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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F.

Janvier 2018

Plan Du Cours

Séance n°01

INTRODUCTION GENERALE AU DROIT

I - INTRODUCTION GENERALE

• NOTION DE DROIT
• CARACTERES DE LA REGLE DE DROIT
• LES DIVISIONS DU DROIT OBJECTIF

II - LES SOURCES DU DROIT

• LES SOURCES DIRECTES


• LES SOURCES INDIRECTES

Séance n°02

LES DROITS SUBJECTIFS

I - LES PERSONNES

II - LES ATTRIBUTS DES PERSONNES JURIDIQUES

III - CLASSIFICATION DES DROITS PATRIMONIAUX ET LES DROITS


EXTRAPATRIMONIAUX

“Loin d’épuiser une Matière.

On Doit n’en Prendre que la Fleur”

-Jean de la Fontaine -.

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INTRODUCTION GENERALE AU DROIT

Introduction générale

Le mot « droit » est utilisé de manière habituelle par la plupart des individus ; mais il
n’est pas sûr qu’il soit toujours employé dans le même sens. D’autre part, le terme
n’a pas la même signification dans tous les pays du monde.

- 01 - NOTION DE DROIT

Traditionnellement, on donne la définition suivante du droit : « Le droit consiste en


l’ensemble des règles juridiques obligatoires applicables dans une société
donnée ». Ces règles visent le fonctionnement des institutions d’un Etat et les
relations entre les citoyens qui le composent. Elles diffèrent souvent d’un Etat à un
autre.

Les deux sens du mot droit :

Dans le système français, on dit tantôt « le droit », tantôt « les droits », on utilise le
même mot – au singulier et au pluriel – pour désigner deux concepts différents.

Distinction droit objectif et droit subjectif

Au singulier, le mot droit désigne l’ensemble des règles applicables, au besoin par la
contrainte, dans une société donnée. Ces règles sont susceptibles de s’imposer à
toute personne faisant partie de cette société. Ces normes considérées en elles-
mêmes sont donc impersonnelles. Le droit ainsi défini est le droit objectif.

Le droit objectif Plus généralement, on peut retenir que le droit objectif est défini
comme l’ensemble des règles régissant la vie en société et sanctionnées par la
puissance publique.

Au pluriel, le mot droit représente les prérogatives dont peut se prévaloir une
personne déterminée, c’est à dire le pouvoir qui est reconnu à cette personne sur
une chose ou à l’encontre d’une autre personne. Ce sont les droits subjectifs, car ils
sont envisagés du point de vue de l’individu détenteur de ces droits, c’est pourquoi
on appelle ce dernier : sujet de droit.

Le droit subjectif correspond aux prérogatives attribuées à un individu dans


son intérêt lui permettant de jouir d’une chose, d’une valeur ou d’exiger d’autrui une
prestation.

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- 02 - CARACTERES (Caractéristiques) DE LA REGLE DE DROIT

La règle de droit présente trois caractères

1) Les caractères général et impersonnel de la règle de droit : La règle de droit


dispose d’une particularité : elle concerne chacun et ne désigne personne
en particulier. On dit qu’elle a un caractère général et particulier. Cette
généralité n’est pas nécessairement absolue et se veut le plus souvent relative. Elle
s’applique à une situation plus ou moins étroitement définie. Seuls les couples
désireux de se marier peuvent décider de rédiger un contrat de mariage, seuls les
locataires peuvent se voir appliquer la législation sur le bail d’habitation…
Cependant, la règle conserve un caractère général car toute
personne appartenant à la société que la règle régit a vocation à se voir appliquer la
règle dès lors qu’elle se trouvera dans l’une des situations visées. Finalement, il est
important de retenir que la règle de droit ne s’applique qu’à une catégorie de
personnes limitée par une situation donnée (un salarié, un propriétaire…). En effet,
les règles sur le mariage concernent tous les futurs mariés sans désigner un couple
en particulier.

La règle de droit est générale parce qu’elle s’applique sur tout le territoire, à tous
ceux qui satisfont aux conditions qu‘elle pose.

La règle de droit est impersonnelle, car elle est commune à tous : elle ne s’adresse
pas à une personne déterminée. C’est pourquoi la règle de droit est exprimée de
manière abstraite : elle est destinée à toute personne qui est susceptible de se
trouver dans la situation qu’elle définit objectivement.

L’emploi de certains termes : « Nul, Toute personne ; ou Quiconque » confère à la


règle de droit son caractère général et impersonnelle.

Exemples :

• Article 74 de la Constitution algérienne :

« Nul n’est censé ignorer la loi ».

• Article 28 du code civil algérien :

« Toute personne doit avoir un nom et un ou plusieurs prénoms. Le nom d’un


homme s’étend à ses enfants.
Les prénoms doivent être de consonance algérienne; il peut en être autrement pour
les enfants nés de parents appartenant à une confession non musulmane ».

• Article 264 du code pénal algérien :

« Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou


commet toute autre violence ou voie de fait, et s'il résulte de ces sortes de violence
une maladie ou une incapacité totale de travail pendant plus de quinze jours est puni

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d'un emprisonnement d'un (1) an à cinq( 5) ans et d'une amende de 100.000 DA à


500.000 DA.
Le coupable peut, en outre, être privé des droits mentionnés à l'article 14 de la
présente loi pendant un an au moins et cinq ans au plus.
Quand les violences ci-dessus exprimées ont été suivies de mutilation ou privation
de l'usage d'un membre, cécité, perte d'un œil ou autres infirmités permanentes, le
coupable est puni de la réclusion à temps de cinq à dix ans.
Si les coups portés ou les blessures faites volontairement, mais sans intention de
donner la mort l'ont pourtant occasionnée, le coupable est puni de la peine de la
réclusion à temps, de dix à vingt ans ».

2) Le caractère extérieur de la règle de droit : Le caractère extérieur de la règle de


droit s’explique par le fait que la règle de droit ne naît pas de la volonté individuelle
des personnes qui y sont soumises. La finalité sociale de la règle de droit permet de
comprendre son caractère extérieur : l’objectif étant d’organiser la vie en société, il
ne serait pas concevable que chacun décide, de son propre chef, de les appliquer ou
non. Elle ne peut être une contrainte ou consigne que chacun s’impose
spontanément, de sa seule volonté. Par exemple, le Code de la route ne
peut être établi par les conducteurs eux- mêmes. Chacun doit veiller au bon respect
de la réglementation afin de ne pas créer un préjudice.

3) Les caractères coercitif et prophylactique de la règle de droit : La règle de droit


vise à prévenir l’apparition d’infractions. Elle joue un rôle de prévention et permet de
dissuader d’enfreindre la loi. C’est en ce sens qu’on peut dire qu’elle a un rôle
prophylactique (préventif). Le non-respect du droit entraîne des sanctions qui la
rendent obligatoire. Parmi les sanctions envisagées, il y a l’exécution, la réparation et
la punition.

Sont différenciées :

Les règles dites impératives et les règles dites supplétives

La règle de droit est une norme obligatoire non seulement pour les particuliers mais
aussi pour l’autorité publique. Toutefois les règles de droit ne sont pas obligatoires
au même degré : les unes donnent un ordre, les autres ne font que des propositions.
Une règle d’ordre public est une loi qui s’impose de manière absolue, sans qu’il soit
possible d’y déroger par des accords partiels (code civil). Généralement, sont
impératives les règles sanctionnées par la loi pénale et toutes celles qui relèvent de
l’ordre public et des bonnes mœurs. Traditionnellement ces règles étaient peu
fréquentes en droit privé, or depuis une trentaine d’années, elles se sont multipliées
car la notion d’ordre public s’est élargie : à un ordre public classique (politique et
moral), s’est ajouté un ordre public économique et social. En outre l’ordre public n’est
plus seulement de direction mais également de protection, notamment des
consommateurs, des salariés.

