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Les organisations

internationales et
la bonne gouvernance
Mehrez HAFSI

Les organisations
internationales et
la bonne gouvernance

INSTA NC E NATIONA LE D E
LUTTE C ONTR E LA C OR R U P T I O N

Centre d’études, de formation et d’information


sur la lutte contre la corruption
Titre: Les organisations internationales et la bonne gouvernance.
Auteur: Mehrez HAFSI (Docteur en droit public).
Éditeur: Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption (INLUCC)
Centre d’études, de formation et d’information sur la lutte contre
la corruption (CEFICC)
ISBN: 978-9938-9586-1-4
1ère Édition: octobre 2017
Dépôt légal: 4è trimestre 2017
Conception graphique & montage électronique: Houcine SAIDI

Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption (INLUCC)


71, Avenue Taïeb Mhiri
1002 Tunis Belvédère - Tunisie
Tél : (+216) 71 840 401 - Fax : (+216) 71 840 390
E-mail : contact@inlucc.tn

© Tous Droits Réservés


Tunis - (Tunisie) - 2017
Dédicaces

Je tiens, tout particulièrement, à dédier ce travail


modeste de recherche à la mémoire de mon père
qui m’a guidé vers le chemin de la sagesse et de
la probité.

Toute ma reconnaissance et ma haute considération


vont également:

- À la grâce de ma mère qui m’a tout donné


avec amour et patience,

- À ma femme et à mes enfants qui ont


appuyé ma détermination et alimenté ma
confiance pour que la créativité et l’objectivité
animent le processus de mes constatations
et ma prédisposition de développement et
d’analyse.

5
Principales abréviations :
ACP : Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
AEMF : Autorité Européenne des Marchés Financiers
ALENA : Accord de Libre Echange Nord Américain
ANE : Acteurs Non Étatiques
APD : Aide Publique au Développement
APEM : Assemblée Parlementaire Euro-méditerranéenne
API : Autorité Publique Indépendante
ARLEM : Assemblée Régionale et Locale Euro-méditerranéenne
ATILF : Analyse et Traitement de la Langue Française
BEI : Banque Européenne d’Investissement
BG : Bonne Gouvernance
BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement
(Groupe de la Banque Mondiale)
BRI : Banque des Règlements Internationaux
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique
CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique
CCG : Conseil de coopération des États arabes du Golfe
CE : Communauté Européenne
CEDH : Cour Européenne Des Doits de l’Homme
CIJ : Cour Internationale de Justice
CIRDI : Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux
Investissements (Groupe de la Banque Mondiale)
CJUE : Cour de Justice de l’Union Européenne
COE : Conseil de l’Europe
CMDD : Commission Méditerranéenne du Développement Durable
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement
CPI : Cour Pénale Internationale
CSCE : Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe
FCPA : Foreign Corrupt Practices Act
FEMIP : Facilité Euro-méditerranéenne d'Investissement et de Partenariat
FMI : Fonds Monétaire International
GLCC : Gouvernance et Lutte Contre la Corruption
IDA : Association Internationale de Développement
(Groupe de la Banque Mondiale)

7
IDRP : Institut de Documentation et Recherche sur la Paix
IEVP : Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat
IFC : International Finance Corporation / Société Financière Internationale
(Groupe de la Banque Mondiale)
ISO : Organisation Internationale de Normalisation/International Organization for
Standardization
MENA : Middle East and North Africa
MERCOSUR : Marché commun du sud
MIGA : Multilateral Investment Guarantee Agency/ Agence Multilatérale de Garantie
des Investissements (Groupe de la Banque Mondiale)
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
OI : Organisation(s)Internationale(s)
OIF : Organisation internationale de la Francophonie
OIG : Organisations Internationales Gouvernementales
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONU : Organisation des Nations Unies
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
OSCE : Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe
OSC : Organisations de la Société Civile
PEV : Politique Européenne de Voisinage
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies Pour le Développement
SFDI : Société Française pour le Droit International
TI : Transparence Internationale
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UEM : Union Economique et Monétaire
UPM : Union Pour la Méditerranée
UNESCAP : United Nations Economic and Social Commission for Asia and the Pacific

8
Préface

Par: Chawki TABIB

La question de la mauvaise gouvernance, l’ineffectivité tant du


droit international que des Organisations Internationales face aux
phénomène de la corruption dans son acception la plus large et ses
formes qui se compliquent et se métamorphosent de plus en plus,
la vulnérabilité des systèmes nationaux de gouvernance juridique,
économique, sociale, culturelle, environnementale, politique,
etc., demeurent des sujets qui gênent indifféremment gouvernants
nationaux, infranationaux et supranationaux sur lesquels cet ouvrage
apporte audacieusement des nouvelles conceptualisations suivant
une architecture de lecture à la fois riche et lucide.

Publié dans une collection destinée à la promotion de la recherche et


de l’innovation ayant trait aux différentes dimensions et aux diverses
formes liées à la Bonne Gouvernance et à la Lutte Contre la Corruption,
cet ouvrage fait appel à des dispositifs d’analyse variés qui sauraient
conjuguer théorie, philosophie, droit et management dans une
acception aussi bien juridico-politique qu’économique.

Fondée sur une approche de constatation, d’analyse et de


conceptualisation, la recherche menée par l’auteur de cet ouvrage
atteste son originalité.

Menées sur des champs et des secteurs qui ne recueillent pas forcement
l’unanimité, les constatations et les conceptualisations courageuses et

9
stimulantes présentées par l’auteur ne constituent nullement des avis
juridiques et ne reflètent pas nécessairement l’opinion de tous les
juristes et de l’ensemble des économistes.

En revanche, la démarche d’analyse, de synthèse et d’élucidation


témoigne de la créativité et de la richesse aussi bien de la
méthode que des conclusions et des nouvelles conceptualisations
présentées vaillamment par l’auteur, loin de l’abstraction et de la
simple description, ce qui évite éventuellement des interprétations
idéologiques douteuses.

Par ailleurs, la notation internationale, les normes de conformité,


l’opérationnalisation de la Bonne Gouvernance au travers de la
redevabilité et de la responsabilisation, la pertinence de la gouvernance
juridique, les zones à haut risque et les secteurs vulnérables à la
corruption et au développement de la mauvaise gouvernance, etc.,
ont constitué des champs d’analyse et de conceptualisation traités
sous un autre regard et suivant une nouvelle configuration adoptée
par l’auteur.

En outre, la recherche stimulante menée par Mehrez HAFSI aussi bien


au niveau méthodologique que sur les aboutissements ayant trait
d’une part à la configuration d’interdépendance entre la Lutte Contre la
Corruption et la Bonne Gouvernance et d’autre part à l’interpénétration
de leurs systèmes, procédés et mécanismes aussi bien juridiques
qu’institutionnels, constitue une référence de taille à ne pas négliger
dans notre quête tant de compréhension que d’identification des
périmètres, des champs et des meilleures pratiques qui devraient
rassurer autant les gouvernants que les gouvernés dans le combat
mené contre la corruption.

A ce juste titre, les deux interrogations capitales posées et analysées


par l’auteur et qui visent à connaître si la pertinence «de lutter

10
contre la corruption soit-elle prioriser pour mieux gouverner ? Ou
bien, si la convenance de mieux gouverner s’impose-t-elle en tant
qu’exigence ou préalable afin d’éviter le développement de la
corruption», constituent un champ incontournable de constations et
de considérations.

Force est de constater que la nature des normes internationales


en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption
s’expose à de nombreuses difficultés, M.HAFSI, s’est attelé dans cet
ouvrage à l’analyse des questions relatives à l’opposabilité et à la
transposabilité de ces normes d’un coté et au degré d’appropriation
nationale de ces normes d’un autre.

Encore, la question relative à l’identification des responsabilités, des


causes et de l’ampleur de la mauvaise gouvernance et de la corruption
a mérité une attention toute particulière dans cet ouvrage ce qui
pourrait alimenter, sans doute, notre rayon académique de recherche
et d’expertise en la matière.

Aussi, les Justifications aussi bien stratégiques qu’opérationnelles ne


manquent pas dans cet ouvrage. Des analyses tant rétrospectives que
prospectives ont amené l’auteur à inscrire des constatations d’ordre
géopolitique qui méritent d’être prises en considération dans notre
quête sur les motifs, les causes et les conséquences aussi bien de la
mauvaise gouvernance que de la corruption.

Les transformations structurelles au niveau de la réglementation


aussi bien nationale qu’internationale, le Besoin ou l’exigence de
repenser la manière de gouverner, les mécanismes et les démarches
de recommander ou d’imposer une manière, une approche ou
un processus de BG, à travers la normalisation, la codification des
comportements, la mesure et l’évaluation de la gouvernance ont
également constitué des champs particuliers sur lesquels Mehrez

11
HAFSI s’est attelé à démontrer la nécessité de la remise en cause
continuelle tant pour les gouvernants internationaux que nationaux et
infranationaux.

Enfin, l’inscription des valeurs et des principes dans les règles et


les procédures, leur traduction au niveau des comportements et
des actes, la mesure de l’action et des processus en adoptant des
indicateurs et des critères ont constitués des repères d’analyse et de
constatation dans cet ouvrage.

La vigilance, la prudence et la veille alimenteraient la volonté


respectivement des gouvernants et des gouvernés à maintenir et
à entretenir un degré raisonnable d’équilibre entre la confiance, la
crédibilité et la légitimité non seulement pour mieux gouverner
mais également afin de réduire la mauvaise gouvernance et de
mieux s’immuniser contre la corruption, ce qui constitue un gage
de conformité et une garantie de prévention pour les générations
futures.

Chawki TABIB
Président de l’Instance Nationale
de Lutte Contre la Corruption
Ancien bâtonnier de l’Ordre national
des avocats de Tunisie

12
Introduction générale

13
La fréquence des débats se confirme et semble s’amplifier, les divergences et les
controverses tant d’ordre politique que de nature économique et sociale affirmeraient
l’existence d’une certaine inquiétude qui paraît se développer en caractérisant
davantage les rapports entre acteurs gouvernementaux, intergouvernementaux et non-
gouvernementaux aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.
Force est de constater que la désignation et la configuration des exigences
auxquelles pourraient être assujettis, indifféremment, tous les acteurs potentiellement
concernés par la question de la gouvernance, mèneraient, vraisemblablement, à des
conflits virtuels qui pourraient ainsi surgir notamment entre les États et les
Organisations Internationales.
Tout en étant conscient de l’existence de ces conflits, il semble judicieux de
signaler que l’objectif ultime s’identifie par rapport à la maîtrise du processus de
compréhension, d’appropriation, d’application et de transposition des dispositifs d’une
meilleure gouvernance qui s’illustre au niveau du fonctionnement des systèmes
politiques, juridiques, économiques, administratifs et comportementaux et ce, afin de
garantir la légitimité, la confiance et la méritocratie.
En revanche, il s’avère que l’inquiétude et la méfiance se manifestent au niveau
des liens de gouvernance entre États et OI à vocation universelle ou régionale afin de
prouver la légitimité d’intervention et la priorité de réaction face à des crises de nature
économique, financière, politique, sociale, environnementale, etc. et générant ainsi des
tensions et des conflits à l’échelle des pays et au niveau des relations interétatiques. 1
D’où, se pose la question relative à l’identification des responsabilités et des
causes qui se louent à la mauvaise gouvernance? L’interrogation se conçoit tantôt dans
une dimension politique tantôt dans une optique économique.
Par ailleurs, les explications sont, d’emblée, illustrées à travers un ensemble
d’événements, de pratiques et de comportements qui regroupent les caractéristiques de
la mauvaise gouvernance avec la prise en compte de toutes ses configurations qui
touchent à la corruption, au gaspillage de l’argent public, au non respect des principes
conventionnels et non-conventionnels de la Bonne Gouvernance recommandés ou
imposés par les OI.

1
Laurence Brière, « De la responsabilité de la « gouvernance » à la responsabilité éco-
politique », Éthique publique, vol. 16, n° 1 | 2014.

15
Ainsi, l’allusion pourrait se maintenir et se confirmer par rapport à la tendance des
explications qui se conçoit tantôt de nature philosophique tantôt suivant une percée
géopolitique face à des comportements étatiques ou supra-étatiques qui se démarquent
par rapport aux exigences de l’Histoire ou celles de la conjoncture aussi bien
économique que politique choisies ou imposées.
De ce fait, l’apprentissage quant à la conception, à l’appropriation et à la conduite
des mécanismes aussi bien de revendication que de recherche, de développement et
d’anticipation d’éléments de réponse singulière ou commune, nécessiterait, non
seulement, une reconfiguration du modèle de gouvernance et une transformation de
paradigme, mais également une impulsion d’autocensure, d’autorégulation et d’auto-
évaluation quant aux pratiques de mauvaise gouvernance ou celles qui risquent de se
qualifier ainsi.
Or, les perspectives conçues se prêtent à s’accoutumer à une meilleure
contractualisation en termes d’engagements réciproques et symétriques entre
gouvernant et gouverné et ce, loin de la loyauté imposée ou de la soumission présumée
qui pourraient être générées à travers la gouvernance recommandée.
Ceci étant, cette configuration semble nécessiter une démarche d’appropriation
aussi bien des principes que des exigences d’une gouvernance traitant d’un
témoignage d’équilibre, substantiellement façonné, entre les fondements de la sagesse
et la reconnaissance tant distincte que croisée des volontés2 des entités aussi bien
nationales que régionales et internationales.
D’où, l’oscillation, tant remarquée, entre reconnaissance, constatation,
argumentation, jugement et influence qui se produirait au sein des États et des
Organisations Internationales et entre eux-mêmes reflèterait également un champ de
tiraillement qui s’observerait entre les deux qualifications successives de mauvaise ou
de bonne qui s’attribueraient à la gouvernance.

2
Il s’agit d’un exercice constant qui a pour objet d’identifier les énergies et les aptitudes
tant existantes que potentielles aussi bien particulières que collectives afin de constituer une
gouvernance qui soit similaire dans la configuration.
Cela repose à la fois sur la conscience et la volonté qui s’activent et se projettent en se
référant à l’équilibre assimilable et gouvernable entre vision, positionnement,
prédisposition, transformation, interactivité et créativité.

16
Par ailleurs, cela constitue une exigence de considération pour les États comme
pour les OI qui paraît résider essentiellement dans l’objectif d’appuyer la légitimité et
de s’approvisionner en crédibilité et en confiance tant pour gouverner que pour
s’acquitter d’un droit ou d’un devoir de regard par rapport à l’application et au bon
dosage quant à l’emploi des modes et des mécanismes de la gouvernance.
Aux fins d’établir certains éclaircissements d’ordre terminologique, il s’avère
opportun de signaler que selon la commission du droit international3, « l’expression
Organisation Internationale s’entend de toute organisation instituée par un traité ou
un autre instrument régi par le droit international et dotée d’une personnalité juridique
internationale propre. Outre des États, une organisation internationale peut
comprendre parmi ses membres des entités autres que des États. »4
Selon la Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 mai 1969 et la
Convention de Vienne du 21 mars 1986 sur le droit des traités entre États et
organisations internationales ou entre organisations internationales5« L’expression
Organisation Internationale s’entent d’une organisation intergouvernementale » 6
Ceci étant, selon la Cour Internationale de Justice «l’organisation internationale
est un sujet de droit international lié en tant que tel par toutes les obligations que lui
imposent les règles générales du droit international, son acte constitutif ou les accords
internationaux auxquels il est partie.»7

3
Créée le 21 novembre 1947 par l'Assemblée Générale des Nations Unies (résolution
A/RES/174(II)), la Commission du droit international a pour mission de favoriser le
développement progressif et la codification du droit international.
http://www.un.org/fr/aboutun/structure/ilc.shtml
4
Projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales et commentaires y
relatifs 2011, Texte adopté par la Commission du droit international à sa soixante-troisième
session, en 2011, et soumis à l’Assemblée générale dans le cadre de son rapport sur les
travaux de ladite session (A/66/10).
5
Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 1155, p. 331.article 2, par. 1, al. i
6
La Convention de Vienne du 21 mars 1986 sur le droit des traités entre États et
organisations internationales ou entre organisations internationales, A/CONF.129/15 p. 5.
article 2, par. 1, al. i
7
Interprétation de l'accord du 25 mars 1951 entre l'OMS et l'Egypte, avis consultatif, C.I.J.
Recueil 1980, p. 73

17
Etant donné que notre recherche concerne des rapports entre la BG et les OI, en
termes de démystification, de compréhension, d’analyse et d’interprétation, il s’avère,
par conséquent, nécessaire de préciser, d’emblée, que l’existence de certains éléments
de ressemblance et de chevauchement au niveau des compétences respectives des
Organisations Internationales ne conduit pas forcement à un conflit ou à une
concurrence mais au contraire, ce recoupement pourrait mener à une complémentarité.
Selon la Cour Internationale de Justice dans l’affaire relative à la licéité de
l'utilisation des armes nucléaires par un Etat dans un conflit armé, comme il a été
antérieurement signalé également par la Cour Permanente de Justice Internationale
dans l’affaire de la Commission européenne du Danube, le principe de spécialité lie les
OI aux compétences qui leurs sont attribuées par leurs créateurs, les États en
l’occurrence, telles qu’elles sont identifiées au niveau des textes constitutifs.8
Ceci étant, selon une étude sur les fonctions exercées par les OI en fonction de
leur vocation, il a été précisé que « pour des organisations comme l’Organisation des
Nations Unies (ONU), l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou
l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), il s’agit de sécurité collective.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Banque mondiale et le Fonds
monétaire international (FMI) ont quant à eux des fonctions de régulation
économique.
S’agissant de l’Organisation internationale du travail (OIT), de l’Organisation des
Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) ou de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), les fonctions sont essentiellement normatives.
L’Union internationale des télécommunications (UIT) ou l’Organisation de
l’aviation civile internationale (OACI) ont des fonctions de régulation sectorielle.

8
« La Cour a à peine besoin de rappeler que les organisations internationales sont des
sujets de droit international qui ne jouissent pas, à l’instar des Etats, de compétences
générales. Les organisations internationales sont régies par le ‘principe de spécialité’, c’est-
à-dire dotées par les Etats qui les créent de compétences d’attribution dont les limites sont
fonction des intérêts communs que ceux-ci leur donnent pour mission de promouvoir »
(CIJ, Recueil, 1996, p. 78, § 25.
(1927), CPJI, série. B, no 14, p. 64 : « Comme la Commission européenne n’est pas un
Etat, mais une institution internationale pourvue d’un objet spécial, elle n’a que les
attributions que lui confère le Statut définitif, pour lui permettre de remplir cet objet »

18
Les fonctions juridictionnelles sont notamment l’apanage de la Cour
Internationale de Justice (CIJ), de la Cour Pénale Internationale (CPI) et de la Cour
européenne des droits de l’homme (CEDH). Enfin, l’Union européenne remplit des
fonctions d’intégration régionale. »9
Par ailleurs, peut-on encore affirmer qu’il ne pourrait pas être envisageable
d’identifier des compétences limitées ni définitives qui soient attribuées aux OI ?
Il s’agit, a priori d’un questionnement qui pourrait mettre en évidence la
possibilité d’admettre la coexistence entre le caractère général des buts et objectifs et
des domaines de compétences de l’OI et la spécialisation des champs d’intervention
qui pourrait être indiquée au niveau des actes constitutifs des OI.
Ceci étant, la complexité aussi bien d’observation que de jugement quant à la
suprématie d’un acte au niveau des relations internationales et quant à la connexion
entre les ordres juridiques national et international10 fait en sorte que les constatations
de conflits entre les OI elles mêmes et entre celles-ci et les ordres étatiques concernant
les domaines de la gouvernance, en matière de normalisation, de recommandation et
de mise en œuvre, confirment davantage les difficultés qui se rapportent à la maîtrise
des liens de gouvernance qui naissent et reconstituent à travers ces interactions.
Toutefois, il faut ajouter que certes, il existe des compétences implicites et
d’autres spécifiques, mais ces attributions ne vont pas certainement permettre aux
entités concernées d’intervenir exclusivement dans ces domaines.
Ce constat pourrait résulter de l’absence non seulement d’un organisme
international à vocation universelle ou régionale qui pourrait intervenir dans la
répartition des compétences afin de garantir une cohérence institutionnelle
d’ensemble, mais aussi d’une instance juridictionnelle ou politique qui pourrait
résoudre les conflits de compétences qui surgiraient notamment entre les organisations
internationales à vocation régionale.
Cela pourrait expliquer en d’autres termes le nombre évolutif et interminable des
organisations aussi bien régionales que sous-régionales et interrégionales qui
pourraient se créer dans un même cadre d’intervention et pour des objectifs similaires.

9
Franck Petiteville "Les organisations internationales sont-elles utiles ?" Questions
Internationales, n°63 (septembre-octobre 2013) -La Documentation française
10
L’ordre juridique national en prise avec le droit européen et international : questions de
souveraineté ? Thème du Colloque organisé par le Conseil d’Etat et la Cour de cassation
Conseil d’Etat, vendredi 10 avril 2015

19
En dépit de ce rythme soutenu de création des OI, auraient-elles le pouvoir et la
légitimité requis afin d’introduire la BG et de généraliser ses meilleures pratiques au
niveau étatique?
Serge SUR dans un article intitulé "Acteurs et figurants : le monde s’ennuie",11 a
noté que « les acteurs organiques sont ceux qui de façon officielle ont vocation à
organiser les relations internationales, à les réguler, à les animer. En premier lieu les
États, qui contrôlent souverainement les espaces terrestres … En second lieu, mais à
titre accessoire, les organisations internationales. Elles sont certes dotées d’une
personnalité juridique de droit international, possèdent leurs organes propres et
édictent leurs propres actes. Elles sont cependant créatures de leurs États membres,
instituées par eux pour servir leurs desseins et faciliter leur coopération ».
Toutefois, il faut préciser que d’après la lecture des dispositions de l’article 103
de la charte des Nations Unies, il s’avère qu’il existe une suprématie des obligations
onusiennes par rapport à celles issues d’autres accords internationaux.12
En dépit de cette possibilité de hiérarchisation des obligations qui incombent aux
membres de l’Organisation des Nations Unies par rapport aux autres obligations, il
semble difficile d’appliquer ce raisonnement à toutes les situations notamment celles
qui concernent les OI à vocation régionale et ce, au moins pour deux raisons.
D’abord, cet ordonnancement ne concerne que les obligations qui découlent de la
charte des NU et qui pourraient se prévaloir d’une certaine suprématie par rapport à
celles qui émaneront d’autres accords internationaux ce qui écarterait la situation qui
met en exergue les obligations qui résultent de deux organisations internationales à
vocation régionale entre lesquelles il n’existe pas un ordre de priorité.
Ensuite, le conflit entre les obligations des États membres qui pourrait surgir
concerne uniquement les obligations or, le recoupement de compétences pour lequel il
est question d’apporter des éclaircissements pour qu’il ne se transforme pas en conflit
ne semble pas être envisagé par le droit international.
11
Questions Internationales, n°63 (septembre-octobre 2013) La Documentation
française « Ils dirigent le monde… États, ONU, ONG, firmes transnationales, think tanks,
lobbies et les autres »
12
« En cas de conflit entre les obligations des Membres des Nations Unies en vertu de la
présente Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les
premières prévaudront ». Article 103 de la charte des Nations Unies

20
La Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 MAI 1969 s’avère apporter
des solutions juridiques pour ces conflits d’obligations, s’agissant particulièrement, du
rang juridique des normes impératives du droit international général. 13
Toutefois, le champ de la normalisation internationale en matière de gouvernance,
tout en n’ayant pas une classification ou une identification expresse de domaines
réservés ou une catégorisation spécifique de leur interdépendance, ne semble pas être
considéré par les normes impératives et que le recours aux solutions doctrinales
s’avère envisageable.
Ceci étant, il paraît opportun de signaler que chaque organisation internationale
n’est pas tenue, au moment de sa création, de s’aligner à un système de
fonctionnement spécifique ou à un régime de conduite particulier qui lui dicte la
nature et l’étendue de ses compétences ni même la manière de les exercer et ce, au
regard de celles attribuées à une OI qui existe déjà ou à celle qui se créerait tout en
prenant, évidemment, en considération les règles et les normes qui régissent le droit
international en matière de fonctionnement.
Par ailleurs, il faut indiquer que la gouvernance de nature économique et
financière est actuellement prioritaire dans la liste des objectifs et des domaines
d’intervention qui constituent la raison d’être de la création des OI à vocation
régionale.
Or, il paraît que le but essentiel qui argumenterait la constitution de telles OIG
aurait la tendance d’établir une gouvernance sous régionale avec un dosage d’équilibre
et parfois de déséquilibre quant au transfert de compétences afin de constituer une
mesure de qualification et de tendance tantôt d’intégration tantôt de coopération
économique et politique.

13
En effet, selon les dispositions de l’article 53 de cette Convention: «Est nul tout traité qui, au
moment de sa conclusion est en conflit avec une norme impérative du droit international
général. Aux fins de la présente Convention, une norme impérative du droit international
général est une norme acceptée et reconnue par la communauté internationale des États dans
son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n’est permise et qui ne peut être
modifiée que par une nouvelle norme du droit international général ayant le même caractère».
Ainsi, l’article 64 de la même convention stipule que: «Si une nouvelle norme impérative du
droit international général survient, tout traité existant qui est en conflit avec cette norme
devient nul et prend fin».

21
In fine, force est de constater que dans toute OI qu’elle soit à vocation régionale
ou universelle, il existe un certain nombre d’éléments et de critères qui déterminent le
niveau de transfert de compétences qui s’octroient de la part des créateurs envers ces
différentes créatures qu’elles soient des compétences explicites ou implicites, ce qui
va, par conséquent, se répercuter sur la manière de gouvernance interne en ce qui
concerne l’OI elle-même et façonner, dès lors, la manière de recommander ou
d’imposer la BG au niveau externe.
Par ailleurs, eu égard aux considérations terminologiques relatives à l’avènement
du concept de la "gouvernance ", il s’avère que la majorité des constatations affirme
un sens bidimensionnel accordé d’un côté au sujet, s’agissant en l’occurrence du
gouvernement qui est appelé à piloter ou à guider et à agréer progressivement des
systèmes, des politiques ou des actes. Il s’agit d’un autre côté du sens attribué à la
manière de gouverner.
A cet égard, du point de vue juridique, la recherche est destinée à identifier parmi
les sources, celle qui prétend répondre ou motiver le plus une attitude ou une
affirmation qui s’accorde le mieux avec le concept de la gouvernance en appui
étymologique ou substantiel tout en retraçant un perçu tantôt événementiel tantôt
structurel.
En effet, la nuance paraît doublement défendable puisque, d’une part, les
contenants juridiques ou qui prétendent émettre ou attribuer une valeur juridique à la
gouvernance au niveau des OI se veulent abriter une forme de recommandations, de
rapports, de directives, de revues, d’analyses et d’examens, d’études, etc., mais qui ne
s’apparentent pas à des règles contraignantes et ne paraissent pas se rehausser à un
rang de normes pertinentes.
Cependant, suivant une connexion, qui pourrait concerner l’acception étendue de
la BG, entre les domaines des droits de l’Homme et de la gouvernance, comme il a été
expliqué et souligné par les professeurs Allain Pellet, René Cassin, Georges Scelle et
Michel Virally « la responsabilité fondamentale de la mise en œuvre des droits de
l'homme ( ... ) repose avant tout sur l'action de l'État14 dont les organes sont chargés de
l'application quotidienne des normes de droit de l'homme, même lorsque celles-ci sont
définies internationalement.

14
René CASSIN, La Déclaration universelle et la mise en œuvre des droits de l'homme,
R.C.A.D.I., 1951-II, vol. 79, p. 327

22
Au fond, dans ce domaine comme, d'ailleurs, dans presque tous les autres, l'État a
la compétence du dernier mot. Cela ne signifie pas que l'État peut faire « n'importe
quoi» ; si la norme existe, il est juridiquement tenu de l'appliquer. Et s'il y manque, il
se met en contravention avec le droit. Cela signifie simplement que l'État demeure, en
matière de droits de l'homme comme dans tous les autres domaines couverts par le
droit international le bras séculier , seul capable de mettre en œuvre la norme, et ceci
correspond assez bien à l'idée de « dédoublement fonctionnel» chère à Georges
Scelle.15
Conformément à la formule célèbre de Michel Virally, l'ordre juridique
international est ( ... ) incomplet: il a besoin du droit interne pour fonctionner. » 1617
Or, il s’avère que cette logique de constatation et d’interprétation pourrait être
soumise à une inertie dès lors que l’explication paraît statique et étant donné qu’elle
porte uniquement attention aux engagements de l’État afin qu’il applique les normes et
respecte les obligations qui en découlent alors que la sphère de la gouvernance et les
analyses appropriées qui pourraient être envisagées répondraient plutôt à une
dynamique de transformation et de transition aussi bien organisationnelle que
systémique, ce qui rend, éventuellement les obligations s’érigent en engagements de
nature morale et comportementale plutôt que normative stricto sensu .
La cour internationale de justice, en matière des droits de l’homme, comme il a
été signalé par le professeur Pellet18, dans l'affaire de la Barcelona Traction, reconnaît
l'existence d'obligations erga omnes, à propos desquelles, elle affirme que «vu
l'importance des droits en cause, tous les États peuvent être considérés comme ayant
un intérêt juridique à ce que ces droits soient protégés»19, or, ce qui devrait se
transformer au niveau de la normalisation et de la juridiction internationales demeure
tributaire, en matière de gouvernance, d’une reconnaissance des engagements
comportementaux ou d’ordre moral ce qui offrirait, par conséquent, les garanties
nécessaires pour l’application et le respect des principes et fondamentaux de la BG.

15
Georges Scelle, Précis de droit des gens, Sirey, T. II, 1934, pp. 319 s.
16
Michel Virally, Sur un pont aux ânes: les rapports entre droit international et droits internes,
Mélanges offerts à Henri Rolin, A.Pedone, Paris, 1964, p. 498
17
Allain Pellet, La mise en œuvre des normes relatives aux droits de l'homme. Souveraineté
du droit contre souveraineté de l'État? , in CEDIN, La France et les droits de l'Homme,
Montchrestien, Paris 1990, pp. 101-140
18
Ibid. p.125
19
C.I.J., Rec. 1970, p. 32.

23
Par ailleurs, tel qu’interprété de la logique d’Aristote, le raisonnement par
20
syllogisme pourrait constituer une méthode d’argumentation pour des domaines
d’application qui ne prétendraient a priori pas à des transformations, du moins
majeures ou de substance, mais qui ne s‘avère pas envisageable quant à l’identification
des traits distinctifs de la notion de gouvernance et notamment de sa formulation ou de
son adoption non seulement pour les États, mais également pour les OI à travers ses
différentes dimensions fréquemment en évolution et en mutation.
Ceci étant, pour les OI, la notion de BG a été identifiée tantôt suivant une logique
de limitation de ses champs ou de spécialisation de son contenu tantôt en fonction d’un
élargissement de son étendue.
En effet, selon la Commission Européenne21 la BG se définit comme étant: «la
gestion transparente et responsable des ressources humaines, naturelles, économiques
et financières en vue d'un développement équitable et durable dans un contexte
politique et institutionnel respectant les droits de l'homme, les principes
démocratiques et l'état de droit».
Suivant une étude menée sous l’égide de l’Institut Québécois des Hautes Etudes
Internationales, la considération terminologique du concept revient à admettre que la
gouvernance est, terme du français ancien qui a d'abord été utilisé au XIIIème siècle
comme équivalent de 'gouvernement' (art ou manière de gouverner) puis, à partir de
1478, pour désigner certains territoires du Nord de la France dotés d'un statut
administratif particulier (Baillages de l'Artois et de la Flandre), avant de s'appliquer
aussi, dans un contexte purement domestique, à la charge de gouvernance . 22

20
http://durkheim.uchicago.edu/Texts/1884a/45.html
« … deux formes de raisonnement: la déduction et l'induction.
La forme la plus parfaite du raisonnement déductif est le syllogisme.
Tous les hommes (M) sont mortels (T);
Or, Paul (t) est un homme (M);
Donc, Paul (t) est mortel (T).
La dernière proposition renferme deux termes et l'attribut y a une extension plus grande que
le sujet. Il s'appelle à cause de cela grand terme (T). Le sujet porte au contraire le nom de
petit terme (t). Enfin dans les deux premières propositions se trouve un terme commun,
auquel sont comparés tour à tour les deux termes déjà examinés; ce terme est nommé
moyen terme (M). »
21
Commission européenne. Office de coopération-EuropeAid, Lignes directrices, Gestion
du Cycle de Projet MARS 2004 http://europa.eu.int/comm/europeaid
22
Olivier Paye, La gouvernance : d'une notion polysémique à un concept politologique.
Revue Etudes internationales (Institut Québécois des Hautes Etudes Internationales),
volume XXXVI, n°1, mars 2005, pp. 13-40

24
Selon l'Organisation de la Transparence Internationale la gouvernance a pour but
de fournir l'orientation stratégique, de s'assurer que les objectifs sont atteints, que les
risques sont gérés comme il faut et que les ressources sont utilisées dans un esprit
responsable. Elle veille en priorité au respect des intérêts des "ayants droits"
(citoyens, pouvoirs publics, partenaires, actionnaires...) et à faire en sorte que leurs
voix soient entendues dans la conduite des affaires 23.
Ceci étant, les communications de la Commission Européenne en la matière sont,
tout de même, unanimes à considérer que « la notion de "gouvernance" désigne les
règles, les processus et les comportements qui influent sur l'exercice des pouvoirs au
niveau européen, particulièrement du point de vue de l'ouverture, de la participation,
de la responsabilité, de l'efficacité et de la cohérence. »24
Par ailleurs, la définition de la bonne gouvernance telle qu’adoptée et affirmée par
le Fonds Monétaire International a été consacrée au niveau de la note d’orientation
relative au rôle du FMI dans les questions de la gouvernance adoptée par la direction
du FMI le 25 juillet 1997. A travers le texte de cette note, le FMI reste prioritairement
concerné par trois issues majeures ayant trait à la gouvernance tout en restant limité à
ses aspects économiques. En effet, ces domaines intéressent respectivement la stabilité
macro-économique, la viabilité extérieure du pays et la croissance économique.
En revanche, tout en se liant à son rôle de conseil et d’assistance technique dans le
domaine de la gouvernance et notamment ce qui est en rapport avec l’objectif d’éviter
la corruption, le FMI a élargi sa compétence pour des champs intéressant la gestion
des ressources publiques, la fonction publique et les procédures administratives et ce,
dans l’objectif d’améliorer la transparence.

23
TI Transparence Internationale
24
Commission des Communautés Européennes - Gouvernance Européenne un Livre Blanc
Bruxelles, le 25.7.2001 COM(2001) 428 final- Le débat sur l'avenir de l'Europe et la portée du
Livre blanc p 9
Les communications suivantes, telles qu’initiées par la commission de l’Union Européenne
ayant trait à des domaines liés à quelques dimensions de la gouvernance :
 Communication de la commission au conseil et au parlement européen Le rôle de
l'union européenne dans la promotion des droits de l'homme et de la démocratisation
dans les pays tiers (Bruxelles, le 8.5.2001 COM(2001) 252 final
 Communication de la commission au conseil et au parlement européen donner une
nouvelle impulsion aux actions menées par l'UE dans le domaine des droits de
l'homme et de la démocratisation, en coopération avec les partenaires méditerranéens
orientations stratégiques (Bruxelles, le 21.05.2003 COM(2003) 294 final)
 Communication de la Commission au Conseil, au Parlement européen et Comité
économique et social européen et au Comité des régions - La gouvernance dans le
consensus européen pour le développement - Vers une approche harmonisée au sein
de l'Union européenne COM/2006/0421 final

25
Nonobstant l’absence, qui s’avère quasi confirmée, d’une unanimité quant à
l’existence d’une signification coordonnée et conventionnelle attribuée à la BG, cette
requête demeurerait accordée à une quête continue d’un équilibre entre le souhaitable
et le réalisable tout en partant d’un arbitrage tant institutionnel que juridique et
technique qui démarque, indistinctement, la volonté des gouvernants traduite en
objectifs communs, en acte anticipé et en action proactive.
Cette constatation aurait une acception globale qui concerne aussi bien les
systèmes, les processus et les niveaux de gouvernance que les personnes physiques et
morales qui seraient appelées à les piloter.
Vraisemblablement, après une profonde méditation en guise d’apprentissage et
d’exploration par rapport aux sources interminables et multidisciplinaires traitant du
même sujet et analysant les configurations possibles de la BG ayant trait
particulièrement à une dimension internationale et engageant ainsi le positionnement
des OI avec des regards différents et intérêts divers, il s’avère judicieux de signaler
que la BG s’apparente, en référence à sa quiddité, à un processus de recherche
d’effectivité.
Ce processus s’inscrit dans une dimension tant nationale et locale que régionale et
universelle, aussi bien publique que privée, associant, indistinctement, acteurs
gouvernementaux, intergouvernementaux et non-gouvernementaux et ayant ses
preuves à titre collectif ou pluriel et individuel ou singulier.
Il s’agit certes, d’un champ d’interrogation, mais également d’un sentier
d’exploration qui tient à être mené, consenti et apprécié en se projetant sur les
comportements et les attitudes dans un cadre qui, suivant des exigences de légitimité
et d’accommodation de tendance vers l’exemplaire et l’idéal, devrait être fondé sur la
confiance et la réciprocité quant à la volonté d’honorer les engagements mutuellement
et préalablement consentis entre gouvernant et gouverné.
Ceci étant, suivant un sens étymologique et dans son acception anglaise, le
terme governance trouvant son origine du mot gubernarequi veut dire  diriger un
navire , reflète, dans un esprit d’action, un modèle de commandement.
D’où, ce sens pourrait également, dans une dimension substantielle, faire dégager
deux réflexions qui pourraient se compléter comme elles pourraient aboutir à des
contradictions.

26
En fait, GUBERNARE, peut signifier, d’une part, cet effort de suivre une ligne de
conduite directe en s’alimentant d’une volonté incontournable de mener le navire dans
la trajectoire initialement tracée.
D’autre part, ce concept peut développer un sens complètement opposé par
rapport au premier dans la mesure où on peut considérer cette conduite du navire en
tant qu’une action indépendamment de la nature de l’objectif visé, des méthodes de
conduite employées et des qualifications et compétences de la personne qui conduit.
Qui gère, qui dirige mieux ? Quel est l’objet de cette gestion/de ce pilotage / de
cette gouvernance ?
Ce sont les premières réactions suscitant des questions posées afin d’établir des
réflexions et des idées préliminaires sur la notion de gouvernance. D’ailleurs, on
parlait même de  mis-governance ou de mauvaise gouvernance, comme de mauvaise
gestion25.
D’où, il convient de récupérer la confiance, réduire le risque d’être ou d’avoir mal
gouverné et tisser des liens communs, qui nécessitent d’être établis, entre État et
citoyen, entre État et un autre et entre État et OI et ce, par rapport à une cartographie
géopolitique en transformation et en mutation continues.
En revanche, faute de justice, d’équité et de bonne conduite des dirigeants
politiques, une quête d’épreuves de confiance, de légitimité, de crédibilité, d’intégrité,
de transparence26 et de redevabilité constituerait ainsi la perception audacieuse
caractérisant les liens de gouvernance entre l’appropriation et la soumission préconisée
à des ordres de gouvernance tant nationaux qu’internationalement recommandés par
les OI.
Ainsi, l’investigation allouée à l’essence de la BG témoignerait de l’importance
d’établir les politiques appropriées et d’interagir efficacement avec les domaines et les
secteurs concernés aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau international et autant
pour la normalisation que pour les approches et les démarches d’application.

25
http://ec.europa.eu/governance/docs
26
Dans son rapport intitulé « La lutte contre la corruption en termes clairs » Transparency
International définit la transparence comme «Le fait, pour une administration, une
entreprise ou une personne physique, de communiquer de manière ouverte et claire les
informations, les règles applicables, les projets et les actions en cours. Les responsables
publics, les fonctionnaires, les dirigeants des entreprises privées et des organisations
doivent avoir pour principe d’agir de manière transparente, prévisible et compréhensible
pour favoriser la participation et la responsabilité»
(Transparency International, 2009)

27
En effet, la configuration de l’envergure exceptionnelle agrémentée à travers la
portée et les justifications liées à l’objectif de s’approprier la BG s’avère rejoindre
d’une façon particulière l’illustration symbolique et complexifiée de la connexion qui
existe entre les OI et les États.

Par ailleurs, dans une dimension purement abstraite, il s’avère opportun de


signaler que les éléments qui consistent à instaurer la paix et la sécurité, coordonner
les projets et les programmes économiques, sociaux et environnementaux et intervenir
dans l’arbitrage et la régulation quant aux conflits et différends interétatiques
représentent les principaux objectifs qui illustrent la création, le rôle et éventuellement
les perspectives avec lesquels s’alimente la légitimité de l’existence et la manière de
gouvernance pour une OI.

Or, « intergouvernementales, elles ne sont que les instruments de leurs États


membres. Elles peuvent être acteurs opérationnels, exécutifs, mais ne sont pas
maîtresses de leurs décisions »27. Ainsi considérées, les OI devraient repenser non
seulement leur gouvernance, mais également leur positionnement dans le paysage de
la gouvernance internationale.

En effet, l’État et les OI qui représentent à la fois deux personnes morales et deux
sujets du droit international, avec une qualification respective selon laquelle l’un est
principal et l’autre est dérivé, s’animent par deux volontés tantôt distinctes et parfois
assemblées à faire appliquer les principes de la BG tels que prévus, considérés et
initiés par l’un ou l’autre des deux protagonistes.

Dans cette même logique de constatation, étant donné que les perceptions se
multiplient et les regards se divergent quant à la définition de la bonne gouvernance et
la délimitation de ses champs dans lesquels elle intervient, trois axes principaux
pourraient configurer la nature et l’étendue de cette analyse préliminaire.

En premier lieu, en ce qui concerne le 1er axe relatif aux niveaux conceptuel et
substantiel, il s’agit essentiellement de mesurer la BG et ce, à travers l’identification et
l’analyse d’un certain nombre de mécanismes spécifiques et appropriés.

27
Serge SUR, les organisations internationales, instruments des États membres.
« Acteurs et figurants : le monde sʼennuie ». Questions Internationales, n°63 (septembre-
octobre 2013) - p 07

28
D’où, cette identification et cette analyse visent essentiellement la singularisation
de la perception et de la connaissance du degré d’assimilation et du niveau
d’application des principes essentiels qui traduisent et caractérisent l’intention, la
manière et les dispositifs nationaux et internationaux tels que déployés afin de
concrétiser la BG.

En deuxième lieu, le 2ème axe s’identifie par rapport à la mesure de la légitimité de


l’intervention des OI et de l’effectivité de leurs actions, tout particulièrement, dans ce
domaine.

En fait, ce qui pourrait motiver cette recherche, trouve son explication dans une
constatation bidimensionnelle quant à la légitimité de l’intervention d’une part et par
rapport aux possibilités traduisant l’épreuve des mécanismes et dispositifs servant à
mesurer l’effectivité des OI d’autre part et ce, au travers de cette intervention en
termes d’actions et de réactions entre les OI et les États.

En troisième lieu, le positionnement de l’État constitue le 3ème axe qui schématise


la réaction de l’État constituée de trois éventuels réflexes.

D’abord, l’État pourrait, suivant un cheminement ordinaire et constant, démontrer


une véritable loyauté, ou prétend être convaincu, en dégageant certaines intentions
partisanes, afin de s’aligner aux différentes directives et recommandations émanant
des OI ayant trait à la BG.

Ensuite, l’État, tout en exprimant sa volonté affirmative et indépendante, pourrait


formuler des décisions qui s’avèrent indicatives pour confirmer son appropriation des
lignes directrices émises par les OI tout en adoptant des démarches adaptées qui
s’accommodent des spécificités d’ordre national.

Enfin, l’État, en admettant sa détermination à préserver pleinement sa


souveraineté et à intervenir en premier chef dans toutes les questions qui intéressent la
BG, s’engage à s’affirmer indépendamment des recommandations internationales et
sans faire appel à l’appui éventuel des OI et à mener, par conséquent, sa propre
politique en termes d’une gouvernance aussi bien appropriée qu’échappant à la tutelle
internationale.

29
Au niveau de la dernière hypothèse relative à l’affirmation de l’État en dehors des
lignes directrices de l’OI, il s’agit d’une application qui se traduit en relevant des défis
qui répondent certes, volontairement ou hasardement, aux exigences établies au niveau
international, mais qui s’engagent via des mécanismes propres et typiquement
spécifiques à l’État en question.

Ceci étant, ce raisonnement repose nécessairement sur un processus distingué


aussi bien d’ordre décisionnel que de nature opérationnelle adopté au sein de cet État
abstraction faite qu’il soit participatif et inclusif ou unilatéralement conçu et acheminé.

En effet, le positionnement de l’État appartenant en tant que membre à une


organisation internationale, qui se traduit non seulement à travers l’appropriation des
démarches et mécanismes négociés au niveau des enceintes de ladite entité, mais
notamment par rapport au pilotage des programmes et projets, se définit au regard de
la diffusion de l’ensemble des principes de la BG tels qu’ils sont admis au sein des
organes de cette OI.

Par conséquent, l’analyse de ce positionnement de l’État, par rapport à la mesure


de la légitimité et de l’effectivité de l’intervention des OI, va être menée au regard du
statut de l’État aussi bien juridique que politique dans la scène internationale.

En dépit de l’importance de cette recherche tridimensionnelle qui concerne, en


premier lieu, les niveaux conceptuel et substantiel quant à l’identification, l’analyse et
la mesure de la BG, le rôle des OI en s’interrogeant sur la légitimité de leur
intervention et l’effectivité de leurs actes et de leurs actions en deuxième lieu et le
positionnement de l’État en troisième lieu, il semble que cette recherche mérite
l’analyse d’un aspect supplémentaire.

En effet, le champ de notre recherche va certainement mener à des analyses qui


dévoileraient les possibilités d’interférences, de confusion et d’empiétement qui
seraient constatées au niveau des liens entre les protagonistes principaux, à savoir les
OI et les États et ce, par rapport à la transposition des principes de la BG mettant ainsi
à l’épreuve le degré d’appropriation de son ancrage.

Ceci étant présumé, ces analyses vont nécessairement être influencées par la
présence et les réactions d’autres acteurs avec une position qui diffère forcément de
celles des États et des OI.

30
Par ailleurs, les domaines auxquels s’appliquent les principes, les mécanismes et
les dispositifs juridiques et institutionnels relatifs à la BG se résument particulièrement
en trois niveaux essentiels.

D’abord, le schéma de la répartition globale des pouvoirs publics devrait


s’accommoder par rapport, non seulement, aux fondamentaux constitutionnels, aux
standards internationaux et aux normes conventionnelles à caractère universel, mais
également aux obligations façonnées par la représentativité tant nationale que locale.

Ensuite, le référentiel à travers lequel se ressource et auquel s’achemine l’action


publique se réduit essentiellement à la légitimité dans le choix des processus, des
démarches et des acteurs intervenants, à la pertinence, à l’efficacité et à l’efficience
des actes entrepris tant à l’échelle nationale qu’au niveau international.

Ces considérations telles qu’allouées au fonctionnement des systèmes juridique et


institutionnel, s’indexent à l’effort fourni avec une lecture économique en optimisant
les ressources engagées afin de rendre optimale et effective la performance tant
individuelle que collective de tous les intervenants étatiques ou non étatiques et de
procéder à son appréciation dans la conduite des politiques, des projets et des
programmes publics.

Enfin, il serait opportun de signaler l’influence et l’interdépendance générées par


le volume, la mesure de la pertinence et la prise en considération existante ou
recherchée de l’intervention et de la participation des Acteurs Non Étatiques28
englobant principalement les Organisations de la Société Civile, les organisations du
secteur privé, les organisations syndicales et le citoyen dans sa configuration
singulière tout en lui attribuant un positionnement intégral d’un acteur
remarquablement considéré.

Pour mener à bien cette recherche, il m’était préférable de procéder à effectuer des
analyses supplémentaires qui semblent être indispensables afin d’illustrer les
affirmations et les postulats précédemment annoncés.

28
L’Article 6 de l’Accord de partenariat entre les membres du groupe des États d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique, d’une part, et la Communauté européenne et ses États
membres d’autre part, signé à Cotonou le 23 juin 2000, paru au Journal officiel des
Communautés européennes du 15.12.2000 identifie les acteurs non étatiques, en tant
qu’acteur de la coopération, comme suit : le secteur privé; les partenaires économiques et
sociaux, y compris les organisations syndicales; la société civile sous toutes ses formes
selon les caractéristiques nationales.

31
En effet, tout en admettant que la BG est un concept à la fois multidisciplinaire et
évolutif, il s’avère opportun de signaler que le droit peut constituer un champ à la fois
d’application et de mesure du niveau de la cooptation des principes, des significations
et des connotations de la gouvernance indépendamment qu’elle soit qualifiée de bonne
ou de mauvaise.
Ceci étant, le droit aussi bien national qu’international peut organiser certains
domaines de la gouvernance tels que la transparence, l’imputabilité et la reddition des
comptes, l’évaluation des politiques publiques, la consultation et la concertation
publiques, l’établissement de l’État de droit ainsi que d’autres aspects.
Cependant, l’interrogation qui paraît absorber un souci ou une inquiétude est celle
de savoir dans quelle mesure la gouvernance du droit pourrait appuyer la gouvernance
par le droit ? Cela constitue-t-il une éventualité qui permettrait d’associer les auteurs
du droit et les acteurs de la gouvernance afin de permettre de mesurer le degré de
l’effectivité et de la légitimité de tous les acteurs intervenants?
Par ailleurs, la « Pertinence Normative »29 semble constituer un élément
d’analyse et de considération qui pourrait justifier la recherche des significations de la
BG en rapport avec l’intervention des OI.
« Il s’agit de prévoir et de procéder à concevoir une approche de réglementation
appropriée, intelligente et innovante en se basant essentiellement sur une dynamique
d’ensemble qui prévoit la recherche d’un équilibre entre la raison d’être d’une
politique, la logique d’application et le souci d’anticiper qui s’articulent avec la
priorisation des choix, la mesure de l’impact, l’analyse des coûts et des charges, la
culture de prévention de la mauvaise gouvernance et l’art de communication.
Cette approche semble créer un mouvement qui valorise le rapport logique entre
objectif et résultat suivant un processus qui prend en considération les dimensions de
la participation et de la consultation, de l’appropriation, de l’innovation, de la
recherche et de la créativité tout en conjuguant cohérence et indépendance dans une
dynamique de nationalisation ou d’internationalisation.

29
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

32
D’où, l’objectif essentiel serait d’éviter les risques de contradiction, de duplication
et les contraintes liées notamment, à l’inflation juridique, à l’absence ou à la
défaillance de procédés d’évaluation ou à leur usage inapproprié concernant le
rendement, la valeur ajoutée ou même le coût relatif à l’application des normes. »30

En outre, il faut mentionner que dans le cadre de cette approche qui pourrait, entre
autres, viser la mesure de la convergence entre les deux niveaux de réglementation et
de normalisation international et national, il demeure également opportun de mettre en
lumière le nouveau rôle attribuable au Droit international public.

Suivant cette nouvelle imputabilité, le droit dans sa conception internationale


nécessiterait de se transformer en « un droit accompagnateur/stimulateur et
catalyseur de bonnes pratiques »31, un droit public intelligent face aux anciens
principaux rôles s’agissant en particulier de statuer en tant que régulateur, d’anticiper
suivant un aspect préventif ou d’avoir le caractère répressif.

Ceci étant, le passage ou la transformation d’une logique interventionniste,


protectionniste ou régulatrice du positionnement de l’appareil étatique à celle qui
repose sur une dynamique d’innovation, de responsabilité commune et de solidarité
interétatique visant à instaurer le mieux d’État au lieu de moins d’État ou de plus
d’État, pourrait illustrer le souci d’établir la quête de la meilleure gouvernance loin du
monopôle étatique aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.

Le schéma suivant pourrait illustrer cette constatation à travers l’indissociabilité


des dimensions juridiques et de la dynamique de BG32.

30
Ibid.
31
Ibid.
32
Ibid.

33
Recommandation, degrés d’applicabilité et niveau d’appropriation des
principes de la Bonne Gouvernance33

Niveaux international /interrégional


Ordres juridiques/systèmes/pouvoirs

Multidisciplinaire

Mesure de l’effectivité
(Le droit est un accompagnateur, pilote…)

Spécifique
(Gouvernance juridique/)/ Processus de
production des textes et actes juridiques

Niveau national
Ordre juridique / systèmes globaux et sectoriels

Niveaux régional et local


Décentralisation et principe de subsidiarité

Par ailleurs, dans ce même ordre de réflexion ayant trait à l’analyse des
interrogations qui se rapporteraient au souci et à l’inquiétude susmentionnés, les
mécanismes adoptés au niveau du droit international sont soumis à une réflexion
doublement orientée.
En effet, d’une part, il s’agit d’une recherche continue menée afin d’établir une
effectivité constante du droit international, ce qui met en évidence et à l’épreuve
l’effectivité des OI.
D’autre part, le droit international essaye d’éviter un risque de fragmentation34 à
travers la quête d’une meilleure gouvernance aussi bien juridique que touchant toutes
les dimensions de la gouvernance.35
Ce constat tel que signalé requiert d’être appuyé par des considérations aussi bien
conceptuelles que de mise en œuvre et ce, toujours par rapport à l’analyse qui pourrait
démontrer la nature des relations qui existent et se nouent entre les six niveaux de
gouvernance universel, interrégional, régional, sous-régional, national et local.

33
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
34
Rapport de la Commission du droit international-Cinquante-septième session (2 mai-3
juin et 11 juillet-5 août 2005), Assemblée générale Documents officiels-Soixantième
session- Supplément n° 10 (A/60/10).
35
Les catégories, les dimensions, les niveaux, les domaines, les acteurs, les disciplines. Il
s’agit d’une catégorisation certes, substantiellement conduite, mais qui demeure évolutive
tout en étant absorbée et analysée au travers du développement de cette recherche.

34
Demeurant a priori ambigües, ces relations ne pourraient pas aboutir
définitivement et d’une manière constante à une qualification relationnelle soutenue.
En effet, parfois, il s’agit d’une tendance vers la convergence, l’entente et
l’interdépendance entre les différents niveaux de gouvernance susmentionnés et dans
d’autres cas particuliers, il s’agit de querelle, de mésententes ou même d’un blocage
qui se met par rapport aux démarches déployées afin d’appliquer les standards et
normes internationaux et d’exprimer un non-alignement au processus de transposition.
Ceci étant précisé, il faut signaler que chaque niveau de gouvernance défend et se
procure son acception de la manière de gouverner, adopte sa vision de la BG et
identifie les procédés d’application selon ses convictions et en fonction de ses
intérêts aussi bien économiques que géopolitiques et géostratégiques.
Les éléments suivants pourraient apporter quelques témoignages et un ensemble
d’éclaircissements supplémentaires afin d’argumenter le postulat significatif selon
lequel, une gouvernance ne s’approprie pas forcément d’une façon identique,
cohérente et standardisée et ce, par rapport à l’évolution des dynamiques de
positionnement, de disposition, de perception et d’appréciation pour tous les acteurs de
gouvernance et au regard de tous ses niveaux.
Quelques constatations et des interrogations possibles s’agissant de la recherche
d’effectivité des OI et de la prévention des risques de fragmentation du Droit
international public pourraient, ainsi, être avancées.
D’abord, la prolifération des organisations internationales notamment au
niveau régional et la question des blocs régionaux de gouvernance qui se
multiplient en adoptant une tendance de polarisation où chaque région dispose
d’organisations et d’institutions spécialisées tout en se dotant de compétences tant
spécifiques qu’implicites, etc. avec la question de la qualification du degré
d’appartenance des membres constitutifs oscillant entre l’intégration d’un côté et la
coopération maintenue ou renforcée d’un autre.
Ensuite, l’expansion du droit international à travers l’élargissement du champ
d’intervention ou de considération des sujets présumés ou potentiels, s’agissant en
l’occurrence de l’individu, de la Société Civile Internationale, etc. Pourrions-nous
s’interroger sur un bouleversement imminent de l’ordre du droit international ?

35
Puis, la personnalité juridique internationale, l’effectivité, l’opposabilité des
actes internationaux qui retient les questions relatives aux sanctions, aux poids
politique, au lobbying, au niveau de priorisation et de considération des intérêts
économiques, etc.

Encore, la suprématie des normes du droit international s’agissant en


particulier des questions relatives aux normes impératives et pertinentes et de
l’irréfragabilité36. Quid des champs de la BG par rapport à la classification des
normes d’un côté et à la valeur juridique, aux effets et à l’impact de ses principes de
l’autre?

Subséquemment, il s’agit du caractère évolutif et illimité des compétences des


Organisations Internationales. S’agit-il d’un générateur de conflit ou d’une
complémentarité qui entretiendrait la solidarité internationale?

Après, les interrogations demeurent également du même rang d’inquiétude


quant au rôle attribué à la juridiction internationale face à l’évolution et à la
complexité des conflits, des différends et des crimes internationaux et
transnationaux liés notamment à la mauvaise gouvernance dans son acception la
plus étendue qui mettrait en cause la crédibilité étatique et infra-étatique et qui met
en examen le droit de saisine, la traçabilité, les modes et les droits d’investigation
et de poursuite, les preuves d’incrimination, l’exécution des sanctions, etc..

Aussi, les menaces à la paix, à la sécurité et à l’environnement qui poseraient


des problèmes d’incompatibilité par rapport aux objectifs assignés aux OI, en
l’occurrence à l’ONU, et des missions qui leurs sont attribuées.

Pareillement, l’influence politique et économique des questions relatives aux


changements climatiques qui pourrait avoir un impact réel sur les relations aussi
bien interétatiques qu’interrégionales.

36
Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877- « Qualité de ce qui
est irréfragable ».

36
Enfin, la montée des crises mondiales économiques, financières,
environnementales et humanitaires et les difficultés liées à leur gouvernance
suscitent une inquiétude, voire une déception à l’égard de l’ineffectivité tant du
droit international que des OI et met, par conséquent, en garde la vigilance des OI
face à une nouvelle carte géopolitique mondiale caractérisée essentiellement par
une tendance lourde d’appropriation des principes de la BG et des méthodes de
gouvernance émergentes, spécifiques, voire sui generis qui échapperaient aussi bien
à leur tutelle qu’a leur gouverne prétendu.
Par ailleurs, le développement des rapports nord-sud, qui susciterait des questions
relatives à la convergence et à la dépendance, constituerait un périmètre spécifique
quant à l’examen de la configuration de ces liens de gouvernance multidimensionnels
touchant les aspects juridiques, politiques et économiques.
En revanche, ces questions demeureraient tributaires d’une vision d’anticipation et
d’évaluation qui nécessite une assimilation non seulement des rapports politico-
économiques au niveau international, mais également de ce qui a trait aux transitions
et aux transformations qui pourraient être enregistrées tant au niveau régional que sur
le plan national.
Ceci étant, les prédispositions des pouvoirs étatiques pour le transfert des
compétences et la promotion des liens de coopération et d’intégration économique et
politique supposeraient une analyse de perception et de constatation qui devrait être
développée aussi bien en ce qui concerne les mouvements d’appui au
supranationalisme et à l’universalisation que s’agissant de la défense de la
souveraineté des États et de l’indépendance des nations.
S’agit-il, pour une lecture de tendance internationaliste, d’une nouvelle
gouvernance qui légitime l’ingérence ou qui crée une obligation d’interdépendance qui
s’impose ou s’interpose en quête de garantie contre l’insolvabilité étatique d’ordre
économique et financier ou en guise de valorisation d’une solidarité internationale ?
D’où, la transformation ayant trait aux liens de gouvernance, telle que conçue par
les OI, mène, a priori, à l’émergence d’un certain nombre de dynamiques
comportementales qui sauraient illustrer au travers des interrogations relatives à
l’essence de la gouvernance suivant une démarche d’universalisation, évoquant ainsi
la recherche de la raison d’être, des motifs, des acteurs intervenants, des causes, des
effets et de l’ensemble des éléments qui caractériseraient ces mouvements.

37
D’abord, il s’agit d’analyser les mécanismes et les dispositifs entrepris en
fonction de l’approche universelle, régionale, interrégionale ou sous-régionale afin
de permettre la valorisation et l’appropriation étatiques des valeurs, des principes et
des comportements ayant trait à la BG et d’évaluer le degré de transposabilité des
normes internationales adoptées en la matière et les possibilités de dérogeabilité.
Ensuite, il serait opportun d’apporter quelques éclaircissements et de dégager
les constatations possibles quant aux différentes acceptions et les divers niveaux de
gouvernance en évoquant, essentiellement, les préalables nécessaires tels que
conçus par les OI.
Puis, il serait également judicieux de procéder à une analyse substantielle qui
se rapporte à la valeur juridique des méthodes et dispositifs juridiques,
institutionnels et techniques relatifs à la conception et à l’application des principes
fondamentaux de la BG, tel qu’élaborés par les instances internationales, à leur
opposabilité et au degré de prédisposition étatique d’appropriation.
Enfin, force est de signaler qu’il serait probant de procéder à l’étude et à
l’analyse des caractères existants ou requis, dans un système, un procédé ou un
niveau de gouvernance afin d’assurer une meilleure application des actes
internationaux relatifs à la lutte contre la mauvaise gouvernance avec ses divers
champs de constatation et de considération.
Cette illustration s’avère nécessiter une reconfiguration qui prendrait en
compte les phases, les démarches et les spécificités qui caractériseraient les actes
internationaux selon qu’ils soient obligatoires, contraignants, dissuasifs ou
persuasifs et qui garantiraient, éventuellement, leur applicabilité.
Ceci étant, l’objectif est de rapprocher la logique d’application à la raison d’être
de toute politique qui se veut reposer sur les fondements d’une gouvernance ayant la
qualification qui tend à la minimisation des risques d’une mauvaise gouvernance.
D’où, il s’agit d’un écart de gouvernance qui permet de situer les pouvoirs
étatiques tout comme les prétendants de la gouvernance mondiale dans une dynamique
de recherche de positionnement.
Par ailleurs, la disposition qui met en cause un déséquilibre pressenti entre
l’acception illimitée de la gouvernance, sa normalisation de tendance universaliste et
sa vocation nationaliste, semblerait traduire une inquiétude quant à la gouvernance
étatique et une appréhension qui se transférait aux OI.

38
Or, l’inquiétude des acteurs nationaux et internationaux se maintient tout en
indiquant qu’une quête inévitable ne cesse d’être revendiquée afin d’établir et
d’appliquer une BG pour éviter, éventuellement, une mauvaise gouvernance
prétendue, vécue ou potentiellement menaçante.
Les questions essentielles qui pourraient intéresser les domaines et champs de
réflexions susmentionnés permettraient d’aboutir à une interrogation principale qui
semble alimenter aussi bien la logique que la trajectoire de notre recherche et qui se
formule comme suit : Dans quelle mesure l’appropriation et l’auto-appréciation de
la Bonne Gouvernance mettraient en cause l’effectivité des Organisations
Internationales ?
En effet, cette disposition paraît engager une distinction entre l’approche
recommandée de la gouvernance par rapport à l’approche spontanée ou impulsive.
En outre, une illustration de la diversification des actes internationaux en la
matière s’avère demeurer tributaire de la nature des champs d’application, des
tendances de choix d’approche et de méthodologie selon lesquelles diffèrent les
dispositions entre standardisation universaliste, tendance de régionalisation et
particularisme étatique.
Pour apporter les éléments de réponse adéquats et appropriés aux interrogations
précédentes et à la problématique susmentionnée, il était préférable de procéder, dans
une première partie à identifier les démarches internationales adoptées et mises en
œuvre afin d’affirmer la tutelle internationale en matière de BG (PREMIERE PARTIE :
LA BONNE GOUVERNANCE : UNE APPROCHE RECOMMANDEE PAR LES

ORGANISATIONS INTERNATIONALES).

En revanche, selon un équilibre souhaité entre l’appropriation et la concrétisation


de la BG, non seulement au niveau de la prédisposition institutionnelle, mais
également en ce qui concerne les aptitudes managériales et comportementales des
acteurs intervenants, il était convenable de procéder à identifier les mécanismes et les
dispositifs qui permettraient de repenser la conduite des OI et de revaloriser les
procédés émergents de reconfiguration et de transformation éventuelles des démarches
internationales en la matière. (DEUXIEME PARTIE : LA BONNE GOUVERNANCE : LA

CONDUITE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES EST A REPENSER.)

39
I - PREMIÈRE PARTIE:

LA BONNE GOUVERNANCE:
UNE APPROCHE RECOMMANDÉE
PAR LES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES

41
Il paraît, d’emblée, que la sphère de recherche qui s’oriente pour étudier les
rapports entre État et OI se loue en apparence d’exclusivité à une démarcation
politique ou économique37 en particulier.
Or, les questions relatives à la matière de la gouvernance suivant une acception à
la fois multidisciplinaire et multidimensionnelle se diversifient et se modifient ayant
un rythme de transformation non maîtrisable qui dépasse institutionnellement et
fonctionnellement le périmètre politico-économique.
Ceci pourrait expliquer en partie la difficulté de cerner les domaines et les
explications se rapportant non seulement à la conception des principes relatifs aux
fondements de la gouvernance, mais également aux pratiques qui se rapportent aussi
bien aux configurations illustratives de ces principes qu’aux fonctions d’évaluation et
de mesure de la gouvernance en termes d’adoption et d’application infranationale.
D’où, la volonté des Organisations Internationales, qui a pour objectif
l’application des principes de la Bonne Gouvernance, se répartie et se diversifie en
s’exposant à la diversification d’approches et à la différenciation de positionnement
liées à la nature d’actes adoptés et aux liens d’adhésion auxquels les destinataires de
ces actes sauraient appeler à identifier des lignes de conduites qui auraient
probablement la même configuration de diversification.
Par conséquent, il s’avère judicieux d’identifier dans un premier chapitre cet
élan d’incorporation outrancière de la BG dans les actes internationaux aussi bien au
niveau des normes que par rapport à une dimension pratique.
En fait, ce qu’il paraît également opportun en termes d’étude et d’analyse pour
notre recherche s’attribue aux contraintes qui vont freiner éventuellement cette volonté
initiée et exprimée par les OI en vue de voir ou précisément de mettre en évidence le
respect des principes de la bonne gouvernance aussi bien dans l’affirmation d’ordre
théorique que dans l’application.
Par ailleurs, il existerait parfois une multitude de mécanismes qui soient adoptés
par les OI ayant pour objectif de faire adopter les principes de la Bonne Gouvernance
de la part des États pour que ces derniers s’approprient la mission originaire
d’application et de diffusion.

37
Les nouvelles formes de gouvernance et le développement économique
© OCDE 2004 ISBN 92-64-01531-0

43
Or, ce cheminement d’adoption et d’application des principes de la BG, qui
repose sur les objectifs et les missions des OI, ne s’avère pas aussi évident.
Au contraire, il paraît que la nature de recommandation, d’orientation ou en
général de transmission de ces principes ne s’active pas comme prévue pour un
ensemble de raisons et une multitude d’explications.
D’abord, il s’agirait, éventuellement, de dysfonctionnements ou de faiblesses au
niveau du processus de transmission ce qui engage indifféremment une investigation
pour identifier les causes tant au niveau du contenu que pour le contenant.
En deuxième lieu, ces dysfonctionnements pourraient dépendre de la
prédisposition de la partie réceptionniste, en l’occurrence l’État, de ces normes et de
tous les actes ayant trait à la mission et à l’objectif d’adopter et de faire appliquer les
principes de BG.
Ainsi, le processus par lequel s’achemine cette transmission ou cette volonté de
faire appliquer les principes de la Bonne Gouvernance qui se transformerait parfois en
un processus de transposition (deuxième chapitre) se revêt ainsi d’un caractère
d’imposition qui ne permet pas, forcement, d’acheminer une responsabilisation
émanant d’une manière partagée de la part des OI et des États et qui soit appropriée
pour que ces derniers n’aient pas éventuellement une perception d’étrangéité ou
d’insouciance par rapport au processus de transposition.

44
A. Premier Chapitre : Incorporation outrancière de la Bonne
Gouvernance dans les actes internationaux (normes et pratiques).
L’insaisissabilité perçue et constatée de la notion de la Bonne Gouvernance se
transmet indistinctement au domaine de son internationalisation qui met en relief la
modélisation, la standardisation et l’universalisation de ses principes non seulement en
engagement d’adoption, mais également en posture de reconnaissance généralisée de
ses pratiques.
En d’autres termes, en dépit de la volonté commune visant à établir la cohérence
globale et à légitimer ainsi l’universalisation et la standardisation sur lesquelles repose
l’approche de généralisation de la Bonne Gouvernance, il faut, néanmoins, signaler
qu’il existe une dispersion des démarches et des opinions.
Laquelle dispersion expliquerait davantage la tendance de régionalisation et de
polarisation qui s’attribue non seulement à la sphère de la gouvernance mais qui se
répercute sur quasiment toutes les configurations existantes et potentielles se
rapportant à chaque domaine de compétences attribué aux OI notamment celles à
vocation régionale ou sous-régionale.
Ceci étant, cette dispersion expliquerait, mutatis mutandis, l’existence aussi bien
d’initiations multiples qui animent la volonté de généralisation des principes de la
Bonne gouvernance que de reflexes et d’appréciations qui diffèrent d’un organisme à
un autre et d’une initiation à une autre. (Section première).
Par ailleurs, la tendance de régionalisation ou de polarisation qui se constate au
niveau de la volonté telle qu’exprimée par les Organisations Internationales en ce qui
concerne l’adoption et l’application de la BG n’est pas uniquement prouvée au niveau
des actes qui émaneraient de la part des organes compétents faisant partie de ces
organisations, mais aussi une dimension pratique pourrait par conséquent apporter des
éléments concrets témoignant de cet aspect d’internationalisation. (Section
deuxième).

45
a. Section Première : Initiations multiples et regards différents.

La diversification et la multiplication d’initiations pourraient se démontrer en


premier lieu au niveau de la signification de la notion de gouvernance qui demeure un
champ où s’amplifient les opinions et se démarquent les tendances ce qui
s’accommodent avec la prolifération des organisations internationales elles-mêmes
(sous-section première).
En deuxième lieu, le contenu des actes internationaux pourrait illustrer également
cette amplification au niveau des acteurs, des attitudes et des lignes de conduite de
chaque organisation internationale qui s’identifient à travers les divers mécanismes et
dispositifs tels qu’initiés de la part de ses différents organes se rapportant, en
particulier, aux domaines de la gouvernance (sous-section deuxième).

Sous-section première : La Bonne Gouvernance : Significations


particulières et positionnement concurrentiel des acteurs internationaux
Afin de mieux conduire un examen aussi bien conceptuel que fonctionnel du
concept de la BG tout en se focalisant sur l’apport des OI, il serait adéquat de signaler
qu’il existe des significations multiples tout en ayant des éléments de ressemblance ou
du moins de rapprochement du sens bien qu’elles reposent sur des opinions ou des
lignes de conduite portant quelques nuances.
En revanche, certaines significations pourraient s’attribuer quelques particularités
(paragraphe premier).
La particularité qui caractérise certains aspects de la BG, ce qui pourrait appuyer
la spécialisation d’intervention chez les OI, a été accompagnée par une situation de
concurrence qui s’est développée entre les OI afin de maîtriser le positionnement
géostratégique de chaque acteur, d’appuyer son rôle et de justifier son intervention
(paragraphe deuxième).

46
Paragraphe premier : Significations particulières de la BG.

Le concept de la gouvernance et les indications qui pourraient l’incorporer


s’accommodent, essentiellement, avec les significations des notions de la redevabilité
qui devrait se conjuguer avec l’imputabilité, la responsabilisation et la reddition des
comptes, de la transparence et de l’intégrité. 38
La redevabilité et la transparence sont deux composantes indispensables de la
gouvernance démocratique qui obligent l’État, le secteur privé et la société civile à
axer leurs efforts sur les résultats, à définir des objectifs clairs, à élaborer des stratégies
efficaces, à assurer le suivi des performances et à fournir des rapports sur chaque
matière ou domaine d’intervention.
Par la redevabilité et la transparence à l’égard du public, les instances
gouvernementales ainsi que les entités de la société civile et du secteur privé peuvent
assurer la cohérence entre la politique publique et son application effective ainsi
qu’une allocation efficiente des ressources.
« La REDEVABILITÉ est le principe en vertu duquel les individus et les
organisations sont dans l’obligation de s’acquitter de leurs fonctions selon des critères
de performances établis, ces performances étant mesurées aussi objectivement qu’il est
possible. Ce principe s’applique dans quatre domaines, à savoir le domaine financier,
le domaine administratif, le domaine politique et le domaine social.
1. La redevabilité financière consiste en l’obligation de ceux qui ont charge de
ressources ou de fonctions publiques, ou qui occupent d’autres postes de confiance, de
rendre compte de l’emploi prévu et effectif des ressources ou de l’exercice prévu et
effectif des fonctions du poste. La redevabilité financière assure la transparence des
processus et des procédures.

2. La redevabilité administrative passe par les dispositifs de contrôle


gouvernementaux internes essentiels, qui assurent le bon fonctionnement du système
de freins et contrepoids mis en œuvre par le gouvernement constitutionnel et par une
société civile activement impliquée et qui complètent ce système, tels que les normes
et motivations dans la fonction publique, les codes d’éthique, les sanctions pénales et
les procédures d’examen administratif.
38
Source : Country Assessment in Accountability and Transparency (CONTACT)
guidelines [Directives pour l’auto-évaluation des pays en matière de redevabilité et de
transparence], PNUD, 2002 (http://www.undp.org/governance/contact_2001.htm )

47
3. La redevabilité politique repose à la base sur la tenue d’élections libres et
transparente et constitue un point de départ utile pour la surveillance. Dans les
démocraties électorales, le peuple dispose d’une méthode régulière et ouverte pour
sanctionner ou récompenser ceux qui occupent des postes de confiance dans le secteur
public.
Au moyen d’élections périodiques et de divers mécanismes de contrôle, les
responsables élus et nommés sont tenus responsables de leurs actions dans l’exercice
de leurs fonctions.
Une autre façon d’exercer une supervision plus spécifique consiste à établir un
mécanisme par lequel les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) se surveillent
mutuellement.
En outre, en confiant d’une part la tâche de la mobilisation et de l’affectation des
fonds et d’autre part la responsabilité de l’exécution des dépenses à des institutions
distinctes, on s’assure de ce que l’intérêt du public soit mieux servi.
4. La redevabilité sociale résulte de la demande et repose sur l’engagement
civique de citoyens ordinaires et de groupes qui exigent des gouvernants et des
institutions publiques qu’ils rendent compte de leurs actions et qu’ils soient tenus
responsables de l’obtention de résultats.
La TRANSPARENCE comprend tous les moyens qui facilitent l’accès des
citoyens à l’information et la compréhension des mécanismes décisionnels. La
transparence du secteur public commence par l’application claire de normes et par
l’accès à l’information.
L’INTÉGRITÉ est une composante clé qui complète la redevabilité et la
transparence. Elle a pour corollaires l’incorruptibilité et l’absence d’influences
extérieures, sources de dysfonctionnement; elle est synonyme d’honnêteté.
Dans la fonction publique, l’intégrité exige que les titulaires de charges ne
contractent pas d’obligations financières ou autres envers des personnes ou des
organisations extérieures susceptibles d’avoir sur eux une influence dans l’exercice de
leurs fonctions officielles.
L’intégrité n’est pas une fin en soi mais une pratique qui mène à la fourniture
efficace de services et de prestations que le public est en droit de recevoir de ceux qui
le gouvernent »39.

39
Ibid.

48
Par ailleurs, force est de constater que si la redevabilité, la transparence et
l’intégrité constitueraient des assurances pour garantir l’équilibre entre performance et
comportement, la dimension économique de la BG demeure génératrice d’intérêt et se
forme en une garantie pour la stabilisation des rapports de gouvernance entre les OI et
tous les autres acteurs étatiques et non étatiques intervenants.
En effet, pour illustrer cet intérêt doublement configuré, le traité de Lisbonne sur
l’Union Européenne a introduit le terme de bonne gouvernance uniquement à deux
reprises40.
La première indication était enregistrée en tant qu’un élément parmi ceux qui ont
été énumérés et qui sont relatifs aux objectifs et domaines de coopération sur lesquels
s’appuie l’action de l’Union Européenne dans la scène internationale.41
Ceci étant, cette première indication constitue un premier témoignage de la
présence du caractère général de l’emploi de la BG au niveau des relations entreprises
par l’UE à l’échelle internationale.
En revanche, la deuxième manifestation de l’intérêt alloué à la BG était 42indiquée
par rapport au respect du principe de l’ouverture sous forme d’un appel destiné aux
différents organes et instances de l’Union pour qu’ils accordent une considération à ce
principe qui reste sans doute une illustration de la transparence.
Dans ce même ordre de constatation qui met en exergue la dimension économique
de la BG, il s’avère opportun de se référer à la notion de compétitivité43.

40
Traité de Lisbonne modifiant le traité sur l'Union européenne et le traité instituant la
communauté européenne -conférence des représentants des gouvernements des états membres
Bruxelles, le 3 décembre 2007
41
Ibid. "Chapitre 1 portant sur les dispositions générales relatives à l'action extérieure de
l'Union. ARTICLE 10 A « h) de promouvoir un système international fondé sur une
coopération multilatérale renforcée et une bonne gouvernance mondiale ».
42
Ibid. « 1. Afin de promouvoir une bonne gouvernance, et d'assurer la participation de la
société civile, les institutions, organes et organismes de l'Union œuvrent dans le plus grand
respect possible du principe d'ouverture. »Nouvelles dispositions de l’article 16A
43
Les indicateurs de performance des marches publics document de réflexion
GOV/PGC/ETH(2013) établi au niveau de l’Organisation de Coopération et de Développement
Economiques OCDE Direction de la Gouvernance Publique et du Développement Territorial
Comite de la Gouvernance Publique.

49
En effet, en se référant au document de réflexion établi en 2013 sous l’égide de
l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques-OCDE, « la
compétitivité nationale est hautement influencée par la manière de gouvernance des
marchés publics qui constituent un domaine extrêmement important dans la
configuration économique de chaque pays représentant en moyenne 13.4 % du PIB
dans les pays de l’OCDE, ce qui anime les pouvoirs publics à chercher de plus en plus
à comprendre de quelle manière les stratégies d’achats publics peuvent influer sur la
compétitivité nationale »44.

Selon l’OCDE, «La compétitivité peut être définie comme la mesure dans
laquelle, sur un marché ouvert à la concurrence, un pays peut produire des biens et des
services capables d’affronter la concurrence étrangère tout en maintenant et en
accroissant simultanément le revenu intérieur réel.

Il s’agit de savoir comment améliorer le bien-être et la distribution de la richesse


car les améliorations du bien-être d’une nation ne doivent pas se faire aux dépens
d’une autre et que la productivité est un des aspects centraux de la compétitivité ». 45

Dans le contexte européen, à titre d’exemple, la Stratégie de Lisbonne46 s’engage


à faire de l’UE « l’économie de connaissance la plus compétitive et la plus dynamique
du monde, capable d’assurer une croissance économique durable assortie d’emplois
plus nombreux et de meilleure qualité ainsi que d’une plus forte cohésion sociale ».

En outre, il semble exister un large consensus sur la notion de compétitivité au


niveau des entreprises ou de la microéconomie. 47

44
Document de réflexion sur les indicateurs de performance des marches publics OCDE 2013
45
Ibid.
46
Conseil européen de Lisbonne, mars 2000
47
Document de réflexion sur les indicateurs de performance des marches publics OCDE
2013 « Au niveau des entreprises, la compétitivité est clairement axée sur l’aptitude des
entreprises à faire face à la concurrence, à croître et à être rentables. Ainsi, une entreprise
compétitive est capable de fabriquer de manière rentable des produits qui répondent aux
exigences d’un marché ouvert en termes de prix et de qualité. Plus une entreprise est
compétitive par rapport à ses concurrentes, plus elle a la capacité de gagner des parts de
marché et, au bout du compte, plus elle a de chances de survivre sur le marché. A l’inverse,
les entreprises non compétitives verront leurs parts de marché s’amenuiser, et, en l’absence
de tout soutien ou protection externe, risquent d’être évincées du marché ».

50
Ainsi, le renouvellement de la stratégie de Lisbonne à partir de 2010, couronné
par l’adoption de la stratégie Europe 2020 s’avère reposer sur une nouvelle
gouvernance qui met en exergue trois dimensions fondamentales liées à la croissance
en se focalisant sur l’intelligence, la durabilité et sur son caractère inclusif.

En effet, « la stratégie Europe 2020 vise à stimuler une croissance qui soit
intelligente, en investissant de façon plus efficace dans l'éducation, la recherche et
l'innovation; durable, en donnant la priorité à une économie sobre en carbone; et
inclusive, en mettant clairement l'accent sur la création d'emplois et la réduction de la
pauvreté. Cette stratégie est axée sur cinq objectifs ambitieux dans les domaines de
l'emploi, de l'innovation, de l'éducation, de la réduction de la pauvreté, ainsi que de
l'énergie et du climat » 48.

Or, le déficit de gouvernance économique en Europe qui s’est manifesté,


particulièrement, à travers les crises financières et économiques de 2008-2009 ainsi
que les problèmes de solvabilité liés à la dette souveraine de la Grèce, semblent être la
raison principale qui a alimenté cette révision de la manière de gouverner en Europe.

Il semble également reconnu que des forces multiples s’exercent simultanément


dans la détermination du niveau de compétitivité nationale en maintenant un rapport
adéquat entre politique et économie.49

D’où, l’évaluation de la compétitivité, qui demeure un mécanisme appuyant la


mesure de la gouvernance globale d’un État, pourrait également constituer un domaine
d’illustration de la particularité de la gouvernance suivant une démarche
d’internationalisation.

Certains organismes et institutions procèdent à l’évaluation de la compétitivité


d’un pays moyennant plusieurs démarches qui néanmoins convergent vers une
approche globale qui prend en considération un certain nombre d’indicateurs qui,
malgré leur cheminement qui paraît scientifiquement et économiquement prouvable,
pourraient être redirigés ou impactés au travers des facteurs de diverses natures et de
formes différentes.
48
Commission européenne
http://ec.europa.eu/europe2020/europe-2020-in-a-nutshell/priorities/index_fr.htm
49
Alberto Alesina, Dani Rodrik Distributive politics and economic growth.
Quarterly journal of economics, volume 109, issue 2 (may, 1994), 465-490

51
Par ailleurs, la périodicité, selon laquelle s’établissent les rapports englobant les
statistiques qui, entre autres, apportent des commentaires, des observations et même
des jugements d’interprétation des résultats des enquêtes et des recherches qui ont été
menées, pourrait justifier l’intérêt et le souci qui animent la volonté des organisations
internationales d’établir la visibilité nécessaire quant au positionnement des pays et
des régions lié à un ensemble d’objectifs qui font référence à la gouvernance globale.

En effet, ces constatations et ces considérations ayant trait au rôle des OI dans le
suivi et l’évaluation des indicateurs globaux de développement d’un pays pourraient
être confortées au travers du mécanisme d’évaluation institutionnelle et politique d’un
État développé conjointement par la Banque Internationale pour la Reconstruction et
le Développement-BIRD et l'Association Internationale de Développement-IDA et
reconnu suivant son appellation en anglais Country Policy Intitutionnal Assesement .

Cet exercice d’évaluation de la gouvernance globale d’un pays est piloté


moyennant un ensemble d’indicateurs qui se regroupent en familles touchant aux
différents secteurs de développement (agriculture, santé, éducation, infrastructure,
pauvreté, sciences et technologies, secteur public, développement social, secteur
financier, dette extérieure, etc.).50

En outre, il demeure judicieux de signaler que les moyennes, les écarts types et les
différents dispositifs d’analyse et d’évaluation ayant pour fin la mesure de la
gouvernance des pays pourraient apporter aux OI l’éclairage nécessaire quant au
positionnement non seulement d’autres pays et d’autres économies autre que celles de
leurs membres, mais également l’intérêt serait de taille quant à la mesure et la
connaissance de la cartographie économique internationale.

En fait, cet indice de connaissance est nécessaire pour mesurer le positionnement


des États dans les différentes régions et afin d’évaluer d’une façon globale le poids
d’autres facteurs et déterminants d’ordre géopolitique mettant en exergue les intérêts
aussi bien économiques que diplomatiques et sécuritaires. Ceci semble permettre
également de fournir les garanties nécessaires pour maîtriser les flux globaux
économiques et financiers ainsi que le niveau de compétitivité requis pour les
entreprises tout comme pour les États qui les gouvernent.

50
http://data.worldbank.org/data-catalog/CPIA

52
Ainsi, il demeure nécessaire de faire l’éclairage quant aux indicateurs essentiels
reconnus à l’échelle mondiale afin de mener des mesures liées à la compétitivité des
pays tout en restant tributaires de la manière dont dispose chaque pays pour gouverner
son économie non seulement politiquement, mais également en termes de choix
stratégiques qui assurent le positionnement exemplaire du pays et garantir ainsi sa
compétitivité.

L’indice de compétitivité globale (GCI) publié chaque année par le Forum


économique mondial (FEM)51, renseigne sur les fondements microéconomiques et
macroéconomiques de la compétitivité nationale, y compris les facteurs culturels.

L’indice distingue douze déterminants principaux de la compétitivité appelés


piliersregroupant institutions, infrastructures, stabilité macroéconomique, santé et
enseignement primaire, enseignement supérieur et formation, efficience des marchés
des biens, efficience du marché du travail, sophistication des marchés financiers, veille
technologique, taille des marchés, sophistication des entreprises et innovation.

L’indice de compétitivité mondiale (ICM)52 utilise plus de 300 critères pour


évaluer les facteurs de promotion de l’activité des entreprises et le bien-être social. Il
élabore le profil d’un pays en mesurant les performances macroéconomiques,
l’efficience des secteurs public et privé ainsi que les niveaux d’infrastructure.

Par ailleurs, l’indice des activités des entreprises publié chaque année par le
groupe de la Banque Mondiale et la Société Financière Internationale53 examine
l’environnement des entreprises dans les pays, compte tenu des réglementations qui
améliorent l’activité des entreprises et celles qui la brident.

Le rapport de 2012 couvre 183 économies et analyse 10 indicateurs identifiés


comme suit: créer une entreprise, s’occuper des permis de construire, obtenir de
l’électricité, enregistrer le patrimoine, obtenir un crédit, recourir à des investisseurs
tuteurs, payer des taxes, commercer par delà des frontières, signer des contrats de mise
en application et remédier à l’insolvabilité.

51
Le document sur la compétitivité globale 2012-2013 peut être téléchargé à partir de
http://www.webforum.org/papers .
52
http//www.imd.org/research/publication/wcy/upload/All_criteria_ list.pdf
53
Ce document peut être téléchargé à l’adresse suivante :
http://www.doingbusiness.org/papers/globalpapers/doingbusiness-2012

53
Subséquemment, l’indice de performance compétitive de l'industrie (CIP) mis au
point par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
(ONUDI) permet d’effectuer des évaluations comparatives des performances
industrielles nationales.54

D’où, cet indice repose sur l’idée que la compétitivité nationale est l’aptitude à
créer du bien-être. L’indice CIP évalue les performances industrielles en utilisant des
indicateurs de l’aptitude d’une économie à produire et à exporter des biens
manufacturés de manière concurrentielle.

Ainsi, cet indice compte six dimensions principales réparties en trois familles à
savoir en premier lieu la capacité industrielle qui concerne la valeur ajoutée de
l’activité manufacturière par habitant et la capacité d’exportation de biens
manufacturés.

En deuxième lieu, l’impact mondial sur la valeur ajoutée du secteur


manufacturier, l’impact sur les échanges mondiaux de produits manufacturés et
l’intensité de l’industrialisation qui intéresse la part de l’activité manufacturière dans
le PIB et la part des produits de la technologie moyenne à élever dans l’industrie
manufacturière.

En troisième lieu, la qualité des exportations qui concerne la part des produits
manufacturés dans les exportations et la part des produits faisant appel à une
technologie moyenne ou à une technologie de pointe dans les exportations de produits
manufacturés.

Par ailleurs, l’International Trade Center (ITC) a développé en collaboration avec


la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement CNUCED
l’Indice de performance commerciale (TPI), publié tous les deux ans.

54
Le RAPPORT élaboré en 2011 sous l’égide de l’ONUDI peut être téléchargé à partir de
l’adresse suivante :
http://www.unido.org/fileadmin/user_media/Publications/IDR/2011/UNIDO_FULL-
PAPER_EBOOK.pdf .

54
La publication examine le niveau de compétitivité et la diversification des
exportations de 180 pays dans 14 macro-secteurs (produits alimentaires frais et
produits agricoles bruts, produits alimentaires transformés et produits de l’agro-
alimentaire, bois, produits dérivés du bois et pâte à papier, textiles, produits
chimiques, cuir et produits à base de cuir, métaux et autres produits manufacturés de
base, équipements autres que les appareils électriques, ordinateurs et
télécommunications, composants électroniques, matériel de transport, vêtements,
produits manufacturés divers, minerais).55

Pour chaque pays et chaque secteur, l’indice TPI couvre les caractéristiques de
performance de base, en faisant apparaître les gains et les pertes par rapport aux parts
de marché mondiales et fait la lumière sur les facteurs entraînant ces évolutions, tout
en suivant la diversification des produits et des marchés à l’exportation.

Ainsi, tous ces indices, ces indicateurs et ces indexes constitueraient des
dispositifs qui éclairent, certes, les décideurs politiques aussi bien nationaux
qu’internationaux sur la gouvernance globale des pays et donnent, par conséquent, des
indications générales d’ordre régional, mais qui pourraient introduire une certaine
ambigüité à cause du nombre interminable des mécanismes employés et de la
complexité des critères et des indicateurs utilisés.

En effet, la perception, qui est souvent adoptée en tant à la fois que base et objet
pour la mesure de l’ensemble des secteurs et domaines liés à la gouvernance pourrait
générer une certaine méfiance par rapport aux résultats établis et aux décisions prises
par les OI ayant pour référence directe ou indirecte l’interprétation de ces résultats
d’évaluation.
Ceci étant, le choix de concentration sur la notion de compétitivité afin d’étudier
et d’analyser les significations particulières de la BG me semble était à bon escient
puisque la connectivité qui paraît symbolique et évidente entre la dimension
économique qui caractérise aussi bien la gouvernance que la compétitivité et
l’engagement des OI pour établir la BG étatique s’avère emprunter la même assiette
économique pour justifier la nécessité tant d’être compétitif que de s’outiller des
bonnes pratiques de la BG.

55
Voir le site du Centre International du Commerce à l’adresse suivante :
http://legacy.intracen.org/appli1/TradeCom/Documents/TradeCompMaptrade%20Performa
nce%20%Index-UserGuide-EN.pdf

55
Paragraphe deuxième : Positionnement compétitif des acteurs internationaux.
Des Constatations, des remarques et de nouvelles perceptions quant à la
configuration de la gouvernance supranationale pourraient être dégagées tout en
nécessitant, par conséquence, d’être signalées.
En effet, bien que l’acception de la gouvernance, notamment, dans ses dimensions
liées aux aspects économiques et financiers, soit configurée et distinctement
appropriée par les institutions des accords de BRETTON-WOODS56, les conflits de
positionnement se généreraient en se rapportant tantôt à une certaine compétition non
seulement entre OI, mais également entre États avec toutes leurs configurations
infranationales tantôt à un clivage d’opinion ayant particulièrement trait à la
considération et à la qualification de la dépendance entre les deux niveaux principaux
de la gouvernance national et international.
Ainsi, faut-il signaler, selon une lecture rétrospective, qu’il demeure difficile de
maîtriser l’enchainement des conflits ayant pour domaine principal de compétition la
gouvernance aussi bien pour les meneurs et les commanditaires que pour la portée et
l’objet.
S’agissant également de s’interroger sur le souci relatif à l’identification des
champs de ces conflits, la question pourrait également être attribuée à leur durée et à
l’impact qu’ils produiraient par rapport à la manière de gouvernance.
D’où, un essai de répartition des « Générations de Conflits de
57
Gouvernance » pourrait être envisagé tout en notant qu’il n’existe pas un ordre
chronologique approprié qui pourrait être indexé à cette répartition.
D’abord, le conflit de gouvernance existentiel qui semble consister à établir un
monopôle ou une maîtrise des terres.

56
www.glossaire-international.com
« Accords de Bretton-Woods : Accords signés en 1944 à Bretton-Woods (petite ville de
l’état du New Hampshire aux Etats-Unis) pour la réorganisation du Système Monétaire
International. Ces accords, ratifiés par 44 pays, visent à rétablir un ordre monétaire
international par la création d'un Fonds Monétaire International (FMI) et à favoriser la
reconstruction et le développement économique des pays touchés par la guerre avec la
Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD).
Ils font également du dollar la monnaie de référence dans le monde et donc de lier les cours
des devises étrangères au dollar plutôt qu’à l'or. En 1976, les principes de Bretton Woods
ont été abandonnés par tous les membres signataires et les devises du monde avaient de
nouveau une fluctuation libre. »
57
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

56
Ensuite, il s’agit du conflit de gouvernance économique qui pourrait s’attribuer à
une maîtrise des biens et qui semble être indexé essentiellement aux finances, au
commerce et au marché pour ainsi illustrer une maîtrise des transactions.
Puis, le conflit de gouvernance fonctionnel qui s’avère avoir été orienté vers la
manière de gouverner, les champs, les techniques, les modes, les modèles et les
méthodes de gouvernance et ce, afin de maîtriser les processus aussi bien de prise de
décision que de la normalisation.
Subséquemment, il s’agit du conflit de gouvernance idéologique qui annoncerait
une maîtrise de l’information, des canaux, des moyens et des modes de
communication.
Enfin, le conflit de gouvernance de positionnement qui saurait concerner
principalement le domaine géopolitique et géostratégique, l’universalisation, la
polarisation, la régionalisation, l’inter-régionalisation qui pourraient être attribués à la
maîtrise des politiques, des comportements et de l’écart entre le possible et le
souhaitable et qui s’orientent essentiellement vers la conduite, la manipulation ou la
soumission par rapport aux règles et normes qui régissent les relations politiques et
diplomatiques internationales.
Abstraction faite des recherches interminables qui pourraient être conduites afin
d’apporter une certaine logique de classification des événements vécus dans l’histoire
des conflits qui ont accompagné l’émergence des OI, il s’avère convenable d’analyser
et de clarifier les significations essentielles et les enjeux fondamentaux qui pourraient
être attribués à cette ère de conflit de gouvernance de positionnement.
En fait, il s’agit d’un processus de changement de raisonnement indiquant
l’évolution d’une concentration sur la propriété, le monopôle, l’élargissement, les
intérêts économiques, le poids des idéologies vers un nouveau paradigme qui n’est pas
soumis ni à la logique des armes ni au lobbying58 côtoyé ou manipulé par les
défendeurs des intérêts économiques.

58
Le lobbying comprend par essence toute communication orale ou écrite avec le titulaire d’une
charge publique sollicité afin d’influer sur ses décisions dans les domaines législatif, politique ou
administratif.
Selon le Livre vert de l’Initiative européenne en matière de transparence, « on entend par ’lobbying’
toutes les activités qui visent à influer sur l’élaboration des politiques et les processus décisionnels
des institutions européennes ». Les lobbyistes sont « les personnes qui se livrent à ce type d’activités
et qui travaillent dans toute une série d’organisations telles que les cabinets de consultants spécialisés
dans les affaires publiques, les cabinets d’avocats, les ONG, les groupes de réflexion, les groupes de
pression au sein des entreprises (représentants internes) ou les groupements professionnels ».
© OCDE 2011-Lobbying, pouvoirs publics et confiance, Volume 1Quel cadre législatif pour plus de
transparence ?

57
Il s’agit plutôt d’une tendance vers une dimension d’anticipation de nouveau
générateur de confiance et de légitimité pour les États comme pour les Organisations
Internationales qui pourrait être motivée par la dynamique de polarisation en tant que
créatrice de nouveaux acteurs et de nouvelles alliances internationales et régionales
pour assurer la meilleure gouvernance à partir d’un positionnement géostratégique
exemplaire.
En effet, cela s’affirme davantage à travers les interconnexions intercontinentales
existantes et potentielles euro-asiatiques, interaméricaines, afro-asiatiques, euro-
américaines etc.
Ces interconnexions semblent être accompagnées par l’élargissement incessible
des champs de compétences des OI notamment celles à vocation régionale.
D’où, une nouvelle tendance s’explique et se motive aussi bien par les objectifs
statutaires tels qu’inscrits au niveau des actes constitutifs et qui ne sont ni exclusifs ni
restreints ce qui leurs donneraient des marges de gouvernance et d’interprétation
indéfinies que par rapport aux crises multidimensionnelles qui menacent la paix et la
stabilité tant nationales qu’internationales.
L’interposition entre les critères principaux de catégorisation et de ceux réservés
pour les sous catégories indiquant les différentes natures d’actes qui pourraient
potentiellement émaner de la part des OI ne s’avèrent pas suivre une logique de
causalité qui prévoit le passage automatisé et cumulatif de l’aspect consultatif à la
nature obligatoire que peut revêtir un acte pris dans le domaine de la gouvernance ou à
l’imposition ayant trait à l’évolution recommandée de la nature contraignante des
actes.
Or, l’arbitrage ne semble pas simple ni évident, étant donné la complexité de la
configuration des rapports qui lient les États et les OI et qui sont soumis à une
dynamique de dosage et de préférence qui se penche tantôt vers l’affirmation de la
souveraineté étatique tantôt vers une légitimation de l’ingérence de l’OI à laquelle
appartient ce même État statutairement en tant que membre ou suivant une logique de
partenariat qui échafaudage les intérêts économiques ou géopolitiques pour l’un
comme pour l’autre.

58
En effet, les limites d’arbitrage pour le niveau de choix ou d’imposition qui
accompagne l’adoption d’un acte émanant d’une OI afin qu’il soit transposé et
éventuellement pour assurer son application, suivant les exigences et les procédures
appropriées au sein de chaque OI et pour chaque acte, demeurent, par conséquent,
difficilement mesurables et durement observables.

Ceci s’explique par le fait que dans la pratique, il existerait, ce qui semble souvent
évident ou accoutumé, un ensemble de facteurs internes et externes qui motiveraient
ces rapports déséquilibrés de gouvernance.

En fait, ces rapports déséquilibrés de gouvernance auraient des marges d’influence


qui pourraient mener à la révision interne de l’acte international avant même qu’il soit
transposé et ce, abstraction faite des dispositions statutaires d’ordre général qui
prévoient des rapports de gouvernance légitimés et appréciés mutuellement à travers
les objectifs de création de l’OI et qui n’échappent pas, d’ailleurs, à la logique
constitutionnelle pour l’ensemble des pouvoirs étatiques aussi bien nationaux
qu’infranationaux.

Ceci étant, une conceptualisation de la catégorisation d’un certain nombre d’OI


pourrait être prévue en fonction d’un ensemble de critères qui se constituent comme
suit :

59
Essai sur l’identification des critères de catégorisation des OI ayant
recommandé la consécration de la Bonne Gouvernance59

Critères Organisations Internationales


catégorisation

MERCOSUR
Groupe BM
Critères de

UNESCAP

INTOSAI
(ONG)

OCDE
Sous-catégorie

UMA
UPM
ONU

CCG
COE
FMI

UE
Universel
Périmètre d’intervention/vocation
principale

Régional

Périmètre
Spécifique

Economique/
financier
Le caractère politique demeurant le dénominateur commun

Développeme
nt
Droit de
l’homme –
Secteur d’activité principal
Compétence primaire

démocratie-
État de droit
Paix, sécurité
Règlement de
conflits/
différends

Diplomatique

Marché
commun

59
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

60
catégorisation

MERCOSUR
Critères de

UNESCAP

INTOSAI
(ONG)

OCDE
UMA
UPM
ONU
Sous-catégorie

CCG
COE
FMI

BM

UE
Tendance d’orientation d’adhérence pour

COOPERATION

TUTELLE
(politique/
60
les membres

diplomatique/
normative/
sécuritaire ou
morale)

INTEGRATION

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Concession
compétences
transfert des
Le niveau de

progressive 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Alignement

Conseil/
consultation/
Nature des ACTES

orientation

Obligatoires

contraignantes

Par rapport à la question de la polarisation et au mouvement de


positionnement géostratégique et géopolitique, il serait adéquat de présenter
quelques remarques ayant trait à la dynamique de repositionnement de la
gouvernance interrégionale à travers le phénomène de la polarisation et la création
de nouvelles alliances ou la quête de les instaurer.

60
La qualification de l’Organisation n’est ni exclusive ni absolument tributaire de la nature
de la tendance.

61
Tandis qu’il existe des actes de coopération engagés, a priori, principalement
dans une perspective de réponse aux objectifs de nature politique et diplomatique à
l’instar de ceux conclus au niveau de la ligue des États Arabes et de l’Union du
Maghreb Arabe, la raison d’être sur laquelle reposent les liens conventionnels et se
fondent les piliers de coopération pour d’autres groupements régionaux à l’image de
l’Union Européenne, du MERCOSUR61 (marché du Cône sud de l’Amérique) , de
l’ALENA (Accord de libre échange nord américain, du Conseil de Coopération des
États arabes du Golfe, paraît essentiellement orientée vers l’instauration des relations
économiques qui semblent reposer sur un seul objectif se dessinant autour d’un
développement commun et inclusif.
En effet, il paraît, suivant une schématisation de cette configuration, qu’il existe
une forme bidimensionnelle de gouvernance suivant laquelle se dessine l’OI d’un côté
en une entité unique de représentation en vers qui s’acheminent toutes les volontés
singulières de chaque État et en représentation multiples d’entités à l’intérieur de l’OI
de l’autre.
Or, il s’avère qu’il existe vraisemblablement une évolution remarquable aussi bien
dans la manière et les méthodes que par rapport au périmètre d’intervention des OI en
tant qu’intervenants principaux dans le champ de la BG avec toutes ses composantes
et ses applications multidimensionnelles.
Toutefois, à ce niveau de réflexion et de constatation, il faut également faire
allusion à l’identification de la nature des intervenants notamment quant à leur
effectivité et à l’ensemble des assurances qui pourraient être proposées des uns et des
autres quant aux engagements relatifs à la diffusion et à l’application des principes de
la Bonne Gouvernance.

61
Le traité d'Asunción, signé le 26 mars 1991 dans la capitale paraguayenne par les
présidents d'Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l'Uruguay, par lequel ces quatre pays
de l'Amérique du Sud décidaient de constituer un marché commun et d’instaurer un
processus d'intégration économique. Il est entré en vigueur le 31 décembre 1994. Ainsi
ce groupement régional (Organisation Internationale à vocation régionale) se compose en
janvier 95 des membres suivant : l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay, le brésil, que
rejoignent le Chili et la Bolivie en juin 1996.

62
En effet, cet ensemble de garanties possibles qui pourraient être assurées par les
OI et qui se rapporteraient aux explications et aux définitions multiples, aux domaines
si variés et souvent aux objectifs qui se ressemblent, saurait susciter des confusions et
des duplications et pourrait être confronté aux spécificités de chaque acteur qui
dispose, chacun dans son périmètre d’intervention, de ses aspirations, de ses besoins,
de ses compétences et de son mandat d’action suivant les compétences et les
attributions transférées par ses créateurs.
Par ailleurs, la distinction entre les cadres normatifs de l’Union Européenne et du
MERCOSUR, à titre d’exemple, pourrait conforter quelques idées et constatations
issues de notre recherche en ce qui concerne les difficultés et les interrogations
existantes ou qui pourraient surgir en se rapportant non seulement à la question de
transposition qui intéresse aussi bien l’OI que ses États membres, mais également et
d’une façon plus générale à l’activité normative au sein des instances de cette OI et ce,
dans les deux systèmes ou ordres juridiques concernés62.

En fait, cette recherche, aussi ciblée qu’elle semble, nécessite, par conséquent, un
examen particulier des sources, des caractéristiques de chaque ordre juridique ainsi
que du mouvement et procédés d’application des normes qui requiert également la
connaissance des destinataires et des méthodes d’interprétation auxquelles ils sont
subjugués.

En effet, telles que prévues à travers les dispositions de l’article 41 du Protocole


additionnel au Traité d’Asunción relatif à la structure institutionnelle du Mercosur
connu sous l’appellation communément considérée protocole d’Ouro Preto du 17
décembre 1994, les sources juridiques du Mercosur sont agencées autour du Traité
d’Asunción, ses protocoles et les instruments additionnels et complémentaires, les
accords conclus dans le cadre du Traité d’Asunción et de ses protocoles et les
décisions du Conseil du Marché Commun, les résolutions du Groupe Marché Commun
et les directives de la Commission du commerce du Mercosur adoptées depuis l’entrée
en vigueur du Traité d’Asunción.

62
Européen en ce qui concerne l’Union Européenne et sud américain en ce qui concerne le
MERCOSUR.

63
Outre le fait de posséder la personnalité juridique de droit international prévue
expressément au niveau du protocole d’Ouro Preto susmentionné qui permet au
MERCOSUR d’accomplir tous les actes nécessaires à la réalisation de ses objectifs
notamment pour conclure un contrat, acquérir ou céder des biens meubles ou
immeubles, comparaître en justice, conserver des fonds et effectuer des transferts ainsi
qu’il pourra procéder à la signature des accords de sièges63, le système de prise de
décisions qui est établi au niveau de ses organes repose sur le consensus en présence
de tous les États membres.
Par ailleurs, en vertu des dispositions du protocole de Brasilia du 1 er décembre
199164 relatif au règlement des différends qui apparaîtraient entre les États membres à
propos de l’interprétation, de l’application ou de l’inexécution des dispositions
prévues par le Traité d’Asunción, les accords conclus dans le cadre de ce Traité ainsi
que les décisions du Conseil du Marché Commun et les résolutions du Groupe Marché
Commun, ces controverses seront soumises aux procédures de règlement prévues par
le présent Protocole.
À cet égard, il est nécessaire de signaler que par opposition au régime de saisine
établi au niveau de la Cour de Justice de l’Union Européenne réservé quasi
exclusivement à la commission européenne, le droit de saisine au niveau du règlement
des controverses ou des différends au niveau du MERCOSUR est plus large au point
qu’il est ainsi ouvert aux particuliers (personnes physiques ou morales) concernant
l’adoption ou l’application, par tout État partie, d’acte de nature légale ou
réglementaire ayant un effet restrictif, discriminatoire ou de concurrence déloyale, en
violation du Traité d’Asunción, des accords conclus dans le cadre de ce Traité ainsi
que des décisions du Conseil du Marché Commun et les résolutions du Groupe
Marché Commun.

