Vous êtes sur la page 1sur 36

Ouvrir le menu principal







Rechercher

Concours photo Wiki Loves Earth :


téléversez vos photos des sites protégés du Congo-Kinshasa pour aider
Wikipédia et gagner des prix

Société des Nations


organisation intergouvernementale, prédécesseur des Nations Unies

 Langue
 Télécharger le PDF
 Suivre
 Modifier

Pour les articles homonymes, voir SDN.


Société des Nations
League of Nations
Carte du monde montrant les adhésions à la Société
des Nations de 1920 à 1945.
Situation

Région
Monde
Création
10 janvier 1920
Dissolution
20 avril 1946 (26 ans)
Type
Organisation internationale

Palais Wilson (Genève)
Siège (1920-1936)
Palais des Nations (Genève)
(1936-1946)

Langue anglais, français
Organisation

Eric Drummond (1920-1933)
Secrétaire général
Joseph Avenol (1933-1940)
Seán Lester (1940-1946)

Woodrow Wilson, Aristide
Personnes clés
Briand, Eric Drummond

Organisation des
Nations unies
modifier 

La Société des Nations (SDN ou SdN[1]) était une organisation internationale introduite par


le traité de Versailles en 1919, et dissoute en 1946. Ce même traité est élaboré au cours de
la conférence de paix de Paris, pendant laquelle est signé le Covenant ou le Pacte qui établit la
SDN, afin de préserver la paix en Europe après la fin de la Première Guerre mondiale. Basée
à Genève, dans le palais Wilson puis le palais des Nations[2], elle est remplacée en 1945 par
l’Organisation des Nations unies, qui reprend un certain nombre de ses agences. Le principal
promoteur de la SDN est le président des États-Unis Woodrow Wilson. Le dernier des
dits Quatorze points de Wilson de janvier 1918 qui préconise une association des nations
constitue la base politique officielle. Toutefois, le Sénat américain, en s’opposant à la
ratification du Traité de Versailles, vote contre l’adhésion à la Société des Nations et
les États-Unis n’en font pas partie.
En plus d'être un traité de libre-échange affirmé dans les trois premiers des Quatorze points
de Wilson[3], les objectifs de la SDN comportent le désarmement, la prévention des guerres au
travers du principe de sécurité collective, la résolution des conflits par la négociation, et
l’amélioration globale de la qualité de vie.
L'approche diplomatique qui préside à la création de la Société représente un changement
fondamental par rapport à la pensée des siècles précédents, en prônant la négociation
collective à l'encontre de la diplomatie secrète honnie par le président américain. Cependant,
la Société n’a pas de force armée « en propre » et, de ce fait, dépend des grandes
puissances pour l’application de ses résolutions, que ce soit les sanctions économiques ou la
mise à disposition de troupes en cas de besoin. Les pays concernés sont peu disposés à
intervenir. Benito Mussolini déclare ainsi : « la Société des Nations est très efficace quand les
moineaux crient, mais plus du tout quand les aigles attaquent ». Dans l’entre-deux-guerres,
trois pays (l’Allemagne nazie, ainsi que le Japon en 1933, et l'Italie en 1937) quittent la SDN.
Après de nombreux succès notables et quelques échecs particuliers dans les années 1920, la
Société des Nations est totalement incapable de prévenir les agressions des pays de
l’Axe dans les années 1930.
Malgré le règlement pacifique de tensions et conflits mineurs (dans les îles Åland, en Albanie,
en Autriche et Hongrie, en Haute-Silésie, à Memel, en Grèce face à la Bulgarie, en Sarre, à
Mossoul, dans le sandjak d’Alexandrette, au Liberia, entre la Colombie et le Pérou), la SDN
est considérée comme un échec car elle ne parvient à enrayer ni la guerre civile espagnole, ni
l’agression italienne contre l’Éthiopie, ni l'impérialisme japonais, ni l'annexion de
l'Autriche par Hitler, ni la crise des Sudètes, ni enfin les menaces allemandes contre la
Pologne, c'est-à-dire l'ensemble des crises internationales qui préludent au déclenchement de
la Seconde Guerre mondiale. De plus, sa gestion de certaines colonies par des puissances
européennes sous le format de mandat posera des problèmes dont les effets seront effectifs
jusqu'à nos jours (Rwanda, Proche-Orient).
Circonstances de la naissance de la SDNModifier

Fin de la guerreModifier
En 1917, les Allemands, sachant l’arrivée des troupes américaines proche, décident de
concentrer leurs efforts à l’ouest, pour gagner la guerre avant que les renforts alliés ne
débarquent. En mars 1918, le général allemand Erich Ludendorff attaque la Picardie et ouvre
une brèche entre les armées française et britannique. Les alliés créent pour la 1re fois un
commandement unique confié le 26 mars au maréchal Ferdinand Foch. En mai, les Allemands
parviennent jusqu’à la Marne et menacent Paris, mais Ludendorff ne peut pas profiter de ce
succès, faute de réserves. Les troupes des États-Unis ont donc le temps de débarquer et
contribuent à repousser les Allemands. Les Italiens obtiennent en 1918 la capitulation de
l’Autriche, alors que les troupes alliées réunies à Salonique forcent la Bulgarie puis l’Empire
ottoman à demander l’armistice. L’Allemagne capitule le 11 novembre 1918.
Les pertes humaines de la guerre sont impressionnantes, dix millions d’hommes perdent la vie
durant le conflit. La malnutrition et les épidémies causent également la perte d’un nombre
important de vies civiles et militaires. Les dégâts matériels sont également énormes : de
nombreuses villes et bourgades, notamment en France, sont affectées par les bombardements,
et parfois rayées de la carte. La production industrielle a chuté : l’Allemagne et la France sont
les deux pays les plus touchés avec une baisse par rapport à 1913 de respectivement 39 % et
38 %.
Traité de VersaillesModifier
Le traité de Versailles met fin à la Première Guerre mondiale. Il est signé
le 28 juin 1919 au château de Versailles entre l’Allemagne et les Alliés. Bien que cette
conférence réunisse 27 États (vaincus exclus et, en réalité, 32, le Royaume-Uni parlant au
nom du Canada, de l'Australie, de l'Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande et de l'Inde), les
travaux sont dominés par une sorte de directoire de quatre membres : Georges
Clemenceau pour la France, David Lloyd George pour le Royaume-Uni, Vittorio Emanuele
Orlando pour l’Italie et Woodrow Wilson pour les États-Unis.
Les sanctions prises sont extrêmement dures pour les vaincus :

 démilitarisation des environs du Rhin ;


 dissolution de l'Autriche-Hongrie ;
 reconstitution de la Pologne, au détriment notamment de l'Allemagne et de l'Autriche-
Hongrie ;
 perte des colonies au profit des vainqueurs ;
 responsabilité totale des dégâts de la guerre et devoir de remboursement ;
 occupation de certains territoires allemands par les Alliés ;
 restitution de l’Alsace-Lorraine à la France et détachement de la Sarre qui est soumise pour 15
ans au contrôle du conseil de la SDN.
Au moment de définir les nouvelles frontières de l’Europe, les États-Unis et le Royaume-Uni
refusent d’accéder à la demande des Français de créer une barrière militaire sur le Rhin, pour
éviter une hégémonie française sur le continent. De plus, ces deux pays sont convaincus que
l’Europe ne peut se reconstruire efficacement sans une Allemagne forte. C’est pourquoi ils
tentent de modérer les énormes exigences de la France. Pour éviter la création de cette
barrière, les États-Unis et le Royaume-Uni proposent de signer avec la France un traité de
défense commune en cas d’agression allemande, ce qui signifie que la France recevrait
immédiatement l’aide militaire de ces pays. Clemenceau accepte cette proposition, mais
le Congrès américain refuse de ratifier le traité de Versailles.
L’Allemagne étant extrêmement insatisfaite des dispositions du traité, les Français jugent bon
de se protéger d’une autre manière. Ils vont alors constituer une petite entente avec la
Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie pour remplacer le soutien inexistant des
États-Unis et du Royaume-Uni.
Naissance de la SDNModifier

OriginesModifier

Carte commémorative représentant le président des États-Unis Woodrow Wilson et les "Origines de la Société
de Nations"
Aux XVIIIe et XIXe siècles, des sociétés pour la paix se créent à New York, Londres et Genève.
En 1892, on crée à Berne le Bureau international de la paix qui reçoit le prix Nobel de la
paix en 1910.
Les prémices de la Société des Nations furent, à bien des égards, les conférences
internationales de paix de La Haye de 1899 et 1907 qui aboutissent à la création de la Cour
d'arbitrage international de La Haye. La « Confédération des États de la Haye », comme l’a
appelée le pacifiste néo-kantien Walther Schücking, formait une alliance universelle dont le
but était le désarmement et le règlement pacifique des conflits par l’arbitrage. Ces deux axes
étant issus à chaque fois d'une des commissions instaurées lors de la conférence et présidées
par Léon Bourgeois ; axes considérés initialement comme mineurs aux yeux des puissances
instigatrices de la conférence. Le concept d’une communauté paisible des nations avait été
précédemment décrit dans l’ouvrage d’Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle (1795). À la
suite de l’échec de ces conférences (une troisième avait été prévue pour 1915), l’idée de la
Société de Nations fut initiée par le Secrétaire d’État aux Affaires
étrangères britannique Edward Grey et reprise avec enthousiasme par le président des États-
Unis démocrate Woodrow Wilson et son conseiller, le colonel Edward M. House qui y
voyaient un moyen de prévenir un nouveau bain de sang comparable à celui de la Première
Guerre Mondiale, la « guerre pour mettre fin à la guerre ».
La création de la SDN fut également l'objet des « Quatorze points de Wilson », en particulier
le dernier : « Une association globale de nations doit être formée par des engagements
spécifiques garantissant une indépendance politique et une intégrité territoriale mutuelle
identique à tous les pays grands ou petits. »[4]
Les participants à la conférence de paix de Paris acceptèrent la proposition de créer une
Société des Nations (en anglais : League of Nations, en allemand : Völkerbund)
le 25 janvier 1919.
Le projet est achevé le 14 février 1919. Le 28 avril 1919, on choisit Genève comme siège de
l’organisation. Ce choix est justifié par le rayonnement international acquis par la cité au
cours des siècles et son appartenance à la Suisse (pays neutre).
La Convention définissant la Société de Nations fut ébauchée par une commission spéciale, la
création de la SDN étant prévue dans la partie 1 du Traité de Versailles signé le 28 juin 1919.
Initialement, la Charte fut signée par 44 États, dont 31 avaient pris part à la guerre du côté de
la Triple-Entente ou la rejoignirent durant le conflit. Malgré les efforts de Wilson pour créer
et promouvoir la SDN — pour lesquels il reçut le Prix Nobel de la paix en 1919 —, les États-
Unis ne ratifièrent jamais la Charte, ni ne la rejoignirent plus tard à la suite de l’opposition
du Sénat des États-Unis, et particulièrement de celle de républicains influents comme Henry
Cabot Lodge du Massachusetts et William E. Borah de l’Idaho, en conjonction avec le refus
d’un compromis par Wilson.
La Société tint sa première réunion à Londres le 10 janvier 1920. Son premier geste fut de
ratifier le traité de Versailles, terminant ainsi officiellement la Première Guerre mondiale. Les
instances dirigeantes de la SDN se sont déplacées à Genève le 1er novembre 1920. La
première Assemblée générale y fut tenue le 15 novembre 1920 avec les représentants de 41
nations. Son premier président est le Belge Paul Hymans. Le Français Léon Bourgeois fut le
président de la première réunion du Conseil (le 16 janvier 1920). Il reçut le Prix Nobel de la
Paix en 1920.
David Kennedy a étudié la SDN au travers de textes savants la concernant, des traités qui la
créèrent, et des votes lors des sessions plénières. Kennedy suggère que la Société fut un
moment unique où les affaires internationales étaient « institutionnalisées », par opposition
aux méthodes légales et politiques d’avant la Première Guerre mondiale[5].
Rôle des États-UnisModifier
Dans un programme en quatorze points, le président américain Woodrow Wilson propose la
création d’une Société des Nations qui doit garantir la paix mondiale[6]. Le projet est
relativement mal accueilli en France à cause de la modération des États-Unis envers les
nations vaincues lors de l’élaboration du traité de Versailles. Cependant, le président du
Conseil Georges Clemenceau accepte d’adhérer à la Société car il comprend que, de cette
manière, il obtient le consentement des États-Unis sur ses exigences envers l’Allemagne.
Wilson essuie un grave échec lorsque le Congrès américain refuse d’adhérer à la SDN par
tradition isolationniste vis-à-vis de l’Europe[7]. Les États-Unis n'en seront jamais membres[8].
Quatorze points de WilsonModifier
Article détaillé : Quatorze points de Wilson.
 fin de la diplomatie secrète
 liberté de navigation sur les mers
 suppression des barrières économiques et égalité commerciale pour toutes les nations
 réduction des armements
 arrangement sur les questions coloniales en tenant compte des intérêts des populations
concernées
 évacuation de la Russie et possibilité pour les Russes de choisir librement leur gouvernement
 évacuation et restauration de la Belgique
 libération du territoire français et retour de l’Alsace-Lorraine à la France
 rectification des frontières italiennes selon le principe des nationalités
 autonomie des peuples d’Autriche-Hongrie
 évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro ; libre accès à la mer pour la Serbie
 autonomie des peuples non-turcs de l’Empire ottoman ; liberté de passage dans les détroits
vers la mer Noire
 création d’une Pologne indépendante avec accès à la mer
 création d’une association des nations pour garantir l’indépendance et les frontières des États
Négociations sur « l'égalité des races »Modifier
La délégation japonaise défend l'inscription du principe de « l'égalité des races » dans le pacte
de la SDN mais doit faire face à la ferme opposition de l'Australie, et dans une moindre
mesure des États-Unis et du Royaume-Uni. Tout au long des débats, la presse américaine et
britannique critique vivement le Japon, accusé de vouloir faciliter l’émigration de ses
ressortissants[9].
Au contraire, ces discussions suscitent l'espoir des populations subissant des mesures de
discrimination ou de ségrégation raciale, notamment afro-américaine. L’intellectuel noir
américain William Edward Burghardt Du Bois considère le Japon comme un acteur de la
revanche des peuples de couleur : « Étant donné que les Africains noirs, les Indiens bruns et
les Japonais jaunes se battent pour la France et l’Angleterre, il serait possible qu’ils sortent de
ce désordre sanglant avec une nouvelle idée de l’égalité essentielle des hommes »[9].
Pourtant, souligne l'historienne Matsunuma Miho, « l’objectif du Japon n’est pas de réaliser
l’égalité de toutes les races. Son gouvernement craint surtout qu’un statut inférieur assigné à
ses ressortissants ne désavantage sa position dans le futur ordre international. » Les
ressortissants japonais subissant des mesures discriminatoires humiliantes aux États-Unis, au
Canada et en Australie. En outre, le Japon pratique lui-même une politique de discrimination
et de répression à l'égard des Chinois et des Coréens, dont les manifestations indépendantistes
de mars 1919 sont écrasées[9].
L'échec de l'initiative provoque au Japon une grande colère populaire et une rancœur à l'égard
de l'Occident, en particulier des Anglo-saxons[9].
Pacte de la Société des NationsModifier

Article détaillé : Pacte de la Société des Nations.

