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Leçon 12 :

 O.G. – Comprendre le mouvement impérialisme en Amérique.


 O.S. 1 – Expliquer les fondements de l’impérialisme américain.
 O.S. 2 – Distinguer les différentes méthodes de l’impérialisme américain.
 O.S. 3 – Analyser les manifestations de l’impérialisme américain.

Introduction
L’impérialisme en Amérique et dans les Caraïbes est surtout mené par les Etats-
Unis. Ancienne nation colonisée, devenue indépendante en 1776, les Etats-Unis se
sont longtemps limités à la gestion de leurs propres affaires. Mais, avec la doctrine
Monroe de 1823, ils commencent à s’intéresser aux affaires du reste du continent
américain. Cette nouvelle attitude les conduit à une politique impérialiste vers la fin
du XIXe siècle.

I. Les fondements de l’impérialisme américain


L’effondrement de l’Empire ibérique en Amérique latine réveille certains appétits
britanniques. Pour barrer la route à ces derniers, le président James Monroe, dans
son message au Congrès américain du 2 décembre 1823, lance la doctrine qui
portera son nom. Il récuse toute intervention européenne dans les affaires des
Amériques.
Dans le dernier quart du XIX e siècle, les Etats-Unis sont devenus la première
puissance mondiale. Cette nouvelle dimension de l’économie américaine exige la
recherche de débouchés, de sources d’approvisionnement en produits divers (sucre,
caoutchouc, plomb, étain, etc.). A ces besoins s’ajoute une réelle volonté de
puissance. C’est dans ce contexte que le président Theodore Roosevelt déclare en
1903 : « si nous voulons tenir notre rang dans la lutte pour la suprématie
commerciale et navale, nous devons construire notre puissance en dehors de
nos propres frontières. »

Roosevelt appliqua une politique étrangère conforme à sa devise « Parler avec douceur et
s'armer d'un gros bâton » (politique du « big stick »). C'est dans le cadre de cette stratégie qu'il
encouragea la révolution qui éclata en 1903 au Panamá, conduisant les États-Unis à acheter le
territoire destiné à la construction du canal de Panamá. Dans son interprétation expansionniste
de la doctrine de Monroe, il se prononça pour le droit des États-Unis à intervenir en Amérique
latine, considérant cette zone comme une sphère d'influence. Il donna de cette manière à la
politique étrangère américaine une dimension mondiale, et la sortit de sa tradition
isolationniste. De même, la médiation qu'il mena dans le cadre de la guerre russo-japonaise en
1905 lui valut le prix Nobel de la paix. Il envoya également une délégation à la conférence
d'Algésiras de 1906 afin de contribuer au règlement du conflit opposant l'Allemagne et la
France sur le Maroc. Ne s'étant pas représenté pour un troisième mandat, il soutint William
Howard Taft qui lui succéda à la présidence en 1909. Mais en revenant d'un voyage en
Afrique et en Europe (1910), il se trouva impliqué dans des luttes de factions au sein du Parti
républicain et se brouilla avec Taft. Devenu le candidat du Parti progressiste, il se présenta à
l'élection présidentielle de 1912 et fut battu par le candidat démocrate, Thomas Woodrow
Wilson, qui fit également appel aux progressistes.
Pendant la Première Guerre mondiale, il s'opposa à la politique de neutralité menée par
Wilson en prônant une politique étrangère énergique en faveur des Alliés. Enfin réconcilié
avec ses anciens adversaires du Parti républicain, il était assuré d'être le candidat du parti en
1920 quand il mourut dans sa ville natale, à Oyster Bay, New York, le 6 janvier 1919, terrassé
par les fièvres tropicales qu'il avait contractées en Amazonie.