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– les règles dites impératives qui s’imposent aux sujets de droit sans souffrir
d’aucune dérogation possible. Par exemple, la condamnation pénale d’un homicide
volontaire ne peut se voir écartée par le seul consentement de la victime. Ceci
explique la condamnation, en France de l’euthanasie.

Exemple du code civil algérien :

« Les choses futures et certaines peuvent être l’objet d’une obligation.


Cependant, toute convention sur la succession d’une personne vivante, est nulle,
même si elle est faite de son consentement, sauf dans les cas prévus par la loi ».
(Art. 92).

– Les Règles Supplétives : Elles ne s’imposent pas avec la même vigueur que les
précédentes. Elles peuvent être écartées par la volonté contraire des personnes qui
y sont soumises. Elles ne s’appliquent que dans la mesure où les sujets de droit
n’ont pas émis de volonté spéciale pour l’organisation de leur situation.

Les règles supplétives sont des règles auxquelles on peut déroger, notamment par
une convention ou une clause contraire. Autrement dit, les individus peuvent écarter
les règles supplétives par convention, à condition qu’ils le prévoient préalablement,
sinon c’est la règle supplétive qui s’applique.

Exemple, l’article 368 du code civil énonce que :

« Si l’objet vendu doit être expédié à l’acheteur, la délivrance n’a lieu, à moins de
convention contraire, que lorsque l’objet lui sera parvenu ».

Dans cet exemple, les parties, vendeur et acheteur, peuvent prévoir dans le contrat
de vente que la délivrance de l’objet de la vente soit considérée, comme faite lorsque
cet objet est expédié non pas à l’acheteur lui-même, c'est-à-dire à son domicile mais
à une autre adresse. Mais, en cas d’absence de clause prévoyant la délivrance de
l’objet à un destinataire autre que l’acheteur, c’est la règle supplétive qui s’applique,
c'est-à-dire que la délivrance doit être faite à l’acheteur lui-même.

Autres exemples de règles supplétives : (du code civil algérien) :

« À moins de convention ou de disposition légale contraires, lorsque l’objet de


l’obligation est un corps certain, il doit être livré au lieu ou il se trouvait au moment de
la naissance de l’obligation.
Pour les autres obligations, le paiement est dû au lieu où se trouve le domicile du débiteur,
lors du paiement ou au lieu ou se trouve le siège de son entreprise si l’obligation a trait à
cette entreprise ». Art. 282

« À défaut de stipulation ou de disposition légale contraires, les frais du paiement


sont à la charge du débiteur ». Art. 283

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Elles ne sont pas facultatives, puisqu’elles ne jouent qu’en l’absence de


manifestation expresse des personnes. La plupart des règles du code civil relatives
au contrat sont supplétives. En principe, les règles de droit sont assorties d’une
sanction dans le cas où elles seraient violées. La sanction permet d’assurer le
respect et l’exécution de la règle de droit. Ces sanctions sont variées et étatiques.

Il est utile de rappeler qu’il est nécessaire de faire la différence entre supplétive et
facultative.

Sanctions :

Le droit connaît plusieurs sortes de sanctions : les plus connues du grand public
appartiennent au droit pénal, les autres relèvent du droit civil ou du droit administratif.

- 03 - LES DIVISIONS DU DROIT OBJECTIF

Les règles de droit sont réparties dans des grandes catégories juridiques en fonction
des caractères communs qu’elles présentent. On distingue le droit international et le
droit interne.

I - LE DROIT INTERNATIONAL

Le droit international est le droit applicable dès lors qu’un élément étranger
intervient. C’est un droit qui régit d’une part les rapports entre Etats et d’autre part les
relations entre particuliers de nationalités différentes. C’est pourquoi ce droit se
subdivise en droit international public et droit international privé.

Le droit international public : C’est le droit qui régit les relations entre les Etats. Il
est lui-même composé de deux branches.

1° Le droit des relations internationales : Il est formé des règles juridiques


applicables aux relations entre Etats : économie, représentation des Etats et
règlements des conflits.

2° Le droit des organisations internationales : Depuis la fin de la première guerre


mondiale, les organisations internationales se sont multipliées, en conséquence
ces organisations constituent une branche à part entière de droit international public.
: ONU OMS ; Ce droit repose sur des règles internationales distinctes des normes de
droit interne de chaque Etat : il s’agit des conventions diplomatiques, des traités voire
des usages.

Le droit international privé :

Il concerne les relations des individus ressortissants d’Etats différents. Le droit


international privé répond à la question de savoir quelle est la loi applicable à cette
relation et quel sera le tribunal compétent, puisque chacun est en droit d’opter pour
son système national. Ce droit règle donc les conflits de lois et de juridictions au
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moyen de méthodes et systèmes qu’il a établis. Cette branche est complexe car elle
met en jeu plusieurs droits internationaux privés dont le contenu est
souvent différent. C’est pourquoi, il existe un droit international issu de conventions et
traités internationaux qui proposent une solution unique quel que soit l’Etat d’origine
de la personne.

Exemples Font également partie du droit international privé le droit de la nationalité


et le droit définissant les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France.

II - LE DROIT INTERNE

Le Droit Interne : C’est le droit applicable à l’intérieur d’un pays dès lors qu’aucun
élément étranger n’intervient. A l’instar du droit international, il se subdivise en droit
public et droit privé. Toutefois il apparaît que cette distinction n’est plus
aussi tranchée et certaines branches de droit interne peuvent être qualifiées de
mixtes

A - Le droit public

Le droit public est composé de l’ensemble des règles organisant l’Etat et régissant
les rapports entre la puissance publique et les particuliers. Il comprend plusieurs
subdivisions :

1° Droit constitutionnel Il regroupe toutes les di spositions relatives à l’organisation


de l’Etat et aux pouvoirs et fonctionnement des institutions. L’ensemble de ces
dispositions se trouve dans la Constitution

2°Droit administratif Il régit d’une part l’organi sation et le fonctionnement des


administrations de L’Etat (ministères, préfectures), des collectivités publiques et
territoriales (régions, départements et communes) et des services publics. Il règle,
d’autre part les rapports des particuliers – usagers- avec l’administration.

3°Les libertés publiques Il s’agit des pouvoirs et libertés accordés aux particuliers
face à l’Etat. ‘’ Les libertés publiques’’ déterminent le contenu et le mode d’exercice
des libertés (opinion, presse, expression...)

4° Droit des Finances publiques Il détermine l’ense mble des règles de gestion des
finances de l’Etat et des collectivités publiques, leurs ressources, leurs dépenses et
les méthodes de tenue du budget.

5°Droit fiscal : il renvoie aux règles relatives au x impôts (gestion, contrôle des impôts
sur le revenu et sur les sociétés, TVA…) ;

B - Le droit privé :

Le droit privé : est constitué de l’ensemble des règles qui régissent les rapports des
particuliers. Ceux-ci peuvent être des personnes physiques ou des personnes
morales (groupements privés). Ce droit se subdivise en deux branches essentielles.

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Le droit privé, comme son nom l’indique, régit les relations entre les particuliers lors
de leur vie quotidienne. Entrent également dans cette catégorie, les relations
juridiques entre l’Administration et les particuliers lorsqu’elles ne sont pas
exorbitantes du droit commun. Comme pour le droit public, le droit privé comporte
plusieurs divisions :

1° Droit civil : Le droit civil s’applique normalem ent aux rapports entre personnes
privées en l’absence de dispositions spéciales. C’est le système de référence du
droit privé, c’est pourquoi on l’appelle aussi droit commun : en d’autres termes, si
aucune autre branche du droit privé ne prévoit de règle spéciale, on recourra au droit
civil. C’est le droit le plus ancien qui est souvent issu du droit romain. Il rassemble les
règles relatives aux attributs de la personne (nom, domicile...), à la famille, aux biens,
aux obligations. Les autres branches du droit privé ne sont alors que des droits
d’exception.