63
Articles 34 – 35 et 36 du Protocole additionnel au Traité d’Asunción relatif à la structure
institutionnelle du Mercosur connu sous l’appellation communément considérée « protocole
d’Ouro Preto » du 17 décembre 1994.
64
Le protocole de Brasilia du 1er décembre 1991, a été ratifié par l’Argentine le 14 juillet
1992 ; par le Paraguay le 16 juillet 1992 ; par le Brésil le 1 er décembre 1992 et par
l’Uruguay le 1er avril 1993.

64
Ainsi, les dispositions du Chapitre V du protocole de Brasilia susmentionné,
réservé aux plaintes des particuliers, donnent la possibilité aux particuliers affectés de
présenter leurs complaintes devant la section nationale du Groupe Marché Commun de
l’État membre dans lequel ils ont leur résidence habituelle ou le siège de leurs affaires.
En revanche la charge de preuve qui permettrait de prouver l’existence de la
violation ou de la menace de préjudice incombe aux particuliers65.
Dans le même ordre de réflexion qui met en exergue cette tendance de
polarisation ou de nouveaux positionnements régionaux en guise d’une recherche
interminable de nouvelles alliances argumentées ou légitimées tantôt par des raisons
politiques tout en étant persuadé de l’intéressement économique, tantôt en quête de
solidarité afin de se prémunir contre les dangers d’insécurité, le rassemblement d’États
dans le continent américain repose a priori sur des piliers et des fondamentaux qui se
regroupent finalement en deux dimensions ou deux logiques de gouvernance.
En premier lieu, la configuration des rapports de force continentale paraît marquer
une domination tant politique qu’économique si évidente des États Unis d’Amérique
face aux autres pays et groupements régionaux appartenant au même continent.
En deuxième lieu, cette configuration de composition, qui regroupe des États de
l’Amérique latine lesquels États représentent des économies émergentes qui de plus en
plus s’affirment en enregistrant des performances comparables à celles longuement
convoitées par les pays hautement industrialisés, mérite également d’être mesurée par
rapport aux principes de Bonne Gouvernance.
Indépendamment des indicateurs qui visent la mesure ou l’examen d’un système
étatique par rapport aux préalables et fondements de la démocratie, s’établissent des
enjeux, des risques et des dangers qui menacent la légitimité interne d’un État.

65
Ibid. « À moins que la plainte ne se réfère à une question qui ait motivé le déclenchement
de la procédure de règlement des différends prévue aux chapitres II, III ou IV du présent
Protocole, la section nationale du Groupe Marché Commun ayant admis la plainte
conformément à l’article 26 du présent chapitre, pourra, en consultation avec le particulier
affecté :
a) Entamer des contacts directs avec la section nationale du Groupe Marché Commun de l’État
membre auquel est attribué la violation afin de chercher, à travers des consultations, une
solution immédiate à la question posée, ou
b) Soumettre la question sans considération supplémentaire au Groupe Marché Commun.
Si la plainte n’a pas été résolue dans un délai de 15 jours à compter de la communication de la
plainte conformément à l’article 27, a), la section nationale qui a présenté la sollicitation
pourra, à la demande du particulier affecté, la soumettre sans considération supplémentaire au
Groupe Marché Commun. »

65
Par conséquent, se manifeste une alternative nichant dans la gouvernance non
seulement au niveau politique, mais également par rapport à une dimension
économique qui demeure la garantie essentielle d’approvisionnement aussi bien en
diplomatie de positionnement que d’affirmation d’existence dans la scène de
commandement ou de gouvernance universelle loin des autres aspects de la
gouvernance multidimensionnelle et multisectorielle.
La nouvelle configuration d’alliances politiques et économiques qui naissent et
renaissent entre les groupements régionaux et entre les États qui s’invitent et se relient
en intégrant parfois plusieurs OI à vocation régionale, s’identifie à une dynamique de
recherche de coalition étatique et inter-organisationnelle qui mène à la signature
d’actes de coopération et éventuellement d’intégration, d’ouverture de nouveaux
marchés essentiellement réservés aux échanges commerciaux et ce, dans une phase de
prétention ou d’intentions déclarées et confirmées.
En revanche, la phase qui pourrait cacher la raison d’être qui semble la plus
argumentée réside, a priori, dans le fait que ces alliances et ce regroupement régional
constituent une garantie, voire un refuge politique puisqu’il s’agit particulièrement
d’un groupement d’États élargi ayant les mêmes composantes de similarité et de
rapprochement partagées entre les nations d’une part.
Ces mêmes regroupements forment, d’autre part, une démarche géopolitique de
polarisation face à des initiatives et des processus de groupements régionaux et
interrégionaux qui se constituent et s’établissent visant la sécurité commune et la
solidarité à travers des unions et des réunifications.
Par ailleurs, il s’avère extrêmement important de mieux examiner ce lien de
causalité entre la recherche de rejoindre continuellement un regroupement régional
avec ses répercutions tant politiques qu’économiques d’un côté et cette quête de
légitimation quant à l’appartenance à une sphère de gouvernance qui paraît attachée à
un cautionnement double s’identifiant indifféremment à l’État en tant qu’appartenance
originaire ou primaire et à l’OI suivant un niveau d’appartenance dérivée ou
secondaire.

66
D’où, la constitution de l’UNASUR constitue un exemple illustratif à partir
duquel la liste de ses États membres66telle qu’elle apparaisse au niveau du portail
électronique de son secrétariat regroupe 12 pays ayant un degré de compatibilité, de
rapprochement et de ressemblance tant au niveau de la langue qu’au niveau des
traditions.
En effet, cette constatation se confirme malgré les particularités qui caractérisent
chaque État faisant partie de cette OI à vocation régionale qui semble constituer, outre
un élargissement du MERCOSUR, un nouvel élan de renforcement de positionnement
face à la polarisation et à l’inter-régionalisme qui ne cessent de donner de nouvelles
possibilités pour une meilleure gouvernance interrégionale et suprarégionale.
Parmi les 12 pays qui forment l’UNASUR, 4 États ont déjà le statut de membre au
sein du MERCOSUR67.
Par ailleurs, un deuxième exemple pourrait ainsi illustrer cette tendance de
régionalisme ou de polarisation et cet élan de compétition entre les groupements
régionaux.
Il s’agit du regroupement intergouvernemental des pays BRICS qui regroupe le
Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud et qui s’avère constituer un autre
édifice de gouvernance régionale.

66
Les États membres de l’UNASUR sont énumérés au niveau du site web de son secrétariat
comme suit : http://unasursg.org/es/estados-miembros ESTADOS MIEMBROS
República Argentina - www.presidencia.gob.ar
Estado Plurinacional de Bolivia - www.presidencia.gob.bo
República Federativa del Brasil - www.planalto.gov.br
República de Chile - www.gob.cl
República de Colombia - www.presidencia.gov.co
República del Ecuador - www.presidencia.gob.ec
República Cooperativa de Guyana - www.op.gov.gy
República del Paraguay - www.presidencia.gov.py
República del Perú - www.presidencia.gob.pe
República de Suriname - www.president.gov.sr
República Oriental del Uruguay - www.presidencia.gub.uy
República Bolivariana de Venezuela - www.presidencia.gob.ve

67
José Gabriel Assis de Almeida, « Le cadre normatif du Mercosur », Droit et société
2005/1(n°59), p. 39-53.

67
En fait, en dépit de sa récente création, les sommets du BRICS suivent un rythme
qui paraît soutenu en s’identifiant comme suit:
Le premier sommet des pays BRIC s’est tenu le 16 juin 2009 à Iekaterinbourg,
en Russie.
Le second sommet a été organisé le 16 avril 2010 à Brasília, au Brésil.
Ceci étant, ces deux rencontres témoignent d'une institutionnalisation, néanmoins,
progressive des sommets du BRIC et participe ainsi à la formation d'une nouvelle
configuration géopolitique qui semble être caractérisée, ainsi, par une confrontation
non déclarée entre des pôles de traditions de gouvernance qui paraissent antagonistes
mais qui sauraient constituer d’intérêts à vocation économique et politique de nature
identique.
Le 14 avril 2011, le troisième sommet du BRICS, qui s’est tenu à Sanya (Hainan),
en Chine, est aussi le premier sommet du BRICS, avec l'adhésion officielle de
l'Afrique du Sud.
Le quatrième sommet des pays BRICS a eu lieu le 29 mars 2012 à New Delhi,
en Inde.
Le cinquième sommet des pays BRICS a été organisé le 28 mars 2013 à Durban,
en Afrique du Sud.
Le sixième sommet des pays BRICS a eu lieu le 17 juillet 2014 à Fortaleza,
au Brésil. Cette rencontre a, également, été l’occasion de l’inauguration officielle de
la Nouvelle banque de développement.
Le septième sommet des pays du BRICS a eu lieu en 2015 à UFA, en Russie.
In fine, le lien d’appartenance semble se qualifier au regard de la nature du
fonctionnement du regroupement ou du niveau de la gouvernance de chaque entité qui
gouverne ou qui aurait la potentialité de gouverner et ce, indépendamment du moment,
de la durée de vie ou de la manière de gouverner aussi bien d’une entité autonome que
dépendante par rapport à l’OI elle-même.

68
Sous-section deuxième : La Bonne Gouvernance : Reconnaissance accommodable
du contenu.

La reconnaissance du contenu des actes internationaux se rapportant à la Bonne


Gouvernance pourrait être aussi bien de déclaration que de recommandation
(paragraphe premier).
Ceci étant, une logique d’imposition de ce contenu qui s’attribut à la BG paraît
se consacrer progressivement (paragraphe deuxième).

Paragraphe premier : Identification d’un contenu déclaratoire et exploration


d’un usage de recommandation.

La Commission européenne pour la démocratie par le droit, appelée


communément  Commission de Venise  qui représente un organe consultatif du
Conseil de l’Europe, a préparé un Bilan sur les notions de BG et de Bonne
Administration 68 achevé en 2011 et ce, sur la base d’une étude préliminaire initiée en
2008.
Eu égard aux champs de compétences de cette commission liés essentiellement à
la promotion de l’État de droit et de la démocratie69, cette étude a été menée dans
l’optique de rechercher les liens qui pourraient exister entre la BG et le domaine
d’intervention de cette Commission de Venise lié particulièrement à la démocratie.
Il s’avère opportun de signaler, d’emblée, que le Conseil de l’Europe, regroupant
actuellement 47 membres et s’activant essentiellement autour de la promotion de la
démocratie, des droits de l’homme et de la prééminence du droit ou de l’État de droit
qui représentent les trois piliers sur lesquels repose l’engagement de cette OI à
vocation régionale, se veut un cadre d’action corolaire à l’approche économique dont
dispose, par excellence, l’Union Européenne constituée actuellement de 28 membres.

68
CDL-AD (2011) 009 étude n°470/2008 du 8 avril 2011
69
Cette fonction figure parmi les Objectifs de la Commission de Venise tels qu’annoncés au niveau
de son Statut révisé à travers la résolution (2002-3) adoptée par le Comité des Ministres le 21
février 2002 lors de la 784e réunion des Délégués des Ministres

69
En effet, le troisième point de la déclaration de Varsovie70 traduit une volonté
particulière des chefs d’États et de gouvernements réunis dans cette conférence à
l’occasion du troisième sommet du COE d’adopter pour la première fois, dans une
déclaration au sommet, le concept de Bonne Gouvernance.
Ceci étant, cette identification a été remarquée en notant que ces chefs d’États et
de gouvernements sont « convaincus qu'une démocratie effective et une bonne
gouvernance à tous les niveaux sont essentielles pour prévenir les conflits, promouvoir
la stabilité, favoriser le progrès économique et social, …. Les États membres doivent
donc maintenir et développer des institutions efficaces, transparentes et
démocratiquement responsables, …, notamment à travers la mise en place d'un Forum
sur l'Avenir de la Démocratie ».
Dans cette même logique, l’assemblée parlementaire du COE, dans la résolution
1060 de 1995 relative aux politiques de coopération au développement, a essayé
d’apporter un éclairage quant aux significations de la BG à travers un référencement
particulier de l’équivalent de la  Good Governance  traduit par  la bonne gestion des
affaires publiques.
Ainsi, suivant les dispositions du paragraphe 2 du point 8 de cette résolution
susmentionnée, l'assemblée invite les États membres à faire un meilleur usage de
ressources limitées et ce, en rendant l'aide plus efficace, notamment en la
subordonnant à l'existence d'une «bonne gestion des affaires publiques» dans les pays
bénéficiaires.
Dès lors, il pourrait s’agir d’une illustration de l’équivalence qui existe entre le
domaine de la gestion des affaires publiques en tant qu’objectif et la Bonne
Gouvernance comme principe de bonne conduite.
En effet, afin de mieux gérer l’aide aux pays en développement et de la rendre
plus efficace, les États membres du COE sont appelés à veiller à ce que l’aide soit
subordonnée au respect de la démocratie et des droits de l'homme, à l'absence de
corruption, à des réformes sociales engagées dans l'intérêt des défavorisés, à une
réforme économique allant dans le sens des principes du marché, à une protection
suffisante de l'environnement et à une plus grande ouverture des échanges71.

70
Déclaration finale du Troisième Sommet du Conseil de l’Europe, Varsovie, les 16 et 17 Mai 2005
71
RÉSOLUTION 1060 (1995) relative aux politiques de coopération au développement, point 8, telle
qu’adoptée par l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe le 27 avril 1995 (14e séance).

70
Par ailleurs, l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe a classé le terme de
la bonne gouvernance dans un même registre qui regroupe également la démocratie,
l’État de droit et les droits de l’homme72 qui représentent d’ores et déjà les principes
fondamentaux et les objectifs majeurs de l’intervention du conseil de l’Europe pour
lesquels sa mission se précise et se justifie dans la promotion de ses fondements.
Dans cette même optique, l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe A
affirmé son engagement pour la promotion de ces principes tout en ajoutant à chaque
fois des éléments spécifiques liés aux circonstances et aux conjonctures internationales
et régionales.
C’est dans cette perspective que l’assemblée parlementaire a œuvré pour
l’établissement d’un pacte de stabilité dans le Caucase du sud et ce, à travers
notamment l’amélioration de la bonne gouvernance, le renforcement de la démocratie
et de la primauté du droit, la consolidation des normes en matière de droits de
l’homme et l’amélioration de la protection des minorités nationales en Europe ainsi
que le respect et le dialogue entre les ethnies, les cultures et les religions dans les pays
concernés.73
A ce niveau, il faut signaler que l’emploi du terme  bonne gouvernance  au sein
du conseil de l’Europe et de ses organes s’avère tributaire d’une vision globale liée
principalement à la démocratie, à la primauté du droit et aux droits de l’homme sans
pour autant donner un sens particulier ou spécifique à ce concept.
Ceci étant, la ligne de conduite d’ores et déjà adoptée par le COE, en termes de
spécialisation, constitue une approche qui demeure profondément liée au droit de
l’homme dans son acception la plus large indépendamment des aspects d’ordre
économique et managérial ou d’autres secteurs et filières qui pourraient encadrer
éventuellement les significations multiples de la notion de bonne gouvernance.

72
RECOMMANDATION 1708 (2005) APCE « résumé de la situation actuelle au Kosovo » telle que
adoptée à Strasbourg le 7 septembre 2005
73
Recommandation 1771 (2006) Etablissement d’un pacte de stabilité pour le Caucase du Sud telle
qu’adoptée le 17 novembre 2006 par la Commission permanente sur les questions politiques, agissant
au nom de l’Assemblée parlementaire du conseil de l’Europe.

71
En revanche, l’évolution quant à l’emploi de la bonne gouvernance à l’échelle
internationale tout comme au niveau régional a permis une certaine évolution de
catégorisation dans la perception conceptuelle de ce terme en l’identifiant par rapport à
des niveaux et des secteurs spécifiques d’intervention.
Cette spécialisation pourrait se dévoiler plus clairement dans la résolution de
l’assemblée parlementaire relative à la situation des droits de l’homme et de la
démocratie en Europe adoptée en 2007.74
En effet, le point 62 de cette résolution dispose que «les principes de subsidiarité
et de proportionnalité doivent être mis en place puisqu’ils sont nécessaires pour
parvenir à une bonne gouvernance, ce qui est essentiel pour renforcer la
démocratie »75.
En outre le point 83 de cette même résolution se focalise à son tour sur un autre
aspect qui intéresse la corruption et les crimes d’ordre économique et financier tout en
notant que « seul le strict respect des principes de bonne gouvernance peut empêcher
la corruption d’infiltrer les institutions démocratiques et de les dénaturer.
Le Conseil de l’Europe devrait insister sur la nécessité de la mise en œuvre d’un
cadre juridique complet et de son application, de la poursuite effective des délinquants
et de l’adaptation permanente des institutions afin qu’elles résistent mieux à la
criminalité économique »76.
Dans cette même lancée vers la spécialisation qui tend à illustrer la
reconnaissance d’autres aspects liés à la bonne gouvernance, à la démocratie, aux
droits de l’homme et à la primauté du droit, le comité des Ministres du conseil de
l’Europe a adopté en mars 2008 la stratégie pour l’innovation et la bonne
gouvernance au niveau local qui a été approuvée lors de la conférence des ministres
européens responsables des collectivités locales et régionales qui s’est tenue à Valence
le 16 octobre 200777.

74
La résolution 1547 de l’assemblée parlementaire relative à la situation des droits de
l’homme et de la démocratie en Europe adoptée le 18 avril 2007 (15e séance) point 62 et
point 83
75
Ibid., paragraphe 62
76
Ibid., paragraphe 83
77
Conférence des ministres européens responsables des collectivités locales et régionales
« la bonne gouvernance locale et régionale, le défi européen » 15ème session 15 et 16
octobre 2007 MCL -15 (2007)5 final DECLARATION DE VALENCIA

72
Dans cette stratégie, le concept employé est la bonne gouvernance démocratique
qui fait référence à la fois aux principes généraux de la BG, à la démocratie, à la
qualité des services publics au niveau local et à la participation des citoyens dans la
gestion des affaires publiques.
Cette synergie entre les différents niveaux de gouvernance locale, régionale,
nationale et européenne telle que recherchée à travers cette stratégie s’illustre à travers
les douze principes de bonne gouvernance démocratique au niveau local qui se
rapportent principalement aux éléments suivants :
Les douze principes de bonne gouvernance démocratique au niveau local :

1. La tenue des élections régulières, et une représentation et une


participation justes,
2. La réactivité des pouvoirs locaux en fonction des attentes et besoins
légitimes des citoyens
3. L’efficacité et l’efficience, tout en insistant sur l’optimisation de
l’utilisation des ressources d’un côté et la mesure, l’évaluation et l’audit
des services afin d’améliorer la performance.
4. L’ouverture et la transparence
5. L’Etat de droit
6. Un comportement éthique, en adoptant les mesures nécessaires afin de
mieux combattre et prévenir toutes formes de corruption et d’éviter les
conflits d’intérêts
7. Renforcement des capacités et des compétences et amélioration continue
des performances
8. L’innovation et l’ouverture d’esprit face au changement
9. La durabilité et l’orientation à long terme en se focalisant sur les
perspectives et que les décisions seront prises par conséquent, dans
l’objectif d’internaliser tous les couts et d’éviter de transmettre aux
générations futures les tensions et les problèmes, qu’ils soient d’ordre
environnemental, structurel, financier, économique ou social.
10. Une gestion financière saine (prudente, équilibrée et basée sur des
consultations publiques, solidaire…)
11. Les droits de l’homme (respectés, protégés et appliqués), la diversité
culturelle (sans exclusion) et la cohésion sociale (encouragée)
12. L’obligation de rendre des comptes (responsabilité, comptes rendus,
abus sanctionnés)
73
En application de cette stratégie, les États membres du conseil de l’Europe sont
appelés à préparer des plans d’action.
En effet, certains pays membres du COE ont préparé des plans d’action et des
rapports pays relatifs à l’évaluation de l’application de la stratégie à l’instar de la
Belgique78.
Il s’agit principalement d’un mécanisme d’évaluation qui permet de mesurer le
degré de concordance et de cohérence entre le niveau national et la stratégie
européenne en termes d’application des douze principes de BG démocratique au
niveau local tels que susmentionnés et ce, non seulement sur le plan juridique, mais
également au niveau opérationnel.
En effet, la stratégie pour l’innovation et la BG en région Wallonne a émis,
néanmoins, des précisions spécifiques à la région à l’image de l’appellation même de
la gouvernance qui prend une forme assez particulière en Wallonie à savoir : nouvelle
gouvernance responsable.
En outre, il faut noter que dans le cadre de cet effort d’instauration d’une bonne
gouvernance démocratique locale et régionale telle qu’initiée par le COE, plusieurs
mécanismes supplémentaires sont également adoptés au sein du conseil de l’Europe
afin de renforcer la démocratie locale.
En effet, la charte européenne de l’autonomie locale figure, ainsi, parmi les
dispositifs fondamentaux pilotés par le conseil de l’Europe et qui stipule au niveau du
4ème paragraphe de son préambule ce qui suit : « Considérant que le droit des citoyens
de participer à la gestion des affaires publiques fait partie des principes
démocratiques communs à tous les États membres du Conseil de l'Europe » 79
À l’époque, en 1985, l’année au cours de laquelle cette charte a été adoptée, le
concept de la bonne gouvernance n’était pas encore d’usage au niveau européen raison
pour laquelle les auteurs de cette charte ont eu recours à l’expression de la gestion des
affaires publiques.

78
La stratégie pour l’Innovation et la Bonne Gouvernance en Région wallonne
http://www.coe.int/t/dgap/localdemocracy/strategy_innovation/default_fr.asp
79
La charte européenne de l’autonomie locale adoptée à Strasbourg le 15 octobre 1985

74
Ce recours à l’emploi du terme de la gestion des affaires publiques était en fait la
même réaction adoptée au sein de la résolution 1060 (1995) relative aux politiques de
coopération au développement, telle qu’adoptée par l’assemblée parlementaire du
conseil de l’Europe le 27 avril 1995 lors de la 14ème séance et telle que précisée
précédemment.
En revanche, suivant une optique de généralisation du contenu de la BG selon une
logique aussi bien de déclaration que de recommandation, la gouvernance à Multi-
niveau80 telle qu’inscrite dans la Charte pour la Gouvernance à Multi-niveau en
Europe, désigne, suivant le rapport établi par le Comité des régions de l’union
Européenne, le « Principe consistant en l'action coordonnée de l'Union, des États
membres et des autorités régionales et locales fondée sur les principes de subsidiarité,
de proportionnalité et de partenariat, qui se concrétise par une coopération
fonctionnelle et institutionnalisée visant à élaborer et à mettre en œuvre les politiques
de l'Union européenne »81.
Ceci étant, «en vertu du principe de subsidiarité, dans les domaines qui ne
relèvent pas de sa compétence exclusive, l'Union intervient seulement si, et dans la
mesure où, les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être atteints de manière
suffisante par les États membres, tant au niveau central qu'au niveau régional et local,
mais peuvent l'être mieux, en raison des dimensions ou des effets de l'action
envisagée, au niveau de l'Union» 82.

80
TELESCOPE vol.19, n°1, 2013 la Gouvernance Multiniveau
81
CdR 273/2011 fin
82
Par.3 de l’article 3ter du traité de Lisbonne modifiant le traité sur l'union européenne et le
traité instituant la communauté européenne du 3 décembre 2007 (traité sur le
fonctionnement de L’Union Européenne (VERSION CONSOLIDÉE) parue au Journal
officiel de l’Union européenne numéro C 326 du 26.10.2012

75
Paragraphe deuxième : La BG : Vers une logique internationale
d’imposition.

Les droits de l’Homme, la démocratie et l’État de droit et la bonne gestion des


affaires publiques érigée en BG constituent, pour l’Union Européenne, à l’instar de ce
qui est pour le conseil de l’Europe, des valeurs fondamentales sur lesquelles reposent
leurs champs d’action et s’identifie l’étendue de leurs interventions et ce, étant donné
que la bonne gestion des affaires publiques représente d’ores et déjà un pilier sur
lequel les instances européennes se sont réunies sur son importance cruciale.
En effet, ce constat illustre, par conséquent, une certaine évolution dans le
traitement du processus de mise en application de ces valeurs avec un cheminement
qui prend de plus en plus un positionnement progressif dans la rigueur institutionnelle.
A ce niveau, force est de constater que ceux qui ont eu recours à l’emploi de la
notion de bonne gestion des affaires publiques ont voulu trouver un concept qui rejoint
dans son essence le démembrement de la structure terminologique de la notion
de bonne gouvernance qui est d’ores et déjà employée dans sa version anglaise  good
governance .
D’où, la logique de rapprochement ou d’adaptation générée ou pressentie entre les
versions anglaise et française, pourrait être vérifiée à travers l’analyse des missions et
mandats du Conseil de l’Europe et de ses organes tels que précisés notamment via la
résolution 1060 relative aux politiques de coopération au développement, adoptée par
l’assemblée parlementaire le 27 avril 1995 à laquelle, un lien terminologique a été
démontré entre la Good Governance et la bonne gestion des affaires publiques.
Afin de mieux comprendre la notion de la bonne gestion des affaires publiques, il
faut revenir à son contenu et ses justifications ainsi que ses différents aspects, toujours
dans la perspective d’analyser cette similitude repérée avec la bonne gouvernance qui
représente son acception actualisée d’une part et/ou communément admis d’autre part
en tant que version française de la Good Governance telle que recommandée
désormais par les Organisations Internationales.
D’abord, en ce qui concerne le contenu, la bonne gestion des affaires publiques
« vise dès lors la gestion transparente et responsable de l'ensemble des ressources d'un
pays aux fins d'un développement économique et social équitable et durable.

76
La notion de bonne gestion des affaires publiques reste entendue dans le cadre
d'un environnement politique et institutionnel respectueux des droits de l'homme, des
principes démocratiques et de l'État de droit.
La bonne gestion des affaires publiques implique dès lors l'existence d'institutions
compétentes et efficaces qui respectent les principes démocratiques.»83
Ensuite, quant aux aspects de la bonne gestion des affaires publiques, tel qu’ils
étaient identifiés dans la communication de la commission au conseil et au parlement
européen susmentionnée intitulée « démocratisation, État de droit, respect des droits
de l’homme et bonne gestion des affaires publiques ».84 Il s’agit notamment des
éléments suivants : «L'équité et la primauté du droit dans le domaine de la gestion
et de la répartition des ressources impliquent un système judiciaire indépendant et
accessible. Dans le cadre spécifique de la gestion des affaires publiques, cette
dimension concerne notamment un environnement juridique incitatif pour les
initiatives et l'investissement du secteur privé.
La capacité institutionnelle à gérer les ressources du pays de manière efficace en
vue du développement économique et social et, en conséquence, à définir, à mettre en
œuvre et à contrôler des politiques qui répondent aux besoins des populations. L'État
et les institutions de la société civile doivent être capables de mettre en œuvre un
modèle équitable de développement et de garantir une exploitation judicieuse de toutes
les ressources au profit de l'intérêt général.
La transparence, soit le fait de rendre des comptes et d'organiser des procédures
et des mécanismes de contrôles opérants en matière de gestion et de répartition des
ressources, renvoi à une gestion des ressources qui soit visible et soumise à des
procédures de contrôle.
Elle constitue également un facteur important de confiance entre les différents
acteurs du développement ainsi qu'une garantie de l'intégrité des institutions.

83
La communication de la commission au conseil et au parlement européen intitulée
« démocratisation, Etat de droit, respect des droits de l’homme et bonne gestion des affaires
publiques : les enjeux du partenariat entre l'Union Européenne et les ACP la
démocratisation, droit de l’homme, Etat de droit et bonne gestion des affaires publiques
adoptée à Bruxelles, le 12.03.1998 (COM(1998) 146 final)
84
Ibid.

77
La participation des citoyens aux processus de prise de décision en matière de
gestion et d'allocation des ressources. Le développement sans participation de la
société civile est impensable. Cette participation devra permettre la concertation entre
les différents acteurs du développement pour toutes les décisions importantes en
matière de gestion et de distribution des ressources et en matière de programmation du
développement. Cette dimension se réfère également à la place qu'il s'agit de donner à
l'initiative privée, à l'entreprise et à la société civile dans le développement.
La corruption, qui peut être définie comme l'abus de pouvoir ou l'incivisme au
niveau du processus de prise de décision en vue d'en tirer des bénéfices ou des
85
avantages indus, constitue une entrave majeure au développement en général et à
une bonne gestion des affaires publiques en particulier.
En effet, la corruption entraîne au premier chef un accroissement des coûts, voire
un détournement des ressources, un renchérissement non négligeable (de 10% à
86
20%) des coûts des prestations et des fournitures, crée des surprix injustifiés qui
grèvent les ressources internes et externes des économies, accroissent en proportion la
dette et diminuent l'efficacité de la coopération. La corruption débouche
inéluctablement sur un système économique qui privilégie le bénéfice immédiat,
l'arbitraire et les intérêts particuliers. Elle détruit toute idée de transparence, d'équité,
d'État de droit et de participation.
La corruption décourage également les investisseurs privés nationaux et
internationaux en occasionnant des coûts de transactions élevés et en ne procurant
aucune garantie ni aucune visibilité sur la sécurité de leurs investissements.
La corruption est un obstacle aux réformes, à l'ouverture et à la libéralisation de
l'économie dans la mesure où elle sert des intérêts qui sont opposés à la réduction des
contrôles économiques et des monopoles.
La faiblesse de la fonction publique ouvre la porte au pouvoir corrupteur de la
criminalité organisée.

85
Communication de la Commission au Conseil et au Parlement sur une politique
anticorruption de l'Union (COM(97) 192 final du 21.5.97)
86
Transparency International, ONG active dans le domaine de la lutte contre la corruption
internationale

78
La corruption constitue un problème "horizontal" de la bonne gestion des affaires
publiques. Elle en sape toutes les dimensions et doit en conséquence constituer un
volet d'action prioritaire. »87
A travers une exploration du contenu de cette communication européenne, il
s’avère qu’il s’agisse d’une transformation quant à la nature des communications
ayant trait aux domaines de gouvernance tels qu’ils ont été identifiés précédemment.
En fait, ce qui pourrait être constaté, c’est l’aspect obligatoire à travers lequel, les
instances européennes s’agissant de celles appartenant à l’Union Européenne ou bien
celles faisant partie du Conseil de l’Europe auraient employé des expressions
s’insérant dans les catégories sémantiques de l’obligation telle que transmise aussi
bien aux États membres qu’aux États non membres et ce, notamment afin de faire
appliquer les principes de la bonne gestion des affaires publiques avec ses corolaires
relatifs aux droits de l’Homme et à la démocratie.
Par ailleurs, l’initiative de l’OCDE-MENA sur la Bonne Gouvernance à l’appui
du développement dans les pays arabes telle qu’ initiée sous l’égide de l’Organisation
de Coopération et de Développement Economiques et sous les auspices d’autres
Organisations Internationales tels que le Programme des Nations Unies pour le
Développement et la Ligue des États Arabes, pourrait également représenter aussi bien
un témoignage particulier de l’acheminement des recommandations ayant trait aux
domaines liés à la Bonne Gouvernance qu’un champ de constatations pour mesurer les
écarts entre les objectifs inscrits dans les agendas des OI et les réalisations enregistrées
dans d’autres niveaux de gouvernance.
L’idée de constituer cette initiative remonte à 1999, lorsque le conseil de l’OCDE
a décidé de conduire une initiative en direction des pays non-membres dans le
domaine de la Bonne Gouvernance lors de la 20ème session du Comité de la Gestion
publique, qui s’est tenue à Paris les 28-29 octobre 1999.

87
Ces aspects et ces différentes dimensions de la « Bonne Gestion des Affaires Publiques »
qui constitue, comme on l’a signalé auparavant un équivalent de ce qui est considéré
actuellement faisant partie de la Bonne Gouvernance, sont extraits de la communication de
la commission au conseil et au parlement européen intitulée « démocratisation, Etat de
droit, respect des droits de l’homme et bonne gestion des affaires publiques : les enjeux
du partenariat entre l'Union Européenne et les ACP - adoptée à Bruxelles, le 12.03.1998
(COM(1998) 146 final).

79
La philosophie réelle qui paraît alimenter cette initiative réside dans une volonté
d’appuyer la transformation vers des économies de marché à travers une amélioration
de la qualité des mécanismes de la gouvernance aussi bien dans le secteur public que
dans le secteur privé pour les pays membres comme pour les non-membres.
Ceci étant, la mondialisation, les mutations technologiques et les crises financières
d’un côté et les défis rencontrés par les économies en transition sur la voie de leur
transformation en des économies de marché en voulant se doter de capacités propres
de développement d’un autre, ont, certainement, démontré les limites des systèmes en
place avec les coûts associés à la mauvaise gouvernance.
Les aspects essentiels sur lesquels reposent les travaux de l’OCDE en matière de
gouvernance sont particulièrement liés à la gestion du secteur public, à la lutte contre
la corruption, à la réforme de la réglementation, au gouvernement d'entreprise, à
l'éthique dans la vie publique, aux administrations locales et régionales et aux
indicateurs du progrès en matière de gouvernance de même que d'autres aspects
comme la fiscalité, la gouvernance des zones métropolitaines et le développement
participatif.
En effet, l’OCDE s’est engagée dans cette initiative avec d'autres organisations
internationales, notamment la Banque mondiale, le PNUD et des organisations
régionales, afin de réduire les duplications d'activités et maximiser les synergies en
identifiant les domaines communs d’intervention.
Le lancement de cette initiative de BG suite à la réunion ministérielle qui s’est
tenue à la mer morte en Jordanie les 6 et 7 février 2005, en associant 18 pays et
gouvernements arabes et les membres de l’OCDE a prévu la constitution de 6 groupes
de travail sur les thèmes qui touchent à l’intégrité dans la fonction publique, le
gouvernement électronique, la rationalisation des finances publiques, la réformes de la
réglementation, la justice et les médias.

80
Par ailleurs, cette Initiative regroupe deux composantes essentielles:
« Premièrement, le Programme MENA-OCDE pour la Gouvernance qui est
constitué par un certain nombre de domaines d’action s’articulant autour de la
promotion d’une gouvernance publique ouverte, inclusive et transparente, du
renforcement de l’État de droit, de l’intégrité du secteur public et des dispositifs anti-
corruption, d’amélioration de l’efficacité des institutions et des processus
gouvernementaux, du renforcement des cadres institutionnels et juridiques pour
l'égalité dans la vie publique et du renforcement des capacités de gouvernance locale.
Deuxièmement, le Programme MENA-OCDE pour l’Investissement concerne la
stimulation de l'investissement et l’amélioration de la sécurité des investissements, la
promotion de l'entreprenariat et le développement des Petites et Moyennes Entreprises,
le renforcement de l’intégrité des affaires et de la gouvernance d'entreprise ».88
En fait, la Déclaration de Marrakech sur la gouvernance et l’investissement à
l’occasion de la Conférence Ministérielle MENA-OCDE adoptée en novembre 2009,
fut un document de base, puisqu’elle constitue une démarcation de passage de la
première à la deuxième phase de l’initiative sous la coprésidence du Maroc et de
l’Espagne.
Cette déclaration a identifié les orientations pour la mise en œuvre de l’Initiative
MENA-OCDE et a mis tout particulièrement l’accent sur les questions relatives à
l’appui de la réforme de la gouvernance publique, moyennant, notamment, les
mécanismes de l’Étude d'apprentissage mutuel, des centres régionaux de formation et
d'expertise, du dialogue politique, de programmes et d’outils d’apprentissage en ligne,
de coordination avec des réseaux spécialisés, à l’instar du Réseau Arabe sur la lutte
contre la corruption et pour l’intégrité (Arab Anti-Corruption and Integrity Network –
ACINET).
En outre, cette déclaration, a été également l’occasion pour approuver la charte
régionale pour la qualité de la réglementation et annoncer la mise en place de deux
nouveaux Groupes de réflexion sur la gouvernance publique pour la croissance verte et
durable et le développement régional qui ont pris leur positionnement au sein de la
deuxième phase en tant que deux thèmes particuliers.

88
Organisation de Coopération et de Développement Économiques
Initiative en Direction des Pays Non-Membres dans le domaine de la Bonne Gouvernance
20ème session du Comité de la Gestion Publique, Paris 28-29 Octobre 1999

81
Concernant le Programme MENA-OCDE pour l’Investissement, les Déclarations
des réunions ministérielles tenues respectivement en Jordanie (2006) et en Égypte
(2007), ont été rappelées notamment en ce qui concerne le renforcement du cadre
d’évaluation de la Stratégie de développement du climat des affaires (SDCA) et des
Centres Régionaux du Programme d’Investissement pour la sensibilisation et la
formation.
L’importance de la promotion de l’intégrité dans la conduite des affaires,
l’examen de l’efficacité des instruments régionaux de protection des investissements
afin de promouvoir les flux d’investissement intra-régionaux furent également des
éléments d’importance. 89
Or, par rapport à toutes ces questions et en référence à la motivation originaire de
la constitution de cette initiative qui, entre autres, visait le renforcement de la
coordination entre les intervenants internationaux afin de réduire les duplications et
assurer, par conséquent, une certaine synergie dans la conduite des programmes et des
actions menés dans l’objectif de promouvoir la Bonne Gouvernance, plusieurs
constatations méritent d’être avancées.
Tout d’abord, en ce qui concerne la question liée à la coordination des efforts
entre les OI intervenant aussi bien dans la même région que se rapportant aux mêmes
activités liées au domaine de la gouvernance, il demeure notoire de signaler, à ce juste
titre, qu’ils existaient et existeraient plusieurs intervenants visant les mêmes réformes
de la gouvernance touchant à la dimension financière, aux questions qui concernent la
fiscalité, au secteur des marchés publics et à d’autres secteurs.
Ceci étant, le cadre des réformes pour lequel les engagements d’intervention se
multiplient et se diversifient, représente non seulement un champ d’appui
extrêmement important au regard de la taille économique tant des coûts que des
avantages de ces réformes souhaitées, mais également un rapport de positionnement
qui paraît crucial dans une structure de changement systémique et intégral touchant
ainsi à la gouvernance toute entière.

89
Ces constatations et ces informations précédemment avancées, relatives au programme
MENA-OCDE pour la gouvernance et l’investissement, sont extraites essentiellement de la
Déclaration de Marrakech sur la Gouvernance et l’Investissement à l’occasion de la
Conférence Ministérielle MENA-OCDE tenue le 23 Novembre 2009
http://www.oecd.org/mena/44143594.pdf

82
En second lieu, les domaines de réformes ainsi identifiés dans la première version
de l’initiative de l’OCDE telle qu’elle a été conçue en 1999 figurent d’une façon
globale parmi les thèmes prioritaires identifiés en 2005 au niveau de l'Initiative
MENA-OCDE pour la Gouvernance et l'Investissement à l’appui du Développement
qui s’est engagée aux côtés des pays de la région Afrique du Nord et Moyen
Orient(MENA).
En revanche, cette identification ne semblerait pas avoir suivi un cheminement qui
pourrait répondre aux exigences de la région, à l’effectivité et à l’efficacité souhaitées.
En termes de résultats qui s’enregistrent aussi bien en produits qu’en effets et en
impacts, des études ont été certes, conduites et des rapports d’évaluation afin
d’identifier les défis, les dysfonctionnements et les recommandations possibles ont été
établis pour faire face à toute signification de mauvaise gouvernance, mais ce qui
pourrait être constaté, par rapport à cette démarche, c’est qu’elle ne s’avère pas avoir
suivi un processus qui permettrait d’accompagner toutes les étapes d’une politique de
réforme et ne semble pas avoir permis une appropriation des mécanismes et des
dispositifs de la BG pour les parties nationales concernées.
Par ailleurs, les réformes préconisées ne s’avèrent pas s’insérer forcément dans le
cadre des stratégies nationales qui paraissent suivre d’autres enchainements en
fonction des priorités et des conjonctures.
Finalement, l’écart de gouvernance, d’appropriation et d’effectivité demeurerait
de taille, en dépit de la volonté des acteurs intervenants de conduire des réformes
majeures dans le cadre de cette initiative de bonne gouvernance, qui n’avaient pas été
suivies par des réalisations satisfaisantes par rapport aussi bien aux besoins réels
qu’aux attentes et aspirations qui se référent aux modèles de la Bonne Gouvernance90.
Ceci étant, et par rapport à l’intervention de la même OI, s’agissant, en
l’occurrence de l’OCDE, il serait adéquat de préciser que l’investissement
public pourrait constituer un champ d’épreuve pour mesurer la qualité de gouvernance
tant infranationale que nationale et supranationale.

90
Citi, MANUELE and Martin RHODES, 2007, New Modes of Governance in the EU:
Common Objectives versus National Preferences. European Governance Papers
(EUROGOV) No. N-07-01.
http://www.connex-network.org/eurogov/pdf/egp-newgov-N-07-01pdf

83
Par ailleurs, il s’avère judicieux de signaler que l’investissement public constitue
en profondeur un éventail d’éléments particulièrement importants en ce qui concerne
le jugement ou la qualification qui pourraient être apportés à une politique publique
abstraction faite du niveau de gouvernance déployé91.
En effet, service public, citoyenneté, droits humains essentiels, missions
fondamentales des pouvoirs publics, etc., représentent ainsi les axes primordiaux qui
caractérisent l’investissement public dans sa dimension aussi bien matérielle
qu’immatérielle.
Faisant référence à la Recommandation sur un investissement efficace entre
niveaux de gouvernements qui a été développée par le Comité des politiques de
développement territorial de l'OCDE et approuvée ainsi par son conseil le 12 mars
2014, et bien que cette recommandation ne soit pas juridiquement contraignante, elle
représente une forme d’engagement moral traduit par la volonté politique des États
membres de cette Organisation Internationale.92
En fait, le termeinvestissement publicdésigne, suivant la recommandation
susmentionnée, « les dépenses d’investissement en infrastructures matérielles touchant
aux routes, bâtiments publics, etc.et immatérielles s’agissant du développement du
capital humain, innovation, recherche-développement, etc. dont la durée de vie
productive est supérieure à un an. Les statistiques capturent en général
l’investissement public direct tel que mesuré par la formation brute de capital fixe ».
Dans son acception multi-niveaux ou pluri-niveaux, il s’avère qu’il existe une
constatation tridimensionnelle qui concernerait d’abord une certaine confusion entre le
sujet et la fonction de la gouvernance.
Puis, une distinction de taille entre les membres et les non-membres en fonction
du positionnement par rapport à l’OI en question en termes de transmission des
dispositifs ayant trait à la gouvernance dans le domaine de l’investissement public
puisqu’il s’agit du champ de la recommandation susmentionnée.
Ensuite, des perspectives de recherche pourraient surgir moyennant une analyse
par rapport au texte de la recommandation lui-même.

91
OCDE(2013), Investir ensemble : vers une gouvernance multi-niveaux plus efficace,
Editions OCDE.
http://dx.doi.org/10.1787/9789264200609.fr
92
Recommandation sur un Investissement efficace entre niveaux de gouvernements qui a
été adoptée par le Conseil de l'OCDE le 12 mars 2014
http://www.oecd.org/fr/regional/politique-regionale/Principes-investissement-public.pdf

84
En effet, tout d’abord, à travers la recommandation de son conseil, l’OCDE
s’adresse singulièrement aux gouvernements nationaux et infranationaux de ses pays
membres en adoptant les 12 principes dans le domaine de l’investissement public93
afin d’assurer une certaine efficacité ou en d’autres termes une BG des dépenses
publiques selon une démarche d’efficacité et d’efficience, elle fait appel aux différents
niveaux de gouvernement c'est-à-dire ceux qui représentent respectivement les
échelles nationale, régionale et locale.
D’où, la confusion pourrait être remarquée par rapport à la configuration des
acteurs (nationaux et infranationaux, privés et publics), leurs rôles respectifs et les
objectifs qui s’illustrent en une meilleure gouvernance de l’investissement suivant des
exigences doublement orientées s’indexant à l’efficacité, ce qui engage la manière
d’intervenir et à la pertinence d’intervention, ce qui met en exergue le niveau de
gouvernance et l’acteur qui devrait intervenir.

93 Ibid.
Les 12 Principes
Les États Membres devraient prendre des mesures pour s’assurer que l’administration, au
niveau national comme infranational, utilise au mieux les ressources consacrées aux
investissements publics en faveur du développement territorial, conformément aux
Principes suivants :
Pilier I : Coordonner l’investissement public entre les différents niveaux
d’administration et les différentes politiques
1. Investir en utilisant une stratégie intégrée adaptée aux différents lieux
2. Adopter des instruments de coordination efficaces entre les gouvernements nationaux et
infranationaux
3. Assurer une coordination entre collectivités territoriales pour investir à l’échelon
pertinent
Pilier II : Renforcer les capacités d’investissement public et promouvoir
l’apprentissage en matière d’action publique à tous les niveaux de gouvernement
4. Évaluer en amont les effets à long terme de l’investissement public et les risques
connexes
5. Impliquer les parties prenantes tout au long du cycle d’investissement
6. Mobiliser les acteurs et institutions de financement privés pour diversifier les sources
financement et renforcer les capacités
7. Renforcer l’expertise des personnes et des institutions jouant un rôle dans
l’investissement public
8. Mettre l’accent sur les résultats et promouvoir l’apprentissage
Pilier III : Veiller à l’existence d’un solide cadre d’investissement à tous les niveaux
de gouvernement
9. Mettre en place un cadre budgétaire adapté aux objectifs d’investissement visés
10. Imposer une gestion financière solide et transparente à tous les niveaux de
gouvernement
11. Promouvoir la transparence des marchés publics et leur utilisation stratégique à tous les
niveaux de gouvernement
12. Appliquer une réglementation de qualité et cohérente à l’échelle des différents niveaux
de gouvernement

85
L’orchestration de la gouvernance de cette configuration suscite dès lors
l’interrogation principale relative à déterminer l’acteur souverain qui soit doté de la
légitimité requise pour que le droit et l’obligation de coordonner toutes ces
recommandations répondent à l’exigence de gouvernance souhaitée.
En deuxième lieu, le termedevraienttel qu’employé pour qualifier l’engagement
des parties concernées d’adopter les dispositifs juridiques d’application et les
mécanismes techniques et institutionnels de mise en œuvre des principes tels qu’ils
étaient recommandés par le conseil de l’OCDE ne se traduit pas et ne se transpose pas
selon une même configuration pour les membres et les non-membres.
En effet, pour les membres de l’OCDE, il s’agit d’un processus d’adoption de
cette recommandation par leurs gouvernements respectifs représentant indistinctement
le niveau national ou infranational tout en prenant en considération l’intégralité des
étapes dès la préparation et l’évaluation technique des domaines en question jusqu’à
94
l’adoption et l’identification des mécanismes d’application et de mise en œuvre
tandis que pour les non-membres il s’agit d’un appel ou d’une invitation à une
adhésion éventuelle.
Pour illustrer cette distinction, il s’avère que la question est liée forcement à un
engagement moral et obligatoire pour les membres et demeure en revanche une source
d’inspiration ou une forme de bonnes pratiques que les non-membres pourraient les
prendre en considération.
Par ailleurs, il s’avère extrêmement convenable de procéder à une analyse
générale qui serait à la fois de perception et d’ordre opérationnel touchant
substantiellement le domaine de la gouvernance tout en gardant les mêmes procédés
de coordination, d’orientation et éventuellement de conseil ainsi employés par
l’organisation de coopération et de développement économiques avec un dosage de
prescription qui varie selon le positionnement et la nature des destinataires ou en
d’autres termes selon qu’il s’agisse d’un État membre ou d’un État tiers et également
selon que celui parmi ces derniers soit un bon élève ou un élève rebelle.

94
Ibid.
« Les Principes énoncés dans la recommandation sont applicables aux gouvernements
nationaux, régionaux et locaux,…. Ils ont vocation à s’appliquer à tous les pays Membres
de l’OCDE et à fournir des indications utiles pour les pays partenaires (c’est-à-dire des non-
Membres) qui cherchent à relever les défis et à identifier les bonnes pratiques liés à la
gouvernance multi-niveaux de l’investissement public. Ils offrent des indications précieuses
aux pays, quel que soit leur degré de décentralisation ».

86
En troisième lieu, il s‘avère qu’à travers l’illustration selon laquelle les pays
membres s’engagent et les pays non-membres s’inspirent pourrait résider une des
constatations les plus significatives du déficit de la Gouvernance Supranationale qui
semble être la résultante de la fragilité d’un État.
En effet, les cinq dimensions de la fragilité énumérées par l’OCDE95 pourraient
constituer une des lignes de démarcation possible entre la gouvernance recommandée
et la gouvernance critiquée.

95
OCDE (2017), États de fragilité 2016 : Comprendre la violence, Éditions OCDE, Paris.
« Economique Vulnérabilité face aux risques induits par la faiblesse des fondations économiques et du
capital humain, comme les chocs macroéconomiques, la croissance inégalitaire ou le chômage élevé des
jeunes. Parmi les facteurs de risque mesurés figurent la dépendance vis-à-vis d’une rente de ressource ;
la part des emplois vulnérables dans l’emploi total ; la dette publique ; le nombre de jeunes sans emplois
et ni scolarisés ni en formation ; la dépendance vis-à-vis de l’aide ; la croissance du PIB ; et le taux de
chômage. Les indicateurs relatifs à la capacité d’adaptation comprennent le niveau d’instruction, la
capacité réglementaire de l’État, l’éloignement par rapport aux marchés mondiaux, et la proportion
d’hommes et de femmes dans la population active. La sécurité alimentaire est également un élément
important dans l’environnement économique global.
Environnementale Vulnérabilité face aux risques environnementaux, climatiques et sanitaires qui
influent sur la vie et les moyens d'existence des citoyens. Ces facteurs de risque peuvent être externes
ou internes ; il s'agit notamment de l’exposition aux catastrophes naturelles, et de la qualité de l’air, de
l’eau et de l’assainissement ; de la prévalence de maladies infectieuses ; du nombre de personnes
déracinées ; et de la vulnérabilité des moyens de subsistance des ménages. Les changements climatiques
accroissent la vulnérabilité aux risques environnementaux dans bon nombre de contextes fragiles. Les
variables permettant d’atténuer ces risques sont : une société civile forte, un état de droit et des
dispositifs de gouvernance solides, et la sécurité alimentaire.
Politique Vulnérabilité face aux risques inhérents aux processus, événements ou décisions
politiques ; déficit d'inclusivité sur le plan politique (y compris des élites) ; niveau de transparence, de
corruption et capacité de la société à s'adapter au changement et à éviter l'oppression. Les facteurs de
risque ont trait à la persistance du régime, aux actes de violence soutenus par l’État ou à la terreur
politique, et au niveau de corruption. Les moyens d’adaptation sont globalement liés aux dispositifs de
gouvernance comme les élections, les contraintes du judiciaire et du législatif sur le pouvoir exécutif, et
la redevabilité des pouvoirs publics. La législation sur le viol et les violences domestiques témoigne par
ailleurs de la capacité de réponse de la communauté nationale à un vecteur majeur de fragilité.
Sécurité Vulnérabilité de la sécurité globale face à la violence et à la criminalité, notamment la
violence politique et la violence sociale. Les risques se mesurent à l’aune du taux d’homicides, du
niveau d’activités criminelles violentes, du nombre de décès dus à des acteurs non étatiques ou au
terrorisme, du nombre de décès liés aux combats dans le cadre de conflits classiques, et du niveau de
violences domestiques. Les indicateurs relatifs aux moyens d’adaptation comprennent le nombre
d’agents de police et d’agents de sécurité en proportion du nombre d’habitants, la présence d’un état de
droit, l’ampleur du contrôle que l’État est en mesure d’exercer sur le territoire, et l’existence d’alliances
officielles permettant de limiter les conflits entre États.
Sociétale Vulnérabilité face aux risques qui menacent la cohésion sociale induits par des inégalités
verticales et horizontales, notamment les inégalités entre des groupes culturellement définis ou
construits et les fractures sociales. Parmi les indicateurs de risque figurent les inégalités de revenu
(verticales) et les inégalités sociales liées au genre, la croissance de l’urbanisation et le nombre de
personnes déplacées. Au nombre des variables d’adaptation se trouve la robustesse de la société civile,
l’accès à la justice dont bénéficient les citoyens pour résoudre des litiges et faire entendre leur voix, et la
redevabilité État-collectivité. »95

87
b. Section deuxième : Internationalisation de la bonne gouvernance:
Illustrations pratiques.
La tendance d’internationalisation par rapport au domaine d’intervention assigné à
la Bonne Gouvernance paraît doublement orientée.
D’une part, il s’agit, d’un périmètre d’intervention qui permettrait aux
Organisations Internationales de se doter d’un devoir de regard afin de pouvoir se
légitimer les obligations avec lesquelles se démarquent les recommandations et les
orientations qui visent les destinataires Étatiques.
D’autre part, il s’agirait d’un domaine qui permettrait le développement d’une
certaine inter-régionalisation.
Par ailleurs, l’internationalisation de la BG pourrait être constatée non seulement à
travers sa vocation universelle, mais également au travers d’une dimension régionale
qui s’avère clairement perçue au niveau européen via une spécialisation d’un modèle
approprié de gouvernance.

Sous-section première : La BG : Un périmètre d’intervention pour lequel les


OI se procurent le devoir de regard et se légitiment la pluridisciplinarité.

Afin de décrire le champ d’application et la nature d’intervention des


Organisations Internationales au regard des compétences et des mandats qui leurs sont
attribués, deux périmètres de considération se présentent en leurs permettant
d’intervenir directement ou indirectement et parfois selon des impératifs d’ordre
politico-économique dans une optique de mondialisation en servant l’universalisation
d’un côté et témoignant de la polarisation et de l’inter-régionalisation de l’autre.

88
Paragraphe premier : Perception, normalisation et pratiques de la Bonne
Gouvernance selon la vocation universelle.
L’approche universelle telle qu’incarnée notamment par le Système des Nations
Unies répond au moins à une double exigence quant à la perception de la Bonne
Gouvernance.
Tout d’abord, il s’agit du positionnement de l’ONU en tant qu’une institution
internationale à vocation universelle avec des attributions multidisciplinaires ne
s’attachant pas uniquement à un secteur de compétences ou à un domaine
d’intervention bien déterminé.
En second lieu, il s’agit de la percée géostratégique de cette Organisation non
seulement par rapport aux autres OI Intergouvernementales à vocation aussi bien
universelle que régionale, mais également par rapport à l’ensemble des États
concernés.
En effet, le positionnement géostratégique et géopolitique dont dispose l’ONU par
rapport aux autres acteurs de droit international, abstraction faite du niveau de
transposabilité des actes émis par cette OI ou de leur application, a procuré un statut
particulier à cette Organisation Internationale.
D’où, il s’avère que ce statut particulier a conféré à l’ONU, même en apparence,
une force qui ne semble pas uniquement de proposition, mais également d’orientation
voire de tutelle ou de regard qui semble aussi bien de nature morale que normative.
Cette caractérisation de l’ONU ne se traduit pas forcement et de la même rigueur
sur les deux plans juridique et économique.
Par conséquent, les niveaux politiques et sécuritaires demeureraient capitaux
indépendamment du degré d’influence que possèdent les actes émanant des organes de
cette organisation et de la distinction qui pourrait être enregistrée et remarquée par
rapport à la valeur tant juridique que politique attribuée à ces actes selon la nature du
champ d’intervention et le statut de l’organe intervenant.
Par ailleurs, les relations internationales ainsi que les pratiques de gouvernance
semblent être caractérisées, plus que jamais, par des conflits politiques qui paraissent
engager des rivalités et susciter des divergences qui se diversifient certes en catégorie
et en taille mais qui se rejoignent a priori profondément en argumentation à travers
des intérêts de nature économique.

89
Ceci étant, il semble exister une orientation et une tendance selon lesquelles les
domaines de conflits majeurs aussi bien économiques que politiques s’identifient, se
comprennent et s’analysent incontestablement à travers une dimension interrégionale,
régionale, sous-régionale, nationale ou infranationale plutôt qu’ils s’attribuent en quête
de légitimité, d’arbitrage et de régulation à un plan universel.
D’où, les critères de démarcation qui permettraient la confirmation de cette
constatation rejoignent des explications de nature à faire valoir les mesures
d’effectivité, d’efficacité et d’efficience aussi bien pour la maîtrise de ces conflits que
pour identifier une certaine visibilité qui permettrait la conduite du processus d’une
meilleure gouvernance.
En fait, la subsidiarité infra-universelle pourrait être envisagée concernant les
domaines liés à la BG qui seraient mieux administrés sur le plan le plus proche et le
mieux approprié en adéquation entre le périmètre d’intervention et les actions de mise
en œuvre.
Ceci étant, il s’avère opportun de signaler que l’application de ce principe
permettrait d’appréhender l’intervention universelle qui devrait s’harmoniser avec les
niveaux de gouvernance régional, national et infranational dans une perspective de
légitimité de gouvernance qui serait traduite à travers cette subsidiarité infra-
universelle.
L’avancée qui paraît être enregistrée, non seulement en conception, mais
également en pratique, semble avoir véhiculé de nouvelles approches transformant la
BG, suivant des paradigmes nouveaux, en une quête d’équilibre multidimensionnelle
tout en prescrivant une nouvelle capacité de dosage et de régulation quant au choix des
actions et des domaines appropriés d’un côté et des acteurs institutionnels qui soient
légitimement les plus adéquats à intervenir en termes de compétence, de pertinence et
d’effectivité de l‘autre.
Par ailleurs, il s’avère encore plus opportun d’apporter quelques précisions
supplémentaires quant à la tendance suivant laquelle une volonté conjointe régionale
et universelle fait la jonction, dans une logique de recommandation et de proposition
plutôt que d’imposition, entre les trois composantes suivantes : la Bonne
Gouvernance, les droits de l’homme et la démocratie.

90
En effet, cette trilogie paraît être un principe fondamental et un dénominateur
commun sur lequel reposent plusieurs actes émanant des OI à vocation aussi bien
universelle que régionale.
Serait-elle une forme de légitimation de l’intervention des OI dans le domaine de
la gouvernance tant au niveau régional que national et infranational ?
Ou s’agit-il d’une attribution d’un devoir de regard qui demeure difficilement
octroyé sous d’autres aspects et au travers d’autres mécanismes et dispositifs?
En fait, l’illustration du passage reliant l’aspect concret à l’aspect abstrait
expliquerait cette intention de faire évoluer le témoignage qui engage la mesurabilité
de la BG vers un niveau de constatation qui serait vraisemblablement entaché de
subjectivité et d’ambigüité à la fois étymologique et conceptuelle.
Ceci étant exposé et démontré initialement, pourrait-il désormais être confirmé
que la Bonne Gouvernance s’insère, ainsi, exclusivement, dans une culture de résultat
tout en demeurant un processus caractérisé, semblablement, d’objectivité, à travers la
présence d’un ensemble d’actes d’engagement et de réalisation qui possèdent des
indicateurs qui leurs permettent d’être observables et mesurables ?
Par ailleurs, les objectifs et les buts96, sur lesquels repose la mission de
l’Organisation des Nations Unies tels qu’inscrits au niveau de la Charte des Nations
Unies, paraissent suivre particulièrement, sans se référer à des résultats tangibles et
mesurables, la même orientation et incarner la même optique relative à la
généralisation de l’action selon une obligation de moyens ou de garanties plutôt que de
résultat sous une configuration terminologique qui met en considération les notions
suivantes tels que veiller à…, prendre les mesures nécessaires pour…, etc. !.
Ceci étant, la Déclaration du Millénaire des Nations Unies97 telle qu’adoptée par
l’Assemblée Générale des Nations Unies fait allusion à ce lien entre démocratie, droit
de l’homme et bonne gouvernance notamment à travers le titre n° V intitulé
ainsi :  Droits de l’homme, démocratie et bonne gouvernance.

96
Paragraphe 3 de l’article premier du chapitre I relatif aux buts et principes des Nations
Unies- Charte des Nations Unies telle que signée le 26 juin 1945 « Les buts des Nations
Unies sont les suivants :… Réaliser la coopération internationale en résolvant les
problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en
développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion »;

97
Déclaration du Millénaire - Résolution n° 55/2 adoptée le 08 septembre 2000 par
l’Assemblée Générale des Nations Unies lors de la Cinquante-cinquième session

91
Ainsi, à travers le contenu de ce titre n° V, deux éléments parmi les 7 énumérés
pourraient concerner directement ou d’une façon indirecte la Bonne Gouvernance. Il
s’agit des éléments suivants :
 « De travailler ensemble à l’adoption dans tous les pays de processus
politiques plus égalitaires, qui permettent la participation effective de tous
les citoyens à la vie politique.
 D’assurer le droit des médias de jouer leur rôle essentiel et le droit du
public à l’information. »

Ceci étant, l’adéquation souhaitée entre les trois domaines respectivement relatifs
à la Bonne Gouvernance, aux droits de l’Homme et à la Démocratie peut paraître
équivoque ou peu compatible.
En revanche, le recours à l’institutionnalisation universelle de la question des
droits de l’homme et de la reconnaissance des principes de la Bonne Gouvernance tels
que la transparence, la participation et l’obligation de rendre compte de ses actes
semble représenter une ligne de conduite confirmée dans le champ des compétences et
des attributions vouées au Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de
l’homme.
Ceci a été confirmé par la résolution de la commission des droits de l’Homme
relative au "rôle d’une bonne gouvernance dans la promotion et la protection des
droits de l’homme " en particulier à travers les paragraphes suivants qui énumèrent
des principes essentiels de la BG à l’instar de la transparence et de la responsabilité:
« Constatant également qu’un système de gouvernement caractérisé par la
transparence, la responsabilité, l’obligation de rendre compte de ses actes et la
participation, capable de répondre aux besoins et aux aspirations de la population,
y compris des membres des groupes vulnérables et marginalisés, constitue le
fondement d’une bonne gouvernance, et qu’un tel fondement est la condition sine qua
non de la pleine réalisation des droits de l’homme, y compris du droit au
développement .

92
Constatant en outre que l’existence d’un pouvoir judiciaire indépendant et
impartial et celle d’un barreau indépendant sont des préalables indispensables à la
bonne gouvernance et à la protection des droits de l’homme »98.
Alors que la version anglaise du rapport du Secrétaire Général de l’ONU relatif à
l’agenda pour le développement établi sous demande formelle de l’Assemblée
Générale à travers la résolution 47/181 du 22 décembre 1992 note l’importance de la
Gouvernancesous la forme conceptuelle suivante : Improving Governancele
document de ce rapport dans sa version française a employé l’expression suivante :
l’amélioration du fonctionnement des pouvoirs publics99.
En effet, le concept de la gouvernance n’a jamais apparu dans la version française
du rapport susmentionné tandis que l’emploi direct du concept de Bonne Gouvernance
au lieu de celui de  l’amélioration du fonctionnement des pouvoirs publicspourrait
répondre et traduire les aspects prévus désignés comme suit :
« La mise en œuvre et l’application d’une stratégie globale de développement, la
fiabilité et l’intégrité des institutions fondamentales de l’État devraient être assurées, le
perfectionnement de l’aptitude des pouvoirs publics à mettre en œuvre les politiques
gouvernementales et à assumer les fonctions dévolues à l’État et enfin l’obligation de
rendre compte de ses actions dans la transparence qui incombe aux pouvoirs
publics »100
En fait, ce qui pourrait être découlé de ce qui précède revient à confirmer le statut
particulier que revêt la Bonne Gouvernance en tant que préalable nécessaire pour
asseoir un environnement favorable à l’application des normes internationales
relatives aux droits de l’homme.
Par ailleurs, tout en admettant sa vocation en tant que préalable nécessaire pour
asseoir un bon fonctionnement des droits de l’homme, le lien de causalité, de
cautionnement et de conditionnement entre la Bonne Gouvernance et le
positionnement adéquat des droits de l’homme et de la démocratie nécessite une
affirmation constante.

98
Résolution de la Commission des droits de l’homme 2005/68 « Le rôle d’une bonne
gouvernance dans la promotion et la protection des droits de l’homme » 59e séance
20 avril 2005
99
Paragraphe n°125 du rapport du Secrétaire Général de l’ONU relatif à l’agenda pour le
développement tel que présenté devant l’Assemblée générale pendant sa quarante huitième
session (document numéro A/48/935 du 6 mai 1994)
http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=A/48/935
100
Ibid., paragraphe 126.

93
Ceci étant signalé, les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies
continuent à se multiplier et à se renforcer, notamment, à travers les missions du Haut-
commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et le conseil des droits de
l’homme101.
Il s’avère, par conséquent, judicieux, dans le même ordre de réflexion et en termes
de cette quête d’analyse du positionnement de la BG dans sa configuration
internationale, d’apporter quelques précisions quant à l’intervention de l’Organisation
des Nations Unies à travers son programme pour le développement communément
désigné PNUD102 ou UNDP103 dans sa version anglaise.
Ainsi, il s’avère qu’il existe une ligne de conduite présumée s’attachant
singulièrement au développement en tant qu’une cible soulevée au rang d’un objectif
universellement admis et défendu en indexation à des programmes, des stratégies et
des plans d’actions qui mettent en exergue le rôle des Nations Unies en tant qu’acteur
supposé précurseur et serviteur des causes universelles.
Force est de remarquer que ce lien d’attachement autour du développement ait une
base de référence commune qui se présente au niveau des huit Objectifs du Millénaire
pour le Développement qui sont énumérés comme suit104 :
1) Réduire l’extrême pauvreté et la faim.
2) Assurer l’éducation primaire pour tous.
3) Promouvoir l’égalité des sexes.
4) Réduire la mortalité infantile.
5) Améliorer la santé maternelle.
6) Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies.
7) Préserver l’environnement.
8) Mettre en place un partenariat mondial.
Il paraît que chaque objectif relève d’un ensemble de projets et programmes et
même de stratégies qui s’introduisent mutuellement entre tous les niveaux de
gouvernance local, national, subrégional, régional, interrégional et universel.

101
Projet d'articles sur la représentation des États dans leurs relations avec les organisations
internationales et commentaires, Texte adopté par la Commission du Droit International à
sa vingt-troisième session en 1971, et soumis à l’Assemblée Générale dans le cadre de son
rapport sur les travaux de ladite session. Le rapport, qui contient également des
commentaires sur le projet d’articles, est reproduit dans l’Annuaire de la Commission du
droit international, 1971, vol. II(1).
102
Programme des Nations Unies pour le Développement - http://www.pnud.org/
103
United Nations Development Program - http://www.undp.org/
104
Ibid.

94
En revanche, il semble également qu’à travers le mandat d’intervention du PNUD
il existe une confirmation du postulat selon lequel il a été indiqué que non seulement
l’interdisciplinarité adoptée et cernée par la gouvernance touchant ainsi les secteurs
économiques, sociaux et politiques soit reconnue, mais que le développement soit
aussi un dénominateur commun reliant les différents secteurs tout en s’associant aux
principes essentiellement identifiés dans la transparence et la participation qui
demeurent deux piliers essentiels de la BG.
Ainsi, trois axes majeurs d’intervention se présentent indexant respectivement le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui représente une entité des
NU, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) 2000-2015 et les
Objectifs de Développement Durable (ODD), 2015- 2030qui sont en nombre de 17 et se
répartiraient en quatre familles 105 qui pourraient s’identifier en quatre catégories.
En premier lieu, il s’agit des conditions de vie qui regroupe santé, pauvreté, éducation,
eau, assainissement et lutte contre les changements climatiques et leurs répercussions.
En deuxième lieu, les principes et les garanties qui concernent l’égalité, l’accès à des
services énergétiques fiables, durables et modernes et à des établissements humains qui soient
ouverts à tous, sûrs, résilients et durables.
En troisième lieu, la Promotion de la croissance économique qui tend à réaliser le plein
emploi, infrastructure résiliente, innovation, lutte contre la disparité interne et externe entre les
pays.
En dernier lieu, il s’agit du développement durable qui intéresse la conservation et
l’exploitation de manière durable des océans, des mers et des ressources marines et la lutte
contre la désertification, la dégradation des sols et l'appauvrissement de la biodiversité à
travers un partenariat mondial pour le développement durable et la revitalisation des
écosystèmes terrestres.
Ceci étant, l’objet de l’objectif n°16 paraît directement lié à la structure de la
Bonne Gouvernance puisqu’il met l’accent sur un ensemble de caractéristiques
principales telles que traduites à travers l’efficacité, la responsabilité et l’ouverture
faisant allusion, en quelques sortes, à la transparence, à l’égalité et à l’État de droit.

105
Site web de l‘ONU/ rubrique relative aux ODD-Objectifs de Développement Durable :
http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/

95
Ainsi, l’Objectif 16 s’identifie comme suit: « Promouvoir l’État de droit aux
niveaux national et international et donner à tous accès à la justice dans des conditions
d’égalité, d’ici à 2030, réduire nettement les flux financiers illicites et le trafic
d’armes, renforcer les activités de récupération et de restitution des biens volés et
lutter contre toutes les formes de criminalité organisée.
Réduire nettement la corruption et la pratique des pots-de-vin sous toutes leurs
formes, mettre en place des institutions efficaces, responsables et transparentes à tous
les niveaux, faire en sorte que le dynamisme, l’ouverture, la participation et la
représentation à tous les niveaux caractérisent la prise de décisions, élargir et renforcer
la participation des pays en développement aux institutions chargées de la
gouvernance au niveau mondial et garantir l’accès public à l’information et protéger
les libertés fondamentales, conformément à la législation nationale et aux accords
internationaux. »106
Par ailleurs, il semble opportun de signaler que les deux corps d’objectifs initiés
par l’ONU respectivement pour les deux périodes 2000-2015 puis 2015-2030 suscitent
essentiellement une remarque qui paraît de taille.
Il s’agit de s’interroger sur les écarts possibles et remarqués entre les objectifs
escomptés, l’existent et les réalisations éventuelles.
Malgré la reconnaissance des difficultés d’implémentation des principes de la BG
qui pourrait résulter des études et des réflexions107 menées sous l’égide des Nations
Unies pour analyser ces écarts et apporter les explications nécessaires, ce
questionnement qui paraît être à la fois légitime et pertinent s’avère témoigner de la
difficulté de l’internationalisation et de l’universalisation de certains domaines suivant
des démarches qui demeureraient inappropriées et inadaptables par rapport aux
différents contextes nationaux à la fois étatiques et non étatiques.

106
Ibid.
107
Rapport du Groupe de réflexion sur le retard pris dans la réalisation des OMD.
Fiche d’information publiée par les Nations Unies : Département de l’information.
Département des affaires économiques et sociales-Programme des Nations Unies pour le
développement, septembre 2015.
http://www.un.org/fr/millenniumgoals/pdf/1515420_%28F%29_MDG_Gap_2015_Fact_Sheet.
pdf

96
D’où, il s’avère que les difficultés ainsi soulevées au travers des résultats
d’analyse inscrits dans ce rapport, touchent essentiellement la mesure aussi bien de
l’atteinte des objectifs que de la performance et de la pertinence liées non seulement à
l’identification des indicateurs de mesure de la réalisation notamment dans sa
configuration qualitative, mais également par rapport à la non appropriation et à la
discordance qui pourraient être relevées au niveau de l’indentification des indicateurs
et des cibles prévus pour effectuer cette mesure.
Selon la même démarche de confirmation qui s’avère démontrer précédemment
aussi bien la manifestation fulgurante de la gouvernance au niveau de la plupart des
disciplines et domaines d’intervention des NU que l’attention toute particulière qui est
accordée au développement ainsi que ses diverses filières qui dénotent le lien étroit
ainsi remarqué avec les principes de la BG, il est également judicieux de dégager
quelques constatations supplémentaires qui ne manqueraient pas d’importance ni de
particularité.
En fait, il s’avère notoire de prêter attention à la multitude d’acteurs intervenant
dans le même périmètre se partageant ainsi les mêmes objectifs et des perspectives
semblables.
En d’autres termes, si l’objectif essentiel visé par le PNUD, trouvant ses
références essentielles dans la déclaration du millénaire et les Objectifs du Millénaire
pour le Développement, se resserre autour du développement, il est du ressort de la
constatation de préciser que les autres acteurs internationaux et les structures
nationales et locales pourraient administrer des stratégies et programmes qui ne se
justifient pas forcement d’une manière semblable et ne s’adaptent non plus pas
nécessairement avec ceux pilotés par le PNUD ou managés d’une façon globale par les
Nations Unies en tant qu’OI.
D’où, il s’agit, à titre d’exemple, de l’UE ou du COE qui représentent deux OI à
vocation régionale, ayant d’autres démarches et des modes d’intervention qui se
distinguent en s’activant dans le même périmètre s’agissant en l’occurrence du
développement.
Ce même périmètre pourrait encore recueillir une intervention dans un cadre
bilatéral engageant des partenariats et des accords de coopération de nature similaire
entre les pays concernés et d’autres pays tout en étant pilotés en dehors de la tutelle
des organismes internationaux susmentionnés.

97
Par conséquent, il pourrait être généré une présence assez complexe d’organismes
internationaux et d’autres mécanismes et dispositifs de coopération pour les mêmes
causes paramétrées autour du développement avec une possibilité de chevauchement,
de confusion et même de divergence quant aux méthodes et procédés employés.
Ces considérations semblent également être confrontées dans les contextes
nationaux à d’autres circonspections volontaires réanimées par des intérêts de nature
politique ou économique s’agissant en l’occurrence du monopôle régional ou de la
mauvaise gouvernance qui caractériseraient les agissements aussi bien nationaux
qu’internationaux sous prétexte de maîtriser la croissance ou soutenir le
développement.
En effet, il s’avère, tout d’abord, opportun de présenter quelques éléments de
précision quant aux mandats et champs de compétences du PNUD.
Force est de remarquer qu’il existe une présence territoriale particulière du PNUD
ce qui représente un réseautage géostratégique assez fulgurant puisqu’il s’agit d’une
couverture qui concerne plus de 177 pays dans le monde en plus de cinq bureaux
régionaux (Afrique-Pays arabes-Asie Pacifique-Europe et communauté d’États
indépendants  CIS-Amérique latine et Caraïbes).
Puis, les champs de compétences essentielles qui représentent aussi bien un cadre
que des causes pour lesquelles le PNUD intervient sont liés à la gouvernance
démocratique, à la réduction de la pauvreté, à la prévention des crises et au
relèvement, à l’environnement, à l’énergie et à la VIH/sida.
En outre, il paraît qu’il existe une multitude de dispositifs de nature juridique et
une panoplie de mécanismes d’ordre institutionnel et technique qui se déploient à
l’échelle d’un seul pays acheminés ainsi par de nombreux intervenants et acteurs
nationaux, régionaux, interrégionaux et mondiaux en ce qui concerne le caractère tant
évolutif que général de l’emploi dudéveloppement par les soins du PNUD dans les
trois dimensions suivantes.
En fait la notion dudéveloppement pourrait ainsi se reproduire avec la
connotation humaine qui s’illustre au niveau du développement humain, politique,
administrative et institutionnelle qui s’illumine à travers la gouvernance
démocratique et environnementale qui s’identifie via le développement durable.

98
Par ailleurs, il est également opportun de signaler qu’il serait certes du ressort de
la prudence d’exiger éventuellement de ne pas apporter un jugement ou un arbitrage
quant aux choix possibles d’une OI au dépend d’une autre en termes de compétences
ou de performances, mais il demeure nécessaire d’envisager l’usage de dispositifs
spécifiques qui soutiendraient une qualification possible qui soit à la fois abstraite,
précise et soutenue de la gouvernance des projets initiés et pilotés par le PNUD.
D’où, il serait pareillement du même ressort et des exigences similaires de
précaution d’éviter d’admettre un jugement quant à la qualification de la configuration
interne relative au pilotage des projets ni en ce qui concerne leur administration
externe ce qui évite par conséquent de constituer un paramétrage qui classifie les liens
de gouvernance avec les structures nationales et des indicateurs de compétition avec
les autres acteurs internationaux intervenant dans les mêmes périmètres et pour des
objectifs similaires tout en adoptant des modes de fonctionnement partenarial qui
semblent identiques.
En fait, pour mieux identifier, analyser et mesurer cette gouvernance suivant une
optique d’internationalisation de la BG ou plutôt selon cette volonté d’universaliser la
manière de gouverner, une configuration concrète devrait caractériser les modes, les
mécanismes et les démarches à travers lesquels l’intervention du PNUD, comme celle
de la plupart d’autres acteurs internationaux, paraît s’articuler essentiellement autour
d’une assistance et d’un appui institutionnel multidimensionnel, direct ou indirect,
financier ou d’expertise, acheminés vers des acteurs étatiques ou non étatiques.
Par ailleurs, plusieurs témoignages institutionnels appartenant ainsi au système
des Nations Unies illustrent et identifient les principales interventions onusiennes en
matière de Bonne Gouvernance.
En effet, la Commission Economique et Sociale des Nations Unies pour l’Asie et
le Pacifique, UNESCAP ne déroge pas à la ligne directrice et l’optique adoptées à
travers le cheminement de standardisation, de normalisation et d’harmonisation suivis
par les différentes agences onusiennes.
Toutefois, il est à préciser que cette commission a initié une ligne documentaire
spécifique à la Bonne Gouvernance tout en insistant sur deux axes majeurs qui
méritent d’être avancés et analysés.

99
En fait, le premier axe est relatif aux deux constats selon lesquels tous les pays
prennent entièrement en considération l’importance accrue de la gouvernance
notamment en matière de développement d’une part et admettent d’autre part, que la
mauvaise gouvernance demeurerait, par conséquent, la cause principale des
dysfonctionnements institutionnels et de toutes les mauvaises pratiques qui affectent
les secteurs d’activités étatiques essentiels.
En revanche, une configuration de confirmation d’une pratique particulière paraît
se développer de plus en plus, s’agissant en l’occurrence du conditionnement de l’aide
au développement au travers du niveau de l’appropriation des démarches d’application
de BG au niveau des relations de nature financière entre les organismes internationaux
compétents en la matière en tant que bailleurs de fonds et les États.
Ainsi, dans un document intitulé « What is Good Governance? » la commission
économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique précise cette
affirmation comme suit :
“Major donors and international financial institutions are increasingly basing
their aid and loans on the condition that reforms that ensures "good governance" are
undertaken “.108
La gouvernance s’affiche, selon ce même document élaboré sous les auspices de
l’UNESCAP, comme étant un processus de prise de décision et également un
processus d’implémentation ou de non implémentation des décisions dans lequel
seront concernés les acteurs formels et informels.
Cette identification d’acteurs serait acheminée ainsi par leur intervention dans le
processus ou leur appartenance ou non à la sphère gouvernementale ce qui invoque la
différenciation entre acteurs gouvernementaux et acteurs non gouvernementaux
notamment en termes de pression et d’influence par rapport au système ou au
processus de prise de décision.
En outre, une démarcation d’acteurs intervenant dans le processus de prise de
décision entre zone urbaine et zone rurale a été soulevée et ainsi précisée selon le
même document susmentionné.

108
http://www.unescap.org/pdd/prs/ProjectActivities/Ongoing/gg/governance.pdf(en
anglais)

100
Ceci démontre la présence d’une multitude d’acteurs qui interviennent
directement ou indirectement pour influencer, appuyer ou changer une tendance au
niveau de la prise de décision ce qui implique nécessairement à titre d’illustration au
niveau rural, la présence en action d’influence des partis politiques, des leadeurs
religieux, des coopératives, des syndicats, etc..
En revanche, au niveau urbain, il a été signalé qu’il est beaucoup plus complexe
étant donné la présence notoire des médias, des lobbyistes, des entreprises et sociétés
multinationales, des donateurs internationaux, etc.
Par ailleurs, selon la même référence susmentionnée, la qualification de bonne
accordée à la gouvernance s’illustre notamment à travers huit caractéristiques
majeures qui la rende participative, orientée consensus, redevable, transparente,
réactive et réceptive, effective et efficiente, équitable et inclusive et respectant l’État
de droit.
La gouvernance, deviendrait en outre bonne si elle assure la réduction de la
corruption et la prise en considération de l’opinion des minorités et que la voix des
catégories les plus vulnérables dans la société soit entendue lors de la prise de
décision.
Elle est appelée également à être réceptive envers les besoins présents et futurs de
la société.
Ainsi, le deuxième axe sur lequel repose la ligne documentaire de l’UNESCAP
est relatif à la configuration de l’ensemble des caractéristiques de la BG qui a été
schématisée comme suit tout en insistant sur la qualification Bonne qui alimente la
gouvernance en tant que processus de prise de décision, il s’agit d’une illustration telle
qu’adoptée par la commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et
le Pacifique, UNESCAP :

101
Pour la première caractéristique relative à la participation, l’engagement de voix
et la prise en considération des opinions restent tributaires de la forme directe ou
indirecte s’acheminant via une représentativité institutionnelle qui devrait être
légitime.
Ceci étant, la démocratie représentative ne signifie pas forcément que les
préoccupations des catégories les plus vulnérables sont prises en compte dans les
processus décisionnels.
Toutefois, la participation devrait être informée et organisée. Cela suppose
l’existence et le respect de la liberté d’association et d’expression d’une part et que la
société civile soit organisée de l’autre.
En ce qui concerne la deuxième caractéristique s’agissant de l’État de droit,
pour que la Gouvernance soit Bonne, elle nécessite l’existence d’un cadre juridique
équitable qui soit appliqué impartialement ce qui demande à cet égard, un système
juridictionnel indépendant et une force policière impartiale et incorruptible .
Elle requiert également une protection entière des droits de l’homme et en
particulier de ceux des minorités.
La troisième caractéristique se traduit par la transparence qui signifie que les
décisions sont prises et appliquées conformément à la réglementation. Ceci indique
également que l’information soit gratuitement disponible et directement accessible
pour ceux qui seront affectés par ces décisions et par leur mise en application.
Cela veut dire aussi, que suffisamment d’information devrait être garantie et
qu’elle soit présentée via des formes et des médias simples et compréhensibles.
Quant à la quatrième caractéristique, elle intéresse la réactivité ou la réceptivité
qui nécessite que les institutions et les processus s’emploient à servir toutes les parties
prenantes dans des délais raisonnables.
La gouvernance, pour qu’elle soit  bonne suivant une cinquième caractéristique
elle devrait être orientée consensus ce qui nécessite, notamment, de trouver une
optique de médiation face à la pluralité d’intervenants pour les différents intérêts
animés par tant d’acteurs que d’opinions.
Par ailleurs, la logique qui vise le consensus requiert également une perspective
qui soit aussi bien étendue qu’établie à long-terme et qui s’accommode avec les
besoins et la manière d’atteindre les objectifs d’un développement humain durable.

102
Cela, nécessite une compréhension du contexte historique, culturel et social d’une
société ou d’une collectivité bien déterminée.
Puis, la tendance exigée, selon laquelle la qualification de la gouvernance devrait
être bonne, s’attribut à deux valeurs supplémentaires par rapport aux caractéristiques
précédemment signalées et telles qu’elles sont revendiquées ou adoptées par
l’UNESCAP. Il s’agit de l’équité et de l’inclusion.
A cet égard, il semble que ces deux caractéristiques ont été étroitement reliées à la
dimension du  bien être notamment pour ceux qui entrent dans la sphère des plus
vulnérables et ce, en termes de garanties nécessaires non seulement pour le maintien
des acquis de ce bien être, mais également pour son amélioration.
Pour qu’elle soit constituée, une bonne gouvernance devrait se caractériser
également par l’efficacité et l’efficience. En fait, l’objectif recherché à travers cette
caractéristique est d’assurer la compatibilité et l’adéquation, selon les processus suivis
et pilotés par les institutions compétentes, entre les résultats atteints et les besoins
exprimés par les sociétés tout en utilisant la manière la plus optimale et la plus
pertinente les ressources disponibles.
En outre, il faut signaler que selon la vision adoptée par la commission
économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique, UNESCAP109,
pour identifier la combinaison des différentes caractéristiques attribuées ainsi à la
Bonne Gouvernance, l’efficience couvre également l’utilisation durable des ressources
naturelles et la protection de l’environnement.
La dernière caractéristique attribuée ainsi à la configuration de la Bonne
Gouvernance telle qu’adoptée par la commission économique et sociale des Nations
Unies pour l’Asie et le Pacifique, UNESCAP, s’identifie au niveau de l’obligation de
la reddition des comptes traduit également par la notion de redevabilité qui se réfère
au concept anglais  Accountability.
L’emploi effectif de la reddition des comptes revient à l’établir en tant
qu’obligation qui incombe non seulement aux institutions gouvernementales, mais
également au secteur privé et aux Organisations de la Société Civile qui devraient tous
être redevables devant le public et vis-à-vis de leurs partenaires institutionnels internes
et externes.

109
URL: www.unescap.org/pdd

103
L’identification des deux parties concernées par cette obligation de rendre compte
ou en d’autres termes, la connaissance de ceux qui devraient être redevables et vis-à-
vis de qui le sont, varie selon que les décisions soient prises et les actions soient
menées en externe ou en interne par rapport à l’organisation ou à l’institution. En
général, cette obligation de rendre compte incombe à l’organisation ou à une
institution vis-à-vis de ceux qui seraient affectés par ses décisions ou ses actions.
Toutefois, la reddition des comptes ne peut pas être renforcée en l’absence de la
transparence et de la primauté du droit avec une adéquation cumulative de tous les
principes de la BG.

104
Paragraphe deuxième : Connectivité interrégionale et interférence entre
valeurs économiques et valeurs morales s’indexant à la BG.

Par rapport aux analyses précédemment engagées, faut-il admettre que les trois
piliers requis pour identifier la BG selon le Conseil de l’Europe (démocratie, État de
droit et droit de l’homme), les objectifs et les buts sur lesquels reposent ses missions et
son mandat et dans le cadre desquels s’organisent ses réunions, paraissent se connecter
commodément avec les décisions et les successives émanant d’autres OI intervenant
dans le même périmètre tout en ayant les mêmes perspectives ?
Cependant, un constat laconique mérite quant même d’être signalé, il s’agit de
préciser que les connexions et les similarités qui pourraient être remarquées dans les
configurations statutaires tant du conseil de l’Europe qu’au niveau des autres OI à
vocation universelle ou régionale, aussi bien au niveau des objectifs statutaires qu’à
l’échelle des actes entrepris pour la réalisation des buts escomptés, rejoindraient les
composantes principales de la BG en faisant référence essentiellement aux droits de
l’homme, à la démocratisation et à l’État de droit.
Par ailleurs, il faut préciser, qu’en se référant aux déclarations des trois sommets
consécutifs du COE tenus respectivement à Vienne110, à Strasbourg111 et à Varsovie112,
il semble qu’il existe une ligne de conduite identique et commune qui s’identifie par
rapport au principe de la  Sécurité Démocratique .
Ceci étant, il faut affirmer que le terme de la sécurité démocratique semble se
conjuguer aisément avec les trois piliers du COE liés à la démocratie, aux droits de
l’homme et à l’État de droit.

110
Déclaration finale de la première conférence au Sommet du Conseil de l’Europe, Vienne le 9
Octobre 1993.
111
Déclaration finale du Deuxième Sommet du Conseil de l’Europe, Strasbourg, les 10 et 11 octobre
1997
112
Déclaration finale du Troisième Sommet du Conseil de l’Europe, Varsovie, les 16 et 17 Mai 2005

105
Par ailleurs, la sécurité démocratique constitue, pour des considérations similaires
qui s’appliqueront mutatis mutandis pour d’autres domaines ayant les mêmes
caractéristiques, un dénominateur commun aux différents réunions, conférences et
actes s’insérant dans le cadre de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en
Europe (CSCE)113 mise en application en 1975 érigée en OI (OSCE) en référence à la
déclaration du sommet de Budapest114 du 6 décembre 1994.
A ce niveau, il faut également préciser que parmi les dix principes sur lesquels
reposent la sécurité commune et la coopération entre les États participants à la
CSCE, se trouve essentiellement celui relatif au « Respect des droits de l'homme et des
libertés fondamentales, y compris la liberté de pensée, de conscience, de religion ou
de conviction»115.
Ceci étant, il faut signaler qu’afin de mieux étudier et analyser la question de la
sécurité démocratique et celle du rôle attribué au COE à travers son architecture
institutionnelle, une attention particulière devrait être accordée au positionnement de
la Cour Européenne des Droits de l’Homme CEDH.
En effet, il semble immanquable de se référer aux dispositions de la Convention
européenne des droits de l’homme116 qui illustrent et justifient l’engagement du
COE dans cette optique d’asseoir la sécurité démocratique.
Le premier texte auquel la Convention de sauvegarde des droits de l’homme
et des libertés fondamentales, texte originaire de la convention européenne des droits
de l’homme, fait référence est la déclaration universelle des droits de l’homme117.

113
La Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, ouverte le 3 juillet 1973 à Helsinki et
poursuivie à Genève du 18 septembre 1973 au 21 juillet 1975, a été menée à son terme à Helsinki le
1er août 1975
114
Déclaration du sommet de Budapest, Vers un authentique partenariat dans une ère nouvelle, le
point 3 qui prévoit ce qui suit : « La CSCE est la structure de sécurité qui englobe les États de
Vancouver à Vladivostok. Nous sommes déterminés à lui donner un nouvel élan politique, afin de lui
permettre ainsi de jouer un rôle clef pour faire face aux défis du XXIe siècle. A l'appui de cette
détermination, la CSCE s'appellera désormais l'Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE) ».
115
Acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, Helsinki 1975, déclaration
sur les principes régissant les relations mutuelles des États participants.
116
La Convention européenne des doits de l’homme qui englobe la Convention de sauvegarde des
droits de l’homme et des libertés fondamentales, Rome, le 4 novembre 1950 telle qu’amendée par les
protocoles n° 11 et 14, complétée par le protocole additionnel et les protocoles n° 4, 6, 7, 12 et 13.
117
Déclaration universelle des droits de l’homme, proclamée par l’Assemblée générale des Nations
Unies le 10 décembre 1948

106
Ce référencement à ces dispositions universelles répond à une volonté d’auto-
alignement et de conformité par rapport à la cohérence globale telle que recommandée
par ces normes qui demeurent une source matérielle principale d’inspiration aussi bien
pour le droit international que pour le droit national.
Toutefois, il faut signaler qu’avant d’énumérer les droits et libertés fondamentales
à travers le premier titre de cette convention européenne, un élément de considération
a été identifié afin de mieux cerner et préciser la mission attribuée au COE comme
suit: « … le but du Conseil de l’Europe est de réaliser une union plus étroite entre ses
membres, et que l’un des moyens d’atteindre ce but est la sauvegarde et le
développement des droits de l’homme et des libertés fondamentales 118. »
Cette mission paraît adéquate pour illustrer le cheminement de vérification des
liens de subordination, d’autonomie ou d’influence qui pourraient exister entre
l’organisation et ses membres.
En effet, si on se réfère à une disposition préliminaire indiquée par le biais des
locutions à l’instar de la sauvegarde, du développement, de la promotion, etc., il serait
illusoire d’admettre l’existence d’un caractère obligatoire ou même d’une certaine
influence qui pourrait être envisagée entre les deux parties.
Cette déduction repère sa justification en l’abstraction à laquelle ces moyens et
ces expressions font allusion. Il paraît que ces moyens, au travers desquels le COE va
tenter de réaliser cette union plus étroite entre ses membres, s’accommodent mieux à
une accoutumance plutôt qu’a des mécanismes concrets qui permettraient d’apporter
un certain pragmatisme qui appuierait cet aspect pratique et effectif de la gouvernance
telle que souhaitée au niveau de cette OI.
En revanche, selon cette Convention de sauvegarde des droits de l’homme
et des libertés fondamentales, il existe une attention qui semble être remarquablement
accordée aussi bien à l’énumération des droits et libertés fondamentales qu’au fait
d’instituer un certain nombre de garanties pour reconnaitre ces droits et libertés de la
part des gouvernements signataires, membres du Conseil de l’Europe.

118
4ème paragraphe du préambule de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales tel qu’adoptée par les États signataires le 4 novembre 1950

107
Par ailleurs, quant à l’indépendance de la cour européenne des droits de l’homme
qui représente le garant principal du « respect des engagements résultant pour les
Hautes Parties contractantes de la présente Convention »119, il existe un ensemble de
dispositifs à la lumière de l’élection des juges qui pourrait donner une assurance quant
à l’impartialité et à la neutralité de la cour
Toutefois, étant donné que l’indépendance de la justice, l’impartialité et la
neutralité des juges font partie intégrante des principes et des fondamentaux d’une
Bonne Gouvernance Juridictionnelle, les dispositions de l’article 26 de la Convention
de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales relatives à la
formation de juge unique, de comités, de chambres et de Grande Chambre pourraient
atténuer la portée de ces principes et réduire par conséquent le degré d’indépendance
chez les garants présumés de ces principes.
Ce constat semble également avoir un impact défavorable quant à la notoriété de
la justice européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales ce qui
pourrait remettre en cause sa valeur intrinsèque d’ores et déjà communément
reconnue.
En effet, le point 4, qui figure au niveau de cet article susmentionné, dispose que
« Le juge élu au titre d’une Haute Partie contractante partie au litige est membre de
droit de la chambre et de la Grande Chambre. En cas d’absence de ce juge, ou
lorsqu’il n’est pas en mesure de siéger, une personne choisie par le président de la
Cour sur une liste soumise au préalable par cette partie siège en qualité de juge ».
D’où, le fait d’admettre la possibilité de choisir un juge sur une liste présentée par
un État faisant partie au litige porterait atteinte au principe de la neutralité et ainsi à
celui de l’impartialité qui demeureraient des fondamentaux pour une BG
juridictionnelle aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.

119
Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales -article 19 -titre II -cour
européenne des droits de l’homme -Institution de la Cour- « Afin d’assurer le respect des engagements résultant
pour les Hautes Parties contractantes de la présente Convention et de ses Protocoles, il est institué une Cour
européenne des droits de l’homme, ci-dessous nommée « la Cour ».

108
Dés lors, se confirme la portée totalement exceptionnelle et même peu effective,
telle que générée par les trois piliers, à savoir, les droits de l’homme, la
démocratisation et l’État de droit sur lesquels repose, inévitablement, l’action des
institutions européennes, faisant partie aussi bien de l’UE que du COE et ce, non
seulement dans une dimension interne qui concerne la coopération entre leurs
membres, mais également dans une échelle de coopération qui regroupe tous les
partenaires tant du sud que du nord.
Par ailleurs, le Fonds Européen de Développement (FED), qui représente un
instrument d’aide au développement pour les projets initiés, notamment, dans le cadre
de la coopération entre l’UE (sous l’égide de son ancienne appellation statutaire en
tant que Communauté Economique Européenne) et les pays d’Afrique, des Caraïbes,
et du Pacifique, communément connus sous l’appellation ACP regroupant
actuellement approximativement 79 États, se réfère assurément aux trois piliers
susmentionnés.
A partir de ce constat, il faut signaler, que l’attention si particulière accordée à ces
trois piliers à travers la coopération entre l’UE et les ACP, se transforme en mesures
obligatoires qui semblent parfois prêtes à être converties en conditions spécifiques
nonobstant qu’elles ne soient pas déclarées expressément dans les démarches de
conclusion d’accords de coopération et de partenariat entre les deux parties.
Ceci étant, le Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) tel
qu’institué par le biais de l’Accord de Georgetown relatif à son organisation, conclu à
Georgetown le 6 juin 1975, est un  Groupe d’États  qui possède la personnalité
juridique 120 et qui repère, sans doute, sa légitimité d’existence à travers la convention
de Lomé.

120
Accord de Georgetown relatif à l'organisation du Groupe des États d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique(ACP). Conclu à Georgetown le 6 juin 1975 chapitre i.
organisation et objectifs du groupe ACP Article 1 « Le Groupe ACP a la personnalité
juridique. Il a la capacité de contracter, d'acquérir et de disposer de biens meubles et
immeubles et d'ester en justice »

109
D’ailleurs, l’accord susmentionné instituant ce groupe se réfère particulièrement à
la convention de Lomé entre les Etas ACP et la CE, qui représente non seulement le
cadre authentique de la coopération entre les deux parties mais surtout la raison d’être
de ce groupe en fixant ses objectifs principalement autour de cette coopération. 121
En effet, les conventions de Lomé I, II, III et notamment la convention de Lomé
IV révisée à travers l’accord portant modification de la quatrième convention ACP-CE
de Lomé signé à Maurice le 4 novembre 1995 inscrivent clairement ce lien étroit entre
le développement économique et social aspiré et souhaité à travers cette coopération
d’une part, et les éléments suivants ayant trait à la Bonne Gouvernance d’autre part.
En fait, il s’agit d’abord, de la consolidation des principes démocratiques.
Ensuite, le renforcement des droits de l’homme, des libertés fondamentales, de
l’État de droit et de la bonne gestion des affaires publiques.
Assurément, ce lien entre des valeurs de nature économique et intéressant la
gestion publique d’un côté et des valeurs d’ordre moral a été expressément conforté
par la valorisation inédite des principes démocratiques, de l’État de droit et de la
bonne gestion des affaires publiques, représentant ainsi trois valeurs qui n’étaient pas
signalées dans la version originaire de la Quatrième Convention ACP-CEE signée à
Lomé le 15 décembre 1989. 122
Par ailleurs, pour analyser cette nouvelle logique pressentie à travers la
modification de la quatrième convention de Lomé moyennant cet ajout aux
dispositions de l’article cinq, il demeure adéquat de revenir au contexte.

121
Ibid. Article 2. Objectifs du groupe ACP:
a) Assurer la réalisation des objectifs de la Convention de Lomé ;
b) Coordonner les activités des États ACP dans le cadre de l'application de la Convention
de Lomé ;
c) Définir les positions communes des États ACP vis-à-vis de la CE dans les domaines
couverts par la Convention de Lomé ;
122
Convention de Lomé IV révisée, article 5, al. 1, §2 dispose que : « la politique de
développement et la coopération sont étroitement lie´es au respect et à la jouissance des
droits et libertés fondamentales de l’homme, ainsi qu’à la reconnaissance et à l’application
des principes démocratiques, à la consolidation de l’État de droit et à la bonne gestion des
affaires publiques. Sont également reconnus le rôle et les potentialités d’initiatives des
individus et des groupes, afin d’assurer concrètement une véritable participation des
populations au processus de développement, ... Dans ce contexte, les actions de
coopération ont notamment pour objectif d’assurer la bonne gestion des affaires publiques.»

110
En effet, ce contexte caractérise non seulement les actions de coopération initiées
par la Communauté Européenne aussi bien au niveau régional que sur le plan
international avec les États tiers et les autres instances et organismes régionaux et
internationaux, mais également le fait d’apporter des changements  majeurs  à
l’organisation de la communauté européenne elle-même.
D’abord, en ce qui concerne le contexte politique, il est nécessaire de mettre
l’accent sur l’impact des événements qui ont bouleversé la scène politique européenne
à l’époque de la guerre froide durant toutes les étapes qui ont marqué l’histoire des
relations liant aussi bien l’est avec l’ouest européen, mais également le nord avec le
sud européen.
Ceci étant, il paraît intéressant à cet égard de prendre en considération ces
évènements qui avaient de l’ampleur et qui ont produit des effets touchant
manifestement les relations diplomatiques et politiques pour tous les acteurs
intervenant nationaux, régionaux et internationaux.
Eu égard à ces circonstances, la décennie 1990-2000 a été marquée
principalement, suivant les indicateurs, les constats et les recherches engagés par
rapport aux événements survenus pendant cette période, par la chute du mur de Berlin
et l'effondrement du communisme en Europe de l'Est.
Ceci a été une indication de la fin de l’influence communiste de l’Est, ce qui a
engendré un changement qui semble probant par rapport à la configuration
institutionnelle tant interne qu’externe de la communauté européenne touchant ainsi
notamment les aspects politiques, économiques et sécuritaires.
De plus, il existe plusieurs éléments qui pourraient avoir une portée signifiante en
termes de gouvernance par rapport aux aspects qui semblent s’identifier graduellement
à travers l’intention des dirigeants européens afin de mieux gouverner le continent
européen ainsi que pour mieux gérer et maîtriser les liens de coopération et de
partenariat avec les pays tiers et les autres  blocs régionaux du moins dans une
dimension institutionnelle.
Il s’agit, en particulier du constat significatif qui pourrait illuminer le pavé
permettant de qualifier la gouvernance et de mesurer ainsi son impact réel aussi bien
institutionnel que politique.

111
D’après l’accord de partenariat entre les membres du groupe des États d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique et la Communauté européenne et ses États membres signé
à Cotonou le 23 juin 2000, communément appelé Accord de Cotonou, et notamment
les dispositions relatives aux principes et objectifs de cette coopération entre les deux
parties, selon lesquels « L’objectif central de la coopération ACP-CE est la réduction
et, à terme, l’éradication de la pauvreté, le développement durable et l’intégration
progressive des pays ACP dans l’économie mondiale. Dans ce contexte, le cadre et les
orientations de coopération sont adaptés aux situations particulières de chaque pays
ACP et appuient la promotion de l’appropriation locale des réformes économiques et
sociales et l’intégration des acteurs du secteur privé et de la société civile dans le
123
processus de développement », trois remarques particulières méritent d’être
soulevées.
Premièrement, une distinction initiale pourrait être perçue entre l’objet de cet
accord qui se focalise sur le partenariat et le terme employé au niveau des objectifs qui
s’ajuste à la  coopération  et qui pourrait dénoter une différence de mécanismes et de
degrés de collaboration qui auront, certainement, un impact selon la forme de
collaboration choisie ou adoptée.
Deuxièmement, une seconde distinction qui ne manque pas d’importance pourrait
être perçue entre les champs de l’objectif essentiel de cette coopération, traduits
essentiellement par l’éradication de la pauvreté à terme et le développement durable,
qui représentent, sans doute, des axes trop généraux et, dans le cas extrême,
irréalisables, et les limites d’intervention pour les deux parties à savoir les ACP et la
CE.
Troisièmement, l’appropriation locale ou régionale notant, en particulier, le
respect des particularités et l’adaptation de la coopération via son objet et ses
orientations aux spécificités de chaque pays ACP d’un côté.

123
Article 19 du CHAPITRE I relatif au Cadre général -Principes et objectifs de l’accord de
partenariat entre les membres du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique,
d’une part, et la Communauté européenne et ses États membres, d’autres part, signé à
Cotonou le 23 juin 2000- Journal officiel des Communautés européennes n°L317 du 15-12-
2000.

112
De l’autre côté, il s’agit de l’intégration des acteurs non gouvernementaux qui
sont représentés par le secteur privé et la société civile, et qui pourrait témoigner de la
similarité des pratiques qui ne cesse de se développer dans le cadre des partenariats et
des liens de coopération qui naissent et se développent notamment entre les
Organisations Internationales et les pays en développement ou entre les groupements
régionaux eux-mêmes .
En fait, ces pratiques s’insèrent a priori dans cette forme de distinction de
positionnement entre un ensemble de pays développés et un autre regroupant des pays
en développement ou sous développés pour ainsi schématiser le cheminement des
aides financières, des initiatives de réformes et d’appel à soutenir les principes de la
bonne gouvernance.
Il s’agit, formellement, d’un appel qui a souvent été sous prétexte d’un appui
d’expertise, voire technique de la part du premier palier regroupant les pays
développés notamment au sein des organisations internationales à vocation
économiques et financières.
Par ailleurs, suivant ce même chapitre de l’accord de Cotonou, relatif aux
principes et objectifs de coopération ACP-CE qui se positionne sous le titre I relatif
aux stratégies de développement,124 parmi les axes prioritaires et les objectifs
fondamentaux de ces stratégies figurent ainsi :
«La promotion du développement et les réformes institutionnelles, renforcer les
institutions nécessaires à la consolidation de la démocratie, de la bonne gouvernance et
des économies de marché efficaces et compétitives et renforcer les capacités au service
du développement et du partenariat ».125

124
Les stratégies de coopération sont scindées, suivant les dispositions de l’accord de
Cotonou, en deux parties. Les stratégies de développement d’un côté et la Coopération
économique et commerciale de l’autre.
125
Article 20 intitulé Approche du CHAPITRE I relatif au Cadre général -Principes et
objectifs de l’accord de partenariat entre les membres du groupe des États d’Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique, d’une part, et la Communauté européenne et ses États membres,
d’autres part, signé à Cotonou le 23 juin 2000- Journal officiel des Communautés
européennes n°L317 du 15-12-2000

113
Ceci étant, dans ce même ordre de constatation, le comité de la gouvernance
publique au sein de l’OCDE, a élaboré un document qui constitue un recueil de bonnes
pratiques dans les domaines des marchés publics écologiques (MPE), qui s’insèrent
dans le cadre des réformes recommandées en matière des marchés publics, en
particulier, à travers la nouvelle Recommandation du Conseil sur les Marchés Publics
de février 2015.
En effet, ce document concerne également cet aspect pratique tout en ayant cette
tendance de connectivité interrégionale indexée à l’application et à la prise en
considération des principes de la Bonne Gouvernance relatifs à la transparence et à la
lutte contre la corruption et à l’adoption d’indicateurs de performance des achats publics
« les marches publics intelligents passer au vert : bonnes pratiques en matière d’achats
écologiques »126
Ceci étant, l’Union Européenne définit ainsi les marchés publics écologiques
comme étant: “… un processus par lequel les pouvoirs publics cherchent à obtenir des
biens, des services et des travaux dont l’incidence sur l’environnement sur toute leur
durée de vie sera moindre que dans le cas de biens, services et travaux à vocation
identique mais ayant fait l’objet de procédures de passation de marché différentes”. 127
En revanche, il s’avère que les étapes qui précédent la conclusion des marchés
publics tout comme ceux qui accompagnent et suivent l’exécution ne sont pas
suffisamment entretenu de la part des acteurs tant nationaux qu’internationaux qui
s’invitent à prendre en considération les principes et les exigences de la gouvernance
des marchés publics.
Ceci étant, cette tendance a été remarquée et affirmée dans le cadre de la législation
européenne régissant la matière des marchés publics à travers, notamment, les directives
de 2004 telles que modifiées en 2009.128

126
Direction de la Gouvernance Publique et du Développement Territorial Comite de la
Gouvernance Publique- GOV/PGC/ETH(2014)1/REV1 Organisation de Coopération et de
Développement Économiques 21-Jan-2015
127
Commission européenne (2008), “Des marchés publics pour un environnement meilleur”,
Union européenne, Bruxelles,
128
La directive 2004/18/CE applique ces principes aux procédures de passation des
marchés publics de travaux, de fournitures et de services. La directive 2004/17/CE étend
ces principes (en introduisant quelques variations) à l’attribution de marchés publics à des
fournisseurs de services dans les secteurs de l’eau, des transports et de l’énergie.
La directive 2009/81/CE du 13 juillet 2009 relative à la coordination des procédures de
passation de certains marchés de travaux, de fournitures et de services par des pouvoirs
adjudicateurs ou entités adjudicatrices dans les domaines de la défense et de la sécurité, et
modifiant les directives 2004/17/CE et 2004/18/CE.