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II. Les manifestations de l’impérialisme américain


L’Amérique latine et le Pacifique sont les zones dans lesquelles les Etats-Unis vont
axer leur entreprise de domination. Au milieu du XIX e siècle, ils interviennent
militairement en Amérique centrale. En 1848, à la suite de la guerre contre le
Mexique, les Etats-Unis annexent la moitié du territoire de leur voisin. Pendant la
présidence d’Ulysses Grant (1869-1877), la théorie du « manifest destiny »
(« destin manifeste ») expose sans fard le projet des Etats-Unis de contrôler
l’ensemble du continent. Mais c’est à travers la politique du « big stick » (« gros
bâton ») et l’envoi des Marines qu’ils la mettent en application. Après avoir battu
l’Espagne en 1898 (au sujet de Cuba), les Etats-Unis placent sous leur domination-
protectorat Cuba, Porto Rico, les Philippines et annexent les îles Hawaï et l’île de
Guam. Ils créent en 1903 la République de Panama et y creusent un canal achevé
en 1914. Ce canal leur permet de faire de l’Amérique leur chasse gardée. Par
exemple, ils interviennent militairement et diplomatiquement à l’intérieur de pays
comme le Mexique en 1914 ou Haïti qui est occupé en 1916.
Conclusion
Le mouvement impérialiste mené par les Etats-Unis répond à une volonté
d’empêcher les Européens d’intervenir en Amérique. Il a donné à ce pays de
nouvelles responsabilités mondiales. Cet impérialisme est aujourd’hui orienté vers
les domaines culturel et économique.

Au cours du XVIIe siècle, le Brésil, découvert par Pedro Álvares Cabral en 1500, prend une
importance croissante pour le Portugal, au détriment des possessions orientales. Le territoire
fait partie du secteur portugais défini par le traité de Tordesillas (1494) modifiant la ligne de
marcation établie en 1493 entre l’Espagne et le Portugal par le pape Alexandre VI. En 1534,
les terres brésiliennes sont divisées en douze capitaineries, dépendant directement de la
couronne, afin d’éviter l’implantation des Français. La culture du sucre est introduite dès 1516
et les grandes plantations près de Bahia et Pernambouc (aujourd’hui Recife) exigent un
nombre croissant d’esclaves de Guinée, du Bénin et d’Angola.

La poussée hollandaise sur les deux rives de l’océan Atlantique à partir de la fin du
XVIe siècle menace les possessions portugaises. Les Hollandais s’emparent successivement
de Recife (1630), de São Jorge da Mina (1637), d’Argim (1638) et de São Tomé (1641).
Néanmoins, entre 1645 et 1654, les colons portugais, avec à leur tête Salvador Correia da Sã,
les repoussent hors du Brésil et récupèrent Recife ainsi que São Tomé et l’Angola, principaux
fournisseurs d’esclaves.

Traité de Tordesillas

Le 7 juin 1494, les couronnes de Castille et d'Aragon et du Portugal, puissances maritimes et


colonialistes, s'accordent sur le partage du Nouveau Monde encore inexploré. Par le traité de
Tordesillas, la Castille et l'Aragon obtiennent la propriété de toute terre située à plus de
370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert. Grâce à cet accord, le Portugal a donc pu jouir de sa
découverte du Brésil en 1500.

L’importance vitale du Brésil dans l’empire est renforcée par la découverte de grandes
quantités d’or à la fin du XVIIe siècle. Le métal précieux surpasse de loin, en termes de profits,
les autres produits de négoce et permet la prospérité de Rio de Janeiro. La production aurifère
passe de 2 t par an en 1701 à 14 t dans les années 1750, après quoi elle décline sensiblement.
La ruée vers l’or augmente considérablement les revenus de la couronne et attire quantité
d’immigrants. La population, constituée pour moitié d’esclaves africains, mais également de
métisses, croît de 750 p. 100 entre 1650 et 1770.

Le traité de Madrid (1750) définit les frontières entre le Brésil et le reste des territoires
espagnols, mais les conflits restent fréquents à propos de la colonie de Sacramento, jusqu’à ce
que le Portugal y renonce dans le traité de San Il defonso (1777). Comme pour l’Empire
espagnol, le XVIIIe siècle est marqué par une centralisation accrue et une augmentation du
pouvoir royal dans tout l’Empire portugais ; le pouvoir des jésuites, alors protecteurs des
Indiens face à l’esclavage, est brutalement supprimé par le marquis de Pombal avec la
dissolution de l’ordre sur le sol portugais en 1759.

