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Chronologie de l'après-guerre
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A-De l’armistice aux traités de paix :
L'armistice a lieu le 11 novembre 1918 : c'est la fin des combats. Une conférence de
paix s'ouvre en 1919 et des traités de paix sont ratifiés.
1-L’armistice du 11 novembre 1918 :
L'armistice est signé à Rethondes le 11 novembre 1918. Il suspend les combats sur le
front occidental, mais la paix ne règne pas immédiatement en Europe.
Ainsi, une guerre civile éclate en Russie, opposant les bolchéviques de Lénine et Trotski aux
contre-révolutionnaires soutenus par les Alliés. Elle aboutit à la création de l'Union des
républiques socialistes soviétiques (URSS) en décembre 1922. Les Allemands et les Polonais
s'affrontent pour la province de Posnanie puis la Russie attaque la Pologne en 1920 afin de
récupérer ses territoires perdus.
De 1919 à 1923, les Grecs attaquent l'Empire ottoman qui se transforme en république suite
à sa victoire.
Dans plusieurs pays, sous l'influence des Russes, des révolutions éclatent, toutes écrasées
dans le sang comme en Allemagne en 1919 et en Hongrie en 1920.
2-La conférence de la paix et ses traités :
La conférence de la paix s'ouvre à Paris en 1919. Elle réunit 27 nations et mènent à la
ratification de nombreux traités. Les pays vaincus et la Russie n'y sont pas invités. Les
États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Italie forment le Conseil des Quatre et
dominent la conférence. Ils n'ont cependant pas les mêmes objectifs.
Le traité de Versailles est signé le 28 juin 1919. Il est très dur pour l'Allemagne :
Ce traité provoque la colère d'une grande partie des Allemands ; il est jugé humiliant et est
très vite rejeté.
Le traité de Brest-Litovsk ;
Le traité de Versailles ;
Le traité de Saint-Germain-en-Laye et de Trianon ;
Le traité de Sèvres et de Lausanne.
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Carte de l'Europe après les traités de paix
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Le président américain Wilson joue un rôle important pour la paix. En janvier 1918, il
énonce sa doctrine pour la paix future, qui se décline en quatorze points. Les plus
importants sont le principe de nationalité et le droit des peuples à disposer d'eux-
mêmes.
1. « Des traités de paix ouverts, auxquels on a librement abouti, après lesquels il n'y aura ni
action ou décision internationale privée d'aucune nature, mais une diplomatie franche et
transparente. »
2. « Une absolue liberté de navigation sur les mers, en dehors des eaux territoriales, en temps
de paix, aussi bien qu'en temps de guerre, sauf si les mers doivent être en partie ou
totalement fermées afin de permettre l'application d'alliances internationales. »
3. « Le retrait, autant que possible, de toutes les barrières économiques, et l'établissement
d'une égalité des conditions de commerce parmi toutes les nations désirant la paix et
s'associant pour la maintenir. »
4. « Des garanties adéquates à donner et à prendre afin que les armements nationaux soient
réduits au plus petit point possible compatible avec la sécurité intérieure. »
5. « Un ajustement libre, ouvert, absolument impartial de tous les territoires coloniaux, se
basant sur le principe qu'en déterminant toutes les questions au sujet de la souveraineté, les
intérêts des populations concernées soient autant pris en compte que les revendications
équitables du gouvernement dont le titre est à déterminer. »
6. « L'évacuation de tout le territoire russe et règlement de toutes questions concernant la
Russie de sorte à assurer la meilleure et plus libre coopération des autres nations du monde
en vue de donner à la Russie toute latitude sans entrave ni obstacle, de décider, en pleine
indépendance, de son propre développement politique et de son organisation nationale ; pour
lui assurer un sincère et bienveillant accueil dans la Société des Nations libres, avec des
institutions de son propre choix, et même plus qu'un accueil, l'aide de toute sorte dont elle
pourra avoir besoin et qu'elle pourra souhaiter. Le traitement qui sera accordé à la Russie par
ses nations sœurs dans les mois à venir sera la pierre de touche de leur bonne volonté, de leur
compréhension des besoins de la Russie, abstraction faite de leurs propres intérêts, enfin, de
leur sympathie intelligente et généreuse. »
7. « La Belgique, et le monde entier agréera, doit être évacuée et restaurée, sans aucune
tentative de limiter sa souveraineté dont elle jouit communément aux autres nations libres.