2° Droit commercial : Il régit les opérations comme rciales et les rapports entre
commerçants dans le cadre de leur activité professionnelle. Ce qui englobe les
dispositions relatives au statut du commerçant, personne physique, aux sociétés
commerciales, au fonds de commerce, aux tribunaux de commerce, au transport et à
la concurrence. Le droit commercial a considérablement évolué. Il existe des
interférences avec d’autres branches du droit : droit fiscal, droit pénal, droit de la
consommation etc. , matières qui ont souvent un lien direct avec la vie
professionnelle des commerçants. C’est pourquoi on les regroupe avec le droit
commercial en une catégorie appelée droit des affaires.

Ces évolutions ne sont pas propres au droit commercial, certains droits qui faisaient
partie du droit privé ou du droit public, présentent désormais un caractère hybride car
ils empruntent à la fois aux règles de droit public et de droit privé.

Les Droits Mixtes

Certains de ces droits sont issus de droits publics qui se sont privatisés, d’autres sont
issus de droits privés qui se sont publicisés. Il s’agit essentiellement de trois
branches.

1° Droit pénal : Il comprend l’ensemble des règles dont l’objet est la définition et la
fixation des sanctions des infractions. L’aspect privé de ce droit réside dans sa
finalité : le droit pénal vise à protéger les personnes privées et leurs biens contre
toute forme de délinquance. Mais la justice est rendue au nom de l’Etat, la poursuite
est engagée par un représentant de l’Etat, en conséquence le droit pénal est aussi
un droit public.

2°Droit judiciaire : Il regroupe les règles relativ es à l’organisation judiciaire et à la


procédure civile et pénale. Il permet donc de déterminer le tribunal compétent, les
modalités de l’action en justice, les voies de recours et les modes
de représentation. Il définit les moyens qui permettent aux particuliers de défendre

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les droits privés dont ils sont titulaires, c’est donc un droit privé, mais il contient aussi
les règles d’organisation et de fonctionnement des juridictions, c’est à dire du
service public de la justice, c’est alors un droit public.

3°Droit du travail : C’est l’ensemble des règles qu i régissent les relations entre
employeurs et salariés. A l’origine, la doctrine classait ce droit dans le droit privé.
Même s’il est encore fondé sur le contrat privé, le droit du travail a considérablement
évolué : l’intervention de l’Etat pour protéger le salarié l’a écarté du droit privé (Quant
à ce qu’on appelle droit social, il réunit le droit du travail et le droit de la sécurité
sociale. Ce dernier concerne les règles relatives aux assurances sociales et fait
essentiellement partie du droit public).

Il existe d’autres droits mixtes qui sont des démembrements du droit administratif ou
du droit commercial.

En résumé, le droit se divise en deux branches majeures qui comprennent chacune


plusieurs ramifications. Cette dichotomie (division – bifurcation – subdivision –
ramification) entre droit public et droit privé se matérialise par la répartition des
juridictions, entre, d’un côté, l’ordre judiciaire (droit privé) et de l’autre, l’ordre
administratif (droit public).

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Les sources du droit

Après avoir montré ce qu’est le Droit, il faut désormais s’intéresser à son origine c’est
à dire à son mode de création. La règle de droit a des sources diverses.

La France étant un pays de droit écrit, les sources du droit sont écrites et de nature
formelle c’est à dire qu’elles émanent d’un pouvoir constitué de l’Etat. Cependant il
ne faut pas négliger l’importance de la coutume, source non écrite du droit. Ce sont
les sources dites directes.

D’autre part, ces sources font l’objet d’interprétation soit par des autorités étatiques
(juges) soit par les théoriciens et praticiens du droit, ce sont les sources indirectes.

Concernant l’Algérie, il y’a lieu de se référer à l’article 1er du code civil qui énonce ce
qui suit :

« La loi régit toutes les matières auxquelles se rapporte la lettre ou l’esprit de l’une de
ses dispositions.
En l’absence d’une disposition légale, le juge se prononce selon les principes du
droit musulman et, à défaut, selon la coutume.
Le cas échéant, il a recours au droit naturel et aux règles de l’équité ».

A la lecture de cet article, il est important de faire la distinction entre droit écrit,
légiféré, d’une part, et le droit non écrit (sources structurées, organisées, classifiées,
mises en ordre selon leur importance, qu’on peut considérer subsidiaires,
supplétives, secondaires), d’autre part.

On peut résumer les sources, comme suit :

Sources Principales :
 disposition légale ;

Sources secondaires :
 Les principes du droit musulman ;
 La coutume ;
 Le droit naturel et les règles de l’équité.

- I- LES SOURCES DIRECTES

Sources écrites :

Il est traditionnel en France de distinguer les sources écrites des autres sources du
droit. C’est la Révolution française qui donna la prééminence au droit écrit et surtout
à la loi. Nous verrons que depuis 1958 (Début de la Vème République), la loi n’est
pas le seul texte de droit écrit : les auteurs évoquent à ce propos le déclin de la loi.
En outre, l’évolution internationale limite le rôle de la loi française. Pour faciliter la
compréhension de l’étude, nous étudierons celles-ci dans l’ordre de la hiérarchie des
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normes. En effet, les différents textes écrits sont hiérarchisés, c’est à dire que ceux
qui sont dans une catégorie inférieure sont subordonnés et doivent être conformes à
ceux des catégories supérieures.

Au sommet de la hiérarchie des normes se trouve la Constitution de 1958 (en


Algérie, Constitution du 26 novembre 1996, en Tunisie, Constitution du 27 janvier
2014)). Les traités internationaux et le droit européen ne devancent pas la
Constitution mais l’emportent en cas de conflits avec la loi. Ces textes sont au
sommet de la hiérarchie des normes.

A – Les sources à valeur constitutionnelle

Il existe un principe selon lequel un texte de la catégorie inférieure est toujours


subordonné aux textes de la catégorie supérieure. Ce principe fait directement
référence à la hiérarchie des normes.

1) La Constitution :

La Constitution est l’ensemble des règles qui déterminent l’organisation, le


fonctionnement et la compétence des pouvoirs publics.

Au sens formel, la Constitution désigne un « document relatif aux institutions


politiques, dont l’élaboration et la modification obéissent à une procédure différente
de la procédure législative ordinaire ».

Au sens matériel, elle se définit comme l’ensemble des règles fondamentales écrites
qui précisent la forme de l’Etat « unitaire ou fédéral », l’attribution et l’exercice du
pouvoir, ainsi que les droits et les libertés fondamentales des citoyens.

La Constitution de la Vème République (du 4 octobre 1958) détermine l’organisation


et la compétence des divers organes de l’Etat (Président de la République,
gouvernement et Parlement) et leurs rapports.

L’application de la Constitution est assurée par le Conseil Constitutionnel qui contrôle


la constitutionnalité des lois votées par le Parlement : il vérifie que celles-ci sont
conformes à la Constitution. La loi peut être annulée ou amputée des articles non
constitutionnels. Les décisions du Conseil Constitutionnel ont une autorité absolue,
elles sont publiées au Journal officiel. Ces décisions sont de plus en plus fréquentes
et sont souvent relayés par les médias.

L’article 150 de la Constitution algérienne stipule :

« Les traités ratifiés par le Président de la République, dans les conditions prévues
par la Constitution, sont supérieurs à la loi ».

L’article 20 de la Constitution tunisienne, stipule :

« Les traités approuvés par l’Assemblée représentative et ratifiés ont une autorité
supra-législative et infra-constitutionnelle ».
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B – Les sources à valeur législative :

Le terme « loi » dispose d’une double signification car il peut désigner la loi au sens
formel et au sens matériel.

D’un point de vue formel, il s’agit de toutes les dispositions émanant de


l’organe étatique investi du pouvoir législatif par la Constitution.

Du point de vue matériel, la loi fait référence à toute règle de droit écrite, formulée
par un organe étatique compétent dans l’exercice du pouvoir législatif ou exécutif.