En 1774, les deux états du Brésil et de Maranhão e Grão Pará fusionnent en une seule entité
administrative. Les colons commencent à manifester un certain mécontentement face
l’autorité de Lisbonne mais, avec l’arrivée de la Cour portugaise en 1808 — en fuite devant
les armées de Napoléon Ier —, le Portugal est désormais considéré comme un associé dans le
royaume réunifié de 1815. Lorsque les révolutionnaires libéraux portugais de 1820 tentent de
réaffirmer la prédominance du Portugal, le Brésil fait sécession en 1822 sous l’impulsion du
prince héritier Pedro lequel, sous le nom de Pedro Ier, devient empereur d’une nation
indépendante à partir de 1825.

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L’Amérique espagnole

Au cours des deux dernières décennies du XVe siècle, quatre facteurs se conjuguent pour
permettre à l’Espagne d’émerger comme la plus grande puissance coloniale de l’Occident :
l’extension de la souveraineté espagnole aux îles Canaries dans les années 1480-1490, à la
suite du traité d’Alcáçovas conclu en 1479 avec le Portugal, dans lequel ce dernier abandonne
ses revendications territoriales au bénéfice d’Isabelle la Catholique ; le passage du cap de
Bonne-Espérance, porte d’entrée de l’océan Indien, par l’expédition portugaise de Bartolomeu
Dias en 1488 ; l’entêtement de Christophe Colomb, qui finit par convaincre les monarques
espagnols de financer une expédition vers l’Ouest, à la recherche des « Indes » ; la prise
définitive de Grenade par les Espagnols le 1er janvier 1492, qui met fin à la Reconquista
ibérique.
Encadrés
ENCADRÉ
Colomb, Journal de bord (extrait)
Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb débarque sur l’île de Guanahani aux Bahamas. Dans
son Journal de bord, le Gênois consigne chaque jour ses découvertes, à l’intention des
souverains espagnols. Dans la description qu’il donne des habitants de ce paradis transparaît
l’expérience que ce marin a de l’Afrique, et peu à peu se dessine le mythe du « bon sauvage »
que l’on pourra aisément convertir à la foi chrétienne. Le récit de cette rencontre entre deux
mondes nous est parvenu grâce à Bartolomé de Las Casas, l’original ayant disparu. Ami de
Diego Colomb, le dominicain avait heureusement copié, au début du XVIe siècle, de larges
extraits du journal.

La première expédition de Colomb convainc la couronne qui autorise le départ d’une


deuxième expédition, plus importante, toujours menée par Colomb. Une flotte de dix-sept
navires quitte Cadix en septembre 1493 dans le but d’établir une colonie de peuplement sur
Hispaniola. Pendant son voyage, Colomb découvre également la Jamaïque et la Dominique.
Au niveau diplomatique, des négociations sont immédiatement entamées avec le Portugal et la
papauté. Elles se concluent en 1493 par une série de bulles papales autorisant l’Espagne à
évangéliser les nouveaux territoires. Le traité de Tordesillas de 1494 accorde à l’Espagne les
territoires situés au-delà d’une « ligne de marcation », à 100 lieues (445 km) à l’ouest des
Açores. L’indifférence des Espagnols à l’égard des régions qui ne comptent ni population
sédentaire, ni richesses minérales aisément accessibles, permet aux colons portugais d’étendre
les frontières du Brésil à des régions octroyées normalement à l’Espagne.

Les nations maritimes de l’Europe septentrionale (Angleterre, France et Pays-Bas)


n’accordent que peu de valeur aux différents traités signés par l’Espagne avec la papauté et le
Portugal et, à partir de 1520, leurs navires marchands s’introduisent de plus en plus
fréquemment dans la mer des Caraïbes, approvisionnant les grandes îles en esclaves africains.
La demande en esclaves est très grande en raison de l’extinction virtuelle des indigènes des
Caraïbes, lesquels, à l’instar des Guanches (habitants des Canaries), sont décimés par les
mauvais traitements et les maladies apportées par les Européens. Les marchands anglais,
hollandais et français échangent les esclaves contre de l’or, des perles, des bois de teinture et
du sucre. En dépit de leur mercantilisme, ces rivaux potentiels ne montrent aucune intention
d’établir leurs propres colonies avant 1607, date de l’implantation d’une colonie anglaise en
Virginie. Au cours du XVIe siècle, la seule entrave à l’expansion espagnole est le manque
d’hommes et de matériel pour l’exploration et la colonisation, associé à des obstacles
géographiques et, dans certaines régions, la résistance farouche de peuplades indigènes semi-
nomades.