Le pacte de la Société des Nations est rédigé du 3 février au 11 avril 1919 à l'Hôtel de
Crillon à Paris pendant la conférence de la paix de 1919. Il règle les rapports entre les États
membres.
La SDN a trois buts fondamentaux :

 faire respecter le droit international, avec la CPJI (Cour permanente de justice internationale)


 abolir la diplomatie secrète,
 résoudre les conflits par arbitrage.
Les 26 articles qui composent le Pacte définissent les fonctions des quatre organes
principaux :

 l’Assemblée réunit les représentants des États membres pour débattre des questions relatives à
la paix dans le monde, ainsi que l’admission de nouveaux membres (l’Allemagne n’est admise
qu’en 1926). Elle contrôle également le budget de l’organisation.
 le Conseil est composé de quatre membres permanents initialement, à savoir le Royaume-Uni,
la France, l’Italie, le Japon, rejoints par l'Allemagne en 1926, ainsi que de neuf membres non-
permanents. Le conseil a les mêmes droits que l’assemblée. Il s’occupe aussi de différentes
tâches dans lesquelles l’assemblée n’a qu’un pouvoir limité (mandats, minorités, etc.).
 le Secrétariat est l’auxiliaire de l’assemblée. Il est dirigé par un secrétaire général qui contrôle
plusieurs sections ainsi que le personnel (670 personnes venant de 51 pays en 1930).
 la Cour permanente internationale de justice de la Haye, créée en 1922, doit juger des affaires
qui lui sont soumises et généralement issues de la guerre.
Toute action de la SDN devait être autorisée par un vote unanime du Conseil et un vote
majoritaire de l’Assemblée.
Organisation de la SDNModifier

Organigramme de la Société des Nations en 1930, en anglais [10].

La Société regroupe à l’origine 45 pays, dont 26 non-européens. Par la suite, le nombre de


pays membres passe temporairement à 60 (28 septembre 1934 à 26 mars 1935).

Secrétariat et AssembléeModifier

Le personnel du secrétariat était responsable de préparer l’ordre du jour pour le Conseil et


l’Assemblée et d’éditer les comptes-rendus des réunions et rapports sur les sujets courants,
agissant en fait comme des fonctionnaires de la Société. Le secrétariat est organisé en sections
et emploie plusieurs centaines de collaborateurs et experts.

Secrétaires généraux de la Société des nations (1919-1946)Modifier


 1919-1933 : Sir Eric Drummond,   Royaume-Uni.
 1933–1940 : Joseph Avenol,   France.
 1940-1946 : Seán Lester,   Irlande.
Chaque État membre était représenté et disposait d’un vote à l’Assemblée (bien que tous les
États n’avaient pas forcément de représentant permanent à Genève). L’Assemblée tenait ses
sessions une fois par an en septembre.

Présidents de l’assemblée générale de la Société (1920-1946)Modifier


   France, Léon Bourgeois, 1920
   Belgique, Paul Hymans, 1920-1921
   Pays-Bas, Herman Adriaan van Karnebeek, 1921-1922
   Chili, Agustin Edwards, 1922-1923
   Cuba, Cosme de la Torriente y Peraza, 1923-1924
   Suisse, Giuseppe Motta, 1924-1925
   Canada, Raoul Dandurand, 1925-1926
   Portugal, Augusto de Vasconcelos 1926-1926
   Yougoslavie, Momčilo Ninčić, 1926-1927
   Uruguay, Alberto Guani, 1927-1928
   Danemark, Herluf Zahle, 1928-1929
   Salvador, José Gustavo Guerrero, 1929-1930
   Roumanie, Nicolae Titulescu, 1930-1932
   Belgique, Paul Hymans, (2e fois) 1932-1933
   Afrique du Sud, Charles Theodore Te Water, 1933-1934
   Suède, Rickard Sandler, 1934
   Mexique, Francisco Castillo Nájera, 1934-1935
   Tchécoslovaquie, Edvard Beneš, 1935-1936
   Argentine, Carlos Saavedra Lamas, 1936-1937
   Turquie, Tevfik Rüştü Aras, 1937-1937
   Raj britannique, Aga Khan III 1937-1938
   Irlande, Éamon de Valera, 1938-1939
   Norvège, Joachim Hambro, 1939-1946
ConseilModifier
Article détaillé : Liste des sessions du Conseil de la Société des Nations.

Le Conseil de la Société des Nations avait autorité pour traiter de toute question affectant
la paix du monde. Sa composition fut d’abord de quatre membres permanents (le Royaume-
Uni, la France, l’Italie et le Japon) et quatre membres non permanents, élus par l’Assemblée
générale pour une période de trois ans. Les quatre premiers membres non permanents étaient
la Belgique, le Brésil, la Grèce et l’Espagne. Les États-Unis, étaient censés être le cinquième
membre permanent, mais le sénat des États-Unis, dominé par les Républicains après les
élections de 1918, vota contre la ratification du traité de Versailles, empêchant de ce fait la
participation du pays à la SDN, et traduisant la tentation isolationniste des Américains.
La composition initiale du Conseil fut ensuite modifiée à de nombreuses reprises. Le nombre
de membres non permanents fut d’abord porté à six (le 22 septembre 1922), puis à neuf
(le 8 septembre 1926). La République de Weimar rejoignit également la Société et devint le
cinquième membre permanent du Conseil, portant le nombre total de membres à quinze. Plus
tard, quand l’Allemagne et le Japon quittèrent la Société, le nombre de membres non
permanents fut finalement augmenté de neuf à onze. En moyenne, le Conseil se réunissait
cinq fois par an, sans compter les sessions extraordinaires. Cent sept sessions publiques eurent
lieu entre 1920 et 1939.
Autres organesModifier
La SDN supervisait la Cour permanente internationale de justice et diverses autres agences et
commissions créées pour traiter des problèmes internationaux prégnants. On y trouvait la
Commission de contrôle des armes à feu, l’Organisation de la santé, l’Organisation
internationale du travail, la Commission des Mandats, le bureau central permanent de
l’opium, la Commission pour les réfugiés, et la Commission de l’esclavage. Alors que la
Société elle-même est souvent stigmatisée pour ses échecs, plusieurs de ses agences et
commissions ont eu des succès notables dans l’exercice de leurs mandats respectifs.
Commission de désarmementModifier

La Commission obtint l’accord initial de la France, l’Italie (l'économiste V. Pareto en est le


représentant), le Japon et la Grande-Bretagne afin de limiter la taille de leurs marines de
guerre respectives. Néanmoins, le Royaume-Uni refusa de signer le traité de désarmement de
1923, et le pacte Briand-Kellogg, facilité par la commission en 1928, échoua dans son objectif
de bannir la guerre. Enfin, la Commission n’a pas réussi à stopper le réarmement de
l’Allemagne (qui obtient, en décembre 1932, le principe d'égalité des droits en matière
d'armement, et rétablit en 1935 le service militaire obligatoire), de l’Italie et du Japon durant
les années 1930. Le Japon quitte la SDN en 1933, deux ans après avoir envahi la
Mandchourie.
Organisation sanitaire (Commission de la santé d'hygiène et OIHP)Modifier

L'« Organisation de la santé » de la Société des Nations était un montage complexe articulant


une Commission de la santé d'hygiène[11],[12] propre à la SDN, fondé en 1923, et des relations
complexes avec l'Office international d'hygiène publique (OIHP) crée avant la SDN, en 1907,
et héritier des Conférences sanitaires internationales[13].
L'Organisation de la santé visait, entre autres, à éradiquer la lèpre, la malaria et la fièvre
jaune, les deux derniers en lançant une campagne internationale d’extermination
des moustiques. L’Organisation réussit également à éviter qu’une épidémie de typhus se
développât en Europe grâce à une intervention précoce en Union soviétique. Un grand
nombre d'activités pratiques demeuraient néanmoins effectuées par l'OIHP[12].
Commission des MandatsModifier

La Commission supervisa les territoires Mandats de la SDN. Elle organisa aussi


des référendums dans les territoires contestés afin que leurs résidents puissent décider du pays
qu’ils voulaient rejoindre ; le plus célèbre fut celui de la Sarre en 1935.
Organisation internationale de travailModifier

Cet organe fut dirigé par le Français Albert Thomas. Il réussit à faire interdire l’ajout
de plomb dans la peinture, et convainquit un certain nombre de pays d’adopter une loi des 8
heures de travail quotidien et de quarante-huit heures hebdomadaires. Il travailla également à
l’abolition du travail des enfants, à améliorer le droit des femmes au travail, et à rendre
les armateurs responsables pour les accidents impliquant des marins.
Commission consultative du trafic de l'opium (1921-1924) puis Commission consultative du trafic de
l'opium et autres drogues nuisibles (1924-1940)Modifier

Créée en 1920 lors de la première assemblée générale de Société des nations, la Commission
consultative du trafic de l'opium était chargée de poursuivre la politique internationale des
drogues telle qu'elle avait été initiée par la Convention internationale de l'opium signée à La
Haye en 1912. Sa première réunion eut lieu en 1921 et elle siégea sans discontinuer jusqu'en
1940. C'est en son sein que furent discutées et élaborées les conventions internationales sur
les drogues adoptées durant l'entre-deux-guerres. Elle contribua ainsi grandement à
l'édification du contrôle international des drogues tel qu'il existe toujours au début
du XXIe siècle, en créant un marché légal des drogues destinées aux seules fins médicales et
scientifiques[14].
Commission des réfugiésModifier

Dirigée par Fridtjof Nansen, la Commission surveilla le rapatriement et, si nécessaire le


relogement, de 400 000 réfugiés et ex-prisonniers de guerre, dont la plupart avaient échoué
en Russie à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle établit des camps en Turquie en 1922
pour traiter un afflux de réfugiés dans le pays et ainsi participer à la prévention des maladies
et de la famine. Elle établit également le passeport Nansen comme moyen d’identification des
personnes apatrides.
Commission de l’esclavageModifier

La Commission chercha à éradiquer l’esclavage et la traite des esclaves dans le monde,


combattit la prostitution forcée et le trafic de stupéfiants particulièrement celui de l’opium.
Elle réussit à faire émanciper 200 000 esclaves en Sierra Leone et organisa des raids contre
les trafiquants d’esclaves afin de stopper la pratique du travail forcé en Afrique. Elle réussit
également à ramener le taux de mortalité des ouvriers construisant le chemin de fer
du Tanganyika de 55 % à 4 %. Dans d’autres régions du monde, la Commission recueillit des
témoignages sur le trafic d’esclaves, la prostitution et le trafic de drogue dans une tentative de
surveillance de ces questions.
Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI)Modifier
Article détaillé : Commission internationale de coopération intellectuelle.

L’instance de la CICI, fondée en 1921, a pour fonction de promouvoir les conditions


favorables à la paix internationale. Il s’agit de développer l’esprit critique des individus grâce
à l’éducation afin que cela puisse leur permettre d’agir de manière saine et responsable. La
CICI, qui rassemble en son sein plusieurs intellectuels du monde entier, a comme premier
président le philosophe Henri Bergson. Cette instance de concertation disparaît lors de
la Seconde Guerre mondiale et réapparaît en 1946 sous une forme nouvelle, celle de
l’UNESCO.
Plusieurs de ces institutions furent transférées aux Nations unies après la Seconde Guerre
mondiale. En plus de l’Organisation Internationale du Travail, la Cour internationale de
justice permanente devint la Cour internationale de justice (CIJ), et l’Organisation de la santé
fut réorganisée en Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pays membresModifier
Article détaillé : Liste des États membres de la Société des Nations.
 
Campagne d'affichage en Suisse en vue de la votation pour l'admission du pays au sein de la Société des
Nations en 1920.

La Société de nations avait 42 membres fondateurs ; 16 d’entre eux quittèrent ou se retirèrent


de l’organisation. Le royaume de Yougoslavie fut le seul, parmi les membres fondateurs, à
quitter la Société et à y revenir, restant ensuite membre jusqu’à la fin. L’année de la
fondation, six autres États la rejoignirent ; seuls deux d’entre eux y participèrent jusqu’au
bout. Par la suite, 15 autres pays devinrent membres, dont seulement deux le furent jusqu’à la
fin. L’Égypte fut le dernier pays membre en 1937. L’Union soviétique fut exclue de la Société
le 14 décembre 1939, cinq ans après son adhésion le 18 septembre 1934. L’Irak fut le seul
membre à être également un Mandat de la Société des Nations. L’Irak devint membre
en 1932.
SymbolesModifier
La Société des Nations n’eut jamais ni drapeau officiel, ni logo. Des propositions furent
présentées dans les débuts de la SDN afin d’adopter un symbole officiel, mais les États
membres ne tombèrent jamais d’accord.
 
