études françaises à Athènes), fol. 87.
❒ Lettre d’Emile Cordi (19 avril 1938), ingénieur des mines, Belgique, allusion aux Propos 2e série
découverts chez un libraire bruxellois, fol. 90-91.
❒ Lettre de A. M. Derrousseaux Bracke (20 mai 1938), du Populaire, évoquant Paoli et son admira-
tion pour Alain / réponse d’Alain (25 mai 1938) / réponse de Brake A. M. Derrousseaux, à propos
de Souvenirs de guerre, fol. 93-95.
❒ Lettre de M. Thiébaut (23 juin 1938) de La Revue de Paris, demande d’article / réponse le 30
donnant un essai sur la grandeur d’après Louis XIV.
❒ Lettre à Maurois (28 juin 1938) à propos de son entrée à l’Académie, fol. 97.
❒ Lettre de Jean Rivain (10 juin 1938) de La Nouvelle France, à propos de l’unité française, invitation
à un débat. / réponse d’Alain (30 juin 1938) : « Cela me rattachera à la politique que je ne vois
point changer beaucoup ni s’assainir. Je ne vois que peur et même terreur chez les gens raisonna-
bles, alors que je ne vois que raisons d’espérer. Je comprends bien qu’il faut refaire la pensée
politique et même quelquefois j’y travaille », fol. 98-99.
❒ Lettre d’André Bourguignon (25 mai 1938), élève de philosophie à Louis le Grand, à propos de la
sentence « Nul ne choisit, Tous sont en marche... » / réponse et explications d’Alain (5 juillet), fol.
100-101.
❒ Télégramme à Daladier (11 sept. 1938) d’Alain, Giono, Margueritte, pour neutraliser celui de
R. Rolland / lettre accompagnant le télégramme : « ... anciens élèves qui s’imaginent que j’ai de
grands pouvoirs », / lettre à M. Bonnet (ministre des affaires étrangères) : « mon avis est une par-
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 96
tie de l’opinion, et du moment que je puis le faire entendre, je le dois » / lettre à Léon Blum :
« rends-moi cette justice que je n’ai pas souvent bougé en ces temps troublés [...] autrefois j’avais
auprès de toi un certain pouvoir de persuasion. Depuis que je t’ai revu, je crois que c’est encore
ainsi. Il faut donc que je te touche. [...] au nom de notre amitié, au nom de Jaurès et de Herr qui
sont nos dieux particuliers, je te demande de faire ce que tu pourras pour que le gouvernement
se détourne résolument des tentations de la force...» / lettre à Giono lui annonçant l’usage de son
nom dans le télégramme / lettre à Mauriac de l’Action française / lettre à Mistler (13 sept. 1938)
des Affaires étrangères : « si vous donniez une note favorable à votre vieux maître dans les
conversations » / lettre à de Monzie (15 sept. 1938) / adresse à Daladier (15 sept. 1938) /
réponse de Giono remerciant qu’on ait signé pour lui / télégramme de remerciement de de Mon-
zie, fol. 102-112.
❒ Lettre à Giono (20 oct. 1938) : « Je suis persuadé qu’il faut 5 ans de méditation politique tout à
neuf avant de former une opinion sur l’Europe, sur la paix, etc. Maintenant, après réflexion, je suis
persuadé que le désarmement n’a pas de sens, dans le moment où les grandes puissances garan-
tissent l’exécution de l’accord de Munich. Garantie suppose force. Force suppose armement,
etc. » / lettre à Giono (21 oct.) à propos de Structure paysanne. / réponse de Giono (23 oct.
1938), fol. 118-122.
❒ Lettre de Morre-Lambelin à Hélène Laguerre, rappelant la décision d’Alain de méditer 5 ans.
Contre l’armement aveugle, pas contre l’armement, et sur l’aviation, fol. 121.
❒ Lettre à G. Duhamel (26 nov. 1938) à propos de Cécile parmi nous, fol. 123.
❒ Lettre à M. Helmuth Ruhemann (ancien conservateur et restaurateur en chef des musées d’Etat de
Berlin, actuellement à Londres), remerciement pour l’envoi d’un livre d’art (16 nov. 1938),
fol. 124.
❒ Lettre de René Arcos (1er déc. 1938) à propos de la division entre intellectuels sur le cas R. Rol-
land. + texte de René Arcos refusé par La Patrie humaine sur Giono. / réponse d’Alain (2 déc.
1938) : à propos de R. Rolland « je l’ai toujours considéré comme l’aristocrate le plus hautain de la
République des lettres. [...] Il n’y a pas plus de fraternité en R. Rolland qu’en Jean Christophe », fol.
125-130.
❒ Lettre de Jules Gille (25 nov. 1938) demande d’impressions sur une pièce / réponse d’Alain (2
déc.), / réponse de J. Gille (5 déc.), fol. 131-134.
❒ Lettre de Suzanne Vayssac (1er déc. 1938) à propos des grèves et du combat pour la paix, allu-
sion à Marceau Pivert : « la motion signée Alain-Giono a produit grande impression en sept. et je
suis sûre que quelques lignes d’Alain sur la situation actuelle seraient pour des milliers de lecteurs
d’Alain un réel appui. » / réponse d’Alain (5 oct. 1938) : « je suis fâché que vous vous mêliez
encore de politique. [...] il y a dans la grève une sorte de lâche contrainte », fol. 135-138.
❒ Lettre d’Hector Boulard (11 oct. 1938), communiste et grand admirateur d’Alain, à propos du
parti et des accords de Munich, fol. 139-142.
❒ Sentences et prophéties d’Alain (16 janvier 1939), fol. 144.
❒ Lettre de Bracke (1er janvier 1939) / réponse d’Alain (31 janvier), fol. 146.
❒ Lettre du légionnaire Ilo de Franceschi (19 déc. 1938) du Maroc / envoi d’Alain (4 janvier 1939) /
réponses de Ilo de Franceschi (16 et 21 janvier 1939) / réponse d’Alain (26 janvier) / lettre de Ilo
de Franceschi (6 avril 1939), fol. 147-152
❒ Lettre de Nicolas Wyrouboff (31 janvier 1939), prés. du Cercle français de l’université d’Oxford,
fol. 153. / réponse d’Alain (7 février 1939), prof. honoraire de l’université, fol. 153-154.
❒ Lettre à Henri de Man « Selon mon opinion, toutes les notions politiques vont maintenant chan-
ger. Mes travaux marchent avec les vôtres. [...] mon cher camarade Européen », fol. 154.
❒ Lettre de Tolomei Piétrasanto (9 mars 1939) / réponse d’Alain (21 mars 1939), / réponse de Tolo-
mei Piétrasanto (13 avril 1939), fol. 157-158.
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 97
❒ Lettre à Sébastien Charlety (19 mai 1939) à propos de ses Lettres du duc de Richelieu au marquis
d’Osmond : « Finalement je trouve que l’histoire dans toutes ces difficultés fait que l’on prend
plus légèrement les difficultés actuelles. Car, sans doute, tout cela sera résolu dans dix ans », fol.
161.
❒ Les lettres de mai à fin sept. 1939 manquent (note).
❒ Lettre de Pizard (8 avril 1939) : « J’ai bcp aimé d’Annunzio quand j’étais jeune garçon. J’ai vu que
vous l’aimez. Vous avouerai-je que j’en ai été étonné? Il est l’instituteur du fascisme...» / lettre de
Pizard (21 mai 1939), / réponse d’Alain (30 sept. 1939), toujours à propos de son Vauquois :
« Fort souvent je pense à la Méditerranée où tout se décide. Je devine à peu près les pensées du
Duce. [...] J’ai le sentiment que nous sommes aux mains du Russe, le plus rusé des hommes » /
réponse de Pizard, fol. 162-169.
❒ Lettre de Kuwabara (11 déc. 1938), trad. japonais, prof. au lycée d’Osaka en littérature française,
pour une visite chez Alain avant fin janvier / Lettre après visite de Kawabara (22 juillet 1939) /
Préface au Système des beaux arts pour les lecteurs japonais, fol. 170-176.
❒ Lettre à G. Duhamel (10 déc. 1939) à propos de la suite à Pasquier (reçu de Duhamel en février
1940, Positions françaises, pas de réponse d’Alain), fol. 177.
❒ Quelques notes concernant le séjour d’Alain en clinique de fin nov. 1939 au 1er avril 1940.
❒ Lettre à H. Mondor, à propos de son Mallarmé-Verlaine, fol. 178-179.
❒ Lettre de René Cailloux (s. d. mais à propos de Souvenirs de guerre) sans la fin, fol. 180.
❒ Lettre de Leichtel (13 mars 1939) d’Allemagne, demande d’autographe / réponse d’Alain (28
mars 1939), fol. 181.
❒ Textes (?) relatifs aux Souvenirs de guerre.
❒ Passage de Mars traduit en grec par Bracke et reçu au Pouldu le 12 sept. 1939, fol. 184. / Lettre
de Bracke, chambre des députés, allusion aux Eléments d’une doctrine radicale qui a touché le
« vieux socialo » / réponse d’Alain (12 sept.), allusion à sa rencontre avec Lecoin : « j’ai lu alors et
même signé », fol. 182-183.
❒ Lettre de S. Pétrement à Morre-Lambelin (24 oct. 1939), à propos de la BNF à évacuer, fol. 184.
❒ Lettre au capitaine Gu... (?) (16 sept. 1939), fol., fol. 187-188.
❒ Lettre du lieutenant Caffay (28 janv. 1940), allusion à Savin : « un Propos, c’est une leçon », allu-
sion à Buffard qui, amer, « ce serait étonné de son attitude béate », fol. 189.
❒ Lettre de G. Bénézé (s. d.), sur l’esprit des khâgnes.
I II
Lagneau
Alexander Jan W. Edilbourg 30/04/38 (suite à Laffaye Boulogne sur Seine 20/10/1899 (?)
p. 101)
Paris 22/01/1913
Alexandre Michel Brioude 28/07/1948 Laguerre Hélène Paris 11/09/1938
Paris 09/09/1950
I II
Paris 29/01/1934
- 03/03/1938
Baratier P Meximieux (Ain) 04/08/1938 Lalou René
- 31/11/1948
- 16/03/1949
Paris 03/06/1925
Paris 30/06/1925
Baruzi Jean Laporte Antoine Paris ?
Paris 22/12/1927
Paris ?
Paris 21/04/1949
Béguin Albert Lautier P. Paris 02/03/1948
? 20/06/1949
Bligny 12/04/1918
? 03/03/1948
Bénézé Georges Lefèvre Paris ?
? ??/??/1950
? ?
Lescar (Basses
Beniot Raymond ? Lerolle H. Paris 02/11/1909
Pyrennées)
St Malo de la
Lugano 02/10/1933 09/04/1926
Bignami M. H. Letellier Pierre Lande
Lugano 16/05/1934 Heidelberg 23/09/1927
Hyères 10/03/1924
Bost Pierre Paris 26/08/1925 Martin du Gard Paris 23/08/1925
Roger Bellême 23/07/1937
- 27/07/1938
? 10/07/1917
Lyon ?/12/1941
Bouché Henri St-Cloud 10/05/1942 Margueritte Victor Bellême 25/03/1947
Curebourse (Cantal) 28/07/1943
Montreal 29/02/1948
Paris 23/07/1935
Boulan J. Vanves 12/05/1951 Mangin Urbain
Rogny (Yonne) 06/11/1948
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 99
I II
Parisot Jean (+
Bracke Paris ??/??/1945 Beyrout 13/11/1926
réponse d’Alain)
Paris 25/06/1937
- 03/03/19??
Buisson M. ? ??/??/1925 Paulhan Jean - 02/05/19??
- 07/11/19??
- 29/??/19??
03/01/1922
Paris
Versailles 18/10/1932
Paris 18/08/1935
22/12/1935
-
Cancouët Lucien - 14/03/1936 Petites soeurs des Paris 08/02/1929
- 17/05/1937 pauvres - ?
02/12/1937
Nice
Versailles 08/07/1947
Paris Mercredi soir
?
? Enghien 10/11/1941
Canguilhem Georges 07/11/1924 Pétrement Simone
? ? ?
Poissy 09/10/1939
Sartrouville 03/04/1941 Aux Armées 25/11/1939
Chartier Louise - 24/01/1945 Piobetta S.
- 23/12/1939
- 27/02/1945
- 14/07/1945
01/03/1948
Vieux-Boucau 11/08/1930
Cordi E. Tirlemont (Belgique) 18/05/1949 Pizard A.
13/01/1950 Firenze (Italie) 29/10/19??
Paris 16/09/1924
Auteuil 02/02/1924
- 29/02/1924 Lyon 25/10/1941
Couchoud P.-L. Prévost Jean - 01/06/1942
Paris 12/03/1924
- ??/11/1942
- ?
- ?
Prissé 02/08/1912
- 07/08/1912
- 16/08/1912
Desbois E. - 19/09/1912 Pilliat Emile Paris 23/05/1939
- 20/09/1912
- 21/09/1912
- 31/07/1913
Paris 21/11/1924
- 21/01/1925
- 02/05/1925
Desjardins Paul - 01/03/1926 Renault Angers 03/11/1912
- 29/02/1928
- 24/03/1928
- 16/12/19??
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 100
I II
Directrice du
Paris ? Rivet P. Paris 18/05/1935
Collège Sévigné
Paris 24/08/1921
? 16/03/1919
Drouin M. Cenon 03/09/1921
? 28/06/1926 Rivières Jacques
Paris 04/02/1924
? samedi Genève 25/02/1924
? 28/06/1908
? 21/11/1911
? 28/12/1912
Paris 12/07/1919
Dufrenne Michel Cleveland (Ohio) 26/01/1951 Rolland Romain - 27/12/1919
- 26/01/1920
Villeneuve 09/10/1921
- 12/02/1931
- 23/04/1932
- 30/03/1938
Paris 17/11/1923
- 03/03/1928
Duhamel Georges ? 07/09/1934 Rosenberg Arthur Paris 26/02/1931
Valmondois 12/12/1939
Paris ?
Sacy Armand
Fernand (maréchal) Vernon 11/02/1928 Paris 30/07/1925
Sylvestre (de)
Paris 21/05/1909
- 25/05/1909
Gallimard Gaston - 02/04/1921 ? 02/03/1948
Salomon Marie
- 26/04/1938 ? 09/09/1948
- 25/01/1940
Iena 22/11/1932
Gilbert J Coutances 02/03/1948 Schmidt Julius
Reutlingen 26/05/1949
Milan
14/07/1928
-
25/07/1930
-
Gontiec G. ? 09/03/1948 Solmi Sergio 30/01/1931
-
28/07/1941
-
- Pâques 1946
Spalikowski
Grebu René Paris 03/03/1948 Cleves les Friquets 08/11/1950
Edouard
Paris 01/03/1948
Guitton Jean Montpellier 25/06/1949 Spire Gilbert
- ??/??/1950
CHAPITRE 3 - FONDS D’ARCHIVES 101
I II
Sucy-en-Brie 03/07/1920
Halévy Elie Pall Mall 29/04/1937 Spyridakis Georges Paris 27/06/1941
Delphes 10/10/19??
Sucy 21/09/1928
Peyrat-le-Château Paris 08/03/1913
Halévy Florence 15/10/1940
Texcier Aline Paris 03/10/1945
Sucy-en-Brie 25/06/1945
St Victor l’Abbaye Paris 02/03/1948
04/11/1946
Paris 19/05/1925
Villard sur Chamby 19/08/1925
Herr Lucien Paris 27/10/1925
- 04/03/19?? Thos Pierre Rouen 16/04/1917
- 20/07/19??
- 13/11/19??
Paris 24/09/1929
- 28/10/1929
Kahn Gilbert Paris 28/02/1948 Valéry Paul
? 30/10/1929
Paris 08/04/1936
? 06/12/1937
Orange 13/02/1941 ? 06/11/1941
- 20/04/1941 ? 12/11/1941
Khodoss Claude - 17/06/1941 Vayssac Suzanne ? 21/11/1941
Aix en Provence 06/04/1942 ? 15/01/1942
Vincennes 17/11/1942 Nantes 31/12/19??
Rodez 01/01/19??
17/12/1939 ? 13/06/1910
Kuwabara Takéo Kyoto (Japon) Weber Louis
22/03/1940 ? 04/12/1911
Paris 14/09/1936
Laffaye Albert Aux Armées 01/10/1939 Sacy Armand
Paris 30/07/1925
- 31/10/1939 Sylvestre (de)
- 08/11/1939
I II
Cannes 18/07/1923
Paris 02/03/1924
- 06/08/1925
? 21/10/1925
Paris 26/01/1926
Paris 28/07/1926
- 08/10/1929
St Cloud Vendredi soir - 10/01/1930
- 22/04/19?? - ??/??/1932
Alexandre J. et M. Mondor Henri
Milan 22/04/1938 - 20/09/1935
Le Mont St Michel 04/09/1941 - ??/06/1939
? ?
Paris ?
? ?
7 lettres de Paris ?
? ?
Paris ?
+ 17 lettres s.d.
Florence 09/05/1931
Aline (tante) Pasquet Philippe Stalag VIII C 10/11/1940
- 11/05/1931
? 22/02/1927
? lundi
? 25/??/1927
? 06/02/1927
? 17/06/1927
Paris 15/03/1933
- 08/05/1933
- 14/06/1933
Blain J. ? s.d. Paulhan Jean
- 07/07/1933
- 18/07/1933
- 12/10/1933
- 25/02/1934
- 09/03/1934
- 08/05/1934
- 08/06/1934
- 04/07/1934
- 15/03/1938
- 02/06/1938
Dax 07/09/1938
- 11/09/1938
Sartilly (Manche) 03/10/1939
Paulhan Jean Paris 15/10/1939
Bouché M. St Cloud 14/09/1938
(suite) ? 21/01/1940
Paris samedi
- 01/11/19??
- 19/??/19??
- lundi
Houeillès 25/04/19??
I II
26/03/1937
Chaigneau J. Carcassonne 11/03/1941 Pietrasanto T. Padone
01/04/1940
30/11/1939
Condé Gabriel Troyes 31/12/1940 Revue de Paris Paris
07/12/1939
Marseille 05/01/1939
Indochine 17/02/1939
- 16/03/1939
- 24/03/1939
- 20/04/1939
Dumoulin G. Mâcon 06/04/1941 Sacy Samuel (de)
- 28/04/1939
- 02/06/1939
Dalat 26/06/1939
- 20/07/1939
Indochine 19/10/1939
Scheiwiller
Henri Joseph Niort 22/12/1940 Milan 12/01/1931
Giovanni
Kuwabara Takio Kioto (Japon) v. album Alain Solmi Sergio Milan 25/07/1930
28/12/1923
Laffay A. Paris 27/10/1938 Texcier Aline Paris
24/08/19??
Thiébaut (maire du
Lesage Marcelle Paris 04/12/1931 La Vésinet 21/01/1941
Vésinet)
Paris 12/03/1929
- 23/03/1929
- 30/03/1929
- 02/04/1929
Malraux André Vayssac Suzanne Bordeaux 31/10/1937
- 04/05/1929
- 29/10/19??
- 16/10/1930
- 17/07/1935
Divers
Le Livre du centenaire (1880-1980) [sur le collège Sévigné], Paris, Nathan, 1982, 191 p.
T ROISIÈME PARTIE
Problématique
C HAPITRE 4
« Quiconque s’autorise à réfléchir sur l’histoire et observe de près la vie de tous les jours, peut
ressentir que tout nouveau début, toute personnalité d’exception doivent se manifester dans un
espace de jeu donné — encore qu’en perpétuel changement — et structurellement
descriptible », écrit le sociologue Karl Mannheim à propos du « problème des générations et des
différents facteurs du devenir historique »2. Cette formule semble ouvrir son sens à l’idée que
nous poursuivons : lier l’histoire d’un homme et son influence au réseau dont il a dépendu,
retrouver la structure sociale dans laquelle il a évolué et les vecteurs humains qui ont favorisé la
circulation de ses idées. Cependant, avant de s’interroger sur le réseau alinien tel qu’il apparaît
dans les années trente, il faut résoudre la question de ses origines, ce qui nous renvoie
inévitablement en arrière, hors des bornes chronologiques de notre projet de recherche. Ce point
est néanmoins indissociable de la problématique du réseau et de sa force de résonance dans
l’époque contemporaine.
Les origines
Avant toute chose, il conviendra d’analyser les liens noués par Alain tout au long de sa
scolarité : du lycée Michelet de Vanves où il fut l’élève de Jules Lagneau, à l’Ecole normale
supérieure qu’il intégra, en 1889, avec Théodore Ruyssen, Elie Halévy, Jean Brunhes, Victor
Giraud et Louis Rougier, sans oublier Léon Blum (son « coturne ») et Léon Brunschvicg (son
« archicube » d’un an). Alain évoluera dans cette jeune famille intellectuelle jusqu’en 1914, en
passant notamment par la Revue de métaphysique et de morale de Xavier Léon, qui l’accueillera
à son cercle du « mercredi », où se mêlaient « d'autres célébrités scientifiques, philosophiques et
politiques de l'époque, tels Paul Painlevé et Henri Poincaré »1.
Quels sont exactement les rapports qui unissent où désunissent ces personnalités, en dehors
de ce que la littérature a déjà superficiellement révélé? Nous nous interrogerons plus tard sur ce
qu’il en restera dans l’entre-deux-guerres, mais d’ores et déjà la question des origines du réseau
alinien nous invite à réfléchir sur ce primum movens.
« C'était le temps de l'Affaire Dreyfus. Alors apparut la signature d'Alain dans les petits
journaux. Alors il fonda une Université populaire, qui fut célèbre », note brièvement Alain en
19462. Mais quelle place tient cette date historique dans la vie du philosophe ? Quel fut son
engagement et auprès de qui ? Quelles audiences avaient ses universités populaires3 ? comment
était perçue la revue qu’il dirigea, L’Union universitaire, et quel était le lectorat de la Dépêche de
Lorient avec laquelle il collabora? Nous l’avons dit, les études sur Alain n’abordent pas ces
questions, qui permettraient pourtant d’évaluer le « prestige » naissant d’un réseau et d’ analyser
sa progression jusqu’à la fin des années trente. En 1925, dans un autre texte à caractère
biographique, Alain écrivait :
Autant de sources à consulter afin d’établir avec le plus de précision possible la réalité de ces
rencontres, leur profondeur, leur durabilité, sinon leur superficialité. Cet examen devrait
permettre d’amorcer une identification avancée du réseau alinien.
LE PACIFISME D'AVANT 14
Après avoir étudié la naissance du réseau alinien, il conviendra de nous interroger sur son
évolution au cours des années qui ont précédé la Grande Guerre. Certes, à la fin du XIXe siècle,
Alain ne semble pas motivé par la politique extérieure, comme l’écrit André Sernin, mais
1. A. SERNIN, Alain, Un sage dans la cité (1868-1951), Paris, R. Laffont, 1985, pp. 48-59.
2. Cité par A. SERNIN, ibid., p. 61.
3. Alain fonda une université populaire en 1903 à Montmartre, puis une autre, place d’Italie.
4. Alain, Propos I, op. cit., p. XXV.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 107
davantage par la politique tout court, celle à laquelle le citoyen peut ou devrait pouvoir se frotter.
