Le ço n n° 3
Le s act es co n stituti fs de s o r g anis ation s i nt er n ati o n al es
- CIJ, Avis consultatif du 8 juillet 1996, Licéité de l’utilisation des armes nucléaires par un État
dans un conflit armé, Rec., 1996, p. 226
* Doctri ne
- DUPUY (P.-M.), « The Constitutional Dimension of the Charter of the United Nations Revisited »,
Max Planck Yearbook of United Nations Law, vol. 1, 1997, pp. 1-33
- MONACO (R.), « Le caractère constitutionnel des actes constitutifs des organisations
internationales », in La Communauté internationale – Mélanges offerts à Charles ROUSSEAU,
Pedone, Paris, 1974, pp. 153-172
Ce Cours, parce qu’il est destiné à l’usage exclusif des étudiants inscrits en EAD à la Faculté
d’Économie de Grenoble, n’a pas vocation à être mis en ligne alleurs que sur le site de l’EAD.
Cours de « Droit des organisations internationales » Séverine NICOT, Maître de Conférences en Droit public
Le ço n n° 3
Le s act es co n stituti fs de s o r g anis ation s i nt er n ati o n al es
Nb. : Le droit d’une organisation internationale est, essentiellement, composé de deux catégories de règles : les
unes sont qualifiées d’« originaires », car elles sont données à l’organisation internationale par les instruments
juridiques ayant permis sa création (ex. : la Charte des Nations Unies) ; les autres sont dites « dérivées », au motif
qu’elles sont créées par l’organisation internationale elle-même et ce, sur la base du droit originaire (ex. : une
résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies).
Lorsque les États décident de créer une organisation internationale, ils traduisent cette volonté
dans un instrument juridique présenté – quelle que soit l’appellation retenue (ex. : Accord1, Charte 2,
Constitution3, Pacte4, Statut5, Traité6)7 – comme l’acte constitutif de cette organisation. À vrai dire,
l’organisation internationale étant assimilée à un sujet de droit « dérivé » (= « secondaire »), elle doit
son existence à un acte juridique préalable et extérieur à elle. Dès lors, elle apparaît comme un être
« institué », qui repose sur la volonté de ses créateurs, telle qu’elle s’exprime dans son acte fondateur,
c’est-à-dire dans son acte constitutif.
Par ce biais, est mise en exergue la double nature de l’acte constitutif d’une organisation
internationale : il s’agit d’un traité international avec un objet original dans la mesure où il est la
« Constitution » de ladite organisation. En tant que traité international, cet acte devra obéir au droit
qui les gouverne tous, c’est-à-dire au droit des traités tel qu’il résulte, plus particulièrement, de la
Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités8 et de la Convention de Vienne du 21
mars 1986 sur le droit des traités entre États et organisations internationales ou entre organisations
internationales. Néanmoins, le traité, instrument juridique classique de la coexistence, organise, ici, la
pérennité de la coopération. De ce fait, il ne s’analyse pas seulement comme une convention ordinaire.
À raison de son objet, il est, également, un acte singulier, puisqu’il crée une institution dotée de la
permanence et de compétences propres. En d’autres termes, il est l’acte de fondation d’un nouveau
sujet de droit. C’est pourquoi, comme le souligne la CIJ dans l’avis consultatif du 8 juillet 1996, Licéité
de l’utilisation des armes nucléaires par un État dans un conflit armé, l’acte constitutif d’une organisation
internationale présente une double nature : il est à la fois un accord de volontés conclu entre États
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souverains (= un acte de caractère conventionnel) (I) et un acte déterminant les droits et obligations
des membres et des organes de l’organisation internationale (= un acte de caractère constitutionnel)
(II).
Nb. : Au moyen de l’acte constitutif, les États sont, en même temps, parties à une convention internationale et
membres d’une organisation internationale.
