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N° 3296 – Les organisations internationales

Date de fraîcheur : 31 Janvier 2023

Julien Dellaux
Professeur agrégé de droit public, université côte d’azur
Laboratoire de droit international et européen (LADIE) UPR 7414

1. Éléments-clés

Les organisations internationales (OI) sont un sujet dérivé du droit international. Elles :

jouissent de la personnalité juridique internationale ;

sont créées par un traité (acte constitutif) ;

sont régies par le principe de spécialité ;

disposent de compétences attribuées explicitement par l’acte constitutif ou reconnues comme nécessairement impliquées ;

peuvent exercer des compétences normatives, opérationnelles, de suivi, de contrôle, et de sanction ;

sont composées d’organes : créés par l’acte constitutif, ou par une décision d’un autre organe ; composés de représentants de l’État ou d’agents
internationaux ; exerçant des fonctions politiques, administratives ou juridictionnelles.

2. Textes de référence

2.1. Conventions internationales

Conv. Vienne, 23 mai 1969, sur le droit des traités

Conv. Vienne, 21 mars 1986, sur les droits des traités entre États et organisations internationales ou entre organisations internationales

2.2. Textes non codifiés – jurisprudence

CIJ, avis, 11 avr. 1949, Réparation des dommages subis au service des Nations Unies

CIJ, avis, 8 juill. 1996, Licéité de l’utilisation des armes nucléaires (OMS)

3. Bibliothèque LexisNexis

3.1. Fascicules JurisClasseur

JCl. Droit international, fasc. 14, 110, 112-20, 112-30, 112-3, 120 et 146-25

3.2. Revues JurisClasseur

Journal du droit international (Clunet)

Connaissances

1. Contexte

La naissance des OI est intimement liée à l’évolution de la société internationale. Elles connaissent des précurseurs que sont les commissions fluviales (la
Commission centrale pour la navigation du Rhin de 1815, et la Commission européenne du Danube de 1856), et les unions administratives internationales
(Union télégraphique internationale de 1865, et Union Postale Universelle de 1874) apparues au XIXe siècle. En réaction aux deux guerres mondiales, des
organisations internationales à vocations universelles sont créées dans le but de maintenir la paix par le droit. La Société des Nations sera créée à l’issu de la
première guerre mondiale par l’insertion de son acte constitutif au sein du traité de Versailles (1919). À la suite de son échec, une nouvelle organisation, l’
Organisation des Nations unies lui succède à l’issue de la seconde guerre mondiale (1945) (V. Fiche pédagogique n° 3304 : L’ONU).

2. Définition

Une organisation internationale est définie par la Convention de Vienne sur les droits des traités entre États et organisations internationales ou entre
organisations internationales du 21 mars 1986, comme une « organisation intergouvernementale », mettant ainsi en exergue sa composition essentiellement
interétatique. Plus précisément, elle peut être définie comme une « association d’États constituée par traité, dotée d’une constitution et d’organes communs, et
possédant une personnalité juridique distincte de celle des États membres » (Sir Gerald Fitzmaurice : Ann. CDI 1956-II, p. 106).

3. Le statut juridique des organisations internationales

Les OI sont des sujets dérivés du droit international dont la création résulte de la volonté des États (sujets dits originaires, ou primaires). Les OI sont créées par
un acte constitutif, un traité multilatéral dont la dénomination varie (Charte, Pacte, Statut, Constitution). Leur dénomination est sans conséquence quant à leur
qualification juridique.
Les actes constitutifs sont cependant des traités multilatéraux « d’un type particulier » (CIJ, avis, 8 juill. 1996, Licéité de l’utilisation des armes nucléaires (OMS) :
Lebon, p. 75.), puisqu’ils ont pour objet la création de sujets de droits nouveaux. Cette particularité a des conséquences quant aux règles applicables à l’acte
constitutif. La nécessité d’une structure permanente et uniforme pour l’ensemble des États membres se traduit par :

l’interdiction des réserves aux dispositions relatives à la structure et au fonctionnement de l’organisation ;

l’opposabilité des révisions de l’acte constitutif à l’ensemble des États membres ;

et l’absence de terme prévu au traité (V. P. Daillier, A. Pellet et M. Forteau, Droit International Public : LGDJ, Paris, 8e éd., 2009, p. 647-649. – J.
Combacau et S. Sur, Droit international Public : Montchrestien, Domat, Paris, 11e éd., 2014, p. 724).

3.1. La personnalité juridique des organisations internationales

3.1.1. La personnalité juridique internationale

Classiquement, seuls les États se voyaient reconnaître la personnalité juridique internationale. Le droit international était alors le droit régissant « les rapports
entre des États indépendants » (CPJI, 7 sept. 1927, aff. du Lotus, série A, n° 10, p. 18).

Un tournant s’est opéré en 1949 lorsque la Cour internationale de Justice (CIJ) a constaté que l’ONU jouissait de la personnalité juridique internationale. La Cour
se réfère aux fonctions et droits dévolus à l’ONU par l’acte constitutif afin de constater que ceux-ci « ne peuvent s'expliquer que si l'Organisation possède une
large mesure de personnalité internationale et la capacité d'agir sur le plan international » (CIJ, avis, 11 avr. 1949, Réparation des dommages subis au service
des Nations, p. 179). Ce raisonnement est transposable aux autres organisations internationales. La personnalité de l’OI est inférée des fonctions qui lui ont été
attribuées, car elle constitue une aptitude nécessaire à leur accomplissement. La personnalité est donc fonctionnelle. Elle est régie par le principe de spécialité
venant la circonscrire, aux fonctions qui lui sont dévolues, à sa spécialité.