114
La direction des affaires juridiques qui relève du ministère français de l’économie,
de l’industrie et du numérique129 a publié le 26 septembre 2014 un guide de bonnes
pratiques en matière de marchés publics, dans lequel, une liste de toutes les orientations
issue de la réglementation en vigueur130 régissant la matière des marchés publics a été
présentée avec des illustrations d’ordre pratique.
Dans ce même ordre d’idée, il s’avère que la législation européenne, en matière de
marchés publics, est de surcroit focalisée plus sur les procédures plutôt que sur les
questions relatives à l’instauration d’une meilleure gouvernance des deniers publics.
Ceci étant, l’explication qui pourrait justifier ce postulat, réside au niveau des règles
de l’Union Européenne qui « régissent la manière dont l’argent public est dépensé, et
non à quoi cet argent est alloué et se concentre dès lors principalement sur les
procédures que chaque entité adjudicatrice doit suivre lors de l’organisation d’un
marché public dont le montant estimé dépasse les seuils fixés dans les directives qui
imposent un certain nombre d’étapes que les acheteurs publics doivent suivre avant
d’attribuer des marchés publics.

129
http://www.economie.gouv.fr/daj/marches-publics
130
Notamment les textes suivants :
Loi n° 2013-100 du 28 janvier 2013 portant diverses dispositions d'adaptation de la législation
au droit de l'Union européenne en matière économique et financière (titre IV) et décret n°
2013-269 du 29 mars 2013 relatif à la lutte contre les retards de paiement dans les contrats
de la commande publique.
Loi n° 2014-790 du 10 juillet 2014 visant à lutter contre la concurrence sociale déloyale.
Loi n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Décret n° 2014-1097 du 26 septembre 2014 portant mesures de simplification, applicables
aux marchés publics.
Décret n° 2011-1104 du 4 septembre 2011 relatif à la passation et à l’exécution des
marchés publics de défense ou de sécurité qui transpose la directive 2009/81/CE du 13
juillet 2009 relative à la coordination des procédures de passation de certains marchés de
travaux, de fournitures et de services par des pouvoirs adjudicateurs ou entités
adjudicatrices dans les domaines de la défense et de la sécurité, et modifiant les directives
2004/17/CE et 2004/18/CE.
L’Accord sur les marchés publics (AMP) conclu en 1994 sous l’égide de l’organisation
mondiale du commerce. Il permet aux fournisseurs de biens et de services d’avoir accès,
dans les mêmes conditions que les fournisseurs nationaux, aux marchés publics passés par
les pouvoirs adjudicateurs des États membres. Il a été intégré dans l’ordre juridique de
l’Union européenne par une décision du Conseil du 22 décembre 1994 et pris en compte
dans deux directives du 13 octobre 1997 et 16 février 1998.

115
En fait, ces règles visent notamment à garantir la transparence (au moyen de la
publication des avis dans le Journal officiel (JOUE), normalement avant et après les
procédures de passation), appliquer les critères préalablement annoncés (notamment en
ce qui concerne les exigences à respecter afin de participer et les critères d’attribution
qui seront utilisés pour désigner l’attributaire), attribuer le marché sur la base de critères
objectifs (liés à l’objet du marché), réglementer la procédure de passation de marchés
afin de permettre aux soumissionnaires intéressés de soumettre une offre en toute
équité. Ces directives établissent un ensemble de procédures communes. Ce cadre a été
élargi par les directives de 2004 au moyen de l’introduction du dialogue compétitif et de
dispositions concernant d’autres techniques de passation de marchés comme les
enchères électroniques, les systèmes d’acquisition dynamique, les centrales d’achat,
etc.et à définir l’objet de l’achat au moyen de spécifications techniques non
discriminatoires, en limitant la fermeture de marchés qui font référence à des
spécifications exclusives ou particulières ».131
Or, l’inscription de la gouvernance des politiques, programmes et projets publics dans une
logique d’innovation, de recherche et de pertinence des choix ne se formerait pas arbitrairement
ou automatiquement suivant une logique uniquement accès sur les procédures et le respect de la
réglementation sans accorder suffisamment d’importance aux raisons et aux objectifs sur
lesquels repose une tendance de meilleure gouvernance.
Ceci paraît finalement justifiable non seulement pour les marchés publics, mais cela se
maintient et se renforce par rapport à tout projet ou système étatique ou non étatique
individuellement ou collectivement mené dans un souci tant de conformité que d’opportunité
qui pourrait garantir le respect des principes de BG et de satisfaire à un objectif actuel ou à des
perspectives d’amélioration qui anticipent le futur dans sa configuration souhaitable.
Ceci étant, la logique qui s’identifie par rapport à la conception, à la conduite et à
l’évaluation des dispositifs de communication formulés au niveau des rapports de gouvernance
liant États et Organisations Internationales, semble se prêter à un cheminement parfois entaché
d’ambiguïté et par moment d’incompréhension ou même de mauvaise constatation et par
conséquent de jugement incompatible ou inapproprié.

131
Résumé de l’évaluation de l’incidence et de l’efficacité de la législation de l’Union
européenne en matière de marchés publics/Direction Générale Marché Intérieur et Services
de la Commission Européenne p .6.

116
En effet, il s’avère que les issues des rapports et études établis sous l’égide des OI,
où les différents procédés d’obligation ou de conseil institués à travers les actes adoptés
par leurs organes compétents, visent à ce que la réglementation nationale veille à
l’insertion et au respect de certains principes de la BG et en particulier ceux relatifs à
l’intégrité, à la transparence et à la lutte contre la corruption.
Or, malgré que certains domaines de compétences étatiques à l’instar de la
commande publique132, soient répertoriés en tant que zones à haut risque par rapport au
développement de la corruption et nonobstant l’incrimination de plus en plus affirmée
des cas de mauvaise gouvernance, les constats s’avèrent amers avec un développement
remarquable de la corruption, un non respect dans l’application des principes
fondamentaux de la BG notamment ceux de l’intégrité et de la transparence.
D’où, les scandales et le nombre grandissant des signalements des cas de corruption
en témoignent largement et les suspicions en la matière ne paraissent pas en baisse, ce
qui laisse resurgir les mêmes interrogations en ce qui concerne l’effectivité des actes
internationaux en matière de BG.
De ce fait, paraît-il judicieux de signaler l’existence des écarts réaffirmés entre
l’indignation internationale ainsi que la prolifération d’actes normatifs de répression et
de prévention d’un côté et la mise en œuvre des recommandations et des obligations
normatives internationales reproduits aussi bien au niveau international qu’a l’échelle
infranationale de l’autre.

132
« La passation des marchés publics est l'activité des pouvoirs publics la plus exposée au
risque de corruption… le manque de transparence et de responsabilité a été considéré
comme un risque majeur pour l’intégrité dans les marchés publics. »
L’intégrité dans les marchés publics les bonnes pratiques de A à Z
www.oecd.org/editions/corrigenda.© OCDE 2007
Ce document élaboré dans le cadre de l’OCDE, représente une composante figurant
parmi une liste d’actes et de mesures se rapportant notamment à :
 La mise au point d’un outil d’évaluation commun par le Groupe de travail du
Comité d’aide au développement (CAD) sur l'efficacité de l'aide et les pratiques
des donneurs (GT EFF) ;
 L’analyse de la corruption dans les marchés publics, réalisée par le Groupe de
travail sur la corruption dans le cadre de transactions commerciales
internationales;
 Les études du programme de Soutien à l’amélioration des institutions publiques et
des systèmes de gestion dans les pays d’Europe centrale et orientale (SIGMA),
portant d’une part sur les capacités et la structure du système central de passation
des marchés publics et, d’autre part, sur les dispositifs de recours dans les États
membres de l’Union européenne.

117
En fait, s’il est largement admis que toutes les réformes introduites au niveau de la
commande publique devraient s’appuyer sur les principes de BG, les efforts déployés au
niveau international semblent porter d’une façon remarquable sur la procédure d’appel
d’offres. Or, ce n’est là que la partie visible de l’iceberg.
Des affaires de corruption récentes ont révélé des  zones grises  à tous les stades
du cycle de passation des marchés publics, y compris lors de l’évaluation des besoins et
de la gestion des contrats.
De surcroît, les efforts de réforme ont souvent négligé les exceptions aux
procédures concurrentielles telles que les contrats d’urgence et les marchés de la
défense.133
En outre, l’application des principes et des valeurs de la Bonne Gouvernance
notamment ceux relatifs à l’intégrité, à la transparence et à la responsabilité, en
particulier en matière des marchés publics, pourrait également faire apparaître et
détecter les manifestations de la mauvaise gestion ou la mauvaise gouvernance en tant
qu’obstacle par rapport à l’atteinte d’objectifs s’inscrivant dans le cadre de la bonne
gestion des finances publiques ou de la bonne gouvernance budgétaire qui se traduit à
travers la meilleure gestion des dépenses publiques.
La mauvaise gouvernance demeure également réductrice d’opportunités de
revalorisation de la confiance qui pourrait s’attribuer et se légitimer chez les
gouvernants et les responsables de la gestion ou de la gouvernance de l’argent public.
Ceci étant, la mauvaise gestion, en théorie, comme indiquée ci-après, peut
s'appliquer à un ensemble d'actes allant de la simple erreur dans l'exercice d'une
fonction administrative à la violation délibérée de lois pertinentes et de politiques
connexes134.
Gestion médiocre-Mauvaises décisions-Mauvais jugement-Incompétence flagrante-
Infraction consciente à une règle (par exemple pour des raisons opérationnelles
« valides »)-Application d’une pratique courante non conforme à la règle-
Transgression consciente pour un gain personnel.
Ainsi, le graphique ci-dessous dressé, en apporte quelques éclairages quant à
l’ampleur du phénomène à travers l’enregistrement de la fréquence de la corruption
dans les marchés publics.

133
Ibid. p 194
134
Ibid. p.176

118
135
Fréquence de la corruption dans les marchés publics

Par ailleurs, il faut signaler qu’en 2014, de nouvelles règles ont été adoptées au
niveau de l’Union Européenne et qui sont applicables au domaine des marchés publics
et des concessions et qui paraissent introduire quelques nouvelles orientations qui se
veulent un modèle de développement économique plus durable et plus inclusif qui se
maintient dans une optique d’alignement avec les principes de bonne gouvernance.
En fait, selon la documentation de référence telle que produite par la commission
européenne en 2014 introduisant ces nouvelles règles136, la taille des marchés publics
relevant des directives européennes de 2004, semble importante puisqu’ils représentent
425 milliards d’EUR soit 3,4 % du PIB de l’Union (données 2011).
En effet, la nouvelle configuration des marchés publics suivant les réformes
entreprises en la matière pendant l’année 2014 repose sur les éléments suivants :
Moins de bureaucratie – des procédures plus simples et plus souples.

135
Source : Kaufmann (2006), d’après l’édition 2005 de l’Enquête auprès des chefs
d’entreprise réalisée par le Forum économique mondial. L’enquête couvre 117 pays. La
question posée aux chefs d’entreprise était la suivante : Dans votre secteur d’activité, avec
quelle fréquence les entreprises effectuent-elles des paiements supplémentaires officieux ou
se livrent-elles à des actes de corruption en rapport avec des autorisations/ les services
d’utilité collective/ la fiscalité/ l’adjudication de marchés publics/ l’appareil judiciaire ?
136
Les nouvelles règles sur les marchés publics et les concessions plus simples et plus
flexibles-Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne, 2014
ISBN 978-92-79-37654-2
DOI:10.2780/53074 © Union européenne, 2014
http://ec.europa.eu/internal_market/publicprocurement/index_fr.htm

119
Ces réformes visent, selon leurs hauteurs, à utiliser au mieux les deniers publics
pour offrir des services publics de qualité aux usagers.
En effet, des règles plus simples et plus efficaces ont été établies tant en faveur des
acheteurs publics que des entreprises et surtout des PME qui visent moins de
paperasserie, grâce au nouveau document européen unique pour les marchés publics et
le principe que seul le soumissionnaire gagnant doit fournir des documents, des délais
de procédure réduits et la généralisation de l’électronique comme moyen de
communication, obligatoire d’ici à septembre 2018.
Stimuler l’innovation
L’acquisition de biens, travaux et services innovants contribue à l’amélioration de
l’efficacité et de la qualité des services publics tout en permettant de faire face aux
grands enjeux de société.
La toute nouvelle procédure pour l’achat de produits et services innovants établit à
cette fin un cadre juridique clair et caractérisé par une phase compétitive pour choisir le
ou les partenaire(s) le(s) plus adapté(s) pour développer une solution innovante,
spécifique aux besoins de l’acheteur et donne, à chaque étape (recherche et
développement et commercialisation de la solution par le partenaire), la possibilité pour
l’acheteur public de mettre un terme au partenariat ou d’en réduire le nombre de
partenaires.
Ceci étant, les deux éléments introduits au travers de ces réformes paraissent
s’accommoder des principes et fondamentaux de la BG en particulier ceux relatifs à
l’efficacité, la transparence, l’innovation et la gouvernance juridique s’indexant à la
clarté et à la pertinence des textes.
Or, la dernière publication de l’OCDE sur les questions qui intéressent la
démocratie en rapport avec la gouvernance a été consacrée dans une large mesure aux
problèmes majeurs liés singulièrement au financement des partis politiques, aux conflits
d’intérêt et à la déclaration du patrimoine pour les hauts dirigeants publics137.
En fait, cet ensemble de problèmes auraient un impact direct et négatif sur la
gouvernance publique, comme il a été souligné au niveau de ce document adopté par
l’OCDE relatif au financement de la démocratie.

137
OECD (2015), Financing Democracy: Funding of Political Parties and Election
Campaigns and the Risk of Policy Capture,
OECD Public Governance Reviews, OECD Publishing, Paris.

120
Par conséquent, ces mêmes difficultés auraient un lien potentiellement prouvé
avec l’intégrité et la transparence qui demeureraient les composantes principales de la
crédibilité et de la légitimité des gouvernants.
Aussi, il s’avère que c’est dans cette optique et pour ces raisons que l’OCDE
accorde une attention particulière à la manière de gérer l’argent public aussi bien en ce
qui concerne les sources de provenance que l’objet des dépenses.
D’où, les politiques qui devraient veiller à la bonne application des mesures liées
à la BG telles qu’annoncées dans ce document devraient être holistiques en ne traitant
pas les problèmes de financement des partis politiques d’une façon isolée138.

138
Ibid. P.30. “The importance of fostering a culture of integrity to effectively promote a
holistic approach to connect surrounding integrity issues, such as lobbying and conflict of
interest, to better understand the impact of money in politics on the quality of policies…
Matters such as conflict of interest, asset disclosure and lobbying cannot realistically be
considered without taking into account the role of political finance in many countries.
Conversely, controls of party and election funding are likely to be ineffective if they exist
in isolation.
On their own, they are likely to result merely in the re-channelling of money spent to obtain
political influence through lobbying, and through third-party financing.
Any consideration of political funding needs to be part of an overall strategy to assure
public integrity and good governance”.

121
Sous-section deuxième : La BG : Un périmètre qui se resserre aux modes de
gouvernance.
Entre pluridisciplinarité, particularisme et autres styles de dimensionnement des
champs, des périmètres et des modes de gouvernance oscillent aussi bien la
caractérisation de la gouvernance que la perception de son essence.
En fait, le conflit de compétences, qui prétend façonner le paramétrage
d’intervention pour les OI pourrait introduire une certaine démarcation qui illustre la
complexité d’assimilation de la BG de par son contenu, ses modes d’acheminement et
la manière de perception qui se développe et se diversifie chez les destinataires.
En dépit de ces difficultés et de cette complexité, il paraît qu’au niveau européen
se développerait un modèle spécifique en termes d’adoption et d’acheminement du
processus de transmission des principes de la Bonne gouvernance (paragraphe
premier).
En outre, pour pouvoir mesurer, aussi bien la perception que l’adoption et
l’application de ces principes, il demeure important d’avoir des indicateurs et des
critères spécifiques.
Le domaine des marchés publics représente non seulement un domaine de
controverse bidimensionnelle où pourraient se développer tant les dysfonctionnements
et la mauvaise gouvernance que le paramétrage d’une tendance d’une meilleure
gouvernance, mais également un champ de ciblage des possibilités d’illustration
pratique de toutes ces constatations controversées aussi bien pour la perception qu’en
ce qui concerne le vécu des pratiques de la gouvernance (paragraphe deuxième).

122
Paragraphe premier : Le développement d’un modèle européen de
gouvernance.

Dans ce contexte, le supranationalisme semble considérer, désormais, un préalable


d’une meilleure gouvernance européenne.
Ainsi, le traité de Maastricht, tel que signé le 7 février 1992 à Maastricht et entré
en vigueur le 1er novembre 1993, a voulu instaurer une certaine suprématie des
institutions de la Communauté Européenne par rapport aux compétences de ses
membres en leurs faisant appel, par conséquence, expressément ou indirectement, pour
qu’ils transfèrent plus de compétences à l’UE, l’organisation à laquelle ils
appartiennent.
Les trois piliers, sur lesquels repose le traité de Maastricht, apportent
l’éclaircissement nécessaire par rapport à cette démarche et semblent essayer de
légitimer un effort, tel qu’exprimé par les leaders européens, d’instaurer une
intégration au niveau de l’architecture globale de l’Union Européenne non seulement
économique, mais également politique et sécuritaire ce qui constitue une nouvelle ère
de gouvernance au niveau de l’UE.
Ainsi, les trois piliers se présentent comme suit :

Traité de Maastricht
Méthodes communautaire et intergouvernementale
 1er pilier  2ème pilier  3ème pilier
 communautaire qui correspondait
 politique  consacré à la
aux trois communautés : la Communauté étrangère et de sécurité coopération policière et
européenne, la Communauté européenne commune qui était judiciaire en matière
de l'énergie atomique (EURATOM) et couverte par le titre V du pénale qui était couverte
l'ancienne Communauté européenne du traité sur l'Union par le titre VI du traité
charbon et de l'acier (CECA) (premier européenne (deuxième sur l'Union européenne
pilier); pilier); (troisième pilier).
Méthode communautaire Méthode intergouvernementale
Logique d'intégration Coopération intergouvernementale
Caractéristiques: Caractéristiques:
 Le monopole du droit d'initiative de la  Le droit d'initiative de la Commission, soit partagé
Commission; avec les États membres soit limité à certains
 Le recours général au vote à la majorité domaines spécifiques;
qualifiée au Conseil;  Le recours général à l'unanimité au Conseil;
 Le rôle actif du Parlement européen  Le rôle consultatif du Parlement européen;
(avis, propositions d'amendements, etc.);  Le rôle limité de la Cour de Justice.
 L'uniformité d'interprétation du droit 
communautaire assurée par la Cour de
Justice.

123
A ce niveau, le premier pilier pourrait être relié à un aspect économique, au nom
duquel la notion de l’Union Européenne se veut une démarche d’Union justifiant en
l’occurrence cette volonté, nonobstant qu’elle soit exprimée expressément et
solennellement ou tacitement, d’avoir une Union d’intégration et pas uniquement un
espace réservé à la coopération économique.
Laquelle coopération de nature économique se transforme en un marché unique
qui demeure, toutefois, la première raison d’être, sur laquelle repose la conviction des
signataires des traités de Rome qui se sont mis d’accord pour constituer un espace
commun d’échange économique et commercial.
Dans cette même optique de réunir les européens sur les mêmes causes
communes, la Communauté Economique Européenne (CEE) s’est érigée en
Communauté Européenne (CE) à travers le traité de Maastricht,139 conclu à l’époque
entre les 12 États membres140, avant qu’ils deviennent 15 États membres en 1995, puis
28 et ce, en attendant une éventuelle reconfiguration institutionnelle.
En effet, ce traité représente le texte constitutif de l’Union Européenne, malgré
qu’il n’a pas accordé expressément la personnalité juridique à celle-ci, qui représente
non seulement une position juridique qui a été décidément accordée avec l’adoption et
l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, proclamé aussitôt, en tant que Constitution
Européenne, mais également, une attribution exclusive octroyée à la communauté
européenne qui était l’unique représentant juridique de cette Union Européenne, au
nom de laquelle tous les actes sont conclus.
En fait, il faut ajouter que ce premier pilier, qui relève de la méthode
"communautaire "regroupant ainsi les trois communautés fondatrices à savoir la
Communauté Economique Européenne, la Communauté européenne de l'Energie
Atomique (CEEA ou Euratom) et la Communauté Européenne du Charbon et de
l'Acier (CECA)141, concerne de nombreuses politiques économiques, monétaires,
éducatives, environnementales, etc.

139
Titre II du Traité sur l'Union Européenne se rapportant aux dispositions portant
modification du traité instituant la communauté économique européenne en vue d'établir la
communauté européenne Journal officiel n° C 191 du 29 juillet 1992 connu sous le nom du
traité de Maastricht, signé le 7 février 1992 à Maastricht et entré en vigueur le 1er
novembre 1993
140
(Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg,
Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni),
141
Instituée à travers les dispositions du traité de Paris Signé à Paris le 18 avril 1951.

124
Les autres piliers relèvent de la méthode dite "intergouvernementale", c’est-à-dire
que les États membres gardent leurs prérogatives. Ainsi, les décisions sont prises, dans
la majorité des cas, à l’unanimité par les ministres réunis en Conseil de l’Union
européenne142.
Concernant respectivement la politique étrangère et de sécurité commune (PESC)
qui s’est fixée les objectifs de maintien de la paix et de renforcement de la sécurité
communautaire tout en mettant en place des actions communes d’une part, et la
coopération policière et judiciaire en matière pénale (trafic de drogue, terrorisme...)
d’autre part, ces deux piliers résument une certaine méfiance de la part des États
membres européens par rapport à leurs prérogatives et compétences relatives à ces
deux matières.
En fait, la création de nouvelles instances, l’élargissement du champ
d’intervention et l’étendue d’actions témoignent, en l’occurrence, d’un changement de
paradigme et de politique. Par conséquent, les faits saillants de l’aspect géostratégique
quant au positionnement de l’UE dans la cartographie institutionnelle internationale
pourraient également se référer à des créations institutionnelles spécifiques à l’instar
de l’Union Economique et Monétaire (UEM)143.

142
Ces trois piliers fonctionnaient selon des procédures décisionnelles différentes: procédure
communautaire pour le premier pilier et procédure intergouvernementale pour les deux
autres.
Le traité de Lisbonne supprime cette structure en piliers au profit de la création de l’Union
européenne (UE). Au sein de l’UE, les décisions sont prises selon une procédure de droit
commun dite « procédure législative ordinaire». Cependant, la politique étrangère et de
sécurité commune continue à se voir appliquer la méthode intergouvernementale. Par
ailleurs, même si les questions relatives à la justice et aux affaires intérieures sont «
communautarisées », certaines d’entre elles liées à la coopération policière et judiciaire en
matière pénale continuent à être soumises à des procédures particulières dans lesquelles les
États membres conservent des pouvoirs importants.
143 L’Union Economique et Monétaire (UEM) : se réalise en trois étapes :
La décision de créer une monnaie unique au 1er janvier 1999, sous l'égide d'une Banque
centrale européenne, parachève l'intégration économique et monétaire au sein du marché
unique. L'Union économique et monétaire (UEM) se réalise en trois étapes :
1. La première étape, qui commence le 1er juillet 1990 et prend fin le 31 décembre 1993,
libéralise la circulation des capitaux ;
2. La seconde étape, qui commence le 1er janvier 1994, instaure une coordination
renforcée des politiques économiques, visant à réduire l'inflation, les taux d'intérêt et les
fluctuations des changes, de même qu'à limiter les déficits et la dette publique des États
. Ces critères, dits de Maastricht, doivent assurer la convergence des économies des
États membres, préalable à l'utilisation d'une monnaie unique. Le passage est préparé
par l'IME, Institut monétaire européen;
3. La troisième et dernière étape est celle de la création d'une monnaie unique au 1er
janvier 1999, et de l'établissement d’un système européen de banques centrales
regroupant les banques centrales nationales autour d'une Banque centrale
européenne (BCE).

125
En effet, cette Union montre la détermination des dirigeants européens de créer
non seulement une intégration au sein de l’Union Européenne, mais également de
constituer une force régionale dans des dimensions économiques et monétaires
multiples.
Ceci étant, il faut préciser que de telles initiatives marquent la volonté politique de
composer avec les groupements régionaux en termes de maintien de l’équilibre avec
notamment ses dimensions politique et économique, de renforcement de la
compétitivité européenne et de prévention contre toutes menaces.
Ainsi, les caractéristiques et les constatations qui ont été précédemment
démontrées, pourraient se conjuguer avec les facteurs identifiés dans la configuration
ci-dessous tout en essayant de sélectionner le référencement de la gouvernance selon
qu’elle s’établisse au niveau national ou qu’elle se justifie en termes d’inclusion
régionale ou universelle.

126
État et Organisation Internationale : facteurs d’influence et d’inter-
influence : cas de l’Union Européenne 144

Baromètre générique :
Configuration Compétence limitée
Intergouvernementale
Configuration dialectique
du Transfert de chez l’Etat et
et communautaire compétence accrue
compétence :
En fonction du volume, chez l’Organisation
Etat membre et Union
Européenne de la fréquence, des
domaines et de l’étendue

A. Gouvernance nationale ( ) Dépendance + souveraineté affaiblie ± ingérence


B. Gouvernance supranationale ( )

C. Gouvernance Singulière ( ) Transfert de compétences maîtrisé


D. Gouvernance collective ( )

Constats généraux :
1. Oscillation entre intégration et coopération, prudence, confiance et
méfiance.
2. Caractéristiques d’une gouvernance dualiste reposant sur la
prédisposition des acteurs à émettre des garanties:
Nationale Supranationale
Équilibrée De tutelle
Transposable D’interdépendance
Influençable De souveraineté présumée
D’obéissance De péréquation et de subsidiarité

Par ailleurs, en 2001, après plus d’un demi-siècle d’existence, les dirigeants de
l’Union Européenne, à travers la commission des Communautés Européennes,
désignée ainsi formellement à l’époque et relevant actuellement de l’UE, représentant
son organe exécutif, ont voulu apporté quelques changements et engagé certaines
réformes qui concernent la gouvernance au niveau de toute l’Union.

144
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage. La configuration de dépendance ou
d’interdépendance repose sur une orientation inversée qui indique l’antagonisme entre
les deux situations. Ainsi, le signe indique une tendance d’affaiblissement de la
gouvernance et au contraire, la signification opposée indique un renforcement de la
gouvernance, tout en notant que ce syllogisme ne pourrait pas s’illustrer indéfiniment de
la même sorte.

127
Il paraît, dès la première réflexion qui pourrait se dégager, qu’il s’agisse d’une
démarche de remise en cause institutionnelle.
Toutefois, le contenu de ces réformes de la gouvernance au niveau de l’UE,
notamment en ce qui concerne les objectifs et les perspectives, suscite énormément de
questions et semble mener plus à une inquiétude qu’à de simples interrogations.
En effet, il pourrait s’agir essentiellement d’un problème de communication
tripartite145 entre les institutions de l’UE, les États membres et les citoyens européens.
D’où, s’expliquerait l’existence d’une difficulté de compréhension et même d’une
disposition de méconnaissance du fonctionnement de l‘Union.
Dans cette même optique d’analyse et d’interprétation qui pourrait être véhiculée
à travers la configuration institutionnelle à l’échelle Européenne, l’effort qui s’est
manifesté afin de renforcer la Bonne Gouvernance se distingue par une focalisation
assez maintenue sur l’aspect qualitatif avec une attention toute particulière qui s’avère
être accordée à la méthode de gouverner ou à la performance des pouvoirs publics en
tant que nouveau paradigme octroyé ainsi pour illustrer la qualification de la
" gouvernabilité ".
L’approche adoptée au niveau des institutions de l’Union Européenne, illustrée
formellement à travers le " Livre Blanc "se veut une démarche qui paraît renverser la
pyramide de la constitution des pouvoirs, des décisions politiques et des grands choix,
particulièrement, d’ordre économique et ce, « …en partant de la base que du
sommet »146.

145
Commission des Communautés Européennes - Gouvernance Européenne un Livre
Blanc, Bruxelles, le 25.7.2001 COM(2001) 428 final 8ème paragraphe du titre I. pourquoi
réformer la Gouvernance Européenne? « Les états membres ne communiquent pas bien
ce que fait l'union ou ce qu'ils font eux-mêmes en son sein. Les états membres blâment trop
facilement "Bruxelles" pour des décisions difficiles qu'ils ont eux-mêmes adoptées en
commun, voire réclamées. »
146
Commission des Communautés Européennes - Gouvernance Européenne un Livre
Blanc, Bruxelles, le 25.7.2001 COM(2001) 428 final « L'Union doit renouveler la
méthode communautaire en suivant une approche qui parte davantage de la base que du
sommet, et en complétant plus efficacement les instruments de ses politiques par des outils
non législatifs
La réforme de la gouvernance concerne la manière dont l'UE utilise les pouvoirs qui lui
sont confiés par ses citoyens. Elle porte sur la façon dont les choses pourraient et devraient
se faire. Le but est d'ouvrir le processus d'élaboration des politiques afin qu'il se
caractérise par une participation et une responsabilisation accrues. Une meilleure
utilisation des pouvoirs devrait rapprocher l'UE de ses citoyens et renforcer l'efficacité des
politiques. »

128
Ainsi, le dénominateur commun dans cette perspective de changement de
paradigme quant à la gouvernance au niveau de l’Union Européenne, se traduit à
travers deux mécanismes qui s’identifient à travers la participation et la
responsabilisation et qui représentent deux principes majeurs liés à la BG tout en
constituant deux composantes essentielles parmi les principales recommandations
internationales en la matière.
Par ailleurs, au-delà des divergences qui semblent caractériser le débat qui
anime tantôt les liens de coopération tantôt les tendances d’intégration engageant
ainsi la volonté des États membres à maintenir la souveraineté et à maitriser le
transfert des compétences, il demeure opportun d’analyser davantage l’apport des
recommandations élaborées au niveau des instances de l’Union Européenne et
ayant trait au domaine de la gouvernance.
Ainsi, les principales recommandations et orientations en cette matière selon la
communication de la Commission des Communautés Européennes relative à la
Gouvernance Européenne se dressent sous la forme d’un ensemble de changements
proposés se définissant à travers les éléments qui figurent en tant que composantes
principales de l’essence du concept de la gouvernance en notant que, « La notion de
"gouvernance" désigne les règles, les processus et les comportements qui influent
sur l'exercice des pouvoirs au niveau européen, particulièrement du point de vue de
l'ouverture, de la participation, de la responsabilité, de l'efficacité et de la
147
cohérence. »
D’où, cette définition représente la référence essentielle sur laquelle reposent
les principes de la BG qui concernent respectivement 148 «L’ouverture. Les
institutions devraient fonctionner de façon plus transparente. Avec les États
membres, elles devraient pratiquer une communication active au sujet de ce que fait
l'Union et des décisions qu'elle prend. Elles devraient employer un langage
accessible et compréhensible par le grand public. Cela revêt une importance
particulière pour améliorer la confiance dans des institutions complexes.

147
Commission des Communautés Européennes - Gouvernance Européenne-un Livre
Blanc, Bruxelles, le 25.7.2001 COM(2001) 428 final
148
Ibid.

129
La Participation. La qualité, la pertinence et l'efficacité des politiques de
l'Union dépendent d'une large participation des citoyens à tous les stades, de la
conception à la mise en œuvre des politiques. L'amélioration de la participation
devrait accroître la confiance dans le résultat final et dans les institutions qui
produisent les politiques. La participation dépend de manière déterminante de
l'adoption par les administrations centrales, pour la conception et la mise en œuvre
des politiques de l'UE, d'une approche faisant précisément appel à la participation
de tous.149
La Responsabilité. Il convient de clarifier le rôle de chacun dans les processus
législatif et exécutif. Chaque institution de l'UE doit expliquer son action au sein de
l'Europe et en assumer la responsabilité. Mais il faut aussi plus de clarté et une prise
de responsabilité accrue de la part des États membres et de tous ceux qui participent
à l'élaboration et à la mise en œuvre des politiques de l'UE, à quelque niveau que ce
soit.
L’Efficacité. Les mesures doivent être efficaces et intervenir au bon moment;
elles doivent produire les résultats requis, à partir d'objectifs clairs et d'une
évaluation de leur impact futur et de l'expérience antérieure, là où elle existe.
L'efficacité demande également que les politiques de l'Union européenne soient
appliquées de façon proportionnée, et que les décisions soient prises au niveau le
plus approprié.

149
GOUVERNANCE EUROPEENNE — UN LIVRE BLANC COM(2001) 428 final
(2001/C 287/01) Journal officiel des Communautés européennes n° C 287/1 du
12.10.2001
« Les mesures principales sont :
Une participation et une ouverture renforcées :
 Une information en ligne régulièrement mise à jour au sujet de l'élaboration des
politiques, à tous les stades du processus de décision.
 L’interaction avec les collectivités régionales et locales et la société civile.
 Un dialogue plus systématique, à un stade précoce de l'élaboration des politiques,
avec les représentants des collectivités régionales et locales, par le biais
d'associations nationales et européennes; »

130
La Cohérence. Les politiques menées et les actions entreprises doivent être
cohérentes et parfaitement compréhensibles. L'Union a d'autant plus besoin de
cohérence que l'éventail de ses tâches s'est étendu; l'élargissement ira dans le sens
d'une plus grande diversité; les défis à relever, tels que le changement climatique ou
l'évolution démographique, transcendent les limites des politiques sectorielles sur
lesquelles l'Union a été bâtie; les collectivités régionales et locales sont de plus en
plus associées aux politiques de l'Union. La cohérence passe par la capacité
d'imprimer une direction politique et par une prise de responsabilité affirmée de la
part des institutions, afin de garantir une approche intégrée dans un système
complexe ».
Ceci étant, il est noté dans le même document du Livre Blanc, s’agissant aussi
bien de la conception des politiques et programmes publics que de leur application
et mise en œuvre réelle, que ce processus devrait se baser sur deux principes
supplémentaires se manifestant au travers de la proportionnalité et de la
subsidiarité. 150
L’Union doit mieux combiner divers instruments de politique publique comme
la législation, le dialogue social, le financement structurel et les programmes
d'action. Elle contribuerait ainsi à renforcer la méthode communautaire.
Cohérence dans les politiques, participation à la conception et à l’application,
ouverture et responsabilisation, perception claire de la part des citoyens européens
et de réponses plus efficaces à leurs préoccupations, telles sont les principales
recommandations issues du document du Livre Blanc Européen en matière de
gouvernance.
Ces recommandations sont adressées à l’attention de cinq catégories d’acteurs
qui seront forcément concernés.
D’abord, il s’agit des instances de l’Union Européenne, ensuite, ce sont les
États membres actuels et futurs ce qui implique nécessairement les gouvernements
dans une dimension purement politique et étatique.

150
Selon le document du Livre Blanc, ces deux notions signifient que de la conception des
politiques jusqu'à leur mise en œuvre, le choix du niveau d'intervention (du communautaire
au local) et des instruments doit être proportionné aux objectifs visés. Avant de lancer une
initiative, il est donc essentiel de vérifier systématiquement: a) qu'une intervention des
pouvoirs publics est réellement nécessaire; b) que le niveau européen est le plus adéquat; c)
que les mesures choisies sont proportionnées aux objectifs.

131
Puis, il s’agit des administrations centrales en troisième position et des régions
et des villes en quatrième position ce qui dénote la confirmation de la dimension
technique et administrative de la démarche de promotion, de réforme et de
renforcement de la BG en tant qu’une approche technique et procédurale d’une
part.
Cette configuration du positionnement des administrations aussi bien au niveau
centrale que régionale démontre également qu’il existe une certaine reconnaissance
de l’apport de la décentralisation dans cette démarche de promotion de la BG dans
sa dimension locale d’autre part.
Enfin, en dernière position et en tant que cinquième catégorie, il s’agit de la
société civile, ce qui indique en quelques sortes, une confirmation de la tendance
qui vise à établir une prise en considération d’acteurs autres que ceux qui sont
classiquement et couramment impliqués aussi bien dans le choix des politiques et
des priorités que dans la conduite des programmes publics.
Cette pratique est reconnue non seulement à l’échelle des instances de l’UE,
mais également au niveau des États membres eux-mêmes. Par ailleurs, il faut noter
qu’à travers les dispositifs initiés et adoptés à l’échelle de l’Union Européenne en
vue de promouvoir la BG, il existe une attention portée à la dimension
méthodologique suivant une approche qui s’engage à la fois en conception et en
conduite des politiques publiques.
En outre, il existe une certaine divergence caractérisant les points de vue quant
aux liens de convergence qui pourraient naître à travers la création d’instances
" supranationales "au niveau d’une OI à l’instar de la Commission qui représente
l’exécutif de l’UE.
En effet, l’analyse suivante démontre ce rapprochement imposé entre la
démarche de coopération dans l’objectif d’assurer une certaine convergence et le
rôle attribué aux institutions de l’UE, à la commission en l’occurrence, pour assurer
cette mission.

132
Suivant le courant qui semble soutenir l’explication sociétale Wébérienne de
l’Etat « …Les États – petits et grands – n’ont ni une confiance innée en leurs
partenaires, ni une tendance spontanée à la coopération ; ils ne s’engagent souvent
dans cette voie que sous l’emprise de la nécessité – d’où la mise en place d’institutions
qui facilitent les convergences de vues et assurent la bonne application des décisions
communes. … La Commission n’est pas le gouvernement de l’Europe ; son autorité ne
repose pas sur un mandat électoral et elle ne dispose pas de l’imperium, ce monopole
de la violence physique légitime dont Max Weber a fait l’attribut essentiel de
l’État ».151
Or, il serait adéquat, à ce niveau, d’atténuer partiellement cette idée car il
paraît, notamment à travers un regard rétrospectif quant au processus de création
des Communautés Européennes, qu’il existe une expression remarquable de la
volonté au moins des cinq premiers membres fondateurs des communautés pour
l’établissement d’un espace commun de coopération qui est transformé
progressivement en un espace d’intégration et de transfert graduel de compétences.
Par ailleurs, il s’avère, par conviction ou par obligation, que ce qui paraît
caractériser l’attitude aussi bien des fondateurs que des modernistes face à la
construction et notamment à l’évolution européenne en matière de gouvernance, réside
dans cette question relative à la subtilité face à l’élargissement d’un côté et au
renforcement des pouvoirs des instances de l’Union Européenne de l’autre.
En d’autres termes, s’agissait-il d’un mouvement supranationaliste favorisant la
suprématie des Organisations Internationales ? 152
Autrement, s’agissait-il d’une volonté politique alimentée de considérations
économiques à faire prévaloir une Gouvernance d’exigences communes et de risques
portés solidairement?
En se référant à l’analyse précédente, force est de signaler que probablement les
véritables relations qui animent la volonté des institutions de l’Union Européenne à se
réunir et ainsi à collaborer mutuellement, sont principalement architecturées autour de
trois domaines fondamentaux ayant trait à la gouvernance dans sa dimension intégrale.

151
BOUSSAGUET, Laurie ; DEHOUSSE, Renaud. Chapitre 2. Les « nouveaux modes de
gouvernance » : évolution conjoncturelle ou mutation durable ? In : L'Europe qui se fait : Regards croisés
sur un parcours inachevé. Paris : Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2008.
152
Loth, Wilfried (Hrsg.): La Gouvernance supranationale dans la construction européenne.
Brussels: Bruylant 2005. ISBN: 2-8027-2024-4; 375 S.

133
En effet, on trouve l’aspect économique en tant que domaine prioritairement
escompté et de ce fait attractif pour tous les membres aussi bien à part entière que pour
ceux qui, potentiellement, prétendent à l’être.
Le deuxième domaine, qui ne manque pas d’importance, est celui relatif à l’aspect
politique qui, de son côté, permettrait de réunir également tous les États européens
membres et non membres, bon gré mal gré, sur les acquis communs et les causes
suscitant les responsabilités collectives.
Ceci étant, l’objectif réside dans le renforcement de la position géostratégique de
cette Union qui semble constituer la principale locomotive de tout progrès national ou
régional de nature économique ou politique autant au nom de l’Union Européenne
toute entière, que pour chaque État faisant partie de l’espace européen en tant que
membre actuel ou potentiel.
Enfin, quant au troisième domaine, il s’agit de l’élément de la sécurité commune
et qui suscite, a priori énormément d’interrogations quant à sa raison d’être, son
étendue, ses objectifs et le pouvoir décisionnel à travers lequel s’engagent les
membres et par conséquent toute l’institution européenne pour sa mise en œuvre.
Par ailleurs, il est remarquable de noter que la plupart des Organisations
Internationales à vocation régionale semblent avoir enregistré une certaine réussite
dans la coopération entre leurs membres qui serait mesurée par l’atteinte d’objectifs
initialement escomptés et tels qu’ils étaient convoités par leurs fondateurs.
Cette particularité pourrait être substantiellement remarquée au niveau de l’Union
Européenne comme exemple illustratif de cette constatation.
Par ailleurs, les aspects relatifs à la démocratie et aux droits de l’Homme, qui sont
exprimés dans des clauses qui sont principalement insérées dans des conventions
conclues avec des tierces parties ou avec d’autres groupements régionaux externes à
l’espace communautaire et sont, par conséquent, répertoriés dans des textes engageant
des liens de partenariat ou de coopération, sont nécessairement formulés suivant une
démarche de recommandations et à travers un langage souvent abstrait.

134
Dés lors, cette caractéristique est soumise, par conséquent, à la difficulté de sa
mesurabilité traduite, inévitablement, par des indicateurs qualitatifs qui ne répondent
pas souvent à l’évidence, mais plutôt à la subjectivité qui revient aux spécificités
mêmes de chaque pays faisant partie du même continent et du même espace de
coopération et de partenariat tout en ayant a priori en commun des liens
d’appartenance et des convictions partagées.
D’où, ce qui représente droit ou liberté pour un État suivant un système sociétal et
politique bien déterminé pourrait, en revanche, être qualifié en tant qu’objection ou
entrave à la jouissance d’un droit ou d’une liberté dans un autre contexte.
Ceci étant, cette particularité qui semble caractériser les liens de gouvernance
tissés ou souhaités afin qu’ils soient instaurés suivant des configurations de rapports
qui naissent entre une OI et les autres pays qui n’appartiennent pas à la sphère de
ses membres, se clarifie davantage à travers le raisonnement suivant.
Tandis que les OI notamment celles à vocation économique et financière, en
l’occurrence le groupe de la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International se
rassurent davantage chaque fois que les États témoignent de leur solvabilité et que les
économies nationales soient encouragées à générer des excédents budgétaires et à
enregistrer des taux de croissance confortables afin qu’ils puissent rembourser leurs
dettes, les États de leurs côtés ont plutôt deux alternatives.
En effet, un État pourrait, dans une logique qui paraît de soumission ou de
subordination, suivre les recommandations telles qu’elles étaient établies par les OI
tout en adoptant des dispositifs juridiques et institutionnels qui stimulent l’application
de ces recommandations.
En revanche, un État pourrait, dans une perspective d’autodétermination, chercher
à s’approprier une gouvernance spécifique en méthode, approche d’application et
dispositifs d’évaluation particuliers.
Dans ce cadre, c’est la démarche spontanée, à travers laquelle le défi singulier
relevé par l’État prime sur la recommandation multilatérale évoquée par l’OI, qui
serait prioritaire.
Peut-on, dans une configuration qui oscille entre l’abstraction, l’idéalisme et
l’utopie d’un côté et la concrétisation d’ordre subjectif de l’autre, évoquer le
positionnement ou l’avènement d’une nouvelle tendance de gouvernance ?

135
D’autres interrogations pourraient ainsi surgir en quête d’un éclaircissement ou de
reconnaissance d’autres modes de gouvernance qui seraient, en quelques sortes,
tacitement réservés à d’autres considérations de lecture des situations de gouvernance
politique ou de constatation du contexte socioéconomique.
Dans quelle mesure l’appareil étatique peut-il gouverner et être gouverné dans une
acception d’équilibre non seulement de pouvoir engageant indifféremment instituions,
réglementation, actes décisionnels ou de procédures, mais également de comportement
engageant plutôt la manière de gouverner ?
En d’autres termes, quel est l’impact de l’émergence et de l’application de
nouveaux modes de gouvernance sur l’interdépendance entre État et OI ?
Ainsi, au travers de quelques exemples qui incorporent la gouvernance dans sa
dimension pratique, quelques éléments de réponse pourraient être identifiés.
Ceci étant, à travers l’expérience luxembourgeoise en matière de gouvernance de
l’aide, une optique de conception rejoindrait en quelques sortes les trois dimensions
principales d’application nationale, régionale et universelle.
En effet, en matière d’orientation et de pilotage de l’aide au développement, la
direction de la coopération au développement qui relève du ministère des affaires
étrangères du Grand-duché de Luxembourg a préparé un document d’orientation
stratégique destiné à mieux consacrer la Gouvernance Pour le Développement.
A travers ce document, la direction de la coopération au développement et à
l’action humanitaire a établi une stratégie comprenant quatre axes qui s’articulent
comme suit :
Axe stratégique n°1 : Le dialogue politique avec les pays partenaires.
Axe stratégique n°2 : La prise en compte de la gouvernance dans les interventions
bilatérales de la coopération luxembourgeoise (en tant que thème transversal).
Axe stratégique n°3 : Les interventions spécifiques dans le domaine de la
gouvernance.
Axe stratégique n°4 : Lutte contre la corruption/lutte contre la fraude.

136
En outre, ce même document stratégique définit la gouvernance au développement
comme étant l’ensemble des procédés et institutions par lesquels le pouvoir s’exerce et
qui sont favorables au développement et qui s’articulent en trois éléments essentiels
constitutifs de la gouvernance et pour chaque élément correspond un ensemble
d’aspects qualitatifs favorables au développement tels qu’ils apparaissent dans le
tableau suivant153 :
La gouvernance pour le développement
Les procédés et institutions par lesquels le pouvoir s’exerce sont favorables au développement
Eléments constitutifs de la gouvernance Aspects qualitatifs favorables au développement
Les procédés par lesquels les titulaires • Respect des droits de l’homme et des libertés
du pouvoir sont choisis, tenus fondamentales
responsables, contrôlés et remplacés • Un système démocratique permettant la participation
des citoyens dans le choix et le contrôle de ceux qui
gouvernent
• Respect de l’État de droit et l’accès pour tous à une
justice indépendante
• Un gouvernement qui assure une gestion transparente
et qui rend compte (« ACCOUNTABLE ») devant les
institutions appropriées et les électeurs
La capacité du gouvernement à gérer • Respect des droits de l’homme et des libertés
efficacement les ressources et à fondamentales
formuler, appliquer et faire respecter • Respect de l’État de droit et l’accès pour tous à une
des politiques et régulations de qualité justice indépendante
• Des institutions efficaces fournissant des services
publics de qualité, permettant notamment l’accès du
plus grand nombre aux services sociaux de base
• Gestion durable des ressources naturelles
• Lutte contre la corruption
Le respect des citoyens et de l’État • Respect des droits de l’homme et des libertés
envers les institutions régissant les fondamentales
interactions économiques et sociales • Promotion d’une croissance économique soutenable
intervenant entre eux et de la cohésion sociale dans

153
Ce tableau fait partie du document intitulé « gouvernance au développement »préparé en
2009 et qui figure parmi les 15 documents de stratégies et d’orientations préparés par la
direction de la coopération et de l’action humanitaire relevant du ministère des affaires
étrangères et européennes du Grand-duché de Luxembourg. Ces 15 documents de stratégies
et d’orientation se présentent suivant la répartition Stratégies sectorielles et transversales
suivante :
Stratégie générale (2012) ;Action humanitaire (2013) ; Agriculture et sécurité alimentaire
(2009) ;Communication (2012) ;Développement local (2009) ;Eau et assainissement
2012) ;Education, formation et insertion professionnelles (2009) ;Environnement et
changement climatique (2014) ;États fragiles (2012) ;Evaluations (2012) ;Genre (2012)
Gouvernance (2009) ;Micro-finance (2012) ;Renforcement des capacités (2012) ;Santé
(2014).

137
L’agence luxembourgeoise pour la coopération au développement 154 qui
représente une agence gouvernementale adopte ainsi la clause " gouvernance "
recommandée dans les documents de stratégies et d’orientation susmentionnés et ce,
particulièrement suivant la quatrième composante relative à la promotion du
« processus de décentralisation, notamment à travers le renforcement des capacités
locales et de la gouvernance locale ». 155
En outre, ce qui conforte cette optique d’application de cette clause gouvernance
dans sa composante relative aux capacités et à la gouvernance au niveau local, c’est
que, selon la répartition des déboursements engagés sous la tutelle de cette agence
luxembourgeoise au titre de l’année 2010, un taux de 48 % du montant global de
déboursements qui s’élève à 74 131 798 a été réservé au secteur du développement
local.
Ceci étant, le secteur de développement local comprend outre la décentralisation
et la gouvernance locale, l’agriculture et la sécurité alimentaire d’un côté et l’eau et
l’assainissement de l’autre et ce, suivant la terminologie adoptée et la démarche de
reconnaissance qui s’attribut à cet aspect de gouvernance s’agissant de son niveau
local.
D’où, la configuration adoptée, à titre d’exemple, au niveau du « label de bonne
gouvernance à Saint-Louis, Sénégal » selon laquelle, la collaboration entre une
représentation de la société civile à savoir le Forum civil, qui représente la section
sénégalaise du TI et l’agence luxembourgeoise pour la coopération au développent
dans l’élaboration et la mise en place d’un processus de certification citoyenne de la
gouvernance locale s’avère témoigner d’une confirmation d’accompagnement et de
consécration multidimensionnelle des principes de bonne gouvernance locale.
154
Cette agence gouvernementale luxembourgeoise a pour principale mission, la mise en
œuvre de la politique luxembourgeoise en matière de coopération pour le développement
qui vise l’éradication de la pauvreté ainsi que le développement durable, compris dans
ses aspects sociaux, économiques et environnementaux.
L’intervention de cette agence dans le cadre de l’appui au développement et la coopération
internationale n’est pas exclusive ni monopolisée, elle représente l’entité d'exécution pour
la majorité des projets bilatéraux mis en œuvre par la coopération luxembourgeoise et ce,
selon le document de présentation indiqué au niveau du site web de l’agence à l’adresse
électronique suivante :
http://www.lux-development.lu/fr
Par ailleurs, selon la même source d’indication susmentionnée, en termes de transparence
qui demeure une consécration ou une concrétisation principale de la Bonne Gouvernance,
cette agence fournit au Ministère chargé de la coopération les éléments qui permettent une
meilleure information et une meilleure redevabilité vis-à-vis du Parlement et du public.
155
Ministère des affaires étrangères et européennes du Grand-duché de Luxembourg.

138
En premier lieu, la représentation directe de l’Organisation de la Société Civile
par rapport à la mesure de la performance des acteurs publics. C’est dans ce cadre que
le forum civil participe directement à cet exercice à deux niveaux.
D’abord, cette participation s’active au niveau du choix des principes, normes et
indicateurs qui seront couronnés et identifiés via le Référentiel de BG Locale.
Ensuite, l’intervention de la société civile telle que traduite à travers
l’engagement citoyen dans le processus de jugement établi par rapport au
rendement des élus locaux institutionnellement, reconnus au travers des collectivités
locales, est manifestement prouvée au sein de l’organisme certificateur.
« Les deux principaux instruments de cette certification citoyenne sont un
référentiel de BG locale, et un label de bonne gouvernance locale.
Le label de BG, vu comme un instrument de sanction positive de la gestion des
élus locaux, utilise l’engagement citoyen pour mesurer l’action des collectivités
locales grâce à un indice de BG locale dont la structure met en exergue les cinq
principes essentiels de bonne gouvernance retenus par le Forum civil et les
collectivités locales partenaires: l’efficacité, la transparence, la participation,
l’équité et l’obligation de rendre compte »156.
L’organe certificateur dénommé Comité Local de Certification (CLC) est
composé de citoyens choisis parmi les membres d’associations locales représentatives
et indépendantes et des représentants de services techniques déconcentrés.
En second lieu, l’affirmation de la Bonne Gouvernance se traduit également à
travers des mécanismes redditionnels qui reposent principalement sur la transparence
d’un côté et le manifeste de l’équilibre entre pouvoir et contre pouvoir de l’autre.
Par ailleurs, la multiplication d’intervenants pourrait, toutefois, engendrer
l’éparpillement des efforts et la confusion quant à l’identification des engagements et
la détermination de la responsabilité. Laquelle confusion, pourrait s’identifier
doublement.

156
Figure parmi les réalisations de l’agence luxembourgeoise pour la coopération au
développement dans le cadre de sa composante d’Accompagnement des Programmes
indicatifs de Coopération 2007-2011relative à la partie Gouvernance.
http://www.lux-development.lu/files/documents/LD_FR_light.pdf

139
D’abord, par rapport aux conflits de compétences qui pourraient émerger lors de
la conception et de la mise en place des projets de coopération ce qui met également
en évidence les difficultés de coordination entre ces partenaires intervenants non
seulement entre eux-mêmes mais aussi entre eux et les parties nationales (étatiques- ou
non-étatiques) qui seraient éventuellement bénéficiaires d’une aide au développement.
Ensuite, cette confusion pourrait être identifiée par rapport au volume et à la
valeur de la contribution de chaque partenaire dans chaque projet ou initiative de
coopération.
Enfin, cette confusion pourrait surgir au niveau de l’identification de la
responsabilité de chaque intervenant. (Le qui fait quoi ? entre autres)
Outre la présence remarquable des OI en tant que partenaires du gouvernement du
Grand-duché de Luxembourg dans son intervention de coopération internationale en
général et d’aide au développement spécifiquement, il s’avère opportun de signaler
également l’existence d’environ 94 Organisations Non Gouvernementales(ONG) dites
de développement agréées par le Ministère des affaires étrangères et européennes
luxembourgeois qui font appel à son appui financier pour des actions de sensibilisation
(participation aux frais), des projets de coopération classiques (cofinancement) ou des
programmes pluriannuels de coopération (accord-cadre).157
Ceci étant signalé, avec cette multitude d’intervenants, sous les diverses formes de
concours qu’il s’agisse de partenaires ou de bénéficiaires, il demeure également
judicieux de réaffirmer la difficulté de mesurer l’efficacité et la pertinence de l’aide au
développement ainsi que la manière et la performance de sa gouvernance dans ses
deux dimensions politique et institutionnelle.
Par ailleurs, l’affirmation d’un modèle européen de gouvernance est confronté,
comme dans beaucoup d’OI à des questions qui touchent notamment les deux
domaines relatifs à la souveraineté et à la sécurité.
Les avantages de la solidarité commune, de l’unification et du renforcement du
transfert des compétences de la part des Etats membres vers les instances de l’OI, à
l’UE le cas échéant, s’accompagnent d’un ensemble d’appels de renforcement du
contrôle et du véto des parlements nationaux.

157
Ministère des affaires étrangères et européennes luxembourgeois.

140
La tendance semble plutôt s’acheminer vers des réformes de gouvernance plus
substantielles touchant aux questions de la circulation et des frontières ainsi qu’à la
question de la monnaie unique et de la sécurité commune.
D’où, l’intention du gouvernement britannique, à titre d’exemple, d’organiser un
référendum au cours de l’année 2016 mettant en cause son appartenance à l’UE et en
péril la cohésion de l’UE, pourrait suffisamment indiquer les problèmes de
gouvernance auxquels l’Union est affrontée et constitue, par conséquent, une épreuve
non seulement pour les européens mais pour toutes les OI à repenser leurs méthodes
de gouvernance et à concevoir une nouvelle approche plus intégrée, plus effective et
plus anticipative de ce qu’est la BG.

141
Paragraphe deuxième : Les marchés publics constitueraient un domaine où
pourrait se développer la mauvaise gouvernance et une illustration des limites de
l’effectivité internationale.
Le domaine des marchés publics paraît incarner aussi bien un secteur vulnérable à
la mauvaise gouvernance et au développement de la corruption qu’un environnement
sur lequel repose l’identification d’indicateurs de mesure de la performance générale
d’un pays.
En fait, la médiocrité de la gouvernance et la corruption représentent deux
entraves majeures à l’évolution de la bonne gouvernance.
En outre, les marchés publics pourraient aussitôt représenter une illustration de
taille pour les questions capitales relatives à la mesure de la maturité des systèmes
économiques, administratifs et politiques non pas uniquement pour un pays, mais aussi
pour les démarches et politiques préconisées par les OI qui se croisent et se basent
uniformément sur la volonté de concrétisation des principes de la BG.
En effet, l’ensemble de ces constatations ainsi que le groupement de questions ci-
après mentionnées dépendent capitalement de la nature et du niveau des engagements
conclus bilatéralement et multilatéralement entre les pays et les OI et seraient
également tributaires d’un engagement auto-déclaré, auto-assimilé et autopiloté de la
part des pouvoirs étatiques dans une dimension tant nationale qu’infranationale plutôt
qu’une déclaration préconisée par les instances internationales.
Ainsi, la première question est relative à l’épreuve de la légitimité des acteurs et
de la pertinence des méthodes et approches de la gouvernance des deniers publics.
Puis, une deuxième interrogation pourrait être considérée suivant une
configuration bidimensionnelle.
Alors que la première dimension concernerait la gestion optimale des dépenses
publiques, la deuxième pourrait s’attribuer à la rationalisation de la gouvernance des
finances publiques.
Ensuite, il s’agit de la question de prévoir une meilleure gouvernance des
politiques, des programmes et des projets publics.
Après, la troisième interrogation pourrait considérer les champs de témoignage et
de preuve de la crédibilité des dirigeants, de la pertinence des choix stratégiques et de
l’efficacité dans la gestion des dépenses publiques.

142
Subséquemment, il s’agit d’une quatrième question qui saurait allouer à la
méthodologie de promotion de l’intégrité, de la transparence et de la pratique de la
redevabilité dans la gouvernance publique.
Ultérieurement, la cinquième interrogation concerne la mesure de la performance
et de la manière de gouvernance des finances publiques en termes d’une qualification
qui soit bonne ou mauvaise.
Enfin, les deux dernières questions pourraient s’attribuer d’une part aux domaines
vulnérables et aux zones à risque face au développement des principales formes de
corruption qui se manifesteraient à titre d’exemples à travers la fraude, la
malversation, le détournement de fonds publics, le blanchiment d’argent, les conflits
d’intérêts, etc., et au rôle des OI qui consiste à veiller à l’intégration des principes de
BG dans les processus et les cycles de passation des marchés publics de l’autre.
Ainsi, le secteur des marchés publics pourrait apporter des témoignages nécessaires
en termes de constatation et de considération pour les interrogations précédemment
posées et ce, à travers une analyse de la dimension de la gouvernance des marchés
publics au travers de la Recommandation du Conseil de l’OCDE sur les marchés
publics.158
La configuration des principes de la Bonne Gouvernance entreprise par
l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques, ainsi que les
différentes caractéristiques qui devraient être attribuées à la notion de gouvernance
pour qu’elle soit " Bonne "engageant ainsi les comportements et les actions requises,
s’identifient d’une façon remarquable, qui paraît avoir une dimension de
concrétisation plutôt que d’abstraction, dans le secteur des marchés publics.
En effet, selon le texte de cette recommandation susmentionnée, quelques
remarques et observations méritent d’être signalées.
D’abord, avant d’apporter les identifications nécessaires quant aux remarques
d’ordre général qui pourraient être dégagées de cette recommandation, il s’agit d’une
constatation capitale qui gagne à être notée et qui met en exergue le rapport d’équilibre
et les liens de causalité entre le renforcement de la BG et de l’intégrité dans les marchés
publics d’un côté et la gestion efficace et efficiente des ressources publiques et, par là
même, de l’argent des contribuables d’un autre.

158
Recommandation du Conseil de l’OCDE sur les marchés publics, 18 février 2015 - C(2015)2.
Cette recommandation remplace la Recommandation du Conseil sur le renforcement de
l’intégrité dans les marchés publics [C(2008)105].

143
En premier lieu, cette recommandation concerne les membres et les non-membres
de l’OCDE puisqu’ ils constituent tous les deux des « Adhérents » qui, selon les
dispositions de cette recommandation, partagent le même intérêt pour l’amélioration
des économies et des gains d’efficience et pour la prévention des risques concernant
l’intégrité tout au long du cycle de passation des marchés publics, de l’évaluation des
besoins jusqu’au paiement et à la gestion des marchés.159
En deuxième lieu, pour la conception et l’élaboration de la législation relative au
domaine des marchés publics, une reconnaissance expresse est signalée pour les autres
instruments juridiques internationaux qui concernent les marchés publics et la lutte
contre la corruption et qui sont élaborés dans le cadre du système des Nations Unies,
de l’Organisation Mondiale du Commerce ou de l’Union Européenne.
En troisième lieu, cette recommandation affirme l’importance capitale du
positionnement des marchés publics par rapport aux priorités identifiées et aux
perspectives adoptées et perçues par les administrations publiques.
En effet, telle qu’annoncée au travers de la recommandation du conseil de
l’OCDE susmentionnée, la passation efficace et efficiente de marchés publics portant
sur des biens, des services ou des travaux est vitale pour que les administrations
publiques s’acquittent de leurs fonctions de base qui consistent notamment à investir
dans des infrastructures et à fournir des services essentiels aux citoyens.
Par conséquent, les marchés publics constituent pour les pouvoirs publics un
domaine d’activité économique fondamental particulièrement exposé aux
malversations, à la fraude et à la corruption.
Par ailleurs, selon cette recommandation, la signification de l’intégrité en tant que
valeur fondamentale extrêmement liée aux principes de la BG désigne ce qui suit :
« " Intégrité" fait référence au fait que les moyens financiers, humains et matériels
ainsi que les pouvoirs sont utilisés aux fins officiellement prévues et de façon éclairée,
conformément à l’intérêt général et aux principes généraux de bonne
160
gouvernance ».

159
Ibid.
160
Ibid.

144
Ainsi, en référence à la même recommandation, précédemment indiquée,
l’objectif principal de la passation du marché public désigne la fourniture des biens et
des services nécessaires à l’exécution de la mission des pouvoirs publics en temps
opportun, au moindre coût et avec efficience.
Quant aux objectifs secondaires, ils regroupent diverses dimensions tels que la
croissance verte durable, le développement de petites et moyennes entreprises,
l’innovation, l’instauration de normes de conduite responsable des entreprises.
Pour illustrer également certains éléments d’affirmation des principes
fondamentaux de la BG adoptés par la recommandation susmentionnée, la
transparence, l’intégrité, la participation, la responsabilité et l’évaluation de la
performance, semblent être hautement préconisées en matière de passation de marchés
publics sous l’égide de l’OCDE.
Ceci étant, la présence des exemples qui illustrent la manière et les possibilités de
mise en œuvre des principes de la BG paraît offrir un témoignage de traduction entre
les dispositions de cette recommandation et sa mise en application.
En d’autres termes, il s’agit, comme il a été signalé précédemment de faire face à
la difficulté qui suscite parfois de l’incompréhension s’agissant, en particulier, de la
confusion et de la mauvaise interprétation de la réglementation émanant des OI et
surtout de l’appliquer.
En fait, le rapprochement entre l’aspect normatif et l’aspect pratique ne paraît pas
suffisamment pris en considération lors de la conception et de l’élaboration des
instruments juridiques au sein des instances compétentes au niveau des Organisations
Internationales.
S’agit-il là encore d’une forme qui, par analogie au blocage souvent désapprouvé
entre l’aspect normatif et l’aspect empirique, pourrait s’appliquer également par
rapport à l’écart qui existerait entre les principes de la BG tels que déclarés, leur mise
en œuvre et finalement les dispositifs et les mécanismes qui permettraient d’assurer
leur pérennité, leur considération et leur appropriation arrangées conjointement par les
OI et les destinataires étatiques, voire non-étatiques?
Parfois, la non appropriation qui pourrait être perçue dans les liens de
gouvernance non maîtrisés par les OI, l’abus et l’excès de pouvoir, l’injustice et la
mauvaise gouvernance pourraient ainsi agir sur le paysage et le cotexte institutionnel
et par conséquent sur la performance des pouvoirs publics au niveau étatique.

145
D’où, la croissance économique demeure inévitablement consubstantielle de la
manière de gouvernance et il s’avère adéquat dans cette optique de recherche d’établir
quelques remarques et observations et ce, conformément à une analyse des
indicateurs de mesure de la performance161 dans le cadre des marchés publics.

Exemples d’éléments de mesure et d’indicateurs


performance
Domaine de

Indicateurs Sous-indicateurs Prise en considération des principes


de la Bonne Gouvernance162
Sous-éléments de mesure
Existence d’une  Nombre d’objectifs Approche intégrée et systémique se
(de) stratégie(s) reposant sur deux principes de
 Hiérarchisation de ces bonne Gouvernance :
définissant objectifs. /
clairement les cohérencel’absence de  visibilité en identifiant des
principaux contradiction entre les objectifs stratégiques
objectifs,
objectifs des
 Agir dans le cadre d’un
processus de  Existence d’éléments processus qui vise la cohérence
obligatoires
passation de
Leadership stratégique

marchés publics.  Nombre d’acteurs différents


consultés pour l’élaboration
de la stratégie

Equilibre:  Nombre d’organismes Transparence :


Adoption d’un publics différents recueillant
processus  Communication des données
clairement défini des données sur les
pour le recueil et processus de passation de  Publication des statistiques
la publication des marchés publics ou
données relatives
auxquels les acheteurs du
à la performance
des processus de secteur public sont tenus de
passation des fournir des données
marchés publics
concernant ces processus.

161
Document de référence pour cette analyse : document de réflexion sur les indicateurs de
performance des marches publics -direction de la gouvernance publique et du développement
territorial- comité de la gouvernance publique - OCDE 11 et 12 février 2012.
162
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage. Il s’agit d’éléments d’analyse, d’interprétation et
de réflexions qui pourraient alimenter la quête du juste équilibre entre l’universalisation, la
souveraineté, la responsabilisation et l’appropriation tout en signalant la compatibilité des
rapports d’engagements de gouvernance envisagés et mutualisés entre les Etas et les
Organisations Internationales.
Ces engagements devraient mettre en exergue, confiance et conscience, performance
économique, investissement, innovation d’un côté et transparence, intégrité, redevabilité et
anticipation d’objectifs, d’action et de mesure d’un autre côté.
S’agit-il, ainsi, des composantes fondamentales sur lesquelles repose la détermination de
concevoir et d’appliquer les préalables nécessaires pour atteindre le chemin de la Bonne
Gouvernance et la tendance vers la réalisation de ses principes?

146
 Nombre d’organismes
publics différents publiant
des statistiques sur les
processus de passation des
marchés publics
 Existence d’une unité spécialisée ou d’une  Evaluation : Institution dédiée pour
institution officielle procédant à des évaluer les écarts entre les objectifs
évaluations formelles de la mesure dans
et les résultats
laquelle les systèmes de passation des marchés
publics ont atteint les objectifs fixés (énoncés,
le cas échéant, dans la stratégie)

 Pourcentage (valeur) des dépenses liées à des


contrats publics d’achat de biens / de services /
de travaux publics utilisées comme référence

 Pourcentage moyen d’économies réalisées par


le biais de procédures concurrentielles ouvertes
(à l’exclusion des enchères en ligne)
 Pourcentage moyen d’économies réalisées par
le biais d’enchères en ligne
 Le montant des économies correspond à la
différence entre le prix de réserve et le prix
d’attribution, le niveau du prix de réserve étant
en principe aligné sur le coût d’achat dans le
Economies

cadre d’une négociation directe avec le


fournisseur le plus facilement accessible. La mesure des économies réalisées
 Pourcentage moyen d’économies réalisées au
moyen de mécanismes (concurrentiels) de
groupage des demandes (accords-cadres, par
exemple)
 Les économies correspondent à la différence
(en pourcentage) entre le prix de réserve et le
prix d’adjudication
 Variation moyenne (en pourcentage) du prix
d’adjudication (indépendamment du type de
procédure d’achat) entre les années t et t+1
Consiste à mettre en place des stratégies d’achat Evaluation des avantages
Marchés publics durables Marchés

propres à limiter au maximum les répercussions


environnementaux potentiels
négatives sur l’environnement.
Conclusions principales d’un projet de recherche –
intitulé RELIEF10 cofinancé par la CE, qui vise à Appui chiffré de recherche
publics verts

évaluer scientifiquement les avantages


environnementaux potentiels de l’adoption, à scientifique
l’échelle européenne, de stratégies d’achat
respectueuses de l’environnement. Comme
l’électricité verte, qui permettrait d’économiser
l’équivalent de 60 millions de tonnes de CO2, ce
qui représente 18 % des réductions de gaz à effet
de serre auxquelles s’est engagée l’UE au titre du
Protocole de Kyoto.

147
Marchés publics socialement responsables Englobe des aspects très hétérogènes. Au nombre Des principes universels affirmés
des volets sociaux qui reviennent le plus souvent
dans les législations de travail
figurent :
a) Le bien-être des travailleurs (exemples :
respect des normes fondamentales du travail, santé Interrogations :
et sécurité au travail, accès à la formation, accès à
une protection sociale de base) ;
b) Aspects relatifs à la problématique Ecart entre les différentes
hommes-femmes (parité et non-discrimination,
économies dans le monde quant au
respect du principe de l’égalité de traitement entre
les hommes et les femmes, et notamment d’une respect de ces principes.
rémunération égale pour un travail de valeur égale)
;
c) Lutte contre les discriminations fondées
sur d’autres critères que le sexe (âge, handicap,
religion et opinions, orientation sexuelle, etc.)
d) Accessibilité.
Pourcentage (nombre et Pourcentage Vérification des aspects
Aspects des marchés publics relatifs à la

valeur) de contrats d’achat (nombre et valeur) environnementaux et sociaux pris


attribués dans lesquels les de contrats d’achat en considération.
aspects techniques attribués dans
concernant l’environnement lesquels l’ensemble Interrogations :
sont pris en compte dans les du cycle de vie ou Vérification documentaire suivant
critères de sélection ou les coûts sur le les clauses contractuelles
durabilité

d’attribution cycle de vie sont


explicitement pris Quid de la phase d’exécution des
en considération marchés publics ?
Tout en prenant en compte les
effets et les impacts qui ne se
mesurent pas instantanément, ni en
référence aux dispositions des
contrats

Les PME jouent un rôle majeur dans l’économie et L’esprit et la philosophie des
Participation des petites et moyennes entreprises (PME) aux

le marché du travail à l’échelle mondiale,


dispositifs d’évaluation sur lesquels
puisqu’elles représentent par exemple 98 % des
entreprises de l’Union européenne, dont 92.2 % reposent les recherches s’avèrent
d’entreprises de 10 salariés au maximum. Les
être concentrés sur une
responsables publics s’intéressent donc de plus en
plus aux barrières qui peuvent les empêcher considération d’un ensemble
d’accéder aux marchés publics.
d’exceptions qui pourraient être
marchés publics

Dans la mesure où les marchés publics représentent attribuées aux PME par rapport à un
jusqu’à 13.4 % du PIB des pays de l’OCDE, ces certain nombre de principes
barrières peuvent avoir une incidence importante
non seulement sur la part des marchés publics s’agissant essentiellement de la
attribuée aux PME, mais aussi sur la création concurrence et de la discrimination
d’emplois.
à l’instar des marchés réservés.

148
Alors que les marchés publics représentent des taux extrêmement importants dans
la quasi-totalité des économies tout en ayant des répercutions directes sur la croissance
économique d’un pays, il est indéniablement judicieux de signaler que les risques de
mauvaise gouvernance qui menacent l’équilibre général et la stabilité économique
s’avèrent se situer, en concentration remarquable, dans le secteur des marchés publics.
Ceci expliquerait, entre autres, l’importance accrue de la mesure et de l’évaluation
de la performance d’un pays à travers, singulièrement, la mesure de la performance
des marchés publics.
Comme il a été signalé à plusieurs reprises à travers cet examen mené afin
d’analyser le positionnement de la mesure de la performance des marchés publics dans
la gouvernance publique d’une économie, la consubstantialité de la recherche et du
développement, tout comme l’indissociabilité de ces deux domaines par rapport à ceux
de l’innovation, de l’intelligence et de l’apprentissage s’avèrent constituer des
compositions qui répondent à une conjugaison substantiellement requise pour une
gouvernance meilleure.
Ceci étant, ces configurations et ces rapports s’établiraient convenablement une
fois les liens de redevabilité entre pouvoirs publics et gouvernés se consacreraient et
que les examens qui visent le maintien de la légitimité se superposent en ce qui
concerne les relations de gouvernance infranationale tout comme pour les rapports de
gouvernance qui s’identifient au niveau supranational.
Par ailleurs, le montage et la configuration de la commande publique devraient
certes, s’appuyer sur une démarche systémique suivant un processus qui conjugue
diagnostic et analyse des besoins, programmation, procédures, passation, exécution,
etc.
En revanche, l’évaluation de la performance du marché, de son impact sur tous les
niveaux et sur l’ensemble des dimensions de gouvernance, la maîtrise de la
négociation, l’innovation et notamment l’insertion du marché dans la composition
d’une stratégie ou d’une politique générale avec toute transparence et suivant un
objectif d’efficacité et de bonne gestion des dépenses publiques ou en d’autres termes
d’une meilleure gouvernance des finances publiques, s’avèrent constituer des
préalables, des exigences et des garanties pour assoir une meilleure gouvernance
intégrale.

149
D’où, l’exemple de l’innovation dans les marchés publics représente un cas
d’espèce qui fournirait des données susceptibles d’apporter des éléments de
considération et de témoignage quant à la valeur ajoutée qui pourrait être enregistrée
au niveau de la structuration de la gouvernance touchant ainsi non seulement les actes
et les acteurs de la gouvernance notamment les OI, mais également la manière avec
laquelle la gouvernance est pratiquée.

150
B. Deuxième chapitre: La Gouvernance recommandée : un processus
imposé.

A ce niveau d’analyse de ces conflits de gouvernance entre les différents niveaux


et intervenants nationaux et internationaux, il semble opportun de signaler qu’il existe
une mauvaise contractualisation des valeurs de la Bonne Gouvernance qui pourrait
être remarquée au travers des engagements mutuels des Organisations Internationales
(section première) et des États.
Il s’avère également que l’appropriation envisageable de la Bonne Gouvernance
pourrait être déstabilisée sous prétexte de s’aligner aux prescriptions des Organisations
Internationales (section deuxième).

a. Section première: Mauvaise contractualisation des valeurs


de la Bonne Gouvernance.
En fait, le témoignage possible de cette mauvaise contractualisation des valeurs de
la Bonne Gouvernance pourrait être présenté à travers deux illustrations d’ordre
pratique touchant l’austérité et l’aide au développement en tant que deux domaines
favorables à la mesure aussi bien des engagements internationaux que de l’effectivité
internationale en matière de transmission normative ou morale des principes de la
Bonne Gouvernance d’un côté.
D’autre côté, il serait également envisageable d’entreprendre une analyse de la
mise en application de la bonne gouvernance en tant que champ favorable à la mesure
de l’effectivité des Organisations Internationales.
Ceci étant, quelques constatations pourraient concerner la mesure de l’effectivité
des OI sauraient identifier la nature, la manière et l’étendue de la gouvernance et ce, à
travers un essai de qualification de la tendance d’engagement de l'État qui pourrait
moduler la portée de l'effectivité des OI et l’opérationnalisation de la BG.

151
En effet, la configuration de ces constatations pourrait être, en fonction des
conclusions de mes recherches, illustrée comme suit163 :

Tendance d'Engagement de l'État Tendance d'Effectivité de l'Organisation


Internationale

Indicateur Niveau Rythme et tendance

Familles Catégories Tendance générale Influence Droit de regard Effectivité

Coopération
5 Ascendante 5 Moyenne 5 Moyen 7 Forte
/Intégration
Transfert de 5 Ascendante 5 Moyenne 5 Moyen 5 Moyenne
compétences

Intergouverneme 3 Descendante 3 Faible 3 Faible 3 Faible


Champs de
ntale
mesure
Fortement
Communautaris 7 7 Forte 7 Fort 10 Remarquable
Ascendante
me
Compétences
3 Descendante 3 Faible 3 Faible 3 Faible
nationales
Souveraineté 6 Stable 3 Faible 3 Faible 3 Faible
Majorité
5 Ascendante 5 Moyenne 5 Moyen 5 Moyenne
Représentati qualifiée
vité et Unanimité 3 Descendante 1 Très faible 1 Très faible 1 Très faible
Méthodes de Rôle du
vote au sein 5 Ascendante 5 Moyenne 5 Moyen 7 Forte
parlement actif
des organes Rôle du
des OI parlement 3 Descendante 3 Faible 3 Faible 3 Faible
consultatif
Opposabilité
5 Ascendante 7 Forte 7 Fort 7 Forte
normative
État de droit
Opposabilité 5 Ascendante 5 Moyenne 5 Moyen 5 Moyenne
Juridictionnelle
Economique 5 Ascendante 7 Forte 7 Fort 10 Remarquable

Politique 5 Ascendante 5 Moyenne 5 Faible 3 Faible

Social 5 Ascendante 5 Moyenne 5 Moyen 5 Moyenne


Domaines
d'action Sécuritaire 5 Ascendante 7 Forte 7 Fort 9 Très forte
démocratie et
5 Ascendante 7 Forte 7 Fort 7 Fort
État de droit
Droit de
5 Ascendante 7 Forte 5 Moyen 5 Moyenne
l'Homme

163
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

152
Ainsi, cette tendance qui semble envisager l’établissement d’un lien de
gouvernance entre l’engagement de l’État d’un côté et l’effectivité des OI de l’autre,
pourrait, selon mon interprétation des résultats de mes recherches, être visualisée
comme suit164:

Tendance d'engagement de l'État modulant la portée de l'effectvité des OI


35

30

25 10
10 9
7 7
20 5
7 7
Portée de la transformation de l'effectivité des OI

5 7 5 5 3 5
15 7 7 7 7 5
5 5 3 5 5 5 5 5
10 3 7 3 3 3
5 5 3 3 3 5 5 3 7 5 7 5 5 7 7 7
5 3 3 1
1 3
5 5 7 6 5 1 5 5 5 5 5 5 5 5 5
3 3 3 3
0

Social
Economique
Intergouvernementalité

Rôle du parlement actif

Politique

Sécuritaire

démocratie et Etat de droit


Coopération /Intégration

Compétences nationales
Communautarisme

Unanimité
Souveraineté

Droit de l'Homme
Opposabilité normative
Transfert de compétences

Majorité qualifiée

Rôle du parlement consultatif

Opposabilité Juridictionnelle

champs de Compétences
Champs de mesure représentativité et règle
Étatde Domaines d'action
Méthodes de vote au droit
de et
sein des organes des OI juridiction
droit
Tendance et périmétres de mesure d'engagement de l'État

Tendance Influence Droit de regard Effectivité

5=Ascendante 5=Moyenne 5=Moyenne


3= Descendante 3= Faible 5=Moyen 3= Faible
6 = Stable 7 = Forte
1= Très Faible 3= Faible
7 = Fortement Ascendante 1 = Très faible
7 = Forte 7 = Fort 9 = Très Forte
1=Très faible 10 = Remarquable

En effet, la recherche et la qualification qui intéressent aussi bien la nature que les
formes et les périmètres de délimitation des compétences des OI et des États en ce qui
concerne non seulement les relations existantes, mais également les synergies prévues
et les conflits imprévus qui surgiraient entre eux, pourraient se révéler à travers les
dimensions et les mécanismes de mesure et d’évaluation qui se dessinent en quatre
catégories.

164
Ibid.

153
D’abord, il s’agit de la constatation, de l’analyse et de la mesure de l’effectivité
des intervenants nationaux et internationaux.
Ensuite, la deuxième catégorie de ces dimensions d’évaluation s’attribue à la
mesure de l’appropriation, de la désappropriation ou de déliement.
Puis, la troisième catégorie concerne la mesure de l’existence de facteurs et des
préalables de l’autodétermination chez l’État auprès des acteurs internes
gouvernementaux et non gouvernementaux.
Enfin, la quatrième mesure est relative à l’émergence d’initiatives et de bonnes
pratiques internes d’innovation initiées au-delà de la tutelle internationale.

154
Sous-section première : Les politiques d’Austérité et d’Aide au
Développement : Les OI en quête d’effectivité pour une meilleure
gouvernance étatique.

Les politiques d’austérité (paragraphe premier) et d’aide au développement


(paragraphe deuxième) pourraient constituer deux domaines aussi bien d’illustration
de l’intervention des Organisations Internationales que d’évaluation de leur effectivité.
Cette mesure de l’effectivité internationale pourrait également témoigner d’une
mauvaise gouvernance étatique.

Paragraphe premier: Les politiques d’austérité : mauvaise gouvernance


étatique ou ineffectivité internationale : Quelle responsabilité pour les OI?

L’austérité est prévue en tant que mécanisme ou plus précisément une conduite
recommandée par les OI afin d’attester aux gouvernements des pays concernés un bon
pilotage quant au rythme et au processus de développement et leur permettre ainsi une
maîtrise d’indicateurs tant économique que politique et social.
Ceci étant, ces attestations prévues et administrées dans un cadre aussi bien
bilatéral que multilatéral, en indiquant un groupement régional ou universel d’États,
permettraient d’offrir les garanties nécessaires d’une BG générale d’un pays qui a trait
à la dimension économique et à toutes les questions d’ordre politique et social et
particulièrement celles relatives à la pauvreté, au chômage et aux restrictions possibles
aux libertés publiques et privées.
En effet, certaines particularités pourraient être illustrées à travers les relations
d’influence expliquant les directives issues de la gouvernance recommandée et qui
pourraient générer des situations conflictuelles aussi bien à l’échelle interne du pays en
question qu’au niveau externe quant aux liens présumés avec les acteurs
internationaux concernés et conjugués soit à travers une appartenance totale ou
partielle ou sous forme d’une coopération élémentaire ou avancée.

155
Force est de constater, qu’à ce niveau, il faut signaler que dans la mesure ou une
quête aussi bien de confiance que d’engagements pour instaurer des garanties, de la
couverture et de la solidarité s’escompterait entre les États et les OI, il serait
indispensable de mettre en lumière les rapports d’imposition entrepris afin d’inciter les
pays tant en développement que développés à affronter les problèmes économiques
impactant négativement, au niveau interne, la relation entre gouverneur et gouvernés
et à l’échelle internationale celles qui les relient avec les OI surtout celles à vocation
financière.
Ceci étant, le tableau synoptique des principes et des règles fondamentales de
transparence des finances publiques tel qu’établi par le Fonds Monétaire International
en 2007 dresse ci-dessous un ensemble de recommandations en la matière visant
l’amélioration de la gouvernance financière qui demeure un pilier essentiel pour une
bonne gouvernance aussi bien économique qu’intégrale.
Principes Règles fondamentales
Définition claire des attributions et des responsabilités
1.1 Le secteur de • Un tableau institutionnel publié fait clairement
l’administration publique apparaître la structure du secteur public, et énumère
doit être distinct du reste du toutes les entités de l’administration publique,
secteur public et du reste de ventilées par niveau, et toutes les sociétés publiques.
l’économie, et la répartition • La portée et le but de toutes les activités quasi
des attributions au sein du fiscales sont expliqués.
secteur public en matière de • Les recettes et les responsabilités sont clairement
décision et de gestion doit réparties entre les différents échelons des
être claire et rendue publique. administrations publiques.
1.2 La gestion des finances • Les fonds publics ne peuvent être dépensés sans que
publiques doit s’inscrire dans la preuve de leur affectation par le pouvoir législatif
un cadre juridique, ne soit portée à la connaissance du public.
réglementaire et administratif • Le recouvrement des recettes est régi par des lois et
clair et ouvert. règlements clairs et facilement accessibles.

Processus budgétaires ouverts


2.1 La préparation du budget doit • Un projet de budget réaliste est présenté à la
suivre un calendrier établi et législature conformément au calendrier prescrit.
obéir à des objectifs de • Les coûts et les effets prévisibles des nouvelles
politique budgétaire et mesures de dépenses et de recettes proposées sont
macroéconomique bien clairement expliqués.
définis. • Un cadre budgétaire pluriannuel cohérent, fondé sur
des hypothèses économiques réalistes, est fourni.

2.2 L’exécution, le suivi et • Le suivi des recettes, des engagements, des


l’information budgétaires paiements et des arriérés peut être fait efficacement.
doivent faire l’objet de • Les comptes définitifs audités et les rapports d’audit
procédures claires sont présentés aux autorités législatives et publiés
dans un délai d’un an.

156
Accès du public à l'information
3.1 Le public doit être pleinement • La documentation budgétaire couvre
informé de l’activité financière l’intégralité des activités budgétaires et
passée, présente et prévue et des extrabudgétaires de l’administration centrale,
principaux risques financiers. la situation budgétaire des collectivités
territoriales et les finances des sociétés
publiques.
• Les informations publiées sur l’administration
centrale comprennent des détails de sa dette,
de ses ressources financières et naturelles
importantes et de ses obligations non liées à la
dette et passifs éventuels.

3.2 Les informations financières • Les propositions principales et le contexte


doivent être présentées de manière économique du budget sont expliqués
à satisfaire aux besoins de clairement au public.
l’analyse des politiques et à • Les recettes, dépenses et financements sont
promouvoir la responsabilisation. présentés sur une base brute, avec une
ventilation économique, fonctionnelle et
administrative des dépenses.
• Les résultats des programmes de
l’administration centrale sont présentés à
l’organe législatif.

3.3 Un engagement public de diffuser • La loi exige la publication d’informations à


en temps voulu des informations jour.
sur les finances publiques doit être
pris.
Garantie d'intégrité

4.1 Les données budgétaires doivent • Les pratiques comptables satisfont aux
être conformes aux normes de normes généralement acceptées.
qualité reconnues. • Les comptes définitifs correspondent
parfaitement aux crédits ouverts et les
résultats globaux correspondent aux
prévisions.
• Les pays adhèrent au SGDD (système général
de diffusion des données) s’ils ne sont pas en
mesure d’adhérer à la NSDD (norme spéciale
de diffusion des données).
4.2 Les activités financières doivent • Les normes de passation de marchés, celles
être soumises à des sauvegardes et visant les opérations financières auxquelles
à un contrôle interne effectif. participe le secteur public et les normes
déontologiques concernant les fonctionnaires
sont claires, accessibles au public et observées
dans la pratique.
• Les procédures d’audit interne sont claires.
4.3 Les informations relatives aux • Une instance nationale d’audit indépendante
finances publiques doivent être du pouvoir exécutif remet aux autorités
soumises à un examen extérieur. législatives et au public (avec une périodicité
au moins annuelle) des rapports récents sur
l’intégrité financière des comptes de
l’administration publique.

Source : FMI (2007). Manuel sur la transparence des finances publiques

157
Ceci étant, le FMI explique le rapport entre la transparence financière, la BG et la
sortie des crises économiques et financières à travers les documents d’orientation et de
recommandation.
D’où, le manuel sur la transparence des finances publiques constitue un document
de conseil et d’orientation tout en notant que « la transparence des finances publiques
contribue également à mettre en lumière les risques qui peuvent peser sur les
perspectives budgétaires, et peut ainsi favoriser une réaction plus rapide et mieux
adaptée à l’évolution des conditions économiques et réduire du coup l’incidence et la
gravité des crises ».165
Cependant, la crise multidimensionnelle touchant en particulier les domaines
économiques et financiers vécue ainsi par plusieurs pays lors de la crise financière et
économique mondiale de 2008 constitue l’exemple le plus bouleversant quant au
positionnement de l’État face à l’OI aussi bien d’appartenance statutaire que faisant
partie des entités qui émettent des orientations et des recommandations d’ordre
économique et financier en la matière.
Par ailleurs, une controverse, paraît-il, pourrait exister entre ceux qui agissent
contre les plans d’austérité et ceux qui défendent et légitiment ainsi le recours à des
mesures restrictives tout en indiquant les avantages des politiques de rigueur
économique qui dictent l’obligation de se soumettre à des démarches économique
drastiques afin de garantir une sortie de crise présumée de nature tant économique que
politique.
Ainsi, une interrogation capitale mérite d’être posée afin d’expliquer les liens qui
pourraient exister entre les deux processus relatifs à la recommandation de la BG en
tant que méthode ou mécanisme ou même un mode de vie ou de bonne gestion des
affaires publiques d’un côté et l’appel initié pour appuyer l’alignement à l’austérité
comme une sortie obligatoire de crise ou une issue orientée prétendant s’opposer à la
mauvaise gouvernance économique de l’autre.

165
Fonds Monétaire International. Manuel sur la transparence des finances publiques
(2007).

158
De ce fait, une question pourrait se poser en étayant une double portée suivant la
quelle pourrait-on s’interroger d’abord sur quel degré pourrait-il être enregistré du
caractère obligatoire qui s’identifie à travers l’appel à adopter les politiques de rigueur
et la réaction étatique des pouvoirs publics de l’État concerné?
Ensuite peut-on dans une seconde cadence s’interroger sur quelle réaction interne
pourrait-elle être exprimée par les acteurs non étatiques et ce, quant à la mesure des
effets et de l’impact qui pourraient être enregistrés en admettant la poursuite ou
l’appropriation des mesures préconisées ?
Ceci étant, la question d’identifier les responsabilités demeure également de taille
car, la situation de crise s’identifie certainement à des causes objectivement vérifiables
étant donné que l’imputabilité s’oriente forcement vers les dirigeants publics qui
seraient, mutatis mutandis, redevables des situations de la gouvernance générale du
pays aussi bien économique que politique et ce, indépendamment des répercutions qui
seraient tant positives que négatives.
Ainsi, l’imputabilité interne qui engage la responsabilité des gouvernants
nationaux et infranationaux n’empêcherait pas d’engager une responsabilité
supranationale dans la mesure où les OI demeureraient un garant de la BG non
seulement au niveau des recommandations, mais également en ce qui concerne les
dimensions préventives et éventuellement répressives ou dissuasives en cas de
mauvaise gouvernance.
Toutefois, afin de répondre à ces interrogations, il faut se rendre à l’évidence qui
nous permettrait d’affirmer que le point de rapprochement entre les deux processus
tant de dissuasion que de persuasion ne pourrait pas être identifié qu’uniquement dans
la mesure où il serait vérifié moyennant une interprétation relative à la finalité de
l’intervention d’une OI et ce, indépendamment du modèle entrepris qu’il s’agisse d’un
appel à l’austérité ou à se soumettre aux directives de la BG.

159
Le travail de codification et de développement progressif du droit de la
responsabilité internationale mené par la commission du droit international a laissé en
suspens la question de la responsabilité des OI166 lors de l’étude engagée sur la
responsabilité des États.
D’où, il ressort de cette affirmation que chaque intervention d’une Organisation
Internationale pourrait être expliquée ou même légitimée sans avoir recours à une
consultation entre les deux parties concernées.
Or, la commission du droit international « n’exclut pas pour autant que certains
principes ou règles du droit international puissent s’appliquer lorsque la question de la
responsabilité d’une organisation, que ce soit pour fait illicite ou pour dommage sans
faute, se pose en droit interne ».
Par conséquent, il s’avère que les plans d’austérité suivent un cheminement
bidimensionnel pour qu’ils soient dictés sous l’égide d’une action collective pilotée
par une OI ou bien ordonnée directement par les instances d’une OI à laquelle l’État
concerné pourrait ou ne pas pouvoir en faire partie.
En fait, les appels à la conduite de rigueur économique ou à la soumission à une
politique d’austérité sont souvent accompagnés par une justification économique qui
tend à réaliser une certaine relance à l’économie étatique en question.
En revanche les explications et les arguments donnés tantôt par des économistes
recommandés par les instances compétentes dans une Organisation internationale
tantôt par l’État lui-même qui se justifie par rapport au choix unilatéralement adopté
pour une sortie de crise afin de relancer l’économie et remettre sa croissance en
marche ne paraissent pas apporter l’appui nécessaire à ces politiques de rigueur
économique.

166
Projet d’articles sur la responsabilité de l’état pour fait internationalement illicite 2001,
Article 57 sur la responsabilité d’une organisation internationale.
« Les présents articles sont sans préjudice de toute question relative à la responsabilité
d’après le droit international d’une organisation internationale ou d’un Etat pour le
comportement d’une organisation internationale » Texte adopté par la Commission du droit
international a sa cinquante-troisième session, en 2001, et reproduit dans Documents
officiels de l’Assemblée générale, cinquante-sixième session, Supplément n° 10 (A/56/10).
Le texte reproduit ci-dessus est repris de l’annexe à la résolution 56/83 de l’Assemblée générale
en date du 12 décembre 2001.

160
En effet, l’oscillation entre relance et austérité, ainsi déployée sous différents
prétextes et diverses explications, pourrait se conjuguer suivant cette forme de choix
indépendamment qu’il soit imposé ou volontairement admis par les autorités
gouvernementales compétentes qui négocient, approuvent et faire subir le cas échéant
à l’État les hypothèques dites nécessaires pour l’intérêt général.167
A ce niveau, l’interrogation qui se poserait est celle d’identifier quel processus
serait-il adéquat et quelles démarches seraient-elles appropriées pour que les
gouvernants puissent légitimer leur gouvernance en priorisant des choix au nom des
États qu’ils gouvernent et auxquels ils appartiennent ?
Consentis souvent entre décideurs et dirigeants politiques appartenant
respectivement aux gouvernements et instances de décision de l’OI à laquelle ils
appartiennent en tant que représentants de l’État membre, ces choix de recourir à
l’austérité s’identifient en tant que démarche accompagnant le pilotage des
orientations économiques ou comme une condition dictée par les bayeurs de fonds qui
promettent à cet État de lui fournir l’appui financier nécessaire pour asseoir une BG
intégrale.

167
http://dessinemoileco.com/austerite-ou-relance-comment-choisir/
Conçu et réalisé par : Sydo, Agence de conseil en pédagogie spécialisée dans la création de
solutions pour faciliter l’apprentissage. www.sydo.fr
«Austérité ou relance, comment choisir?
Pour diminuer le poids de sa dette par rapport à son PIB, un État peut mener soit une
Politique d’austérité, soit une politique de relance, en faisant varier ses dépenses et ses
impôts.
Ce choix est influencé par la valeur d’un indicateur appelé multiplicateur. Pour certains
économistes, comme Keynes, ce multiplicateur est forcément supérieur à 1: l’État devrait
donc mener une politique de relance, c’est-à-dire augmenter ses dépenses pour augmenter
son PIB…
L’augmentation des dépenses publiques et donc de la dette a entrainé une augmentation
des dépenses privées et a conduit à une augmentation encore plus forte du PIB de l’État :
sa dette a augmenté moins vite que son revenu.
Pour d'autres économistes, le multiplicateur est inférieur à 1. En effet, selon eux,
lorsqu’un état augmente ses dépenses, les ménages subissent ou redoutent l’augmentation
des impôts. Ils vont donc préférer épargner leur supplément de revenus plutôt que
le dépenser. Cet argent ne sera pas réinjecté dans l’économie, et l'augmentation des
dépenses publiques conduira à une baisse ou à une augmentation moins forte des dépenses
privées: la dette de l’État augmentera alors plus vite que son revenu.
L’État devrait donc suivre une politique d’austérité, c’est à dire baisser les dépenses
publiques et/ou augmenter les impôts.
Les économistes sont toujours débattus de la manière de calculer les multiplicateurs.
Aujourd'hui, de nombreux économistes (dont ceux du FMI) pensent que les
multiplicateurs seraient supérieurs à un : les États devraient donc se tourner vers une
politique de relance.
Cependant, cette politique paraît risquée pour de nombreux pays, car si le multiplicateur
n’est en réalité pas supérieur à un, cela pourrait avoir de lourdes conséquences sur
l’économie et sur la dette. »

161
L’amalgame semble avoir de significations multiples.
D’abord, l’aide financière qui s’avère souvent dissimulée sous forme de prêts pour
un État et accompagnée par des conditions tels qu’acheminées par les bailleurs de
fonds pourrait nuire au fonctionnement de la solidarité présumée entre les membres
d’une OI qui est censée intervenir afin d’absorber la crise économique et financière
subit par cet État faisant partie de son périmètre statutaire d’appartenance.
Ensuite, les choix tels que pris et adoptés par les dirigeants de l’État qui subit une
crise de nature économique et financière, visant notamment à se prévaloir des
démarches d’austérité ou de politiques de rigueur économique, pourraient réduire la
légitimité de représentativité de ces dirigeants et remettre en question les gages de
confiance et de crédibilité qui leurs étaient accordés en concordance avec aussi bien
l’ordre public que l’intérêt général dans le pays en question.
D’où, la légitimité du positionnement de ces dirigeants dépendra d’une part, de
l’évaluation des attributions et des missions qui leurs ont été accordées en termes de
sagesse, de redevabilité et de transparence dans la prise des décisions de nature
économique ou politique et de la mesure de l’impact enregistré au niveau de la
gouvernance générale étatique d’autre part.
Ceci étant, l’aggravation de la situation de la gouvernance d’un pays au regard
d’une crise économique pourrait multiplier les pertes non seulement en termes
économique et financier, mais également de nature sociale et politique et affectent par
conséquent les liens de gouvernance entre gouvernant et gouverné.
Par ailleurs, le consensus de Washington, tel qu’il a été identifié, appuyé,
interprété et critiqué par les économistes et les écoles de pensées qui défendent
d’autres démarches et suivent par conséquent d’autres modèles, adopté par le Groupe
de la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, est un ensemble de
mesures appliquées aux économies en difficulté face à leur dette.

162
En fait, ce consensus reprend les idées présentées en 1989 sous la forme d'un
article édité par l’économiste John Williamson168.
L'un des arguments en faveur de ce programme de réformes qui ont trait
principalement à la gouvernance économique et financière est l'existence
d'administrations étatiques pléthoriques et parfois corrompues.
Tout en notant que ce consensus, indépendamment qu’il soit identifié ou perçu en
tant qu’un ensemble de pensées raisonnées collectivement ou une forme de dictature
de la majorité qui demeure volontairement admise ou involontairement imposée,
certains économistes appartenant à d’autres écoles de pensées ont critiqué ce modèle
ce qui a mené, entre autres, à sa transformation.
D’ailleurs, pour confirmer les rapports entre corruption, austérité et mauvaise
gouvernance, J. Stieglitz affirme que « Si les spéculateurs ne pouvaient gagner de
l’argent qu’aux dépens des autres spéculateurs…. Ce qui rend la spéculation lucrative,
c’est l’argent qui vient des Etats soutenus par le FMI. Quand le FMI et l’État brésilien,
par exemple, ont dépensé, fin 1998, près de 50 milliards de dollars pour maintenir le
taux de change à un niveau surévalué, où est allé l’argent ?

168
Un train de réformes Consensus de Washington : un bref historique et quelques
suggestions John Williamson -Finances & Développement Septembre 2003
« Les dix réformes sont les suivantes :
1) Discipline budgétaire. Dans presque tous les pays d’Amérique latine, les déficits
budgétaires étaient considérables, entraînant des crises de la balance des
paiements, et l’inflation élevée pénalisait surtout les pauvres, car les riches
pouvaient transférer leur argent à l’étranger.
2) Redéfinition des priorités en matière de dépenses publiques. Il s’agissait de
réorienter les dépenses au profit de la croissance et des pauvres, en abandonnant
les aides discrétionnaires, par exemple, au profit des soins de santé de base, de
l’éducation et des infrastructures.
3) Réforme fiscale. L’objectif était d’établir un régime combinant une large assiette
fiscale et des taux d’imposition marginaux modérés.
4) Libéralisation des taux d’intérêt.
5) Taux de change compétitif.
6) Libéralisation du commerce.
7) Libéralisation des investissements directs en provenance de l’étranger.
8) Privatisation.
9) Déréglementation. Il s’agissait en particulier d’assouplir les barrières à l’entrée et
à la sortie des marchés, et non d’abolir les règles de sécurité ou de protection de
l’environnement (ni le contrôle des prix dans les secteurs non concurrentiels).
10) Droits de propriété. L’objectif premier était de donner au secteur informel la
possibilité d’obtenir des droits de propriété à un coût acceptable (idée inspirée de
l’analyse d’Hernando de Soto). ».

163
Une grande partie a fini dans la poche des spéculateurs. Certains spéculateurs
peuvent gagner, d’autres peuvent perdre, mais les spéculateurs en tant que groupe font
un gain égal aux pertes de l’État. En un sens, c’est donc le FMI qui les maintient en
activité. »169
En effet, selon d’autres penseurs « la bonne gouvernance élargit les bases sociales
de la rationalité, c’est-à-dire de l’ajustement libéral. Les normes sociales qu’il
convient d’établir sont là pour que soient respectés la propriété et les contrats. Voire
pour que l’austérité soit acceptée par les populations ». 170
Par ailleurs, il s’avère que la légitimation de la rigueur et des politiques
encourageant l’austérité dans les pays en développement comme dans les économies
développées reposerait sur deux facteurs essentiels.
En premier lieu, il s’agit d’une prise en considération du fait que la responsabilité
étatique tant de la conception que de la conduite et de la mesure de l’impact de ces
politiques d’austérité soit collective en ce sens qu’elle devrait être aussi bien attestée
que menée par tous les acteurs étatiques et non étatiques.
En deuxième lieu, il serait judicieux, pour des perspectives de prise en compte de
la responsabilité entière des OI par le droit international et afin d’assurer une meilleure
contractualisation des valeurs de la BG, que les OI assumeraient une certaine
imputabilité pour aussi bien les échecs de la gouvernance étatique que l’ineffectivité
internationale face au développement des effets et des impacts de la mauvaise
gouvernance tels qu’enregistrés par l’ensemble des actes qui alimenteraient la
corruption dans ces différentes dimensions.

169
Joseph E. Stiglitz, La grande désillusion, éd. Fayard, Paris, 2002. Édition originale:
Globalization and Its Discontents, W.W. Norton, New York, 2002
170
Jean-Marie Harribey, La « bonne gouvernance » ou l’allocation des ressources par le
marché, c’est le non développement assuré, FSE Florence – 8 novembre 2002
http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/soutenabilite/gouvernance.pdf

164
Paragraphe deuxième: L’Aide au Développement : Ingérence légitimée
pour une bonne gouvernance imposée.
Pour que les idées précédemment avancées et démontrées, en ce qui concerne les
raisons réelles qui alimenteraient les politiques d’austérité, soient confirmées et
davantage illustrées, l’aide au développement telle qu’acheminée vers les pays en
développement et telle qu’initiée et conçue dans un cadre tant bilatéral que
multilatéral pourrait, suivant une approche d’analogisme, représenter également un
domaine favorisant l’examen des comportements et des réactions des OI et des États
dans une cartographie de gouvernance caractérisée par l’incertitude et la fragilité.
Ainsi, l’aide au développement représente un champ qui pourrait constituer un
espace d’observation et de constatation des pouvoirs de régulation et d’influence qui
s’avère être disposé et maîtrisé par les OI.
Par conséquent, il convient de signaler que l’intervention des OI dans le domaine
de l’aide au développement paraît être modelée en fonction de l’objectif recherché,
proclamé ou présumé et ce, compte tenue des particularités et du positionnement aussi
bien géostratégique qu’économique de chaque destinataire et de tout initiateur
intervenant singulièrement171ou solidairement172 de l’aide au développement.
En outre, le champ d’application de l’aide au développement pourrait avoir un lien
tant direct qu’indirect avec la BG dès lors qu’une forme d’appui au développement
soit acheminée et se justifie pour soutenir l’emploi des mécanismes et des dispositifs
de bonne gouvernance s’agissant de la manière de conduite des politiques et
programmes publics à titre d’exemple.
En effet, l’aide au développement pourrait également, en tant que telle, constituer
un domaine d’observation pour un examen de conformité ou de mesure par rapport
aux exigences de régularité et de normalisation liées à l’application des normes et
dispositifs juridiques, institutionnels et techniques d’une BG et ce, au regard des
principes et standards sur lesquels repose la BG notamment dans sa dimension
comportementale.

171
Il s’agit, notamment et comme il a été démontré dans les paragraphes précédents, des
initiatives qui sont acheminées de la part des États dans un cadre de coopération bilatérale.
172
Contrairement à l’agissement ou à la pratique d’acheminement des initiatives d’aide au
développement précédemment démontrées, il s’agit d’une pratique reposant sur la solidarité
suivant un cheminement plutôt collectif dans un cadre multilatéral sous l’égide d’une
Organisation Internationale.