D OCUMENT N ° 1 : C IJ, av is con sul tat if du 8 jui lle t 1996, L icé ité d e l’u ti lis atio n des armes
nuclé aires par un Ét at d ans un co nfl it ar mé
« (…) 19. À l’effet de circonscrire le domaine d’activité ou le champ de compétence d’une organisation
internationale, il convient de se reporter aux règles pertinentes de l’organisation et, en premier lieu, à son acte
constitutif. D’un point de vue formel, les actes constitutifs d’organisations internationales sont des traités
multilatéraux, auxquels s’appliquent les règles bien établies d’interprétation des traités. Comme la Cour l’a dit à
propos de la Charte : « Dans les affaires précédentes où la Cour a dû interpréter la Charte des Nations Unies, elle a
suivi les principes et les règles applicables en général à l’interprétation des traités, étant donné qu’elle a reconnu que
la Charte est un traité multilatéral, bien qu’elle présente certaines caractéristiques spéciales » (Certaines dépenses
des Nations Unies (article 17 § 2 de la Charte), avis consultatif CIJ, Recueil 1962, p. 157).
Mais, les actes constitutifs d’organisations internationales sont aussi des traités d’un type particulier ; ils ont pour
objet de créer des sujets de droit nouveaux, dotés d’une certaine autonomie, auxquels les parties confient pour tâche
la réalisation de buts communs. De tels traités peuvent poser des problèmes d’interprétation spécifiques en raison,
notamment, de leur caractère à la fois conventionnel et institutionnel ; la nature même de l’organisation créée, les
objectifs qui lui ont été assignés par ses fondateurs, les impératifs liés à l’exercice effectif de ses fonctions ainsi que
sa pratique propre, constituent autant d’éléments qui peuvent mériter, le cas échéant, une attention spéciale au
moment d’interpréter ces traités constitutifs. (…) »
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Nb. : L’acte constitutif ne se contente pas de proclamer l’existence de l’organisation internationale ; il comprend,
aussi, des dispositions – plus ou moins détaillées – concernant les objectifs, les structures et les compétences de
l’organisation internationale.
La création d’une organisation internationale s’effectue par un accord entre États. Quelle que
soit sa dénomination (ex. : Charte, Constitution, Convention, Pacte, Statut), cet accord prend, souvent,
la forme d’un traité multilatéral négocié dans le cadre d’une conférence intergouvernementale. En
l’espèce, l’exigence d’un accord s’explique assez aisément : les États veulent pouvoir exprimer leur
consentement à l’apparition d’un (nouveau) sujet de droit dont le fonctionnement aura toujours –
même si c’est à des degrés variables – des incidences sur le contenu (ou l’exercice) de leurs propres
compétences.
L’acte constitutif peut, toutefois, recevoir d’autres formes que celle de l’accord. Il peut s’agir,
effectivement, d’une résolution adoptée dans le cadre d’une conférence internationale (ex. : l’ASEAN,
l’OPEP) 9 ou d’une résolution prise par une organisation internationale (ex. : la CNUCED, l’ONUDI)10.
L’OS CE , une orga ni sat ion i nter nat io nal e sa ns acte cons ti tut if ?
La pratique fournit l’exemple – très exceptionnel – d’une organisation internationale constituée de
façon empirique au gré des sessions successives de la conférence plénière des États qui la composent.
Il est question de la Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE) qui, de
« Conférence », est devenue « Organisation » lors du Sommet de Budapest en 1994. En réalité,
depuis le Sommet de Paris en 1990, cette conférence diplomatique s’est, progressivement, « muée »
en véritable organisation internationale, d’abord désignée comme un « Accord régional » au sens
du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies au Sommet d’Helsinki en 1992, puis dotée de la
capacité juridique internationale au Sommet de Rome en 1993. Pour cette raison, cette institution
ne peut, à proprement parler, s’appuyer sur l’existence d’aucun acte constitutif. En fait, elle est
fondée sur une série d’actes formellement unilatéraux adoptés lors de différents « Sommets » 11 …
L’existence d’un traité international permet de distinguer les OIG des ONG dont le fondement
juridique est un acte de droit interne. De manière plus précise, les ONG sont, à la différence des OIG,
des acteurs privés. Elles sont, effectivement, composées par des associations, des fondations et des
institutions qui sont le fruit de l’initiative privée (ou mixte), à l’exclusion, par suite, de tout accord
intergouvernemental12. En d’autres termes, elles sont constituées de manière durable, spontanée et
9 En pareil cas, on se trouve en présence d’actes concertés non-conventionnels, c’est-à-dire d’accords informels
(= gentlemen’s agreements).