Si la reconnaissance de la personnalité juridique internationale permet aux OI d’être titulaire de droits, elle les soumet par là même à un certain nombre d’
obligations et notamment au régime de responsabilité internationale.

Conseil : La personnalité juridique des OI à vocation universelle est objective, c’est-à-dire opposable à tous les États (erga omnes), y compris les États non-
membres, et indépendamment de leur reconnaissance.

L’ordre juridique international attribue la personnalité aux organisations créées par les États lorsque ceux-ci la lui reconnaissent explicitement (via une disposition
de l’acte constitutif) ou implicitement (car nécessairement attachée aux fonctions qui lui sont dévolues).

Conseil : Il est fréquent que l’acte fondateur attribue explicitement la personnalité juridique internationale à l’organisation.

3.1.2. La personnalité juridique interne

La possession de la personnalité juridique internationale n’entraîne pas nécessairement l’attribution de la personnalité juridique interne. Celle-ci s’avère pourtant
essentielle afin de permettre à l’organisation d’exercer ses fonctions. En effet, contrairement aux États dont il est un élément constitutif (V. Fiche pédagogique
n° 3285 : L’État), les OI ne disposent pas de territoire propre. Elles exercent leurs fonctions, et mènent leurs activités sur le territoire des États.

La personnalité juridique interne est attribuée à l’OI par l’ordre juridique interne considéré, et demeure donc tributaire de celui-ci et des rapports qu’il
entretient avec l’ordre juridique international. Cette attribution peut trouver sa source dans un instrument international. De nombreux instruments
conventionnels (actes constitutifs, conventions sur les privilèges et immunités, accords de siège) contiennent des obligations internationales à la charge des États
Parties leur imposant de reconnaître la personnalité juridique de l’organisation dans leur ordre interne. Les États non-membres, et non partie aux accords
mentionnés ne demeurent pas tenus par une telle obligation.

L’ordre juridique interne peut selon les cas se fonder directement sur les bases conventionnelles mentionnées, ou au contraire conditionner l’acquisition à l’
adoption d’un acte interne. La reconnaissance de la personnalité juridique et son étendue dans l’ordre interne devra donc être déterminée sur la base des
engagements de l’État considéré et de son droit interne (V. J.-C. Martin, La personnalité juridique interne de l’organisation internationale, in Droit des
organisations internationales, E. Lagrange, J.-M. Sorel (ss dir.) : LGDJ, Paris, 2013, p. 1248).

3.2. Les compétences

3.2.1. La détermination des compétences

Les compétences des OI sont l’ensemble des pouvoirs, c’est-à-dire des moyens d’action, leur étant juridiquement reconnus afin de remplir leurs fonctions.

Les États jouissent d’une plénitude de compétences. À l’inverse, les OI en tant que sujets dérivés, disposent seulement des compétences que les États ont
accepté de leur reconnaître en leur en déléguant l’exercice. Elles exercent des compétences d’attribution, c’est-à-dire prévues explicitement par l’acte
constitutif. On parle ici du principe d’attribution, qui a été révélé très tôt par la jurisprudence internationale (CPJI, avis, 8 déc. 1927, Compétence de la commission
européenne du Danube, p. 64), et continue de régir le rapport entre l’organisation et ses membres (V. not. : TUE, art. 5).

Comme le note la Cour, afin de déterminer le champ de compétences d’une organisation internationale, « il convient de se reporter aux règles pertinentes de l’
organisation et, en premier lieu, à son acte constitutif » (CIJ, avis, 8 juill. 1996, Licéité de l’utilisation des armes nucléaires (OMS), Rec. p. 74, § 19). La
détermination des compétences s’opère dans un double mouvement :

d’encadrement (par le principe de spécialité) ;


et d’extension (par la théorie des pouvoirs implicites).

Le principe de spécialité

En vertu du principe de spécialité, les compétences des OI ne sont pas générales, mais limitées à celles nécessaires à l’accomplissement des fonctions qui lui
sont dévolues. Ce principe apparaît alors comme expression du principe d’attribution, et élément d’encadrement. Il vient circonscrire leur étendue à celles
nécessaires à l’accomplissement de leurs fonctions, c’est-à-dire celles compatibles avec leur spécialité.

Pour résumer, en reprenant les termes de la CIJ, les OI « ne jouissent pas, à l’instar des États, de compétences générales. Les organisations internationales sont
régies par le principe de spécialité, c’est à dire dotées par les États qui les créent de compétences d’attributions dont les limites sont fonctions des intérêts
communs que ceux-ci leur donnent pour mission de promouvoir » (CIJ, avis, 8 juill. 1996, Licéité de l’utilisation des armes nucléaires (OMS), Rec. p. 79, § 25).

Dès lors, un acte adopté par une organisation qui contreviendrait à ce principe (un acte dépassant son domaine de compétence), serait privé d’effet juridique.

La théorie des pouvoirs implicites

Cette théorie permet de reconnaître à l’organisation des compétences qui sans faire l’objet d’une compétence expresse, en constituent la conséquence
nécessaire. Les compétences implicites sont celles qui ne sont pas expressément énumérées par l’acte constitutif, mais sont déduites de l’interprétation de cet
acte en tant qu’elles sont nécessaires à l’accomplissement des fonctions qu’il confère à l’organisation.

