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Leçon 9 :

 O.G. – Comprendre la lutte des peuples africains contre l’impérialisme.


 O.S. 1 – Distinguer les différentes formes de résistance.
 O.S. 2 – Expliquer le déroulement de la lutte de quelques résistants.
 O.S. 3 – Tirer le bilan global des résistances.

Introduction
La résistance, c’est l’action de s’opposer. En Afrique et particulièrement au Sénégal,
les peuples indigènes ont opposé une vive résistance à l’impérialisme européen. Ces
résistances ont pris deux formes principales : la résistance active et la résistance
passive. Elles ont fini par être brisées.

I. Les formes de résistance

1. La résistance active

Il s’agit de la résistance ayant opposé les armées coloniales et celle des chefs
africains. La résistance armée s’explique par le caractère guerrier des peuples
africains. Dans chaque royaume, il existait une classe guerrière au service des
familles régnantes ; c’est le cas des Ceddo dans les royaumes wolof ou des
Gelowaar dans les royaumes sérères. Les moyens de défense utilisés sont la
guérilla, le guet-apens, les embuscades, les armes blanches, et même les armes à
feu. Les grandes figures de la résistance armée sont El Hadj Omar (1797-1864), Lat
Dior (v. 1842-1886), Maba Diakhou Bâ, Mamadou Lamine Dramé (v. 1840-1887),
Alboury Ndiaye (au Sénégal), Samory Touré (v. 1830-1900), Béhanzin (1844-
1906), Rabah, Le Mahdi, etc.

2. La résistance passive

Après la soumission des royaumes et la mise en place de l’administration coloniale,


les peuples africains utilisent d’autres formes de résistance non violentes : la
résistance culturelle et la résistance populaire.
La résistance culturelle est menée par les chefs musulmans et les peuples animistes.
Les chefs religieux musulmans se sont servis de l’islam pour endiguer le
christianisme. C’est le cas au Sénégal avec El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou
Bamba. Les moyens utilisés sont l’enseignement du Coran et de la charia islamique.
Les animistes (notamment en pays Diola) ont également été réfractaires au
christianisme qui constituait un danger pour la structure des mœurs et celle de la
tradition. Ils ont surtout utilisé comme moyens la sorcellerie et la magie.
La résistance populaire est menée contre l’autorité coloniale. Elle se manifeste par le
refus du service militaire, de payer l’impôt, la désobéissance civile, les sabotages,
etc. l’une des grandes figures de la résistance populaire est la Casamançaise Aline
Sitoé Diatta, qui a demandé à son peuple de refuser de payer l’impôt, de cultiver
l’arachide, d’exécuter les travaux imposés par le colonisateur et de servir dans
l’armée.
Contrairement à la résistance armée, la résistance passive n’a pas cédé aux
exigences de la colonisation. Elle a joué un rôle important dans le processus de
décolonisation.

II. Quelques exemples de résistance

1. Lat Dior et Samory, deux symboles de la résistance armée

a) Lat Dior

Né vers 1842 à Keur Amadou Yalla, Lat Dior, devenu Damel en 1862, s’oppose très
vite à la pénétration française. Il remporte trois victoires décisives contre les Français
à Ngol Ngol (30 décembre 1863), à Pathé Badiane (28 décembre 1865) et à Meckhé
(1869). Reconnu damel en 1871 après son retour d’exil du Rip, il s’oppose au
passage du chemin de fer au Cayor et au développement de la culture de l’arachide.
Il tombe sous les coups du général Valois lors de la bataille de Dékheulé (26 octobre
1886).

b) Samory Touré

Chef musulman mandingue énergique, issu d’une famille modeste, Samory est né
vers 1830 dans la région de Kankan (dans l’actuelle Guinée). Il fonde un vaste
empire avec Bissandougou comme capitale. Il met sur pied une puissante armée de
40 000 Sofas. La résistance de Samory est remarquable par son ampleur et sa
durée (17 ans, de 1881 à 1898). Il utilise la tactique de la « terre brûlée ». Pris en
tenailles par les Français au nord, les peuples de la forêt et les Anglais au sud, il finit
par être capturé par le colonel Gouraud dans son camp de Guélémou en 1898. Il est
exilé au Gabon où il meurt en 1900.

