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Introduction
L’impérialisme en Amérique et dans les Caraïbes est surtout mené par les Etats-
Unis. Ancienne nation colonisée, devenue indépendante en 1776, les Etats-Unis se
sont longtemps limités à la gestion de leurs propres affaires. Mais, avec la doctrine
Monroe de 1823, ils commencent à s’intéresser aux affaires du reste du continent
américain. Cette nouvelle attitude les conduit à une politique impérialiste vers la fin
du XIXe siècle.
Roosevelt appliqua une politique étrangère conforme à sa devise « Parler avec douceur et
s'armer d'un gros bâton » (politique du « big stick »). C'est dans le cadre de cette stratégie qu'il
encouragea la révolution qui éclata en 1903 au Panamá, conduisant les États-Unis à acheter le
territoire destiné à la construction du canal de Panamá. Dans son interprétation expansionniste
de la doctrine de Monroe, il se prononça pour le droit des États-Unis à intervenir en Amérique
latine, considérant cette zone comme une sphère d'influence. Il donna de cette manière à la
politique étrangère américaine une dimension mondiale, et la sortit de sa tradition
isolationniste. De même, la médiation qu'il mena dans le cadre de la guerre russo-japonaise en
1905 lui valut le prix Nobel de la paix. Il envoya également une délégation à la conférence
d'Algésiras de 1906 afin de contribuer au règlement du conflit opposant l'Allemagne et la
France sur le Maroc. Ne s'étant pas représenté pour un troisième mandat, il soutint William
Howard Taft qui lui succéda à la présidence en 1909. Mais en revenant d'un voyage en
Afrique et en Europe (1910), il se trouva impliqué dans des luttes de factions au sein du Parti
républicain et se brouilla avec Taft. Devenu le candidat du Parti progressiste, il se présenta à
l'élection présidentielle de 1912 et fut battu par le candidat démocrate, Thomas Woodrow
Wilson, qui fit également appel aux progressistes.
Pendant la Première Guerre mondiale, il s'opposa à la politique de neutralité menée par
Wilson en prônant une politique étrangère énergique en faveur des Alliés. Enfin réconcilié
avec ses anciens adversaires du Parti républicain, il était assuré d'être le candidat du parti en
1920 quand il mourut dans sa ville natale, à Oyster Bay, New York, le 6 janvier 1919, terrassé
par les fièvres tropicales qu'il avait contractées en Amazonie.
Au cours du XVIIe siècle, le Brésil, découvert par Pedro Álvares Cabral en 1500, prend une
importance croissante pour le Portugal, au détriment des possessions orientales. Le territoire
fait partie du secteur portugais défini par le traité de Tordesillas (1494) modifiant la ligne de
marcation établie en 1493 entre l’Espagne et le Portugal par le pape Alexandre VI. En 1534,
les terres brésiliennes sont divisées en douze capitaineries, dépendant directement de la
couronne, afin d’éviter l’implantation des Français. La culture du sucre est introduite dès 1516
et les grandes plantations près de Bahia et Pernambouc (aujourd’hui Recife) exigent un
nombre croissant d’esclaves de Guinée, du Bénin et d’Angola.
La poussée hollandaise sur les deux rives de l’océan Atlantique à partir de la fin du
XVIe siècle menace les possessions portugaises. Les Hollandais s’emparent successivement
de Recife (1630), de São Jorge da Mina (1637), d’Argim (1638) et de São Tomé (1641).
Néanmoins, entre 1645 et 1654, les colons portugais, avec à leur tête Salvador Correia da Sã,
les repoussent hors du Brésil et récupèrent Recife ainsi que São Tomé et l’Angola, principaux
fournisseurs d’esclaves.
Traité de Tordesillas
L’importance vitale du Brésil dans l’empire est renforcée par la découverte de grandes
quantités d’or à la fin du XVIIe siècle. Le métal précieux surpasse de loin, en termes de profits,
les autres produits de négoce et permet la prospérité de Rio de Janeiro. La production aurifère
passe de 2 t par an en 1701 à 14 t dans les années 1750, après quoi elle décline sensiblement.