Trouvant son origine dans un arrêt de la Cour suprême des États-Unis de 1819 (aff. Mac Cullock v. Maryland), la théorie des compétences implicites a été
transposée dans l’ordre juridique international. La CIJ a pu constater que l’ONU devait être considéré comme possédant des pouvoirs qui « s’ils ne sont pas
expressément énoncés dans la Charte, sont, par une conséquence nécessaire, conférés à l’Organisation en tant qu’essentiels à l’exercice des fonctions de celle-
ci » (CIJ, avis, 11 avr. 1949, Réparation des dommages subis au service des Nations, Rec. p. 182).

Il s’agit donc d’une directive d’interprétation des actes constitutifs des organisations internationales lui assurant un certain dynamisme. En effet, les compétences
et pouvoirs définis par l’acte constitutif, peuvent rapidement devenir insuffisant. La théorie des pouvoirs implicites permet aux OI de s’adapter au contexte dans
lequel elles évoluent et d’exercer des pouvoirs non expressément prévus (V. E. Lagrange et J.-M. Sorel, (ss dir.), Droit des organisations internationales : LGDJ,
Paris, 2013, p. 1248).

3.2.2. La classification des compétences

Les OI peuvent être habilitées à exercer différentes compétences :

normatives : l’activité normative des OI peut emprunter différents canaux (traités, ou actes unilatéraux). Il est possible de distinguer les normes
adoptées par les OI en fonction de leur finalité :

interne (règlements intérieurs, créations d’organes subsidiaires, décisions budgétaires, etc.),

ou externe (normes précisant, mettant en œuvre les normes inclues dans l’acte constitutif) (V. JCl. Droit international, fasc. 14) ;

opérationnelles : cette compétence regroupe l’ensemble des activités de nature matérielles menées par l’organisation sur le terrain (envoi d’agents
chargés d’une assistance technique financière ou administrative, collecte et diffusion d’informations, enquêtes, aide humanitaire, etc.). Ces activités se
caractérisent par le fait que l’organisation n’agit pas comme simple décideur mais comme opérateur, organe d’exécution, de ses propres décisions ;

suivi et contrôle : les activités de contrôle englobent celles par lesquelles l’organisation s’assure du respect des règles de l’organisation (i.e. de l’acte
constitutif, et des actes adoptés par l’organisation). Le suivi et le contrôle peuvent être opérés par les organes de l’OI, des experts indépendants, ou des
membres de l’organisation. Les informations utilisées peuvent être obtenues notamment par le biais de visites in situ, ou sur la base de rapports fournis
par les Parties elles-mêmes ;

sanction : les actes constitutifs peuvent prévoir des dispositions autorisant les organes de l’OI à adopter des sanctions à l’égard des États membres. Ce
pouvoir est avec une quasi-constance réservé à un organe politique (généralement à l’organe plénier, et plus rarement à un organe restreint), et
ponctuellement à un organe juridictionnel. Les actes constitutifs définissent les conditions (nature des obligations violées) et l’étendue de la sanction (les
mesures pouvant être adoptées).

4. Structure et fonctionnement des organisations internationales

4.1. La structure institutionnelle

Une structure institutionnelle composée notamment d’organes permanents est un moyen nécessaire à l’autonomie de l’OI, et à l’exercice de ses fonctions. Cette
structure est variable. Divers critères de distinction peuvent être choisis afin de classifier les différents organes :

la base juridique : les organes sont distingués ici en fonction de l’acte juridique prévoyant leur création :

les organes originels, principaux : leur création est prévue par l’acte constitutif qui les énumère, elle est le fruit de la volonté des États
fondateurs. Le traité peut prévoir une éventuelle hiérarchie entre ces organes,

les organes dérivés, ou subsidiaires : il s’agit des organes créés par les organes principaux. Les organes principaux disposent de cette
compétence en vertu de l’acte constitutif qui la leur attribue explicitement ou implicitement.
Conseil : La création d’organes subsidiaires permet à l’organisation de s’adapter à l’environnement dans lequel elle évolue, notamment en développant
certaines fonctions. Le risque cependant est une complexification de la structure, et une remise en cause de l’équilibre institutionnel voulu par les États
fondateurs.

leurs fonctions :

politiques : nous pouvons classer ici l’ensemble des organes chargés de définir la politique générale de l’organisation en adoptant des
directives (qu’elles soient adressées aux États membres ou aux autres organes),

administratives : l’organe chargé de l’administration de l’organisation est généralement dénommé « Secrétariat ». Ces organes assurent la
préparation et l’exécution des décisions des organes politiques, et agissent généralement sous l’autorité des organes politiques,

juridictionnelles : les actes constitutifs prévoient parfois la création d’un organe juridictionnel. Cette multiplicité des juridictions fait du système
juridictionnel international un système très « éclaté » (V. J. Combacau et S. Sur, Droit international Public : Montchrestien, 11e éd., Paris,
Domat, 2014, p. 742). Pour générale qu’elle soit, la compétence de la CIJ ne saurait pallier ces faiblesses en raison de son caractère facultatif
(V. Fiche pédagogique n° 3292 : La Cour internationale de justice) ;

leur composition :

les organes composés de représentants étatiques (organes « interétatiques ») : ces organes sont la traduction institutionnelle de la nature
intergouvernementale de l’OI. Il peut s’agir d’organes pléniers (assemblée générale, conférence générale, conférence des chefs d’État et de
gouvernement, etc.), ou d’organes restreints (conseil exécutif, conseil d’administration, conseil de sécurité, etc.),

les organes composés d’agents internationaux (organes « intégrés ») : ces agents sont en grande partie des fonctionnaires internationaux
(les fonctionnaires internationaux sont nommés et rémunérés par l’organisation. Ils sont soumis à un certain nombre de devoirs, et bénéficient
de privilèges et immunités visant à assurer leur indépendance). Ces organes assurent l’autonomie de l’organisation à l’égard de ses membres.
L’organisation internationale est généralement composée d’un organe administratif intégré qui en assure le fonctionnement continu (un
secrétariat). À cela peut s’adjoindre une juridiction composée de juges indépendants, ou des organes techniques composés d’experts désignés
à titres personnels.