2. Aline Sitoé Diatta, porte-drapeau de la résistance populaire

Aline Sitoé Diatta est née vers 1920 à Kabrousse, à l’extrême sud de la province
d’Oussouye, dans le cercle de Ziguinchor. Elle a résisté aux colonisateurs français
en prônant une opposition systématique à l’arbitraire et aux intérêts économiques
coloniaux au Sénégal. Elle élabore une doctrine fondée sur les principes suivants :
-sur le plan religieux, elle œuvre pour le retour aux pratiques traditionnelles ;
-sur le plan politique, elle brandit l’étendard de la révolte contre l’occupant français
en réaffirmant le droit ancestral des Noirs sur la terre africaine ;
-sur le plan économique, elle recommande aux populations de refuser de cultiver
l’arachide et de développer les cultures vivrières. Cette forme de résistance avait
commencé à gêner l’administration coloniale. Pour éviter un bain de sang aux
peuples de Casamance, Aline Sitoé Diatta se rend au colonel Sajous, commandant
du cercle de Ziguinchor. Déportée au Mali, elle meurt le 28 mai 1944 à Tombouctou.

3. Cheikh Ahmadou Bamba

Né vers 1852, Cheikh Ahmadou Bamba n’apparaîtra sur la scène politico-religieuse


qu’en 1886. Face à la domination européenne, il va lutter pour la sauvegarde de
l’âme et de la personnalité des Africains et mettre l’accent sur le travail. Ses disciples
sont organisés en communauté. Son influence grandissante inquiète les autorités
coloniales car les talibés recrutés par la propagande des « Baye Fall » augmente
rapidement. Arrêté en 1895, à Djéwol, il est exilé au Gabon pendant 7 ans. Dès son
retour, les talibés recommencent à s’agiter. En 1903, Mbacké Baol est occupé.
Cheikh Ahmadou Bamba se constitue prisonnier. Envoyé en résistance surveillée en
Mauritanie, auprès de Cheikh Sidya, puis à Thiéyène (dans le cercle de Louga), son
prestige et sa popularité augmentent. Décédé à Diourbel le 19 juillet 1927, il est
inhumé dans le village de Touba qu’il avait fondé.

III. Le bilan des résistances

L’impact des résistances dépend de leur ampleur et de leur intensité. La plupart des
résistances armées ont échoué du fait de la supériorité technique et militaire des
Européens ou à cause de la mésentente et du manque de coordination au niveau
des armées africaines. Malgré leur échec, certaines figures de la résistance armée
restent inoubliables et font à présent figure de références dans la mémoire collective.
En témoignent les chants épiques dédiés à ces héros dans plusieurs pays. C’est le
cas de Lat Dior au Sénégal au Sénégal, de Samory en Guinée, de Béhanzin au
Dahomey, du Mahdi au Soudan anglo-égyptien, de Rabah du Tchad, etc.
Par contre, les résistances culturelles présentent un bilan plus positif. Par exemple,
les théocraties musulmanes (même si elles sont vaincues) et les confréries ont
contribué à la consolidation de l’islam dans certaines régions de l’Afrique. Au
Sénégal par exemple, plus de 90 % de la population sont restés des musulmans et,
en Casamance, les traditions sont conservées dans la plupart des sociétés
animistes.

Conclusion

Les résistances africaines présente un bilan contrasté. C’est pourquoi il est difficile
de faire la hiérarchie des résistances dans le continent. Toujours est-il que les
résistants ont le mérite de se dresser contre les envahisseurs européens.

Bibliographie

Rioux (J. P.), La Révolution industrielle, Paris, Seuil, 1971.


Renan (E.), L’Avenir de la science, 1848.
Mantoux (P.), La Révolution industrielle, éd. Th. Génin, 1959.
Manuel d’Histoire Seconde, Belin, 1987.
Manuel d’Histoire 4e, Belin, 1992.
Manuel d’Histoire 4e, Nathan, 1992.
Manuel d’Histoire 4e, Hâtier, 1992.
Manuel d’Histoire 3e, EDICEF, 1988.

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