Emblème semi-officiel, 1939-1941.

Néanmoins, les organismes de la Société utilisèrent, le cas échéant, divers drapeaux et logos
pour leurs besoins propres. Un concours international fut organisé en 1929 afin de trouver un
concept, qui là encore n’a pas conduit à un symbole. Une des raisons de cet échec a peut-être
été la crainte par des États membres que la puissance de cette organisation supranationale eût
pu surpasser la leur. Finalement, en 1939, un emblème semi-officiel vit le jour : deux étoiles à
cinq pointes au centre d’un pentagone bleu. Le pentagone et les étoiles devaient représenter
symboliquement les cinq continents et les cinq races[15] de l’humanité. Le drapeau
comprenait, respectivement en haut et en bas, les noms anglais (League of Nations)
et français (Société des Nations). Ce drapeau fut notamment, déployé sur le bâtiment de
la Foire internationale de New York 1939-1940.
SiègeModifier
 
Le Palais Wilson de Genève en 1928, premier siège de la SDN.
 1919-1920 : Secrétariat temporaire à Londres
 1920-1936 : Palais Wilson (Genève)
 1936-1940 : Palais des Nations (Genève)
Langues officiellesModifier
Les langues officielles étaient le français et l’anglais. Au début des années 1920, il fut proposé
d’adopter l’espéranto comme langue de travail[16],[17]. Treize délégués de pays incluant
ensemble près de la moitié de la population mondiale et une large majorité de la population
des pays de la SDN acceptèrent la proposition contre un seul, le délégué français Gabriel
Hanotaux qui mit son véto. Hanotaux n’appréciait pas le fait que le français perde sa position
de langue de la diplomatie et voyait dans l’espéranto une menace. Deux ans après, la Société
recommandait que ses États membres incluent l’espéranto dans leurs programmes
d’éducation.
« Mandats » de la SDNModifier
Les territoires sous mandat de la SDN, ou « Mandats », furent créés sous le couvert de
l’Article 22 des engagements de la Société des Nations. Ces territoires étaient d’anciennes
colonies de l’Empire allemand et provinces de l’Empire ottoman.
Il y avait trois classes de mandats[18].
Mandat « A »Modifier

C’étaient des territoires « ayant atteint un stade de développement suffisant pour qu’ils


puissent être identifiés, à titre provisoire, comme nations indépendantes et pouvant recevoir
des conseils et aides par un « Mandataire », jusqu’au moment où ils pourraient se diriger
seuls. Les souhaits de ces communautés doivent être une considération principale dans la
sélection du mandataire ». Ces territoires faisaient principalement partie de l’ex-Empire
ottoman.
Mandat « B »Modifier

C’étaient des territoires qui « étaient à un stade où le mandataire devait être responsable de
l’administration du territoire dans les conditions qui garantissent :

 La liberté de conscience et la liberté religieuse ;


 Le maintien de l’ordre social et de l’ordre moral ;
 La prohibition des abus tels que le commerce des esclaves, le trafic d’armes et le trafic
d’alcool ;
 La prévention de l’établissement de fortifications ou bases militaires et navales et de la
formation militaire des indigènes pour autre chose que des objectifs politiques et la défense de
territoire ;
 Des opportunités égales d’échanges et de commerce avec les autres membres de la SDN. »
Mandat « C »Modifier

C’étaient des territoires « qui, en raison de la faible densité de leur population, ou leur petite
taille, ou leur éloignement des centres de la civilisation, ou de leur contiguïté géographique du
territoire d’un Mandataire, et autres circonstances, peuvent être mieux administrées selon les
lois du mandataire. »
Les territoires étaient régis par des délégations de pouvoir, à l’image de ce qui se passait pour
le Royaume-Uni en Palestine (British Mandate of Palestine) et en Afrique du Sud (Union de
l’Afrique du Sud), jusqu’à ce que ces territoires soient capables de s’auto-administrer.
Il y avait quatorze mandats gérés par six mandataires : Royaume-
Uni, France, Belgique, Nouvelle-Zélande, Australie et Japon. En pratique, les territoires sous
mandat étaient traités comme des colonies et des critiques les dénoncèrent comme des prises
de guerre. À l’exception de l’Irak, qui rejoignit la Société le 3 octobre 1932, ces territoires ne
purent gagner leur indépendance avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, processus qui ne
se termina qu’en 1990. À la suite de la dissolution de la SDN, la plupart des mandats restants
passèrent sous le contrôle des Nations unies sous l’appellation de United Nations Trust
Territories.
En plus des mandats, la Société des Nations administra elle-même la Sarre pendant 15 ans,
avant qu’elle soit rétrocédée au Troisième Reich à la suite d'un plébiscite, et la Ville libre de
Dantzig (Gdańsk, Pologne) du 15 novembre 1920 au 1er septembre 1939.
Succès de la SDNModifier

La SDN fut généralement accusée d’avoir failli à sa mission. Cependant, elle eut des succès
significatifs dans un certain nombre de territoires.

Îles ÅlandModifier
Article détaillé : Crise des îles Åland.

Les Åland représentent un ensemble d’à peu près 6 500 îles situées à mi-distance de


la Suède et de la Finlande. Les habitants sont exclusivement de langue suédoise, bien que la
Finlande – alors sous domination Russe – en obtînt la souveraineté au début des années 1900.
À compter de 1917, la plupart des résidents souhaitèrent que les îles deviennent une région
suédoise. La Finlande, devenue indépendante, s’y opposa. Le gouvernement suédois souleva
la question devant la SDN en 1921. Après une réflexion approfondie, la Société jugea, le 25
juin 1921, que les îles devaient être finlandaises tout en disposant d’un gouvernement
autonome, évitant une guerre potentielle entre les deux pays.
AlbanieModifier
Article détaillé : Conflit albano-yougoslave de 1921.

La frontière entre l’Albanie et le Royaume de Yougoslavie était restée sujet de controverse


après la conférence de paix de Paris en 1919, les forces yougoslaves occupant une partie du
territoire albanais. Après des affrontements avec les tribus albanaises, les forces yougoslaves
pénétrèrent plus avant les territoires. La Société envoya une commission composée de
représentants des divers pouvoirs régionaux. La commission statua en faveur de l’Albanie et
les forces yougoslaves se retirèrent en 1921, non sans avoir protesté. La guerre fut à nouveau
évitée.
Autriche et HongrieModifier
Article détaillé : Sauvetage économique de l'Autriche par la Société des Nations.

À la suite de la Première Guerre mondiale, l’Autriche et la Hongrie durent faire face à une


banqueroute résultant du démantèlement de leur territoire et des très importantes réparations
de guerre qu’elles durent payer. La Société mit en place des prêts pour les deux nations et
envoya des commissaires pour en surveiller la dépense. Dans le cas autrichien, elle déploya
une aide internationale de grande ampleur, et poussa Vienne à réformer son système
économique pour stabiliser son budget. Ces actions mirent l’Autriche et la Hongrie sur la voie
du rétablissement économique.
Haute-SilésieModifier
Le traité de Versailles avait demandé qu’un référendum fût organisé en Haute-Silésie afin de
déterminer si le territoire devrait être rattaché à la République de Weimar (Allemagne) ou à
la Deuxième République de Pologne. Une répression brutale et la discrimination contre les
Polonais amenèrent à des émeutes et par la suite aux deux premiers soulèvements en Silésie
(1919 et 1920). Lors du référendum, approximativement 59,6 % des voix (autour de 500 000
personnes) furent favorables au rattachement à l’Allemagne. Ce résultat conduisit au
troisième soulèvement en 1921. La SDN fut invitée à régler la question. En 1922, une enquête
de six semaines constata que le territoire devrait être découpé en deux. La décision fut
acceptée par les deux camps et par la majorité des habitants.
MemelModifier
La ville portuaire de Memel (maintenant Klaipėda) et la région avoisinante du Territoire de
Memel furent placées sous le contrôle de la SDN à la fin de la Première Guerre mondiale et
fut gouvernée par un général français pendant trois ans. Bien que la population fût
majoritairement allemande, le gouvernement lituanien revendiqua le territoire et ses troupes
l’envahirent en 1923. La Société choisit de céder le territoire entourant Memel à la Lituanie,
mais déclara que le port devrait rester zone internationale, ce qu’accepta la Lituanie. Cette
décision pourrait être vue comme un échec (la SDN ayant réagi passivement à l’utilisation de
la force), mais le règlement de la question sans grande effusion de sang significative fut un
résultat favorable de la Société.
Différend gréco-bulgareModifier
Article détaillé : Incident de Pétritch.

Après un incident de frontière entre sentinelles grecques et bulgares en 1925, les troupes


grecques envahirent leur voisine. La Bulgarie ordonna à ses troupes de n’offrir qu’une
résistance symbolique, faisant confiance à la Société pour régler le conflit. La SDN a en effet
condamné l’invasion grecque, et réclamé à la fois le retrait des troupes grecques et une
compensation à la Bulgarie. La Grèce s’y est conformée, mais s’est plainte de la disparité de
traitement avec l’Italie (voir plus loin : l’incident de Corfou).
SarreModifier
La Sarre était une province formée de parties de territoire de la Prusse et du Palatinat rhénan.
Elle fut créée et placée sous le contrôle de la SdN après le Traité de Versailles. Un plébiscite
(référendum) devait être organisé après quinze ans pour déterminer si la région devait
appartenir à l’Allemagne ou à la France. À ce référendum, organisé en 1935, 90,3 % des votes
furent favorables au retour de la Sarre à l’Allemagne.
MossoulModifier
La Société a résolu en 1926 un conflit entre l’Irak et la Turquie à propos du contrôle de
l’ancienne province ottomane de Mossoul. Selon le Royaume-Uni, qui avait reçu de la Société
un Mandat « A » sur l’Irak en 1920 et de ce fait représentait l’Irak pour ses affaires
étrangères, Mossoul avait appartenu à l’Irak. D’un autre côté, la république turque
nouvellement créée revendiquait la province comme son centre historique.
Un comité de trois personnes fut envoyé par la SDN dans la région en 1924 afin d’étudier ce
cas et recommanda, en 1925, que la région fût rattachée à l’Irak, sous la condition que le
Royaume-Uni conservât son mandat sur l’Irak pour une période de 25 années afin d’assurer
les droits autonomes de la population kurde.
Le Conseil de la Société des Nations adopta la proposition et décida
le 16 décembre 1925 d’attribuer Mossoul à l’Irak. Bien que la Turquie eût accepté l’arbitrage
de la Société dans le Traité de Lausanne de 1923, elle rejeta sa décision. Toutefois, les
Britanniques, l’Irak et la Turquie signèrent un traité le 5 juin 1926 qui, dans ses grandes
lignes, reprenait la décision du Conseil de la SDN, attribuant également Mossoul à l’Irak.
Sandjak d'AlexandretteModifier
Sous la supervision de la SDN, le sandjak d’Alexandrette avait été dévolu au mandat français
de Syrie. Après de nombreux troubles et contestations entre la minorité turque et la Syrie, une
résolution de la Société pousse la France, mandataire, à accorder en novembre 1937 son
autonomie. Rebaptisé Hatay, le sandjak proclama son indépendance et fonda la République de
Hatay en septembre 1938, après les élections du mois précédent. Elle fut plus tard annexée par
la Turquie en 1939.
LiberiaModifier
À la suite de rumeurs de travail forcé au Liberia, pays africain indépendant, la Société lança
une enquête à ce sujet, en particulier concernant les allégations de travail forcé dans les
plantations gigantesques de caoutchouc de Firestone dans le pays. En 1930, un rapport de la
Société impliqua de nombreux fonctionnaires du gouvernement dans la vente de main-
d’œuvre, conduisant à la démission du président Charles D. B. King, de son vice-président et
nombreux autres fonctionnaires du gouvernement. La SDN poursuivit en menaçant d’établir
une tutelle sur le Liberia à moins que des réformes soient réalisées, ce qui devint l’objectif
principal du président Edwin Barclay.
Guerre colombo-péruvienne de 1932-1933Modifier
Article détaillé : Guerre colombo-péruvienne de 1932-1933.

La guerre colombo-péruvienne, survenue entre 1932 et 1933, est un contentieux territorial


concernant le « trapèze » de Léticia, zone d’une superficie de 10 000 km2, située en Colombie.
Après de violents affrontements, c'est la médiation de la Société des Nations qui mit fin au
conflit et conduit les deux parties à signer un traité de paix.
Autres succèsModifier
La SDN combattit[Comment ?] également le trafic international d’opium et l’esclavage sexuel et
aida à soulager la situation difficile des réfugiés, spécialement en Turquie en 1926. Une de ses
innovations dans le domaine fut la création, en 1922, du passeport Nansen, qui fut la première
carte d’identité internationalement reconnue pour les réfugiés apatrides. Beaucoup des succès
de la Société ont été réalisés par ses diverses agences et commissions.
Défauts de la SDNModifier

Sur le long terme, la SDN fut un échec. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale fut
la cause immédiate de sa disparition, mais beaucoup d’autres raisons, plus fondamentales,
préexistaient.