Pourtant dès 1911, les Propos surgissent qui annoncent la guerre et appellent à la paix. Jusqu’en
juillet 1914, les articles d’Alain paraissent à la Dépêche de Rouen ; ils porteront le nom de Propos
d’un Normand. Quel accueil reçurent-ils ? Quelle fut l’adhésion des lecteurs de la Dépêche, des
intellectuels, des politiques? Aucune étude n’en fait l’analyse. Il s’agira, pour le savoir, de
dépouiller un maximum de correspondances et de faire le point sur les articles de presse
consacrés à Alain.
Par ailleurs, le réseau alinien n’est-il pas agrégation de réseaux? Qu’en est-il des relations
entre Michel Alexandre et le milieu de La Vie ouvrière d’avant la Grande Guerre1 ? Qu’en restera-
t-il de 1920 à 1940? Nous verrons que Pierre Monatte apparaît le 25 août 1933, dans les
colonnes des Libres Propos, aux côtés, entre autres, d’Henri Boville, Maurice Chambelland,
Clément E. Delsol, Roger Hagnauer, Marcel Martinet, Magdeleine Paz, Henri Poulaille et Charles
Vildrac, dans le cadre d’un comité de soutien, réclamé par le Social Arbeiter Partei, afin d’aider
les Allemands menacés par le régime nazi. Il en est de même de Jeanne Alexandre et sans doute
de tous ceux qui rallient le cercle des aliniens. L’appartenance au réseau renvoie-t-elle à une
cassure avec le passé, ou le passé de chacun s’intègre-t-il à cette rencontre? N’est-ce pas sur
Marcel Martinet — qui sera membre de l’Association des amis d’Alain en 1951 — que s’appuie
Michel Alexandre le 3 mars 1921 pour obtenir des adresses « le plus tôt possible2 », comptant
vraisemblablement sur le réseau de l’Humanité pour faire connaître la revue? Le réseau alinien
est-il la somme de ces rencontres ou s’élabore-t-il de façon totalement autonome, exclusivement
autour d’Alain? Une étude des réseaux préexistants des principaux membres du cercle alinien
permettra peut-être d’y répondre.
LA GUERRE 14-18
Les Libres Propos sont « nés de la guerre3 » écrit Jeanne Alexandre, et sans doute cette « crise
mondiale », pour reprendre l’expression d’un titre de la revue de juillet 1930, a-t-elle soudé pour
longtemps les personnes. Il conviendrait de faire l’inventaire de ces relations, d’en établir
l’histoire et la durée. Le front a scellé des amitiés, et celles qui ont survécu à la guerre étaient nées
pour durer. De ces liens, les Libres Propos portent le témoignage, non seulement les Propos
d’Alain nourris de ses Souvenirs de guerre4, mais aussi les articles de ceux qui, à l’instar de Lucien
Cancouët, s’associeront avec le philosophe au combat quotidien de son journalisme politique. En
outre, à l’arrière, le réseau avait ses antennes. Il passait par le collège Sévigné, le Comité
international des femmes pour une paix permanente, par Michel Alexandre dont nous avons
évoqué les atermoiements5, et, de là, touchait les membres les plus résolus de la Société
d’études documentaires et critiques de la guerre. A cet égard, nous verrons que la Grande Guerre
a été plus fédératrice que les divergences politiques n’ont été propices aux divisions. Le radical
Alain fraternisait avec le socialiste, le syndicaliste, le chrétien, l’anarchiste, le révolutionnaire,
pourvu qu’il ait la volonté de « fortifier la justice » plutôt que de « justifier la force », leitmotiv
inspiré de Pascal qui porte toute la substance du combat alinien. Reste qu’au-delà de la certitude
que des hommes partageaient le même idéal pacifiste, il nous manque une étude objective des
amitiés, des fidélités, des affinités qu’allait engendrer la guerre. Beaucoup de ceux que l’on croise
entre 1915 et 1917, de Georges Demartial à Marcel Martinet, en passant par Charles Gide et bien
d’autres, apparaissent dans les colonnes des Libres Propos, dans des contributions directes ou
indirectes, témoignages d’une pensée commune, atteignant parfois la communion.
L'entre-deux-guerres
«Ce ne sont pas les anciens combattants qui manquent parmi nous. Faut-il rappeler qu’Alain
s’engagea à 47 ans [sic] comme simple soldat et que Rivet fit toute la guerre au front? Dès les
premiers jours, René Gérin (Ligue des combattants de la paix) et Gouttenoire de Toury furent
parmi nous. Les Anciens combattants Pacifistes ont reproduit et salué notre manifeste3...»
Aussitôt rentré du front, fin 1917, Alain retrouve sa khâgne d’Henri IV. Après le citoyen et le
prolétaire, écrit Jeanne Alexandre — c’est-à-dire, désormais, après les anciens combattants —,
« la jeunesse était son troisième allié »1.
LA JEUNESSE
Comme le rappelle Jean-François Sirinelli en ouverture de son chapitre consacré aux élèves du
philosophe2, Alain inspirait déjà ces mots, en 1902, au proviseur du lycée de Rouen : « [...] exerce
sur ses élèves une action considérable ». Pour l’historien, cette « action allait [...] encore
s’amplifier à partir de 1909 », avec sa nomination, en khâgne, à Henri IV. Nous avons déjà
souligné l’attention que Jean-François Sirinelli a porté aux liens qui unissaient le professeur à ses
élèves d’Henri IV, ainsi que son étude de l’influence du maître sur quelques personnalités
majeures. S’il reste sans doute à dire, cette analyse constitue une approche fondamentale sur
laquelle toute recherche complémentaire pourra s’appuyer.
Néanmoins, qu’en est-il de la jeunesse non normalienne et non parisienne. Là encore une
allusion de J.-F. Sirinelli ouvre une piste : « si les Parisiens sont naturellement majoritaires parmi
les khâgneux influencés par la pensée du professeur du lycée Henri-IV, certains provinciaux,
avant même leur éventuel succès au concours de l'École normale supérieure, semblent avoir été
en contact avec cette pensée, par l'intermédiaire d'enseignants disciples ou simplement
admirateurs d'Alain3 » ?
LES INTELLECTUELS
En dehors des anciens combattants et de la jeunesse estudiantine, quels sont les intellectuels
qui s’agrègent au réseau alinien au lendemain de la Grande Guerre? Il y a bien sûr ceux qui ont
opposé à l’Union sacrée leur foi en la paix, et que nous retrouvons pour la plupart aux côtés de
Jeanne et Michel Alexandre à la Société d’études documentaires et critiques sur la guerre4, ainsi
que ceux qui comme Romain Rolland, Gustave Dupin ou Marcel Martinet se sont distingués par
leurs écrits hérétiques. Mais quelles sont exactement ces fraternités pacifistes? Quelle en est
l’étendue? Que sont devenues ces « mains », dont parlait Romain Rolland, qui se sont
« cherch[ées] dans la nuit »? Quelle évolution caractérise le réseau alinien, parmi les intellectuels,
de l’Affaire Dreyfus aux années vingt? Existe-t-il une continuité entre ces époques? Et peut-on en
chercher une, comme le suggère Simon Epstein, qui nous mènerait jusqu’à Vichy?
3. Vigilance, mai 1936, n° 36, p. 4 (in BDIC, fonds Alexandre). Alain, né le 3 mars 1968, s’engagea plus
exactement à 46 ans.
1. J. ALEXANDRE, op. cit., p. 74.
2. Jean-François SIRINELLI, Génération intellectuelle..., op. cit., pp. 427-428.
3. Jean-François SIRINELLI, op. cit., p. 440.
4. Cf. E. NAQUET, « La Société d’études documentaires et critiques sur la guerre », in S’engager pour la paix
dans la France de l’entre-deux-guerres, revue Matériaux pour l’histoire de notre temps, janvier-mars 1993, op.
cit., mais également C. WEIS, op. cit., pp. 47-52.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 110
Par ailleurs, quelle importance accorder aux intellectuels dans la constitution du réseau
alinien ? Et comment définir l’intellectuel? Doit-on exclure de l’intelligentsia des personnages
comme Lucien Cancouët, cheminot syndiqué, ancien compagnon d’armes d’Alain, néanmoins
homme de plume et de culture telles que les annexes des Libres Propos le donne à voir, alinien
jusqu’au bout des ongles, « homme du peuple » lorsqu’il adresse un article à la comtesse de
Noailles1, mais que Simone Weil qualifie aimablement de bourgeois quand elle pénètre chez lui2,
et que l’on retrouve aussi bien auprès de Jeanne Alexandre pour vanter les vertus d’un livre de
Raymond Offner :
« Ce livre ne sera pas aimé, et il ne peut l'être car il signifie trop bien, à chacun de nous, la
mesure précise de nos responsabilités. [...] A tous sera salutaire ce rude et énergique pamphlet.
[...] Que tous comprennent de quelle boue sanglante, de quelles misères se compose la guerre.
Que toute conscience se plonge dans ces pages et compte ses reniements... Après, nous
reparlerons de la guerre purificatrice — si vous l'osez3. »
Et ce lettré du peuple de se réclamer fort justement d’un prolétariat dont nous devons
également évaluer l’importance au sein du réseau alinien.
LE PROLÉTARIAT
« Les Libres Propos publication mensuelle, groupe plus de 1000 abonnés. L’esprit en est
résolument pacifiste, mais tous les sujets intéressant la morale, la politique, la métaphysique,
la littérature, les arts y sont traités dans un esprit d’absolue liberté. L’intérêt de ce groupement
est qu’il rassemble autour des Propos d’Alain une équipe de jeunes gens cultivés qui ont noué
des relations avec des syndicats ouvriers. ».
« [...] nous nous engageons joyeusement, avec la volonté de mettre un peu mieux en œuvre la
devise préférée du penseur qui nous guide : « Rester peuple ». Journal populaire, cette Dépêche
de Rouen où bien avant la guerre Alain inventa et illustra ses Propos. Revue populaire, cette
brochure blanche de Pages Libres qui, à la même époque d'éveil républicain, offrait chaque
semaine à un large cercle provincial une lecture réelle — textes, enquêtes, jugements, nouvelles
— et par là les éléments d'une culture vraie. Tel fut, dès l'origine, notre modèle. Nous n'en
avons jamais atteint la robuste simplicité; mais, si les moyens nous ont manqué, l'obstination
jamais4. »
Nous reparlerons de ce modèle lorsque nous évoquerons les différentes catégories d’abonnés,
ainsi que la question du particularisme de la revue dans le paysage médiatique de l’entre-deux-
guerres.
Les femmes seraient-elles les premières confidentes d’Alain? Aucune étude n’a jamais porté
sur l’importance des femmes dans la vie du philosophe, mais plus généralement au sein du
réseau alinien. Catherine Guimont, responsable du musée Alain de Mortagne, avait projeté de
faire une thèse sur la place des femmes chez Alain, mais il semble que le temps l’en ait
dissuadée? Qu’en est-il de Monique Morre-Lambelin1, au-delà de ce que les biographies d’Alain
ont déjà révélé de l’égérie? Comment les femmes de l’entourage d’Alain l’appréciaient-elles?
Au-delà des cancans, sa position privilégiée est d’autant moins à dédaigner que Monique Morre-
Lambelin sert souvent d’intermédiaire entre Alain et les siens, ce qui lui confère une place
particulière au sein du réseau. Figure mystérieuse dont nous ignorons à peu près tout.
Et comment ne pas s’interroger sur l’importance du collège Sévigné, dont l’histoire reste à
faire, puisqu’il n’existe pas d’autres documents, à notre connaissance, que le recueil
commémoratif trouvé au musée Alain de Mortagne : Le Livre du centenaire (1880-1990). Ainsi,
Quid des liens avec Mathilde Salomon, directrice légendaire du collège jusqu’en 1909, dont la
fille, Marie Salomon, prendra la succession? Nombre de lettres d’Alain, parties du front, passaient
par le vieil hôtel de la rue de Condé, « Q. G. » des femmes pacifistes de la Grande Guerre, où il
enseignait la philosophie aux jeunes filles depuis 1908 en remplacement de Frédéric Rauh. Ce
sont quelque « 500 personnes », écrit Michel Alexandre en 1931, qui venaient « s’écraser » dans
le hall du collège « bourré de chaises » pour écouter Alain2. Celles-ci venaient d’un peu partout :
« on y voyait Simone Weil, Simone Pétrement », poursuit Marie-Jeanne Flamand. Simone
Pétrement pense, quant à elle, que Simone Weil ne s’y rendit « jamais [...], sauf l’année de
l’agrégation », préférant se glisser dans son ancienne classe d’Henri IV en dépit de l’interdiction
du directeur3. Toujours est-il que l’affluence y était certaine, en témoigne cette lettre de Jeanne
Alexandre de novembre 1929 :
«Le grand événement, c’est le cours d’A. mardi. 150 places assises à Sévigné : imaginez 300
personnes se pressant, s’étouffant, dans la salle, aux portes, aux fenêtres, pour voir, pour
entendre (fort mal, l’Homme parlant bas) — 200 au moins devant repartir sans avoir pu
entrer. Parodi4 au fond de la classe, Maurois au premier rang, Bost, Roche, une bonne partie
de l’école et les inconnus des LP et d’ailleurs [...] »
Malheureusement, nous n’avons pas encore eu le temps de nous pencher davantage sur la
question de la place des femmes dans la vie et l’œuvre d’Alain5. Elle nous semble pourtant très
1. La notice du Maitron (cf. DBMOF, vol. 37) précise juste : « En 1915, Madame Morre-Lambelin était
trésorière de la section française du Comité international des femmes pour la paix permanente, dont le siège
était 32 rue Fondary à Paris (XVe arr.) ».
2. Marie-Jeanne FLAMAND, « Alain au collège Sévigné », in Le Livre du centenaire (1880-1990), op. cit.,
p. 85.
3. S. PETREMENT, La Vie de Simone Weil, op. cit., p. 141.
4. « Dominique Parodi (1870-1955) était à cette époque l'un des deux inspecteurs généraux de philosophie en
exercice. Ses rapports d'inspection sur l'enseignement d'Alain ont toujours été au moins bienveillants et souvent
flatteurs (cf. Arch. Nat. F 17 24293) » (cf. J.-F. SIRINELLI, Génération intellectuelle, op. cit., n. 56, p. 449).
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 112
importante dans le cadre de notre étude, tout comme l’interrogation inverse : qu’en est-il de la
place d’Alain chez les femmes? Il y a là, certainement, une vaste étude à entreprendre, peut-être
plus précieuse encore que la précédente.
Le réseau alinien possède-t-il d’autres ramifications? Nous n’avons évoqué ici que les grands
axes, et il se peut que nous surprenions, au fil de nos recherches, quelques affluents à remonter.
En témoigne, cette lettre de Michel Alexandre :
« Canguilhem a très bien fait de vous parler de ce cousin à moi, fort dévoué, mais maladroit,
timoré et sot comme peut l’être un colonel tombé en bureaucratie. Raison de plus pour le
solliciter sans merci. Seulement par ses premières réponses [...], je ne suis guère rassuré sur le
succès à espérer par là. Donc usez, sans le moindre scrupule de cette « voie d’accès », mais si
vous en avez d’autres, poussez aussi de leur côté (c’est d’ailleurs un principe en la matière!)1»
Piste à suivre comme le confirme cette autre allusion : « J’ai su par un militaire que l’émeute
de l’autre soir à Paris a vraiment été plus qu’à demi-provoquée par la police [...] ». De telles
connexions, encore difficiles à apprécier, n’en restent pas moins déterminantes au regard des
combats menés par les pacifistes.
Le nombre des abonnés aux Libres Propos, ainsi qu’aux Feuilles libres de la quinzaine, sans
oublier ceux de L’Emancipation, puisque ces trois revues ont fonctionné de concert, reste encore
à déterminer avec précision. Cette question tient une place importante dans la problématique de
l’influence du réseau alinien. Nous disposons déjà de quelques chiffres évocateurs, mais il faudrait
prendre le temps de fouiller plus loin, car il n’est pas impossible que des papiers administratifs
aient survécu. Certes, René Monnot, journaliste, mais aussi comptable au sein des Libres Propos,
a brûlé tous les papiers qu’il possédait avant de rejoindre le maquis en 19402. Nous n’avons
cependant pas épuisé la correspondance échangée entre les différents protagonistes de ces
revues, ni les papiers des imprimeries ou librairies partenaires, comme l’imprimerie La Laborieuse
à Nîmes ou la librairie Picart à Paris. Nous ignorons si les archives de Claude Gignoux de La
Laborieuse existent encore : il nous reste à contacter certains de ses descendants que nous avons
retrouvés. Restent la correspondance de Michel Alexandre à Jean Laubier pour les Libres Propos
et les annonces en ouverture des Feuilles libres de la quinzaine.
5. A cet égard, la personnalité de la libraire parisienne Adrienne Monnier (cf. bibliothèque Jacques Doucet, op.
cit.), en liaison avec la plupart des intellectuels de l’entre-deux-guerres, nous paraît très intéressante.
1. Lettre de M. Alexandre à Jean Laubier du 11 août 1927 (Nîmes, Ms 801-V-1).
2. Témoignage téléphonique de sa fille, confirmé par J. ALEXANDRE, « Esquisse d’une histoire...», op. cit.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 113
Dans une lettre du 30 juin 1927, Michel Alexandre écrit que les abonnements de la nouvelle
série sont prometteurs puisqu’ils atteignent en seulement quatre mois « le niveau ultime » de
1924, soit 450 payants. Six mois plus tard, le 20 décembre 1927, ce sont 200 abonnés
supplémentaires qui sont comptabilisés grâce à la « propagande » exercée par l’équipe de l’Ecole
normale (René Château, Jacques Ganuchaud). Et la lettre de fixer le nombre d’abonnés proche des
750. Le 7 janvier 1929, soit un an plus tard, Michel Alexandre écrit : « Les LP, malgré d’amples
désabonnements, ont plus de 1100 abonnés, grâce à des adhésions régulières et solides ».
Ensuite, malheureusement, les lettres de cette correspondance, comme de toutes celles dont
nous avons connaissance, ne font plus allusion au nombre d’abonnés. Or, comment se résoudre
à penser que ce nombre n’a pas évolué à la hausse de 1929 à 1935? Intuition d’autant plus
vraisemblable que la revue est associée, dans des conditions qu’il reste à déterminer, à
l’Emancipation de Charles Gide, à l’Ecole libératrice du syndicat national des instituteurs, à la NRF
de Gaston Gallimard, à Psychologie et la vie1, à La Lumière2, plus tard à Vigilance (organe du
CVIA) et à La Flèche de Léon Emery avec laquelle elle fusionnera en 1935 pour devenir les Feuilles
libres de la quinzaine, qui semblent avoir bénéficié d’une plus grande popularité. Et pourtant, ce
sont aux « mille lecteurs » d’Alain que Jeanne Alexandre fait allusion lorsqu’elle évoque le
transfert, fin 1935, de l’abonnement des Libres Propos à celui des Feuilles libres3.
Parmi ces abonnés, quelles sont les catégories sociales touchées, sinon visées par les Libres
Propos ? Rappelons qu’il y a toujours eu chez Michel Alexandre une volonté de se rapprocher des
classes défavorisées :
« [...] gens de peu, gens de rien, main d’œuvre, manœuvres, hommes de peine, bonnes à tout
faire. Voilà la condition commune, celle que j’ai découverte enfant avec horreur et stupeur; que
j'ai fait serment de ne jamais accepter, de nier, de dénoncer de toutes mes forces; et j'ai vécu
si souvent en riche, en prodigue de ces forces misérables! Du moins deviens peuple, mêle-toi à
eux, endure, aime le sort commun. « Supporte »4. »
De la même façon, dans son combat pour la paix, on sait qu'Alain « se fondait sur deux alliés
principaux : le citoyen et le prolétaire5 ». Mais de quelle manière les Libres Propos s’adressaient-
ils au « peuple »? Et lui étaient-ils seulement accessibles? D’une manière générale, quel public
visaient-ils? Dans une lettre à Jean Laubier, Jeanne Alexandre écrit :
1. Revue de psychologie appliquée, dirigée par P. Masson-Oursel (cf. cahier 4, supra p. 85).
2. Cf. Claire ANDRIEU, « Lumière (La) », in Dictionnaire des intellectuels, op. cit., pp. 882-884.
3. J. ALEXANDRE, « Esquisse...», op. cit., p. 128.
4. M. ALEXANDRE, « Peuple », in Par la pensée, op. cit., 20 déc. 1925, p. 27.
5. J. ALEXANDRE, « Esquisse...», op. cit., p. 74.
6. Lettre de J. Alexandre à J. Laubier de nov. 1928 (Nîmes, Ms 801-V-1).
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 114
Si cela n’éclaire pas beaucoup, cela donne un indice. Plus loin, elle regrette de n’avoir pas
recopié elle-même un manuscrit « un peu difficile à lire étant donné le sujet pour des ouvriers non
spécialisés ». Autre indice, qui ne permet pas de trancher, mais qui souligne le caractère élitiste
d’une revue à vocation populaire, qui, pendant un temps, projeta la création d’un journal pour les
khâgnes annexé aux Libres Propos : « Une telle entreprise ne pourrait qu’enchanter Chartier qui
désire obstinément que les LP suivent et bravent les autres sur leur propre terrain1 [...] ». Autre
indice de la démarche volontairement intellectuelle de la revue, la volonté exprimée par Alain en
1929 d’y privilégier la philosophie : « Chartier veut plus de philo dans les LP2 », prévient Jeanne
Alexandre dans une lettre adressée à Jean Laubier.
Il faudra donc s’interroger sur la réalité de l’hétérogénéité du lectorat des Libres Propos. Nous
y reviendrons. En revanche, si l’honnêteté absolue des Libres Propos peut être mise en doute, par
simple prudence, l’examen des correspondances permet de croiser les informations. Ainsi la
lettre de Jeanne Alexandre d’avril 19293, mentionnant un lecteur colonel, confirme l’information,
présente dans la revue, que le lectorat se compose aussi de militaires de carrière, chose que nous
aurions pu mécroire, compte tenu des inventions que nous évoquerons plus loin.
STRATÉGIES DE DIFFUSION
Le lectorat ne se limite pas aux abonnés. Il y ceux à qui la revue est offerte, certaines
institutions, comme les collèges, les lycées, les universités ou les grandes écoles, et tous ceux qui
la reçoivent en seconde main. Comment estimer ce genre de diffusion? Et peut-on seulement le
faire? La deuxième série (1927-1935), toujours imprimée à Nîmes, est devenue plus parisienne
que provinciale. Elle est du reste distribuée par la librairie Picart (59, boulevard St-Michel), ce qui
lui assure aussi une plus large diffusion. Reste à retrouver les archives de cette librairie aujourd’hui
disparue, piste que nous n’avons pas encore eu le temps de suivre.
Par ailleurs, il est nécessaire de différencier une nouvelle fois les Propos d’Alain des Annexes
qui se développeront considérablement avec la deuxième série, mais aussi des Documents des
Libres Propos, brochure vendue séparément : « Je vais vous envoyer un exemplaire de notre
brochure Challaye-Ruyssen qui commence à bien se vendre dans le Quartier (chez Picart) », écrit
Michel Alexandre à André Buffard en janvier 1933 (vraisemblablement).
En 1927, nous l’avons dit, la pensée d’Alain profite enfin de différentes tribunes. Si l’isolement
des aliniens est notable les premières années qui suivent la Grande Guerre, la reprise s’annonce
prometteuse. Les abonnements vont bon train, et le bouche à oreille profite de l’énergique
« propagande » des élèves ou des anciens élèves d’Alain, parmi lesquels se distinguent
particulièrement Georges Canguilhem, Simone Weil4 et René Château.
