Vous êtes sur la page 1sur 16

LA GESTION DU RISQUE DANS LA DÉCISION D'INVESTISSEMENT

INDUSTRIEL : DE LA MESURE À L'ANALYSE


Une étude longitudinale et contextuelle

Anne Pezet
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
Association Francophone de Comptabilité | « Comptabilité - Contrôle - Audit »

2000/2 Tome 6 | pages 5 à 19


ISSN 1262-2788
ISBN 2711734129
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-comptabilite-controle-audit-2000-2-page-5.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Association Francophone de Comptabilité.


© Association Francophone de Comptabilité. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


Anne PBzrr
t GESION DU RISQUE DANS LA DÉCrSrON D'nWESTISSEMENT TNDUSTRTEL:
DE LA MESURE À LANALYSE

La gestion d,u risque


dans la d,écision d'inuestissement
ind,ustriel : de la mesure
à I'analyse
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
Une étude longitudinale et contextuelle
Anne Ppzer

(onespondome: Anne Pgzet


Crefige - Université Paris Dauphine
Place du Maréchal-de-l,attre-de-Tassigny
75775 - Paris Cedex l6
Té1. : 0l 44 05 46 36
pezet@ cr efige.dauphine. Ê

CoMPDABnrTÉ- CærvrRôLE-AuoIt /Tome 6 -Volume 2 -septembre 2000 (p.5 à 19)


Anne PBzBt
tA GESTION DU RISQUE DANS IÂ DÉCISION DINVESTISSEMENT INDUSTRIEL :
6 DE I.A' MESURE À TAI.{ALYSE

Risque et investissement sont indisociables : un investissement compofte un risque naturel compte


tenu de I'incertitude qui pèse sur les profits que l'on en aftend. La linérature sur le choix d'investisse-
ment traite abondemment de la réduction du risque qui passe par une instrumentation riche et
souvent sophistiquée. La lecrure des pratiques monffe au contraire que, si le risque est bien au cæur
de la décision d'investissement, les instruments les plus simples sont souvent les plus utilisés : délai de
récupération ou critères actualisés avec o hurdb rate , (liæéralement : taux barrière) sont parmi les plus
répandus (Poterba et Summers, 1995 ; Colasse, 1993 ; Scapens et Sale, 198 1 ; Nussenbaum , 1978).
On peut alors se demander comment se construisent I'appréciation et la mesure du risque lors de la
décision d'investissement, question ignorée par la littérature traditionnelle. Pris en tenaille entre une
théorie essendellement financière fondée sur le calcul probabiliste et des pratiques qui ignorent ce type
de démarche, la recherche sur le risque dans le choix d'investissement se doit de renouveler sa
démarche. Lutilisation d'une méthode différente, la méthode critique de I'histoire, contribue au
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
renouvellement de la pensée autour de l'investissement. Compte tenu de la faible utilisation des
instruments théoriques par les praticiens, l'analyse du risque de l'investissement mérite d'être complé-
tée par des éléments qualitatifs. [a compréhension des contextes dans lesquels se font les décisions est
aussi de nature à faciliter la gestion des investissements réalisés et, ce, quel que soit le niveau de risque
accePré au départ.

Lladoption d'une perspective longitudinale permet en effet d'extraire le choix d'investissement


d'une formulation purement technicienne pour le contextualiser. Létude des décisions d'investisse-
ment dans l'industrie de l'aluminium de 1890 à 1990 débouche sur treize études de cas. Ces études
de cas sont issues d'une recherche sur archives d'entreprises (ici, pour I'essentiel : dossiers d'investisse-
ment, correspondances interne et externe). Elles portent sur des investissements en sites neufs ou,
dans une moindre mesure, sur des extensions de sites existans. Pour chaque cas d'investissement, on
peut situer les instruments de l'évaluation du risque dans un contexte historique présentant deux
dimensions. La première relève de I'histoire des mentalités et permet de mesurer le degré de tolérance
au risque admis par la société économique à une période donnée. La detxième dimension est une
mesure de la perception du risque en fonction de la situation économique générale et de celle parti-
culière à I'industrie de I'aluminium.

Létude longitudinale montre que I'instrumentation de mesure du risque ne suit pas parfaitement
les changements contextuels. Une forte permanence instrumentale ressort tout eu long du siècle
parcouru. Les industriels de l'aluminium semblent agir comme si le risque était inhérent à I'investis-
sement, lui-même inhérent à I'activité industrielle. Iæ choix rt'existe pas toujours quand la survie de
l'industrie dépend de l'investissement sans qdon en connaisse la rentabilité. De même que le proret
alternatif peut êûe inexistant. Dans ceme perspective, I'appréciation et la mesure du risque semblent
de nature à contribuer à la réflexion d'ensemble autour de l'investissement dans ses multiples aspects,
financiers mais aussi stratégiques, politiques, sociaux, etc. (Pezet, 1998). l,a mesure du risque ne fait
pas le choix d'investissement, elle perticipe avec d'autres critères, pas seulement financiers, à une
analyse d'ensemble et permet de déterminer, le cas échéant, les solutions les plus stres.

Un passage en revue succinct de la littérature montre ses insuffisances per rappoft aux pratiques.
Lhistoire, appuyée sur une méthode critique éprouvée, permet de réinvestir ce champ pratique et de
situer les usages instrumentaux de la mesure du risque dans un contexte idéel et économique afin de
montrer que I'analyse prime sur la mesure.

C-oMplaBrLJTÉ - CoNrRôLE - Auott / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Pezrr
LA GESTION DU RISQUE DANS rA DÉCISTON D'IIWESISSEMENT TNDUSTNEL:
DE LA MESUREÀ LANALYSE 7

ffi De h ttéorie des choix à I'analyse contextuelle


du risque : le choix dune méttodologie nouyelle
La théorie propose des instruments de mesure du risque. Les études empirigues montrent poumant
que cette instrumentation est largement ignorée par les praticiens. Pour comprendre ce décalage,la
démarche historique, qui permet de contextualiser les pratiques, semble pertinente.