Conseil : Ces classifications ne sont que des outils de compréhension, et leur pertinence dépend de la finalité de l’analyse et de son objet. Plusieurs critères
peuvent être utilisés pour qualifier un même organe, ils ne sont pas exclusifs. La CIJ par exemple peut être classifiée comme un organe principal, intégré, et
exerçant une fonction juridictionnelle.

4.2. Les modalités de participation à l’organisation internationale

4.2.1. Le statut de membre

Une distinction est classiquement faite entre les membres dits « originaires », ou « fondateurs », et les membres « admis » :

les premiers sont les membres de l’OI ayant participé à sa création (V. par ex. Charte des Nations Unies, art. 3) ;

les seconds ont intégré l’organisation postérieurement à sa création, par voie d’admission conformément aux procédures prévues par l’acte constitutif (V.
JCl. Droit international, fasc. 112-20).

La distinction n’est pas pertinente sur le plan juridique, puisque les droits et obligations sont généralement les mêmes. Elle l’est cependant sur le plan politique,
puisque la première catégorie de membre détermine les conditions dans lesquelles les autres États accéderont à ce statut de membre.

D’autres distinctions s’avèrent quant à elles juridiquement pertinentes. Les membres pléniers (titulaires de l’ensemble des droits et assujettis à l’ensemble des
obligations attachées au statut de membre), doivent être distingués d’autres catégories d’États disposant de droits moins étendus les membres associés et les
membres observateurs.

Les actes constitutifs prévoient parfois un statut de membre associé permettant aux États non-Parties au statut mais remplissant les conditions prévues de
participer à ses travaux. N’étant pas liés par l’acte constitutif (mais par un accord d’association), ils ne sont pas soumis aux obligations prévues par le droit de l’
OI. La contrepartie est qu’ils ne disposent alors logiquement pas du droit de vote, et leur droit de participation à certains organes est parfois limité.

Enfin, le statut d’observateur correspond à une distanciation encore accrue du lien entre l’organisation et l’État. Il permet la participation d’entités autres que les
États (mouvement de libération, OI, ONG). Le statut d’observateur est variable. Il est régi par le droit de l’OI (charte et règlement intérieur), et connaît parfois une
extension notable dans la pratique. Une même OI peut prévoir plusieurs statuts distincts d’observateurs. Selon les OI, ce statut octroie ainsi un droit de
participation ponctuel ou permanent ; avec ou sans droit de parole ; à tout ou partie des organes (pour aller plus, loin : V. C. Philip, Une typologie des statuts de
membres dans les organisations internationale : RQDI, n° 1, 1984, p. 45-68).

Ce statut est par ailleurs en théorie indépendant de la reconnaissance des États (sur la reconnaissance : V. Fiche pédagogique n° 3285 : L’État).

Exemple : L’État de Palestine s’est vu reconnaître en 1974 (l’OLP à l’époque) le statut d’observateur (rés. 3237 de l’AGNU), ce statut ayant été fortement
renforcé en 1998 (rés. 52/250). En 2012, l’admission en tant que membre semblant improbable en raison de l’opposition de certains membres permanents du
Conseil de sécurité, la Palestine obtint néanmoins le statut d’État observateur non-membre (rés. 67/19). Suite à la décision du « Groupe des 77 plus de la
Chine » de nommer la Palestine comme président de leur coalition pour l’année 2019, l’Assemblée Générale des Nations Unies a approuvé une résolution
en octobre 2018 par laquelle elle reconnaît à la Palestine des droits et privilèges additionnels. Il s’agit notamment de la possibilité de participer aux sessions
de l’Assemblée et aux conférences convoquées sous ses auspices en faisant, au nom du G77 et de la Chine des déclarations, des propositions et
amendements, de répondre sur ses positions et de soulever des motions de procédure.

L’acquisition du statut de membre est déterminée par l’acte constitutif de chaque OI, et est en général indépendante de la possession de ce statut au sein d’
une autre OI. La Palestine est ainsi devenue membre de l’UNESCO le 31 octobre 2011.

Les entités bénéficiaires

La qualité de membre d’une OI est reconnue à toute entité Partie au traité constitutif de ladite organisation. Il s’agit généralement d’un État, ou d’une organisation
internationale. Le statut de membre correspond à un ensemble de droits et d’obligations découlant du traité en question.

La procédure d’acquisition de la qualité de membre

Elle est prévue par l’acte constitutif. Pour certaines organisations, elle ne nécessite qu’une simple adhésion à l’acte constitutif. Pour d’autres, une procédure d’
admission est prévue, celle-ci supposant le respect de condition de fond et de forme et un examen individuel de chaque candidature par les organes de l’
organisation.

Les droits et obligations attachés

Un certain nombre de droits et d’obligations sont attachés à la qualité de membre. Il convient de se référer à l’acte constitutif afin de les déterminer. Au regard de l’
importante variabilité des droits et obligations y étant attachés il est difficile de définir un statut juridique de membre.

