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Leçon 3 :

 O.G. – Comprendre les doctrines sociales nées de la révolution industrielle


 O.S. 1 – Définir le syndicalisme.
 O.S. 2 – Expliquer la lutte des ouvriers pour l’amélioration de leurs conditions.
 O.S. 3 – Analyser le socialisme.
 O.S. 4 – Distinguer les différents types de socialisme.

Introduction
La révolution industrielle a profondément transformé les mentalités de la société
européenne et donné naissance à de nouvelles doctrines sociales : le syndicalisme
et le socialisme. Chacune de ces doctrines présente des tendances.
I. Le syndicalisme
1. Les fondements du syndicalisme
Le syndicalisme est un mouvement qui a pour objet de grouper les travailleurs
exerçant une même profession dans un syndicat, en vue de la défense de leurs
intérêts professionnels et de leurs conditions de travail. Après des débuts hésitants,
les ouvriers ont réussi à arracher au patronat des droits essentiels. Le droit syndical
est reconnu en Angleterre en 1825 et en France en 1884. Le droit de grève est
admis en Angleterre en 1830 et en France en 1864.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’avènement du suffrage universel donne
aux ouvriers un important moyen d’action va leur permettre d’améliorer leurs
conditions. Ainsi la durée du travail hebdomadaire est portée à 40 heures, la
protection sanitaire et la garantie sociale sont assurées. Cependant la lutte ouvrière
a connu des épisodes sanglants (massacre de Peterloo en 1819, répression de la
révolte des Canuts à Lyon en 1831 et en 1834, massacre de Chicago du 1er mai 1886,
etc.).

2. Les tendances du syndicalisme


L’histoire du syndicalisme est marquée par l’existence de deux grands courants de
pensée : le syndicalisme révolutionnaire et le syndicalisme réformiste, qui
imposent deux types différents d’action syndicale.
Le syndicalisme révolutionnaire trouve ses origines dans la théorie anarchiste. Il
est surtout représenté en Italie, en France et en Espagne. Il se manifeste par la
volonté de détruire le capitalisme par la grève générale et réclame son indépendance
vis-à-vis de tout parti politique. (En Angleterre, s’est développé le luddisme ou
mouvement des Luddites, mouvement de destruction des machines entre 1811 et
1820, de John Ludd qui avait détruit des machines en 1780).

