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REMONTRANCE
Le texte qui suit s’est fondé sur les ouvrages de Max
GOUNELLE (Relations internationales, Paris,
Mementos Dalloz, 9e édition, 2010), Jean
CHARPENTIER (Institutions internationales,
Mémentos Daloz, Imprimerie Chirat, 17e édition,
2009), Franklin DEHOUSSE (Droit international
public : les principes du droit international public,
Tome 4, les Editions de l’Université de Liège, 2008),
Pierre de Senarclens et Yohan ARIFFIN (La politique
internationale. Théories et enjeux contemporains,
Paris, Armand Colin, 6e édition, 2010), Michel
DERYA (Droit international public, Paris, Gualino
Editeur, Montchrestien, 2007), Philippe Moreau
DEFARGES (Les Institutions européennes, Paris,
Armand Colin, 6 édition, 2002), Philippe Moreau
DEFARGES (La géopolitique pour les Nuls, Paris,
Editions First, 2008), RAINELLI Michel
(L’Organisation mondiale du commerce, Paris, La
Découverte, 7e édition, 2007), Yves BERTHELOT et
Jean-Michel JAKOBOWICZ (L’ONU pour les Nuls,
Paris, First, 2010), Marie - Clause SMOUTS (Les
organisations internationales, Conférence tenue à
l’université du Sud Toulon-Var,1998), Hélène
SIMONIAN - GINESTE (Fiches d’institutions
internationales, 2e édition, Paris, Ellipses, 2012), M.
2

VIRALLY (L’Organisation mondiale, Armand Colin,


1972), Roland SEROUSSI, (Introduction aux relations
internationales, 1ère édition, Paris, Dunod, 2010) et
Antoine GAZANO (L’essentiel des Relations
internationales, Paris, éd. Gualino, 2009), Jean-Claude
ZARKA, Institutions internationales, Paris, Ellipses,
2015).
Nous recommandons aux étudiants de lire des
ouvrages publiés notamment en anglais et de se référer
également à nos notes de cours de l’année académique
2009-2010. On comprendra mieux ce texte dans la
suite du cours. Le syllabus ne dispense pas de
consulter les ouvrages cités plus haut.

Les objectifs généraux de ce cours consistent à:


- offrir une explication générale des
phénomènes d’institutionnalisation des
relations internationales (avec l’apparition des
organisations à vocation universelle et
régionale) et un cadre d’analyse des structures
des Organisations intergouvernementales;
- amener les étudiants à comprendre que les
organisations intergouvernementales ont été
créées pour pacifier la société internationale
(trouver des solutions pacifiques aux conflits
3

interétatiques);
- lutter contre la pauvreté et le sous-
développement;
- universaliser et unifier les règles juridiques et
la politique;
- comprendre l’organisation internationale est
un lieu de socialisation et de coopération
permanente.
Les objectifs spécifiques : l’étudiant doit être
capable de:
- identifier et différencier les organisations à
vocation universelle et celles à vocation
régionale;
- expliquer le fonctionnement de l’Assemblée
générale et du Conseil de sécurité de l’ONU;
- définir les ambitions de la Banque mondiale et
celles du FMI;
- comparer la Ligue arabe et l’organisation de la
Conférence islamique;
- expliquer les rapports entre l’ONU et les
organisations régionales.
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PARTIE I :

L’ORGANISATION INTERNATIONALE

Introduction

L’étudiant doit comprendre qu’aucun Etat ne peut


assumer seul la défense de sa sécurité et de son
indépendance. A l’âge des armes nucléaires,
biologiques et chimiques, l’avenir de l’humanité
dépend du maintien de la paix entre les grandes
puissances. Au demeurant, tous les Etats trouvent leur
origine dans les relations internationales, puisque la
guerre ou la diplomatie ont présidé à leur formation,
déterminé leurs frontières, influencé l’évolution de
leur régime. La politique internationale influence
également la répartition des richesses de la planète.
Nul Etat n’est en mesure de vivre en complète
autarcie, et tous sont contraints d’assurer le
développement de leur économie en misant sur des
alliances, sur des échanges commerciaux, sur des
rapports monétaires et financiers avec le reste du
monde. De ce fait, «les organisations internationales
sont d’abord des centres de coopération permanente
entre Etats» (Jean Charpentier, 2009, p. 46).
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CHAP I : ORGANISATION INTERNATIONALE

1. Essai de définition d’organisation internationale

Deux définitions proposées par la sociologie résument


les éléments principaux de toute organisation, qu’elle
soit interne ou internationale, publique ou privée :
- l’une d’une élégante simplicité : « Ensemble
structuré de participants coordonnant leurs
ressources en vue d’atteindre des objectifs
(Claude Ménard);
- l’autre plus détaillée : on appelle organisation
une unité de coordination ayant des frontières
identifiables et fonctionnant de façon
relativement continue, en vue d’atteindre un
objectif ou un ensemble d’objectifs partagés par
les membres participants (S.P. Robbins).
L’organisation internationale regroupe, par définition,
des membres appartenant à des pays différents. Elle
caractérise une forme particulière d’agencement des
rapports internationaux qui se distingue par trois traits
spécifiques :
- L’organisation internationale résulte d’un acte
volontaire manifeste. Elle procède d’un acte
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fondateur: « un acte constitutif » pour les


organisations intergouvernementales (traité,
Charte, Convention), dépôt de statuts pour les
ONG.
- L’organisation internationale a une matérialité.
Elle dispose d’un siège permanent, d’une
adresse, d’un financement, d’un personnel.
- Elle est un mécanisme de coordination. Elle est
créée pour assurer, volontairement, une
coordination des ressources et des actions en
vue d’atteindre certains objectifs.
- Une organisation internationale pourrait être
définie, selon Gérard Balanda, comme étant une
entité créée sur la base d’une charte
constitutive, par des sujets de droit international
et dotée d’une personnalité juridique, dans le
but de réaliser une activité déterminée à
caractère international.

2. Caractéristiques générales des OI

Acte juridique à constitutif appelé selon le cas, Charte,


convention, traité.
- Personnalité juridique propre
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- Activité à caractère international


Personne morale disposant des organes permanents
appelés à réguler la vie interne de ces institutions
internationales. Ces organes sont appelés à siéger à
intervalles déterminés (assemblées, conseils, comités,
etc.).
Les organisations internationales sont composées
exclusivement d’Etats indépendants et souverains, ce
qui permet de les distinguer des ONG.

- Toute organisation internationale dispose de la


personnalité juridique de type fonctionnel et, à
ce titre, elle est titulaire de droits et
d’obligations. Elle dispose d’un règlement
intérieur régissant l’activité de l’organisation.
Une structure et des compétences propres à
chaque instance régulent la vie interne de ces
institutions internationales. La structure de toute
organisation internationale est, quant à elle,
fondée sur des Etats membres et des agents
internationaux (Roland Séroussi, 2010, p. 36).
Les Etats membres travaillent par le biais de ses
représentants. Les pays non membres peuvent y
être représentés, au terme d’une négociation
bilatérale, par des délégués - de plus en plus des
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techniciens, experts, consultants - ayant le statut


d’observateurs. Ceux-ci ont des immunités et de
prérogatives comme des agents diplomatiques.
Disons que les agents internationaux sont des
fonctionnaires internationaux recrutés par voie
de concours. Leur statut fait d’eux des agents
permanents d’une organisation internationale et
non pas d’un Etat.
- Une volonté propre. celle d’exercer de
compétences d’attributions dévolues par un
texte. Ces compétences peuvent être regroupées
en trois catégories
- * Des compétences dites «législatives» lorsque
l’organe compétent élabore des conventions
internationales ou adopte des recommandations
ou des résolutions;
- * Des compétences de contrôle dans divers
domaines (contrôle politique, par le conseil de
sécurité de l’ONU ou le contrôle juridictionnel
de la CIJ)
- Et le droit de décision, assimilable à des
compétences gouvernementales; l’adoption de
règlements communautaires impératifs par
l’union européenne.
- Le traité constitutif joue un rôle important :
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adopté selon les procédures internationales, il


devra édicter les principes fondamentaux et les
règles structurelles les plus importantes. Il est
complété par un accord de siège passé avec
l’Etat territorial (les Etats-Unis et l’ONU, la
France et l’Unesco) et par règlement intérieur
des organes (aux l’Organisation des Nations
Unies : règlement de l’Assemblée générale, du
Conseil de sécurité etc.).
- Une permanence ou un siège.

A en croire Michel Virally, nous pouvons affirmer que


l’Organisation internationale a cinq caractéristiques
qui sont :
- une base interétatique,
- une base volontariste,
- une autonomie,
- des organes permanents,
- une fonction de coopération.

3. Les missions des organisations internationales


Les O.I. sont à priori plus nombreuses que les Etats
eux-mêmes et elles exercent, selon leurs objectifs, des
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compétences spécifiques. Elles offrent aux acteurs


étatiques la possibilité de développer des formes de
coopération. Celles-ci relèvent de domaines très
divers. A titre d’exemple, les missions de l’Union
africaine (U.A.) sont différentes de celles de
l’Organisation pour la sécurité et la Coopération en
Europe (OSCE).
Généralement, les organisations internationales
assument des fonctions politiques, techniques (tâches
spécialisées), socio-économiques et culturelles, et
entretiennent de liens de coopération interétatiques.
Leur pouvoir ne tient pas seulement aux principes
qu’elles défendent et normes politiques qu’elles
produisent, aux ressources économiques qu’elles
contrôlent, à celles qu’elles sont en mesure de
mobiliser ou d’engager par leur influence directe ou
indirecte. Il repose aussi sur la compétence qu’elles
font valoir dans la propagation des informations et des
analyses nécessaires à l’orientation des choix
politiques. On a vu, répétons-le, que les Organisations
internationales ont des structures et des mandats
différents. Ce sont des organisations permanentes
regroupant les Etats souverains et siégeant
régulièrement en Assemblée générale ou en Conseil.
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4. La personnalité juridique de l’organisation


internationale
D’abord, on mettra l’accent sur la définition de la
personnalité interne qui est une personnalité juridique
d’une OI dans l’ordre juridique interne de ses
membres. Ensuite, on analysera la personnalité
internationale qui est une personnalité juridique d’une
OI dans l’ordre international. Enfin, on parlera du
principe de spécialité limitant la personnalité
internationale d’une OI à la réalisation des buts fixés
par son acte constitutif.
L’organisation internationale est l’instrument de la
coopération entre les Etats en vue de la réalisation en
commun de certains buts. Mais c’est aussi une entité à
part entière, distincte de ses membres. Sa personnalité
juridique propre le manifeste.
La personnalité juridique de l’OI comprend deux
aspects : interne et internationale.
 La personnalité interne
La personnalité interne confère la qualité de sujet de
droit à l’OI dans l’ordre juridique de ses membres.
Dépourvue de territoire propre, une OI exerce
nécessairement ses activités sur le territoire de ses
membres. Pour cela, elle s’inscrit dans l’ordre
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juridique interne de ses membres afin d’être à même


d’agir juridiquement (passer des contrats avec des
particuliers ou avec officiels, ester en justice, etc.).
C’est pourquoi, l’acte constitutif d’une OI prévoit
explicitement cette personnalité juridique dite interne
parce qu’elle n’a de sens et ni de portée que dans les
ordres juridiques nationaux (des Etats).
Les Etats n’ont jamais été réticents à l’égard de cette
personnalité interne parce qu’elle est prévue dans
l’Acte constitutif d’une OI. Il faut souligner que cette
personnalité n’a pas pour effet d’assimiler l’OI à un
simple national de l’Etat. En effet, l’OI bénéficie de
privilèges et immunités comparables à ceux des Etats.
 La personnalité internationale
Cette personnalité juridique qui s’inscrit dans l’ordre
international permet à l’organisation internationale de
:
- prendre unilatéralement des actes. Il faut
souligner que les actes pris au sein de l’OI ne
sont plus considérés comme des accords passés
entre les Etats membres, ils deviennent des
actes unilatéraux de l’OI elle-même ;
- agir internationalement de façon autonome et
d’exercer éventuellement des droits à l’encontre
de ses membres ;
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- devenir un sujet de droit international


- conclure des traités avec les Etats membres, les
Etats tiers et d’autres OI ;
- exercer le droit de légation actif (envoi de
missions permanentes auprès des Etats
membres, d’Etats tiers et d’autres OI et passif
(acceptation de missions permanentes
accréditées auprès d’elle) ;
- présenter des réclamations internationales,
notamment par voie de protestations, de
demandes d’enquête internationale, de
négociation, de solution arbitrale ou judiciaire ;
- avoir une autonomie financière propre (budget
propre).
Ce sont des capacités juridiques liées à la possession
de la personnalité internationale. Toutes les
compétences de l’OI doivent s’exercer seulement en
vue de la réalisation des buts définis par son acte
constitutif. C’est ce que l’on appelle le principe de
spécialité. Ce principe exprime la volonté des Etats de
ne pas laisser une OI empiéter sur leurs compétences
au-delà du strict nécessaire (H. Simonian Gineste, p.
93). Autrement dit, la personnalité de l’organisation
internationale est limitée en fait et surtout en droit par
le principe de spécialité.
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5. Compétences de l’OI.
La personnalité juridique reconnue à l’organisation
internationale lui permet d’exercer diverses
compétences dans les limites du principe de
spécialités.
 Les compétences explicites et implicites.
Les compétences explicites sont les compétences
énoncées (prévues) par le traité constitutif de l’OI, on
les appelle de compétences « déclarées », tandis que
les compétences implicites sont les compétences
issues d’une interprétation du traité constitutif de
l’OI. Elles sont dégagées par les experts des organes
compétents de l’OI, tel qu’un organe judiciaire
(comme la CIJ, avis consultatif).