Cependant, nous pouvons identifier quelques tendances générales : le statut de membre plénier englobe le droit de participation aux organes de l’organisation
(du moins aux organes pléniers), et le droit de vote. Cependant, certains actes constitutifs établissent une différenciation en prévoyant un droit de veto au
bénéfice de certains membres (Conseil de sécurité des Nations Unies), ou par une pondération des voix (Fonds Monétaire International). Les obligations à la
charge des membres varient elles-aussi d’une OI à l’autre et sont définies au sein de l’acte constitutif. Elles ont vocation à assurer le bon fonctionnement de l’
organisation et recouvrent a minima une obligation générale de coopération, ainsi qu’une contribution financière.

4.2.2. La perte de la qualité de membre

La qualité de membre n’est pas immuable. Deux cas doivent être distingués en fonction que la perte de la qualité de membre résulte de la volonté de l’État, ou qu’
il la subisse :

le retrait : ses raisons sont généralement politiques. Il convient de distinguer 2 cas :

lorsque l’acte constitutif prévoit des dispositions spécifiques sur ce point, celles-ci s’appliquent. Dans le cadre du système des Nations Unies, c’
est le cas notamment de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, art. XIX de l’acte constitutif), OIT (
Organisation internationale du Travail, art. 1§ 5 de la Constitution de l’OIT), ou de l’UNESCO (Organisation pour l’éducation, la science et la
culture, art. II de l’acte constitutif). De manière générale, en se référant aux actes constitutifs on observe que la procédure peut être déclenchée
unilatéralement, à tout moment, et est assortie d’un délai de préavis,

à défaut, bien que cela soit encore discuté en doctrine, il semble que les règles codifiées par les articles 54 et 56 de la Convention de Vienne
sont applicables en l’espèce. Ainsi, en l’absence de dispositions spécifiques, le retrait reste possible lorsqu’il ressort de l’intention des Parties d’
admettre une telle possibilité (il faut alors examiner les travaux préparatoires, lorsqu’ils sont disponibles), ou si le droit de retrait peut être déduit
de la nature du traité.

Conseil : Le retrait par un État d’une organisation internationale est loin d’être théorique. S’il est relativement rare, la politique américaine récente l’a rendu
actuel.

Durant l’année 2017, l’administration Trump a annoncé le retrait des États-Unis de plusieurs accords multilatéraux, mais aussi, le 12 octobre 2017, de l’
UNESCO. La procédure de retrait de cette organisation est régie par l’article 6 de l’acte constitutif de l’UNESCO qui dispose que « Tout État membre ou
Membre associé de l’Organisation peut se retirer de l’Organisation après avis adressé au Directeur général. Le retrait prend effet au 31 décembre de l’année
suivant celle au cours de laquelle l’avis a été donné. Il ne modifie en rien les obligations financières de l’État intéressé envers l’Organisation à la date à
laquelle le retrait prend effet. En cas de retrait d’un Membre associé, l’avis est donné en son nom par l’État membre ou l’autorité, quelle qu’elle soit, qui
assume la responsabilité de ses relations internationales ». Le retrait effectif des États-Unis est intervenu le 31 décembre 2018. La décision des États-Unis
était motivée par la politique de l’UNESCO jugée anti-israélienne, notamment en raison des décisions adoptées par le Comité du Patrimoine mondial sur les
sites de Jérusalem-est (décision 40COM7A.13) et celui sur la vielle ville d’Hébron (décision 41COM 8B.1) classant le site comme site Palestinien.

Le 6 juillet 2020 (dans le cadre de la crise du Coronavirus), D. Trump avait initié le retrait des États-Unis de l’OMS. Cette annonce s’avérait plus épineuse sur
le plan juridique puisqu’aucune disposition de la Charte constitutive de l’Organisation ne règlemente cette question. Au moment de leur ratification, les États-
Unis avaient néanmoins émis une réserve (reconnue valide par la première Assemblée de l’Organisation) autorisant leur retrait (et prévoyant que celui-ci
prendrait effet à l’issue d’un délai d’un an après sa notification). Néanmoins, avant que le retrait ne puisse devenir effectif (le 6 juillet 2021), Joe Biden est
revenu, le 20 janvier 2021, sur cette décision. Les États-Unis demeurent donc membre de l’Organisation et continueront de contribuer à son financement.

l’exclusion : l’exclusion apparaît la plus grave des mesures sur une échelle de sanction pouvant être prévue par l’acte constitutif et faisant suite à des
violations par l’État du droit de l’organisation. Elle consiste à retirer à un État la qualité de membres, et dès lors les droits de participation y étant
associées. Elle est généralement prononcée par l’organe plénier de l’organisation, éventuellement sur recommandation d’un organe restreint (V. CSNU,
FMI, Conseil de l’Europe, etc. – V. JCl. Droit international, fasc. 112-20). Cette mesure pouvant être contre-productive en déliant totalement l’État, d’
autres sanctions peuvent lui être préférées telles que :
la suspension partielle (limitée au droit de vote),

ou totale des droits et privilèges.

Exemple : Dans le cadre de la crise Ukrainienne, la question de l’exclusion de la Russie de diverses organisations internationales et de leurs organes s’est
posée. Le 25 février 2022, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a décidé, sur le fondement de l’article 8 de son Statut prévoyant une telle possibilité,
de suspendre la Russie de ses droits de représentation. Le 15 mars suivant, la Russie a notifié son retrait à l’organisation qui devait, en vertu de l’article 7 du
Statut, prendre effet à la fin de l’année. Face à l’aggravation de la situation et afin de neutraliser cette action risquant de maintenir temporairement la
Fédération dans l’organisation européenne, le Comité des ministres a décidé, le 16 mars 2022, l’exclusion immédiate de la Russie.