Cependant, les Propos d’Alain sont souvent publiés, avant leur parution aux Libres Propos,
dans quatre revues de diverses importances : dès avril 1927, dans la NRF (11,4%) et La
Psychologie et la vie (6%) — à partir de juin 1927, dans La Lumière1 (50%) — dès mai 1930, mais
plus systématiquement à partir de novembre 1933, dans l’Ecole libératrice2 (8,4%)3. Restent, par
conséquent, 25% d’inédits pour les Libres Propos. Au total, la deuxième série compte
831 Propos, tandis que la première en compte 788. Avec les 101 Propos parus à L’Emancipation
de Charles Gide, de mai 1924 à février 1927, ce sont 1720 Propos qui se sont répartis entre ces
6 revues entre 1921 et 1935. Par ailleurs, d’autres publications ont profité de Propos inédits,
comme Europe et Jeune République en janvier 1931 ou L’Etudiant socialiste en février 1932, sans
parler des reproductions et des traductions pour lesquels Alain et les siens ne demandaient aucun
droit d’auteur! En revanche, les Propos d’Alain étaient payants lorsqu’ils étaient inédits; les
cahiers Morre-Lambelin en portent suffisamment la trace. Emmanuel Berl, qui demandait un
propos le 17 janvier 1933 pour sa rubrique « Sous la lampe », en hommage cette fois à André
Maurois, obtient d’Alain, en veine d’ironie, la réponse laconique suivante, le 23 janvier 1933 :
« Cher Monsieur, la crise à bon dos. On vient de me payer ridiculement un article qui n’était
pas sans mérite; c’est pourquoi, je pose la question. Combien le cul de lampe?4 ».
Autre exemple instructif : dans une lettre à G. Lapierre du Syndicat national des instituteurs
(SNI), également directeur de l’Ecole libératrice, Alain prévient : « Je ne puis vous proposer, avant
une longue connaissance de familiarité, de donner 100 frs (prix minimum des propos payés) pour
un article entièrement libre de tout système, et qui choquera souvent le lecteur5 ». Cela explique
sans doute le lent démarrage de la collaboration avec cette revue, entre 1930 et 1933.
Néanmoins, le rapport à l’argent doit faire l’objet d’une étude au cas par cas. Nous ignorons, par
exemple, si Alain réclamait quelque chose pour les Propos qui paraissaient à La Lumière, dans la
mesure où cet « hebdomadaire d’instruction civique et d’action républicaine » — qui atteignait
25000 abonnés en 1936 — avait la pauvreté de son indépendance et que « beaucoup de ses
collaborateurs accept[aient] souvent de ne pas être payés »6. Ainsi est-ce à partir de ces
principales tribunes que nous pourrons nous faire une idée de la diffusion réelle des Propos
d’Alain.
4. « Elle déambulait dans la cour de la Sorbonne, escortée par une bande d’anciens élèves d’Alain; elle avait
toujours dans une poche de sa vareuse un numéro des Libres Propos et dans l’autre un numéro de l’Humanité »
(S. PETREMENT, La Vie de Simone Weil, op. cit., p. 122).
1. En 1936, La Lumière « dispose de 25000 abonnés et d’une vente au numéro qui avoisine les 15000
exemplaires » (cf. Cl. Andrieu, in Dictionnaire des intellectuels, op. cit., p. 883).
2. Jeanne Alexandre écrit à Jean Laubier, dans une lettre du 12 décembre 1929, que l’Ecole libératrice parait
à 80000 exemplaires (cf. fonds Alexandre de la bibliothèque de Nîmes, Ms 801-V-I).
3. Chiffres obtenus à partir de notre relevé de mars 1927 à septembre 1935 (cf. Annexes).
4. Op. cit., cf. nos sources, Cahier 4 de Morre-Lambelin (supra p. 87).
5. Op. cit., supra p. 85.
6. Cl. BELLANGER (dir.), Histoire générale de la presse, op. cit., p. 572.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 116
Quant aux Annexes elles-mêmes, il sera plus difficile, comme nous l’avons dit, d’évaluer leur
diffusion véritable, étant donné que nous n’avons actuellement en notre possession que le chiffre
« record » de 1200 abonnés. Toujours est-il qu’il serait bon d’avoir une idée un peu plus précise
des envois aux principales institutions et de pouvoir estimer statistiquement la part de la
circulation des revues de mains en mains, tout en tenant compte de la propension des articles à
être repris dans la presse1. En mars ou avril 1927, après réception du n° 1 de la seconde série,
Monique Morre-Lambelin écrit, en conclusion d’une lettre à Jeanne et Michel Alexandre :
« Ah! Le Maître dit qu’il faut envoyer le numéro à toutes les grandes écoles : rue d’Ulm,
Polytechnique, Central, Saint-Cyr, Ecole Chimie, Médecine (...), Sèvres, Fontenay, Ecole
normale supérieure d’Auteuil, Beaux-arts, etc., etc., enfin vous trouverez mieux que moi les
noms2. »
Et dans une lettre du 7 novembre 1929, Jeanne Alexandre écrit à Jean Laubier que l’équipe
prévoit de faire un tirage à part d’un article « de Chartier sur la Psycho » agrémenté de quelques
pages des Libres Propos dont la rubrique « Examens des examens » — à laquelle ils tiennent tous,
Alain compris — et de l’envoyer « dans toutes les khâgnes », à raison de « 20 exemplaires par
classes » : « moyen de propagande pour les LP, reconnaît-elle, et de diffusion pour l’Examen des
examens qui s’adresse à un public qu’il faut bien toucher directement. » Ailleurs, Jeanne
Alexandre raconte qu’il leur arrivait parfois, selon les nécessités inhérentes au contenu, d’envoyer
la revue à toutes les communes de France3 ! En juin 1929, ce sont 255 numéros qui sont envoyés
aux signataires d’une pétition en faveur de Félicien Challaye : et Jeanne Alexandre de conclure
gaiement : « Cela achèvera la réputation du Journal d’Alain4 » !
Nous ignorons à combien d’exemplaires était imprimée la revue. Une lettre non datée de
Michel Alexandre à André Buffard, vraisemblablement du début des années 1930, précise
qu’« un numéro des LP (56 pages sur papier assez beau) revient à 1500 francs environ pour un
tirage de 1400 [...] ». On peut supposer que ce dernier chiffre représente le tirage moyen des
Libres Propos avec lequel l’équipe gérait sa diffusion. Reste à obtenir d’autres chiffres et à dater
précisément ces informations.
Enfin, autre point à évaluer : l’organisation de la diffusion. Malgré la bonne volonté, elle restait
difficile. Jeanne Alexandre évoque le « désordre » induit par une initiative de propagande :
« [...] quelques désordres dans l’envoi aux instituteurs. Poitiers n’a pas été fait je crois, mais il n’y
a plus de bandes imprimées5[...] ».
1. Travail titanesque qui n’est sans doute pas envisageable. Néanmoins, nous pourrions déjà entreprendre de
consulter les journaux qui ont écrit sur la revue et que Monique Morre-Lambelin a recensés (cf. supra, dans nos
sources, « courte biographie d’Alain », p. 85) : « Articles concernant les Libres Propos [...] dans Le Progrès
civique, Le Quotidien, La Liberté, Le Progrès de Lyon, La Dépêche de Toulouse, L’Impartial, La Volonté, L’Ere
nouvelle, Le Semeur, La Rumeur, L’Intermédiaire ».
2. Cf. bibliothèque municipale de Nîmes, Ms 801-V-3.
3. J. Alexandre, « Esquisse d’une histoire des Libres Propos », op. cit., p. 76.
4. Lettre de J. Alexandre à J. Laubier de juin 1929 (Nîmes, Ms 801-V-1).
5. Lettre de J. Alexandre à J. Laubier de novembre 1928 (Nîmes, Ms 801-V-1).
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 117
Traductions
Une autre piste de diffusion, que nous n’avons pas encore pu suivre, concerne les traductions
des propos d’Alain, libres de droit, comme le stipulait la revue. Jeanne Alexandre rappelle
qu’Alain nourrissait dès 1921 des espoirs de traduction à Genève, Londres, Berlin, La Haye et
Stockholm1. Nous y reviendrons, dans ce mémoire, lorsque nous nous interrogerons sur
l’influence alinienne en dehors de France2.
Partenariats
Nous venons d’évoquer la tendance des Propos d’Alain à paraître dans diverses revues, avant
leur publication dans les Libres Propos. Ce ne sont pas là, à proprement parler, des partenariats.
En revanche, la décision prise en 1924 d’associer la distribution de la revue à celle de
L’Emancipation constitue un partenariat à part entière. Ainsi, l’abonnement à l’une des revues
impliquait la réception de l’autre, ce qui aurait augmenté sensiblement le nombre de lecteurs si
la revue associée ne souffrait pas elle-même de sa confidentialité. Il faut néanmoins tenir compte
du lectorat de L’Emancipation si nous voulons évaluer avec justesse celui des Libres Propos. Mais
ne nous faisons pas trop d’illusion. En septembre 1935, alors que les Libres Propos s’apprêtaient
à fusionner avec La Flèche de Lyon, Michel Alexandre, rendant hommage à cette lointaine
association, en modère l’efficacité :
«En alliant, à partir de 1924, les Libres Propos à l'Emancipation de Nimes, "revue populaire
d'économie sociale", nous espérions gagner à la fois en extension et en substance. Mais les
beaux temps de la ferveur coopérative étaient décidément passés et l'Emancipalion ne survivait
que par la personnalité incomparable de Charles Gide et les derniers efforts de notre cher ami
commun Claude Gignoux3 »
En revanche, la fusion d’octobre 1935 s’annonçait plus intéressante, car les Feuilles libres de
la quinzaine allaient obtenir, entre autres, une « vaste audience chez les instituteurs »4 :
«Aujourd'hui — autre époque de réveil — une plus belle occasion s'offre à nous. Occasion
d'élargir notre public, mais surtout de prendre mieux terre et d'y puiser sève nouvelle pour la
besogne de vigilance et d'éclaircissement à laquelle de moins en moins nous ne pouvions
suffire5. »
Nous avons vu, en première partie, le peu de cas que l’historiographie faisait des Libres Propos
et des Feuilles libres de la quinzaine. Pourtant, au regard des chiffres, ces revues ne sont pas
1. Ibid., p. 22.
2. Voir infra p. 150.
3. Michel ALEXANDRE, « Des Libres Propos aux Feuilles libres, aux lecteurs », sept. 1935, op. cit., s. n.
4. Jeanne ALEXANDRE, « Esquisse... », op. cit., p. 128.
5. Michel ALEXANDRE, « Des Libres Propos aux Feuilles libres, aux lecteurs », op. cit., s. n.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 118
beaucoup moins populaires que Clarté d’Henri Barbusse, dont Jean-Jacques Becker évalue le
nombre moyen d’abonnés à 2000, en ajoutant qu’« un tel nombre [...] pour une revue
d'intellectuels s'adressant à des intellectuels est au contraire la preuve d'un succès certain »1. Mais
quelles furent les caractéristiques et le particularisme des revues aliniennes dans l’arène
médiatique de l’entre-deux-guerres?
« La Bacchanale fasciste (de presse surtout — Havas menant le chœur Chiappe) dépasse les
plus beaux jours du bourrage. Sur la pente, je ne vois plus ni parti, ni programme, ni surtout
1. J.-J. BECKER, « La revue Clarté », in L’Entre-deux-guerres (dir. par P. Ory), op. cit., p. 63.
2. CL. BELLANGER (dir.), Histoire générale de la presse, op. cit., p. 567 : Le Canard enchaîné logeait dans
les locaux de L’Œuvre de 1921 à 1936.
3. Lettre du 5 mai 1930, in fonds Alexandre de la bibliothèque de Nîmes (Ms 801-V-1)
4. Lettre du 1er décembre 1930, in fonds Alexandre de la bibliothèque de Nîmes (Ms 801-V-1). « On aspire ce
soir au Canard (Laval..!)» (cf. lettre de M. Alexandre à J. Laubier du 27 janvier 1931). « La guerre entre le
pape et Mussolini est des plus réjouissante et nous promet un Canard sublime » (cf. lettre de J. Alexandre à
J. Laubier de juin 1931).
5. S. PETREMENT, La Vie de Simone Weil, op. cit., p 116.
6. Il prendra le nom de « Tir à l’arc » dans les Feuilles libres de la quinzaine.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 119
homme pour faire obstacle. Frot1 me semble mériter une lettre de chacun de nous. Le Canard
aussi. C’est tout2 ! »
Les liens sont plus nets avec L’Œuvre, mais les sujets de discorde plus nombreux aussi. La
présence récurrente de ce quotidien dans le « Sottisier » en est la meilleure preuve. Ceci nous
amène à nous poser la question des rapports que les Libres Propos entretiennent avec la presse
de gauche. Les aliniens semblent, en effet, s’inspirer de sa diversité. Ne trouve-t-on pas autant
de sensibilités communistes, que socialistes ou radicales, voire anarchistes, et autant de non-
conformismes que de sensibilités politiques? Néanmoins, tout pousse à croire que les liens
directs avec la grande presse étaient rares, sinon vains. Dans une lettre à Jean Laubier, Jeanne
Alexandre y fait allusion :
« L’enquête au P. Civique semble gravement menacée. Bellamy écrit qu’il vient de donner sa
démission de rédacteur en chef [...]. M. A. le voit demain. C’était un solide allié, mais il est écrit
que nous n’aurons jamais entrée dans la grande presse3. »
En revanche, la proximité est perceptible avec tout un ensemble de journaux et de revues plus
modestes, quoiqu’importants, avec lesquels les Libres Propos communiquent directement ou
indirectement : Europe, Marianne, Vendredi, La Vérité, La Lumière, Ecole libératrice, La Paix par
le droit4, Le Crapouillot, La Flèche, La Critique sociale, pour ne citer qu’eux. Mentionnons
également les liens possibles avec des « revues de jeunesse européenne » comme Plans ou Notre
Temps, que Michel Alexandre applaudira dès leur création5. C’est un véritable réseau de petits
et de plus gros organes de presse qui apparaît, unis et divisés selon les cas, ou selon le moment,
mais dont les connexions pourraient être intéressantes à analyser.
Revue confidentielle?
De ces liens avec la presse et de cette éventualité, déjà évoquée, de voir les articles des Libres
Propos apparaître dans les autres journaux, notre observation pourra profiter lorsque nous
aborderons la question de la confidentialité de la revue. Il nous faudra revenir sur les
applaudissements dans la presse qui ont accompagné sa création, en particulier ceux de
Séverine, de Léon Werth et de Georges Pioch relevés par Jeanne Alexandre. Une lettre de MIchel
Alexandre à Marcel Martinet y fait aussi allusion : « [...] merci des belles choses publiées ça et là
dans l’Humanité6 ». Mais il nous faudra tâcher de comprendre la remarque de Romain Rolland qui
1. Eugène Frot était ministre de l’Intérieur du 30 janvier au 8 février 1934. Il demande à Daladier le
déplacement de Chiappe le 3 février 1934 (cf. B. YVERT, Dictionnaire des ministres, op. cit., p. 467).
2. Lettre de Michel Alexandre à André Buffard (s.d.) probablement des premiers jours de février 1934
(archives de Nîmes : Ms 801 V (4-5)). André Buffard écrira dans le numéro du 25 février 1934 des LP, un
article intitulé « 6 février 1934, le cas Chiappe » et dans lequel on peut lire : « Frot a donné la colique à l'élite
parisienne. Il ne lui sera jamais pardonné. »
3. Lettre de J. Alexandre à J. Laubier de décembre 1928 (Nîmes, Ms 801-V-1).
4. En mai 1932, la polémique dans l’affaire Challaye/Ruyssen — à propos de l’article de F. Challaye « Pour la
paix sans aucune réserve » — se déplace de La Paix par le droit aux Libres Propos, avec le premier article de
F. Challaye en réponse à H. C.Puech.
5. M. ALEXANDRE, in LP, août 1931, n. 1, p. 361.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 120
a tant chagriné l’équipe des Libres Propos : « Il [Alain] écrit pour vingt personnes1 », et qui
semblait signifier que les Propos d’Alain étaient « inabordables », comme l’illustre la confidence
de Marcel Martinet qui pouvait relire « en vain [...] 28 Propos à la file »2 ? Qu’en est-il donc du
caractère élitiste des Propos d’Alain3 ? Est-il fondé? La revue en pâtit-elle? Que penser finalement
du commentaire que Marcel Martinet rapporta de Romain Rolland? L’estime réciproque entre les
auteurs de Liluli et de Mars n’est pas à démontrer. Leur correspondance suffit à l’attester. La
question de l’accessibilité de la pensée n’en demeure pas moins essentielle et s’intègre d’autant
plus dans l’analyse de la popularité de la revue que celle-ci a pour vocation de s’adresser aux
classes populaires et pour ambition, nous l’avons noté, de « rester peuple ».
Par ailleurs, nous essaierons dans la mesure du possible de retrouver les échanges directs ou
indirects qui ont pu « rapprocher » les Libres Propos du reste de la presse, à l’instar, par exemple,
de la réplique de Charles Delvert4 dans L’Echo de Paris à un article de Georges Canguilhem
« Avez-vous couché dans la boue? » :
«Madelin a repris la chose quelques jours après, toujours dans l’E. de P., insultant
indirectement les L. P. et déclarant qu’une telle question [...] était insane, vu le dévouement et
l’abnégation des officiers durant la guerre5. »
Parmi les réactions que nous avons pu déjà relever, citons la « fureur » avec laquelle Julien
Benda aurait répondu dans la NRF, en juin 1930, à un article paru dans les Libres Propos, en avril,
autour de la polémique qui l’opposait à Jean Guéhenno6. Tous ces échanges retrouvés donneront
une idée de la force d’existence de la revue, malgré son faible tirage.
La place du lectorat
La place accordée aux lecteurs des Libres Propos dans les colonnes mêmes de la revue pose
bien évidemment la question de l’originalité d’une telle démarche, de sa propension ou de son
absence dans la presse nationale, régionale, hebdomadaire et mensuelle. Cela vient bien entendu
d’une nécessité : l’absence de publicité dans les Libres Propos place le lecteur en position
dominante. Combien de fois est-il rappelé que la revue ne résistera pas longtemps à l’anonymat
et qu’il est du devoir des lecteurs d’en faire leur propre revue et d’en assurer la survie. C’est sur
lui et sur sa « propagande » que repose le « succès » de l’entreprise. Mais il faut voir la place
laissée au lectorat quand les Feuilles libres de la quinzaine bénéficient d’encarts publicitaires.
Certes, la situation politique et les urgences ne sont pas les mêmes. Tout n’est pas comparable.
Quoi qu’il en soit, l’importance de l’intervention du lectorat constitue un objet d’étude que nous
souhaiterions approfondir, en l’analysant scrupuleusement — car il est des lecteurs qui pourraient
être inventés, à l’instar du bien nommé général Cognets-Desmarteaux, alias Jean Laubier du
« syndicat international des militaires »1 —, mais aussi comparativement, afin, nous l’avons dit,
d’en vérifier l’originalité.
Les « Annexes » des Libres Propos constituent une impressionnante revue de presse dans
leurs périodes de parution entre les deux guerres. Ce sont près de deux cents journaux qui
nourrissent ainsi le journalisme des rédacteurs de la revue. Certains, bien sûr, sont utilisés plus
systématiquement que d’autres, à commencer par les grands quotidiens. La plupart sont
néanmoins récurrents. Cet important travail d’analyse journalistique s’étend principalement à
l’Europe, et plus rarement au monde ; parmi les journaux cités, 16 sont anglais, 13 allemands, 2
suisses, 2 belges, 2 américains, 2 italiens, 1 brésilien et 1 hongrois1. Il nous sera loisible de
déterminer la part exacte des reproductions et des références aux différents journaux, lorsque
nous aurons terminé de reconnaître l’ensemble des caractères des Libres Propos (plus de 7500
pages)2.
La propagande
Nous avons été surpris au cours de nos recherches par l’emploi récurrent du mot
« propagande » dans la terminologie des militants pacifistes de l’entre-deux-guerres. Il abonde
dans les documents relatifs aux ligues ou aux mouvements pour la paix. En fait, il n’existe pas de
militantisme sans volonté de rallier le plus grand nombre à la cause défendue, surtout s’il s’agit
d’éclairer l’opinion publique. Le terme de « propagande » ne semblait pas posséder alors, comme
aujourd’hui, de connotation négative. Il appartenait au langage courant, gardant néanmoins un
sens propre à l’action d’un groupe. Ainsi trouve-t-on en note conclusive des Libres Propos de
février 1934 cette précision :
« A titre documentaire il nous a paru important et utile d’encarter dans chaque exemplaire du
présent Cahier un numéro de Chantiers, contenant sur les dessous des faits politiques récents
de précieux renseignements. Cela (est-il besoin de le dire?) pour notre propre compte, sans
aucun accord avec la direction de ce périodique. Nous prions nos lecteurs de ne voir dans cette
innovation aucune façon, même détournée, de propagande pour un journal et ses idées3. »
1. Sur 199 journaux et revues comptabilisés. Il en reste donc 160 pour la France (cf. Annexe 3).
2. Ce travail (en cours, et déjà bien avancé) est expliqué dans le compte rendu de stage.
3. in LP, février 1934, p. 112.
4. J. Ganuchaud en déc. 1932 aurait vendu 150 brochures « Challaye » au Congrès de la LDH (cf. Lettre de
M. Alexandre à J. Laubier (Nîmes, Ms 801-V-1)).
5. J. ALEXANDRE, « Esquisses...», op. cit., p. 114.
6. J. ALEXANDRE, « Esquisses...», op. cit., p. 127.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 123
« "En cette veillée d'armes (lisez sans doute : d'élections) votre revue ne voudra-t-elle pas
contribuer au Salut National en insérant adroitement les communiqués de notre front de
combat?" Ayant eu connaissance de cette circulaire secrète, les Libres Propos s'empressent
d'ouvrir la rubrique ci-dessus inscrite, et ils y recueilleront désormais — sinon adroitement, du
moins gratuitement — non seulement les communiqués de M. le général Cognets-Desmarteaux,
secrétaire de la Section française de l'Internationale Militaire (v. n° d'octobre, p. 346), mais
les informations similaires de ses collègues des autres Sections. - M. A.2 »
La chronique consistera surtout à applaudir, et donc à dénoncer, les propos militaristes, voire
bellicistes, tenus dans les pays des différentes sections et rapportés par les principaux organes de
presse, Le Temps le plus souvent. Elle est l’occasion pour le général Cognets-Desmarteaux de
s’insurger contre la lâcheté ambiante et la traîtrise des pacifistes de tous bords. Elle repose
néanmoins sur une revue de presse on ne peut plus sérieuse et participe, par cet effort, à la
volonté alinienne de faire du bruit des silences de la presse. Michel Alexandre, du reste, écrira
d’Alain, toujours impatient de la lire : « il juge le combat vraiment engagé et que les Militaires se
sentent menacés3 ». Occasion pour nous de nous en assurer!
Mais quelles sont les parts de calomnie et de vérité dans cette dénonciation tous azimuts de
la presse vendue aux industriels et aux politiques fauteurs de guerre? Et comment trier le vrai du
faux? La rigueur de la rédaction le permettrait sans aucun doute; car il n’est pas une information,
ni une citation qui ne soit pourvue d’une note précisant la source, parfois le numéro des pages,
pour la retrouver.