 Les compétences normatives


Les compétences normatives sont les compétences qui
permettent à l’OI d’adopter des actes juridiques
propres. Il s’agit ici de la production d’actes juridiques
imputables à l’OI elle-même.
- L’OI a la compétence de produire des
règlements intérieurs adoptés par les organes de
l’OI, de créer des organes subsidiaires, de
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disposer de son budget propre, de gérer son


personnel, de sanctionner ses membres, car l’OI
prend des décisions pour ses organes et ses
membres.
- L’OI a aussi le pouvoir de réglementation
externe, c’est-à-dire elle peut prendre des
décisions obligatoires telles que des résolutions
qui sont des actes ayant force obligatoire ou non
obligatoires, « des recommandations » qui sont
des actes dépourvus de force obligatoire.

 Compétences opérationnelles ou opératoires

- Ce sont des compétences qui ne sont pas de


nature normative. Elles correspondent à des
actions sur terrain. Il s’agit de l’assistance
technique, l’assistance sécuritaire, financière,
administrative, etc. ces activités matérielles se
déroulent sur le territoire des Etats membres et
avec leur accord.

 Les compétences de contrôle et de sanction

Elles sont normatives. Elles concernent :


- La vérification du respect des diverses
obligations (actes) juridiques qui pèsent sur les
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Etats membres ;
- L’activité de règlement des différends entre
Etats membres,
- Sanction aux membres qui ne respectent pas les
règles édictées par l’OI.

5. Statut des organisations internationales et


celui de leur personnel

Introduction
Ne disposant pas de territoire, l’Organisation
internationale doit nécessairement s’installer sur le
territoire d’un de ses membres ou d’un Etat non
membre (la Suisse accueille le siège de nombreuses
OI dont elle n’est pas membre). L’établissement du
siège passe par la conclusion d’un accord de siège.
L’Organisation internationale dispose de son propre
statut différent de celui de son personnel. Ceci découle
aussi de la personnalité juridique des OI. Elle est
constituée pour réaliser un service public international
devant obéir à certaines règles. A cet effet, elle est
dotée d’un statut propre, il en de même de son
personnel (Gérard Balanda Mikuin, 117).
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a) Le statut du service public


Tout service public international que réalise une
organisation internationale doit réunir un certain
nombre de caractéristiques et obéir aux relatives à son
fonctionnement. Il s’agit de la spécialité, la continuité
du service, le respect du statut, l’égalité entre
partenaires, enfin la légalité de l’action internationale.

 La spécialité des activités


Toute organisation internationale est créée pour
remplir un service public bien déterminé à caractère
international bien que les activités réalisées seraient
étendues. Elle ne doit réaliser que les activités visées
dans l’acte constitutif.
 La continuité du service
Selon ce principe, le service public doit toujours être
assuré nonobstant le changement des personnes à la
tête de diverses administrations de l’organisation
internationale ou en dépit de changements dans ses
structures.
 Le statut légal
Toute organisation internationale doit avoir un statut
légal. Certaines dispositions statutaires déterminent les
conditions d’établissement du siège de l’organisation,
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les droits et les obligations, les privilèges et les


immunités, etc.

 L’égalité des sujets du droit international


Les Etats membres d’une organisation internationale
ont en principe les mêmes droits et obligations. Ils
sont égaux en principe.
 La légalité de l’action internationale
Les activités des organisations internationales doivent
s’exercer conformément aux dispositions de l’acte
constitutif, à celles du statut ou du règlement de
fonctionnement de leurs organes.

b) Le statut du personnel
On entend par statut du personnel, l’ensemble de
conditions et garanties qui déterminent le cadre
d’accomplissement de la fonction publique par les
agents internationaux. Nous allons analyser sous cette
rubrique, la notion d’administration internationale et
le fonctionnaire international, les conditions de
recrutement, le régime de privilèges et immunités des
fonctionnaires, les garanties que le statut leur accorde.
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 Définition du fonctionnaire international


Peut être qualifié de fonctionnaire public international,
toute personne exerçant des fonctions au sein d’un
secrétariat international, à titre exclusif ou permanent,
moyennant une rémunération, et soumise pour
l’accomplissement de ces fonctions, à une
réglementation édictée par la dite administration. Cet
agent est normalement engagé à la suite d’un contrat à
durée indéterminée.

 Caractéristiques de la fonction publique


internationale

Le fonctionnaire international est choisi compte tenu


de garanties d’intégrité morale et de compétence en
vue d’exercer telle fonction de façon continue et
exclusive dans l’intérêt de l’organisation, à titre
permanent et moyennant paiement d’une
rémunération. Il est soumis à une réglementation
édictée par une administration internationale au sein
de laquelle il œuvre (Gérard Balanda, p. 123).

 Classification des agents internationaux


Il existe trois catégories des agents
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Internationaux travaillant au sein des administrations


(secrétariats) des organisations internationales:
 Les agents permanents.
Ce sont des fonctionnaires engagés à durée
indéterminée; ils une rémunération et sont soumis à la
réglementation de l’organisation qui les emploie. Ces
agents relèvent d’un statut juridique particulier de
caractère international et par conséquent, ils
bénéficient d’un statut privilégié qui s’applique
partout où ils se trouvent, même dans leur pays
d’origine s’ils y séjournent à titre officiel, c.à.d, dans
le cadre de l’exercice des fonctions (ibid., p. 124).
 Collaborateurs provisoires ou
occasionnels
Les experts, les consultants, les chargés de missions
temporaires etc. sont généralement des collaborateurs
occasionnels appelés à exercer une fonction à durée
déterminée. Leur situation est contractuelle et non
statutaire.
 Les engagés locaux
Rentrent dans cette catégorie, les dactylographes, les
chauffeurs, les huissiers, les jardiniers, les cuisiniers
etc. Recrutés en fonction de droit commun de l’Etat du
siège, ces engagés locaux attachés à l’exécution de
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tâches matérielles dans une administration


internationale. Ils sont des salariés de droit privé
interne.

 Privilèges et immunités de l’OI


Privilèges et immunités sont des conditions devant
permettre à l’OI de remplir pleinement ses fonctions
avec autonomie (H. Simonian Gineste, p. 96). Les
privilèges et immunités accordés aux agents de l’OI
leur permettent de remplir pleinement et librement
leurs fonctions. Ils sont équivalents à ceux accordés
aux diplomates.
Les agents des organisations internationales sont
des fonctionnaires internationaux, c’est-à-dire des
personnes exerçant de façon permanente et exclusive,
une fonction publique au service d’une OI. Ils doivent
agir en toute indépendance et n’accepter aucune
directive tant de la part de leur Etat d’origine que de
tout autre Etat.
Recrutés par l’OI, ils lui sont entièrement soumis. Ils
dépendent d’elle pour leur statut et leur carrière. Pour
tous les actes de leurs fonctions, l’OI leur accorde une
protection fonctionnelle équivalente à la protection
diplomatique qu’accordent les Etats à leurs nationaux
(Hélène Simonian - Gineste 2012, p. 97).
22

L’Organisation internationale doit bénéficier de l’Etat


du siège :
 des privilèges financiers et fiscaux (tels que
l’exonération des droits de douane, d’impôts,
liberté de détention de devises étrangères,
etc.)
 des facilités pour que les représentants des
membres de l’OI puissent aisément venir
siéger (rapidité d’octroi de visas même le
dimanche, exemption de contrôle de
séjour…) ;
 de l’inviolabilité des ses locaux, car l’ordre
et la sécurité dans ces derniers incombent à
l’OI elle –même ;
 d’une immunité de juridiction qui la (OI)
soustrait à la juridiction des tribunaux de
l’Etat du siège. Cette immunité est absolue :
valable à l’égard de toute juridiction et de
tout acte de l’OI.
 Une immunité d’exécution la complète.
L’immunité d’exécution soustrait l’OI à
toute mesure d’exécution forcée diligentée
par les autorités de l’Etat du siège
susceptible de l’atteindre dans son droit de
disposer librement de ses biens.
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6. Les membres d’une OI


 Acquisition de qualité de membre
Les Etats ayant participé à l’élaboration du traité
fondateur d’une OI en sont les membres originaires,
membres de droit. Tous les autres Etats entrés
ultérieurement sont les membres admis.
Généralement, il y a quelques conditions à remplir
pour qu’un Etat soit membre :
- être pacifique ;
- accepter les obligations de la Charte ;
- être capable de les assumer. Ces conditions sont
appréciées et l’admission doit être décidée par
l’Assemblée générale, sur recommandation du
Conseil de sécurité s’il s’agit des Nations unies
(J. Charpentier, p. 53).
 Perte de la qualité de membre
La qualité de membre se perd par retrait
volontaire d’un Etat membre ; le retrait est en
général prévu par le traité constitutif.
L’exclusion est la sanction consistant dans le retrait de
la qualité de membre. C’est la sanction ultime. Elle
intervient en cas de comportement gravement
incompatible avec les buts et les principes de l’OI.
24

Elle est prévue.


La décision d’exclusion est généralement prise par
l’organe suprême de l’organisation internationale,
après recommandations ou avis d’autres organes.

a) Les droits
Les droits des Etats membres leur permettent de
participer au fonctionnement de l’OI : droit à
participer aux travaux et délibérations des organes ; le
droit de vote, droit à bénéficier des avantages et
prestations offertes par l’OI, droit au retrait.
b) Les obligations statutaires

Parmi les obligations statutaires, il y a lieu de citer


celle de contribuer au budget de l’organisation
internationale est universellement prévue.
L’obligation de respecter les principes de la Charte et
les décisions obligatoires de l’organisation
internationale.

c) Les sanctions
Des diverses peuvent frapper les membres
manquant à leurs obligations : suspension
temporaire des droits et privilèges attachés à la
25

qualité de membre, suspension du droit de vote,


suspension de la participation aux travaux d’un
organe, exclusion.
Généralement, c’est l’organe suprême de l’OI qui
prend la décision à la majorité qualifiée ou à
l’unanimité. Les organisations qui disposent d’un
système juridictionnel propre peuvent aussi faire
fonctionner leurs membres par la juridiction rattachée
à l’OI.

CHAP. II : LE REGLEMENT PACIFIQUE DES


CONFLITS

Introduction
Selon la définition communément admise, un
différend est un désaccord sur un point de droit ou de
fait, une contradiction, une opposition de thèses
juridiques ou d’intérêts entre deux personnes (Michel
Deyra, 2007, p. 156). Le mode de règlement non
juridictionnel des différends sont les plus anciens et
les plus simples. Ils ont pour caractéristiques
principales la souplesse ainsi que la liberté des parties
d’accepter ou de refuser la solution proposée. Ils ont
également pour avantage d’éviter une procédure
juridictionnelle qui risquerait d’aboutir à la
26

condamnation de l’une des parties en cause,


condamnation que cette partie pourrait rejeter, et qui
pourrait dans certains cas entraîner un durcissement de
sa position. Les Etats préfèrent souvent en effet éviter
de se lancer dans une procédure trop incertaine plutôt
que de les porter devant une juridiction. Pour cette
raison, les modes non juridictionnels de règlement des
différends restent les plus couramment employés.
L’absence des caractères obligatoires des solutions en
fait cependant des instruments aléatoires de solution
des litiges (Franklin Dehousse, 2008, p. 47).
Obligation faite des Etats par la Charte de l’ONU dans
son chap. VI, la résolution pacifique des différends
nécessite de procédures offrant aux parties des
garanties d’impartialité et d’équité. Les Etats ont une
liberté de choix quant aux méthodes de règlements de
situations conflictuelles. Sans méconnaître la portée
du règlement judiciaire, il faut admettre que la plupart
de conflits ne peuvent être prévenus que par des
moyens politiques (Antoine Gazano, 2009, p. 91). Ils
s’opèrent par des moyens diplomatiques qui tous, sauf
la négociation, excluent l’intervention d’une tierce
partie et dont les résultats n’ont pas, normalement,
d’effet contraignant (Michel Deyra, 2007, 156).
27

1. Procédés traditionnels
Depuis le moyen-âge, la pratique internationale a
engendré plusieurs moyens d’ordre diplomatique pour
empêcher un litige de dégénérer en conflit ouvert.
L’article 33 de la Charte en dresse une énumération
non exhaustive: la négociation, la médiation, les bons
offices, l’enquête et la conciliation.
La négociation : elle est la procédure la plus simple,
elle implique un contact direct ou indirect entre les
parties, soumises au respect des principes de bonne
fois et de parole donnée. La négociation contribue à
clarifier les contours d’une situation conflictuelle.
Première étape nécessaire à toute tentative de
règlement d’un différend, la négociation implique que
les Etats en cause acceptent une rencontre entre leurs
représentants dans le but de chercher à régler le
différend de bonne fois, soit par un accord sur une
solution, soit un accord sur la procédure à adopter
pour trouver une solution. Les négociations se
déroulent en général dans le secret, parfois sur le
territoire d’un Etat tiers, et prennent le plus souvent la
forme de discussions orales accompagnées de
documents écrits. Le but est d’éviter l’influence de
l’opinion publique et l’action des médias pour faciliter
une transaction sur les positions à l’origine du
différend (ibid., p. 157).
28

Les bons offices : Dans le cas de bons offices, l’Etat


tiers offre son concours (service) pour aider à établir
(rétablir) le contact entre les parties, ainsi que pour
faciliter l’organisation matériel de la négociation. Il ne
prend en principe aucune part directe à celle-ci. C’est
ainsi que les bons offices de la France ont contribué à
la signature des accords mettant fin à la guerre du
Vietnam. La mission de bons offices n’est pas
fondamentalement différente de la médiation puisque
un tiers propose son intervention en vue de favoriser la
discussion entre les protagonistes mais sans suggérer
de solution (Antoine Gazano, 2009, p. 92).
C’est l’action amicale d’un tiers qui peut-être un Etat,
une organisation ou une personnalité, qui vient offrir
ses services pour rapprocher les parties à un différend
et débuter la négociation. Une fois, le contact établi
entre les Etats intéressés et la négociation commencée,
le tiers se retire et n’intervient plus. Dans la pratique,
les différents Secrétaires généraux de l’ONU ont
souvent prêté leurs bons offices.
La médiation : elle fait intervenir un tiers qui suggère
aux parties une solution précise à leur différend. La
médiation consiste également à mettre en présence les
parties à un litige. Mais le médiateur ne s’en tient pas
là. Il propose souvent des bases de négociation, et
intervient dans le courant de celle-ci pour apaiser les
29

