Vous êtes sur la page 1sur 3

Revue française d'histoire d'outre-

mer

Congrès international des africanistes. 2e session. Dakar, 11-20


décembre 1967
Jean-Louis Triaud

Citer ce document / Cite this document :

Triaud Jean-Louis. Congrès international des africanistes. 2e session. Dakar, 11-20 décembre 1967. In: Revue française
d'histoire d'outre-mer, tome 61, n°224, 3e trimestre 1974. pp. 470-471;

https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1974_num_61_224_4706_t1_0470_0000_2

Fichier pdf généré le 06/01/2019


COMPTES AENfiUS
Le nombre d'éditions en un temps assez court indique la popularité de l'ouvrage,
dont la densité, la richesse, la clarté, le don de dégager l'essentiel avec des
générales enrichissantes font un résumé remarquablement précieux d'une
histoire extrêmement diverse. C'est un tour de force, un outil de travail des plus
utiles que nous devons à la compétence des Cornevin, à leur exceptionnelle force
de travail et à leur amour de l'Afrique.
Hubert Deschamps.

Congrès international des africanistes. 2e session. Dakar, 11-20 décembre 1967.


— Paris, Présence africaine, 1972. — 21 cm, 58 p.

Ainsi paraissent, cinq ans après, les Actes du 2e Congrès international des
Le premier s'était tenu à Accra en 1962 et la fondation même du Congrès
remonte à 1960, l'année des indépendances africaines, lorsque les africanistes
à Moscou à l'occasion d'une réunion internationale de l'Association des
décidèrent de se constituer en organisme séparé. Signe d'une époque encore
toute proche, les contributions de savants européens ou américains (y compris une
participation assez forte de spécialistes de l'Europe de l'est) occupent une place
majoritaire dans l'ouvrage (environ les deux tiers).
Mais cette image de 1' « africanisme » de 1967 est déjà dépassée. En six ans, les
chercheurs africains ont progressé rapidement, manifestant avec vigueur leur volonté
de placer en Afrique le centre des études africaines et remettant ainsi en cause le
terme même d'africanisme. La session de Dakar fut donc une assemblée de
: tandis que la prédominance des spécialistes extérieurs au continent se
encore largement, la montée des chercheurs et universitaires africains préparait
déjà la « relève », la prise en mains des études africaines par les Africains eux-mêmes.
Comme il était matériellement impossible de publier toutes les interventions,
les éditeurs ont procédé à une difficile sélection, qui laisse dans l'ombre des
d'un réel intérêt. D'autre part, les débats fort animés sur des questions
contestées ne sont pas évoqués, ce qui donne du Congrès une image un peu figée
et académique. Les textes ainsi retenus, présentés en anglais ou en français, sont
regroupés en six sections : I, sciences historiques — cette première place souligne
l'importance accordée à la « réhabilitation » de l'histoire du continent ; II,
et disciplines annexes ; III, pensée africaine et anthropologie culturelle ; IV,
arts et lettres ; V, institutions et processus sociaux, politiques, etc. ; VI, sciences
naturelles et technologie.
Les 34 contributions se distinguent par la grande variété de leurs sujets : de « Koli
Tenguella et le Tekrour » aux « pharmacopées africaines traditionnelles », en passant
par « l'histoire de l'amharique » et « l'ethnomusicologie », pour ne citer que quelques
exemples, la gamme des travaux est fort étendue. On retiendra la part relativement
importante réservée aux recherches concernant l'Afrique occidentale — ce qui est
assez naturel pour un congrès tenu à Dakar — , mais, par contre, l'absence presque
totale de référence à l'Afrique arabophone. Quant à l'histoire de la colonisation,
elle n'avait pas sa place dans un tel congrès, consacré, comme le disait M. Alioune
Diop, à « une prise de conscience plus profonde (par les Africains) de leurs cultures
propres ».
C'est à l'historien nigérian Ade Ajayi qu'est revenu le soin de poser les problèmes
fondamentaux de la recherche historique en Afrique — réflexion nécesaire dans un
continent où la gravité des problèmes économiques et sociaux semble reléguer au
dernier rang les sciences humaines, considérées par certains comme un luxe superflu.
Dans son intervention intitulée « History in a developing society », M. Ade Ajayi,
— 470 —
Rev. franc, d'hist. d'Outre-Mer, t. LXI (1974), n° 224.
COMPTES RENDUS
après avoir constaté que l'histoire d'Afrique a enfin acquis droit de cité, met
en question une orientation trop académique héritée de l'Europe. Après avoir
expliqué soigneusement comment l'historien africain ne peut séparer sa discipline
d'un engagement conscient dans les problèmes de la société africaine actuelle,
M. Ade Ajayi a conclu : « Nous avons besoin d'insister davantage sur la continuité
entre le passé africain et le présent, et de nous engager nous-mêmes dans les problèmes
du présent » (p. 141), phrase qui trouve son écho dans le discours de clôture de
M. Assane Seck, alors ministre sénégalais des Affaires culturelles : « l'Histoire est un
des principaux éléments de définition de notre personnalité en tant que peuples ».
Jean-Louis Triaud.