Nul autre acte ne servira comme celui-ci à rétablir la confiance parmi les nations dans les
lois qu'elles ont établi et déterminé elles-mêmes pour le gouvernement de leurs relations avec
les autres. Sans cet acte curateur, l'entière structure et la validité de la loi internationale est à
jamais amputée. »
8. « Tous les territoires français devraient être libérés, les portions envahies rendues, et les
torts causés à la France par la Prusse en 1871, concernant l'Alsace-Lorraine, qui a perturbé la
paix mondiale pendant près de 50 ans, devraient être corrigés, de telle sorte que la paix soit
de nouveau établie dans l'intérêt de tous. »
9. « Un réajustement des frontières d'Italie devrait être effectué le long de lignes nationales
clairement reconnaissables. »
10. « Aux peuples d'Autriche-Hongrie, dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la
place parmi les nations, devra être accordée au plus tôt la possibilité d'un développement
autonome. »
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11. « La Roumanie, la Serbie et le Monténégro devraient être évacués ; les territoires
occupés devraient être restitués ; à la Serbie devrait être assuré un accès à la mer libre et sûr ;
les relations des États des Balkans entre eux devraient être déterminés par une entente
amicale le long de lignes historiquement établies d'allégeance et de nationalité ; des garanties
internationales quant à l'indépendance politique et économique, et l'intégrité territoriale des
États des Balkans devrait également être introduites. »
12. « Aux régions turques de l'Empire ottoman actuel devraient être assurées la souveraineté
et la sécurité ; mais aux autres nations qui sont maintenant sous la domination turque on
devrait garantir une sécurité absolue de vie et la pleine possibilité de se développer d'une
façon autonome ; quant aux Dardanelles, elles devraient rester ouvertes en permanence, afin
de permettre le libre passage aux vaisseaux et au commerce de toutes les nations, sous
garantie internationale. »
13. « Un État polonais indépendant devrait être créé, qui inclurait les territoires habités par
des populations indiscutablement polonaises, auxquelles on devrait assurer un libre accès à la
mer, et dont l'indépendance politique et économique ainsi que l'intégrité territoriale devraient
être garanties par un accord international. »
14. « Une association générale des nations doit être constituée sous des alliances spécifiques
ayant pour objet d'offrir des garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité
territoriale aux petits comme aux grands États. »
Extrait du discours de Wilson devant le Congrès reprenant les quatorze points
2-La société des Nations :
La Société des Nations (SDN) est créée pour garantir la paix et le nouvel ordre
international. Siégeant en Suisse, à Genève, elle a pour but de rassembler tous les pays
du monde sur un pied d'égalité.
La Société des Nations prône l'arbitrage et le désarmement. Elle cherche aussi à agir sur les
causes de la guerre, notamment la misère avec le Bureau international du travail et celui pour
les réfugiés. Pour parvenir à ses fins, elle utilise des sanctions économiques et commerciales.
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Le fonctionnement de la SDN
Toutefois, la Russie est exclue de la SDN, l'Allemagne ne l'intègre qu'en 1926 et les États-
Unis refusent finalement d'en faire partie. Dès sa création, ses chances de réussite sont donc
compromises.
II-L’Etat de L’Europe après la guerre :
Après la guerre, l'Europe est dans un état chaotique. On parle de catastrophe
démographique, tant le bilan humain est lourd. La situation économique et matérielle
est désastreuse. L'Europe connaît une grave crise de réfugiés.
A-La catastrophe démographique :
Le bilan humain de la Première Guerre mondiale est catastrophique. Le conflit
mondial a fait :
Près de 9,5 millions de morts parmi les soldats (soit 13,5 % des mobilisés) ;
Environ 10 millions de civils.
À ces pertes s'ajoutent les morts de la grippe espagnole en 1918 : 2,3 millions de victimes.
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Les populations de la Russie, de l'Allemagne et de la France sont les plus massivement
touchées. Les jeunes générations sont particulièrement atteintes. Cela provoque un
phénomène de classe creuse : 60 % des victimes avaient entre 20 et 30 ans. La jeunesse a été
décimée.
Classe creuse
Une classe creuse est une classe d'âge dont les effectifs sont faibles en raison d'une guerre
ou d'une chute de la natalité.
Enfin, on observe une baisse durable de la natalité et un déséquilibre des sexes : il y a plus de
femmes que d'hommes.
Ainsi, une inflation énorme touche tous les pays belligérants. La puissance économique et
financière européenne est ruinée : les États-Unis deviennent la première puissance mondiale.
À cela s'ajoutent les frais de reconstruction des infrastructures détruites pendant le conflit. Le
gouvernement français doit emprunter à sa population et aux autres pays.