i--ffi.,',*-q, Ë La littérature sur le choix dinvestissement : mesuf,er


et quantifier le risque
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
La littérature sur le risque se donne généralement un double objecdf : définir le risque et analyser les
procédures et les instruments imaginés par I'homme pour le maîtriser. La définition originlle du
risque se trouve dans l'italien ancien risicare qui signifie oser (Bernstein, 1996). Le développement des
instruments de maltrise du risque a fait passer l'humanité d'un stade oir les dieux et leurs porte-parole
dominaient I'idée même du futur à un stade oh celui-ci est devenu un réservoir d'opportunités
(Bernstein, 1996).IJouwage de Knight, publié une première fois en 1921, aproposé une distinction
importante : le risque est probabilisable, l'incertitude ne l'est pas. [a turbulence apparalt plus tard, qui
exprime une fragmentation d'avenirs à la fois incertains et multiples. Les instruments de maitrise du
risque vont se développer dans une histoire otr l'avenir peut être perçu comme certain, risqué, incer-
tain ou turbulent.
Le risque voire I'incertitude font panie de la définition même de l'investissement ; s'il est l'action
d'engager une dépense maintenant afin de percevoir des gains futurs, il repose sur une série d'hypo-
thèses et non de certitudes. C'est pourquoi la littérature théorique sur le choix d'investissement
consacre généralement de longs développements au risque (Babusiaux, 1990 ; Fixari, 1993 ; Bancel et
Richard, 1995). Mais, comme pour la plupart des aspects liés au choix d'investissement, elle traite le
risque de manière normative et instrumenrale. Les méthodes présentées pour décider d'investir en
avenir incertain peuvent être extrêmement simples (délai de récupération ou ?a! bach, analyse de
sensibilité) ou plus complexes (actualisation, probabilités, arbre de décision, minimax et maximin,
modèle d'évaluation des actifs financiers, options réelles) pour ne citer que les plus connues.
Les méthodes les plus récentes sont précisément celles qui placent le risque au centre de leur
problématique. IJapproche par les options se présente comme une critique forte des modèles ortho-
doxes (dont le symbole est la valeur actuelle neae). Dixit et Pindyck (1994) soulignent la mauvaise
adéquation entre les instruments traditionnels et les trois caractéristiques fondamentales de l'investis-
sement l'irréversibilité, I'incertitude et la programmation dans le temps (tining). La démarche
optionnelle, en laissant la possibilité à I'investisseur de retarder sa décision, permet de résoudre, au
moins partiellement, ces trois problèmes. La théorie orthodoxe a d'ailleurs tenté d'intégrer cette
critique en créant une VAN o augmentée u de la valeur de I'option (Brizio, 1994). Parmi les modèles
récents, le MEDAF (modèle d'évaluation des actifs financiers) accorde également une place centrale
au risque en permeftant une comparaison €ntre la rentabilité d'un projet et celle des marchés finan-
ciers tout en évaluant le risque lié au projet lui-même. Ces modèles, issus de la finance de marché, sont
destinés à quantifier et mesurer le risque ; or les études empiriques montrent qu'ils sont largement
ignorés des praticiens.

CoMpresIrTÉ - Cotgrnôre - Auptr / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Pszgr
I..A GESTION DU RISQUE DANS IA DÉCISION D'INVESTISSEMENT INDUSTRIEL:
I DE I.AMESUREÀ TANALYSE

Toutes les études empiriques (paniculièrement : Marsh et aI, 1988;


Engel, Fixari et Pallez,, 1984 ;
Klammer et'Walker, 1984) montrent en effet que les pratiques des entreprises en metière de choix
d'investissement ne s'appuient que très partiellement sur les instruments proposés par la théorie.
S'écartant du champ de la théorie, March et Shapira (1991) proposent une démarche visant à redéfi-
nir le risque mais aussi les attitudes des managers face au risque et le traitement qu ils font du risque.
À partir de diverses études empiriques, ils constatent que < la propension des managers à prendre des
risques varie selon les individus et les contextes o (p. 116). Les managers font preuve d'une totale
u imperméabilité aux estimations de probabilité u privilégiant l'ampleur du résultat aftendu, positifou
négrtif, plutôt que la probabilité de sa survenance. Ils accordent plus ou moins d'attention à des
u objets n (opportunités ou danger$ selon le contexte dans lequel ils prennent leur décision. Enfin, la
prise de risque n est pas vécue comme un jeu de hasard : les managers considèrent qu ils maluisent le
risque voire même qu'ils sont aptes à le réduire du fait de leur expérience antérieure.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
Pour passer de la théorie des choix d'investissement, fortement financiarisée et mathématisée, à
I'analyse contextuelle que proposent March et Shapira tout en conservant I'approche instrumentale
de la décision d'investissement, I'adoption de la méthode historique paralt pertinente.

ffi,,f.,#ffi--$ffi Une méthodologie nouvelle pour analyser le risque dinvestir :


Ia méthode critique de l'histoire
Depuis quelques années, la comptabilité et le contrôle ont développé une démarche historique afin de
connaltre leur passé mais aussi d'éclairer des débats contemporains (Nikitin, 1992 i Lemarchand,
1993 i Zimnovitch, 1997 ;Pezæt,1998; Berland, 1999 pour les seuls ûavaux français). La méthode
critique de l'histoire est maintenant connue des gestionnaires et le travail sur archives, reconnu
comme u terrain , possible d'une recherche en gestion (læmarchand, Nikitin et Zimnovitch dans
Colasse, 2000). Dans cette étude sur le risque d'investir, les archives répertoriées et dépouillées eppar-
tiennent aux fonds gérés par l'Institut pour I'histoire de l'aluminium et par le service des archives de
Pechiney. læ tableau 1 ci-conue restitue les sources et les références udlisées.
Les documents darchives portant sur I'investissement dans l'industrie de I'duminium compoftent
des dossiers d'investissement, une abondante correspondance interne et externe, des notes de service,
etc. Ils reûacent les décisions liées à l'investissement en sites neuÊ ou en extensions de sites existans.
Les lire permet de suivre le cheminement des uns et des autres (ingénieurs, financiers, direction, etc.)
dans ce qui aboutira ou non à un investissement. On trouve dans ces documents les instrumens qui
servenr de support à la décision et qui, pour certains, mesurent le risque. On y trouve aussi, par l'étude
du contexte, les modalités d'usage de ces instrumenrc ; ainsi, une valeur actuelle nette peut figurer
dans un dossier alors que la décision est prise sur d'autres critères éventuellement non financiers et
non chiffiés. Larchive révèle donc des pratiques que nous avons configurées en treize cas ceractérisés
par la taille et les évolutions technologiques. Ces deux variables donnent une première dimension
contextuelle et permeftent de périodiser les décisions.
La méthode historique se câractérise en effet par une construction du temps ou périodisation. Son
importance tient au fait u qdelle traite, dans la chronologie même, le problème central de la tempo-
ralité moderne o (Prost, 1996, p.115). La chronologie d'une recherche historique en gestion e$ donc
étroitement liée à des questions relevant de la gestion contemporaine. En mettânt en évidence les
permanences, les ruptures et les évolutions, le découpage chronologique peut donner aux pratiques de

CoMrTABIrrTÉ - C-orrrnôrr - Auor / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Pezst
LAGESTTON DU RTSQUE DANS rA DÉCrSrON D'TNVESTISSEMENT INDUSTRIEL:
DE LA MESUREÀ TJANALYSE 9
Tableau 1
Treize études de cas construites à partir de la méthode critique

!i ,.-.,- ilunnsrÉr* i i
Lru --'--- it(aueÈnrs)
Annrt i lrHovmor
..i iGnAorÉ**
------'--
i (r/an)
Souncsi .

; i i i ouRÉFÉRENcrs

LaPraz i 1893 i 2100 i 5000 jOrocéde iLesclous,1996


l|ey'9i:l.j_.i-i__ié]q$t.-o..t|gq.*
; -^.-'. --T.-.. --,,'i---','-
Whitney i 1912115 112/15 000i 20 000 i taille i 500-1-17769n0
(États-unis) ,i(echec)
.. i i !
liFF:vlÙ**lLesr'çQi*-i*j--."*-;--9]!l:l9.93
i i ! i 0734-10030
i

Rioupéroux
'i-ill i 1926
rcZa irsoo
i 3500 i 11000 iprocédé5ôderberg*** izll-g-tetn
!ttoOO jprocédéSôderberg*** i211-9-16730
[:9t l
q'..9I.9l-i_j___-i-??999-l.gg:9{i_.E'']q!9-.__.-__j
i i_ _ _ j_ ?? 909 in'o_.9{e_.lr''.1oy9 ____j 9j119911 __
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
Sabart ii --- ii :- too
tgzg zz ooo i noweau creuset
-- ii ----- i"--'----.----- izr-glana
(ariène)
/ÂriÀna\
Ylil:Y-:1-----
i! .
i: !i
.-j--.-----i i
i innt:too,ao
loo-t:-tggaa
-*!
champasnier ii rg:o
''-- ii slto --- !i --
-" - ooo --- ii tritte
zz ooo '-"'- ii oo-r:-rggaz
-- '' '" '-
(lsère) i(échec;: i icuvesrectangulaires i