AFRIQUE DU NORD
Boissonnade (Euloge) : Conrad Kilian, explorateur souverain. Préf. du général
R. Coche. — Paris, Éd. France-Empire, 1971. — 19 cm, 432 p., cartes, 16 pi.
Ce livre n'est pas de ceux que l'on referme avec un haussement d'épaules quelle
que soit l'irritation que suscitent une complaisance évidente pour « l'explorateur
souverain » et une propension inquiétante à céder aux mirages sahariens. Trop de
témoignages ont été recueillis, qu'on ne peut récuser d'un trait de plume. Doit-on
pour autant admettre la thèse de la liquidation par l'Intelligence Service, plus ou
moins lié aux compagnies pétrolières internationales, de Conrad Kilian en 1950,
du général Leclerc en 1947 et du général Testard en 1943 ? Non pas que
politique soit invraisemblable ; encore faut-il avancer des mobiles sinon des
preuves, impossibles à établir en la matière. Or, on se demande quel intérêt
Service aurait eu à liquider Kilian. A suivre le livre, il est permis de conclure
que la légende du héros méconnu reste sujette à caution et que le suicide reste
même si des tentatives de meurtre ont eu lieu.
Convaincu de sa supériorité et aimant la faire sentir, sûr de sa séduction, ce héros
romantique se complaît dans la provocation des hommes, des institutions et du
destin avec hauteur, courage et désintéressement. Cet « explorateur souverain »
laisse trop souvent payer ses dettes par ses hôtes, exaspère la plupart de ses
officiers, diplomates, universitaires, tenus par des règles strictes que
méprise à travers eux celui qui cultive un style d'amateur doué et sans contrainte.
Mais les organismes qui invitent Kilian, les géologues qui signent en collaboration
avec lui, les revues qui publient ses études prouvent l'estime de ses pairs. Les
officielles du Gouvernement général de l'Algérie en 1930, en 1947, en 1959,
enfin citent tous ces travaux... vingt de plus que dans la liste fournie par E.
Et si Garbillet, voire Catroux le desservent, le Quai d'Orsay ne prend pas à la
légère le résultat de sa découverte des monts Doumergue dans le Sud de la Libye ;
le Bulletin du Comité de l'Afrique française reprend son croquis d'exploration (1931,
p. 87).
Devait-on pour autant adopter toutes ses conclusions et plier la diplomatie
française à ses vues ? Ceux qui ne l'ont pas suivi, en 1930-1935 comme en 1945-1950,
ont-ils été des veules, des incapables ou des traîtres ? Toute l'histoire du xixe siècle
est déjà remplie de pareilles insinuations alors que les correspondances
anglaises montrent un Foreign Office admiratif et inquiet face à la résolution
du Quai d'Orsay en matière coloniale. Mais un Quai d'Orsay obligé de tenir compte
des moyens dont il dispose, des buts que poursuit le gouvernement, de la
internationale enfin. Kilian n'est pas le seul à se préoccuper des confins libyens.
Depuis 1890, officiers et diplomates conjuguent reconnaissances, tentatives d'occu-
— 471 —
Rev. franc, d'hist. d'Outre-Mer, t, LXI (1974), n» 224.

Vous aimerez peut-être aussi