Que penser alors des lecteurs dont les Libres Propos reproduisent les lettres. Existent-ils
vraiment? Certains sans aucun doute. Des éléments le prouvent. D’autres nous laissent plus
sceptiques. Comme ce « Terrien de l’est » qui revient sur une comparaison malheureuse de
Lucien Cancouët, dont voici un extrait de la diatribe contre Edouard de Rothschild4 :
1. J. LAUBIER, « De « L’instruction » des réserves, ou César enseignant », in LP, oct. 1927, pp. 346-348.
2. M. ALEXANDRE, « Syndicat international des militaires », in LP, février 1928, pp. 79-81.
3. Lettre de M. Alexandre à Jean Laubier du 2 nov. 1927 (Nîmes, Ms 801-V-1).
4. E. de Rothschild (au nom du comité de direction des chemins de fer) aurait comparé les cheminots, qui
réclamaient une augmentation de salaire, « aux ouvriers agricoles et, partant de là, [les auraient] jugés peu
intéressants » (cf. L. CANCOUET, « Notes du syndiqué », in LP, janvier 1928, p. 33).
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 124
«Nous voulons bien, Monsieur de Rothschild, être traités selon votre bon plaisir. Puisque nous
sommes destinés à être tondus, eh bien, soit, nous nous laisserons tondre. Mais nous vous
demanderons en grâce de faire en sorte que nous puissions au moins avoir ce qu'il faut pour
fournir une belle laine. Ensuite, vous pourrez nous comparer à qui vous voudrez. Rien ne
saurait nous désobliger, car si nous ne sommes que des valets de ferme, vous êtes un foutu
métayer1. »
La réplique du « Paysan », dont les initiales rappellent Pierre Bost, vaut au moins par la
tournure de style :
« Croyez-vous qu'un valet de ferme intelligent ne vaut pas un cheminot? Si vous croyez ainsi,
vos vues sont bien courtes, et je peux vous apporter témoignage qu'il faut plus d'intelligence
pour faire un bon valet de ferme que pour faire un cheminot, quelqu'emploi qu'il ait; d'autant
que lui aussi n'est qu'un valet, et le plus souvent de ce monde de l'argent et de la débauche. [...]
Quant à votre Rothschild, faites comme moi, moquez-vous en; aidez-nous à jeter bas ce veau
d'or; le meilleur moyen serait de leur en fourrer qu'ils en crèvent, et de nous entendre entre nous
pour avoir du pain, dussions-nous vivre en Robinsons2. »
La réponse qui suit est sans doute chargée d’ironie, mais c’est bien au paysan, qui lui « paraî[t]
être un sage », que Lucien Cancouët donne « une bonne et solide poignée de main ». Et il est
d’autres lecteurs, tel ce cimentier, cet autre paysan, cet électricien, ce policier (« homme
d’ordre »), qui surgissent des colonnes de la revue, lui donnant indiscutablement, s’il n’y avait un
doute, son caractère populaire. Du reste, Michel Alexandre ne précise-t-il pas en note d’un article
du cheminot d’octobre 1931 que telle lettre reçue par Lucien Cancouët est authentique? Reste,
il est vrai, que la classe ouvrière montrait une curiosité et une disposition intellectuelle toute
particulière. Simone Weil y fait allusion, observant les ouvriers allemands, en août 1932 : « C'est
un spectacle navrant que celui de cette admirable classe ouvrière, si cultivée, ainsi prise à la
gorge ». Ainsi nous interrogerons-nous sur la réalité du lectorat mis en avant par les Libres
Propos, et sur la validité de ses appartenances sociales.
1. Ibid., p. 34.
2. P. B., « Notes du syndiqué - Paysan et cheminot », in LP, février 1928, p. 78.
3. Lettre probablement de février 1934 à André Buffard, op. cit.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 125
une idée de la position revendiquée par les Libres Propos face à la presse de gauche. Michel
Alexandre écrit, sans doute en juin 1932 :
« Ces vérités sont urgentes à produire. Et si l’on attend 4 semaines, bien des choses sûrement
devraient être modifiées, car les exploits d’Herriot sont et vont être quotidiens d’ici là. [...]
C’est le Populaire qui devrait insérer cela tout de suite — Mais il se défie trop de « l’homo
cogitans » ! L’article est trop rude pour la politicienne Lumière — trop citoyen pour les
communisants de Monde. — Si vous ne trouvez mieux que nous, renvoyez-le nous d’ici le 10 ou
12 juillet1 [...] »
Mais la plus grave accusation relève d’une faute, volontairement commise, qu’on ne peut
guère dissimuler derrière l’erreur humaine ni justifier sans mauvaise foi. C’est le mensonge par
omission : les silences de la presse que les aliniens n’ont eu de cesse de dénoncer jusqu’en 1939.
L’année suivante, Marc Bloch en prolongera l’accusation :
« Le plus grave était que la presse dite de pure information, que beaucoup de feuilles même,
parmi celles qui affectaient d’obéir uniquement à des consignes d’ordre politique, servaient, en
fait, des intérêts cachés, souvent sordides, et parfois, dans leur source, étrangers à notre
pays2 »
Les exemples sont nombreux et nous n’en citerons que quelques-uns afin d’illustrer la
tendance que nous voudrions étudier. Elle apparaît, du reste, dès les premiers numéros, en 1921,
lorsqu’il est question de porter secours aux enfants d’Europe qui souffrent de la misère et de la
famine. Jeanne Alexandre affirme que « la presse n’en parlait guère » et que les Libres Propos ont
inauguré leur « vocation explosive » en publiant l’appel du Comité international de secours aux
enfants, ce qui provoqua les premiers désabonnements3. Quelle était l’attitude de la presse face
à cette « guerre aux enfants », en cette troisième année de paix? Et quelle place tenaient les
Libres Propos dans la circulation de ces informations? Qui s’associaient ou répondaient aux
appels ainsi lancés? Plus généralement, quelle solidarité véhiculait la grande presse aux
lendemains des catastrophes (inondations, tempêtes, famines)? Les Libres Propos se
distinguaient-ils en réactivité, lorsqu’ils communiquaient « l'appel aux hommes de bonne
volonté » de décembre 1927, après les terribles inondations du Liechtenchtein4 ? Occasion de
propagande et, pour les peuples, de fraternité :
« [...] la vie vraiment partagée avec des êtres venant de longitudes différentes et de latitudes
extrêmes. Dans un Congrès, on s'effleure, on se parfume. Dans un camp on s'approche. Ici l'on
se connaît. Le caractère le plus fardé ne tient pas des jours durant, sous le temps mauvais ou
les observations d'un chef étranger. Voulez-vous connaître un Danois, un Hindou, un
Norvégien, un Mexicain... travaillez, mangez, dormez, piochez ensemble. L'expérience du
1. Lettre à André Buffard non datée (archives de Nîmes : Ms 801 V (4-5)). Un article signé A. B. paraît dans
les LP en juillet 1932, intitulé « Lettre ouverte à M. Herriot ». Une lettre de M. Alexandre à J. Laubier du
2 juillet 1932 dit : « Le guignol Lyonnais à Lausanne est lamentable ».
2. M. BLOCH, L’Etrange défaite, op. cit., p. 177.
3. J. ALEXANDRE, « Esquisse...», op. cit., p. 28.
4. E. C. FABRE, « Service volontaire de secours », in LP, juillet 1928, pp. 328-330.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 126
service militaire est pauvre et misérable. Le but commun est : abêtissez-vous. Ici : servez
ensemble, comprenez-vous, construisons dans le soleil et la vérité. »
« Cette campagne, menée dans la presse par de grands intérêts aboutit à des mensonges
continus et répétés. Je ne défendrai certes pas M. Treviranus. […] Mais s'il est vrai que M.
Treviranus a bien dit tout ce que les journaux lui ont fait dire, les journaux n'ont pas répété tout
ce qu'il avait dit. C'est ainsi que, dans le plus vif de ses discours, il déclara qu'il voulait rendre
à l'Allemagne son intégrité, mais que cela ne devrait jamais s'effectuer par la force, mais par
le travail et par des moyens pacifiques. Cette phrase n'a pas été reproduite et une suppression
comme celle-ci montre bien la volonté qu'ont certains d'envenimer les conflits3. »
Nous terminerons, ne cherchant pas ici l’exhaustivité, avec le « coup du 16 juin » concernant
l'avance de la banque d'Angleterre sans condition au Kredit-Anstalt autrichien, malgré la
proposition française d’un échange contre le renoncement à l'Anschluss : « l'affaire fut
jalousement gardée secrète par la presse française », car « le citoyen français a-t-il besoin de
savoir quelles conditions on pose en son nom, quand on se sert de son argent pour une œuvre
dite de « solidarité » ! ». Et Michel Alexandre de conclure sur le danger pour l’Europe que
représentent de tels silences :
«Si nous avions su cet "épisode fâcheux" du 16 juin, combien la manière brusque de Hoover
nous eût semblé plus compréhensible le 20 juin, — et aussi, un mois plus tard (18 juillet), la
défiance quasi-universelle avec laquelle a été accueillie notre proposition d'aide conditionnelle
à l'Allemagne. Même jeu, s'est-on dit. Et de fait, dès le 19 juin, la Gazette de Frankfort
prévoyait cette récidive : « Avec tout cela. personne n'a ce qu'il lui faut. Le crédit anglais n'est
que provisoire et à court terme. Les Français vont s'efforcer d'intervenir encore par les moyens
convenables et en visant toujours le même but. Que si finalement ils ne l'atteignent pas, ils
1. M. ALEXANDRE, « Mise hors la loi de la guerre - premières conséquences », in LP, déc. 1929, pp. 582-
584 : « Bafouée dans L'Œuvre, cette Déclaration a été mutilée dans La Volonté, ou pourtant trois jours après,
Victor Basch en signalait fortement la nouveauté, (13 octobre). »
2. M. ALEXANDRE, « Post-scriptum : l'affaire Guillot », in LP, janv. 1930, p. 32-33 : « La presse s’est tue
en général sur cette affaire. Seul Le Peuple a publié un compte rendu du procès ».
3. A. BRIAND, discours reproduit par les LP en octobre 1930, pp. 475-476. Discours dont le contenu a été
« timidement rectifié » par l’agence Havas, mais que les LP reproduisent laissant « aux lecteurs le soin d’en
apprécier l’authenticité ».
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 127
La liste est longue nous l’avons dit — elle va du silence autour de la pétition des normaliens
contre la formation militaire à la fin des années vingt2, à la « servilité » à l'égard du militarisme
japonais en mars 1933, en passant par le « mutisme hargneux du Populaire » à l’occasion du
Premier Congrès mondial contre la guerre impérialiste en septembre 1932. Cette étude ne
permettrait-elle pas de prolonger la réflexion sur les causes de la Seconde Guerre mondiale?
Cependant, cette exigence intellectuelle et journalistique n’était pas sans contrepartie, et
Michel Alexandre portait souvent sur son travail un regard critique. Ainsi se reprochera-t-il son
premier article sur la loi militaire : « stupide, déclamatoire et préparatoire3 » — ou « ses articles
trop improvisés » dont le seul mérite est de pas être « agréable au lecteur »4.
La chronologie politique
La volonté de Michel Alexandre et d’Alain était de « faire [de la partie principale des annexes]
l'histoire objective de la planète5 ». La chronologie politique en présentait l’ossature. Travail
titanesque, le « gouffre de la chronologie » dans lequel Michel Alexandre « s’enfouit »6, avant
d’être remplacé par Jean Laubier à partir de novembre 1931, présente la particularité d’une
grande densité et d’une impressionnante régularité. Il sera très intéressant d’en analyser le
contenu et l’évolution dans la forme, d’avril 1922 à novembre 1939 (elle se poursuivra en effet
dans les Feuilles libres sous forme de revue de presse européenne). Michel Alexandre en
définissait ainsi la philosophie dans un article paru en avril 1922 :
« Ici sera tentée désormais une brève chronique de quinzaine. Effort pour fixer tant bien que
mal quelques points de repère dans le chaos des événements proches. Proches bien entendu en
tous les sens, puisqu'Asie, Afrique et même Amérique restent presque toujours au-delà de notre
horizon. Mais, même réduite à l'Europe, on sourit ou on frémit en songeant à ce que la moindre
chronique objective exigerait d'informations rassemblées et, plus encore, de clairvoyance, pour
ramener les faits et les opinions à leur juste taille. Ce serait la vraie tâche d'une Revue, s'il en
existait une, libre d'attaches, affranchie de tout préjugé, politique, social ou national,
indifférente surtout au succès et ne voulant d'autre fonction que de dominer les événements,
c'est-à-dire, fidèle à son nom, de les bien voir et revoir7. »
Et Michel Alexandre de se lancer corps et âme dans une « sorte de sommaire », comme il
l’appelait, privilégiant les événements « qui paraissent saillants, sans détails ni longs
« [...] sorte de bulletin météorologique qui [...] rappellerait [...] de quinzaine en quinzaine les
principales fluctuations de l'opinion (au moins dans notre entourage européen), velléités,
conjectures, marées de passions, sautes d'humeur, changements d'attitudes et d'intonations,
tensions et détentes, bref quelques-uns de ces mouvements et frémissements du corps social, si
rarement concertés, qui, plus sûrement que les calculs et les actes, infléchissent le cours des
événements et modifient selon la paix ou la guerre les rapports des classes, des partis et des
nations1. »
Ces chroniques politiques, Monique Morre-Lambelin les déclara « sans analogie actuellement
dans toute la presse2 » en mai 1923. Il faudra, bien entendu, aller vérifier pour confirmer ou
infirmer l’originalité d’une telle démarche. Ensuite, l’analyse par le détail du contenu de ces
« bulletins météorologiques » et l’observation de ce qui fut retenu ou négligé sera un formidable
outil de réflexion pour replacer ces hommes dans leur temps et essayer de comprendre leurs
choix.
L’usage des pseudonymes et des initiales en dit long sur l’appréhension de certains
rédacteurs. Et s’il n’y a jamais eu de censure proprement dite avant la Seconde Guerre mondiale,
le simple fait de ne pas pouvoir signer de son nom ou de ne pas pouvoir collaborer à une revue
— comme ce fut le cas pour les élèves de l’Ecole normale après la crise de la formation militaire
— ne prédispose-t-il pas à la censure. Alain lui-même encourageait l’usage du pseudonyme afin
d’accueillir le plus de collaborateurs possible, « en totale liberté »3, et Michel Alexandre, en
novembre 1927, disait supprimer d’un article les noms de lieux et de personnes4. En juin 1930,
un discours de Georges Canguilhem reçoit une réponse cinglante du Préfet : « C’est la guerre,
écrit Jeanne Alexandre, et la police doit être alertée5 ».
De cette liberté de parole, qui pouvait, avec les appels répétés à la révolution de Lucien
Cancouët, aller au-delà de ce qu’Alain lui-même jugeait convenable6, une étude particulière
pourrait en tracer les contours, c’est-à-dire les limites, notamment au sortir de la Grande Guerre.
Nous savons d’ores et déjà que Jeanne et Michel Alexandre avaient été mis en garde par leur
hiérarchie et menacés de sanctions7, que Simone Weil fut mutée au lycée du Puy en 1931, mais
1. Ibid.
2. J. ALEXANDRE, « Esquisse...», op. cit., p. 54.
3. Lettre de M. Alexandre à Jean Laubier du 21 mars 1927 (Nîmes, Ms 801-V-1).
4. Lettre de M. Alexandre à Jean Laubier du 14 nov. 1927 (Nîmes, Ms 801-V-1).
5. Lettre de J. Alexandre à Jean Laubier du 15 juillet 1930 (Nîmes, Ms 801-V-1).
6. Jeanne Alexandre écrit à Jean Laubier le 19 janvier 1929 : « A propos du dernier Cancouët [Lettre du
syndiqué, sous le titre « Avez-vous couché dans la boue », en rapport avec la pétition des Normaliens relative
à l’académicien Madelin], il [Alain] semblait, tout en posant comme un absolu la loi de liberté, regretter que
des opinions modérées (nous ne sommes pas communistes [sic]) s’expriment de façon violente. »
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 129
nous ignorons encore avec exactitude quelles pressions, à défaut de « censure », étaient exercées
contre « ces feuilles de couverture, denses et explosives, scrupuleuses et provocantes1 ». Dans
une lettre à Jean Laubier, Jeanne Alexandre écrit, à propos des tirages spéciaux destinés à toutes
les khâgnes, « [...] le tout aura une allure sérieuse, de quoi inspirer confiance au plus abruti des
censeurs2 ! ». Qu’en est-il exactement du rapport de cette presse avec les pouvoirs? Et quelle part
d’exagération dans l’assertion des Feuilles libres d’avril 1939 :
L'ISOLEMENT DU MAÎTRE
Alain s’est toujours distingué par son refus des cercles et des conversations : « il y a quelque
chose de bon dans les cercles, et qui civilise l’homme; mais ce n’est certainement pas la
pensée4 ». Penser, « [...] c’est un long travail et une paix préalable5 », conclut-il dans ses
définitions. Aussi veillera-t-il à se garder des importuns, et c’est un corps de femme qui lui servira
de rempart, celui de son égérie, Monique Morre-Lambelin, qui accessoirement faisait volontiers
office de secrétaire. Et toutes les lettres adressées au maître de transiter par cette intermédiaire
dévouée, surnommée Sibylle de Cumes, Tante Monique ou le Grand Prêtre selon les affinités, et
qui avait également à charge de s’occuper des réponses. La rareté des lettres d’Alain à ses
proches s’explique aussi par là. Du reste, cette discipline n’était pas pour déplaire à tous, puisque
Michel Alexandre lui-même s’en satisfaisait : ne reprochait-il pas au travail avec Alain « trop de
continuel mécontentement6 »?
Cet isolement, que les aliniens ont vite érigé en règle, Jeanne Alexandre l’expliquait par ces
mots : « pour pouvoir atteindre et aider les autres, il faut se protéger d'eux7 ». Il est aussi la
contrepartie de la liberté, d’une ferme opposition aux pouvoirs et d’un mépris souverain des
honneurs : « n'avoir d'égard ni à l'argent, ni à la force, mais seulement au vrai et au juste8 ». Il
7. En octobre 1922, Michel Alexandre est convoqué par le Recteur de Montpellier, sa femme reçoit la visite en
classe de l’Inspecteur d'Académie de Nîmes (voir J. Alexandre, « Esquisse d’une histoire des Libres Propos »,
op. cit., p. 44).
1. J. ALEXANDRE, « Esquisse...», op. cit., p. 141.
2. Lettre de J. Alexandre à Jean Laubier du 7 nov. 1929 (Nîmes, Ms 801-V-1).
3. « A nos amis », in Feuilles libres, 15 mai 1939, n° 79.
4. ALAIN, « Conversations », in Propos I, Gallimard, op. cit., p. 461.
5. Alain, « Définitions », in Les Arts et les dieux, Paris, Gallimard, op. cit., p. 1078.
6. J. ALEXANDRE, Esquisse..., op. cit., p. 21.
7. J. ALEXANDRE, Esquisse..., op. cit., p. 20.
8. ALAIN, « Propos 597 », in Propos II, Gallimard, op. cit., p. 1010.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 130
trouvait néanmoins sa récompense dans l’estime d’un intellectuel comme Jean Schlumberger qui
remercia la critique qu’avait faite Alain de St Saturnin par ces mots : « Il m’importe beaucoup
d’être assuré par un juge dont le coup d’œil est aussi libre que le vôtre1 ». Il conviendra, dans
notre recherche, de revenir sur la notion de liberté telle qu’elle était envisagée par Alain d’abord,
par les aliniens ensuite.
Cet éloignement des corps trouvait aussi son expression dans l’ostensible dualité
typographique qui séparait les Propos des pages dites de « couverture ». Cette « distinction des
caractères entre les Propos et les annexes [...] a choqué pas mal de gens2 », se souvient Jeanne
Alexandre. De notre côté, nous essaierons de retrouver la trace de ces remarques formelles
autour d’une distinction qui trouve sans doute sa justification dans la confrontation des différents
univers de composition, celui d’Alain, mêlant avec optimisme la morale au journalisme, le chant
des mots à la haute philosophie, et celui des feuillets formant couverture, moins créatif (cela
n’était pas son objectif) et d’un style combatif plus traditionnel, sans doute aussi plus tourmenté.
Néanmoins, les connexions existent entre les Propos et les « annexes » aliniennes, et il sera
intéressant de les reconnaître, d’en fixer le nombre et la régularité, d’en déterminer, quand c’est
possible, l’origine, qu’elle fut située entre la volonté délibérée ou le hasard, nourrie par les
échanges épistolaires ou les conversations. Une lettre de Michel Alexandre illustre cette probable
connexion entre les deux mondes :
Pour finir, nous essaierons d’établir, autant que faire se peut, les moyens mis en œuvre par le
maître pour rencontrer ses disciples. La sortie des classes du lycée Henri IV était un lieu privilégié
de discussion4. Mais certaines réunions hebdomadaires ou mensuelles étaient également
organisées chez Alain. Dans une lettre à Jean Laubier, Michel Alexandre parle, par exemple, d’un
rendez-vous « à 6 h 5 [sic] au 149 rue de Rennes » et engage son ami à se joindre à eux, assurant
qu’« Alain est très content d’élargir la réunion des politiques5 ».
Le Comité de vigilance
Nous retrouverons l’isolement du maître, cette fois alourdi d’un cas de force majeure, lorsque
nous aborderons la question du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). La
maladie l’empêchant désormais de se déplacer, c’est Michel Alexandre qui, à nouveau, servira
1720
C’est le nombre de Propos parus dans les Libres Propos et L’Emancipation entre 1921 et 1936.
Or, si Alain souhaitait que ses textes soient publiés aussitôt après écriture, c’est bien parce qu’ils
se rapportaient à une certaine actualité : « La politique m'ennuie quand je vois que mes articles
attendront deux ou trois semaines1 » écrit-il dans une lettre en avril 1934. C’est sans doute la
raison pour laquelle les Libres Propos ne proposent que 25% d’inédits. Il faudra donc veiller à
considérer cette problématique, et, pour cela, tenter de replacer l’ensemble de ses réflexions
dans leur contexte historique. Travail imposant et d’importance, mais qui répond à la tâche déjà
évoquée et suggérée par Maurice Savin : comprendre « le comment et le pourquoi de son travail
quotidien ». Là encore, la correspondance pourra éclairer la route. Dans une lettre de novembre
1928, Jeanne Alexandre, faisant allusion à la décision de Camille Bouglé, directeur de l’Ecole
normale, de ne pas nommer Jean Laubier, et refusant de croire aux complots, dévoile cependant
une circonstance aggravante :
« Cependant Bouglé connaît les sentiments d’Alain : il n’a pas pu ne pas se reconnaître dans le
dernier propos sur le sociologue et la famille, reproduction intégrale d’un entretien avec Alain
au cours de l’oral de cette année2. »
Ainsi, d’un Propos commençant par ces mots : « J’imagine le Lyonnais contemplant du haut de
la célèbre colline cette sorte de cuve bouillonnante d’hommes et de travaux et pensant
furieusement à l’effet d’une centaine de bombes jetées là-dedans3 », resurgit le scandale d’avril
1934 provoquant, sur les instances d’une minorité pacifiste, l’exclusion de la Ligue des droits de
l'homme d’Edouard Herriot, maire de Lyon et responsable du limogeage de balayeurs lyonnais
opposés à la loi sur les masques à gaz. Cas particuliers parmi d’autres, inspirés des
préoccupations de son temps, et la plupart moins anecdotiques qu’il n’y paraît. Car c’est un
travail parfois subtile que ce retour à l’histoire, véritable matière dont sont forgés les Propos.