Edéa i 1953 i 50000 i 100000 iintensité i052-2-26215


(cameroun) iii i,I
ii!
irri iii ilesclous,iee6
iBaumard,lee6
iBaumard,1996
Noguères : 1960 i 87 000 i 100 000 i i 211-12-55211113
(lrlr9ç:-S!sr!qreù
- i-
- --i -
Saint-Nicolas i 1966 i 72 500 i 0S OOO i retour au procédé
i- -- - j
i Grinberg et Mioche, 1996

-(-criçQ* -
Ferndale
i -i----i-i
Ferndale i 1966
*-.*--i*---*--*-î-:**-*'!
-lgerege:seqte:-
225 000 130 000 iI tatlle
i ZZ5 intensité
taille et Inteneté
'
i

i E1o-7-28634
810-7-28634
/É+"+.-ff^i"\ i I i i
!tt*:vli'l_ i_ i ii i
iorn-t-'r^n^n',
8:9:!:21:999n3
Vlissinsen
Vlissingen i 1971 i 170 000
i 130 000 i i 211-9-70022
(Pavs-Bas)i!ii
(Pays-Bas)
Frederick i.i tgtt i ! r:oooo i izqz-t-zeaastgz
ito:ooo i i
IÉtit':-u..11:l jiii
i211-12-5s191n4
i

i
(Hautes-forénées) i i ilnprÀcuites i90-14-501-iha-25
Tomaso : 1983 i 220 000 i 180 000 i i 90-12-501-iha-6
(Australie) i i i i idm.nonarchivés
i i i I
-'-----i'-----**"i*_--i-*---+-- i(lluminiumPechiney)
-------_i-
Bécancour i tsso I zao ooo i teo ooo i i doc. non archivés
(Canada) i!a i i i t i@luminiumPechiney)
5t-Jean-de-Maurienne !,i:i1986 iextension I ZAO OOO i intensite i d*. non archivés
(Savoie) i i i i i(AluminiumPechiney)
a Les références numérotées conespondent à des cotes archivées. soit au service central des archives de Pechiney, soit à l'lnstitut pour
I'histoire de l'aluminium (lHA).
** Capacité et intensité électrique indiquent la taille, toujours plus grande, des investisements.
*** Les anodes Sôderberg cuisent directement dans le bain d'alumine en fusion lors de l'électrolyse de I'aluminium. Le procédé clæsique
utiliæ des anodes orécuites.

CoMPTABILTTÉ - CoNrRôLE - Auprr / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Pnzrr
rA GESTION DU RTSQUE DANS r^A DECISION D',INVESTISSEMENT INDUSTRIEL:
l0 DE TAMESUREÀ TANALYSE

gestion une dimension temporelle sans les couper de leur présent. IJanalyse contexruelle du risque
repose ici sur une périodisation de la perception possible du niveau de risque par les décideurs au
moment du choix d'investissement, perception dépendant de la situation économique de l'industrie
mais aussi de la mentalité des affaires qui influence le degré de tolérance au risque. IJanalyse contex-
tuelle du risque dans la décision d'investissement passe donc d'abord per un rcpérage des contextes
idéels afin d'érudier ensuite le lien entre les mentalités d'affaires et la décision.

#*1'-{'-1i,ffiffi Repérer les contextes paf, une étude longitudinale


Avec March et Shapira (1991), on considérera que le risque est un concept variable qui dépend de la
percepdon que les individus ou les groupes d'individus s'en font. L?analyse des contextes dans lesquels
les industriels de l'aluminium ont pris leurs décisions est donc un préalable. Au travers d'ouvrages
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
d'économie ou d'histoire économiquer pour I'essentiel, on peut retracer les grandes évolutions des
mentalités de la société économique française face au risque ainsi que les savoirs théoriques dont cette
société se dote pour le mesurer. La fone aversion au risgue d'avant 1945 laisse place à une valorisation
des projets risqués dans un environnement qui l'était peu, et enfin, à une véritable pratique du risque
dans les turbulences des années 1970 et1980.

ffiffi .---T*.,-f'.l}' AVANr re45 : LAVERsIoN AU RIsQUE


Courcelle-Seneuil, dans son Manuel des ffiires (1872), note qu'u il faut dans toute entreprise mesu-
rer incessamment ce que coûte et ce que rappofte le capital qu'on emploi. [...] et, dans les calculs de
ce genre, il faut soigneusement réserver une place aux éventualités et aux accidents r (p. 46). Plus
spéciÊquement, Courcelle-Seneuil place le temps au centre de la mesure du capital : u Chaque fois que
l'étude d'une affaire implique un calcul de temps, faire ce calcul en chiffres evec une extrême atten-
tion. Telle opération, bonne et sensée d'ailleurs, échoue souvent parce qu elle vient à conclusion un
peu trop tôt ou un peu trop tard. C'est par de faux calculs sur le temps ou par suite de I'absence de
tour calcul, que les hommes habitués aux généralités commettent le plus de fautes dans les affaires o
b. a4D. Le temps a un cott et I'intérêt doit rémunérer le capital. Courcelle-Seneuil propose un
modèle de rype actuariel privilégiant la notion de capitalisation. Lidée de placement de l'épargne
prime sur celle de la rentabilité de l'investissement, terminologie qui riapparaîtra d'ailleurs qu'au
début du >of siècle. Le schéma de pensée dominant se caractérise par la recherche de l'économie de
capital, le souci de mesure ou encore la préservation des intérêts de l'actionnaire.
Au-delà des connaissances théoriques sur l'investissement, les mentalités d'affaires influencent les
comportements et, par conséquent, les méthodes de gestion. Avant 1914, elles sont empreintes du
souvenir des crises du xnc siècle. La crainte des surcapacités reste dominante : u Lentrepreneur vit
dans l'obsession de la surcapitalisation u (Caron, 1976, p.76). Ll,approche prévisionnelle reste large-
ment ignorée et I'entrepreneur craint plus que tout les u excédents d'investissements mal calculés >
(Braudel et Labrousse, 1993, p, 135), Les mentdités sont conservatrices ; ainsi I'idée d'un renouvelle-
ment régulier du capital rientre pas dans les préoccupations des acteurs, o les ingénieurs et les techni-
ciens considèrent longtemps I'outillage industriel comme un bien presque aussi durable que le bâti-
ment lui-même , (Caron , 1976, p. 92). Entre un passé lourd d'échecs industriels, le conservatisme
ambiant et I'incertitude à venir, l'investissement représente à la fois le qymbole de tous les risques mais
aussi I'avenir d'industries émergentes comme l'industrie de l'aluminium.