Types de lois :

1) La loi organique :

Les lois organiques ont pour rôle de venir compléter la Constitution sur des points
importants comme l’élection du président de la République, la durée des pouvoirs
des Assemblées… Leur adoption est soumise au Conseil constitutionnel avant toute
promulgation afin de vérifier leur conformité à la Constitution.

Dans la hiérarchie des normes, la loi organique se situe en dessous de la


Constitution mais au dessus de la loi ordinaire. Elle concerne des domaines définis
par la Constitution et est votée suivant particulière et soumise à un contrôle de
conformité à la Constitution avant son entrée en vigueur.

L’article 141 de la Constitution algérienne stipule :

« Outre les domaines réservés par la Constitution à la loi organique, relèvent


également de la loi organique les matières suivantes :

- l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics ;

- le régime électoral ;

- la loi relative aux partis politiques ;

- la loi relative à l’information ;

- le statut de la magistrature et l’organisation judiciaire ;

- la loi cadre relative aux lois de finances.

La loi organique est adoptée à la majorité absolue des députés et des membres du
Conseil de la Nation.

Elle est soumise à un contrôle de conformité par le Conseil Constitutionnel avant sa


promulgation ».

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2) La Loi ordinaire :

Au sens large le mot « loi » englobe toute règle écrite provenant d’une autorité
compétente ; au sens strict la loi désigne le texte adopté par le pouvoir législatif, c’est
à dire voté par le Parlement. Elle se distingue alors du règlement qui est un texte
provenant du pouvoir exécutif et des autorités administratives. Depuis la Constitution
de 1958, le domaine de la loi a été restreint. L’article 34 de la Constitution énumère
les matières dans lesquelles elle peut intervenir.

Il y a d’abord, des matières qui sont du domaine exclusif de la loi : détermination des
crimes et délits, procédure pénale, état et capacité des personnes ; droit de la
famille, régimes matrimoniaux, successions et libéralités.

Dans d’autres matières, ensuite, la loi ne pose que les principes fondamentaux, les
détails et les aménagements étant laissés au pouvoir réglementaire : droit des
obligations, droit de propriété, droit du travail. Tout ce qui ne relève pas de l’article
34, dépend du domaine réglementaire.

Ces deux sortes de textes n’ont pas la même autorité. La loi est soumise au respect
de la Constitution: le contrôle de la constitutionnalité est préalable à la promulgation
de la loi. Une fois la loi promulguée, il est impossible de la remettre en cause, à
moins d’en voter une autre qui la remplace ou la supprime. A l’inverse de la loi,
le règlement peut faire l’objet d’un recours en annulation (recours pour excès de
pouvoir) devant le juge administratif. En outre, un règlement peut être écarté par un
juge répressif dans le cadre de l’exception d’illégalité (L111-5 code pénal) lorsque le
justiciable conteste la légalité d’un règlement qui lui est applicable. Quand cette
exception est invoquée devant le juge judiciaire, celui-ci doit surseoir à statuer
jusqu’à ce que la juridiction administrative se soit prononcée sur la validité du
règlement.

En Algérie, les lois ordinaires sont les textes votés par le Parlement selon la
procédure législative prévue par la Constitution en ses articles 136, 137 et 138 de la
Constitution (version 2016).

Si la loi émane du Gouvernement, c'est-à-dire du Premier ministre, elle doit être


présentée en Conseil des Ministres après avis du Conseil d’Etat, puis déposée par
le Premier ministre, selon le cas, sur le bureau de l’Assemblée populaire nationale ou
sur celui du Conseil de la Nation si elle est relative à l’organisation locale, à
l’aménagement du territoire et au découpage territorial. On parle alors de projet de
loi.

En revanche, si l’initiative vient du Parlement, la loi ordinaire doit être déposée par
vingt (20) députés, ou vingt (20) membres du Conseil de la Nation. Lorsqu’il s’agit de
l’organisation locale, à l’aménagement du territoire et au découpage territorial. On
parle alors, de proposition de loi.

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Dans les deux cas, et pour qu’elle soit adoptée, la loi ordinaire doit faire l’objet d’une
délibération successivement par l’Assemblée populaire nationale et le Conseil de la
Nation. Une fois, la loi votée par l’Assemblée populaire nationale, elle est soumise au
Conseil de la Nation qui l’adopte à la majorité de ses membres présents.

Les domaines de la loi ordinaire sont prévus à l’article 140 de la Constitution (29
domaines).

« Le Parlement légifère dans les domaines que lui attribue la Constitution, ainsi que
dans les domaines suivants :

(1) les droits et devoirs fondamentaux des personnes, notamment le régime des
libertés publiques, la sauvegarde des libertés individuelles et les obligations des
citoyens ;

(29) la création de décorations, distinctions et titres honorifiques d’Etat ».

Champ d’application

Entrée en vigueur de la loi :

La loi ne devient obligatoire qu’après son entrée en vigueur, nécessitant pour cela
deux conditions, à savoir : la promulgation et publication.

A- La promulgation :

La promulgation est l’acte par lequel le Président de la République atteste de la


régularité de la loi et ordonne l’exécution. Ceci veut dire que la loi, même si elle est
votée par le Parlement, elle ne devient obligatoire et exécutoire qu’après la décision
du Président de la République qui ordonne son exécution par décret, dit décret de
promulgation.

L’article 144 de la Constitution algérienne stipule :

« La loi est promulguée par le Président de la République dans un délai de trente


(30) jours à compter de la date de sa remise.

Toutefois, lorsque le Conseil Constitutionnel est saisi par l’une des autorités prévues
à l’article 187 ci-dessous, avant la promulgation de la loi, ce délai est suspendu
jusqu'à ce qu’il soit statué par le Conseil Constitutionnel dans les conditions fixées à
l’article 188 ci-dessous ».

Par ailleurs, le Président de la République peut ne pas promulguer dans l’immédiat le


texte de loi voté, mais en demander une seconde lecture, c'est-à-dire une nouvelle
discussion dans un délai de 30 jours qui suivent son adoption par le Parlement,
comme énoncé, dans l’article 145 ci-dessous :

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« Le Président de la République peut demander une seconde lecture de la loi votée


dans les trente (30) jours qui suivent son adoption.

Dans ce cas, la majorité des deux tiers (2 /3) des députés à l’Assemblée Populaire
Nationale et des membres du Conseil de la Nation est requise pour l’adoption de
la loi ».

B- La publication :

L’article 74 de la Constitution algérienne pose le principe suivant :

« Nul n’est censé ignorer la loi ».

Aussi, pour ne pas ignorer la loi, la publication de cette dernière est nécessaire, suivi
d’un délai comme énoncé dans l’article 4 du code civil :

L’article 4 du code civil algérien stipule :

« Les lois promulguées sont exécutoires sur le territoire de la République algérienne


démocratique et populaire.
Elles sont obligatoires à Alger, un jour franc après leur publication et partout ailleurs
dans l’étendue de chaque daïra, un jour franc après que le Journal officiel de la
République algérienne démocratique et populaire qui les contient, soit parvenu au
chef lieu de cette daïra.
La date du cachet de la daïra apposée sur le Journal officiel de la République
algérienne démocratique et populaire en fait foi ».

La loi en principe entre en vigueur le jour où les particuliers sont supposés en


avoir connaissance. Mais il arrive que la loi prévoit une date ultérieure pour son
application ou retarde cette date à la parution des décrets d’application.

Abrogation de la loi :

La loi s’applique tant qu’elle n’a pas été abrogée, c’est à dire tant que l’autorité
compétente ne l’a pas fait disparaître. Cependant certaines lois peuvent être votées
de façon temporaire ou pour un événement particulier. La loi prend fin d’elle-même à
la date fixée ou lorsque l’évènement s’est réalisé.

L’abrogation peut être d’une part expresse lorsque la nouvelle loi précise
expressément que la loi ancienne est abrogée. Elle peut être, d’autre part, tacite
lorsque la nouvelle loi contient une disposition incompatible avec celle de la loi
antérieure ou réglemente une matière précédemment régie par cette dernière.