A l’isolement du maître, les disciples répondaient par un dévouement et une farouche
énergie. Michel Alexandre, était après Monique Morre-Lambelin, l’intermédiaire et
l’interlocuteur principal d’Alain. Georges Bénézé disait de lui qu’il était « la cheville ouvrière des
Propos et le véritable trait d’union entre Alain et le public4 ».
Raconter le dévouement de Michel Alexandre serait faire sa biographie. Et sans doute aurons-
nous à peindre le personnage avec application si nous aspirons à retracer l’histoire des Libres
Propos et des Feuilles libres. Parmi les disciples les plus acharnés se distinguent d’autres figures
du mouvement alinien. En premier lieu évoquerons-nous la « puissance de travail très
exceptionnelle » de Monique Morre-Lambelin sur qui « Alain s’était déchargé [...] de toute la
partie matérielle de l’édition, sûr que ses préférences seraient devancées. C’est avec elle que
furent prises toutes les décisions techniques pour les Libres Propos : format, papier, caractère
(della robbia), titres, etc. [...] Elle a été pour [Jeanne et Michel Alexandre] un auxiliaire sans nulle
défaillance.1 » Incontestablement, Monique Morre-Lambelin mériterait d’être découverte
entièrement, et notre recherche, si elle doit perdurer, s’y emploiera certainement. Un précédent
travail nous a permis d’évoquer l’énergie déployée par Jeanne Alexandre, troisième figure
emblématique de cette aventure éditoriale et journalistique. Georges Canguilhem, dont Jeanne
Alexandre évoquera « le dévouement inépuisable2 » en est la quatrième et la plus jeune3. Mais
la liste des disciples ne s’arrête pas là, nous l’avons vu, et les personnalités sont nombreuses qui
appeleraient un examen approfondi, à l’instar de Claude Jamet ou de René Château.
La communication
La correspondance dont nous disposons témoigne des idées échangées et des liens entre les
hommes; elle donne à observer un mode de communication aujourd’hui disparu, mais permet
d’apprécier la diversité des moyens de sociabilité mis en œuvre ou privilégiés. Ainsi, dans quelle
mesure l’écriture était-elle le principal vecteur d’information et de communication des idées?
Certes, l’équipe des Libres Propos ne se réunissait pas. Ses membres s’écrivaient abondamment
et se répondaient promptement, se donnaient des nouvelles par destinataires interposés, mais
usaient aussi du téléphone, profitaient d’un changement de train pour se croiser, faire le point,
prendre un verre, dressaient les tables pour les uns et les autres, parcouraient le pays dans les
deux sens, dînaient au restaurant quand ils y trouvaient assez d’intimité pour s’entretenir... Et
nous évoquerons plus loin les dîners mensuels entre hérétiques4, rendez-vous régulier et lieu de
sociabilité par excellence. Il y a aussi les rendez-vous donnés à la sortie des cours. Sans doute la
pensée s’échangeait-elle dans ces marches improvisées sur le chemin du retour des classes
d’Henri IV ou autour du Collège Sévigné. Alain le pratiquait, nous l’avons dit, Michel Alexandre
aussi. Et tous les rendez-vous étaient possibles, tant qu’ils permettaient de gagner du temps;
après avoir proposé à Jean Laubier de se joindre à eux, au 149 rue de Rennes, Michel Alexandre
ajoute : « Sinon attendez-nous vers 7 heures sous le porche de la maison alanique, on perdra
moins ainsi de ce temps trop court et vous apercevrez Cancouët1 ».
Accords et désaccords
Des personnalités comme Alain et Michel Alexandre sont connus pour être respectivement de
sensibilité radicale et socialiste, et libres de tout parti. Mais qu’en est-il précisément? Partagent-
ils l’anti-conformisme d’une Simone Weil, au communisme hésitant2, l’internationalisme d’un
syndicaliste comme Lucien Cancouët, socialiste déçu depuis 1924, mais de ferment
révolutionnaire, « l’anarchisme3 » d’une Jeanne Alexandre, le communisme d’un Jules Carrez ou
le socialisme d’un Gouttenoire de Toury, revenu du PCF... ? Les Libres Propos n’étaient pas les
seuls à accueillir les différences qui opposaient les courants politiques. La NRF, pour ne citer
qu’elle, ouvrait sa tribune à bien des contradicteurs. Aux Libres Propos — où, certes, aucune
plume n’était de droite — les avis divergeaient rarement. Il y avait communion de pensée, et
volonté commune de dénoncer les travers les plus caractéristiques de la IIIe République, de
plaider pour le rapprochement franco-allemand, de dénoncer l’attentisme de la Ligue des droits
de l’homme... Il semble néanmoins que Michel Alexandre supervisait l’ensemble des articles,
comme en témoigne sa correspondance. Il choisissait les articles que lui envoyaient ses
collaborateurs et composaient lui-même l’ordonnancement des annexes. Nous ignorons encore
s’il y travaillait tout seul et quelles étaient les coupes qu’il entreprenait. Mais sa correspondance
nous permet de penser qu’il eut cette fonction centrale? Fut-elle un tant soit peu « censoriale » ?
Nous nous refusons de le croire. Directive plus probablement. L’antiparlementarisme d’André
Buffard par exemple, auquel s’opposait aimablement Michel Alexandre, s’exprime librement
dans certains articles. La violence résolue et menaçante de Lucien Cancouët ne semble pas non
plus avoir eu de bride, malgré une certaine désapprobation du Maître. Jeanne Alexandre ironisera
en octobre 1928 : « Notre Cancouët, cheminot syndiqué, prend figure de dictateur4 ». Michel
Alexandre devait suggérer et laisser la liberté : « Peut-être aussi [...] faudrait-il resserrer un peu ça
et là le rappel des exploits de jadis. — Décidez5. » Tel est le genre de consigne qu’il pouvait
donner. Cela dit, l’organisateur distribuait les sujets selon l’actualité, mais toujours en amitiés :
« Je crains que votre « anti-Caillaux » (pas eu le temps de le relire) semble peu d’actualité.
J’aimerais mieux votre La Fouchardière, et tout autre papier sur le Drame-Imposture de cette
semaine. Tâcher de m’envoyer cela le plus tôt possible. Ce sera bien utile. Alors, on fait grève
lundi6 ? »
Cette liberté allait trouver ses limites dans la lutte antifasciste. Une lettre du 29 mars 1934, que
nous reproduisons presque intégralement, étant donné son importance, atteste des différences
possibles entre les hommes et les tendances, au sein de l’équipe des Libres Propos, de cette
propension à accepter les divergences d’opinion, mais aussi de la réalité et de la profondeur du
doute politique auquel ces intellectuels étaient confrontés :
« [...] je suis presque content d’avoir résisté, sans le vouloir, au mouvement de surprise que
votre premier article, favorable en somme à une révolution ou « rénovation » de forme fasciste,
avait provoqué » en nous et autour de nous. Nous nous sommes souvent « engueulés » —
toujours vainement, mais toujours aussi avec l’estime et la bonne humeur que nous préservons,
entre nous, de toute atteinte. Vous croyez que nous ne vous comprenons jamais, et je crois bien
entendu vous comprendre à merveille. J’ai même depuis un an assez souvent penché (Hitler,
Mussolini...) du côté où vous vous laissez maintenant entraîner, pour être très sensible à la
force de vos raisons. Vous me parlez de Valois (cf. aussi bien Dominique, de Jouvenel Bertrand,
etc.) et j’ai eu l’occasion depuis un mois de l’approcher de très près, lui et son groupe. Tout
pesé, — et malgré les difficultés certaines de notre position (qu’au reste vous exagérez comme
toujours) — tout pesé, nous restons Républicains et même Parlementaires — premièrement
parce que nous jugeons de vos Dictatures comme vous en jugeriez si vous les subissiez [...] —
secondement parce que nous ne croyons à aucun miracle et n’admettrions de coup de balai
révolutionnaire qu’à toute extrémité, et de la part seulement des bons bougres communistes
(pas du tout de vos messieurs de l’Ordre moral rajeuni) — troisièmement parce que, Dieu
merci, la partie démocratique n’est nullement perdue, ni même sérieusement engagée encore au
cœur du pays (comment vous qui êtes d’un pays réel, pouvez-vous nourrir tant d’illusions
parisiennes? Vos « changements » sont tellement de surface urbaine... et bourgeoise!). La
masse française est encore à peine touchée par tous les nouveaux bobards — ça pourra venir,
mais il est temps pour nous de veiller et lutter1 [...] »
«Les modifications avaient été proposées parce que vous aviez autorisé les metteurs en pages
à modifier et à recoudre. [...] Il va de soi qu’à l’avenir [...] votre texte sera toujours transmis
directement aux mains ouvrières. Il faut que l’attitude que vous définissez comme vôtre soit
représentée aussi aux LP4 ».
1. Lettre de Michel Alexandre à André Buffard du 29 mars 1934, op. cit. (c’est nous qui soulignons).
2. Celui-ci n’apparaîtra pourtant plus dans les colonnes des Libres Propos, mais fera partie du conseil de l’AAA
dès 1951.
3. Simone Weil « nous a couverts d’injures pour avoir suivi le cadavre de Briand et s’en est décidée à écrire
quelque chose sur le Renégat pour les LP », écrit J. Alexandre à J. Laubier en mars 1932.
4. Lettre de Jeanne Alexandre adressée le 16 nov. 1928 à Jean Laubier (cf. archives de Nîmes : Ms 801-V-1).
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 135
Plus nette la réticence à publier la lettre d’Allemagne de Raymond Aron en novembre 1932,
pourtant non dépourvue de lucide vigilance1 :
« [...] d’après la tournure des événements en Allemagne, vous jugerez sur épreuve ce qu’il faut
ou non conserver de la lettre d’Aron (je m’en rends mal compte). Il s’est bien mis dedans (nous
tous un peu d’ailleurs), prévoyant un Papen inébranlable2 ! [...] Peut-être la corriger un peu ou
couper [...] »
Cela s’applique bien évidemment aux Feuilles libres et à Vigilance : dans une lettre de mars
1935, Monique Morre-Lambelin rapporte à Michel Alexandre le feu vert donné par Alain à un
article de Georges Canguilhem : « Ce travail me paraît bien et je proposerais de le publier sans
changement au C. de V.3 ». Nous avions évoqué, dans un précédent travail, les consignes
qu’Alain pouvait donner, riant de son autorité4. Relevons ici, dans une lettre de Michel
Alexandre, un autre exemple de « dictature5 » :
Par ailleurs, la question se pose également pour les titres des articles qui font la dynamique de
la revue, son ton polémique, ironique ou provocateur. A lire certaines lettres, il semblerait que le
titrage soit parfois l’œuvre de Michel Alexandre, sans doute avec l’accord des rédacteurs.
Il y a deux sortes de fraternités intellectuelles : celle qui se projette dans la lutte politique, et
celle exclusivement intellectuelle, à laquelle ne s’associe aucune action politique. C’est à la
première que Michel Alexandre fait allusion lorsqu’il invite André Buffard : « Viendrez-vous avec
plaisir à un dîner approximativement hebdomadaire où viennent bavarder une douzaine de
Ligueurs hérétiques : Cancouët, Challaye, Demartial, Michon et quelques autres [...] restaurant du
Printemps (sic)8 »? D’autres dîners ou rendez-vous apparaissent dans la correspondance : on y
trouve, entre autres, Georges Lapierre9, Georges Boris10, Jean Duval11... Il serait certainement
« Très faibles. Mais Maritain m’a fait impression par une assurance et un « allant » à la Hitler
[sic] ; une doctrine, même creuse, fait armure. Il aurait fallu le bousculer, et Brunschvicg
planait. Peu importe2. »
Certains, comme Georges Demartial, Félicien Challaye, Léon Emery ou Charles Gide, sont si
étroitement soutenus par les Libres Propos et si fidèlement accompagnés qu’il serait intéressant
de connaître, non seulement leur propre attachement aux valeurs aliniennes, mais aussi la
structure de leurs relations, l’identité de leur alliance. Félicien Challaye, membre du Comité
directeur de la LDH est aussi l’un de leur principal représentant au sein de la Ligue3. Tous ces liens
restent à établir dans leur quotidien pour en comprendre la substance et déterminer le caractère
offensif de la structure alinienne.
L’analyse du réseau nous conduira à nous interroger sur des personnalités aussi mystérieuses
que Jouhet-Vigueur4, qui « s’intéresse réellement aux LP », enthousiasmé, entre autres, par le
premier article de Simone Weil sur l’Allemagne5. Nous nous arrêterons également sur la
collaboration d’un socialiste comme Georges Michon6 qui écrira deux textes pour les Libres
Propos, l’un en février 1933, l’autre en octobre 1934, et dont le nom apparaît souvent dans la
correspondance; nous nous intéresserons, parmi d’autres manifestes, à celui intitulé « Contre la
guerre, contre l’union sacrée », de juin 1935, qu'aucun journal de gauche n'aurait reproduit, signé
entre autres par : « Benichou, Bataillon, Bernier, Bouët, Challaye, Chambelland, Colliard, Doriot,
Dumoulin, Ganivet, Giono, Guilbeaux7, Guy Jerram, Hérard, Hagnauer, Itard, Louzon8, Martinet,
Michon. Monatte, Paz, Philip9, Pivert, Poulaille. Ulmann, Vauthier10, S. Weil, Wullens »11. Il faudra
revenir sur les liens qui unissent Jean Giono à Alain, dans et au-delà du pacifisme intégral, et se
9. Entre autres, fondateur de L’Ecole libératrice en 1929 (Cf. J.-L. PANNÉ, Cl. PENNETIER, in DBMOF,
vol. 33).
10. Entre autres, fondateur de La Lumière en 1927 (Cf. Cl. ANDRIEU, in Dictionnaire des intellectuels, op.
cit., pp. 197-198).
11. (1873-1949). Membre du Parti socialiste et de la LDH (cf. notice in DBMOF, op. cit., vol. 26).
1. Cf. P. CHENAUX, « Etienne Gilson », in Dictionnaire des intellectuels, op. cit., pp. 641-642. Il existe une
lettre de lui dans la correspondance de J. et M. Alexandre à Nîmes. Nous n’en avons pas encore pris
connaissance.
2. Lettre de M. Alexandre à Jean Laubier du 22 mars 1931 (Nîmes, Ms 801-V-1).
3. Il admirera la « densité et le sérieux de la section » amiénoise de la Ligue dirigée par Jean Laubier (cf. lettre
de M. Alexandre à Jean Laubier du 21 novembre 1932 (Nîmes, Ms 801-V-1).
4. Nous n’avons rien retrouvé encore sur ce personnage.
5. A l’instar de « beaucoup de gens « compétents » sur l’Allemagne », précise M. Alexandre (cf. lettre de M.
Alexandre à Jean Laubier du 21 novembre 1932, op. cit.).
6. Cf. J.-L. PANNE, in DBMOF, op. cit., vol. 36. Georges Michon participera activement aux Feuilles libres.
7. Cf. N. RACINE, in DBMOF, vol. 31. Les Libres Propos se mobiliseront avec Europe pour défendre Henri
Guilbeaux à partir de nov. 1932, condamné à mort par contumace pour ses activités pacifistes pendant la
Grande Guerre, notamment auprès de Romain Rolland. Cf. M. MARTINET, in LP, nov. 1932, pp. 581-583.
8. Quid de Robert Louzon (cf. C. CHAMBELLAND, in DBMOF, vol. 35), dont les Libres Propos publieront
avec enthousiasme certains articles tirés de La Révolution prolétarienne ?
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 137
pencher sur la rupture avec Romain Rolland, après une « admiration de trente années qu’un
instant et un différend suffisent à renverser1 »
Le second type de fraternité concerne d’abord les grandes amitiés (Elie Halévy, Paul Valéry)
qui, du reste, ne sont exemptes ni de discordes, ni d’amertumes. Viennent ensuite les relations
cordiales, le plus souvent teintées d’admiration mutuelle (Roger Martin du Gard, André Gide,
Jean Schlumberger...). Nous ne les détaillerons pas ici. La correspondance d’Alain, répertoriée
dans les sources, en donne un aperçu suffisant. En revanche, les relations tumultueuses avec
Emmanuel Berl nous intriguent, car il plane une ombre sur leurs rapports. La question nous
intéresse surtout dans le cadre des relations établies dès 1932 avec l’hebdomadaire Marianne.
Il conviendra également de replacer les différentes critiques littéraires dans le cadre de telles
affinités. Ainsi de Léon Letellier2, ancien mousse, devenu disciple de Lagneau, chaleureusement
salué en 1924. Et nous entrevoyons avec Jean-Richard Bloch les difficultés rencontrées par Jeanne
Alexandre dans son labeur :
« [...] vous dites imprudemment que vous avez aimé relire le 2e Destin de J. R. B. Moi je
n’arrive pas à m’emballer fort sur ce J. R. B. là. Voudriez-vous faire un compte rendu du
bouquin pour les LP ? [...] J. R. B. serait très content d’avoir de vous un témoignage (moi j’ai
usé et abusé de toutes mes formules admiratives à son sujet) et ce serait une réparation. [...]
J. R. B. est très chatouilleux dans l’empressement qu’on met ou qu’on ne met pas à parler de
ses œuvres3 ! »
9. On retrouve le socialiste André Philip (cf. G. MORIN, J. RAYMOND, in DBMOF, vol. 38) dans les Feuilles
libres de la quinzaine. Le DBMOF ne le mentionne pas.
10. On retrouve Raymond Vauthier (cf. DBMOF, vol. 42) dans les LP pour tout ce qui concerne le Service civil
international.
11. Cf. LP, août 1935, p. 375. N’y a-t-il pas dans cette liste une résonance de proximité avec le réseau alinien
(nous avons souligné les noms les plus significatifs pour notre étude) ? La plupart de ces signataires ont une
notice dans le DBMOF.
1. Lettre de J.-R. Bloch à J. et M. Alexandre du 7 février 1936 (Ms 801 V (4-5)).
2. Son fils Pierre est l’ami intime de René Château (cf. J. F. SIRINELLI, Génération intellectuelle..., op. cit.,
p. 482).
3. Lettre de J. Alexandre à Jean Laubier du 22 mars 1931 (Nîmes, Ms 801-V-1).
4. Lettre de M. Alexandre à J. Laubier du 11 novembre 1931(Nîmes, Ms 801-V-1).
5. Ibid.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 138
Roth dénoncera le nationalisme en novembre 1933 et en avril 1934 —, mais qui n’exclut pas
certains sujets de concorde. Ainsi note-t-on une assez forte présence de l'idée religieuse, voire
de l'Eglise, lorsque les luttes convergent, sur la paix, la justice ou la misère sociale : de l'abbé
André Bach dénonçant le péril de la guerre de destruction massive dans Le Soir, à la
commémoration de l’encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII (1878-1903) sur la condition
des ouvriers, en passant par les encycliques à caractère social de Pie XI et de son action auprès
de la Société des nations (SDN) pour condamner le nationalisme…
Le nombre des Propos et des articles de « couverture » touchant de près ou de loin la religion
suffit à illustrer la possible compatibilité entre anticléricalisme et idée religieuse. Ces « athés
presque chrétiens »1 ont bel et bien des racines judéo-chrétiennes. Du reste, pour Alain, « toutes
les opinions de religion sont politiques2 », et comme « tout est politique » dans les Libres Propos,
« malgré l’apparence »3, il est assez naturel qu’elles poignent ici et là. De plus, un pratiquant
comme Jean Guitton4 semblait trouver chez Alain une certaine forme de spiritualité :
« Je suis un ami d'Alain très singulier ne l’ayant jamais vu, n'ayant reçu de lui qu'une lettre, et
étant très catholique, catholique autant qu'on peut l’être. Malgré cela ou plutôt à cause de cela,
je le porte dans mon cœur et je le lis souvent. Bien des gens m’ont dit que l'on voyait à mon style
que j'avais été son élève. Et ce n’est pas vrai5 ».
Lucien Cancouët de son côté ne semble pas hostile aux syndiqués chrétiens, comme on peut
le lire en septembre 1930 :
« Oui! on peut dire que la victoire ouvrière du Nord revient en grande partie à la C. G. T., sans
toutefois oublier les syndiqués chrétiens qui ont dépassé leurs chefs et leur ont montré ce
qu'était le syndicalisme. Quant aux Communistes, ils ont été violents et pitoyables. Du verbe et
du vent6. »
Nous avions évoqué, dans notre précédent travail7, la religiosité de certains écrits de Jeanne
Alexandre lorsqu’elle évoquait la figure du Christ et la force de son catholicisme social. Relevons
également la « publicité » faite à Sept, en mars 1934, cet hebdomadaire catholique tout juste
lancé par la Vie intellectuelle, dans lequel écrira Etienne Gilson, dont nous avons évoqué la
rencontre autour de Jacques Maritain et Léon Brunschvicg. Avec tout cela, les sympathies, déjà
relevées en première partie, pour des personnalités comme Marc Sangnier, Emmanuel Mounier
ou Gustave Dupin, nous invitent à réfléchir, notamment dans le cadre d’une analyse de réseau,
aux liens qui unissent les pacifistes intégraux de souche alinienne aux catholiques en particulier,
mais aussi aux protestants ne serait-ce que par leur attachement à Charles Gide.
Vigilance et influence
Alors qu’au lendemain de la Grande Guerre, Alain avait « vainement cherché » des tribunes
pour s’exprimer, plusieurs s’offrent à lui dès les premiers mois de 1927. C’est que « la politique
se refaisait pressante »1. Cette évolution remarquée par Jeanne Alexandre atteste du lien qui
unissait Alain à la politique. Pourtant, nous le verrons, « l’Homme » ne voulait pas croire à la
puissance de la presse : « Un journal exprime ceux qui le lisent et ceux qui l’aiment. [...] Un
journal ne peut pas changer une opinion2 ». Néanmoins, il lui donnera toujours un devoir de
vigilance. « La Vigilance aux yeux ouverts » réclamait-il, alors que l’organe du CVIA sombrait dans
la division.
A propos du Rassemblement universel pour la paix, Rachel Mazuy note : « [...] ce groupe de
pression, déclarant vouloir agir pour la paix et non en parler, n’a pas réussi à influencer les
gouvernements successifs, ni à faire aboutir une réforme de la SDN3 ». De la même façon, Nicolas
Offenstadt conclut : « Si, à l’évidence, la LICP n’a pesé d’aucun poids sur les décisions politiques
françaises dans les années trente, on est en droit de penser que l’ensemble de ses activités a
contribué à susciter, entretenir, voire développer le sentiment pacifiste de nombreux Français4. »
Que faut-il penser alors de l’influence d’un « groupuscule » comme celui des aliniens? « Il semble
bien que l’influence politique d’Alain ait été « de son vivant à peu près nulle »5 », écrit Jean-
François Sirinelli, rapportant une réflexion de Claude Nicolet6, avant de poursuivre :
« L’impression est confirmée par Jacques Kayser, qui n’a jamais entendu parler d’Alain dans les
réunions radicales de cette époque. Et Edouard Herriot n’a-t-il pas écrit, après la mort d’Alain,
dans Preuves d’août 1951 : « Somme toute, Alain m’apparaît surtout comme un poète [...] »,
niant ainsi indirectement toute influence politique du philosophe sur le parti [...]?»