Corrar"resurÉ - C-ournôLs - Atrotr / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Ppzp'r
rA GESION DU RTSQUE DANS rA DÉ,CISION D'TNVESTISSEMENT TNDUSTRTEL:
DE tA MESURE À TANALYSE ll
tillfifil'oç1,#},1,1|1ffi rENDANT LEs TRENTE GLoRTEUSES : rA rrretrruse DU RrseuE
SANS LE RISQUE

La période de croissance forte qui suit la Seconde Guere mondiale semble remiser la crainte du risque
et de l'incertitude au rang de croyances du passé. Une o mythologie des investissements , (Saint-
Geours, cité par Caron et Bouvier dans Braudel et Labrousse, 1993, p. 1119) nalt des instruments
économiques que l'État met en place après la guerre. læ rôle central revient au Plan et à ses outils de
prévision, dont le modèle u fifi ,, ou physico-financier, outil permettant de prévoir les évolutions de
l'économie française grâce à une série d'équations mathématiques. Les premiers plans ont donné
l'image d'une économie dynamique dans laquelle les débouchés sont assurés, c'est une u étude de
marché généralisée pour toute l'économie française , (Mcfuthur et Scott, 1970, p. I28).
Linvestissement n'est plus considéré comme un o luxe dangereux o (Hirsch cité dans Fourquet, 1980,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
p.237) mais comme le moteur d'une croissance gârântie par le Plan.
Les enseignements de u l'école économétrique française u (Caron et Bouvier dans Braudel et
Labrousse, 1993, p. 1099) prolongent la longue tradition française de l'économie mathématique, de
Dupuit à Allais en passant par Cournot,'Walras, Divisia, Roy (Etner, 1987) et diffirsent une culrure
de la valeur croissance et de I'optimum, des techniques de gestion dites scientifiques (telle la recherche
opérationnelle), des identités comme celle de l'ingénieur, etc. La littérature esr un aurre vecreur
important du développement de ces valeurs : u Il y a un livre de Maurice Allais qui iappelle À la
recherche dhne discipline économQue t. . .] C. livre a joué pour moi le rôle d'un révélateur. J'ai compris
que ma culture scientifique pouvait avoir un sens pour l'étude des phénomènes économiques o
indique Jacques Lesourne (Colasse et Pavé, L992, p.45). Lui-même, professeur d'économie politique
à l'É,cole des mines de Saint-Étienne, publie en 1958 Tëchnique éconornique et gestion industielle
o qui a eu parmi les X le succès du Coran dans la péninsule fuabique au vII'siècle u (Riveline inter-
viewé par Colasse et Pavé, 1995, p.l5). Parmi les institutions littéraires de la gestion Êançaise dans
les années 1960, on peut aussi citer Pierre Massé pour Le choix des inaestissemenx (1959) ou Jacques
Desrousseaux pour L'éuolution économique et le comporteruent industiel (1966). Riveline évoque
u la religion de la recherche opérationnelle, comme du calcul économique d'ailleurs, [qui] était centrée
autour d'un mot, optimum : un mot magique, parce que c'est un absolu, c'est un sommet D
(Fridenson, 1994, p.23). Calcul économique et optimum sont donc érigés en mythes. Ils sont des
antidores au risque et à I'incertitude ; la rationalité calculatoire réduit théoriquemenr le risque.
Linvestissement se fait alors sans danger dans l'environnement quasi certain des Trente Glorieuses.

;#tl,..,1T.*fâ--ffi cRISE EcoNoureuE Er pnnrreuE DU RrseuE


La situation économique change brutalement au milieu des années 1970. Pourtanr, les mentalités
restent fortement marquées par les années de croissance exceptionnelle que les économies viennent de
traverser. Les acteurs économiques tablent sur un rétablissement rapide de la situation. Ce rt'est qu'au
début des années 1980, après l'échec des politiques de relance, que u la conviction se répand [...] qu il
s'agit d'une crise longue, impliquant une mutation profonde des structures industrielles et un chan-
gement radical des stratégies et des comportements u (Stoffaës, 1987, p. 1S5). Lavenir se fait mena-
çant : le vocabulaire devient darwinien (la sélection naturelle aura reison des plus faibles), le plan ne
peut plus prévoir et prive les agents d'une o idée globale de I'avenir (Claude Gruson cité dans Braudel
'
et Labrousse, 1993, p. 1676). Linvestissement ralentit cependant moins que ce que la baisse du taux

ColaprlsnlrÉ - CoNrRôLE - Auon / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à lS)


Anne Pnzrr
r-A GESTION DU RTSQUE DANS rA DECISION D'INVESTISSEMENT INDUSTRIEL :
t2 DE I.A, MESUREÀ LANALYSE

de la croissance âurait pu laisser prévoir. Les incitations gouvernementeles le soudennent (Muet dans
Jeanneney, 1989) malgré la victoire apparente de la u synthèse néoclassique , sur le keynésianisme
(Fitoussi et Muet dans Jeanneney, 1989, p. 346). Laccent est résolument mis sur I'ofte et non plus
sur la demande.
Dans ce contexte, la perception du risque d'investir est renforcée par I'apparition généralisée de
surcapacités. Le risque riest plus une valeur maitrisable et maîtrisée mais une pratique quotidienne.
Alors même que l'instrumentation s'est sophistiquée, il devient impossible de pr&oir. Les industriels
doivent u s'accommoder de l'imprévu u (Jeanneney, 1989, p. 380). I-a planification nationale est en
crise ; la prospective, o inventée u par Gaston Berger dans les années 1950, prend le relais afin de
mieux appréhender un environnement incertain. Les scénarios se substituent eux schémas tradition-
nels (Stoffaës, 1996) et la probabilisation des décisions de gestion est recommandée (Teller, 1976).
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
Lavenir rt'offre qu'une lisibilité fragmentée, l'analyse des risques investit les pratiques de gestion.

ffi Des instruments d'analyse du risque d'investir


Alors que le degré de tolérance au risque évolue, de I'aversion à I'accommodation, les industriels de
I'aluminium décident aussi d'investir ou ne pas investir en fonction du contexte économique spéci-
fique de leur activité. De l'émergence de l'industrie à la fin du xD(" siècle jusqu à une maturité rendue
difficile par la crise des années 1970, ils connaissent des situations contrastées. Une périodisation
sommaire permet de classer ces situations en quatre univers : I'univers incertain de la création, I'uni-
vers risqué de la période de décollage industriel, l'univers certain des Ti:ente Glorieuses et I'univers
turbulent des années de crise. Confrontés à cene diversité, les hommes de Pechiney mettent pouftant
au point des instruments d'évaluation du risque empreins d'une surprenante permanence.

"|'t}r'{,,\# Æéas et sensibilité en univers incertain (1890-1920)


La période d'émergence de l'industrie de I'aluminium reposait sur une drie de u paris u sur I'avenir
relevant tous de l'incertitude : une technologie nouvelle et instable, un marché à créer, la concurrence
de métaux anciens er peu chers comme le cuivre, la méfiance des investisseurs, etc. Pourtant, sans
investissements massifs, l'industrie riaurait eu âucune chance de décoller. Les premiers entrepreneurs
se rrouvaient donc dans une situation de totale incertitude et leurs décisions relevaient autant de leurs
pqychologies individuelles que d'évaluations économiques et financières. Quand I'administrateur de la
Société électrométallurgique française (SEMF), Louis Merle, présente le projet d'investissement d'une
usine à La Praz (Savoie) aux actionneires, il se livre à une analyse de sensibilité qui, aussi succincte soit-
elle, fait varier la capacité, et donc le montant de l'investissement, et le cott de revient (encadré I ci-
contre). Or I'incertitude sur la demande est bien de nature à mettre en câuse le choix de la capacité.
D'ailleurs, la construction de I'usine delaPrazsera finalement repous#e d'une année en raison de la
faiblesse de la demande.
Une dizaine d'années plus tard, alors qu'un marché de l'aluminium s'est développé autour des
industries que sonr l'électricité, I'automobile et I'aéronautique, I'Aluminium français, créé par les
producteurs pour promouvoir le nouveau métal, réalise une évaluation du u prix de revient des instal-
lations d'aluminium u. Ir résultat, sous la forme d'un cott détaillé, atteint un total de 4 000 francs