A ce syndicalisme révolutionnaire s’oppose le syndicalisme réformiste,


d’inspiration anglo-saxonne et germanique. A l’imitation de la pratique syndicale (le
trade-unionisme) en Grande-Bretagne, les tenants du réformisme préconisent la
collaboration avec le patronat et une liaison étroite entre les syndicats et le parti
politique chargé de défendre les intérêts de la classe ouvrière : tel est le cas du
Labour Party (Parti travailliste) de Grande-Bretagne, du Parti social-démocrate
allemand, du Parti démocrate aux Etats-Unis, etc. Les syndicats se définissent alors
comme les relais des revendications ouvrières auprès des partis politiques. En
Allemagne par exemple, l’influence des syndicats obligea Bismarck à faire voter des
lois sociales avancées en 1884.
II. Les socialismes
Au début du XIXe siècle, des penseurs, prolongeant la réflexion des philosophes du
XVIIIe siècle, se préoccupent du sort de la société dans son ensemble. Ils estiment
qu’une trop grande liberté économique provoque des faillites, le chômage, un
gaspillage de la production et la misère chez les ouvriers. Ces penseurs sont
appelés « socialistes ». Ils proposent de réorganiser la société sur des bases plus
justes. Le socialisme s’est développé en deux étapes essentielles : il est d’abord
utopique avant d’être révolutionnaire.
1. Le socialisme utopique
On appelle ce socialisme « utopique » car les idées que défendent les premiers
socialistes manquent de réalisme. Ses plus célèbres théoriciens sont l’Anglais
Robert Owen, les Français Louis Blanc (1811-1882), Charles Fourier (1772-1837),
Claude Henri de Saint-Simon (1760-1825) et Pierre Joseph Proudhon (1809-1865),
le Russe Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine (1814-1876), etc. Ils font une critique
sévère du capitalisme et préconisent son remplacement par le socialisme.
Owen, ouvrier devenu patron, propose le remplacement du patronat par des
coopératives de production. Saint-Simon préconise le collectivisme et critique la
propriété privée car elle consacre l’exploitation de l’homme par l’homme. Fourier
rêve d’une société idéale où hommes et femmes seraient regroupés en petites
communautés : les phalanstères. Louis Blanc propose des ateliers de production
devant se substituer à la production capitaliste. Plus violemment, Proudhon et
Bakounine dénoncent l’Etat qu’ils considèrent comme un instrument au service des
intérêts de la bourgeoisie.
2. Le socialisme scientifique ou marxiste
Elaborée par Karl Marx (1818-1883) et ses disciples Friedrich Engels (1820-1895) et
Lénine (1870-1924), cette doctrine se veut scientifique et révolutionnaire. Elle nie
toute considération morale et se fonde sur deux principaux axes de réflexion : le
matérialisme dialectique et le matérialisme historique.
- le matérialisme dialectique : le matérialisme affirme le primat de la matière sur
l’esprit ; la dialectique, c’est la loi de l’opposition. En associant ces deux termes,
Marx veut dire que dans la lutte (opposition) entre les classes sociales, celle qui
s’appropriera les moyens de production dominera sur les autres ;
- le matérialisme historique : c’est l’application du matérialisme dans l’histoire des
hommes. Marx dit que « l’histoire de toute société, jusqu’à nos jours, n’a été que
l’histoire de la lutte des classes ». Dans l’Antiquité, ce fut l’opposition
maîtres/esclaves et patriciens/plébéiens. Au Moyen Age, le féodalisme a opposé
seigneurs (barons) et serfs. A l’époque contemporaine, le capitalisme a opposé
patrons bourgeois et ouvriers. Marx en tire la conclusion que « la lutte des
classes est le moteur de l’histoire ».
Ainsi il parle du combat pour l’avènement du communisme qui donnera au
prolétariat la domination économique et le pouvoir politique et permettra d’instaurer
la dictature de la majorité sur la minorité. Cette dictature doit déboucher sur une
société sans classe, sans Etat, sans exploitation où les moyens de production
seront à la disposition de la collectivité. L’appel lancé par Marx en 1848,
« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » trouve un écho dans une
Association Internationale des Travailleurs à Londres en 1864 qui sera dissoute
en 1876. Une seconde Internationale comprenant la majorité des partisans de Marx
sera fondée en 1889 : c’est l’Internationale socialiste (la IIIe Internationale sera
l’œuvre de Lénine le 2 mars 1919 et IVe Internationale fondée en 1938 sur l’initiative
de Trotski). La puissance du mouvement socialiste grandit et inquiète les
conservateurs et les libéraux. Ses plus puissants partis sont le Parti social-
démocrate allemand, le Labour Party anglais, la SFIO en France (1905) dirigé par
Jean Jaurès, le Parti socialiste de Russie dirigé par Lénine.
Conclusion
Les conditions de la classe ouvrière se sont améliorées grâce à d’importants
mouvements syndicaux appuyés souvent par des théoriciens socialistes. Les
nouvelles doctrines sociales s’étendent dans le monde entier. Aujourd’hui le
socialisme tend à disparaître. Le syndicalisme par contre se renforce de mieux en
mieux. Mais il faut signaler que les mutations provoquées par la révolution
industrielle poussent l’Europe à étendre son action sur les autres continents, l’Afrique
plus particulièrement.

Bibliographie

Rioux (J. P.), La Révolution industrielle, Paris, Seuil, 1971.


Renan (E.), L’Avenir de la science, 1848.
Mantoux (P.), La Révolution industrielle, éd. Th. Génin, 1959.
Manuel d’Histoire Seconde, Belin, 1987.
Manuel d’Histoire 4e, Belin, 1992.
Manuel d’Histoire 4e, Nathan, 1992.
Manuel d’Histoire 4e, Hâtier, 1992.
Manuel d’Histoire 3e, EDICEF, 1988.

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