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Review

Reviewed Work(s): Le Léviathan dans la doctrine de l'État de Thomas Hobbes. Sens et échec
d'un symbole politique, coll. « L'Ordre philosophique » by Carl Schmitt
Review by: Françoise Dreyfus
Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 194, No. 1, MARCEL CONCHE
(JANVIER 2004), pp. 87-88
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41101258
Accessed: 03-12-2022 15:34 UTC

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Analyses et comptes rendus 87

Gisèle Sapiro, La guerre des écrivains. 1940-1953


807 p. Prix : 220 F.

L'ouvrage de Gisèle Sapiro constitue une somme sa


rapports entre littérature et politique au cours du X
pathétique des années noires (1940-1944), tendues e
vue et pari sur l'avenir. La documentation sur des li
l'Académie française (p. 249-375) et la NRF (p. 377-
ment riche.
Les titres mêmes des subdivisions de l'ouvrage témoignent de raffi-
nement de l'analyse : lre partie, « Logiques littéraires de l'engagement » :
chap. 1, « Des choix sans contrainte » ; chap. 2, « La responsabilité de
l'écrivain » ; chap. 3, « Salut littéraire et littérature du Salut. François Mau-
riac et Henry Bordeaux » ; 2e partie, « Institutions littéraires et crise natio-
nale » : chap. 4, « Le sens du devoir : l'Académie française » ; chap. 5, « Le
sens du scandale : l'Académie Goncourt » ; chap. 6, « Le sens de la distinc-
tion. L'esprit NRF » ; chap. 7, « Le sens de la subversion : le Comité national
des écrivains » ; 3e partie, « La justice littéraire » : chap. 8, « Le tribunal des
Lettres » ; chap. 9, « Institutions littéraires et reconstruction nationale ».
La diversité des clivages et d'équilibres souvent subtils s'est retrouvée
après le seuil critique, politiquement, de la libération de Paris, lors de
l'épuration qui ne manqua pas de suivre les conflits souvent sanglants des
années précédentes. Tout en établissant à plusieurs reprises des listes noi-
res, les écrivains admirent en majorité qu'il ne leur revenait pas d'être eux-
mêmes « déterminants » dans ces « délicates affaires ». Ainsi, les quatre
condamnations à mort - dont trois suivies d'effet : G. Suarez, P. Chack et
R. Brasillach - ne relevèrent nullement de débats entre écrivains. Et si cer-
tains, comme Gabriel Marcel, se firent remarquer par leur « modération »,
une demande de grâce, comme celle de François Mauriac en faveur de Bra-
sillach, n'aboutit pas.
Parmi les nombreux détails qui enrichissent l'ouvrage, on retiendra
(p. 685) les réactions extraordinairement contrastées au discours de récep-
tion d'André François-Poncet à l'Académie française au fauteuil de
Pétain : exemple d' « antisémitisme indirect » pour les membres du Comité
directeur du CNE, « modèle de méthode historique » pour Robert Aron
- tandis que l'on apprend (p. 700) qu'il y a une « alliance secrète » entre les
tenants du « bon goût » et l'extrême droite populiste que la crise a révélée.
Voici une étude fort documentée, qui met en œuvre avec le plus grand
soin de nombreux éléments sur l'entrecroisement entre le littéraire et le
politique. Une enquête sur cent quatre-vingt-cinq écrivains est jointe en
annexe (p. 706-721), suivie d'une vaste bibliographie (p. 725-765) et d'un
index des noms de personnes (p. 767-801).
André JACOB.

Carl Schmitt, Le Leviathan dans la doctrine de l'État de Thomas Hobbes.


Sens et échec d'un symbole politique, Paris, Le Seuil, 2002, coll.
« L'Ordre philosophique », 249 p.

Les politiques editoriales, décidément, ne laissent pas de surprendre ;


alors que la traduction de l'intégralité de l'œuvre de Max Weber est, jus-
qu'à présent, absente des catalogues, les écrits de Carl Schmitt exercent
une véritable fascination sur les éditeurs. Le Léviathan dans la doctrine de

Revue philosophique, n° 1/2004, p. 77 à p. 138

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88 Revue philosophique

l'État de Hobbes de 1938 - qu'il a semb


ter par les recensions d'ouvrages sur
et, d'autre part, d'encadrer par 58 pa
63 pages de postface de Wolfgang Pala
vert d'érudition le sens du livre - a, au
fard l'antisémitisme virulent de son
121, 129-131). La connaissance et la
avoir de l'œuvre de Hobbes est loin
l'ouvrage de Schmitt. En effet, le but
ment est né, selon lui, le libéralism
« Quelques années à peine après la paru
mier juif libéral [Spinoza] est tombé s
reconnu aussitôt la grande fracture p
moderne, et à partir de laquelle pouv
l'ensemble de la relation édifiée et vo
extériorité, entre public et privé » (p
Hobbes imaginaire, Schmitt doit concé
malheureusement contribué à la destruction du Léviathan.

Françoise DREYFUS.

Dominique Sewane (coord.), De la vérité en ethnologie,.. Séminaire de Jean


Malaurie, 2000-2001, Paris, Economica, 2002, coll. « Polaires », VI-
418 p. et 32 planches, 29 €.

Créateur de la célèbre collection « Terre humaine » chez Pion, directeur


du Centre d'études arctiques de l'EHESS, bien connu pour ses travaux sur
les Inuit, Jean Malaurie ouvre, l'année de ses 80 ans, une nouvelle collec-
tion interdisciplinaire ( « Polaires » ) avec des textes issus de son séminaire
de l'année 2000-2001, qui a réuni, autour de la question de la « vérité », des
spécialistes de disciplines ou professions diverses.
Sous une belle couverture cartonnée présentant un masque de l'Alaska,
après un texte liminaire très personnel de Jean Malaurie placé sous
l'invocation de Paul Celan ( « Personne ne témoigne pour le témoin » ),
encadrant un cahier de 32 pages de documents photographiques et un
texte autobiographique de Jean Malaurie (« Pas à pas vers les Inuit », en
22 sections de 1' « anthropogéographie » à « Terre humaine » comme ten-
tative pour réincarner l'ethnologie), on rencontre successivement : un
Grand Maître de la Grande Loge de France, un professeur de neurochi-
rurgie (sur les « perceptions extra-sensorielles des populations primi-
tives »), un texte sur A. von Humbolt et Goethe « devant la nature », un
extrait de Le langage oublié de Jean Duvignaud, une spécialiste ita-
lienne des Inuit du nord du Canada (sur les « pygmées arctiques » et les
« hommes-poissons », du Moyen Âge au XVIIe siècle), un texte sur Jean
Malaurie d'un spécialiste de « l'écriture des voyages », une spécialiste du
Rorschach sur des applications de ce test chez des Esquimaux et en Inde,
un spécialiste des Touaregs décrivant une recherche pluridisciplinaire, un
écrivain sur sa visite aux Indiens Haïdas, une ethno-astronome (sur
l'astronomie archaïque), une ethnologue (Dominique Sewane) opposant les
« façons de tuer dans les sciences sociales » - il s'agit du meurtre symbo-
lique de Lucien Lévy-Bruhl - à celles des guerriers Temberma du Togo, un
tableau amer du recrutement dans les universités, l'auteur d'un ouvrage
Revue philosophique, n 1/2004, p. 77 à p. 138

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