La ruée vers l’or augmente considérablement les revenus de la couronne et attire quantité
d’immigrants. La population, constituée pour moitié d’esclaves africains, mais également de
métisses, croît de 750 p. 100 entre 1650 et 1770.
Le traité de Madrid (1750) définit les frontières entre le Brésil et le reste des territoires
espagnols, mais les conflits restent fréquents à propos de la colonie de Sacramento, jusqu’à ce
que le Portugal y renonce dans le traité de San Il defonso (1777). Comme pour l’Empire
espagnol, le XVIIIe siècle est marqué par une centralisation accrue et une augmentation du
pouvoir royal dans tout l’Empire portugais ; le pouvoir des jésuites, alors protecteurs des
Indiens face à l’esclavage, est brutalement supprimé par le marquis de Pombal avec la
dissolution de l’ordre sur le sol portugais en 1759.
En 1774, les deux états du Brésil et de Maranhão e Grão Pará fusionnent en une seule entité
administrative. Les colons commencent à manifester un certain mécontentement face
l’autorité de Lisbonne mais, avec l’arrivée de la Cour portugaise en 1808 — en fuite devant
les armées de Napoléon Ier —, le Portugal est désormais considéré comme un associé dans le
royaume réunifié de 1815. Lorsque les révolutionnaires libéraux portugais de 1820 tentent de
réaffirmer la prédominance du Portugal, le Brésil fait sécession en 1822 sous l’impulsion du
prince héritier Pedro lequel, sous le nom de Pedro Ier, devient empereur d’une nation
indépendante à partir de 1825.
L’Amérique espagnole
Au cours des deux dernières décennies du XVe siècle, quatre facteurs se conjuguent pour
permettre à l’Espagne d’émerger comme la plus grande puissance coloniale de l’Occident :
l’extension de la souveraineté espagnole aux îles Canaries dans les années 1480-1490, à la
suite du traité d’Alcáçovas conclu en 1479 avec le Portugal, dans lequel ce dernier abandonne
ses revendications territoriales au bénéfice d’Isabelle la Catholique ; le passage du cap de
Bonne-Espérance, porte d’entrée de l’océan Indien, par l’expédition portugaise de Bartolomeu
Dias en 1488 ; l’entêtement de Christophe Colomb, qui finit par convaincre les monarques
espagnols de financer une expédition vers l’Ouest, à la recherche des « Indes » ; la prise
définitive de Grenade par les Espagnols le 1er janvier 1492, qui met fin à la Reconquista
ibérique.
Encadrés
ENCADRÉ
Colomb, Journal de bord (extrait)
Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb débarque sur l’île de Guanahani aux Bahamas. Dans
son Journal de bord, le Gênois consigne chaque jour ses découvertes, à l’intention des
souverains espagnols. Dans la description qu’il donne des habitants de ce paradis transparaît
l’expérience que ce marin a de l’Afrique, et peu à peu se dessine le mythe du « bon sauvage »
que l’on pourra aisément convertir à la foi chrétienne. Le récit de cette rencontre entre deux
mondes nous est parvenu grâce à Bartolomé de Las Casas, l’original ayant disparu. Ami de
Diego Colomb, le dominicain avait heureusement copié, au début du XVIe siècle, de larges
extraits du journal.
1. La colonisation de terres
Hernán Cortés
Après avoir participé à la conquête de Cuba, Hernán Cortés (parfois appelé Fernand Cortés)
reçoit, en 1519, la direction d'une expédition au Mexique qui se termine par la prise de
Tenochtitlan.
Encyclopédie Encarta
THE BETTMANN ARCHIVE
Au cours de la deuxième décennie du XVIe siècle, les principales îles des Caraïbes sont
colonisées, et l’attention des Espagnols se tourne alors vers les terres continentales du
Venezuela (accessibles par la célèbre mer des Antilles), l’Amérique centrale — traversée pour
la première fois par Vasco Núñez de Balboa (premier Européen à apercevoir l’océan
Pacifique) — et le Mexique. La célèbre expédition de 1519, lancée à partir de Cuba par
Hernán Cortés, s’achève en 1521 avec la prise de Tenochtitlan. La capitale aztèque,
entièrement détruite par les Espagnols, est reconstruite plus tard sous le nom de Mexico. Cette
conquête ouvre la voie à une nouvelle phase d’expansion espagnole. Celle-ci atteint son
apogée en 1533 avec la prise de Cuzco, capitale de l’Empire inca du Pérou, par Francisco
Pizarro.
Francisco Pizarro
Conquistador espagnol, Francisco Pizarro découvre et conquiert l'empire inca (actuel Pérou)
dans les années 1520.
Au cours de ces années, des conquistadores cruels et avides, dont la plupart comme Pizarro
ont débarqué en Amérique en 1490, pillent la partie centrale et méridionale du continent
américain. Un cinquième des prises est dûment envoyé en Espagne pour remplir les coffres de
Charles Ier, premier roi Habsbourg du pays, qui prend plus tard le nom de Charles Quint,
empereur du Saint Empire romain germanique. D’autres expéditions sont lancées à partir du
Pérou, notamment vers l’Équateur, la Colombie et le Chili. Ces dernières tentent de trouver
d’autres routes vers l’intérieur du continent sud-américain, fondent de nouvelles villes comme
Buenos Aires (1536) et Asunción (1537).
Pour l'Espagne, le XVIe siècle est le Siècle d'or. La découverte de l'Amérique en 1492 par
Christophe Colomb, mandaté par l'Espagne, inaugure une ère d'hégémonie espagnole en
Europe et dans le monde. C'est sous le règne de Charles Quint que sont menées l'exploration
et la conquête des Amériques : conquête de l'Empire aztèque, au Mexique, par Hernán Cortés
(de 1519 à 1521) ; conquête de l'Empire inca, au Pérou, par Francisco Pizarro (de 1531 à
1533). Vers 1550, l'Espagne contrôle presque tout le continent sud-américain, l'Amérique
centrale, la Floride, Cuba et, en Asie, les Philippines. Le Siècle d'or atteint son apogée, sous le
règne de Philippe II (1556-1598), avec l'annexion du Portugal.
Cet immense empire outre-mer a été la source d'une très grande richesse pour l'Espagne.
Au cours du XVIIe siècle, seules les Guyanes (aujourd’hui Suriname), la Guyane française et
la Guyane ont été occupées respectivement par les Hollandais, les Français et les Anglais. Il
faut également y ajouter le Belize, dont les Anglais s’emparent en 1638. L’explication réside
dans le peu d’intérêt montré par les autres puissances maritimes à obtenir la souveraineté de
régions isolées et peu productives comme la Patagonie. Les grands rivaux de l’Espagne
préfèrent bénéficier indirectement des richesses de l’Amérique espagnole en attaquant galions
et colonies ou en faisant de la contrebande.
Durant toute l’ère des Habsbourg, l’Espagne mène un combat perdu d’avance pour conserver
le monopole du commerce avec et au sein de son empire colonial. Après la guerre de
Succession d’Espagne, Philippe V, premier Bourbon d’Espagne, est contraint d’accorder des
concessions commerciales aux Anglais victorieux. Ses successeurs, Ferdinand VI, et surtout
Charles III, sont convaincus que les ambitions de la Grande-Bretagne concernant l’Amérique
espagnole ne se limitent pas au commerce, sentiment encore renforcé par la prise de Cuba par
les Anglais (1762), au cours de la guerre de Sept Ans. L’île est ensuite rendue à l’Espagne en
1763 en échange de la Floride, jusqu’alors espagnole. Elle revient dans le giron espagnol en
1783 après l’accord de paix qui met fin à la guerre de l’Indépendance américaine. Charles III
voit dans le développement du potentiel économique inexploité de ses colonies américaines
une source de revenus lui permettant de résister à toute autre tentative de pénétration
britannique et de rendre à l’Espagne son statut de grande puissance internationale. À cette fin,
il réorganise les défenses de l’empire, améliore le système de collecte d’impôt en Amérique et
introduit toute une série de réformes commerciales destinées à encourager le développement
de régions jusque-là négligées comme le Venezuela, l’Amérique centrale, Cuba et la région
du Río de la Plata.
Baltasar Martínez Compañón y Bajanda, Autoportrait, fin XVIIIe siècle. Aquarelle extraite du
Trujillo del Perú.
Progressivement, dans le dernier quart du XVIIIe siècle, le cuir de Buenos Aires et
Montevideo, le sucre de La Havane, le coton, le tabac, le cacao et l’indigo du Venezuela et de
Colombie commencent à concurrencer, dans le commerce transatlantique, l’or mexicain et
péruvien. La nouvelle prospérité des hispano-américains contribue également à renforcer leur
confiance. À mesure que l’autorité du gouvernement d’Espagne s’effrite au cours du règne de
Charles IV, les hidalgos et les créoles d’Amérique, minorité puissante (près de 18 p. 100 de la
population), propriétaires de vastes domaines et des mines, réalisent progressivement que
l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne devient indispensable au maintien de leur prospérité.
Ce sentiment est encore renforcé par la déclaration de guerre entre l’Espagne et la Grande-
Bretagne en 1796, qui entraîne le blocus des ports espagnols et hispano-américains par la
marine britannique et enrage les colons. En fait, la plupart d’entre eux ne souhaitent pas la
guerre avec l’Angleterre qui est, indirectement, leur principal marché d’exportation et
d’importation.
Simón Bolívar
Issu d'une riche famille créole installée au Venezuela, celui que l'on va surnommer le
Libertador s'est forgé une conscience politique en Europe où il a suivi ses études. De retour
dans son pays, Simón Bolívar dirige un soulèvement contre les représentants de la couronne
espagnole, prélude d'une guerre de libération de longue haleine. Le Venezuela se proclame
république indépendante en 1811. Deux ans plus tard, après s'être débarassé de Miranda - l'un
des pères spirituels de l'indépendance -, Simón Bolívar s'empare du pouvoir et poursuit la
lutte en Nouvelle-Grenade, au Pérou et vers le Rio del Plata (territoire du futur État bolivien).
Espérant la création d'une confédération panaméricaine, il voit son projet politique échouer
lors de la conférence de Panama de 1826.
Peinture à l'huile de Paul Guérin, 1824. Ministère des Affaires étrangères, Caracas.
Les révolutions et les causes qui les animent sont loin d’être simples. Les créoles de Mexico
et de Lima, par exemple, se battent pour défendre le royalisme espagnol, par crainte de voir
les indigènes et les métis, majoritaires, transformer une révolution politique en revendication
sociale. Ces guerres civiles ont duré quinze ans dans certaines régions. En 1814, après la
défaite de Napoléon, Ferdinand VII retourne à Madrid, bien décidé à récupérer par la force sa
souveraineté en Amérique. Vaincu par les forces royalistes de Simón Bolívar et de ses alliés,
l’Espagne perd définitivement ses territoires continentaux en 1825 et ne conserve que Cuba et
Porto-Rico. Tout au long du XIXe siècle, les îles vont progressivement être attirées dans la
sphère d’influence économique des États-Unis. Le succès de la révolution cubaine contre
l’autorité espagnole, lancée en 1895, est dû en grande partie à l’engagement d’une force
terrestre et de la marine américaine en 1898 et met fin à quatre siècles d’impérialisme
espagnol sur le continent américain.