10 Mais, il s’agit là d’organes subsidiaires d’une organisation internationale existante, et non d’organisations
internationales nouvelles …
11 Actes dans lesquels nous pouvons, néanmoins, voir l’expression consensuelle de la volonté commune aux
différents participants à la CSCE de la transformer en organisation internationale …
12 En vertu de la résolution 288 (X) du 27 février 1950 du Conseil économique et social des Nations Unies, « sera
considérée comme organisation non-gouvernementale toute organisation dont la constitution ne résulte pas d’un accord
intergouvernemental ».
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libre par des personnes privées ou publiques de diverses nationalités qui expriment une solidarité
transnationale et poursuivent, sans but lucratif, un objectif d’intérêt international.
Nb. : Certaines ONG (ex. : le CICR, le CIO, Greenpeace) exercent une influence considérable sur les relations
internationales, notamment grâce aux moyens techniques et financiers dont elles disposent et en raison de la
capacité de diffusion de l’information qui est la leur auprès de l’opinion publique.
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L’acte constitutif d’une organisation internationale a une nature particulière qui le différencie
des conventions ordinaires. En vérité, il se distingue des autres conventions multilatérales en ce qu’il
est l’acte de fondation de l’organisation internationale, c’est-à-dire que, matériellement, il est une
« Constitution » dans le cadre de laquelle l’organisation internationale va développer ses activités. De
manière plus précise, la dimension constitutionnelle vient du fait que l’acte constitutif institue un
nouveau sujet de droit international doté d’une structure organique permanente conçue pour durer et
pour être l’instrument d’une volonté juridique propre. Cela étant, cette possible assimilation acte
constitutif / Constitution, qui emporte un certain nombre de conséquences sur le plan juridique (§ 1),
doit être nuancée (§ 2).
A – La pr im auté de l’ ac te co ns titu t if
13 Selon cette disposition, « La présente Convention s’applique à tout traité qui est l’acte constitutif d’une organisation
internationale et à tout traité adopté au sein d’une organisation internationale, sous réserve de toute règle pertinente de
l’organisation ».
14 Ce qui n’impose pas de recourir, stricto sensu, à une hiérarchie entre les traités, mais simplement au principe de
l’antériorité …
15 Cette rédaction s’inspire de l’article 20 § 1er du Pacte de la SDN qui abrogeait toutes les obligations ou ententes
entre les membres de la SDN incompatibles avec ses termes. La Charte des Nations Unies, en ne prévoyant pas
l’abrogation est, certainement, en retrait ; mais, elle est aussi plus audacieuse. En effet, l’article 103 de la Charte
des Nations Unies ne préserve pas les droits des États tiers au prétexte qu’il ne fait aucune distinction entre les
obligations des États membres entre eux et celles qu’ils peuvent avoir à l’égard des États non-membres (= États
tiers).
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Si, s’agissant des traités conclus par l’organisation internationale, la règle de la primauté de
l’acte constitutif vise à interdire aux États membres et aux organes de l’organisation internationale de
réviser indirectement l’acte constitutif de ladite organisation, s’agissant des traités conclus par les
États membres, cette même règle a pour objectif de garantir que les membres ne compromettront pas,
par des conventions ultérieures, la réalisation des buts de cette institution. Plus précisément, le souci
de préserver l’homogénéité de l’acte constitutif de l’organisation internationale inspire l’existence,
dans cet acte, de dispositions relatives à la compatibilité entre les règles qu’il établit et celles que les
membres auraient pu ou pourraient souscrire dans le cadre d’autres engagements internationaux.