La Société, comme aujourd’hui les Nations unies, ne disposait pas de force armée en propre et
dépendait des Grandes puissances pour faire appliquer ses résolutions, ce qu’elles n’ont
jamais été très disposées à faire. Les sanctions économiques, qui étaient la mesure la plus
grave que la Société pouvait décider - juste avant l’option militaire- étaient difficiles à
imposer et eurent peu d’impact sur les pays visés car ceux-ci pouvaient continuer à
commercer avec des pays n’appartenant pas à la SDN. Le problème est illustré dans le
passage suivant :
« Concernant les sanctions militaires prévues au titre du paragraphe 2 de l’Article 16,
il n’y a pas d’obligation légale à les appliquer… s’il existe un devoir politique et moral
incombant aux États, ici encore, il n’y a pas d’obligations les concernant[19]. »
Les deux membres les plus importants de la Société, la Grande-Bretagne et la France, étaient
réticents à user de sanctions et encore plus réticents au recours à l’action armée au nom de la
Société. Si tôt après la fin de la Première Guerre mondiale, les populations et les
gouvernements des deux pays étaient pacifistes. Les conservateurs britanniques étaient
particulièrement tièdes vis-à-vis du rôle de la SDN et préféraient, quand ils étaient au
gouvernement, négocier des traités sans la participation de l’organisation. Finalement, la
Grande-Bretagne et la France abandonnèrent toutes deux le concept de Sécurité collective en
faveur de celui d’apaisement face au développement du militarisme montant en Allemagne
sous Adolf Hitler.
La représentativité de la Société a toujours été un problème. Bien qu’il eût été prévu d’inclure
toutes les nations, beaucoup ne s’y joignirent jamais, ou leur participation fut de courte durée.
En janvier 1920, pendant les débuts de la SDN, l’Allemagne ne fut pas immédiatement
admise à en faire partie, à cause d’un fort ressentiment envers ce pays après la Première
Guerre mondiale. Une faiblesse clé vint de la non-participation des États-Unis ce qui
supprimait une bonne partie de son pouvoir potentiel. Bien que le président
américain Woodrow Wilson eut été un acteur majeur dans de la création de la Société,
le Sénat des États-Unis s'opposa une première fois de manière tactique, pour y refuser des
amendements, le 19 novembre 1919 puis une seconde fois, sur le fond, le 19 mars 1920 son à
l'adhésion américaine à la SDN[20].
La Société fut encore plus affaiblie quand certaines des principales puissances la quittèrent
dans les années 1930. Le Japon, membre permanent du Conseil, se retira en 1933[21] après que
la SDN eut exprimé son opposition à la conquête de la Mandchourie par le Japon. L’Italie,
également membre permanent du Conseil, s’est retirée en 1937. La Société avait accepté
l’Allemagne en 1926, la considérant pays "ami de la paix", mais Adolf Hitler l’en fit sortir
quand il arriva au pouvoir en 1933.
Une autre des grandes nations, l’Union soviétique, ne fut membre qu’entre 1934, quand elle
rejoignit la SDN par antagonisme avec l’Allemagne (démissionnaire l’année précédente), et
le 14 décembre 1939, quand elle fut exclue pour son agression envers la Finlande. Lors de
l’exclusion de l’Union soviétique, la Société viola ses propres règles. En effet, seuls 7 des 15
membres votèrent pour l’exclusion (Grande-Bretagne, France, Belgique, Bolivie, Égypte,
Union sud-africaine et République dominicaine), ce qui ne représentait pas la majorité des
votes requise par la Charte. Trois de ces membres avaient été nommés au Conseil la veille du
vote (Union sud-africaine, Bolivie et Égypte)[22]. De fait, la Société cessa de fonctionner
réellement après cela. Elle fut formellement dissoute en 1946[23].
La neutralité de la Société eut tendance à passer pour de l’indécision. La SDN exigeait un
vote unanime des neuf membres (plus tard quinze) du Conseil pour acter une résolution, ainsi
il était difficile, sinon impossible, d’obtenir une conclusion et une action efficace. Elle était
également lente à parvenir à des décisions. Quelques-unes de ces décisions exigeaient
également le consentement unanime de l’Assemblée, c’est-à-dire, de tous les membres de la
SDN.

Une autre faiblesse importante fut qu’elle prétendait à représenter toutes les nations, mais que
la plupart des membres protégeaient leurs propres intérêts nationaux et ne s’engagèrent pas
vraiment pour la SDN et ses buts. La réticence de l’ensemble des membres à employer
l’option militaire l’a clairement démontré. Si la Société avait fait preuve de plus de résolution
au moment de sa création, les pays, les gouvernements et les dictateurs auraient pu être plus
circonspects au moment de risquer sa colère pendant les années qui suivirent. Ces manques
furent, en partie, causes du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Par ailleurs, la recommandation de la Société de désarmement de la Grande-Bretagne et de la


France (et d’autres membres) concomitante à la préconisation d’établir une sécurité collective
montrait qu’inconsciemment la SDN se privait des seuls réels moyens qui auraient pu établir
son autorité. En effet, si la Société avait dû forcer un pays à respecter le droit international ça
aurait été principalement la Royal Navy et l’Armée de terre française qui auraient dû
combattre. En outre, la Grande-Bretagne et la France n’étaient pas assez puissantes pour
imposer le droit international dans l’ensemble du monde, même si elles l’avaient voulu. Pour
ses membres, les engagements envers la SDN, présentaient le risque que les États soient
entraînés dans des désaccords internationaux qui n’auraient pas directement concerné leurs
intérêts nationaux respectifs.
Le 23 juin 1936, à la suite de l’échec total des efforts de la SDN pour empêcher l’Italie de
déclencher une guerre de conquête en Abyssinie, le Premier ministre du Royaume-
Uni Stanley Baldwin déclara à la Chambre des communes (Royaume-Uni) que la sécurité
collective « fut un échec total en raison de l’hésitation de presque toutes les nations
européennes de procéder à ce que je pourrais appeler des sanctions militaires… [La] raison
réelle, ou principale, fut que nous avons découvert au cours des semaines passées qu’il n’y
avait aucun pays, excepté l’agresseur, qui était prêt pour la guerre… Si l’action collective doit
être une réalité et pas uniquement un concept, elle signifie non seulement que chaque pays
doit être prêt pour la guerre, mais également doit être prêt à la faire immédiatement. C’est une
chose terrible, mais c’est une part essentielle de la sécurité collective ». C’était une évaluation
précise et une leçon qui a été clairement suivie lors de la formation de l’Organisation du traité
de l'Atlantique nord (OTAN) qui succéda à la SDN dans un de ses rôles, du fait qu’elle
garantit la sécurité de l’Europe de l’Ouest.
Échecs de la SDNModifier

Les faiblesses de la Société des Nations sont illustrées par ses échecs.

Cieszyn (1919)Modifier
Cieszyn (allemand : Teschen, tchèque : Těšín) est une région située entre la Pologne et
l’actuelle République tchèque, importante pour ses mines de charbon. Les
troupes tchécoslovaques firent mouvement vers Cieszyn en 1919 pour prendre le contrôle de
la région au moment où la Pologne devait faire face à l’attaque des bolcheviques. La SDN
intervint, décidant que la Pologne devait conserver le contrôle de la plupart des villes mais
que la Tchécoslovaquie pouvait garder une des banlieues qui disposait des mines les plus
importantes ainsi que de la seule ligne ferrée reliant les territoires tchèques et la Slovaquie. La
ville fut divisée en une partie polonaise et une partie tchèque (Český Těšín). La Pologne refusa
cette décision et, bien qu’il n’y eût pas d’autres violence, la controverse diplomatique dura
encore 20 ans.
Vilnius (1920)Modifier
Après la Première Guerre mondiale, la Pologne et la Lituanie retrouvèrent toutes deux
l’indépendance qu’elles avaient perdue lors de la partition de la Pologne en 1795. Bien que les
deux pays aient partagé des siècles d’histoire commune pendant l’Union de Pologne-
Lituanie et la République des Deux Nations, le nationalisme lituanien montant empêcha la re-
création de l’ancienne fédération. La ville de Vilnius (en vieux lituanien : Vilna, en polonais :
Wilno) devint la capitale de la Lituanie, en dépit d’une population principalement d’origine
polonaise.
Durant la guerre russo-polonaise de 1920, une armée polonaise prit le commandement de la
ville. En dépit de la revendication polonaise sur la ville, cette dernière décida de demander le
retrait des troupes. Les Polonais restèrent. La ville et ses alentours furent ensuite déclarés
comme faisant partie de la République de Lituanie centrale. À la suite d'élections largement
boycottées, le 20 février 1922, le parlement local, dominé par les Polonais, signa l’Acte
d'unification d’avec la Pologne. La ville fut rattachée à la Pologne comme capitale de
la voïvodie de Vilno.
En théorie, les troupes britanniques et françaises auraient pu être appelées pour faire appliquer
la résolution de la SDN. Néanmoins, la France ne voulut pas entrer en conflit avec la Pologne
qui était un allié potentiel dans une future guerre contre l’Allemagne et l’Union soviétique,
tandis que la Grande-Bretagne ne voulut pas agir seule.

De plus, les Britanniques comme les Français souhaitaient conserver la Pologne comme une
« zone tampon » entre l’Europe et la menace possible de la Russie communiste. Finalement,
la Société accepta le rattachement de Vilnius à la Pologne le 15 mars 1923. Les Polonais
gardèrent ainsi la ville jusqu’à l’invasion soviétique en 1939.
La Lituanie refusa d’accepter l’autorité de la Pologne sur Vilnius, la considérant comme une
capitale artificielle. Ce ne fut qu’au moment de l’ultimatum de 1938, quand la Lituanie rompit
ses relations diplomatiques avec la Pologne, qu’elle accepta de facto les frontières avec son
voisin.
Invasion de la Ruhr (1923)Modifier
Selon le traité de Versailles, l’Allemagne devait payer des réparations de guerre. Elle pouvait
le faire en argent ou en marchandises à une valeur fixée. Cependant, en 1922 l’Allemagne fut
incapable d’effectuer ce paiement. L’année suivante, la France et la Belgique décidèrent de
réagir et envahirent le centre industriel de l’Allemagne, la Ruhr, malgré le fait que cela
représentait une violation directe des règles de la Société. La France étant un membre majeur
de la SDN, rien ne fut fait. Cela constitua un précédent significatif : la Société n'agira que
rarement à l'encontre des puissances majeures, et violera par moments ses propres règles.
Corfou (1923)Modifier
Une question frontalière majeure qui subsistait après la fin de la Première Guerre mondiale
concernait la Grèce et l’Albanie. La Conférence des Ambassadeurs, un organe de facto de la
Société devait régler la question.
Le Conseil désigna le général italien Enrico Tellini pour superviser la question.
Le 27 août 1923, lors d’une inspection du côté grec de la frontière, Tellini et son personnel
ont été assassinés. Le dirigeant italien Benito Mussolini en fut exaspéré et exigea des
réparations pécuniaires de la Grèce ainsi que l’exécution des meurtriers. Les Grecs ne purent
réellement identifier les meurtriers.
Article détaillé : Incident de Corfou.

Le 31 août, les forces italiennes occupèrent l’île de Corfou, une île grecque, et quinze
personnes furent tuées. Initialement, la Société condamna l’invasion, mais recommanda
également le paiement par la Grèce d’une compensation pécuniaire qui serait détenue par la
SDN jusqu’à l’arrestation des assassins de Tellini.
Mussolini, bien qu’il acceptât d’abord cette décision, décida de la faire changer. En travaillant
avec le Conseil des ambassadeurs, il parvint à ses fins. La Grèce fut forcée à des excuses et à
payer la compensation directement et immédiatement à l’Italie. Mussolini put ainsi quitter
Corfou triomphalement. En pliant sous la pression d’un grand pays, la SDN donna une
nouvelle fois un exemple dangereux et préjudiciable. Ce fut l’un de ses échecs majeurs.

Invasion de la Mandchourie (1931-1933)Modifier


Article détaillé : Conquête de la Mandchourie par le Japon.

L’incident de Mukden fut un autre échec de la SDN et agit comme catalyseur pour le retrait
du Japon de l’organisation. Lors de l’incident de Mukden, également connu sous le nom
d’« incident mandchou », le Japon impérial prit le contrôle du chemins de fer de Mandchourie
du Sud dans la région chinoise de Mandchourie. Il prétendit, le 18 septembre 1931, que les
soldats chinois avaient saboté le chemin de fer, qui était une voie commerciale importante
entre les deux pays.
En fait, on pense que le sabotage avait été conçu par des officiers japonais de l’armée de
Kwantung, sans que le gouvernement japonais en soit informé, afin de déclencher une
invasion complète de la Mandchourie. En représailles, l’armée japonaise, et contrairement aux
ordres du gouvernement civil du Japon, occupa la région entière et la renomma
en Manchukuo. Ce nouveau pays ne fut reconnu internationalement que par le Salvador (mars
1934), le Vatican (avril 1934), l'Espagne, puis l’Italie (novembre 1936) et
l’Allemagne (février 1938) ainsi que par des pays alliés ou occupés par les puissances de
l'Axe durant la Seconde Guerre mondiale comme la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie,
la Bulgarie, la Finlande, le Danemark, la Croatie, le reste du monde continuant à considérer la
Mandchourie comme une région chinoise.
En 1932, l’armée de l’air et la marine japonaises bombardèrent la ville chinoise
de Shanghai déclenchant une guerre courte, le premier incident de Shanghai. Le
gouvernement chinois demanda l’aide de la SDN mais le long voyage par bateau des officiels
de la Société qui voulaient enquêter eux-mêmes occasionna des délais. Quand ils arrivèrent,
les officiels furent confrontés aux allégations chinoises d’une invasion japonaise illégale
tandis que les Japonais prétendaient avoir agi pour maintenir la paix dans la zone. Malgré la
haute position du Japon au sein de la Société, le rapport Lytton déclara que le Japon avait tort
et demanda que la Mandchourie retourne à la Chine. Cependant, avant le vote du rapport à
l’Assemblée, le Japon annonça son intention de poursuivre l’invasion de la Chine. Lorsque le
rapport fut approuvé à l’Assemblée selon l’article 42-1 en 1933 (seul le Japon vota contre), le
Japon se retira de la Société.
Selon sa propre Convention, la SDN aurait dû décider de sanctions économiques contre le
Japon, ou rassembler une armée et lui déclarer la guerre. Néanmoins, rien ne se passa. En
effet, d'une part, les sanctions économiques avaient été rendues de fait inopérantes par le refus
des États-Unis d’Amérique de faire partie de la SDN : pour un État frappé de sanctions
économiques, le commerce avec les États-Unis d’Amérique permettait aisément de contourner
la sanction. D'autre part, aucune armée ne fut jamais mise sur pied, du fait des intérêts propres
de beaucoup d'États membres. Ainsi, cela occasionna le refus de la Grande-Bretagne et de la
France de monter une armée commune au profit de la Société, occupés qu’ils étaient déjà à
leurs propres affaires (comme de garder leur contrôle sur leurs vastes empires coloniaux),
particulièrement après la tourmente de la Première Guerre mondiale.
Le Japon conserva le contrôle de la Mandchourie jusqu’à ce que l’Armée
rouge soviétique déclenche l'invasion de la région en 1945 et la restitue à la Chine à la fin de
la Seconde Guerre mondiale.
Guerre du Chaco (1932)Modifier
Article détaillé : Guerre du Chaco.
La SDN ne put empêcher la guerre du Chaco, en 1932, entre la Bolivie et le Paraguay dans la
région aride du Chaco boréal (Amérique du Sud).
Bien que la région ait été peu abondamment peuplée, elle donnait le contrôle du río
Paraguay qui aurait donné un accès à l’océan Atlantique à l’un de ces deux pays enclavés au
milieu des terres. S’y ajoutèrent également les spéculations, fausses comme il fut démontré
plus tard, que le Chaco pourrait être riche en pétrole. Les escarmouches à la frontière tout au
long des années 1920 ont abouti à une guerre totale en 1932 quand l’armée bolivienne,
suivant les ordres du président Daniel Salamanque Urey, attaqua une garnison paraguayenne
à Vanguardia. Le Paraguay fit appel à la SDN, mais celle-ci renonça à agir quand la
Conférence pan-américaine offrit de négocier à sa place.
Cette guerre fut un désastre pour les deux camps, causant 100 000 victimes et conduisant les
deux pays au bord du désastre économique. Avant qu’un cessez-le-feu ne fut négocié
le 12 juin 1935, le Paraguay s'était emparé du contrôle de la majeure partie de la région. La
nouvelle situation fut avalisée lors d’une trêve en 1938 durant laquelle les trois quarts du
Chaco boréal lui furent attribués.
Invasion italienne en Abyssinie (1935-1936)Modifier
Article détaillé : Crise en Abyssinie.