Enfin la question se pose de savoir si une loi peut être abrogée par la désuétude,
dans le cas où elle n’aurait pas été appliquée depuis fort longtemps. L’exemple
désormais classique est celui de cette loi du XVIème siècle qui interdisait le port du

15
Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

pantalon aux femmes et qui n’a pas été abrogée. La réponse de principe à cette
question est que l’abrogation est impossible.

- effet immédiat de la loi : La règle de l’effet immédiat de la loi nouvelle (article 2 du


code civil) peut être gênante quand des situations juridiques nées sous l’empire de la
loi ancienne ont encore des effets sous celui de la loi nouvelle. Celle-ci doit, en
principe, s’appliquer dès sa date d’entrée en vigueur, néanmoins en matière
contractuelle cette règle modifierait les prévisions des parties, c’est pourquoi, par
exception il y a survie de la loi ancienne qui continue à régir les contrats signés sous
son emprise (le législateur peut en décider autrement, notamment en droit du travail)

- application de la loi dans l’espace : La loi française s’applique sur l’ensemble du


territoire français à toutes les personnes qui s’y trouvent. Pourtant, certaines parties
du territoire français peuvent être soumises à des régimes juridiques spéciaux (
Alsace-Lorraine) ou à un statut propre ( départements d’Outremer).

De surcroît, lorsqu’une situation juridique comprend un élément étranger et qu'il


existe un conflit de lois, le juge français peut être amené à appliquer la loi étrangère.

C – Les sources à valeur réglementaire :

Le règlement est la règle de doit qui émane du pouvoir exécutif et des autorités
administratives. Depuis la Constitution de 1958 son domaine s’est accru.

a) Les ordonnances : L’article 38 de la Constitution autorise le Gouvernement, dans


le cadre de l’exécution de son programme et pour une durée limitée, après
demande auprès du Parlement, de prendre des mesures qui sont normalement
du domaine de la loi. Les ordonnances de l’article 38 suivent une procédure
particulière : elles sont prises en Conseil des ministres après avis du Conseil
d’État et sont signées par le président de la République. Leur entrée en vigueur
est immédiate. La caducité des ordonnances peut survenir si le projet de loi de
ratification n’a pas été déposé devant le Parlement avant la date fixée par la loi
d’habilitation. La valeur de l’ordonnance dépend alors du rôle du Parlement : elle
gardera une valeur réglementaire si le projet ne vient pas en discussion, ou, au
contraire, acquiert une valeur législative après ratification du projet par le
Parlement.

En Algérie :

Les ordonnances présidentielles sont des actes qui émanent du Président de la


République après avis du Conseil d’Etat pour une application rapide de sa politique
dans les cas suivants :

 En cas de vacance de l’APN ;


 Durant les vacances parlementaires.

16
Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

« En cas de vacance de l’Assemblée Populaire Nationale ou durant les vacances


parlementaires, le Président de la République peut, sur des questions urgentes,
légiférer par ordonnance, après avis du Conseil d’Etat.

Le Président de la République soumet les textes qu’il a pris à l’approbation de


chacune des chambres du Parlement, à sa prochaine session.

Sont caduques les ordonnances non adoptées par le Parlement ». (Article 142
Constitution).

 En cas de non adoption par le Parlement du projet de loi de finances dans un


délai de soixante-quinze jours (75).

« Le Parlement adopte la loi de finances dans un délai de soixante-quinze (75) jours


au plus tard, à compter de la date de son dépôt, conformément aux alinéas
précédents.

En cas de sa non adoption dans le délai imparti, le Président de la République


promulgue le projet du Gouvernement par ordonnance». (Article 138 al 10).

Lorsque le pays est menacé d’un péril imminent dans ses institutions, dans son
indépendance ou dans son intégrité territoriale (Articles 142 al.4 et 5 et article 107).

« En cas d’état d’exception défini à l’article 107 de la Constitution, le Président de la


République peut légiférer par ordonnances.

Les ordonnances sont prises en Conseil des Ministres ». (Article 142 al.4 et 5).

Les ordonnances prises par le Président de la République peuvent alors intervenir


dans les vingt neuf domaines de la loi, et ne peuvent entrer en vigueur que
lorsqu’elles sont approuvées par les deux chambres du Parlement à sa prochaine
session. Une fois approuvées par le Parlement, elles acquièrent valeur de loi.

b) Les règlements : Il existe une multitude de règlements , variant selon


l’autorité dont ils émanent, s’étendant des décrets du président de la République
délibérés en Conseil des ministres, des décrets simples du président de la
République, des décrets du Premier ministre, des arrêtés interministériels, des
arrêtés ministériels, des arrêtés préfectoraux, des arrêtés municipaux et des actes de
certaines autorités administratives indépendantes comme la Commission nationale
de l’informatique et des libertés (CNIL), le Conseil de la concurrence, l’Autorité des
marchés financiers (AMF)…Ils acquièrent une force obligatoire à partir de leur
publication au Journal Officiel (JO).

Plus généralement, on distingue les règlements d’application (règlements


destinés à assurer l’exécution d’une loi) et les règlements autonomes (pris
spontanément et à titre exclusif dans les matières autres que celles réservées à la
loi).

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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

Les décrets proviennent du Président de la République et le plus souvent du Premier


ministre. On distingue deux sortes de décrets :

- les décrets autonomes pris en application de l’article 37 de la Constitution


(matières réservées au Gouvernement). Ils sont directement subordonnés à la
Constitution mais non à la loi.

- les décrets d’application qui sont destinés à assurer l’exécution d’une loi : ils
complètent celle-ci mais ne peuvent l’enfreindre. Dans les deux cas, il existe des
décrets simples ou décrets pris après avis du Conseil d’Etat.

Remarque : les décrets ne sont pas tous des règlements en effet ceux qui ont pour
objet des décisions individuelles (nomination) sont des actes administratifs pas des
règles de droit.

À la différence des lois, le contrôle de la légalité des règlements peut être exercé par
les juridictions administratives et judiciaires au moyen de deux recours : le recours
pour excès de pouvoir et l’exception d’illégalité.

Enfin il faut souligner le rôle essentiel que jouent les conventions collectives en droit
du travail : elles précisent le cadre général du code du travail dans une branche
professionnelle. Elles sont de véritables règlements surtout quand elles font l’objet
d’un arrêté ministériel d’extension.

Sources non écrites :

Les principes du droit musulman :

Les principes de doit musulman, peuvent se définir comme étant l’ensemble des
principes qui trouvent leur source dans le Coran, la Sunna, le Fiqh (doctrine) ainsi
que d’autres sources de la Charia islamique tel que Ijma ou Qiyas,etc.

Selon l’article 2 de la Constitution algérienne :

« L’Islam est la religion de l’Etat ».

Mais, la Charia ne constitue pas une source formelle du droit algérien.

Si on prend le cas du code de la famille, pratiquement tous ses articles trouvent leurs
sources dans le droit musulman, surtout en ce qui concerne le statut personnel
comme le mariage, les successions, le divorce, etc. Mais, en même temps les
principes du droit musulman ne peuvent jamais remplacer la loi si celle-ci existe pour
trancher tel ou tel litige. Si par exemple, dans une affaire de statut personnel, le juge
se voit en présence de deux règles, la première juridique, la deuxième musulmane, il
doit appliquer la règle juridique. En revanche, s’il n’y a pas de loi pour trancher ce
même litige, alors dans ce cas le juge devra recourir aux principes de droit
musulman qui sont repris par la jurisprudence.
18
Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

La coutume :

Est la principale source non écrite de notre droit. La coutume est une règle de droit
non écrite dont l’usage est général et prolongé, et qui est considérée comme
obligatoire. Malgré la prépondérance des sources écrites de notre Droit, de
nombreuses coutumes subsistent.