B – L’ad ap ta t ion des tech n iques con ven tio nnel les
Nb. : Dans le domaine des techniques conventionnelles, certaines règles du droit international général sont
inadaptées au cas des actes constitutifs des organisations internationales en tant qu’ils sont matériellement (= les
dispositions institutionnelles) et formellement (= les dispositions fondamentales supérieures à toutes les autres)
constitutionnels.
Dans le premier arrêt qu’elle a rendu (arrêt du 17 août 1923, Affaire du « Vapeur Wimbledon »),
la CPJI s’est refusée « à voir dans la conclusion d’un traité international par lequel un État s’engage à faire ou
ne pas faire quelque chose, un abandon de souveraineté. Sans doute, toute convention engendrant une obligation
apporte-t-elle une restriction à l’exercice des droits souverains de l’État, en ce sens qu’elle imprime à cet exercice
une direction déterminée ; mais, la faculté de contracter des engagements internationaux est précisément un
attribut de la souveraineté de l’État ». Il n’en reste pas moins qu’une fois conclus par l’effet de
l’expression du libre consentement des parties, les traités se révèlent être des « pièges à volonté », dont
les États ne peuvent s’échapper qu’à de très strictes conditions. Pour éviter ce piège ou, du moins, en
atténuer la rigueur, les États s’ingénient à préserver leur liberté d’acction en limitant les contraintes
conventionnelles. Pour ce faire, ils peuvent, si besoin est, recourir à la technique des réserves.
Selon l’article 2 § 1er de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités,
« L’expression « réserve » s’entend d’une déclaration unilatérale, quel que soit son libellé ou sa désignation, faite
par un État quand il signe, ratifie, accepte ou approuve un traité ou y adhère, par laquelle il vise à exclure ou à
modifier l’effet juridique de certaines dispositions du traité dans leur application à cet État ». À vrai dire, il est
toujours possible de formuler des réserves puisque, selon la CIJ (avis consultatif du 28 mai 1951,
Réserves à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide), « le principe majoritaire, s’il
facilite la conclusion des conventions multilatérales, peut rendre nécessaire pour certains États de formuler des
réserves ». Cependant, il convient de se livrer à un examen au cas par cas des dispositions pour savoir
si elles peuvent être écartées en tenant compte de l’objet et de la finalité du traité.
L’article 19 de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités permet à un
État, « au moment de signer, de ratifier, d’accepter, d’approuver un traité ou d’y adhérer », de formuler des
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réserves à condition « a) Que la réserve ne soit interdite par le traité ; b) Que le traité ne dispose que seules des
réserves déterminées, parmi lesquelles ne figure pas la réserve en question, peuvent être faites ; ou c) Que, dans
les cas autres que ceux visés aux alinéas a et b, la réserve ne soit incompatible avec l’objet et le but du traité ».
Concrètement, la technique des réserves a pour conséquence d’introduire des régimes juridiques
différents dans le cadre d’un même traité.
La question de savoir si l’acte constitutif d’une organisation internationale peut faire l’objet de
réserves est sujette à controverses. En effet, il semble que l’acte constitutif ne peut être assorti de
réserves car on peut présumer que l’application de l’acte constitutif dans son intégralité à l’égard de
toutes les parties contractantes est une condition essentielle de chacune d’elles à être liée par cet acte.
Autrement dit, l’appartenance à l’organisation internationale doit, en principe, être la même pour tous
les États qui en font partie. Pour cette raison, les réserves, parfaitement admissibles au sein d’un
régime créant, entre les parties, un ensemble de relations qui peuvent ne pas être uniformes, sont
généralement prohibées lorsqu’il s’agit, non plus de poser des règles de fond, mais de créer une
organisation internationale, c’est-à-dire une institution disposant de pouvoirs qui lui permettront de
définir, à son tour, de telles règles. Par suite, le principe de l’intégrité de l’acte constitutif, quand il ne
l’exclut pas complètement, réduit la possibilité d’émettre des réserves par des procédés divers.