C'est peut-être le plus célèbre échec de la Société. En octobre 1935, Benito Mussolini envoie
le général Pietro Badoglio avec 400 000 hommes de troupe envahir l’Abyssinie, l'Éthiopie
actuelle. L'armée italienne, moderne, défait aisément une armée abyssinienne mal équipée et
prend Addis-Abeba en mai 1936, forçant l’empereur Haïlé Sélassié à la fuite. Lors du conflit,
l'armée italienne fait usage d'armes chimiques (gaz moutarde) et de lance-flammes. La Société
condamne l’agression italienne et impose des sanctions économiques en novembre 1935, mais
elles sont en grande partie inefficaces.
Selon le Premier ministre britannique Stanley Baldwin, la cause en est l'insuffisance voire
l'absence de forces militaires mises au service de la SDN, qui auraient été capables de résister
à une attaque italienne. De plus, le 9 octobre 1935, les États-Unis, sans même être membres,
refusent de coopérer à toute action de la Société. Ils mettent l’embargo sur les exportations
d’armes et de matériel de guerre aux belligérants conformément à leur nouvelle loi de
neutralité le 5 octobre. Le 29 février 1936, ils tentent de limiter les exportations de pétrole et
d’autres matériaux au niveau normal du temps de paix. Les sanctions de la SDN, décrétées
le 4 juillet 1936, restent donc lettre morte.
En décembre 1935, une tentative de mettre fin au conflit en Abyssinie, due au secrétaire d'État
aux Affaires étrangères britannique Hoare et au Premier ministre français Laval, et donc
connue sous le nom de pacte Hoare-Laval, est lancée. Il s'agit de diviser l’Abyssinie en deux
parties : un secteur italien et un secteur abyssinien. Mussolini aurait été prêt à accepter le
pacte, malgré des informations parcellaires. Les opinions publiques britanniques et françaises
réagissent de façon véhémente et accusent la SDN de vouloir brader l’intégrité de l'Abyssinie.
Hoare et Laval sont forcés de revenir sur leur proposition. Leurs gouvernements respectifs
s’en dissocient.
Comme dans le cas de la Chine et du Japon, les grandes nations réagissent mollement,
considérant que le destin d'un pays pauvre et éloigné, habité par des non-Européens, n’est pas
d’un intérêt majeur pour elles. Le 11 décembre 1937[24][source insuffisante], l'Italie quitte la
Société des Nations.
Réarmement de l’Allemagne (1936), puis des futures puissances de
l'AxeModifier
Article détaillé : Réarmement du Troisième Reich.
La SDN est impuissante (et la plupart du temps silencieuse) face aux événements majeurs qui
conduisent à la Seconde Guerre mondiale, comme la remilitarisation de la Rhénanie,
l’occupation des Sudètes et l’Anschluss par l'Allemagne, ce qui était interdit par le traité de
Versailles.
Comme le Japon, le Troisième Reich en 1933 — prenant pour prétexte l’échec de
la Conférence mondiale pour le désarmement à établir la parité des armements avec la
France — et l’Italie en 1937 préfèrent quitter la Société plutôt que de se soumettre à ses
jugements[25]. Le commissaire de la Société à Danzig est incapable de gérer les revendications
allemandes sur la ville, un facteur qui contribue au déclenchement de la Seconde Guerre
mondiale. Le dernier acte significatif de la SDN est d’en exclure l’Union
soviétique en décembre 1939 après son invasion de la Finlande.
Guerre civile espagnole (1936-1939)Modifier
Article détaillé : Guerre civile espagnole.

Le 17 juillet 1936, un conflit armé s’engagea entre les Républicains (soutenant le


gouvernement légitime) et les Nationalistes (soutenant le soulèvement de l'armée espagnole
au Maroc). Alvarez del Vayo, le ministre espagnol des Affaires étrangères, appela,
en septembre 1936, la Société à défendre l’intégrité du pays et son indépendance politique par
la force armée. La SDN ne put néanmoins agir par elle-même dans cette guerre civile, ni
même empêcher les interventions extérieures dans le conflit. Adolf Hitler et Benito
Mussolini continuèrent à octroyer leur aide aux insurgés du général Franco (qui regroupe des
éléments allant de la droite conservatrice à l'extrême-droite fasciste) tandis que l’Union
soviétique soutenait le gouvernement républicain. La Société tenta d’interdire l’intervention
des brigades internationales.
Seconde Guerre sino-japonaise (1937-1945)Modifier
Article détaillé : Guerre sino-japonaise (1937-1945).

À la suite de l'invasion de la Mandchourie et du départ du Japon de la SDN, de nombreux


incidents de frontières se déclarèrent surtout autour de la zone démilitarisée créée depuis le
traité de paix de 1933 par le Japon et la République de Chine qui s'étendait de Tianjin à Pékin.
C'est l'incident du pont Marco Polo qui va être la cause immédiate à l'invasion japonaise du
reste de la Chine le 7 juillet 1937 et de la Seconde Guerre sino-japonaise. Le 12 septembre, le
représentant de la Chine, Wellington Koo, lance un appel à l'aide à la Société pour organiser
une intervention internationale. Les pays occidentaux étaient favorables à la Chine dans sa
lutte, notamment pour défendre leurs intérêts issus des concessions
internationales et française de Shanghai. Si la SDN condamna le Japon le 28 septembre 1937,
elle n'a pu s'entendre pour prononcer des sanctions concrètes.
Testament et héritageModifier

Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, il était clair que la Société avait échoué dans
son objectif d’éviter toute nouvelle guerre mondiale. Pendant la guerre, ni l’Assemblée, ni le
Conseil de la SDN ne furent capables de se réunir (ou ne le désirèrent pas) et le secrétariat
à Genève fut réduit à un personnel squelettique, beaucoup de bureaux étant transférés en
Amérique du Nord.
À la suite de cet échec, il fut décidé à la conférence de Yalta de créer une nouvelle
organisation devant suppléer le rôle de la Société des Nations. Ce fut l’Organisation des
Nations unies. Beaucoup des organes de la Société, par exemple l’Organisation internationale
du travail, continuèrent à fonctionner pour finalement être rattachées à l’ONU. Lors d’une
réunion de l’Assemblée tenue à Genève du 8 au 18 avril 1946, la SDN s’est dissoute
juridiquement et ses services, mandats, et propriétés furent transférés à l’ONU. La structure
de l’ONU devait la rendre plus efficace que la SDN.
Les cinq principaux vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale (le Royaume-Uni, l’Union
soviétique, la France, les États-Unis et la Chine) devinrent les membres permanents
du Conseil de sécurité de l'ONU (un reflet du Conseil de la SDN), donnant aux nouvelles
« Grandes puissances » une influence internationale significative. Les décisions du Conseil de
sécurité de l’ONU lient tous les membres de l’Organisation. Néanmoins, l’unanimité des
décisions n’est pas requise, contrairement au Conseil de la SDN. De plus, les membres
permanents du Conseil de sécurité de l’ONU y disposent d’un bouclier (le « droit de veto »)
leur permettant de protéger leurs intérêts vitaux, et qui a empêché l’ONU d’agir efficacement
dans bien des cas.
En outre, l’ONU n’a pas de forces armées en propre. Mais l’ONU a été mieux entendue dans
ses demandes aux États membres à participer à des interventions armées, telles que la Guerre
de Corée et le maintien de la paix dans l’ex-République de Yougoslavie. Néanmoins, dans
certains cas, l’ONU a été forcée de compter sur les sanctions économiques. L’ONU a
également beaucoup mieux réussi que la SDN à attirer les nations du monde, la rendant plus
représentative (pratiquement tous les pays du monde y étant inscrits).
Survol historiographiqueModifier

Les espoirs en la S.D.N. en mars 1919, vus par l'hebdomadaire Le Miroir : le bannissement de la guerre
et la recherche de la paix universelle.

Grande GuerreModifier
La Société des Nations est étroitement liée au contexte de sa création. La Grande Guerre a
donc imprégné la création de l’organisation internationale. Son histoire est celle de l'après-
guerre et des conséquences du Traité de Versailles, dont les clauses servaient davantage la
vengeance des vainqueurs et l'affaiblissement des vaincus, qu'à créer les conditions de la
réconciliation et d'une paix durable. Les auteurs s’accordent sur le fait que la Grande Guerre a
constitué une rupture par rapport aux conflits et aux guerres qui l’ont précédée. Elle était
« perçue comme une aberration »[26] à cause de sa brutalité. C’est, justement, cette rupture qui
aurait amené la création d’un ordre mondial.
Dans l’extrait « La bataille, le combat, la violence, une histoire nécessaire » de leur
ouvrage 14-18, retrouver la guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker soutiennent
que la Grande Guerre a constitué une véritable rupture par la violence qui y a été déployée.
Avec la Première Guerre mondiale serait apparu un niveau de violence jamais égalé. Cette
violence générale se serait exercée contre les combattants, mais elle touchait également les
prisonniers et les civils[27]. Une violence d'autant plus intolérable qu'elle succédait à plus de
quarante ans de paix et de progrès scientifiques et techniques. Ce premier conflit mondial
constituait donc une rupture importante[27]. Cette brutalisation se voit dans le bilan des morts,
des blessés et des soldats atteints de troubles psychologiques. La guerre aurait fait de neuf à
dix millions de morts, presque tous des soldats[28]. Ces nombres, transformés en pertes
journalières, montrent l’ampleur du bilan et ils permettent de comparer la mortalité au combat
pendant les différents conflits qui ont secoué les XIXe et XXe siècles. La mortalité au combat
aurait été plus importante lors de la Première Guerre mondiale que lors de la Seconde[29].
Rapportées à la durée du conflit, les pertes auraient également été plus grandes que lors des
guerres révolutionnaires et impériales[30]. Selon Audoin-Rouzeau et Becker, la mortalité lors
de la Grande Guerre ne découlait pas seulement des développements dans le domaine de
l’armement. Il faut y ajouter la brutalité du comportement combattant, brutalité étant
alimentée par la haine éprouvée envers l’adversaire[31]. La brutalisation constatée lors du
conflit pourrait s’expliquer par l’adhésion des combattants à la Grande Guerre et à ses
objectifs. Ils auraient consenti à la violence et ils en auraient été les vecteurs. Le consentement
se serait fait de manière générale parmi les soldats. Cette brutalisation se serait également
exprimée dans le non-respect des mesures de limitation de la violence mises en place sur la
scène internationale au XIXe siècle[32]. D’un autre côté, en un siècle, la façon de mourir avait
changé. Avant, de nombreux soldats perdaient la vie pour cause de maladie. Lors de la
Grande Guerre, la « mort violente »[30], comme le soulignent Audoin-Rouzeau et Becker,
survenait en grande partie sur le champ de bataille. Néanmoins, la façon de mourir n’est pas la
seule à avoir changé. Ce fut également le cas des blessures infligées[33]. Jamais les soldats
n’avaient été blessés si grièvement[33].
Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker décrivent bien la rupture qu’a constituée la
Grande Guerre dans le passage qui suit : « [U]ne des spécificités mêmes de ce conflit de
quatre années et demie tient au fait que les modalités de l’affrontement y ont atteint des
niveaux de violence sans aucun précédent. Violence entre combattants, violence contre les
prisonniers, violence contre les civils enfin. Tenter d’approcher ces violences, diversifiées,
multiformes, mais reliées à des systèmes de représentations homogènes et cohérents, constitue
un préalable indispensable à toute compréhension de fond du conflit de 1914-1918, comme à
toute interprétation de sa longue trace dans le monde occidental, et en particulier européen,
depuis 1918 jusqu’à nos jours »[27].
D’autres auteurs conviennent que la Grande Guerre a constitué une véritable rupture par
rapport aux conflits et aux guerres qui l’ont précédée. C’est le cas de Pierre Vallaud, qui est
un historien spécialisé dans l’histoire des relations internationales[34]. Dans son ouvrage 14-
18 : la première guerre mondiale, volume II, Vallaud décrit le tournant amorcé par la Grande
Guerre. Il y expose l’ampleur des pertes humaines, matérielles et économiques. Pierre Vallaud
mentionne ceci en ce qui concerne les pertes humaines : « Avec plus de 9 millions de morts et
6 millions d’invalides, la Première Guerre mondiale donne à l’Europe un des plus tristes
records de son histoire militaire[35] ». Les pertes constituent elles-mêmes une rupture
importante.
Dans son article « Guerre et droit. L’inconciliable ? », Emmanuel Naquet expose, à son tour,
le tournant qu’a constitué la Grande Guerre. Néanmoins, en ce qui le concerne, la rupture ne
se limite pas aux pertes humaines. À son avis, « la Grande Guerre constitue […] un tournant
pour le renouvellement de son discours et de ses pratiques sur la guerre et la Paix, le Droit et
l’État, l’Individu et la Nation[36] ».
La rupture qu’a constituée la Grande Guerre est directement responsable de la création de la
Société des Nations. En effet, à ce sujet, Jean-Michel Guieu cite Léon Bourgeois dans son
article L’« insécurité collective ». L’Europe et la Société des Nations dans l’entre-deux-
guerres : « [D]e l’horreur de quatre années de guerre avait surgi, comme une suprême
protestation, une idée nouvelle qui s’imposait d’elle-même aux consciences : celle de
l’association nécessaire des États civilisés pour la défense du droit et le maintien de la
paix »[37]. Jean-Michel Guieu souligne lui-même le lien existant entre la Grande Guerre et la
Société des Nations dans son ouvrage Le rameau et le glaive, les militants français pour la
Société des Nations. Selon lui, l’idée de la création d’une organisation internationale s’est
imposée au lendemain de la guerre. « La guerre finie, la Conférence de la paix allait faire
entrer la Société des Nations dans le domaine des réalités : face à l’ampleur de la catastrophe,
l’idée d’une organisation internationale chargée de maintenir la paix, regardée avec
scepticisme voire mépris avant guerre, s’imposait désormais »[38].
Au sujet de l’idée d’une organisation internationale qui s’imposait après la guerre, les écrits
de Jean-Michel Guieu rejoignent ceux de Pierre Gerbet. Comme Guieu, Gerbet mentionne
que l’idée d’une organisation internationale s’est concrétisée avec l’ampleur que prenait la
Grande Guerre. Dans son ouvrage Le rêve d’un ordre mondial, de la SDN à l’ONU, Pierre
Gerbet affirme ce qui suit : « La guerre de 1914-1918 démontrait par son universalité même la
solidarité qui unissait désormais tous les pays du monde. En même temps qu’elle exaspérait
chez le plus grand nombre les passions nationalistes, elle poussait naturellement les esprits
réfléchis à rechercher les moyens de prévenir le retour d’un tel fléau. L’organisation de la
paix n’avait préoccupé, dans le courant du XXe siècle, qu’un petit nombre de personnes
volontiers considérées avec dédain comme des utopistes. En face du cataclysme qui
bouleversait l’humanité, elle s’imposait comme une impérieuse nécessité. De toutes parts
surgissaient des plans de constitution mondiale, dépassant en ampleur tout ce qu’avaient
imaginé les pacifistes les plus audacieux »[39]…
Plus tard, Gerbet mentionne que l’organisation de la paix, au lendemain de la guerre, a mené à
la création de la Société des Nations. Tous voulaient éviter, à tout prix, une autre guerre. La
guerre de 1914-1918 devait être la dernière que le monde ait connue.