La coutume est issue d’un usage prolongé et de l’existence de la croyance d’une


sanction à l’observation de cet usage. Elle fait partie des sources du droit à la
condition de ne pas aller à l’encontre d’une loi. Autrement dit, la coutume est
devenue une source grâce à sa reconnaissance en tant que tel par un groupe social.
Pour exister, la coutume suppose la réunion de deux éléments :

– élément matériel : (élément objectif) l’élément matériel porte sur la nature de


l’usage qui doit être ancien, être constant et notoire de manière à entraîner la
soumission générale de la plupart des gens ;

L’élément matériel est un comportement habituel et ancien. Il doit y avoir répétition


de celui-ci depuis longtemps. Cet usage ne devient une coutume qu’à condition
d’être :

- ancien, mais il est difficile de fixer une durée : souvent leur origine remonte pour
certains au Droit romain ou à l’Ancien Régime.

- durable, c’est à dire appliqué sans discontinuité

- notoire, c’est à dire connu de tous ou au moins des personnes intéressées

- général, c’est à dire suivi par toutes les personnes entrant dans son champ
d’application (même si la coutume ne concerne qu’un petit nombre de personnes ou
un secteur géographique limité) Si la pratique présente ces caractéristiques, elle ne
devient une coutume que si elle présente un second élément.

– élément psychologique (subjectif) : la coutume se distingue du simple usage par la


présence ou non de l’élément psychologique. Il repose sur la conviction des
personnes d’agir en vertu d’une règle qui s’impose à eux comme une règle de droit.

L’élément subjectif consiste dans la conviction que la coutume appliquée est


obligatoire. Celle-ci repose donc sur la croyance commune. Les auteurs citent
traditionnellement, comme exemple : le port du nom du mari par l’épouse. C’est la
réunion de ces deux caractères qui fait de la coutume une règle de droit.

Même si la coutume doit présenter un caractère notoire, il n’est pas toujours aisé de
la faire connaître puisqu’elle n’est pas a priori écrite et publiée comme les sources
précédentes. En principe c’est celui qui invoque une coutume qui doit établir son
existence et son contenu. Parfois le juge a connaissance de la coutume parce qu‘elle
est générale, dans ce cas le plaideur est dispensé de la preuve de son existence. Il

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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

en est ainsi notamment de certains adages civils, souvent exprimés en Latin ou de


coutumes commerciales (Mais dans d’autres cas où la coutume a un champ
d’application plus limité, le juge ne peut pas en être informé. Dans cette hypothèse la
preuve de la coutume se fait par tout moyen. Celle-ci peut provenir de recueils établis
par les autorités administratives ou organismes privés, de témoignages, d’expertises
ou encore d’attestations délivrées par des organismes compétents. En matière
commerciale, les attestations remises par les Chambres de commerce se
nomment des parères (Certificat reconnaissant l’existence d’un usage déterminé). Le
Droit français étant un système de droit écrit, la coutume ne devrait avoir qu’un rôle
secondaire. Il s’agit donc de savoir quelle est sa place par rapport à la loi.

La coutume peut, d’abord s’appliquer par délégation de la loi : c’est le cas quand un
texte législatif renvoie expressément à la coutume. C’est fréquent en droit
commercial. Dans d’autres hypothèses, la loi renvoie à la coutume de
manière implicite, lorsqu’elle se réfère à des notions qui ne sont pas définies de
manière précise car elles ont souvent un contenu qui évolue. La coutume peut
ensuite s’appliquer en l’absence de loi. Dans ce cas, elle est une source
autonome. Enfin, la question se pose de savoir si une coutume peut aller à l’encontre
de la loi. En principe, la coutume ne peut être contraire à la loi, donc une pratique
différente de la loi ne peut entraîner l’abrogation de celle-ci (désuétude). Toutefois la
jurisprudence admet qu’une coutume puisse aller à l’encontre de la loi notamment en
droit commercial. D’autre part, la coutume peut s’opposer à une loi supplétive mais
aussi dans de très rares cas à une loi impérative.

Ici la coutume est reconnue par la jurisprudence qui peut donc être indirectement
source de droit

Le droit naturel et les règles de l’équité :

Le droit naturel est l’ensemble des droits que chaque individu possède
intrinsèquement du simple fait de son appartenance à l’humanité, indépendamment
de sa position sociale, sa race, sa nationalité, ou de toute autre considération.

Les droits naturels c’est par exemple le droit à la vie, le droit à la liberté, le droit à la
propriété, le droit à l’égalité. Tous ces droits sont ainsi considérés comme des droits
innés et inaltérables, universellement valables même en l’absence de mesures pour
les faire respecter.

L’équité est la manière de résoudre les litiges en dehors des règles de droit selon
des critères tels que la raison, la morale, l’amour de la paix, etc. C’est la justice
fondée sur l’égalité qui puise sa source du droit naturel.

L’équité est aussi un sentiment de justice naturelle et spontanée, intuitive, fondée sur
la reconnaissance des droits de chacun, sans que cette justice soit nécessairement
inspirée par les lois en vigueur. C’est une forme de justice qui doit prendre plutôt en
considération l’esprit de la loi que la lettre.

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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

- II - LES SOURCES INDIRECTES

Ce ne sont pas des sources à proprement parler, il n’en découle pas des règles de
droit obligatoires, mais ce sont des instruments pour interpréter les règles de droit.

1) La jurisprudence :

La jurisprudence peut se définir comme l’ensemble des décisions, suffisamment


concordantes, rendues par les juridictions sur une question de droit. Sa portée se
veut relative sans en être, pour autant négligeable car la jurisprudence permet de
faire évoluer l’application des textes juridiques dont le sens peut paraître elliptique au
regard de la vie quotidienne. La relativité de la jurisprudence peut être
illustrée à l’aide de l’article 5 du Code civil. En d’autres termes, il est interdit aux
juges de rendre des arrêts de principe : « la référence à une décision rendue dans un
litige différent de celui soumis à une juridiction ne saurait, en toute hypothèse, servir
de fondement à la décision de cette dernière » (Cass. soc., 27 févr. 1991).

La jurisprudence est un outil au service des praticiens pour essayer de comprendre


la manière dont il convient d’appliquer ou d’interpréter un texte juridique mais il
existera toujours un doute quant à l’issue d’un litige en raison de la règle de l’article 5
du Code civil. Chaque affaire, situation doit être considérée comme différente d’une
autre même si les faits sont similaires ou très ressemblants. On ne peut appliquer
pour chaque situation la même solution.

2) La doctrine :

La doctrine se situe à la base des sources du droit. La doctrine est l’ensemble des
travaux des juristes (universitaires, magistrats, praticiens). Elle est dépourvue de
force obligatoire mais contribue à la recherche et à la réflexion sur le sens et les
pratiques juridiques.

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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

2ème séance :

LES DROITS SUBJECTIFS

I - LES PERSONNES

Les droits subjectifs sont des prérogatives dont peut se prévaloir une personne
déterminée. Ces droits lui sont reconnus par le droit objectif. Ces pouvoirs sont
attribués à deux catégories de personnes :

• les personnes physiques : c’est à dire les êtres humains. La personnalité


juridique est attribuée à la naissance et disparaît à la mort de l’individu ;
• les personnes morales : c’est à dire des groupements de personnes ou de
biens à qui la loi reconnaît la personnalité juridique.

Les personnes morales sont des fictions juridiques construites pour répondre à des
besoins sociaux. La réussite de certains projets de grande envergure nécessitait de
constituer des groupements de personnes mettant en commun leurs activités et leurs
ressources pour poursuivre des buts proches ou différents de ceux de leurs
membres.

La personne morale a des droits et obligations qu’elle exerce par l’intermédiaire de


ses représentants.

Elles se divisent elles-mêmes en personnes morales de droit public (Etat,


collectivités locales, établissements publics, hôpitaux, universités..) et personnes de
droit privé, ces dernières peuvent appartenir à des catégories
diverses. Les sociétés qui sont constituées en vue de partager des bénéfices ou de
réaliser une économie.

Elles obtiennent la personnalité juridique à compter de leur immatriculation au


Registre du commerce.