L'Allemagne va payer un lourd tribut : en 1921, elle doit verser 132 milliards de Marks-or à
la France pour les destructions causées sur le territoire français.
Dans les zones du front (France, Belgique, Italie du Nord-Est, Pologne, Russie occidentale,
le Nord de la Grèce, la Roumanie et la Serbie), les destructions matérielles sont
considérables. En France, dix départements sont concernés dans les régions industrielles et
minières du Nord et de l'Est :
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2,5 millions d'hectares de terres agricoles sont dévastés et demandent un déminage et
le comblement des tranchées.
Plus de 60 000 kilomètres de routes et 5 000 kilomètres de voies ferrées sont détruits.
Il est même jugé impossible de reconstruire quoi que ce soit en « zone rouge » (180 000
hectares).
Des habitants des zones frontalières qui ont dû se déplacer dans leur propre pays ;
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Des exilés ayant trouvé refuge dans d'autres pays (les Belges et les Arméniens) ;
Les populations déplacées à cause des traités de paix (essentiellement en Europe
centrale et orientale) et des conflits de l'après-guerre (la guerre civile russe).
Les exilés et les populations déplacées représentent près de 6 millions de personnes en 1918.
Elles sont souvent mal accueillies voire rejetées dans les pays d'arrivée.
Le passeport Nansen
« Ils s'étaient assis par terre, les enfants à moitié nus pleuraient, les femmes non
débarbouillées, décoiffées, jambes nues et couvertes de guenilles jetaient des regards apeurés
autour d'elles. Les hommes, barbus, sombres, étaient assis près de leurs misérables bagages
qui avaient transité par toute l'Europe et d'où émergeaient des théières, des icônes et des
souliers. Les habitants de Billancourt les avaient d'abord pris pour des romanichels, puis
après de longs débats sur les peuples d'Orient, il fut décidé qu'il s'agissait de Polonais, mais il
s'avéra que les affamés ne pratiquaient pas la religion catholique. […] Des journalistes
parisiens munis de carnets, de crayons et d'appareils photographiques vinrent à Billancourt et
déclarèrent (eux, ils savaient) qu'il s'agissait d'Arméniens qui avaient fui Trébizonde,
traversé la Mésopotamie et étaient arrivés à Billancourt pour aider moussiou Renault. […]
L'étonnement fut général. Comment, ce sont des Russes ? De vrais Russes ? Qui aurait pu
penser ? »
Nina Berberova
Les Chroniques de Billancourt, © Actes Sud
1992
III-La mise en place des mémoires de la Première Guerre mondiale :
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Après la Première Guerre mondiale vient la mise en place des mémoires. La
construction des mémoires inclut notamment les artistes et écrivains, l'Europe rend
hommage à ses morts. Les mémoires sont différentes dans les différents pays qui ont
participé à la guerre, et elles sont parfois conflictuelles.
A-La construction des mémoires :
1-Le rôle des artistes et des écrivains :
Après la guerre vient le temps des commémorations et des mémoires. Les artistes et les
écrivains jouent un rôle important dans la construction des mémoires.
Avant 1914, de nombreux artistes d'avant-garde (cubistes, futuristes, expressionnistes)
désirent la guerre qu'ils imaginent purificatrice et libératrice.
« Comment l'artiste, le soldat en l'artiste, n'aurait-il pas dû louer Dieu d'avoir fait effondrer
un monde de paix dont il avait plus qu'assez ? La guerre ! Nous la ressentions comme une
purification, une libération et un espoir immense. »
Thomas Mann
L'Allemagne et le Royaume-Uni affectent des peintres aux unités militaires pour représenter
la guerre. À Paris, des œuvres dénonçant la barbarie allemande ou glorifiant les héros du
front sont exposées. Elles participent à la propagande.
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Une nécropole nationale
Après la guerre, l'article 255 du traité de Versailles oblige les signataires à entretenir les
tombes des soldats ennemis inhumés sur leur sol. Ces sanctuaires deviennent rapidement des
lieux de pèlerinage ou de tourisme.
En France, une loi institue dès 1915 le statut de « mort pour la France » et en 1919, une autre
entraîne la construction de 30 000 monuments aux morts dans les communes. Cette
commémoration collective se double souvent de plaques individuelles posées dans les
écoles, les églises, les entreprises.
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La tombe du Soldat inconnu à Paris
Sur le modèle de la France, de nombreux pays choisissent d'inhumer solennellement un
soldat inconnu pour perpétuer le souvenir des héros morts : Royaume-Uni, États-Unis,
Portugal, Italie, Belgique, Tchécoslovaquie, Roumanie et Pologne.
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