Courbe historiographiqueModifier
 
Les archives de la Société des Nations, à Genève [40].

Dans son ouvrage Le citoyen et l’ordre mondial (1914-1919), le rêve d’une paix durable au
lendemain de la Grande Guerre, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, Carl
Bouchard consacre une partie à l’historiographie de la création de la Société des Nations. Il y
mentionne que l’historiographie de la création de la Société des Nations a subi une évolution.
Cette évolution comprendrait deux phases distinctes : les faits diplomatiques et les forces
profondes[41]. Dans un premier temps, les historiens se seraient longtemps concentrés sur les
faits diplomatiques entourant l’organisation internationale. Dans un deuxième temps, ils
auraient abordé les forces profondes, forces influençant le contexte de la création. Ces
informations sont présentées par Carl Bouchard dans son ouvrage : « L’histoire de la SDN a
suivi la courbe de l’historiographie des relations internationales : après une longue phase
initiale consacrée à relater et analyser les faits diplomatiques – avec, en particulier, une
attention portée aux succès et surtout, aux échecs de l’organisation internationale – les
historiens ont commencé peu à peu à s’intéresser aux facteurs moins tangibles – aux forces
profondes chères à Pierre Renouvin – qui ont contribué à son établissement »[41].
Visions présentées par les étudesModifier
Toujours selon Carl Bouchard, l’historiographie est plus abondante en ce qui concerne les
visions américaine et britannique de la Société des Nations qu’en ce qui a trait à la vision
française. La raison expliquant cette prédominance des visions américaine et britannique se
trouve dans le fait que l’organisation est d’abord une conception anglo-américaine[41]. C’est
ce que Carl Bouchard mentionne dans son ouvrage Le citoyen et l’ordre mondial (1914-
1919), Le rêve d’une paix durable au lendemain de la Grande Guerre, en France, en Grande-
Bretagne et aux États-Unis : « Comme pour l’histoire de la paix et du pacifisme, il existe un
plus grand nombre d’études sur la formation de la SDN du point de vue britannique et
américain que du côté français ; une disproportion qui s’explique en bonne partie par le fait
que l’organisation internationale est principalement une création anglo-américaine »[41].
Idée ancienne et tournant dans les relations internationalesModifier
Les auteurs s’accordent sur le fait que l’idée d’une société des nations est bien antérieure à la
création de l’organisation internationale. L’idée d’un ordre mondial et d’une paix
perpétuelle sont anciennes. Carl Bouchard est de cet avis. Dans son ouvrage, il aborde les
origines historiques de l’idée d’un ordre international. Pour ce faire, il remonte aussi loin qu’à
la période antique. Son ouvrage, Le citoyen et l’ordre mondial (1914-1919), Le rêve d’une
paix durable au lendemain de la Grande Guerre, en France, en Grande-Bretagne et aux États-
Unis, contient un chapitre intitulé Les projets de paix antérieurs à 1914 et la rupture
consécutive au déclenchement de la Première Guerre mondiale. « Ce chapitre à caractère
introductif traite des fondements historiques de l’ordre international. Évoquant la multiplicité
des ordres – antique, chrétien, médiéval –, l’accent y est placé sur ce que l’on peut appeler les
projets classiques de paix perpétuelle, tels le Grand Dessein d’Henri IV et de Sully, celui de
l’abbé de Saint-Pierre et celui d’Emmanuel Kant, auxquels les auteurs du corpus se réfèrent
régulièrement et qui constituent les sources principales de l’élaboration théorique du système
international »[42].
Christian Birebent adhère également à la thèse selon laquelle l’idée d’une Société des Nations
est antérieure à la création de l’organisation internationale[43]. Dans son ouvrage Militants de
la paix et de la SDN : Les mouvements de soutien à la Société des Nations en France et au
Royaume-Uni, 1918-1925, il aborde l’origine de la Société des Nations. Malgré l’élément
déclencheur qu’a constitué la Grande Guerre, l’organisation constitue le résultat de plusieurs
travaux antérieurs à 1914 abordant l’idée d’un ordre mondial. Selon Birebent : « L’histoire
des organisations en faveur de la SDN est antérieure à la naissance de cette dernière et
commence bien avant la tentative wilsonienne. On peut même dire en forçant quelque peu le
trait qu’il ne s’agit pas alors d’une idée neuve en Europe et dans le monde. Certes les horreurs
de la guerre, la nécessité de reconstruire un ordre stable et l’activisme du président américain
ont contribué à sa popularité et à sa mise en œuvre. Mais c’est aussi l’aboutissement de
réflexions et de travaux antérieurs. En 1917 on ne part pas de rien »[44].
Jean-Michel Guieu fait également partie de ces auteurs qui situent les origines de la Société
des Nations à une période antérieure à celle de la Grande Guerre. En ce qui le concerne, il
remonte à l’époque moderne et il aborde les projets de paix qui y ont vu le jour. Il poursuit
son analyse des origines de la Société des Nations en traitant de la volonté de réforme du
système international particulière au XIXe siècle. En effet, la volonté concernait la réforme du
principe de l’équilibre des puissances[45]. Selon Jean-Michel Guieu : « Sans remonter aux
temps les plus anciens, l’idée d’un ordre juridique international destiné à mettre fin aux
guerres incessantes entre les États européens émerge à l’époque moderne avec un certain
nombre de projets de paix perpétuelle, puis se développe tout au long du XIXe siècle avec toute
une série de réflexions sur la nécessité de réformer le système international et de trouver
l’antidote au système de l’équilibre des puissances insuffisant à garantir la paix
universelle »[45].
Toutefois, malgré le fait que l’idée d’une société des nations ait été antérieure à 1914, il n’en
demeure pas moins que la création de la Société des Nations représente un tournant dans les
relations internationales ainsi que dans le droit international. C’est ce que Robert Kolb
souligne dans son article Mondialisation et droit international. En ce qui concerne le droit
international, il y affirme « que la Société des Nations propose l’idée toute nouvelle d’une
organisation politique des États, avec des principes d’ordre, de paix et de rule of law »[46]. Il
ajoute que l’organisation internationale a donné naissance à la « coopération internationale
institutionnalisée »[46]. Au sujet du développement des relations internationales et du droit
international, un autre auteur attribue à la Société des Nations une grande importance. Il s’agit
de F. P. Walters. Dans son ouvrage A History of the League of Nations, Walters affirme :
« [The League of Nations] was the first effective move towards the organization of a world-
wide political and social order, in which the common interests of humanity could be seen and
served across the barriers of national tradition, racial difference, or geographical
separation »[47].
Rôle de Léon Bourgeois et de Thomas Woodrow WilsonModifier
 
Thomas Woodrow Wilson, président des États-Unis d'Amérique

L’implication du président Wilson dans le mouvement pour la création de la Société des


Nations est abordée dans toutes les sources présentées dans la liste des références. Cependant,
ce n’est pas le cas de Léon Bourgeois. Les différents auteurs ne s’entendent pas sur le rôle
respectif de chacun dans l’élaboration de l’idée de la Société et dans la création de
l’organisation. Certains en attribuent tout le mérite à Léon Bourgeois. Pour d’autres, c’est
Wilson qui est le personnage le plus important dans le projet. Certains auteurs ne se situent
pas dans ces deux conceptions du rôle respectif de chacun. Ils définissent plutôt leurs
différentes contributions.
Dans son discours prononcé à l’occasion du congrès de la Ligue française des Droits de
l’Homme, qui eut lieu à Paris le 1er novembre 1917, Georges Lorand, député belge et
président de la Ligue belge des Droits de l’Homme[48], mentionne que l’idée de la Société des
Nations aurait été élaborée par deux principaux utopistes : Léon Bourgeois et Thomas
Woodrow Wilson[49].
Certains auteurs estiment que l’idée de la Société des Nations aurait été élaborée par certains
des conseillers du président américain. Ce dernier, ancien professeur de sciences
politiques à Princeton, et pour qui la diplomatie secrète était la cause principale de la Première
Guerre mondiale, aurait formulé l’idée dans ses Quatorze points pour ensuite la soumettre à
ses alliés. « Un projet de Société des Nations fut mis en œuvre par les conseillers du Président
à partir d’idées doctrinales apparues aux États-Unis dès 1915 dans le cadre de la League to
enforce peace. Les projets nord-américains rencontrèrent un accueil très favorable en Grande-
Bretagne, car ils correspondaient à une conception anglo-saxonne de l’organisation de la paix.
La conception française était différente, reposant essentiellement sur l’existence de
procédures et d’organes. Les projets américains l’emportèrent sans difficulté devant la
commission pour l’élaboration d’un projet de pacte […] »[50].
 
Léon Bourgeois (1917)
Toutefois, selon Alexandre Niess, Léon Bourgeois, qui a été oublié pendant longtemps, serait
lui aussi un « père » de la Société des Nations, en sa qualité de théoricien de la paix
internationale par l'intermédiaire d'une telle organisation. « Bourgeois « tient […] une place
centrale dans la construction de la conception française de la Société des Nations et dans le
projet présenté par les États-Unis à leurs Alliés. […] [L’]œuvre majeure [de Léon Bourgeois]
est la création de la Société des Nations, bien que la postérité ne lui reconnaisse que peu la
paternité du projet, laissant à Thomas Woodrow Wilson la place de choix. »[51]. De ce fait,
Niess ne nie pas l'importance de l'intervention de Wilson et de la diplomatie américaine dans
le processus de création de la Société des Nations mais il pense que ces derniers ont adhéré à
l'idée théorisée par Bourgeois tout en la dévoyant au service de leurs intérêts particuliers.
D'autres auteurs soutiennent que les deux hommes ont joué un rôle important, mais différent,
dans la création de la Société des Nations. Bourgeois serait celui qui aurait élaboré l’idée,
Wilson y aurait adhéré, donnant un grand retentissement au projet. « [L’]adhésion officielle
du président américain Woodrow Wilson à l’idée de Société des Nations incita tous les
partisans français d’une telle institution à redoubler d’ardeur pour en préciser les détails et la
faire adopter par l’opinion. Une véritable mystique wilsonienne s’empara ainsi de certains
groupes de la population et les premières organisations spécifiquement dédiées au combat en
faveur de la Société des Nations virent le jour fin 1916-début 1917 »[52].
CritiquesModifier

Certains auteurs soulignent, dans leur ouvrage ou dans leur article, que la Société des Nations
a constitué un véritable échec.