éventuelles difficultés et rapprocher les points de vue


des négociateurs. Les USA (à l’occasion de la
signature des accords de Camp David en 1979) et
l’Algérie (lors de l’affaire des otages américains
retenus à Téhéran (en 1980-198 1) ont ainsi joué un
rôle de médiateur entre les parties en litige. Plus
récemment, on peut citer les différents plans de paix
proposés par monsieur Vance, Owen Stoltenberg dans
le cadre du conflit en ex-Yougoslavie.
Très semblable aux bons offices, et souvent confondue
avec cette procédure, la médiation s’en distingue par
le fait que le cadre de négociation est plus formel et
intervention du tiers est plus active, et ne cesse pas
depuis le début des négociations, puisque le médiateur
peut proposer en plus une solution, sans cependant
pour l’imposer. Il peut aussi intervenir tout long des
négociations pour aider les parties à trouver des points
d’accord. Ce fut le cas de la médiation des USA entre
Israël et l’Egypte qui permit la conclusion des accords
de paix signés à camp David le 17 septembre 1978.
C’est le cas de la Suisse qui impliquée dans deux
processus de médiation en Colombie: avec le
gouvernement colombien et les rebelles de l’armée de
la libération nationale et avec ce même gouvernement
et les forces armées révolutionnaires de Colombie
(FARC) en vue d’aboutir à un accord humanitaire.
30

L’enquête : l’enquête et la conciliation se distinguent


essentiellement de bons offices et de la médiation par
un caractère formel plus accusé. Elles sont également
confiées à des personnes dont on attend une plus
grande impartialité que celle des organes effectuant
généralement les missions de bons offices et de
médiation.
L’enquête permet, avec l’accord des Etats intéressés,
de charger une commission d’établir les faits à
l’origine d’un litige (de la contestation) : il s’agit de
faciliter le règlement d’une crise internationale par une
connaissance objective des faits, soulignant les causes
et les conséquences d’un incident ainsi que les
responsabilités, et ceci par l’intermédiaire d’un
organisme offrant toutes garanties d’impartialité. La
composition de la commission dépend de la volonté
des parties. En général, en sont membres, en nombre
égal, les nationaux de chaque Etat en cause, plus un ou
des nationaux d’Etat tiers. Le rapport rendu par la
commission n’a aucune portée obligatoire (Michel
Deyra, p. 157). Selon Antoine Gazano, la commission
d’enquête rédige un rapport établissant les faits sans se
prononcer sur les responsabilités encourues (2009, p.
92).
L’enquête s’achève en général par la remise d’un
rapport de l’enquêteur (ou de la commission
31

d’enquête), les parties devant en tirer les conclusions


qui s’imposent. L’enquête n’est donc en général,
qu’un préliminaire à un véritable règlement du litige
entre les parties. Toutefois, cette procédure impartiale
d’établissement de faits peut contribuer à réduire les
tensions entre les parties et peut préparer une solution
pacifique au différend.
La conciliation : elle va plus loin que l’enquête. Il
s’agit d’une forme plus structurée de médiation. Elle
consiste à charger un organe indépendant des parties
d’examiner tous des aspects du différend qui les
oppose et de les orienter vers une solution du litige.
Cette solution restera toutefois dépourvue de caractère
obligatoire. La conciliation ne peut donc être classée
parmi les modes juridictionnels de règlements des
différends. A la différence de bons offices et de la
médiation. Selon Antoine Gazano, elle est le procédé
le plus réglementé en droit international. Les éléments
d’un litige sont transmis en une commission mixte de
trois ou cinq membres, présidé par un tiers. Elle a pour
but de rapprocher les points de vue et de proposer un
règlement acceptable par les parties (2009, p. 92).
La conciliation combine la procédure d’enquête en
établissant les faits, et la médiation car, en se fondant
sur ces faits, elle va proposer une solution non
obligatoire pour les Etats en litige.
32

Toutes ces procédures n’aboutissent jamais à une


décision obligatoire, mais elles ne sont contraignantes,
cela ne signifie pas qu’elles ne sont pas efficace.
2. Les procédés institutionnels
Dans ce cadre, le règlement ne repose plus sur un
accord bilatéral entre deux Etats en conflit, mais sur
une décision unilatérale de l’organisation
internationale. Il faut signaler ici que les Etats en
conflit ont d’abord la possibilité de recourir aux
procédés diplomatiques (politiques). En cas d’échec
de cette première tentative, les Etats en litige doivent
saisir le Conseil de sécurité qui peut recommander le
procédé le plus approprié. Il peut se proposer en tant
que médiateur ou organiser lui-même une commission
d’enquête. L’avènement des organisations
internationales a ainsi permis d’institutionnaliser les
procédures classiques de règlement.
Ces instances collectives ont fait les instruments de
dialogue aux parties et dans l’hypothèse où le
différend est porté devant une organisation
internationale, la pression des Etats membres s’exerce
et contraint souvent les antagonistes à justifier leur
position et à accepter la discussion, surtout si les
grandes puissances se trouvent directement intéressées
à la résolution de ce conflit. Les résultats sont plus
33

aléatoires si une grande puissance est impliquée


directement dans un conflit. Si le recours à la force
peut être évité, les nations unies ont le pouvoir
d’établir l’ordre troublé. L’Onu demeure
théoriquement l’unique cadre de référence légale et
légitime des interventions internationales les plus
importantes (Ibid., 2009, pp. 92- 93).
34

Partie II :
Les Organisations internationales intergouvernementales à
vocation universelle

Introduction

De nombreuses typologies ont été suggérées afin


d’appréhender ces organisations internationales
intergouvernementales qui sont très différentes les
unes des autres. Ces différentes classifications sont
envisagées par les théoriciens et les praticiens des
relations internationales. Le classement peut s’opérer
à partir de leur but premier : coopération (ONU) ou
intégration (union européenne), d’un critère, d’un
critère quantitatif (organisation à vocation universelle,
régionale), d’un critère de compétences (organisation
à compétence générale ou spécialisée), d’un critère
politique et militaire ou idéologique (OTAN/Pacte de
Varsovie) etc.

L’étude des organisations internationales suppose de


distinguer, selon l’habituelle classification, les
organisations à vocation universelle (I) des
organisations régionales dont certaines ont aujourd’hui
disparu comme le pacte de Varsovie, dissous le 1er
35

juillet 1991 (II).

Deux organisations internationales à vocation


universelle seront examinées, notamment la société
des Nations et le système onusien.
36

CHAP. I : LA SOCIETE DES NATIONS

Introduction

Le traité de Versailles crée la première organisation


universelle à but politique : la Société des Nations
(SDN). Cette organisation doit préserver la paix et
éviter une seconde guerre mondiale.
Trois points seront analysés notamment la création et
le but, les Etats membres et les organes.
1. La création et le but
L’idée d’une « Société des Nations » ayant pour but
de « fournir des garanties réciproques d’indépendance
politique et territoriale à tous les Etats figure au
quatorzième point du message du président américain
Wilson, le 08 janvier 1918. Elle est concrétisée à
l’occasion du traité de Versailles, le 28 avril 1919. Ce
traité sera à la base de la création de l’organisation
universelle : la Société des Nations dont le but est
d’assurer une paix durable et éviter un second conflit
mondial (Hélène – Simonian Gineste, 2012, pp. 105-
106).
37

Parmi les quatorze points, deux sont à la base d’une


certaine opposition entre les différents leaders. Le
principe de Nationalité et le principe de la réparation
des dégâts causés pendant la guerre. Le Président
américain W. Wilson est très attaché à la première
règle, la France l’est tout autant à la seconde. Le
principe des nationalités est difficile à appliquer tant
les populations sont mélangées. Le problème de la
définition et de l’identification d’une nationalité se
pose : langue, religion, passé ?
Certaines puissances au contraire faisaient valoir des
« droits historiques » sur certains territoires, voire
simplement des intérêts économiques ou stratégiques.
Ces droits historiques ne sont rien d’autre que
l’affirmation d’une situation ancienne : celle-ci doit
être maintenue ou restaurée parce qu’elle a existé dans
le passé, même si elle viole les droits démocratiques
(Jean Beaufays, 1999, p. 29). Ce type d’argument peut
être en opposition totale avec le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes soutenu par le président
américain Wilson.
La création de la Société des Nations répond à une
exigence américaine. Elle repose sur l’idée que la
négociation collective peut éviter le retour de la
guerre. La paix doit se fonder sur :
38

- la diplomatie ouverte, publique ;


- la sécurité collective ;
- le respect du droit par tous ;
- l’égalité des Etats
- la démocratie,
- le libre échange. La SDN constituera le forum où les
différends seront discutés et réglés par voie pacifique.
La SDN constituera le forum où les différends seront
discutés et réglés par la voie pacifique. Si une
agression devait cependant survenir, l’agresseur
devrait être l’objet de sanctions de la part de tous les
membres de la SDN afin de le faire reculer.

2. Les Etats membres

Tout Etat qui se gouverne librement peut devenir


membre. Mais le candidat à l’admission doit être jugé
capable d’assumer les obligations découlant du Pacte.
Cette aptitude est vérifiée par l’Assemblée de la SDN
qui vote l’admission à la majorité de deux tiers de ses
membres.

Le retrait est possible après un préavis de deux ans.


39

L’exclusion, en cas de violation d’un engagement


découlant du Pacte, est aussi sur décision unanime des
membres du Conseil de la SDN.
En dehors de l’exclusion, des sanctions sont prévues
contre l’Etat membre qui recourait à la guerre sans
avoir respecté le délai de trois mois. Elles sont
militaires, économiques, financières.

3. La structure de la SDN (organes)

a) L’Assemblée générale : c’est un organe


plénier. Il se réunit tous les ans à Genève, siège
de l’organisation. Chaque pays dispose d’une
voix. Elle choisit chaque année son président et
ses six vice-présidents. Elle est assistée par des
commissions. Elle vote des résolutions, des
recommandations.
b) Le Conseil : c’est un organe restreint qui se
veut l’organe de cinq grandes puissances
victorieuses qui y siègent à titre permanent
(France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Etats-
Unis) et Quatre membres non permanents élus
par l’Assemblée pour trois ans. Il se réunit
quatre fois par an. Il décide à l’unanimité. Il
cherche à éviter les crises et en cas de besoin
40

recommande les mesures militaires à prendre


(Jean Beaufays, 1999, p. 30).
c) Secrétariat permanent et une instance
judiciaire : la Cour permanente de justice
internationale.

Remarques : Il faut préciser ici que le président


Wilson a pesé de tout son poids pour faire
appliquer scrupuleusement ses 14 points, sans
rien demander pour son pays. Il met ses espoirs
de paix dans la SDN. Mais malheureusement,
les Etats-Unis n’en feront cependant pas partie
parce que le Sénat américain refusa de donner
son assentiment au traité de Versailles par
crainte de voir les USA entraînés dans une
guerre à cause du pacte. Bref, les Etats-Unis
n’ont jamais siégé, parce que n’ayant pas ratifié
le Pacte.

La SDN est parvenu à résoudre des différends d’ordre


mineur : en 1920 entre la Lituanie et la Pologne
(affaire de Vilna), en 1921 entre la Finlande et la
Suède (affaire des îles Aaland), en 1925 entre la Grèce
et la Bulgarie, en 1935 entre la Colombie et Pérou
(conflit de Leticia).
41

Mais elle enregistre des échecs dès que les conflits


sont graves : entre l’Italie et la Grèce à propos de
Corfou, en 1932 lors de l’agression japonaise en
Chine et, en 1936, lors de l’agression italienne en
Ethiopie. Par manque d’une armée permanente et
manque de respect des règles par les grandes
puissances, la SDN ne parvient pas finalement à
empêcher un second conflit mondial.

Chap. II : LE SYSTEME ONUSIEN

• Un pays, une voix


• Coordination et arbitrages
Dans ce chapitre, nous examinerons l’Assemblée
générale, d’où les chefs d’Etats s’adressent au monde
et que les médias, tour à tour, raillent, critiquent ou
louent. On parlera également du Conseil économique
et social, du Conseil de tutelle, du Conseil de sécurité
et de la Cour internationale de justice.
Où va-t-on? Vers la paix démocratique ou
institutionnelle.
Pour échapper à des nouvelles guerres comme celles
du 1914 - 1918, l’idée de la paix démocratico-
institutionnelle tente d’établir une sécurité collective
42

basée sur des règles interétatiques formelles et


équitables. Elle entre dans la politique internationale,
à l’issue de la première guerre mondiale, avec le projet
du président américain, Thomas W. Wilson, de Société
des nations (SDN). Lorsque la SDN voit le jour en
1919, l’Etat initiateur qui est aussi la première
puissance de la planète, les USA, n’en est pas
membre. La SDN n’empêche pas un conflit mondial
en 1939 et meurt dans l’indifférence totale. Pour les
Etats-Unis du président Franklin D. Roosevelt, cet
échec n’enterre pas le principe d’un pacte
interétatique; au contraire, il faut une nouvelle SDN,
mieux conçue, et dans laquelle les Etats-Unis
s’impliquent totalement (Philippe Moreau Defarges,
2008, p. 112). Ainsi, l’organisation des Nations Unies
créée à San Francisco le 25 juin 1945 succède à la
Société des nations (SDN) qui échoua dans sa mission
d’universalisme et de maintien de la paix. L’Onu, qui
demeure à ce jour l’expérience majeure de sécurité
collective. Son siège a été fixé à New York et non plus
à Genève comme c’était le cas pour la Société des
Nations.
La paix démocratico-institutionnelle repose sur la
notion de sécurité collective en vertu de laquelle les
Etats souverains, sortant de l’état de nature, se lient
par un pacte social ; par ce contrat, ils renoncent à se
43

faire justice eux-mêmes et s’en remettent à un policier


supérieur.