Malgré le peu de part laissée au doute, la question nous semble rester un objet d’étude
intéressant. Du reste, le témoignage d’un Edouard Herriot — « qui a mieux que n’importe qui
démoralisé la démocratie7 » —, sans cesse malmené dans les colonnes des Libres Propos,
brièvement mis au ban de la Ligue des droits de l'homme par les bons soins, entre autres, de
Michel Alexandre, n’en fait pas un témoin très objectif. Par ailleurs, que la pensée d’Alain n’ait pas
sa place dans les couloirs de l’Assemblée nationale ou aux réunions radicales ne nous surprend
pas. Rarement sujette à polémique, elle est un objet de méditation et une nourriture pour le
doute. Aussi bien la rhétorique politique s’en accommode-t-elle difficilement. Ce n’est finalement
pas l’influence directe qui compte à nos yeux, mais celle qui aura indirectement et durablement
investi les consciences.
L’enquête continue
Enfin, notre étude concerne le réseau alinien dont l’influence s’exerce parallèlement, mais
indépendamment des écrits politiques d’Alain. « Jean-Richard Bloch, Michel Alexandre, Albert
Thomas, qui occupaient une place si importante dans les réseaux intellectuels du monde
socialiste1 », écrit Michel Prochasson dans son étude sur Les Intellectuels, le socialisme et la
guerre. Occupe-t-on une place importante dans de tels réseaux sans posséder la moindre
influence? Pour Simon Epstein, Alain est « le penseur principal, et prolixe, du pacifisme français
des années 1920 et 19302 ». Mais comment juger avec justesse de l’influence sur le pouvoir
d’une pensée assez « dangereuse » pour en rejeter l’exercice et en prescrire le strict contrôle ?
Par ailleurs, cette « République des professeurs3 » ne se prête-t-elle pas particulièrement bien
à l’exercice d’une influence de l’un de ses plus éminents enseignants? Dans ce cadre-là, nous
pourrions nous pencher sur le parcours de personnalités passées de près ou de loin par la classe
d’Alain, à l’instar d’un Léo Lagrange, « l’un des membres de la SFIO les plus introduits dans les
milieux intellectuels », « l’une des voix écoutées de la tendance Bataille socialiste », « l’ami intime
de Jean Prévost et figure dominante du cercle d’André Malraux »4.
Et que penser de la surprenante réforme politique, économique et intellectuelle — évoquée
en première partie5 : « esquisse des réformes républicaines les plus urgentes à réaliser6 » —,
proposée par Michel Alexandre et développée dans les colonnes des Libres Propos de mars à
avril 1934 :
Quel fut l’impact de ce travail — du reste inachevé, puisque nous n’avons pas retrouvé de
propositions sur la réforme intellectuelle — et comment s’intègre-t-il à la vague des réformes
envisagées à cette époque2, notamment au sein de la dynamique non-conformiste dont
l’historiographie semble avoir exclu les aliniens? Nous pensons qu’une étude approfondie des
correspondances, des journaux, des mémoires qui sortent du réseau alinien ou qui lui sont
proches, pourrait nous apporter un certain éclairage, qu’il s’agisse d’influence directe ou de
capacité à se faire entendre. Car la question se pose aussi de savoir si les aliniens ont un tant soit
peu été écoutés. Ont-ils seulement existé dans les débats qui agitaient la IIIe République? Nous
pencherions vers l’affirmative. Il reste à le démontrer.
Impressions aliniennes
Il conviendra également d’apprécier l’idée que les aliniens eux-mêmes se faisaient de leur
influence, car tout au moins ne doutaient-ils pas de leur volonté : les Libres Propos étaient « écrits
pour intervenir dans le jeu des puissants3 ». En octobre 1935, Georges Bénézé, dans une lettre à
Michel Alexandre, mettait en doute son action face à l’extrémité de la conjoncture : « Il me
semble que toutes les suggestions que je pourrais faire sont en ce moment inutiles, parce que les
partis, les plans, les projets sont trop lancés pour qu’un livre ou un journal combattant soit de
quelque poids ». Et de poursuivre par cette image prémonitoire : « Je leur souhaite seulement de
ne pas se heurter à un mur et de ne pas s’écraser aux pieds du rempart dont ils auront méconnu
la hauteur et les fossés4 ». Alain, quant à lui, dans une lettre adressée à Henri de Man5, donne son
impression, en 1927, sur la question de son influence sur les hommes politiques :
« Ce que l’on dit de l’influence que j’aurais sur les hommes politiques est faux. [...] J’écris en
soldat de la guerre et en citoyen. [...] Mon enseignement n’a pas plus d’influence politique que
je sache sur mes élèves. Mes articles de politique ont eu beaucoup de lecteurs [...] en
Normandie au temps de ma collaboration à la Dépêche. Depuis la guerre ils sont moins lus,
mais ils sont lus par un cercle d’hommes cultivés dont quelques-uns sont radicaux à ma
manière. Mais parmi mes lecteurs les plus fidèles, il n’en manque pas qui font des réserves au
sujet de mes opinions politiques. En revanche je suis persuadé que la masse des radicaux, qui
ne me lit guère, m’approuverait sans restriction. Mais peut-être suis-je mauvais juge en tout
cela6...»
Réponse riche en perspectives et qui invite à l’investigation, car elle laisse supposer, entre
autres, qu’Alain n’a pas besoin d’influencer pour fédérer. Néanmoins, cette idée de l’influence
politique d’Alain (dont lui-même veut douter1) semble particulièrement prégnante chez ses
« anciens élèves qui s’imaginent [qu’il a] de grands pouvoirs2 ». La crise de Munich en apporte
une illustration contradictoire, puisque nous voyons Alain écrire et s’engager personnellement
auprès d’hommes politiques comme Léon Blum, Edouard Daladier, Georges Bonnet3, Jean
Mistler4 et Anatole de Monzie5. Quoi qu’il en soit, Alain pouvait difficilement admettre une
quelconque influence sur les politiques dès lors qu’il affirmait :
«Je n’écris pas pour ceux qui cherchent le pouvoir; ceux-là me sont dès maintenant suspects et
me seront quelques jours ennemis. J’écris pour ceux qui ne font point métier de politique, et
qui voudraient bien qu’on ne se moque pas d’eux6. »
D’autre part, derrière l’incertitude se cache l’ambiguïté d’une influence moins honorable et
que l’histoire retiendrait plus volontiers : nous voulons parler de l’itinéraire d’un politique comme
Marcel Déat, ancien élève d’Alain, disciple de cœur et proche du réseau alinien : ici, vigilance et
influence se recoupent. A cet égard, les aliniens n’étaient pas sans éprouver une certaine
méfiance vis-à-vis du futur dissident socialiste7. Dans une lettre de juillet 1933, Michel Alexandre
s’interroge : « Qu’est-ce que la doctrine Déat ou Marquet? « Fascisme de gauche » ? Ou simple
radicalisme rajeuni? — etc. — Chaos à démêler8 ».
Dès sa découverte des Libres Propos, Roger Martin du Gard semble vouloir rapprocher Alain
et André Gide, en témoigne cette lettre de février 1923 :
« André Gide, agacé de voir le plat qu’on fait autour de « Maurras penseur », m’a dit, et cela
tout dernièrement : « Le penseur d’aujourd’hui, ce n’est pas Maurras, c’est Alain. A propos je
vous signale un important article du même A. G. dans la Revue de Genève de janvier sur l'Avenir
de l’Europe. Plein de suggestions. Il est des vôtres ; vous vous en apercevrez de plus en plus9. »
« Je crois d'ailleurs que vous ignorez vous-mêmes son retentissement. J'en ai encore eu la
preuve dernièrement chez Paul Desjardins, à Pontigny, où étaient réunis un nombre respectable
d'écrivains et de lettrés, et où il a été plusieurs fois question des Libres Propos comme d'une
entreprise d'une importance exceptionnelle, classique et incontestée. On est toujours les
derniers à savoir ces choses-là quand on est au centre du mouvement. [...] La pensée d'Alain et
de son groupe travaille plus ou moins secrètement et ensemence un grand nombre d'esprits,
parmi les meilleurs. Cela ne fait aucun doute pour moi : et je m'attriste de penser que peut-être
vous ne vous en douterez pas avant des années1 ».
Une étude approfondie de la correspondance ne pourrait-elle nous donner une juste mesure
de l’imprégnation dans les esprits de l’œuvre contenue dans les Libres Propos ? Notons, en
particulier, l’admiration pour Alain exprimée par le démographe et économiste Alfred Sauvy, qui
dit s’être inspiré des Propos d’Economique (1934) pour son étude sur le « chômage chronique »2,
ou celle, dans la NRF, de Denis Saurat faisant du philosophe le « Montaigne du XXe siècle3 ».
Plus généralement, quelle place tiennent les idées aliniennes auprès des instituteurs, dans les
collèges et les lycées qui recevaient les Libres Propos ou, tout au moins, l’organe du syndicat
national des instituteurs, l’Ecole libératrice, qui publia 74 Propos inédits4, en particulier entre
1933 et 1936?
Pour commencer, il faudra aborder l’importante question de l’influence d’Alain sur les siens.
Nous y reviendrons dans l’analyse des divisions qui accompagneront l’entrée en guerre. Mais
d’ores et déjà, notons qu’Alain peut aussi diviser, et sans doute le jeu des « contradictions » du
philosophe permet-il l’échange de raisonnements qui s’opposent. Ainsi voit-on Georges Bénézé
conclure une polémique par ces mots : « Vous me renvoyez à Alain. C’est curieux! J’allais le faire
pour vous convaincre5 [...] ».
Certains disciples comme Raymond Aron reviendront sur leur sensibilité alinienne. Et Jean-
François Sirinelli relativisera le reniement affiché après la guerre par cet important collaborateur
des Libres Propos d’avril 1928 à février 19336. L’évolution de son regard — qui va de sa courte
9. R. MARTIN DU GARD, « lettre à Michel Alexandre du 5 février 1923 », in Bulletin de l’AAA, n° 27, déc.
1968, p. 120 (citée dans la Correspondance générale III de R. Martin du Gard, op. cit., pp. 207-208).
1. R. Martin du Gard, Correspondance Générale III, op. cit., lettre à J. Alexandre du 6 sept. 1922, p. 179.
2. Cf. lettre d’Alfred Sauvy (12 déc. 1936), supra p. 93. Cf. M. MARGAIRAZ, in Dictionnaire des intellectuels,
op. cit., pp. 1259-1260.
3. Cité par M. Alexandre dans une lettre à J. Laubier du 31 oct. 1932 (Nîmes, Ms 801-V-1).
4. Calcul effectué à partir de notre Annexe 1.
5. Lettre adressée à Michel Alexandre (s.d., archives de Nîmes, op. cit.).
6. A cette date, la revue publie son dernier article : « Réflexion sur le pacifisme intégral » à propos de la
brochure La Paix sans aucune réserve, de Félicien Challaye (cf. LP, 25 février 1933, pp. 96-99).
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 144
étude dans Psychologie et la vie (1928), jugé par Jeanne Alexandre « tout à fait bien, simple et
franche1 », à ses « Remarques sur la Pensée Politique d'Alain », dans la Revue de Métaphysique
et de Morale (1952), en passant par son article publié dans La France libre, intitulé « Prestige et
illusions du Citoyen contre les Pouvoirs » (1942) — a ceci d’intéressant qu’elle illustre bien le
phénomène de désenchantement dont Alain a été victime après la guerre, ressenti
douloureusement, aujourd’hui encore, par ses principaux lecteurs. Jadis inattaquable, comme le
décrivait Elie Halévy2, Alain est devenu subitement « facile » à abattre : en cause, bien sûr, le
pacifisme intégral. Nous y reviendrons. Auparavant étudierons-nous l’évolution de l’influence
d’Alain sur les siens, tout au long de l’entre-deux-guerres, et les résistances qui lui seront
opposés; ce à quoi il aspirait, au-delà de toute fidélité.
Inversement, nous essaierons de percevoir, chose plus rare, quelle a été l’influence des
aliniens sur le maître, c’est-à-dire leur rôle dans l’évolution de sa pensée, si rôle il y eut.
Les pacifistes intégraux ont été en relation avec un grand nombre de ligues, d’associations et
de comités — comme la Ligue des femmes pour la paix et la liberté3 (LIFPL) de Gabrielle
Duchêne, la Volonté de Paix et le Comité international d'action et de propagande pour la paix et
le désarmement de Madeleine Vernet et Félicien Challaye, ou l’association Amicale de secours
aux anciens élèves de l’Ecole normale supérieure4 — qu’il serait intéressant non seulement de
répertorier, mais aussi d’analyser dans le cadre de notre recherche. Parmi ces groupes, deux
mouvements ont eu particulièrement maille à partir avec les aliniens : la Ligue des droits de
l’homme (LDH) et le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). Nous aurons
également à nous pencher sur le Centre syndical d'action contre la guerre5 — auquel participent
activement Michel Alexandre et les siens, et sur lequel il n’existe, à notre connaissance, aucune
étude — ainsi que sur la place de la coopération dans le réseau alinien, dont Charles Gide et
Claude Gignoux sont d’importantes figures.
« En 1921, c’était déjà la rupture morale entre Alain et la LDH1 », écrit Jeanne Alexandre. Et,
en effet, l’Union sacrée avait été à l’origine d’une profonde division à l’intérieur de la ligue,
opposant aux partisans de la guerre du droit une minorité batailleuse, mais pacifiste à l’extrême.
Une « dissidence » qui n’empêchait nullement l’influence de s’exercer, en témoigne le
retentissement dans les sections de la Ligue du Propos XXXIV d’août 1927 que « l’on retrouve en
tête du bulletin de deux des plus vivantes fédérations de la Ligue, celles de la Drôme et de
l’Ardèche, avec cette mention : « Que nos Ligueurs lisent avec soin ces propos écrits par un des
hommes qui défendent le mieux dans notre pays la liberté et la paix »2 ».
Un grand nombre d’aliniens étaient membres de la ligue. Certains comme Michel Alexandre
y étaient même particulièrement influents. Ce dernier formait avec Léon Emery, Gaston Bergery
et Félicien Challaye le noyau dur de cette poche de résistance. Minorité qui, au congrès de Nancy,
en avril 1934, obtint l’exclusion d’Edouard Herriot, le temps d’une procédure d’appel qui
aboutira à la réintégration de l’« accusé » et provoquera la démission de Michel Alexandre lui-
même.
Par ailleurs, pendant les années qui ont précédé cet événement majeur dans l’histoire de la
Ligue, la LDH a été l’une des cibles favorites des Libres Propos, et Michel Alexandre n’aura pas
de mots assez durs pour condamner son inertie dans la lutte pour la paix et l’impéritie de ses
chefs : « La Ligue des droits de l’homme paraît vraiment s’agiter contre ses chefs indignes3 »
écrit-il avec satisfaction en février 1928. Car ce sont surtout les hommes du Comité central qui lui
posent problème, surtout à partir de 1927, quand tombe la loi Paul-Boncour, à laquelle il
s’oppose avec la plupart des pacifistes. Les Cahiers des droits de l’homme, par la voix d’Emile
Kahn, traiteront à cette occasion les Libres Propos et Europe « d’affreux faussaires », bien que les
Libres Propos aient été les seuls, nous l’avons vu, à reproduire textuellement les articles de la loi :
« la guerre rampe dans tous les journaux et même au congrès de la LDH4 » s’affligeait Michel
Alexandre en juillet 1927.
Les aliniens entreprendront alors d’infiltrer massivement la ligue afin de la détourner, par le
nombre, de la ligne choisie par la majorité, notamment en « janvier ou février 1929 », à l’occasion
du vote par la Chambre du budget militaire :
«[...] on alla se faire inscrire en nombre aussi grand que possible à la XIVe section de Paris,
qui était présidée par le mathématicien Hadamard, un de ceux qui, dans la Ligue, s'opposaient
à notre pacifisme. Simone non seulement y entra elle-même, mais y fit entrer ses parents. On
y entraîna aussi des cheminots5 de la rue Falguière. [...] Hadamard se trouva en minorité dans
sa propre section6. »
« Avez-vous pénétré à la LDH de Poitiers? » demande encore Jeanne Alexandre à Jean Laubier
en avril 1929. Finalement, on le voit, l’opération réussit : « On a un travail absolument fou ici, mais
les « affaires » marchent. Il se confirme que l’action exercée sur la LDH a été profonde. On va
pénétrer aux Cahiers1 [...] ». En 1930, on apprend dans une lettre de Jeanne Alexandre, que
« Cancouët veut aller au congrès de la LDH présenter le projet de Constant Petit de referendum
sur le désarmement, il promet de « sonner » tout le monde2 ». En 1931, c’est Georges
Canguilhem, dit « le Fauve », qui exige que les Libres Propos « remu[ent] ciel et terre (Députés,
LDH, etc.) » pour faire révoquer un colonel de Montpellier : commentaire de Jeanne Alexandre :
« Occasion rare en effet. Scize3 très insuffisant. On va essayer4 », etc. Autant de pistes à suivre...
Une étude des sections pacifistes de la Ligue des droits de l’homme, de leurs liens avec le
réseau alinien et de l’influence directe ou indirecte de ce dernier sur l’organisation, enrichirait
certainement son histoire, mais aussi celle des pacifistes intégraux.
Le CVIA est fondé en mars 1934 — à la suite des événements du 6 février — sous le patronage
d’Alain, de Paul Rivet et de Paul Langevin, incarnations des trois principales tendances politiques
de la gauche : respectivement, le parti radical, le parti socialiste et le parti communiste. Leur mot
d’ordre allait être l’un des grands thèmes du Rassemblement populaire : la vigilance contre le
fascisme. Composé en majorité d’enseignants, le Comité agissait « au service des organisations
ouvrières5 », ce qui ne pouvait que convenir à l’équipe des Libres Propos, qui comme l’indique
Jeanne Alexandre allait vite devenir l’auxiliaire de l’organe du comité6.
Mais pourquoi le choix d’Alain pour incarner la tendance radicale? « Au sein du parti radical
[...] des hommes comme Albert Bayet [...] ou André Chamson pouvaient être écoutés —
beaucoup plus, à l’évidence, que le trop pacifiste, trop anti-militariste et trop théorique Alain7 »,
écrit Pascal Ory lorsqu’il évoque, dans La Belle illusion, « l’organisation originale » mise sur pieds
par les intellectuels du Front populaire. Par ailleurs, Alain — certes rarement écouté, mais plus
souvent lu — avait pris sa retraite depuis un an. Les réunions et conférences du CVIA, il n’y
participait que de loin, s’appuyant sur Michel Alexandre pour le représenter et lire ses textes. La
lettre d’Alain adressée au couple Alexandre en avril 1934 en dit long sur ses espoirs — du reste,
il n’a jamais cru aux vertus des rassemblements; devant les difficultés exprimées par Michel
5. L’activité du cheminot Lucien Cancouët à la XIVe section de Paris est aussi déterminante de ce point de vue.
En décembre 1932, il fut le premier des non-élus à l’élection du comité central avec 48900 voix, le dernier élu
ayant recueilli 57000 voix (cf. « Impressions de congrès », in LP, janvier 1933, pp. 29-31)!
6. S. PETREMENT, La Vie de Simone Weil, op. cit., pp. 133-135.
1. Lettre de J. Alexandre à J. Laubier du 22 avril 1929 (Nîmes, Ms 801-V-1).
2. Lettre de J. Alexandre à J. Laubier du 15 juin 1930 (Nîmes, Ms 801-V-1).
3. Journaliste au Canard enchaîné (une des rares critiques que nous ayons retrouvées).
4. Lettre de J. Alexandre à J. Laubier du 18 mars 1931 (Nîmes, Ms 801-V-1).
5. N. RACINE, « Le CVIA (1934-1939)...», op. cit., p. 89.
6. J. ALEXANDRE, « Esquisse...», op. cit., p. 114.
7. P. ORY, La Belle illusion, op. cit., p. 101.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 147
Alexandre d’avoir à représenter Alain au Comité, l’Homme répond : « Je comprends votre lettre.
Il est impossible de se mêler d’assemblée politique par procuration » et conclut par ses mots :
« [...] il n’y a qu’à signer ce qui plaira à Langevin et à Rivet. C’est sans importance, car c’est
sans lecteurs, 1500 signatures, quand il en faudrait cent mille! Mais je comprends bien ces
rivalités et divisions; j’ajoute que si j’étais présent je risquerais de les aggraver (plus que
vous)1. »
Pourtant, les aliniens auront la majorité au Comité, les communistes de Paul Langevin quittant
le Bureau central en juillet 1936. Mais ce n’était pas la volonté d’Alain qui ne voyait pas dans le
CVIA un instrument politique, mais un lieu d’échange, de débat d’idées, dont « la principale
fonction [...] était tout simplement de penser2 ».
De l’influence des aliniens au CVIA, il faudra passer à celle du Comité sur le cours de l’histoire,
et compléter autant que faire se peut les études déjà effectuées par Nicole Racine et Laurence
Estival, en y intégrant une analyse des réseaux.
DANS L’ÉDUCATION
De l’influence d’Alain dans l’éducation, nous avons vu qu’il n’en était pas question dans
L’historiographie. L’objet n’est pourtant pas sans intérêt, ne serait-ce que par le nombre de
Propos sur l’éducation rassemblés en recueil (1932). Même une personnalité comme Xavier
Léon, ennemi intime d’Alain, conseille sa classe à Guillaume Guindey3, et le témoignage de
Claude Jamet — paru, certes, en 1942 — en dit long, néanmoins, sur sa force de séduction :
« [...] nous sommes des centaines comme cela qui lui devons mieux qu'une pensée : notre âme.
Alain, dans sa carrière, a formé vingt promotions de professeurs qui portent sa marque.
Répandus aujourd'hui dans tous les lycées ou collèges de France. Vingt promotions de
« philosophes » fidèles à son esprit — oui, en dépit d'eux-mêmes — et militants comme lui,
d'après lui. On les a vus au moment de Munich. Imperturbables : on les retrouve maintenant.
Combattants de la paix : toute la petite troupe (ou presque) au premier rang4. »
L’article déjà évoqué de Raymond Aron, paru dans France Libre à la même époque, donne une
interprétation nettement plus critique, mais rejoint le précédent sur le sujet qui nous intéresse :
«Alain « a formé des générations de jeunes Français dans une hostilité stérile à l'État, dans une
ignorance presque volontaire des dangers qui menaçaient la nation ». Sa responsabilité, de ce
fait, est considérable : en allant « dans le sens de la facilité » et en pensant « systématiquement
contre le mouvement historique », il a travaillé à « affaiblir encore l'État français » et a
1. Lettre d’Alain à J. et M. Alexandre, 17 avril 1934, op. cit. Les mots que nous avons placés entre parenthèses
ont été rajoutés au crayon à papier.
2. J. ALEXANDRE, « Esquisse...», op. cit., p. 125.
3. J.F. SIRINELLI, in Génération intellectuelle..., op. cit., p. 471.
4. C. JAMET, « Mon maître Alain », in Images de la littérature (recueil d'articles parus dans La France
socialiste entre le 29 novembre 1941 et le 5 décembre 1942), Paris, Sorlot, 1943, p. 113; cité par J.F.