Elles peuvent être civiles (réservées aux activités civiles) ou commerciales.

Les associations qui n’ont pas pour finalité de faire des bénéfices, mais de mettre en
commun des connaissances et une activité.

La personnalité morale est acquise par une déclaration.

Les syndicats dont la finalité est la défense des intérêts professionnels obtiennent la
personnalité morale par une déclaration.

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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

Les fondations sont des personnes dont l’objet est une affectation permanente de
biens à une œuvre d’intérêt général charitable ou désintéressé. Leur personnalité est
subordonnée à la reconnaissance d'utilité publique par décret.

1) L’importance de la personnalité juridique : La personnalité juridique est définie


comme l’aptitude à être titulaire de droits et d’obligations. Par cette définition, il faut
entendre que l’acquisition de la personnalité juridique implique de la reconnaissance
de droits et d’obligations.

La personnalité juridique est primordiale pour exister au sein de notre société car il
faut être reconnu comme une personne (physique ou morale) pour pouvoir exercer
une activité, faire respecter ses droits et être soumis à des obligations juridiques.

b) Le cas des personnes morales :

La disparition de la personne morale peut prendre plusieurs formes :

• Disparition statutaire

• par l’expiration du délai de constitution de la personne morale ;

• par la réalisation de l’objet social.

• Disparition volontaire

• par une décision des représentants qualifiés de la personne morale.

• Disparition imposée

• par la loi ;

• par l’autorité administrative ;

• par l’autorité judiciaire.

Effets des trois modes de disparition :

La disparition matérielle de la personne morale est concrétisée par sa radiation au


registre du commerce qui est la conséquence de la dissolution de la personne
morale. La personnalité morale peut survivre pour les besoins de la liquidation pour
une durée déterminée en justice.

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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

II - LES ATTRIBUTS DES PERSONNES JURIDIQUES

La personnalité juridique implique que chaque personne a un état dont elle ne peut
disposer librement et ce au nom du principe de l’indisponibilité de l’état des
personnes. Pour cela, nous envisagerons successivement le nom de famille, le
domicile et la nationalité des personnes physiques.

A – Le nom de famille : Par le nom, nous entendons le nom de famille, le prénom


et éventuellement les éléments accessoires comme les surnoms ou pseudonymes.

L’article 28 du code civil stipule :

« Toute personne doit avoir un nom et un ou plusieurs prénoms. Le nom d’un homme s’étend à ses
enfants.
Les prénoms doivent être de consonance algérienne; il peut en être autrement pour les enfants nés
de parents appartenant à une confession non musulmane ».

Le nom de famille peut s’acquérir par : la filiation et le mariage.

La nature juridique du nom : Le nom est à la fois un droit subjectif et une institution
de police civile. La nature juridique du nom se justifie par ses caractéristiques :

– le nom est obligatoire : il doit être possible de désigner une personne ;

– le nom est immuable et incessible : il ne peut être ni vendu ni légué.

B – Le domicile : régit par les articles 36 à 39 du code civil.


Art. 36: Le domicile de tout algérien est le lieu où se trouve son habitation principale. A défaut, la résidence
habituelle en tient lieu.
La personne ne peut avoir plus d'un domicile à la fois.
Art. 37: Le lieu où la personne exerce son commerce ou sa profession, est considéré comme un domicile spécial
pour les affaires qui se rapportent à ce commerce ou à cette profession.

Art. 38: Le mineur, l'interdit, le disparu et l'absent ont pour domicile celui de leur représentant légal.
Toutefois le mineur émancipé a un domicile propre pour tout ce qui a trait aux actes qu'il est légalement capable
d'accomplir.

Art. 39: On peut élire un domicile spécial pour l'exécution d'un acte juridique déterminé.
L’élection de domicile doit être prouvée par écrit. Le domicile élu pour l’exécution d’un acte juridique sera
considéré comme domicile pour tout ce qui se rattache à cet acte, y compris la procédure de l’exécution forcée, à
moins que l’élection ne soit expressément limitée à certains actes déterminés.

C – La nationalité : La nationalité est un lien juridique qui rattache une personne,


physique ou morale, à un Etat. Chaque Etat est libre de fixer les règles d’acquisition
de la nationalité. On distingue à cet effet la nationalité d’origine, et la nationalité par
voie d’acquisition (mariage, naturalisation, etc ).

Capacité juridique :

Par capacité juridique, il faut entendre à la fois la capacité d’exercice et la capacité


de jouissance.

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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

La capacité d’exercice : permet à une personne de mettre en œuvre les droits dont
elle est titulaire alors que la capacité de jouissance signifie qu’une personne est
titulaire de droits.

La capacité juridique peut être définie comme l’aptitude d’une personne à être
titulaire de droits et à les exercer. On distingue deux types de capacité :

La capacité de jouissance (aptitude à acquérir des droits) et ; la capacité d’exercice


(aptitude à exercer des droits).

Le principe set que toute personne physique majeure et saine d’esprit dispose de la
pleine capacité juridique. On dit qu’elle est capable. On trouve ce principe à l’article
40 du code civil :

« Toute personne majeure jouissant de ses facultés mentales et n’ayant pas été interdite, est pleinement capable
pour l’exercice de ces droits civils.
La majorité est fixée à 19 ans révolus ».

Toutefois, certaines personnes, soit parce qu’elles sont protégées par la loi, soit
parce qu’elles sont sanctionnées sont ou deviennent incapables.

C'est-à-dire, qu’elles perdent la possibilité d’avoir des droits et d’être tenues


d’obligations. A ce titre, on distingue entre l’incapacité de jouissance (l’impossibilité
pour une personne d’acquérir des droits) et ; l’incapacité d’exercice, (l’inaptitude pour
une personne à exercer ses droits, même si elle en est titulaire).

On trouve la situation des personnes incapables aux articles 42, 43 et 44 du code


civil, il s’agit :
Art. 42: La personne dépourvue de discernement à cause de son jeune âge ou par suite de sa faiblesse
d'esprit ou de sa démence, n'a pas la capacité d'exercer ses droits civils.
Est réputé dépourvu de discernement l'enfant qui n'a pas atteint l'âge de treize ans.
Art. 43: Celui qui a atteint l'âge de discernement, sans être majeur, de même que celui qui a atteint la
majorité, tout en étant prodigue ou frappé d'imbécillité, ont une capacité limitée conformément aux prescriptions
de la loi.
Art. 44: Ceux qui sont complètement ou partiellement incapables, sont soumis, selon le cas, au régime de
l’administration légale, de la tutelle ou de la curatelle dans les conditions et conformément aux règles prescrites
par la loi.

1 – le mineur dépourvu de discernement, c'est-à-dire celui qui n’a pas encore atteint
l’âge de 13 ans révolus ;

2 – le mineur dépourvu de discernement à cause de sa faiblesse d’esprit (absence


d’intelligence) ;

3 – la personne qui se trouve en situation de démence.

Toutes ces personnes n’ont pas la capacité à exercer leurs droits civils. On parle ici
d’incapacité totale ou complète. Ces personnes, sont selon le cas, soumises dans le
but de les protéger à certains régimes juridiques, et c’est leur représentant légal qui
assure l’exercice de leurs droits. Les parents pour les mineurs ; le tuteur ou le
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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

curateur pour les personnes dont les facultés mentales ou physiques sont altérées.
Tous les actes accomplis par cette catégorie de personnes sont susceptibles de
nullité.

D’autre part, les personnes qui ont atteint l’âge de discernement (13 ans révolus) et
celles qui ont atteint l’âge de majorité (19 ans révolus) tout en étant prodigue (celui
qui dépense et dilapide excessivement et inutilement sa fortune) ou frappé
d’imbécilité (celui qui est dépourvue d’intelligence), ont une capacité limitée. Ces
personnes sont aussi soumises dans le but de les protéger à certains régimes
juridiques, et c’est leur représentant légal qui assure l’exercice de leurs droits. Les
actes accomplis, par cette catégorie de personnes sont également susceptibles de
nullité.