But : L’ONU répond à cinq finalités : le maintien de


la paix, la protection des droits de l’homme, le
développement économique et social (générateur de la
paix), la promotion politiques, et le renforcement des
liens entre Etats souverains qui grâce à l’existence de
l’ONU pratiquent une diplomatie multilatérale
(Roland Sérouti, 2010, p. 39). Selon Yves Berthelot et
J.-M. Jakobowicz, les objectifs de l’organisation
seront de maintenir la paix et la sécurité et de
promouvoir la coopération des Etats dans la recherche
de solutions aux problèmes économiques, sociaux et
humanitaires (2010, p. 62).
L’organisation est limitée par ses moyens. Elle est
limitée dans son action par certains principes et par sa
dépendance financière à l’égard de ses Etats membres.
Au nom du principe de l’égalité souveraine des Etats
membres, ceux-ci refusent de se soumettre à l’ONU,
qui n’est qu’une association permanente. A cela, il faut
ajouter le principe de compétence réservée qui interdit
(article 2, &7) aux organes de l’organisation des
Nations Unies d’intervenir dans les affaires qui
relèvent essentiellement de la compétence nationale
des Etats sauf pour les mesures de coercition en vue
44

de maintien de la paix. Enfin, le développement de


l’activité de l’organisation est limité par le montant de
ses ressources financières, bien que les Etats membres
soient tenus de les lui fournir.
Sa vocation universelle se manifeste par son
ouverture à tous les Etats (pays) remplissant les
conditions d’admission.
1. Structure

Il convient d’exposer successivement les organes


principaux, les organes subsidiaires, les institutions
spécialisées et les organisations autonomes.

A. Les organes principaux

Les organes principaux de l’ONU sont l’Assemblée


générale, le Conseil de sécurité, le Conseil
économique et social, le Conseil de tutelle, la cour
internationale de justice et le Secrétariat.

a) L’Assemblée générale
45

1. Composition

Elle est composée de tous les Etats membres des


Nations Unies. Chaque délégation comprend cinq
représentants et cinq représentants suppléants et, en
plus, autant de conseillers et d’experts qu’elle le juge
nécessaire.

L’Assemblée générale est un parlement sans élection


puisque les Etats n’ont jamais été élus pour en faire
partie. Elle occupe une position centrale. Composée
des représentants des 193 Etats membres de
l’organisation, elle est d’abord un forum unique pour
débattre des questions internationales.
Les sessions de l’Assemblée générale sont l’occasion
d’un grand rassemblement diplomatique
international : tous les Etats membres sont invités à y
participer ; sont représentés, siègent à l’Assemblée
générale et participent à la prise de décision selon le
principe « un Etat, une voix ».

Par les traités et les conventions qu’elle adopte, elle


est un des lieux essentiels où se développe le droit
international.
46

Elle oriente le travail du Secrétariat général et définit


les contributions budgétaires entre les Etats membres
(Yves Berthelot et Jean-Michel Jakobowicz, p.l55).

L’Assemblée générale doit débattre et faire des


recommandations relatives au maintien de la paix de
la sécurité internationales, au désarmement, à la
réglementation des armements, à la coopération dans
le domaine politique, du droit international et à sa
codification, à la coopération internationale pour
améliorer la situation économique et sociale, pour
faire progresser l’éducation, la culture, la santé
publique, pour que tous puissent jouir des droits de
l’homme et des libertés fondamentales sans distinction
de race, de sexe, de langue ni de religion (Yves
Berthelot et Jean-Michel Jacobowicz, p. 156). Elle
oriente le travail de l’organisation par les demandes
qu’elle adresse aux différents organes et au secrétariat
à la fin des débats, par l’examen des rapports que la
plupart des organes des Nations unies, y compris le
Conseil de sécurité; doivent lui envoyer chaque année,
et, surtout, par l’examen et l’adoption du budget. Elle
référera toute question demandant une action de
l’organisation au Conseil de sécurité. Elle admettra les
nouveaux membres, expulsera les membres qui
violeraient systématiquement les principes de
47

l’organisation (Ibid., P. 63) et suspendra de l’exercice


de tous ses droits, un pays qui commet une agression
(Jean Charpentier, 2009). De sa propre volonté, un
pays peut se retirer même si un retrait volontaire n’est
pas prévu par la Charte.

2. Les sessions

L’Assemblée générale tient chaque année une session


ordinaire, de septembre en décembre, session qui peut,
au besoin, se prolonger au-delà de cette période (63e
session en 2008). En outre, elle peut se réunir en
session extraordinaire lorsque les circonstances
l’exigent, sur convocation du Secrétaire général, à la
demande du Conseil de sécurité ou à celle de la
majorité des membres des Nations Unies (Jean-Claude
ZARKA, p. 42).

3. Le Bureau
Au début de chaque session, un Bureau, qui dirigera
les travaux de l’Assemblée, sera élu. Il se compose
d’un président, de vice-présidents et des présidents des
commissions.
Le président de l’Assemblée de l’Assemblée générale
48

joue un rôle important (essentiel) au niveau du bon


fonctionnement de la session.

4. L’organisation du travail
Le travail de l’Assemblée générale peut se faire soit en
séance plénière, soit en commission (J.C. ZARKA, p.
42). Mais généralement, en commission parce qu’en
plénière souvent perte du temps et désordres. Antoine
GAZANO affirme que le travail effectif est réalisé en
commissions qui préparent les projets de résolution
transmis à l’Assemblée plénière aux fins d’adoption
(2009, p. 61).
Il existe plusieurs commissions dont chacune est
spécialisée dans son domaine.
- La 1re Commission : Questions politiques et de sécurité

- La Commission politique spéciale : Questions politiques

- La 2e Commission : Questions économiques et financières

- La 3 e Commission : Questions sociales, humanitaires,


culturelles

- La 4e Commission : question de tutelle

- La 5e Commission : Questions administratives et budgétaires

- La 6e Commission : Questions juridiques


49

5. Les prises de décision

En commission, les votes sont acquis à la majorité


simple des membres présents et votants. A
l’Assemblée plénière, il convient de distinguer deux
cas de figure (si la technique du consensus n’est pas
utilisée). Pour les questions importantes, on vote à la
majorité qualifiée des 2/3 des membres présents et
votants, c-à-d- lorsqu’il s’agit des questions majeures
énumérées par la Charte de l’ONU :
- L’admission de nouveaux membres dans l’Organisation des
Nations Unies ;

- L’élection du Secrétaire général ;

- L’opération du maintien de la paix ;

- L’élection des membres non permanents du conseil de


sécurité ;

- L’élection des membres du Conseil économique et social ;

- L’élection des membres du Conseil de tutelle ;

- La suspension des droits et privilèges de membres ;


50

- L’Exclusion des membres ;

- Les questions budgétaires et questions relatives au


fonctionnement du régime de tutelle ;

- La révision de la Charte exige une majorité des 2/3 des


membres, y compris tous les membres permanents du
Conseil de sécurité.

Pour toutes les autres questions (mineures), les


décisions sont prises à la majorité simple des membres
présents et votants.

6. Les compétences de l’Assemblée


Les compétences de l’Assemblée générale sont très
nombreuses. Il faut distinguer les compétences qui
sont spécifiques à l’Assemblée de celles qu’elle
partage avec les autres organes principaux des l’ONU.

Parmi les compétences propres de l’assemblée


générale, il faut relever notamment :
- Le vote du budget des Nations Unies
- L’examen des rapports des autres organes de l’Onu
- Le développement de la coopération internatio-
nale dans les domaines économique, social, cu-
lturel et dans celui de la protection des droits
51

de l’homme.

S’agissant des compétences partagées de l’Assemblée


générale, on doit signaler qu’elle a la faculté de
discuter de toute question se rattachant au maintien de
la paix et de la sécurité internationale. Cependant, «
toute question de ce genre, qui appelle une action, est
renvoyée au Conseil de sécurité par l’Assemblée
générale, avant ou après la discussion » en vertu de
l’article 11 de la Charte des Nations Unies. De plus,
d’après l’article 12 de la Charte, lorsque le Conseil de
sécurité s’occupe d’une question de paix et de
sécurité, l’Assemblée générale « ne doit faire aucune
recommandation sur cette situation ou ce différend à
moins que le Conseil de sécurité ne le lui demande ».
Il en résulte une subordination évidente de
l’Assemblée générale au Conseil de sécurité (J.-C.
ZARKA, p. 44).

b). Conseil de sécurité

1. Composition

- Le Conseil de Sécurité : un policier institutionnel ou


52

policier de fait?
La sécurité collectivité exige un policier supra-
étatique, un policier institutionnel capable de ramener
les Etats récalcitrants ou délinquants dans le droit
chemin. Le Conseil de sécurité des Nations Unies,
policier du monde, est un organe restreint composé de
deux types de membres : cinq membres permanents
désignés par la Charte (la Chine, la France, la Grande-
Bretagne, la Russie et les Etats — Unis- chacun
pouvant s’opposer à une décision par un veto) et 10
membres non permanents élus par l’Assemblée
générale de l’Onu pour une durée de deux ans par
l’Assemblée générale, renouvelés par moitié chaque
année. Il est conçu comme l’organe exécutif des
Nations Unies. Il travaille sans discontinuer lorsque
les circonstances l’exigent (Antoine Gazano, 2009, P.
61). Autrement dit, les 15 membres sont prêts à se
réunir en permanence, notamment dans les situations
internationales d’urgence.

Le conseil siégera en permanence et aura pour


responsabilité principale le maintien de la paix et de la
sécurité internationale. Les membres de l’ONU se
feront obligation d’accepter les décisions du Conseil d
sécurité et de les mettre en œuvre. Toutes les
résolutions du Conseil sont obligatoires quel que soit
53

l’article de la Charte auquel elles se réfèrent (Yves


Berthelot et Jean-Michel Jakobowicz, 2010, p. 63).
Pour que le Conseil agisse, deux conditions doivent
être réunies: un vote positif d’au moins onze des
quinze membres ; l’absence de tout veto (Philippe
Moreau Defarges, 2008, p. 114). Agir signifierait ici
envoi des casques bleus en cas de nécessité. L’esprit
de 11/15 est tout à fait différent de celui d’Antoine
Gazano reprit ci-dessous.
Que faire si le policier institutionnel, inévitablement
composé d’Etats, se divise, les uns souhaitant agir, les
autres s’y opposant? Comme il arrive très souvent, on
ne fait finalement rien et on laisse les belligérants
s’entretuer. Les cas des conflits africains sans issue
des dernières décennies peuvent servir d’exemple.
Souvent, le champ international ayant horreur du vide,
surgit un policier de fait. Certaines grandes puissances
entretiennent des relations privilégiées avec des zones
dont elles maintiennent l’ordre: Afrique subsaharienne
pour la France; Amérique centrale, Caraïbes, Europe,
Moyen-Orient pour les Etats Unis, Caucase et Asie
centrale pour la Russie; Balkans pour l’Europe
occidentale et les Etats-Unis (Ibid., 2008, P. 114).
Malgré leur intervention de ces policiers
hégémoniques, le résultat n’était jamais garanti, une
anarchie sanglante pouvant en remplacer une autre,
54

affirme Philippe Moreau Defarges. Il ajoute que les


cocktails seront finalement pris par des troupes
locales. Celles-ci, une pincée d’organisation régionale,
un zeste de puissances établies, et, saupoudrant le tout,
un mandat onusien (ibid.). En ces années 2000, le
Darfour au Soudan, ravagé par tous les malheurs
possibles, est l’objet de ces combinaisons
«institutionnalo-militaro-humanitaire s» à l’efficacité
incertaine.

2. Organisation
Le Conseil de sécurité est organe permanent. En effet,
selon l’article 28 de la Charte, il est organisé « de
manière à pouvoir exercer ses fonctions en
permanence ». Ayant vocation à gérer les crises
internationales, le Conseil doit être effectivement en
mesure de siéger chaque fois que la paix est menacée.
C’est pourquoi chaque Etat membre du Conseil doit
disposer d’un représentant permanent à New York, au
siège de l’ONU. Le Conseil de sécurité est le seul
organe des Nations Unies à avoir un caractère
permanent.

La présidence du Conseil est tournante (rotative).


Chaque mois, il est présidé alternativement par le
55

représentant permanent de chaque Etat membre du


Conseil, suivant l’ordre alphabétique anglais. Cette
présidence assurée par roulement permet d’éviter que
le Conseil ne soit victime de l’influence d’une
puissance particulière.
Il peut arriver que les ministres des Affaires étrangères
soient amenés à représenter leur Etat au Conseil de
sécurité. On se souvient du discours prononcé le 14
février 2003 par le ministre français des Affaires
étrangères, Dominique de Villepin, lors de la crise
irakienne. D’autre part, plusieurs réunions du Conseil
de sécurité ont été organisées au niveau des chefs
d’Etat ou de gouvernement. La première réunion au
sommet du Conseil de sécurité a eu lieu le 31 janvier
1992 pour débattre de la question de la responsabilité
du Conseil en matière de paix et de sécurité
internationale. Ce premier sommet du Conseil de
sécurité avait demandé à Boutros Boutros-Ghali, alors
nouveau secrétaire général de l’ONU, de préparer un
rapport sur « le moyen de renforcer la capacité de
l’Organisation des Nations Unies dans les domaines
de la diplomatie préventive, du maintien et du
rétablissement de la paix, et sur la façon d’accroître
son efficacité dans le cadre des dispositions de la
Charte » (Jean-Claude ZARKA, p. 45). Le 24
septembre 2009, une autre réunion au sommet du
56

Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la


résolution 1887 sur le désarmement et la non-
prolifération nucléaire.