De même et dans un cadre universel, le 7 avril 2022, l’AGNU a adopté une résolution par laquelle elle décide de suspendre les droits de membre de la
Fédération de Russie au Conseil des droits de l’homme. Cette résolution se fonde sur la possibilité offerte par la résolution 60/251 de 2006 créant le Conseil
des droits de l’homme autorisant l’AGNU à suspendre un pays en cas de violation grave des droits de l’homme. Une telle suspension n’avait été décidé qu’une
fois, en 2011 à l’égard de la Libye.

Enfin, nous pouvons noter que Volodymyr Zelensky a demandé, à la fin du mois de décembre 2022, que la Russie soit exclue de l’ONU. Mais nous savons qu’
en dehors de l’impact symbolique et médiatique de cette demande, elle n’a pas de chance d’aboutir en raison du droit de veto dont dispose la Russie au
Conseil de sécurité. En effet, en vertu de l’article 6 de la Charte il est possible d’exclure un membre de l’Organisation par un vote de l’Assemblée générale,
mais cette dernière ne peut se prononcer que sur proposition du Conseil de sécurité. Plus encore, il est juridiquement contestable que cette possibilité puisse
être mobilisée à l’encontre d’un membre permanent, ou à tout le moins cela nécessiterait d’amender l’article 23, § 1 de la Charte relatif à la composition du
Conseil de sécurité. Or, en vertu de l’article 108 régissant l’adoption des amendements, il serait nécessaire d’obtenir, pour se faire, un vote favorable de tous
les membres permanents.

Conclusion

La variété des organisations internationales, tant dans leur nombre que leur forme rend difficile leur classification. Plusieurs critères de distinction peuvent être
mobilisés. On distingue généralement en fonction :

de leur composition : organisations à vocations universelles/organisations régionales ;

de leur compétence : générales/spécialisées ;

de leur objectif (se traduisant par l’autorité de l’organisation à l’égard des États membres) : organisations de coopération/d’intégration.

Leur nombre n’est en aucun cas figé, et leur création s’opère aux grés des besoins de la société internationale. Les OI apparaissent aujourd’hui comme des
acteurs importants de la gouvernance internationale et agissent dans un large spectre de domaines matériels, celles-ci se répartissant les grandes questions à l’
instar de la santé, le commerce, ou encore le travail (respectivement OMS, OMC et OIT). L’environnement demeure sur ce point le parent pauvre des relations
internationales, dans la mesure où aucune organisation mondiale de l’environnement n’a à ce jour été créé. Cette option, soutenue notamment par la France, est
débattue depuis plus de 30 ans. La question avait été renouvelée en 2012 à l’occasion de la Conférence Rio +20, sans toutefois aboutir. La création d’une OME
semble néanmoins prévisible à moyen terme. À l’heure actuelle et depuis 1972, l’entité en charge de la question environnementale au niveau universel est le
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), celui-ci n’étant pas une organisation internationale mais un organe subsidiaire de l’AGNU (sur des
éléments de débats pour la création d’une OME, V. : F. Biermann, E. Rolland-Piègue et K. von Moltke, Créer une organisation internationale de l’environnement :
Les notes de l’IDDRI, n° 5, 2004, p. 35).

Pour aller plus loin :

J. Charpentier, Institutions Internationales : Dalloz, Paris, 17e éd., 2009, p. 136

J. Combacau et S. Sur, Droit international Public : Montchrestien, Paris, 11e éd., Domat, 2014, p. 830

P. Daillier, A. Pellet et M. Forteau, Droit International Public : LGDJ, Paris, 8e éd., 2009, 1709 p.

E. David, Droit des organisations internationales : Bruylant, Bruxelles, 2016, p. 829

P.-M. Dupuy et Y. Kerbrat, Droit International Public : Dalloz, Paris, 12e éd., 2014, p. 1000

S. Hamdouni, Institutions internationales : Ellipses, Paris, 2e éd., 2007, p. 186

E. Lagrange et J.-M. Sorel (ss dir.), Droit des organisations internationales : LGDJ, Paris, 2013, p. 1197

J. Salmon, Dictionnaire de droit international Public : Bruylant, Bruxelles, 2001, p. 1198

H. Simonian – H. Gineste, Fiches d’institutions internationales : Ellipses, Paris, 2e éd., 2012, p. 239

T. Ben Salah, Institutions internationales, Paris, Armand Colin : Dalloz, 2005, p. 330

Exercices

1. Cas Pratique

1.1. Énoncé
Répondez aux questions suivantes sur la base de vos connaissances et des extraits de l’acte constitutif fournis :

Questions :

quels sont les organes pléniers et restreints de l’organisation ?

est-il possible pour un État n’ayant pas participé à l’élaboration de l’acte constitutif de devenir membre de l’organisation, et dans l’affirmative, comment ?

les États membres peuvent-ils se retirer de l’organisation, et dans l’affirmative, comment ?

la FAO est-elle compétente afin d’adopter des recommandations adressées aux États membres leur demandant de prendre les mesures possibles afin
de promouvoir l’agroforesterie ?