CoMpraBrurÉ, - C-ournôre - Auptr / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Pezrr
r"r GEsTroN DU RTSQUE DANS LA DÉCrSrON D'TNVESTISSEMENT TNDUSTRTEL:
DE IA MESUREÀ LANALYSE 13
Encadré 1
Le rapport du27 décembre 1891 de Louis Merle aux actionnaires

< Ce rapport exposait donc avec optimisme que la SEMF posédait une chute d'une puissance de 25 000 chevaux, pou-
vant donner 3 000 tonnes d'aluminium par an. Que l'usine installée à son pied produirait son alumine et sa cryolithe,
transformerait I'aluminium en tôles, tubes et fils, avec une immobilisation de 6 millions de franct et conduirait à un prix
de revient du kilogramme d'aluminium, de deux francs seulement. Qu'avec une production réduite à 1 000 tonnes
annuelles, sans fabrication de matières premières, la dépense à prévoir ne serait plus que de 2, 4 millions de francs, mais
que le prix de revient du kilogramme d'aluminium passerait alors à 3 frana 30. Une brochure imprimée, confirmant ces
données avec détails, avait été envoyée aux principaux actionnaires, à des banquiers et à des capitalistes étrangers. >

Source : Toussarvr, 1953, Fonds documentaire lHA, vol. 11 .


Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
par tonne. Toutefois, I'auteur de la note fixe une borne haute de 5 000 francs par tonne (non détaillée)
par crainte d'une u surprise du côté hydraulique o (la production d'aluminium s'accompagne d'une
consommation importante d'énergie alors fournie par des centrales hydroélectriques). Le facteur
risque entre ainsi dans l'évaluation à hauteur de 25 o/o du ratio considéré comme normal. I^a réduc-
tion de I'incertitude passe alors par l'aléa, c'est-à-dire la surévaluation de la dépense en capital afin de
minimiser I'espérance de profit et donc d'appliquer un principe de prudence élémentaire.
Mais analyse de sensibilité et déa peuvent aussi être associés. Entre 1912 et l9l(,l'Aluminium
français étudie un projet d'investissement aux É,tats-Unis. Parmi les évaluations qui sont réalisées, on
trouve le calcul d' un prix de revient de l'aluminium selon deux hypothèses, la première repose sur un
approvisionnement extérieur en mâtière première, la seconde sur un accord avec la Société générale
des nitrures qui fournirait I'alumine à un cott plus faible (grâce à un procédé nouveau). Afin de cal-
culer le bénéfice prévisionnel du projet, le prix de vente est fixé à 2,29 francs avec ce commentaire,
signe d'une grande prudence liée à I'estimation d'une incertitude : o il est vraisemblable que ce prix
sera dépassé et qu il atteindra 2,50 francs en réalité o. Tiois hypothèses se succèdent : dumine achetée
puis alumine produite en interne et, enfin, capacité portée de 5 000 à 8 200 ronnes (après 5 ans de
fonctionnement). Pour chacune d'elles, on cdcule un Mnéfice prévisionnel avec des cotts de produc-
tion différents. Ainsi aléa (sur le prix de vente) et sensibilité (capacité de production, technologie) sont
associés pour maltriser l'incertitude liée à I'investissement et convaincre des epporteurs de capitaux
fonement influencés par I'aversion au risque qui caractérise cette période.

Sensibilité et démarche optionnslls implicite en univers risqué


(r92o-1945)
Pendant I'entre-deux-guerres, aléas et analyses de sensibilité restent en us€e dans un univers qui,
moins qu'incertain, devient risqué. En effet, I'aluminium intéresse des marchés - voir sa?ra - eru.-
mêmes en forte croissance. ks principales sociétés productrices ont fi.rsionné en l92l pour former
Alais, Froges et Camargue (AFC). l,a nouvelle entité condnue à investir à un rythme soutenu, entre
l92O et 1940, soit en agrandissant les usines existantes, soit en créant de nouveaux sites. Cependant,
la consommation d'aluminium varie fortement pendant ces vingt années. Aussi AFC est-elle amenée
à conduire des réflexions approfondies sur I'ajustement entre offre et demande. Lintroduction dans le

C.oMprABrLIrÉ - Covrnôrr - Auon / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Pwrr
r cEsTIoN DU RTSQUE DANS r-A DECISION D'INVESTISSEMENT INDUSTRIEL :
L4 DE IA MESUREÀ LANALYSE

calcul de posres d'imprévus, d'hypothèses er de variantes ne constitue pas de réelles innovations. En


revanche, une démarche de nature optionnelle, au moins dans sa philosophie, fait son apparition de
manière implicite. Q*trd AFC érudie un projet d'investissement à Sâbaft (Ariège) en 1929, ses diri-
geânts envisagent plusieurs niveaux d'aménagement hydroélectrique : < Dans le cas normal, nous
supposons que le marché de I'aluminium justifie d'absorber le maximum d'énergie sur cette fabrica-
tion. Nous prévoyons donc dans ce cas la construction et l'équipement d'une nouvelle salle d'alumi-
nium dont I'emplacement est réservé dans notre programme actuel. Dans la variante, nous envisa-
geons, au contraire, de ne pas accroltre nos immobilisations, et d'utiliser au mieux le matériel dont
nous disposons. læs conditions économiques de I'avenir nous fixeront sur le programme qui devra êue
adopté le moment venu. D Limmobilisation s'ajuste au plus près à la demande. Les différentes hlpo-
thèses s'apparenrent à une démarche de narure optionnelle dans laquelle I'investissement est ditréré
dans I'attente d'informations supplémentaires. Le point de vue reste cependant plus technique et
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
commercial que financier (il ny a pas de valorisation des différentes options).
La démarche optionnelle, même parrielle, présente le mérite de traiter la question de la réversibi-
lité de I'investissement. l,e projet de construcdon d'une usine d'aluminium à Champagnier (Isère) en
1929-1930 ne verra pas le jour. Ce projet présentait I'originalité d'une conception en plusieurs
ffanches de capacité (5 OOO, l0 000, l5 000, l8 500 et23 500 tonnes), autorisant ainsi un ajustement
précis aux besoins du marché. La réversibilité est ainsi possible dans la mesure oùr le projet peut être
arrêté à différents niveaux de capacité. Dans le cas de Champagnier, elle fut même totale : < Il a été
reconnu que les immobilisations à prévoir pour l'équipement d'une usine de production moyenne
(5 OOO tonnes pour la première tranche) étaient aduellement prohibitives. o læ Comité de direction
du 5 mai 1930 ofiicialise ainsi l'abandon du projet : par une meilleure utilisation des moyens exis-
tents, < la Compagnie sera en mesure de faire face aux accroissements possibles de la consommation
sans qu il soit besoin de prévoir d'ici longtemps la construction de I'usine de Champagnier. Cette
usine aurair nécessité I'investissement de capitaux très importants [...] >. Llne meilleure exploitation
des moyens existants apparalt comme la solution optimale et donc comme l'option la plus renable.

ffiffi Veille et actualisation en univers certain (1g45-L974)