3. Les prises de décision


Les questions de procédure, les décisions sont prises à
la majorité des 9/15, c’est-à-dire adoptées par un vote
affirmatif de 9 membres sur les 15. Tandis que les
décisions majeures (pour toutes les autres questions)
sont adoptées par un vote affirmatif de 9 de ses
membres dans lequel sont comprises les voix de tous
les membres permanents ». Autrement dit, ces
décisions majeures sont adoptées à la majorité
qualifiée de 9 voix sur 15, encore faut-il que le vote
des cinq permanents soit favorable. Pour qu’une
résolution soit adoptée, la majorité des 9/15 doit
comprendre tous les membres permanents du Conseil
de sécurité puisque le droit de veto accordé en 1945
aux vainqueurs de la Seconde guerre mondiale a
souvent paralysé l’action de l’ONU. C’est le fameux
« droit de veto » qui permet à chacune des 5 grandes
puissances de bloquer le mécanisme de vote. Cette
primauté reconnue aux membres permanents va à
l’encontre du principe de « l’égalité souveraine » des
57

Etats consacrés par la Charte. Celle-ci préfère


l’inaction de l’Organisation, le non-accompagnement
de ses responsabilités dans une crise donnée, à une
action susceptible de mettre l’ONU en conflit avec
l’un des cinq » (M. Virally, p. 103). L’imperfection
fondamentale de toute construction juridique est
manifeste en droit international. Le système du
Conseil de sécurité en est une illustration parfaite
puisque les cinq membres permanents dotés d’un droit
de veto, souvent juges et parties, peuvent bloquer
toute initiative collective (échec en 2003 d’une
résolution américano-britannique autorisant l’usage de
la force en Irak ou menace russe d’user de ce droit sur
la question de l’indépendance du Kosovo). Un
membre permanent peut s’opposer à une décision, il
peut voter contre, ce qui revient à opposer son veto (A
GAZANO, pp. 62-63). Selon Deyra, la comptabilité
des Nations Unies indique 243 vetos opposés à ce jour
dont 4 par la Chine, 18 par la France, 29 par la
Grande-Bretagne, 74 par les USA, 118 par l’Union
soviétique ou la fédération de Russie (, p. 115).
Si un membre permanent n’appuie pas une décision,
mais ne veut pas bloquer les débats en usant de son
droit de veto, il peut s’abstenir (attitude de la Chine
lors de l’intervention en Irak en 1990-1991).
Dans son rapport rendu public le 20 septembre 1994,
58

le groupe de travail chargé par l’Assemblée générale


d’étudier « la question de la représentation équitable
au Conseil de sécurité » a relevé « l’opinion très
répandue, que le droit de veto est anti-démocratique
», et qu’il devrait être soit « limité à des sujets
particuliers » soit subordonné pour sa validité à deux
voix négatives (J-C. ZARKA, p. 45).
On comprendra qu’aujourd’hui il est contesté par des
nouvelles puissances qui désirent modifier la
composition du Conseil et réclament une réforme leur
accordant un siège permanent au sein du Conseil. Des
projets de réforme proposent son élargissement à 24
voire 25 Etats avec d nouveaux membres permanents
ou semi-permanents selon les projets (Antoine
GAZANO, 7eme édition, 20013, p. 68). Le Groupe
des quatre (Allemagne, Brésil, Inde et Japon) a pris
une initiative en ce sens. Mais pour qu’ils aboutissent
une révision de la Charte est nécessaire. Or s’agissant
d’une décision majeure, elle requiert l’accord unanime
des cinq membres permanents qui ne sont pas pressés
de partager leurs privilèges avec d’autres Etats.
Il est critiqué également pour des raisons d’équité,
notamment pour des différences de traitement face à
des situations similaires mais son impuissance est
souvent la conséquence d’un désintérêt flagrant de la
part de ses membres les plus éminents.
59

C’est pourquoi le 18 octobre, l’Arabie saoudite a


refusé d’entrer au Conseil de sécurité en tant que
membre non permanent ; un geste sans précédent
visant à protester contre « l’impuissance » du
Conseil, notamment face à la crise syrienne.

4. Les compétences du Conseil de sécurité

Saisi par l’Assemblée générale, le Secrétaire général,


un Etat membre ou même par un Etat non-membre, le
Conseil de sécurité est chargé du maintien de la paix,
conformément aux chapitres VI et VII des Nations
Unies. Il est responsable principal du maintien de la
paix et de la sécurité internationale conformément à
l’article 24 de la Charte des nations unies.

Dans le règlement pacifique des différends, dont la


prolongation est susceptible de menacer la paix
internationale, le conseil de sécurité peut intervenir,
lorsqu’il est saisi par un Etat membre ou un Etat non-
membre de l’ONU. En cas de menaces contre la paix,
de rupture de la paix ou d’actes d’agression, le Conseil
est compétent pour décider des mesures à adopter
(prendre).
Le Conseil de sécurité intervient également dans le
60

domaine de la lutte contre le terrorisme et la


prolifération des armes de destruction massive
(AMD). Sa résolution 1373 du 28 septembre 2001 est
à l’origine de la création du Comité contre le
terrorisme (CCT).

C). Le Conseil économique et social, ECOSOC

1. Composition

Il se compose de 54 membres élus par l’Assemblée


générale pour une durée de 3 ans renouvelable par
tiers, chaque année. Les 5 grandes puissances,
membres du Conseil de sécurité, sont en fait sinon en
droit toujours réélus.
Ce conseil tient une session de fond de cinq semaines
chaque année, une fois à New York et une fois à
Genève, et au moins deux sessions d’organisation à
New York.
Le conseil a quatorze sièges aux Etats africains, onze
aux Etats Asiatiques, six aux Etats d’Europe orientale
; dix à ceux d’Amérique latine et des Caraïbes et treize
à ceux d’Europe occidentale et autres.
61

2. Les prises de décision


Le Conseil économique et social, qui siège en principe
deux fois par an, adopte (prend) des recommandations
à la majorité simple. Autrement dit, il prend ses
décisions à la majorité simple, chaque membre
disposant d’une voix.

3. Les compétences

Il étudie les questions relatives à la coopération


économique et sociale internationale. Il étudie les
questions relatives à l’économie, à la vie sociale, à
l’environnement, à la vie éducative, etc. Il est en
relation avec les institutions spécialisées.
Fonctions principales : étudier, discuter les problèmes
économiques, sociaux et faire des recommandations
destinées à encourager la coopération internationale et
à régler des situations susceptibles de compromettre le
bien-être général. La délégation chinoise fit ajouter
que les activités de ce conseil devaient inclure
l’éducation et les autres formes de coopération
culturelle (Yves Berthelot et Jean-Michel Jacobowic,
p. 63).
L’un des buts des Nations unies est de créer les
62

conditions de stabilité et de bien-être susceptibles


d’engendrer des relations pacifiques et amicales entre
les nations. Dans cette perspective, les Nations unies
doivent ainsi favoriser le relèvement des niveaux de
vie, le plein emploi et créer les conditions
internationales du développement économique et
social. L’ONU doit donc trouver des solutions aux
problèmes internationaux dans le domaine
économique, social, de la santé publique, de
l’éducation et du respect des droits de l’homme. Ce
conseil est, en fait, l’organe principal de coordination
des activités économiques et sociales des Nations
unies et de ses organismes et institutions spécialisées.
Les fonctions du Conseil économique et social sont
notamment l’examen des questions économiques et
sociales internationales et la préparation (adoption)
des recommandations pratiques sur ces sujets, à
destination des Etats membres et du système des
Nations unies dans son ensemble. Le Conseil réalise,
aussi, des études et des rapports touchant l’économie,
les affaires sociales, la culture, l’éducation et la santé
publique et dans d’autres domaines apparentés ; il
contrôle le respect effectif des droits de l’homme et
des libertés fondamentales pour tous; il consulte les
ONG qui s’occupent de questions relevant de sa
compétence (plus de 1500 ONG sont dotées du statut
63

consultatif et peuvent faire des observations aux


réunions publiques du Conseil économique et social).
L’ECOSOC est chargé de convoquer des conférences
internationales sur ces questions et prépare des projets
de convention pour les soumettre à l’Assemblée
générale.

d) Le conseil de tutelle ne fera pas l’objet d’étude


cette année.

e) La Cour internationale de Justice (CIJ)

1. Composition

Organe judiciaire principal des nations unies, la CIJ,


qui a succédé en 1946, à la Cour permanente de
Justice internationale instituée en 1920 sous les
auspices de la Société des Nations, est composée de
Quinze juges élus pour 9 ans. Les juges sont
renouvelables par tiers tous les trois ans et sont de
nationalités différentes. Ils sont élus conjointement
par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité
selon les critères de compétence, de représentation de
tous les courants juridiques ainsi que de la répartition
64

géographique équitable (Antoine GAZANO, p. 69). Ils


sont élus parmi des personnes jouissant de la haute
considération morale, et possédant une compétence
notoire en matière de Droit international (art. du statut
de la CIJ).
Les juges de la CIJ qui siègent à la Haye, élisent pour
trois ans leur président et leur vice-président qui sont
rééligibles. Les membres de la CIJ bénéficient de
garanties : l’inamovibilité, la possession des privilèges
et immunités diplomatiques. Les compétences.

2. Les compétences et fonctionnement

Le greffe est l’organe administratif de la CIJ. Celle-ci


étant à la fois un tribunal et un organisme
international. Seuls les Etats peuvent porter plainte
devant la CIJ : encore faut-il que les deux parties en
cause reconnaissent sa compétence et soient d’accord
pour se soumettre à son arbitrage. Un Etat dont le
litige est examiné par la Cour peut demander la
désignation d’un juge ad hoc de son choix.
La CIJ est compétente pour trancher les litiges entre
deux Etats par des arrêts. Ces jugements prononcés
par la CIJ sont obligatoires pour les parties.
65

La CJI remplit une double fonction : contentieuse et


consultative.
La fonction contentieuse consiste à rendre des arrêts
sur la base du droit international, autrement dit de
sanctionner un comportement étatique condamnable
(Antoine Gazano, 2009, p. 62). La Cour ne peut juger
les Etats que s’ils ont accepté sa juridiction (clause
facultative de compétence obligatoire) ; dans cette
éventualité ses décisions ont force obligatoire. En cas
de refus d’exécution, elle ne dispose pas d’instruments
de contrainte. Le Conseil de sécurité est seul habilité à
employer des mesures contraignantes.
La fonction consultative consiste à dire le droit dans
une situation juridique incertaine sur demande des
organes intergouvernementaux des Nations Unies et
des institutions spécialisées. Mais ils doivent
bénéficier de l’autorisation de l’Assemblée générale
pour demander des avis consultatifs « sur des «
questions juridiques qui se poseraient dans le cadre de
leur activité », indique l’article 96 (J.-C. Zarka, p.
52). Selon le même article 96 de la Charte des Nations
Unies, l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité
peut demander à la CIJ un avis consultatif sur toute
question juridique.
La procédure dite consultative est ouverte aux
66

organisations internationales, et à elles seules. Les avis


de la Cour ont un caractère consultatif et ne
s’imposent pas comme tels aux organismes qui les ont
demandés (Ibid.)
Affaires et faiblesses : face aux grands conflits entre
Etats, la CIJ est restée impuissante faute de pouvoir se
saisir elle-même des différends. Aussi les 144 affaires
qu’elle a traitées depuis sa création sont-elles
relativement marginales (par exemple, le Congo et la
France sur des procédures pénales engagées à Paris,
ou l’Argentine et l’Uruguay sur des problèmes liés à
des usines de pâte à papier sur un fleuve limitrophe) ;
La Cour s’est trouvée affaiblie parce que beaucoup
d’Etats ont refusé de comparaître devant elle et parce
que certains pays ont retiré leur déclaration facultative
après des décisions qui leur étaient défavorables. Ainsi
la France et les USA ont-ils retiré chacun la
déclaration par laquelle ils reconnaissaient la
juridiction de la CIJ : la France en 1973 en raison des
jugements rendus à propos des essais nucléaires dans
le Pacifique; les USA en 1986 suite au jugement
condamnant les activités paramilitaires au Nicaragua
(Yves Berthelot et Jean-Michel Jakobowicz, p.166).
De nombreux observateurs ont vivement regretté
l’absence totale de la CIJ lors de la crise du Golfe de
1990-1991. Aussi, pour certains, il serait désormais
67

indispensable d’accroître les pouvoirs de la CIJ en vue


de lui permettre de contrôler le fonctionnement des
organes politiques de l’Onu.
De l’avis de Géraud de la Pradelle, la CIJ devrait être
en mesure d’apprécier la légalité des actions conduites
par le Conseil de sécurité : « en effet, seul un contrôle
juridictionnel de la légalité des actes du Conseil de
sécurité pourrait garantir le respect du droit par ce
Conseil ».

f) Le Secrétariat général

1. Le Secrétaire général

Le secrétaire général est nommé (élu) par l’Assemblée


générale, sur recommandation du Conseil de sécurité,
pour cinq ans renouvelables. Le secrétaire général
peut attirer l’attention du Conseil de sécurité sur toute
affaire qui, à son avis, pourrait mettre en danger le
maintien de la paix et de la sécurité internationale.
* A la fois diplomate et personnalité politique, il est le
plus haut fonctionnaire de l’organisation (selon
l’article 97 de la Charte). Il dirige le secrétariat dont il
nomme le personnel. Il est le chef de l’Administration.
Il exécute les décisions des nations Unies. Chaque
68

année, il présente un rapport à l’Assemblée générale.