165
Ceci étant, les constatations et les considérations qui pourraient intéresser l’aide
au développement en se mesurant à la BG, convoitent la reconnaissance de
l’engagement en légitimité et en performance des acteurs principaux de la scène
politico-économique internationale à savoir, en particulier, l’État et toutes les autorités
de gouvernance nationale et infranationale, les Organisations Internationales avec ses
diverses vocations et dimensions d’intervention et les Acteurs Non Gouvernementaux
nationaux et internationaux.
Par conséquent, la considération de la BG en tant que mode de gestion prétendant
efficacité et efficience de l’aide en question pourrait constituer un prétexte particulier
permettant ainsi d’explorer les pistes de transposition de plusieurs dispositifs
multidisciplinaires de nature politique, économique, sociale ou culturelle dictés ainsi
d’une façon unilatérale par les acteurs concernés suivant une démarche multilatérale
ou dans le cadre d’un cheminement bilatéral de l’aide au développement.
Selon la définition du Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE,
l’Aide Publique au Développement "l’APD" est constituée par « tous les apports de
ressources qui sont fournis aux pays et territoires sur la liste des bénéficiaires d’APD,
ou à des institutions multilatérales, et qui répondent aux critères suivants :
i. Émaner d’organismes publics, y compris les États et les collectivités locales, ou
d’organismes agissant pour le compte d’organismes publics ; et
ii. Sachant que chaque opération doit en outre :
a) avoir pour but essentiel de favoriser le développement économique et
l’amélioration du niveau de vie des pays en développement ;
b) et être assortie de conditions favorables et comporter un élément de
libéralité au moins égal à 25 % (sur la base d’un taux d’actualisation de 10
pour cent). »173
Par ailleurs, parmi les principaux actes internationaux qui encadrent l’aide au
développement afin de la rendre efficace et d’introduire la BG au niveau de sa mise en
œuvre, s’identifie la déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide. 174

173
http://www.oecd.org/fr/cad
174
« La Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide a été entérinée le 2 mars 2005 au
Forum de Haut Niveau par des ministres, des responsables d'organismes d'aide et d'autres
hauts fonctionnaires représentant quelque 60 pays partenaires et plus de 50 institutions
bilatérales et multilatérales de développement qui s’est tenu à Paris entre le 28 février et le
2 mars 2005» Organisation de Coopération et de Développement Economiques(OCDE)
Direction de la Coopération pour le Développement. Comite d'Aide au Développement
DCD/DAC/EFF(2005)1/FINAL

166
Force est de constater que les principes mis en lumière au niveau de la déclaration
de Paris à savoir l’appropriation, l’harmonisation, les résultats, l’alignement et la
responsabilité mutuelle, pourraient constituer, d’emblée, comme il a été démontré
précédemment, des préalables et des fondements faisant partie intégrante des
composantes principales de la Bonne Gouvernance.
Selon les dispositions de la déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, les
engagements attribués conjointement aux donateurs et aux pays partenaires en matière
d’efficacité de l’aide s’articulent autour de cinq principes qui s’identifient comme
suit :
« Appropriation : Les pays partenaires exercent une réelle maîtrise sur leurs
politiques et stratégies de développement et assurent la coordination de l’action à
l’appui du développement.
Alignement : Les donneurs font reposer l’ensemble de leur soutien sur les
stratégies nationales de développement, les institutions et les procédures des pays
partenaires. Dans la continuité du principe d’appropriation, l’alignement demande que
les pays bénéficiaires soient les véritables acteurs de leur développement.
Harmonisation : Les actions des donneurs sont mieux harmonisées et plus
transparentes et permettent une plus grande efficacité collective. Il s’agit de réduire la
complexité des procédures d’octroi et de gestion de l’APD.
Gestion axée sur les résultats : Les ressources sont gérées et le processus de
décision amélioré en vue d’obtenir des résultats.
Responsabilité mutuelle : Les donneurs et les pays partenaires sont responsables
des résultats obtenus en matière de développement. Ce principe entend concrétiser un
lien réel de partenariat entre les bailleurs de fonds et les pays bénéficiaires ».
Dans ce même cadre qui établit ses principes, la déclaration de Paris prévoit dans
son paragraphe 38 que les pays partenaires s’engagent à « progresser dans la mise en
place d’institutions et de structures de gouvernance propres à assurer une bonne
gestion des affaires publiques et à garantir à leur population protection, sécurité et
accès équitable aux services sociaux de base175 ».
Ainsi, ces principes ou/et fondements constituent une référence à travers laquelle
se base cette déclaration et se justifie par conséquent la volonté d’introduire
l’efficacité au niveau de l’aide au développement.

175
“Déclaration de Paris sur l’Efficacité de l’Aide au Développement “, Paris, 2005, p 10.

167
En revanche, il convient néanmoins de préciser que, pour des considérations
d’interprétation, l’abstention d’apporter les mêmes réflexions pourrait affecter
l’alignement qui figure également au niveau de l’intitulé de la déclaration de Paris,
raison pour la quelle une double interprétation pourrait, donc, être avancée.
En effet, si l’alignement se présente d’une part, en tant qu’une simple
subordination et mène à un conditionnement de soumission faisant partie des
exigences qui s’établissent entre les bailleurs de fonds et les bénéficiaires dans les
liens d’aide ou d’assistance qui se nouent bilatéralement ou multilatéralement, il ne
pourrait pas, par conséquent, être considéré en tant que principe ou préalable à réaliser
l’efficacité.
En plus, si d’autre part, l’alignement s’explique au contraire par une disposition
aussi bien de la part de l’expéditeur que du destinataire de l’aide au développement
d’établir une entente traduisant ainsi une volonté mutuelle nécessaire pour servir la
bonne mise en œuvre de l’aide, cette explication demeure néanmoins tributaire de la
bonne foi et de la volonté des deux parties.
Ceci étant, selon l’argumentation adoptée par les rédacteurs de la déclaration de
Paris «la promotion du développement,…afin de réformer nos modalités
d’acheminement et de gestion de l’aide…une augmentation significative de l’efficacité
de l’aide est également nécessaire pour soutenir les efforts déployés par les pays
partenaires en vue de renforcer la gouvernance et d’améliorer les résultats obtenus
sur le front du développement. »176
Ensuite, les garanties d’une bonne exploitation de l’aide répondant à des
exigences d’efficacité, d’efficience et d’effectivité, ne pourraient pas
systématiquement être assurées.
Selon les études menées par le Comité d’Aide au Développement (CAD) qui
relève de l’OCDE, deux catégories représentent une cible particulière de l’aide au
développement. Il s’agit des pays les moins avancés d’une part et des pays pauvres
très endettés de l’autre.

176
Extrait de la partie I relative à l’exposé des résolutions de la Déclaration de Paris sur
l'efficacité de l'aide au développement de 2 mars 2005.

168
Par ailleurs, l’OCDE dans la recommandation du CAD (Comité d’Aide au
Développement (CAD) sur le déliement de l’aide publique au développement aux
pays les moins avancés et aux pays pauvres très endettés définit le déliement de
l’aide comme suit: « L’aide non liée est une aide qui est fournie dans le cadre d’un
processus permettant l’exercice d’une concurrence ouverte au niveau international
(par exemple, à travers la procédure de l’appel à la concurrence internationale). A
l’inverse, l’aide liée consiste à réserver les marchés à des fournisseurs du pays
donneur, celui qui apporte cette aide. »177
D’où, la tendance choisie par les contractants de l’aide au développement serait
chaque fois tributaire des orientations conjoncturelles qui répondent tantôt à des
exigences économiques, tantôt à des préoccupations d’ordre sécuritaire et ce, en
fonction des crises qui parviennent, des risques qui se prospectent ou des priorités
internationales qui s’affirment.
Ainsi, ces priorités s’identifient par rapport à des intentions ou en fonction des
intérêts et seraient parfois alimentées par des soucis qui se partagent en souscription et
se manifestent notamment à travers les menaces à la vie humaine qui se traduisent en
actes qui heurtent les écosystèmes, transforment la nature et affectent l’environnement.
Ainsi, la quasi-totalité d’actes et de politiques à l’échelle internationale semble
orientée de plus en plus à faire reposer l’Aide au Développement en action, en choix et
en lignes directrices sur la question de l’environnement.
Il s’avère que les questions qui intéresseraient les changements des modes, des
politiques et des modèles de gouvernance s’interposent en alignement et en
développement avec les périodes transitoires.
Ainsi serait-il pertinent ou opportun à ce niveau d’analyse d‘évoquer la question
allouée aux transitions de nature démocratique, technologique, sociologique,
socioéconomique et socioculturelle pour admettre une transition plutôt de nature
environnementale et énergétique qui permettrait de revoir ou de repenser la manière de
gouverner ?

177
Recommandation du CAD (Comité d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE) sur
le déliement de l’aide publique au développement aux pays les moins avancés et aux pays
pauvres très endettés ; 25 avril 2001 – DCD/DAC(2001)12/FINAL telle que modifiée les
15 mars 2006 – DCD/DAC(2006)25 et DCD/DAC/M(2006)3 ; 25 juillet 2008 –
DCD/DAC(2007)41/REV1 et DCD/DAC/M(2008)5

169
Ceci étant, cette orientation fait notamment allusion à l’ensemble des
interrogations qui intéressent progressivement le changement climatique, les énergies
renouvelables, la croissance verte, etc. ce qui représente une configuration qui
prendrait de l’ampleur dans tous les événements et les rencontres de dialogue et
d’échanges tant politiques qu’économiques aussi bien à l’échelle nationale qu’au
niveau international.

En revanche, ce qui susciterait énormément de questions réside dans le fait


d’inscrire l’ensemble de ces interrogations partiellement ou intégralement par rapport
aux épreuves liées directement ou indirectement à la gouvernance dans ses deux
dimensions politique et économique.

Par ailleurs, force est de constater que les questions relatives à l’environnement 178
et au développement durable telles qu’affirmées par l’OCDE se classent parfois en tant
que préoccupation particulière dans l’ordre du conditionnement qui chiffre et identifie
la valeur et la taille de l’intervention internationale notamment en ce qui concerne les
aides au développement ou les autres formes d’assistance ou d’appui véhiculées dans
un cadre aussi bien bilatéral que multilatéral.

D’où, la déclaration de Doha sur le financement du développement qui


représente une suite d’enchainement, d’évaluation et de mise en œuvre par rapport à la
conférence internationale de suivi sur le financement du développement, mobilisée
afin d’examiner la mise en œuvre du Consensus de Monterrey179

178
OCDE (2015), coopération pour le développement 2015 : Mobiliser les ressources au
service du développement durable, Éditions OCDE, Paris, 2015.
179
La Conférence internationale sur le financement du développement s'est tenue du 18 au
22 mars 2002 à Monterrey (Mexique). Il s’agit de la première conférence organisée par
l'Organisation des Nations Unies autour des grandes questions relatives au financement et
au développement qui a réuni 51 chefs d'État et de gouvernement, plus de 200 ministres,
des représentants du secteur privé et de la société civile et des hauts responsables des
principales organisations intergouvernementales financières, commerciales, économiques et
monétaires.

170
Ainsi, le point 9 du chapitre, relatif à la mobilisation des ressources financières
nationales au service du développement, de la déclaration de Doha, vient confirmer
la volonté des déclarants de tisser des liens forts entre l’appropriation nationale de la
conception des stratégies de développement et la Bonne Gouvernance d’un côté, la
mobilisation des ressources financières nationales et la croissance économique d’un
autre. 180
En effet, cette affirmation a été déclarée suivant les termes suivants : « Nous
réaffirmons que la prise en main et la maîtrise des stratégies de développement par les
pays et la bonne gouvernance sont des facteurs importants pour la mobilisation des
ressources financières nationales et pour la promotion d’une croissance économique
soutenue et d’un développement durable. Dans ce contexte, nous devrions tenir
compte des caractéristiques et spécificités des différents pays. »
Ce qu’il pourrait être retenu suite aux différentes configurations de l’aide publique
au développement au niveau international, c’est qu’au-delà des déclarations et de
bonnes intentions qui animeraient probablement ou certainement tant les discours que
les politiques aussi bien au niveau de la gouvernance étatique qu’à l’échelle de celle
conduite par les OI en ce qui concerne l’apport et la contribution de l’aide au
développement acheminée dans le cadre d’une dynamisation prétendue de la
coopération internationale, il demeure opportun de présenter le signalement suivant.
La conformation d’une meilleure gouvernance de solidarité internationale de par
la manière, les comportements et la performance soutenue et souhaitée quant au
cheminement des processus décisionnels, redditionnels et d’application, requiert
l’existence, l’impulsion et la concrétisation d’un ensemble d’objectifs.
En effet, ces objectifs sont étroitement liés à la gouvernance et semblent être
essentiels pour assurer une meilleure adéquation entre la volonté des gouvernants tant
à l’échelle internationale qu’au niveau national, les aspirations des gouvernés et les
exigences de la transformation voire de l’innovation revendiquée dans les différents
niveaux et les divers secteurs de la gouvernance.

180
La Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, chargée
d’examiner la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, qui s’est tenue à Doha du 29
novembre au 2 décembre 2008, et de l’adoption par les participants de la Déclaration de
Doha sur le financement du développement.

171
Par conséquent, une énumération possible de ces objectifs pourrait se configurer
en trois catégories principales.
Premièrement, il s’agit de la catégorie qui regroupe le meilleur ciblage des
secteurs, des mécanismes et des moyens d’intervention, la concrétisation par des
actions mesurables et tangibles et l’appropriation des démarches et méthodes de
pilotage.
Deuxièmement, la seconde catégorie concerne l’effet d’entrainement et de
multiplication quant à la généralisation des meilleures pratiques, les garanties d’une
bonne et transparente communication quant aux résultats réalisés tant qualitatifs que
quantitatifs et la coordination des projets et programmes initiés et conduits pour le
compte du même secteur d’intervention et par rapport aux bénéficiaires actuels,
prétendus et candidats potentiels.
Troisièmement, la dernière catégorie s’identifie à la mise en place de dispositifs
assurant l’engagement et l’application des parties prenantes notamment celles
appartenant à la sphère qui ne gouverne pas et à la classe qui ne détient pas les
pouvoirs de décisions tant nationaux qu’internationaux.
Il ressort de ce qui précède également que la tendance de plus en plus affirmée en
ce qui concerne l’aide au développement se repère particulièrement dans la
considération voulue ou subie du positionnement de la partie nationale qui constitue la
bénéficiaire éventuelle de l’aide.
En fait, cette tendance pourrait dans une lecture générale constituer une préférence
octroyée à la responsabilisation des parties nationales comme elle pourrait dans une
lecture contraire ou différente indiquer un certain désengagement des instances et
entités internationales explicite ou tacite laissant tout particulièrement régner
l’arbitrage aux gouvernements nationaux à subir des crises économiques et financières
ou se prévaloir des atouts nationaux afin de s’auto-prévenir contre ses dites crises.

172
Or, il semble, par déduction à la fois préliminaire et théorique, que les États qui se
dirigent volontairement ou par nécessité vers l’aide au développement auraient épuisé
toutes les possibilités invoquant le déploiement des dispositifs nationaux qui auraient
pu permettre une autosatisfaction ou éventuellement une sortie de crise par ses propres
moyens ce qui met en évidence les impacts négatifs d’un désengagement éventuel de
la part des entités internationales émettrices éventuelles de l’aide qui auraient les
potentialités convoitées pour soutenir les économies des pays qui expriment la
nécessité d’en servir.
La question qui se pose ainsi, est relative à la capacité et aux aptitudes d’un État
qui se situe dans la catégorie des pays en développement à garantir tous les atouts de
résistance sans l’appui des donneurs et des entités potentiellement identifiées à fournir
de tel soutien dans les conjonctures internationales et régionales ou nationales qui ne
soient pas favorables au développement.
Ceci étant, il demeure judicieux de noter que la raison d’être des consensus
exprimés dans les déclarations de conduite et d’engagement de gouvernance de l’aide
au développement telle acheminée sous l’égide des Nations Unies, prétend à soutenir
les économies réceptrices à constituer les piliers nécessaires et à instaurer un
environnement politique et économique propice à la configuration et à la mise en
application de la Bonne Gouvernance.
Par ailleurs, il paraît que cette constatation rejoint parfaitement la même tendance
exprimée à travers la déclaration de Paris, par rapport à laquelle, il semble
remarquable de noter que la BG aurait été doublement recommandée.
D’une part, les deux parties concernées par l’aide au développement entendues
précédemment par l’expéditeur d’un côté et le destinataire de l’autre, ont convenu de
reposer cette aide au développement sur les principes de la Bonne Gouvernance.
D’autre part, la gestion et la répartition des fonds issus de cette aide au
développement devraient être soumises également aux principes de la Bonne
Gouvernance.

173
Sous-section deuxième : Le rythme d’internationalisation de la BG semble
difficilement accommodé, mal approprié et peu équilibré.
Bien que plusieurs organismes internationaux se veulent convaincus de la
standardisation des mécanismes et dispositifs relatifs à la gouvernance en termes d’une
internationalisation (dans un premier paragraphe, une illustration de cette constatation
sera présenter au travers d’une approche conduite par l’OCDE), il s’avère que
l’effectivité représente non seulement un domaine adéquat pour mesurer le degré
d’engagement des OI et le niveau d’application de leurs recommandations, mais
également un champ de constatation et d’évaluation quant à l’appropriation de ces
mécanismes et dispositifs à l’échelle nationale et infranationale (via un deuxième
paragraphe, cet aspect de mesure de l’effectivité internationale pourrait apporter les
significations nécessaires et les examens qui pourraient témoigner du degré de
l’accommodation et de l’appropriation des dispositifs de gouvernance recommandés
par ces instances internationales).
Paragraphe premier : L’interdépendance entre la gouvernance publique et la
croissance inclusive : une pratique recommandée par l’OCDE. Quid des écarts de
gouvernance ? Et quel positionnement pour les économies fragilisées ?
Dans sa vision d’établir et de promouvoir une gouvernance publique pour une
croissance inclusive, telle qu’identifiée dans le schéma suivant, l’Organisation de
Coopération et de Développement Economiques considère la participation et
l’engagement des parties prenantes notamment le citoyen et le monde des affaires en
tant que préalables et seraient ainsi préconisés dans l’identification des politiques
publiques.
Par conséquent, les besoins et les priorités de ces acteurs devraient être pris en
considération dans tout le cycle et au travers de tout le processus touchant ainsi les
différents niveaux de gouvernance, toutes ses disciplines, toutes ses dimensions, tous
ses secteurs et tous ses démembrements aussi bien en ce qui concerne la prise de
décision que pour l’opérationnalisation des choix pour lesquels tous les acteurs publics
devraient être appelés à engager toutes les parties prenantes et à prendre en compte
leurs besoins et priorités tant dans la conception que dans l’implémentation et
l’évaluation des politiques, projets et programmes publics.

174
Les fondements de gouvernance de la croissance inclusive 181

Source: Policy Shaping and Policy Making: the Governance of Inclusive Growth Background report

En outre, pour que les gouvernements s’orientent vers une Croissance Inclusive,
l’OCDE leur préconise l’adoption d’une approche intégrée sur laquelle repose tout le
cycle d’une politique où aussi bien la conception que la prise de décision se fondent
sur une qualité supérieure d’information et suivant un alignement de la vision, de la
motivation et des mécanismes de prestation.
Cela implique deux dimensions, l’une engage l’élaboration des politiques où les
outils et les processus du secteur public seraient renforcés et alignés aux résultats de la
croissance inclusive, tandis que pour l’autre dimension, il s’agit de la configuration
des politiques à partir de laquelle les institutions et les pratiques seraient reposées sur
l’ouverture, la transparence, l’intégrité, la redevabilité et l’inclusion.

181
Adaptation à partir de la source indiquée (en anglais).

175
Il s’avère que cette disposition des politiques telle qu’identifiée par l’OCDE
revient à établir les préalables, les conditions et les éléments d’accompagnement qui
pourraient être nécessaires et qui devraient former les fondements d’une politique qui
tend à répondre aux exigences de la BG suivant une démarche bidimensionnelle.
Tandis que l’une pourrait intéresser le contenu, l’autre est destinée pour le
contenant ou la mise en forme à partir desquels serait configurée une politique
publique dans l’optique d’une meilleure croissance ou une gouvernance publique
suivant l’approche de la croissance inclusive.
Ainsi, cette configuration du cycle des politiques et des rapports
d’interdépendance, telle qu’adoptée par l’OCDE, entre la gouvernance publique et la
croissance inclusive s’identifie plus particulièrement au niveau du schéma suivant qui,
en fonction de la composition des trois phases qui forment le cycle de la gouvernance
des politiques à savoir, la conception, puis l’implémentation et enfin l’évaluation,
saurait clarifier une confirmation des liens de corrélation qui existent entre les
dispositifs d’adoption des principes de la BG tels que signalés.
En fait, ces principes concernent particulièrement la participation, la redevabilité,
la coordination et la cohérence des politiques d’une part.
Cette confirmation de connexion se met en évidence d’autre part, en termes
d’application de ces principes et ce, par le bais de mécanismes appropriés qui reposent
sur une démarche axée sur les résultats, les objectifs, la performance et une formule
d’engagement collectif basé principalement sur un dénominateur commun raisonné à
travers le qualificatif inclusif vers lequel s’aligneraient les institutions et les pratiques
s’agissant le cas échéant du secteur public.
D’ailleurs, suivant cette même tendance adoptée par l’OCDE afin d’appuyer la
croissance inclusive, la réunion du comité de pilotage de l’initiative MENA-OCDE
pour la gouvernance et l’investissement à l’appui du développement qui s’est tenue à
Rabat au Maroc le 9 novembre 2015 s’est fixée un cadre de référence et d’objectifs
consacré à la question de "l’intégration régionale pour une croissance inclusive".
Il paraît que les dimensions couvertes par cette initiative et ayant trait au même
souci relatif à l’interdépendance entre gouvernance publique et croissance inclusive
seraient axées plutôt sur des thèmes et des caractéristiques d’ordre général et ne
pourraient pas par conséquent mener à une évaluation objective.

176
Ceci étant, les principaux objectifs qui ont été fixés pour le nouveau mandat
(2016-2020) de cette initiative dans sa composante relative à la gouvernance publique
sont énumérés comme suit et ce, tout en étant liés aux Objectifs de Développement
Durable (ODD), et en particulier l’objectif n°5 relatif à l’égalité entre les sexes et
l’objectif n°16 portant sur l’accès à la justice pour tous et la construction d’institutions
efficaces, responsables et inclusives.
« La promotion d’un agenda de gouvernement ouvert, inclusif et transparent, par
l’appui aux efforts de formulation et de mise en œuvre d’agendas nationaux du
gouvernement ouvert, l’importance d’une implication constante des citoyens, des
femmes et des jeunes, de la société civile et du secteur privé dans ces initiatives a été
soulignée.
Le renforcement de l’État de droit, grâce à l’amélioration des cadres législatifs, du
fonctionnement des institutions juridiques et de la possibilité pour les populations
d’exercer leurs droits.
Le renforcement de l’intégrité et de la lutte contre la corruption pour raviver la
confiance dans les institutions publiques, par le biais d’institutions indépendantes plus
fortes, capables de mieux promouvoir l’intégrité et de construire des cadres globaux de
lutte contre la corruption.
L’amélioration du fonctionnement des institutions et processus gouvernementaux
en ce qui concerne les procédures de gestion publique financière, afin de mieux
articuler les objectifs et les budgets pour obtenir de meilleurs résultats à savoir
moderniser les marchés publics, renforcer les partenariats Publics-Privés, améliorer la
gouvernance de l’eau et la gestion des risques.
L’implication d’institutions variées du gouvernement dans la promotion d’une
meilleure gouvernance, et notamment l’association systématique des institutions
indépendantes et du Parlement dans les initiatives nationales de réforme.
Le renforcement de la participation active des femmes à la vie publique, qu’il
s’agisse de l’administration publique, de l’élaboration des politiques publiques, des
Parlements nationaux ou des conseils locaux. Y contribuent aussi l’adoption de
politiques prenant en compte l’importance de l’égalité hommes/femmes, les efforts
d’intégration de cette dimension dans les politiques de toute l’administration, et la
suppression ou la réforme des pratiques de discrimination.

177
Une meilleure prise en compte des questions liées à la jeunesse dans la
gouvernance publique, afin d’en tenir compte dans les réformes et permettre la mise en
place de politiques pangouvernementales permettant d’améliorer la confiance des
jeunes dans les institutions. Les organisations de jeunes devront aussi être davantage
intégrées dans les activités du Programme. Le soutien à la gouvernance locale à travers
un appui aux autorités nationales et infranationales pour une organisation optimale des
ressources et des compétences à l’ensemble des niveaux de gouvernement au cours des
processus de décentralisation tout en veillant à une participation effective des citoyens
(et tout spécialement des femmes) aux politiques publiques locales »182.
Ceci étant, il paraît qu’il existe deux nuances majeures à prendre en considération
par rapport aux efforts de constatations qui pourraient être alloués à cette
interdépendance entre gouvernance publique et croissance inclusive.
Tout d’abord, il s’agit d’une différenciation au niveau de la disposition des
systèmes de gouvernance étatiques à s’approprier ces différentes recommandations qui
visent l’instauration de la croissance inclusive.
Il semble opportun de signaler l’existence des niveaux de maturité non seulement
sur le plan des politiques économiques mais également par rapport à tout les processus
de décisions politiques et administratives qui permettraient soit d’accompagner
efficacement cette tendance vers la croissance inclusive soit de constituer un obstacle
supplémentaire qui empêcherait de l’atteindre.
Ensuite, il s’agit d’une distinction entre les ordres économiques qui suppose
d’avoir deux lignes de considération allouée d’une part à la configuration solidaire
présumée chez l’OI, en l’occurrence l’OCDE, avec ses membres, et d’autre part, à la
configuration singulière des Etats de la région MENA, le cas échéant.
D’où, malgré le positionnement des pays concernés au niveau de cette initiative
de bonne gouvernance pour le développement, telle que soutenue par l’OCDE, la
disposition souhaitée demeure tributaire d’une qualification fragile pour des raisons
qui concernent tant les dysfonctionnements des systèmes politiques et économiques
que la mauvaise gouvernance qui caractérise les processus de conception,
d’implémentation et d’évaluation des politiques publiques ce qui explique en quelques
sortes la fragilité des économies des pays en développement, s’agissant de cette
illustration de coopération avec l’OCDE.

182
www.oecd.org/fr/sites/mena/Agir_avec_MENA.pdf

178
Or, selon l’OCDE, le processus de développement des politiques publiques et la
logique tridimensionnelle selon laquelle ce processus s’établit suivant la conception,
l’implémentation et l’évaluation paraît soutenir ces considérations particulières. Ainsi,
les leviers de la gouvernance qui générerait de la Croissance Inclusive s’identifient comme
suit.183

183 Source: Policy Shaping and Policy Making: the Governance of Inclusive Growth Background report.

179
Au regard de la répartition tripartite précédemment identifiée en ce qui concerne
la conception, l’implémentation et l’évaluation des politiques à travers laquelle la
gouvernance de la croissance inclusive se régénère, une attention a été portée aux
modes, mécanismes et temps suivant lesquels s’établissent l’évaluation des politiques
publiques selon l’OCDE et en fonction d’un référencement à la manière de
gouvernance.
En fait, pour mieux évaluer une politique publique, deux bases d’inscription
temporelle ont été identifiées suivant lesquelles tandis que l’une est ex ante, l’autre est
ex post.
En effet, suivant la première illustration, trois mécanismes d’évaluation sont
considérés.
En premier lieu, il s’agit de l’évaluation de l’impact réglementaire qui désigne
l’évaluation des impacts de la réglementation future contre un ensemble d’effets de
nature économique et liés aux coûts de la régulation et aux impacts sur la croissance
inclusive.
En deuxième lieu, il s’agit des impacts budgétaires qui nécessitent une évaluation
typique du coût des programmes futurs ou des mesures politiques. Cette évaluation est
axée sur les implications des finances publiques et pourrait engager également des
audits a priori ou des autorisations de programmes.
En troisième lieu, il s’agit des rapports établis par les comités de conseil qui
désignent les rapports consultatifs sur les options de politiques possibles. Ce
mécanisme d’évaluation pourrait être préparé par des autorités compétentes à l’instar
des comités d’investigation en Suède ou les commissions de productivité en Australie
qui offrent des choix et des options de politiques d’évaluation pour les gouvernements
et pourrait avoir une importance capitale par rapport à la croissance inclusive.
Quant à la deuxième illustration, s’agissant de la conduite ex post d’évaluation,
quatre mécanismes d’évaluation sont considérés.
D’abord, il s’agit de l’audit de la performance qui désigne une revue d’objectif
conduite par une institution d’audit interne ou externe afin d’évaluer si les objectifs
ont été atteints et éventuellement avec quel degré d’efficacité, d’efficience et
d’effectivité.

180
Ensuite, il s’agit de l’évaluation du programme qui désigne une évaluation en
profondeur d’un programme spécifique par rapport à la justification, à l’effectivité
dans l’atteinte d’objectifs, au coût de la prestation, aux modalités alternatives et aux
options d’efficience.
Puis, il s’agit d’une évaluation d’une politique spécifique qui désigne une
évaluation axée sur un ou plus des critères clés employés dans le programme
d’évaluation. Cette évaluation est employée comme un élément d’une revue des
échéances de l’exécution du programme.
Enfin, s’identifie la revue des coûts qui désigne une réévaluation extensive de la
disposition des ressources au niveau de la dépense publique dans un secteur entier et
ce, en référence aux nouvelles priorités, à l’effectivité dans l’atteinte des objectifs.
Cette évaluation est destinée à identifier « l’écart fiscal »pour les nouvelles priorités.
Par ailleurs, à la lumière de la disposition d’interdépendance entre croissance
inclusive et gouvernance publique suivant les trois phases de disposition à savoir la
conception, l’implémentation et l’évaluation, il serait indispensable d’apporter
quelques précisions sur la participation des parties prenantes notamment ceux qui
s’identifient à une catégorie d’appartenance non étatique.
En effet, une analyse a été conduite au niveau des pays de l’OCDE selon laquelle
il a été signalé que la participation des acteurs ou des parties prenantes n’est engagée
que dans une phase tardive dans le processus de réglementation.
Ainsi le schéma suivant démontre deux constats.
Bien que pour le premier constat, il s’agit d’une affirmation selon laquelle l’écart,
quant à la participation des parties prenantes dans le processus de réglementation, qui
existe entre la législation qualifiée de primaire ou originaire d’un côté et celle qui est
identifiée comme secondaire ou d’application de l’autre, semble de taille, l’intervalle
qui se situe entre leur engagement de participation dans la phase de rédaction des
projets de textes juridiques et dans celle de l’identification des problèmes et des
options de politique possibles s’avère nettement supérieur.

181
Ceci étant, un second ordre de constatation mérite d’être considérer. Il s’agit de la
participation des parties prenantes qui se penche pour le champ de la réglementation
subsidiaire et pour la phase de rédaction des projets plutôt que pour tout le processus.

Les pays engagent les parties prenantes dans la réglementation mais


uniquement d’une manière tardive dans le processus

Source: OECD Regulatory Policy Outlook 2015

182
Paragraphe deuxième : La Bonne Gouvernance recommandée justifie la
mesurabilité de l’effectivité internationale.
La mesure progressive de l’effectivité des OI moyennant la constatation des
composantes, des principes, des caractéristiques et des préalables de la BG pourrait
générer interaction et réciprocité de constatation et de considération entre les deux
champs de mesure aussi bien de la prédisposition nationale que de l’effectivité
internationale. Les principales constatations basées sur les recherches que j’ai
entreprises en matière de mesure d’effectivité s’identifient comme suit :184
Composantes permettant la mesure de Composantes permettant la mesure de la
l’effectivité interne gouvernance internationale
Base de prédisposition des systèmes de Base d’effectivité pour la promotion de
gouvernance nationaux la prédisposition interne

1) La Crédibilité des gouvernants dans 1. La visibilité quant au choix et


tous les niveaux de gouvernance politiques et ligne de conduite à
(nationale et infranationale). l’échelle internationale.
2) La Confiance mutuelle entre 2. Les capacités et aptitudes
gouverneurs (décideurs/dirigeants d’adaptation, de convergence et
politiques…) et gouvernés (citoyen, de conformité sont appropriées et
contribuable, clients…/société). développées.
3) La Légitimité des acteurs et 3. La pro-activité et la détermination
décideurs publics. sont traduites par des dispositifs
4) La décentralisation des pouvoirs d’application mesurables et
publics. réalisables.
5) État de droit, justice, équité et 4. L’appropriation des systèmes
égalité demeurent devises et lignes nationaux est garantie et pérennisée
de conduite des systèmes de 5. La coordination institutionnelle de
gouvernance nationaux l’intervention internationale au
6) Les mécanismes et dispositifs niveau national (plusieurs
redditionnels : intervenants internationaux et
 La Redevabilité. divers acteurs nationaux et
 L’imputabilité. infranationaux).

184
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

183
 La reddition des comptes. 6. L’Harmonie des politiques,
 La consultation publique. programmes et projets publics.
 La participation (démocratie 7. La représentativité interne et
participative). Externe.
7) La Transparence : 8. La Cohérence globale (juridique
 Disponibilité des données. et institutionnelle entre les
 Clarté des processus et procédures. approches régionales et
 L’accès à l’information. universelles et les démarches
 Garantie de communication nationales en termes de stratégies
spontanée. et de priorisation).
 Le Reporting (rapports d’auto-
évaluation, résultats d’audits, bilan
et statistiques…
 L’anticipation.
 L’Intégrité.
 L’État de droit.
 La Responsabilisation.
 La compétence et la méritocratie.
8) La mesure de la performance.

En effet, la configuration d’une démarche de mesure ou d’évaluation quant au


degré de l’effectivité internationale, pourrait également être représentée suivant une
disposition progressive de mesure qui fait l’injonction entre les côtés conceptuels et
opérationnels.
Cette progressivité de mesure de l’effectivité pourrait être représentée suivant une
configuration bipartite185.
D’abord, il s’agit de la conception qui désigne la performance d’anticipation
qui intégrerait plusieurs éléments comme la vision, la stratégie et les politiques et ce, à
travers l’identification d’objectifs et des orientations, la priorisation, l’exploration de
scenarios possibles et des alternatives potentielles, des facteurs et des variables de
changement.

185
Ibid.

184
Ensuite, c’est l’illustration et la traduction qui indique la performance
d’opérationnalisation à travers des projets et des programmes et en envisageant une
déclinaison de performance de partage répartie en trois niveaux.
Premièrement, c’est le processus de conception stratégique et politique d’ordre
national, local et international.
Deuxièmement, il s’agit du processus de mise en œuvre de nature technique
qui engage un cadre d’intervention d’expertise à travers un ensemble de dispositifs en
termes de statistiques, d’indicateurs, de critères et en introduisant des actions
d’interprétation et d’analyse des résultats.
Troisièmement, le dernier niveau de performance liée au partage concerne la
participation et ce, à travers un devoir de vigilance et un droit de regard.
En effet, ce dernier niveau saurait indexer à un cadre caractérisé par l’engagement
de plusieurs mécanismes qui s’identifient notamment à la citoyenneté, à l’arbitrage et
à l’appréciation commune et collective.
Par ailleurs, cette indexation telle que configurée dans le paragraphe précédent
s’alimenterait via une reconnaissance d’un ensemble de procédés qui nécessiteraient
une affirmation de lisibilité et de compréhension qui permettrait d’engager une
évaluation, une appréciation générale, un suivi de l’application des promesses, une
revendication qui vise l’amélioration d’un côté.
Ceci étant, cet engagement pourrait également, d’un autre côté, mener à la
constatation de mauvais scénarios, tels que la censure, le boycottage, l’isolement, le
clash et éventuellement la rupture.
Par ailleurs, il semble qu’il serait tant vrai que prouvable qu’entre méfiance qui
expliquerait l’inquiétude et nourrirait l’hésitation entre gouvernant et gouverné, les
craintes et la précipitation qui généreraient l’émergence d’idées reçues et des préjugées
et confiance qui créerait le besoin d’être rassuré, se développerait un écart qui semble
orienter l’acte de qualification de la tendance de la manière de gouverner et
remodèlerait les liens de gouvernance entre les sphères internationales, nationale et
infranationale.

185
En effet, la mauvaise gouvernance, la corruption et tous les phénomènes qui
pourraient entraver la réalisation d’objectifs en matière de BG, constitueraient des
champs d’analyse de cet écart non seulement entre la théorie et la pratique, mais
également entre la volonté normative ou d’assistance et d’orientation entreprise par les
OI et l’effectivité internationale qui pourrait témoigner de la réalisation et mesurer par
conséquent ces écarts.
Le tableau suivant constituerait un champ de mesure et de constatation quant à
l’examen d’un ensemble de systèmes internationaux par rapport aux dispositifs de
lutte contre la corruption qui intègrent la composante de la Bonne Gouvernance.
L’examen des systèmes internationaux au regard des dispositifs de lutte
contre la corruption intégrant la composante de la Bonne gouvernance
Organisations Internationales
ONU COE Union Africaine OCDE UE
Convention
Chapitre Conseil de l'Europe 1. Conférence des Conventi ACTE DU
VII Comite des Ministres chefs d’État et de CONSEIL
on sur la du 26 mai 1997
intitulé : 1) Résolution (98) 7 gouvernement-
Mécanis portant autorisation de créer trente-huitième lutte établissant la
mes l'accord partiel et élargi session ordinaire Convention
contre la établie sur
d’applica établissant le "GROUPE d'États de l’organisation
tion Contre la Corruption - GRECO" de l’Unité corruptio la base de
Article (adoptée par le Comité des Africaine 8 juillet l'article K.3
n paragraphe 2
63 2002 Durban
Ministres, le 5 mai 1998, lors de point c) du
Confére (Afrique du Sud) d’agents
nce des sa 102e session) Nouveau traité sur
publics l'Union
États Partenariat pour
approuvé par le Groupe européenne
Parties à le Développement étrangers
la Multidisciplinaire sur la de l’Afrique relative à la
dans les lutte contre la
Convent (NEPAD)
Corruption (GMC) corruption
ion des  Déclaration sur transacti
Nations (CM (98) 54 révisé, du 29 avril la gouvernance impliquant des
ons fonctionnaires
Unies démocratique,
1998 des
contre la politique, commerc
corruptio 2) Résolution (99) 5 économique et Communautés
iales européennes
n186 instituant le "GROUPE d'États des entreprises
Contre la Corruption - GRECO" 2. 6ème sommet du internati ou des
(adoptée le 1er mai 1999) comité des chefs fonctionnaires
onales des États
d’État et de
3) vingt Principes Directeurs pour gouvernement Conclue membres de
la lutte contre la corruption, chargé de la mise l'Union
à Paris le européenne
adoptés par le Comité des en œuvre du
Ministres lors de sa 101e Session NEPAD 9 mars 17 Journal
qui a eu lieu le 6 novembre 1997 2003 Abuja, officiel des
décembr Communautés
Nigeria
e 1997 européennes
25. 6. 97

186
Résolution 58/4 de l’Assemblée Générale du 31 octobre 2003- Nations Unies, Recueil
des Traités, vol. 2349, n° 42146

186
Dispositifs d’examen
ONU COE UA OCDE UE
Mécanisme d’examen GRECO-Objectifs : Mécanisme Africain Surveillan Dispositif
Objectifs : Veiller au respect des d’Evaluation par d’examens
ce et suivi
a) Promouvoir et renforcer principes directeurs et à particulier
les mesures visant à la mise en œuvre des les Pairs (MAEP) Les Parties 1. Adoptio
prévenir et combattre la instruments juridiques. un Programme n par les
coopèrent
corruption de manière plus Procédure accepté d'un États
efficace; d'évaluation commun accord pour membres
b) Promouvoir, faciliter et Cycles d'évaluation et adopté selon
mettre en
appuyer la coopération pour apprécier le volontairement leurs
internationale et respect, par les par les États œuvre un règles
l’assistance technique aux membres, des Principes membres de constituti
programm
fins de la prévention de la Directeurs et les autres l'Union onnelles
corruption instruments juridiques Africaine en vue e de suivi
c) Promouvoir l’intégrité, internationaux adoptés de promouvoir
systémati
la responsabilité et la conformément au et de renforcer
bonne gestion des affaires Programme d'Action des normes que.
publiques et des biens contre la Corruption.187 élevées de
publics. gouvernance.

187
IV. Quatrième cycle d'évaluation
Lancement : 1er janvier 2012
Thèmes examinés:
Prévention de la corruption des parlementaires, juges et procureur
* Principes éthiques et règles déontologiques
* Conflits d'intérêts
* Interdiction ou limitation de certaines activités
* Déclaration de patrimoine, de revenus, de passif et d'intérêts
* Contrôle de l'application des règles relatives aux conflits d'intérêts
* Sensibilisation
III. Troisième cycle d'évaluation
Lancement : 1er janvier 2007
Thèmes examinés:
* Les incriminations prévues par la Convention pénale sur la corruption, son Protocole
additionnel et le Principe directeur 2 de la Recommandation (97) 24
* La transparence du financement des partis politiques par référence à la Recommandation
du Comité des Ministres sur les règles communes contre la corruption dans le financement
des partis politiques et des campagnes électorales (Rec (2003) 4)
II. Deuxième cycle d'évaluation:
Lancement : 1er janvier 2003
Thèmes examinés:
* Identification, saisie et confiscation des produits de la corruption
* Administration publique et corruption (systèmes d'audit, conflits d'intérêts)
* Utilisation de personnes morales pour dissimuler les faits de corruption
* Législation fiscale et financière visant à lutter contre la corruption
* Liens entre corruption, criminalité organisée et blanchiment d'argent
I. Premier cycle d'évaluation
Lancement : 1er janvier 2000
Thèmes examinés:
* Indépendance et spécialisation des organes nationaux engagés dans la prévention de la
corruption et la lutte contre ce phénomène ainsi que les moyens mis à leur disposition
* Etendue et portée des immunités

187
ONU COE UA OCDE UE
- Rapport Le suivi par le L’évaluation par Groupe de
d’Autoévaluati GRECO les pairs est un 2. Notificati
travail
on, comprend : mécanisme
on au SG
- Evaluation par une procédure d'auto- de
les pairs d’évaluation « évaluation. du
l’OCDE
- Assistance horizontale » (tous Le mandat du
Conseil
technique les membres sont MAEP est de sur la
évalués dans le veiller à ce que l'accompli
corrupti
cadre d’un Cycle les politiques et
ssement
d’évaluation) pratiques des on dans
aboutissant à des États des
le cadre
recommandations participants se
procédure
dont le but est la conforment aux de
poursuite des valeurs s requises.
transacti
réformes convenues dans
nécessaires dans les quatre ons
3. Adoption
les domaines domaines précis
commer
législatif, d'intervention des
institutionnel et suivants : ciales
dispositio
pratique ; 1. démocra
internati
une procédure tie et ns de
de gouvernance onales et
droit
conformité dont politique,
conform
l’objectif est 2. gouvern internes
d’évaluer les ance ément
allant au-
mesures prises par économique,
au
les membres pour 3. gouvern delà des
mettre en œuvre ance des mandat
obligation
ces entreprises et
de ce
recommandations. développement s
groupe.
socio- conventio
économique. nnelles.

En termes d’application des conventions internationales liées notamment à la lutte


contre la corruption qui, au regard de sa dimension préventive fait intégrer
inévitablement la BG, le tableau ci-dessus pourrait fournir des informations sur la
configuration des dispositifs qui permettraient de mesurer le suivi et l’application
effective des conventions adoptées.
En effet, une remarque qui semble capitale mériterait d’être avancée. Il s’agit de la
distinction entre les dispositifs entrepris en vue d’assurer l’application ou
éventuellement l’appropriation des dispositions prévues et ce, en fonction de la nature
et de la pertinence de ces mécanismes et dispositifs d’une part.

188
Il ressort également d’après la configuration de ces dispositifs d’examen et
d’évaluation de chaque convention adoptée par les OI telles que mentionnées au
niveau du tableau ci-dessus dressé, que d’autre part, il existerait vraisemblablement
une distinction entre au moins deux catégories d’engagement de la part des pays ou
entités destinataires quant à l’effectivité des dispositifs d’examen et concernant les
garanties prévues afin d’assurer l’application des dispositions des conventions elles-
mêmes.
Abstraction faite de l’ensemble des restrictions et de contraintes de nature
juridique, liées essentiellement aux règles constitutionnelles de chaque pays et à la
condition de réciprocité, qui pourraient modeler aussi bien l’application des
dispositions prévues que les apports qui pourraient être assurés en vue de garantir
l’effectivité des règles applicables, il existe d’autres éléments qui pourraient intervenir
et façonner, par conséquent, l’application de ces normes internationales.
En effet, la première catégorie, s’agissant de la nature des dispositifs d’examen et
de leur effectivité en termes de garanties d’application des normes prévues, pourrait
s’identifier au niveau de la famille regroupant les dispositifs prévus par la convention
onusienne et l’accord GRECO qui ont prévus expressément et distinctement deux
dispositifs et deux institutions compétentes en la matière.
Par ailleurs, il serait opportun de signaler que le dispositif d’examen GRECO
s’applique de facto aux membres de l’UE et ce, étant donné que tous ses membres sont
statutairement membres du conseil de l’Europe où se développe originairement ce
mécanisme.
Ceci étant, la deuxième catégorie s’identifie au niveau de la deuxième famille
intégrant conjointement la convention de l’OCDE et celle de l’Union Européenne qui
ne s’avèrent pas inclure de dispositifs dédiés ni d’institutions qui soient mandatées
particulièrement afin d’assurer le suivi, l’évaluation et l’examen de l’application de
ces normes internationales.
En revanche, une deuxième distinction mérite d’être éclairée et qui se réfère à la
même distinction acheminée dans la catégorisation précédente.

189
En effet, concernant la considération ou les constatations qui pourraient être
allouées à la mesure de l’effectivité en termes d’application des normes internationales
dans cette matière relative à la prévention de la corruption tout en ayant des rapports
directement indexés aux dimensions de la bonne gouvernance, il se dégage l’aspect
contraignant prévu indifféremment aussi bien par la convention de l’OCDE que par
celle émanant de l’UE.
Ceci étant remarqué, indépendamment de l’application des sanctions prévues afin
d’assurer une application effective des normes prévues, il demeure indéniablement
intéressant de signaler qu’il existerait des limites qui touchent non seulement aux
garanties d’application des normes internationales, notamment celles relatives à notre
champ de recherche s’agissant singulièrement des normes relatives à la Bonne
Gouvernance, mais également à l’effectivité de ces normes.
Par conséquent, l’effectivité internationale telle que convoitée juridiquement et
institutionnellement semble souffrir de la faiblesse de concrétisation qui poserait des
soucis directs et futurs en termes d’effets et d’impacts qui pourraient être enregistrés et
qui auraient pu avoir un appui particulier pour toutes les phases d’appropriation qui
pourrait être établi progressivement chez les États concernés ayant, indistinctement,
statut de membres ou de non membres.
Une autre configuration pourrait être également établie à travers une confirmation
mutuelle de responsabilité qui saurait conjointement assumer par les OI et les États
pour l’adoption des mesures et des dispositifs liés à l’applicabilité des normes
susmentionnées relatives à la prévention de la corruption.
D’où, il s’avère adéquat de signaler que les mécanismes d’application et les
mesures d’accompagnement prévus par les normes internationales se répartissent en
deux catégories, alors que l’une se rapporte à un caractère organisationnel ou
organique, l’autre dispose d’une nature fonctionnelle et rend, par conséquent, à
l’ensemble des techniques et mesures entreprises en vue d’assurer la réalisation
d’objectifs annoncés et de permettre la coopération et la coordination de l’ensemble
des dispositifs juridiques et institutionnels prévus pour les mêmes fins et les utilités
semblables.
La Conférence des États Parties à la Convention des Nations Unies relative à la
lutte contre la corruption constitue en l’occurrence, l’incarnation de la première
catégorie relative à l’aspect organique.

190
Il s’agit, par conséquent, de l’organe qui s’attribut, selon les dispositions du
septième chapitre de la convention onusienne relative à la lute contre la corruption, les
fonctionnalités d’accompagnement, de coordination et essentiellement d’évaluation
qui demeure une composante partagée par plusieurs organismes internationaux.
Ainsi, selon le paragraphe 5 de l’article 63 de la convention onusienne relative à la
lutte contre la corruption, la conférence des États parties, dans sa mission d’évaluation
de l’application de la convention et de la réalisation des ses objectifs, se base sur les
rapports établis à cet effet et acheminés notamment à travers les mécanismes
complémentaires d’examen.
L’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime qui assure le secrétariat
de la conférence des États parties à la convention, sous la direction de la conférence,
représente un maillon essentiel dans le processus d’examen de l’application de la
convention onusienne contre la corruption.
En effet, ce qu’il peut être retenu du processus d’examen et en particulier du
dispositif du mécanisme d’examen de la convention réside dans la dimension de
l’autoévaluation qui constitue une étape non seulement capitale, mais forme également
la première composante de tout le processus d’examen.
En fait, cette composante de l’autoévaluation rejoigne un pilier essentiel de la
bonne gouvernance qui réside dans la dimension de l’appropriation et également celle
de la prédisposition qui demeure deux conditions essentielles pour bâtir le processus
de la redevabilité ou du mécanisme redditionnel.
En d’autres termes, selon les dispositions de la convention des Nations Unies
contre la corruption et en référence aux différents documents et guides techniques
produits en la matière notamment celui relatif au mécanisme d’examen, s’affirme le
positionnement primaire et originaire de l’autoévaluation dans le processus d’examen
et se complète à travers l’évaluation par les paires et éventuellement par les experts de
l’office des Nations Unies contre la drogue et le crime.

191
b. Section deuxième: Déstabilisation de l’appropriation de la
Bonne Gouvernance : (morale et cognitive).
En dépit de son importance et de son positionnement par rapport au processus
d’établissement de la Bonne Gouvernance, l’appropriation semble avoir été un
domaine vulnérable au développement de la prudence plutôt qu’à l’évolution de la
confiance (sous-section première).
Ceci étant, la vérification et la recherche de la conformité ont pris une
considération toute particulière au détriment d’une responsabilisation qui aurait
engagé la confiance et l’implication spontanée nationale et infranationale afin de
s’approprier les mécanismes de la bonne gouvernance (sous-section deuxième).

Sous-section première : La confiance générerait le devoir étatique de


conformité et fragiliserait l’appropriation d’une meilleure gouvernabilité.
En fait, deux éléments essentiels pourraient apporter les éclaircissements
nécessaires quant à la déstabilisation de la confiance qui a généré, en quelques sortes,
la fragilisation de l’appropriation de la Bonne Gouvernance.
Il s’agit en premier lieu de la vérification et de la tendance de chercher
excessivement ou exclusivement la conformité par rapport aux normes et
recommandations internationales en matière de BG (paragraphe premier).
En deuxième lieu, il s’agit des conditions requises pour la gouvernabilité qui
semblerait être soumise à des obligations dictées plutôt qu’à des initiations appropriées
(paragraphe deuxième).

192
Paragraphe premier : L’approche de vérification et le souci de
conformité réduiraient la confiance et entraveraient le processus
d’appropriation de la BG.
Notant qu’un contrôle, revient, dans une quête de vérification, à examiner
l’exactitude d’un acte juridique ou matériel, prenant ainsi la forme d’une décision
formelle ou informelle, d’une prestation et/ou d’un comportement et ce, par rapport à
une référence juridique préétablie ou à un engagement spécifique en conjuguant une
norme, une règle ou une procédure tout en étant uniquement obligatoire ou revêtant en
outre le caractère contraignant en prévoyant une sanction en cas de non application ou
de mauvaise application.
Par ailleurs, cette approche pourrait regrouper les dispositifs de contrôle
ordinaires qui s’acheminent via une intervention des institutions publiques habilitées
d’un côté et les mécanismes de vérification ou de contrôle spécifiques qui sont
véhiculés par des Organismes Non Gouvernementaux ou par d’autres acteurs tout en
ayant un rôle de contre pouvoir ou de pression de l’autre côté.
Ainsi, en se basant sur ces postulats, peut-on d’ores et déjà prétendre que les deux
catégories de contrôle aussi bien ordinaire que spécifique reposent, principalement,
sur une vérification de la légalité ou de la régularité par rapport à la réglementation
appliquée ou applicable ?
Par conséquent, s’agissant d’un contrôle ordinaire ou spécifique, tout en n’ayant
pas besoin de recourir à des distinctions supplémentaires qui ont trait à la qualification
interne ou externe, à la nature administrative, financière ou juridictionnelle, ou bien à
la forme pour qu’il soit identifié en tant qu’un contrôle a priori, a posteriori ou
concomitant, il semble évident d’admettre que pour les deux champs concernés étant
motivés par un examen ou une vérification, il s’avère notoire de soulever la question
de la portée de la fonction du contrôle.
En fait, au regard des exigences d’efficacité et de transparence voulue quant à
aussi bien le processus et l’enchainement de la vérification qu’aux résultats et au sort
réservé à la personne ou à l’organisme contrôlés, les actions et les actes de contrôle ne
paraissent pas invoquer totalement toutes les composantes de la BG.

193
D’où, il s’avère que ces actes et ces actions de contrôle ne pourraient pas, non
plus, générer la dynamique appropriée en termes de légitimité et ainsi de confiance
telle que souhaitée dans un niveau de gouvernance caractérisé par un engagement
collectif plutôt que par une subordination imposée.

En effet, la tendance ainsi observée et enregistrée aux niveaux national et


international en ce qui concerne les pratiques de contrôle s’avère avoir changé de
paradigme tout en adoptant de nouvelles approches et en s’outillant de nouveaux
dispositifs et mécanismes qui reposent sur la BG dans ses dimensions relatives à la
performance, à la rationalisation, à l’efficacité, à l’efficience et à l’effectivité d’une
part et ses fondamentaux s’agissant principalement de la transparence, de l’intégrité,
de l’imputabilité, de la responsabilisation, de la reddition des comptes, etc. de l’autre.

Par ailleurs, l'Organisation Internationale des Institutions Supérieures de Contrôle


des Finances Publiques (INTOSAI)188 à travers les lignes directrices sur les normes de
contrôle interne à promouvoir dans le secteur public telles qu’initiées après son 17e
congrès (XVIIème INCOSAI-Séoul, 2001) alloue une importance particulière à
l’ensemble des dimensions et fondamentaux de la BG tels que signalés au paragraphe
précédent.

Ceci étant, cette nouvelle configuration relative au cheminement du contrôle


interne s’agissant des finances publiques qui représentent l’environnement le plus
adéquat nécessitant une démarche de BG, enregistre une évolution remarquable
témoignant du passage vers la reconnaissance et la mise en application de la
dimension éthique ainsi que la prise en compte des aspects originaires et appropriés
relatifs à l’approche du système intégré 189.

188
Le XIVe Congrès de l'INTOSAI qui s'est tenu en octobre 1992 à Washington, D.C.,
États Unis d'Amérique, a adopté les Statuts de l'INTOSAI. Ils remplacent les Statuts de
l'INTOSAI qui avaient été en vigueur depuis 1968
189
Le système intégré de contrôle interne élaboré par le COSO (Comité des Sponsors de la
Commission Treadway)

194
En effet, l’ensemble de ces approches ont été définies en décembre 2011 au
niveau du cadre intégré du contrôle interne développé par le COSO (Comité des
Sponsors de la Commission Treadway) 190.
En revanche, il semble qu’il existe des écarts d’appropriation et de mise en
application entre les niveaux institutionnels et organisationnels eux-mêmes d’une part
et entre ces niveaux organisationnels, les fonctionnalités et les objectifs escomptés en
termes de bonne conduite basée sur les principes et fondamentaux de BG de l’autre.
Ainsi, les objectifs de BG qui s’accommodent avec les principes et fondamentaux
qui concernent, essentiellement, la transparence, l’éthique et la reddition des comptes
qui semblent alimenter toutes les bonnes intentions aussi bien des Organisations
Internationales Intergouvernementales tel que le Fond Monétaire International
(FMI)191 et Non Gouvernementales telle que l’INTOSAI que les organismes nationaux
compétents en matière de contrôle des finances publiques, se trouvent parfois dissociés
du cadre et de l’environnement dans lesquels se développent pour des raisons
multiples.
Il s’agit essentiellement de trois ensembles de raisons :
En premier lieu, la non concrétisation et le manque d’effectivité des
recommandations et des lignes directrices adoptées aussi bien à l’échelle régionale
qu’au niveau universel en matière d’orientations et d’obligations pour réduire les
vulnérabilités des systèmes financiers et réaliser ainsi la stabilité économique dans une
approche globale.

190
Par rapport à la définition du COSO et aux lignes directrices de 1992, l’aspect éthique
des opérations a été ajouté. La prise en compte de cette dimension nouvelle dans les
objectifs du contrôle interne se justifie par l’attention accrue portée depuis les années
quatre-vingt-dix au comportement éthique ainsi qu’à la prévention et à la détection de la
fraude et de la corruption dans le secteur public Les fonctionnaires sont censés servir
l’intérêt public en toute équité et assurer une gestion correcte des ressources publiques. Les
citoyens sont censés être traités en toute impartialité sur la base des principes de légalité et
de justice. L’éthique publique constitue une condition sine qua non de la confiance
publique, dont elle constitue le fondement, et la clef de voûte d’une bonne gouvernance
191
S’agissant notamment de la surveillance du système monétaire international et de la
promotion de la stabilité financière internationale mandat essentiel du FMI qui se définisse
notamment à travers un certain nombre de réformes introduites depuis la fin des années 90.
Lesquelles réformes sont basées essentiellement sur le renforcement de "l’architecture du
système financier international" afin de réduire les risques de crises. En effet, parmi les
principales actions de réformes existe la Détection et le contrôle de la vulnérabilité
externe à travers la mise au point de systèmes d'alerte avancée qui permettront de détecter
les risques découlant des problèmes qui surviennent dans les pays membres et de suivre en
permanence l'évolution des marchés internationaux. -Réforme de l'architecture du système
financier international-

195
En deuxième lieu, la non compatibilité des solutions admises avec les problèmes
émergents qui prennent de plus en plus de l’ampleur et qui se diversifient et se
multiplient en nombre et en forme, pourrait expliquer en quelques sortes la
prolifération des crises financières et économiques innombrables enregistrées à travers
le monde entier touchant tant les pays développés que ceux en développement.
En troisième lieu, le phénomène mondial des crimes financiers et économiques
qui prennent également de l’envergure n’arrive pas à être maîtrisé.
Ceci étant, la prolifération manifeste des crises et des problèmes économiques et
financiers représente un frein majeur à l’entrainement des institutions et organismes
aussi bien au niveau national qu’international dans l’appropriation et la mise en place
des principes et fondamentaux de la BG non seulement en ce qui concerne ses aspects
relatifs à la dimension financière, mais également quant aux autres formes multi-
niveaux et multidisciplinaires.
Par ailleurs, les usages de contrôle de régularité basés sur la vérification et la
surveillance quant à l’application de la réglementation et le respect des procédures
adoptés aussi bien à l’échelle nationale qu’au niveau international semblent prévaloir
par rapport aux perspectives qui font appel à l’introduction et à l’usage des démarches
de conduite compatibles avec la mesure des aspects de performances, de
comportements, d’éthique, de reddition de comptes, de transparence, etc.
En revanche, il faut signaler qu’il existe une certaine divergence quant aux
expériences développant le contrôle des finances publiques suivant des niveaux
d’irrégularités quant à l’adoption des approches appropriées aux principes mentionnés
au paragraphe précédent.
En effet, les Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques, sous
diverses appellations, selon le régime adopté dans chaque État ou groupement d’États
qui sont ainsi désignés (cour des comptes, auditeurs ou vérificateurs généraux,
inspection, etc.), détiennent dans une large mesure une ligne de conduite qui s’inscrit
en termes de compatibilité dans les mêmes prescriptions et tendances qui répondent
aux exigences et recommandations internationales.

196
Prenant, à titre d’exemple, les codes de conduite, qui s’inscrivent dans une
optique de promotion de l’intégrité et de la transparence dans un milieu d’activité bien
déterminé, visent à créer des mécanismes de défense et de prévision face à la mauvaise
gouvernance, à la corruption et aux conflits d’intérêts, ce qui pourrait représenter
véritablement un ensemble de bonnes pratiques insérables dans la sphère des principes
et fondamentaux de la Bonne Gouvernance.

Dans ce même ordre d’idées, l'Organisation Internationale des Institutions


Supérieures de Contrôle des Finances Publiques (INTOSAI) a développé un outil
d’auto-évaluation de l’Intégrité192 qui vise à détecter et à diagnostiquer les
vulnérabilités au niveau des systèmes de management au sein des organismes publics
afin de faire face aux violations éventuelles de l’intégrité.

Par ailleurs, les institutions chargées du contrôle ou de l’audit des finances


publiques et de la comptabilité sont regroupées également à une échelle régionale tout
en s’accommodant avec les dispositifs techniques et professionnels développés à
l’échelle universelle tels qu’initiés par l’INTOSAI.

Ainsi, les Groupes de travail régionaux ont pour tâche de promouvoir les objectifs
de l'INTOSAI à l'échelle régionale et de proposer un forum aux membres afin de
coopérer à un niveau professionnel et technique.

192
Au niveau de L’INTOSAI, L'IntoSAINT (Auto-évaluation de l'Intégrité) est un
instrument d'auto évaluation que les ISC peuvent utiliser pour analyser leurs risques liés à
leur intégrité et évaluer le degré de maturité de leurs systèmes de gestion de l'intégrité.

197
Le Comité directeur de l'INTOSAI a reconnu les sept Groupes de travail
régionaux qui se répartissent comme suit193 :

OLACEFS Organisation des institutions supérieures de contrôle des fondée en 1965


finances publiques d'Amérique latine et des Caraïbes

AFROSAI Organisation africaine des institutions supérieures de fondée en 1976


contrôle des finances publiques

ARABOSAI Organisation arabe des institutions supérieures de fondée en 1976


contrôle des finances publiques

ASOSAI Organisation asiatique des institutions supérieures de fondée en 1978


contrôle des finances publiques

PASAI Association des institutions supérieures de contrôle des fondée en 1987


finances publiques du Pacifique

CAROSAI Organisation des institutions supérieures de contrôle des fondée en 1988


finances publiques des Caraïbes

EUROSAI Organisation des institutions supérieures de contrôle des fondée en 1990


finances publiques d'Europe

Répartition géographique des groupes de travail régionaux194

Source : portail de la Cour d’Audit néerlandaise/informations dédiées à l’intoSAINT.


http://www.courtofaudit.nl/english/Publications/Topics/IntoSAINT

193
Le portail électronique de l'Organisation Internationale des Institutions Supérieures de
Contrôle des Finances Publiques (INTOSAI) http://www.intosai.org/
194
http://www.courtofaudit.nl/english/Publications/Topics/IntoSAINT

198
Ceci étant précisé en ce qui concerne la dimension du contrôle, ses spécificités et
ses champs d’intervention, il reste néanmoins des questions multiples qui semblent
alimenter ainsi les inquiétudes et les soucis qui ne cessent de se manifester aussi bien
dans les enceintes internationales qu’au niveau de l’environnement national et
infranational témoignant ainsi de la faiblesse qui caractérise les efforts des
Organisations Internationales dans la réalisation effective de leurs objectifs déclarés.

En effet, ces objectifs s’inscrivent dans une optique ayant le but de renforcer la
stabilité financière et économique et introduire ainsi les mécanismes et dispositifs
permettant une bonne gouvernance financière et économique basée sur l’intégrité, la
transparence et la performance.

En fait, l’exposé des efforts quant au renforcement des dispositifs de contrôle afin
de faire face aux vulnérabilités et crises financières et économiques nécessiterait
notamment une attention particulière qui devrait être accordée à l’adéquation et à la
compatibilité des mécanismes d’intervention entre les différents niveaux de
gouvernance tant nationaux qu’internationaux.

Cette intention s’exprime en établissant une interconnexion mesurée entre la


dimension externe et celle qui est interne du contrôle. En revanche, en dépit de cette
interconnexion une interrogation pourrait, a priori, être légitimée portant sur
l’efficacité du contrôle et même de se poser, ainsi, la question sur son positionnement
par rapport à l’objectif de réalisation de la Bonne Gouvernance dans ses dimension les
plus appropriées.

Ceci étant remarqué et analysé, en ce qui concerne la fonction du contrôle et ses


liens fonctionnels avec les dimensions de la BG, certains dispositifs internationaux,
qui ont trait à la mesure et à la vérification par rapport aux principes fondamentaux de
la BG s’agissant en l’occurrence de l’intégrité, de la responsabilisation, de la
transparence et de la reddition des comptes, mériteraient d’être analysés.

199
En effet, quatre normes internationales issues de l’Organisation Internationale de
Normalisation195 pourraient être envisagées pour notre recherche. Il s’agit d’une part
de la norme 26000 relative à la responsabilité sociétale des organisations, de la norme
14000 relative à la question de l’environnement, de la norme 31000 qui se rapporte au
management des risques et de la norme 37001 relative à l’intégrité et à la lutte contre
la corruption.

Tout d’abord, il faut signaler que cette organisation internationale n’effectue pas
de certification ou d’évaluations de la conformité.
Cependant, selon cette OI, les principales formes d’évaluation de la conformité196
sont les essais, la certification et l’inspection.

Ainsi, les nomes, selon l’ISO, se répartissent selon qu’elles se référent à des
exigences pour donner lieu à un examen de conformité ou à des lignes directrices afin
de guider les pays dans l’implémentation de mesures spécifiques et appropriées en vue
de maintenir ou de rétablir la confiance entre tous les acteurs privés et publics et de
promouvoir la légitimité des organisations responsables et des décideurs telle
qu’examinée dans chaque secteur ou domaine concernés.

La norme 37001 offre, à titre d’exemple, une série de mesures 197 envisageables
dans l’implémentation d’un système de management de la lutte contre la corruption
dans les entités aussi bien publiques que privées en termes de détection, de prévention
et de répression des actes de corruption.

195
L’ISO est une organisation non gouvernementale sans but lucratif composée de
membres qui sont les organismes nationaux de normalisation de 162 pays
196
L’essai est la détermination, d’ordinaire réalisée en laboratoire, d’une ou plusieurs
caractéristiques d’un objet ou d’un produit. Le CASCO a élaboré un certain nombre de
normes à l’usage des laboratoires pour garantir la fiabilité de leurs résultats.
L’inspection recouvre l’examen usuel d’un produit pour s’assurer qu’il répond à des
critères spécifiques.
La certification est l’assurance écrite donnée par un tiers que les exigences d’une norme
sont respectées.
Un accord de reconnaissance mutuelle (ARM) est un critère de confiance dans les
activités d’évaluation de la conformité menées dans d’autres pays, car il institue
formellement la reconnaissance des résultats des essais, de l’inspection, de la certification
ou de l’accréditation réalisés dans d’autres pays, évitant ainsi de procéder à nouveau à
toutes ces opérations. http://www.iso.org/iso/fr/home/about/conformity-assessment.htm
197
Cette norme est publiée le 15 octobre 2016.

200
Aussi, la norme 31000 relative au management du risque formule également des
principes, un cadre et des lignes directrices pour gérer toute forme de risque. Cette
norme, selon l’ISO, peut être utilisée par tout type d'organisme sans distinction de
taille, d'activité ou de secteur.
Il paraît opportun à ce niveau d’analyse, de signaler que les normes qui auraient
un rapport présumé avec la BG se classeraient dans la catégorie de celles qui
proposeraient des principes et des lignes directrices à la différence des nomes qui
exigent la conformité et généreraient, par conséquent, la possibilité de certification.
Ceci étant, la normalisation de la gouvernance s’avère établir des engagements
d’ordre moral en se reposant sur des principes et des fondamentaux pour lesquels
l’évaluation de la conformité et le contrôle de régularité ne se prêteraient pas à être ni
applicables ni appropriées.

201
Paragraphe deuxième : Critères d’évaluation de la Gouvernabilité : démarche
imposée plus que négociée.
Les constatations, qui ont été précédemment enregistrées, pourraient conduire à
considérer que la qualification du niveau de priorisation des actes de coopération
ainsi que l’identification des indicateurs de mesure du degré d’engagement de l’OI,
notamment lorsqu’elle soit à vocation régionale tout en prenant l’Union
Européenne comme exemple illustratif, restent constamment tributaires de la nature
des acteurs concernés.
En d’autres termes, en se référant à des critères d’évaluation de la
gouvernabilité, il est à considérer qu’il s’avère que plus les liens de coopération et
de partenariat seraient conclus entre l’OI et des tiers autres que ses membres, plus
souvent l’équivoque accompagnerait l’identification des domaines et les secteurs
concernés par cette coopération.
En outre, chaque fois que l’étendue et le périmètre de cette coopération
auraient été limités, l’identification des objectifs de ce partenariat tendrait à la non
applicabilité effective et ce, face à l’absence quasiment signalée des mécanismes
d’évaluation et de suivi permanant de la part de l’OI elle-même et à la non
appropriation, au manque ou à l’inefficacité des dispositifs de redevabilité198 et de
responsabilisation chez les pays destinataires de ces instruments de coopération et
de partenariat.
Toutefois, l’image opposée, qui regroupe les OI et leurs membres signifierait
au contraire qu’un engagement multiple et soigneusement identifié aurait été inscrit
au niveau aussi bien des traités et des actes constitutifs que des dispositions et des
clauses statutaires relatives au fonctionnement institutionnel et technique régissant
les relations interétatiques.
En effet, les résultats de coopération ou d’intégration seraient, sans doute
inclusifs et ce, en adoptant une démarche plus effective avec des objectifs
mesurables et atteignables engageant conjointement les OI et les États membres
dans un cadre de référence caractérisé par l’union et une tendance qui atteste le
commun.

198
Souvent connu dans sa version anglaise « ACCOUNTABILITY »

202
Cette démarche effective, comme il a été précédemment démontré, pourrait
être illustrée à travers les quatre critères de convergence199 inscrits au niveau du
traité de Maastricht traduisant ainsi cette tendance de mesure objective et chiffrable
des relations entre l’UE et ses membres.

Le premier critère est relatif au déficit public qui ne doit pas excéder 3 % du
produit intérieur brut (PIB) et à la dette publique qui doit être inférieure à 60 % du
PIB.

Le deuxième critère concerne l’inflation qui ne doit pas dépasser de plus de


1.5% celle des trois États membres où les prix sont les plus stables.

Le troisième critère est celui du taux d'intérêt à long terme qui ne doit pas
excéder de plus de 2 % celui des États qui ont les meilleurs résultats en termes de
stabilité des prix.

Le quatrième critère est relatif aux taux de change entre les monnaies
européennes qui ne peuvent pas dépasser les marges fixées.

Pour schématiser toutes ces constatations, la répartition suivante des critères


d’évaluation de la gouvernabilité, qui repose intégralement sur les conclusions de
mes recherches en matière d’évaluation, pourrait illustrer quelques éléments
d’analyse auxquels les déductions précédentes ont fait allusion.

199
Ces critères sont adoptés à travers les dispositions de l’article 109 du Traité sur l'Union
Européenne portant modification du traité instituant la communauté économique
européenne en vue d'établir la communauté européenne- connu sous le nom du traité de
Maastricht, signé le 7 février 1992 à Maastricht et entré en vigueur le 1er novembre 1993-
Journal officiel n° C 191 du 29 juillet 1992
Ces critères sont détaillés ainsi au niveau du PROTOCOLE sur les critères de convergence
visés à l'article 109J du traité instituant la Communauté européenne.

203
Répartition des critères d’évaluation de la gouvernabilité 200
Les acteurs destinataires des OI

Critères État non membre ni


d’Evaluation État membre/
actuellement, ni
de la potentiellement membre
potentiellement
Gouvernabilité
 Union.
 Partenariat.
 Politique commune.
Cadre de  Voisinage.
 Processus d’intégration.
référence  Courtoisie.
 Large transfert de
compétence.

Domaine/  Principal : Droit de l’homme/


 Principal : Economique. démocratie.
champ  Dérivé ou équivalent :  Dérivé: Economique : Aide
d’intervention politique/ sécuritaire. au Développement,
coopération.
Indicateur Quantitatif/ chiffré Qualitatif
Participation, représentativité
Représentation
(légitime), citoyenneté,
Gouvernementale, quasi-
gouvernance locale…société
Facteurs exclusive.
civile, partis politiques…
d’influence  Acteur unique.
 Acteurs multiples et
dans la  Implication unique (État-
diversifiés
conduite des Gouvernements Centraux)
 Implication collective.
relations entre  Engagement principalement
 Engagement commun à
OI et États gouvernemental / avec les
des degrés différents
autres entités (société civile-
(gouvernemental/non
ONG…).
gouvernemental).
Degrés Traité (obligations statutaires) Convention de coopération
d’engagement Mémorandum d’entente
Forme et Politique économique
Aide financière, assistance
objectifs des commune, Union
technique, don, prêt…
engagements (économique, monétaire…)

200
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

204
 Appropriation
disproportionnée (varie selon
Evaluation, suivi,
Dispositifs de le domaine et d’un État ou
redevabilité, reddition des
mesure groupement d’États à l’autre)
comptes.
d’impact  Fluctuante/ douteuse :
influence politique.

1. Les effets et les impacts 1. Les effets et les impacts de la


de la gouvernabilité sont gouvernabilité représentent
de caractère : les caractéristiques
 Concret. suivantes :
 Mesurable.  Abstraite.
 Observable.  Non mesurable.
 Atteignable.  Inconstante.
2. Pressenties par : 2. La coopération se résume
 les Etas membres. quasi-exclusivement à des
Observations/  Les collectivités. liens de partenariat entre les
déduction Territoriales. deux niveaux international
 Les citoyens. d’un côté et national
3. Application quasi totale centralisé de l’autre.
des objectifs. 3. Les autres acteurs ne sont pas
= Démarche potentiellement /ou pas suffisamment
effective impliqués (collectivités
territoriales/société civile).
4. Non application des objectifs
principalement assignés.
= Allure d’ineffectivité

205
Par ailleurs, il s’avère également important de se référer à l’ensemble des
mécanismes et dispositifs de mesure et d’évaluation adoptés par les organisations
internationales en vue de mesurer la stabilité et la gouvernance économique tant à
l’échelle globale qu’au niveau de la gouvernance fiscale ou celle relative aux dépenses
publiques et précisément en ce qui concerne la question de l’endettement.
Le tableau ci-dessous dressé essaye de prendre quelques dispositifs internationaux
conduits à l’échelle régionale et sous régionale dans l’objectif de promouvoir la
gouvernance et la démocratie et prend en considération d’une manière remarquable la
dimension économique.
Le mécanisme d’alerte201 adopté au niveau de l’Union Européenne relatif à la
prévention et à la correction des déséquilibres macroéconomiques, demeure un
dispositif qui ne semble pas prévu à établir des principes et à se contenter de relever
les dysfonctionnements et les manquements aux obligations mais qu’il s’intéresse à
l’étape de correction.
En revanche, malgré l’aspect contraignant de la réglementation européenne en
matière macroéconomique et en particulier en ce qui concerne la stabilité globale du
pays membre tout en évitant les déséquilibres excessifs, il semble que la situation de
quelques membres de l’Union Européenne demeure critique au regard des crises
multidimensionnelles, de la non application des sanctions prévues et remet,
certainement, en cause aussi bien le processus de réglementation que celui de la
rigueur économique établi au niveau de l’Union.

201
Rapport de la Commission au Parlement Européen, au Conseil, À la Banque Centrale
Européenne et au Comité Économique et Social Européen -Rapport 2014 sur le mécanisme
d'alerte (établi conformément aux articles 3 et 4 du règlement (UE) n° 1176/2011 sur la
prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques)
Bruxelles, le 13.11.2013 COM(2013) 790 final

206
Stabilité, démocratie et bonne gouvernance : initiations multiples, écart
d’application et difficulté d’appropriation de la part des États concernés
(membres et non-membres)
Organisation Instruments juridiques principaux Programmes d’action
internationale Organes et institutions spécifiques
La Conférence I. Pacte sur la Paix, la Sécurité, la Article 18 du Pacte sur la Paix, la Sécurité,
Internationale Stabilité et le Développement dans la Stabilité et le Développement dans la
sur la Région la Région des Grands Lacs tel que Région des Grands Lacs
des Grands adopté le 15 décembre 2006, entré en
202
Lacs vigueur en juin 2008 et révisé en Programme d’Action Régional pour la
2012 à Nairobi, au Kenya, Promotion de la Démocratie et de la
Bonne Gouvernance
II. Déclaration sur la paix, la sécurité, Les États Membres s‘engagent à ce que les
la démocratie et le développement valeurs, principes et normes reposent sur
dans la Région des Grands Lacs, la démocratie, la bonne gouvernance et le
adoptée lors du Premier Sommet de respect des droits de l’Homme dans le
la Conférence à Dar-es-Salaam cadre d’un Programme d’action pour la
(République-unie de Tanzanie) le 20 démocratie et la bonne gouvernance
novembre 2004
Les principes constitutionnels Sous-programmes d’action:
communs du pacte (portant un lien
direct avec l’essence de la BG): 1. État de droit,
• La séparation des pouvoirs 2. Lutte Contre les Crimes, contre
• L’accession au pouvoir à travers des l’Humanité et les Droits de l’Homme
élections régulières, libres, honnêtes 3. Consolidation du Processus
et transparentes ; Démocratique
• L’interdiction de tout changement 4. Gestion Rationnelle des Ressources
anticonstitutionnel et de tout mode
non démocratique d’accession ou de Article 6 du Pacte
maintien au pouvoir ; Protocole sur la démocratie
• La participation populaire aux prises de Et la bonne gouvernance
décisions dans le strict respect des
principes démocratiques ;
• La décentralisation du pouvoir à tous
les niveaux de gouvernement ;
• Le pluralisme politique ;
• La liberté d’association, de réunion,
et/ou de manifestation pacifique ;
• La liberté de presse et d’expression ;
Conseil de Programme pour la stabilité La stabilité démocratique s’articule autour
l’Europe démocratique de trois orientations stratégiques relevant
(COE) 1. Le Comité européen sur la de la mise en œuvre du principe de
démocratie et la gouvernance subsidiarité dans les systèmes juridiques
(CEDG) est chargé de mettre en des États membres du Conseil de l'Europe:
œuvre le travail  Encourager le processus de
intergouvernemental du Conseil décentralisation.
de l'Europe en matière de
gouvernance démocratique.

202
Une organisation sous régionale.
Les États Membres : Angola-Burundi-République Centre Africaine-Congo-République
Démocratique du Congo-Kenya-Uganda-Rwanda- Soudan-Tanzanie-Zambie.
La Conférence a été lancée en 2003 par l’Organisation des Nations Unies (ONU) en
collaboration avec l’Union Africaine (UA) pour élaborer une approche régionale afin de
résoudre les conflits et l’instabilité dans chacun des pays de la Région

207
2. Le Centre d’expertise sur la  Promouvoir l’autonomie locale et
réforme de l’administration régionale et concourir à sa mise en
locale. œuvre effective.
3. La Conférence des Ministres  Faire en sorte que la démocratie
responsables de l’aménagement s’enracine aux niveaux local et
du territoire (CEMAT). régional.
4. Programme du Partenariat
oriental (PCF) qui constitue une
initiative conjointe commission
européenne/conseil de l’Europe.
5. La Stratégie pour l’innovation et
la bonne gouvernance au niveau
local (2008).

Union Traité sur la stabilité, la Sanction : Des sanctions quasi-


Européenne coordination et la gouvernance automatiques s'appliquent envers les pays
(TSCG) qui ne respecteront pas le traité. La Cour
Signé le 2 mars 2012 par 25 États membres de justice européenne peut infliger une
de l’UE entré en vigueur le 1er janvier 2013 amende allant jusqu'à 0,1% du PIB en cas
Objectif : contraindre les États de la de non-transposition du texte dans le droit
zone euro à financer leurs dépenses par national.
leurs recettes et donc à limiter le En cas de déficit budgétaire trop
recours à l'emprunt. important, le Conseil européen peut
Ancienne réglementation : infliger une sanction financière allant de
Pacte de stabilité et de croissance 0,2 à 0,5% du PIB. Mais avant cette étape,
adopté en 1997 en vue de la création de la Commission européenne doit adresser
l'euro, le 1er janvier 1999. des avertissements aux pays en question.
"six-pack" La principale nouveauté du Remarque : le passage à la sanction n’a
traité par rapport à ce mécanisme est jamais été appliqué contre les États
qu'il introduit une règle d'or qui européens qui ont manqué à leurs
prévoit d'obliger les États à se doter de engagements en termes d’endettement.203
dispositions contraignantes destinées à Des déséquilibres et des déséquilibres
respecter leurs obligations résultant du excessifs recensés sur la période 2012-
pacte de stabilité en ce qui concerne la 2014
convergence vers leur objectif de solde Malgré la régression du nombre d’États
structurel à moyen terme. membres de l’UE faisant l’objet de la PDE
. qui sont soumis à la procédure concernant
les déficits excessifs, les problèmes de
stabilité et de gouvernance économiques204
n’ont pas toujours été résolus.

La lecture substantielle des informations insérées dans le tableau précédent


pourrait permettre de présenter quelques constatations de nature à éclairer les écarts de
considération entre deux champs fondamentaux.

203
Communication de la Commission au Parlement Européen, au Conseil, à la Banque
Centrale Européenne, au Comité Economique et Social Européen et au Comité des Régions
Réexamen de la gouvernance économique Rapport sur l'application des règlements (UE) n°
1173/2011, (UE) n° 1174/2011, (UE) n° 1175/2011, (UE) n° 1176/2011, (UE)
n°1177/2011, (UE) n° 472/2013 et (UE) n° 473/2013
Bruxelles, le 28.11.2014 COM(2014) 905 final p5
204
Ibid. p13

208
D’un côté, il s’agit de la distinction qui pourrait être remarquée entre la dimension
et la nature économiques qui sauraient être attribuées au concept de la stabilité dans
ses relations étymologiques et d’essence avec la BG et l’usage des principes de la BG
qui est indexé quasi exclusivement à des connotations morales et d’éthique.
De l’autre côté, cette distinction concerne l’intervalle qui sépare la dimension
théorique de celle qui se conforme à la réalité et ce, abstraction faite des significations
qui pourraient être attribuées aussi bien à la stabilité qu’à la gouvernance séparément
ou en fusionnant les deux substances avec celle de la démocratie.
En fait, l’amalgame persiste lorsqu’on se focalise davantage sur la nature
purement économique avec laquelle les législateurs européens ont préparé le pacte de
stabilité susmentionné et qui se distingue par rapport à la tendance si étendue
empruntée par les autres acteurs internationaux qui absorberait d’une façon
remarquable la désignation morale et démocratique de la stabilité en se référant à une
acception qui met en exergue la trilogie qui se légitime de plus en plus
internationalement à savoir les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit.
Ceci étant, une contradiction serait intrinsèquement soulevée et remarquée, il
s’agit de deux positions quasiment divergentes pour lesquelles tant les États que les
Organisations Internationales ne s’épargnent nullement de les légitimer sans
s’aventurer dans les explications.
D’une part, il s’agit des exigences de la stabilité205 auxquelles les États sont
appelés à se conformer et qui sont globalement liées à une conduite prudente des
activités économiques et financières afin non seulement de se prémunir contre les
vulnérabilités et la fragilité mais également de faire face aux crises de même nature.

205
« Le FMI conseille les pays membres sur les politiques économiques et financières qui
visent à promouvoir la stabilité, à réduire la vulnérabilité aux crises, à encourager une
croissance durable et à relever le niveau de vie de leurs populations. Il suit également de
près les tendances et les phénomènes économiques mondiaux qui ont une incidence sur la
santé du système monétaire et financier international et il facilite le dialogue entre les États
membres sur les conséquences que leurs politiques peuvent entraîner à l’échelle régionale
et mondiale… Promouvoir la stabilité économique revient notamment à prévenir les crises
économiques et financières, les fortes fluctuations de l’activité économique, les poussées
d’inflation et la volatilité excessive des marchés des changes et financiers. L’instabilité peut
accroître l’incertitude, décourager l’investissement, faire obstacle à la croissance et
compromettre les niveaux de vie.».
Comment le FMI favorise la stabilité économique mondiale- le 10 mars 2016

209
D’autre part, les caractéristiques principales d’une économie de marché qui est
majoritairement et prioritairement convoitée par les Organismes internationaux à
vocation économique et financière seraient d’atteindre les niveaux de compétitivité
souhaités à travers essentiellement les prises de risques et la compétitivité.
En effet, ces deux situations qui paraissent antagonistes devraient favoriser une
conjugaison aisée des principes de BG tout en privilégiant l’adhésion et l’inscription
aux préalables de la démocratie.
In fine, les notes d’observation qui pourraient être retenues ou accordées à ce
niveau de recherche lié indéniablement à l’indissociabilité des dimensions économique
et politique non seulement de la gouvernance mais également de la stabilité, il s’avère
judicieux de prévoir l’avènement d’une nouvelle transformation de paradigme qui
pourrait être envisagée non pas uniquement sur le plan scientifique, mais également
quant à la pensée aussi bien philosophique que juridique, économique et idéologique.
Par conséquent, ce changement présumé pourrait dessiner une nouvelle
configuration des liens et des conflits de gouvernance tout en s’indexant à des
mutations intégrales qui toucheraient à la fois la conception des politiques et la
dépolitisation de la gouvernance aussi bien nationale qu’internationale.
L’objectif étant d’atteindre un palier de conscience qui constitue un appui à la
concordance recherchée entre les exigences particulières et collectives d’une bonne
gouvernance, le témoignage serait acheminé par l’adhésion aussi bien des acteurs
étatiques que non étatiques à une épreuve de confiance qui repose sur la conformité et
la réciprocité pour lesquelles ceux qui gouvernent, ceux qui détiennent la conciliation
et ceux qui se légitiment d’être gouvernés s’inscrivent dans la démarche constructive
de réalisation des engagements en termes de gouvernance.

210
Sous-section deuxième : La notation internationale : Médiation justifiée pour
juger la gouvernance ou prudence excessive pour éviter les risques de
mauvaise gouvernance ?
Le jugement de notation, tel qu’établi par une agence de notation internationale
pourrait, nécessairement, générer une valorisation ou une dépréciation du
positionnement économique et géopolitique de l’État en question aussi bien à l’échèle
internationale que national et notamment vis-à-vis des instances financières
internationales.
En conséquence, cet enjeu de notation semble, pour une analyse tant économique
que politique, être adéquat et même crucial pour ainsi identifier le positionnement
souhaité d’un État, ce qui le favorise à travers un privilège de solvabilité et d’un
emplacement confortable par rapport à une revendication financière éventuelle.
D’où se légitime ainsi et de facto l’interrogation aussi bien sur la disposition que
sur la transformation possibles, imposées ou choisies, de la cartographie permettant la
localisation et le ciblage des intérêts, des risques éventuels et du positionnement
économique et géopolitique des États dans le marché financier ou
économique mondial et par rapport aux OI qui interviennent directement ou
indirectement dans ce secteur. (Paragraphe premier)
Or, ce qui permet, par conséquent, d’admettre une configuration qui générerait un
conflit d’intérêt de nature financière, économique ou politique qui soit alimenté, en
quelques sortes, à travers cet enjeu de notation, demeurerait finalement tributaire du
souhait ou des revendications, tel qu’exprimés par un État afin de recevoir ou de se
faire attribué des privilèges de marché.
Ceci étant, l’interrogation capitale s’avère consister à cogiter sur une possible
intervention qui aurait des effets d’influence sur la qualification et sur la modélisation
éventuelles de ces notations.
Par ailleurs, des liens d’influence semblent exister entre les OI à vocation
financière et les agences de notation qui affecteraient le positionnement économique et
politique d’un État.
Par conséquent, la constatation se déduit vraisemblablement de l’hypothèse selon
laquelle un lien d’influence pourrait exister entre les agences de notation et les
instances internationales à vocation financière.

211
Ainsi, selon cette déduction, les relations d’influence supposées précédemment
vont probablement mener à faire percevoir non seulement une volonté de maîtriser la
politique économique et financière des États concernés et ce, d’après une notation
dépréciative de leurs situations économiques, mais également une légitimation
d’intervention pour le rééquilibrage de leur solvabilité financière.
Subséquemment, cette analyse par analogie, quant aux deux sphères d’influence
ainsi illustrées à travers les relations entre les agences de notation et les institutions
internationales à vocation financière d’un côté et entre celles-ci et les États de l’autre,
pourrait justifier la légitimation d’une ingérence possible mais qui pourrait être
consentie dans les affaires internes.
D’où, à titre d’exemple, si un État est en difficulté économique et voulant par
conséquent se diriger intentionnellement ou involontairement vers une instance
internationale sous-régionale, régionale ou universelle à vocation financière afin de
demander une aide financière, la gouvernance économique de cet État serait
inévitablement, évaluée tout en moyennant plusieurs dispositifs avec une indication
toute particulière qui serait octroyée aux notations de mesure véhiculées ainsi par les
agences de notation.
Ceci étant, la bonne gouvernance financière ou la bonne gestion des affaires
publiques, existante ou en cours d’être consacrée, serait une exigence incontournable
sollicitée et requise indéniablement par les instances internationales parmi les
conditions réclamées, expressément ou implicitement, dans la configuration des actes
financiers ainsi conclus entre les deux parties.
Par rapport à ces analyses précédentes quant aux relations d’influence ou
d’interdépendance qui existeraient entre les trois parties qui s’engagent dans une
démonstration de gouvernance économique et financière à savoir les agences de
notation, les États et les instances financières internationales et compte tenu de
l’importance de la notation, il faut affirmer qu’en dépit de l’existence possible de ces
liens d’influence entre les différentes parties concernées, il existe une multitude de
procédés, des critères et des analyses appropriés et variés, adoptés, ainsi, par les
agences de notation.

212
En revanche, malgré cette variété méthodologique qui caractérise la mission
d’évaluation aussi bien quantitative que qualitative telle qu’appréhendée par les
agences de notation, il demeure nécessaire de signaler qu’il n’est pas si évident de
s’assurer de l’impartialité et du degré d’indépendance de ces agences de notation.
(Paragraphe deuxième).

213
Paragraphe premier : Incorporation de la démarche d’analyse des risques
dans le modèle de mesure de la BG.
Il demeure, d’emblée, notable de signaler l’importance reconnue progressivement
et allouée aux fonctions d’étude, d’analyse et de révision qui pourraient s’ouvrir à des
mouvements de mesure et d’évaluation établis et conduits par des organismes
internationaux et des institutions spécialisées en ayant trait à des aspects
multidimensionnels tout en se focalisant notamment sur les domaines économiques et
environnementaux.
D’où, une démarche, qui se nourrit de la prudence accrue et parfois de réserves
déclarées, demeure, subséquemment, un procédé dans un climat caractérisé par la
méfiance, le doute et la régression quant à la prise de risque.
En fait, cette prise de risque devrait, ordinairement, orchestrer les transactions
financières et économiques et être par conséquent un moteur de relance économique
tout en ayant la confiance et la probité en tant que composantes principales dans toutes
les transactions internationales.
A cet égard, deux interrogations mériteraient d’être signalées.
L’une est relative à savoir si la prudence nourrit ou limite-t-elle le risque ?
La seconde est destinée à connaître si le fait de renforcer la prudence, offre-t-il
une garantie irréfragable pour établir un champ de fonctionnement favorable à la BG ?
En outre, il demeure nécessaire d’indiquer qu’actuellement le recours à la pratique
d’analyse et d’évaluation de nature financière est devenu de plus une plus un pilier
indéfiniment présent dans les actes d’ordre financier et économique qui engagent aussi
bien les États que les organismes internationaux, s’agissant, en l’occurrence, des
bailleurs de fonds et des banques ayant leurs champs d’intervention accordés à
l’échelle internationale.
Par ailleurs, il demeure également adéquat d’essayer de comprendre et
d’analyser les causes sous-jacentes quant à l’expansion et au développement de cette
pratique susmentionnée.
En effet, il s’avère que les motifs qui sollicitent ou obligent les différents acteurs
qui interviennent dans les marchés financiers à prendre certaines précautions quant au
risque de crédit, semblent, malgré l’évidence, revenir, dans une dimension de
probabilité, à réduire ou à éviter les risques de non payement et d’insolvabilité et de
chercher, par conséquent, à se protéger contre ses appréhensions.

214
Ainsi, le recours à la notation est devenu de plus en plus inéluctable dans une
large perception ce qui donnerait ainsi un usage légitimé des mécanismes protecteurs
et des pratiques visionnaires.
En outre, il serait également judicieux de recourir à une analyse qui soit
exhaustive autant que possible et ce, afin de s’ouvrir à un ensemble d’actes faisant
preuve aussi bien d’estimation que d’anticipation par rapport aux probabilités qui
semblent nourrir constamment les soucis de tous les acteurs potentiellement concernés
par la gouvernance financière.
Ceci étant, le recours à ces agences de notation ainsi que le souhait de conduire
des analyses et des évaluations qui soient acheminées par des entités spécialisées
pourraient en quelques sortes constituer des possibilités d’apaisement pour tous les
acteurs susmentionnés et leurs permettre de s’approvisionner en garanties afin qu’ils
émettent leurs capitaux en toute sécurité ou du moins en connaissant suffisamment en
avance les risques à encourir au niveau du marché économique et financier dans la
sphère des transactions et des projets économiques et financiers tant nationaux que
supranationaux.
En effet, s’agissant en particulier des acteurs publics, les fonctions d’analyse et
d’évaluation, qui se veulent un arbitrage fondé en matière de mesure et d’appréciation
d’une façon à la fois substantielle et multidimensionnelle couvrant notamment la
sphère financière, pourraient motiver un jugement ou susciter une estimation bien
structurée quant aux méthodes et approches prévues et établies dans la conduite des
politiques publiques et la gestion des affaires publiques dans un État bien déterminé
avec ses diverses dimensions aussi bien juridiques qu’institutionnelles et techniques.
Ainsi, dans cette perspective, il serait encore motivant d’envisager une analyse
qui concerne aussi bien l’apport des agences de notation qui interviennent
exclusivement dans la sphère financière que des autres organismes ou mécanismes
appropriés dans l’analyse et l’évaluation et ce, à travers une appréciation quant aux
notations, rapports établis, revues, etc.
Or, il faut néanmoins signaler, qu’il existe à cet égard, un besoin d’éclaircissement
quant à l’importance de chiffrer et ainsi de situer l’apport de ces agences de notation et
d’étudier leur positionnement quant au champ de mesure qui, tout en demeurant un
pilier incontournable de la BG, nécessite tout de même une revalorisation de sa raison
d’être.

215
En revanche, il faut néanmoins signaler qu’il existe des tendances et des courants
qui ne semblent pas tout à fait soutenir ce mouvement de rating ou de notation et ce,
dans une perspective qui s’avère avoir l’argumentation de réduire la dépendance aux
agences de notation. Il s’agit, du moins, d’un motif déclaré.
En effet, paru au journal officiel de l’Union européenne, numéro L146 du
31.5.2013, le règlement européen sur les agences de notation de crédits206 « …instaure
une approche réglementaire commune visant à renforcer l’intégrité, la transparence,
la responsabilité, la bonne gouvernance et l’indépendance des activités de notation
de crédit, contribuant à la qualité des notations de crédit émises dans l’Union et au
bon fonctionnement du marché intérieur, tout en assurant un niveau de protection
élevé aux consommateurs et aux investisseurs. Il fixe les conditions d’émission des
notations de crédit ainsi que des règles relatives à l’organisation et à la gestion des
agences de notation de crédit, y compris en ce qui concerne leurs actionnaires et leurs
membres, afin de favoriser l’indépendance de ces agences, la prévention des conflits
d’intérêts, et une meilleure protection des consommateurs et des investisseurs. »207
Ceci étant, les institutions de l’Union Européenne compétentes en la matière
veulent absolument se détacher de l’emprise des agences de notation sur le marché
financier européen.
Au delà des rapports de force et des conflits d’influence qui pourraient exister
entre les blocs régionaux et continentaux de gouvernance qui sauraient expliquer ces
craintes mutuelles, il demeure opportun de signaler que les principes de BG qui
s’identifient au niveau des règlements internationaux s’avèrent apporter un arbitrage
significatif au niveau de ces conflits, l’autoévaluation et l’autocensure en apporteraient
des réponses éventuelles.

206
Règlement (UE) no 462/2013 du parlement européen et du conseil du 21 mai 2013
modifiant le règlement (CE) no 1060/2009 sur les agences de notation de crédit (qui impose
aux agences de notation de crédit de se conformer à un code de conduite pour atténuer le risque
de conflits d’intérêts (notamment, ceux inhérents au modèle de l’émetteur-payeur et de garantir
des notations et un processus de notation de crédit de grande qualité et suffisamment
transparents).
207
Article premier, objet du Règlement (UE) no 462/2013 du parlement européen et du conseil
du 21 mai 2013 modifiant le règlement (CE) no 1060/2009 sur les agences de notation de crédit.

216
En effet, les dispositions de l’article 5bis du règlement européen susvisé relatives
à la dépendance excessive des institutions financières à l’égard des notations de crédit
font appel à la liste des entités citées à l’article 4 de ce même règlement 208 pour
qu’elles évaluent elles mêmes les risques de crédit et ne recourent pas exclusivement
ou mécaniquement à des notations de crédit pour évaluer la qualité de crédit d’une
entité ou d’un instrument financier.
Par ailleurs, des entités nommément dédiées à la question de notation ont été
créées, à titre d’exemple, l’Autorité Européenne des Marchés Financiers (AEMF)209 se
charge essentiellement d’enregistrer et de surveiller les agences de notation de crédit et
elle constitue, à ce juste titre et selon les dispositions du règlement européen
susmentionnée, l’autorité européenne de surveillance.
En outre, une attention toute particulière semble être attribuée à la notation
souveraine, celle octroyée à l’État dans sa conception large ce qui explique en d’autres
termes l’identification du contenu de cette notion au niveau du règlement européen
susmentionné comme suit : « “Notation souveraine”:
i) la notation de crédit d’une entité qui est un État ou une autorité régionale ou
locale d’un État;
ii) la notation de crédit d’une dette ou obligation financière, d’un titre de
créance ou d’un autre instrument financier dont l’émetteur est un État ou une autorité
régionale ou locale d’un État, ou une entité ad hoc d’un État ou d’une autorité
régionale ou locale;
iii) la notation de crédit lorsque l’émetteur est une institution financière
internationale créée par deux ou plusieurs États en vue de mobiliser des fonds et
d’accorder une aide financière aux membres de cette institution financière
internationale, qui connaissent ou risquent de connaître de graves problèmes de
financement »210

208
Les établissements de crédit, les entreprises d’investissement, les entreprises d’assurance, les
entreprises de réassurance, les institutions de retraite professionnelle, les sociétés de gestion, les
sociétés d’investissement, les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs.

209
Instituée par le règlement (UE) n o 1095/2010 du Parlement européen et du Conseil - JO L
331 du 15.12.2010, p. 84
210
Le point iv) du paragraphe a) de l’article 3du Règlement (UE) no 462/2013 du parlement
européen et du conseil du 21 mai 2013 modifiant le règlement (CE) no 1060/2009 sur les
agences de notation de crédit

217
Ceci étant, les raisons exactes ou réelles quant à ce mouvement de réplique face
au recours excessif aux agences de notation, en ce qui concerne l’évaluation des
risques financiers, semblent rester ambigües.
En effet, les exigences mises et les conditions établies au niveau européen à
travers le règlement de 2013 susvisé211, telles qu’identifiées notamment à travers les
dispositions des articles 6 à 12 s’articulent, essentiellement, autour des axes relatifs
aux conflits d’intérêts dans son acception la plus large, contenant ainsi tous les acteurs
concernés faisant parties aussi bien de l’environnement interne qu’externe de l’agence
en question tout en « impliquant l’agence de notation de crédit émettant cette notation
ou cette perspective de notation, ses actionnaires, dirigeants, analystes de notation,
salariés ou toute autre personne physique dont les services sont mis à la disposition ou
placés sous le contrôle de l’agence de notation de crédit ou toute personne
directement ou indirectement liée à elle par une relation de contrôle.»212
De ce fait, Doing Business213, constitue, à titre d’exemple, un premier acteur qui
pourrait illustrer cet engagement d’évaluation et d’appréciation à la fois spécifique et
générale.

211
Règlement (UE) no 462/2013 du parlement européen et du conseil du 21 mai 2013 modifiant
le règlement (CE) no 1060/2009 sur les agences de notation de crédit.
212
Ibid. article 6 paragraphe premier
213
Le Projet Doing Business mesure la réglementation des affaires et son application
effective dans 189 économies et dans certaines villes au niveau infranational et régional.
Lancé en 2002, le projet Doing Business analyse les petites et moyennes entreprises au
niveau national et mesure la réglementation s'appliquant à celles-ci tout au long de leur
cycle de vie.
Par ailleurs, Doing Business offre des rapports infranationaux détaillés qui couvrent les
mêmes domaines de la réglementation des affaires ainsi que les réformes mises en place
dans différentes villes et régions d'une même économie. Ces rapports fournissent des
données sur la facilité de faire des affaires, classent chaque localité et recommandent des
réformes pour améliorer la performance dans chacune des zones étudiées. Les villes
sélectionnées peuvent comparer leur réglementation des affaires avec d'autres villes au
niveau de l’économie ou de la région, et avec les 189 économies classées par le
rapport Doing Business.
Le premier rapport Doing Business, publié en 2003, portait sur cinq ensembles d'indicateurs
dans 133 pays. Actuellement, le rapport couvre dix ensembles d'indicateurs dans 189 pays.
Le projet a bénéficié des avis d'autorités publiques, d'universitaires, de praticiens et
d'observateurs. Le but initial reste de fournir une base objective pour comprendre et
améliorer l'environnement réglementaire des affaires partout dans le monde.
http://www.doingbusiness.org/

218
En effet, le rapport214 au titre de l’année 2014 vise à" Comprendre les régulations
pour les petites et moyennes entreprises, comparaison des réglementations
s’appliquant aux entreprises locales dans 189 économies" tel qu’initié sous l’égide du
Groupe de la Banque Mondiale.215
Toutefois, les constatations qui nécessitent d’être mises en lumière reviennent en
partie à expliquer l’écart éventuel qui pourrait être enregistré via la distinction entre les
objectifs et les intentions tels que déclarés et expliqués par les organismes concernés et
à travers les initiatives qui s’attribuent la mission de mesure et d’analyse notamment
d’ordre économique d’un côté.
Cette distinction intéresserait également la pertinence des résultats régentés par les
rapports d’évaluation établis à cet effet de l’autre côté. Ceci étant, tout en prenant, le
cas échéant, le rapport de Doing Business au titre de l’année 2014, il pourrait
s’acheminer une compilation d’indicateurs et de critères d’analyse, notamment en ce
qui concerne la dimension relative à la mesure d’impact216 et plus précisément,
l’indicateur distance de la frontière217.

214
Doing Business 2014: Comprendre les régulations pour les petites et moyennes
entreprises. Washington : Groupe de la Banque mondiale.
215
Le Groupe de la Banque mondiale est composé de cinq institutions. A savoir :
1. La BIRD, La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD)
prête aux pays à revenu intermédiaire et aux pays pauvres solvables.
2. L’IDA, L'Association internationale de développement (IDA) accorde des prêts ou des
crédits sans intérêt et des dons aux pays les plus pauvres de la planète.
3. L’IFC, La Société financière internationale (IFC) finance des prêts, des fonds propres et
des services-conseil pour stimuler l'investissement privé dans les pays en
développement.
4. la MIGA (a), L'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) offre aux
investisseurs des garanties contre les pertes associées aux risques non commerciaux
dans les pays en développement.
5. Le CIRDI (a), Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux
investissements (CIRDI) offre des mécanismes internationaux de conciliation et
d'arbitrage des différends liés aux investissements.
216
About Doing Business: measuring for impact
http://www.doingbusiness.org/~/media/GIAWB/Doing%20Business/Documents/Annual-
Reports/English/DB14-Chapters/DB14-About-Doing-Business.pdf
À propos de Doing Business : mesurer les résultats
http://francais.doingbusiness.org/~/media/GIAWB/Doing%20Business/Documents/Annual-
Reports/Foreign/DB14-minibook-french.pdf
217
Cet indicateur donne une idée de l’éloignement d’une économie par rapport à la
meilleure performance (la « frontière ») réalisée sur les économies et les indicateurs depuis
leurs introductions dans Doing Business. L’indicateur est étalonné sur une plage de 0 à 100,
0 représentant la plus mauvaise performance et 100 représentant la frontière. Par exemple,
un score de 75 en DB 2013 signifie qu'une économie est à 25 points de pourcentage de la
frontière, qui a été construite à partir des meilleures performances sur chaque indicateur à
travers les années. Un score de 80 en DB 2014 indique que l'économie s'est améliorée. De
cette manière, la distance de la frontière permet de compléter le rang annuel de la facilité à
faire des affaires, qui compare les économies entre elles à un moment donné.

219
Par ailleurs, cette configuration devrait faire appel et être en conformité avec une
configuration SMART218 (Streamlined-Meaningful-Adaptable-Relevant-Transparent)
Pour établir quelques déductions quant à la configuration de la notation dans le
domaine de la gouvernance financière d’un pays tout en se reposant sur une
cartographie qui regroupe, bien évidemment, tous les acteurs concernés et notamment
les OI à vocation financière, un ensemble de questionnements mériterait, tout de
même, d’être établi.
Donc, ce qui est remarquable et pertinent reste à savoir et à chercher des réponses
aux interrogations suivantes:
Quelle est la source à travers laquelle proviennent les données comparatives pour
ces organismes de mesure ?
Quelle garantie aurait-elle pu être procurée à travers les données, les statistiques et
les analyses comparatives pour juger la fiabilité des analyses établies?
De quel mode de lecture devrait-on disposer pour comprendre, interpréter et
surtout utiliser les données et les analyses ?
Quelle est la source de financement permettant ainsi le pilotage de toutes les
activités de mesure notamment chez les agences de notation les plus connues à
l’échelle mondiale?
Les questions des échantillons choisis ?
Le choix de la méthodologie ?
La collecte, les sources, la hiérarchisation et la vérification des données ?
L’analyse des données et le retour des gouvernements en question ?
Application de la méthodologie, le scoring, la notation, etc.?
A cet égard, deux facteurs majeurs méritent d’être signalés et ce, afin d’identifier
quelques pistes de réponse à toutes ces interrogations et essayer, par conséquent, de
comprendre les enjeux, les rapports d’influence et les liens de captivité qui pourraient
s’établir ipso facto entre les trois catégories d’acteurs les plus concernés, à savoir celle
qui intéresse la partie interne englobant particulièrement l’État, les collectivités
locales, les entreprises publiques et les institutions financières nationales d’un côté et
la partie externe qui concerne, en l’occurrence, les deux autres catégories à savoir les
agences de notation et les OI notamment celles à vocation financière et économique de
l’autre.

218
STREAMLINED—regulations that accomplish the desired outcome in the most efficient
way; MEANINGFUL—regulations that have a measurable positive impact in facilitating
interactions in the marketplace; ADAPTABLE—regulations that adapt to changes in the
environment; RELEVANT—regulations that are proportionate to the problem they are
designed to solve; TRANSPARENT—regulations that are clear and accessible to anyone who
needs to use them

220
Premièrement, il s’agit notamment des actes, méthodes, intervenants, planning,
méthodes de négociation et autres procédés et démarches et ce, indépendamment
qu‘ils soient volontaires ou imposés et qui forment, en quelques sortes, l’ensemble de
composantes d’un processus qui accompagne et procure l’appui aussi bien à
l’identification qu’à la légitimation des besoins de financement et plus
particulièrement le recours à des fonds extérieurs tout en moyennant plus
spécifiquement l’endettement.
Deuxièmement, cette mise en cohérence telle que notifiée dans le souhait de
comprendre les interférences existantes entre les différents acteurs susmentionnés,
intéresse dans un second niveau les crises économiques qui contribuent d’une façon
considérable à faire naître des flux d’information qui circulent dans deux canaux qui
se superposent implicitement associant ainsi les deux volontés respectives interne et
externe.
Sous ce rapport d’influence, pourrait se conjuguer ainsi une forme de
consentement ou d’accord, parfois équivoque et non explicite, qui concerne
l’identification et l’acceptation des exigences préconisées par les OI ayant
compétences en la matière tout en bénéficiant de la notation moyennant des critères de
mesure préétablis de légitimation du confinement de l’octroi d’un financement sous
une forme contractée.
Par ailleurs, il faut noter que les OI à vocation financière disposent, sans doute, de
mécanismes de mesure et d’évaluation qui leurs permettent de juger ou simplement de
mesurer une économie bien déterminée par rapport à sa viabilité, à sa performance et à
la solvabilité des acteurs concernés qui représentent l’État ou les institutions
financières (banques ou sociétés d’assurances) et qui pourraient, partant de ce
principe, se procurer les garanties nécessaires pour un recouvrement éventuel.
Néanmoins, le recours explicit à ces évaluations et ces mesures pilotées ainsi par
ces instituions internationales financières ne prétend pas a priori à assurer la
subordination nécessaire des États en question qui formulent des intentions d’aide
financière et économique et ne se prête pas non plus, par conséquent, à faire valoir les
exigences de bonne conduite ou de bonne gouvernance ainsi préconisées par les OI
elles mêmes pour assurer à ces États une sortie de crise telle que souhaitée.
D’où, une argumentation toute particulière pourrait, ainsi, conforter ce
raisonnement et appuyer par conséquent ces remarques.

221
D’abord, la montée des crises de nature financière et économique qui prennent de
plus en plus de l’ampleur et qui pourraient mener à la cessation de payement et la
récession économique qui s’infiltre dans plusieurs États, constituent par conséquent
des indications de la mauvaise gouvernance qui s’accumulent au niveau des marchés
économiques et financiers n’épargnant pas ni institutions étatiques ni entreprises
financières non étatiques.
Ceci étant, ces constatations semblent susciter l’attention des OI à accorder une
réflexion particulière aux évaluations et à la fonction de mesure qui devrait être
conduite par un organisme externe.
En conséquence, toutes ces déductions pourraient être soutenues davantage
lorsqu’il serait envisageable de faire assimiler les bayeurs de fonds internationaux
s’agissant, à titre à titre d’exemple du Fonds Monétaire International, de la Banque
Européenne d’Investissement et de la BIRD, à des banques qui, dont la sphère
nationale, acheminent des relations financières soumises à des exigences engageant
nécessairement aussi bien la confiance mutuelle et réciproque que l’établissement des
gages de garanties assurant ainsi la multiplication et la pérennisation de leur fonction
et de leur mission et ce, indépendamment de la précarité du marché financier, de sa
maturité ou de la conjoncture de crise qui pourrait être calculée ou subie d’une
manière inopinée.
Par ailleurs, un deuxième exemple d’organismes qui s’attribut la fonction de
mesure et de notation qui ont trait notamment à la dimension économique est
l’entreprise Moodys219.
Par ailleurs, selon un récent rapport établi suite à une recommandation du Senat
français : « Les agences de notation financière évaluent le risque de crédit, c’est-à-
dire le risque de défaut d’un émetteur sur ses dettes financières. Standard and Poor’s
et Moody’s détiendraient ensemble 80 % des parts de marché mondial et Fitch 15
% ». 220
Eu égard à l’importance de la mesure et de l’évaluation quant au rendement et à la
performance publique, le raisonnement suivant lequel une donnée bien déterminée
devrait être traitée est lié, lui-même, à une mesure d’ordre purement technique et
composé ainsi de plusieurs dispositifs.

219
https://www.moodys.com/Pages/atc.aspx
220
Synthèse du rapport sur les agences de notation « Agences de notation pour une
profession règlementée » (Juin 2012) www.senat.fr/espace_presse

222
Par ailleurs, l’agence de notation Standard & Poor's Ratings Services221
représente un troisième acteur de mesure selon lequel souveraineté et mesure des
secteurs de gouvernance prônent l’opposabilité des répercutions et des analyses.
Ceci étant, quelques remarques méritent d’être relevées afin de mieux comprendre
la question relative à la mesure notamment lorsqu’il s’agit du domaine financier à
travers l’exercice de la notation222.
D’abord, il faut signaler qu’il est entièrement difficile d’accéder à la base de
données qui permet le calcul, l’analyse et l’interprétation des résultats. Ceci paraît
concevable ou pourrait, généralement, être acceptable s’agissant d’une méthodologie
spécifique et appropriée.
En revanche, ce qui paraît insoutenable ou du moins incompréhensible c’est la
défense d’entrée, qui caractérise la configuration du site d’information de cette agence
de notation, à plusieurs rubriques qui sont sensées fournir des informations et des
documents et en particulier, le non-accès, sauf pour les membres, à toutes les
informations relatives à la méthodologie de notation, le mode de calcul, les critères
adoptés pour mesurer la performance et la fiabilité financière des États et des
entreprises.
Une deuxième remarque mérite également d’être soulevée à partir du moment où
l’accès à l’information serait conditionné et restreint et ce, étant donné que la
transparence des méthodes, des critères et des processus relatifs à la mesure, qui
demeure la fonction essentielle et la mission primordiale de cette agence de notation,
fait défaut dans la plupart des cas223.

221
https://ratings.standardandpoors.com/governments
222
L’origine des notes de Standard & Poor's : L’origine de Standard & Poor's Ratings
Services remonte à 1860, l’année où Henry Varnum Poor publia l’Histoire des chemins de
fer et des canaux aux États -Unis. Inquiet de peu d’informations dont disposaient les
investisseurs pour apprécier la qualité de crédit de ces emprunteurs, il entreprit de
rassembler et de publier des données sur les activités des entreprises. Depuis 1916,
Standard & Poor's diffuse des notes et fournit des analyses de risque de crédit aux
investisseurs et aux autres acteurs du marché. Guide de la notation de crédit :
http://www.standardandpoors.com/
223
A titre d’exemple, l’accès à la rubrique relative aux critères (CRITERIA) contenue
dans le Global Credit Portal https://www.globalcreditportal.com/ratingsdirect/ qui illustre
donc, en quelques sortes la modalité et les méthodes employées afin d’effectuer la mesure
par secteur et d’attribuer par conséquence une note est consacré/réservé entièrement et
d’une façon restreinte aux membres et l’accès serait réservé étant donné qu’il s’agisse d’un
« article Premium ».
Ce portail est consacré à étudier 5 secteurs à savoir les Entreprises, les Institutions
Financières, les Gouvernements, les Assurances et la Structure des Finances. Toute
entrée pour chacun de ses secteurs est refusée la réponse étant qu’il s’agisse toujours d’un
« Article Premium » http://www.standardandpoors.com/

223
Serait-il envisageable de se poser la question relative à l’influence qui
alimenterait les actes de financement acheminés par les instances internationales à
vocation financière compétentes.
En d’autres termes, dans quelle mesure et jusqu’à quel niveau d’influence, les
instances internationales à vocation financière, le Fonds Monétaire International (FMI)
ou les instances du groupe de la Banque Mondiale en l’occurrence, pourraient-elles
être influencées par les notations entreprises par une agence de notation ayant son
champ d’exercice dans cette sphère d’intervention, Standard & Poor's, qui reste le
plus indiqué en termes de ses marges de compétences pour des affirmations pareilles?
S’agit-il, finalement, dans cette dimension d’analyse, d’affirmer que les garanties
et les assurances nécessaires pour prouver la solvabilité étatique demeureraient
tributaires de la notation octroyée?
Ceci étant, il est également nécessaire d’affirmer que le déclenchement du
processus d’évaluation qui serait menée, éventuellement dans une notation, est soumis
à une demande acheminée par l’émetteur224.
Par ailleurs, le sens, la définition et la catégorisation des notes tels qu’admis par
225
les agences de notation et en particulier chez Standard & Poor's , permettraient de
mieux se fixer sur le langage employé et les explications adoptées ou encore
défendues aussi bien par les agences de notation elles-mêmes que par les canaux de
communication médiatiques qui eux-également interviennent en quelques sortes au
niveau du maillage interposé dans le processus de notation voire de jugement continu.
D’où, il paraît que l’effet multiplicateur généré via les médias et les réseaux
sociaux pour reproduire une notation pourrait ainsi contribuer à consolider ou au
contraire à contredire les jugements préconisés par les agences de notation et ce, en
administrant une analyse concurrentielle voire opposée moyennant un autre
témoignage distinct émanant d’autres intervenants qui, par soucis d’émulation ou par
volonté de reconsidération, veulent améliorer la performance économique et financière
de l’entité évaluée.

224
Standard and Poor’s Guide de la notation de crédit http://www.standardandpoors.com/
225
Ibid.

224
Vulnérabilité, risque, aptitude à satisfaire aux obligations financières, solvabilité,
défaut de paiement des engagements financiers, etc., tels sont quelques sources et
motifs d’explication qui pourraient illustrer la catégorisation par famille
d’appartenance d’une notation et agrémenter subséquemment l’indication de la note
attribuée.
Il s’agit, en l’occurrence, d’un langage appartenant à une expertise appropriée qui
témoigne en quelques sortes de la spécificité de ces notations.
Ainsi, ces spécificités qui caractérisent cette cartographie seraient, certes,
réservées à des évaluations, mais elles s’étalent à des nuances aussi bien d’ordre
théorique que pratique.
D’abord, selon les attributions de notes acheminées ainsi, par les agences de
notation, il existe deux familles appelées de la sorte « émetteurs, pour désigner les
États, entreprises ou collectivités par exemple» d’un côté et « émissions, afin
d’indiquer les titres de créances et les obligations de l’autre»226
Donc, il s’agit des deux catégories principales pour lesquelles s’accordent la
notation qui, selon le guide de la notation tel que préparé par l’agence de notation
Standard & Poor's, se présentent dans une dimension d’approximation et d’expression
d’opinion plutôt qu’une démarche de mesure et d’évaluation avec bien entendu toute
la subjectivité et la marge d’erreurs que pourraient revêtir une telle estimation, ce qui
est valable aussi bien pour les émetteurs que pour les émissions d’après le guide de la
notation de crédit.
D’où, «la note n’est pas une mesure absolue de la probabilité de défaut… nos
notes ne sont pas destinées à garantir la qualité de crédit future ni à mesurer l’exacte
probabilité qu’un émetteur ou une émission fassent défaut. Il s’agit plutôt d’exprimer
une opinion relative à la qualité de crédit …sur une échelle allant de la plus solide à
la plus fragile dans l’univers du risque de crédit.»227

226
Ibid.
227
Ibid. P.4

225
Ceci étant, une affirmation pareille pourrait démontrer la nécessité de nuancer le
degré de conformité recherché en amant, par obligation ou sous prétexte à travers le
recours à la notation en tant que mécanisme ou dispositif de mesure ou d’évaluation
qui, selon la coutume qui souscrit l’engagement aussi bien des OI que des États, par
peur ou précaution quant aux crises de nature économique et financière, paraît devenir
de plus en plus massif et démesuré.
Aussi, force est de signaler que la vocation de la mission de ces agences de
notation se focalise essentiellement sur une analyse de risque qui concerne l’examen
de probabilité quant à la capacité d’un pays, à titre d’exemple, de remboursement et
ce, plutôt qu’admettre la nécessité de procéder à une évaluation de la situation
économique du pays en question aussi bien en ce qui concerne les facteurs endogènes
qu’exogènes actuels ou futures permettant ainsi de mesurer substantiellement la
performance et la gouvernance économique et pas uniquement un examen
d’introspection quant à l’appréciation du risque éventuel.
Toutefois, la motivation de recourir, de subir ou même de prendre volontairement
en considération les résultats d’analyses conduites ainsi par les agences de notation
susmentionnées, selon les démarches, les méthodes déployées et la répartition adoptée
notamment dans le domaine financier avec en particulier les aspects portant sur
l’octroi des crédits, n’est pas certes, négligeable, ni évitable, mais à saisir avec soin et
précaution tout en l’indexant à la gouvernance intégrale.
Ceci étant, il est à signaler que, généralement, pour les États tout comme pour les
entreprises, par souci de conformité à la loi du marché et en prévision et en estimation
quant à l’impact et à l’influence qui soient générés à travers les enjeux économiques
conjoncturels d’ores et déjà reconnus ou prévus, il reste également illusoire d’échapper
à la pratique conventionnelle établie ou dictée dans la sphère universelle ou régionale
des transactions et d’alliances.
En fait, cette dimension pratique mènerait à une accommodation avec une
coutume qui incite à intégrer la notation dans la chaine d’appréciation de la
performance et de la gouvernance économique.

226
Par ailleurs, cette analyse de risque va forcement prendre en considération
uniquement les facteurs et les variables sous l’angle et la qualification actuelle ou
éventuelle du volume du risque sans pour autant s’attribuer une fonction de mesure par
rapport à la pertinence de l’octroi du financement aussi bien pour l’émetteur que pour
les émissions.
En effet, la schématisation des facteurs de risque telle que prise en compte dans
les procédés de notation engagés par Standard & Poor's, à titre d’exemple, pourrait
également expliquer davantage la nuance susmentionnée.
Force est de signaler que selon cette analyse, il semble nécessaire de nuancer non
seulement l’apport de la notation dans un processus de mesure et d’évaluation qui
concerne la performance et la gouvernance financière d’un pays à titre d’exemple,
mais également l’appréciation d’impact quant aux jugements qui pourraient, par
conséquent, découlés de la première constatation et être établis par rapport à la
gouvernance économique d’un tel pays et ce, suite à l’attribution d’une telle
notation228.
Suivant une synthèse du rapport sur les agences de notation "Agences de notation
pour une profession règlementée" tel qu’établi pendant le mois de juin 2012, et ainsi
recommandé par la commission compétente au sein du sénat français, une pensée
d’affirmation bidimensionnelle mérite d’être analysée et ce, malgré une apparence qui
indique la présence d’une contradiction entre les deux affirmations sous-indiquées.
En premier lieu, il s’agit de l’importance accrue de la notation en tant que
mécanisme d’évaluation des risques à la fois sollicité et prenant de l’ampleur à
l’échelle mondiale.
En second lieu, le souhait de trouver des alternatives quant au monopôle des
agences par l’élargissement de l’éventail des agences de notation (mise à part les trois
grands) et la réduction de l’effet des notations sur le marché financier et sur les choix
des investisseurs.

228
« Aux États-Unis, on relevait, en 1999, plus de 1 000 références aux notations dans
la règlementation relative aux marchés de titres et près de 400 pour les banques. Les
banques centrales font massivement appel aux notations pour apprécier la qualité des actifs
que les banques leur apportent en garantie.
A la fin 2011, sur les 2 017 milliards d’euros de garanties déposés auprès de la Banque
centrale européenne, 75 % étaient admis sur la base d’une notation émise par une
agence. - C’est dans ce contexte particulier que se développent des appels encore
incantatoires à la désintoxication vis-à-vis des notations. » Synthèse du rapport sur les
agences de notation « Agences de notation pour une profession règlementée » (Juin 2012)
www.senat.fr/espace_presse

227
Par ailleurs, les questions problématiques suivantes pourraient constituer des
éléments de contestation qui atténueraient la crédibilité des informations et des
données émises ou du moins apporter quelques soupçons quant à leur fiabilité.
Il s’agit notamment des relations d’influence, des conflits d’intérêt et en
particulier des questions relatives aux axes relatifs aux catégories suivantes.
D’abord, il s’agit de la rémunération des actes de notation et à la méthode de
notation et les facteurs d’influence exogènes et endogènes qui pourraient façonner la
tendance de ces cotations.
Ensuite, il s’agit de la prise en considération des notations et des classements
entrepris par rapport aux engagements tenus d’aide au développement, à titre
d’exemple.
Puis, le degré d’appropriation et de considération des résultats de notation dans les
démarches de mesure, d’évaluation et de gouvernance des risques au niveau national
ne semble pas garanti.
Après, il serait également opportun de signaler qu’aussi bien le niveau de pression
envisageable par les notations que leur impact ne seraient pas également affirmés.
Enfin, la nature des interprétations des notations, l’interprétation et l’analyse des
résultats enregistrés sur la base desquels les notations ont été adoptées, la publication
des rapports et la reconnaissance des notations et de leur valeur aussi bien juridique
que morale demeureraient des éléments d’interrogations aussi bien ambigus que sans
réponse, ni argumentation.

228
Paragraphe deuxième : La Bonne gouvernance financière : souci pressant
pour les États et normalisation internationale de la prudence excessive.

Sécurisation, protectionnisme, prudence, etc., telles sont désormais les mots


d’ordre au niveau international après la crise financière de 2008.
Par ailleurs, l’approche macro-prudentielle229 se développe de plus en plus en tant
que mécanisme voué, en quelques sortes, à attester une certaine crainte traduite ainsi
par une vigilance qui semble être exagérée et une méfiance à l’égard de toute
initiative d’entreprenariat.
En fait, il s’agit d’une configuration qui répond à un aperçu du risque global et
instantané naissant ainsi dans le marché financier en l’occurrence, mais qui pourrait
également apparaître dan le cadre des relations commerciales, des actes de transactions
économiques conclus entre différents acteurs nationaux et internationaux et même de
simples prestations financières entre particuliers.
En revanche, les rapports d’intérêt qui naissent et se concluent ou prétendent à
l’être tels qu’engagés entre les institutions financières elles mêmes, ou entre celles-ci
et les États ou d’une façon semblable entre les États eux-mêmes ou encore entre ceux-
ci et les OI qui se présentent en tant qu’acteurs dans ces rapports, se reconnaissent de
ce fait en tant que " prédateurs financiers " en émettant aussitôt un sentiment de
méfiance qui se généralise peu à peu pour qu’il devienne la norme applicable en
priorité.
En outre, ces rapports d’influence d’ordre financier pourraient ainsi être
configurés au niveau d’autres secteurs aussi bien politique qu’économique et
pourraient ainsi mener à des conflits et des divergences multiples.
À ce niveau, faut-il se poser la question afin de savoir dans quelle mesure le
pouvoir dont des OI disposent, pourrait-il régulariser les relations financières et statuer
sur les questions conflictuelles pour garantir effectivement la stabilité financière et
économique tant sur le plan macro qu’en ce qui concerne les micro-finances?

229
Banque de France • Revue de la stabilité financière • N° 13 – Quel avenir pour la
régulation financière? • Septembre 2009 « L’approche macro-prudentielle appliquée à la
régulation et à la surveillance financière »

229
Il s’agit d’une interrogation qui pourrait être déduite de la configuration de la
gouvernance appliquée au niveau de la Banque des Règlements Internationaux.230
Par ailleurs, au niveau européen, une approche de surveillance macro-prudentielle
a été illustrée à travers la création du Comité européen du risque systémique (CERS)
via le règlement (UE) no 1092/2010 du parlement européen et du conseil qui ne fait
pas référence aux notations de crédit dans ses alertes et recommandations lorsque de
telles références sont susceptibles d’entraîner un recours exclusif ou mécanique à des
notations de crédit231.
L’objectif essentiel paraît être lié aux perspectives d’établir des normes et des
principes visant à satisfaire aux exigences et aux conditions d’une BG financière, de
réfléchir sur les solutions qui visent notamment à éviter les crises financières et
économiques et de faire face aux risques éventuels à travers la constitution et
l’appropriation d’une approche macro-prudentielle et de détection anticipative des
risques suivant une démarche de prudence renforcée, inscrite et confirmée au niveau
du Bâle II. 232
L’enchainement qu’à connu l’établissement des normes, des recommandations,
des lignes directrices et des conseils pourrait témoigner de l’importance de
l’intervention internationale dans le domaine financier et économique en termes de
normalisation, de standardisation des pratiques et de régularisation et ce,
indépendamment de la valeur juridique que pourrait posséder ces dispositifs et
abstraction faite également de la présence d’aspects obligatoires ou contraignants.

230
Jacques HOUDAILLE. La Banque des Règlements Internationaux. In: Annales
d'histoire économique et sociale. 3e année, N. 11, 1931. pp. 321-348.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0003-441X_1931_num_3_11_1421
231
Institué par le Règlement (UE) no 1092/2010 du parlement européen et du conseil du
24 novembre 2010 relatif à la surveillance macro-prudentielle du système financier dans
l’union européenne et instituant un comité européen du risque systémique
232
Convergence internationale de la mesure et des normes de fonds propres -Dispositif
révisé -Version compilée Établie à partir du dispositif de Bâle II (juin 2004), des éléments
de l’Accord de 1988 non révisés dans le cadre du processus de Bâle II, de l’Amendement à
l’accord sur les fonds propres pour son extension aux risques de marché (1996) et du
document intitulé Application of Basel II to Trading Activities and the Treatment of
Double Default Effects (2005)

230
Par ailleurs, il faut signaler, qu’au niveau international, le Comité de Bâle sur le
contrôle bancaire a été crée en regroupant ainsi les hautes autorités du contrôle
financier représentées par les gouverneurs nationaux des banques centrales233.
D’autre part, l’évolution enregistrée au niveau de la série de normalisation connue
sous le libellé Bâle I puis, Bâle II234ensuite, Bâle III235 venait, ainsi, affirmer la
rigueur du contexte dans lequel l’inquiétude de la communauté internationale paraît
pressante face à la crise financière et à la fragilité des marchés économiques et
financiers.
En effet, ces crises pourraient générer, ainsi, mauvaise gouvernance, corruption,
crimes financiers et économiques, malversation, non transparence, conflits d’intérêts,
etc., pour lesquels aussi bien les gouvernements que les OI s’activent ensemble pour
y remédier.
D’ou, la question de relever les défis afin de faire face à l’avènement des risques
au niveau du marché économique et financier, a mené à l’établissement d’une
réglementation relative aux exigences minimales en matière de solvabilité et
d’incitation à l’adoption des meilleures pratiques en matière de gestion interne des
risques (Bâle II).

233
Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (Basel Committee on Banking
Supervision; CBCB) a été fondé en 1974 par les gouverneurs des banques centrales du
groupe des dix (G-10) au sein de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) à Bâle.
Le Comité se compose de représentants des banques centrales et des autorités de
surveillance bancaire des 27 pays suivants: Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite,
Argentine, Australie, Belgique, Brésil, Canada, Chine, Corée, Espagne, États -Unis, France,
Hong Kong SAR, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Pays-Bas,
Royaume-Uni, Russie, Singapour, Suède, Suisse et Turquie. Le Comité de Bâle est la
principale instance normative au niveau mondial en matière de réglementation bancaire et
sert de point de contact pour la collaboration en matière de surveillance bancaire. Il a pour
principales missions, afin de favoriser la stabilité du monde financier, de renforcer à
l'échelle mondiale la surveillance bancaire du point de vue de la réglementation, des
procédures et des pratiques bancaires.
234
L’Accord de « Bâle II » introduit une plus grande granularité dans la mesure des
exigences en fonds propres en introduisant notamment la possibilité pour les banques, sous
réserve d’une autorisation par le superviseur, d’utiliser des méthodes avancées de mesure
du risque de crédit ou du risque opérationnel. La validation des approches internes de
mesure des risques est l’un des enjeux majeurs de la mise en œuvre de Bâle II. Dans le cas
d’un groupe bancaire actif dans plusieurs pays, le processus d’autorisation implique une
coopération étroite entre les autorités de contrôle bancaire des pays d’origine et d’accueil
des établissements.
235
L’Accord de Bâle III comprend un ensemble de mesures destinées à renforcer la
résilience des grandes banques internationales ainsi que des mesures spécifiques sur le
risque de liquidité.

231
Par ailleurs le dernier dispositif en date, élaboré par le comité de Bâle sur le
contrôle bancaire, "Bâle III" représente un ensemble de mesures nouvelles, pour
renforcer la réglementation, le contrôle et la gestion des risques dans le secteur
bancaire. « Ces mesures ont pour objet d’améliorer la capacité du secteur bancaire à
absorber les chocs résultant des tensions financières et économiques, quelle qu'en soit
la source, d’améliorer la gestion des risques et la gouvernance et de renforcer la
transparence et la communication des banques.
Elles visent la réglementation au niveau des banques, dite micro-prudentielle, qui
contribuera à renforcer la résilience des établissements bancaires en périodes de
tensions et les risques systémiques macro-prudentiels susceptibles de s'accumuler dans
le secteur bancaire et leur amplification pro-cyclique dans le temps »236.
Ainsi, le comité de Bâle a établi " les principes fondamentaux " qui constituent un
cadre de normes minimales pour de saines pratiques de contrôle et sont considérés
comme universellement applicables.237
Bien que l’évaluation du respect des principes fondamentaux de la conformité et
de la conformité des systèmes bancaires et financiers dans chaque pays soit menée
suivant une méthodologie qui peut être utilisée dans des contextes différents, il
demeure nécessaire de signaler l’existence de dispositifs qui veillent à assurer la bonne
gouvernance financière internationale qui devrait être garantie essentiellement par des
procédés qui s’inscrivent en quatre dispositifs .
D’abord, il s’agit de l’auto-évaluation des autorités de contrôle bancaire.
Puis, le dispositif relatif à l’évaluation menée par les instances spécialisées du
groupe de la Banque Mondiale et du FMI qui est établi au niveau de la qualité des
systèmes de contrôle bancaire à l’instar du Programme d’Evaluation du Secteur
Financier (PESF).
Ensuite, il s’agit des vérifications par des tiers tels que les consultants privés.
Enfin, se sont des vérifications par des pairs qui seraient menées à titre d’exemple
au sein de groupes régionaux d’autorités de contrôle.

236
© Banque des Règlements Internationaux, 2012- www.bis.org
237
Comité de Bâle sur le contrôle bancaire- Principes fondamentaux pour un contrôle
bancaire efficace - © Banque des Règlements Internationaux, 2012- www.bis.org

232
Ainsi, toute évaluation devrait viser en priorité à déterminer la nature et l’ampleur
des déficiences du système de contrôle bancaire et des lacunes dans la conformité avec
les différents principes fondamentaux.
D’où, pour évaluer la conformité d’un système avec un principe fondamental, la
méthodologie propose, pour chaque principe, une série de critères d’évaluation
essentiels sur lesquels sera basée la mesure de la gouvernance économique du pays
concerné.
Subséquemment, les appréciations, où la notation est accordée suivant une
démarche qualitative, s’identifient selon le respect du principe fondamental et par
rapport au degré de conformité suivant un échelonnement qui répond à la classification
suivante238 : « …

Conforme – La conformité intégrale à l’un des principes implique généralement


que tous les critères essentiels applicables au pays sont remplis sans manquement
notable. Un pays peut naturellement démontrer que le principe a été respecté par des
voies différentes. Inversement, en raison de conditions spécifiques à certains pays, les
critères essentiels peuvent être insuffisants pour réaliser l’objectif visé par un Principe
d’autres mesures peuvent alors être nécessaires pour considérer que l’aspect du
dispositif de contrôle bancaire envisagé par le Principe est effectivement en place.

Relativement conforme – La conformité relative signifie que seules des


insuffisances négligeables ont été constatées et qu’elles ne suffisent pas à mettre
sérieusement en doute la capacité et l’intention manifeste de l’autorité de contrôle
d’atteindre pleinement l’objectif visé par le Principe, dans le délai imparti.
L’appréciation « relativement conforme » peut être accordée lorsque le système ne
répond pas à tous les critères essentiels, mais que son efficacité est globalement
satisfaisante et qu’aucun risque significatif n’est laissé sans réponse.

238
Comité de Bâle sur le contrôle bancaire- Principes fondamentaux pour un contrôle
bancaire efficace -Paragraphe 61-p 19 - © Banque des Règlements Internationaux, 2012-
www.bis.org

233
Relativement non conforme – La non-conformité relative à un Principe
correspond à une situation d’insuffisances graves, malgré l’existence de règles,
règlements et procédures formels, et lorsque l’inefficacité du système de contrôle est
établie, que la mise en œuvre pratique du Principe est déficiente ou que les
insuffisances sont de nature à mettre en doute la capacité de l’autorité de contrôle
d’assurer la conformité. Il est admis que l’écart entre « relativement conforme » et «
relativement non conforme » est large et que le choix peut s’avérer difficile. Toutefois,
l’intention est de forcer les évaluateurs à prendre une position claire.

Non conforme – L’appréciation « non conforme » correspond à l’absence de mise


en œuvre réelle du Principe, au non-respect de plusieurs critères essentiels ou à une
situation d’inefficacité manifeste du contrôle bancaire ».
Ceci étant, disposant de la personnalité juridique internationale et de la capacité
juridique239et ayant la forme d’une Organisation Internationale, la Banque des
Règlements Internationaux connue sous sa nomination en anglais « Bank for
International Settlements » (BIS)240, œuvre à favoriser la coopération entre les banques
centrales241.
Par ailleurs, la transposition des dispositions de l’accord de Bâle susmentionné au
niveau du droit européen fait référence à la directive 2006/48/ce du parlement
européen et du conseil du 14 juin 2006 concernant l'accès à l'activité des
établissements de crédit et son exercice qui prévoit dans son paragraphe (37) des
considérants ce qui suit : « À cet égard, le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a
adopté le 26 juin 2004 un accord-cadre sur la convergence internationale de la mesure
et des normes de fonds propres.

239
Accordée ainsi à travers les dispositions de l’Article premier relatif à la Personnalité de
l’Accord entre le Conseil fédéral suisse et la Banque des Règlements Internationaux
en vue de déterminer le statut juridique de la Banque en Suisse du 10 février 1987
240
Statuts de la Banque des Règlements Internationaux du 20 janvier 1930.-
http://www.bis.org/
241
Statuts de la Banque des Règlements Internationaux du 20 janvier 1930 - Article 3 «
La Banque a pour objet : de favoriser la coopération des banques centrales et de fournir
des facilités additionnelles pour les opérations financières internationales ; et d’agir
comme mandataire (trustee) ou comme agent en ce qui concerne les règlements financiers
internationaux qui lui sont confiés en vertu d’accords passés avec les parties intéressées ».

234
Les dispositions de la présente directive relatives aux exigences minimales de
fonds propres des établissements de crédit et celles relatives aux exigences minimales
de fonds propres figurant dans la directive 2006/49/CE du Parlement européen et du
Conseil du 14 juin 2006 sur l'adéquation des fonds propres des entreprises
d'investissement et des établissements de crédit (4) constituent le pendant des
dispositions de l'accord-cadre de Bâle. »
Par ailleurs, l’intervention du Fond Monétaire International en matière de
management, de détection et de l’évaluation des risques notamment dans le secteur
bancaire et financier se réfère à une méthodologie de préparation de rapports
d’évaluation spécifique242 et ce, dans une configuration conjointement initiée avec le
groupe de la Banque Mondiale dans le cadre du Programme d’Evaluation du Secteur
Financier (PESF).
Ceci étant, dans son rapport sur la stabilité financière dans le monde (GFSR) –
élaboré en avril 2014, le Fond Monétaire International, retrace un bilan plutôt positif
ayant trait à l’évolution vers la stabilité financière243, suivant une répartition tripartite
spéciale du territoire mondial et ce, tout en maintenant une certaine prudence
concernant les vulnérabilités des systèmes financiers et les ajustements nécessaires à
introduire.
D’où, la première catégorie concerne les États Unis où l’économie se caractérise
par une reprise et une politique monétaire qui commence à se normaliser.
Quant aux pays émergents en deuxième catégorie, dont le secteur financier
s’oriente vers une croissance plus soutenable, ils ont entrepris de corriger les
vulnérabilités macroéconomiques dans un contexte financier extérieur moins
favorable.
La zone euro qui se représente en une troisième catégorie, renforce les fonds
propres bancaires, à l’heure où elle surmonte la fragmentation pour se doter d’un
dispositif d’intégration plus robuste244.

242
INTERNATIONAL MONETARY FUND Guidance Note for Staff on Undertaking
Targeted (Risk-Based) Reports on the Observance of Standards and Codes (ROSCs) in
Financial Regulation and Supervision- October 5, 2010
243
Synthèse du rapport sur la stabilité financière dans le monde (GFSR) Portail
du FMI ; http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/gfsr/2014/01/pdf/sumf.pdf
244
Ibid.

235
Force est de constater que le rapport susmentionné établit un réel déséquilibre en
mettant en exergue à titre d’exemple les Etas Unis en double positionnement stable ou
confortable et ce, d’abord en qualifiant son évolution progressive vers une économie
auto-entretenue comme la plus avancée d’un côté et en liant et même en conditionnant
la stabilité financière économique mondiale avec le niveau d’accommodation de
l’économie des Etas Unis ce qui pourrait avoir « d’importantes retombées sur les pays
avancés et émergents avec l’adaptation des portefeuilles et la réévaluation des
risques.»245
Ceci étant, ce ne serait-il pas une forme d’appréciation qui aurait la tendance
subjective en favorisant d’abord l’économie américaine par rapport à celle de l’Union
Européenne, du japon, ou des pays ou économies émergentes et en n’accordant pas
ensuite un positionnement, indépendamment de sa légitimité ou exactitude, à
l’économie de la chine ou précisément à la situation de la stabilité financière chinoise
qui semblerait avoir le potentiel concurrentiel sur le marché économique et financier
mondial.
De même, le document relatif aux perspectives de l’économie mondiale élaboré
sous l’égide du Fond Monétaire International en avril 2014 246 constitue « le principal
instrument des activités de la surveillance multilatérale du FMI »
Sur la base des objectifs et du fonctionnement au niveau international en matière
de lutte contre le blanchiment d’argent247, le contrôle financier et bancaire et autre
objets connexes, une remarque aussi bien d’ordre juridique que technique mériterait
d’être mentionnée.
D’abord, il faut signaler que les objectifs ainsi assignés aux différentes missions
internationales dans les domaines susvisés éprouveraient un lien étroit avec l’aspect à
la fois réel d’un côté et qui favorise le développement d’un environnement favorable
menant au respect des principes et fondamentaux de la Bonne Gouvernance de l’autre.

245
Ibid.
246
Perspectives de l’économie mondiale octobre 2013. — Washington, Fonds Monétaire
International. v. ; 28 cm. — (Études économiques et financières, 1020-1343)
http://www.imf.org/
247
Prenant, à titre d’exemple, les recommandations du GAFI (Groupe d'Action Financière
sur le Blanchiment d'Argent) qui sont considérées et reconnues comme les normes
internationales en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme (LBC/FT)247 « version adoptée en février 2012 ».

236
La non existence de tel système de vigilance permettrait vraisemblablement la
composition d’un niveau assez important de risques multidimensionnels dans un pays
bien déterminé et qui auraient certainement des effets et impacts sur tout le système de
gouvernance avec toutes ses pondérations aussi bien politique que sociale et
économique et concernant ainsi tous les acteurs gouvernementaux et non
gouvernementaux.
D’où, ce qui semble pertinent à relever au travers des actions de mesure ainsi
menées par des organismes spécifiques qui ont pour objectif général de mesurer le
positionnement par rapport à un ensemble d’indicateurs, de périmètres géographiques
et d’indices liés à des OI, c’est que les résultats de mesure et d’analyses paraissent être
prises en considération dans les attestations de la gouvernance financière qui seraient
accordées et au niveau du ciblage et de la conformité des liens de solidarité qui
pourraient naître ou être consolidés entre les groupements interrégionaux et entre les
États membres et les instances des OI à vocation régionale.

237
II- DEUXIEME PARTIE:

LA BONNE GOUVERNANCE :
LA CONDUITE DES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES EST À REPENSER

239
Il s’avère opportun de signaler que les Organisations Internationales devraient
repenser leurs méthodes d’appui, de généralisation et de standardisation qui ont trait à
la constitution d’une approche d’appropriation de la Bonne Gouvernance.

Force est de constater que l’objectif ultime, qui paraît avoir une commodité
générale avec les principes et les fondamentaux universalisables caractérisant la Bonne
Gouvernance, malgré qu’il semble parfois fictif, est d’instaurer un paysage de
confiance entre les différents niveaux globaux de gouvernance dans la sphère
mondiale faisant ainsi intervenir OI, États et autres intervenants non gouvernementaux
avec des interconnexions qui obéissent à la connectivité entre ces divers acteurs.

Par ailleurs, cette confiance telle qu’elle pourrait être souhaitée et instaurée
revient à établir une appropriation qui se construit à travers l’autodétermination qui est
elle-même supposée être privilégiée en se basant sur la spontanéité et la légitimité
plutôt que sur la recommandation et l’obligation.

Cette démarche pourrait être conçue sous forme d’une méthode inversée de
Gouvernabilité qui représente un récapitulatif de mes recherches engagées en la
matière et pourrait mener à faire surgir, par conséquent, des relations
d’interdépendance selon une configuration d’horizontalité et parfois de nature
ascendante qui vise à établir un équilibre conçu en objectivité par rapport à
l’appartenance au processus et aux résultats plutôt qu’à uniquement les intervenants.

Le but d’introduire cette conceptualisation est qu’elle m’a parue une réponse
adéquate à un besoin de qualification de l’action de transformation, de réingénierie de
performance et d’innovation qui, étant donnée qu’elle soit requise par un domaine, un
secteur ou une institution, mérite de se référer à la gouvernance qui devrait être bonne
par définition ou suivant la nécessité.

241
Si le concept de gouvernabilité pourrait designer l’ensemble des trois
composantes s’agissant du système qui va être gouverné, puis le système de
gouvernance et enfin les interactions entre les deux premières composantes248, les
analyses qui pourraient être conçues en rapport avec le rôle préconisé des OI semblent
être aussi bien évolutives qu’ayant une tendance comportementale et morale en
s’identifiant aux acteurs institutionnels qui sont appelés à concevoir et à piloter les
systèmes de gouvernance pour qu’ils soient mieux gouvernables.
En effet, « la Gouvernabilité pourrait désigner, selon la conceptualisation des
recherches que j’ai menées, l’illustration du processus de configuration de la BG dans
une entité à caractère public ou privé, gouvernemental ou non gouvernemental et ce,
afin qu’elle soit prédisposée à répondre le mieux possible aux exigences d’innovation
et de transformation en dynamisant les synergies fondamentales entre effectivité et
rentabilité »249.
Ceci étant, la réalisation de cette démarche de gouvernance de la méthode ou
de la manière250, que j’ai conçue, répond ainsi à des obligations qui incombent aux
OI auxquelles revient las consécration de l’apport d’un avantage de pilotage et
d’initiation en ce qui concerne la BG.
En effet, ces obligations pourraient se résumer en quatre grands principes.
Premièrement, il s’agit de la protection de l’authenticité des bonnes pratiques
telles qu’initiées au niveau étatique aussi bien national qu’infranational.
Deuxièmement, c’est l’adoption et l’hébergement des initiatives de Bonne
Gouvernance en termes de bon usage à exporter et à généraliser soit-il public ou
privé, gouvernemental ou non gouvernemental et même individuel ou collectif.
Troisièmement, ces obligations concernent le pilotage intelligent des initiations
et le bon ciblage de l’excellence en termes d’accompagnement et de récompense ou
de réingénierie.
Enfin, il s’agit de l’orchestration spontanée de la diffusion et de la
généralisation des bonnes pratiques issues des États tout en adoptant une démarche
d’un bon dosage équilibré, cohérent et harmonieux.

248
Jan KOOIMAN, Exploring the Concept of Governability, Journal of Comparative Policy
Analysis: Research and Practice Volume 10, Issue 2, 2008 pages 171-190
249
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
250
Ibid.

242
Ceci étant, cet équilibre de dosage de bonnes pratiques initiées par les États et
adoptées par les OI, suivant cette démarche de gouvernance de la méthode inversée
sera soumis à une obligation supplémentaire d’ordre technique.
En effet, force est de constater qu’étant donné que chaque bonne pratique de BG
est constituée sur la base d’objectifs d’amélioration de la performance en termes
d’efficacité, d’efficience ou d’effectivité, le transfert de ces objectifs qui devrait
accompagner la diffusion et la généralisation de la bonne pratique en question a besoin
de se former de la même spontanéité originalement octroyée.
En d’autres termes, les objectifs d’origines alimentant chaque bonne pratique
initiée par un État et adoptée par une OI en vue d’être généralisée, devraient être
identifiés, transférés et appropriés suivant une approche d’assimilation et
d’appropriation.
En outre, ces objectifs ne devraient notamment pas être menés moyennant
uniquement une approche déclaratoire, de recommandation ou d’orientation.
En conséquence, il faut signaler qu’il existe un écart considérable entre l’approche
déclaratoire d’un objectif de BG d’un côté et l’approche d’assimilation et
d’appropriation d’un objectif de BG de l’autre et ce, dans le cadre de cette synergie
telle que convoitée et requise pour qu’elle s’établisse entre la légitimé et l’effectivité
dans tous les liens de gouvernance qui naissent certes, entre les différents acteurs
internationaux, indépendamment de leurs statuts, mais, se partageant une même
configuration de la BG demeure nécessité.
Semblablement, l’approche d’assimilation et d’appropriation d’un objectif de
251
BG , que j’ai conçue, suppose par définition l’accomplissement de tous les éléments
d’un processus qui répond aussi bien à un besoin de concertation et de communication
qu’à une logique d’imputabilité.
Par conséquent, cette approche tiendrait le cheminement suivant252 :
Tout d’abord, ce processus tel que susmentionné commence, formellement, par
l’identification d’un objectif qui aurait une signification multiple ainsi qu’une logique
d’alternative ce qui explique en quelques sortes l’adoption d’une démarche
tridimensionnelle.

251
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
252
Ibid.

243
Premièrement, il s’agit d’une démarche d’adaptation par rapport aux besoins
des destinataires qui devrait s’accommoder aussi bien des besoins exprimés que latents
ou même provoqués.
Deuxièmement, l’identification d’un objectif s’opère suivant une démarche
d’innovation en tenant compte d’un souhait de modernisation qui représente un choix
fréquemment introduit et préconisé dans les secteurs économiques et au niveau de la
gestion publique en général.
Troisièmement, il s’agit d’adopter une démarche de protection quant aux
garanties qu’il faut établir par rapport à un droit, à une liberté ou à un principe
fondamental de coexistence respectant ainsi un engagement sociétal.
Ensuite, après avoir identifié cet objectif en adoptant une seule ou toutes les
approches confondues, le deuxième élément qui répond aux exigences de l’approche
d’assimilation et d’appropriation d’un objectif de BG se traduit à travers le transfert
du sens.
Formellement, pour ce transfert du sens de l’objectif initialement identifié, il
s’agit d’une action qui devrait s’acheminer via des canaux de communication
directement ou indirectement, dépendant ainsi du secteur d’intervention, de la
démarche proposée, de la nature de l’objectif lui-même et de la force de proposition et
d’influence entre les parties concernées.
En outre, ce transfert du sens demeure principalement tributaire, le cas échant, de
la portée des liens de coopération, d’intégration ou de la force du lobbying existant
entre l’OI en question d’un côté et les États ou l’État concerné de l’autre.
Enfin, aborder l’appropriation, en tant qu’une partie intégrante de cette approche
d’assimilation d’un objectif de BG revient, vraisemblablement, à examiner un facteur
crucialement déterminant dans la qualification du résultat, par lequel l’atteinte de cet
objectif, en tant que tel, serait évaluée.
En conséquence, il s’agit de mesurer le degré d’assimilation qui revient,
finalement, à mesurer le niveau d’appropriation qui constitue un élément qui
demeure extrêmement important et demande, par conséquent, un traitement particulier
et un pilotage soigneusement mené.

244
Par contre, l’approche déclaratoire ou d’imposition d’un objectif de BG253, qui
constitue l’aboutissement de mes recherches en la matière, pourrait conduire à de
multiples scénarios qui sauraient se résumer en deux axes fondamentaux.
En premier lieu, il s’agit de la déclaration d’un objectif qui pourrait être affrontée
par un refus partiel, un refus catégorique ou un refus dissimulé qui certes, non
prononcé immédiatement et qui pourrait, dans la majorité des cas, être la résultante
directe de la non assimilation, mais qui s’expliquerait par une volonté de justifier
intrinsèquement l’appartenance à une autre optique de choix et d’orientation.
En deuxième lieu, la déclaration d’un objectif pourrait provoquer un ensemble de
processus véhiculant la dégradation de l’image et de la position de l’OI d’une part et
de la confiance présumée entre les États et les OI de l’autre et ce, à travers la
production éventuelle des effets qui pourraient se classés en deux catégories.
D’abord, la première catégorie pourrait concernée la négligence de l’objectif de la
part des États destinataires présumés, la dépossession graduelle de pouvoir de
recommandation et de l’arbitrage chez l’OI à laquelle revient l’identification de
l’objectif en question et la confiscation de la légitimité quant à l’OI qui représente
l’entité qui s’engage en tant que détentrice-annonciatrice de cet objectif.
Ensuite, la deuxième catégorie concernerait la dépersonnalisation de l’identité
aussi bien des États initialement et principalement destinataires de l’objectif que de
l’OI qui prétendait agir conformément aux missions et mandats originaires, la
méconnaissance de statut des États qui prétendaient la non assimilation ou la non-
conformité de l’objectif par rapport à leurs besoins spécifiques et le déclenchement de
nouveaux processus de négociation pour l’établissement de nouveaux objectifs ou la
correction des objectifs précédents.
Ainsi, il faut noter que la recherche d’une configuration adéquate et appropriée
des objectifs de BG nécessite une attention toute particulière qui devrait lui être
allouée à la phase de préparation qui précède l’identification de l’objectif lui-même.
En effet, force est de constater que sur le plan antérieur et en ce qui concerne la
période qui précède la constitution des objectifs, il faut signaler qu’il existe des
préalables nécessaires qui pourraient contribuer incontestablement à établir la
confiance et à atteindre l’entente et la conformité entre les aspirations des États et la
volonté d’accommodation relatée par les OI.

253
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

245
Il demeure ainsi indispensable d’établir « une nouvelle logique de reconstitution
et de revalorisation de la gouvernance méthodologique ou de la gouvernance de la
méthode en s’inscrivant au niveau du processus de la Gouvernabilité auquel des
analyses et des démonstrations ont été précédemment acheminées.
En d’autres termes, cette reconstitution de la gouvernance de la méthode
s’acheminerait en fait, à travers l’approche d’assimilation et d’appropriation des
objectifs qui pourrait se positionner à la fois comme une démarche pragmatique
quant à l’identification de l’objectif lui-même et participative quant au transfert du
sens et à l’appropriation qui représentent les trois phases essentielles dans la
constitution et l’assimilation de l’objectif qui tend, in fine, à établir une meilleure
Gouvernabilité »254.
Ceci étant précisé, cette reconsidération de la Gouvernabilité dépendra de
l’existence de certains préalables qui consistent à préparer scrupuleusement les
garanties nécessaires pour rapprocher le mieux et le plus possible l’atteinte des
résultats par rapport aux objectifs initialement identifiés et à s’assurer de l’assimilation
et de l’appropriation de ce rapport en termes de processus et de démarches holistiques
et systémiques.
En effet, il existe quatre niveaux qui constituent les champs d’application pour
cette réingénierie de la Gouvernabilité255 en s’identifiant au niveau
international avec ses diverses zones universelle, interrégionale, régionale et sous-
régionale, au niveau des différents liens de gouvernance qui se créeraient entre les
États et les OI, au niveau national et au niveau infranational.
Après avoir été identifiées, les conditions particulières auxquelles les OI devraient
s’appliquer davantage pour ainsi garantir la confiance souhaitée des États en termes
d’assimilation des objectifs et d’appropriation des projets et programmes s’inscrivant
dans la conquête de la BG tout en considérant ses configurations et ses différentes
articulations.
Par conséquent, il demeure nécessaire de fixer quelques éléments qui pourraient
concrétiser et renforcer l’effectivité de l’intervention des OI.

254
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
255
Ibid.

246
D'abord, en ce qui concerne le premier niveau, les apports préalables alloués à la
réingénierie de la gouvernabilité, toujours en ce qui concerne les champs d’application
de la BG qui incombent aux OI, pourraient s’articuler autour des éléments suivants :
La prise en considération du concret dans la configuration non seulement des
objectifs, mais également des actes visant la concrétisation de ces objectifs et ce, dans
toutes les formes de coopération et de partenariat qui concernent aussi bien les États
membres que les États non membres de l’OI concernée.
En effet, l’aspect pratique qui devrait accompagner l’identification des objectifs,
s’agissant du domaine de la BG, semble être insuffisamment pris en compte parce que
la forme et la technique de mise en œuvre de chaque objectif tel qu’inscrit au niveau
des actes constitutifs ou sur le plan des projets et programmes de coopération qui ont
trait à l’adhérence des États à la structuration de la BG ne permettent pas une
incorporation de l’aspect palpable et du caractère tangible.
En fait, pour mieux illustrer cette affirmation, prenant, à titre d’exemple les axes
relatifs, en premier lieu, à la meilleure considération du contexte et des spécificités de
la gouvernance aussi bien nationale qu’infranationale, au bon usage des coutumes qui
s’accommoderaient de la manière de gouverner, l’évaluation de la gouvernance et le
fait d’être disposer à être mesurée en référence aux principes de BG et au bon dosage
des directives et des recommandations internationales.
En deuxième lieu, ces éléments d’illustration de cette affirmation pourraient
concernés la recherche du commun partagé entre les acteurs de gouvernance nationaux
et internationaux, gouvernementaux et non gouvernementaux, la protection et le
parrainage de l’excellence et de l’innovation qui tendraient à concrétiser la BG, le
ciblage du consensus et des compromis entre les différents intervenants et l’arbitrage
soumis à la collégialité et à la prise de décision d’assemblée.
Ensuite, s’agissant conjointement du deuxième et du troisième niveau, qui
concernent les liens qui se créent entre les États et les OI d’un côté et les rapports de
gouvernance sur le plan interne de l’État lui-même de l’autre, les questions préalables
qui pourraient être affectées à la réingénierie de la Gouvernabilité, pourraient être
constituées en s’inscrivant par rapport à la coordination, à la responsabilisation, à
l’impulsion, à la négociation, au lobbying et à l’équilibre quant au fonctionnement des
liens de gouvernance entre les niveaux de pouvoirs et les intervenants.

247
Par ailleurs, il faut signaler que, probablement, ce qui pourrait en premier lieu
modeler l’action des OI aussi bien juridique que matérielle, en fonction des soucis de
la non effectivité et qualifier, en second lieu et par conséquent, la situation de la
gouvernance tout en extrayant les effets et les impacts tant possibles que souhaités à
travers une nouvelle conduite d’actes et de méthodes, permettraient de procéder à une
analyse substantielle des facteurs et des constatations qui pourraient indiquer une
certaine fragilisation de l’effectivité des OI d’un côté (chapitre premier).
Ceci étant, la remise en cause et les exercices d’autoévaluation menées afin de
mesurer les degrés d’appropriation des principes de la BG permettraient également
d’affirmer la nécessité d’adopter une nouvelle configuration de la gouvernance
caractérisée par de nouvelles approches, des nouveaux positionnements et d’une
nouvelle dynamique d’identification des variables et des enjeux sur lesquels
reposerait, pour chaque intervenant dans tous les niveaux de gouvernance nationale,
infranationale, international et interrégionale, la quête de mieux gouverner (deuxième
chapitre).

248
A. Premier chapitre : La gouvernance recommandée fragilise
l’effectivité internationale.

Il semble, d’emblée, judicieux de signaler qu’il est question de savoir s’il s’agit
d’un impact du conflit de gouvernance entre le national et l’international ? Ou,
s’avère-t-il adéquat de procéder à l’analyse du statut de l’OI qui se vulnérabilise face à
l’ineffectivité de ses actes ?
Dualité d’engagements qui oscillent entre recommandation et autorégulation,
interférence, ingérence et souveraineté, partialité, conquête de positionnement pour
mieux gouverner ou établir les règles de gouvernance, compétences régaliennes et
souveraineté mises à risque, telles, semblent constituer les principales spécificités qui
caractérisent de plus en plus les relations entre État et OI.
Ceci étant, cette déduction va probablement laisser émerger une question
extrêmement cruciale quant à la relation d’interdépendance ou d’inter-influence
possible entre l’organisation internationale et ses membres notamment en ce qui
concerne l’adoption et la généralisation des principes et des fondamentaux de la BG.
En effet, une inquiétude qui pourrait être aperçue se traduit au travers de deux
questionnements.
En premier lieu, il est nécessaire de savoir si l’OI elle-même adopte-elle et
applique-t-elle les valeurs, les standards, les principes et les normes de la bonne
gouvernance notamment en ce qui concerne la crédibilité, l’équité, la transparence et
la redevabilité?
En second lieu, il demeure également indispensable de savoir à travers quel
mécanisme ou dispositif, indépendamment de sa nature ou de sa forme qu’elle soit
juridique ou managériale, une OI pourrait-elle légitimer, justifier et faire appliquer une
recommandation par ses membres ou par un État tiers, dans un cadre de coopération
ou de partenariat?
En outre et suivant le même raisonnement, une question subsidiaire mérite
également d’être posée selon la forme suivante :

249
Dans quelle mesure peut-on admettre l’appel établi par une OI d’appliquer ces
mêmes recommandations à ces mêmes sujets par obéissance, soumission ou au travers
d’un niveau plus limité d’intégration, de collaboration ou de coopération alors que
cette organisation ne s’aligne pas elle-même à l’objet auquel elle fait appel par
cooptation ou par obligation ?
Et par conséquent, le même procédé de questionnement s’avère s’identifier afin de
savoir si les obligations statutaires, constituent-elles des sources d’obéissance ou
d’interdépendance ? Et ainsi, de connaître dans quelle mesure la relation d’influence,
de soumission ou de subordination pourrait également exister entre les organisations
internationales elles-mêmes?
Avant de procéder à apporter quelques éléments de réponse à ces deux familles
d’interrogation, il est nécessaire de situer, d’abord, le périmètre pour lequel la
recherche d’une réponse adéquate pourrait s’y référer, ce qui permettrait, par
conséquent, l’identification d’une réponse appropriée à chaque questionnement.

En premier lieu, on peut tenter de chercher « une vraie qualification de la relation


qui existe entre les États en tant qu’auteur-fondateur des OI et les Organisations
Intergouvernementales qui représentent in fine une œuvre créée.

En deuxième lieu, à partir du constat précédent, on peut reconnaître les


possibilités d’influence et d’interdépendance qui pourraient exister entre ces deux
sujets de droit international et d’en mesurer le degré.

En troisième lieu, il reste à identifier les paramètres juridiques, institutionnels ou


techniques qui permettraient d’affirmer la légitimité d’échange et d’interaction entre
les deux sujets concernés (États et OIG).

En effet, les échanges qui pourraient exister entre ces deux sujets de droit
international s’illustrent d’une part par le transfert de compétences, tel qu’il a été
négocié lors de la constitution de l’OI ou en cours de son évolution, de la part des
États (premier sujet /sujet originaire du droit international) vers les OIG.

D’autre part, cet échange se traduit par les possibilités de transposition des
recommandations, décisions ou autres formes conventionnellement adoptées en
recourant aux convenances acceptées par le mécanisme d’adoption approprié
(consensus, unanimité, majorité …) et ce, à travers les dispositifs adéquats tels
qu’affectés de la part des organes ou instances des OIG à destination des États.

250
Les nuances ont été remarquées dans les analyses précédentes et les constatations
qui ont été enregistrées concernant, en particulier, les écarts aussi bien de
compréhension, d’assimilation, d’appropriation et d’application des mécanismes et des
dispositifs ayant trait aux différentes configurations de la BG, ainsi, envisagées ».256
Il existerait, en revanche, des éléments qui nécessitent des éclaircissements et des
témoignages afin de constituer quelques issues envisageables pour une transformation
de conduite et de conceptualisation de la démarche qui permettrait une consécration de
la BG aussi bien concertée qu’appropriée.
En effet, ces éléments concernent, notamment les questions relatives à la
légitimité d’un côté (première section) et à la restructuration de l’opposabilité des
actes internationaux de l’autre (deuxième section) touchant, particulièrement, à la
sphère de la gouvernance.

256
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

251
a. Section première : La légitimité limitée réduit la confiance
et dévalorise l’applicabilité de la Bonne Gouvernance.

Substantiellement, le rapprochement quant à la perception, l’acception et l’essence


de la légitimité d’un côté et la fragilité257de l’autre paraît irrégulier et ce, en termes
d’analyse étymologique et par rapport à une vision philosophique et comportementale.
Ainsi, en fonction de la nature de l’emploi des deux concepts, il s’avère, tel qu’il
paraît communément admis, qu’ils désignent respectivement « la vertu qui constitue
la valeur la plus recherchée aussi bien par les États que par les OI en tant que deux
acteurs principaux qui s’auto-prononcent détenteurs des droits de prescrire, certifier,
vérifier et communiquer tous les dispositifs de configuration de la BG et la
vulnérabilité qui constitue une faiblesse à éviter tant par les uns que par les autres en
tant qu’un indice qui pourrait alimenter la mauvaise gouvernance.
Ceci étant, la volonté de contrecarrer cette limite traduite par la fragilité semble
être la disposition la plus revendiquée tant par les acteurs internes gouvernementaux et
non gouvernementaux que par les souverains des bailleurs de fonds internationaux en
tant que prescription et parfois sous forme de recommandation afin de garantir la
solvabilité nécessaire de leurs clients qui se manifesteraient indéfiniment au travers
des États et des gouvernements nationaux et locaux.
Bien que la légitimité reste une quête partagée autant par les États que par les OI,
la fragilité reste, cependant, un défaut fréquemment attribué aux pouvoirs publics
étatiques.
Quelle serait la source ? Quels sont les fondements ? Et quels sont les motifs à
partir desquels s’établisse et s’alimente la légitimité aussi bien pour les États que pour
les OI?
Il s’avère que la légitimité des OI repose sur la légitimité des États en sommation
ou suivant une optique de solidarité pourvu que ces derniers soient d’abord
intrinsèquement détenteurs, partiellement ou totalement, d’une légitimité auprès des
acteurs internes nationaux et infranationaux.

257
OCDE (2010), La légitimité de l’Etat dans les situations de fragilité : Analyser la
compléxité, Editions OCDE.
http://dx.doi.org/10.1787/9789264083899-fr

252
En d’autres termes, l’absence de la légitimité primaire, qui pourrait être accordée
aux États, ou le doute qui pourrait s’indexer à son existence auraient-ils un impact sur
la qualification de la légitimité dérivée qui pourrait s’accorder aux OI?
S’agissant de la légitimité dérivée, faut-il qu’elle soit accordée exclusivement de
la part des États qui sauraient accorder d’ores et déjà la légitimité directe des acteurs
internes ? Ou appartiendrait-il à l’OI en tant que telle de prouver le mérite d’être
légitimée indépendamment de l’apport qui saurait conjuguer par ses membres?
Par ailleurs, une interrogation supplémentaire nécessite une recherche
complémentaire selon laquelle il serait opportun de savoir si les liens entre la
légitimité originaire ou directe qui serait accordée aux États au travers de ses pouvoirs
publics et la légitimité dérivée ou indirecte attribuée aux OI par le biais des États qui
les composent pourraient-ils mener à instaurer les obligations de rendre compte, voire
d’identifier les mécanismes redditionnels et d’en identifier les détenteurs?
En d’autres termes, pourrait-il exister une certaine divergence entre légalité et
performance ? Demeure-t-il approprié d’affirmer que tout ce qui est légal n’est pas
nécessairement performant et tout ce qui est performant ne répond pas forcément aux
exigences juridiques et procédurales ?
Serait-il, finalement, question d’atteindre un équilibre entre le légal et le légitime,
voire entre légalité et performance sans pour autant admettre une affirmation
d’exactitude et d’équivalence entre les énoncés et les résultats ou entre les intrants et
les extrants ? » 258
Les nouvelles méthodes et les modes innovants qui concernent la gestion
financière et administrative ont tendance à répondre au mieux aux différentes
exigences de la performance et ce, notamment en termes d’anticipation, de prévision et
d’analyse des risques sur lesquelles devraient reposer les politiques et les processus
tout en dotant les instances de pilotage d’une marge de manœuvre et tout en
soumettant également toute démarche à une forme d’imputabilité. (Sous-section
première).
« Mieux légiférer avec une approche différente qui fait valoir la qualité et la
pertinence de la réglementation.

258
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

253
En d’autres termes, moins la loi et plus de performance qui ne signifie pas
forcement un lien de causalité pour enregistrer un effet par rapport à une cause mais la
finalité revient à s’inscrire dans une optique d’objectif et de résultat qui vont former le
dénominateur commun de toutes les actions et de tous les actes tant nationaux
qu’internationaux.
Puisqu’il s’avère qu’il pourrait exister une forme d’incompatibilité entre la
volonté d’instaurer un système basé sur la performance et vouloir tout reposer sur la
réglementation et les procédures, il demeure, cependant, judicieux de signaler que les
nouveaux modes de gouvernance semblent avoir une tendance vers l’externalisation de
certains pouvoirs de l’arène politique et de sa configuration administrative ordinaire
vers les nouvelles structures et organismes indépendants. »259
Il s’avère, par conséquent, extrêmement important de procéder à une analyse de
ces nouvelles tendances qui ne cessent de se développer notamment dans certaines OI
à vocation régionale.
A ce niveau, une question, qui paraît revêtir un grand intérêt, mérite ainsi d’être
posée afin de savoir dans quelle mesure peut-on sacrifier légitimité à l’effectivité ? En
d’autres termes, la recherche des pouvoirs publics s’avère-elle se concentrer sur la
performance, la légitimité et la crédibilité plutôt que sur d’autres facteurs et
fondements ayant trait à la réglementation, quelle préférence serait-elle priorisée et
préconisée? (Sous-section deuxième)
Peut-on, enfin, tolérer l’irrégularité pour éviter la mauvaise gouvernance et
réaliser la bonne performance publique ?

259
Ibid.

254
Sous-section première : La mauvaise gouvernance et la corruption porteraient
atteinte à la légitimité internationale et freineraient le supranationalisme.
En dépit de la volonté internationale telle qu’exprimée et confirmée dans la lutte
contre la corruption qui constituerait des garanties à établir un environnement propice
tant juridique qu’institutionnel au développement de la BG en matière de prévention
de la corruption et de rapprochement des deux champs d’intervention afin d’asseoir
une certaine interdépendance (premier paragraphe), la confiance dans les OI ne s’avère
pas être garantie (paragraphe deuxième).

Paragraphe premier : Lutte contre la corruption et BG : s’agit-il d’une


configuration d’interdépendance, d’interpénétration ou de deux champs de
divergences et de controverses ?
Il serait d’emblée, opportun de signaler que le rapprochement entre les deux
domaines à savoir la lutte contre la corruption et la BG a suscité un vif intérêt, a
alimenté plusieurs débats et a provoqué énormément de controverses.
Par conséquent, trois considérations possibles demeurent envisageables en matière
de recherche visant à établir un équilibre éventuel entre les situations d’ambigüité et
les paradigmes tendant à expliquer quelques éléments de perception et d’analyse.
En effet, il s’avère qu’il s’agisse d’une interdépendance qui indique de prime
abord l’impossibilité de considérer l’un sans l’autre ou d’une interpénétration qui
signifie a priori l’impossibilité de les dissocier, ce qui pourrait légitimer une certaine
interférence, voire une fusion des deux champs d’intervention ou enfin, de deux
domaines de divergences et de controverses, d’où le croisement demeure
inconcevable.
Tout d’abord, un éclaircissement d’ordre étymologique en ce qui concerne les
significations possibles telles qu’adoptées par les OI pour délimiter le concept de la
corruption serait, inévitablement, nécessaire.

255
En effet, le tableau se dressant ci-dessous apporte quelques éléments de définition
tout en notant que le champ d’essai à cette fin demeure très vaste et largement varié :

Significations de la corruption selon quelques Organisations Internationales


Organisation Signification de la corruption
internationale
TI « la corruption consiste en l’abus d'un pouvoir reçu en délégation à des fins
privées »
Indice de perception de la corruption, Transparency International,
Baromètre mondial de la corruption
COE L’assemblée parlementaire du COE définit la corruption comme « l'utilisation et
l'abus du pouvoir public à des fins privées »
Selon les dispositions de l’Article 2 de la Convention civile sur la corruption du
4.XI.1999
Série des traités européens - n° 174
–Définition de la corruption
Aux fins de la présente Convention, on entend par «corruption» le fait de solliciter,
d'offrir, de donner ou d'accepter, directement ou indirectement, une commission
illicite, ou un autre avantage indu ou la promesse d'un tel avantage indu qui affecte
l'exercice normal d'une fonction ou le comportement requis du bénéficiaire de la
commission illicite, ou de l'avantage indu ou de la promesse d'un tel avantage
indu ».

Groupe « la corruption est une rétribution illicite ou tout autre comportement à l'égard des
Multidisciplina personnes investies de responsabilité dans le secteur public ou le secteur privé, qui
ire sur la contrevient aux devoirs qu'elles ont en vertu de leur statut d'agent d'État, d'employé
Corruption du secteur privé, d'agent indépendant ou d'un autre rapport de cette nature et qui
(GMC) vise à procurer des avantages indus de quelque nature qu'ils soient, pour eux-
mêmes ou pour un tiers ».
Programme d’action du groupe adopté par le comité des ministres du conseil de
l’Europe (GMC )
Groupe de la « Utiliser sa position de responsable d’un service public à son bénéfice personnel »
BM http://www1.worldbank.org/publicsector/anticorrupt/corruptn/cor02.htm Voir site
de la Banque Mondiale, le document "Corruption et Développement
Economique" (en) Helping Countries Combat Corruption: The Role of the World
Bank chapitre Corruption and Economic Development1997, où sont détaillées à
partir de la définition de base, (en)the abuse of public office for private gain,
Institut « une utilisation systématique d'une charge publique pour un avantage privé, qui a
international un impact significatif sur la disponibilité et la qualité des biens et services éducatifs
de planification et, en conséquence, sur l'accès, la qualité ou l'équité de l'éducation »
de l'éducation
de l'UNESCO
OCDE L’infraction de corruption d’agents publics étrangers
Chaque Partie prend les mesures nécessaires pour que constitue une infraction
pénale en vertu de sa loi le fait intentionnel, pour toute personne, d’offrir, de
promettre ou d’octroyer un avantage indu pécuniaire ou autre, directement ou par
des intermédiaires, à un agent public étranger, à son profit ou au profit d’un tiers,
pour que cet agent agisse ou s’abstienne d’agir dans l’exécution de fonctions
officielles, en vue d’obtenir ou conserver un marché ou un autre avantage indu dans
le commerce international.
Convention sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans
les transactions commerciales internationales
Adoptée par la Conférence de négociations le 21 novembre 1997
Paragraphe premier de l’article N° 1

256
Ensuite, il s’avère également nécessaire de signaler que la lutte contre la
corruption fait partie intégrante du domaine de la conformité avec les valeurs tout en
ayant une dimension éthique, alors que la gouvernance ou la BG fait, suivant une
perception d’entrée en rapport avec la corruption, plutôt partie intégrante du domaine
politique, des champs d’intervention économiques et managériaux, ainsi, paraît, a
priori, la configuration de perception.
Or, les frontières entre les deux composantes semblent assez ambigües et
difficilement identifiables étant donné que la séparation entre la manière, les
techniques, les mécanismes et les dispositifs de gouvernance en termes de
comportements et de procédés opérationnels, s’avère non envisageable, si non les
qualifications qui pourraient être apportées au concept de la gouvernance dans sa
dimension intégrale et qui s’identifient en bonne d’un côté et de mauvaise de l’autre
seraient vider de toute logique et de toute utilité.
En outre, l’étude et l’analyse vouées aux divers facteurs et enjeux qui pourraient
avoir une influence et impacter, par conséquent, la manière de gouverner ou de
pratiquer la gouvernance, suivant le paradigme dans sa dimension la plus étendue, ce
qui fait apparaître la dimension comportementale, ne pourraient guère négliger ni
omettre la corruption dans son acception la plus large des champs de recherche ou de
toute considération qui soit accordée, à titre d’exemple, à un examen éventuel de la
conduite menée par un pouvoir public dans sa configuration aussi bien personnelle
qu’organisationnelle.
Ceci étant précisé, l’attention devrait être accordée au fait de s’interroger mieux
encore sur la pertinence de savoir si lutter contre la corruption soit-elle prioriser pour
mieux gouverner ? Ou bien, la convenance de mieux gouverner s’impose-t-elle en tant
qu’exigence ou préalable afin d’éviter le développement de la corruption ?
Le tableau suivant constitue une base référentielle qui nous permettrait de
présenter quelques commentaires et certaines réflexions qui pourraient constituer, par
conséquent, une prémisse d’éléments de réponse par rapport à l’interrogation
précédemment étalée.

257
La dimension préventive de la corruption incarne la démarche comportementale
de la BG suivant les actions et les politiques de prévention de la corruption
recommandées par les OI.
OI Référence Action /processus recommandé(e)

Aspects généraux- Mécanisme de suivi-évaluation-implémentation des


dispositifs normatifs
Gouvernance comportementale
Ethique, conduite, déontologie, etc.
Résolution Code international de conduite des agents de la fonction publique
adoptée
Les agents de la fonction publique doivent veiller à s'acquitter correctement
par
et efficacement de leurs obligations et fonctions, conformément à la loi ou
l'Assembl
aux règles administratives, et ce en toute intégrité.
ée
Ils doivent à tout moment s'assurer que les biens de l'État dont ils sont
Générale
responsables sont gérés de la façon la plus utile et la plus efficace.
51/59.
Les agents de la fonction publique doivent faire preuve de vigilance, d'équité
Lutte
et d'impartialité dans l'accomplissement de leurs fonctions, notamment, dans
contre la
leurs relations avec le public.
corruptio
Ils ne doivent à aucun moment accorder un traitement préférentiel indu ou
n
faire preuve de discrimination à l'égard d'un groupe ou individu particulier ni
82e séance
user abusivement du pouvoir et de l'autorité dont ils sont investis.
plénière
CONFLIT D'INTERETS ET DISQUALIFICATION
12
Les agents de la fonction publique ne doivent pas user de l'autorité que leur
décembre
confère leur fonction pour servir leurs intérêts personnels ou financiers ou
1996
ceux de leur famille. Ils ne doivent opérer aucune transaction, assumer aucune
position ou fonction ou avoir aucun intérêt financier ou commercial ou autres
intérêts du même ordre qui soient incompatibles avec la nature et
l'accomplissement de leurs fonctions, charges et devoirs.
DÉCLARATION DE BIENS
se conformer à l'obligation de déclarer leurs valeurs et avoirs personnels et,
autant que possible, ceux de leurs conjoint et personnes à charge
ACCEPTATION DE DONS OU D'AUTRES Faveurs
Les agents de la fonction publique ne doivent par principe accepter ni
ONU solliciter, directement ou indirectement, aucun don ou faveur susceptible
d'avoir une influence sur l'exercice de leurs fonctions, l'accomplissement de
leur devoir ou l'exercice de leur jugement.
Résolution Objet essentiel : promouvoir l’intégrité, la responsabilité et la bonne
58/4 de gestion des affaires publiques et des biens publics.
l’Assembl Chapitre II Mesures préventives
ée Article 5. Politiques et pratiques de prévention de la corruption
générale Chaque État Partie élabore et applique ou poursuit, conformément aux
du 31 principes fondamentaux de son système juridique, des politiques de
octobre prévention de la corruption efficaces et coordonnées qui favorisent la
2003 participation de la société et reflètent les principes d’État de droit, de bonne
Conventio gestion des affaires publiques et des biens publics, d’intégrité, de transparence
n des et de responsabilité.
Nations Chaque État Partie s’efforce d’évaluer périodiquement les instruments
Unies juridiques et mesures administratives pertinents en vue de déterminer s’ils
contre la sont adéquats pour prévenir et combattre la corruption.
corruptio Article 7. Secteur public
n 1. Chaque État Partie s’efforce, s’il y a lieu et conformément aux principes
fondamentaux de son système juridique, d’adopter, de maintenir et de
renforcer des systèmes de recrutement, d’embauchage, de fidélisation, de
promotion et de retraite des fonctionnaires et, s’il y a lieu, des autres agents
publics non élus, qui:
a) Reposent sur les principes d’efficacité et de transparence et sur de
critères objectifs tels que le mérite, l’équité et l’aptitude;

258
b) Comportent des procédures appropriées pour sélectionner et former les
personnes appelées à occuper des postes publics considérés comme
particulièrement exposés à la corruption et, s’il y a lieu, pour assurer une
rotation sur ces postes;

Article 8. Codes de conduite des agents publics


1. Afin de lutter contre la corruption, chaque État Partie encourage
notamment l’intégrité, l’honnêteté et la responsabilité chez ses agents
publics, conformément aux principes fondamentaux de son système juridique.
2. En particulier, chaque État Partie s’efforce d’appliquer, dans le cadre de
ses propres systèmes institutionnel et juridique, des codes ou des normes de
conduite pour l’exercice correct, honorable et adéquat des fonctions
publiques.
4. Chaque État Partie envisage aussi, conformément aux principes
fondamentaux de son droit interne, de mettre en place des mesures et des
systèmes de nature à faciliter le signalement par les agents publics aux
autorités compétentes des actes de corruption dont ils ont connaissance dans
l’exercice de leurs fonctions.
5. Chaque État Partie s’efforce, s’il y a lieu et conformément aux principes
fondamentaux de son droit interne, de mettre en place des mesures et des
systèmes faisant obligation aux agents publics de déclarer aux autorités
compétentes notamment toutes activités extérieures, tout emploi, tous
placements, tous avoirs et tous dons ou avantages substantiels d’où
pourrait résulter un conflit d’intérêts avec leurs fonctions d’agent public.
6. Chaque État Partie envisage de prendre, conformément aux principes
fondamentaux de son droit interne, des mesures disciplinaires ou autres à
l’encontre des agents publics qui enfreignent les codes ou normes institués en
vertu du présent article.
Article 9. Passation des marchés publics et gestion des finances
publiques
1. Chaque État Partie prend, conformément aux principes fondamentaux de
son système juridique, les mesures nécessaires pour mettre en place des
systèmes appropriés de passation des marchés publics qui soient fondés sur la
transparence, la concurrence et des critères objectifs pour la prise des
décisions et qui soient efficaces, entre autres, pour prévenir la corruption.
a) La diffusion publique d’informations concernant les procédures de
passation des marchés et les marchés,
b) L’établissement à l’avance des conditions de participation, y compris
les critères de sélection et d’attribution et les règles d’appels d’offres, et leur
publication;
c) L’utilisation de critères objectifs et prédéterminés pour la prise des
décisions concernant la passation des marchés publics, afin de faciliter la
vérification ultérieure de l’application correcte des règles ou procédures;
d) Un système de recours interne efficace;
e) L’exigence d’une déclaration d’intérêt pour certains marchés publics, des
procédures de sélection desdits personnels et des exigences en matière de
formation.
2. Promouvoir la transparence et la responsabilité dans la gestion des
finances publiques.
a) Des procédures d’adoption du budget national;
b) La communication en temps utile des dépenses et des recettes;
c) Un système de normes de comptabilité et d’audit, et de contrôle au
second degré;
d) Des systèmes efficaces de gestion des risques et de contrôle interne;

Article 10. Information du public


Accroître la transparence de l’administration publique, y compris en ce qui
concerne son organisation, son fonctionnement et ses processus
décisionnels.

259
a) L’adoption de procédures ou de règlements permettant aux usagers
d’obtenir, s’il y a lieu, des informations sur l’organisation, le
fonctionnement et les processus décisionnels de l’administration publique,
ainsi que, compte dûment tenu de la protection de la vie privée et des données
personnelles, sur les décisions et actes juridiques qui les concernent;
b) La simplification, s’il y a lieu, des procédures administratives afin de
faciliter l’accès des usagers aux autorités de décision compétentes; et
c) La publication d’informations, y compris éventuellement de rapports
périodiques sur les risques de corruption au sein de l’administration
publique.

Article 13. Participation de la société


1. Chaque État Partie prend des mesures appropriées, dans la limite de ses
moyens et conformément aux principes fondamentaux de son droit interne,
pour favoriser la participation active de personnes et de groupes
n’appartenant pas au secteur public, tels que la société civile, les
organisations non gouvernementales et les communautés de personnes, à la
prévention de la corruption et à la lutte contre ce phénomène, ainsi que pour
mieux sensibiliser le public à l’existence, aux causes et à la gravité de la
corruption et à la menace que celle-ci représente. Cette participation devrait
être renforcée par des mesures consistant notamment à:
a) Accroître la transparence des processus de décision et promouvoir la
participation du public à ces processus;
b) Assurer l’accès effectif du public à l’information;
c) Entreprendre des activités d’information du public l’incitant à ne pas
tolérer la corruption, ainsi que des programmes d’éducation du public,
notamment dans les écoles et les universités;
d) Respecter, promouvoir et protéger la liberté de rechercher, de recevoir, de
publier et de diffuser des informations concernant la corruption. Cette liberté
peut être soumise à certaines restrictions, qui doivent toutefois être prescrites
par la loi et nécessaires:
i) Au respect des droits ou de la réputation d’autrui;
ii) À la protection de la sécurité nationale ou de l’ordre public, ou de la santé
ou de la moralité publiques.
2. Chaque État Partie prend des mesures appropriées pour veiller à ce que
les organes de prévention de la corruption compétents mentionnés dans la
présente Convention soient connus du public et fait en sorte qu’ils soient
accessibles, lorsqu’il y a lieu, pour que tous faits susceptibles d’être
considérés comme constituant une infraction établie conformément à la
présente Convention puissent leur être signalés, y compris sous couvert
d’anonymat.

Organi conventio Article III


sation n Mesures Préventives
des interaméri Aux fins visées à l'article II de la présente Convention, les Parties conviennent
États caine d'envisager, à l'intérieur de leurs systèmes institutionnels, l'applicabilité de
Améric contre la mesures destinées à créer, à maintenir et à renforcer:
ains corruptio
(OEA) n adoptée 1. Les normes de conduite pour l'exercice de la fonction publique de manière
le 29 mars correcte, honorable et convenable. Ces normes viseront à prévenir les
1996 conflits d'intérêt, à assurer la préservation et l'utilisation appropriée des
ressources confiées aux fonctionnaires dans l'exercice de leurs attributions, et
à établir des mesures et des systèmes qui exigent des fonctionnaires qu'ils
fassent rapport aux autorités compétentes sur les actes de corruption dans la
fonction publique dont ils ont eu connaissance. Ces mesures contribueraient à
préserver la confiance du public dans l'intégrité des fonctionnaires et dans
la gestion de la chose publique.

260
2. Les mécanismes appelés à mettre en pratique ces normes de conduite.

3. Les directives données au personnel des organismes publics pour assurer


qu'il comprenne parfaitement ses responsabilités et les règles d'éthique
régissant ses activités.

4. Les systèmes de déclaration des revenus, avoirs et dettes par les personnes
qui exercent des fonctions publiques nommément désignées par la loi et,
quand il y a lieu, à rendre publiques ces déclarations.

5. Les systèmes de recrutement de personnel dans la fonction publique et


d'acquisition de biens et services par l'Etat, conçus pour assurer l'accessibilité,
l'équité et l'efficacité de ces systèmes.

6. Les systèmes adéquats de recouvrement et de contrôle des recettes de l'Etat


visant à empêcher la corruption.

7. Les lois qui suppriment un traitement fiscal favorable à toute personne


physique ou morale pour des dépenses effectuées en violation des lois
anticorruption des Parties.

8. Les systèmes de protection des fonctionnaires et des particuliers qui


dénoncent de bonne foi les actes de corruption, y compris la protection de
leur identité, conformément à leur Constitution et aux principes fondamentaux
de leur système juridique interne.

9. Les organes de contrôle supérieur, en vue de la mise en place de


mécanismes modernes de prévention, de détection, de sanction et
d'éradication des actes de corruption.

10. Les mesures visant à dissuader la corruption des fonctionnaires nationaux


et étrangers, par le recours à des mécanismes qui assurent que les sociétés
ouvertes et d'autres genres d'associations tiennent des livres et des registres
reflétant avec exactitude et des détails raisonnables l'acquisition et l'aliénation
des actifs des sociétés, et possèdent des contrôles comptables internes
suffisants permettant à leurs officiels de dépister les actes de corruption.

11. Les mécanismes visant à encourager la participation de la société civile


et des organisations non gouvernementales aux efforts tendant à prévenir la
corruption.

12. L'étude de mesures additionnelles de prévention qui tiennent compte des


rapports entre une rémunération équitable et la probité dans la fonction
publique

la Convention relative à la lutte contre la corruption impliquant des


fonctionnaires des Communautés européennes ou des fonctionnaires des
UE
États membres de l’Union européenne, adoptée par le Conseil de l’Union
européenne le 26 mai 1997

Organisation de la Convention sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans
coopération et de les transactions commerciales internationales, adoptée le 21 novembre 1997
développement
économiques
OCDE

261
la Convention pénale sur la corruption, adoptée par le
Conseil de l’Europe Comité des ministres du Conseil de l’Europe le 27 janvier 1999
COE la Convention civile sur la corruption, adoptée par le Comité des ministres du
Conseil de l’Europe le 4 novembre 1999

la Convention sur la prévention et la lutte


Union Africaine
contre la corruption, adoptée par les chefs d’État et de gouvernement de
UA
l’Union africaine le 12 juillet 2003

Ainsi, les éléments distinctifs de bonne gouvernance par rapport aux données et
aux constatations inscrites au niveau du tableau ci-dessus dressé pourraient être perçus
comme suit :
D’abord, en ce qui concerne les résolutions onusiennes relatives à la lutte contre
corruption et les dispositions qui ont particulièrement trait à la dimension préventive, il
s’agit, selon les termes employés, d’une recommandation adressée aux États parties
afin d’adopter des mesures de nature disciplinaire contre toute transgression des
normes de conduite et au respect des principes fondamentaux de BG.
Les champs d’application et les thèmes associés à l’appel adressé aux États parties
à travers le chapitre deux de la convention des Nations Unies sur la lutte contre la
corruption tel qu’il se rapporte aux mesures préventives s’avèrent intéresser d’une
façon remarquable la déclaration des principes de la BG.
D’où, les mécanismes nécessaires à l’application de ces recommandations par le
biais des dispositifs de prévention permettraient le respect de ces principes notamment
au travers de la sanction du manquement éventuel.
Cependant, certaines contraintes à l’applicabilité de la Bonne Gouvernance
pourraient être dégagées.
En effet, les recommandations adressées aux États parties s’avèrent soumises
intégralement à leur pouvoir discrétionnaire.
Ceci étant, cette affirmation est motivée à travers la forme de cet appel effectué
par l’ONU aux États parties qui est symbolisé par le fait que l’État concerné s’efforce,
encourage et notamment l’emploi des locutions traduites ainsi : s’il ya lieu, envisage,
veiller à, prendre les mesures appropriées, etc.

262
Etymologiquement ces expressions ne semblent pas désigner un ensemble illimité
de sens qui pourrait conduire à des interprétations multiples ou à des controverses
possibles. Seulement, le sens qui s’avère être porté par ces termes s’insère dans une
logique de laisser un choix de non application.
Par ailleurs, ces expressions s’insèrent dans un processus d’essai et d’incitation
laissé au gré des États qui assureraient le dosage de la mise en œuvre et qui ne
semblent pas être assujettis à une obligation ni à une quelconque contrariété au cas de
non application ou d’une mauvaise application.
Indifféremment, ceci ne va probablement pas entrainer une discussion éventuelle à
propos de la dualité engageant souveraineté d’un côté et ingérence de l’autre et ne
pourrait pas non plus permettre une divergence inquiétante quant à la question de
délimitation des champs d’intervention ou des degrés du transfert ou de répartition des
compétences entre État et OI.
Il s’agit, uniquement de connaître et d’affirmer un constat qui concerne a priori
une certaine prudence de la part de l’OI exprimée par rapport à des thèmes et des
questions qui semblent avoir possédé une certaine particularité s’agissant le cas
échéant de l’ensemble des principes et des piliers de la BG qui sont, certes, clairement
définis et régentés par un arsenal conséquent de recommandations communément
admis et légitimé.
Seulement, il y’a lieu de signaler que la manière et la portée à travers lesquelles
s’alloueraient l’adoption et l’application de ces recommandations pourraient atténuer
l’importance de cette impulsion adoptée par l’OI, en l’occurrence, l’ONU.
Aussi, malgré le fait que cette OI à vocation universelle ait soutenu les
mécanismes et les dispositifs tant juridiques que techniques d’adoption, de mise en
œuvre et d’évaluation de ces principes de BG, la dimension pratique ainsi que les
effets et les impacts qui pourraient être pressentis et assurés n’auraient, probablement,
pas eu le cheminement souhaité et le degré d’appropriation prévu.

263
Faut-il ajouter encore, qu’il paraît que l’adoption et l’application de ces
recommandations ayant trait à la dimension préventive de la corruption tout en
intégrant d’une manière remarquable les principes de la BG, ne parviendraient
vraisemblablement pas à produire les effets escomptés qu’uniquement en sélectionnant
une autre configuration qui se rapporte suffisamment aux caractères d’obligation et de
contrainte pour la réalisation de ces objectifs dans une logique d’appropriation et non
pas de répression.
Par ailleurs, le caractère contraignant ne suppose pas uniquement et par
conséquent, l’établissement d’une sanction à l’encontre des États au regard de la non
application ou de la mauvaise application des normes, mais il s’avère nécessaire
d’établir un système de responsabilisation et d’appropriation pour les États plutôt que
de prévoir un système où la disposition relative à l’application des normes ou des
principes serait uniquement tributaire de l’existence de sanction ou avoir simplement
la nature et la vocation d’impunité ou d’insouciance.
Ceci étant, la prédisposition des États à s’outiller de mécanismes de
responsabilisation et d’appropriation saurait indexer à la logique et au processus à
travers lesquels seraient acheminées l’adoption et l’application de ces principes et de
ces normes ayant trait à la prévention de la corruption qui figure parmi les fondements
essentiels et incontournables de la légitimation des principes de la BG.
En dépit de la présence des dispositifs d’ordre juridique et de mécanismes de
nature technique, il s’avère inévitable de signaler quelques constats et de présenter
certaines remarques.
D’abord, il semble que la perception de la corruption témoigne de l’ampleur du
phénomène ce qui pourrait ainsi, décrédibiliser les systèmes internationaux de ciblage
et de gestion des zones de vulnérabilités, de risques et de menaces de la corruption et
ce, indépendamment des liens causals qui pourraient exister entre la gravité incessante
de la corruption, l’efficacité des mécanismes de lutte, la crédibilité des instituions
chargées de la combattre et bien entendu abstraction faite de la rigueur et de
l’effectivité des procédés et des mécanismes de prévention qui sont mal ou bien
entrepris et couramment ou rarement actualisés.

264
Ceci étant, toutes ces composantes, indépendamment de la crédibilisation ou de la
déconsidération des procédés internationaux, représenteraient en intégralité le
corolaire des mécanismes de BG dans toute sa disposition et avec ses dimensions
principales, ses caractéristiques et ses champs d’intervention qui intéressent en
particulier la sphère du management public et le domaine des finances publiques avec
leurs composantes fondamentales.
Ensuite, il parait opportun de signaler que l’amplification des problèmes liés aussi
bien à la dispersion et à la fragmentation des actes de corruption qu’à la nécessité
d’établir des nomes et des règles transnationales afin de mieux lutter contre les crimes
économiques transnationaux et cerner l’internationalisation de la criminalité
financière, rendent la dimension préventive de la corruption pilotée par les OI entachée
d’inefficacité et d’ineffectivité.
Enfin, l’écart de performance et même de gouvernance, ayant trait à la
distinction de la manière et des dispositifs entrepris intéressant les dimensions
économiques et celles relatives à la pertinence du choix des procédés et des
mécanismes de pilotage des politiques publiques qui dénotent du degré
d’appropriation ou d’initiation des pratiques de BG, rendrait difficile voire
incompatible de conduire une démarche standardisée ou universalisée pour la
prévention de la corruption.
S’agit-il, à travers ce dernier constat, d’une nécessité ascendante de valoriser la
dimension régionale qui serait plus effective telle véhiculée par les OI à vocation
régionale?
En fait, il paraît opportun de signaler que le recours si particulier à la polarisation
ou au régionalisme international s’avère être adopté, voire convoité par les mêmes
pays auxquels s’incombe d’ores et déjà le devoir d’appliquer les dispositions
onusiennes notamment en termes de prévention de la corruption, qui demeure une
dimension qui concerne directement notre recherche sur l’applicabilité des normes et
dispositifs de la BG.
Les engagements conventionnels pris au niveau du Conseil de l’Europe, de
l’Union Africaine et d’autres instances internationales, notamment celles à vocation
régionale, indépendamment qu’ils soient conclus avant ou après la convention
onusienne relative à la lutte contre la corruption, paraissent conforter les remarques
précédentes.

265
Par ailleurs, les éléments issus d’une étude qui a été conduite sous l’égide de
l’OCDE en 2000 au niveau de ses 29 membres de l’époque reposent sur les questions
relatives à l’intégrité, à la transparence, à la bonne gouvernance et à la prévention de la
corruption260.
En effet, ces éléments confirment l’interdépendance entre la dimension préventive
de la lutte contre la corruption et la configuration des principes et fondamentaux de la
BG.
En fait, « il s’agit d’un ensemble de préalables conçus pour définir une mission
claire pour le service public, préserver les valeurs tout en s’adaptant aux
changements, permettre aux fonctionnaires et aux citoyens de faire état des infractions
et mieux détecter les cas individuels de comportement contraire à l’éthique, inclure les
mesures favorisant l’intégrité à l’ensemble de la gestion, coordonner des mesures
favorisant l’intégrité : une condition préalable au succès, passer de l’application des
règles à la prévention, prévoir les domaines susceptibles de poser problème et tirer
parti des nouvelles technologies »261.

260
Renforcer l’éthique dans le service public : les mesures des pays de l’OCDE.
http://www.oecd.org/puma/
261
Ibid.

266
Paragraphe deuxième : Les actes internationaux ayant trait à la BG et à la Lutte
Contre la Corruption ne garantiraient pas nécessairement la confiance dans les
OI.
Selon la déclaration sur le renforcement de la bonne gouvernance, la lutte contre
la corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, telle qu’adoptée
le 07 mars 2012 par le conseil ministériel de l’Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe, une liste de composantes essentielles s’avèrent indispensables
pour rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés.
Ainsi, « la transparence dans les affaires publiques est une condition essentielle de
la responsabilité des États et de la participation active de la société civile et du secteur
privé aux processus économiques et de développement. La transparence accroît la
prévisibilité des institutions et des économies qui fonctionnent sur la base d’une
législation appropriée et dans le plein respect de l’état de droit, ainsi que la confiance
en ces dernières »262.
Ceci étant, une affirmation explicite, selon le texte de la déclaration de l’OSCE, a
été accordée au rapport entre la BG, la croissance économique, la stabilité politique et la
sécurité tout en relatant les exigences d’une BG publique et d’entreprise qui reposent sur
l’État de droit et permettraient de réduire la pauvreté et l’inégalité, d’accroître
l’intégration sociale, d’attirer l’investissement et de protéger l’environnement.
Ceci étant, cette affirmation s’accompagne d’une insistance sur le fait que la
corruption et le blanchiment d’argent constituent les problèmes de gouvernance qui
privent les États de la capacité d’assurer efficacement un développement économique,
social et environnemental durable et sapent la cohésion sociale, la stabilité et la sécurité.
Ainsi, l’OSCE considère que les fondements majeurs qui pourraient renforcer la
confiance dans les institutions publiques et les gouvernements, demeurent rattachés à des
épreuves d’actes et d’actions d’un secteur public caractérisé par l’intégrité, l’ouverture, la
transparence, la responsabilité et l’État de droit.
D’où, une bonne gestion des ressources publiques, une fonction publique
professionnelle et efficace, ainsi que de solides processus budgétaires et de passation des
marchés publics, constituent des composantes essentielles de la bonne gouvernance.

262
Déclaration sur le renforcement de la bonne gouvernance et sur la lutte contre la
corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, telle qu’adoptée le 07
mars 2012 par le conseil ministériel de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en
Europe. CM(19), journal no 2, point 7 de l’ordre du jour

267
En dépit de cet appui à la bonne gouvernance en termes d’encouragements des
gouvernements, d’affirmation des liens entre la lutte contre la corruption, la BG, la
sécurité et la croissance économique et ce, en rapport avec la transparence, l’intégrité et
l’État de droit et en insistant sur l’engagement de coopération avec les « institutions
pertinentes, dont l’Organisation des Nations Unies »263, il demeure judicieux d’apporter
une nuance qui paraît capitale.
D’abord, il s’agit d’un texte de déclaration qui se rapporte principalement à trois
domaines ou catégories majeurs, à savoir, la sécurité en tant que première catégorie, la BG
avec ses composantes relatives à la transparence, à l’intégrité, à l’État de droit et à la lutte
contre la corruption qui représente la seconde catégorie et enfin le blanchiment d’argent et
le financement du terrorisme pour la dernière catégorie.
En revanche, en se référant, à ce niveau de notre recherche, à la confiance en tant que
dénominateur commun pour ces catégories couvertes par la déclaration de l’OSCE, il
s’avère que la forme de l’engagement préconisé ne prenne pas un rythme soutenu et
semblable pour les trois composantes.
En effet, la déclaration interprétative au titre du paragraphe iv.1 a) 6 des règles de
procédure de l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe annexée à la
déclaration sur le renforcement de la bonne gouvernance et sur la lutte contre la
corruption, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme susmentionnée,
fait référence aux instruments régionaux et internationaux pertinents de lutte contre le
blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, la Convention internationale des
Nations Unies pour la répression du financement du terrorisme, la Convention des Nations
Unies contre la criminalité transnationale organisée, ainsi que les résolutions pertinentes
du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptées au titre du Chapitre VII de la Charte
des Nations Unies, notamment les résolutions 1373 (2001), 1267 (1999) et 1989 (2011).
D’où, le fait de reconnaître que ces résolutions et conventions constituent des
habilitations internationales cruciales et imposent des obligations internationales de fond
pour prévenir le financement du terrorisme, mettrait en exergue la distinction possible
entre les démarches internationales entreprises en matière de BG, caractérisées par un
aspect déclaratoire et de conseil d’un côté et les engagements internationaux préconisés
tels qu’entachés d’obligations et de sanctions en matière de lutte contre le financement du
terrorisme264 de l’autre.

263
Ibid. p 07
264
Ibid. Cette déclaration interprétative a été présentée par la délégation des États-Unis
d’Amérique.

268
Par ailleurs, une analyse critique pourrait être accordée à la façon dont le groupe
de la Banque Mondiale appréhende l'État à partir de la bonne gouvernance265qui se
présente comme forme dépolitisée des rapports de pouvoir et fournit, avec la
libéralisation économique, le cadre de référence de la lutte contre la corruption de
l'institution internationale.
Selon cette approche, « la corruption trouve son origine dans la mauvaise
gouvernance, d’où, la solution consiste alors à adopter les principes de la bonne
gouvernance puisque l'État constitue à la fois le problème et la solution »266.
Dans le même ordre conceptuel, il a été affirmé que « la bonne gouvernance est
un complément essentiel à des politiques économiques saines. Un management
efficace et redevable par le secteur public et un cadre politique prévisible et
transparent demeurent fondamentaux pour l’efficacité de marchés et des
gouvernements et ainsi pour le développement économique.
L’attention évolutive accordée à ces questions de gouvernance est une partie
importante par rapport à nos efforts destinés à promouvoir un développement
équitable et durable».267
Ainsi, « la gouvernance dispose, généralement, de trois aspects : (a) la forme du
régime politique (parlementaire ou présidentiel, militaire ou civil, démocratique ou
autoritaire); (b) le processus par lequel le pouvoir est exercé dans le management des
ressources économiques et sociales d’un pays; et (c) la capacité du gouvernement de
concevoir, formuler et implémenter les politiques. »268
Or, la gouvernance, pour le Groupe de la Banque Mondiale, est synonyme d’un
management du développement sain269.

265
Cartier-Bresson Jean. La Banque mondiale, la corruption et la gouvernance. In: Tiers-
Monde. 2000, tome 41 n°161. Corruption, libéralisation, pp. 165-192.
266
Ibid. p 166
267
Lewis T. Preston President The World Bank April 1992
268
Governance and Development © 1992 The World Bank / the International Bank for
Reconstruction and Development (IBRD) and the International Development Association
(IDA). ISBN 0-8213-2094-7
269
Ibid. p 1

269
D’où, elle est définie comme suit : la gouvernance est " l’exercice de l’autorité, le
contrôle, le management, le pouvoir du gouvernement " " la manière par laquelle le
pouvoir est exercé dans le management des ressources économiques et sociales pour le
développement ". 270
Par ailleurs, peut-on souligner d’ores et déjà que la lutte contre la corruption ou
son contrôle figure, en tant qu’indicateur de mesure de la gouvernance, parmi les
dimensions sur lesquelles repose, essentiellement, le mécanisme d’évaluation de la
gouvernance adopté sous l’égide de l’Institut de la Banque Mondiale ?
En effet, les six dimensions de la gouvernance, qui s’illustrent comme suit, ont
été employées afin de mesurer environ 215 économies pendant la période 1996-2013
s’insèrent dans le cadre du programme de recherche sur les Indicateurs Internationaux
de la Gouvernance The Worldwide Governance Indicators (WGI).271
1) La voix et la redevabilité,
2) La stabilité politique et l’absence de violence,
3) L’effectivité du gouvernement
4) Qualité de la réglementation
5) L’État de droit
6) Le contrôle de la corruption
Au-delà des connotations économiques et financières relatives à la configuration
des actes et des mesures entrepris, en matière de lutte contre la corruption, dans les
enceintes internationales à vocation économique et financière, les actes adoptés au sein
du conseil de l’Europe s’avèreraient emprunter une autre optique.
En effet, les principaux instruments juridiques de lutte contre la corruption
adoptés par le conseil de l’Europe s’identifient, essentiellement, au niveau des vingt
principes directeurs relatifs à la lutte contre la corruption272 tout en notant que le projet
de la liste de ces principes a été élaboré par le Groupe Multidisciplinaire sur la
Corruption (GMC).

270
Les deux définitions attribuées au concept de la Gouvernance sont adoptées par le groupe
de la Banque Mondiale telles qu’elles figuraient dans le dictionnaire suivant : Webster's Newr
Universal Unabridged Dictionary (London: Dorset & Baber, 1979)
271
The Worldwide Governance Indicators: Methodology and Analytical Issues Daniel
Kaufmann, Brookings Institution Aart Kraay and Massimo Mastruzzi, World Bank
September, 2010 Access the WGI data at : www.govindicators.org
272
Résolution (97) 24 se rapportant aux Vingt Principes Directeurs Pour La Lutte Contre
La Corruption adoptée par le Comité des Ministres le 6 novembre 1997, lors de la
101e session du Comité des Ministres.

270
Ainsi, ces vingt principes directeurs273, liés essentiellement à la dimension
préventive de la lutte contre la corruption couvriraient des thèmes incorporables dans
l’essence de la BG.

273
Ibid. Ces vingt principes directeurs s’identifient comme suit :
1. Prendre des mesures efficaces pour prévenir la corruption et, dans cette perspective, y
sensibiliser l'opinion publique et promouvoir des comportements conformes à l'éthique;
2. Assurer une incrimination coordonnée de la corruption nationale et internationale;
3. Assurer que les personnes chargées de la prévention, des enquêtes, des poursuites et de la
sanction des infractions de corruption bénéficient de l'indépendance et de l'autonomie
nécessaires à l'exercice de leurs fonctions, soient libres de toute influence incompatible
avec leur statut et disposent de moyens adéquats pour l'obtention de preuves; assurer la
protection des personnes qui aident les autorités à lutter contre la corruption et sauvegarder
le secret de l'instruction;
4. Prendre des mesures appropriées en vue de la saisie et de la confiscation des produits de la
corruption;
5. Prendre des mesures appropriées en vue d'éviter que des personnes morales ne servent
d'écran pour dissimuler la commission d'infractions de corruption;
6. Veiller à limiter toute immunité à l'égard des enquêtes, des poursuites et des sanctions
relatives aux infractions de corruption à ce qui est nécessaire dans une société
démocratique;
7. Favoriser la spécialisation de personnes ou organismes chargés de la lutte contre la
corruption et leur accorder les moyens et la formation nécessaires à l'exercice de leurs
fonctions;
8. Assurer que la législation fiscale et les autorités chargées de sa mise en œuvre contribuent à
la lutte contre la corruption de façon efficace et coordonnée, en particulier en n'accordant
pas, en droit ou en pratique, la déductibilité fiscale des commissions occultes ou des autres
frais liés aux infractions de corruption;
9. Veiller à ce que l'organisation, le fonctionnement et les processus décisionnels des
administrations publiques tiennent compte de la nécessité de lutter contre la corruption, en
particulier en assurant un degré de transparence compatible avec l'efficacité de leur action;
10. Assurer que les règles relatives aux droits et devoirs des agents publics tiennent compte des
exigences de la lutte contre la corruption et prévoient des mesures disciplinaires
appropriées et efficaces; favoriser l'élaboration d'instruments appropriés, tels que des codes
de conduite, qui précisent d'avantage le comportement attendu des agents publics;
11. Assurer que les activités des administrations publiques et du secteur public soient soumises
à des procédures appropriées de vérification des comptes;
12. Souligner l'importance du rôle que les procédures de vérification des comptes peuvent jouer
dans la prévention et la détection de la corruption en dehors des administrations publiques;
13. Assurer que le système de responsabilité des administrations publiques prenne en compte
les conséquences des actes de corruption commis par les agents publics;
14. Adopter des procédures relatives aux marchés publics d'une transparence adéquate pour
favoriser une concurrence loyale et décourager les corrupteurs;
15. Encourager l'adoption par les représentants élus de codes de conduite et favoriser des règles
sur le financement des partis politiques et des campagnes électorales qui découragent la
corruption;
16. Garantir aux médias la liberté de recevoir ou de communiquer des informations concernant
des affaires de corruption, sous réserve des seules limites nécessaires dans une société
démocratique;
17. Assurer que leur droit civil tienne compte de la nécessité de lutter contre la corruption et
prévoie, en particulier, des recours efficaces pour ceux dont les droits et intérêts sont
affectés par celle-ci;
18. Encourager la recherche sur la corruption;
19. S'assurer que, dans tous les aspects de la lutte contre la corruption, les liens éventuels avec
la criminalité organisée et le blanchiment de l'argent soient pris en considération;
20. Développer la coopération internationale la plus large possible dans tous les domaines de la
lutte contre la corruption.

271
Par ailleurs, sur le plan national, les sept principes de la vie publique adoptés au
Royaume-Uni274 Altruisme, intégrité, objectivité, responsabilité, transparence, probité
et exemplarité, s’avèrent illustrer aussi bien cette interdépendance entre la lutte contre
la corruption et la BG que cette considération allouée aux obligations, préalables et
exigences sur lesquels reposent la confiance dans les institutions publiques. En effet,
ces principes s’identifient comme suit :
« Altruisme
Les titulaires d'une fonction publique devraient agir uniquement dans un souci de
l'intérêt public, et non pour en tirer des avantages financiers ou autre pour eux-
mêmes, leur famille ou leurs amis.
Intégrité
Les titulaires d'une fonction publique ne devraient accepter aucune obligation
financière ou autre à l'égard de personnes physiques ou morales extérieurs qui
pourraient chercher à les influencer dans l'exercice de leurs fonctions officielles.
Objectivité
Les titulaires d'une fonction publique devraient, dans les activités publiques qui
leur incombent, notamment les nominations à des fonctions publiques, l'octroi de
contrats ou la recommandation d'autres personnes pour qu'elles reçoivent des
récompenses et des avantages, fonder leurs choix sur le mérite.
Responsabilité
Les titulaires d'une fonction publique sont responsables de leurs décisions et de
leurs actes à l'égard du public et doivent se soumettre à tout contrôle qui est
approprié à cet égard.
Transparence
Les titulaires d'une fonction publique devraient être aussi transparents que
possible sur toutes les décisions ou actes qu'ils sont amenés à prendre ou faire. Ils
devraient motiver leurs décisions et ne restreindre les informations que lorsque
l'intérêt public supérieur l'exige à l'évidence.
Probité
Les titulaires d'une fonction publique ont le devoir de déclarer tout intérêt privé en
lien avec leurs missions publiques et de prendre les mesures nécessaires pour
résoudre tous conflits qui se produisent de manière à protéger l'intérêt public.

274
www.public-standards.gov.uk/About/The_7_Principles.html

272
Exemplarité
Les titulaires d'une fonction publique devraient promouvoir et soutenir ces
principes en se conduisant de manière exemplaire».275
Ceci étant, peut-on affirmer que les codes de conduite sont fondés sur des règles
mettant l'accent sur l’inhibition en se rapportant à un équilibre entre ce qui ne doit pas
être fait et ce qui est fondé sur des valeurs prônant ce qu'il est souhaitable de faire ?
Ainsi, dans le même ordre d’idées et de questionnements, la recommandation du
Conseil276 de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques sur
l'amélioration du comportement éthique dans le service public inclut les principes
propres à favoriser la gestion de l'éthique dans le service public.
En effet, il s’avère nécessaire de signaler qu’à travers cette recommandation,
l’OCDE reconnait deux socles de liens qui intéressent aussi bien la gouvernance
interne qu’externe qui concerneraient en d’autres termes les deux plans national et
international et qui communiquent via la confirmation du positionnement remarquable
de l’Ethique dans tous les niveaux de configuration de la gouvernance.
Aussi, en faisant le rapport avec le dénominateur commun de nos recherches et
analyses ayant trait aux liens de gouvernance et qui s’identifierait à la confiance277, il
serait remarquable de signaler, en premier lieu, que l’affirmation de la connexion entre
la crise de confiance qui caractérise les jonctions de gouvernance mettant en lumière le
positionnement binaire citoyen-institutions publiques et l’obligation de modifier
fondamentalement la gestion publique, mènerait à constater que ces modifications
devraient reposer sur le comportement éthique.
275
Ibid.
276
Recommandation du Conseil sur l'amélioration du comportement éthique dans le service
public incluant les principes propres à favoriser la gestion de l'éthique dans le service public du
23 avril 1998 - C(98)70/FINAL
277
Le contrat démocratique passe par des relations de confiance entre les autorités
publiques et les citoyens, et la confiance est une condition nécessaire à l’efficacité de
l’action publique, à la santé de la démocratie et à la prospérité de l’économie. La confiance
du public est acquise lorsque les citoyens sont convaincus que les autorités protègeront et
serviront l’intérêt général. Cette conviction repose non seulement sur le fait que les
autorités publiques ont tenu leurs engagements, mais également sur la perception par les
citoyens qu’elles l’ont fait. Il faut donc sans relâche consolider et renforcer cette confiance.
En effet, la confiance est un « capital » que les autorités doivent accumuler pour « l’investir
» dans les réformes -- et assurer leur réélection.
Une baisse de la confiance peut nuire à l’introduction, à la mise en œuvre et au respect de la
réglementation. Le manque de confiance du public peut compliquer, voire interdire, la mise
en œuvre de réformes et de politiques qui ne portent leurs fruits qu’à long terme et que
certaines catégories de citoyens peuvent, à court terme, trouver défavorables.
Réunion du Comité de la gouvernance publique au niveau ministériel ; Rotterdam, Pays-
Bas 27-28 novembre 2005 ; OCDE-Direction de la gouvernance publique et du développement
territorial.

273
Cela signifie, en d’autres termes, que le comportement éthique devient une
condition essentielle qui mène à rétablir la confiance dans les institutions publiques.
En second lieu, il a été réaffirmé, qu’à travers les dispositions de cette
recommandation, l'intégrité du service public et dans l’administration publique est
essentielle.
Ainsi, peut-on considérer que la somme des éléments qui font rejoindre la
performance économique interne et externe à la confiance dans l’administration
publique, ainsi qu’au respect des engagements internationaux, constituerait le socle
commun sur lequel repose un comportement éthique de l’État et constitue par
conséquent, une garantie pour renforcer la confiance dans les OI?
D’où, il s’avère opportun de signaler que la reconnaissance de la confiance
externe identifiable entre les niveaux national, régional et universel de la gouvernance
internationale demeure tributaire de la confiance interne qui devrait d’ores et déjà être
établie entre le niveau national et le spectre d’intervention infranationale de la
gouvernance étatique.
Ceci étant, le comportement de l’Etat revient à le considérer en tant qu’entité
potentiellement soumise non seulement à une mesure de sa gouvernance
comportementale, mais également à des dispositifs de modification ou d’amélioration
de son comportement éthique.
Une autre constatation qui pourrait, d’emblée, porter des éléments de réponse
potentiels et qui concerne le comité de la gestion publique relevant de l’OCDE et
compétent pour les questions relatives à l’intégrité, à la transparence et à celles ayant
trait d’une façon générale aux comportements, à l’éthique en particulier, devenant
comité de la gouvernance publique, s’agit-il, par conséquent, d’un changement de
culture pour passer de celle indexée à la gestion en 1998 à une culture ou une logique
de gouvernance ?
Aussitôt, il paraît, que l’évolution par rapport à la mise en œuvre de l’ensemble
des recommandations adoptées en la matière sous l’égide de l’OCDE et sous les
auspices d’autres OI, s’agissant, en particulier, de l’UE ou du Conseil de l’Europe, a
conduit les organes et les instances de décision à affirmer, souvent et expressément, la
nécessité de recourir à des modifications ou à des refontes fondamentales de leurs
stratégies et de leurs méthodologies inscrites dans leurs recommandations.

274
Selon le rapport intitulé comme suit : « Renforcer l’éthique dans le service
public : Les mesures des pays de l’OCDE rendu public » 278 de l’OCDE qui a pour
objectif d’établir un éclairage sur la question relative à l’éthique dans les institutions
publiques des 29 pays membres de cette organisation, à l’époque, en 2000, les huit
valeurs essentielles du service public les plus fréquemment citées par les pays de
l’OCDE (nombre de pays citant chaque valeur) se présentent comme suit :
30
24
25 22
20 18
14 14
15 11 11 10
10
5
0
Légalité

Egalité
Efficience
Intégrité

Justice
Tranparence
Impartialité

Reponsabilité
Ainsi, le cadre d’intégrité, tel qu’adopté par les organes compétents de l’OCDE279
se schématise comme suit :

Déterminer et définir Analyse des risques


l’intégrité

Codes

Conflits d’intérêts

Conseil Formation

Conseil

Déclarations

Contrôle Transmission des plaintes

Dénonciateurs

Régime des lobbys

Application Investigation

Sanctions

278
http://www.oecd.org/puma/
279
www.oecd.org/dataoecde/24/15/44462729.pdf

275
Ceci étant, les intentions qui seraient approuvées à l’ordre des réunions des
comités ou organes compétents au sein de l’OI concernée pour une reconstitution de
nouvelles recommandations, reconnaissent implicitement l’échec des précédentes ou
l’écart remarquable, constaté ou signalé, entre les objectifs280 inscrits et les résultats
atteints en pratique.
En effet, cet écart pourrait être constaté par rapport au degré d’application ou
d’appropriation des recommandations par les États membres en premier ressort et au
niveau de la satisfaction des destinataires ultimes de ces recommandations, qu’il
s’agisse d’autres acteurs publics ou d’Acteurs Non Gouvernementaux.
D’où, cette satisfaction serait constituée d’un ensemble d’effets et d’impacts ainsi
recherchés au-delà de l’application pure et simple desdites recommandations en
deuxième et éventuellement en dernier ressort.

280
Ibid. Ces objectifs ont été énumérés notamment, dans la partie I. du corps de cette
recommandation qui « RECOMMANDE aux pays Membres de prendre des mesures de
façon à veiller au bon fonctionnement des institutions et des systèmes destinés à encourager
un comportement conforme à l'éthique dans le service public. Ce résultat peut être obtenu :
• En développant et en réexaminant périodiquement les politiques, les procédures, les
pratiques et les institutions influençant le comportement éthique dans le service public ;
• En soutenant les actions conduites par les pouvoirs publics pour maintenir des normes de
conduite élevées et contrer la corruption dans le secteur public ;
• En insérant la dimension éthique dans les structures de gestion pour s’assurer que les
pratiques de gestion sont en accord avec les principes du service public ;
• En combinant judicieusement les systèmes de gestion de l'éthique fondés sur des idéaux
et les systèmes fondés sur le respect de normes » ;
• En évaluant les effets des réformes de la gestion publique sur les comportements éthiques
dans le service public.

276
Sous-section deuxième : La concrétisation de la Bonne Gouvernance demeurerait
tributaire de la dimension morale.
Il est à reconnaître d’emblée que la gouvernance comportementale acquiert de
plus en plus de l’importance.
Un positionnement ascendant des aspects de nature morale (paragraphe premier)
paraît avoir des effets de transformation par rapport à la configuration des systèmes de
gouvernance aussi bien dans les contextes nationaux qu’au niveau des relations
internationales qui auraient accordé une attention quasi exclusive aux modérations
économiques.
Ceci étant, les dimensions économiques et politiques demeurent certes, probantes
mais, la dimension comportementale serait désormais un pilier essentiel sur lequel
repose toute politique aussi bien nationale qu’internationale visant à promouvoir la
Bonne Gouvernance dans toutes ces pondérations touchant tous ses niveaux et tous ses
aspects.
Par ailleurs, la question de la légitimité qui s’avère constituer certes, l’exigence et
la condition la plus convoitée par tous les intervenants et dans tous les niveaux de
gouvernance, cependant, elle demeure l’objet de la revendication et sa caractéristique
principale qui paraît la plus difficile à acquérir et à conserver de la part des détenteurs
des pouvoirs décisionnels dans un niveau de gouvernance tant national et infranational
qu’international ce qui semble concerner tous les décideurs des OI.
D’où, il est nécessaire de signaler que le rapprochement entre légitimité et
comportements éthiques pour tous les intervenants, représenterait une garantie
incontournable qui pourrait éviter ou réduire le doute et constituer par conséquent, une
remise en question du parrainage qui témoigne de la confiance ainsi octroyée à ceux
qui gouvernent et à ceux qui prétendent à l’être. (deuxième paragraphe).

277
Paragraphe premier : La portée internationale de la gouvernance incorporerait
insuffisamment et inefficacement la dimension éthique.
Afin de pouvoir assimiler le positionnement de la dimension morale dans la
configuration comportementale de la BG s’imposerait au préalable une compréhension
de l’Ethique dans son acception aussi bien philosophique et culturelle que juridique et
normative.
En fait, cette démarche de compréhension paraît se référer à un ensemble de
comportements et un système de valeurs communément partagés par toutes les nations
accompagnant l’existence humaine dans toutes ses dimensions, ses transformations et
ses reconfigurations.
Force est de constater, d’emblée, qu’il s’avère notoire de signaler que les
fondements et les références suivant lesquels les principales formes constituant
substantiellement des valeurs qui revêtent l’aspect moral dans sa dimension tant
humaine que sociale, représentent nécessairement un levier fondamental qui pourrait
fusionner, voire mutualiser le champ d’action de l’OI et de l’État dans les secteurs
ayant trait à la gouvernance.
Ainsi, il semble que ce lien entre principes de BG, valeurs et comportements a été
clairement confirmé dans plusieurs actes internationaux notamment celui relatif à la
déclaration du millénaire. 281

281
Dans la résolution adoptée le 08 septembre 2000 par l’Assemblée Générale des Nations Unies lors
de sa cinquante-cinquième session et portant sur la Déclaration du Millénaire, le préambule de cette
déclaration a été consacré aux valeurs et principes comme suit :
« Nous estimons que certaines valeurs fondamentales doivent sous-tendre les relations internationales
au XXIe siècle, à savoir:
• La liberté. Les hommes et les femmes ont le droit de vivre et d’élever leurs enfants dans la dignité,
à l’abri de la faim et sans craindre la violence, l’oppression ou l’injustice. C’est un mode de
gouvernance démocratique des affaires publiques, fondé sur la volonté et la participation des
populations, qui permet le mieux de garantir ces droits.
• L’égalité. Aucune personne, aucune nation ne doit être privée des bienfaits du développement.
L’égalité des droits et des chances des femmes et des hommes doit être assurée.
• La solidarité. Les problèmes mondiaux doivent être gérés multilatéralement et de telle façon que
les coûts et les charges soient justement répartis conformément aux principes fondamentaux de
l’équité et de la justice sociale. Ceux qui souffrent ou qui sont particulièrement défavorisés méritent
une aide de la part des privilégiés.
• La tolérance. Les êtres humains doivent se respecter mutuellement dans toute la diversité de leurs
croyances, de leurs cultures et de leurs langues. …Il faudrait promouvoir activement une culture de
paix et le dialogue entre toutes les civilisations.
• Le respect de la nature. Il convient de faire preuve de prudence dans la gestion de toutes les
espèces vivantes et de toutes les ressources naturelles, conformément aux préceptes du
développement durable….
• Le partage des responsabilités. La responsabilité de la gestion, à l’échelle mondiale, du
développement économique et social, ainsi que des menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité
internationales, doit être partagée entre toutes les nations du monde et devrait être exercée dans un
cadre multilatéral ».

278
Eu égard à toutes les spécificités qui caractérisent l’étude et l’analyse de la
dimension morale dans la cartographie de la BG non seulement conceptuelle et
substantielle, mais également à travers sa dimension fonctionnelle, il semble
finalement nécessaire de se focaliser davantage sur une pratique qui se développe de
plus en plus autant chez les États qu’au niveau des OI.
Il s’agit de l’inscription d’un ensemble de valeurs morales au niveau d’un espace
documentaire élaboré sous forme de code, de guide, de charte, etc. et sous des
appellations qui se différent marquées ainsi parfois par code d’éthique ou code de
déontologie ou même code de conduite.
En fait, ceci pourrait expliquer les interrogations et la quête interminable relatives
aussi bien à l’utilité et à la pertinence de ces codes de valeurs qu’à leur légitimité
s’agissant d’une formule d’alignement graduelle décroissante entre respectivement les
valeurs, les comportements et les actes.
Dans ce contexte, il y’a lieu de rappeler que ces démarches et ces initiatives
nationales et internationales de codification des valeurs ou de l’éthique se
développent fréquemment et particulièrement au niveau de la configuration de la mise
en œuvre de la BG en tant que domaine d’intervention mandaté par les OI.
En effet, il existe un ensemble de recommandations et de lignes directrices en ce
qui concerne l’adoption de mesures et de mécanismes relatifs à l’éthique, à la
déontologie ou même à la conduite comportementale.
Les dispositions de l’article 8 de la convention des Nations Unies contre la
282
corruption sont consacrées entièrement aux codes de conduite des agents publics
qui devraient prévoir le respect des principes de la BG et les valeurs inscrites au
niveau de cette convention.
Ces codes ou ces normes de conduite visent l’exercice correct, honorable et
adéquat des fonctions publiques tout en confirmant l’importance de l’intégrité, de
l’honnêteté et de la responsabilité.
Par ailleurs, il faut également noter que « la dimension morale telle qu’elle vient
d’être exposée, couvre deux champs d’identité qui se nourrissent d’une part à travers
un aspect abstrait acheminé rétrospectivement vers un soi-même individuel et
autolimité ou collectif et sociétal tout en restant dans la tendance transcendante.

282
Convention des Nations Unies contre la corruption adoptée par la Résolution 58/4 de
l’Assemblée générale du 31 octobre 2003

279
D’autre part, un deuxième champ d’identité de la dimension morale s’identifie par
rapport à des actes de nature concrète et qui seraient véhiculés par des engagements
contractuels d’ordre moral et parfois de nature normative, voire obligatoire et
quelquefois contraignante.
En outre, il s’avère également opportun d’indiquer particulièrement de par le
rapprochement qui se manifeste entre le domaine de la BG et celui de l’Ethique selon
ses deux aspects, susmentionnés, abstrait et concret, que l’intéressement mutuel et la
juxtaposition d’intervention entre l’État et l’OI semblent plus manifestes, notamment,
à travers le repositionnement de la dimension morale dans la revalorisation de la BG.
Ceci étant, la cartographie générale des principes sur lesquels reposent les
objectifs et les missions annoncés à travers les constitutions et les actes constitutifs
respectivement des États et des OI, place, scrupuleusement le caractère moral au rang
des fondamentaux qui auraient constitué les impacts perçus des actes initiés et
conduits par un État comme par une OI.
Par ailleurs, l’appui manifeste de l’OI et de l’État, pour une reconstitution de la
Bonne Gouvernance, de par cette dimension vertueuse, se partage en deux dispositifs
mutuellement interdépendants et complémentaires tel que définis ci-dessous.
D’abord, le premier dispositif s’identifie par rapport à la revalorisation de la
Bonne Gouvernance elle même, en tant que valeur à respecter au niveau juridique et
institutionnel intéressant l’environnement interne et externe aussi bien de l’État que de
l’OI.
L’identification d’un arsenal juridique et institutionnel qui prévoit dans son
agencement des prérogatives et des garanties revêtues généralement d’un caractère
obligatoire et parfois conforme, voire contraignant et répressif d’un côté, préventif,
persuasif et dissuasif d’un autre et ce, pour illustrer cette rigueur quant au respect de
la BG en tant qu’une valeur, demeure certes, incontournable mais insuffisante.
Ceci étant, il semble, en conséquence, nécessaire de signaler qu’il pourrait être
singulièrement approprié d’accorder une attention toute spécifique à la mobilisation
des compétences et des ressources aussi bien humaines que financières et techniques.

280
En fait, cette mobilisation se trouve développée indépendamment du secteur dans
lequel l’intervention de l’État comme de l’OI va produire des effets d’ordre
économique, politique ou social ou ayant d’autres formes et ce, afin de garantir une
optimisation systémique et procédurale de tous les mécanismes et procédés en vue de
soutenir inconditionnellement cette dimension éthique conjuguée à travers la BG
Ensuite, afin de garantir le repositionnement souhaité de l’Ethique pour qu’elle
soit classée à un rang privilégié au niveau de la hiérarchie d’alignement des
composantes principales de la BG, le respect et la considération intrinsèque des
valeurs au sein même du champ de la BG semble constituer un deuxième dispositif
extrêmement indispensable dans cette architecture intégrale, représentant ainsi, des
caractéristiques inhérentes aux divers principes, garanties et comportements intégrant
la sphère générale de la BG »283.
Ceci étant, cette jonction des principes de BG aussi bien étatique qu’internationale
se concrétise selon les dispositions du point 13 du titre III relatif au développement et
élimination de la pauvreté relevant de la déclaration du millénaire susmentionnée, qui
dénote que« La réalisation de ces objectifs suppose, entre autres, une bonne
gouvernance dans chaque pays. Elle suppose aussi une bonne gouvernance sur le plan
international et la transparence des systèmes financier, monétaire et commercial.
Nous sommes résolus à mettre en place un système commercial et financier
multilatéral ouvert, équitable, fondé sur le droit, prévisible et non discriminatoire ».
Enfin, il s’avère inéluctable de prendre en considération ce qui pourrait constituer
finalement des défis majeurs ou des contraintes par rapport à la revalorisation
bidimensionnelle de la dimension éthique ou morale tel qu’il a été démontré,
précédemment, à travers la considération de la BG en tant qu’un système ou un
processus de vertus d’une part et l’inscription des valeurs dans sa cartographie
substantielle d’autre part.
En effet, ces défis et contraintes se définissent par rapport à l’aspect concret qui
pourrait traduire les prérogatives, les garanties et les actes tels qu’adoptés par les
deux intervenants principaux, à savoir l’État et l’OI, en termes d’actions ou d’actes
faisant preuve de tangibilité et produisant un ensemble d’effets et d’impacts
unidimensionnels ou multidimensionnels284.

283
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
284
Ibid.

281
En d’autres termes, la concrétisation des valeurs dans la pratique, au travers de
témoignages, permettrait non seulement une consécration réelle et tangible des valeurs
morales en tant que composante essentielle de la BG d’un côté, mais également une
mesure, une correction ou un renforcement des procédés afin de s’assurer de la
considération de la BG elle-même en tant qu’une dimension vertueuse de l’autre.

Peut-on à ce niveau, par analogie, et par rapport à la considération de la BG en


tant que vertu sociale et au repositionnement des valeurs dans la BG dans une
démarche à la fois abstraite et réalisable, se référer à la coutume qui pourrait
constituer, comme on l’a démontré pour la BG, une notion doublement convertible, en
tant que valeur consensuelle d’une part et comme un champ où certaines valeurs
pourraient faire l’objet d’un engagement social contractuel de nature morale d’autre
part?

Les éléments de réponse à cette interrogation permettraient à la fois de mesurer,


en premier lieu, les degrés et les possibilités de rapprochement entre les deux champs
intéressant la pratique de l’éthique tant humaine que sociale en ce qui concerne la BG
d’un côté et la coutume comme une appropriation progressive et collective de ces
valeurs de l’autre.

En deuxième lieu, la réponse à cette question pourrait permettre d’étudier et


d’analyser les possibilités de conception de l’engagement d’ordre moral qui s’établit
au niveau de la conception, de la pratique et de l’évaluation du fonctionnement des
pouvoirs publics en tant qu’acteur parrainé et légitimé afin de veiller à respecter les
principes de la Bonne Gouvernance tels qu’annoncés par les actes internationaux.

Ceci étant, la moralité recherchée dans cet engagement pourrait se constituer dans
la sphère aussi bien interne qui comprend les citoyens, les acteurs gouvernementaux et
non gouvernementaux aux différents niveaux central, régional et local de gouvernance
qu’externe qui réunit acteurs non gouvernementaux internationaux et OI à vocation
universelle ou régionale.

282
Par ailleurs, Aristote285, dans son ouvrage « l’Éthique à Nicomaque » ou en grec
ancien « ēthik á Nikomácheia », qui traite de l’éthique en exposant ainsi une partie de
sa philosophie morale, a établi une analyse profonde avec des illustrations notables
quant à la distinction significative entre le mal et le bien ou la vertu.
À travers l’analyse philosophique développée par Aristote, il demeure
remarquable de signaler que les résultats et les aboutissements qui découlent d’actes
volontaires n’auront pas forcement ni une qualification communément admise ni un
jugement partagé.
En effet, le volontaire ne porte pas nécessairement une indication logique et
raisonnée ce qui exclut parfois l’adoption inconditionnée de cet acte.
« Il nous semble aussi que les passions irrationnelles ne relèvent pas moins de
l’humaine nature, de sorte que les actions qui procèdent de l’impulsivité ou de la
concupiscence appartiennent aussi à l’homme qui les accomplit. Il est dès lors
absurde de poser ces actions comme involontaires… »286.
Selon la pensée d’Aristote au sein du chapitre dédié à l’analyse du choix
préférentiel du Livre III intitulé  Activité Volontaire « Le choix, en effet,
s’accompagne de raison et de pensée discursive ».
D’après cette analyse philosophique relative aux traits distinctifs de l’acte
volontaire qui ne résulte pas nécessairement d’une logique ou d’une raison et
n’acquiert pas, par conséquent, le rang du bien ou de la vertu, le choix rejoignant le
rationnel, répond à l’équivalence qui pourrait exister entre le bien, la logique et la
vertu et l’incohérent équilibre ou l’équilibre non constant entre la volonté et ce qui est
perçue comme éthique ou bien.

285
ARISTOTE « L’ÉTHIQUE À NICOMAQUE », Livre II : la vertu « De plus l’erreur
est multiforme (car le mal relève de l’Illimité, comme les PYTHAGORICIENS l’ont
conjecturé, et le bien, du Limité), … il est facile de manquer le but, et difficile de l’atteindre
Et c’est ce qui fait que le vice a pour caractéristiques l’excès et le défaut, et la vertu le juste
milieu : L’honnêteté n’a qu’une seule forme, mais le vice en a de nombreuses »
CHAPITRE 6 : Définition complète de la vertu morale, et précisions nouvelles :… « Il
n’existe ni juste milieu d’excès et de défaut, ni excès et défaut de juste milieu ».
286
ARISTOTE « L’ÉTHIQUE À NICOMAQUE », Livre III : l’activité volontaire ;
chapitre 3 : acte volontaire

283
Encore, faut-il, suivant « une acception fictive de la volonté, tolérer un jugement
à caractère intentionnel qui qualifie d’immoral une action ou un acte logique suivant
une perception individuelle de l’éthique?
Aussi, l’acception collective ou internationale de l’éthique selon une
configuration institutionnelle et un raisonnement qui prend en considération les
exigences et les préalables de la BG, pourrait dans une lecture abstraite de la vertu ne
pas s’aligner aux prescriptions individuelles, dans une dimension personnelle, ou
singulière s’agissant du jugement de nature institutionnelle.
Non loin de ces considérations, l’acception de l’éthique, en tant que valeur,
faisant inévitablement partie du périmètre des principes de la BG, pourrait ouvrir une
nouvelle perspective d’analyse et de mesure qui met en exergue l’indissociabilité des
valeurs en ce sens qu’il existe un rapport d’équilibre entre les droits de l’Homme, les
valeurs inhérentes à l’humanité et la volonté de soumettre les personnes morales,
l’État et les OI en l’occurrence, aux principes et valeurs qui s’avèreraient
intrinsèquement de nature humaine.
De ce fait, se pose la question de savoir si une synergie puisse-t-elle exister entre
des valeurs de nature humaine et des acteurs ayant une personnalité fictive ?
Un nouveau paradigme se crée pour mesurer ainsi le fonctionnement possible qui
pourrait exister entre les valeurs humaines et ces acteurs qui sont néanmoins pilotés
par des personnes physiques.
Suffit-il par conséquent d’admettre un transfert de ces valeurs et de ces principes
tels que l’honnêteté, la transparence, l’équité et l’intégrité chez ces acteurs ayant la
personnalité fictive ? Ou serait-il envisageable de se contenter de mesurer le degré de
cooptation de ces principes par ces acteurs ?
Le schéma semble, suivant une vision substantielle, loin d’être simplement lié à
une certaine mesure de l’attribution de ces valeurs aux différents acteurs ni de se
procurer le jugement qui permettrait de qualifier la cooptation de ces valeurs qui
pourrait être soutenue par rapport à l’État ou à l’OI en tant que des créations sociétales
et normatives entendues et conclues par convention négociée par les représentants de
ces acteurs.
Ceci étant, ce postulat pourrait laisser émerger des interprétations qui mènent à
relativiser la configuration possible des valeurs et des principes relatifs à la BG pour
ces acteurs intéressant, notamment, les États et les OI.

284
En outre, il paraît que le jugement ou l’évaluation aussi bien de l’existence que de
l’affirmation de ces principes et valeurs inhérents au domaine de la BG tant pour les
détenteurs ou prétendants, que pour les acteurs potentiellement attributaires,
resteraient difficilement atteignables.
En revanche, il faut signaler qu’il existe une certaine subjectivité qui pourrait
accompagner les jugements qui s’attribuent aux fondements des comportements et des
actes tant pour les gouverneurs que pour les gouvernés qui se partagent
institutionnellement le mandat et les périmètres de la gouvernance.
De plus, cette subjectivité pourrait être constatée au niveau de la mesure qui
s’attribue à la configuration des principes d’ordre moral et des valeurs, ce qui explique
en partie la difficulté d’évaluation précédemment indiquée.
Encore, faut-il noter qu’en dépit de cette subjectivité, il reste approprié de mener
des analyses et des évaluations pour mesurer les effets et les impacts enregistrés à
moyen et à long terme en se référant aux définitions, aux sens et aux indications des
principes d’ordre moral et des valeurs communément affirmées.
Au delà de ces analyses, il demeure également judicieux de prendre en
considération les divergences qui existeraient, aussi bien au niveau conceptuel et
étymologique en ce qui concerne les valeurs et les comportements soumis aux normes
d’éthique que par rapport au sens et à la quiddité des principes moraux qui sont
introduits au niveau du champ de la BG d’une part.
D’autre part, il faudrait également accorder une attention particulière aux
controverses qui se manifestent quant à la forme substantielle de la BG elle-même et
ce, en relation avec ses composantes et en fonction des liens qui pourraient exister
entre la BG et les autres notions à l’instar de la légitimité et de la démocratie, si en
amant, pourrait-on d’ores et déjà admettre une séparation conceptuelle ou substantielle
entre ces notions.
In fine, serait-il adéquat d’indiquer qu’il paraît que faute de justice, d’équité et de
bonne conduite des dirigeants politiques, se défendent les possibilités d’admettre
l’existence d’une mauvaise gouvernance en s’indexant à sa validité
287
institutionnelle? ».

287
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

285
Cependant, en réalité, cette indexation pourrait couvrir une quête en conformité
par rapport à « un modèle d’exemplarité en BG où la consécration de valeurs
relatives à la liberté, à l’auto-détermination et à la justification d’épreuves de
confiance, de légitimité et de mérite de gouverner caractérise, par conséquent, les liens
entre gouvernance authentique ou spontanée et impulsive d’un côté et gouvernance
recommandée qui témoigne de la soumission à des ordres et à des systèmes de
gouvernance préconisés de l’autre.
Ceci étant indiqué, les nouveaux modes de gouvernance se veulent progresser vers
une quête similaire qui inquiète, quelquefois, les alchimistes de la gouvernance
universelle et qui, parfois, légitime la dissociabilité des systèmes étatiques et
internationaux plutôt qu’elle considère les différences et les divergences qui
caractérisent ordres organisationnels et systèmes de gouvernance en tant
qu’opportunités de rassemblement régionaux et interrégionaux.
En effet, la tendance de polarisation ou de régionalisation se manifesterait
éloignée quant bien même de l’acception de la gouvernance mondialisée ou de la
mondialisation de la BG et de ses démembrements tant conceptuels
288
qu’institutionnels » .

288
Ibid.

286
Paragraphe deuxième : La gouvernance comportementale mettrait en doute la
légitimité de l’intervention internationale.

Afin d’encadrer le périmètre d’intéressement lié à la question du rapprochement


entre le domaine de l’éthique et celui de la gouvernance, il s’avère opportun de
signaler que la dépendance à la dimension morale pourrait s’analyser au niveau de la
gouvernance comportementale.

D’où, indéniablement, on pourrait s’interroger sur le niveau de légitimité qui


s’acquiert en se rapportant au comportement ayant la tendance vers l’exemplaire.

Les détenteurs présumés ou potentiels d’une légitimité, d’un droit ou d’un devoir
qui leur permettraient d’intervenir pour des fins de régulation, de normalisation ou
d’orientation dans la sphère de la gouvernance, seront-ils en mesure d’adapter leur
comportement par rapport au référentiel de l’exemplarité ?

Auraient-ils d’ores et déjà disposé des aptitudes comportementales qui


répondraient aux normes et aux exigences inscrites dans ce référentiel?

Tous ces questionnements paraissent porter une certaine logique qui se justifie par
rapport à la caractéristique de la dimension morale qui pourrait être octroyée à la
gouvernance tout en s’inscrivant dans une logique de légitimation
intergouvernementale, nationale et supranationale ayant trait à l’institutionnalisation et
à la normalisation de la gouvernance comportementale.

D’où, soit-il de concert d’affirmer que la gouvernance comportementale serait


indiquée en bonne adéquation de revalorisation entre la reconnaissance et la pratique
des valeurs tout comme des normes et des règles afin de bien conjuguer éthique et
management indépendamment des particularités aussi bien juridiques que
managériales qui caractérisent les deux domaines.

287
Ainsi, quatre constats exploratoires,289 issus de mes recherches qui ont trait aux
questions morales relatives à la gouvernance, mériteraient, d’emblée, d’être signalés.
1er Constat : il semble que les gouvernants étatiques et internationaux290, par
conviction ou par obligation d’inscrire leurs agissements dans le référentiel de la BG,
s’auto-légitiment leurs positions respectives en tant que protecteurs de comportements
modèles ou exemplaires en exerçant une veille, une objection ou un véto par rapport
au développement de la mauvaise gouvernance ou de la corruption.
2ème constat : une aggravation remarquable de la situation quant au
développement de la corruption et concernant la diversification d’actes et crimes
relatifs en particulier à la mauvaise gestion des finances publiques et à la mauvaise
illustration des conflits d’intérêts dans les secteurs publics, ainsi le monde des affaires
n’est nullement épargné non plus.
Ces illustrations seraient traduits, à titre d’exemple, par le détournement de fonds,
le blanchiment d’argent, l’enrichissement illicite, la malversation, etc. qui sont
appuyés par les statistiques et les études de suivi et d’évaluation conduites par les OI et
les instances spécialisées en la matière à la lumière de Transparence Internationale.
3ème constat : un écart de compréhension et de considération et de non adéquation
vraisemblable des moyens de lutte contre la corruption traduits à travers la perception
directe des acteurs étatiques et non étatiques quant au développement du phénomène et
de son ampleur, de ses manifestations, de ses effets et de son impact sur tous les
secteurs.
Cet écart est ressenti également au niveau de la perception soutenue à travers les
résultats d’enquêtes menées par les ONG et les institutions spécialisées et les actes
incriminés, témoignant aussi bien de la complexité que de l’ineffectivité de la
réglementation internationale et nationale.
4ème constat : complexification du problème, transformation et réseautage
transnational illimités, multiplication des actes et des acteurs directs et indirects,
diversité des crimes et difficultés d’identifier les preuves et d’effectuer la poursuite des
suspects.

289
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
290
Les organes et les instances qui disposent d’un pouvoir de décision politique et législatif
et qui s’attribuent un droit ou un devoir de regard en ce qui concerne la gouvernance des
États.

288
Par ailleurs, il demeure judicieux, à cette phase d’analyse et de constatation
d’aborder, en profondeur « la question de la corruption ou de la configuration de
l’immorale dans la sphère de la gouvernance.
S’agit-il, d’emblée, d’une forme de mauvaise gouvernance qui a permis le
développement de mauvaises pratiques qui externalisent les mauvaises intentions et
traduisent les contres exemples et les pratiques antinomiques à la BG?
Quel rapport peut-il exister et prouver entre ces mauvaises pratiques ainsi
signalées et la fragilité des États ? Quid, également de la vulnérabilité des systèmes
nationaux et internationaux juridiques, managériaux, politiques, économiques,
sociaux, etc.?
Pourrait-il être avoué, par conséquent, qu’un lien de causalité avec l’ineffectivité
du droit international perçue au travers de l’inefficacité des OI ainsi qu’avec la
faiblesse des mécanismes et dispositifs internationaux de lutte et de prévention par
rapport au développement du phénomène de la corruption, soit pressenti ?
Un tel lien, permettrait-il de remettre en cause la légitimité de l’intervention
internationale en termes de garanties, de régulation, de recommandation ou sous
d’autres formes ?
Cependant, suivant la pratique aussi bien institutionnelle que juridique et même
technique, chaque OI adopterait une démarche de réglementation, de recommandation,
d’indication ou d’orientation contre le phénomène de la corruption.
Or, ceci générerait l’existence d’une multitude d’approches tout en proposant aux
États membres et non membres un répertoire de dispositifs et de techniques aussi bien
de répression que de prévention pour lutter contre la corruption.
D’où, des choix et des alternatives illimités apparaissent avec une disposition
tantôt d’orientation, tantôt d’exigences, d’obligation et de contrainte dans un domaine
caractérisé par la compétition et lié aux conflits d’ordre économique et politique
qui demeureraient la ligne de démarcation caractérisant remarquablement les relations
internationales.

289
Ainsi, la confiance, l’honnêteté, l’intégrité, la crédibilité, l’exemplarité, etc.
figurent certes, parmi les principes fondamentaux qui conjuguent le rapport approprié
et le juste équilibre entre les valeurs communément admises par introspection ou par
reconnaissance au niveau des normes internationales, ce qui marqueraient la volonté
des OI de concrétiser les principes d’une gouvernance comportementale et les
comportements institutionnels.
En revanche, ces mêmes principes figurent en contre partie parmi les composantes
de la sphère du souhaitable en prétendant à la suprématie du parfait et ce, par rapport à
une application qui paraît contraste au regard de l’ineffectivité normative
internationale.
D’où, la perception éplorée des gouvernés pourrait se façonner face à une pratique
comportementale controversée en dépit de la volonté des OI traduites par des
orientations et des choix priorisés afin de développer une universalisation ou une
interpénétration entre les systèmes et les ordres étatiques et internationaux.
Cette volonté serait traduite tout en ayant formé, mutatis mutandis, des systèmes
de gouvernance qui semblent, parfois, incompatibles et qui ne sont pas forcement
homogènes dans la mesure où la structuration des convictions et des références se
diffèrent par nature ou suivant un apprentissage imposé plutôt que choisi.
Cependant, s’agissant de la lutte contre la corruption, dans une pratique qui vise
l’instauration, l’établissement et le renforcement des formes, des systèmes, des aspects
et des dimensions possibles de répression d’actes de corruption et de prévention en
termes d’anticipation et de défense par rapport aux risques et aux vulnérabilités qui
favorisent le développement de ce phénomène, il s’avère opportun d’analyser cette
cooptation entre les États et les OI et en extraire les constatations possibles quant aux
effets et à l’impact qui pourraient être enregistrés dans le processus international de
consécration de la BG comportementale »291.

291
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

290
Aussi, d’autres constatations pourraient être extrapolées par rapport aux liens
présumés entre corruption et bonne gestion ou bonne gouvernance en tant que rapports
engageant une influence directe générée au travers d’une interdépendance suivant la
qualification et la portée d’une intervention internationale telle qu’elle serait
administrée par les organismes internationaux à vocation tant universelle que régionale
ou même interrégionale, tout en notant que cette extrapolation a été précédemment
analysée à travers notre recherche.
En fait, il s’agit notamment du constat selon lequel, des scandales ont marqué
l’histoire des entreprises américaines et multinationales et qui ont trait aux pots-de-vin
versés et éventuellement déduits de l’impôt, ainsi soit-elle la configuration de la
corruption légitimée par des raisons d’efficacité, de compétitivité ou de facilitation
comme certains défendeurs de cette optique l’ont expliquée.292
En effet, ces pratiques remettraient en question la formule selon laquelle
l’épanouissement économique d’un pays est tributaire d’une BG et reposerait, par
conséquent, sur les principes et fondamentaux relatifs aux comportements exemplaires
et à la conduite selon la morale ce qui est contraire aux pratiques de malversations et à
toutes les formes de corruption qui ont été légitimées ou qui se justifieraient293.
Or, la commission sénatoriale américaine qui a pris la mission de vérification de
ces faits par rapport aux entreprises multinationales tout en menant des investigations
sur les activités des entreprises américaines à l’étranger, a été contrainte d’établir un
éveil ou un début effectif de révision et de rétablissement moral des pratiques
économiques avec l’ajustement de qualification en les qualifiant d’immorales.

292
Carl Kotchian, ultérieurement Directeur général et vice-président de Lockheed, avait
déclaré : « Certains appellent çà des gratifications. D'autres des versements douteux.
D'autres encore de l'extorsion. D'autres enfin des mesures de facilitation, ou encore des
pots-de-vin. Pour moi, il s'agissait de paiements nécessaires pour vendre un produit. Je n'ai
jamais eu le sentiment de faire quelque chose de mal. A mes yeux, il s'agissait de
commissions – c'était normal -; si on travaillait avec l'Extrême-Orient, il fallait s'attendre à
payer de 2 à 5% sur les ventes. Ça ne me faisait ni chaud, ni froid. J'ai fait ce que
j'estimais nécessaire. » Robert Lindsey, “Kotchian Calls Himself The Scapegoat”, New
York Times (3 July 1977), at :
http://select.nytimes.com/gst/abstract.html?res=F40B13F63454157A93C1A9178CD85F438785F9
293
Ben R. Rich et Leo Janos, Skunk works: a personal memoir of my years at Lockheed,
New York: Little Brown & Co., 1994, p. 10. « les dirigeants de Lockheed ont admis avoir
versé des millions en pots-de-vin pendant plus de dix ans aux Néerlandais (au Prince
Bernhard, époux de la reine Juliana, en particulier), à des personnalités politiques
éminentes au Japon et en Allemagne de l'Ouest, à des fonctionnaires et généraux italiens
ainsi qu'à d'autres personnes haut placées de Hong-Kong à l'Arabie Saoudite, afin de faire
en sorte qu'ils achètent nos avions »

291
Ne s’agit-il pas d’une refonte d’optique qui illustre les constats et les remarques
liminaires selon lesquels il serait inadmissible de dissocier comportement, manière de
gouvernance et principes de BG?
Encore, une constatation similaire s’avère alimenter des convictions qui
pourraient justifier l’inséparabilité entre la BG et la lute contre la corruption pour
qu’elle se reconstitue au travers de l’obligation d’arbitrer une compatibilité organique
et substantielle entre les deux champs d’intervention et une adéquation de démarche et
de méthodologie quant à la perception et à la pratique.
Ainsi, deux instruments juridiques méritent une attention toute particulière de par
leur importance qui s’avère marquer les réactions des États ainsi que des OI en ce qui
concerne l’incrimination de la corruption des agents publics étrangers qui était
couverte et légitimée sous prétexte de facilitation du commerce et des échanges
économiques.
La première illustration juridique est traduite par l’acte qui incrimine les
pratiques de corruption des agents étrangers FCPA (Foreign Corrupt Practices Act) adopté en
1977 et qui prévoyait des sanctions pénales pour toute entreprise américaine si l'offre
ou le versement d'une somme d'argent ou de quelque chose de valeur s’acheminerait à
un "agent public étranger" ou à un parti politique, à un responsable de parti ou
candidat à une fonction politique étrangère, pour une motivation corrompue.
En effet, ce cheminement est destiné à influer sur la prise de décision par la
personne ou d'utiliser l'influence de cette dernière pour aider l'entreprise à obtenir ou
préserver des affaires commerciales.
Le deuxième dispositif juridique se rapportant à la lutte contre la corruption et
plus spécifiquement à l’incrimination des actes de corruption des agents publics
étrangers est représenté par la convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption
d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales adoptée
par la conférence de négociations le 21 novembre 1997.

292
Quatre remarques principales mériteraient d’être soulevées :
D’abord, le lien causal entre la corruption et la bonne gestion des affaires
publiques qui a été à maintes reprises affirmé à travers les dispositions de cette
convention294et au niveau des recommandations du conseil de l’OCDE qui auraient un
rapport direct ou indirect avec les objectifs et les motifs de la lutte contre la corruption
des agents publics étrangers, constitue une confirmation de l’indissociabilité des deux
domaines en tant que principe irréfragable.
295
En effet, la recommandation du Conseil de l’OCDE visant à renforcer la lutte
contre la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales
internationales adoptée par le Conseil le 26 novembre 2009, affirme ce lien direct
entre la lutte contre la corruption des agents publics étrangers et la bonne gestion des
affaires publiques.
Cette affirmation serait traduite en considérant que « la corruption d'agents
publics étrangers est un phénomène répandu dans les transactions commerciales
internationales, y compris dans les échanges et les investissements, qui suscite de
graves préoccupations morales et politiques, affecte la bonne gestion des affaires
publiques et le développement économique durable et fausse les conditions
internationales de concurrence ».

294
Convention sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les
transactions commerciales internationales Adoptée par la Conférence de négociations le 21
novembre 1997 qui stipule dans son préambule, paragraphe premier c qui suit :
« Considérant que la corruption est un phénomène répandu dans les transactions
commerciales internationales, y compris dans le domaine des échanges et de
l’investissement, qui suscite de graves préoccupations morales et politiques, affecte la
bonne gestion des affaires publiques et le développement économique et fausse les
conditions internationales de concurrence »
295
Cette affirmation quant à l’insertion de la lutte contre la corruption en tant que facteur
visant à améliorer la gestion des affaires publiques ce qui implique directement une
confirmation de lien de causalité entre la Bonne Gouvernance et la lutte contre la corruption
sera déduite également à partir des recommandations adoptées par le conseil de l’OCDE
telles que :
 La Recommandation du Conseil sur les mesures fiscales visant à renforcer la lutte
contre la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales
internationales du 25 mai 2009 [C(2009)64],
 La Recommandation du Conseil sur la corruption et les crédits à l’exportation
bénéficiant d’un soutien public du 14 décembre 2006 [C(2006)163],
 La Recommandation du Comité d’aide au développement sur des propositions de
clauses anti-corruption à intégrer dans les contrats relatifs aux marchés financés par
l'aide bilatérale du 7 mai 1996 [DCD/DAC(96)1/FINAL]
 Les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales du 27
juin 2000 [C(2000)96/REV1].

293
Ceci étant, le domaine de la prévention de la corruption qui pourrait se développer
au niveau des entreprises potentiellement inculpables au regard du texte de la
convention de l’OCDE relative à la lutte contre corruption des agents publics
étrangers, repose principalement sur trois éléments essentiels tels qu’appuyés par les
dispositifs d’évaluation des risques de corruption au sein de ces entreprises.
En premier lieu, il s’agit du contrôle interne qui constitue un élément essentiel
dans le dispositif d’autoévaluation sur lequel repose la configuration de la confiance
aussi bien interne qu’externe de l’entreprise en question, ce qui forme également un
ensemble de garanties pour une bonne gouvernance.
En deuxième lieu, il est question de développer des mesures spécifiques relatives
à la déontologie
En troisième lieu, il s’agit principalement de développer des mesures de
conformité.
D’une façon pragmatique, douze mesures et programmes296 ont été identifiés afin
de développer les trois composantes au niveau des entreprises à savoir le contrôle
interne, la déontologie et la conformité interne et externe de l’entreprise et auxquels
des points saillants relatifs à la BG, qui constitue notre domaine de recherche et
d’analyse, pourraient être catégorisés comme suit :
Par rapport à la première mesure qui indique « un soutien et un engagement
solides, explicites et visibles, au plus haut niveau de la direction, concernant les
programmes ou mesures de contrôle interne, de déontologie et de conformité aux fins
de prévention et de détection de la corruption transnationale », il est nécessaire de
signaler l’importance de l’engagement du leadership qui est appelé à développer des
dispositifs de visibilité traduite à travers des documents de stratégies et de programmes
avec des objectifs clairement définis.
En ce qui concerne la deuxième mesure qui prévoit « Une politique interne
clairement formulée et visible interdisant la corruption transnationale », il serait
opportun d’indiquer que la présence de sanctions clairement et préalablement définies
revêt une importance remarquable.

296
Annexe II : Guide de bonnes pratiques pour les contrôles internes, la déontologie et la
conformité faisant partie intégrante de la Recommandation du Conseil visant à renforcer la
lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales
internationales telle qu’elle a été Adoptée par le Conseil de l’OCDE le 26 novembre 2009.

294
Pour la troisième mesure, « Le respect de cette interdiction et des programmes ou
mesures correspondants de contrôle interne, de déontologie et de conformité est de la
responsabilité de chaque individu à tous les niveaux de l'entreprise » ce qui mettrait en
exergue la responsabilité collective et le partage d’engagements.
Quant à la quatrième mesure, il s’agit de « la surveillance des programmes ou
mesures de déontologie et de conformité concernant la corruption transnationale, y
compris le pouvoir de rendre compte directement à des organes de contrôle
indépendants, tels que les comités d’audit internes, des conseils d’administration ou
des conseils de surveillance, est de la responsabilité d'un ou plusieurs hauts
responsables, disposant d'un degré d'autonomie adéquat par rapport aux dirigeants, de
ressources et de prérogatives appropriées ».
En fait, cette mesure saurait maintenir les mécanismes redditionnels qui
permettraient l’accompagnement, le suivi et l’appréciation objective suivant une
logique de complémentarité entre mesures internes et externes de contrôle et d’audit
avec l’insistance sur les aspects relatifs à l’autonomie, aux ressources et aux
prérogatives adéquates.
La cinquième mesure concerne « des programmes ou des mesures de déontologie
et de conformité élaborés aux fins de prévenir et détecter la corruption transnationale,
applicables à tous les directeurs, cadres et employés ainsi qu’à toutes les entités sur
lesquelles une entreprise exerce un contrôle effectif, notamment les filiales, entre
autres dans les domaines suivants :
i). cadeaux ;
ii). frais d’hébergement, de divertissement et autres dépenses ;
iii). voyages des clients ;
iv). contributions politiques ;
v). dons à des organismes caritatifs et parrainages ;
vi). paiements de facilitation ; et
vii). sollicitations et extorsions ».

295
Par conséquent, il serait judicieux de signaler qu’à travers cette mesure, une
approche intégrale, multi-acteurs et multi-niveaux a été prévue en ce qui concerne
l’applicabilité des dispositifs et mesures qui concernent la déontologie à toutes les
catégories d’agents et employés internes dans chaque entité ayant potentiellement la
possibilité de commettre des actes de corruption dans le domaine des échanges
commerciaux transnationaux.
Pour la sixième mesure, il s’agit« des programmes ou des mesures de déontologie
et de conformité destinés à prévenir et à détecter la corruption transnationale
applicables, en tant que de besoin et sous réserve de dispositions contractuelles, aux
tiers, tels que les agents et autres intermédiaires, les consultants, les représentants, les
distributeurs, les contractants et les fournisseurs, les partenaires au sein des
consortiums et des co-entreprises, (ci après « les partenaires commerciaux ») incluant,
entre autres, les éléments essentiels suivants :
i). Des vérifications préalables (« due diligence ») fondées sur les risques et
documentées de façon adéquate, relatives à l'engagement et l’exercice
d’une surveillance appropriée et régulière des partenaires commerciaux ;
ii). L'information des partenaires commerciaux sur les engagements pris par
l'entreprise de respecter les lois sur l'interdiction de la corruption
transnationale, et sur le programme ou les mesures de l'entreprise en
matière de déontologie et de conformité visant à prévenir et détecter cette
corruption ; et
iii). La recherche d'un engagement réciproque de la part des partenaires
commerciaux ».
L’importance de cette mesure s’identifie par rapport à l’applicabilité des
dispositifs qui concernent la déontologie aux acteurs externes (les partenaires
commerciaux), à chaque entité ayant potentiellement la possibilité de commettre un
acte de corruption dans le domaine des échanges commerciaux transnationaux.
Ces dispositifs se reconnaissent notamment à travers les vérifications préalables
de prévention et de conformité par rapport aux normes régissant la matière de
corruption transnationale qui serait éventuellement traduite par une quête de
réciprocité quant à l’engagement de déontologie.

296
La septième mesure s’identifie à « un système de procédures financières et
comptables, notamment des contrôles comptables internes, élaboré de façon adéquate
pour assurer la tenue de livres, registres et comptes justes et exacts, afin de faire en
sorte qu'ils ne puissent être utilisés à des fins de corruption transnationale ou pour
masquer cette corruption ».
En effet, cette mesure dénote la présence de procédés de vérification financière et
comptable permettant le verrouillage et l’intolérance de tout acte de soupçon de
corruption.
La huitième mesure concerne « des mesures élaborées en vue d'assurer une
communication périodique et des formations documentées à tous les niveaux de
l'entreprise, relatives au programme ou aux mesures de déontologie et de conformité
de l'entreprise concernant la corruption transnationale, ainsi que, en tant que de besoin,
aux filiales ».
En fait, il s’avère que cette mesure prévoit l’élaboration d’actes de promotion de
la transparence en termes de garanties de communication périodique et de formation
multi-niveaux destinés à tous les acteurs internes de l’entreprise en ce qui concerne la
déontologie, la prévention et la conformité.
La neuvième mesure est destinée à prévoir « des mesures appropriées en vue
d'encourager et d'offrir un soutien positif au respect des programmes ou mesures de
déontologie et de conformité concernant la corruption transnationale, à tous les
niveaux de l'entreprise ».
Cci étant cette mesure s’apprête à constituer un effort de développement d’actes
de sensibilisation et de généralisation des pratiques de déontologie à tous les niveaux
de l’entreprise.
La dixième mesure est relative à « des procédures disciplinaires appropriées pour
répondre, entre autres, aux violations, à tous les niveaux de l'entreprise, des lois contre
la corruption transnationale et du programme ou des mesures de déontologie et de
conformité de l’entreprise concernant la corruption transnationale »
En effet, cette mesure paraît constituer un enchainement de procédés relatifs à la
répression de la violation aussi bien des lois relatives à la lutte contre la corruption
transnationale que des programmes et mesures de déontologie et de conformité de
l’entreprise au même sujet. Mesures spécifiques : Aspect contraignant des dispositifs
déontologiques.

297
La onzième mesure semble constituer un ensemble de dispositifs « efficaces en
vue de fournir des lignes directrices et des conseils aux directeurs, cadres, employés et,
en tant que de besoin, aux partenaires commerciaux, sur le respect du programme ou
des mesures de déontologie et de conformité de l'entreprise, notamment lorsque ceux-
ci ont besoin d’un avis urgent en cas de situations difficiles dans des pays étrangers,
de permettre le signalement interne et si possible confidentiel, ainsi que la protection
des directeurs, cadres, employés et, en tant que de besoin, des partenaires
commerciaux qui ne veulent pas commettre une infraction à la déontologie et aux
normes professionnelles sur les instructions ou sous la pression de leurs supérieurs
hiérarchiques, ainsi que des directeurs, cadres, employés et, en tant que de besoin, des
partenaires commerciaux voulant signaler de bonne foi et sur la base de soupçons
raisonnables des manquements à la loi, à la déontologie ou aux normes
professionnelles se produisant au sein de l'entreprise et de prendre les mesures
appropriées sur la base de tels signalements ».
Ainsi, ces dispositifs s’avèrent constituer un ensemble de mécanismes relatifs à la
vulgarisation, au conseil, à la consultation et des mesures d’accompagnement et de
communication en vue de permettre le respect des mesures de déontologie et de
conformité de l’entreprise et ce, à travers un système de signalement interne des
manquements à la loi, à la déontologie et aux normes professionnelles, entre autres
signalement d’actes de corruption.
La dernière mesure se rapporte à « des examens périodiques des programmes ou
des mesures de déontologie et de conformité, afin d’évaluer et d’améliorer leur
efficacité dans la prévention et la détection de la corruption transnationale, en tenant
compte des développements pertinents survenus dans ce domaine et de l’évolution des
normes internationales et sectorielles».
En fait, cette mesure s’avère offrir un cadre d’évaluation périodique des
programmes et des mesures de déontologie en vue d’améliorer leur efficacité tout en
prenant en considération les évolutions qui se produisent en ce qui concerne les
normes internationales et sectorielles relatives à la lutte contre la corruption
transnationale afin d’assurer la convergence et l’adaptabilité.

298
Ensuite, étant donné que la convention de l’OCDE s’applique uniquement à la
corruption dite active en inculpant celui ou ceux qui promettent ou versent le pot-de-vin
et ne prévoit pas, par conséquent, une incrimination possible, à l’égard de l’agent
public297 qui pourrait avoir des liens directs avec l’infraction tout en limitant l’appel
aux parties à établir l’imputation uniquement à tous ceux qui commettent l’acte de
corruption envers lui.
Ainsi, les dispositions du paragraphe premier de l’article n°1 de la convention de
l’OCDE relative à la lutte contre la corruption des agents publics étrangers identifie
l’infraction et le fait international potentiellement incriminable comme suit : « Chaque
Partie prend les mesures nécessaires pour que constitue une infraction pénale en vertu
de sa loi le fait intentionnel, pour toute personne, d’offrir, de promettre ou d’octroyer
un avantage indu pécuniaire ou autre, directement ou par des intermédiaires, à un
agent public étranger, à son profit ou au profit d’un tiers, pour que cet agent agisse ou
s’abstienne d’agir dans l’exécution de fonctions officielles, en vue d’obtenir ou
conserver un marché ou un autre avantage indu dans le commerce international ».
Puis, il pourrait être judicieux de signaler que la dimension de l’application des
normes internationales relatives à la lutte contre corruption, en tant qu’un aspect
indissociable de tout instrument adopté à l’échelle internationale et qui a pour objectif
direct ou indirect d’établir un environnement favorable au développement de la BG et
à la promotion de ses bonnes pratiques, demeurerait le maillon faible dans tout le
processus normatif.
Ainsi, émergerait, indéniablement, la question relative à l’effectivité du droit
international, son efficacité et même son admissibilité par rapport à la compatibilité et
à la convergence préconisées avec les ordres et systèmes aussi bien juridiques que
managériaux et procéduraux qui intéressent indéfiniment et en particulier, l’ensemble
des rapports économiques et politiques, tant nationaux qu’infranationaux.

297
Convention sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les
transactions commerciales internationales Adoptée par la Conférence de négociations le 21
novembre 1997.
L’agent public selon les dispositions de cette convention est définit comme suit : «
« agent public étranger désigne toute personne qui détient un mandat législatif,
administratif ou judiciaire dans un pays étranger, qu’elle ait été nommée ou élue, toute
personne exerçant une fonction publique pour un pays étranger, y compris pour une
entreprise ou un organisme publics et tout fonctionnaire ou agent d’une organisation
internationale publique ».

299
En effet, la convention sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers
dans les transactions commerciales internationales telle qu’adoptée, sous l’égide de
l’OCDE, le 21 novembre 1997, ne déroge pas à la règle, puisque l’application de ses
dispositions n’est pas revêtue d’aspect contraignant qui pourrait, éventuellement,
contrarié ou intimidé les États parties auxquels s’appliqueraient les dites stipulations.
En fait, il s’agit de l’absence de cet aspect contraignant qui semblerait affaiblir la
volonté d’une OI d’appliquer les règles émanant de ses organes compétents et de les
faire respecter an matière de lutte contre la corruption destinées spécifiquement à
inculper les actes de corruption des agents publics étrangers.
Enfin, étant donné, que pour qu’elle constitue une infraction au sens de cette
convention, l’acte de payement doit avoir un lien direct avec l’obtention du marché.
C’est dans cet esprit et suivant la philosophie des rédacteurs de cette convention et
ce, suivant les commentaires relatifs à la Convention sur la lutte contre la corruption
d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales que
« Les petits paiements dits de facilitation ne constituent pas des paiements « en vue
d’obtenir ou de conserver un marché ou un autre avantage indu » au sens du
paragraphe 1 et, en conséquence, ils ne constituent pas une infraction au sens de cette
disposition.
De tels paiements, qui sont faits, dans certains pays, pour inciter les agents
publics à exécuter leurs fonctions, notamment lorsqu’il s’agit de délivrer une
autorisation ou un permis, sont généralement illicites dans le pays étranger concerné.
Les autres pays peuvent et devraient s’attaquer à ce phénomène corrosif par des
mesures telles que le soutien de programmes de bonne gestion des affaires publiques.
Toutefois, l’incrimination par les autres pays ne paraît pas une mesure complémentaire
pratique ou efficace ».
En fait, la non-inculpation des actes suivant lesquels des payements, malgré leur
illégitimité et leur caractère illicite, auraient pu être versés sans appui juridique, ne
constitue-t-elle pas un frein supplémentaire à l’effectivité convoitée de cette
convention, en tant qu’acte international émanant d’une OI?
Ne paraît-il pas être également une atteinte aux principes de la transparence et de
l’équité puisque les motifs d’inculpation sembleraient être liés directement à des
motifs servant des intérêts économiques et pourraient par conséquent servir le
contraire de l’objectif essentiel qui paraît appuyer la vision de cette convention ?

300
En fait, selon le corps de cet objectif, il serait plus opportun, plus équitable et plus
transparent d’admettre le postulat qui anime le fait d’encourager les États
potentiellement parties à cette convention à adopter une inculpation intégrale de tout
versement ou promesse de versement de pot-de-vin, une fois mis en évidence,
indépendamment du fait qu’il soit lié ou pas à l’obtention du marché.
Ceci étant, la composante de l’intention qui devrait obligatoirement constituer un
élément matériel à prouver pour que l’infraction soit, entre autre, mise à l’évidence,
pourrait également freiner et affaiblir cette volonté d’inculper les actes de corruption
d’agents publics étrangers, pourvu que cette volonté figure d’ores et déjà parmi les
acquis dans le processus de lutte contre ce fléau de corruption.
L’infraction de corruption d’agents publics étrangers, étant, selon les dispositions
de l’article premier de cette convention, signalée comme suit : « … le fait
intentionnel, pour toute personne, d’offrir, de promettre ou d’octroyer un avantage
indu pécuniaire ou autre, directement ou par des intermédiaires, à un agent public
étranger, à son profit ou au profit d’un tiers, pour que cet agent agisse ou s’abstienne
d’agir dans l’exécution de fonctions officielles, en vue d’obtenir ou conserver un
marché ou un autre avantage indu dans le commerce international » ne constitue-t-elle
pas une charge supplémentaire entravant la constitution d’un système d’inculpation
qui aurait pu prouver une certaine efficacité en termes de poursuite tout en œuvrant
face à l’impunité voulue ou accoutumée telle qu’elle régnait, notamment, dans le
monde des affaires ?
De ce fait, la nuance semblerait de taille en ce qui concerne le positionnement qui
aurait pu être accordé à une inculpation intégrale de la corruption dans une
perspective d’efficacité, de renforcement d’intégrité et de généralisation des
comportements exemplaires au regard des valeurs et de la configuration du moral
communément admise ou du moins souhaitée ce qui rejoint et constitue même la
vision et l’esprit de l’objectif de généralisation des principes et des fondamentaux de
la BG.
Par ailleurs, l’Union Européenne semble également avoir établit un lien
conséquent entre la BG et la lutte contre la corruption avec une logique de
considération pour la configuration du positionnement de la corruption par rapport à la
promotion ou à l’appropriation ou même à l’appréciation de la BG.

301
En effet, les instances de l’Union Européenne mettent en exergue la relation
directe entre la BG et la corruption dans le sens ou cette dernière présente non
seulement un risque majeur, mais également une menace pour tous les équilibres
globaux et sectoriels d’une économie aussi bien nationale que régionale et
internationale touchant ainsi toutes les dimensions, tous les domaines et tous les
niveaux de gouvernance.
Dans le rapport relatif au bilan d’analyse de la corruption dans les États membres
de l’Union Européenne, adressé par la commission au parlement et au conseil, il a été
signalé d’emblée, que par rapport au contexte politique et aux objectifs dudit rapport
« La corruption nuit gravement à l’économie et à la société dans son ensemble. De
nombreux pays dans le monde souffrent d'une corruption endémique qui entrave le
développement économique, entame la démocratie, compromet la justice sociale et
l’État de droit.
Les États membres de l’UE ne sont pas à l’abri de cette réalité. Quoiqu’elle soit
de nature et d'étendue variables, la corruption les touche tous. Ses effets altèrent la
bonne gouvernance, la saine gestion des deniers publics et le jeu de la concurrence au
niveau des marchés. Dans les cas extrêmes, elle sape la confiance des citoyens dans les
institutions et les processus démocratiques ». 298
En outre, dans la même vision prospective liée à la croissance européenne, qui
vise notamment à promouvoir une économie intelligente, durable et inclusive, la
bonne gouvernance, l’État de droit et la maîtrise de la corruption sont considérés en
299
tant que facteurs institutionnels qui ont une influence directe ou indirecte sur le
processus de développement économique des États membres tel que prévu à travers la
stratégie de croissance européenne 2020 .

298
Rapport de la Commission au Conseil et au Parlement Européen. Rapport anticorruption
de l'UE le 3.2.2014 COM(2014) 38 final
299
Ibid. p.3 « La stratégie de croissance de l’UE, Europe 2020, vise à favoriser une
économie intelligente, durable et inclusive, et ce afin d'aider l’Union européenne et ses
États membres à assurer des niveaux élevés d’emploi, de productivité et de cohésion
sociale.
Des travaux de recherche suggèrent que la réussite de la stratégie Europe 2020 dépendra
également de facteurs institutionnels tels que la bonne gouvernance, l’état de droit et la
maîtrise de la corruption »

302
En effet, ce même agencement d’idées et de considérations qui s’établissent en
termes de volonté exprimée par les instances de l’Union Européenne pour lutter contre
la corruption dans toutes les dimensions aussi bien répressive que préventive rejoint, à
travers ce dernier aspect, les facteurs de la raison d’être de la BG et de sa promotion.
Ceci étant, l’article 35 de la directive 2014/23/UE du parlement européen et du
conseil du 26 février 2014 sur l’attribution de contrats de concession 300, apporte un
témoignage supplémentaire dans le chapitre consacré à la lutte contre la corruption et
la prévention des conflits d’intérêts
Ainsi, ces dispositions prévoient que « les États membres exigent des pouvoirs
adjudicateurs et entités adjudicatrices qu’ils prennent les mesures appropriées
permettant de lutter contre la fraude, le favoritisme et la corruption et de prévenir, de
détecter et de corriger de manière efficace les conflits d’intérêts survenant lors du
déroulement des procédures d’attribution de concession, afin d’éviter toute distorsion
de concurrence et d’assurer la transparence de la procédure d’attribution et l’égalité de
traitement de tous les candidats et soumissionnaires.
La notion de conflit d’intérêts vise au moins les situations dans lesquelles des
membres du personnel du pouvoir adjudicateur ou de l’entité adjudicatrice qui
participent au déroulement de la procédure d’attribution de concession ou sont
susceptibles d’en influencer l’issue ont, directement ou indirectement, un intérêt
financier, économique ou un autre intérêt personnel qui pourrait être perçu comme
compromettant leur impartialité et leur indépendance dans le cadre de la procédure
d’attribution de concession ».
D’après les dispositions précédentes de la directive du parlement européen et du
conseil, il s’avère que deux notions éminemment importantes pourraient intéresser
directement l’interpénétration et l’interdépendance entre les mécanismes et dispositifs
adoptés et adaptés aussi bien pour assoir une bonne gouvernance que pour se prémunir
contre les risques et les menaces de la corruption.

300
Directive 2014/23/UE du parlement européen et du conseil du 26 février 2014 sur
l’attribution de contrats de concession- Journal officiel de l’Union européenne n° L 94/1 du
28.3.2014

303
D’abord, le terme EVITER qui s’insère d’une façon singulière dans une optique
de prévention et d’anticipation demeure intimement considéré dans un processus qui
vise l’établissement de garanties en se référant aux principes de la bonne gouvernance
et en se basant sur ses fondamentaux notamment ceux relatifs à l’intégrité, à l’État de
droit, à la crédibilité et à la transparence.
Ainsi, éviter la survenance d’un fait qui pourrait, potentiellement, contrarier le
cheminement d’une bonne et d’une saine gestion, implique en d’autres termes une
certaine vigilance qui se mesure à un des piliers les plus indiqués et les plus exigés
dans la pyramide des normes et des principes de la BG.
Ceci étant affirmé, la vigilance telle que traduite par l’acte ou le signalement qui
vise à écarter ou à éviter l’avènement d’un fait de mauvaise gouvernance dans sa
configuration la plus étendue incorporant, par conséquent, les actes de corruption,
repose, en tant qu’acte soumis à l’intention et à la volonté, sur la confiance.
D’où, il paraît que « la confiance demeure l’expression et la valeur les plus
illustratives d’une meilleure gouvernance vraisemblable et ce, soit en l’évoquant pour
se motiver soit en l’appropriant pour la protéger faisant ainsi confirmer
l’indissociabilité de la dynamique comportement-conscience ou encore
comportement-performance qui constituent l’ensemble d’éléments qui mettraient en
exergue le rapport d’interdépendance entre le comportement externe qui fait valoir
l’apparition de la volonté à travers des actes qui la traduisent et la conscience qui fait
valoir l’appropriation des valeurs »301.
Le deuxième terme qui mérite également une attention qui n’est aucunement
inférieure par rapport à la première considération, se loue à l’expression ASSURER la
transparence et l’égalité, ce qui apporte une indication supplémentaire de « la
complémentarité et le croisement non seulement entre la prévention de la corruption
et les témoignages de la BG, mais également entre les comportements et les
performances.
Ainsi, ce rapport pourrait contribuer singulièrement à la création d’un
environnement approprié qui laisse se développer la conviction en termes du respect
et la conscience sous forme d’engagement moral et comportemental signifiant une
considération des valeurs et des principes et une inscription aux normes et aux
exigences qui pourraient, éventuellement, émaner des OI.

301
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

304
En outre, les mesures et les dispositifs recommandés et exigés ainsi, par la
directive européenne susmentionnée, mettent en lumière une adéquation entre la
compréhension et la pratique ou entre les deux dimensions théorique et
d’application et ce, quant à la circonscription des principes, des normes et des
considérations de nature conceptuelle aussi bien pour la BG que pour la lutte contre la
corruption dans toutes leurs dimensions et leurs illustrations.
D’où, se manifesteraient les témoignages et les attentions d’ordre pratique qui
touchent, à titre d’exemple, aux procédures exigées pour éviter la survenance
d’actes de corruption et aux enseignements à tirer pour garantir la transparence.
A cet égard, il serait extrêmement prudent de signaler que les considérations
apportées à l’interconnexion entre la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance
sont exclusives ou absolues.
Cependant, le fil conducteur qui demeure, certainement, distinguable
caractérisant, ainsi, cette interconnexion semble être identifié au niveau de la
dimension préventive qui représente une partie intégrante dans la lutte contre la
corruption et s’avère être traduite avec des regards aussi différents et si diversifiés
dans l’instauration des principes de BG.
Ainsi, les attitudes et les actes qui sont, du moins objectivement, observables et
mesurables tels que conduits par les OI sous des formes encore disparates illustreraient
cette attention accordée à la dimension préventive de la lutte contre la corruption à
travers une configuration tantôt juridique tantôt institutionnelle et qui parfois serait
indexée à une disposition d’ordre technique, comportementale et/ou procédurale qui
rejoindraient les considérations substantielles de la BG302.

302
Ibid.

305
b. Section deuxième : L’action supranationale entre le devoir
d’intervention et le souci d’effectivité.

Il paraît particulièrement adéquat de développer un aperçu plus élaboré du


positionnement de l’acte international ayant trait au domaine de la bonne gouvernance
par rapport à son effectivité, son applicabilité, sa transposabilité, sa force et sa valeur
juridique dans la configuration des systèmes et ordres juridiques aussi bien nationaux
qu’infranationaux.
En effet, le caractère non contraignant (première sous-section) pourrait non
seulement atténuer l’applicabilité des actes internationaux, mais également réduire les
possibilités de leur admissibilité, voire de leur légitimité (deuxième sous-section).

Sous-section première: Les pouvoirs non-contraignants réduiraient l’opposabilité


de l’action supranationale.
La particularité qui caractérise certains actes internationaux en s’identifiant au
niveau de la nature non-contraignante pourrait d’une part réduire l’opposabilité de ces
actes et affaiblir la légitimité internationale de l’autre.
Les témoignages se multiplient et se diversifient quant à l’illustration de ces
constats relatifs, essentiellement, à la valeur juridique et à la portée de ces actes
internationaux qui auraient principalement la nature et la forme de recommandations
(paragraphe premier).
Ceci étant, la gouvernance internationale pourrait être illégitime et fragilisée
(paragraphe deuxième).

306
Paragraphe premier : Indications multiples du caractère non-contraignant
des actes internationaux ayant trait au domaine de la gouvernance.
La valeur juridique des recommandations internationales303suscite, régulièrement,
débat et comme il a été démontré et indiqué à maintes reprises au travers des sections
précédentes, la nature des actes internationaux ayant trait au domaine de la
gouvernance dans son acception large, s’identifie en qualification à des
recommandations qui pourraient émaner de toute OI.
Or, « la recommandation se définit négativement: par son absence de force
obligatoire. Tout au plus accepte-t-on de lui reconnaître une valeur politique, ou même
simplement morale; ce qui, dans l'esprit de beaucoup et malgré les protestations de
convenance, est encore une façon de s'exprimer purement négative »304.
Ceci étant, la charte de Paris pour une nouvelle Europe305 comporte une série de
recommandations ayant trait notamment aux axes liés aux droits de l'homme, à la
démocratie et à l’État de droit qui constitueraient des principes inhérents à la
disposition d’un environnement favorable au développement d’une bonne
gouvernance et qui suscitent, encore, des interrogations sur leurs valeurs juridiques et
leur portée pratique en termes d’applicabilité au niveau étatique.
Toutefois, il demeure judicieux d’établir un lien entre l’approche
d’internationalisation des dispositifs économiques et le recours à des procédés de
standardisation quant au domaine de la gouvernance.
En fait, la question des intérêts a été remarquablement d’un appui considérable
pour asseoir plusieurs analyses quant à la mondialisation des normes de gouvernance
en référence aux recommandations des OI qui sous-entendent généralement la défense
des intérêts d’un ensemble d’États ou d’une économie bien déterminée telle que
garantie par les instituions des accords de BRETTON-WOODS.

303
Michel VIRALLY. La valeur juridique des recommandations des organisations
internationales. In: Annuaire français de droit international, volume 2, 1956. pp. 66-96.
http://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1956_num_2_1_1226
304
Ibid.
305
Charte de Paris pour une nouvelle Europe adoptée à l’occasion de la réunion des chefs
d'Etat ou de gouvernement des États participant à la Conférence sur la sécurité et la
coopération en Europe (CSCE)tenue à Paris les 19-21 novembre 1990

307
Ainsi déclaré, « le courant de l’économie politique internationale, qu’il soit inspiré
par le réalisme ou le marxisme, n’est pas sans pertinence pour l’étude des OI, mais son
apport en la matière est également resté rudimentaire. Selon cette approche, la création
et le développement des institutions internationales mobilisent l’engagement d’une
grande puissance hégémonique, en l’occurrence les États-Unis. Pour les disciples
d’Antonio Gramsci, cette dernière ne peut miser sur les seuls moyens de coercition
pour défendre ses intérêts nationaux, elle doit également assurer son emprise sur les
institutions, notamment pour propager et faire partager leur vision du monde. Les OI
sont donc un relais de cette domination »306
Ceci étant, mondialisation, libéralisation, plan d’ajustement structurel,
restructuration des économies, constitueraient le registre sur lequel repose la
dynamique de légitimation de l’intervention internationale pour une gouvernance qui
se veut mondialisée, une réflexion appuyée par le constat selon lequel : « L’OCDE,
aussi bien que le GATT/OMC, a joué un rôle décisif dans la dynamique de la
mondialisation. Les institutions financières internationales, en particulier le FMI et la
Banque mondiale, ont contribué à la libéralisation des mouvements de biens, de
services et de capitaux des pays en voie de développement, recommandant sous
l’égide des États-Unis des politiques d’ajustement structurel qui furent une étape de la
mondialisation. En outre, l’ONU et ses institutions spécialisées n’ont cessé d’être
engagées dans la définition des principaux enjeux de la mondialisation et de contribuer
à son avancée.» 307
Par ailleurs, la BG, de par ses dimensions relatives au témoignage de la bonne
utilisation ou de la meilleure appropriation de l’ensemble de dispositifs et mécanismes
conseillés ou recommandés de la part des instances internationales et qui pourraient
être indexés à l’ensemble des composantes et étapes de chaque processus d’adoption,
de transposition ou même d’inspiration des normes, constitue une source
d’engagements à établir dans une configuration d’obligation et de responsabilités qui
diffèrent d’un ordre juridique à un autre ainsi que d’un système économique à un
autre.

306
Pierre DE SENARCLENS, «Les organisations internationales face aux défis de la
mondialisation », Revue internationale des sciences sociales 2001/4 (n° 170), p. 559-572.
307
Ibid.

308
En dépit des débats relatifs à l’absence d’un arbitrage universel308pour identifier
une valeur juridique appropriée et communément admise, la portée des
recommandations adoptées par l’ensemble des OI telles qu’elles ont été prises en
termes d’illustration dans notre analyse, pourrait se caractériser par une certaine
obligation qui serait assumée, par conséquent, conjointement par les OI elles-mêmes et
par les parties nationales et infranationales.
« Entre les termes évoqués dans notre analyse, s’agissant, principalement, de ceux
relatifs aux engagements, aux responsabilités, aux obligations, à la contrainte, aux
sanctions, aux enjeux, aux intérêts, etc., il demeure, judicieux, d’établir un lien
méthodologique qui aurait pour objectif de maintenir l’équilibre entre la sphère des
engagements d’ordre moral d’un côté et le domaine d’engagements formels et
entachés de force obligatoire normative de l’autre.
En fait, il paraît que les dimensions, suivant lesquelles se dresse l’engagement à
appliquer les recommandations et les diverses normes internationales relatives aux
domaines de la gouvernance dans son acception la plus large, se réduiraient à la
méfiance, au souci ou à une précaution de ne pas subir des sanctions, telles que
signalées et sur lesquelles reposerait le positionnement d’un État et des différentes
parties qui seraient éventuellement concernées par ces dites recommandations.
D’où, s’oscillerait l’opinion d’un État, par rapport aux deux aspects obligatoire et
contraignant des actes internationaux, entre l’autosatisfaction d’une responsabilité
morale, qui aurait renforcé sa légitimité aussi bien interne qu’internationale, et la
soumission aux enjeux d’engagement conditionnel, évoquant intérêt et conflit de
positionnement géostratégique qui concerneraient l’État en question.
Ceci demeure, vraisemblablement, une illustration éventuelle du positionnement
de l’État, tout en admettant, mutatis mutandis, qu’un acte international émanant d’une
OI pourrait laisser entendre un choix de position possible quant à son application qui
serait aussi bien négative que positive en signalant une acceptation intégrale ou
partielle ou une objection accompagnée ou non de réserves.
308
Selon les dispositions de l’article 10 de la charte des Nations Unies qui a été signée à San
Francisco le 26 juin 1945 « L'Assemblée générale peut discuter toutes questions ou affaires
rentrant dans le cadre de la présente Charte ou se rapportant aux pouvoirs et fonctions de l'un
quelconque des organes prévus dans la présente Charte, et, sous réserve des dispositions de
l'Article 12, formuler sur ces questions ou affaires des recommandations aux Membres de
l'Organisation des Nations Unies, au Conseil de sécurité, ou aux Membres de l'Organisation et
au Conseil de sécurité. » et même suivant les stipulations des articles suivants 11-17, identifiant
les fonctions et les pouvoirs de l’Assemblée Générale, aucune signalisation claire sur la valeur
juridique des recommandations qui pourrait être retenue a été prévue.

309
Or, il s’avère opportun de signaler que la catégorisation de la double appartenance
de l’État en tant que sujet du droit aussi bien interne qu’international ne se limite pas
uniquement à la différence de positionnement de l’État en tant que personne morale
sur laquelle s’applique simultanément le droit interne et le droit international mais il
s’agit d’une limitation de processus aussi bien de reconnaissance du droit applicable
que de considération de la nature des engagements auxquels cet État fait référence
d’obligation morale ou matérielle ou de contrainte.

Ceci étant, l’engagement, qui devrait être réciproque ou conjointement assumé


aussi bien par les États que par les OI, paraît souvent indexé à un caractère moral,
politique et diplomatique plutôt que juridique »309.

Ainsi, serait-il plus éclairé de signaler que l’ensemble de ces responsabilités et le


fondement de cet engagement devraient également être reconnaissables pour mieux
gérer les problèmes de mauvaise gouvernance d’ordre universel d’une part?

D’autre part, l’objectif est d’accompagner les gouvernements afin qu’ils soient
mieux outillés de dispositifs nécessaires, plus appropriés et encore adaptés pour
véhiculer une meilleure gouvernance indépendamment qu’elle soit standardisée ou
spécifique.

Peut-on, dans une perspective de reconfiguration et de réingénierie du droit


international, prévoir des normes contraignantes contre la mauvaise
310
gouvernance ?
Par conséquent, ceci permettrait éventuellement d’établir des sanctions explicites
à l’encontre des États qui gèrent mal leurs affaires publiques internes, en adoptant des
mécanismes et des dispositifs ayant trait à la démocratie, à la redevabilité, à la
participation à la prise de décision, à l’équilibre de pouvoirs et à l’ensemble de
procédés qui assureraient à la fois, honnêteté et crédibilité des gouvernants et
confiance des gouvernés.

309
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
310
Ibid.

310
Or, si la notion de gouvernance pourrait, par moment et suivant d’autres analyses,
être en divergence avec la démocratie311, et si également cette même notion se
résumerait à un élargissement de participants potentiels dans le processus décisionnel,
pour la prévoir ainsi :
«Governance, in other words, is a more encompassing phenomenon than
government. It embraces governmental institutions, but it also subsumes informal,
non-governmental mechanisms whereby those persons and organizations within its
purview move ahead, satisfy needs, and fulfill their wants».312
Alors, la considération de la morale paraît, dès lors, irrecevable, du moins, par
rapport à cette optique d’analyse de la divergence possible entre démocratie et
gouvernance.

Il s’agit d’une analyse qui ne semble pas rejoindre les mêmes constatations
suivant lesquelles l’engagement et la responsabilité devraient être communs et
assumés par toutes les parties prenantes tant étatiques qu’internationales suivant une
approche d’équilibre non seulement entre les deux ordres de gouvernance étatique et
international, mais également entre tous les intervenants gouvernementaux et non-
gouvernementaux.

En outre, si « la légitimité de la gouvernance repose essentiellement sur le critère


d’efficacité alors que la démocratie fonde sa légitimité sur le principe de
participation, de concertation du plus grand nombre, bref, sur le principe
d’inclusivité »313, demeure-il illusoire d’établir une adjonction possible entre
gouvernance et démocratie suivant un redressement de la perception de la légitimité ?

311
Pierre Vercauteren, «Gouvernance et démocratie : quel ordre ?», Fédéralisme
Régionalisme, Volume 7 : 2007, Numéro 2 - Société civile, globalisation, gouvernance :
aux origines d’un nouvel ordre politique ?, URL : http://popups.ulg.ac.be/1374-
3864/index.php?id=591.
312
ROSENAU (J.) et CZEMPIEL (E-O.) (éd.), Governance Without Government : Order and
Change in World Politics, New York, Cambridge University Press, 1992, p. 4
313
Pierre VERCAUTEREN, Gouvernance et démocratie : quel ordre ? Société civile,
globalisation, gouvernance : aux origines d’un nouvel ordre politique ?, Fédéralisme
Régionalisme, vol 7 n°7, 2007.

311
D’où, « l’ensemble de constatations et d’interrogations, qui anticiperaient un
changement de paradigme quant aux normes qui régissent les relations internationales,
pourrait réanimer des débats et des divergences reconnus par les diverses écoles de
pensée, s’agissant, particulièrement, de la non-ingérence, de la souveraineté, de la
compétence exclusive des États et d’autres considérations qui, malgré l’appui
juridique existant qui les raffermissent, deviendraient non-appropriables dans un
registre de gouvernance où régnerait essentiellement et prioritairement les
considérations morales.
En effet, ces attentions morales perceraient les frontières et les limites aussi bien
juridiques que géographiques pour une BG qui puisse être innée et revalorisée par
introspection et qui ne serait plus soumise à des considérations d’autre nature
invoquant, indéniablement, conflits de positionnement, de gouvernance et
d’intérêts entre les États et les OI »314.
Ceci étant, le conditionnement relié au cheminement des sources de financement
se rapportant aux obligations qui incomberaient aux États tout au long d’un processus
d’aide au développement ou d’appui pour sortir d’une crise économique et financière
ne paraît pas, a priori, une illustration de réponse à ces interrogations.
Il s’agit en quelques sortes, d’un transfert unilatéral et obligatoire d’appropriation
de la BG, du niveau international à l’échelon national, en termes de significations,
d’engagements et d’actions ce qui nécessite d’être non seulement un transfert
intelligent, mais également légitimement transformable vers tous les niveaux de
gouvernance, en particulier, les niveaux interrégional et infranational.
Par conséquent, l’assistance proclamée et ainsi initiée sous l’égide et les auspices
des instances internationales trouverait, fréquemment, ses explications, ses fondements
et ses légitimations annoncés expressément ou implicitement au niveau des objectifs
identifiés pratiquement dans chaque acte constitutif de création ou de fonctionnement
de ces instances.
A cet égard, des observations additionnelles pourraient se justifier notamment en
ce qui concerne « le bon dosage entre l’intervention au niveau international et celle
développée à l’échelle étatique lors de ce transfert précédemment signalé et ce, au
regard de trois critères de mesure et d’appréciation liés à l’adaptation, à l’adéquation et
à la pertinence.

314
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

312
Au regard de la configuration de ces critères, un ensemble d’interrogations
mériteraient d’être mises en lumière.

S’agit-il d’un retour exclusif vers les États qui représentent les détenteurs
principaux de la gouvernance transmise ou transférée partiellement ou totalement aux
OI?

Fallait-il valoriser la voie de la légitimité originaire, celle qui est détenue par les
citoyens ?

Faut-il encore concevoir d’autres créatures institutionnelles à l’échelle universelle


qui auront la force de régulation et le droit de regard sur tous les sujets du droit
international indiqués, principalement, par l’ensemble des OI et des États ?

Nécessiterait-il de prétendre, in fine, à une auto-gouvernance loin des


recommandations internationales, de l’imposture politique, de l’intéressement
économique, des règlements partiaux, des controverses et des différends, des enjeux et
du mauvais lobbying politique et le plus proche possible d’une gouvernance directe
qui s’auto-légitime, s’auto-régularise, s’auto-évalue, et s’auto-améliore ?

En effet, s’autocritiquer, paraît souvent soutenable chez les individus et parfois ou


nullement inadmissible ou inappropriée pour les entités et les structures de
commandements et de pouvoir politique aussi bien à l’échelle infranational qu’au
niveau supranational.

D’où, la nécessité de procéder à revoir les moyens et les modes de gouvernance


mettrait inévitablement en cause la manière de gouverner aussi bien à l’échelle
étatique qu’au niveau supra-étatique »315.

315
Ibid.

313
En outre, les problèmes et les crises se reproduisent engendrant des dégâts de
toute nature économique, sociale et politique frappant les États et déstabilisant les OI
en particulier en termes de crédibilité liée à la concrétisation illusoire des promesses et
des idéaux qui ne cessent aucunement, pendant, durant et après les crises économiques
et financières, d’alimenter les discours politiques et de façonner les programmes et les
stratégies de coopération, d’aide et d’intervention conduits par les entités et les
instances internationales en vue de promouvoir la gouvernance.

Par ailleurs, les OI invitent, souvent, les États à se comporter conformément aux
normes et en application des règles d’une BG recommandée, sous prétexte de sortir
des crises ou de se doter d’une gouvernance solide en termes d’immunités contre les
vulnérabilités et les menaces éventuelles de nature économique et financière en
particulier.

En effet, la prévention contre les crimes et toute forme de délinquance financière


s’affiche également en tant que facteur impactant directement ou indirectement la
gouvernance s’agissant principalement de la disposition de la gouvernance et de la
manière de gouverner.
En dépit de la portée remarquable des effets et des impacts qui pourraient être
enregistrés au niveau de l’application nationale et infranationale des recommandations
qui émaneraient des OI moyennant des transpositions directes ou s’indexant à des liens
de coopération et d’assistance, la question de transposabilité des actes internationaux
remonte fréquemment au rang de conflits et de controverses.

Ce thème pourrait d’emblée susciter certaines questions qui se révèlent


essentielles pour alimenter les recherches et enrichir les analyses quant à
l’identification des enjeux, de l’arbitrage ou du règlement éventuel des différends.

Ainsi, serait-il plus adéquat de mettre en lumière les rapports de forces au niveau
mondial, les relations inter-organisationnelles, ainsi que toute question qui
intéresserait la compatibilité entre les divers niveaux de gouvernance tout en cogitant
sur les mécanismes et les normes qui pourraient appuyer la légitimité?

314
« La question de transposition ou de transposabilité demeurait capitale et s’avère
être bidimensionnelle au regard de la recherche des éléments d’explication et de
réponse, en ce qui concerne formellement, la transposition de droit international en
droit interne ou plus précisément la question de transposabilité des normes relatives à
la BG telles qu’elles étaient établies au niveau de l’OI concernée.

En effet, cette interrogation ou cette configuration paraît être justifiable


indépendamment de l’existence de l’accord préalable de l’ensemble de tous les États
membres et non-membres s’agissant particulièrement des actes qui auraient poursuivi
un cheminement d’élaboration restreint au regard de la technicité et de l’expertise qui
devraient l’accompagner.

D’où, une première pondération serait allouée à l’examen de transposition du


point de vue du principe en tant que tel, alors qu’une deuxième dimension serait
consacrée d’abord à l’étude de la valeur des normes ou des actes émanant de l’OI dans
le champ de la BG en termes de questionnement, de décision, de recommandation ou
d’autres formes telles qu’adoptées ou préconisées au niveau des instances
délibératoires de cette OI.

Ensuite, il s’agirait de déterminer si ces actes auront le caractère obligatoire et


éventuellement contraignant ou s’agissant uniquement de l’aspect consultatif revêtu
d’orientation et de conseil plutôt que de se couvrir d’obligations et de sanctions en cas
de dérogation ou de non application.

Enfin, la dérogation ou les possibilités d’exceptions qui pourraient être prévues


concernent-elles la transposition dans sa configuration partielle ou totale ?

En d’autres termes, quel jugement pourrait-il être adopté ou proclamé vis-à-vis de


l’inapplication des dispositions transposées?

Puis, quel est le sort de la transposition partielle/incomplète/non fidèle ou


erronée ?

Quel jugement pourrait-il être apporté à une transposition incorrecte?

Pourrait-on juger les intentions des États lors de la transposition? »316

316
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

315
En fait, il s’agit d’un ensemble d’interrogations pour lesquelles les paragraphes
suivants essaieraient d’apporter quelques éléments de réponse et d’éclaircissement.

Néanmoins, il resterait à préciser qu’une légitimité suit une perpétuelle


reconstitution des méthodes de répartition des pouvoirs au niveau international en
fonction d’un ordre qui permettrait de distinguer la nature et la raison d’être de la
gouvernance supra-internationale, de reconfigurer son processus d’application et son
objectif et enfin de maîtriser ses effets et ses répercutions aussi bien à l’échelle
nationale qu’infranationale.

En effet, cette gouvernance qui se situe au niveau supranational constitue-t-elle


une source interminable de controverses et de conflits de positionnement entre les
différents acteurs internationaux s’agissant, en l’occurrence, des OI, aussi bien
universelles qu’interrégionales et régionales et des États ?

En fait, la même configuration précédente d’interrogation concerne le champ


d’examen de la cooptation possible entre les différents protagonistes de la
gouvernance, la norme qui entretiendrait les enjeux du financement international et de
l’identification de dispositifs d’une meilleure gouvernance des institutions financières
internationales à vocation universelles ou régionales et la garantie éventuelle pour
établir des processus plus légitimés de répartition des projets et programmes
d’assistance techniques et de soutien aux économies fragilisées.

Par ailleurs, la même illustration précédente de questionnement concerne le


facteur qui alimenterait davantage le conflit de compétences multi-niveaux (universel,
interrégional, régional, sous-régional, national et local), le domaine d’appui qui
légitimerait la polarisation et l’inter-régionalisme, le dispositif envisageable pour
manipuler le lobbying politique ou pour renforcer la solvabilité économique, le
mécanisme de renforcement des instances et d’agences à vocation financière,
l’élément de discrimination politico-économique contre les États, la caractéristique
qui conditionnerait ou mesurerait la crédibilité des États et la caution qui
garantirait la confiance des parties prenantes étatiques et non étatiques317.

317
Ibid.

316
Paragraphe deuxième : La question de la transposabilité freine l’effectivité
internationale.

Analysée suivant une recherche établie au niveau du droit européen et des


institutions européennes et nationales, il s’avère d’emblée judicieux, de signaler que
les principales attributions exercées par le Secrétariat Général des Affaires
Européennes, sous l’autorité du Premier ministre français, se présentent, selon les
dispositions de l’article numéro 2 du décret no 2005-1283 du 17 octobre 2005 relatif au
comité interministériel sur l’Europe et au secrétariat général des affaires européennes,
comme suit : « Il instruit et prépare les positions qui seront exprimées par la France au
sein des institutions de l’Union européenne ainsi que de l’Organisation de coopération
et de développement économiques.

Il assure la coordination interministérielle nécessaire à cet effet. Il transmet les


instructions du Gouvernement aux agents chargés de l’expression des positions
françaises auprès de ces institutions.

Il veille à la mise en œuvre, par l’ensemble des départements ministériels, des


engagements souscrits par le Gouvernement dans le cadre des institutions
européennes.

Il assure, avec le secrétariat général du Gouvernement, la mise en œuvre des


procédures qui incombent au Gouvernement pour l’application de l’article 88-4 de la
Constitution318.

318
En fait, les dispositions de l’article 88-4 du Titre XV de la Constitution du 4 octobre
1958 intitulé ainsi: de l’Union Européenne s’illustrent comme suit : « Le Gouvernement
soumet à l’Assemblée nationale et au Sénat, dès leur transmission au Conseil de l’Union
européenne, les projets d’actes législatifs européens et les autres projets ou propositions
d’actes de l’Union européenne.
Selon des modalités fixées par le règlement de chaque assemblée, des résolutions
européennes peuvent être adoptées, le cas échéant en dehors des sessions, sur les projets ou
propositions mentionnés au premier alinéa, ainsi que sur tout document émanant d’une
institution de l’Union européenne.
Au sein de chaque assemblée parlementaire est instituée une commission chargée des
affaires européennes. »

317
Il assure, en liaison avec le secrétariat général du Gouvernement, le suivi
interministériel de la transposition des directives et des décisions-cadres.

Il coordonne, avec le ministre chargé des affaires européennes, le dispositif


interministériel permettant l’information du Parlement européen sur les positions de
négociations du Gouvernement.

Il coordonne le dispositif interministériel de suivi de la présence française au sein


des institutions européennes ».

Donc, il s’agit, singulièrement, des questions qui concerneraient la coordination,


l’unification de position étatique et la garantie de cohérence institutionnelle.

En effet, cet exemple d’institution qui se charge d’assurer la coordination entre les
structures étatiques et les institutions de l’OI, s’agissant, le cas échant, des structures
de l’État français d’un côté et des instances de l’Union Européenne de l’autre,
représente une illustration de solution adoptée afin de faire face aux confusions voire
aux conflits de compétences d’une part.

D’autre part, cette illustration pourrait limiter l’éparpillement des opinions et les
interférences possibles, quant au positionnement des différents intervenants, qui
pourraient être signalés et qui sauraient caractériser les situations d’indétermination et
de perturbation juridiques et institutionnelles.

Cette situation, qui paraît si confuse, concerne les différents paliers de


gouvernance s’agissant en l’occurrence des niveaux local, national, régional,
interrégional et universel puisqu’il ne s’agit pas uniquement des relations entre la
France et les instances européennes, mais également des rapports conjugués également
entre cet État et l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques
(OCDE) qui constitue un autre cas d’illustration.

318
Ceci étant, la réserve de réciprocité319, souvent relevée, pourrait également
constituer un frein à l’évolution des dispositifs de fluidification de la transposabilité
des normes élaborées au niveau de l’OI pour qu’elles soient non seulement reconnues
au niveau du droit national, mais également appliquées au travers du transfert
juridique approprié.

Toutefois, pour expliquer davantage la nature des rapports d’interdépendance


entre l’État et l’OI en ce qui concerne les liens d’appartenance qui positionnent ce
même État en tant que membre en lui indiquant, par conséquent, les devoirs qui lui
incombent et les droits qui pourraient lui être garantis, le recours au droit français
pourrait donner quelques éléments d’explication se rapportant singulièrement à la
question de transposition en droit interne des normes telles qu’établies au niveau des
instances européennes.

En effet, selon les règles générales inscrites au niveau de la circulaire du 27


septembre 2004 relative à la procédure de transposition en droit interne Français des
directives et décisions-cadres négociées dans le cadre des institutions européennes, il a
été exigé que les normes de l’OI, en l’occurrence, l’Union Européenne, soit
caractérisées par un ensemble de principes de BG ce qui implique que« l’activité
normative de l’Union doit être gouvernée par les principes de subsidiarité et de
proportionnalité. Il convient d’examiner chaque proposition de directive ou de
décision-cadre à la lumière de ces principes, qui conduisent à écarter de leur champ
les questions qui peuvent être réglées au niveau national par chaque État membre ».

La négociation représente un maillon extrêmement important pour les États étant


donné qu’elle leur permet d’identifier des lignes de simplification afin de rendre les
actes moins contraignants et que l’application des engagements soit moins difficile.

319
L’exemple de la constitution française pourrait être signalé en guise d’illustration de
cette réserve de réciprocité, ARTICLE 88-3. Sous réserve de réciprocité et selon les
modalités prévues par le Traité sur l'Union européenne signé le 7 février 1992, le droit de
vote et d'éligibilité aux élections municipales peut être accordé aux seuls citoyens de
l'Union résidant en France. Ces citoyens ne peuvent exercer les fonctions de maire ou
d'adjoint ni participer à la désignation des électeurs sénatoriaux et à l'élection des
sénateurs. Une loi organique votée dans les mêmes termes par les deux assemblées
détermine les conditions d'application du présent article. Titre XV : de l’Union
Européenne. Constitution du 4 octobre 1958

319
En effet, se doter non seulement d’une échéance pour la transposition, mais
également de possibilité de segmentation temporelle ou de progressivité dans
l’application, demeure, à titre d’exemple, une demande traitée au cours de la
négociation.

Ainsi, serait-il opportun de signaler qu’« Il faut également faire en sorte, au


cours de la négociation, que soit fixée dans l’acte adopté par les institutions
européennes une échéance de transposition compatible avec les difficultés d’ordre
interne à surmonter pour la complète application de l’acte négocié, telles qu’elles ont
pu être identifiées à ce stade. La demande de mise en œuvre progressive d’un acte
peut être un moyen de surmonter ces difficultés, dès lors que les délais ainsi obtenus
sont effectivement mis à profit pour appliquer la stratégie initialement définie pour la
transposition de l’acte »320.

D’où, la reconnaissance de la responsabilité des États en cas de manquement aux


obligations de transposition représente une indication de taille quant à l’importance du
choix du système ou de l’ordre juridique se rapportant au positionnement du droit
international par rapport à sa valeur et à sa portée, ce qui revient à admettre la
qualification ainsi que les retombées quant à son application dans l’ordre juridique
interne.

La question de la suprématie du droit international par rapport au droit interne


demeure tributaire du choix de conférer la force d’application qui est elle-même liée à
la manière de transposition de la norme internationale.

Ceci étant, selon les dispositions de la constitution française du 04 octobre 1958


« les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication,
une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de
son application par l'autre partie ».

320
Circulaire du 27 septembre 2004 relative à la procédure de transposition en droit interne
des directives et décisions-cadres négociées dans le cadre des institutions européennes.
Journal Officiel de la République Française du 02 octobre 2004 .

320
Par ailleurs, outre la confirmation des principes se rapportant à la subsidiarité et à
la proportionnalité selon lesquels, il convient d’écarter du domaine de tout projet
d’acte européen les questions qui peuvent être réglées au niveau national par chaque
État membre et la réciprocité requise pour l’application d’un accord ou traité qui est
expressément visée et signalée à travers la constitution française en tant que condition
préalable à toute application par l’État français d’un traité ou accord, les actes émanant
des institutions européennes, s’agissant principalement des directives et des décisions-
cadres, nécessitent également des procédures assez particulières quant à leur
transposition au niveau du droit interne.

En effet, l’étape de la vérification des projets d’actes constitue une phase


extrêmement importante dans le cadre du processus de transposition qui s’achemine
entre les actes communautaires et le droit interne.

D’où, l’étude d’impact allouée à chaque projet de directive ou de décision-cadre


émanant des instituions européennes vise non seulement à s’assurer de la cohérence
juridique de l’acte européen avec les textes juridiques de droit interne, mais
également à se doter d’une connaissance des impacts techniques, budgétaires et
administratifs de l’acte en cours de négociation.

Afin de conjuguer tous ces mécanismes de vérification préalable à la transposition


de tout acte européen en droit interne avec les compétences de chaque intervenant
national dans la phase de négociation, la circulaire du 27 septembre 2004,
susmentionnée, relative à la procédure de transposition en droit interne des directives
et décisions-cadres négociées dans le cadre des institutions européennes prévoit, dans
l’annexe numéro I se rapportant à la mesure de l’impact des projets d’actes européens
dans la négociation des directives et des décisions-cadres, que : « l’étude d’impact
doit:

D’une part, comporter un tableau de concordance, article par article, entre l’acte
en cours de négociation et les dispositions de droit appelées à faire l’objet de
modifications lors de la transposition.

321
D’autre part, permettre de mesurer les impacts techniques, budgétaires et
administratifs de l’acte en cours de négociation. Les positions du Gouvernement dans
la négociation doivent tenir compte de ces différents impacts. L’étude d’impact dresse
également la liste des organismes dont la consultation constitue un préalable
nécessaire à la transposition en droit interne des directives et des décisions-cadres ».

Par ailleurs, en ce qui concerne l’application de la législation européenne, il faut


signaler, d’emblée, que le droit européen est constitué du droit primaire et du droit
dérivé.

Tandis que le droit primaire est composé des traités qui forment la base sur
laquelle l’UE fonde son action, le droit dérivé découle des principes et des objectifs
définis dans les traités et comprend les règlements, les directives et les décisions.

Par conséquent, les États membres sont responsables de l’application correcte et


dans les délais des traités et de la législation de l'UE alors que la Commission assure le
contrôle de l’application du droit de l’Union.

En effet, la Commission peut intervenir si un État membre omet d’intégrer les


directives de l’UE dans sa législation nationale et de notifier ou communiquer les
mesures prises et qui sont suspectées d’enfreindre le droit de l’Union. 321

Finalement, l’inapplication du droit européen peut emmener à établir des


sanctions pécuniaires qui pourraient être encourues par les États membres non
seulement en cas de manquement par rapport à l’obligation de transposition, mais
également au cas où l’État en question a aussi bien mal transposé qu’il a mal appliqué
les dispositions transposées.

Dans ce même contexte qui intéresse les questions de transposabilité et en


particulier le contentieux qui pourrait se déclencher et faire ainsi l’objet d’une saisine
de la Cour de Justice de l’Union Européenne, quelques remarques distinctives
semblent répondre à quelques interrogations mentionnées précédemment.

321
Si aucune solution n'est trouvée dans un premier temps, la Commission peut ouvrir une
procédure formelle d’infraction et, le cas échéant, poursuivre l'État membre devant la Cour
de Justice de l’Union européenne.
Contrôle de l'application du droit de l'UE, site web de la Commission Européenne
http://ec.europa.eu/atwork/applying-eu-law/index_fr.htm

322
En fait, ces questions concernent notamment la suprématie du droit européen ou
des institutions européennes par rapport à aussi bien le droit interne que les instances
nationales des États membres, s’agissant les relations entre les institutions de l’UE et
ses membres le cas échéant.

En effet, selon une étude initiée par la commission des affaires européennes du
sénat français sur la question relative au sujet suivant:« la non application du droit de
l’union : quelles sanctions pécuniaires ? »322, il est nécessaire de présenter quelques
commentaires principaux.

En effet, les violations du droit de l’Union détectées par la Commission


européenne se répartissent comme suit : 80 % tiennent à la non-communication par les
gouvernements des dispositions nationales transposant des directives, 20 % font suite à
des plaintes déposées par des particuliers, or, la commission européenne détient un
droit quasi exclusif de saisine de la cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et
demeure, par conséquent, la partie qui apprécie souverainement l’opportunité.

Ceci étant précisé, c’est à la commission que revient le pouvoir discrétionnaire


définitif de saisir la CJUE, puisque selon les dispositions du traité sur le
fonctionnement de l’Union Européenne et notamment celles de l’article 260 c’est la
commission qui estime le manquement d’un État à l’une des obligations qui lui
incombent.

En outre, les États ou précisément les gouvernements, une fois mis en cause
suivant un contentieux de transposition, disposent de moyens si limités pour se
défendre. En effet, ni la force majeure, qui pourrait se présenter suite à la dissolution
d’un parlement ou un changement de gouvernement, ni l’autonomie locale, qui
pourrait mettre le manquement à une obligation à sa charge323, ni l’absence d’intention
et du caractère délibéré de la violation, pourraient entraver le cheminement du procès
contre un État membre une fois le manquement a été signalé et n’a pas été résolu
pendant la phase précontentieuse.

322
« Actualités Européennes » N° 36 du 3 JUIN 2013, Commission des affaires
européennes qui relève du Senat français www.senat.fr/europe/index.html
323
Ibid. « l’État ne pouvant « exciper de dispositions pratiques ou situations de son ordre
juridique interne » (le 25 avril 2013, la Commission européenne a adressé un avis motivé à
l’Allemagne, fondé sur l’application incorrecte de la directive 2005/65 dans le port de
Rostock, qui dépend du Land de Mecklembourg-Poméranie antérieure et non de l’État
fédéral) ».

323
Bien qu’elle soit ordinairement reconnue en droit international, l’exception
d’inexécution est inopérante au niveau du droit de l’Union Européenne.

Ainsi, une violation analogue commise par un autre État ne pourra pas suffire
pour argumenter la non transposition ou généralement le manquement à une obligation
qui lui incombe en vertu des traités en vigueur.

Ceci étant, cette constatation est affirmée suivant une indication aussi large telle
qu’elle a été mentionnée en tant que telle au niveau des dispositions du premier
paragraphe de l’article 258 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne
(TFUE).

A cet égard, il demeure essentiel de signaler qu’en plus des moyens de défense qui
s’attribuent à l’État, qui s’avèrent si limités s’agissant du contentieux de la
transposition, le cas échéant, et qui superpose la commission de l’Union Européenne
dans un positionnement de discrétion, de force ou de suprématie par rapport aux États
membres, il ne semble pas que ces derniers, étant donné qu’ils n’échappent pas aux
sanctions de nature financière suite aux manquements qui pourraient être constatés,
signalés et estimés exclusivement par la commission, puissent disposer éventuellement
d’échappatoire aussi bien juridique que juridictionnel.

En plus, au vu du caractère général de l’origine du droit à respecter par les États


membres de l’UE, ainsi prévu en vertu des dispositions de l’article 258 du TFUE , le
manquement peut être imputable à l’État, à une collectivité territoriale, voire à
certaines personnes de droit privé (par exemple, les conventions collectives signées
par des entreprises doivent être compatibles avec le droit de l’Union européenne)324.

324
Ibid. selon cette étude relative à la non application du droit de l’Union Européenne et
des sanctions de nature pécuniaire qui pourraient être prononcées par la Cour de Justice de
l’Union Européenne, l’Irlande a été condamnée le 20 décembre 2012 à une somme
forfaitaire de 1,5 million d’euros pour violation de la directive relative à l’évaluation
environnementale.

324
En effet, selon la procédure d’infraction325, le renvoi de l'affaire devant la Cour si
l'État membre ne s'est pas accordé à la conformité requise dans le processus de
transposition par rapport à une directive ou à une décision ou à tout acte prévu par le
droit européen serait éventuellement soumit à titre d’exemple à des sanctions
financières en cas de manquement à l'obligation de communiquer des mesures de
transposition326.

Depuis l’affaire dite des  poissons sous-taille  ayant donné lieu en 2005 à la plus
forte astreinte prononcée par la CJUE contre un État membre – soit 57,8 millions
d’euros par semestre, dont la France s’est acquittée une fois – la jurisprudence de la
CJUE admet le cumul de ces deux formes de sanctions (à savoir l’amende et
l’astreinte) prévues au niveau du TFUE dans son article 260 troisième paragraphe.

Le 9 décembre 2008, la France s’est vue infliger une amende forfaitaire de 10


millions d’euros pour transposition tardive de la directive 2001/18/CE relative à la
dissémination volontaire d’OGM327.

325
Article 258 (ex-article 226 TCE) Version consolidée du traité sur le fonctionnement de
l'Union européenne - sixième partie: dispositions institutionnelles et financières - Titre I:
Dispositions Institutionnelles - Chapitre 1: Les institutions - Section 5: La Cour de justice
de l'Union européenne- Journal officiel n° 115 du 09/05/2008 p. 0160 - 0160
« Si la Commission estime qu'un État membre a manqué à une des obligations qui lui
incombent en vertu des traités, elle émet un avis motivé à ce sujet, après avoir mis cet État
en mesure de présenter ses observations.
Si l'État en cause ne se conforme pas à cet avis dans le délai déterminé par la Commission,
celle-ci peut saisir la Cour de justice de l'Union européenne ».
326
Ibid. Article 260 (ex-article 228 TCE)
« 1. Si la Cour de justice de l'Union européenne reconnaît qu'un État membre a manqué à
une des obligations qui lui incombent en vertu des traités, cet État est tenu de prendre les
mesures que comporte l'exécution de l'arrêt de la Cour.
2. Si la Commission estime que l'État membre concerné n'a pas pris les mesures que
comporte l'exécution de l'arrêt de la Cour, elle peut saisir la Cour, après avoir mis cet État
en mesure de présenter ses observations. Elle indique le montant de la somme forfaitaire
ou de l'astreinte à payer par l'État membre concerné qu'elle estime adapté aux
circonstances.
Si la Cour reconnaît que l'État membre concerné ne s'est pas conformé à son arrêt, elle
peut lui infliger le paiement d'une somme forfaitaire ou d'une astreinte ».
327
« Actualités Européennes » N° 36 du 3 JUIN 2013, Commission des affaires
européennes qui relève du Senat français www.senat.fr/europe/index.html

325
En fait, cela fait également allusion à l’éternelle confusion constituée souvent par
le choix du système de reconnaissance, d’accès et de mise en œuvre du droit
international dans la configuration du droit interne qui oscille entre Monisme et
Dualisme dans le sens ou le dualisme tend à affirmer que les normes du droit
international n'acquièrent de force juridique qu'en étant transposées en droit interne,
tandis que le monisme tend à affirmer que le droit international prévaut de façon
immédiate en droit interne328.

Au niveau des rapports entre droit communautaire et droit interne, la Cour de


Justice des Communautés Européennes (CJCE), devenue Cour de Justice de l’Union
Européenne, a adopté une position moniste avec l'arrêt Costa contre ENEL de 1964.

En outre, le principe de la coopération loyale pourrait ainsi, apporter quelques


témoignages supplémentaires quant à la nature des rapports entre État membre et
Union Européenne. En effet, il s’agit des dispositions suivantes du traité sur l’Union
Européenne:

1. Conformément à l'article 5, toute compétence non attribuée à l'Union dans


les traités appartient aux États membres.

2. L'Union respecte l'égalité des États membres devant les traités ainsi que
leur identité nationale, inhérente à leurs structures fondamentales politiques et
constitutionnelles, y compris en ce qui concerne l'autonomie locale et régionale.

328
V. Wikipédia, l’encyclopédie libre, « Dualisme et monisme en droit international »
La différenciation entre les deux systèmes moniste et dualiste s’illustre comme suit :
« …Certains États tendent à favoriser l'une ou l'autre des doctrines. Le dualisme est par
exemple préféré au Royaume-Uni, au Canada, en Allemagne ou encore en Italie, où les traités
internationaux signés et ratifiés doivent être formellement repris par une loi interne (principe
de la souveraineté parlementaire) et ont donc l'autorité de la loi qui les a intégrés dans l'ordre
juridique interne. À l'inverse, en France, les traités sont applicables dès leur ratification1 : ils
ont une position spécifique, qui est en l'occurrence supérieure aux lois internes. Cette position
moniste est également adoptée aux Pays-Bas, en Suisse ou au Luxembourg. Les États-Unis ont
un système mixte, selon que les traités soient ou non considérés comme étant d'application
directe par les tribunaux ; dans tous les cas les traités n'y sont pas applicables s'ils rentrent en
conflit avec une loi fédérale postérieure ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dualisme_et_monisme_en_droit_international#cite_note-1

326
Elle respecte les fonctions essentielles de l'État, notamment celles qui ont pour
objet d'assurer son intégrité territoriale, de maintenir l'ordre public et de sauvegarder
la sécurité nationale. En particulier, la sécurité nationale reste de la seule
responsabilité de chaque État membre.

3. En vertu du principe de coopération loyale, l'Union et les États membres se


respectent et s'assistent mutuellement dans l'accomplissement des missions découlant
des traités.

Les États membres prennent toute mesure générale ou particulière propre à


assurer l'exécution des obligations découlant des traités ou résultant des actes des
institutions de l'Union.

Les États membres facilitent l'accomplissement par l'Union de sa mission et


s'abstiennent de toute mesure susceptible de mettre en péril la réalisation des objectifs
de l'Union329.

Par ailleurs, le Conseil d’État français s’est prononcé en faveur de la


reconnaissance de la suprématie des principes généraux du droit communautaire
déduits du traité instituant la communauté européenne au droit interne puisqu’ils ont
été considérés comme ayant la même valeur que celle des stipulations de ce traité.330

En effet, selon une approche de compatibilité ou d’équivalence, telle que jugée et


ainsi confirmée par le Conseil d’État français quant à la valeur juridique des Principes
Généraux du Droit Communautaire par rapport au traité instituant la Communauté
Européenne, ces considérations représenteraient des signalements qui paraissent
extrêmement importants en termes de recherche et d’interprétation en examinant cette
approche qui semble correspondre à l’importance escomptée attribuée aux principes
fondamentaux de la BG.

329
Journal Officiel de l'Union Européenne du 26.10.2012- Traité sur l'Union Européenne
(version consolidée) Titre I Dispositions Communes.
330
Conseil d’État, SSR, 3 décembre 2001, Syndicat national de l’industrie pharmaceutique,
requête numéro 226514, rec. p. 624.

327
Ainsi, l’arrêt susmentionné du conseil d’État qui dénote que : « Considérant par
suite qu’il n’y a pas …d’atteinte à la chose jugée par l’arrêt rendu le 8 juillet 1999
par la Cour de justice des communautés européennes, ni davantage de
méconnaissance de la chose jugée par le Conseil d’Etat statuant au contentieux …;
que dans ces conditions, et sans qu’il soit besoin de saisir la Cour de justice des
communautés européennes d’une question préjudicielle, l’argumentation des requêtes
qui s’efforce de rattacher la prétendue atteinte à la chose jugée par le juge
communautaire et par le juge national à la violation de traités régulièrement
introduits dans l’ordre juridique interne ne peut qu’être écartée ; qu’ainsi, les
requérants ne peuvent utilement se prévaloir d’une incompatibilité de la loi servant de
support au décret attaqué, d’une part, avec les stipulations des engagements
internationaux.

...et, d’autre part, avec des principes généraux de l’ordre juridique


communautaire déduits du traité instituant la Communauté européenne et ayant la
même valeur juridique que ce dernier, qu’il s’agisse du principe de la confiance
légitime et du principe de la sécurité juridique applicables aux situations régies par le
droit communautaire, du principe de loyauté qui se confond d’ailleurs avec le respect
de l’article 10 du traité CE ou encore du principe de primauté, lequel au demeurant
ne saurait conduire, dans l’ordre interne, à remettre en cause la suprématie de la
Constitution.331

Quelques remarques principales pourraient être dégagées de l’opinion du conseil


d’État qui constitue une approche juridique qui semble consacrer non seulement une
certaine tangibilité des Principes Généraux du Droit International dans sa
configuration communautaire, mais encore une mesure ou une qualification de ces
principes à travers laquelle, une confirmation de l’équivalence de la valeur juridique
telle qu’elle a été attribuée à égale considération aux principes généraux de l’ordre
juridique communautaire par rapport aux normes établies par le traité instituant la
communauté européenne, a été prononcée expressément.

331
Ibid.

328
Puis, malgré son aspect purement juridique, cette qualification d’équivalence entre
les principes généraux et les normes établies dans le cadre du droit communautaire
permettrait d’effectuer une transformation quant à l’application du droit et ce, en
revalorisant les principes généraux qui semblent représenter la philosophie, l’esprit ou
les fondements motivant ainsi la raison d’être du texte.

Ceci étant, la même déduction permettrait également d’instituer une réévaluation


de la dimension éthique ou comportementale telle qu’elle pourrait être incarnée par ces
principes généraux en dépit d’un statut qui s’avère souvent désappris en rétrospective
par rapport aux dispositions et aux différentes stipulations traduisant les engagements
exprimés et disposés dans l’ordre juridique international.

D’où, plusieurs questions pourraient se poser s’attribuant essentiellement à la


requête ayant pour objet de savoir si cette équivalence de valeur juridique pourrait-elle
s’attribuer à tous les principes généraux? Quelle est la source principale à partir de
laquelle peut-on se référer pour identifier l’ensemble de ces principes généraux ?

En effet, les principes généraux tels qu’ils ont été annoncés précédemment se
mesurent et s’identifient aux principes évoqués et adoptés par plusieurs organismes
internationaux en tant que principes et fondamentaux de BG, d’où, se mérite le
questionnement de savoir si les principes de la BG pourraient-ils ainsi avoir la même
valeur juridique affirmée et attribuée aux nomes du traité européen ?

Ainsi la même requête se légitime par rapport à l’ensemble des normes et règles
établies et adoptées au niveau européen ? Et aux différentes normes établies et
adoptées au niveau international ?

Parmi les principes généraux de l’ordre juridique communautaire déduits du traité


instituant la Communauté européenne figurent les principes de la confiance légitime,
de la sécurité juridique, de loyauté et de primauté qui constituent, d’ailleurs, quelques
affiches qui côtoient les fondements des engagements prescrits ou recommandés aussi
bien pour les gouvernants que pour les gouvernés en termes d’une recherche d’asseoir
la BG juridique et institutionnelle.

Deux scénarios de réflexion pourraient être avancés pour établir quelques


éléments de réponse ou éventuellement d’analyse qui conjuguerait à la fois l’essence
et la substance d’un côté, la forme et la représentation d’un autre.

329
En fait, cette analyse gagne à s’identifier par rapport à la considération de la BG, à
l’opposabilité de ses principes et de ses applications et ce, afin de démystifier les liens
prévus et admis entre la valeur juridique des principes généraux d’un ordre juridique
international s’agissant en l’occurrence du droit communautaire et celle de la BG.

Premièrement, suivant une constatation de perception et conformément à une


déduction d’analyse, qui pourraient s’aligner ou se distinguer par rapport à
l’argumentation du conseil d’État français, il s’avère soutenable d’admettre le
raisonnement suivant lequel les principes de la BG acquerraient la même valeur
juridique que les normes du droit communautaire et ainsi pourraient-ils encore se
prévaloir le privilège d’avoir les mêmes acquis concernant toutes les nomes faisant
partie du droit international.

Ces principes auraient par conséquent l’autorité de la chose déclarée et


recommandée pour enfin avoir les privilèges de l’opposabilité et de la suprématie
préconisée par rapport au droit interne, sauf pour les dispositions constitutionnelles tel
qu’il a été confirmé avec détermination par les juges du conseil d’État français, ce qui
élimine le cas échéant l’interprétation qui avouerait le contraire.

Deuxièmement, une seconde hypothèse de syllogisme semble se justifier selon


laquelle serait convenue toute assimilation d’essence ou de représentation entre les
Principes Généraux du Droit Communautaire et les principes de BG, ce qui
autoriserait dès lors l’équivalence qui repose sur la valeur juridique entre ces derniers
et les normes aussi bien du droit communautaire que celles extraites du droit
international d’une façon générale.

D’où, une analyse prospective et plus fondamentale, qui serait consacrée à


identifier une liste standardisée, ordonnancée et harmonisée des principes de la Bonne
Gouvernance, semble se procurer un positionnement qui oscillerait entre
l’acceptabilité et la sujétion s’agissant des recommandations issues des OI qui
établiraient ces principes.

330
Cette consécration serait acheminée tout en prenant en considération
subséquemment la dissemblance qui caractérise aussi bien la déclaration de ces
principes que leur perception et qui pourrait mener à des confusions et à des
interprétations multiples et interminables et ce, en dépit de l’effort mené afin de
maîtriser et de mettre en cohérence tous ces afflux, de généraliser et d’opposer
l’applicabilité tant au niveau supranational qu’à l’échelle infranationale.

D'ailleurs, il paraît adéquat d’affirmer la convenance de l’idée selon laquelle il


existerait un écart entre trois niveaux de considération liés à l’applicabilité et à
l’appropriation de la BG.

Tout d’abord, il s’agit de la créativité prétendue de nouvelles approches et de


nouvelles démarches de conception des principes de la BG telle que défendue par les
instances internationales

Ensuite, une deuxième considération serait alimentée par l’indépendance


présumée des États quant à la légitimation des approches de BG initiées loin de la
tutelle internationale

Enfin, les revendications et les aspirations semblent se conjuguer de plus en plus


mal avec les lignes de conduite des gouvernants et par rapport à la manière de
gouvernance qui ne répondrait pas fidèlement, faute d’effectivité ou de légitimité, aux
principes énoncés tant au niveau national qu’à l’échelle internationale.

331
Sous section deuxième : La gouvernance supranationale : limites d’une
gouvernabilité qui s’avère fragilisée.

La transposabilité des actes internationaux, notamment, ceux relatifs au domaine


de la gouvernance tout comme la question de la mauvaise gouvernance et de la
fragilité qui pourrait caractériser l’action et le positionnement des Organisations
Internationales (premier paragraphe), expliqueraient les soucis et les préoccupations
quant à aussi bien l’affaiblissement éventuel de la légitimité de l’intervention
internationale que le déficit possible de la confiance qui pourrait toutefois être
récupérée et revalorisée (deuxième paragraphe).

Paragraphe premier : La gouvernance des risques : champ de constatation


mettant à l’épreuve la légitimité de l’intervention internationale.

Deux illustrations majeures pourraient constituer des champs d’observation et


d’analyse et permettraient, par conséquent, d’apporter des éclaircissements possibles
quant à la manifestation de soucis d’effectivité par rapport à l’action supranationale ou
à la manière de gouverner chez les OI.
D’une part, il s’agit de l’action internationale face au développement des risques
de catastrophes.
L’autre illustration concerne la recommandation de l’OCDE relative à la
gouvernance des risques
En effet, afin d’établir des remarques liminaires quant à la première illustration, il
s’avère nécessaire de signaler que l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté le
document relatif à la Décennie Internationale de la Prévention des Catastrophes
Naturelles qui venait concrétiser sa décision antérieure prise à travers sa résolution
42/169 du 11 décembre 1987, dans laquelle il a été décidé de désigner la décennie
postérieure comme une décennie où la communauté internationale, sous les auspices
de l’Organisation des Nations Unies, veillerait en particulier à encourager la
coopération internationale dans le domaine de prévention des catastrophes
naturelles332.

332
Bureau des Nations Unies pour la Prévention des risques de catastrophes (UNISDR)

332
En fait, l’objectif inscrit au niveau de ce cadre normatif est de réduire à travers
une action internationale concertée, en particulier dans les pays en développement, les
pertes en vies humaines, les dégâts matériels et les perturbations sociales et
économiques causés par des catastrophes naturelles telles que les tremblements de
terre, les tempêtes, les tsunamis, les inondations, les glissements de terrain, les
éruptions volcaniques, les incendies, l’infestation acridienne, la sécheresse et la
désertification et autres calamités d’origine naturelle.

En effet, le 22 janvier 2005, la conférence mondiale sur la prévention des


catastrophes a adopté le cadre d’action de Hyōgo qui couvre la période 2005-2015 en
l’édifiant ainsi : Pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes.

Les objectifs principaux concernent la mise en place, à tous les niveaux,


notamment au niveau des collectivités, les institutions, mécanismes et capacités qui
peuvent aider systématiquement à accroître la résilience333 face aux aléas, ou les
renforcer s’ils existent déjà et le fait d’envisager systématiquement la réduction des
risques aux stades de la conception et de l’exécution des programmes destinés à aider
les collectivités frappées par une catastrophe à se préparer aux situations d’urgence, à
y faire face et à se relever.
D’où, les principaux résultats escomptés s’identifient comme suit : « Réduire de
manière substantielle les pertes en vies humaines et les dommages subis par les
collectivités et les pays sur les plans social, économique et environnemental à cause
des catastrophes ».

333
La résilience est définie comme la «capacité d’un système, une communauté ou une
société exposée aux risques de résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un
danger, en temps opportun et de manière efficace, notamment par la préservation et la
restauration de ses structures essentielles et de ses fonctions de base». Secrétariat inter-
institutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, «2009, UNISDR,
Terminologie pour la prévention des risques de catastrophe», Genève, mai 2009
(http://www.unisdr.org/files/7817_UNISDRTerminologyFrench.pdf).
www.preventionweb.net

333
Par ailleurs, l’Assemblée Générale des Nations Unies a décidé que la troisième
conférence mondiale sur la prévention des risques de catastrophes naturelles adoptera
un document final concis, synthétique, prospectif et pragmatique et aura les objectifs
suivants tels qu’ils étaient établis et prévus à travers les dispositions du paragraphe 12
de sa résolution relative à la stratégie internationale de prévention des catastrophes
naturelles :
 Achever l’examen et l’évaluation de la mise en œuvre du Cadre d’action de
Hyogo ;
 Étudier l’expérience acquise aux niveaux régional et national dans le cadre
des stratégies et institutions et des plans de réduction des risques de
catastrophe et de la mise en œuvre de leurs recommandations, ainsi que des
accords régionaux pertinents se rapportant à l’application du Cadre d’action
de Hyogo ;
 Adopter un cadre de réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015 ;
 Définir des modalités de coopération sur la base des engagements souscrits
pour la mise en œuvre d’un cadre de réduction des risques de catastrophe pour
l’après-2015
 Arrêter les modalités d’un examen périodique de la mise en œuvre du cadre de
réduction des risques de catastrophe pour l’après-2015;334
Ceci étant, il s’avère judicieux de signaler que la gouvernance des risques de
catastrophe, aux niveaux national, régional et mondial revêt une importance de plus en
plus capitale qui s’alimente de la gravité des menaces face auxquelles devrait se
développer une conscience collective et une approche d’efforts à la fois universelles,
régionales et locales pour que ces menaces et ses dangers de risques ne se transforment
pas en catastrophes et crises ayant des impacts majeurs physiques, matériels et
moraux.
C’est dans cet esprit et pour ces raisons que la gouvernance des risques telle que
convoitée par la communauté internationale ait pour but l’instauration de mécanismes
assurant l’efficacité et l’efficience de la gestion desdits risques et l’effectivité dans
l’intervention afin de réaliser les objectifs énumérés dans tout acte aussi bien au
niveau des OI qu’à l’échelle des politiques Étatiques.

334
Résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 décembre 2013
[sur la base du rapport de la Deuxième Commission (A/68/438/Add.3)] 68/211. Stratégie
internationale de prévention des catastrophes.

334
En effet, cette démarche exige des programmes, des plans, des compétences, des
orientations et une coordination bien définis tout en constituant des éléments essentiels
d’une gouvernance méthodologique qui devrait s’inscrire au niveau de tous les
secteurs et entre eux.
Cela nécessite également la participation de toutes les parties prenantes.
Ceci étant, la dimension préventive qui se positionnerait inévitablement en priorité
par rapport à la démarche d’instauration d’une gouvernance des risques se présente
comme suit et ce, suivant les actes onusiens adoptés en la matière.

Prévention des catastrophes naturelles


Evolution Décennie Première Conférence Deuxième Troisième Conférence
chronologique Internatio mondiale (Yokohama Conférence mondiale Sendai
du nale de la (Japon) 23-27 mai mondiale Kobe est tenue à Sendai,
référencement préventio 1994 (Hyōgo-Japon) Miyagi
onusien n des 18-22 janvier (Japon), 14-18 mars
catastrop 2005 2015
Documents hes Stratégie de Yokohama Cadre d’action Cadre de Sendai pour la
adoptés naturelles pour un monde plus sûr
22 pour 2005-2015: réduction des risques de
« Directives pour la
décembre prévention des Pour des nations catastrophe (2015-2030)
1989 catastrophes naturelles,
et des collectivités
la préparation aux
catastrophes et résilientes face
l’atténuation de leurs
aux catastrophes
effets contenant les
principes, la stratégie et
le plan d’action»,

Suivant cette démarche décennale adoptée au niveau de l’ONU en matière de


prévention des catastrophes naturelles, deux questions principales mériteraient d’être
posées.
En premier lieu, en s’interrogeant sur l’effectivité quant à l’intervention onusienne
afin de mesurer son aspect concret, quelle valeur ajoutée pourrait-elle être appréciée à
travers l’intervention concertée au niveau des États ?
En effet, l’objectif, tel qu’il a été annoncé dans les différents plans et programmes
onusiens, ne se limite pas à la coordination et à la concertation de la lutte contre les
catastrophes naturelles, il se définit en revanche par rapport à des objectifs tangibles et
atteignables notamment en ce qui concerne la réduction des dégâts.

335
Il s’agit, par conséquent, de mesurer les écarts de gouvernance qui figurent entre
les objectifs, les priorités et les réalisations et ce, par rapport à la gouvernance des
risques aussi bien étatique qu’internationale.
En second, lieu, quid de l’engagement des parties prenantes régionales, nationales
et infranationales étatiques et non-étatiques notamment en termes d’appropriation des
méthodes, des techniques et de dispositifs tant de prévention que d’affrontement quant
aux risques naturels identifiés et aux crises causées et enregistrées?
Les résultats et les constats pourraient témoigner d’un écart considérable qui se
mesure en chiffre et en ampleur et qui remettrait en question l’efficacité de la
démarche de gouvernance des risques et la dimension d’appropriation par les États
concernés des mécanismes et des dispositifs tels qu’ils étaient concertés et
recommandés par les instances internationales intervenant directement ou par le biais
de conférences internationales associant en l’occurrence OI régionales, interrégionales
et universelles.
Ainsi, le cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030)
représente également une étape si marquante dédiée exclusivement à la gouvernance
des risques puisque selon la troisième conférence mondiale des Nations Unies sur la
réduction des risques de catastrophes qui s’est tenue à Sendai (Japon), 14-18 mars
2015, une priorité a été consacrée au renforcement de la gouvernance des risques de
catastrophes pour mieux les gérer.
En effet, la prévention et la remise en état représenteraient deux alternatives qui
figurent parmi les engagements appuyant la gouvernance des risques en termes de
collaboration et de coordination et en renforçant les partenariats entre mécanismes et
institutions en vue de la mise en œuvre d’instruments pertinents au regard de la
réduction des risques de catastrophe et en vue de promouvoir le développement
durable.
Ceci étant, l’engagement de la Communauté Internationale tel qu’il a été
démontré durant les trois décennies d’engagement onusien, précédemment signalé,
vise à réduire les risques relatifs aux catastrophes naturelles aussi bien dans sa
dimension préventive dans la perspective de se prémunir contre les menaces que
curative pour ainsi limiter les dégâts et les mauvais impacts notamment en termes de
dégâts en vies humaines.

336
En revanche, un ensemble d’interrogations mériteraient d’être notées et mises en
lumière et ce, non pas dans une perspective de jugement ou de qualification quant à
l’intervention internationale dans cette matière et non plus dans une démarche
d’argumentation face à un échec ou à une réussite par rapport à la réalisation des
objectifs escomptés et identifiés tels qu’ils ont été annoncés expressément et
solennellement dans les résolutions de l’Assemblée Générale des Nations Unies en
vue de préparer les conférences mondiales ou via des déclarations et des engagements
qui les ont couronné.
En fait, ces objectifs ont été également exprimés à une échelle infra-internationale
engageant les acteurs nationaux et infranationaux d’appartenance gouvernementale ou
non-gouvernementale faisant ainsi les constats et les témoignages d’une mauvaise
gouvernance aussi bien des risques que des crises avec des appréciations, des
estimations et des jugements qui diffèrent selon que les évaluateurs se rangent du côté
de ceux qui subissent ou au contraire de ceux qui prétendent avoir engagé le mieux ou
le possible pour éviter le pire.
En fait, dans un souci de constatation et de recherche d’autre alternative qui
pourrait mieux répondre aux exigences et aux prescriptions de la BG, se légitime
l’interrogation qui permettrait de mesurer le bilan de l’intervention onusienne, ou qui,
suivant une démarche plus globale, mène à métrer l’aléatoire et l’équivoque chez
l’engagement de la Communauté Internationale tel que précédemment identifié ou
exposé à travers les conférences, les rencontres, les résolutions, les déclarations et
ainsi tout aboutissement d’ordre juridique, institutionnel ou technique suivant un
consentement universel unanime ou partiel.
D’où, quelques examens pourraient configurer ce souci de constatation ou
éventuellement d’appréciation de l’intervention universelle pour réduire les risques de
catastrophes naturelles tout en se référant aux fondamentaux et exigences essentielles
de la BG.
Au préalable, la question principale qui pourrait être identifiée à ce niveau est de
savoir le degré d’opposabilité et les possibilités de dérogeabilité par rapport aux
différents mécanismes et dispositifs internationaux ?

337
Des dispositifs qui s’inscrivent en règles, résolutions, conseils, recommandations
et directives au travers desquels l’engagement prévu et annoncé au niveau des
déclarations qui couronnent les conférences mondiales et notamment en matière de
prévention ou de réduction des risques de catastrophes naturelles, permettraient de
signaler les mêmes écarts de gouvernance et de performance entre le déclaré et le
vécu.
Par ailleurs, ce qui nécessite d’être signalé, c’est que le caractère de ces normes de
prévention s’avère ni obligatoirement imposable, ni impératif et ni contraignant. D’où,
la dérogation paraît ne pas revêtir la posture d’exception et par conséquent le caractère
contraignant ne pourrait en aucun cas être suscité.
Encore, la question du caractère impératif mérite-t-elle d’être rappelée ? Ceci
s’avérerait intenable et ce, malgré l’apport présumé dans une consécration soutenable
des principes de la BG sur lesquels reposent les liens communicationnels entre les OI
et les États ?
Paraît-il plus judicieux de s’intéresser mieux encore à la question relative à
l’établissement effectif de la force exécutoire et du caractère obligatoire et
éventuellement impératif et contraignant quant à la configuration internationale de ces
normes auxquelles se référent les principes de BG et sur lesquelles ils s’appuient?
Ceci étant, alors que les questions principales relatives aux droits de l’homme, à la
démocratie, à la paix, à la sécurité, à l’État de droit, à la protection de l’environnement
et aux changements climatiques, intéresseraient la Communauté internationale et
représentent des champs transversaux d’intervention pour les OI qui se sont réunies
autour de l’impératif d’introduire la BG en tant que dénominateur commun de leur
intervention, d’autres facteurs et d’autres raisons d’être animeraient certaines volontés
et affirmeraient quelques argumentations.
Ainsi, fau-il signaler que les grandes sociétés pétrolières et les multinationales qui
interviennent dans des secteurs d’activité similaires, les États les plus puissants en
termes économique, financier et sécuritaire figuraient dans la catégorie des grands
pollueurs, pour qui l’impunité règne et l’indifférence ou l’insouciance de ceux qui
sont censés veiller à la bonne application des normes internationales en la matière se
prévalent, seraient parmi les principaux intervenants qui gouvernent la scène
internationale et qui interviendraient, directement ou indirectement, dans la confection
des normes et principes universels de BG.

338
Vraisemblablement, ces facteurs qui sont à la fois exogènes et endogènes et qui
auraient une influence directe sur les questions précédentes, constitueraient, ainsi, les
enjeux fondamentaux d’une mauvaise gouvernance qui mélitte pour se légitimer par
conviction, par intérêt ou même par force dans les rapports politico-économiques qui
se concluent conventionnellement ou s’imposent faute d’alternatives pour les autres
entités qui animent la scène internationale.
La lutte contre les catastrophes naturelles indépendamment de son aspect
préventif ou curatif où de la volonté d’en réduire les risques devrait être engagée pour
toutes les catastrophes et contre tous les risques nécessite l’emploi d’une démarche
globale ou se doter d’une approche holistique de prévention.
Cette nécessite revient à faire face efficacement à un ensemble de causes
homogènes qui produisent des effets similaires en termes de dégâts et de dommages
notamment ceux de nature humaine ce qui rend préférable d’adopter l’approche la plus
systémique et la plus intégrée possible.
Par ailleurs, l’inefficacité quant au mauvais ciblage des sources ayant trait aux
dangers, aux risques ou aux menaces réelles ce qui fait référence notamment au
développement de mécanismes spécifiques qui demandent un investissement tout
particulier dans la recherche et l’innovation relatives aux aptitudes d’anticipation et de
prédisposition pour éviter les risques ou pour mieux s’organiser en cas de sinistre,
constituent des éléments de réflexion qui pourraient également établir trois constats
majeurs.
D’abord, l’inaccessibilité de plusieurs pays en développement aux énergies
renouvelables et aux différents moyens alternatifs pour assurer l’alimentation en
énergies et ce, pour plusieurs raisons notamment celles liées à la dépendance excessive
aux énergies lourdes, au mauvais ciblage des zones et des domaines d’investissement
qui revient entre autres à une mauvaise gouvernance de l’investissement public et à
une mauvaise répartition des dépenses publiques abstraction faite également des
phénomènes de corruption et de malversation.
Ceci étant, ces phénomènes dominent largement le secteur et ne sont pas,
toutefois, exclusivement enregistrés et répandus dans la catégorie de pays en
développement mais qui demeurent des maux de gouvernance qui infectent tous les
pays et s’infiltrent partout et ailleurs touchant tous les niveaux tant politique
qu’économique et tous les intervenants aussi bien publics que privés.

339
Ensuite, l’effet de contrariété et l’effort de contre pouvoir ou éventuellement de
pouvoir commun qui animent l’action déployée par les Organisations de la Société
Civile Internationale, représenteraient, à ce juste titre, un maillon incontournable dans
le processus commun de vigilance qui veilleraient à la bonne application des normes
techniques et comportementales liées à la réalisation d’une meilleure gouvernance
dans son acception la plus large.
Enfin, la transparence dans les industries extractives représente, ainsi, une
composante essentielle qui figure parmi les principes fondamentaux et incontournables
de la BG, notamment, dans son aspect communicationnel.
Par ailleurs, la deuxième illustration qui intéresse la gouvernance des risques
serait identifiée au travers de la recommandation de l’OCDE sur la gouvernance
des risques majeurs.
En effet, cet acte émanant de l’OCDE se compose de cinq recommandations
adressées aux pays membres qui devraient, d’abord, « pour définir et promouvoir une
approche holistique, multi-aléas et transfrontières de la gouvernance des risques au
niveau national comme fondement d’une meilleure résilience et réactivité du pays, …
une stratégie nationale de gouvernance des risques majeurs, définir le leadership au
niveau national pour mener la mise en œuvre des politiques publiques, connecter les
différentes politiques sectorielles et aligner les priorités entre les ministères et les
différents échelons d’administration, associer tous les acteurs aux niveaux national et
local afin de coordonner la participation de diverses parties prenantes dans des
processus inclusifs d’élaboration des politiques et établir des partenariats avec le
secteur privé pour assurer la réactivité et le partage des responsabilités ....
Ensuite, afin de renforcer leur niveau de préparation en s’appuyant sur la
prospective et l’évaluation des risques ainsi que sur une architecture financière pour
mieux anticiper l’ampleur et la complexité des impacts potentiels, les pays membres
devraient développer leur capacité à anticiper les risques en lien direct avec la prise
de décisions, donner la capacité aux départements ministériels et aux agences
publiques d’anticiper et de gérer les menaces d’origine humaine, évaluer et renforcer
les capacités essentielles de la gestion du risque et prévoir les impacts budgétaires des
crises….

340
Puis, …, ils devraient encourager une approche sociétale pour la communication
du risque et faciliter la coopération transfrontière, en utilisant des registres de
risques, les médias et d’autres moyens de communication publique sur les risques
majeurs,.
Ainsi, pour développer des capacités de gestion de crise évolutives pour permettre
une prise de décision, une communication et des réponses d’urgence en temps utile,
par une coordination des ressources à l’échelle de l’État, de ses agences et de réseaux
de réponses élargis, les pays membres devraient mettre en place des capacités
stratégiques de gestion de crise …renforcer le leadership, les capacités de détection
précoce et d’interprétation des crises, et mener des exercices en faveur de la
coopération interinstitutionnelle et internationale, mettre en place les compétences et
les moyens nécessaires au renforcement des capacités d’intervention en cas d’urgence
….
Enfin, pour faire preuve de transparence et de responsabilité dans le processus
décisionnel lié aux risques et rendent des comptes en intégrant de bonnes pratiques de
gouvernance et en tirant en permanence les leçons de l’expérience et des progrès
scientifiques, les pays membres devraient assurer la transparence s’agissant des
informations utilisées pour favoriser l’acceptation des décisions de gestion des risques
par les parties prenantes, …. »335
Il semble opportun de signaler qu’il s’avère exister un écart, en premier lieu, entre
les objectifs prévus à travers cette recommandation et le degré d’appropriation prévu
et même enregistré au niveau des Etas membres concernés.
En deuxième lieu, cet écart pourrait être enregistré au niveau de la réalisation de
ces objectifs ce qui indiquerait un défaut ou un manque d’effectivité aussi bien de
l’organisation elle-même que de cette catégorie d’actes tels qu’adoptés s’agissant tout
particulièrement de la recommandation en tant que catégorie de document qui
susciterait énormément de questions liées notamment à sa valeur juridique, à sa
transposabilité et à son opposabilité.

335
La recommandation de l’OCDE sur la gouvernance des risques majeurs, telle qu’elle a été
adoptée le 6 mai 2014

341
Puis, malgré ces orientations qui visent à établir une BG des risques, la réalité de
ces domaines d’intervention spécifique pourrait mettre une limite de gouvernance non
seulement par rapport à la détermination de l’OI de réduire ces risques et de leur
asseoir une gouvernance au niveau des politiques nationales, mais également en ce qui
concerne les effets et les impacts qu’aurait l’applicabilité de ces recommandations en
termes de perception chez les acteurs les plus vulnérables au sein des pays concernés.
Ainsi, les dégâts persistent, les risques inattendus et imprévisibles s’amplifient et
l’appropriation des États pour l’emploi des mécanismes prévus afin d’établir et de
concrétiser une gouvernance des risques paraît se limiter à l’adoption du texte ou du
moins à être sensibilisé.
Par ailleurs, il demeure adéquat de signaler que les rapports de causalité qui
existent entre, d’un côté, le cadrage substantiel des facteurs déterminants ayant conduit
à la survenance d’une crise dans un État bien déterminé, indépendamment de la nature
que pourrait revêtir une crise ou un risque ou encore un danger et des impacts qui
seraient engendrés ou pressentis et le processus de reconnaissance de ce référencement
quant aux causes et aux facteurs de l’autre.
En outre, ce cheminement d’investigation intrinsèque qui s’intéresse à la mise en
place des dispositifs et mécanismes essentiels pour se prémunir contre les
vulnérabilités, les risques, les menaces et les dangers potentiellement transformables
en crises, permettrait, in fine, d’instaurer les préalables d’une conscience collective
édifiant les prémisses de la prudence en identifiant les précautions contre les fragilités
qui pourraient entraver tout processus tant de prévention que de défiance.
Selon certains penseurs, ce lien de corrélation est extrêmement indispensable,
puisqu’il existe une étroite relation entre fragilité et vulnérabilité étant donné que
l’absence de la reconnaissance de la fragilité ou selon d’autres termes, l’inconscience
témoignant la non reconnaissance des vulnérabilités d’un système pourrait mener à
une crise.
Ceci pourrait être expliqué ainsi :« Les crises sont fréquemment perçues comme
le point de départ d’une dynamique de déstabilisation alors qu’elles devraient être
aussi considérées comme le point d’arrivée d’une longue période de vulnérabilité
entretenue par des mécanismes organisationnels précis.

342
L’idée maîtresse est alors de montrer qu’une crise résulte toujours de deux
phénomènes cumulatifs combinés : un processus d’accumulation de fragilités et un
processus d’ignorance managériale sur ces fragilités ». 336
De ce fait, s’alimente et se justifie davantage la recherche de la valeur ajoutée qui
pourrait être assumée par les OI en termes d’instauration d’une BG des risques en
intervenant directement dans les champs les plus susceptibles à la survenance des
crises, les plus vulnérables et les plus exposés et/ou indirectement en permettant aux
États de mieux approprier les dispositifs et mécanismes, ainsi, conventionnés au sein
des instances internationales, notamment celles qui disposent de technicités et de la
spécialité nécessaires et adéquates, en matière de gestion, de prédisposition,
d’anticipation et d’action.
Les OI spécialisées en matière de crises et des risques aussi bien pour la lutte que
pour la prévention ou intervenant suivant des objectifs d’ordre transversaux et
universels pour légiférer ou ordonnancer les systèmes et ordres mondiaux, pourraient
légitimer le caractère obligatoire ou même contraignant que certaines démarches
internationales se procurent le droit ou, parfois, l’obligation de les prescrire pour que
les États assureraient une bonne gouvernance des risques au niveau national et
infranational.

336
Roux-Dufort, C. (2010). « La vulnérabilité organisationnelle à la loupe : entre fragilité et
ignorance », Télescope, vol. 16, n° 2, p. 1-21

343
Paragraphe deuxième : La gouvernance supranationale semble osciller
entre fragilité et déficit.
Tout d’abord, il avère opportun de signaler que d’après quelques recherches
engagées dans le domaine de la gouvernance et qui ont été consacrées à l’étude et à
l’analyse des questions relatives à la distinction nord-sud, pays développés et pays en
développement, etc., il paraît que plusieurs examens probants se sont de plus en plus
focalisés sur les raisons qui expliquent les déficits en légitimité de gouvernance, les
crises qui accompagneraient les échecs des gouvernants notamment d’ordre politique,
économique, social, etc. et les facteurs qui alimenteraient l’aboutissement de la
gouvernance mondiale ou d’une gouvernance supranationale.
Le terme fragilité a été largement analysé au niveau des principes de l’OCDE pour
l’engagement international dans les États fragiles et les situations précaires ont été
officiellement approuvées par les ministres et responsables d’organismes d’aide à
l’occasion de la réunion à haut niveau du comité d’aide au développement (CAD) qui
s’est tenue les 3 et 4 avril 2007.
Les problématiques relatives à la gouvernance supranationale s’articulent autour
de trois types de déficits: « le déficit démocratique : en amont, les citoyens manquent
de connaissances et de poids face aux régimes ou face à ceux qui sont chargés de les
mettre en application ; en aval, les politiques publiques sont mal appliquées et/ou
irresponsables.
Le déficit de cohérence : les règles et les politiques, au sein d’une juridiction ou
entre plusieurs juridictions, s’accordent mal et parfois même, se contredisent.
Le déficit d’application : les règles ne sont pas respectées parce que les
mécanismes d’application manquent de moyens, de légitimité, de portée, d’autonomie
politique et de pouvoir de sanction. »337 338

337
David Sogge, Alternatives Sud, Vol. 19-2012,
338
Cet extrait figure dans une version réduite par le CETRI (Le Centre tricontinental,
Organisation Non Gouvernementale fondée en 1976 et basée à Louvain-la-Neuve)
(Belgique), est un centre d’étude, de publication, de documentation et d’éducation
permanente sur le développement et les rapports Nord-Sud)d’un article paru in Noref
Report, septembre 2011, sous le titre : « Supranational governance : a challenge to
building resilient states and peace »

344
Bien que les trois déficits précédemment cités et tels qu’ils étaient analysés dans
la version originale de l’article intitulé « Supranational governance : a challenge to
building resilient states and peace » se dégageaient d’une analyse à vocation
financière qui avait trait aux flux financiers acheminés entre nord et sud ou pays en
développement et pays développés, ils pourraient, néanmoins, constituer des
constatations fondamentales en vue d’illustrer le déséquilibre substantiel qui
caractérise les relations mondiales et ce, indépendamment des acteurs intervenants et
de l’objet des transactions.
En d’autres termes, si ces déficits pourraient être prouvés et schématisés à travers
les relations étatiques nationales et infranationales, pourraient-ils, également, s’établir
et se démontrer dans les relations d’interférences qui surgissent entre les Organisations
Internationales et les États eux-mêmes ?
Les éléments de réponse à cette interrogation semblent évidents tout en se référant
aux accommodations toutes particulières et théoriquement approuvées qui se
manifestent dans les enceintes internationales notamment au niveau de celles à
vocation financière et économique qui plaident régulièrement pour la démocratie, la
paix et la sécurité en tant que principes incontournables pour assurer l’efficacité et
l’efficience dans le monde financier ou le marché mondial comme certain le qualifie.
Cependant, il demeure inéluctable de procéder à comprendre en profondeur les
analyses d’interférence, d’interdépendance et d’influence ou d’intérêts qui se
conjuguent au travers de tous les niveaux de gouvernance nationaux, infranationaux et
supranationaux et pour lesquels une attention particulière devrait être accordée.
Ceci étant, le rapport sur les relations entre l’ONU et la société civile, présenté
lors de la cinquante-huitième session de l’Assemblée Générale des Nations Unies met
en lumière quelques éléments qui constituent les principes de la BG et met en exergue
l’importance de l’approche participative, qui pourrait représenter un dispositif de
mesure et d’appréciation quant au développement de la fragilité et du déficit de la
gouvernance supranationale, notamment à travers le rôle des collectivités locales,
puisque ce rapport souligne que : « L’un des principes clefs de la démocratie
représentative est qu’il faut que les citoyens aient prise sur les décisions qui les
touchent et que ceux qui prennent ces décisions soient comptables devant eux.
Ce principe sous-tend la décentralisation, le renforcement des capacités
d’intervention des collectivités et le développement participatif.

345
Il sous-tend également des éléments largement acceptés de la bonne
gouvernance : transparence, responsabilité des représentants des citoyens, contrôles
indépendants, lois claires appliquées de façon prévisible et mécanismes assurant
effectivement l’équilibre des pouvoirs »339.
Par ailleurs, il semble extrêmement important d’établir des liens de démarcation
des responsabilités, des mandats et des modes d’intervention qui existeraient et qui
pourraient se définir entre les États et les OI et ce, tout en adoptant les lignes de
conduite et le contenant de la gouvernance afin de s’éclairer davantage sur le dosage
de légitimité qui pourrait s’octroyer par l’une ou l’autre partie en se légitimant
moyennant la maîtrise de la recette de la meilleure gouvernance.
Afin de mieux illustrer cette identification, un recours aux différents défis inscrits
au niveau de la nouvelle configuration de la mission de support et d’assistance
dévouée au groupe de la Banque Mondiale dans le domaine de la gouvernance en
termes d’orientation, de prescription ou de recommandations afin d’éviter la
qualification mauvaise qui pourrait s’attribuer à cette dernière, saurait donner des
réponses et des éclaircissements supplémentaires.
En effet, ces défis qui sont inscrits au niveau du document relatif à l’appui à une
gouvernance ouverte et collaborative” développé par l’institut de la Banque Mondiale
en 2011 se dévoilent comme suit : “More than one billion people do not have access
to clean water, electricity, and other services crucial for their health and livelihood.
Failures in service provision have been linked to poor governance: the lack of
transparency and access to public information; weak accountability relationships; and
low levels of citizen participation.”340

339
“ Nous, peuples : société civile, Organisation des Nations Unies et gouvernance
mondiale “
Rapport du Groupe de personnalités éminentes sur les relations entre l’Organisation des
Nations Unies et la société civile présenté à la Cinquante-huitième session de
l’Assemblée Générale des Nations Unies -Point 59 de l’ordre du jour - Renforcement du
système des Nations Unies [En ligne] www.un.org/press/fr/2004/SG2090.doc.htm
Chapitre 1- p 28: Renforcer les relations entre l’Organisation des Nations Unies et la
société civile dans un monde en mutation. Les déficits démocratiques dans la gouvernance
mondiale.
340
The World Bank Institute- Supporting Open and Collaborative Governance
http://wbi.worldbank.org/wbi/Data/wbi/wbicms/files/drupal-
acquia/wbi/governance2011_nospread.pdf

346
Ainsi, deux remarques principales pourraient être signalées.
Premièrement, d’après l’énumération des principaux défis, à savoir l’accès aux
différents services vitaux en particulier l’eau propre et l’électricité, il s’avère, en
apparence, qu’ils sont directement liés aux missions des États plutôt qu’à une
intervention supra-étatique, or, l’identification de la responsabilité n’était pas
expressément accordée ni aux États ni non plus aux Organisations Internationales et
aucunement aux différentes composantes du groupe de la banque mondiale le cas
échéant.
Afin de repositionner le périmètre d’intervention principal des OI, faut-il encore
revenir aux objectifs principaux statutaires tels qu’inscrits au niveau des divers actes
constitutifs des Organisations Internationales qui se résument en l’atteinte d’une vie
meilleure pour les citoyens en se reposant, en particulier, sur les questions relatives à
la sécurité, à la paix, à la bonne gestion des affaires publiques en termes de justice,
d’équité, d’égalité et à consacrer ultimement la démocratie et l’État de droit qui se
conjuguent communément avec les fondements de la Bonne Gouvernance?
S’agit-il finalement d’une interpénétration quant aux responsabilités conjointes
des États et des Organisations Internationales ? Ou d’une interférence délibérément
avouée des compétences des uns et des autres compte tenue des défis inscrits dans
cette Gouvernance Ouverte et Collaborative?
Deuxièmement, l’échec dans l’accomplissement de ses services, en fonction d’une
appréciation éventuelle de la satisfaction recherchée à travers les divers services
vitaux, est attribué, selon les explications avancées par l’Institut de la Banque
Mondiale, à la Mauvaise Gouvernance ou à une Gouvernance Médiocre.
Ceci étant, cette mauvaise gouvernance est déclinée en trois axes, à savoir le
manque de transparence exprimé à travers l’accès aux informations publiques, ensuite,
cette mauvaise gouvernance est la conséquence également d’une faible redevabilité
relationnelle et enfin, elle est la résultante d’un faible niveau de participation
citoyenne.

347
Ainsi, outre le fait que le montage de ces différents facteurs pour expliquer la
mauvaise gouvernance, semble descriptif, lesquels facteurs demeurent abstraits et
requièrent, par conséquent, un ensemble d’indicateurs et d’indices de nature aussi bien
quantitative que qualitative pour qu’ils soient jugés ou du moins démontrés à travers
des mesures et des évaluations.
La mauvaise gouvernance selon une lecture de la configuration adoptée par
l’Institut de la Banque Mondiale pourrait constituer une illustration d’une gouvernance
qui pourrait être aussi bien fragile que mauvaise.
En effet, cette illustration concerne plus particulièrement l’échec dans la
prestation des services vitaux (eau, électricité, santé…).
En fait, les explications de cet échec qui témoigne de la mauvaise gouvernance se
manifestent suivant une configuration tripartite.
D’abord, il s’agit du faible niveau de participation citoyenne, puis, de la faible
redevabilité relationnelle et enfin, du manque de transparence et de l’accès aux
informations
Ceci étant, la logique d’analyse causale entre les trois composantes qui
identifient le cycle de visionnage de ces défis relevés par l’institut de la Banque
Mondiale visant à atteindre les objectifs d’une gouvernance ouverte et collaborative
semble insuffisamment appuyé.
C’est dans cette perspective qu’il serait opportun de prendre en considération
d’autres facteurs et une illustration d’autres éléments qui pourraient intervenir dans la
fragilisation ou dans l’affaiblissement de la gouvernance.
En effet, les principaux facteurs susceptibles de fragiliser la gouvernance ou
d’alimenter la mauvaise gouvernance pourraient s’indexer à deux catégories
essentielles.
En premier lieu, il s’agit des axes relatifs à la catégorie des facteurs qui s’avèrent
être délocalisés de la souveraineté nationale et qui pourrait inclure le terrorisme et le
crime international organisé qui saurait comprendre le blanchiment d’argent, le
commerce humain, de stupéfiants et des armes, le kidnapping, le piratage, le
commerce parallèle ou l’économie informelle, le réseautage de groupes agissant contre
la loi, etc.

348
En deuxième lieu, il s’agit des éléments qui concernent la catégorie des facteurs
localement maîtrisables qui pourrait inclure, essentiellement, les crises sociales, les
conflits idéologiques d’ordre religieux, racial, tribal, etc., les crises économiques et
financières qui indiquent souvent un égorgement des économies par les dettes,
l’exploitation illégale et immorale des technologies, l’instabilité politique, le mauvais
leadership politique et institutionnel et le mauvais positionnement institutionnel
infranational et international en termes de légitimité, de représentativité et d’équilibre
entre les périmètres d’intervention.
Par ailleurs, la fragilisation de la gouvernance pourrait être configurée sous forme
d’un processus. Un essai de configuration de ce processus pourrait être envisagé
comme suit :

Le processus de fragilisation de la gouvernance341


1) Restreindre la liberté d’expression.
2) Ne pas lutter efficacement contre la corruption, le favoritisme, népotisme Context
3) Enfreindre les règles et les procédures. e
4) Argumenter le dol, l’excès et l’abus de pouvoir. Acte
5) L’illégal + l’immoral + l’illégitime se superposent.
Facteurs
6) Déficit de confiance.
d’aggravation :
7) Mécontentement. Réaction
8) Ressentiment. - Economiques,
d’hostilité
9) Désespoir. - Sociaux,
10) Insurrection. - Culturels,
11) Révolte. - Environnementaux
12) Anarchie. Résultats, effets et
13) Crises. impact
14) Défaut de crédibilité.
15) Perte de légitimité.

341
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage

349
B. Deuxième chapitre : La gouvernance impulsive se développe

dans la responsabilisation, la redevabilité et l’appropriation.


L’approche et le langage selon lesquels la tendance de reconstitution, qui se
développe chez les OI, par conviction ou en fonction des pressions des autres acteurs
de la scène internationale, viseraient à repenser la manière aussi bien de gouverner que
de recommander la BG tout en trouvant la raison d’être dans une réplique
d’adaptabilité par rapport aux initiatives d’instauration impulsive de la BG qui se
consacrent de plus en plus loin d’une tutelle internationale (section première).
Face à la recommandation, il s’avère que le développement de mécanismes et des
dispositifs aussi bien juridiques que comportementaux dans une dynamique d’échange,
de valorisation mutuelle et d’apprentissage collectif regroupant ainsi tous les
intervenants, pourrait, a priori, permettre l’appropriation préconisée des principes et
des pratiques de la Bonne Gouvernance (section deuxième).

a. Section première : La revalorisation des pratiques de la Bonne


Gouvernance initiées loin de la tutelle internationale.
Le changement de paradigme souhaité concernant la tutelle internationale consiste
à établir une nouvelle configuration qui permettrait la valorisation d’un engagement
mutuel entre les niveaux de gouvernance s’agissant des strates universelles,
interrégionales, régionales, sous-régionales, nationales et locales (sous-section
première).
Par ailleurs, la redevabilité demeure non seulement un préalable pour la
reconstitution de la manière de gouverner, mais également un processus
d’accompagnement et de restauration de cette redynamisation de la BG (sous-section
deuxième).

350
Sous-section première : La reconfiguration du système de la tutelle
internationale : vers la dynamisation de la concertation.
Cette reconfiguration pourrait être envisagée au niveau de la gouvernance
juridique de point de vue aussi bien international que national et infranational.
Les expériences qui représenteraient des illustrations pratiques qui pourraient se
référer à la bonne gouvernance sauraient ainsi apporter des témoignages initiés loin de
l’obligation internationale (premier paragraphe).

Cette initiation nécessiterait également le renforcement de l’appropriation des


principes, des règles et des méthodes selon lesquels la BG saurait insérer dans une
dynamique de transformation et d’adaptation par rapport aux changements
multidimensionnels que connaitraient non seulement les acteurs mais aussi la manière
adoptée et les dispositifs entrepris (deuxième paragraphe).

Paragraphe premier : La gouvernance juridique : les recommandations


internationales illustrent une dynamique d’orientation et d’apprentissage qui
nécessite un vrai coaching plutôt qu’une tutelle.

La gouvernance juridique telle que conçue au niveau de l’OCDE repose


principalement sur l’évaluation et l’analyse d’impact réglementaire qui demeure le
mécanisme le plus approprié au niveau des pays membres de l’OCDE et qui a été
adopté également par plusieurs gouvernements de pays non-membres.
Ceci étant, cette composante est devenue de plus en plus incontournable dans une
politique réglementaire qui compte faire aligner son arsenal juridique, existant ou
potentiellement intégrable dans les dispositifs nationaux de réglementation, aux
prescriptions et aux recommandations qui émanent des OI en la matière notamment
celles édictées par l’OCDE.

351
Dans cette même perspective de constatation quant à la configuration de
l’évaluation d’impact en matière juridique, un grand accent est mis sur l’évaluation ex
ante d’impact et la consultation de la nouvelle réglementation tandis qu’il paraît que
l’évaluation ex post reçoit encore moins d’attention conformément au diagramme
suivant :

Par ailleurs, la recommandation du Conseil sur la réforme et la gouvernance


réglementaires, qui a été adoptée par le Conseil de l’OCDE le 22 Mars 2012342,
pourrait également apporter des éclaircissements quant à la nécessité de changement
de paradigme.

342
Cette recommandation se réfère, principalement, aux recommandations du conseil de
l’OCDE et à certains documents de conseil et d’orientation émanant de l’organisation et
notamment :
OCDE (1995), Recommandation du Conseil concernant l’amélioration de la qualité de la
réglementation officielle, y compris la Liste de critères de référence de l’OCDE pour
la prise de décision en matière de réglementation, 9 mars 1995, OCDE/GD(95)95,
OCDE, Paris.

OCDE (2005), Principes directeurs de l’OCDE pour la qualité et la performance de la


réglementation, OCDE, Paris.

OCDE (2009c), Recommendation of the Council on Competition Assessment, C(2009)130,


OCDE, Paris, 22 October.

OCDE (2010a), Mieux légiférer en Europe, Examens de 15 pays disponibles sur


www.oecd.org/gov/regref/eu15 .

OCDE (2010b), OECD Reviews of Regulatory Reform, Risk and Regulatory Policy:
Improving the Governance of Risk, éditions OCDE, Paris.

OCDE (2011c), Competition Assessment Toolkit: Principles, OCDE, Paris, available at


www.oecd.org/competition/toolkit .
OCDE (2011e), Politique réglementaire et gouvernance: Soutenir la croissance
économique et servir l’intérêt général, éditions OCDE, Paris.

352
En effet, douze principes ont été identifiés à travers cette recommandation, il
s’agit d’un ensemble de prescriptions qui ont trait, entre autres, aux principes
fondamentaux de la Bonne Gouvernance réglementaire dans sa dimension intégrale et
qui pourraient s’identifier en quatre catégories:
D’abord, il s’agit de l’engagement politique qui est accompagné de mécanismes
de contrôle des méthodes de la politique de réglementation et qui devrait être explicite
avec des objectifs et des cadres d’application précis.
Le but de cet engagement revient en premier lieu à garantir une adéquation entre
les coûts de la réglementation et son intérêt économique, social et environnemental et
en deuxième lieu à garantir l’efficacité et la pertinence souhaitée du choix de la
réglementation.
L'examen systématique des réglementations constitue également un dispositif de
garantie de leur actualisation et de leur efficacité qui devrait s’appuyer sur des
stratégies d’évaluation et de gestion des risques, ainsi que de communication sur les
risques, lors de la conception et de l’application de la réglementation.
En outre, les décisions réglementaires sont prises de manière objective, impartiale
et cohérente, sans conflit d’intérêts, ni préjugé ou abus de position dominante.
Ensuite, il s’agit des principes liés essentiellement à la transparence et à la
participation au processus réglementaire afin de contribuer à l’élaboration des projets
de réglementation et à la qualité de l’analyse sur laquelle ils reposent.
Ces principes devraient être appuyés par la publication régulière des rapports sur
l’efficacité des programmes relatifs à la politique réglementaire et à la réforme de la
réglementation
Puis, il est question selon l’OCDE, de mettre en œuvre des mécanismes de
vérification de la réglementation et des décisions rendues par les organes habilités à
prononcer des sanctions réglementaires par rapport aux principes de la légalité et de
l’équité.
Dans ce cadre, il est également impératif que les particuliers et les entreprises
aient accès à ces mécanismes d’examen au moindre coût et dans les meilleurs délais.

353
Enfin, la cohérence de la réglementation constitue également, suivant cette
approche adoptée par l’OCDE, un préalable nécessaire qui devrait être assuré à travers
des mécanismes de coordination des niveaux d’administration supranational, national
et infranational et ce, tout en prenant en compte l’ensemble des normes et des cadres
internationaux pertinents.
Ceci étant, l’analyse d’impact réglementaire(AIR)343constitue, selon cette
recommandation de l’OCDE : « à la fois un instrument et une méthode de décision
destinés à informer les décideurs de l’opportunité et des modalités de la
réglementation pour atteindre les objectifs de l’action publique. Enrichir la base
d’observations factuelles en matière réglementaire au moyen de l’évaluation d’impact
ex ante (prospective) des textes nouveaux est l’un des principaux instruments de
réglementation dont disposent les autorités.
Il s’agit d’améliorer la conception de la réglementation en aidant les décideurs à
recenser et à étudier les stratégies réglementaires les plus efficaces et les plus
efficientes, y compris les substituts à la réglementation, avant de prendre une décision.
Une des méthodes utilisées à cet effet consiste à analyser, à partir d’éléments concrets,
les coûts et les avantages de la réglementation et des autres moyens de réaliser les
objectifs de l’action publique, ainsi qu’à trouver la stratégie qui devrait produire le
plus grand avantage net pour la collectivité.
Une AIR344 bien conçue peut contribuer à la cohérence de l’action publique en
révélant les arbitrages que comporte tout projet de réglementation, les bénéficiaires
probables des effets distributifs de la réglementation et ceux qui en supporteront les
coûts, ainsi que la façon dont la réduction des risques dans un domaine de l’action
publique, peut en créer dans un autre. Pour être complète, l’AIR devrait comprendre
une évaluation des effets économiques, sociaux et environnementaux.

343
Analyse d’impact (AI) est évoquée, également le plus souvent lorsque l’expression
s’applique à l’élaboration des politiques en général et ne se limite pas, du fait des
méthodes administratives, aux seules décisions qui entraînent l’examen de l’opportunité
de recourir à la réglementation. Tel est le cas, par exemple, à la Commission
européenne. En anglais, l’abréviation RIA renvoie à la fois à Regulatory Impact
Assessment et à Regulatory Impact Analysis. L’analyse d’impact de la réglementation
prend la forme d’une déclaration d’impact de la réglementation (DIR).
344
OECD (2012), Measuring Regulatory Performance: A Practitioner's Guide to Perception
Surveys,OECD Publishing. http://dx.doi.org/10.1787/9789264167179-en

354
L’AIR peut permettre de mieux exploiter les observations factuelles pour élaborer
l’action publique, d’apporter une réponse appropriée à tout problème constaté et de
réduire la fréquence des échecs dus à une réglementation qui ne se justifie pas ou à
l’absence de réglementation alors qu’elle est manifestement nécessaire.
Or, l’utilisation efficace de l’évaluation d’impact exige des ressources et des
compétences importantes, et est souvent entravée par une mauvaise application ou par
la résistance politique et bureaucratique.
…l’AIR peut être intégrée au processus d’élaboration de la politique …Il permet
également d’améliorer la qualité des évaluations.
L’évaluation d’impact devrait être étroitement liée aux mécanismes de
consultation générale en vue de l’élaboration des nouveaux textes, ce qui peut
consister, par exemple, à notifier anticipativement d’éventuelles mesures
réglementaires ainsi que les consultations et les travaux d’évaluation d’impact qui s’y
rattachent, et à effectuer une AIR au stade de la consultation.
L’étude des différentes stratégies qui peuvent remplacer la réglementation «
coercitive » classique, notamment l’adoption de mesures complémentaires telles que la
co-réglementation, permet de mieux s’assurer que les objectifs de l’action publique
sont servis par les stratégies les plus efficaces et les plus efficientes.»

Par ailleurs, une liste des critères de référence de l’OCDE pour la prise de
décision en matière réglementaire a été établie345.

345
1. Le problème est-il correctement défini ? Il conviendrait d’énoncer de façon précise le
problème à résoudre en indiquant clairement sa nature et son ampleur, et en expliquant pourquoi il
s’est posé (en déterminant les incitations des parties intéressées).
2. L’intervention des pouvoirs publics est-elle justifiée ? L’intervention de l’État devrait être
fondée sur des éléments indiquant clairement qu’elle est justifiée, vu la nature du problème, les coûts
et avantages probables de l’intervention (sur la base d’une évaluation réaliste de l’efficacité des
pouvoirs publics) et les autres mécanismes permettant de s’attaquer au problème.
3. La réglementation représente-t-elle la meilleure forme d’intervention ? Les responsables de la
réglementation devraient procéder, à un stade précoce du processus réglementaire, à une comparaison
solidement étayée des divers instruments d’action réglementaires et non réglementaires, en examinant
des questions importantes comme les coûts, les avantages, les effets sur la répartition des revenus et
les nécessités administratives.
4. Quel est le fondement juridique de la réglementation ? Les processus réglementaires devraient
être structurés de manière à garantir que toutes les décisions en matière de réglementation sont
rigoureusement conformes aux principes de la légalité, ce qui signifie qu’il faut explicitement veiller
à ce que toutes les réglementations soient autorisées par d’autres réglementations fixées à un niveau
plus élevé et compatibles avec les obligations découlant de traités, et respecter des principes
juridiques pertinents tels que la sécurité juridique, la proportionnalité et les formalités prévues.
5. Quel est (quels sont) le(s) niveau(x) d’administration approprié(s) pour agir ? Les
responsables des réglementations devraient choisir le niveau d’administration le plus approprié auquel
il convient d’intervenir ou, si plusieurs niveaux sont concernés, mettre au point des systèmes efficaces
de coordination entre ces différents niveaux d’administration.

355
Or, il s’avère opportun de signaler qu’il pourrait exister des phases omises ou
négligées dans la recommandation du Conseil concernant l’amélioration de la
qualité de la réglementation officielle.
D’après le texte de cette recommandation telle qu’adoptée par l’OCDE, il
s’avère nécessaire de signaler que la configuration de la liste des critères selon
lesquels le processus de la réglementation serait assuré suscite, particulièrement,
trois remarques majeures.
En premier lieu, en ce qui concerne les fondements occultés d’une démarche
AIR.
En effet, l’ensemble des critères susmentionnés semblent ne pas apporter une
indication sur un aspect qui paraît extrêmement important en tant que phase qui
constitue une partie intégrante du processus de la réglementation.
Il s’agit d’identifier « la réglementation par rapport à un risque, à un
dysfonctionnement, à un problème ou à un objectif et non pas uniquement en vue
d’apporter des solutions à un problème tout en notant que l’ensemble de ces phases
et dimensions devraient également s’insérer dans une dynamique de cohérence
globale qui permettrait d’identifier notamment les choix, les alternatives, les
scénarios possibles, les facteurs déterminants, les enjeux et les variables clés.

6. Les avantages des réglementations en justifient-ils les coûts ? Les responsables des
réglementations devraient évaluer l’ensemble des coûts et avantages escomptés de chaque
réglementation proposée et des options envisageables, et communiquer ces estimations sous une
forme accessible aux décideurs. Avant de prendre une décision, il conviendrait de s’assurer que les
coûts de l’intervention gouvernementale sont justifiés par ses avantages.
7. La répartition des effets au sein de la société est-elle transparente ? Dans la mesure où
l’intervention gouvernementale influe sur la redistribution des revenus et le principe d’équité, les
responsables de la réglementation devraient veiller à ce que la répartition des coûts et des avantages
des réglementations entre les différents groupes concernés soit transparente.
8. La réglementation est-elle claire, cohérente, compréhensible et accessible aux usagers ? Les
responsables de la réglementation devraient s’assurer que les réglementations seront comprises par les
usagers potentiels, et prendre à cette fin les dispositions nécessaires pour clarifier autant que possible
le texte et la structure des réglementations.
9. Toutes les parties intéressées ont-elles la possibilité de faire connaître leurs vues ? Les
réglementations devraient être élaborées d’une façon ouverte et transparente, et des procédures
appropriées devraient être mises en place pour que les parties intéressées telles que les entreprises et
les syndicats concernés, d’autres groupes d’intérêt ou d’autres niveaux d’administration puissent faire
part de leurs vues de manière efficace et en temps opportun.
10. Comment le respect de la réglementation sera-t-il assuré ? Les responsables de la
réglementation devraient évaluer les incitations et les institutions par le biais desquelles la
réglementation prendra effet, et mettre au point des stratégies d’application efficaces qui permettent
d’optimiser leur utilisation.
Source : OCDE (1995), Recommandation du Conseil concernant l’amélioration de la qualité de la
réglementation officielle, Paris.

356
Ceci étant, la politique de la réglementation devrait, suivant une logique
d’anticipation et de clairvoyance, avoir quatre dimensions principales qui se
justifient en palliant à un dysfonctionnement, en apportant une solution à un
problème, en contribuant à éviter un risque potentiel et à la réalisation d’un objectif
ou à accompagner les autres procédés, mécanismes ou dispositifs pour les mêmes
fins.
En deuxième lieu, une deuxième remarque mérite d’être signalée se rapportant
à la dimension évaluative d’une démarche AIR.
Il s’agit de procéder à une démarche bidimensionnelle d’évaluation, qui ne
s’avère pas être prise en considération dans les recommandations de l’OCDE
adoptées en la matière.
D’abord, l’évaluation au sein du processus de la réglementation.
Ensuite, l’évaluation du procédé lui-même de l’AIR par rapport à la politique
publique, à un projet public, à un programme public, à une situation d’entreprise, à
une démarche ou à un procédé (investissement, économie, société, service public,
intérêt général, environnement des affaires, situations de crises…).
En troisième lieu, la troisième remarque qui nécessite d’être indiquée est
relative aux éléments de positionnement et de visibilité qui ne sont pas
suffisamment pris en considération et qui concernent l’environnement interne et
externe de l’institution et du secteur concernés, le contexte, les particularités et les
spécificités prises dans une dimension tant macro que micro et aussi bien globale
que sectorielle et les niveaux de gouvernance universel, interrégional, régional,
national et infranational.
Ceci étant, malgré une prise en considération, qui paraît remarquable, des aspects
relatifs à l’évaluation d’impact, à la nécessité de conduire des consultations publiques
et d’organiser des analyses ex ante et ex post par rapport à la rédaction des textes au
niveau interne, il demeure extrêmement intéressant de prévoir un ensemble de
dispositifs non seulement d’évaluation mais également de confirmation et de
légitimation des processus internationaux de réglementation qui devraient être menés
afin de garantir la pertinence, l’efficacité, l’efficience et l’effectivité aussi bien au
niveau national qu’international.

357
Dans des perspectives similaires et selon les résultats de mes recherches liées à la
question relative à la gouvernance juridique, il s’avère judicieux de signaler que l’acte
international issu exclusivement du droit ou du comportement, qu’il soit matériel ou
immatériel, concerté ou imposé, unilatéral ou collégial, pris suivant un consensus ou à
l’unanimité, ayant produit ou pas des effets juridiques ou matériels, pourrait se
soumettre à une analyse relative à son dimensionnement qui se diffère selon qu’il se
rapporte à l’existent, à la perception, au prévu, au possible ou au souhaitable et qui
pourrait, par conséquent, être envisagé comme suit :
Tout d’abord, il s’agit du texte ou des dispositions consignées de l’acte.
Ensuite, l’appréciation ou l’évaluation des éléments constitutifs du projet d’un
texte relatifs notamment aux coûts de son application, aux-avantages, aux effets et à
l’impact qui pourraient être enregistrés une fois appliqué.
Puis, la raison d’être, l’esprit et la motivation du projet du texte.
Subséquemment, il s’agit du prétexte, qui pourrait légitimer l’acte et la prise de
décision consignée suivant la nature et la portée de l’objet d’intervention.
Après, il serait question de procéder à une analyse du contexte, qui pourrait
expliquer la décision et admettre l’apport de l’acte, de la perception qui intervient lors
de la préparation du texte s’agissant, en l’occurrence, de l’étape de consultation
publique ou d’expertise, de l’interprétation de l’acte qui pourrait être juridictionnelle,
institutionnelle (administrative), informelle ou sociétale engagée, en particulier, par
les Organisations de la Société Civile.
Enfin, il s’agit de la phase relative à l’application de l’acte où il serait opportun
de mener une série d’actions qui consistent notamment à procéder à l’appréciation ou
à l’évaluation de l’application de l’acte et à l’examen des effets et des impacts de son
application.
Outre ces considérations et au-delà de ces constatations, la tutelle internationale
semble être parfois inappropriée ou semble avoir une présence faible ou quelquefois
défaillante.
Il s’agit d’une constatation qui mettrait en exergue un questionnement sur le degré
de l’efficacité, de la pertinence, de la clarté, de la précision et de l’effectivité de la
réglementation internationale elle-même.

358
En effet, les orientations, les recommandations et les exigences qui sont adoptées
par les OI dans l’objectif de l’amélioration de la gouvernance de la réglementation
aussi bien au niveau national qu’infranational, constitueraient une base sur laquelle
reposerait une évaluation éventuelle de la réglementation internationale.

Ceci étant, les principes de BG réglementaire qui pourraient être envisagés pour
mesurer la réglementation internationale s’identifient essentiellement à l’évaluation
périodique des textes en vigueur, la consultation et la participation dans la conception
et dans le processus du choix des priorités dans l’élaboration des politiques y compris
les politiques et les projets de la réglementation internationale, l’examen périodique
d’application, de l’efficacité, de la performance, de l’effectivité et de la pertinence de
cette réglementation internationale.

L’évaluation de l’application de la réglementation internationale acheminée par


les organes concernés et les pouvoirs publics tant à l’échelle nationale et infranationale
qu’au niveau des OI elles-mêmes et de la compétence juridictionnelle ou disciplinaire
qui tend à veiller à l’application et à la bonne application de cette réglementation
internationale, constituerait également un souci qui pourrait être envisagé dans la
mesure de l’applicabilité de la réglementation internationale au regard des principes de
la BG juridique précédemment indiqués.

Par ailleurs, l’indissociabilité des champs concernés par la BG notamment au


regard de l’approche qui mettrait en exergue la conception, la programmation, la mise
en œuvre et l’évaluation des politiques pourrait constituer un domaine de témoignage
et d’illustration quant aux constatations précédentes et ce, notamment quant à
l’inséparabilité entre la gouvernance juridique et les autres catégories ou secteurs pour
lesquels une BG serait impérative »346.

En effet, l’expérience allemande en matière de BG dans l’objectif de consacrer


une cohérence d’ensemble au niveau des politiques étatiques engagées dans le secteur
de développement pourrait constituer une illustration de ce postulat.

346
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

359
Par ailleurs, selon le texte de la stratégie du gouvernement allemand relative à  la
promotion de la Bonne Gouvernance dans la politique de développement
allemande 347, qui a été publié en février 2009 par le ministère fédéral allemand de la
coopération économique et du développement, les objectifs essentiels de la politique
de développement en Allemagne sont liés principalement au renforcement de la
transparence, de la redevabilité et de l’efficacité de l’État qui vise à appuyer la
légitimité des acteurs étatiques et ce, en performant leurs fonctions fondamentales et
en identifiant les processus politiques qui intègrent la société civile.
Tout en notant que la promotion de la Bonne Gouvernance demeure un processus
long, complexe et conflictuel, quelques remarques particulières mériteraient d’être
avancées.
D’abord, le rapport de principe qui a été affirmé et confirmé en tant que préalable
nécessaire dans une politique de développement entre les piliers fondamentaux de la
stratégie de développement et la légitimité des acteurs publics.
En fait, en regroupant un ensemble de principes et de piliers qui constituent d’ores
et déjà les composantes essentielles de la BG relatives à la transparence, à la
redevabilité, à l’efficacité et à la légitimité, cette démarche repose non seulement sur la
délégation de la conduite des politiques aux acteurs publics concernés, mais également
sur leur participation à tout le processus de leur pilotage.
Ensuite, la conception allemande de la BG telle qu’identifiée et affirmée dans sa
stratégie relative à sa politique de développement est basée sur les droits de l’homme
universels et les principes dérivés à savoir, la responsabilisation, la participation, la
non-discrimination, la transparence et la redevabilité.
Par conséquent, l’obligation de l’État est tridimensionnelle, identifiée
respectivement à travers le respect, la protection et l’implémentation de tous les droits
humains.

347
Cette stratégie à été publiée sur le site web du ministère fédéral allemand de la
coopération économique et du développement www.bmz.de
Cette édition de la stratégie a été éditée sous la direction du Dr. Ludgera Klemp de la
division 211: Gouvernance ; démocratie; Etat de droit, de Jutta Wagner de la Division
114: développement, Education et Information
Le responsable officiel est Hans Wollny de la Division 211: Gouvernance ; démocratie;
Etat de droit.

360
Les critères approuvés par le ministère fédéral allemand se rapportant à
l’évaluation de l’orientation du développement en vigueur depuis janvier 2007, et qui
selon la même stratégie de développement susmentionnée constituent également les
éléments clés de la BG, se répartissent comme suit348 : « …
Premièrement, des politiques pour la durabilité qui englobent l’orientation pour
les objectifs du millenium de développement, la politique financière et économique
durable et élargie et l’appui pour une durabilité écologique.
Deuxièmement, respect, protection et implémentation des droits Humains qui
réunissent l’implémentation des traités internationaux relatifs aux droits humains, la
reconnaissance et promotion des droits de la femme et l’observance des standards des
droits humains par les acteurs étatiques.
Troisièmement, démocratie et État de droit qui concernent la participation
démocratique et parlement responsable, la limitation des pouvoirs de l’État à travers la
justice et la loi et la résolution pacifique des conflits internes.
Quatrièmement, efficacité et transparence de l’État qui indiquent un
gouvernement volontaire et capable d’agir efficacement, des institutions de l’État
exempt de corruption et une administration publique transparente, efficace et orientée
citoyen.
Cinquièmement, attitude coopérative au sein de la communauté internationale
qui note la participation constructive dans les mécanismes de coopération régionaux,
la participation constructive et active dans les instances et processus internationaux et
des attitudes pro-paix dans les situations de crises et de conflits. »
La deuxième illustration qui pourrait apporter un témoignage de la volonté de
consacrer une meilleure gouvernance normative pourrait être envisagée à travers
l’expérience de l’Allemagne en matière de prévention de la corruption : un auto-
examen loin de la tutelle internationale.
L’expérience de l’Allemagne dans le cadre de la lutte contre la corruption, en tant
que composante intégrante de la BG, et qui représente à la fois un corolaire et une
exigence par rapport à sa bonne appréciation, suscite plusieurs remarques, et ce, au
regard des considérations relatives à l’application des normes, des recommandations,
des orientations et des obligations qui émanent des OI en la matière.

348
Ibid.

361
Ces considérations se rapportent également à la démarche appropriée qui repose
quasi exclusivement sur la dimension préventive de la lutte contre la corruption et
rejoint, en quelques sortes l’approche de l’anticipation sur laquelle repose le système
de prédisposition avec une concentration sur le juste équilibre entre prudence et
confiance.
En dépit de la ratification de la Convention des Nations Unies relative à la Lutte
Contre la Corruption qui n’est établie qu’à la fin de 2014, le système allemand de
prévention de la corruption semble reposer sur une autoévaluation et une
autodétermination pour mettre en place les dispositifs nécessaires de prévention en
dehors d’une recommandation expresse d’une OI.
En application de la loi fondamentale de la République d’Allemagne et
précisément en référence aux dispositions de l’article 86 qui stipule que: « Lorsque la
Fédération exécute les lois au moyen de sa propre administration, ou au moyen de
collectivités de droit public ou établissements de droit public qui lui sont directement
rattachés, le Gouvernement fédéral édicte les prescriptions administratives générales,
sauf disposition législative spéciale, il règle l’organisation des administrations, sauf
disposition contraire de la loi. », une directive du Gouvernement fédéral visant la
prévention de la corruption dans l’administration fédérale a été adoptée le 30 juillet
2004.
Cette directive devrait être applicable dès le 11 août 2004 c'est-à-dire le lendemain
de sa publication officielle le 10 -8-2004 à la gazette fédérale qui constitue le bulletin
fédéral des annonces officielles sous l’égide du ministère fédéral de l’intérieur, tout en
notant que cette directive représentait une nouvelle version de celle qui a été adoptée
en 1998.
Les causes qui ont motivé l’adoption de cette directive se résument au fait de
rejoindre les expectations des citoyens en ce qui concerne l’administration publique
pour que les actions publiques soient basées sur l’intégrité, la conformité avec la loi,
l’impartialité, la redevabilité et la transparence.

362
Paragraphe deuxième : Mieux orchestrer l’appropriation de la Bonne
Gouvernance en paramétrage et en dosage.

Etant donné « l’importance des engagements qui se conjuguent pour la réalisation


de l’intérêt général et/ou afin de protéger l’ordre public et qui se concluent directement
et indirectement entre les différents acteurs et pour tous les niveaux de gouvernance
aussi bien national et infranational que régional et universel, la mesure, le repérage,
l’étude, l’analyse et l’évaluation constitueraient des piliers fondamentaux sur
lesquels devraient reposer l’appropriation de la BG.
En revanche, la mesure, devrait se reconstituer suivant une nouvelle dynamique
qui valorise la confiance plutôt que la prudence ou la méfiance.
En outre, il faudrait également repenser les méthodes de mesure et d’évaluation en
revalorisant non seulement l’auto-reconnaissance et l’autoévaluation, mais
également l’autocensure qui concerne aussi bien les pouvoirs publics nationaux que
les dirigeants internationaux.
Par ailleurs, faut-il, par prudence ou en quête de confiance, établir une
configuration des coûts aussi bien de la performance que de la gouvernance ?
En effet, les mécanismes d’une évaluation commune du coût de la performance et
du coût de la gouvernance pourraient se réunir en fonction de la catégorisation qui
mettrait en exergue, en premier lieu, le coût de l’absence de la performance ou de la
gouvernance, de la faible performance ou de la faible gouvernance et de la mauvaise
performance ou de la mauvaise gouvernance.
Ceci étant, cette dernière annexion gagnerait à être recadrée à travers l’identification des
causes directes, indirectes et sous-jacentes, des facteurs déterminants endogènes et
exogènes, des variables clés qui sauraient introduire des transformations éventuelles
quant à la manière de gouverner, des effets et des impacts qui pourraient être
enregistrés, des possibilités et des scénarios de correction, d’innovation, de
valorisation, de reconstitution, etc.

363
En deuxième lieu, cette catégorisation qui servirait à déterminer les dispositifs
d’évaluation aussi bien du coût de la performance que celui de la gouvernance
nécessite un engagement préalable ou du moins concomitant qui serait consacré non
seulement à la mesure de la performance et de la gouvernance, mais également à
l’amélioration de leur usage.
Ceci étant, le passage de la prudence à la confiance et de la conformité à la
conscience collective constituerait un apprentissage collectif pour une meilleure
gouvernance.
En outre, il s’agit également d’une transition de la performance basée sur la
régularité qui s’adapte à l’exercice loyal du devoir à la conscience collective qui
s’anime en recherche continue d’équilibre entre les actes qui répondent à la sagesse et
s’ajuste par rapport à l’honnêteté d’un côté et la réflexion en appréciation et en
anticipation de l’autre côté.
Cette transition pourrait assurer aux générations futures l’opportunité d’estimer
l’antécédent des prédécesseurs et de se motiver en énergie pour permettre aux
successeurs de s’attribuer la même configuration de reconnaissance des droits et des
devoirs.
Peut-on emprunter la même configuration afin qu’elle soit appliquée dans les
relations bidimensionnelles qui s’identifient comme suit :
D’abord les relations infranationales, engageant respectivement deux champs de
gouvernance.
En premier lieu, les niveaux de gouvernance locale et régionale en termes de
démembrement du pouvoir exécutif et également en termes de départementalisation
démocratique traduite en structures indépendantes en se basant principalement sur la
légitimité électorale.
En deuxième lieu, les acteurs de gouvernance non-gouvernementaux qui
s’alimentent en action de contre pouvoir et qui s’identifient en représentativité
associative d’un côté et professionnelle de l’autre.
Les nouvelles orientations et les nouveaux paradigmes, qui s’activent afin de
consacrer une BG multi-niveaux, s’observent différemment si par les mêmes
méthodes d’analyse positionnelle se confèrent les mouvements antagonistes faisant
concourir tous les intervenants avec leur positionnement principal conjuguant ainsi la
sphère supranationale d’un côté et celle qui est infranationale de l’autre.

364
Les interventions des OI, des États, des Organisations Non-Gouvernementales se
diversifient par rapport à la configuration aussi multiple des acteurs intervenants
oscillent entre recommandation, perception, appropriation, mécontentements,
349
etc. ».
L’illustration de ce changement de paradigme telle qu’adoptée par l’Organisation
de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) en ce qui concerne  une
meilleure configuration des liens institutionnels pour la gouvernance locale  se veut
une configuration qui repose sur cinq domaines d’analyse ou de constatation présentés
ainsi à travers le tableau suivant :

Le changement d’orientation des politiques régionales

Source: OCDE (2009), Regions Matter: Economic Recovery, Innovation and Sustainable Growth, Editions
OCDE, Paris.

Ensuite, les relations supranationales pourraient également engager trois


compositions de gouvernance.
Premièrement, la représentation intergouvernementale au niveau régional qui
forme deux positions d’appartenance avec le dosage prescrit du transfert de
compétences de la part de l’État en question.

349
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

365
En fait, ce transfert s’ajuste tantôt en intégration tantôt en coopération pour
susciter un engagement de partenariat ou d’adhésion, une situation qui aurait des
répercutions en termes de gouvernance selon qu’il s’agisse d’un statut de membre ou
celui de partenaire non membre.
La position adoptée ou imposée permettrait de programmer les degrés
d’appartenance, d’engagement ou de désengagement et ce, en fonction de la nature du
statut sélectionné ou du positionnement choisi ou souhaité de la part de l’État en
termes d’appropriation ou d’anticipation qui seraient, souvent, tributaires non
seulement des conflits existants, des intérêts actuels, futurs ou potentiels, mais
également de la répartition géopolitique régionale et interrégionale.
En fait, cette répartition interrégionale nécessite l’intervention des gouvernants
universels pour ajuster l’appartenance ou manifestement orienter le lobbying
économique et politique pour créer un nouvel agencement de rééquilibrage des
rapports de force qui s’avère se légitimer pour mieux gouverner les relations aussi bien
intergouvernementales qu’interrégionales.
Deuxièmement, la configuration des relations intergouvernementales, avec un
penchant pour le supranationalisme, pourrait se constituer en trois paliers principaux
sous démonstration figurée se composant dans un premier palier d’engagements sous-
régionaux350 et un deuxième permettant d’inclure une disposition régionale
comprenant les OI à vocation régionale se caractérisant principalement par un degré
d’engagement et d’intégration assez remarquable à l’instar de l’Union Européenne.

350
En ce qui concerne la catégorie des Organisations sous-régionales, on peut citer à titre
d’exemple la liste des Organisations sous-régionales africaines telle qu’elle apparaisse
au niveau du site web de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et
la culture UNESCO et ainsi répartie en deux sous-catégories :
 Communautés économiques régionales
 La Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC)
 La Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
 La Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD)
 Le Marché Commun de l’Afrique Australe et Orientale (COMESA)
 La Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC)
 L’Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD)
 La Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe (SADC)
 L’Union du Maghreb Arabe (UMA)
 Organisations d’intégration régionale
 La Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC)
 La Commission de l’Océan Indien (COI)
 L’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)

366
Le dernier palier, se compose principalement d’OI intergouvernementales à
vocation Universelle.
Troisièmement, pour illustrer le passage convoité de la régularité à la conscience
collective afin de créer cette synergie de gouvernance aussi bien dans le temps que
dans l’espace telle qu’il a été démontré dans les constatations précédentes, il faut
noter que toutes les compositions ainsi identifiées au niveau des relations
supranationales représenteraient ainsi un seul champ de gouvernance avec un
accompagnement structurel qui s’attribut à la disposition Non-Gouvernementale des
entités qui interviennent pour apporter un certain équilibre dans le processus de
transformation ou de conduite de la gouvernance supranationale.
« Le même passage s’identifie également entre les phases temporelles qu’il
convient de les présenter suivant une exploration de la temporisation de la
transformation de la gouvernance et ce, tout en partant d’une configuration de cinq
agencements qui dénote premièrement le réel qui constitue le vécu, le réalisé, le produit
et le consommé.
En fait, ce premier agencement pourrait également symboliser tout ce qui demeure
en mouvement afin de se produire ou singularise tout ce qui a été d’ores et déjà subi.
Deuxièmement, il s’agit du possible qui indique le supposé être ou le réalisable en
ayant toutes choses égales par ailleurs en termes du disponible pour tout dispositif
nécessaire pour la réalisation.
Troisièmement, le positionnement qui conjugue une configuration descriptive du
temps permet de dégager l’existant en tant qu’un agencement temporel possible qui
permet de signaler ce qui se représente, objectivement, en tant que postulat de départ
englobant le contexte, la conjoncture, les moyens et les dispositifs disponibles.
Quatrièmement, la présence du souhaitable vise l’exemplaire et rejoint les
aspirations, le meilleur, l’optimal dans l’énergie et la performance.
Cinquièmement, l’idéal rejoint l’abstrait, l’imaginaire et parfois l’utopique.
Par ailleurs, il demeure nécessaire d’accorder une attention aux aspects
générateurs de la transformation continue que les significations de la BG s’attribuent
en accompagnement structurel et en termes de comportements qui devraient être
renforcés et valorisés de la part de tous les acteurs de la gouvernance aussi bien
nationaux qu’internationaux.

367
En effet, les dénominateurs communs qui pourraient être identifiés afin de
constituer les bases de l’apprentissage collectif se présenteraient au niveau de trois
éléments essentiels à savoir l’innovation, la recherche et la créativité et un processus
de mesure.
Cette disposition pourrait être argumentée à travers une configuration
tridimensionnelle.
D’abord, il s’agit de deux composantes essentielles, une composante de créativité
qui englobe un processus de concrétisation s’indexant d’une part à la conception des
idées novatrices et d’autre part à l’application suivant un enchainement d’actions et
une composante de responsabilité en s’engageant conformément à un ensemble
d’objectifs.
Ensuite, il est question de se conformer à deux logiques fondamentales dans
l’innovation qui s’identifient en premier lieu à travers une logique d’anticipation et en
deuxième lieu suivant une logique de partage
Enfin, il demeure judicieux d’accompagner cette configuration de l’apprentissage
collectif par un processus de mesure.
En effet, ce processus de mesure consiste premièrement à identifier la nature des
mécanismes de mesure du rendement ou de la performance publique et ce,
indépendamment qu’ils s’agissent de procédés internes ou externes intéressant un
aspect conjoncturel ou permanant et concernant le secteur public ou privé.
Deuxièmement, il s’agit de reconnaitre l’entité mesurée engageant le
positionnement des dirigeants publics et politiques, le choix des politiques, des projets
et des programmes et la performance ou la prestation de tous ces dispositifs.
Troisièmement, il serait question de déterminer le mode de mesure qui se
diversifie en enquêtes de perception, sondages d’opinion, consultations publiques,
questionnaires, entretiens et interviews, etc..
Quatrièmement, le déroulement du processus de mesure retient une position
médiane entre le choix du contenu et l’action d’évaluation tout en s’attribuant à un
ensemble d’éléments qui pourraient s’identifier au niveau de la collecte d’information,
de la priorisation des champs de mesure et de l’identification des critères et indicateurs
de mesure qui pourraient être insérés dans une démarche d’évaluation par rapport à
une référence générale intégrant la BG en tant que génératrice principale de toute la
dynamique qui appuie la cohérence globale.

368
D’où, ces critères s’identifient essentiellement par rapport à la pertinence, à
l’efficacité, à l’effectivité, à l’efficience, à la légitimité, à l’intégrité, à la
transparence, au partage des responsabilités et à la redevabilité tout en notant qu’il
pourrait s’agir en résumé de cinq dimensions essentielles.
Il s’agit des dimensions relatives à l’éthique, à l’efficacité s’agissant d’apprécier
le niveau d’atteinte des objectifs, à la pertinence en engageant les réactions souhaitées
et prescrivant les meilleures réponses, à l’efficience en tenant compte des ressources
mobilisées et à l’effectivité en concrétisant les choix et en veillant à la tangibilité et à
la mesurabilité des résultats ».351
L’analyse des données pourraient emprunter plusieurs démarches et méthodes, à
titre d’exemple, la méthode Forces, faiblesses, menaces, opportunités ou la démarche
DMAIC352, etc., l’interprétation des résultats avant de les communiquer, les
propositions de correctifs et la force d’aide à la décision, l’analyse des effets et des
impacts et le suivi des propositions constituent un cheminement particulier.
Par ailleurs, la BG, conformément à cette démarche de mesure, pourrait
s’identifier à la fois en tant que « catalyseur et régulateur des interférences entre les
niveaux d’intervention des OI, des États et d’autres acteurs aussi bien existants
qu’émergents dans tous les niveaux de gouvernance »353.

351
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
352
SIX SIGMA, démarche DMAIC
Les 5 étapes de la méthode DMAIC détaillée
Les 5 étapes fondamentales de la méthode. Chacune des lettres composant le sigle
D.M.A.I.C. est l'initiale de la fonction significative de l'étape correspondante.
D. Définir
Quel est le problème ?
Définir les besoins et préciser les objectifs à atteindre, cadrer le projet.
M. Mesurer la performance
Quelle est la performance du processus?
Collecter les données représentatives, mesurer la performance, identifier les zones de
progrès. Evaluation de la performance actuelle et de sa variation (tendance, cycle...).
A. Analyser
Quand, Où et Comment les défauts se produisent ?
I. Improve performance
Quelles sont les solutions d'amélioration et comment les mettre en pratique pour atteindre
les objectifs de performance fixés ?
Identification et mise en œuvre des solutions pour éviter les susdits problèmes.
C. Control performance
Comment piloter les variables clés pour soutenir et conserver l'avantage ?
353
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

369
En outre, il serait adéquat, à ce niveau d’analyse, de présenter quelques réflexions
sur la gestion axée sur les résultats qui demeure à la fois un aspect et une démarche
faisant partie intégrante de l’approche intégrale de la BG.
En effet, le résultat constitue un principal déterminant de mesure de la
performance et de la bonne gouvernance354.
Par rapport à l’identification des aspects du management public, des processus de
gestion, de régulation, d’évaluation et de l’ensemble des mécanismes et dispositifs de
mesure et d’évaluation qui se diversifient et se multiplient avec des objectifs qui
varient également suivant les démarches et les approches adoptées, il demeure
opportun de signaler qu’il existe une ligne de conduite transversale étant donné que
tous ces aspects et l’ensemble de ces dispositifs se rassembleraient sur un but ultime et
commun, qui unirait les pouvoirs publics étatiques et les décideurs internationaux afin
d’offrir les conditions favorables à une meilleure gouvernance non seulement inclusive
et résiliente, mais également juste et équitable.
Ceci étant, plusieurs conceptions et de nombreuses réflexions auraient opté pour
la configuration suivant laquelle l’administration publique, pour qu’elle soit innovante,
inclusive, performante et respectueuse des principes de la BG, elle devrait se focaliser
davantage sur la notion et les procédés qui mettent en exergue le résultat non
seulement comme une raison d’être et d’agir, mais également en tant que source de
motivation qui permettrait à tous les intervenants aussi bien gouvernementaux que
non-gouvernementaux de se mesurer et d’être à la fois légitimes et redevables.
La notion du résultat acquiert, par conséquent, de plus en plus de l’importance355
et ce, malgré la diversité et le changement qui ne cessent de caractériser les systèmes
de gouvernance publique dans une recherche éternelle qui se donne comme objectif
essentiel l’amélioration continue.

354
La culture du résultat au cœur d’une nouvelle gouvernance publique ? 2008 Baromètre
de l’évaluation des politiques publiques en Europe. Cette étude a été réalisée par Ernst &
Young, Ernst & Young est un des leaders mondiaux de l’audit et du conseil, de la fiscalité
et du droit, des transactions Ernst & Young Global Limited, société britannique à
responsabilité limitée par garantie www.ey.com/fr/secteurpublic
355
Pierre-André Hudon et Bachir Mazouz, « Le management public entre « tensions de
gouvernance publique » et « obligation de résultats » : Vers une explication de la pluralité
du management public par la diversité des systèmes de gouvernance publique », Gestion et
management public 2014/4 (Volume 3 / n°2), p. 7-22.

370
Ceci étant, il demeure extrêmement intéressant de signaler, qu’en termes
d’initiatives et de politiques de développement des pratiques de BG qui semblent être
pilotées loin de la tutelle internationale, les expériences tunisienne, marocaine,
néerlandaise, indienne, de la Malaisie, du Canada et de l’Australie pourraient illustrer
ces pratiques, nonobstant qu’il demeure significativement remarquable de signaler
qu’au regard de la configuration des ces expériences, il semble adéquat de maintenir le
recours à un coaching plutôt qu’à une tutelle internationale.
En effet, les deux constitutions de la Tunisie et du Maroc ont adopté des
dispositions particulières en vue de promouvoir directement et indirectement les
principes de BG.
D’où, pourrait-on se contenter de signaler que les dispositions de la nouvelle
constitution de la deuxième république tunisienne telle qu’adoptée le 27 janvier 2014
consacre, à titre d’exemple, à travers les stipulations de l’article 15 la promotion des
principes d’intégrité, de neutralité, de transparence et de redevabilité dans
l’administration publique.
En fait, au regard de cet ensemble de principes et de règles de nature et de rang
constitutionnels, d’autres dispositions ont été réservées, d’une part, à l’instauration de
l’instance de Bonne Gouvernance et de lutte contre la corruption et d’autre part à la
consécration d’un nouveau pouvoir local doté d’indépendance et de libre gestion des
affaires locales qui prévoit l’instauration des principes de subsidiarité, de démocratie
locale, représentative et participative.
Par ailleurs, la constitution marocaine dans sa nouvelle version de 2011 a consacré
le titre XII à la Bonne Gouvernance tout en insistant sur les mêmes principes de
probité, de transparence et de neutralité liés à la prestation des services publics.
Ceci étant, les expériences respectives du Canada, de la Malaisie et de l’Australie
en termes de promotion de l’intégrité qui constitue un pilier extrêmement important de
la BG, ont adoptés également une dynamique de consécration spécifique de ce
principe.

371
En effet, le commissariat de l’intégrité du secteur public du Canada356 ainsi que la
commission du service public en Australie357ont consacré une politique pour la gestion
des divulgations, des signalements et des alertes en termes de protection des
dénonciateurs des actes et des cas de mauvaise gouvernance et de corruption en offrant
l’anonymat et la protection contre les représailles.
358
En outre, l’expérience malaysienne en termes de promotion de l’intégrité et de
la BG constitue une dynamique multidimensionnelle et un système intégré orientés
vers la redevabilité générale en se focalisant sur les aspects préventifs de mauvaise
gouvernance et de corruption qui intéressent les quatre acteurs principaux à savoir le
citoyen, le service public, le secteur privé et les partis politiques.
Dans la même optique de considération allouée à l’intégrité, l’expérience
néerlandaise en matière d’intégrité359a adopté une politique d’éthique et d’intégrité
conduite par l’office national d'intégrité Néerlandais qui se charge de conseiller et de
soutenir les entités du secteur public dans le développement et la mise en œuvre de
l'éthique et de la politique d'intégrité.
Étant donné que l'intégrité est l'un des aspects les plus importants de la bonne
gouvernance, un modèle d’infrastructure d’intégrité a été développé en instituant
une démarche d’association entre les dispositifs de leadership et de comportements qui
répondent aux normes éthiques et des aspects communicationnels.
En effet, cette infrastructure regroupe en premier lieu le rôle de la direction, en
deuxième lieu, les valeurs et les normes fondamentales, en troisième lieu, les
structures et les processus, en quatrième lieu, la culture et la politique du personnel, en
cinquième lieu, les incidents et en dernier lieu, l'évaluation et les rapports.
Par ailleurs, l’expérience indienne démontre également une autre particularité
s’agissant du rôle de la Commission Centrale de Vigilance.

356
http://www.psic.gc.ca/fra
357
https://publicsector.wa.gov.au/conduct-integrity
358
http://integriti.my/en/web/guest/public-servives
359
http://www.integriteitoverheid.nl

372
Selon le document relatif aux recours aux nouvelles technologies pour accroître la
transparence dans les domaines à risque en Inde360, un certain nombre d’outils de
renforcement de l’intégrité au niveau de l’administration publique ont été développés
par la Commission centrale de vigilance dans l’administration indienne (Central
Vigilance Commission) qui constitue une instance centrale indépendante mise en place
au sein de l’administration par le gouvernement en 1964.
Suite à de nombreuses plaintes pour mauvaise gestion des procédures
administratives susceptible d’entraîner des problèmes de corruption au sein de
l’administration (retards et décisions arbitraires, non-respect du principe "premier arrivé,
premier servi ", etc.), la Commission a décidé de faire appel aux nouvelles technologies
de l’information pour soumettre les activités de tous les organismes offrant des services
au public ou au secteur privé ou situées à l’interface avec le public ou le secteur privé à
des exigences de transparence et de responsabilité accrues.
Ceci étant, en dépit des particularités qui caractérisent chaque pratique de
promotion de la BG qui se diffèrerait selon l’otique adoptée de protection de la
divulgation de la mauvaise gouvernance ou de responsabilisation de tous les acteurs, il
existe un dénominateur commun qui réunirait toutes ces expériences et qui
constituerait une condition de succès s’agissant de « la confiance avec ses
démembrements indissociables à savoir la probité, la crédibilité et l’honnêteté qui
devraient animer tous les rapports de gouvernance sur tous les niveaux et
indépendamment de la dimension ou du secteur dans lesquels se développent ».361

360
Sources :
 Étude de cas fournie par l’Inde pour le Forum de l'OCDE sur la gouvernance –
Partager les enseignements de la promotion de la bonne gouvernance et de
l’intégrité dans les marchés publics, novembre 2006.
 Circular N°40/11/06: Improving vigilance administration by leveraging technology,
Central Vigilance Commission, gouvernement indien, 2006.

361
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

373
Sous-section deuxième : Valoriser la redevabilité et promouvoir la
responsabilisation.

La recherche d’établir un vrai système de redevabilité et de promotion de la


responsabilisation repose indéniablement sur une dynamique de reconstitution de la
légitimité (paragraphe premier) et de reconnaissance mutuelle des responsabilités qui
soit basée sur la confiance et la crédibilité pour tous les intervenants. (Deuxième
paragraphe).

Paragraphe premier : Rétablir la légitimité aussi bien interne


qu’internationale : Un préalable pour la concrétisation de la BG.
Il s’avère nécessaire de présenter des témoignages et des scénarios possibles afin
d’illustrer les difficultés qui pourraient être identifiées dans le processus de recherche
des meilleures méthodes et les démarches optimales pour la reconstitution de la
confiance dans les pouvoirs aussi bien nationaux qu’internationaux.
En effet, un premier exemple de scénario possible pourrait être indiqué suivant
une approche de variabilité approximative de la prise en compte des principes et
préalables de la BG, qui constitue une illustration d’une nouvelle conceptualisation
issue de mes recherches engagées en la matière, dans sa mesure tendancielle telle
qu’elle pourrait être configurée au niveau du tableau ci-dessous dressé.

374
Variabilité approximative de la prise en compte des principes et préalables
de la BG/ mesure tendancielle.362

Indice de la variabilité selon la catégorisation qualitative suivante :


1= Très Faible / 2 = Faible 3= Moyenne 4 =Engagée 5 = Responsable
Principes et préalables Les dimensions de mesure
modulant la mesure de
L’évalua L’Évaluation La Remise en
la BG
tion interne L’autoévaluation Cause Continuelle
externe conjoncturelle (RCC)
Neutralité 3 1 2/3 4/5
Indépendance 3 1 2 4/5
Pertinence 2/3 2 3/4 5
Participation
2 2 3 4/5
(Interne/Externe)
Engagement 2 3 3/4 4/5
Vigilance 3 3 3/4 4/5
Légitimité 3 3 4 5
Conformité :
 Processus de Mesure
de l’Ecart de la
Performance :
 Adéquation entre
objectif et résultats
(produits- effets -
impacts).
2 3 3/4 4/5
 Référence :
 Morale (valeurs +
éthiques).
 Normative (standards
et normes retenus à
l’échelle régionale/
universelle, reconnus
et/ou pas appliqués).

362
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

375
Ceci étant, un deuxième exemple de scénario pourrait également illustrer cette
quête d’équilibre entre la confiance et la prudence et cette volonté, telle qu’exprimée
tant au niveau national qu’international, de consacrer un environnement favorable au
développement ou au maintien de la légitimité.
En effet, « la distinction entre les domaines stratégiques et opérationnelles, entre
ceux qui gouvernent et ceux qui subissent les décisions, entre ceux qui conçoivent les
politiques publiques et ceux qui les appliquent, entre le domaine de management et les
actes de contrôle et d’audit, etc. ne paraît plus accommodable avec la nature des
exigences et des préalables nécessaires pour asseoir une meilleure gouvernance
caractérisée par les dynamiques d’amélioration continue, l’évaluation concertée et la
culture d’innovation, de la responsabilisation commune et de la prévention de la
corruption.
Ainsi, les périmètres de distinction entre vérification et mesure ci-dessous
présentés, qui illustrent également une illustration d’une conceptualisation appropriée
suivant mes recherches entreprises en la matière, pourraient apporter des significations
et des argumentations par rapport à ces paramètres de distinction susmentionnés tout
comme ils pourraient donner une illustration des possibilités de recoupement entre les
principes de BG.
Les périmètres de distinction entre vérification et mesure363
Périmètres de Les deux pôles illustratifs
distinction Le contrôle (vérification) L’évaluation (mesure)
 Un acte juridique ou matériel,  Un processus
 Une décision formelle ou  Un système
Champs informelle,  Une politique
 Une prestation  Une prestation
d’application
 Un comportement  Une méthode
 Une démarche

Référence

psychologique Méfiance (prudence) Légitimité (confiance)

sous-jacente

Objet essentiel Mécanisme de vérification et d’examen Mécanisme de mesure


de la régularité

363
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

376
Le contrôle (vérification) L’évaluation (mesure)
Les Domaines Moyens de Les Références Indication de mesure
vérification
Les actes la régularité Un processus l’opportunité,
L’application ou la logique
pas des le leadership
engagements la subsidiarité
Les prestations le respect des Un système la bonne application
procédures des obligations
 Démarche/ Système
Les Le recours à la Une politique
comportements Charte des droits et /Approche
de devoirs holistique
Une prestation
 Le pragmatisme
Finalité  La participation
 La concertation
Une méthode
 L’égalité
 La transparence
 La décentralisation
Une démarche  La performance
 Le rendement
 L’efficacité
 L’efficience
 L’effectivité

Résultat :  Jugement  Proposition et nouvelles


Produit/Effet/Impact  Annulation orientations
 Sanction  Recommandations
 Autorisation/Non  Scénarios de réformes
Autorisation  Indicateurs d’innovation

Principaux  Pouvoirs publics  Pouvoirs publics


(Structures publiques  Société civile
acteurs
selon la nature et la forme  Organisations internationales en
intervenants du contrôle) : partenariat avec les pouvoirs
- Juridictionnel publics et les acteurs Non
- Administratif Gouvernementaux nationaux
- Financier  Médias
Rapports - Constitutionnel
Principales  Administration et gestion  Stratégies
publique  Plans de développement
cibles et
 Organisations Non  Politiques (économiques,
destinations Gouvernementales sociales…)
 Société civile  Programmes Gouvernementaux
(associations) ou Non Gouvernementaux
 Partis politiques  Projets Gouvernementaux ou Non
Gouvernementaux

377
Selon la composition telle qu’établie au niveau du tableau précédent, quelques
enseignements relatifs à l’aspect opérationnel de la BG pourraient être dégagés.
En effet, une première remarque d’ordre conceptuel devrait être avancée suivant
laquelle on peut affirmer l’existence, voire la prolifération de plusieurs concepts qui
certes, sont inclus dans la même famille du voisinage étymologique aussi bien de la
notion du contrôle que celle de l’évaluation mais qui présentent certaines lignes
distinctives par rapport aux deux concepts susmentionnés.
Par ailleurs, toutes ces notions voisines ou susceptibles à l’être, pourraient, dans
une optique de rapprochement tant étymologique que substantiel, être classées au
niveau du contrôle ou être situées dans une optique d’évaluation et ce, selon le degré
de paramétrage de chaque notion traduite en action.
Tout d’abord, il existe aux moins deux familles de concepts voisins par rapport au
contrôle et à l’évaluation, à savoir, la première famille qui regroupe l’audit et
l’inspection et la deuxième catégorie qui regroupe le diagnostic, le suivi, l’étude,
l’analyse et l’interprétation des résultats.
Ceci étant, ces notions ainsi regroupées au sein de deux familles ou catégories
nécessitent non seulement une identification, mais également une précision par rapport
au lien présumé qui les joigne tant avec le contrôle que par rapport à l’évaluation.
En premier lieu, une question essentielle mérite d’être posée afin de savoir si l’une
de ces notions va-t-elle se classer en tant que mécanisme ou dispositif de vérification
ou bien au contraire va se situer dans une optique de mesure indépendamment qu’elle
soit traduite ou pas en action, prise dans sa dimension étymologique ou substantielle
de l’autre?
Afin de mieux cibler des éléments de réponse et des points d’éclaircissement par
rapport à cette inquiétude, une confirmation qui semble de taille mérite d’être étalée.
En effet, abstraction faite des divergences ou des différences qui existeraient entre
le contrôle, qui se présente essentiellement en tant que mécanisme de vérification, et
l’évaluation, qui se veut principalement un dispositif de mesure, il demeure nécessaire
de reconnaitre l’interactivité et l’interdépendance entre les différentes composantes qui
forment l’une ou l’autre catégorie à laquelle appartient l’un comme l’autre dispositif.
En deuxième lieu, à travers une illustration empirique, quelques commentaires
méritent d’être soulevés.

378
En effet, en se référant à la dimension pratique relative aussi bien à la mesure qu’à
la vérification, notamment par rapport à l’application des principes de la BG, un
concours d’initiations qui se convergent et parfois se divergent sous une apparence qui
pourrait correspondre ou pas à la volonté d’apercevoir et de comprendre une réelle ou
latente obsession de découvrir la réalité, dévoiler la vérité ou se projeter dans une
vision prospective de recherche multidimensionnelle.
Ainsi, ces initiations concernent, essentiellement, les multiples interventions aussi
bien publiques que privées, quant à non seulement la manière de gérer les deniers
publics, mais également par rapport au volume des ressources allouées pour couvrir à
titre d’exemple, mais pas le moins illustratif quant à son importance, les dépenses
publiques.
Or, toutes ces interventions concernant, en l’occurrence, l’action des dirigeants
publics ou privés, l’exercice des pouvoirs publics et les rapports de partenariat ou de
coopération entre les entités gouvernementales et les OI dépendent de l’étendue des
témoignages supra ou infranational engageant ainsi indifféremment la présence des
acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux et leur niveau de prédisposition à
la mesure en termes d’ouverture, de transparence et d’aptitude à intégrer l’enjeux
d’évaluation ou du moins d’observation.
En troisième lieu, par rapport à la démarche fonctionnelle tendant à clarifier les
liens qui pourraient exister entre la vérification et la mesure en tant qu’épreuve de
témoignage, voire de jugement constaté ou provoqué quant à l’aspect pratique de la
BG, une multitude de dispositifs et moyens sont entrepris et engagés dans cette
perspective.
En effet, ces mécanismes ou ces outils sont traduits usuellement à travers,
notamment, le sondage d’opinion, les enquêtes de perception ainsi que tout dispositif
qui prétend activer, administrer et concrétiser ou même provoquer une vigilance
citoyenne ou une veille sociétale.
Ceci étant, une fois engrangé, cette vigilance va certainement permettre de
valoriser la mesure de la performance publique et par conséquent d’admettre une
observation ou un témoignage de reconnaissance quant aux principes de la
transparence et de la participation dans le pilotage des affaires publiques ce qui semble
s’affirmer de plus en plus.