SIRINELLI, in Génération intellectuelle..., op. cit., p. 474.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 148
fécondé « une sorte d'aveuglement volontaire » qui a dégénéré « en une sorte de grandiose
absurdité à demi intentionnelle »1 ».
Cela dit, pour reprendre l’idée de Régis Debray, les élèves d’Alain recevaient davantage
encore puisqu’ils profitaient d’un « engendrement des classes, des khâgnes et des thurnes, qui
permettait encore à un grimaud des années 1960, grâce à un professeur de Louis-le-Grand
(Maurice Savin), ancien élève d'un professeur à Henri IV (Emile Chartier, dit Alain), lui-même
ancien élève d'un professeur à Michelet (Jules Lagneau), d'avoir sous les yeux l'ombre portée d'un
saint laïc né au lendemain de 18482 ».
Quoi qu’il en soit, l’éducation et la formation des citoyens — dès leur plus jeune âge — sont
jugées fondamentales par Alain qui reviendra souvent sur la réforme de l'instruction publique,
« entendez : l'instruction primaire, la seule qui compte3 », en 1947, dans Souvenirs sans égards.
Et Maurice Savin de rappeler qu’« à la fin des Souvenirs, Alain se précipite à écrire de nouveau
l’ébauche d'un Traité des outils pour les enfants ». Un intellectuel politique comme Alexandre
Bracke-Desrousseaux4, qui exprime son admiration dans sa correspondance avec Alain, n’est-il
pas instruit des conceptions pédagogiques du philosophe lorsqu’il « fait le procès de la
pédagogie traditionnelle dans Le Populaire et, après Edmond Goblot, du Bachot-barrière5 ».
Les témoignages se succèdent, aujourd’hui encore, de professeurs, toutes disciplines
confondues, qui ont profité et font profiter leurs élèves de la pédagogie telle qu’Alain
l’envisageait. Sujet pour les Sciences de l’éducation? Sujet d’Histoire aussi, lorsqu’on se penche
sur la sulfureuse chronique de Jean Laubier « Examens des Examens », tant applaudie et sollicitée
par l’« hérétique » revue :
« Alain ne cesse de dire que l’Examen des Examens est partie capitale des L. P. et qu’il faut y
aller sans ménagement aucun. [...] Georges Canguilhem a pris à la gorge6 l’Enseignement
supérieur en introduisant la critique des sujets du bachot. Et on ne le lâchera plus. Son topo est
énorme. [...] Les L. P. vont faire régner la Terreur dans le cercle de l’Enfer réservé aux
philosophes. Le prochain n° sera envoyé, ouvert à la page E. des E., à tous les philosophes des
facultés7. »
A lire la présentation de Jean Laubier en octobre 1929, la nouvelle rubrique semblait s’engager
sur une voie utile, mais passablement anodine : « Pour commencer, on publie [...] une liste de
sujets de philosophie proposés à l'écrit ou à l'oral du dernier concours d'entrée à l'Ecole Normale
Supérieure, c'est-à-dire de questions posées par des philosophes à des apprentis philosophes ».
Mais le titre « Examen des Examens » annonce la suite, et dès le premier numéro les observations
sur le sujet se font particulièrement critiques : « Un auteur [P. P. Royer-collard] peu connu et peu
philosophe, une doctrine faible exposée en style plat, un texte mutilé, sinon faussé, voilà donc ce
qui a été offert cette année à la méditation des candidats »1. Les disciples se relaieront : on y
retrouvera Jacques Gaunuchaud, Georges Canguilhem, A. M. qui pourrait désigner André
Maurois ou cacher Michel Alexandre... Ce dernier (A. M.), en janvier 1930, « déchiquet[te]2 »
pour reprendre l’expression de Jeanne Alexandre la citation d’un « philosophe moderne » (sans
nom d’auteur) donnée en sujet au concours d’entrée de Sèvres : « En présence du galimatias
qu'on vient de lire, la première tâche du candidat était de se poser à lui même — à ses risques
et périls — un sujet réel, c'est-à-dire correctement exprimé et défini3 ». Le mois suivant, Georges
Canguilhem découvrira qu’il s’agissait d’Emile Durkheim, dont la sociologie n’était pas pour
convaincre les aliniens : « C’est Chartier qui l’autre lundi disait de Langevin et de Durkheim qu’ils
s’exprimaient d’abord par inculture4 ». Dès février 1930, Georges Canguilhem étendra la
chronique aux sujets de philosophie donnés au baccalauréat, affirmant que « l’insuffisance des
candidats peut fort bien être relative à la nature même des sujets proposés, aussi bien à
l’incohérence de leur forme qu’à l’invraisemblance des doctrines ». Ceux-ci doivent « porter sur
un problème non sur une doctrine ». Et parce que le professeur a un « devoir de critique et de
contrôle », la revue se propose d’établir une revue des sujets proposés lors des deux sessions de
l'année 1929 « aux philosophes candidats bacheliers »5.
« Oui, il faut partir en guerre contre les marchands de philo. Le bachot offre , semble-t-il, une
belle occasion. Il faudra mordre dès août, ou même juillet, et envoyer un tirage à part à tous
les profs de philo et à tous les doyens. [...] Et on fera cesser ce scandale, cette apparence du
bachot, tape à l’œil. On amènera bien les gens à définir ce qu’ils font6 [...] »
Peut-on juger de l’influence des Libres Propos lorsqu’on voit le Populaire s’inspirer de la
rubrique : « Bon signe que cette propagation de l’Examen des Examens (c’est sûrement Favières
qui a greffé cela dans le Populaire)7 » ? Et dans ce cadre-là, l’étude du réseau sera sans doute aussi
instructive, comme le suggère cette lettre du 31 juillet 1931 :
« Quant aux L.P. je pense (ayant reçu de Chevaillier8 des tuyaux scandaleux sur le concours de
l’ENS pour la philosophie) qu’il va falloir prendre une vigoureuse offensive dans les n° de
septembre et octobre : critique générale des examens de philo (bachot, licence, ENS, Sèvres,
agrégation), et de nature à inquiéter le clan Bouglé9. »
La chronique s’interrompra en octobre 1931, alors que Michel Alexandre, submergé par ses
85 élèves1 d’Henri IV et du lycée de Versailles-Sèvres, semble passer le relais de la « direction »
à Jean Laubier et Georges Canguilhem. Cela coïncide aussi avec la création de la revue
philosophique d’Arbousse-Bastide, déjà évoquée, à laquelle Maurice Savin voudrait que l’équipe
participe.
Mais leur rôle ne s’arrête pas là. Il faudra étudier la portée de toutes leurs prises de position
en matière d’éducation, notamment autour des questions de la formation militaire des étudiants,
de l’enseignement de la colonisation « pour toutes les classes2 » jusqu’au baccalauréat, en tenant
compte des relations entretenues avec des hommes politiques comme le déjà nommé Anatole
de Monzie.
Notons pour finir que certains de ses disciples ont eu des postes importants dans l’Education,
à l’instar d’André Bridoux, inspecteur général de 1941 à 1963, ou de Robert Tric, inspecteur
général de philosophie en 1958, puis successeur d’André Bridoux à l’inspection générale3. Objet
de réflexion lorsqu’on s’interroge sur le phénomène d’occultation dont Alain aurait été victime
après la guerre.
INFLUENCE ÉTRANGÈRE
La question de la reconnaissance d’Alain à l’étranger s’ouvre sur l’inconnu. Elle laisse présager
d’intéressantes découvertes. La correspondance d’Alain, en particulier, recueillie par Monique
Morre-Lambelin, révèle d’assez fortes attaches auprès de personnalités comme le théoricien et
homme politique belge Henri de Man4 qui à propos du Citoyen contre les pouvoirs et Eléments
d’une doctrine radicale écrira à Alain le 6 janvier 1927 :
« je compte attirer l’attention du public allemand sur [vos œuvres] par un article [...] à la
Frankfurter Zeitung [...]. On m’a dit que vous avez contribué à la formation intellectuelle de
plusieurs hommes politiques. [...] Il n’y a pas que le radicalisme français qui puisse faire son
profit de vos idées; sans compter l’intérêt qu’il y a, pour le public intellectuel allemand,
d’apprendre à connaître par vous la France qui mérite le plus d’être connue et qui l’est, hélas!
le moins5. »
Le ministre belge Paul Hymans fera également partie des lecteurs d’Alain et des Libres Propos.
« [Il] vient de s’abonner », écrit Jeanne Alexandre à Jean Laubier le 15 juin 1930, avant d’en
appeler ironiquement à la création d’une « rubrique mondaine ».
Nous n’avons pas encore fixé chronologiquement les traductions dont profite l’œuvre d’Alain
dès les années vingt, ni ne sommes encore très au fait de sa diffusion progressive dans le monde,
au Japon notamment. Nous savons d’ores et déjà quels étaient ses principaux traducteurs en
Allemagne (Julius Schmidt et un certain Isler1, pour Mars) et en Suisse (Jacques Stehelin). Les
rapports étroits avec Julius Schmidt — qui exprimera son national-socialisme dans les colonnes
mêmes des Libres Propos2 et ira écouter une leçon d’Alain aux agrégatifs en compagnie de
Michel Alexandre en mars 1931 — présentent bien évidemment un intérêt tout particulier3.
« Alain veut être lu en Allemagne » écrit Jeanne Alexandre, qui entrera en rapport avec un
étudiant allemand « admirateur d’Alain et qui promet grande propagande en Allemagne4 ». Par
ailleurs, relevons l’application d’un jeune étudiant français comme René Maheu5 — lecteur à
l’université de Cologne, à la suite de Raymond Aron — à propager la philosophie alinienne auprès
de ses élèves, soutenu en cela par le professeur Spitzer, jusqu’à ce que cela soit interdit par la
propagande hitlérienne : « Il m'est défendu de parler d'Alain « sous aucun prétexte et d'aucune
manière »6 ».
Nous avons moins d’éléments pour la Grande-Bretagne, à l’exception des liens qui semblent
unir le pacifiste anglais Harrison Brown à l’équipe des Libres Propos7, qui l’accueillera dans ses
colonnes en février 1931. Pierre Abraham semble faire la jonction avec la Hollande, puisqu’une
lettre de lui évoque la diffusion difficile des Libres Propos aux Pays-Bas. Sergio Solmi est
l’admirateur italien le plus connu. Un certain B. K. S. œuvre au Danemark. Il reste, bien entendu,
à en savoir plus sur ce qui pourrait constituer le réseau européen, voire international des aliniens8.
Parmi toutes les questions soulevées, il en est une qui domine, comme une finalité : jusqu’à
quand le pacifisme intégral peut-il s’observer avec bienveillance? Cette question rappelle la
conclusion de Marlis G. Steinert : « Le lecteur jugera lui-même à partir de quelle date la guerre ne
fut pas seulement probable, mais devint inéluctable : 1919, 1931, 1933, 1936, 1937 ou 19399 ».
Pour répondre, sans doute faudrait-il comprendre comment le pacifisme, force d’humanisme, a
pu ne pas s’opposer à l’Allemagne nazi, ou pour reprendre les propos de Philippe Burrin,
pourquoi le « pacifisme qui avait été d’un idéalisme généreux » devait connaître ce « lamentable
aboutissement »10 ? Un homme comme Alain, qui avec la Seconde Guerre mondiale vivait aussi
ses dernières années, jugeait « lâche11 » la collaboration, mais avait « souhaité la victoire de
1. Trouvé dans une lettre de J. Alexandre à J. Laubier du 11 nov. 1928 (Nîmes, Ms 801-V-1).
2. L’article sera signé X (cf. « Du bourrage de crâne et de l’hitlérisme », in LP, avril 1933).
3. On le retrouvera après la guerre dans le bulletin n° 22 de l’AAA, en 1965, p. 71.
4. Lettre de J. Alexandre à J. Laubier du 14 oct. 1928 (Nîmes, Ms 801-V-1).
5. René Maheu occupera après la guerre les fonctions de directeur général de l'UNESCO de 1962 à 1974.
6. Cf. la lettre de R. Maheu à R. Aron, 25 juin 1933, fonds R. Aron de l’EHESS, op. cit.
7. Cf. lettre de M. Alexandre à J. Laubier du 27 janvier 1931 (Nîmes, Ms 801-V-1).
8. A noter que Lucie Couturier recevait les Libres Propos en Guinée en 1922.
9. M. G. Steinert, Les Origines de la Seconde Guerre mondiale, op. cit., p. 20.
10. P. BURRIN, La Dérive fasciste..., op. cit., p. 341.
11. ALAIN, Journal, op. cit., 20 sept. 1943.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 152
l’Allemagne1 ». Comment l’image d’un tel homme peut-elle se brouiller en si peu de mots,
fussent-ils lourds de sens? Quelles raisons se cachent derrière ce jusqu’au boutisme,
rétrospectivement inacceptable? Reposait-il sur la croyance en perspectives qu’il serait vain
aujourd’hui d’imaginer, et sur la foi que « tout finit par s’arranger2 »?
Ainsi après quelle date était-il insensé de garder espoir? Les années trente ont vu l’unité des
pacifistes se désagréger par étapes. Et il faudra étudier la chronologie des résistances, celle de
Raymond Aron, de Georges Canguilhem, de René Monnot, de Simone Weil, de Jean Prévost, de
Pierre Bost, de Henri Bouché... de tous ceux parmi les fidèles qui ont jugé la cause perdue, chacun
en son temps. Jean Prévost, résistant reconnu, écrivait encore en avril 1933 :
« Je ne dois pas condamner même les hitlériens sans les connaître, car je dois m'avouer que je
ne les connais pas, que je n'ai pas assez entendu leur voix. Je dois me méfier de tous les bruits
qui courent, me méfier de la presse; je dois juger l'Allemagne sur ce que je sais d'elle, sur ses
aspects éternels aussi bien que sur ses aspects périssables. […] mon devoir est de ne pas dire :
voilà les Allemands; ils sont tous comme cela; mon devoir est de rouvrir les livres qui me
prouveront le contraire, d'un Goethe, d'un Nietzsche, d'un Thomas Mann. Mon devoir, quand
l'actualité entraîne tout le monde, est de résister à l'actualité; et voilà pourquoi je dis
aujourd'hui : j'aime les Allemands... […] qu'importe à la paix que les Allemands s'appellent
hitlériens ou autrement3 ? »
Il faudra donc débrouiller les abords du pacifisme intégral, où se mêlent, en dépit du nazisme,
l’antifascisme franco-français, l’anticommunisme et l’antiparlementarisme, mais aussi le
rapprochement franco-allemand et l’idée européenne, le tout dans la hantise d’une guerre,
exacerbée par le souvenir, et l’hostilé à un traité jugé inique.
Face à la montée des périls, les aliniens s’efforçaient de prendre leur distance, quitte à garder
le silence sur le nazisme dont ils n’ignoraient pas l’abjection. L’un de leurs arguments était de ne
pas envenimer la situation, de ne pas exciter l'animosité allemande par de vaines critiques.
Comment les antidreyfusards auraient profité des critiques d'Outre-Manche et d'Outre-Rhin, si
elles avaient existé, s’interrogeait fréquemment Michel Alexandre : « l’Allemagne va à Hitler par
la grâce de Maginot4 ». Mais lorsque Léon Blum prévoit « la fin piteuse de l’hitlérisme5 », en
novembre 1932, les Libres Propos par la plume de Simone Weil demeurent sceptiques : « le
danger fasciste, bien que peut-être non immédiat, est plus menaçant que jamais6 ». Quant à
Raymond Aron, le second observateur de la revue, il semble sans illusion : « vaincus, ils
continuent à dominer l’Allemagne. [...] Un tel mouvement doit progresser7... ».
Il faudra donc revenir sur ces actes de vigilance et ces paroles de lucidité — dans leur
ensemble, depuis la dénonciation du traité de Versailles — avant d’aborder la stratégie que les
aliniens entendaient opposer à Hitler, persuadés qu’une bonne volonté française le chasserait du
pouvoir : ne pas le croire sur parole, mais le prendre au mot, préconisaient Michel Alexandre,
Léon Emery et les autres — et accepter ce qui était proposé : le désarmement unilatéral, en
particulier. L’étude du contenu des Feuilles libres de la quinzaine (1936-1939) complétera celle
des Libres Propos (1921-1935). Elle permettra d’établir, dans et au-delà du renouvellement de
l’équipe, les ruptures ou les continuités perceptibles dans la lutte pour la paix jusqu’en novembre
1939.
L’ANTISÉMITISME
La question nous intéresse d’autant plus qu’elle est constitutive de la mémoire d’Alain qui
s’interrogeait depuis longtemps sur son antisémitisme, non sans s’étonner lui-même1 et malgré
la proximité du judaïsme dans ses amitiés (Elie Halévy, Michel Alexandre, André Maurois,
Simone Weil...) ou ses affinités intellectuelles (Spinoza en particulier). La question est périlleuse
néanmoins, car depuis la Shoah, la perception de l’antisémitisme a changé, et celui de certains
grands intellectuels et humanistes de la première moitié du XXe siècle bouleverse — comment
ne pas penser à Romain Rolland ? — brouille notre regard, bouleverse notre estime. Alain revient
fréquemment dans son journal sur la question du judaïsme, et s’il écrit en juillet 1940 une phrase
fréquemment citée par les historiens : « Il est remarquable que la guerre revient à une guerre juive
qui aura ses Judas Maccabées », on trouve en septembre 1943, en conclusion d’une évocation
d’André Maurois exilé aux Etats-Unis : « Heureusement l'antisémitisme va finir et mettre fin à tous
ces exils, sinistres. Il est malheureux pour moi que j'aie eu un peu d'indulgence pour cette cruelle
folie ». Faible réaction, pensera-t-on, mais qu’il faut considérer dans la solitude d’une guerre
passée sur une chaise, isolé et impuissant. Quelle aurait été son engagement si ses membres ne
l’avaient pas abandonné? Un peu plus loin, le lendemain, nous extrayons du journal le passage
suivant :
«Je suis arrivé maintenant à une position que je crois forte, c'est de souhaiter pour l'avenir de
la paix la reconstitution d'un parti juif français qui sera chargé de la politique. Et qui aura en
plus beaucoup d'argent et presque toute l'industrie, avec des chefs comme Maurois, comme
Roland Boris, qui nous ont tellement manqué par la faute de cette lâche politique de
collaboration, qui va bientôt finir. J'en ai vu de près les maux; j'ai connu aussi l'organique
beauté et la puissance du collège Sévigné, soutenu économiquement par des hommes comme
Daniel Dreyfus qui y mit des millions. Et quant au bien des résultats, nul n'en a fait l'évaluation.
Le rationalisme est là; car le spinozisme ne peut rester à la Bible; il est d'essence géométrique;
je l'ai constaté dans tant de travaux des filles, si hardis et si conformes à l'inspiration toute
naturelle de Spinoza. Je cite seulement Simone Weil comme un génie hébraïque accompli, et
je rappelle que Hegel a donné au peuple juif le beau nom de peuple de l'Esprit. Il n'y a point
d'avenir sans cette théologie nouvelle qui seule fera l'unité de l'esprit évangélique. Sans cela
nous sommes réduits à un triste matérialisme, et les pouvoirs ne sont nullement fondés. Il faut
pourtant qu'ils le soient. [...] »
1. Nous avons déjà évoqué son adhésion d’esprit à la Ligue internationale contre l’antisémitisme en 1934.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 154
Les réflexions d’Alain sur l’antisémitisme ont-elles pesé dans la condamnation morale qui
trouble sa mémoire? Question extrêmement sensible, en France, vivant tabou dans notre
conscience collective, mais qu’il faut envisager avec justesse.
L’A-PATRIOTISME
Nous manquons encore d’éléments pour argumenter une telle question, qui procède avant
tout d’une intuition, mais aussi d’un fait notable : les écrits les plus représentatifs de ce réseau,
ceux d’Alain, de Michel Alexandre et de Jeanne Alexandre, pour ne citer qu’eux, semblent
étrangers à l’idée de patrie : « L’humanité est au-dessus des patries1 », écrivait Alain. Cette
absence de références patriotiques est très caractéristique des personnalités du réseau alinien, et
nous l’avions déjà relevée dans notre précédent travail sur Jeanne Halbwachs-Alexandre, lorsque
nous opposions son regard, pendant la Grande Guerre, à la foi patriotique de son frère Maurice
Halbwachs2. Alain écrit en 1921 :
« Qu'un homme ait à choisir sa Patrie, cela me paraît ridicule et même scandaleux. Je ne puis
saisir une telle idée; même je la repousse; je la tiens au dehors; j'en fais le tour; je n'en suis
point à la juger fausse ou bien confuse; à mes yeux, elle est laide3 [...] »
« C’est l’état d’un homme qui ne se connaît point d’ennemis et qui ne se réjouit du malheur
d’aucun homme. La paix ne suppose point seulement un état d’indifférence, mais encore la foi
positive que tout doit s’arranger entre les hommes par raison et patience, et que les paroxysmes
sont courts. Cette foi est la même pour les Etats5. »
Nous ne développerons pas davantage, ici, une question aussi sensible et qui mérite sans
doute moult nuances. Elle nous semble néanmoins soulever une problématique intéressante sur
laquelle nous voudrions revenir dans le cadre d’une étude sur le pacifisme intégral. Elle n’est pas
étrangère du reste à une certaine idée de modernité, perceptible chez Alain, de notre point de
vue, ne serait-ce que par l’exigence d’une prééminence des questions sociales, d’où ce « mépris
pour l’histoire » dénoncé par Raymond Aron, mais dans lequel nous surprenons surtout quelques-
unes des aspirations qui renouvelleront l’histoire dans l’entre-deux-guerres.
1. ALAIN, « Le pouvoir spirituel », in Propos I, op. cit., 1er sept. 1921, p. 284.
2. C. WEIS, op. cit., p. 18.
3. ALAIN, « Propos V », in LP, n°1, 9 avril 1921.
4. ALAIN, « Etages de l’homme », in Propos I, op. cit., 28 oct. 1933, pp. 1187-1189.
5. ALAIN, « Définitions », in Les Arts et les Dieux, Paris, Gallimard, p. 1075.
CHAPITRE 4 - POUR UNE HISTOIRE DU PACIFISME ALINIEN 155
Nous avons essayé, dans cette dernière partie, d’organiser une problématique générale autour
du réseau alinien, tout en privilégiant l’histoire des Libres Propos, revue-exemple d’une discipline
de vigilance, de combativité et de solidarité intellectuelles et sociales. Passé les questions
préliminaires, relatives aux origines et aux caractéristiques sociales du réseau alinien, nous nous
sommes interrogés sur la spécificité des Libres Propos, en tant qu’organe de presse et diffuseur
d’opinions, tant du point de vue de son organisation interne que de celui de son rôle et de sa
place dans l’entre-deux-guerres, visant par là l’étude de l’influence intellectuelle et politique non
seulement d’Alain, mais aussi des non-conformistes qui partagent son pacifisme intégral face aux
périls, jusqu’à certains points de ruptures provoquant, dans la guerre, l’éclatement des
convictions, comme des destins.