L’un des rôles essentiels du secrétaire général est


d’user de ses bons offices, c’est-à-dire de se prévaloir
de son indépendance, de son impartialité et de son
intégrité pour entreprendre, publiquement ou non, les
démarches propres à empêcher l’apparition,
l’aggravation, l’extension des conflits internationaux
(Antoine Gazano, p. 62). Il dispose d’un pouvoir
d’initiative personnelle (ordre du jour, médiation,
interprétation de la Charte). Si le Conseil est confronté
à une situation de blocage, l’action diplomatique du
secrétaire général sera paradoxalement facilitée.

Il est assisté des secrétaires généraux adjoints et de


sous-secrétaires généraux. Il est chargé de la direction
de forces armées de l’ONU. Il est chargé notamment
de l’enregistrement et de la publication des traités
internationaux passés par les membres de l’ONU.
Les Secrétaires généraux de l’ONU sont (J.-C. Zarka, p. 53) :

- 1946-1953 : Trygue Lie (Norvège)

- 1953-1961 : Dag Hammarskjöld (Suède)

- 1961-1971 : U. Thant (Birmanie)

- 1972-1981 : Kurt Waldheim (Autriche)


69

- 1982-1991 : Javier Perez de Cuellar (Pérou)

- 1991-1996 : Boutros Boutros-Ghali (Egypte)

- 1996-2006 (Kofi Annan (Ghana)

- 2007- à ce jour (Ban Ki-Moon) (Corée du Sud).

A côté de ses fonctions administratives, le secrétaire


général de l’ONU joue un rôle politique essentiel à
partir du moment où il a été investi de missions
diplomatiques. Il est devenu, dans les relations
internationales, l’instance majeure de négociation ou
encore de médiation.

2. Le personnel ou les fonctionnaires


Selon la charte, le recrutement des fonctionnaires
internationaux doit s’effectuer sur « une base aussi
large que possible ».
C’est pour cette raison que plus de dix mille (10.000)
fonctionnaires internationaux travaillent pour la
machine administrative onusienne. Ils doivent être des
personnes possédant les plus hautes qualités de travail,
de compétences, et d’intégrité.
• Ils sont nommés par le secrétaire général de l’ONU
sur présentation de leurs gouvernements respectifs.
70

Les fonctionnaires internationaux ne doivent recevoir


aucune injonction émanant de ces derniers. Leur
indépendance est consacrée par des immunités et
privilèges « qui leur sont nécessaires pour exercer
leurs fonctions en rapport avec l’organisation »
(article 105 de la Charte).
• Bénéficiant de la protection de 1‘organisation contre
les dommages que pourraient leur causer des Etats, ils
sont protégés contre tous les abus de pouvoir de
l’organisation par le tribunal administratif de l’ONU (J
Charpentier, p. 57).

 Le bilan de l’ONU
Il est fréquent d’entendre parler de l’échec de la
Société des Nations (SDN) qui n’a pu empêcher la
seconde guerre mondiale, alors qu’elle a, dans bien
des domaines, connu des succès. De même, certains
sont prêts à condamner l’ONU sans appel parce qu’il y
a toujours des guerres et que les droits de l’homme
sont violés régulièrement, tout en ignorant qu’elle a
évité plusieurs guerres et amélioré la situation des
droits de l’homme, sans parler des nombreux autres
domaines elle a connu succès et échecs.
Le cas de l’Irak, une guerre non justifiée. Cette guerre
de 2003, le secrétariat des Nations Unies et en
71

particulier le Secrétaire général, auront tout fait pour


éviter une guerre. Malheureusement la guerre a eu
lieu, mais sans l’accord du Conseil de sécurité. On va
essayer d’approfondir cette notion. Ce point constitue
un sujet d’un travail pratique.

B. Les organes subsidiaires

Trois organes principaux qui disposent du pouvoir de


créer des organes subsidiaires sont l’Assemblée
générale, le Conseil de sécurité et le Conseil
économique et social, qui les jugent nécessaires à
l’exercice de leurs fonctions. Ces organes subsidiaires
ne sont pas autonomes par rapport à l’ONU.
Les principaux organes subsidiaires de l’ONU :

- Le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR),


- Le Fonds des Nations unies pour l’enfance
(Unicef),
- Le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD) ;
- La conférence des Nations unies sur le
72

commerce et le développement (CNUCED)


- L’Institut des Nations unies pour la formation et
la recherche (UNITAR)
- Le Conseil mondial de l’alimentation (CMA)
- Le programme alimentaire mondial de la FAO
et de l’ONU (PAM)
- L’Office de secours et de travaux pour les
réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient
(UNRWA)
- Le centre des Nations unies pour les
établissements humains (HABITAT)
- Le Fonds des nations pour la population
(FNUAP)
- Le Programme des Nations unies pour
l’environnement (PNUE).

C. Les institutions spécialisées de l’ONU

Les institutions spécialisées ont vocation à faciliter la


coopération interétatique. Au nombre de 17, ces
institutions sont établies par traité et autonomes, tout
en étant liées par convention bilatérale avec l’ONU
(A. Gazano, 2013, p. 69). En clair, elles sont des
73

organisations internationales indépendantes créées par


les Etats. Leur liaison avec l’ONU repose sur un
accord conclu entre le Conseil économique et social
des Nations Unies et l’instruction spécialisée.
Elles sont pourvues d’attributions internationales
étendues, dans les domaines, très variés, économique,
social, de la culture intellectuelle et de l’éducation et
de la santé publique. Sans les étudier l’une après
l’autre, on peut, avant d’énumérer le rôle des
principales d’entre elles, en présenter synthétiquement
les caractères généraux.

- Caractères généraux

Les caractères généraux des organisations spécialisées


de l’ONU sont repris ci-dessous.
- Elles ont une personnalité propre distincte de l’ONU,
- Chacune avec sa structure propre ;
- Elles sont cependant reliées à l’organisation de New
York par des traités.
- L’Onu, par tout un réseau d’accords, entretient des
liens serrés avec les institutions spécialisées.
74

Ce maillage étroit prend la forme d’informations


réciproques sur l’activité des deux types
d’organisations grâce à la transmission de différents
rapports annuels et à l’échange d’observateurs etc.
(Roland Sérouki, p. 42). Par ailleurs, l’Assemblée
générale examine annuellement le budget administratif
des institutions spécialisées, tandis que le Conseil
économique et social de l’ONU leur adresse au besoin
des recommandations et coordonne leurs nombreuses
activités (ibid.).
Les institutions spécialisées travaillent, au moins
indirectement pour la paix puisque leur est d’élargir
et faciliter la coopération interétatique mondiale. A
titre d’exemple, nous pouvons citer :
- l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ;
- l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI) ;
- l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science
et la culture (Unesco) ;
- l’organisation internationale du travail (OIT) ;
- la Banque internationale pour la reconstruction et le
développement (BIRD) ;
- le Fonds monétaire international (FMI) ;
- Organisation mondiale de la santé (OMS) ;
- l’Union postale universelle (IJPU) ;
- l’Union internationale des télécommunications (UIT) ;
75

- l’organisation maritime internationale (OMI) ;


- l’organisation météorologique mondiale (OMM) ;
- la Société financière internationale (SF1) ;
- l’Association internationale pour le développement
(AID) ;
- l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle
(OMPI) ;
- le Fonds international de développement agricole
“ (FIDA) ;
- l’organisation des Nations unies pour le développement
industriel (ONUDI) ;
- l’organisation mondiale du commerce (OMC).
76

Traits caractéristiques communes à ces institutions


spécialisées :
• organisations intergouvernementales à vocation
universelle et à compétence limitée
• créées par un traité entre Etats, qui joue à son égard
le rôle d’un texte constitutionnel;
• elles sont distinctes de l’Onu, ayant un siège distinct,
menant des politiques d’admission, de suspension ou
de sanction autonomes;
• reliées à l’Onu;
• complémentaires par rapport à l’Onu, puisqu’elles
ont pour but de développer des conditions favorisant
le maintien de la paix;
• chacune a signé un accord bilatéral avec
l’organisation mère, et le Conseil économique et
social de l’Onu joue à leur égard le rôle de
coordonnateur;
• Chaque organisation spécialisée a sa propre charte;
• chacune a ses propres membres qui ne sont pas
nécessairement les mêmes que ceux de l’Onu ;
• chacune dispose d’un budget propre provenant des
contributions versées par les Etats membres ;
• chacune a sa propre structure ayant une Assemblée
77

générale, un organe exécutif restreint (élu par


l’Assemblée appelée Conseil d’administration, ex. :
FMI, BIRD etc.) et un Secrétariat, souvent appelé
Bureau.
78

- Le rôle des institutions spécialisées


Il est impossible de les examiner toutes ici. Nous
prendrons en compte, les principales institutions
spécialisées des Nations unies. Doivent notamment
être prises en considération, les activités de :
- l’Unesco,
- l’Organisation pour l’Alimentation et
l’Agriculture (FAO ou OAA),
- la Banque mondiale (BM),
- du Fonds monétaire international (FMI),
- l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
l’Organisation Maritime Internationale (OMI),
- l’Union postale universelle et l’organisation
internationale du travail.

Unesco : créée en 1945, elle alphabétise. Les USA se


retirés en 1984 de l’Unesco à cause de la mauvaise
gestion. En juillet 1997, le Royaume-Uni a réintégré
l’Unesco dont il s’était retiré en décembre 1995 (J.-C.
Zarka, p. 57).

Dans le discours qu’il a prononcé devant l’assemblée


générale de l’ONU, le 12 septembre 2002, le président
79

Bush a annoncé le retour des USA à l’Unesco : « cette


organisation a été réformée, et les Etats-Unis
participeront pleinement à la réalisation de sa mission
en faveur des droits de l’homme, de la tolérance et de
l’éducation ». Enfin, en réaction à « l’admission de la
Palestine comme Etat membre », le 31 octobre 2011,
à l’UNESCO, les USA ont décidé de suspendre leur
contribution financière à cette organisation qui
constitue le plus gros forum international après l’ONU
(Ibid).

FAO : créée en 1945, elle lutte contre la faim, elle a


pour mission initiale d’élever le niveau de nutrition et
le rendement de la production de nourriture et
d’améliorer les conditions des populations rurales. Il
était donc normal qu’elle se fût intéressée à la
conservation des ressources naturelles. Par ailleurs,
elle est à l’origine des législations de nombreux Etats
dans les domaines de l’agriculture, des forêts, de la
pêche, et de la conservation des sols.
OMS : créée en 1946,
- elle combat les endémies,
- cherche à supprimer les maladies endémiques,
épidémiques etc.,
Cherche à améliorer le logement, l’assainissement etc.
80

Tous ces objectifs touchent au moins indirectement à


la protection de l’environnement. Dans le cadre de sa
coopération dans l’intérêt de la santé humaine, l’OMS
pratique plusieurs méthodes. Entre autres, elle collecte
et diffuse les informations, publie les manuels, fournit
l’assistance technique et établit des réseaux
d’information et de recherche, surveille des pollutions
spécifiques nuisibles à la santé de l’homme et
participe à la lutte locale contre les pollutions
(Franklin Dehousse, pp. 310-311).

UPU (Union postale universelle) :


Créée en 1874, elle coordonne les administrations
postales des pays membres en facilitant la liberté de
passage du courrier sur leurs territoires.

OIT (organisation internationale du travail) :


Créée par le traité de Versailles lors de conférence de
paix en avril 1919, l’OIT vise à l’amélioration des
conditions de travail en faisant adopter par les Etats
membres des conventions. Des organes délibérants ont
la particularité de comprendre à coté de déléguer des
gouvernements des représentants des travailleurs et
des employeurs. L’OIT devint le 14 décembre 1946, la
première institution spécialisée de l’ONU. Elle a pour
81

vocation de promouvoir la justice sociale et


notamment de faire respecter les droits de l’homme
dans le monde du travail. Elle met au point des
conventions et de recommandations qui définissent les
normes minimales à respecter dans ce domaine. Elle
fournit par ailleurs une assistance technique dans
différents secteurs : formation et réadaptation
professionnelle, politique de l’emploi, administration
du travail, droit du travail et relations professionnelles,
conditions de travail, coopératives, sécurité sociale,
sécurité et santé au travail (Michel, 2007, p. 124).

Le FMI, créé en 1944 lors de la conférence de Bretton


Woods, est chargé d’assurer la stabilité du système
monétaire et financier international. Il doit prévenir les
crises et les résoudre lorsqu’elles surviennent. Elle
aussi pour mission de faciliter l’expansion du
commerce international. Le FMI fournit des crédits
aux pays en développement qui connaissent quelques
difficultés financières et par conséquent leur demande,
en contrepartie, de mettre en œuvre des réformes
structurelles.

Le Conseil d’administration du FMI a pris, le 5


novembre 2020, une importante réforme destinée à
82

attribuer aux pays émergents une place plus conforme


à leur poids économique.

La Banque mondiale constitue le second pilier de


l’architecture financière internationale mise en place
lors de la conférence de Bretton Woods, en 1944. La
lutte contre la pauvreté est devenue son principal
objectif. En 1997, elle a été à l’origine de la réduction
de la dette des Etats les plus pauvres. Ces ressources
proviennent des Etats développés et d’emprunts sur
les marchés internationaux des capitaux (J. Zarka, p.
58).