'ry,,r
Les Tente Glorieuses consdnrent une période où le risque semble absent tant la croissance est fone et
stable. Pechiney (nouvelle dénomination sociale du producteur Êançais d'duminium) aborde cette
période en investissant massivement pour suivre une demande qui atteint des sommets. Pourtant, le
risque d'investir demeure. La concurrence sur le marché de I'aluminium mais aussi sur les marchés de
ses ressources (bauxite, énergie et technologie) est à la fois vive et mondiale. Face aux géants nord-
américains, le Français pèse peu en matière commerciale (moins de 6 o/o de part de marché) mais joue
un rôle majeur en metière technologique. Le risque réside moins dans la apacité à investir que dans
le lieu (ressources disponibles à bon prix) et dans la technologie. Linstrumentalisation du risque dans
le choix d'investissement change alors de naûrre.
La veille est I'instrument de connaissance, développé dès l'enue-deux-guerres par les indusuiels de
I'aluminium (Pezet,1998 ; Baumard, 1996), d'un monde oir il faut investir désormais. La plupart des
investissements neufs de cette période sont internationaux (Cameroun, Guinée, États-Unis, Pays-
Bas). læ risque est la non-connaissance et Pechiney le traite par une veille faite de voyages, de récits et
d'enquêtes portant non seulement sur le cæur de I'activité (disponibilité des ressources, marchés,

CoMprâBI[TÉ - CoNrRôLE - AuDtt / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à I 9)


Anne Pszrr
rA GESTTON DU RTSQUE DANS rA DÉ,CrSrON D'TNVESTTSSEMENT TNDUSTRTEL:
DE I^A' MESUREÀ LÂNALYSE r5
situation économique, etc.) mais aussi sur I'environnement général (social, politique, scolaire ou
encore psychologique). Parallèlement, les instrumen$ classiques du choix (cott d'investissement à la
tonne, prix de revient et rentabilité) sont décomposés finement (postes de dépense) quand I'entreprise
investit en territoire inconnu. La fonction d'abrégé disparaît pour laisser place à une version analy-
tique des instruments.
Dans les années 1960, un nouvel instrument apparalt, la rentabilité actualisée, signifiant bien que
l'avenir présente un risque. Pourtant, les dossiers d'investissement de cette période montrent que ce
nouveau critère est faiblement décisionnel. Son adoption relève d'un mimétisme institutionnel et non
d'un réel besoin des entreprises (Pezet, 1996; Miller, 1991). ks dirigeants de Pechiney connaissent
bien une des caractéristiques du procédé : n le principe même de I'actualisation contribue à réduire le
poids de l'incertitude >, pourtant il riest pas utilisé comme tel en univers quasi cenain. La décision
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
d'investir, exclusivement hors du territoire national dans les années 1960, se fonde sur une informa-
tion riche et non abrégée destinée à réduire le risque par la connaissance. Les critères actualisés parti-
cipent peu à la décision, ainsi I'investissement d'Eastalco aux Etats-Unis a-t-il été réalisé malgré une
rentabilité inférieure à celui de Porto-Rico pour des raisons de natures diverses (mode de financement,
localisation, aspects politiques et sociaux, etc.).

''",$.ffi*.ffi Les scénarios en univers turbulent (1974-l9gD)


La crise économique des années 1970 renverse ce schéma à la fois économique et instrumental.
Pechiney ne construit aucun site neuf pendant quinze années. Llindustrie de I'aluminium entre dans
une phase de turbulence avec, outre les chocs pétroliers, la fusion avec Ugine-Kulhmann qui trans-
forme le groupe industriel en conglomérat eux ectivités éclatées et plus ou moins rentables. Peu après,
I'entrée du métal blanc au london Metal Exchange (LME) va transformer son prix de vente en objet
de spéculation. Enfin, la nationalisation de 1982 sera vécue comme une réduction de I'autonomie du
management. Au terme de ces changements, Pechiney se restructure par I'investissement et le désin-
vestissement. Les nouvelles unités (Tomago en Australie et Bécancour au Québec) sont le pendant
d'une série de désinvestissements en France. Pouftant, Pechiney opère un retour aux sources instru-
menteles avec les analyses de sensibilité, instrument en usage depuis près d'un siècle. Le dossier
Tomago se conclut sur une analpe de cinq pages qui évalue des risgues de natures diverses : retrait
d'un participant, opinion publique défavorable, retard de livraison d'énergie, retard de démarrage de
I'usine, dépassement de devis, démarrage précoce d'une deuxième série (ligne de production), niveau
des prix de vente, risque sur l'approvisionnement en madère, risques techniques, risques de change,
niveau des prix de revient. Aux variations éventuelles du devis, des prix de vente, des cotts et des cours
de change sont associées des variations du taux de rentabilité. Ainsi un dépassement de devis de l0 o/o
entralnerait-il une baisse du taux interne de rentabilité de 1,1 point. Les autres facteurs de risque sont
évalués avec des instruments nouveaux : par exemple, la législation australienne contraint Pechiney à
réaliser une étude d'impact. IJanalyse de sensibilité s'est considérablement sophistiquée depuis ses
premières apparitions : la turbulence se traduit per une diversité des risques inconnue jusqueJà.
Ia. o ,de l'étude de faisabilité de Bécancour (juillet 1982) est à la fois plus restric-
sensitiaity analysis
tive sur les risques analysés et plus complète sur leurs conséquences financières à long terme. Les
critères économiques sont réévdués en fonction d'hypothèses sur les prix de vente (cycles jusqu'en
2006) et sur les variations de change. Léventail des risques se trouve donc singulièrement réduit.

CoMPTABUTÉ - CoNrRôLE - AUDII / Tome 6 - Volume 2 - septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Pezrt
r cEsTroN DU RTSQUE DANS LA DÉCISION D',INVESTISSEMENT TNDUSTRTEL:
16 DE IAMESUREÀ TANALYSE

En revanche, ils donnent lieu à une réévaluation de I'IRR (inærnal rate of retarn), du cash fnw et du
pay bach jusqu'en 2006. Un document de présentâtion du projet aux banquiers (septembre 1982)
condent une érude plus fine. Un o base case econornics > est passé au crible d'hypothèses sur les condi-
tions de réalisation du projet, hypothèses sur les prix, sur le devis, sur le délai de construction, sur les
taux d'intérêc, sur les taux de change, sur la dette (levier), sur les cycles de I'aluminium, sur l'infladon,
etc. IRR, return on eqaity (ROE) et Pa! bach sont réévalués dans chaque cas. Moins qualitatif que
Tomago, le dossier Bécancour est plus exhaustif dans l'évaluation chiffrée des risques.
Le u thème stratégique o du projet canadien se fait plus novateur en croisant stratégie du groupe et
analyse du risque politique. Une matrice de décision combinant les politiques possibles de la diplo-
matie Êançaise et les évolutions possibles de la politique canadienne débouche sur une série de scéna-
rios. La France peut se montrer pro-Québec, pro-Ottawa ou fluctuante. k Canada peut évoluer sur
une échelle d' u avenirs , allant da sutu quoàTndépendance du Québec. Dix scénarios en découlent
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
sous forme de modèles ; par exemple, un modèle u helvétique o (confédération avec ou sans le
Québec), un modèle o Houphouët-Boigny o (indépendance négociée) ou un modèle u SékouTouré u
(indépendance conflictuelle). Ces scénarios conduisent Pechiney à une alternative simple : ne rien
faire (Sl) ou construire une usine de 240 000 tonnes sous certaines hypothèses de financement et de
fonctionnement (S2). La décision est le fruit d'instrumens de choix nouveaux : u Le résultat pour
Pechiney, d'une stratégie'Si ", dans un avenir (Aj, Fk), a été déterminé en utilisant des coefficiena
d'érosion de marge définis à partir des hypothèses suivantes :
a) Ottawa cherchera à obliger I'investisseur frangis à " trahir " le Québec ;
b) une érosion de marge résultera de I'agitation sociale, si I'investisseur' trahit " (Ft) ;
o
c) une érosion de marge résultera du comportement d'Ottewa, si finvestisseur ne trahit " pas (F2) ;

d) les modérés ayant toujours tort en situation de décolonisation, une politique F3 conduira à un
cumul des érosions de marge.
Les hypothèses d'usure de marge [étant] données [...], si I'on applique le critère du minimax
regret, 52 est le bon choix. o

Pechiney ne se limite pas à ce choix stratégique, le groupe s'intéresse également à l'inflexion que
doit prendre la diplomatie française en fonction de ses intérêts d'investisseur : ( Cette conclusion
suppose que I'on a implicitement considéré la politique française Fi, comme extérieure, au même titre
que les avenirs du Canada- Mais une politique française volontariste peut tenir compte des intérêts de
l'investisseur. Il convient alors de rechercher la meilleure stratégie France Fi, vis-à-vis des avenirs Aj du
Canada, en hypothèse 52.I-e critère du minimax regret conduit à donner une nefte préférence à Fl
(pro-Québec). o

Llne n matrice de discussion D croise les avenirs possibles du Québec et les politiques françaises. La
politique pro-Québec apparalt donc comme la plus favorable à I'investissement de Pechiney. IJanalyse
des risques politiques conduit donc I'entreprise, devenue publique, à vouloir peser sur des choix diplo-
metiques afin de réduire I'incertitude.

C,oM!'[alturÉ - CoNrRôLE - Auon / ïbme 6 - Volume 2 -septearbre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Przrt
LA GESTION DU RTSQUE DANS LA DÉ,CrSrON D'TNVESISSEMENT TNDUSTNEL:
DE TA MESUREÀ LANALYSE 17

Limites et conclusions
IJanalyse longitudinale de la décision d'investissemenr confirme, pour le cas de I'industrie de I'alumi-
nium en France, les conclusions des autres études empiriques : les instruments préconisés par la théo-
rie sont largement ignorés par les praticiens d'entreprises. Iæ secteur de l'aluminium représente un c:$
particulier ; I'analyse historique permet cependant de distinguer des phases de développement
communes à d'autres secteurs (émergence, décollage, croissance et crise) pendant lesquelles la percep-
tion du risque varie. Il représente par ailleurs une forme d'activité économique dont on trouve les
caractéristiques dans d'autres secteurs : intensité capitalistique, concurrence de type oligopolistique,
durée de vie des installations, etc. Ainsi la sidérurgie ou I'industrie du ciment présentent-elles des
similitudes tant dans les caractéristiques que dans la gestion de I'investissement (Lomba, 2000 ;
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
Dumez etJeunemaître, 1995). Le cas étudié ici peut donc être utile pour l'érude d'autres secteurs
industriels.
Le traitemenr du risque se traduit par la permanence d'instruments généralement simples. Les
aléas et les analyses de sensibilité constituent, dans l'industrie française de l'aluminium, les instru-
ments permanents mais évolutifr (par la sophistication) de la mesure du risque lors des choix d'inves-
tissement (tableau 2). Ces deux instruments oftent une double souplesse quant au choix des fadeurs
de risque (ils peuvent différer d'un projet à l'autre) et quant à la nature et au degré de variabilité de ces
facteurs. En cela, ils permettent une appréhension du risque simple mais tendant vers I'exhaustivité.
La démarche optionnelle et les scénarios apparaissent comme un prolongement des instruments
permanents. Qn*d un facteur précis apparaît comme particulièrement risqué (la demande dans le
projet Champagnier ou bien l'évolution politique dans le projet Bécancour), les industriels de l'alu-
minium éprouvent le besoin de le traiter avec une méthode plus sophistiquée. Pourtant, il s'agit bien
de faire varier un facteur affectant la décision. En revanche, le délai de récupération, cité dans de
nombreuses études empiriques comme un critère largement répandu dans les entreprises (Colasse,
1993; Scapens et Sale, 1981 ; Nussenbaum,1978), riest pas un des instruments récurrents du choix
d'investissement chez Pechiney. Llanalyse des facteurs de risque prime sur la mesure du risque. En
période de croissance forte et stable, alors que le risque perçu est faible à courr terme, l'évaluation du
risque se fait au trâvers d'une veille constitutiye de connaissance qui révèle la reconnaissance d'un
risque à long terme pour des investissements très lourds en capitaux.
Iæ caractère permanent de I'instrumentadon révèle la présence de n gestes réflexes , dans I'organi-
sation. Ils sont partiellement perméables aux évolutions contextuelles (théories, mentalités) mais
restent fortement déterminés par un schéma organisationnel propre. l,es industriels de I'duminium
ont commencé leur activité dans un climat généralisé de méfiance à l'égard de l'innovation et de I'in-
vestissement. Ils restent conquérants jusque dans les années 1980 malgré une place mineure dans la
compétition mondiale. Lévaluation du risque est moins la résultante de I'environnemenr écono-
mique, idéel et théorique que de I'histoire d'une organisation qui construit ses références et ses modes
de décision. Elle fait partie d'un espace de la décision qui prend en compte d'aurres critères que ceux
issus de la finance : stratégiques, politiques, institutionnels, etc. Linstrumentation sophistiquée, si
largement développée dans la littérature, est encore inapte à prendre en compte ces éléments pour la
plupart non quentifiables. lianalpe longitudinale offre ici des perspectives de recherches nouvelles par
I'intégration d'élémenm non strictement financiers ou même non quantifiables à la décision d'inves-
tissement.

C-otr{r,tlututÉ - CoNrRôLE - Auorr / Tome 6 - Volume 2 -septembre 2000 (p. 5 à 19)


Anne Pnzer
r.A GESTION DU RJSQUE DANS TA DÉCISION D'INVESTISSEMENT INDUSTRIEL:
l8 DE T.AMESUREÀLANALYSE

Tableau 2
Instrumentation, tolérance au risque et degré de risque
ToÉmra AU RrseuE

Croissance forte et stable (Irente Baisse de la demande et surcapacités


Glorieuses). l(après 1974).
Veille et gestion de la connaissance. lAnalyses de sensibilité sophistiquées et
I scénarios.
Croissance instable (entre-deux- industrielle (avant 1920) :

guerres). incertitude.
Faible Aléas et analyses de sensibilité.
Aléas, analyses de sensibilité et
démarche optionnelle.
Faible Fort
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
DrenÉ or Rrseut PERçu