III - CLASSIFICATION DES DROITS

PATRIMONIAUX ET LES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX

Plusieurs classifications ont été proposées par les auteurs. Celle qui est le plus
souvent retenue est la distinction entre :

Les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux

Elle consiste à ranger les droits selon qu’ils ont ou non une valeur pécuniaire et qu’ils
entrent ou non dans le patrimoine.

Les droits patrimoniaux et le patrimoine

C’est la notion de patrimoine qui permet de déterminer les droits patrimoniaux.

Le patrimoine d’une personne est l’ensemble des droits et obligations, ayant une
valeur économique et se trouvant dans le commerce juridique. C’est une universalité
de droit, c’est à dire un tout, une unité juridique. Il est composé d’un actif c’est à dire
un ensemble de droits et de biens dont dispose la personne et d’un passif
composé des dettes de la personne. Le patrimoine est indépendant des variations de
l’actif et du passif : l’image généralement utilisée pour le qualifier est celle de
l’enveloppe, de la boîte ou de la bouteille vide. On peut encore suggérer que
le patrimoine est « l’emballage » pas le contenu : la personne est toujours titulaire
d’un patrimoine même si l’emballage est vide ou à moitié plein. Le patrimoine ne
disparaît pas même si l’actif et le passif sont nuls. La conception classique attache le
patrimoine à la personne. En conséquence, seules les personnes sont susceptibles
d’en avoir un ; celui-ci ne saurait exister en dehors de la personne.

Le patrimoine est d’autre part inséparable de la personne, il en résulte qu’une


personne vivante ne peut pas céder son patrimoine. Il sera transmis lorsque la

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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

personne aura disparu. Enfin une personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine :
c’est le principe de l’unité du patrimoine.

Les droits patrimoniaux : Ce sont des droits évaluables en argent. Les droits
patrimoniaux portent sur des choses ;

1° Choses corporelles : Ce sont celles qu’on peut toucher parce qu’elles ont une
consistance matérielle (Ces choses corporelles peuvent être certaines c’est à dire
individualisées ou de genre ou fongibles, ces dernières peuvent être remplacées les
unes par les autres (En outre elles peuvent être consomptibles lorsqu’elles
disparaissent dès le premier usage (Enfin parmi les corps certains, on distingue les
meubles des immeubles.

Les meubles sont des choses qui peuvent être déplacées d’un endroit à l’autre sans
les modifier ou les détruire.

Les immeubles sont définis comme des biens non susceptibles d’être déplacés.

2° Choses incorporelles : Ce sont des biens qui n’ont pas d‘existence matérielle
mais juridique : ils ne sont pas palpables comme les choses corporelles. Comme
précédemment ils se divisent en meubles et immeubles.

CLASSIFICATION DES DROITS PATRIMONIAUX

Ils sont de trois sortes :

1° Droits réels : Ce sont les droits détenus directement par une personne sur un
bien ayant une existence matérielle. Le droit réel confère à son titulaire la possibilité
de retirer les avantages de la chose ou certains d’entre eux.

Le droit réel est opposable à tous : son titulaire peut suivre le bien en quelques
mains où il se trouve, c’est le droit de suite. Il peut d’autre part, quand il est en conflit
avec d’autres créanciers de son débiteur, être préféré à ces derniers lors du
paiement des dettes, c’est le droit de préférence.

On distingue les droits réels principaux et les droits réels accessoires.

Les premiers (droits réels principaux) tendent à l’utilisation directe de la chose : il


s’agit du droit de propriété et ses démembrements (usufruit, servitude...).

Les seconds (droits réels accessoires) garantissent le paiement d’une créance dont
ils sont l’accessoire (hypothèque, gage)

2°Les droits personnels : Le droit personnel ou droit de créance est le droit d’une
personne, le créancier, d’exiger d’une autre personne, le débiteur, l’exécution d’une
obligation que la première personne est en droit d’attendre. Contrairement au droit
réel attaché à une personne, il repose sur un rapport entre deux personnes : le lien
de droit en vertu duquel un créancier peut exiger d’un débiteur une prestation
déterminée est appelé obligation.
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Résumé général introduction au droit : I.E.D.F. Janvier 2018

On distingue les obligations de faire, de ne pas faire ou de donner.

L’obligation peut être légale car elle est imposée par la loi ;

Contractuelle c’est à dire issue d’un contrat (accord de volonté entre deux ou
plusieurs personnes),

Enfin délictuelle, née à la suite d’un dommage causé à autrui.

3° Les droits intellectuels : Le droit intellectuel est le droit qu’a une personne d’être
seule à tirer profit d’une chose immatérielle : il s’agit d’un monopole d’exploitation
d’une œuvre de l’esprit ou d’un monopole sur l’exercice professionnel.

Ils sont nombreux et variés. On peut citer d’abord les droits de propriété intellectuelle
composés de la propriété littéraire et artistique et de la propriété industrielle et
ensuite les droits de clientèle civile ou commerciale.

Les droits extrapatrimoniaux

Les droits extrapatrimoniaux sont des droits subjectifs qui ne sont pas susceptibles
d’évaluation pécuniaire et n’entrent pas dans le patrimoine.

On peut les regrouper en 4 catégories.

Cette catégorie fait l’objet de divergence doctrinale sur son contenu. D’un point de
vue général, ce sont les prérogatives extrapatrimoniales ayant pour objet les
éléments essentiels de la personnalité de leur titulaire.

1° Classification

a) Droit à l’intégrité physique : chacun a droit au respect de son corps. Le corps


humain est inviolable. Il ne peut pas faire l’objet d’un droit patrimonial. C’est pourquoi
on fait don de son sang ou de ses organes.

b) Droit au nom : Le nom patronymique permet de distinguer les personnes entre


elles.

Le nom est indisponible, c’est à dire qu’il ne peut pas faire l’objet de convention (il ne
peut être vendu). Toutefois ce principe souffre une exception en
droit commercial. D’autre part le droit au nom est imprescriptible : il ne peut se perdre
par le non-usage ou s’acquérir par l’usage.

Enfin il est immuable : en principe une personne ne peut pas changer de nom.
Cependant, les articles du code civil permettent à une personne de changer de nom
ou de le modifier.

(c) Droit à l’image : C’est le droit qu’a une personne sur la reproduction et la diffusion
de son image. Ainsi l’image d’un individu ne peut être utilisée qu’avec son
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autorisation expresse (jurisprudence abondante au sujet de l’utilisation de l’image


des personnes célèbres dans les médias).

d) Droit à l’honneur : C’est le droit qu’a une personne de protéger son intégrité
morale et de poursuivre toute personne qui y porte atteinte (diffamation, injure)

2° Protection des droits de la personnalité : Les d roits de la personnalité font l’objet


d’une double protection. Il existe d’une part des sanctions pénales : l’atteinte à la vie
privée et à l’image, les atteintes à l’intégrité physique constituées en cas d’homicide,
coups et blessures, tortures, l’atteinte au nom et à l’honneur par diffamation ou
injures sont sanctionnées par un emprisonnement et une amende. Il est prévu
d’autre part pour toutes ces atteintes des sanctions civiles sous la forme de
dommages et intérêts sur le fondement de l’action en responsabilité délictuelle.

DROITS DE LA FAMILLE :

Ce sont des droits reconnus à une personne dans ses rapports avec les membres de
la famille. Ils découlent surtout de la filiation, comme l’autorité parentale ou encore
droit de faire établir sa filiation, mais aussi du mariage à l’assistance.

DROIT MORALE DE L’AUTEUR

C’est le droit non pécuniaire qu’a un auteur sur son œuvre : il peut la diffuser, la
détruire, la modifier ou la retirer. Ce droit lui permet de veiller au respect de ses
créations littéraires ou artistiques.

LES LIBERTES PUBLIQUES

Ce sont les droits politiques des citoyens comme le droit de vote, le droit de grève, le
droit syndical ou le droit d’éligibilité.

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