1. La colonisation de terres

Hernán Cortés
Après avoir participé à la conquête de Cuba, Hernán Cortés (parfois appelé Fernand Cortés)
reçoit, en 1519, la direction d'une expédition au Mexique qui se termine par la prise de
Tenochtitlan.
Encyclopédie Encarta
THE BETTMANN ARCHIVE

Au cours de la deuxième décennie du XVIe siècle, les principales îles des Caraïbes sont
colonisées, et l’attention des Espagnols se tourne alors vers les terres continentales du
Venezuela (accessibles par la célèbre mer des Antilles), l’Amérique centrale — traversée pour
la première fois par Vasco Núñez de Balboa (premier Européen à apercevoir l’océan
Pacifique) — et le Mexique. La célèbre expédition de 1519, lancée à partir de Cuba par
Hernán Cortés, s’achève en 1521 avec la prise de Tenochtitlan. La capitale aztèque,
entièrement détruite par les Espagnols, est reconstruite plus tard sous le nom de Mexico. Cette
conquête ouvre la voie à une nouvelle phase d’expansion espagnole. Celle-ci atteint son
apogée en 1533 avec la prise de Cuzco, capitale de l’Empire inca du Pérou, par Francisco
Pizarro.

Francisco Pizarro
Conquistador espagnol, Francisco Pizarro découvre et conquiert l'empire inca (actuel Pérou)
dans les années 1520.

Au cours de ces années, des conquistadores cruels et avides, dont la plupart comme Pizarro
ont débarqué en Amérique en 1490, pillent la partie centrale et méridionale du continent
américain. Un cinquième des prises est dûment envoyé en Espagne pour remplir les coffres de
Charles Ier, premier roi Habsbourg du pays, qui prend plus tard le nom de Charles Quint,
empereur du Saint Empire romain germanique. D’autres expéditions sont lancées à partir du
Pérou, notamment vers l’Équateur, la Colombie et le Chili. Ces dernières tentent de trouver
d’autres routes vers l’intérieur du continent sud-américain, fondent de nouvelles villes comme
Buenos Aires (1536) et Asunción (1537).

2. Empire colonial espagnol

Pour l'Espagne, le XVIe siècle est le Siècle d'or. La découverte de l'Amérique en 1492 par
Christophe Colomb, mandaté par l'Espagne, inaugure une ère d'hégémonie espagnole en
Europe et dans le monde. C'est sous le règne de Charles Quint que sont menées l'exploration
et la conquête des Amériques : conquête de l'Empire aztèque, au Mexique, par Hernán Cortés
(de 1519 à 1521) ; conquête de l'Empire inca, au Pérou, par Francisco Pizarro (de 1531 à
1533). Vers 1550, l'Espagne contrôle presque tout le continent sud-américain, l'Amérique
centrale, la Floride, Cuba et, en Asie, les Philippines. Le Siècle d'or atteint son apogée, sous le
règne de Philippe II (1556-1598), avec l'annexion du Portugal.

Cet immense empire outre-mer a été la source d'une très grande richesse pour l'Espagne.

Les Espagnols se lancent ensuite à la recherche du mythique El Dorado, de cités et