Bibliosrophle Coussr B, Paw F. (1992), u Peut-on modéliser la


gestion : deux décennies d'histoire. Entretien avec
BesusrAux D. (1990), Décision d'inuestîssement et Jacques Lesourne ,, Gher et cornprendre, n" 27,
calcul éconornique dans l'entreprise, Paris, P.40_55.
Economica
CouncErre-SENEUILLE J-G. (1872), Manuel dcs
BaNcrr F., fuctuRo A (1995), Les choix d'inaestisse-
ffiires ou traité théorique a pratique dcs entre4rhes
mmt,Paris, Economica. indusnielles, cornrnerciales et agricoles, Paris,
Beuuano P. (1996), Organisations dlconcertées. La Guillaumin et CL, 3'édition.
gestion snatégique dc k connaissdnce, Paris, Drsnoussentx I. 0966), Ijéuolution économique et lz
Masson. coln?ortelnent industriel Paris, Dunod.
Bem.rNo N. (1999), u Lhistoire du contrôle budgé- Dtxr et PtNptcr (1994), Inaestment under
taire en France n, thèse de doctorat en sciences de Unceruinty, Princeton, Princeton University
gestion, université Paris-Dauphine. Press.
BsRNsrnN P. (1996), Against the Gods. The Durrarz H. aJrtxuraafrnrA (1995), < Savoirsadéci-
Renarhabb Snry ofRish NewYork,JohnIfiley & sions : réflexions sur le mimétisme stratftique r, in
Sons. CHnnun-Dusoc (dir.), Da saaoin en action,Pans,
Bnnuoer F., L.esRousss E. (dir.) (1993), Histoire LHarmattan.
économique et sociab de la France, Paris, PUF. ENcer F., Fxeru D. et PerrEz F. (1984), Logi4uz da
Bruzo J.-P. (1994), u Décision d'investissement et choix d'inaestissemmt dans lzs grands groupes indus-
cott d'irréversibilité n, Rcuue française dc gestion, triels. La place du calcul écononique, Paris, Éæle
n" 101, p. 15-29. des mines, document non publié.
CenoN F. (197q, u La sratégie des investissements en ErNIrn F. (1987), Histoire du calcul écorcomique m
France aux xlx' et rof siècles ,>, Reuue d'ltistoire FrAnce, Paris, Economica.
économique et socialz, n" l, p. 64-117 . Fxanr D. (1993), Méthodohgie dc l'inuestîssemmt
Cor-asse B., dir. (2000), EnEchpédie de coTnPtabilité, dans I'mtreprise, Paris, Éditions La Découverte,
connôlz dz gexion a audit, Paris, Economica. coll. u Repères n.

Cor.icsse B. (1993), Gestion financière dc l'enneprise, Founqurr F. (1980), Les comlttes de la puissance,
Paris, PUF. histoire de k
cornptabilité nationah a da plan,
Cor.esse 8., Pew F. (1995), u Claude Riveline: une Paris, Encres Éditions recherches.
pédagogie médiévale pour enseigner la gestion o FruorNsoN P. (1994), u Jalons pour une histoire du
Gher a cornprmdre, n" 38, p. 14-34. Centre de gestion sciendfique de l'École dæ mines

C,oMplaBlurÉ - C-ovrnôre - Auprr / Ibme 6 - Volume 2 -septembrc 2000 (p. 5 à 19)


Anne PBzEt
r.-A, GESTTON DU RTSQUE DANS tA DÉCrSrON D'rI{VESTTSSEMENT TNDUSTRTEL:
DE t-A, MESURE À TANALYSE t9
de Paris >, Entretien avec C. Riveline et J.-C. Decisions and Programming Economic Growth in
Moisdon, Enneprises a histoire, n" 7. the UK in the 1960's ,, Londres, Accounting,
GruNssRc I., MtocHr P. (1996), Aluminium de Otganization and Sociay, vol. I 6, no 8, p. 7 33-7 62.
Grèce, l'usine aux trois riuages, Grenoble, Presses
NlrctN M. (1992), u la naissance de la comptabilité
universitaires de Grenoble.
indusrielle en France >, Paris, thbe de doctorat en
Jr,ruvNeurv J.-N., dir. (1989), LUconomie française sciences de gestion, université Paris lX-Dauphine.
dzpuis 1967. La naumée des turbulences rnondiales,
Paris, Le Seuil. NusseNsnu[4 M. (1978), La dlcision d'inaestissetnent
dans l'entrepriw, Paris, Economica.
I(I-nuurRT., WarKEn M. (1984), < The Continuing
Increase in the Use of Sophisticated Capital Przrr A. (1998), < Iæs fonctions des instruments de
Budgeting Techniques u, Califomia Management la décision d'investir : contribution à une techno-
Reuiew, vol. )Oil/ll, no l, p. 137-148. logie de l'investissement o, thèse de doctorat,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 105.103.81.182 - 30/04/2020 02:25 - © Association Francophone de Comptabilité
I(Ntcur F. (1965), Rhk, Uncertainty and Profit,New université de Paris lX-Dauphine.
York, Harper & Row. PszEr A. (1996), u(Jne innovation majeure en
LS,MARCHANo Y. (l 993), Du dQérissement à l'amorth- gestion. Lactualisation et la rentabilité de l'inves-
selnent. Enquête sur I'histoire dhn concept et de sa tissement dans les années 1960", Géro et
naduoion comptabh, Nantes, Ouest Editions. cornprendre, n" 46, p.75-84.
Lrsclous R. (1996), < Genèse et évolution des sites
PorEnse J.M. et Suvurns L.H. (1995), u A Ceo
producteurs d'aluminium. Essai d'interprétation
Survey of US Companies' Time Horizons and
des choix stratégiques de Pechiney et de leur mise
Hurdle Rates ,, Sloan Management Review,
en æuvte 1893-1972 r, thèse de doctorat d'his-
automnet p. 43-53,
toire, EHESS.
Lotr{se C. (2000), u Gérer I'indétermination des Pnosr A. (1996), Douze leçons sur lhisnire, Paris, Le
frontières de I'enreprise (la cas de Cockerill Seuil, coll. u Points >.
Sambre depuis 1970) o, communication au ScatENs R., Sntr T. (1981), n Performance Measure-
colloque n Le travail d'organiser et de s'organiser.
ment and Formd Capital Expenditure Controls
Recherches en histoire, sociologie et gestion ),
in Divisionalised Companies ,, Journal of Business
Paris, Cité des sciences et de I'indusvie,27 et
Finance and Accoanting, vol. 60, f 2, p. 389419.
28 janvier.
Mancs J.-G. et Srnpna Z. (1991), o Les managers Srorrats C. ( 1996), lz LrsounNn J. er SToFFAES C.
(dir.), La proEectiue stratégique d'enneprise, Pais,
face au risque u, lz M.nncH J.-G ., Dy'chions et orga-
nisatiow, Paris, [æs Éditions d'Organisation. InterÉditions.
Manss P, BaRvtsg P., Tttoues K, 'WeNsr-sy R. Srorrnrs C. (1987), Finç de monde, Paris, Éditions
(1988), n Managing Srategic Investment OdileJacob.
Decisions >, /a PETncnRv A (éd.), Compaitixnns
TEI-lpn R. (1976), Le connôle de geoion en auenir
and the Management Process, Basil Blackwell,
incertain Paris, Dunod.
p.86-136.
Messe P. (1964), Le cltoix dts inuestissements, ctitères Toussatn"r P. (1953), <, Historique de la compagnie,
Dunod, 2'édition.
et rnéthodes, Paris, Institut pour I'histoire de I'aluminium u, docu-

McAnrHun J., Scorr B. (1 970), L'indus*ie fançaise ment non publié.

face aux plans, Haraard auscabe k France, Paris, ZÀaNIovncH H. (1997), o [æs calculs du prix de rwient
Édirions d'Organisation. dans la seconde industrialisation en France o,
MtluR P. (1991), n Accounting Innovation Beyond thèse de doctorat en sciences de gestion, université
the Enterprise : Problematizing Investment de Poitiers.

C-oMprestt.trÉ, - Corinnôre - AUDII / ïbme 6 - Volume 2 -sçtembre 2000 (p. 5 à 19)

Vous aimerez peut-être aussi