3. La participation des Etats aux Nations Unies.

Selon l’article 3 de la charte, les membres originaires


des Nations Unies sont les Etats qui ont participé à la
Conférence de San Francisco ou ceux qui ont
antérieurement signé la Déclaration des Nations Unies
du 1er janvier 1942. Ce sont des Etats pacifiques qui
ont combattu contre les puissances de l’Axe. Parmi les
cinquante et un membres originaires de l’ONU, il faut
citer la Pologne qui avait souscrit à la Déclaration de
1942 mais qui n’était pas présente à la Conférence et
aussi la Biélorussie et l’Ukraine, simples Etats
83

fédérés, qui comme du reste l’Argentine et le


Danemark, avaient participé à la Conférence sans
avoir approuvé la Déclaration de l’organisation des
Nations Unies.
Les 51 Etats fondateurs de l’organisation des Nations
Unies :
 Afrique du Sud,
 Arabie Saoudite,
 Argentine,
 Australie,
 Birmanie,
 Belgique,
 Bolivie,
 Brésil,
 Canada,
 Chili,
 Chine,
 Colombie,
 Etats-Unis,
 Ethiopie,
 France,
 Grèce
 Guatemala
84

 Haïti
 Honduras
 Inde
 Iran
 Irak
 Liban
 Liberia
 Panama
 Paraguay
 Pays-Bas
 Pérou
 Philippines
 Pologne
 Salvador
 Syrie
 République dominicale
 Royaume-Uni
 Tchécoslovaquie
 Turquie
 Costa Rica
 Cuba
 Danemark
 Egypte
85

 Equateur
 Luxembourg
 Mexique
 Nicaragua
 Norvège
 Nouvelle-Zélande
 Ukraine
 URSS
 Uruguay
 Venezuela
 Yougoslavie

L’Etat qui sollicite son admission à l’ONU doit être « un Etat


pacifique ». Il doit en plus accepter les obligations de la Charte, et
être capable de les remplir et disposé à les faire. C’est l’Assemblée
générale qui décide de l’admission d’un Etat à l’ONU et cela sur
recommandation du Conseil de sécurité. Aujourd’hui, l’ONU compte
193 Etats membres qui sont à « La Maison de verre » de New York.
Les Etats non-membres des Nations Unies ne sont pas concernés par
les droits et obligations inscrits dans la Charte de l’ONU. Toutefois,
ils peuvent siéger aux Nations Unies en qualité d’Observateurs 1. Ils
ne disposent pas de droit de vote même s’ils participent aux travaux
des différents organes de l’organisation des Nations Unies.
La perte de la qualité de membre de l’organisation des Nations
Unies. Le retrait volontaire d’un Etat n’est pas prévu. Toutefois, ce
1
J.-C. ZARKA, Op. cit., p. 65.
86

retrait volontaire de l’ONU, à l’initiative d’un Etat membre n’est pas


prohibé par la Charte qui respecte le principe de souveraineté des
Etats. L’exclusion d’un Etat membre est permise par l’article 6 de la
Charte. C’est une sanction décidée par l’Assemblée générale, sur
recommandation du Conseil de sécurité, en vue d’exclure de
l’organisation un Etat qui enfreint de manière persistante les
principes énoncés dans la Charte de l’organisation des Nations Unies.
Le statut d’Etat observateur non-membre des Nations Unies.
Pour devenir un « Etat non-membre de l’ONU, il ne faut pas
présenter une demande au Conseil de sécurité. La requête doit être
soumise au vote de l’Assemblée générale et elle requiert une majorité
simple.
87

PARTIE III :
LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
REGIONALES

Plusieurs organisations internationales régionales


prévoient dans leur charte constitutive des dispositions
relatives au règlement pacifique des différends
pouvant survenir entre leurs membres.
Chapitre I. En Europe :
On peut les regrouper en quatre blocs.
1) Les organisations de sécurité et de défense
- L’Union de l’Europe occidentale (UEO). Créée en
1955, face à l’OTAN, l’UEO (actuellement, 28 en sont
membres) est la seule organisation européenne
compétente en matière de défense. Elle a été réactivée
lors du Conseil européen ‘Helsinki, en décembre
1999, avec l’Eurocorps (corps d’armée rassemblant
des unités de 5 pays) et la création de l’Eurofor (force
opérationnelle rapide) et de l’Euromar (force maritime
européenne).
2. L’Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE). A l’origine, 1’OSCE a été créée en
1975 sous forme d’une conférence permettant aux
Etats membres de se rencontrer régulièrement (Michel
88

Deyra, 2009, p. 128). En 1994, la conférence se


transforme en Organisation. Elle regroupe 55 pays
(tous les Etats européens, les Etats-Unis, le Canada, la
Russie et les Etats issus de l’ex-URSS. Buts:
• Elle assure le règlement pacifique des conflits;
• l’inviolabilité des frontières;
• les droits de l’homme.
Plus grande organisation de sécurité régionale,
l’OSCE coopère avec des pays européens pour les
soutenir dans la reconstruction après un conflit (le cas
de Balkans par exemple) ou dans un processus, certes
limité, de démocratisation (Caucase, Asic centrale)
ainsi pour la prévention des conflits.
1. Les organisations économiques
Le Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg)
traduit une coopération politique et administrative
entre ces trois pays depuis 1944. Buts : éliminer des
entraves aux frontières; réaliser la libre circulation des
personnes, marchandises et des services; coordonner
préalablement leurs points de vue, en se profilant de
manière commune sur la scène européenne; défendre
leurs intérêts spécifiques plus efficacement (ibid.)
La Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD)
89

Suite à l’effondrement du système communiste, les


pays d’Europe centrale et orientale (PECO) et les pays
de l’ex-URSS ont entamé une conversion politique et
économique vers un système démocratique et une
économie de marché, certains en vue de l’adhésion à
l’Union européenne. Pour soutenir financièrement
cette transition, l’Union a décidé, avec d’autres pays,
de créer, en 1991, la BERD, regroupant deux
institutions internationales (l’Union européenne et la
BEl) et 60 Etats (Etats de l’UE, Etats bénéficiant de
l’aide de la BERD, et autres Etats actionnaires dont
l’Australie, le Canada, les USA, Israël, le Japon, la
Suisse). L’intervention de la BERD repose sur 2
principes (la conditionnalité de l’aide): adhésion aux
principes de la démocratie pluraliste et de l’économie
de marché (Michel Deyra, 2007, pp. 129-130).
4. Les organisations scientifiques et techniques
- La conférence européenne de l’aviation civile
(CEAC).
Fondée en 1955, la CEAC vise à promouvoir le
développement d’un système de transport aérien
européen sûr, efficace et durable. Dans cette
perspective, la CEAC s’emploie à:
- harmoniser les politiques et pratiques dans le
domaine de l’aviation civile au sein de ses Etats
90

membres;
- promouvoir un rapprochement sur des questions de
politique entre ces Etats et d’autres régions du monde.

L’agence spatiale européenne (ESA). L’ESA, créée en


1975, a pour but:
- développement des technologies avancées;
- construction d’une industrie compétitive capable de
s’imposer au monde;
- développement de la coopération européenne;
- développement des connaissances scientifiques;
• l’amélioration de la qualité de vie;
• la promotion de l’industrie européenne.
2. L’Union européenne, organisation d’intégration
Elle est une organisation d’intégration, une autorité
supranationale, un processus de dépassement de l’Etat,
échelonné dans le temps et dans l’espace. A l’heure
actuelle (2008), elle est composée de 27 pays et 480
millions d’habitants (Antoine Gazano, 2009, p. 63).
Les différents organes de l’Union assurent une
représentation originale des Etats (Conseil européen et
Conseil des ministres), de l’intérêt communautaire
(commission), de l’intérêt des peuples (parlement
91

européen) et des intérêts économiques et sociaux


(comité économique et social). Le système européen, à
la différence du système européen, est un système
complet doté de fonctions de décision, d’exécution et
de contrôle.
Le processus de décision est assuré par le Conseil
européen et le Conseil des ministres selon des
modalités de vote variables allant de l’unanimité à la
majorité simple en passant par la majorité qualifiée.
La fonction d’exécution incombe conjointement à la
Commission et aux Etats membres alors que la
fonction de contrôle est exercée par le parlement
(contrôle politique) et par la Cour européenne de
justice (contrôle juridictionnel).
Les principales institutions communautaires
a) La commission européenne
Composée actuellement de vingt-sept membres (un
commissaire par Etat), désignés pour cinq ans par les
Etats membres et approuvés par le Parlement
européen, elle incarne l’intérêt communautaire et se
doit d’agir en toute indépendance. Elle remplit trois
fonctions principales
• elle peut engager des actions judiciaires devant la
Cour de justice, voire même infliger des sanctions
financières à des personnes physiques ou morales
92

ayant violé les règles communautaires.


• Elle dispose de très large pouvoir d’initiative
normative dans presque tous les domaines de la vie
communautaire; ces propositions sont ensuite
transmises au Conseil des ministres et au Parlement
européen. Elle représente l’Union vis-à-vis des pays
tiers et négocie les traités internationaux.
• Elle gère enfin le budget de l’Union, les crédits étant
répartis entre les différentes actions engagées
notamment dans le cadre des politiques communes.
• Gardienne des traités, elle veille au respect par les
Etats membres du droit communautaire primaire et
dérivé (Antoine Gazano, 2009, p.
b) Le Conseil de l’Union européenne
Le Conseil de l’UE, plus couramment appelé Conseil
des ministres, est l’organe principal de décision. Il
réunit les ministres des Etats membres, concernés par
un domaine inscrit à l’ordre du jour. Il dispose à cet
égard d’un véritable pouvoir normatif qui s’exprime
sous forme de règlements, de directives ou de
décisions. La présidence est assurée à tour de rôle par
les Etats membres pendant une période de six mois.
Le Conseil fixe les objectifs politiques, coordonne les
politiques nationales et règle les différends qui
93

opposent les Etats. Les questions litigieuses non


résolues sont soumises à l’arbitrage du Conseil
européen qui réunit, deux fois par an, chef d’Etat et
chef de gouvernement. Les traités ont renforcé
l’influence du parlement européen à travers la
procédure de codécision (ibid.).
c) Le Parlement européen
Elu au suffrage universel direct (785 membres), le
Parlement représente les peuples des Etats de l’Union.
Il assure un contrôle politique des autres institutions
en participant au processus normatif (avis ou pouvoir
d’amendement), en arrêtant le budget de l’Union
(qu’il peut rejeter) et en contrôlant le Conseil et la
Commission (qu’il censure en contraignant ses
membres à démissionner collectivement).
d) La Cour de justice
Juridiction indépendante, la Cour est composée de
vingt-sept juges, un par Etat membre, et neuf avocats
généraux qui assistent les juges en présentant des
conclusions (exposés du litige et proposition de
solution). Ils sont nommés d’un commun accord par
les gouvernements pour un mandat de six ans
renouvelable. Les juges sont, pour la plupart, des
universitaires de haut rang qui ont exercé des
fonctions dans les systèmes judiciaires nationaux et
94

connus pour leurs qualités d’indépendance. La Cour a


pour buts de:
* juger des recours en manquement, c’est-à-dire de la
plainte d’un Etat ou de la Commission contre un pays
qui ne respecte pas ses obligations européennes;
* contrôler la légalité des actes des institutions
(Commission, Conseil des ministres) ;
* interpréter les traités et tous les actes pris sur leur
fondement, à la demande des juges nationaux
(questions préjudicielles);
* juger des actions en réparation pour les dommages
causés par les institutions européennes ou leurs agents.
Elle est, depuis 1988, le juge d’appel du Tribunal de
première instance des Communautés européennes, qui
statue essentiellement sur les affaires de concurrence
et les litiges concernant les fonctionnaires européens
(Antoine Gazano, 2009, p. 65).
- La Charte européenne des langues régionales ou
minoritaires
Créée en 1992, entrée officiellement en vigueur en
mars 1998, la Charte a pour objectif:
* protéger les langues régionales ou minoritaires tant
dans le cadre privé que dans la vie publique;
* empêcher la disparition de certaines de ces langues
95

qui font partie intégrante du patrimoine culturel


européen.
La Convention culturelle européenne (1954) a pour
but de fixer dans le cadre des activités du Conseil de
l’Europe dans les domaines de l’éducation, de la
culture, du patrimoine, de l’enseignement supérieur et
de la recherche, de la communication, du sport et de la
jeunesse.