D OCUMENT N° 2 : Accord in sti tua nt l’Org an isat ion mondi ale d u commerce
Artic le X VI (Di spos it ions d ivers es)
« 5. Il ne pourra pas être formulé de réserves en ce qui concerne une disposition du présent Accord. Il ne pourra être
formulé de réserves en ce qui concerne des dispositions des Accords commerciaux multilatéraux que dans la mesure
prévue dans lesdits Accords. Les réserves concernant une disposition d’un Accord commercial plurilatéral seront
régies par les dispositions dudit Accord. »
L’organisation internationale ayant vocation à être une institution permanente, elle est
destinée à agir de manière durable. Partant, l’acte constitutif n’est, en règle générale, soumis à aucune
limitation dans le temps. Si cette règle est, le plus souvent, implicite, elle peut être expresse. Par
exemple, l’article 312 du TCE énonce que « Le présent traité est conclu pour une durée illimitée ».
Nb. : En contrepartie de cette permanence, des dispositions relatives à la révision de l’acte constitutif sont,
systématiquement, incorporées dans cet acte.
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Cependant, de façon exceptionnelle, des actes constitutifs établissent une durée de vie limitée
de l’organisation internationale. Par exemple, le Traité instituant la CECA étant entré en vigueur le 23
juillet 1952 pour une durée de 50 ans, la CECA n’existe plus depuis le 23 juillet 2002.
Nb. : À côté de la modification explicite de l’acte constitutif, on peut envisager une modification implicite
pratique ultérieure suivie par les États membres dans l’application dudit acte.
16 Ici, le poids de l’institution prévaut sur le strict respect du consensualisme parce que les États minoritaires
seront bel et bien contraints d’accepter la révision, en dépit de leur désaccord.
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ou par les États membres, mais aussi par un tribunal arbitral ou un juge international (ex. : la CIJ) saisi
d’un différend ou d’une demande d’avis consultatif. Se pose, alors, le problème de l’uniformité de
l’interprétation. Dans la pratique, certains actes constitutifs prévoient, expressément, des processus en
vue de résoudre les problèmes que pose leur interprétation (ex. : l’Article XXIX du Statut du FMI). En
cas de silence de l’acte constitutif, l’uniformité de l’interprétation de cet acte peut être recherchée en
recourant aux procédés utilisés dans le cadre du droit international en général.
Conformément à l’article 31 alinéa 1er de la Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit
des traités, « Un traité doit être interprété de bonne foi suivant le sens ordinaire à attribuer aux termes du
traité dans leur contexte et à la lumière de son objet et de son but ». Plus précisément, s’agissant des actes
constitutifs des organisations internationales, la CIJ considère, dans l’avis consultatif du 8 juillet 1996,
Licéité de l’utilisation des armes nucléaires par un État dans un conflit armé, que « De tels traités peuvent poser
des problèmes d’interprétation spécifiques en raison, notamment, de leur caractère à la fois conventionnel et
institutionnel ; la nature même de l’organisation créée, les objectifs qui lui ont été assignés par ses fondateurs,
les impératifs liés à l’exercice de ses fonctions ainsi que sa pratique propre, constituent autant d’éléments qui
peuvent mériter, le cas échéant, une attention spéciale au moment d’interpréter ces traités constitutifs ».
Pis te de r éflex io n
⇒ La « pseudo-constitutionnalisation » de l’Union européenne.
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séduisante qu’elle soit, ne doit pas nous conduire à un raisonnement par analogie. En effet, les États
jouent un rôle plus actif dans le fonctionnement de l’organisation internationale que les individus au
sein d’un État (ex. : en matière de révision ou d’interprétation de l’acte constitutif). Qui plus est, si le
droit d’un État est propre à une tradition nationale et autonome vis-à-vis des autres ordres
juridiques17, le droit des organisations internationales est, en partie, subordonné au droit des traités.
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