CONCLUSION
« Le vrai engrenage dans les années 1930 est l’incompatibilité de vues entre les
puissances révisionnistes et les puissances garantes de l’ordre international, la
radicalisation des premières, et les réactions de plus en plus fermes des secondes3. »
Quant à Alain, la Seconde Guerre mondiale le verra aussi prisonnier de son impotence, isolé
et mal informé. N’aurait-il pas révisé sa règle d’obéissance civique, si les forces ne l’avaient pas
quitté, et est-il tellement saugrenu de penser à lui lorsque Georges Bidault, président du conseil
de la résistance, déclare à la caméra de Marcel Ophuls : « Il y a des gens qui sont résistants par
nature. Autrement dit, si vous voulez, qui sont naturellement mauvaises têtes, et d’autres qui au
contraire cherchent à s’accommoder des circonstances et à en tirer le moindre mal4 » ?
L’histoire du pacifisme alinien, corrélée à celle des Libres Propos vaudrait peut-être aussi par
la révision d’a priori qui réduisent trop vite une œuvre humaine à sa malheureuse conclusion.
BORIS Roland 153 78, 114, 116, 119, 124, 133, 29, 32, 33, 38, 59, 72, 76, 92,
BORNE Dominique 18 134, 135, 142, 157 99, 114, 116, 119, 122, 135,
BOS Charles (du) 81 BUISSON Ferdinand 76, 106 136, 143, 144, 145
BOST Pierre 55, 71, 78, 87, 98, BUISSON M. 99 CHAMBELLAND C. 136
111, 124, 152 BÜMEL Rainer 86 CHAMBELLAND Maurice 107,
BOUCHARD Gaston 90 BURGUIÈRE André 15 136, 144
BOUCHE Henri 59, 61, 71, 87, BURRIN Philippe 13, 46, 151 CHAMBERLAIN Neville 35
89, 94, 95, 98, 108, 152 BUSSEY Gertrude 31 CHAMSON André 92, 146
BOUCHÉ M. 102 CHARDON Pierre 91
BOUËT Louis 136 C CHARDONNE J. 86
BOUGLÉ Camille 50, 53, 131, 149 CABANES Bruno 22 CHARLE Christophe 15, 19, 34,
BOUGLÉ Célestin 76, 82 CAFFAY (lieutenant) 97 36, 61
BOUILLON J. 32 CAHM Eric 17 CHARLES J. 72
BOUJOT 98 CAILLARD Maurice 48 CHARLETY Sébastien 93, 97
BOUJU Marie-Cécile 49 CAILLAUX Joseph 41, 133 CHARMASSON Thérèse 15
BOULAN J. 98 CAILLOIS Roger 80 CHARPENTIER Pierre Frédéric 37
BOULANGER Louis 76 CAILLOUX René 55, 72, 97 CHARTIER Louise 99
BOULARD Hector 96, 99 CAIN J. 103 CHARTIER Roger 48
BOULLY georges 76 CALDERON F. Garcia 81 CHÂTEAU Jean 34
BOURDIN Janine 32 CALVOCORESSI Peter 23 CHÂTEAU René 13, 28, 43, 55,
BOURDON Georges 76 CAMUS Albert 35, 72 57, 69, 70, 72, 86, 113, 114,
BOURETZ Pierre 34 CANCOUËT Lucien 27, 50, 57, 59, 122, 137, 138
BOURGNE Robert 11 72, 88, 92, 99, 107, 108, 110, CHATEAUBRIAND Alphonse (de)
BOURGUIGNON André 95 113, 122, 123, 128, 133, 135, 13
BOURNOUVILLE A. 103 138, 146 CHATELET François 14, 15
BOUSCH Denis 30 CANGUILHEM Georges 15, 38, CHATFIELD Charles 24
BOUTANG Pierre 82 44, 55, 59, 72, 80, 86, 89, 91, CHAUBET François 36
BOUTEILLER Ernest 99 95, 99, 112, 114, 120, 121, CHAUFFIER Martin 92, 93
BOUTERON Marcel 94 122, 128, 132, 135, 146, 148, CHAUNU Pierre 24
BOUVIER Jean 18 149, 150, 152 CHAUVY Y. 84
BOVILLE Henri 107 CAP Jean-Pierre 68 CHAUX Max 84
BOZZI Jacques 76 CAPDEVILA Luc 19, 22 CHENAUX P. 64, 136, 138
BRACKE-DESROUSSEAUX CAPITANT René 11 CHEVALIER Georges 90
Alexandre 95, 96, 97, 99, 148, CAPY Marcelle 53, 67 CHEVALLIER Jacques 149
149 CARCO Francis 93 CHIAPPE Jean 118, 119
BRASILLACH Robert 95 CARLEY Michel Jabara 23 CHIAROMONTE Nicolas 82
BREDIN Jean-Denis 17 CARR Philippe 85 CHOLVY Gérard 36
BRÉLAZ Michel 65, 141, 150 CARRE-PREZEAU Jocelyne 25 CHOMEIS Henri 103
BRIAND Aristide 86, 126, 134 CARREZ Jules 59, 133 CLAUDEL Paul 68
BRIDOUX André 11, 94, 99, 150 CARRIÈRE Jean 53 CLEMENCEAU Georges 20, 41,
BRISSON Jules et Pierre 83 CASATI M. 61 75
BRIZON Pierre 32 CASSANÉA de MONDONVILLE CLOUET Stéphane 40
BROBEIL Wolfgang 81 J.-J. 61 COEURÉ Sophie 19
BROCHIER Henri 86 CASSIRER Ernst 86 COGNETS-DESMARTEAUX (géné-
BROCK Peter 24 CASTAGNEZ-RUGGIU Noëlline ral) 130
BRODERSEN Arvid 81, 82 25, 40 COHEN Marcel 72
BROWN Harrison 151 CASTEL Andi 103 COINTET Jean-Paul 15
BRUGMANS Henri 33 CATTELAIN Jean-Pierre 30 COINTET Michèle 15
BRUGUIER V. 60 CAUSARANO Pietro 22 COINTET-LABROUSSE Michèle 43
BRUN Gérard 39 CAVAILLÈS Jean 82 COLIN Pierre 34
BRUNETEAU Bernard 37 CAZALS Rémy 21, 66 COLLARD Lucien 72
BRUNHES Jean 106 CELLIER Jean 72 COLLIARD Henri J. 136
BRÜNING Heinrich 86 CENDRARS Blaise 66 COLTRAT Maurice 67
BRUNSCHVICG Léon 80, 95, 99, CÉPÈDE Frédéric 44 COMTE Auguste 16, 92
106, 136, 138 CHAIGNEAU J. 103 COMTE-SPONVILLE André 5
BUFFARD André 6, 7, 55, 72, 77, CHALLAYE Félicien 15, 24, 25, CONAN Eric 43
INDEX 160
MARRUS Michael R. 22, 46 MOLLIER Jean-Yves 40, 48, 49 OLIVERA Philippe 15, 33, 40
MARTEL Gordon 23 MOMBAUER Annika 20 OLLÉ-LAPRUNE Léon 99
MARTIN David A. 25 MONATTE Pierre 136 OPHULS Marcel 53, 157
MARTIN Henri-Jean 48 MONCHABLON A. 61 ORGEVAL Philippe 31
MARTIN Jacques 55 MONDOR Henri 64, 65, 74, 78, ORY Pascal 31, 35, 37, 38, 43, 47,
MARTIN Jean-Pierre 36 79, 87, 97, 102 50, 57, 140, 146, 148
MARTIN Marc 48 MONIER Frédéric 18, 19 OSMOND (marquis de) 97
MARTIN du GARD Roger 15, 24, MONNIER Adrienne 78, 112 OVERY Richard J. 23
33, 65, 67, 68, 71, 72, 78, 81, MONNOT René 61, 112, 152
98, 137, 142, 143 MONOD Gustave 65, 72 P
MARTINET Marcel 15, 72, 107, MONOD R. 95 PAINLEVÉ Jean 15, 92, 106
108, 109, 119, 120, 136 MONTAIGNE Michel E. (de) 4, PANACCIONE Andréa 26
MARX Karl 56, 61 85, 143 PANNÉ J.-L. 61, 136
MASSERON-CASTEX L. 72 MONTCALM (Marquise de) 93 PAOLI 95
MASSIAC Benjamin 57 MONTHERLANT Henry (de) 88 PAPEN Franz (von) 135
MASSIS Henri 37, 64 MONZIE Anatole (de) 88, 96, PARINET Elisabeth 49
MASSON Emile 72 142, 150 PARIS Robert 26
MASSON-OURSEL P. 85 MORFAUX L.M. 72 PARISOT Jean 99
MATHÈTE D. (de Sacy) 87 MORHARDT M. 72, 76 PARODI DE ROUSTAN 95
MATHIS Maurice 89 MORIN Gilles 44, 137 PARODI Dominique 81, 82, 99,
MAUBLANC René 38, 61 MORLINO Bernard 32 111
MAUPIOUX Georges 144 MORRE-LAMBELIN Monique 62, PARTOÈS François 72
MAURIAC François 37, 68, 78, 96 71, 74, 78, 79, 83, 84, 85, 87, PASCAL Blaise 92, 105, 108
MAURICE (Marcel HIC ?) 92 88, 90, 92, 94, 96, 97, 111, 115, PASCAL Georges 12
MAUROIS André 11, 18, 57, 64, 116, 128, 129, 131, 132, 135, PASCAL Pierre 88
72, 78, 85, 86, 88, 89, 90, 95, 142, 150 PASQUET Philippe 102
98, 111, 115, 149, 153 MOSSE George L. 22 PASSERAT M. 99
MAURRAS Charles 142 MOUNIER Emmanuel 28, 138 PATRONNIER de GANDILLAC
MAUSS G. 82 MOYSSET Henri 82 Maurice 82
MAYER Daniel 44 MUS Paul 55 PAUL-BONCOUR Joseph 25, 76,
MAYEUR Françoise 16, 17 MUSSOLINI Bénito 18, 118, 134 127, 145
MAYEUR Jean-Marie 17, 28, 36, PAULHAN Cl. 63
40 N PAULHAN Jean 37, 72, 99, 101,
MAZUY Rachel 26, 30, 139 NAGLE Jean 15 102
MEHELIN Jacques 92 NAQUET Emmanuel 17, 27, 109 PAXTON Robert O. 43, 46, 156
MÉLIN Jeanne 33 NARBONNE J. 72 PAZ Magdeleine 62, 91, 107, 136
MELLE J. (van) 89 NATIER Jean-Jacques 30 PÉCAUT Félix 72
MENGIN Robert 88 NAVARRE Andrée 87 PÉGUY Charles 59, 84
MERCIER Lucien 18 NEGRE Jean-Pierre 49 PEILLET Emmanuel 71
MÉRIC Victor 24, 33, 50 NEGRI Enrico (de) 82 PÉLISSON Marcelle 72
MERLE Marcel 26 NERSESSIAN Jean 72 PÉNIN Marc 38
MERLET Georges 99 NETZ Robert 50 PENNETIER Claude 15, 26, 57, 65,
MERLIER Octave 84, 95 NEYER Hans-Joachim 27 136
MERLIO Gilbert 35 NEZ Marc 72 PENTIER Laurence 49
MESNARD 137 NICOLET Claude 139 PERCIN (général) 72
MESNIL Jacques 63, 88 NIETZSCHE Friedrich W. 87, 152 PERLMUTTER Georges 90
METZGER Chantal 50 NIPPGEN J. 82 PERREUX Gabriel 56
MEYER Jacques 56 NIZAN Paul 38 PETIT Constant 146
MEYER-KALKUS Reinhart 27, 49 NOCHER Jean 93 PÉTREMENT Simone 38, 57, 73,
MICHEL Catherine 11 NOLTE Ernst 21, 22 87, 88, 97, 99, 103, 110, 111,
MICHON Georges 61, 135, 136 NOVICK Peter 45 115, 118, 133, 146
MIÈGE Jean-Louis 34 PETZJJLL Àke 82
MILLMAN Richard 46 O PEYCERÉ David 83
MILZA Pierre 14, 16, 46 OFFENSTADT Nicolas 15, 30, 33, PEZARD D. 94
MINEUR Henri 93 65, 139 PHILIP André 15, 73, 136, 137
MISTLER Jean 19, 96, 142 OFFNER Raymond 110 PICARD Emile 144
INDEX 164
PICQ FEVEZ Geneviève 93, 94, 36, 37, 38, 46, 47, 49, 54, 59, ROSENSTOCK-FRANCK L. 82
99, 103 60, 61, 62, 63, 64, 74, 146, 147 ROSMER Alfred 20
PIE XI 28 RADVANYI Pierre 47 ROSSELLI Carlo et Nello 46
PIENCHOT Pierre 92, 103 RAGGHIANTI Renzo 12 ROTH Lucien 62, 138
PIÉTRASANTO Tolomei 94, 95, RAIMOND Michel 31 ROTHSCHILD Edouard (de) 124
96, 103 RAJSFUS Maurice 13 ROUGIER Louis 82, 106
PIGNOT Emile 76 RASMUSSEN Anne 49 ROUQUET François 22, 45
PILLIAT Emile 99 RASSON Luc 31 ROUSSEAU Frédéric 21
PINOL J.-L. 59 RAUH Frédéric 111 ROUSSEAU Jean-Jacques 93
PIOBETTA S. 99 RAULET André 73 ROUSSEL François 81
PIOCH Georges 65, 73, 99, 119 RAVERAT 82 ROUSSEL K. X. 84, 90, 100
PISIER Evelyne 15 RAYMOND J. 137 ROUSSELLIER Nicolas 40
PIVERT Marceau 96, 136 RÉBÉRIOUX Madeleine 18, 79 ROUSSO Henry 43
PIZARD A. 97, 99 REBOUL Olivier 12 ROUX J. 100
PLATON 57, 59, 85 RÉMOND René 17, 28, 32, 41 ROY D. 56
PLUET-DESPATIN Jacqueline 48, RÉMY Fabre 42 ROY Pierre 32
49 RENAULD Jeanne-Frédérique 82 ROYER-collard P. P. 149
POINCARÉ Raymond 21, 22, 42, RENAULT 99 RUHEMANN Helmuth 96
63, 64, 91 RENOUVIN Pierre 67 RULLIER H. 93
POISSON Jean R. 88 RENS Ivo 65, 141, 150 RUSSELL Bertrand 52, 59
POLIAKOV Léon 46 RÉRAT A. 100 RUYSSEN Th. 29, 59, 82, 106,
POUDREL René Jacques 93 REYNIER Elie 62 114, 119
POUILLON Jean 82 RICHELIEU 97
POULAILLE Henri 15, 107, 136 RIESENBERGER Dieter 28 S
POUSSIN Nicolas 63 RIEUNAU Maurice 31 SABOURAUD (docteur) 91
POZNER V. 90 RIOUX Jean-Pierre 15, 37 SACY Armand Sylvestre (de) 58,
PRAT Olivier 33 RISPAIL J.-L. 34, 35 100
PRAZMOWSKA Anita J. 23 RISQUE Jean 90 SACY M. Samuel (de) 100, 103
PRENANT Lucie 38 RIST Charles 15, 73, 82 SADOUN Marc 34
PRENANT M. 61 RIVAIN Jean 95 SAFFET Rachid 88
PRESSENSÉ Francis (de) 42, 106 RIVAUD Albert 82 SAINTE-SOLINE Claire 73
PRÉVOST Jean 6, 15, 35, 38, 44, RIVES Paul 24 SAINT-SERNIN Bertrand 73
56, 57, 87, 91, 92, 99, 103, 140, RIVET Paul 15, 61, 70, 88, 91, 100, SALOMON Marie 73, 90, 100,
152 108, 121, 146, 147 111
PRÉVOST Michel 99 RIVIÈRE Jacques 68, 100, 101 SALOMON Mathilde 111
PRICHARE Lucien 99 ROBERTFRANCE 135 SANGNIER Marc 15, 28, 33, 53,
PRITCHARD John R. 23 ROBIN F. 17 138
PRIVAT Edmond 68 ROBIN Léon 82 SANTAMARIA Yves 26
PROCHASSON Christophe 18, 21, ROBRIEUX Philippe 41 SAPIRO Gisèle 37, 63, 121
25, 26, 49, 69, 107, 140 ROCHE Anne 36, 47 SARTRE Jean-Paul 37, 56
PROST Antoine 16, 17, 19, 21, 22, ROCHE Antoine 58, 73, 92, 111 SAURAT Denis 87, 143
36, 37, 44, 108 RODDIER Henri 82 SAUVAGE Marcel 88
PROZINSKI Herbert 82 ROLLAND Louis 85 SAUVY Alfred 15, 19, 93, 143
PRUDHOMME Sully 55 ROLLAND Madeleine 95 SAVIN Maurice 11, 13, 58, 73, 84,
PRUDHOMMEAUX Jules 29, 76 ROLLAND Romain 33, 53, 66, 68, 94, 95, 97, 103, 131, 137, 148,
PRUGNOT J. 62 79, 85, 87, 93, 95, 96, 100, 109, 150
PUDAL B. 26 119, 120, 136, 137, 142 SCHEIWILLER Giovanni 103
PUECH H. C. 119 ROLLET N. 82 SCHKROUM Henry 100
ROLLIN Jean-Jacques 12 SCHLUMBERGER Jean 68, 81, 86,
Q ROMAIN Maurice 93 92, 94, 95, 100, 130, 137
QUAGLIARELLO Gaetano 15 ROMAIN Rolland 73 SCHLUMBERGER Maurice 73
QUEUILLE Henri 42 ROMAINS Jules 15, 18, 35, 66, SCHMIDT Julius 27, 86, 87, 94,
68, 91, 100 100, 151
R RONAUX J. 100 SCHNAPPER Dominique 79
RABAUT Jean 26, 144 ROSEGGER Peter 62 SCHNEIDER Otto 81
RACINE Nicole 10, 26, 31, 33, 35, ROSENBERG Arthur 100 SCHOR Ralph 46
INDEX 165
SCHRÖDER Hubert 81 TARDIEU André 42, 86, 89, 118 VIVIANI René 64
SCHUHL Pierre Maxime 73 TARDIVEL Jacqueline 31 VOLDMAN Danièle 19, 22
SCHÜLE E. 81 TARR Francis (de) 42 VOLTAIRE 93
SCHUMANN Maurice 92 TARTING Christian 36, 47 VRIN J. 82
SCHWOB Philippe 81 TAYLOR Alan J. P. 23 VRIQUE René (de) 92
SCIZE P. 146 TERRON René 58, 73
SCOTT Miss 90 TERROU Fernand 48 W
SÉAILLES Gabriel 73, 106 TEXCIER Aline 94, 101, 103 WAROQUIER Henry (de) 94, 95
SEIGNEUR A. 90 THAELMANN 77, 90 WEBER Eric 101
SEIGNOBOS charles 100 THIBAUDET A. 15, 67, 85, 140 WEBER Eugen 18, 19, 67, 157
SEILLIÈRES Ernest 82 THIBAULT Odette 31 WEBER Louis 101
SERGE Victor 15, 62, 88 THIÉBAUT 95, 101, 103 WEIL Eric 81
SERNIN André 11, 12, 37, 106 THOMAS Albert 73, 140 WEIL Simone 15, 18, 26, 33, 37,
SÉVERINE 15, 66, 119 THOS Pierre 101 38, 40, 44, 48, 49, 57, 58, 90,
SÉVILLA Jean 13 THUILLIER Guy 32 91, 101, 110, 111, 114, 115,
SEVILLA Nathalie 28 TIMS Margaret 31 118, 122, 124, 128, 133, 134,
SIMON Michel 81 TOLSTOÏ Lev Nikolaevitch 53 136, 145, 146, 149, 152, 153
SIPRIOT Pierre 33 TOUCHARD Jean 39, 40 WEILL Claudie 26
SIRINELLI Jean-François 4, 10, 13, TOULAT Jean 25 WEILL Jean 58, 86
15, 16, 17, 18, 24, 28, 35, 37, TREBITSCH Michel 27, 31, 33, 35, WEIS C. 28, 32, 58, 108, 109,
39, 41, 57, 65, 109, 120, 130, 36, 37, 49 135, 138, 144, 154
137, 139, 143, 147, 150 TRESCH G. A. 101 WEISS Louise 31, 68
SKRAN Claudena 22 TREVIRANUS M. 126 WELPLY Oakleigh 33
SMITH R. J. 37 TRIC Robert 150 WERNER Charles 82
SOCRATE 4, 156 TRINTZIN René 93 WERTH Léon 119
SOLMI Sergio 12, 78, 86, 100, TROTSKY Léon 30 WINOCK Michel 6, 15, 17, 19, 36,
103, 135, 151 46, 49
SOLON 135 U WINT Guy 23
SORDET Dominique 60 ULLMO Georges 82 WINTER Jay Murray 19
SOREIL A. 100 ULMANN 136 WITKOP Ph. 63
SOUDAY Paul 74 WOHL Robert 37
SOULEZ Philippe 35, 44 V WOLIKOW S. 26
SOUVARINE Boris 15, 81, 88, 89, VAÏSSE Maurice 15, 16, 25 WOLLER Hans 44
90, 149 WORMSER Olga 79, 88
VALÉRY Paul 15, 60, 66, 68, 78,
SOWERWINE Charles 26, 31 79, 85, 87, 89, 92, 101, 137 WORONOFF Denis 15
SPALIKOWSKI Edouard 100 VALETTE G. 32 WULLENS 95
SPEIER Hans 82 VALOIS Georges 33, 134 WULLENS M. 136
SPENGLER Oswald 60 VAN LIERDE Jean 53 WYROUBOFF Nicolas 96
SPINASSE Charles 42 VANDENBUSSCHE Robert 17
SPINOZA Baruch 153 X
VAUTHIER Raymond 62, 136, 137
SPIRE Gilbert 73, 100 VAVASSEUR-DESPERRIERS Jean XIRAM Joachim 101, 103
SPITZER (professeur) 86, 151 17
SPYRIDAKIS Georges 101 VAYSSAC Suzanne 58, 73, 96, Y
STALINE Joseph 32, 91 101, 103 YUN Tcheng Tim 89
STAROBINSKI Jean 49 VERCORS 78 YVERT Benoît 15, 142
STAVISKY (Affaire) 77 VERDIER Robert 44
STEHELIN Jacques 103 VERLAINE Paul 97 Z
STEINERT Marlis G. 22, 151 VERMEIL Edmond 81 ZACHARY Pierre 11
STENDHAL 58, 90, 91, 93 VERNET Madeleine 33, 62, 144 ZÉRAPHIE G. 88
STERNHELL Zeev 46 VEZON Jean 73 ZIA Ali 101
SÛR Marie-Thérèse 12, 14 VIALLE Louis 87 ZUANIECKI Florian 82
VIDAL Albert 66 ZWEIG Stefan 68
T
VILDRAC Charles 107 VAHÉ Isabelle 33
TAGORE Rabindranath 53 VILLEPIN Patrick (de) 30, 32
TAITTINGER Pierre 42 VINCI Léonard (de) 87
TALLINEAU Lucile 33 VIRGILI Fabrice 22
Table des matières
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Partie 1 - Historiographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9
Chapitre 1 - Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Alain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10
Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14
Instruments de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Dictionnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Aide bibliographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
ouvrages généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Sur la longue période : XIXe-XXe siècles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
La Belle Époque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
L’entre-deux-guerres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
La presse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Classiques et références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Textes et documents sur la paix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Interviews et documentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
TABLE DES MATIÈRES 168
La mouvance chartiériste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Œuvres romanesques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Essais, histoire et polémiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Journaux, mémoires et souvenirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Correspondances publiées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
L'entre-deux-guerres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
L’antisémitisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
L’a-patriotisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .156
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .158