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INTRODUCTION

Maimouna, écrit par Abdoulaye Sadji, est un roman qui offre une perspective unique sur la
présentation du village et de la ville. Publié en 1952, ce roman est une œuvre de la littérature
africaine qui met en scène la vie dans un village et dans une ville de l'Afrique de l'Ouest, du
changement social et des conflits culturels qui émergent lorsque les valeurs du village se heurtent
aux influences de la ville. Dans cet exposé, nous examinerons la manière dont Abdoulaye Sadji
présente le village et la ville dans Maimouna.

I°/ Le village de Thiès


1- L’espace
L'espace dans le village de Maïmouna est une représentation réaliste de la vie quotidienne dans un
village sénégalais traditionnel. Le roman décrit les différents espaces du village, tels que les maisons,
les rues, les places publiques, les champs et les marchés. Chaque espace est associé à des activités
spécifiques et joue un rôle important dans la vie des habitants. Les maisons sont situées dans des
cours entourées de murs en banco. Les cours sont le lieu où les femmes s'occupent des tâches
domestiques, comme la cuisine et la lessive, et où les enfants jouent et apprennent les valeurs et les
traditions du village. Les rues, quant à elles, sont étroites et sinueuses, et sont principalement
utilisées pour les déplacements à pied et les échanges sociaux informels. Les places publiques,
comme la place du marché, sont des espaces importants pour les échanges économiques et sociaux.
C'est là que les villageois se rassemblent pour vendre et acheter des produits, discuter et se divertir.
Les champs, situés en dehors du village, sont l'espace où les villageois cultivent leurs terres et
produisent les aliments qui nourrissent la communauté.
Dans l'ensemble, l'espace dans le village de Maïmouna est représentatif de la vie traditionnelle dans
les villages africains. Les différentes activités et interactions sociales sont intimement liées à
l'environnement physique et spatial du village, créant un tissu social et culturel unique et complexe.

2- La conception du village
Dans le roman "Maïmouna" d'Abdoulaye Sadji, la conception du village est présentée comme étant à
la fois un lieu de rassemblement et de solidarité, mais également un lieu de hiérarchie et de division
sociale.

D'un côté, le village est dépeint comme un lieu de vie communautaire où les habitants partagent une
culture, des traditions et des valeurs communes. Les fêtes, les cérémonies religieuses, les
rassemblements au marché, et les échanges entre les différentes familles et générations créent un
sentiment de communauté et de solidarité.

D'un autre côté, le village est également marqué par des divisions sociales, notamment entre les
différentes classes et castes. Les chefs de clans et les notables ont une influence considérable sur la
vie du village, tandis que les paysans et les artisans sont souvent exploités et soumis à des conditions
de vie difficiles. Les femmes sont également soumises à des normes strictes de comportement et de
rôle social.

En somme, la conception du village dans "Maïmouna" est ambivalente, à la fois comme un lieu de
communauté et de solidarité, mais aussi comme un lieu de divisions sociales et de hiérarchie.

3- La vie de Maïmouna au village


La jeune Maïmouna adore la vie au village. Peu importe que la case de sa mère soit délabrée et
qu’elle soit l’une des jeunes filles dont les parures sont les moins coûteuses et élaborées. Quel délice
d’être choyée par une mère courageuse. Et que dire des fêtes qui agrémentent la vie dans la brousse
comme celle qui suit la fin du Ramadan. Pour cette occasion, Daro fait preuve d’ingéniosité et
sacrifie un peu de son argent pour que sa fille rivalise en beauté avec ses petites amies. Comme il est
merveilleux de contempler aux sons des percussions les trémoussements magiques de cette gamine
à la grande beauté. Certes, la vie villageoise est routinière : au levé, un exercice éprouvant pour la
lève-tard, donner à manger aux poules, préparer le repas et l’apporter à sa mère, commercer à ses
côtés, puis retourner à la case quand les rayons du soleil faiblissent. Ainsi les jours se succèdent. En
dépit des lettres de Rihanna qui demande à sa mère de lui confier l’éducation de sa sœur, Daro s’y
refuse. Son amour pour sa fille et la peur de la solitude l’y empêchent.

Mais avec la puberté Maïmouna se lasse de la vie au village et de la pauvreté. Elle devient aigrie,
injuste voire insultante à l’encontre d’une mère qui se démène pour leur survie. L’adolescente rêve
de la vie à Dakar qui semble si merveilleuse à la lecture des lettres de sa sœur. Daro doit se rendre à
l’évidence, elle doit céder et laisser partir sa fille rejoindre Rihanna qui mène une vie luxueuse grâce
aux revenus de son époux, cela au milieu d’une cour où personnages importants, imposteurs et
parasites sont entretenus. Dans son roman, Abdoulaye Sadji, très attaché à sa culture, fait une
distinction très nette entre la vie villageoise et celle trépidante de Dakar. La première, incarnée par
Daro qui prend les habits de la raison, est faite de volonté, d’un dur labeur au quotidien, de la valeur
de la vie et de l’humilité que tout homme doit avoir face à son destin. A Dakar où « les
agglomérations indigènes s’étalent [et] forment comme une ceinture d’ordures », la vie est semée
de pièges, de tromperies, d’illusions. Sans se laisser aller à une opposition irréconciliable d’un
monde naturel et par-là-même vertueux que serait le village, et celui de la cité pervertie où les
hommes noyés dans la multitude auraient perdu le sens de leurs origines, il est incontestable que
l’écrivain dénonce une dérive, une crainte, que l’Africain perde son identité. Une dénonciation qui
devient acerbe quand il décrit l’univers inconsistant de ses africains appelés « évolués » par le maître
colonisateur, qui ne rêvent que d’assimilation et s’isolent de ce qui leur apparaît être l’inculte plèbe,
leurs compatriotes des faubourgs et de la brousse. Assurément, Maïmouna pure puis égarée, à
l’innocence violée, est l’allégorie d’une Afrique en transition qui à la veille des indépendances doit
faire le choix de son destin : elle ne doit pas renier l’authenticité de ses origines tout en étant
ouverte à une modernité qui lui permettra de répondre aux défis à venir. Un enjeu qui semble être
encore d’une grande actualité.

II° La ville de Dakar


1- L’espace de la ville
"Maimouna" d'Abdoulaye Sadji est un roman qui décrit la vie quotidienne des habitants d'un
quartier populaire de Dakar dans les années 1950. L'espace de la ville y est représenté comme un
lieu de contrastes et de conflits entre les différentes classes sociales et ethniques qui y cohabitent.

D'une part, on trouve les quartiers riches et modernes, où les colons français et les élites
sénégalaises vivent dans des maisons spacieuses et luxueuses. Ces quartiers sont souvent bien
entretenus, avec des rues propres et des jardins bien entretenus.

D'autre part, les quartiers pauvres sont souvent décrits comme surpeuplés, insalubres et bruyants.
Les habitants y vivent dans des maisons en terre battue, souvent sans électricité ni eau courante. Les
rues sont étroites et sales, et les déchets s'accumulent souvent sur les trottoirs. Les conditions de vie
y sont difficiles, et les personnages du roman sont souvent confrontés à des problèmes tels que la
maladie, la faim et la violence.

Cependant, l'espace de la ville dans "Maimouna" n'est pas simplement un lieu de conflits et
d'oppressions. Les personnages du roman trouvent également des espaces de solidarité et
d'entraide dans les quartiers populaires. Les habitants s'entraident pour faire face aux difficultés de
la vie quotidienne, et les liens de parenté et d'amitié sont importants.

Dans l'ensemble, l'espace de la ville dans "Maimouna" est représenté comme un lieu complexe, où
les différents groupes sociaux et ethniques se côtoient et s'affrontent, mais où les relations de
solidarité et d'entraide peuvent également exister.

2- L’image de la ville
En contraste avec le village de Thiès, la ville de Dakar est décrite comme un lieu où les traditions sont
éclipsées par les influences occidentales. Les bâtiments modernes, les voitures et les vêtements
occidentaux symbolisent la modernité et le progrès, mais aussi la perte d'identité culturelle. La ville
est également caractérisée par un individualisme et une indifférence croissante envers les autres, en
particulier les pauvres et les démunis. Les inégalités sociales sont accentuées par la présence de la
colonisation, qui privilégie les Blancs et les riches au détriment des Africains.

Maimouna, qui est attirée par la ville, y découvre un monde qui est à la fois fascinant et terrifiant et
y voient la possibilité de trouver un travail, de gagner de l'argent et de mener une vie meilleure.
Certains personnages sont même prêts à abandonner leur vie rurale pour aller vivre en ville.

Maimouna est séduite par la modernité et la liberté qu'elle offre, mais elle est également confrontée
à la pauvreté, à la prostitution et à la corruption. Elle réalise que la ville est un endroit où l'argent est
le maître, où les liens familiaux sont rompus et où les traditions sont ignorées.
3- La vie de Maïmouna à Dakar
A l’âge de quatorze ans, elle rejoint sa sœur. Belle et bien éduquée, elle ne tarde pas à attirer
plusieurs prétendants riches. Grisée par un quotidien fait de flâneries, de richesses, de mondanités
et de fêtes, à mille lieues des besognes villageoises, Maïmouna plus belle que jamais ne prend pas
conscience qu’elle devient un objet de convoitise. Très vite, les prétendants au mariage se
bousculent. Rihanna veille à ce que sa cadette soit l’épouse d’un homme de valeur au patrimoine
bien doté. Il en va de sa réputation. Elle ignore les sentiments de sa jeune sœur qui lui doit
obéissance. Et pourtant, le cœur de Maïmouna peu averti de l’univers dakarois a des sentiments qui
s’accommodent difficilement aux enjeux prosaïques d’un mariage de raison. Les effets dévastateurs
de la tourmente approchent. Sa sœur lui en choisit un parmi eux. Six mois après ses fiançailles avec
Galaye, un homme âgé et riche et polygame, Arrivée à Dakar, non seulement la vie du village mais
aussi la tradition orale -représentée par des ethno-textes comme le conte, les chants, etc. perdent,
dans un premier temps leur importance et leur fonction intégrante et protectrice. Les références aux
formes de l’oralité traditionnelle ne ressurgissent qu’au moment du premier échec de Maïmouna
dans la société dakaroise où elle est repliée sur elle-même à cause de son amour secret pour
Doudou Diouf dont personne de sa famille et de son entourage n’est au courant sauf Yacine qui
poursuit le projet dangereux et insidieux de s’entremettre pour les deux jeunes à l’insu des proches
et des parents de Maïmouna. Cette fois-ci, par l’emboitement de plusieurs proverbes dont l’auteur
fait « accompagner » la protagoniste pendant la période malheureuse et nuisible qu’elle vit sous
l’influence de Yacine jusqu’au départ de celle-ci, Sadji recrée le cadre de référence qui avait protégé
Maïmouna dans son enfance. Dans la lettre simulée par Yacine pour se retirer dans l’affaire,
encadre cette période fatale dans la vie de Maïmouna où elle subit la plus grande épreuve dans son
rapport avec Doudou et lors de sa grossesse illégitime. Le commentaire de l’auteur concernant la
fonction des proverbes en général explique leur apparition à ce moment précis du roman et montre
en même temps leur caractère ambigu voire douteux.

Au même titre que les proverbes, la « Sagesse traditionnelle » s’avère incapable de donner une
véritable orientation face aux difficultés que Maïmouna rencontre lors de son séjour à Dakar.
Bounama, que l’auteur fait parler ici en style indirect libre, constate devant le fait accompli de la
grossesse illégitime de sa belle-sœur, dont il veut garder le secret, le manque de « soutien » et
l’impuissance du savoir transmis par la « sagesse des vieux ».

La grossesse de Maïmouna représente selon le code traditionnel une honte sans égale et s’impose
comme une sorte de punition et de malédiction non seulement à Maïmouna mais à toute sa famille
et provoque pour tous les concernés un choc culturel qui leur fait perdre leur croyance dans les
valeurs sécurisante de la tradition. La révolte de Maïmouna contre sa mère sera sévèrement
sanctionnée par la vieille même Raki qui se réfère à l’héritage moral qui interdit qu’un enfant
désobéisse à sa mère, et plus tard par les évènements qu’entraine sa révolte contre un code établi
et généralement respecté, interdisant l’état de grossesse en dehors du mariage.

Loin de vouloir montrer que les valeurs et les vertus transmises par le patrimoine culturel sont
dépassées ou seulement ataviques et anachroniques, Sadji est bien conscient d’une déchéance
potentielle et réelle de ces mêmes valeurs face à la confrontation avec la culture occidentale qui a
surtout lieu dans le milieu métropolitain de Dakar.

III° Résumé de l’œuvre


Maïmouna est un roman de Abdoulaye Sadji publié en 1953. Le livre raconte l'histoire d'une jeune
fille nommée Maïmouna qui grandit dans un village traditionnel au Sénégal et qui est envoyée à la
ville pour poursuivre ses études. Dans le roman, l'auteur présente deux milieux différents : le village
et la ville.

Le village est présenté comme un lieu traditionnel où les gens vivent en harmonie avec la nature. Les
habitants sont très attachés à leurs coutumes et à leur mode de vie. Le village est décrit comme un
lieu où les gens sont proches les uns des autres et où l'entraide est très importante. Les familles sont
nombreuses et vivent ensemble dans des cases traditionnelles en terre.

En contrastant avec le village, la ville est présentée comme un lieu moderne et impersonnel où les
gens sont souvent seuls et isolés. La ville est bruyante et pleine de monde, avec des rues bondées et
des voitures qui circulent dans tous les sens. Les maisons sont en béton et en acier, très différentes
des cases traditionnelles en terre du village. Les habitants de la ville sont également très différents
de ceux du village. Ils sont plus individualistes et préoccupés par leur propre réussite.

Dans le roman, Maïmouna est envoyée à la ville pour poursuivre ses études et elle doit s'adapter à
cette nouvelle réalité. Elle doit faire face aux différences culturelles entre le village et la ville, ainsi
qu'aux pressions de ses amis et de sa famille pour qu'elle réussisse dans ses études.

En fin de compte, Maïmouna doit trouver un équilibre entre ses racines villageoises et sa vie en ville.
Elle doit apprendre à apprécier les avantages de chaque milieu et à trouver sa place dans le monde
moderne.

En conclusion, Abdoulaye Sadji utilise la présentation du village et de la ville dans son roman
Maïmouna pour montrer les différences culturelles et les défis auxquels les jeunes Sénégalais sont
confrontés lorsqu'ils quittent leur milieu traditionnel pour poursuivre des études ou une carrière en
ville. Le roman est une méditation sur les racines, l'identité et la façon dont les gens peuvent trouver
un équilibre entre les traditions anciennes et les défis de la modernité.

CONCLUSION
Le roman "Maimouna" d'Abdoulaye Sadji présente une comparaison intéressante entre le village et
la ville en Afrique de l'Ouest. Les deux milieux sont décrits de manière très différente, avec des
valeurs et des modes de vie distincts. Le roman souligne les conséquences de l'urbanisation sur les
traditions et les valeurs des habitants du village, ainsi que l'importance de la communauté et de la
solidarité dans la vie rurale. En fin de compte, le roman montre que chaque milieu a ses avantages et
ses inconvénients, mais que l'essentiel est de trouver sa place et son bonheur dans sa propre vie.

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