Extrait de l’acte constitutif de la FAO :

Préambule

Les États qui adhèrent au présent acte, résolus à développer le bien-être général par une action particulière et collective, afin :

d’élever le niveau de nutrition et les conditions de vie des populations placées sous leur juridiction respective ;

d’améliorer le rendement de la production et l’efficacité de la répartition de tous les produits alimentaires et agricoles ;

[…]

constituent par les présentes l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

[…]

Article premier

Fonctions de l’Organisation

[…]

2. L’Organisation encourage et, au besoin, recommande toute action de caractère national et international intéressant :

a) la recherche scientifique, technologique, sociale et économique en matière de nutrition, d’alimentation et d’agriculture ;

b) l’amélioration de l’enseignement et de l’administration en matière de nutrition, d’alimentation et d’agriculture, ainsi que la vulgarisation des connaissances
théoriques et pratiques relatives à la nutrition et à l’agriculture ;

c) la conservation des ressources naturelles et l’adoption de méthodes améliorées de production agricole ;

[…]

3. L’Organisation a en outre pour fonctions :

a) de fournir aux gouvernements l’assistance technique qu’ils demandent ;

b) d’organiser, en coopération avec les gouvernements intéressés, les missions nécessaires pour les aider à exécuter les obligations nées du fait d’avoir souscrit
aux recommandations de la Conférence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et au présent acte ; et

c) de façon générale, de prendre toutes dispositions voulues pour atteindre les buts de l’Organisation tels qu’ils sont définis dans le préambule.

Article II

Membres et membres associés

1. Sont membres d’origine de l’Organisation ceux des États énumérés à l’Annexe I qui ont accepté le présent acte conformément aux dispositions de l’article XXI.

2. La Conférence peut, à la majorité des 2 tiers des suffrages exprimés et sous réserve que la majorité des États Membres de l’Organisation soient présents,
décider d’admettre à la qualité de membre de l’Organisation tout État qui a déposé une demande d’admission accompagnée d’un instrument officiel par lequel il
accepte les obligations découlant de l’Acte constitutif en vigueur au moment de l’admission.

[…]

Article III

Conférence

1. L’Organisation comporte une Conférence à laquelle les membres et les membres associés sont représentés chacun par un délégué. Les membres associés
participent aux délibérations de la Conférence, mais ils ne peuvent y exercer de fonctions et n’ont pas le droit de vote.

[…]
Article V

Conseil de l’Organisation

1. La Conférence élit le Conseil de l’Organisation. Le Conseil se compose de 49 États Membres qui y délèguent chacun un représentant et ne disposent chacun
que d’une voix. Chaque membre du Conseil peut en outre faire accompagner son représentant de suppléants, d’adjoints et de conseillers.

Article XIX

Retrait des États Membres et des membres associés

Après un délai de quatre ans à compter du jour de son adhésion au présent acte, tout État Membre peut, à tout moment, notifier son retrait de l’Organisation. La
notification du retrait d’un membre associé est donnée par l’État Membre ou par l’autorité qui a la responsabilité de la conduite de ses relations internationales.
Ce retrait devient effectif un an après le jour où il a été notifié au Directeur général. Tout État Membre qui a notifié son retrait ou tout membre associé dont le
retrait a été notifié demeure redevable de sa contribution pour la totalité de l’année civile au cours de laquelle ce retrait devient effectif.

1.2. Corrigé

L’organisation se compose :

d’un organe plénier (la conférence), composé de l’ensemble des États membres, chacun disposant d’une voix. Les membres associés peuvent participer
aux délibérations mais sans droit de vote (article II) ;

d’un organe restreint : le Conseil, qui se compose de 49 États membres disposant chacun d’une voix.

Oui. À côté des membres originels, l’acte constitutif prévoit la possibilité pour les États de devenir membre de l’organisation. Pour ce faire, les États doivent
notifier une demande d’admission accompagnée d’un instrument d’acceptation. Il reviendra à la Conférence de décider d’admettre les nouveaux États à la qualité
de membre de l’organisation. Ces décisions sont prises à la majorité des 2 tiers des suffrages exprimés, un quorum, fixé à la majorité des États membres, étant
exigé.

Oui, l’acte constitutif en son article XIX prévoit une telle possibilité. Le retrait bien que possible est cependant encadré :

il s’opère par une notification de l’État au Directeur général de l’organisation ;

le retrait est exclu pendant une durée de 4 ans après l’adhésion à l’acte constitutif ;

il ne produit ses effets qu’à l’issu d’un délai d’un an après la notification ;

l’acte prévoit enfin un maintien partiel des obligations puisque la contribution financière de l’État s’étant retiré devra être versée pour l’ensemble de l’
année durant laquelle le retrait devient effectif. Par exemple, si un État notifie son retrait au DG le 5 mai 2015, celui-ci deviendra effectif à la date du
6 mai 2016, et l’État bien que ne disposant plus des droits attachés au statut de membre, et n’étant plus assujettis aux autres obligations, il sera tout de
même tenu de verser l’entièreté de sa contribution pour l’année 2016.

Les OI ont une compétence d’attribution. Ces mesures sont conformes à la compétence attribuée à l’organisation selon laquelle elle recommande toute action
visant « la conservation des ressources naturelles et l’adoption de méthodes améliorées de production agricole ». Elle s’insère, en outre, dans les fonctions lui
étant dévolue « de prendre toutes dispositions voulues pour atteindre les buts de l’Organisation tels qu’ils sont définis dans le préambule » (Fiche pédagogique
n° 3187 : Résoudre un cas pratique).

2. Dissertation

2.1. Énoncé

« La volonté des États face aux organisations internationales ».

2.2. Corrigé

Introduction

Opérez un rappel sur les transformations de la société internationale, et du droit international. Rappelez notamment que le droit international a été pendant
longtemps un droit interétatique, le droit régissant « les rapports entre des États indépendants ». Peu à peu la coopération s’est accrue et institutionnalisée
donnant naissance aux organisations internationales qui se sont vues reconnaître la qualité de sujet de droit.