Avant la création de la Société des Nations, l’idée d’une organisation internationale pour
assurer la paix définitive était porteuse d’espoir. L’espoir était le même dans les premières
années d’existence de la société[53]. Cependant, lors de la Seconde Guerre mondiale, l’opinion
fut de plus en plus critique à l’égard de la Société des Nations. Celle-ci avait échoué dans son
mandat. De plus, en général, plus l’historiographie est récente, moins elle est critique à
l’égard de l’organisation internationale. Le même phénomène peut être constaté en ce qui
concerne les traités de paix, notamment le traité de Versailles. Ce dernier était-il responsable
de la Seconde Guerre mondiale? Dans son ouvrage Pourquoi la 2e Guerre mondiale ?, Pierre
Grosser trace le parcours historiographique de la question. Grosser conclut que, comme
mentionné précédemment, l’historiographie récente est moins critique : « [L]e traité de
Versailles est vu depuis les années 1970 de manière moins négative. Les contraintes
nationales et internationales étaient considérables, et limitaient les marges de manœuvre. Le
continent semblait sombrer dans l’anarchie, et il fallait rédiger les traités assez rapidement
pour l’éviter. La rédaction témoignait des compromis difficiles entre les dirigeants en
définitive pragmatiques et modérés, mais elle permettait aussi des ajustements »[54].
Dans son discours prononcé à l’occasion du congrès de la Ligue française des droits de
l’homme, qui eut lieu à Paris le 1er novembre 1917, Georges Lorand mentionne que la Société
des Nations est la seule solution possible pour contrer l’anarchie internationale et le
brigandage. Il affirme que la Société des Nations était la « seule solution juridique qui pouvait
sortir de la guerre »[55].
À l’opposé, dans son article « L’insécurité collective. L’Europe et la Société des Nations dans
l’entre-deux-guerres », Jean-Michel Guieu cite le Comte de Saint-Aulaire au sujet de la
Société des Nations. La citation date de 1936. Elle constitue une critique de l’organisation. À
l’époque, l’organisation internationale avait subi des échecs. Elle avait, à plusieurs reprises,
failli à son mandat. Nous pouvons notamment penser à « l’affaire de Mandchourie »[56], à
« l’échec de la conférence du désarmement »[57], aux problèmes avec l’Allemagne[58], à « la
violation des clauses militaires du traité de Versailles »[59], à « l’affaire éthiopienne »[60], etc.
Voici la citation du comte de Saint-Aulaire : « […] ce ne sont là que peccadilles vénielles à
côté du péché mortel dont vit surtout [la Société des Nations], péché mortel seulement pour
les peuples qui croient en elle : l’organisation de l’insécurité collective que, par application de
son seul principe immuable, le travestissement de toutes choses en leur contraire, elle appelle
la sécurité collective. Là est l’origine des catastrophes actuelles et, si on n’y pourvoit pas à
temps, des catastrophes prochaines »[61].
Pour terminer le survol historiographique, l’ouvrage de Jean-Michel Guieu, Le rameau et le
glaive, les militants français pour la Société des Nations, témoigne bien de l’évolution de
l’historiographie. Il offre une position moins critique à l’égard de la Société des Nations.
Selon Guieu, la Société des Nations n’a pas entièrement échoué, et a été bénéfique à plusieurs
reprises. Une partie de l’ouvrage, intitulée « Ce n’est pas la Société des Nations qui a
échoué », démontre la récente vision historiographique : « […] [L’]échec était loin d’être
complet, l’organisation genevoise ayant bien travaillé notamment dans les domaines de la
coopération intellectuelle, de l’hygiène, du transit, des réfugiés, de la restauration financière et
monétaire de certains pays ou des questions sociales. Et même sur le plan politique, comme le
soulignait Théodore Ruyssen, elle avait remporté des “succès appréciables”, puisque jusqu’à
décembre 1938, elle avait été saisie “d’une quarantaine de différends, dont une moitié environ
[avait] été résolue de manière satisfaisante et durable”. […] Les responsabilités principales de
l’échec de la SDN ne résidaient […] pas aux yeux de ses militants dans son régime juridique,
mais avant tout dans l’attitude des États »[62].
Culture populaireModifier

 Le roman Belle du Seigneur d'Albert Cohen publié en 1968 a pour cadre la SDN dans les


années trente.
 Louis-Ferdinand Céline parlera de L'Église comme d'une pièce sur la SDN[63].
 La Société des Nations apparaît à la fin de la bande dessinée Le Lotus bleu des aventures de
Tintin, où une session a lieu après l'invasion de la Mandchourie à la fin de laquelle le Japon,
reconnu coupable d'avoir organisé l'incident de Moukden pour justifier cette invasion, quitte la
SDN.
Archives de la Société des Nations
Projet d'accès numérique intégral aux archives de la Société des Nations
Notes et références
Voir aussi

Dernière modification il y a 16 jours par SyntaxTerror

 Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA 3.0 sauf mention contraire.


 Politique de confidentialité
 

 Conditions d’utilisation
 Version de bureau
Ouvrir le menu principal






Rechercher

Concours photo Wiki Loves Earth :


téléversez vos photos des sites protégés du Congo-Kinshasa pour aider
Wikipédia et gagner des prix

Pacte Briand-Kellogg
Traité international à visée pacifiste de 1928

 Langue
 Télécharger le PDF
 Suivre
 Modifier

Pour les articles homonymes, voir Briand, Kellogg et Traité de Paris.


Le pacte Briand-Kellogg, ou pacte de Paris, est un traité de paix signé par soixante-trois
pays qui « condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux
et y renoncent en tant qu'instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles ».
Pacte Briand-Kellogg (1928).

États signataires du pacte. Vert foncé : premiers signataires.


Vert : adhérents suivants.
Bleu clair : territoires des parties.
Bleu foncé : territoires sous mandat de la Société des Nations, administrés par les parties.

L’initiative de ce pacte revient à Aristide Briand, ministre français des Affaires étrangères,


et Frank Kellogg, secrétaire d’État américain. Signé le 27 août 1928 à Paris, il entra en
vigueur le 24 juillet 1929. C’est le climat détendu des relations internationales qui permet la
signature de ce pacte, par 15 puissances dont la France, les États-Unis, le Royaume-Uni,
l'Italie, l'Allemagne et le Japon, pour la renonciation générale à la guerre. Si le pacte est
accueilli dans l'enthousiasme aux États-Unis, il suscite une réserve indéniable en Europe.
C’était un texte qui avait en principe une portée limitée dans la mesure où aucune sanction
n’était prévue en cas d’infraction, seule une réprobation internationale étant envisagée.

Le contexte de l’élaboration de ce pacteModifier

Un contexte immédiat d’après-guerre sous tensionModifier


Après la guerre, les Français sont hantés par la crainte d’une revanche allemande ; c’est
pourquoi ils recherchent une garantie anglo-américaine. Or cette protection n’est plus: le sénat
américain ne ratifie pas le traité de Versailles. De plus, la France veut que l’Allemagne
l’indemnise pour les ravages causés par la guerre mais le traité de Versailles ne fait que poser
le principe des réparations[1]. Pour les Anglais, contrairement aux Français, l’Allemagne ne
présentait aucun danger. Ils souhaitent l’allégement des réparations car ils voient à quel point
cela peut poser problème pour la reconstruction économique. En mai 1921 un accord est
trouvé entre Français et Anglais pour imposer à l’Allemagne le paiement des réparations d’un
total de 132 milliards de marks or. Les négociations sont mises en sommeil après
la conférence de Cannes et la chute du président du Conseil français Aristide Briand en 1922.
Finalement la question des modalités d’application des réparations a été peu abordée.
La conférence de Gênes en avril-mai 1922 n’aboutit à rien : les conceptions occidentales
et soviétiques semblent inconciliables. En 1922 on se demande même si ce ne serait pas la fin
des réparations. Mais en 1923, Poincaré lance l’occupation de la Ruhr pour paiement des
réparations. Les résultats sont plutôt positifs pour la France. L’Allemagne doit stabiliser le
mark. C’est sur cette base plus solide que le plan Dawes est mis en place en 1924. Il établit
ainsi un état des paiements provisoire mais suffisamment solide pour apaiser les tensions et
permettre ainsi le démarrage d’une période de « détente »[2].
Phase de détente des années 1920 : volonté de paix après la guerreModifier
Entre 1924 et 1930 la Société des Nations connaît son apogée. En 1924, les relations
internationales entrent dans une nouvelle phase : la question du paiement est provisoirement
réglée, le dialogue entre l’URSS et les pays européens reprend. Les peuples ont besoin de se
reposer moralement et de croire à la paix. La SDN convient bien à cette nouvelle mentalité.
L’application de ces principes d’apaisement reste cependant difficile, le Royaume-Uni refuse
notamment l’idée d’une action automatique contre un agresseur. Mais l’optimisme prend le
dessus malgré ces problèmes, cet optimisme est renforcé par le rapprochement franco-
allemand entre Briand et Stresemann incarné dans le pacte de Locarno en 1925. Stresemann a
la volonté de faire rentrer l’Allemagne de nouveau dans le concert européen et pour cela de
faire évacuer la Rhénanie. Il maintient l’idée d’un nationalisme allemand mais change de
méthode. En 1926, l’Allemagne entre dans la SDN avec un discours d’Aristide Briand qui
s’exclame : « Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à
l’arbitrage et à la paix ! »[3]. Pour Briand, la paix passe par la réconciliation entre la France et
l’Allemagne. Ses adversaires (la droite nationaliste) lui ont reproché son absence totale de
réalisme et son aveuglement face aux manœuvres de son partenaire. Il faut nuancer cette
image d’un Briand idéaliste et pacifiste béat[4]. Il veut éviter que la France se retrouve isolée
face à une Allemagne en bons termes avec les Anglo-Saxons et la Russie. Le succès du
principe de sécurité collective incarné par la mise en place de la SDN et les accords
de Locarno dans un contexte économique favorable, parallèlement à l'affirmation du
pacifisme, particulièrement dans les pays anglo-saxons, favorise la progression de l'idée
de désarmement. Dix ans après la fin du premier conflit mondial, la France d’Aristide
Briand et l’Amérique de Frank Kellogg unissent leurs efforts pour mettre à tout jamais la
guerre hors-la-loi. « Plus jamais ça ! » C’est une véritable lune de miel que
vivent Paris et Berlin en cette année 1927. Comme l’avait souhaité le président Wilson,
la Société des Nations s’est vigoureusement attelée à la construction de la paix universelle[5].
Le pacte Briand-Kellogg : fruit de l’accord entre deux hommes pour la
paixModifier
Aristide Briand, « l'apôtre de la Paix », souhaite approfondir sa politique de détente
européenne par l'intégration des deux grandes puissances, alors absentes de la SDN, les États-
Unis et l'URSS. En avril 1927, il prend l'initiative de proposer aux États-Unis, un engagement
mutuel de renoncer à la guerre comme moyen de résoudre les différends. Sa proposition, par
le biais de la presse, de renoncer mutuellement au droit à la guerre dans le cadre d'un traité de
paix reste (du moins du point de vue officiel) longtemps sans réponse. C'est seulement fin
décembre que le secrétaire d'État Frank Kellogg prend position sur la proposition de Briand.
Cette proposition s'inscrit dans la continuité de la conférence de Washington à la tête de
laquelle six ans plus tôt, Briand avait tenté en vain de rapprocher les États-Unis de la France
sur les problèmes de sécurité. Les Américains, qui n’avaient pas ratifié le traité de
Versailles et par conséquent son pacte de garantie franco-américain, avaient alors refusé à la
France de la suivre dans la voie d’une diplomatie bilatérale. Briand espère que, cette fois-ci,
l’accord pourra être obtenu. Briand y voit par ailleurs une possibilité d'assouplir la position
américaine dans la rude question des dettes interalliées. La proposition du ministre français
des Affaires étrangères, formulée dans un contexte favorable où abondent des propositions
similaires (Pologne, Mexique), reçoit un accueil favorable de Kellogg, le secrétaire
d'État américain. Celui-ci était d’ailleurs influencé par l’opinion publique américaine, très
favorable à ce pacte. Il affirma d’ailleurs dans un discours du 11 juin 1928 : « la force de
l’opinion publique dans ce pays et à l’étranger s’est déjà fait sentir. »[6] Mais Kellogg ne veut
pas se contenter d'un pacte bilatéral : il fait alors en sorte que Briand accepte l'idée d'un traité
multilatéral de renonciation à la guerre, avec les autres grandes puissances qu'étaient
l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie et le Japon, alors que Briand voyait là un danger pour le
système d'alliance et de sécurité de la France. Bien que convaincu de l’inefficacité
diplomatique de ce texte, mais parce qu’il veut croire que la philosophie de la paix finira par
entraîner durablement la paix elle-même, Briand honore cette signature, salue et défend ce
pacte. Il le fait notamment devant le Sénat français, lors de la séance du 15 janvier 1929, dans
une intervention devant les parlementaires : « Tout en acceptant, dans le traité d’arbitrage
entre la France et les États-Unis, l’insertion de la formule que j’avais proposée, M. Kellogg a
pensé – et je l’en félicite, car il s’inspirait d’une très haute pensée – qu’une pareille formule
pouvait être également, en vue d’une mise universelle de la guerre hors la loi, étendue à tous
les autres pays, et, pour commencer, à un certain nombre d’entre eux, dont le concours
immédiat s’imposait. »[7]
Contenu et significations : événement, acteurs en jeuModifier