civilisations fabuleuses. Cette quête, par ailleurs vaine, les emmène dans des contrées de plus
en plus éloignées et difficiles d’accès, dont le bassin de l’Amazonie, que l’expédition
espagnole de Francisco de Orellana va tenter de pénétrer par l’Ouest en 1541. Elle les conduit
également dans les territoires frontaliers du nord du Mexique et les hauts plateaux de Guyane.
Dans ces régions comme ailleurs, les Espagnols se contentent souvent d’établir des avant-
postes isolés et temporaires. Ils préfèrent établir des colonies de peuplement plus importantes
dans la région centrale du Mexique et dans les Andes, dont les populations sédentaires
acceptent plus facilement la domination espagnole et fournissent une main d’œuvre soumise
pour l’extraction de l’argent découvert en grandes quantités dans les mines de Potosí (dans
l’actuelle Bolivie) et de Zacatecas (au Mexique). À partir du milieu du XVIe siècle, c’est
l’argent des mines espagnoles, plutôt que les trésors volés aux populations indigènes, qui
domine les économies locales et le commerce avec l’Espagne. Il entraîne un afflux
d’immigrants, non seulement des colonies des Caraïbes et d’Amérique centrale, mais
également d’Espagne, et plus particulièrement de Séville. La ville est, en effet, le siège de la
Casa de Contratación, chargée de toutes les questions relatives à l’Amérique, y compris
l’immigration, et plus de 2 000 immigrants quittent chaque année son port à destination de
l’Amérique (Mexique et Pérou). En conséquence, les îles des Caraïbes voient leurs
populations diminuer et, au cours du XVIIe siècle, les puissances rivales de l’Espagne y
établissent leurs propres colonies sans grandes difficultés. Ces nouveaux colons s’installent
non seulement sur des petites îles ignorées des Espagnols, mais également sur les plus grandes
d’entre elles, sous-peuplées et mal défendues, dont Curaçao (prise par les Hollandais en
1634), la Jamaïque (conquise par les Anglais en 1655) et la partie occidentale d’Hispaniola,
officiellement cédée à la France en 1697 après plusieurs décennies d’occupation par les
boucaniers..

3. Concurrence européenne (XVIIe- XVIIIe siècles)

Au cours du XVIIe siècle, seules les Guyanes (aujourd’hui Suriname), la Guyane française et
la Guyane ont été occupées respectivement par les Hollandais, les Français et les Anglais. Il
faut également y ajouter le Belize, dont les Anglais s’emparent en 1638. L’explication réside
dans le peu d’intérêt montré par les autres puissances maritimes à obtenir la souveraineté de
régions isolées et peu productives comme la Patagonie. Les grands rivaux de l’Espagne
préfèrent bénéficier indirectement des richesses de l’Amérique espagnole en attaquant galions
et colonies ou en faisant de la contrebande.

Durant toute l’ère des Habsbourg, l’Espagne mène un combat perdu d’avance pour conserver
le monopole du commerce avec et au sein de son empire colonial. Après la guerre de
Succession d’Espagne, Philippe V, premier Bourbon d’Espagne, est contraint d’accorder des
concessions commerciales aux Anglais victorieux. Ses successeurs, Ferdinand VI, et surtout
Charles III, sont convaincus que les ambitions de la Grande-Bretagne concernant l’Amérique
espagnole ne se limitent pas au commerce, sentiment encore renforcé par la prise de Cuba par
les Anglais (1762), au cours de la guerre de Sept Ans. L’île est ensuite rendue à l’Espagne en
1763 en échange de la Floride, jusqu’alors espagnole. Elle revient dans le giron espagnol en
1783 après l’accord de paix qui met fin à la guerre de l’Indépendance américaine. Charles III
voit dans le développement du potentiel économique inexploité de ses colonies américaines
une source de revenus lui permettant de résister à toute autre tentative de pénétration
britannique et de rendre à l’Espagne son statut de grande puissance internationale. À cette fin,
il réorganise les défenses de l’empire, améliore le système de collecte d’impôt en Amérique et
introduit toute une série de réformes commerciales destinées à encourager le développement
de régions jusque-là négligées comme le Venezuela, l’Amérique centrale, Cuba et la région
du Río de la Plata.

Martínez Compañón, Trujillo del Perú


En 1779, Don Baltasar Martínez Compañón y Bajanda est nommé par la Couronne espagnole
évêque de Trujillo, une petite ville côtière du Pérou. L'ecclésiastique s'enthousiasme en
découvrant ce Nouveau Monde et, entre 1782 et 1785, prend note et dessine avec candeur de
tout ce qu'il peut observer depuis son diocèse : la nature, l'architecture, la vie quotidienne et
particulièrement les danses et fêtes indigènes. Son codex, dit le Trujillo del Perú, est ainsi
illustré d'aquarelles caractéristiques de l'art colonial espagnol en Amérique latine.