CHAPITREII : En Amérique

1. L’Organisation des Etats américains (OEA)


Le Pacte de Bogota, conclu en 1948 au sein de l’OEA,
est consacré au règlement pacifique des différends
pouvant survenir entre ses Etats membres. Le Conseil
de l’OEA était assisté d’une Commission
interaméricaine pour la paix, autorisée à présenter ses
bons offices et à désigner des commissions d’enquête.
Ce système, qui s’est révélé peu efficace, a fonctionné
une douzaine de fois entre 1948 et 1964.
Un nouveau système fut établi par le Protocole de
Buenos Aires de 1967. Les parties pouvant saisir le
Conseil permanent de l’OEA, qui pouvait effectuer
une enquête, recommander des procédures de
96

règlement appropriées ou saisir la Commission


interaméricaine des règlement pacifique des
différends. Le consentement des deux parties au
différend restait cependant nécessaire. Aucune affaire
ne fut portée devant ces organes, ce qui amena à une
nouvelle réforme en 1985. Le Protocole de Carthagène
autorise toute partie à un différend non encore soumis
à l’une des procédures prévues par la charte à solliciter
les bons offices du Conseil permanent. Par ailleurs, la
Commission interaméricaine pour le règlement
pacifique des différends fut supprimée. En contre
partie, le Conseil permanent reçut le pouvoir de créer,
avec l’assentiment des parties, des commissions ad
hoc. Les procédures auxquelles celles-ci pourront
avoir recours se limitent toutefois aux moyens
diplomatiques traditionnels. Les mécanismes de
règlement des différends au sein de l’OEA restent
notoirement insuffisants, aucune solution ne pouvant
être imposée aux parties (Franklin Dehousse, 2008, p.
53).
Bref, l’OEA est une organisation régionale fondée en
1948 par la Charte de Bogota, elle a pour objectifs de
renforcer la sécurité, de prévenir et résoudre
pacifiquement les conflits. L’OEA joue un rôle
politique important notamment:
* assurer le maintien de la paix dans les relations entre
97

les Etats membres (USA et tous les Etats latino-


américains, Canada adhère en
1972) ;
* exclure du pouvoir certaine idéologie jugée
subversive par les USA, membre le plus influent de
l’organisation (Jean Charpentier,
2009, p. 74).
Rôle économique : Par le moyen du Conseil pour le
développement intégré et de la Banque
interaméricaine de développement, l’OEA travaille en
faveur du développement de l’Amérique latine (Jean
Charpentier, 2009, p. 74), c’est-à-dire elle favorise le
développement économique, social et culturel. Elle
comprend tous les Etats du Continent sauf le Cuba
(Michel Deyra, 2007, p. 132).
3. La Communauté andine: elle a pour objectif
d’établir un marché commun et de promouvoir
l’intégration et la coopération économique et
sociale de cinq pays (Bolivie, Colombie,
Equateur, Pérou, Venezuela). Le Pacte andin a
été créé en 1969 entre ces cinq pays et relancé
en 1996 par la volonté de ses membres de
progresser vers une intégration économique
tandis que l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et
l’Uruguay poursuivent le même objectif à
98

l’intérieur de Mercosur, créé en 1991, et entrée


en vigueur le 1er janvier 1995. En 2004, les
Etats membres de deux organisations, plus le
Chili, la Guyane et le Surinan, ont signé un
accord en vue de la constitution d’une Union
des nations sud-américaines (UNASUR) entré
en vigueur le 23 mai 2008 (Jean Charpentier,
2009, p. 74)

CHAPITRE III :
En Afrique et Moyen-Orient

1. La Banque africaine de développement (BAD,


1963 à Karthoum).
Objectif de la BAD : de promouvoir le développement
économique et social du continent par l’attribution de
prêts et d’opérations d’assistance technique aux pays
africains. Tous les africains en sont actionnaires ainsi
que des pays d’Amérique, d’Asie et d’Europe. Le
FAD (Fonds africain de Développement) complète son
action par des prêts à des conditions préférentielles
(Jean Charpentier, 2009, p. 74).
99

2. La Ligue arabe
a) Origine et composition: créée en 1945 à l’initiative
de l’Egypte, elle est ouverte à tous les Etats arabes et
est passée de 1945 à 1993 de 7 à 22 membres. En
1979, pour sanctionner l’Egypte à la suite des accords
du traité de paix de Camp David avec l’Israël. Son
siège a été transféré du Caire à Tunis. Il a été transféré
au Caire en 1990.
b) Structure: l’Organe essentiel est un Conseil de
défense (composé des ministres des Affaires
étrangères et des ministres de Défense) flanqué d’un
Conseil économique et assisté d’un Secrétariat
permanent et de commissions spéciales permanentes.
Divers organes politiques s’y ajoutent de façon
épisodique (notamment les conférences de chefs
d’Etats, ou « sommets arabes »- le dernier à Damas-).
c)Rôle: (il est essentiellement politique) diminuer ou
atténuer les antagonismes entre les membres;
- unir leurs efforts contre les adversaires extérieurs
(Israël)
- établir une coopération militaire, politique et
économique (Michel Deyra, 2007, p. 133).

3. La Communauté économique des Etats


100

d’Afrique de l’Ouest.

a) Origine : elle a été créée en 1975.


b) Objectif : favoriser l’intégration économique et
militaire en Afrique de l’Ouest. Face à la montée des
conflits régionaux, la CEDEAO s’est dotée de depuis
1990 d’une force d’interposition africaine, 1’ECOMG,
qui est intervenue au Liberia, en Guinée-Bissau, et en
Sierra Léone (Michel Deyra, 2007, p. 133).
Siège, Lagos.

4. L’Organisation de la Conférence Islamique


(OCI)
a) Origine: - les principaux hommes d’Etat
musulmans ont constaté l’incapacité de la Ligue arabe
à régler le problème palestinien. - Une Charte fut
adoptée en mars 1972 à Djeddah.
b) Rôle : - créer une solidarité religieuse (islam)
- renforcer l’islam
c) Composition: sont membres, les Etats dont la
population est, en principe, en majorité musulmane;
actuellement 57 membres, dont l’OLP.
c) Structure: - Une conférence des rois, chefs d’Etats
101

et de gouvernements se réunit en principe tous les


trois ans. La dernière a eu lieu en Malaisie en octobre
2003 ;
- une conférence des ministres des Affaires étrangères
se réunit au moins une fois par an (Michel Deyra,
2007, p. 133.).
102

5. L’Organisation de l’Unité africaine (OUA) et


l’Union Africaine (UA)
La Charte de l’OUA mentionne le règlement pacifique
des différends par voie de négociations, de médiation,
de conciliation ou d’arbitrage. Le Protocole du Caire
du 21juillet1964 prévoit l’établissement d’une
Commission de médiation, de conciliation et
d’arbitrage. Celle-ci ne peut se pencher que sur les
différends entre les Etats membres de l’OUA.
Cette Commission, composée de 21 membres élus par
la Conférence des chefs d’Etats, peut être saisie non
seulement par les parties à un différend ou seulement
l’une d’entre elles, mais également par le Conseil des
ministres de l’OUA ou par la Conférence des chefs
d’Etats. Toutefois, si une des parties refuse que
l’affaire soit soumise à la juridiction de la
Commission, l’affaire sera renvoyée devant le Conseil
des ministres de l’OUA pour examen. Elle peut aussi
procéder à un arbitre. Ce mécanisme a enregistré un
certain nombre de succès (litiges frontaliers entre
l’Algérie et le Maroc, et entre l’Ethiopie et la
Somalie). Toutefois, la plupart des Etats africains
semblent préférer un règlement diplomatique à leurs
différends (Franklin Dehousse, 2008, pp. 54- 55).
Si son intervention est acceptée, la Commission offre
103

aux parties une grande souplesse. Elle peut être


acceptée à effectuer des enquêtes, exercer une
médiation ou une conciliation.
a) origine et composition: elle a été créée le 28 mai
1963 à Addis-Abeba; l’OUA comprend actuellement
tous les pays africains (53 en 1998), l’admission du
Sahara occidental en 1982, contestée par la Maroc,
ayant cependant déclenché une grave crise, le Maroc
ayant, depuis 1984, suspendu sa participation.
b) Objectifs: promouvoir la coopération panafricaine
(interafricaine) tant politique qu’économique et
éliminer les vestiges du colonialisme en Afrique ibid.).
c) De l’OUA à l’UA: Impuissante face au
développement des conflits africains, ainsi que face à
la montée de la pauvreté et l’extension de l’épidémie
du Sida, une décision a été adoptée à Lomé, le
11juillet 2000, portant Acte de la transformation de
l’OUA en Union africaine, qui est entré en vigueur le
26 mai 2001 (Jean Charpentier, 2009, p. 76).
d) Objectifs de l’UA: renforcer la démocratie et
l’intégrité économique de l’Afrique sur le modèle de
l’Union européenne. Composition: bâtie sur le modèle
de l’Union européenne, elle composée de plusieurs
institutions dont
- un Parlement panafricain (consultatif);
104

- un Conseil économique, social et culturel;


- une Cour de justice;
- une Cour africaine des droits de l’homme et des
peuples;
- une Commission (ex-secrétariat) dotée d’un pouvoir
d’initiative, qui siège à Addis-Abeba;
- Une Conférence des chefs d’Etat de gouvernement,
réunie une fois l’an;
- Un Conseil exécutif, des ministres chargés de
préparer la Conférence;
- Un Conseil de paix et de sécurité, de 15 membres
chargés de veiller à la stabilité de l’Afrique.
6. L’Union du Maghreb arabe
Créée en 1989 par le traité de Marrakech, elle vise à
organiser un espace économique maghrébin (Algérie,
Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) et une politique
commune dans tous les domaines. La question du
Sahara occidental (fermeture des frontières entre
l’Algérie et le Maroc depuis 1994) et la crise
algérienne ont provoqué la mise en sommeil de
l’organisation.
Nous laissons tomber d’autres organisations telles que
la Communauté de développement de l’Afrique
105

australe (SADC), le Marché commun de l’Afrique


australe et orientale, COMESA et la Communauté
économique des Etats d’Afrique centrale
(CEEA), etc.

Chapitre IV : En Asie et Océanie (Organisations de


coopérations en Asie et dans le Pacifique)
1. L’Association des Nations du Sud-est asiatique
(ANASE ou ASEAN)
Créée en 1967, elle regroupe les nouveaux pays
industrialisés d’Asie du Sud-est (10 membres, plus 3
observateurs- Chine, Japon et Corée du Sud- ayant
vocation à adhérer), doit à sa composition de faciliter
une coopération étendue entre ses membres, mais
aussi d’exercer une influence politique sensible dans
la région. Elle a pour objectif le développement
économique, social et culturel, ainsi que la paix et la
sécurité régionales par le renforcement de la
coopération politique. S’il faut suivre Michel Deyra,
l’Organisation serait née dans un contexte
d’opposition de cinq pays de la région aux régimes
communistes (2007, p. 133). Siège à Jakarta.
106

2. Le forum du Pacifique Sud


Créée en 1971 par l’Australie, la Nouvelle Zélande et
treize Etats insulaires, le forum développe une
coopération active entre ces treize Etats insulaires plus
(depuis 2006) deux membres associés: Nouvelle
Calédonie et Polynésie française et un observateur:
Wallis et Futuna. Siège à Suva (Fidji).

3. Le Conseil de coopération du Golfe (au Moyen-


Orient)
Il a été constitué en 1981 autour de l’Arabie Saoudite
entre les six Etats riverains du golfe Persique pour
contenir la révolution iranienne et, plus largement,
assurer la stabilité économique et politique de la
région. Un «marché commun du Golfe» a été créé
depuis le 1er janvier 2008. La candidature du Yémen
est envisagée pour 2016. Siège à Ryad (Jean
Charpentier, 2009, p. 77).
4) Les rapports entre l’ONU et les organisations
régionales

Un problème de coordination entre les actions des


différentes organisations risquait de se poser. L’article
52 de la Charte des Nations Unies reconnaît
107

expressément la compatibilité des organisations


régionales avec l’Onu. Il précise que les Etats parties à
de tels accords doivent faire tous des efforts pour
régler d’une manière pacifique, par le moyen de ces
accords, les différends d’ordre local avant de les
soumettre au Conseil de sécurité. Celui-ci doit
encourager l’utilisation des procédures disponibles au
plan régional pour les différends d’ordre local.
Toujours en vertu de l’article 52 de la Charte, le
Conseil de sécurité reste cependant compétent pour
connaître de ces différends. Par conséquent, les Etats
membres d’organisations régionales peuvent toujours
choisir de saisir directement le Conseil de sécurité
s’ils considèrent que cette procédure est plus efficace.
Ainsi, Cuba a pu saisir valablement le Conseil de
sécurité en 1960, alors que les USA avaient déjà
introduit une plainte contre lui devant l’OEA. Dans
l’affaire des activités militaires au Nicaragua, la CIJ a
rejeté l’argument américain selon lequel le Nicaragua
était obligé d’épuiser les voies de recours régionales
préalables, au motif que l’existence de négociations
actives auxquelles les deux parties pourraient
participer ne doit empêcher ni le Conseil de sécurité ni
la Cour d’exercer les fonctions distinctes qui leur sont
attribuées par la Charte. Une fois saisi, le Conseil de
sécurité décide souverainement s’il connaît de l’affaire
108

ou s’il la renvoie devant l’instance régionale


compétente (Franklin Dehousse, 2008, p. 54).
109

Nous ne pouvons pas, compte tenu de nombre


d’heures consacrées à notre cours, analyser toutes les
fonctions des différentes organisations internationales.
110

Conclusion

A l’heure actuelle, aucun Etat ne peut assumer seul la


défense de sa sécurité et de son indépendance. A l’âge
des armes nucléaires, biologiques et chimiques,
l’avenir de l’humanité dépend du maintien de la paix
entre les grandes puissances. Au demeurant, tous les
Etats trouvent leur origine dans les relations
internationales puisque nul Etat n’est en mesure de
vivre en complète autarcie, et tous sont contraints
d’assurer le développement de leur économie en
misant sur des alliances, sur des échanges
commerciaux, sur des rapports monétaires et
financiers avec le reste du monde. C’est pourquoi les
Etats doivent créer des organisations internationales
pour universaliser leurs normes et politiques.
L’institutionnalisation de la vie internationale devient
de plus en plus poussée dès 1919 avec la création de la
Société des Nations (SDN). Depuis, 1945, elle s’opère
dans le cadre de l’organisation des Nations unies
(ONT]) dont la Charte fixe les principaux objectifs
notamment, le maintien de la paix et de la sécurité
internationale assurée par les grandes puissances non
seulement par une coopération et une solidarité contre
l’agresseur mais aussi contre la pauvreté et le sous-
développement. On assistera à l’universalisation et
111

l’unification sur un plan juridique et politique. Ainsi


dira-t-on que «les organisations internationales sont
d’abord des centres de coopération permanente entre
Etats» (Jean Charpentier, 2009, p. 46). Elles
constituent un lieu de socialisation, de pacification et
de solidarités nouvelles, de lutte contre la pauvreté,
protection etc.
La personnalité juridique interne confère la qualité de
sujet de droit à l’OI dans l’ordre juridique de ses
membres. La personnalité internationale confère la
qualité de sujet de droit à l’OI dans l’ordre
international. Cette personnalité juridique lui permet
d’exercer des compétences normatives et
opérationnelles, de contrôle et de sanction, soit en
vertu de compétences explicites, soit en vertu de
compétences implicites.
Les immunités et les privilèges accordés à l’OI et ses
agents sont calqués sur ceux accordés à l’Etat et à ses
représentants. On y trouve notamment une
inviolabilité, une immunité de juridiction.

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