Il convient dès lors de s’interroger dans quelle mesure l’apparition des OI vient remettre en cause le droit international fondé sur le volontarisme interétatique.

L’apparition d’une volonté indépendante

Une entité pourvue de la personnalité juridique internationale

La reconnaissance par le droit d’une catégorie de sujet de droit à côté des États composée des OI a été opérée par l’avis de la CIJ datant de 1949. La Cour de la
Haye, devant s’interroger sur la capacité de l’ONU à présenter une « réclamation internationale », elle constatera que l’Organisation jouit de la personnalité
juridique internationale.
La Cour infère cette personnalité des fonctions reconnue à l’Organisation de sorte que celle-ci est implicitement attribuée par l’acte constitutif car nécessaire à l’
exercice des fonctions qui lui ont été attribuées. Il s’agit donc d’une personnalité fonctionnelle, limitée par le principe de spécialité.

Une entité disposant des moyens nécessaires à son autonomie

Les OI disposent d’un ensemble de compétences afin de poursuivre le but pour lequel elles ont été créées. Ces compétences leurs sont attribuées explicitement
par l’acte constitutif, ou implicitement en tant que conséquence nécessaire (rappel sur la détermination des compétences). Elles peuvent être de plusieurs
formes : normatives, opérationnelles, de contrôle/sanction (développez).

Outre ces moyens juridiques d’actions autonomes, les OI disposent de moyens pratiques que sont leurs organes. Les actes constitutifs prévoient la création d’
organes. Ceux-ci sont un élément de leur définition (Faites un rappel sur les différents types d’organes et leurs fonctions).

La persistance de la volonté étatique

Une entité déterminée par la volonté étatique

La volonté des États joue tant au niveau de la création de l’OI et l’attribution de ses compétences par l’acte constitutif, que dans leur mise en œuvre (Rappel sur l’
acte constitutif).

Importance de la composition et les modalités de prise de décision des organes. Plus largement les OI sont un sujet dérivé. Leurs compétences sont des
compétences d’attribution, et lorsque la théorie des compétences implicites permet de les étendre à celles nécessairement impliquées, elles demeurent
encadrées par le principe de spécialité et donc par la volonté des États.

Une participation volitive

La participation aux activités de l’OI qu’elle se traduise par le statut de membre plénier, associé, ou d’observateur est dépendante de la volonté des États. Le
caractère volontaire de la participation des États se traduit par la possibilité de ceux-ci de s’en retirer (développez).

Conclusion

Les OI sont un sujet du droit international, mais un sujet dérivé dont l’action est largement déterminée par la volonté des États. La théorie des pouvoirs implicites
qui permet d’étendre les compétences au-delà de la lettre de l’acte constitutif n’en est pas moins conforme à la volonté des États qui ne se limite pas à une
détermination de moyen, mais à leur assujettissement à une fin, la fonction de l’organisation.

La création des OI est entièrement déterminée par la volonté des États de confier une fonction à ces structures plus aptes à l’accomplir. L’ordre juridique
international se doit d’adapter ses catégories juridiques et reconnaître à ces entités la personnalité juridique dès lors que cela est conforme à la volonté (bien qu’
implicite) des États, et justifié par une nécessité de la société internationale. Comme le note la Cour dans son avis de 1949, « Les sujets de droit, dans un
système juridique, ne sont pas nécessairement identiques quant à leur nature ou à l'étendue de leurs droits ; et leur nature dépend des besoins de la
communauté ».

(V. Fiche pédagogique n° 3335 : Rédiger une dissertation).

Outils

1. Glossaire

Acte constitutif : Traité ayant pour objet la création d’une organisation internationale

Agent international : « toute personne par qui l’Organisation agit » (CIJ, avis, 11 avr. 1949, Réparation des dommages subis au service des Nations
Unies)

Compétence explicite : Compétence prévue explicitement par le traité constitutif (faisant l’objet d’une de ses dispositions)

Compétence implicite : compétence qui sans être expressément attribuée à l’OI lui est reconnue car considérée comme nécessaires à l’
accomplissement de ses fonctions

Membre : Sont membres d’une OI les États Partie au traité constitutif de cette OI

Membre originaire/fondateur : État membre ayant participé à l’élaboration de l’acte constitutif de l’OI

Membre admis : État ayant adhéré à l’acte constitutif postérieurement à la création de l’OI, et selon les modalités prévues par celui-ci

OI a vocation universelle : OI dont la participation est ouverte à tous les États

Organisation régionale : OI dont la participation est ouverte à un nombre limité d’États sur la base de critères géographiques, politiques, idéologiques, ou
culturels

Principe de spécialité : principe selon lequel la personnalité juridique des OI, et leurs compétences sont limitées à celles nécessaires à l’
accomplissement de la fonction qui leur est dévolue explicitement ou implicitement par l’acte constitutif

2. Conseils/Pièges à éviter
Se référer en priorité à l’acte constitutif. Bien que les points étudiés dans cette fiche soient un prérequis à l’étude d’une OI, son fonctionnement ne peut
être appréhendé qu’en se référant aux dispositions de son acte constitutif qui précise les règles s’appliquant à celle-ci.

Faite attention à ne pas vous enfermer dans une lecture trop rigide de l’acte constitutif. Théorie des pouvoirs implicite et principe de spécialité doivent
guider votre analyse.

Bien distinguer membres pléniers, membres associés, observateurs.

N’oubliez pas que les OI contrairement aux États n’ont pas une plénitude de compétences. Elles sont régies par le principe de spécialité.

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