Baltasar Martínez Compañón y Bajanda, Autoportrait, fin XVIIIe siècle. Aquarelle extraite du
Trujillo del Perú.
Progressivement, dans le dernier quart du XVIIIe siècle, le cuir de Buenos Aires et
Montevideo, le sucre de La Havane, le coton, le tabac, le cacao et l’indigo du Venezuela et de
Colombie commencent à concurrencer, dans le commerce transatlantique, l’or mexicain et
péruvien. La nouvelle prospérité des hispano-américains contribue également à renforcer leur
confiance. À mesure que l’autorité du gouvernement d’Espagne s’effrite au cours du règne de
Charles IV, les hidalgos et les créoles d’Amérique, minorité puissante (près de 18 p. 100 de la
population), propriétaires de vastes domaines et des mines, réalisent progressivement que
l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne devient indispensable au maintien de leur prospérité.
Ce sentiment est encore renforcé par la déclaration de guerre entre l’Espagne et la Grande-
Bretagne en 1796, qui entraîne le blocus des ports espagnols et hispano-américains par la
marine britannique et enrage les colons. En fait, la plupart d’entre eux ne souhaitent pas la
guerre avec l’Angleterre qui est, indirectement, leur principal marché d’exportation et
d’importation.

4. Déclin de l'Empire hispano-américain (XIXe siècle)

Simón Bolívar
Issu d'une riche famille créole installée au Venezuela, celui que l'on va surnommer le
Libertador s'est forgé une conscience politique en Europe où il a suivi ses études. De retour
dans son pays, Simón Bolívar dirige un soulèvement contre les représentants de la couronne
espagnole, prélude d'une guerre de libération de longue haleine. Le Venezuela se proclame
république indépendante en 1811. Deux ans plus tard, après s'être débarassé de Miranda - l'un
des pères spirituels de l'indépendance -, Simón Bolívar s'empare du pouvoir et poursuit la
lutte en Nouvelle-Grenade, au Pérou et vers le Rio del Plata (territoire du futur État bolivien).
Espérant la création d'une confédération panaméricaine, il voit son projet politique échouer
lors de la conférence de Panama de 1826.

Peinture à l'huile de Paul Guérin, 1824. Ministère des Affaires étrangères, Caracas.

En dépit du mécontentement grandissant face à la domination espagnole au cours des longues


guerres napoléoniennes, il n’y a aucune manifestation ouvertement déclarée de révolte. La
situation bascule en 1810, peu après l’effondrement espagnol face à l’invasion française de
1808. Les citoyens de Caracas renversent les autorités espagnoles en avril 1810, imités le
mois suivant par ceux de Buenos Aires. Prétendant agir au nom de la monarchie espagnole
— Napoléon a emprisonné Ferdinand VII pour mettre la couronne sur la tête de son frère,
Joseph Bonaparte —, ils sont en réalité pro-indépendantistes, à l’instar des populations de
Cartagène, Bogotá, Santiago et Quito, qui suivent bientôt leur exemple.

Les révolutions et les causes qui les animent sont loin d’être simples. Les créoles de Mexico
et de Lima, par exemple, se battent pour défendre le royalisme espagnol, par crainte de voir
les indigènes et les métis, majoritaires, transformer une révolution politique en revendication
sociale. Ces guerres civiles ont duré quinze ans dans certaines régions. En 1814, après la
défaite de Napoléon, Ferdinand VII retourne à Madrid, bien décidé à récupérer par la force sa
souveraineté en Amérique. Vaincu par les forces royalistes de Simón Bolívar et de ses alliés,
l’Espagne perd définitivement ses territoires continentaux en 1825 et ne conserve que Cuba et
Porto-Rico. Tout au long du XIXe siècle, les îles vont progressivement être attirées dans la
sphère d’influence économique des États-Unis. Le succès de la révolution cubaine contre
l’autorité espagnole, lancée en 1895, est dû en grande partie à l’engagement d’une force
terrestre et de la marine américaine en 1898 et met fin à quatre siècles d’impérialisme
espagnol sur le continent américain.

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