L'événement lui-même et les pays signatairesModifier


Les grandes puissances initialement intégrées au projet, outre la France et les États-Unis, sont
l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie et le Japon. Plus tard, les négociations s'élargissent aux
trois puissances restantes du pacte de Locarno que sont la Belgique, la Pologne et
la Tchécoslovaquie, ainsi qu'aux dominions britanniques (Australie, Canada, Nouvelle-
Zélande, Afrique du Sud) et à l'Inde. Le 27 août 1928, les quinze parties signent donc le pacte
au Quai d'Orsay (ministère des Affaires étrangères) à Paris, et le 14 juillet 1929, il entre en
vigueur. Les quinze nations sont représentées le plus souvent par leurs ministres des Affaires
étrangères, qui se réunissent tous pour la signature. Les plus célèbres d'entre eux sont Gustav
Stresemann (Allemagne), Frank Billings Kellogg (États-Unis), Aristide
Briand (France), August Zaleski (Pologne), Edvard Beneš (Tchécoslovaquie), William Lyon
Mackenzie King (Premier ministre du Canada), James Parr (Nouvelle-Zélande), William
Thomas Cosgrave (en) (président du Conseil exécutif d'Irlande) et Paul Hymans (Belgique)
[8]. 42 nouveaux États suivent le mouvement et décident de ratifier le pacte à leur tour.
Hormis les États-Unis, huit États n'appartenant pas à la SDN adhèrent, tels l'Union soviétique,
la Turquie et le Mexique. Seuls cinq États (Arabie, Yémen, Argentine, Bolivie et Brésil)
refusent d'y souscrire. Ainsi, à peu de chose près, tous les pays du monde le ratifient tout de
suite ou avec un délai de quelques années. L'importance du nombre de signataires s'explique
par la pression des opinions publiques alors que les diplomates sont beaucoup plus sceptiques.
Si le pacte est accueilli dans l'enthousiasme aux États-Unis, il suscite une réserve indéniable
en Europe[9]. Mais les États latino-américains s'en tenant éloignés signent finalement le pacte
Saavedra Lamas (en), entré en vigueur en 1935, contenant, dans son article premier, les
dispositions du pacte Briand-Kellogg, et imposant donc également l'interdiction de la guerre
d'agression[10]. Les demandes d'adhésion au pacte sont déposées à Washington (sous la garde
du gouvernement des États-Unis) jusqu'en 1939. Il est finalement ratifié par 63 nations. Mais,
déjà à partir de 1935, seuls de très petits pays – incapables de mener des guerres – et quelques
petites régions asiatiques – dont l'indépendance réelle n'est pas incontestable et qui de toute
façon ne participent pas ou que peu à l'élaboration du droit international – ne sont pas liés par
le pacte. On peut alors considérer que l'interdiction de la guerre fait désormais partie
intégrante du droit international universel. Étant donné que le traité a été négocié et conclu en
dehors de la Société des Nations institutionnalisée, il a conservé sa validité même après la fin
de la SDN. Le traité ne contient pas de clause de résiliation ; il est donc valable pour une
durée illimitée. À noter qu'une initiative du ministre soviétique des Affaires
étrangères Litwinow mena à une entrée en vigueur anticipée (avant le délai) du traité
en Europe de l'Est via le « protocole Litwinow (en) » du 9 février 1929.

Contenu, significations et limitesModifier


Contenu et significationsModifier

Kellogg, le secrétaire d'État américain, étend le champ d'application du pacte initié


par Briand – qui devait initialement n'être qu'un simple pacte entre la France et les États-Unis
– en proposant une renonciation universelle des États à la guerre, en la mettant « hors la loi ».
La France accepte de s'associer à cette extension moyennant le maintien du droit de légitime
défense, le respect des obligations imposées par la SDN et les accords de Locarno. Le texte du
pacte se présente ainsi :
 « Article I : Les Hautes Parties contractantes déclarent solennellement au nom de leurs
peuples respectifs qu'elles condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends
internationaux et y renoncent en tant qu'instrument de politique nationale dans leurs relations
mutuelles. »
 « Article II : Les Hautes Parties contractantes reconnaissent que le règlement de tous les
différends ou conflits, de quelque nature ou de quelque origine qu'ils puissent être, qui
pourront surgir entre elles, ne devra jamais être recherché que par des moyens pacifiques. »[8]
Les États signataires renoncent ainsi à faire de la guerre un outil politique : ils s'engagent, à
l'avenir, à régler leurs conflits de manière pacifique. Les guerres d'agression, en particulier,
menées pour des intérêts nationaux, sont déclarées contraires au droit international.
LimitesModifier

Le pacte n'a pas réellement été initié pour proscrire la guerre. Le ministre français des
Affaires étrangères, Aristide Briand, était soucieux, car la République de Weimar, après la
Première Guerre mondiale, se renforçait progressivement et utilisait particulièrement ses
bonnes relations avec les États-Unis pour consolider sa position au sein de l'Europe. Pour
démontrer publiquement que la France avait également des relations exceptionnellement
bonnes avec les États-Unis, il s'efforça de conclure un traité de droit international avec
Kellogg[11]. Ce qui est par la suite devenu le pacte Briand-Kellogg ne devait donc initialement
être qu'un traité d'alliance, de paix, pour rassurer la France face à l'Allemagne renaissant de
ses cendres.
Par ailleurs, le pacte Briand-Kellogg n'a pu être négocié et trouver un si grand écho aussi vite
que parce qu'il laissait de côté trois difficultés essentielles :

Premièrement, ses termes s'appliquent à la guerre en tant que telle, et non précisément à une
attaque illégale ou à une guerre d'agression avec une définition précise de ces expressions,
étant donné que les partenaires de négociation n'ont réussi à s'entendre ni là-dessus, ni sur la
détermination des exceptions du traité, et notamment le principe de légitime défense.
Dans les notes préparatoires, plusieurs exceptions sont partiellement citées explicitement et en
partie suggérées. L'interprétation de ces exceptions, de ces réserves, est considérablement
compliquée par le fait qu'aucune d'entre elles n'a été explicitement définie comme réserve au
moment de la ratification, et ne serait donc une réserve au sens juridique du terme. Malgré
tout, elles sont considérées comme telles par la grande majorité des juristes internationaux.
La réserve la plus importante, et de loin, est la légitime défense, que Kellogg décrit ainsi, dans
la note décisive des États-Unis du 23 juin 1928 : « Every nation is free at all times and
regardless of treaty provisions to defend its territory from attack or invasion and it alone is
competent to decide whether circumstances require course to war in self-defense. » (Chaque
nation est libre, à tout moment et quelles que soient les dispositions des traités de défendre
son territoire contre une attaque ou une invasion et elle est seule compétente pour décider si
les circonstances exigent le recours à la guerre de légitime défense). Les déclarations de
Kellogg ne déterminent pas de manière explicite ni le moment où l'on considère qu'il y a
légitime défense (après que l'attaque a déjà commencé, quand l'attaque est imminente, ou bien
encore bien avant qu'elle n'ait lieu, à titre préventif), ni quels intérêts il convient de protéger
(seulement des territoires nationaux particuliers, ou bien certains autres)[12].
En dehors de l'auto-défense, et malgré toutes les ambigüités, d'autres exceptions apparaissent
dans les domaines suivants :
 la doctrine Monroe des États-Unis, appliquée sur l'ensemble du continent américain, que
Kellogg ne cita toutefois dans aucune note, car elle serait d'emblée couverte par le principe
d'auto-défense ;
 avec une portée territoriale difficilement cernable, la « doctrine Monroe » britannique, définie
ainsi, pour la première et la dernière fois (du moins en apparence) : « There are certain
regions in the world the welfare and integrity of which constitue a special and vital interest of
our peace and safety […] interference with these regions cannot be suffered. Their protection
against attack is to British Empire a measure of self-defence » Il y a certaines régions du
monde dont le bien-être et l'intégrité constitue un intérêt particulier et vital pour notre paix et
notre sécurité […] Nulle interférence avec ces régions ne peut être tolérée. Leur protection
contre des attaques est pour l'Empire britannique une mesure de légitime défense) ;
 les sanctions de la Société des Nations d'après l'article 16 des statuts de la SDN ;
 les sanctions prévues par le pacte de Locarno, dont l'article 2 (qui comprenait l'interdiction de
la guerre) pouvait sanctionner par la force armée certains États de fait ;
 les « traités de neutralité » (dans une note de la France du 14 juillet 1928), par lesquels la
France réaffirmait ses traités d'alliance, controversés [13].
Par ailleurs, un grave défaut du pacte est le manque absolu de procédures de sanctions
condamnant la violation des règles prescrites : le texte du traité se réfère à une certaine forme
de sanction uniquement dans le préambule, qui stipule que « toute Puissance signataire qui
chercherait désormais à développer ses intérêts nationaux en recourant à la guerre devra
être privée du bénéfice du présent traité ». Cela pourrait correspondre à la perte d'avantages
dans le cadre de représailles individuelles ou collectives de la part d'autres pays. Cette carence
n'est pas isolée ; d'autres imprécisions sont à constater.
Selon l'article 2 du pacte, les différends doivent être réglés par des moyens pacifiques. Mais
quels procédés de règlement des litiges par la négociation doit-on utiliser? La question reste
ouverte. Le pacte autorise également, dans son contenu, à laisser les différends sans solution,
ce qui pose un problème sérieux : ne pas obliger deux parties à résoudre leurs conflits par la
négociation, c'est ouvrir la voie, dans le futur, à un règlement bien moins pacifique du
contentieux. Enfin, les critiques à propos du pacte portent aussi sur la définition des moyens
pacifiques : tous les moyens qui ne sont pas formellement, strictement belliqueux, ou bien
seulement les moyens non violents, demandent-ils[13].
Le pacte de Paris énonce donc des principes louables, à respecter de manière universelle, mais
les formules utilisées dans le pacte n'apportent pas toutes les précisions qui seraient
nécessaires à sa bonne application. Ces principes sont donc jugés, par un certain nombre de
tendances politiques, comme utopiques, vains, et inapplicables. C'est le cas, par exemple, des
députés allemands communistes (au sein du parti KPD) et d'extrême droite (regroupés dans
divers partis, comme le NSDAP, parti d'Hitler, ou encore le DNVP) qui, pour des raisons bien
différentes, traitent le pacte avec mépris et s'y opposent fermement. Dans la pratique,
l'efficacité de ce pacte est assez contestable.
Influence et conséquencesModifier

Une influence directe limitéeModifier


Le pacte Briand-Kellogg n'a pas rempli son objectif de mettre fin à la guerre, et, dans ce sens,
il n'a pas contribué directement à assurer la paix dans le monde. Il a été relativement
inefficace dans les années qui ont suivi sa ratification. Mais outre son inefficacité, le pacte a
eu quelques effets pervers : il a en particulier contribué à supprimer la distinction légale
entre guerre et paix. Les signataires s'étant engagés à renoncer à la guerre, ils ont commencé à
mener des guerres sans les déclarer officiellement comme telles. Certains exemples notables
existent, mais, bien qu'il ait eu un impact certain, il ne faut pas surestimer le rôle du pacte
Briand-Kellogg dans la décision des États de ne pas déclarer la guerre malgré des
interventions militaires de fait, car d'autres facteurs ont pu inciter les États à mener des
guerres non déclarées. C'est le cas, par exemple, des conventions de La
Haye de 1907 exposant les nations à des sanctions financières, dans le cas où il y aurait des
blessés et/ou des morts au cours de conflits armés se déroulant sous le régime juridique de la
guerre sur terre. Parmi ces exemples, on peut citer l'intervention des États-Unis en Amérique
centrale et l'invasion japonaise de la Mandchourie en 1931, l'invasion italienne de
l'Abyssinie en 1935, l'invasion soviétique de la Finlande en 1939, puis les invasions
allemande et soviétique de la Pologne qui marquèrent le début de la Seconde Guerre
mondiale, et par conséquent, la fin des espoirs de paix suscités par le pacte Briand-Kellogg
quelques années auparavant.
La portée du pacte Briand-KelloggModifier
Néanmoins, le pacte est significatif dans l'histoire du droit international, puisqu'il a représenté
après la Seconde Guerre mondiale le fondement juridique, bien que très controversé, pour les
accusations de «  crime contre la paix  » contre des Allemands au procès de Nuremberg.
Dans la politique extérieure des États-Unis, le pacte a connu une continuation à travers la
doctrine Hoover-Stirnson de 1932, à propos de l'occupation japonaise de la Mandchourie en
Chine du Nord-Est : le président Hoover a alors refusé de cautionner l'occupation japonaise de
la Mandchourie, car les changements dans l'ordre international avaient été provoqués par la
force des armes, et étaient donc en contradiction avec le pacte Briand-Kellogg. La
doctrine Hoover-Stirnson dit que ces changements ne peuvent être reconnus
diplomatiquement sans l'aval de la SDN . La loi du prêt-bail américain, en 1941, mise en
place pour venir en aide aux victimes d'une agression, va également dans le sens du pacte[14].
La Charte des Nations unies, signée en 1945 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, va au-
delà de la simple interdiction de la guerre d'agression du pacte Briand-Kellogg, en établissant,
dans l'article 2-numéro 4, une interdiction générale de la violence. Grâce à cela, aujourd'hui,
non seulement la guerre est contraire au droit international, mais aussi toute utilisation de la
violence dans les relations internationales. Un exemple concret : les représailles physiques,
qui étaient encore tolérées par le pacte Briand-Kellogg, sont désormais proscrites par l'article
2-4 de la Charte. L'exception actuelle à l'interdiction générale de la violence dans la Charte
des Nations unies demeure le droit à la légitime défense accordé par l'article 51 de la charte,
sur lequel les États peuvent s'appuyer en cas d'agression armée, jusqu'à ce que le Conseil de
sécurité statue.
Enfin, le pacte Briand-Kellogg a valu à Frank Billing Kellogg le prix Nobel de la paix en
1929. Il ne fut pas attribué une deuxième fois à Aristide Briand, qui l'avait déjà reçu en 1926
avec Gustav Stresemann, mais il y fut associé[15].
Sur les autres projets Wikimedia :
 Le pacte Briand-Kellogg, sur Wikisource
Sur les autres projets Wikimedia :
 Le message d'Aristide Briand au peuple américain, le 6 avril 1927, sur Wikisource
Notes et références

Dernière modification il y a 1 mois par Kikuyu3

PAGES ASSOCIÉES

 Accords de Locarno
 Pacte de la Société des Nations
Pacte fondateur de la Société des Nations, ancêtre de l'ONU
 Pacte de non-agression soviéto-polonais

 Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA 3.0 sauf mention contraire.


 Politique de confidentialité
 

 Conditions d’utilisation
 Version de bureau

Vous aimerez peut-être aussi