379
Pourrait-on, à ce juste titre, évoquer une prise de conscience collective ou de
simples intentions aussi bien des gouvernements que des instances internationales à
exposer davantage le rendement des dirigeants politiques et des représentants des
pouvoirs publics à l’évaluation ?
Par conséquent, seraient-ils également exposés à une remise en question de leurs
rôles et de leurs missions et en d’autres termes, à ouvrir l’exercice du pouvoir aux
critiques, aux observations, au contrôle en dehors des circuits et démarches de nature
institutionnelle et organisationnelle?
Serait-il envisageable par conséquent, d’admettre une auto-révision générale,
multi-acteurs, multidimensionnelle et multisectorielle, qui soit également instantanée
et généralisée par rapport à tous les choix politiques ? Quid, encore, des préalables
nécessaires pour l’instauration d’un système pareil ?
Pourrait-on également introduire des affirmations permettant d’envisager une
éventuelle conciliation intentionnelle et prévisible entre la volonté politique et les
exigences ou aspirations émanant des peuples en termes de BG?
Force est de constater qu’il s’avère, d’emblée, judicieux de s’octroyer une certaine
prudence par rapport à la recherche de réponses qui pourraient être explorées afin
d’expliquer davantage les rapports prospectés entre l’identification des principes de la
BG à la lumière de la transparence, de la responsabilisation, de la participation et de la
redevabilité et les mécanismes de consécration effective de ces principes.
En revanche, il demeure nécessaire d’apporter un éclaircissement quant aux
préalables et exigences qui pourraient être identifiés et ainsi requis afin de rétablir le
climat de confiance et de légitimité nécessaires non seulement à la conduite des
affaires publiques, mais également par rapport à la concrétisation réelle et effective de
la transparence ».364

364
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

380
En effet, « l’aptitude ou la prédisposition et la susceptibilité aussi bien des
dirigeants publics que des choix politiques ainsi que des prestations publiques, en
termes de rendement et de performance tant collective qu’individuelle, concernent
l’action d’être observés, contrôlés, et évalués qui s’expose généralement, par rapport
aux liens constatés entre objectifs et résultats.
Aussi, cette aptitude ou cette prédisposition et cette susceptibilité des acteurs
publics et des prestations publiques concernent l’action d’être mesurés, souvent, en
fonction d’une constatation, des témoignages, des considérations au regard des normes
et des règles de nature morale ou juridique, voire d’être jugés.
Ceci étant, cette aptitude ou cette prédisposition et cette susceptibilité des acteurs
publics et des prestations publiques se référent en premier lieu au gage de confiance
et de légitimité tel qu’il pourrait être présumé ou admis et constituent, par conséquent,
les fondements d’un processus d’engagement de la redevabilité publique.
Tout en notant que ces fondements du processus d’engagement de la redevabilité
publique ci-dessous configurés illustrent aussi une conceptualisation spécifique conçue
en fonction des recherches que j’ai entreprises en la matière. »365

365
Ibid.

381
Processus d’Engagement de la redevabilité Publique366

Identification
participative des
choix et
orientations
Prise en Compréhension et
stratégiques
considération de assimilation des
nouvelles raisons d’être et
exigences et des objectifs
aspirations

Préalables : Ouverture
1. Confiance
Correction à mis 2. Visibilité
Publication
parcours 3. Responsabilisation Communication
4. Conscience
Echange
5. Redevabilité
6. Subsidiarité Partage

Mesure générale Engagement


de satisfaction et collectif de
perception réalisation
spécifique des
attentes
Auto-évaluation

366
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

382
En second lieu, toutes ces considérations et tous ces éléments précédemment
signalés pourraient également se référer aux critères et fondements de l’imputabilité
des dirigeants publics ci-dessous conceptualisés.

Les Fondements d’Imputabilité des Dirigeants Publics367

Transparence :
dynamique
d’ouverture et de
communication
Aptitude à la Confiance
remise en cause Légitimité
continuelle

Ligne de conduite:
Interactivité et
Redevabilité cumul des Méritocratie:
et prédisposition à fondements Capacités
toute contrariété Compétences
Efficacité

Intégrité Responsabilisation

367
Ibid.

383
Paragraphe deuxième : Les OI devraient s’appuyer sur la redevabilité
pour rétablir la légitimité d’intervention et garantir l’appropriation de la
BG.
La redevabilité pourrait être identifiée comme étant une démarche
bidimensionnelle et un processus intégré qui reflète aussi bien la transparence que la
mesure de la performance dans une entité bien déterminée.
En effet, ces deux dimensions pourraient être identifiées comme suit:
D’une par, il s’agit de la disposition et de la disponibilité de l’organisation à
fournir, compte tenue de la réglementation en vigueur, les informations et les données
qui concernent notamment les stratégies, les programmes, les plans d’action, les
procédures, les processus, les moyens financiers et humains, les rapports d’activités,
etc. permettant aux différents intervenants internes et externes de réagir notamment, en
termes de vérification, de contrôle, de suivi et d’évaluation de tous ces actes et de tous
les processus.
D’autre part, la réactivité interne et externe par rapport aux flux, nature,
exactitude et pertinence des documents et ce, essentiellement, par rapport à la
régularité, aux attentes, aux aspirations, aux objectifs, à l’opportunité d’intervention et
à la pertinence des choix, des priorités, des dispositifs et des actes entrepris.
Par ailleurs, la redevabilité est considérée comme un pilier incontournable dans
des secteurs notamment celui du Partenariat Public-Privé où elle est considérée
comme étant un préalable à la BG.
En effet, certaines tendances confirment l’importance de la dimension de la
redevabilité dans le domaine des Partenariats Publics- Privés.368
369
Une reconsidération des relations entre la redevabilité et l’éthique devrait
s’établir.

368
Madeleine C. Fombad - département de la science d’information - Université de
l’Afrique du Sud (UNISA), à Pretoria “Accountability challenges in public–private
partnerships from a South African perspective”
African Journal of Business Ethics • Vol. 7 • Issue 1 • Jan-Jun 2013
369
Melvin J. Dubnick - accountability and ethics: reconsidering the relationships
international journal of organization theory and behavior, 6(3), 405-441 fall 2003

384
Ceci étant, la reconnaissance des écarts, qui existeraient par rapport à la
légitimité, à la gouvernance et à la conformité entre la reconnaissance des normes et
des règles internationales telles qu’établies par des OI et l’application de ces règles,
reviendrait, suivant certaines lectures, à prévoir une analyse de la légitimité
démocratique analysée sous l’angle de 5 prismes : (1) représentativité, (2)
370
redevabilité; (3) transparence; (4) effectivité; et (5) délibération
En revanche, l’écart de gouvernance pourrait être reconnu et analysé
conformément à deux composantes de responsabilisation et de redevabilité.
Suivant une configuration substantielle de la redevabilité, il paraît judicieux
d’affirmer qu’il s’agisse d’un processus, suivant lequel s’établiraient les éléments
constitutifs d’une reconnaissance de l’obligation et qui s’identifie par rapport à huit
éléments essentiels regroupant respectivement la responsabilité, la transparence, la
prédisposition à la reddition des comptes, l’auto-révision et l’autoévaluation, la
réactivité, le questionnement, la prise en considération des observations, des
constatations et des critiques et les mouvements de correction.
Ceci étant, ces éléments pourraient être regroupés en cinq familles ou catégories
fondamentales telles que conceptualisées ci-dessous et qui se référent aux résultats de
mes recherches tout en essayant de mettre à l’évidence que la considération des acteurs
internationaux, nationaux et infranationaux, gouvernementaux et non
gouvernementaux devrait être accordée à la légitimité.
En effet, la légitimité constitue non seulement une exigence pour former le
système de redevabilité, mais également un maillon incontournable dans la dynamique
de responsabilisation et d’imputabilité aussi bien dans le cadre de la gestion des
pouvoirs publics que dans le cadre de pilotage des projets et programmes de
coopération interétatique qui nécessiteraient indéfiniment d’être soumis à toutes ces
considérations.

370
Peter van Ham, Transnational Governance and Democratic Legitimacy
The Hague Institute for Global Justice- July 2014

385
Configuration substantielle de la redevabilité 371

Responsabilisation

Transparence Conscience

Redevabilité

Légitimité Réactivité

Par ailleurs, les formes de redevabilité, ainsi configurée, s’avère nécessiter une
reconnaissance de ces formes de la part des OI afin de réduire les écarts qui pourraient
entraver le cheminement d’appropriation de la BG.

Les formes de la redevabilité 372


Extra-institutionnelle

Extra-institutionnelle

Intra-Institutionnelle
Supranationale

Particulariste
Introspective
Individuelle

Horizontale

Intrinsèque
Sectorielle
Collective
Nationale

En outre, il serait également immanquable de prendre en considération les facteurs


d’influence qui devraient être attribués aux OI pour pouvoir assumer un engagement
conjoint avec les autres acteurs de gouvernance qui concernent notamment les
questions relatives à l’indépendance des organismes appropriés, aux enjeux politiques
et au lobbying.

371
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
372
Ibid.

386
387
Conformément aux considérations plutôt pratiques que de théorisation, il serait
plus judicieux de présenter « ce processus d’interdépendance entre tous les niveaux de
gouvernance, internationaux, nationaux et infranationaux tout en étant basé,
principalement sur la redevabilité et ce, en fonction de mes recherches qui ont abouti
à la désignation des axes d’orientation et de méthodologie suivants:
D’abord, en termes d’éclaircissement et de clairvoyance, il faut noter qu’il
s’agisse d’un ensemble de mesures et de dispositifs qui visent, essentiellement, à
identifier une configuration méthodologique et technique permettant la conception,
l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation d’une Stratégie de Bonne
Gouvernance.
En effet, la démarche de préparation et de mise en œuvre de cette stratégie devrait
prendre en considération le processus et les procédés appropriés permettant la
consécration effective de l’imputabilité et de la redevabilité et ce, moyennant une
démarche aussi bien participative qu’opérationnelle en termes d’objectifs, de projets et
de programmes qui devraient être à la fois concertés, tangibles, atteignables et
mesurables.
Ensuite, afin de mieux configurer cette démarche, il serait opportun d’établir un
effort de coordination et d’impulsion mutuellement conçu et partagé par tous les
acteurs intervenants gouvernementaux et non gouvernementaux.
En vue d’établir une voie d’accompagnement substantiel, le processus
d’élaboration de la Stratégie de Bonne Gouvernance nécessiterait une attention
particulière qui s’appuierait sur les dimensions fondamentales suivantes :
Premièrement, il est question de se focaliser sur la consécration de la visibilité
des choix et programmes publics.
En effet, pour mieux respecter les principes fondamentaux de la BG notamment
ceux relatifs à la transparence, à la probité, à l’intégrité et à la participation, qui
constitueraient un dénominateur commun pour les orientations générales, les
politiques, les programmes et les projets pilotés aussi bien dans une configuration
nationale ou infranationale que dans un cadre de coopération internationale bilatérale
ou multilatérale, devraient, ainsi, répondre à des impératifs de clarté, de généralisation,
de légitimité, d’efficacité, d’efficience et d’effectivité.

388
D’où, l’élaboration, la mise en place, le suivi et l’évaluation de la stratégie de BG
s’appuieraient sur une ligne de conduite, inévitablement, volontaire et pragmatique qui
se réfère à une vision à la fois générale et spécifique regroupant ainsi les éléments
suivants.
En premier lieu, le processus, les démarches et les mécanismes d’identification et
de choix, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques, programmes et
projets.
En deuxième lieu, la cartographie et le partage des rôles des acteurs intervenants
Gouvernementaux et Non Gouvernementaux.
En dernier lieu, l’ingénierie des secteurs et des domaines prioritaires à l’instar des
champs d’application liés à la gestion publique, à la réglementation, à
l’investissement, à l’économie et aux finances
Deuxièmement, le développement de la mesure continuelle de la performance
aussi bien pour les gouvernants nationaux et infranationaux qu’en ce qui concerne les
systèmes internationaux de gouvernance, devrait s’insérer et se développer dans une
culture d’imputabilité et de redevabilité représentant un système établi conformément
aux configurations précédentes.
Ceci étant, les mécanismes et les dispositifs d’évaluation qui pourraient être
identifiés dans le cadre d’appui et d’accompagnement pour assurer la convergence
vers les principes de BG intéresseraient, comme cela a été illustré et analysé selon
l’approche intégrale de la redavabilité, l’auto-appréciation, l’évaluation externe
spécialisée, le suivi et l’évaluation acheminés par les pouvoirs législatifs.
L’observation, le suivi et l’évaluation conduits par les Organisations de la
Société Civile, la mesure des résultats (produits, effets et impact), l’appréciation des
coûts estimatifs et des avantages présumés, la mesure de la satisfaction des acteurs
tiers, la définition, l’interprétation et la publication des résultats de tous les
processus de mesure et d’appréciation tant anticipés que réalisés
Troisièmement, il s’agit du processus de valorisation des ressources humaines
qui vont être ou qui étaient appelées à piloter et à gérer les actes et les politiques
d’évaluation dans le cadre des projets liés aux différents cadres, secteurs et niveaux de
gouvernance national, infranational ou international.

389
Ceci étant, ce processus s’avère nécessiter un développement, une reconnaissance
et une valorisation des compétences et d’expertises appropriées, une responsabilisation
et un engagement institutionnalisés et une mesure partagée des performances
individuelles et collectives en termes de leadership, de pilotage et de management.
Quatrièmement, il s’avère opportun de signaler qu’afin de concrétiser une
adéquation appropriée entre l’annonce ou la reconnaissance des principes de BG et
leur acceptabilité, leur assimilation, leur transposabilité, leur applicabilité, leur
appropriation par tous les niveaux de gouvernance et leur généralisation dans tous les
domaines et secteurs d’activité aussi bien publics que privés conformément à un
engagement aussi bien national qu’international de la part des OI, il serait
envisageable d’accorder une attention toute particulière à l’innovation et à la
créativité.
Ceci étant, ces deux dimensions nécessiteraient une dynamique de prise en
compte sur tous les niveaux de gouvernance et ce, en termes de cadrage effectif
juridique et institutionnel notamment dans les domaines de recherche et du
développement des compétences.
L’enseignement supérieur, la formation professionnelle et continue aussi bien
dans l’administration publique que dans le secteur privé se veulent des champs de
déploiement propices pour développer cette dynamique d’accompagnement, de
reconnaissance et de maintenance de la créativité et de l’innovation.
Cinquièmement, il est question de mettre une ligne de conduite standardisée et
appropriée afin d’institutionnaliser et de valoriser la communication en tant que
valeur à reconnaître et une pratique à consacrer à travers les dispositifs suivants en
guise d’exemples et de possibilités envisageables.
D’abord, le développement de mécanismes internationaux conformément aux
spécificités de chaque système et de chaque niveau de gouvernance pour le
développement de moyens traduisant effectivement les principes liés à la participation,
à la consultation, à la concertation et au partage, au consensus et à la vigilance.
Ensuite, le développement de dispositifs didactiques afin d’établir des liens de
compréhension et une facilitation des contenus qui serait d’un appui capital pour
instaurer aussi bien l’engagement de tous les intervenants qu’un développement d’une
conscience collective pour mener à bien les politiques et les projets prévus.

390
A ce niveau, plusieurs mécanismes pourraient être envisagés notamment les
guides de formation, les manuels de procédures, les chartes comportementales, etc.
tout en notant que la pratique, la reconnaissance et l’assimilation des principes de BG
demeurent une question qui devrait réunir tous les intervenants nationaux et
internationaux, gouvernementaux et non gouvernementaux et demeurent, par
conséquent, liés aux intérêts aussi bien publics que privés, puisqu’il s’agit, in fine,
dans une dimension pratique, d’établir un mode de pilotage des deniers publics qui fait
rejoindre valeurs, comportements, politiques et processus qui devraient répondre aux
exigences d’une BG.
A cet égard, il faut prendre en considération, le fait que les dispositifs didactiques
et de formation devraient s’appuyer sur une approche à la fois participative et
innovante et ce, afin de s’adapter efficacement aux nouvelles méthodes et aux modes
novateurs et générateurs d’intelligence collective tout en se basant sur l’engagement
tant spontané qu’institutionnalisé de tous les acteurs intervenants gouvernementaux et
non gouvernementaux dans ce processus.
En effet, la consultation et la concertation demeurent des instruments
incontournables afin de garantir l’adhésion et la participation dans la préparation, la
mise en place, le suivi et l’évaluation de tout projet ou programme dans tous leurs
aspects aussi bien juridiques qu’institutionnels.
Dans ce contexte, plusieurs dispositifs sont d’une valeur ajoutée remarquable en
termes de diffusion d’information, de sondages d’opinion et de consultation afin de
permettre à tous les intervenants de se concerter mutuellement et de s’auto-évaluer
d’une façon permanente.
Puis, il s’agit du développement de dispositifs de mesure, d’appréciation, de
perception et d’anticipation.
Par ailleurs, deux conditions essentielles devraient se réunir afin d’assurer le
partage, l’appropriation et l’engagement pour tous ces dispositifs. Il s’agit d’une part
de l’interactivité qui va permettre un échange adéquat, mesuré, adapté et assumé par
les deux parties intervenantes gouverneurs et gouvernés mutuellement
indépendamment de ceux qui devraient être diffuseur d’information ou réceptionnistes
de la dite information.

391
D’autre part, une garantie de cohérence et d’harmonie devrait être assurée entre
les systèmes d’information, notamment, en ce qui concerne la partie gouvernementale
ou intergouvernementale détentrice principale d’obligation d’information.
S’agissant, à titre d’exemple de la question de la lutte contre la corruption, qui
figure, parmi les piliers essentiels d’une BG, il existe plusieurs conventions
internationales, plusieurs organismes internationaux intervenants, les informations
acheminées, par conséquent, se diffèrent et se diversifient en manquant une ligne de
concordance et une logique globale de cohérence.
En fait, il s’agit de l’interopérabilité qui devrait, une fois garantie et instaurée,
éviter les doublements et la redondance, faciliter les échanges d’information et
apporter plus d’efficacité et suffisamment d’efficience quant aux interactions dans tous
les niveaux de gouvernance aussi bien national et infranational qu’international.
Enfin, la mesure de l’effectivité et de l’efficacité aussi bien des OI que des
gouvernants nationaux et infranationaux, mériterait un développement de dispositifs et
de procédés appropriés, nonobstant qu’il demeure inéluctable d’accorder à la
dimension d’interprétation, d’analyse et de diffusion des résultats de cette mesure une
attention toute particulière.
Eu égard à la technicité et à la spécificité de cette fonction d’interprétation et
d’analyse des résultats, une expertise appropriée devrait être garantie particulièrement
pour mener à bien cette mission qui demeure un métier spécifique demandant ainsi de
compétences substantiellement adéquates notamment en ce qui concerne la mesure de
l’effectivité internationale aussi bien juridique qu’institutionnelle, s’agissant en
l’occurrence, des OI et ce, conformément aux principes et fondamentaux de la BG.
Afin de constituer cette approche intégrale de BG à l’échelle internationale et
d’établir par conséquent une stratégie appropriée, les principaux axes méthodologiques
envisageables pourraient être résumés comme suit :

Diagnostics et constats :
Un premier effort de diagnostic devrait être mené et plusieurs chantiers d’analyse
nécessiteraient d’être abordés afin d’identifier les dysfonctionnements et de mieux
cibler les possibilités et les opportunités d’amélioration de la performance, d’appui et
d’accompagnement en termes d’apprentissage, de diffusion et de généralisation de la
Bonne Gouvernance.

392
En effet, ces chantiers d’analyse et de diagnostic concerneraient en particulier et
en premier lieu le processus d’identification, d’élaboration, de priorisation, de
pilotage, de suivi et d’évaluation des politiques, des projets et des programmes de
coopération internationale bilatérale et multilatérale ayant trait au secteurs liés à la
BG.
En deuxième lieu, il s’agit de l’amélioration de la performance des intervenants
nationaux et infranationaux en matière de négociation, de pilotage de projets et de
processus de diagnostic et d‘analyse des écarts de gouvernance.
En denier lieu, il est question de procéder à des analyses et à des diagnostics qui
intéresseraient le renforcement de la performance des intervenants et des acteurs
nationaux et internationaux, gouvernementaux et non gouvernementaux en matière
d’identification de mécanismes d’appropriation des procédés liés à la BG et des
dispositifs de convergence vers ses principes.
Analyses prospectives
La nécessité d’adopter une approche participative regroupant tous les acteurs
Gouvernementaux et Non-Gouvernementaux pour mener à bien des études
rétrospectives et des analyses prospectives intéresserait les champs d’application
suivants.
D’abord, un nouveau processus de réglementation concernant l’adoption,
l’assimilation, la reconnaissance et l’appropriation des mécanismes juridiques
internationaux se rapportant aux thèmes et champs de BG.
Ensuite, une cartographie institutionnelle plus appropriée, plus représentative et
plus performante des intervenants visant à assurer la cohérence, la coordination et la
synergie par rapport au pilotage de tous les projets ayant trait à la BG.
Puis, un rôle renforcé du pouvoir normatif-législatif aussi bien au niveau
international que national et infranational.
Ceci étant, la proposition de nouvelles démarches liées au pilotage des politiques
publiques, à l’investissement dans la connaissance, à l’intelligence, aux valeurs et aux
comportements pour tous les secteurs d’activité publics et privés en intégrant la
pratique des principes de BG, devrait être institutionnalisée aussi bien au sein des
instances internationales qu’aux niveaux de la gouvernance étatique.
Enfin, les compétences et la coutume de révision, de suivi et d’évaluation de la
performance des OI devraient être reconnues et appropriées.

393
Un rôle reconnu et valorisé des Organisations de la Société Civile:
En vue d’être valorisée et prise en considération, la participation de la société
civile dans tous les processus de prise de décision et de mise en œuvre des politiques
et programmes non seulement à caractère public, mais également ceux se rapportant
au secteur privé dans tous les niveaux de gouvernance tant national qu’international,
devrait répondre aux caractéristiques d’une participation institutionnalisée dans les
enceintes de décision et d’une collaboration renforcée dans les pouvoirs et organes
représentatifs nationaux et internationaux (parlement, conseils des OI et étatiques
« régionaux et locaux, et des entreprises publiques », etc.)
Une Stratégie appropriée : notamment à travers l’identification des objectifs
généraux et spécifiques, l’élaboration des axes de mise en œuvre, la préparation des
programmes et l’identification des secteurs prioritaires/ sites pilotes.
Des Plans d’action annuels : Suivant une approche pragmatique et opérationnelle,
l’application des axes inscrits au niveau d’une stratégie de BG, devrait s’accompagner
d’un ensemble de plans d’action qui suivront une périodicité permettant ainsi la
vérification et la correction intermittentes nécessaires.
Un Plan de communication :
Tous les éléments faisant partie de ce plan de communication devraient être
soumis à un engagement commun et participatif de tous les acteurs Gouvernementaux
et Non Gouvernementaux et ce, dans un document spécifique établissant et
énumérant particulièrement les éléments relatifs aux missions et aux mandats de
chaque intervenant, à la périodicité de diffusion d’information, des rapports, des
projets, programmes et sujets de consultation, aux résultats, au calendrier de mise en
place des axes de la stratégie et au plan d’action de l’année en cours.
En termes d’application des mécanismes et des dispositifs de diagnostic et
d’analyse susmentionnés, il serait envisageable d’exposer un essai de conception
d’une stratégie de BG pour la Tunisie pour une périodicité quadriennale ainsi qu’un
plan d’action de fréquence annuelle.
En ce qui concerne l’objectif général, il serait opportun d’affirmer que la
préparation de cette stratégie viserait notamment la mise en place et l’appropriation
d’une démarche collective de BG et de lutte contre corruption aussi bien
répressive/curative que préventive, persuasive et dissuasive.

394
Suivant cette démarche, le processus d’élaboration, de mise en place, de suivi et
d’évaluation de cette stratégie devrait permettre d’instaurer un environnement de
confiance en renforçant la transparence, la redevabilité, la reddition des comptes et la
crédibilité dans un cadre d’une remise en cause continuelle et dans une optique de
consécration performante, optimale, effective et proactive de la justice et de l’équité.
La mise en œuvre effective de la démarche préconisée, dans toutes ses phases,
nécessite un coaching international en guise d’accompagnement et d’appui aussi bien
dans un cadre bilatéral que multilatéral, en termes d’échange de bonnes pratiques et
d’expertise et de renforcement des capacités ».374
En effet, plusieurs cadres internationaux pourraient soutenir d’une manière
effective le processus de conception et de mise en place de cette stratégie. A titre
d’exemple, le Cadre d’Evaluation du Développement des Nations Unies L’UNDAF375,
le Programme Sud376 : "Renforcer la réforme démocratique dans les pays du voisinage
méridional "notamment dans sa composante II relative à la Promotion de la bonne
gouvernance : lutte contre la corruption et blanchiment d’argent qui est destiné
principalement pour le Maroc et la Tunisie.
Ainsi, le programme MENA-OECD377 pour la gouvernance et la compétitivité
pourrait également constituer un appui à cette démarche.
Dans le même ordre de convenance, la politique européenne de voisinage
apporterait, éventuellement, un soutien d’expertise et de renforcement des
compétences nationales en la matière.
Ces programmes et initiatives aussi bien universels que régionaux pourraient
s’accommoder avec les perspectives inscrites au niveau de cette démarche.
Les analyses de mesure de l’efficacité, de l’efficience, de la pertinence, de
l’effectivité de toutes ces opportunités ainsi offertes dans les cadres régionaux et
universels pourraient également être appuyées par des perspectives de coopération et
de partenariat dans un cadre bilatéral.

374
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
375
C’est le Cadre d’Evaluation du Développement des Nations Unies.
376
Le Programme Sud : « Renforcer la réforme démocratique dans les pays du voisinage
méridional » est un programme financé par l’Union Européenne et mis en œuvre par le
Conseil de l’Europe.
377
Middle East and North Africa –Organisation for Economic and Cooperation
Development

395
Ceci étant, « les objectifs spécifiques de cette stratégie seraient d’apporter des
réponses effectives et communes pour améliorer la performance de l’administration
publique, faire face à la mauvaise gouvernance et à la corruption et consacrer les
principes de BG à travers particulièrement les mécanismes et dispositifs qui se
rapportent aux quatre axes principaux suivants :
Tout d’abord, le premier axe vise à garantir la cohérence et l’effectivité
juridiques et institutionnelles de la gouvernance et de la lutte contre la
corruption à travers les actions qui s’identifient notamment comme suit :
En premier lieu, il s’agit d’établir un cadre juridique cohérent sur les deux plans
global et sectoriel pour la Lutte Contre la Corruption et de procéder progressivement à
la décentralisation dans l’optique de renforcer la crédibilité, la représentativité, la
légitimité, la responsabilisation et l’imputabilité au niveau institutionnel afin de créer
une dynamique de gouvernance à multi-niveaux.
En second lieu, il serait nécessaire de mettre en place des dispositifs de
renforcement de la spécialisation, d’indépendance et d’expertise dans le montage
institutionnel de la Lutte Contre la Corruption notamment en ce qui concerne les
structures chargées de l’investigation et de l’analyse des risques quant aux actes
susceptibles d’être corruptibles et incriminables (instance nationale, juridiction dédiée,
commissions spécialisées)d’une part.
D’autre part, il parait également indispensable de développer et
d’institutionnaliser le métier et la fonction de la détection, de la gestion, d’analyse et
d’évaluation des risques et des menaces de la corruption.
Ensuite, le deuxième axe vise à assurer la transparence et la méritocratie dans
le processus de la performance publique à travers particulièrement les démarches
suivantes:
Premièrement, il s’avère nécessaire d’assurer l’effectivité des dispositifs et
instruments d’évaluation, de suivi et de redevabilité dans tous les processus de la
gestion publique d’un côté et de mieux orienter la fonction de contrôle vers une
nouvelle formule plus effective et plus transparente basée sur la mesure des actes et
des processus en se référant à la conformité, à l’opportunité et à la performance de
l’autre.

396
Deuxièmement, il demeure ainsi essentiel de valoriser et de garantir le
positionnement, l’adhésion et la contribution des ressources humaines dans les deux
secteurs public et privé en tant qu’acteur principal dans les processus décisionnels et
dans la création de la valeur ajoutée par rapport à la prestation des services publics.
Ceci étant, cette tendance permettrait, en l’occurrence, de développer le sens
d’appartenance et de participation chez toutes les catégories du capital humain dans les
deux secteurs public et privé.
Troisièmement, il serait également fondamental de développer des normes, des
dispositifs et des critères objectifs et efficaces de mesure de la performance
individuelle et collective dans l’Administration Publique d’un côté et de développer
les mesures et les dispositifs nécessaires pour la mise en place d’un mangement
efficace et efficient notamment dans l’objectif de réduction des charges et des
dépenses publiques de l’autre.
Quatrièmement, il est pareillement question de développer et de généraliser les
mécanismes de la systématisation de la gestion par résultat en termes d’une approche
basée sur les processus, alimentée par l’anticipation et la prédisposition et animée par
la responsabilisation, l’évaluation et la redevabilité et ce, afin de garantir aussi bien la
transparence que l’évaluation systémique et continue et réduire ainsi les vulnérabilités
et les risques de corruption ou de la mauvaise gouvernance.
Ceci étant, la tendance de mise en place d’un système basé sur les résultats
nécessite, au préalable de développer les compétences individuelles et
organisationnelles de prospective et d’anticipation non seulement au sein des
structures publiques, mais également au niveau des représentants de la société et de
tous les Acteurs Non Gouvernementaux afin de mieux se préparer et mettre les garde-
fous nécessaires pour réduire les menaces de corruption ou de mauvaise gouvernance.
Puis, le troisième axe tend à valoriser la participation et la vigilance citoyenne
à travers, principalement, les actions suivantes:
D’une part, force est d’admettre qu’il paraît essentiel de créer un système et une
dynamique de veille et de vigilance à travers la participation active de tous les Acteurs
Non Gouvernementaux (ONG, Société Civile, partis politiques, citoyen, médias…)
afin de contribuer effectivement dans l’identification, le suivi et le contrôle des
menaces, des vulnérabilités et des actes qui offensent tous les principes relatifs aux
droits de l’homme, à la transparence, à l’intégrité, à l’équité, etc.

397
En effet, l’alimentation de cette vigilance citoyenne pourrait être assurée à travers
une reconnaissance et une authentification des propositions d’approvisionnement et
d’actualisation de la cartographie des risques de corruption et de mauvaise
gouvernance, ce qui nécessite l’établissement des garanties et des précautions
juridiques et institutionnelles indispensables pour encourager la divulgation, protéger
les lanceurs d’alerte et institutionnaliser les systèmes de dénonciation des actes de
corruption dans les deux secteurs public et privé d’un côté.
La mise en place des espaces de dialogue et d’échange permanents et communs
entre acteurs publics et privés pourraient permettre également d’assurer cette
implication et cette adhésion des acteurs non étatiques dans cette perspective de
vigilance de l’autre.
D’autre part, il paraît également fondamental de développer des actions de
sensibilisation quant aux différentes catégories possibles de la corruption ainsi qu’aux
dangers du phénomène, aux effets et aux impacts sur la société qui mettraient en
question les valeurs de la famille et de l’humanité.
Ceci étant, l’obligation de se prémunir efficacement et effectivement contre la
corruption et la mauvaise gouvernance nécessite encore de développer une culture de
prévention et de dénonciation en tant que devoir de citoyenneté et un engagement
spontané du contrat social, de renforcer les moyens de participation dans la vie
politique et publique et de faire adhérer systématiquement les composantes de la
société civile dans la conception et le pilotage des politiques et programmes publics et
ce, dans une logique de partenariat plutôt que de participation.
Par ailleurs, le devoir de vigilance suivant une approche intégrée devrait
également prévoir l’établissement d’un système de spécialisation, de sectorisation et
de régionalisation dans le domaine de la presse et des médias et des autres canaux de
communication publique et privée.
La compétence d’investigation chez les journalistes demeure, par conséquent, un
secteur préalable d’investissement pour un système de prévention de la mauvaise
gouvernance.
Enfin, le quatrième axe se rapporte à la consécration effective de la dimension
préventive de la mauvaise gouvernance et de la corruption et ce, à travers les
mesures principales suivantes :

398
Aussitôt, il s’agit impérativement d’établir, d’une manière effective, des
mécanismes d’évaluation de la performance des politiques et programmes publics
(Indicateurs de mesure, suivi, auto-évaluation, audit, contrôle de gestion, etc.).
Ceci étant, la normalisation basée sur la conformité demeure non seulement une
opportunité mais également un impératif pour des systèmes de gouvernance qui
auraient la tendance vers l’amélioration continue au regard des principes et des
fondamentaux de la BG.
La certification selon les standards de reconnaissance internationale et
l’engagement de conformité y afférents apporteraient des réponses favorables pour
asseoir un environnement adéquat de prévention de la mauvaise gouvernance.
Par ailleurs, la réingénierie des systèmes de contrôle dans l’optique du
renforcement des mécanismes assurerait l’indépendance, la cohérence des
interventions et la pertinence des missions dans une logique aussi bien de vérification
que de mesure par rapport à des référentiels qui engagent indissociablement
l’imputabilité, la performance et la confiance.
Ainsi, l’instauration et la diffusion effectives de la culture d’intégrité, de
transparence et de redevabilité nécessite l’établissement d’un système de
responsabilisation et d’imputabilité pour tous les niveaux d’engagement liés aux
différents processus et aux divers procédés de l’action publique.
Ceci étant, cette stratégie couvrirait la période de quatre années avec une
démarche de concrétisation progressive suivant un plan d’action annuel au titre de
chaque année d’exécution.
Tout en sachant qu’une stratégie devrait s’accompagner d’un plan d’action, il
s’avère opportun de présenter, ci-dessous, un exemple qui pourrait illustrer ce
cheminement d’action de la Gouvernance et de la Lutte Contre la Corruption en
Tunisie par rapport aux postulats stratégiques susmentionnés ».378

378
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

399
Un Plan d’action pour la BG et la lutte contre la corruption en Tunisie
Agenda de suivi au titre de l’année N379
Mesures Exécution
Premier trimestre
Etude et Analyse de tout l’arsenal juridique et
institutionnel relatif à la LCC et préparation des
1èreMesure
dispositifs nécessaires à son développement
conjointement avec les propositions émanant de toutes
les parties prenantes + publication du rapport définitif.

Elaboration du rapport du mécanisme d’examen de


2ème Mesure
l’UNCAC (chapitre II –mesures préventives et
chapitre V-recouvrement des avoirs).

3ème Mesure Préparation du Code de la BG dans l’Administration


Publique.

4ème Mesure Adoption et mise en application du Référentiel


National Tunisien de la Gouvernance.
Deuxième trimestre
Organisation d’au moins 3 Conférences
5ème Mesure
Internationales en matière de GLCC avec la
participation de tous les acteurs et parties prenantes.

Création d’un programme d’éducation secondaire et


6ème Mesure
supérieur en matière de BG et de LCC.

Troisième trimestre
Préparation de la Cartographie Nationale et
7ème Mesure
Sectorielle des risques et vulnérabilité en concertation
avec tous les acteurs et les parties prenantes.

8ème Mesure Préparation d’une première batterie d’Indicateurs


Nationaux de Mesure de la Performance Publique.
Quatrième trimestre
9ème Mesure Adoption de la Publication Périodique des Rapports
des corps de contrôle général (CGSP-CGF-CGDE)380.

10ème Mesure Mise en place d’un système obligatoire de redevabilité


des dirigeants publics
11ème Mesure
Mise en œuvre du code de l’achat public en Tunisie.

Identification du profil et institutionnalisation du métier


12ème Mesure de détection, de la gestion, de l’analyse et de
l’évaluation des risques et des menaces de la
corruption.

Elaboration du mécanisme de l’Evaluation/la révision


13ème Mesure
des Politiques Publiques et préparation des dispositifs
nécessaires de mise en application effective.

379
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage. Il s’agit d’un essai de conceptualisation d’une
stratégie de bonne gouvernance et d’un plan d’action en Tunisie préparé en novembre 2012.
380
Contrôle Général des Services Publics, Contrôle Général des Finances et Contrôle
Général des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières.

400
b. Section deuxième : L’apprentissage collectif se substitue au
processus recommandé.

Au lieu d’essayer d’évaluer les principes et les valeurs de la BG, il est du ressort
d’une analyse plus proche de la pratique des relations interétatiques et des rapports
établis entre États et OI, d’évaluer les comportements de ceux-ci, ce qui représente en
tant que tel une recherche à la fois intrinsèque et contingente de l’essence de la
gouvernance.
« Les Organisations Internationales et les États illustrés en administration et
ensemble de systèmes (économique, social…) représentant 3 blocs de compétences.
D’abord, il s’agit des normes, qui comportent toutes les règles et les dispositifs
aussi bien de réglementation que d’actes et de comportements
Ensuite, ce sont les pouvoirs, en constituant un ensemble d’éléments
institutionnels, procéduraux et décisionnels, qui conjuguent, simultanément, autorité et
responsabilité qui se décline, évidement, en plusieurs niveaux, secteurs, dimensions et
fonctions.
Enfin, les politiques demeurent une chaine qui se compose de plusieurs maillons
englobant à la fois toutes les ressources disponibles et potentiellement récupérables,
les aptitudes et les dispositions nécessaires et les processus adéquats et appropriés à la
conduite de ces politiques.
Par ailleurs, la pyramide de la gouvernance inversée ayant trait à la
structuration hégémonique ou du moins verticalement échafaudée, doublement
illustrée à travers les rapports qui lient aussi bien les OI aux États que l’État aux
représentations infra-étatiques ayant statué au travers d’un ensemble de faits, d’actes,
de réactions générées par l’interconnexion et l’intercommunalité, dénoterait une
limitation des champs d’intervention attribués ou autoproclamés par les OI.

401
Ce mouvement générerait également une expansion des domaines de compétences
qui échappent au contrôle des gouvernants, à la bureaucratie administrative et aux
enjeux et intérêts d’ordre politique et économique ce qui est en partie expliqué par une
montée fulgurante des mouvements d’indignation et de contre-pouvoirs afin de
changer les modes de gouvernance nationaux et internationaux.
En effet, cette nouvelle impulsion, cherchant à équilibrer ou basculer le rythme
d’attribution des pouvoirs et générer un partage modéré des compétences, se
manifeste, particulièrement, à travers des initiatives émanant d’autres intervenants et
d’autres acteurs non-gouvernementaux qui se positionnent de plus en plus dans la
configuration institutionnelle et politique aussi bien des États que des Organisations
Internationales ».381
C’est dans cette perspective de transformation que les OI tout comme les États
devraient prendre en considération la nouvelle configuration des pouvoirs avec un
intérêt particulier qui devrait être accordé à la consécration effective des dimensions
relatives au partage, à la transparence, à la responsabilisation, à la redevabilité, à la
confiance, à la légitimité et à la crédibilité (première sous-section) et ce, afin de
constituer une nouvelle disposition commune et collective aussi bien des procédés que
des garanties liés à une meilleure gouvernance (deuxième sous-section).

381
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

402
Sous-section première : Les préalables envisageables pour dynamiser un
apprentissage collectif d’une meilleure gouvernance.

Il s’agit de deux préalables nécessaires et essentiels se rapportant à


l’institutionnalisation du processus de développement de la BG (paragraphe premier)
et à la promotion de la responsabilisation dans une approche commune et intégrée
(paragraphe deuxième).

Paragraphe premier : Institutionnalisation du processus de développement


de la bonne gouvernance.

Pour une nouvelle constitution basée sur l’unification des procédés autour d’un
objectif commun qui vise une meilleure gouvernance, les OI ainsi que tous les
gouvernants nationaux et infranationaux devraient prendre en compte « les enjeux
principaux qui auraient les dimensions suivantes, ainsi conçues et conceptualisées sur
la base de mes recherches.
Enjeux stratégiques, qui engageraient l’insistance sur l’établissement d’une
vision qui soit plus dynamique avec des objectifs qui répondent aussi bien à
l’anticipation qu’à l’ambition tout en étudiant suffisamment et efficacement les effets,
les impacts, les scénarios, les variables et les facteurs qui auraient engagé des
possibilités de correction et d’amélioration.
En effet, la conduite des recommandations, des orientations, des conseils, de
l’expertise, etc. qui constituent les procédés principaux d’accompagnement tels que
déployés par les OI afin de consacrer le respect et l’application des principes de la BG
au niveau régional, national et infranational, gagne à adopter une nouvelle démarche
qui mettrait en relief toutes ces considérations qui, in fine, tendent à consacrer un
partager des responsabilités entre tous les intervenants nationaux et internationaux,
acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux et sortir d’une configuration de
conseil et d’orientation vers une dynamique de partage des responsabilités et
d’engagement mutuel pour un objectif commun.

403
Enjeux moraux et comportementaux, qui indiquent aux OI la nécessité de
revoir la manière et les modes de gouvernance aussi bien au niveau interne en ce qui
concerne les champs de compétences attribuées aux différents organes qu’externe en
ce qui est en rapport avec les autres niveaux de gouvernance régionaux, nationaux et
infranationaux.
En effet, l’aspect comportemental intéresserait plusieurs dimensions notamment
celles relatives à une transformation au niveau de l’image des relations internationales
et du rôle des Organismes internationaux qui prétend être bien gouverné et sollicite par
conséquent l’appropriation des bonnes manières de gouverner auprès des Etas et de
tous les acteurs de gouvernance.
Cette transformation pourrait avoir la configuration ci-après, telle qu’elle fait
partie des conceptualisations des résultats de mes recherches en la matière, suivant
laquelle un cheminement progressif vers l’appropriation des comportements
exemplaires pour une meilleure gouvernance devrait être établi dans une dynamique
de mutation d’une optique de préfiguration à celle mettant en exergue l’appropriation
des comportements exemplaires.
382
L’appropriation des comportements exemplaires pour une meilleure gouvernance

De la préfiguration (attributs À l’appropriation des comportements


supposés) exemplaires (attributs souhaités)
Déni des rôles et indifférence par Reconnaissance mutuelle des rôles et
rapport aux missions appréciation consensuelle des missions
Absence de confiance. Confiance, honnêteté, stabilité, probité, loyauté,
droiture
Application bornée de la Viser la performance, l’efficacité tout en
réglementation. reposant les actes sur la justice et l’égalité
Contrôle, jugement de comptes, Evaluation, auto-révision
questionnement, vérification.
Tâche, devoir, routine, Amélioration, développement, innovation,
coutume… intelligence,
Réglementation, moyens, Ressources, atouts, investissement
équipements.
Cibles Objectifs, processus, effets, impact …
Actes et activités non corrélés- Politiques publiques, projets, programmes,
incohérence. stratégies, interdépendance
Individualité, confidentialité, Collégialité, participation, appartenance,
isolement. appropriation, partage
Aléatoire, réaction, menace. Anticipation, interaction, opportunité,
apprentissage.

382
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

404
Enjeux relatifs aux ressources et aptitudes nécessaires au développement de
la confiance, enjeux juridiques, enjeux institutionnels, enjeux techniques, enjeux
informationnels et communicationnels, qui exigent auprès des Organisations
Internationales une transformation vers plus d’implication, plus d’engagement, plus de
transparence, plus d’imputabilité et plus de redevabilité.
Par ailleurs, quelques interrogations méritent d’être signalées concernant les
dimensions institutionnelles, juridiques et comportementales tout en notant que la
locomotive et le leitmotiv de ces dimensions s’illustrent notamment à travers les
principes relatifs à la conscience, à la confiance, à la responsabilité, à l’exemplarité, à
la redevabilité et à l’imputabilité, à l’intégrité, à la transparence et à la probité.
Ceci étant, toutes ces dimensions et l’ensemble de ces principes devraient être
conduits pour chaque niveau de gouvernance international, interrégional, régional,
national et infranational et ce, dans une configuration qui répond aux spécificités
institutionnelles et juridiques de chaque contexte et de chaque aspect.
Il est certes, notable de traduire ces dimensions en axes qui définiraient au mieux
les particularités de chacune d’elles mais, il pourrait être plus intéressant d’identifier
ces spécificités en fonction d’un ensemble d’objectifs qui se conforment par rapport à
une approche de concrétisation, une méthodologie participative et une démarche
permettant ainsi de mieux identifier les mécanismes et dispositifs liés à la valorisation
de l’éthique et des comportements exemplaires.
En effet, cette valorisation pourrait fonctionner dans l’Administration Publique de
chaque niveau de gouvernance pour mieux connaître les meilleures expériences et les
bonnes pratiques, pour mettre en évidence les mécanismes d’adaptation entre la
performance et la manière de gouvernance et pour mieux illustrer la convergence entre
les valeurs reconnues et les comportements souhaités.
D’où, afin d’institutionnaliser cette approche et de développer ces pratiques de
BG, il paraît soutenable de préciser que les Organisations Internationales devraient
instaurer des démarches appropriées afin de répondre à l’ensemble des questions qui
surgiraient.

405
En effet, en premier lieu, ces questions se rapportent, particulièrement, aux
aspects relatifs à la valeur juridique s’agissant, d’une part, des caractères obligatoires
et contraignants des normes et règles se rapportant aux domaines de la BG et de la
qualification de l’engagement des acteurs concernés en termes de transposition et
d’application de l’autre, qui nécessiteraient davantage une instauration de dispositifs
d’implication ayant, notamment, trait à la prévention de la mauvaise gouvernance
plutôt qu’à la conformité aux prescriptions de vérification.
En deuxième lieu, il s’agit du contenu de la norme qui nécessiterait une approche
de processus ayant trait à la pérennisation, à la revue, à l’actualisation, au suivi
d’application, à l’auto-responsabilisation et à l’engagement de tous les intervenants et
de tous les acteurs de gouvernance concernés en termes d’applicabilité et
d’interprétation de la règle et ce, étant donné que la nature comportementale de ces
normes nécessiterait une compatibilité et une appropriation.
En troisième lieu, il s’agit de prévoir un ensemble de dispositifs qui assureraient
l’efficacité et l’effectivité de la norme elle-même, de la gouvernance de rédaction et de
conception de la norme de la BG s’agissant de la raison d’être et de la performance de
la norme ce qui nécessiterait non seulement un renforcement des mécanismes
particuliers d’évaluation et de mesure de cette performance, mais également une
identification pertinente du périmètre d’attention, des domaines d’application, de la
catégorisation et de la sectorisation qui dépendraient de l’existence de caractéristiques
et de spécificités à prendre en considération afin d’assurer la convergence et
l’applicabilité.
En dernier lieu, il s’agit de procéder à l’identification d’un certain nombre de
dispositifs permettant la signalisation des rôles des acteurs concernés dans le processus
d’institutionnalisation et de normalisation des règles de BG et ce, afin d’assurer
l’achèvement des raisons d’être de ces normes et d’éviter leur mauvaise gouvernance
en ce qui concerne, en particulier, les questions relatives à l’implémentation, à
l’arbitrage, à l’interprétation, au suivi, à l’évaluation et à l’actualisation.
Ceci étant, les rôles des Acteurs Non Gouvernementaux devraient être renforcés
en institutionnalisant la participation de ces acteurs dans l’objectif de promotion des
principes de BG.

406
Cette institutionnalisation devrait être accompagnée par la considération des actes
et actions de nature civile entrepris dans les divers secteurs tout en s’indexant
particulièrement à la prévention de la mauvaise gouvernance et de la corruption, au
suivi et à l’évaluation des comportements des gouvernants et des institutions
représentant les pouvoirs publics, à la reconnaissance des comportements exemplaires,
à l’indignation des comportements immoraux et à la détection des mauvais
comportements.
Ainsi, la dynamique de généralisation, de promotion et de reconnaissance de
bonnes pratiques ayant trait à la BG, de détection, de signalement et de dénonciation
des actes de mauvaise gouvernance telles que générés par les médias, devrait être
valoriser dans le processus de normalisation internationale en la matière.
D’où, il demeure judicieux, dans le cadre de la normalisation internationale ayant
trait aux différents secteurs de la BG, d’identifier des nouveaux mécanismes
juridictionnels en termes de détection, d’incrimination et éventuellement de répression
des comportements de mauvaise gouvernance des gouvernants nationaux et
infranationaux.
Par ailleurs, quelques indicateurs et critères de qualification de la Gouvernance
par rapport à l’intervention internationale pourraient se configurer comme suit :
D'abord, au niveau du pilotage et de positionnement de l’intervention dans les
projets et programmes de coopération, la démarche devrait être menée suivant un
processus conjointement piloté avec les parties prenantes gouvernementales et non
gouvernementales et ce, en termes de reconnaissance des besoins réels, des aspirations
et attentes, de programmation, de l’exécution, de réseautage, de communication,
d’évaluation, d’accompagnement et de coordination.
Ensuite, au niveau de l’identification et de la priorisation des actions et ce, en
indexation par rapport au degré d’implication des acteurs nationaux, aux modes et aux
processus d’appropriation, à la coordination avec les autres projets et les autres acteurs
internationaux intervenants.
Puis, l’attention devrait être accordée davantage et d’une façon plus responsable et
plus efficace quant à l’évaluation des résultats, à la mesure des effets et des impacts, à
la mesure de la performance sectorielle, institutionnelle et éventuellement politique
(leadership administratif, politique et technique quant au pilotage directe des projets et
des programmes).

407
Enfin, les Organisations Internationales devraient dynamiser une vision plus
structurée quant au respect des contextes nationaux, des défis et des priorités d’ordre
infranational et ce, suivant des démarches qui mettent en exergue la décentralisation
des projets, l’adaptation et le rééquilibrage par rapport aux conjonctures nationales,
régionales et internationales se rapportant aux crises, aux changements structurels, aux
transitions politiques, aux mouvements de démocratisation, d’idéologisation, aux plans
de restructuration ou de régulation politique, à la prise en considération des situations
caractérisées par la volatilité des systèmes, à l’interdépendance (économique/politique/
sociale) et à l’interdisciplinarité.
Ceci étant, la conception des solutions devrait être pilotée dans une dynamique de
responsabilisation mutuelle, de reddition de comptes (résultat/objectifs/ financement),
de neutralité et d’impartialité (économique, politique, financière) dans le choix des
partenaires et la définition des bénéficiaires (critères et indicateurs, classification…)
notamment, en termes de gestion des dettes, des prés, des dons, de conditionnement
d’aides, de conflits, d’arbitrage, d’alignement, de la régionalisation des projets, de
l’équilibrage thématiques et sectoriel et de dépolitisation.
Par ailleurs, la catégorisation de l’intervention internationale devrait se
caractériser par l’effectivité.
Ainsi, la manière d’intervenir devrait être plus équilibrée en termes de régulation,
de coordination et de ciblage par rapport aux différents niveaux de gouvernance liés
aux diverses formes de vision ayant trait à l’universalisme au régionalisme, au
polarisation au nationalisme et à l’infra-nationalisme afin d’adopter une démarche
d’interdépendance et de complémentarité au lieu d’encourager une situation de
concurrence des systèmes et ce, en mettant en exergue la complémentarité entre la
souveraineté et l’intervention et ne pas se focaliser sur la justification de l’ingérence.
En outre, force est de constater que l’éclatement conceptuel de la notion de
gouvernance nécessite une exploration des champs de création qui alimentent ce
processus collectif de Gouvernance Collaborative.
En effet, à travers un essai d’illustration aussi bien conceptuelle que substantielle,
le développement semble mériter d’être un témoignage inévitable qui s’avère conduire
à justifier l’action de repenser la manière tant de gouverner que de recommander la
BG chez les OI.

408
Ainsi, l’essai suivant sur un cheminement de transformation de la gouvernance,
conçu intégralement sur la base de mes recherches en la matière, pourrait présenter un
échantillon de ce témoignage.

La gouvernance se métamorphose : significations multiples et fragmentation démesurée383


La Gouvernance se développe

Multidimensionnelle Multisectorielle Multi-domaine

Multi-intervenant Multipartenaire Multifonctionnelle

Multi-temps Multiniveau

D’où, la signification du concept multi, tel qu’illustré dans la configuration


précédente, désigne un cumul approprié de l’ensemble des différentes acceptions
incorporées dans cette multitude de perception qui justifie et démontre cette extension
qui ne cesse de caractériser le développement de la gouvernance.
Par ailleurs, il s’avère opportun d’apporter quelques précisions supplémentaires
qui pourraient réunir d’autres significations qui caractérisent en quelques sortes une
étendue aussi bien diversifiée qu’évolutive de la notion de la gouvernance tout en
signalant les particularités suivantes.
D’abord, un essai sur l’identification des principales catégories de la
gouvernance qui s’aligne à une gouvernance cumulée pourrait s’identifier comme
suit, tout en notant que toute cette configuration est conçue et conceptualisée
intégralement sur la base de mes recherches en la matière.

383
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

409
Premièrement, la Gouvernance institutionnelle qui se constate et se mesure, par
rapport à la constitutionnalisation du partage et de la répartition des pouvoirs publics, à
la décentralisation, à la responsabilisation et à la subsidiarité, à la spécialisation
(création d’agences spécialisées), à l’évaluation et à la remise en cause continuelle
quant aux différents mécanismes et dispositifs relatifs à la mesure de la performance
collective et individuelle des pouvoirs publics et politiques.
Deuxièmement, il s’agit de la Gouvernance managériale qui se situe, d’une part,
au niveau stratégique tout en engageant les fonctions et les métiers du leadership, de
la planification et de l’anticipation.
D’autre part, elle se place au niveau opérationnel qui engage les systèmes de la
fonction publique qui se caractérise par la tendance accrue dans les pays développés à
fusionner les deux systèmes de carrière et d’emploi, la gestion par objectifs et le
management axé sur les résultats, la rationalisation des dépenses publiques, les modes
de suivi et d’évaluation des méthodes de travail.
Troisièmement, la Gouvernance comportementale qui conjugue l’éthique et les
valeurs, s’identifie aux comportements institutionnels, collectifs (Public/Privé) et
individuels.
Quatrièmement, la Gouvernance juridique qui indique qu’une attention devrait
être accordée particulièrement à l’harmonisation et à la cohérence aussi bien interne
par rapport aux normes nationales qu’externes par rapport aux standards
internationaux.
En effet, la simplification et la rationalisation de la réglementation en ce qui
concerne tant la forme que le fond visent essentiellement à éviter les contradictions,
les redondances et les chevauchements, à instituer une législation plus cohérente et à
améliorer la clarté et l’intelligibilité des textes juridiques.
Ceci étant indiqué, il demeure capital de se doter d’une expertise appropriée qui
permet notamment d’évaluer le rendement des projets des textes juridiques, d’analyser
l’impact des projets, d’étudier, d’évaluer et de réviser la législation existante pour
permettre un allégement juridique, de garantir une communication interactive entre
tous les intervenants en cas de nécessité ou de consultation et d’établir un réseautage
au niveau de tous les intervenants (exécutif, législatif, corps de contrôle et organes de
consultation).

410
Par ailleurs, l’analyse d’impact de la réglementation constitue une dimension
pratique recommandée par plusieurs OI afin de garantir cette gouvernance juridique.
Cinquièmement, il s’agit de la Gouvernance communicationnelle qui repose sur
une logique de système et une approche participative tout en engageant le partage, la
diffusion, la mesure des attentes, l’usage de mécanismes d’évaluation et
d’appréciation, la représentativité et ce, à travers tous les dispositifs
communicationnels possibles qui s’ajustent à la communication publique et privée
aussi bien formelle qu’informelle.
Sixièmement, la Gouvernance multi-niveaux s’identifie non seulement au
niveau international en associant les dimensions universelles, interrégionales,
régionales et sous-régionales, mais également au niveau national qui se conjugue
indifféremment à des pondérations centrales, décentralisées, déconcentrées et locales.
Septièmement, la Gouvernance multi-secteurs concerne les diverses
configurations possibles publique, privée, économique, politique, sociale, culturelle,
etc.
Huitièmement, la Gouvernance multi-acteurs englobe d’une part, les acteurs
Gouvernementaux, intergouvernementaux et d’autre part, les autres catégories
d’acteurs Non-étatiques, qui, en dépit de leur émergence assez récente, occupent
progressivement et avec confirmation institutionnelle un positionnement concurrentiel
dans le paysage de la répartition traditionnelle des pouvoirs.
Il s’agit en l’occurrence des Autorités Publiques Indépendantes qui occupent
généralement un rang constitutionnel similaire aux autres pouvoirs notamment en
termes d’indépendance et d’autonomie, les Organisations de la Société Civile et le
Citoyen.
Neuvièmement, une autre catégorie de la gouvernance concerne la Gouvernance
multidisciplinaire qui s’identifie aussi bien aux disciplines juridique et managériale
qu’aux sciences de nature politique, administrative, sociale, économique, etc.
Dixièmement, il s’agit de la Gouvernance de transition qui est liée
essentiellement à une logique de transformation qui se ressource en quête de
démocratisation.

411
En effet, les mouvements et les dynamiques de changements de nature politique,
constitutionnelle, économique, culturelle, administrative, etc. prennent souvent un
avantage conjoncturel et temporel d’un ensemble d’événements qui, malgré leur
manifestation aussi bien ordonnée que désordonnée, produiraient des effets et des
impacts.
Onzièmement, la Gouvernance multidimensionnelle pourrait revêtir d’une part
la dimension préventive afin de réduire la mauvaise gouvernance et éviter ou faire
face aux facteurs d’influence et d’autre part, elle pourrait être créative, d’anticipation,
d’innovation, de dissuasion et de persuasion.
Douzièmement, la gouvernance est multifonctionnelle, étant donné qu’elle est
basée sur l’observation, la constatation, le contrôle, la supervision, l’audit,
l’inspection, la vérification, la mesure, le suivi et l’évaluation.
Treizièmement, la gouvernance est multi-domaine puisqu’elle pourrait
concerner les marchés publics, l’investissement, l’Aide Publique au Développement,
les finances publiques, la prévention de la corruption, etc.
Quatorzièmement, la gouvernance est multi-temporelle et ce, en partant du
constat qu’elle pourrait considérer le court terme, le moyen terme, le long terme, le
Passé, le Présent, le Future et le Conditionnel.
Quinzièmement, la gouvernance est multifactorielle, car les résultats atteints en
termes de produits, effets et impact s’expliquent, entre autres, par l’existence de
facteurs.
En effet, le niveau d’influence de ces facteurs et la considération qui pourrait leur
être accordée en termes d’explication et d’argumentation dépendent du périmètre
d’intervention, du sujet qui gouverne ou qui est appelé à mieux gouverner, des
changements éventuels et des rapports de gouvernance entre les acteurs concernés.
La spécificité de cette argumentation liée au secteur de la gouvernance réside dans
la prise en considération de plusieurs facteurs.

412
Les formes de gouvernance, telles que signalées et identifiées dans la sphère
économique, les nouveaux modes de gouvernance qui se réinventent et se multiplient
en fonction du contexte font également surgir non seulement le besoin de repenser la
cartographie des intervenants et des acteurs, mais aussi une obligation de repenser la
manière de concevoir les politiques de gouvernance et ce, en fonction de cette
constatation renouvelée des facteurs qui auraient l’influence et l’argumentation des
actes de gouvernance.
Ensuite, d’autres formes exploratoires pourraient être identifiées dans la
gouvernance pressentie qui signifie la représentation d’un objectif assimilé et d’un
résultat inopiné, la gouvernance prévue, qui désigne l’identification d’un objectif
d’ores et déjà inscrit, d’un résultat prévisible et d’un ensemble d’actions attendues, la
gouvernance tangible, qui notifie la reconnaissance d’un objectif assimilé, d’un
ensemble d’actions programmées et de produits accessibles et la gouvernance
souhaitée, qui indique l’exploration d’un objectif assimilé, d’un processus d’actions
programmées, d’un ensemble d’actions prévues, d’un effet étudié et d’un impact
conçu au préalable ».384

384
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

413
Paragraphe deuxième : Les fondements et les caractéristiques essentiels de la
responsabilisation.

Non seulement les Organisations Internationales, mais également les autres


acteurs de la gouvernance aussi bien nationaux qu’infranationaux devraient prendre en
considération « les dynamiques de valorisation de la responsabilité en tant que
système de garanties qui repose sur l’équilibre entre légitimité et confiance d’un côté
et vigilance et redevabilité de l’autre.
L’obligation redditionnelle constitue un fondement capital pour que la BG se
légitime en tant que processus intégré qui engage plusieurs acteurs dans une
dynamique de pouvoir, de contre pouvoir, de performance, de prestation, de suivi et
d’évaluation, de confiance et de vigilance qui se forment pour créer une garantie de
pérennisation d’un processus de veille et de prospective qui tend à consacrer une
meilleure gouvernance.
En effet, cette veille serait attribuée à une conformité afin de s’assurer de la bonne
gestion des deniers publics, de l’optimisation de l’ensemble des ressources, de la
bonne application du droit, de la bonne rédaction de la loi, de la prise de la bonne
décision, d’identifier et de prioriser les meilleurs choix, de mériter la légitimité et de
valoriser la représentativité et la confiance.
Le passage de la légalité de prestation des services au précepte de la
conscience collective à travers la recherche inépuisable de l’innovation et la pensée
prospective inexhaustible, exigerait un ensemble d’aptitudes juridiques et
institutionnelles qui seraient requises pour renforcer le cheminement vers la bonne
gouvernance.
Ces exigences s’identifient par rapport à un cadre juridique adéquat, à la
consécration effective et continue des principes fondamentaux de la bonne
gouvernance, au fait de s’assurer de l’existence d’un système qui valorise la
transparence, l’intégrité, la probité et le renforcement de la responsabilisation.

414
Ces exigences se rapportent également à l’imputabilité, à la reddition des
comptes, au développement de structures appropriées pour la coordination comprenant
conseils nationaux, dispositifs de conférence et de dialogue régionaux et locaux,
centres d’analyse et d’évaluation des politiques, laboratoires de veille et de
prospective et à l’établissement de mécanismes d’équilibrage institutionnel et de
contre pouvoir.
D’autres nécessités s’identifient par rapport à l’anticipation, à l’apprentissage et à
la sensibilisation, à la vigilance, à un environnement politique modéré caractérisé par
le consensus, la négociation, le compromis, la pluralité, la reddition des comptes dans
une dynamique d’amélioration continue et d’auto-révision et à prévoir des garanties
constitutionnelles pour l’indépendance, la spécialisation et la répartition efficace des
pouvoirs.
A côté de ces exigences juridiques et institutionnelles, un ensemble d’aptitudes et
d’habilités techniques et fonctionnelles seraient également requises pour renforcer le
cheminement vers la bonne gouvernance.
En effet, ces caractéristiques d’ordre technique et fonctionnel, s’identifient par
rapport à un ensemble de savoirs et un groupement d’exigences opérationnelles.
En ce qui concerne, les savoirs, il demeure nécessaire de noter que pour
s’acheminer vers la BG, un système ou un dirigeant devrait avoir les aptitudes de
savoir liées notamment aux configurations suivantes.
Tout d’abord, il s’agit de l’identification des objectifs en fonction d’une vision
claire et des stratégies temporelles, des choix et des alternatives.
Par conséquent, la planification et la programmation devraient s’acheminer tout
en ciblant l’important et le prioritaire, en se préparant et en anticipant en fonction de la
répartition temporelle de qualification liée à court, à moyen et à long terme.
Ensuite, il demeure indispensable d’avoir un paramétrage de structuration de
l’action qui reposerait sur une cartographie des risques non seulement sectorielle mais
également géographique et liée aux diverses configurations de positionnement
géopolitique.
Puis, il est également du ressort de l’importance d’avoir des aptitudes
communicationnelles notamment pendant les périodes de crises en fonction des
éléments liés à l’espace, au temps, aux informations communicables et à
l’argumentation.

415
Ceci étant, il est impératif et du ressort des préalables essentiels d’avoir des
compétences appropriées en termes de conduite des études et des analyses statistiques
à travers des sondages et des enquêtes périodiques, multisectoriels, multi-catégories,
multi-acteurs et multi-niveaux avec une mise en exergue particulière des capacités
relatives à la qualification, à l’analyse et à l’interprétation des résultats et des données.
Enfin, il serait catégoriquement indispensable d’avoir des aptitudes toutes
particulières relatives à l’identification des dysfonctionnements, des vulnérabilités, des
aléas et des menaces liés à la mauvaise gouvernance.
Pour les aptitudes fonctionnelles, une structure ou un système de gouvernance
devrait s’attribuer des fonctions de prévention, de formation, de spécialisation
d’expertise, d’appropriation de l’innovation et de recherche des domaines novateurs
qui s’adaptent aux champs de l’ordre public et de l’intérêt général ainsi que de
prospection des nouvelles méthodes pour les maintenir, de valorisation des
comportements (codes, manuel, formation, sensibilisation…), d’avoir des dispositifs
de priorisation, de planification et de coordination selon les choix du plus pertinent et
du plus efficace, de responsabilisation et de délégation de pouvoir et de transfert de
compétences, de renforcement des procédés du suivi, d’audit, d’évaluation et de
mesure de la performance, de convergence et d’harmonie avec les références, les
standards et les visions développés à l’échelle régionale et internationale.
Ceci étant, les OI ainsi que les gouvernants nationaux et infranationaux devraient
s’approprier les principes de bonne gouvernance conformément à une cartographie des
méthodes et des démarches appropriées pour l’identification, la reconnaissance, la
valorisation et l’application ».385
En effet, les 9 principes, ci-dessous identifiés, tels que conçus et conceptualisés
sur la base de mes recherches, illustrent la cartographie générale de l’ensemble de ces
exigences.

385
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

416
Les 9 principes fondamentaux de la BG 386

Etat de droit
Légitimité Evaluation
Confiance Reddition des
Crédibilité comptes
Sécurité
Engagement Mesure
Equilibre mutuel
institutionnel + Participation
Les 9 principes Partage
Contre-pouvoir Garantie fondamentaux
de la bonne
gouvernance Appropriation
Vision + Appartenance
Prédisposition
Clarté Qualification
Anticipation et Responsabilisa
et aptitudes
Positionnement tion
Imputabilité
Intégrité-
Transparence Probité
Sagesse- Justice

Par ailleurs, les principales caractéristiques de la bonne gouvernance indiquées


ci-dessous,387 constituent, dans la même perspective, un champ extrêmement
important qui permettrait à tous les acteurs internationaux, nationaux et infranationaux
d’identifier une méthodologie d’accompagnement collectif et d’engagement mutuel
qui soit conjointement menée.
Tout d’abord, il s’agit de la transparence qui se traduit à travers les éléments
essentiels liés à la disponibilité des données, à l’accessibilité des informations
appropriées, à leur fiabilité.

386
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
387
Ibid.

417
Ceci étant, la dynamique qui se créée à travers la transparence s’identifie en une
interactivité entre l’émetteur et le récepteur qui repose sur un engagement et une
responsabilité qui s’établie selon des missions cohérentes et harmonieuses et en
fonction du degré de l’intelligibilité des procédures, des voies et des processus, des
garanties d’accès aux informations telles qu’assurées et d’un cautionnement d’une
communication spontanée.
En effet, cette dynamique demeure tributaire non seulement de la publication des
rapports établis aussi bien en fonction d’une auto-évaluation que reposant sur des actes
d’audit, de suivi et de vérification conduits par un acteur externe mais également de
l’usage automatique de la consultation tant interne qu’externe.
Ensuite, il s’agit de l’appropriation qui représente une caractéristique assez
particulière de la BG restant subséquemment liée à l’aspect pratique et
comportementale étant donné que l’évolution des significations de la gouvernance, de
ses acteurs, des actes illustratifs et des méthodes employées et demeure en parfaite
mutation qui nécessite l’adaptation, l’implication et l’engagement.
Puis, il est nécessaire de signaler que la BG se caractérise par la réceptivité et
l’écoute/« responsivité »388 qui désigne l’aptitude de responsabilisation et d’admettre
les deux obligations « l'obligation de s'expliquer » et « l'obligation de rendre
compte.389
Les deux concepts anglo-saxon successifs, « ANSWERABILIY »et
« RESPONSIVENESS » s’agissant de cette recherche infinie d’une meilleure réponse du
gouvernant au gouverné en tant que deux parties contractantes, traduiraient cet
équilibre entre engagement et responsabilité d’un côté et confiance et légitimité de
l’autre.

388
RESPONSIF, IVE. Adj. T. de Chancellerie. « Qui contient une réponse. Mémoire
responsif. Notice responsive. » Il s’agit d’une définition extraite du Dictionnaire de
l'Académie française, huitième édition (Version informatisée avec une collaboration entre
le Centre National de la Recherche Scientifique (C.N.R.S) et Analyse et Traitement de la
Langue Française (ATILF)
389
Le concept anglo-saxon « ANSWERABILIY » qui s’avère revêtir les sens adéquats en
ce qui concerne la responsabilité, la représentativité et le gage de légitimité.

418
D’où, cette relation contractuelle s’avère revêtir le sens et l’essence qui pourraient
motiver la volonté à négocier droits et obligations ou encore aspirations et attentes
d’un côté et possible et souhaitable de l’autre dans une acception qui se connecte à la
pensée prospective qui voulait elle-même et indéfiniment conjuguer le futur à partir du
présent.
Ainsi, l’objectif de traduire en pratique tous ces aspects contractuels toujours
négociés entre les gouvernants et les gouvernés, en termes d’une configuration de la
gouvernance la plus souhaitable, dénote la responsabilité non seulement d’admettre les
erreurs, mais également d’avoir la prédisposition à s’expliquer, à rendre compte et à
faire preuve de crédibilité, de confiance et d’honnêteté qui représenteraient les valeurs,
les préalables et les exigences fondamentales sur lesquels reposerait le parrainage en
responsabilité de la part de ceux qui ont accordé leurs voix en termes de
représentativité et en gage de légitimité.
En outre, il demeure indispensable au regard de l’aspect dynamique de la
gouvernance d’avoir une capacité d’adaptation, de disposition et de préparation par
rapport aux changements, aspirations et attentes exprimés ou latents des gouvernés.
De plus, la mesure de la performance multi-niveau et pluridisciplinaire des
gouvernants revient à établir un bon fonctionnement et à une valorisation des causes et
de l’essence de la confiance qui s’identifient à la justice, à l’équité, à l’égalité, à
l’effectivité, à la représentativité, à la probité, à l’intégrité, à la crédibilité et à la
légitimité.
Enfin, la reconnaissance réciproque entre les différents niveaux de la gouvernance
dans le but de constituer un environnement favorable à développer la créativité en
conjuguant innovation et recherche et en reposant l’action des gouvernants sur
l’exemplarité afin de satisfaire au mieux les exigences en performance suivant
l’effectivité et la manière connecteraient indissociablement l’autosatisfaction des
gouvernants eux-mêmes et les aspirations des gouvernés.
Ceci étant, la configuration selon laquelle l’auto-responsabilisation et l’auto-
évaluation s’identifient, conformément à la version anglaise, respectivement en SELF-
EMPOWERMENT et SELF-ASSESSMENT, se mesure à une complémentarité.

419
Par ailleurs, suivant une configuration substantielle et conjointement disposée de
la responsabilisation et de l’imputabilité d’un côté et de l’auto-évaluation et des
mécanismes redditionnels tout en se référant d’une façon globale à la redevabilité, il
s’avère qu’il existe deux phases principales de considération.
Il s’agit de la prédisposition interne et de la conformité externe qui pourraient
aboutir à une sommation d’harmonie et une preuve de tendance vers la Bonne
Gouvernance.
Ceci étant, la traduction de la prédisposition interne et de la conformité externe
pourrait constituer le meilleur témoignage de la pertinence aussi bien des choix que du
processus de pilotage des décisions dans tous ses aspects qui mènent à l’atteinte des
résultats les plus compatibles avec les objectifs et les aspirations tout en liant la
performance aux comportements exemplaires.
En effet, trois axes essentiels, tels que conçus et conceptualisés à partir de mes
recherches en la matière, pourraient illustrer le processus de dynamisation de la
prédisposition interne, qui s’interférent et se complètent en s’identifiant à la
progressivité de dynamisation de la prédisposition, à la théorie de l’interactivité et
à l’appropriation de la prédisposition.
En ce qui concerne le premier axe, s’agissant de la progressivité de dynamisation
de la prédisposition, une Organisation Internationale ou un acteur de gouvernance
national ou infranational devrait se doter d’un ensemble de mécanismes qui
permettraient de reconnaitre sa prédisposition ou sa détermination à se conformer aux
exigences d’une BG.
En effet, deux composantes essentielles, qui devraient se conduire d’une façon à
la fois complémentaire et cumulative, pourraient illustrer cette progressivité de la
prédisposition.
Ainsi, tandis que la première composante intéresse l’anticipation de défense, qui
explore les dispositifs et mécanismes de prévention en termes de forces et aptitudes à
développer et à valoriser, tels que l’évaluation, la coordination, l’interactivité et
l’appropriation, la deuxième concerne l’anticipation d’affrontement qui permet
d’établir une recette exhaustive de procédés à mettre en œuvre pour explorer les forces
et les aptitudes reconnues dans la maîtrise d’évolution et de transformation d’une
menace en un événement, liée toujours à des facteurs qui dépendent de
l’environnement externe.

420
Les crises financières, les catastrophes naturelles, les cas et les manifestations de
la mauvaise gouvernance pourraient constituer une illustration pratique de ces
menaces face auxquelles, il faudrait que les Organisations Internationales, qui se
procurent le droit ou le devoir d’internationaliser les dispositifs de BG , exploreraient
les possibilités de développer la structuration et les dispositifs nécessaires et
appropriés qui permettraient d’établir cette prédisposition à tous les niveaux de
gouvernance.

La configuration suivante pourrait schématiser les éléments constitutifs, les


préalables nécessaires et les facteurs d’influence pour les deux composantes de la
progressivité de la prédisposition.390

Évaluation

Communication Volonté

Menace Risque Danger

Appropriation Interactivité
Evénement

Résultat :
Produit/Effet/Impact

coordination Prévention

Anticipation

390
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

421
Par ailleurs, le deuxième axe concerne la configuration de la Théorie de
l’interactivité391 qui s’explore face à la survenance ou à la prévision de la survenance
d’un événement ou par rapport à la prise d’un acte en adoptant un modèle.
En effet, cette configuration pourrait se développer en cinq éléments essentiels
s’agissant de la réaction qui signifie une tendance négative qui désigne le rapport non
étudié, incertain et discontinu entre la survenance de l’événement et le fait de réagir
qui désigne l’attente en forme péjorative.

En revanche, la pré-action signifie une tendance positiviste puisque la survenance


de l’événement a été étudiée et la réaction est prévue.

Puis, la pro-action signifie une certaine provocation volontaire, étudiée, analysée


et évaluée des changements afin de dynamiser simultanément les dispositifs de
défense et d’affrontement.

Enfin, les deux derniers éléments concernent la méthode de créativité.


Alors que le premier est destiné à analyser une attitude créative stimulant l’acte
qui serait pris indépendamment des changements possibles ou provoqués, le deuxième
est affecté à illustrer le modèle.
Ainsi, se schématise les cinq éléments, précédemment analysés :

La Théorie de l’interactivité

Evénement L’interactivité Réaction

Pré-action

Pro-action

Acte La méthode de créativité Attitude créative

Modèle

391
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

422
Le troisième axe concerne l’appropriation de la prédisposition qui s’inscrit
conformément à la configuration suivante englobant quatre axes s’agissant du
positionnement, de la prévision, de la mesure et de l’anticipation392.

Positionnement Prévision Mesure Anticipation

Processus + L’interactivité (Théorie


International

International

dispositifs et susmentionnée)
événement.
(universel)
(Régional)

Volonté
Acte ou
Interne

mécanismes + Méthode de créativité


aptitudes Prévention
/compétences et
qualification

Décision

Analyse
Principes Diagnostic
Processus de progressivité

1. Enjeux
2. Défis
Parties prenantes 3. Facteurs
Intervenants
Méthodologie

d’influence
Indicateurs

Dispositifs

Méthode

4. Risques et
Forme

dangers
5. Degrés de
réalisation
6. Processus de
réalisation

Ceci étant, la prédisposition, telle qu’identifiée et analysée, nécessite également le


développement et la valorisation d’un ensemble d’énergies qui seraient
potentiellement intégrables dans un processus collectif de Gouvernance
Collaborative.

392
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

423
Valorisation d’énergies potentiellement intégrables dans un processus
collectif de Gouvernance Collaborative 393

Énergie
comportementale

Énergie de
Énergie physique
créativité

Énergie
Énergie cognitive
d'innovation

Énergie
psychologique

393
Ibid.

424
Sous-section deuxième : La reconsidération de la Bonne Gouvernance à
travers la mesure de la performance et la remise en cause continuelle.
Plusieurs expériences internationales semblent avoir attesté et confirmé l’attention
toute particulière accordée à l’évaluation du rendement des pouvoirs publics.
Cette nouvelle tendance constitue un centre d'intérêt qui s’avère extrêmement
important étant donné qu’elle se focalise sur ce qui est plus disposé à être introduit en
tant que performance.
Ainsi, il demeure nécessaire de se poser une question capitale sur les raisons qui
ont incité la Communauté Internationale à s’intéresser particulièrement à cette
dimension de l’évaluation, de remise en cause et de mesure de la performance
(paragraphe premier) tant individuelle que collective aussi bien pour les pouvoirs
publics englobant les politiques, les programmes et les projets publics et les services
publics que pour les dirigeants politiques.
En fait, la vigilance accrue des acteurs non gouvernementaux représentés, en
l’occurrence, à travers les Organisations de la Société Civile, semble avoir accentué
cet intéressement qui vise le développement de l’évaluation.
En outre, force est de constater que le ciblage d’un cadre favorable au
développement des composantes de la bonne gouvernance pourrait s’orienter vers un
positionnement prépositionnel qui oscille entre les pré-requis ou préalables d’un côté
et les facteurs de pérennisation d’un autre. Cette dynamique gagne à être appuyée à
travers une opérationnalisation de la BG qui mettrait en exergue l’interdépendance et
la complémentarité entre les différents niveaux de la gouvernance (deuxième
paragraphe).

425
Paragraphe premier : Le cycle de mesure de la performance : dispositif
nécessaire pour réduire la mauvaise gouvernance.
« Un cycle de mesure de la performance pourrait être illustré sous forme d’une
constitution progressive permettant ainsi d’activer initialement un contrôle
multidimensionnel permettant, subséquemment, de se soumettre à une vérification ou
à un examen de justification a priori, concomitamment et/ou a posteriori qui, dans la
plupart des cas, se concentre sur un aspect purement juridique puisqu’il s’agit d’une
vérification de régularité ou de légalité et ce, par rapport à un ensemble de référence
aussi bien procédurale que de réglementation générale.
Ensuite, les exigences de vérification de la régularité semblent, en se référant à
l’évidence qui fait surgir le déficit de gouvernance communément connu sous la
configuration d’une mauvaise gouvernance, insuffisantes ou inappropriées par rapport
non seulement aux besoins et attentes configurant ainsi le souhait de surmonter les
dysfonctionnements, mais également par rapport aux aspirations exprimées ou latentes
visant la réalisation d’objectifs se définissant au perfectionnement de la performance.
En conséquence, la volonté de réagir par rapport à la mauvaise gouvernance fait
surgir la nécessité d’instaurer un système holistique de vérification qui serait à la
fois permanant, multidimensionnel et multi-acteurs.
L’évaluation semble, en revanche, se référer tout particulièrement à une mesure
soumise essentiellement à l’opportunité, à des analyses et à des recoupements qui
reposent sur des pratiques, des principes et des fondamentaux qui certes, rassemblent
une marge de subjectivité, mais qui mènent nécessairement à des résultats qui sont à la
fois plus adaptés, opportuns plutôt que conformes et plus représentatifs quant à la
multitude d’acteurs qui ont participé à élaborer non seulement les dispositifs et les
références nécessaires pour mesurer, mais qui ont, notamment, conduit à refléter ces
références dans la dimension empirique.
D’où, se résume, plus particulièrement, la répercussion de l’étendue des champs
d’application de l’évaluation sur le degré d’assimilation et de partage des résultats en
s’exposant à une mesure d’écart entre les objectifs escomptés et les résultats atteints
qui s’introduit, a fortiori, dans une phase de mouvement qui reposerait sur les
mécanismes et les fondamentaux de la mesure et de l’évaluation.

426
Ceci étant, ces fondements seraient configurés principalement autour de la
légitimité, de la performance, de l’efficacité, de l’efficience et de l’effectivité et ce,
indépendamment des effets et de l’impact qui pourraient être engendrés et générés.
En fait, tous ces éléments de mesure et d’évaluation reviennent à établir des
barèmes de calcul, des baromètres, des statistiques, des analyses qui s’accompagnent
d’un enchainement de logique, de responsabilités et des engagements afin de
constituer tout un processus qui pourrait être indiqué ou qualifié en tant que dispositif
de mesurabilité de la gouvernance prescrivant aussi bien les principes que les
mécanismes d’application.
Force est de constater que, selon une observation profonde quant à la finalité
ultime motivant la tendance d’obligation ou de choix d’un mécanisme de vérification
ou de mesure, revient à établir une recherche de la vérité mettant en évidence la
corrélation entre l’obligation de résultat d’un côté et la preuve de performance de
l’autre et ce, en fonction d’un processus qui soit à la fois multidimensionnel, multi-
acteurs et multi-usage et qui repose sur le consensus, l’expertise et les bonnes
pratiques.
Ceci étant indiqué, cette configuration de l’évaluation en tant que mécanisme de
mesure s’explique indépendamment du caractère obligatoire ou contraignant qui
pourrait, dans des cas de figure rarissimes, transformer un processus de mesure
moyennant l’évaluation en une systématisation de contrôle et de vérification de
régularité ».394
C’est ainsi que l’identification des caractéristiques de l’évaluation, étant liée à la
mesure de la performance aussi bien des pouvoirs publics que des dirigeants politiques
et des services publics, pourrait clarifier davantage la nécessité d’adopter une
approche holistique tant de vérification que de mesure mettant ainsi en évidence la
démarche d’opérationnalisation de la Bonne Gouvernance en tant que sphère
globale permettant la mise en œuvre d’un ensemble de mécanismes qui pourraient
concerné quatre dimensions essentielles telles que démontré dans le tableau et à
travers le schéma suivant.

394
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

427
Répartition des dimensions d’opérationnalisation de la pratique de la Bonne Gouvernance
(conçue et conceptualisée sur la base de mes recherches) 395

Régularité Conformité Légitimité Performance/Pertinence


 Contrôle  Exigences  Sondage  Diagnostic
 Vérification  Révision  Estimation  Analyse
 Surveillance  Observation,  Appréciation  Suivi
 Inspection  Examen,  Enquête  Evaluation
 Jugement  Audit,  Mesure
 Ratification,  Investigation  Contrôle d’opportunité
 Autorisation  Etude  Prospection
 Recherche  Prévision
 Instruction

Par ailleurs, peut-on évoquer, d’emblée, qu’il existe une certaine évolution quant à
la mise en place des mécanismes et de dispositifs liés à constater, qualifier, juger et
maîtriser l’action et le témoignage quant au moment de l’accomplissement d’un acte
par une entité privée ou publique et ce, suivant une analyse rétrospective et à travers
une lecture chronologique ?
Il demeure quant même nécessaire de chercher à qualifier ou du moins à savoir les
phases ou les étapes de cette évolution396.
En premier lieu, il s’agit de la régularité qui vise à garantir une certaine
conformité, par souci d’organisation ou d’établissement de l’ordre d’un côté, ou par
obligation ou crainte de sanction de l’autre.
Cette régularité se réfère à une réglementation en vigueur et un ensemble de
normes comportementales et de règles de conduite applicables tout en nécessitant un
ensemble de garanties institutionnelles et juridictionnelles.
En deuxième lieu, le recours exclusif à la régularité semble ne pas mener à la
réalisation d’objectifs escomptés en termes de garanties quant à l’établissement de
l’ordre et à la satisfaction des clauses de l’engagement moral entre celui qui légifère,
ceux sur qui potentiellement la norme serait appliquée et ceux qui auraient la tache de
veiller à la bonne application de la dite norme.

395
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
396
Ibid.

428
C’est pour cette raison, que la nécessite d’établir une démarche de vérification et
d’examen, éventuellement, plus rigoureuse à travers le recours à la conformité s’est
minutieusement répandue tout en octroyant à la dimension des normes internationales
une attention particulière dans l’arsenal des normes et des garanties.
En troisième lieu, les bouleversements enregistrés touchant l’ordre mondial aussi
bien dans sa dimension économique que politique, sociale et culturelle ont changé la
configuration et ont, par conséquent, mené à introduire un certain aménagement au
niveau national et sur le plan des relations interrégionales ayant touché le
fonctionnement des systèmes tant juridiques qu’institutionnels et géopolitiques.
Par conséquent, une montée d’un mouvement de revendications a caractérisé tous
les secteurs, ce qui a généré une demande accrue de la part de toutes les sociétés de ce
qu’on appelle, suivant un jargon aussi bien juridique que comportemental et
managérial, des comptes, tant au niveau politique mais notamment au niveau des
dépenses publiques ce qui a amplement affecté les relations entre gouverneurs et
gouvernés.
Ceci étant, ces mouvements tels qu’annoncés et ces changements de paradigmes
ainsi provoqués ont, par conséquent, mené à l’avènement des mécanismes
redditionnels qui ont, nécessairement, généré l’émergence de la légitimité en tant que
condition sine qua non sur la quelle reposent toutes les phases de conception, de
planification et d’exécution de tout projet de nature publique ou privée, s’éclaircissent
tous les niveaux de responsabilité et s’identifient le mandat, les motifs, les objectifs et
la raison d’être de chaque mission de pouvoir ou de gestion attribuée dans une sphère
publique ou privée.
En quatrième lieu, il s’est avéré à travers non seulement les évolutions connues,
mais également les changements et les bouleversements enregistrés que les garanties
de régularité et de conformité puis les fondements de la légitimité des dirigeants ainsi
établis, ne suffisent pas à établir la cohérence nécessaire requise afin d’établir une
opérationnalisation d’un processus basé sur la Bonne Gouvernance.
Ainsi, toute action publique ou privée, s’insérant dans un cadre gouvernemental
ou non gouvernemental, s’indexant à un projet national ou a un programme à vocation
régionale ou universelle requerrait, nécessairement, d’autres changements de
paradigme qui soient à la fois systémiques, innovants et qui ont trait aux
comportements et à l’usage approuvé de fondements de la sagesse.

429
Ceci étant, l’approche, la démarche, les méthodes, les effets et éventuellement
l’impact enregistré en termes de performance ou de pertinence, indiqueraient une
qualification d’illustration pratique et concrète d’un processus en produit ou en résultat
tangible.
Ainsi, revient à l’épreuve et à l’évidence que, faisant suite à cette évolution
substantielle qu’a subit le processus de témoignage susmentionné, il est nécessaire de
signaler qu’il existe une fusion remarquable entre les différentes dimensions qui se
révèle d’une importance capitale dans un cheminement de démonstration pour attester
l’existence aussi bien d’une complémentarité que d’une interdépendance entre ces
quatre dimensions.
Aussi, pour des fins de précision et d’analyse conceptuelle, il s’avère nécessaire
de signaler qu’une évaluation se réfère à la mesure d’un processus, d’un système,
d’une politique ou d’une prestation par rapport au degré de pertinence, d’efficacité,
d’efficience et/ou d’effectivité et ce, dans un souci de satisfaction individuelle et/ou
collective qui repose sur une conciliation optimale entre éthique et performance.
D’où, se constitue cette vision qui paraît fonder une démarche à la fois logique
et pragmatique permettant d’établir un processus progressif d’évaluation qui
s’engage tout d’abord, par le fait de permettre à l’entité concernée d’admettre une
évaluation externe.
Ensuite, l’acceptation d’une évaluation externe pourrait se renforcer tout en
procédant à une évaluation interne conjoncturelle.
En fait, les deux procédés susmentionnés, à savoir, l’évaluation externe d’un côté
et l’évaluation interne conjoncturelle pourraient être conduits séparément ou
simultanément.
Puis, la progressivité attribuée à ce processus d’évaluation, déclenché à travers
l’évaluation externe puis en s’accordant une évaluation interne certes, mais
conjoncturelle pourrait être consolidée en s’assumant l’autoévaluation.

430
Enfin, tout ce passage à travers l’enchainement et l’attribution d’un ensemble de
procédés de mesure et d’évaluation pourrait, finalement, dans un niveau de mesure
plus élevé, s’octroyer et s’approprier une Remise en Cause Continuelle (RCC)397
qui constitue, ainsi que les analyses précédemment et ultérieurement conduites et qui
sont liées aussi bien au cycle de mesure de la performance qu’aux mécanismes et
dispositifs d’évaluation, une nouvelle conceptualisation conçue intégralement sur la
base de mes recherches.
Ce qu’il pourrait être retenu par rapport à la distinction entre le contrôle qui
s’identifie notamment en tant qu’un dispositif de vérification et l’évaluation qui se
manifeste particulièrement comme un mécanisme de mesure, c’est qu’il demeure
nécessaire de prendre en considération l’aspect à la fois profond et intrinsèque des
différentes dimensions liées essentiellement à un positionnement interne de
conscience, de responsabilisation et d’appropriation et ce, indépendamment de la
forme qui pourrait être revêtue d’observation, de mesure, de vérification ou de
jugement.
En effet, ce positionnement interne se caractérise essentiellement par un
mouvement d’introspection398 qui s’apparente à une auto-évaluation qui se constitue
fondamentalement à travers un apprentissage de la remise en cause suivant une
démarche et une suite d’actions qui se développent indéfiniment dans le temps tout en
n’ayant pas de limites ni spatiale ni sectorielle.
Ainsi, le souci majeur, étant ainsi qualifié pour de multiples considérations, par
obligation ou choix, est un effort pour assurer la conformité ou l’allégeance par
rapport aux principes, normes et valeurs inhérents à la Bonne Gouvernance, tels
qu’inscrits ou prescrits par les Organisations Internationales.

397
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.
398
Selon le dictionnaire français Larousse introspection (Du latin introspicere, regarder à
l'intérieur) désigne « Observation méthodique, par le sujet lui-même, de ses états de
conscience et de sa vie intérieure » http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais

431
Ceci étant, cet effort reviendrait à admettre qu’il est nécessaire que tous les
pouvoirs publics, chaque dirigeant politique, chaque comportement collectif ou
individuel, chaque prestation publique ou d’affaire devrait se soumettre, à une logique
d’appartenance à une raison d’être identitaire et un savoir faire reliant obligations,
responsabilités et engagements non seulement statutaires mais comportementaux et
obéissant à des valeurs.
En effet, l’accompagnement structuré ou l’apprentissage dédié à la remise en
cause continuelle, pourrait concerner une opérationnalisation de la BG telle que
configurée ci-dessous suivant une conceptualisation basée sur mes recherches.

399
Mixtion des Dimensions d’opérationnalisation de la Bonne Gouvernance

Régularité

Contrôle
Inspection Surveillanc
Vérification e Ratification

Performance/Pertinence
Jugement

Prospection
Examen Mesure
Conformité

Audit
Investigation Evalu
Contrôle
ation d’Opportunité
Recherche
Etude Prévision
Instruction Suivi
Observation Diagnostic

Révision Analyse
Sondage

Estimation

Légitimité

Ceci étant, la représentation des différentes phases de ce cycle de mesure de la


performance permettrait-elle d’instaurer un champ de rapprochement avec les
principes fondamentaux de la bonne gouvernance ?

399
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

432
S’agit-il d’un préalable essentiel pour l’instauration effective de la bonne
gouvernance ?

Ceci étant, le cycle de mesure de la performance avec toutes ses composantes et


au regard de sa progressivité s’identifie à une démarche appropriée à la Bonne
Gouvernance dans une perspective de reconfiguration d’approche que les
Organisations Internationales pourraient la prendre en considération pour assurer la
transposabilité et l’appropriation des normes et des dispositifs liés à la BG dans les
autres niveaux de gouvernance.
Aussi, les OI sauraient amener à adopter également une nouvelle méthodologie
d’évaluation interne de leur performance s’agissant, plus particulièrement, d’une
remise en cause continuelle appliquée à une dimension internationale regroupant,
indifféremment, les instances à vocation régionale, sous-régionale, interrégionale et
universelle.
Par ailleurs, pour renforcer ces mécanismes et dispositifs, il serait nécessaire de
disposer de certains préalables nécessaires pour faire face à la mauvaise gouvernance.
Premièrement, il s’agit de la nécessité de développer un dispositif de mesure de la
gouvernance en s’outillant de toute la technicité appropriée en termes d’évaluation,
d’analyse, etc.
Pour mener une évaluation de la performance d’une gouvernance, il faut
développer des dispositifs et mécanismes de mesure et d’analyse appropriés en termes
de démocratie, de transparence et de reddition des comptes.
Au sein des organisations internationales, il s’avère qu’il existe un intérêt
particulier porté à la mesure analytique et à l’évaluation de l’impact en aval des
programmes et politiques publics qui sont conçus par des institutions et organismes
gouvernementaux.
Or, ce qui pourrait être plus opérationnel en application des principes d’une BG
reviendrait à mener ces évaluations d’impact pour tout le processus en amont, en aval
et d’une façon concomitante.

433
D’où, le développement des méthodes et instruments d’évaluation devrait prendre
davantage en considération les éléments de gouvernance liés aux axes suivants400.
D’abord, il s’agit de la famille qui regroupe les systèmes de leadership, qui
devrait témoigner de l’exemplarité et de la responsabilisation, de définition des
stratégies, de la vision, des objectifs, des processus et d’un ensemble de systèmes
intégrés tout en ayant une vision anticipative, des méthodes d’analyse prospective et
d’une dynamique de reconnaissance et de valorisation de la compétence, du mérite, de
l’effectivité et de la légitimité.
Ensuite, la deuxième famille concerne des métiers et des fonctions liés
essentiellement au diagnostic et à l’analyse du positionnement géopolitique (local,
régional et universel) et des risques potentiels, à l’identification et à l’assimilation des
forces et des faiblesses, des dysfonctionnements, des zones de la mauvaise
gouvernance, de ses facteurs et de sa gravité et ce, tout en s’outillant des mécanismes
appropriés de configuration des priorités, des propositions, des alternatives et des
scénarios.
Enfin, la troisième famille est destinée à regrouper les approches et les modes de
gouvernance qui devraient suivre un cheminement participatif qui repose sur la
coordination, le dialogue, le réseautage et la communication entre les différents
intervenants et les parties prenantes.

400
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

434
Paragraphe deuxième : L’opérationnalisation de la BG se développerait dans
l’interdépendance et la complémentarité entre tous les niveaux de gouvernance.
La Bonne Gouvernance demeure un domaine particulier qui ne s’identifie pas
forcement aux obligations et aux recommandations qui émanent tant des OI que des
États mais qui nécessite, pour une bonne application et une implication spontanée, la
concertation et la coordination entre les OI et les États d’une part, l’écoute et la
consultation entre les différents acteurs Gouvernementaux et Non Gouvernementaux
de l’autre.
Ceci étant, ces approches et ces modes de gouvernance devraient être,
premièrement, appuyés par des dispositifs de consultation, de concertation et
d’accompagnement tout en prenant en considération les techniques de négociation qui
favorisent les éléments consensuels et détectent les compromis.
Deuxièmement, il s’agit de la nécessité de repenser le processus décisionnel qui
devrait être non seulement collégial mais s’inscrivant également dans une optique
d’élection et de légitimation d’institutions appropriées soumises aux devoirs et aux
principes de transparence, d’intégrité, de responsabilisation, de redevabilité et de
méritocratie pour un pilotage qui devrait par conséquent suivre les huit phases
identifiées ci-dessous.
La Communication (interne/externe)
Dosage selon les périmètres et les intérêts 401

Emergence d’idées, constatations Association et classification

Conceptualisation Adhésion

Justification

Confrontation Lobbying Compromis Négociation

Acte + décision

Planification

Stratégies

Evaluation

401
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

435
Par ailleurs, afin d’adopter un programme et de développer une appropriation des
domaines prioritaires et des principes essentiels relatifs à la Bonne Gouvernance avec
une attention particulière à la lutte multidimensionnelle contre la corruption, les
Organisations Internationales et les gouvernants nationaux et infranationaux devraient
tenir comptes des préalables suivants402:
Premièrement, l’identification d’objectifs aussi bien généraux que spécifiques et
sectoriels devrait répondre à une configuration qui prend essentiellement en
considération trois éléments se rapportant au renforcement de la conscience collective, à
l’appropriation des principes de la BG, au consolidation des mécanismes redditionnels
et à l’affirmation de la redevabilité.
En premier lieu, il s’agit du renforcement de la conscience collective, notamment,
à travers l’établissement des mécanismes de restitution de la confiance entre les
différents niveaux de la gouvernance qui devraient se regrouper dans l’horizontalité et
la collégialité plutôt que suivant une hiérarchie de recommandation ou de soumission.
Ainsi, la revalorisation de la légitimité des choix politiques et des dirigeants
publics demeure une nécessité absolue, tout en s’intéressant, en particulier, à mettre en
exergue les procédés qui confectionnent et maintiennent les principes de l’honnêteté,
de la crédibilité et de la représentativité.
Les dimensions relatives à la participation interne dans la prise de décision et dans
la gestion des affaires nationales et locales et externe au niveau de l’identification des
choix prioritaires qui concernent tous les secteurs d’occupation transversaux
requéraient un intérêt identique de la part de tous les acteurs internationaux, nationaux,
et infranationaux.
D’où, l’intérêt présumé, qui devrait être accordé à la participation, devrait
également être appuyé à travers le développement de la vigilance citoyenne d’un côté
et la confirmation des modes et procédés qui animeraient la solidarité aussi bien au
niveau international que régional, interrégional, national et infranational.

402
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

436
En deuxième lieu, il serait question d’adopter des mécanismes et des dispositifs
pour renforcer l’appropriation et la généralisation des principes de la Bonne
gouvernance qui s’achemineraient essentiellement, en adoptant un certain nombre de
mécanismes qui devraient être généralisés sur tous les niveaux de gouvernance
précédemment signalés et qui s’identifient à travers la réglementation de l’imputabilité
et de la responsabilisation comme des éléments inévitables dans les systèmes de
gouvernance en se référant à des dispositifs de promotion de la déontologie et de la
conduite exemplaire des politiques et des affaires publiques.
Ces procédés devraient également s’acheminés identiquement par rapport à la
réglementation et à l’institutionnalisation des critères, des dispositifs, des méthodes et
des démarches qui permettraient d’instaurer et de généraliser la redevabilité et la
reddition des comptes, la transparence publique, l’intégrité, l’Ethique, les processus et
les dispositifs instaurant l’Efficacité, l’efficience et l’effectivité dans la gestion des
deniers publics.
En dernier lieu, il deviendrait judicieux de renforcer les mécanismes redditionnels
et d’affirmer structurellement la redevabilité à travers, notamment, une clarification
des procédures et des méthodes appropriées pour une meilleure gouvernance
standardisée dans les secteurs qui engageraient directement ou indirectement les
financements publics à l’instar de l’aide au développement et de l’investissement
public et une normalisation de la performance publique et des responsabilités des
dirigeants publics et privés.
Cette démarche permettrait d’instaurer des mécanismes appropriés pour organiser
et dynamiser la performance publique en rendant, en particulier, publics, transparents
et participatifs les critères et les indicateurs permettant l’évaluation, la mesure et le
suivi du rendement des dirigeants publics, ainsi que les rapports de contrôle, d’audit et
d’évaluation du financement des partis politiques.

Par ailleurs, la gouvernance politique403 demeure également un périmètre de


mesure de la maturité des systèmes politiques au regard des principes et des
fondamentaux spécifiques d’une BG qui repose sur la neutralité et la transparence
financière outre bien entendu la redevabilité et l’imputabilité en tant que mécanismes
juridiquement et institutionnellement reconnaissables.

403
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

437
En revanche, les questions d’intermédiation, entre gouvernant et gouverné, qui
supposeraient la traduction du développement d’une synergie entre les souhaits des
uns et les perspectives d’assurance pour garantir la légitimité pour les autres
s’avèreraient des champs d’interrogations multiples et multidisciplinaires.
En fait, ces champs qui intéressent la gouvernance politique dans sa configuration
globale, paraient, selon des constatations préalables ou du moins de perception, non
maitrisables.
Par conséquent, les tissus institutionnels qui seraient appelés à assurer cette
gouvernance politique et de veiller à garantir que les acteurs politiques se
ressourceraient notamment en démocratie interne et externe, en transparence
financière et en intégrité, en crédibilité et en efficacité, sont invités à assumer la
responsabilité d’une réingénierie de bonne conduite qui traduirait fidèlement les
valeurs en actes exemplaires en termes d’une représentativité politique morale et
comportementale.

Aussi, l’engagement dans un processus de suivi, d’évaluation et de remise en


question de tous les acteurs aussi bien gouvernants que gouvernés dans la
configuration des pouvoirs publics nécessite, sans doute, le renforcement de la
gouvernance locale à travers la logique et la dynamique de participation qui témoigne
de la démocratie locale et l’amélioration de la gouvernance d’entreprise404 qui
demeure la composante indispensable pour une garantie de prestation publique qui
répondrait aux exigences et préalables de satisfaction des gouvernés.
Deuxièmement, une attention particulière devrait être accordée à la lutte contre la
Corruption, qui demeure non seulement l’indication la plus mesurable de lutte contre
la mauvaise gouvernance, mais également le levier remarquable pour instaurer et
accompagner les procédés de bonne gouvernance, qui demeurent deux champs
indéfiniment interdépendants et interconnectés.
En fait, quatre approches fondamentales pourraient configurer le statut de la
lutte contre la corruption et qui s’identifient en deux catégories.405

404
OECD (2016), Broadening the Ownership of State-Owned Enterprises: A Comparison
of Governance Practices, OECD Publishing, Paris.
http://dx.doi.org/10.1787/9789264244603-en
405
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

438
Tandis que la première concerne la répression, la contrainte et l’intimidation, la
deuxième catégorie retient la prévention, la dissuasion et la persuasion.
Ainsi, pour établir efficacement cette dynamique de connexion et
d’interdépendance entre les procédés de consécration de la Bonne Gouvernance et la
lutte contre la corruption, les Organisations internationales devraient prendre
davantage en compte les dispositifs qui permettraient d’instaurer et de renforcer la
cohérence et de la coordination aussi bien internationale que nationale et
infranationale.
Cette coordination qui devrait renforcer la cohérence, concerne la réglementation
applicable, les parties intervenantes et les mécanismes et techniques d’intervention et
toucherait par conséquent, les différents approches et aspects de la lutte contre la
corruption et ce, étant donné la situation de confusion et d’ambigüité qui caractérise
aussi bien les actes que les actions qui visent à lutter efficacement contre la corruption.
En effet, quatre axes de développement pourraient être envisagés406.
D’abord, il s’agit de la réglementation qui nécessite une refonte d’équilibre entre
toutes les dimensions qui caractérisent l’intervention des acteurs internationaux et
nationaux et ce, en termes de convergence dans la perspective d’atteindre la cohérence
juridique globale plutôt que d’être inefficacement soumis aux standards internationaux
et se soucier uniquement d’être en conformité avec les normes internationales.
D’où, il ne suffit pas, à titre d’exemple, de créer une instance ou une agence de
lutte contre la corruption, qui indique le respect des dispositions de la convention
onusienne en la matière, mais s’orienter vers une démarche intégrale de BG afin de
conjuguer efficacité, légitimité, effectivité et performance, notamment, en termes de
prévention de la corruption et d’aboutir, ainsi, à stabiliser un environnement qui
devrait être propice au développement de la BG.
Il paraît également opportun de signaler que chaque organisme international
œuvre à réaliser les éléments constitutifs de son agenda d’activités et de son budget à
dépenser au titre d’une période bien déterminée sans, probablement, s’assurer que
l’intervention ou l’activité présumée vise un même champ d’intervention sur lequel
plusieurs organismes internationaux, régionaux et interrégionaux s’activent.

406
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

439
En fait, ceci pourrait mettre en doute la cohérence globale, la coordination et la
concrétisation des projets et programmes, une défaillance qui pourrait s’ajouter à
l’inter-connectivité qui pourrait être manquante ou insuffisante entre les projets et
programmes internationaux et les priorités et les contextes auxquels les parties
nationales et les acteurs infranationaux pourraient, encore, ne pas accorder l’attention
méritée.
En outre, il demeure important et crucial aussi bien pour les acteurs nationaux et
infranationaux que pour les acteurs internationaux d’adopter une démarche qui
n’intéresse pas uniquement les aspects relatifs à la vérification et à la conformité, mais
qui soit allouée également à la pertinence et à l’efficacité juridique.
La consultation, l’examen l’analyse des coûts ainsi que tout procédé visant à
maintenir l’équilibre entre le système de garantie et celui de la régulation devraient se
maintenir et se renforcer au niveau de la réglementation internationale et s’appuyer,
suivant une autre optique, engageant des perspectives qui devraient s’identifier par
rapport à la pertinence, à l’effectivité juridique et à la cohérence globale.
Ensuite, il s’avère également du ressort de la déduction par rapport aux relations
intergouvernementales qu’il s’agisse du niveau universel ou régional ou interrégional,
de préciser que les pouvoirs publics nationaux et infranationaux devraient s’impliquer
dans une dynamique d’autoévaluation, d’autocontrôle et de remise en cause
continuelle, telles que ces dynamiques et ces notions ont été développées en tant que
systèmes d’accompagnement, d’anticipation, de régulation, de vérification et de
mesure dans une perspective d’instauration aussi bien effective que pertinente de la
BG.
L’indépendance, la neutralité, la spécialisation et l’expertise demeurent des
préalables essentiels pour assurer la réalisation de tels objectifs et de perspectives
pareilles et ce, malgré la particularité de ces exigences qui nécessitent une certaine
autonomie, notamment, d’ordre politique.

440
Ceci étant, les institutions auxquelles s’incombent le devoir et le droit de mener
les vérifications et les mesures nécessaires quant aux différents actes, actions et
relations faisant parties intégrantes d’un processus qui vise à établir la BG, se dotent
d’une autonomie financière, d’aptitudes appropriées et d’un système de
communication qui garantit non seulement la transparence, mais également la
participation dans la chaine de constatation, d’observation, d’argumentation, voire de
jugement par rapport à la légitimité, à la confiance et à la crédibilité d’ores et déjà
octroyées aussi bien aux institutions en question que pour leurs dirigeants.
Troisièmement, il s’agit de la nouvelle cartographie caractérisée par un nouveau
positionnement géostratégique des Acteurs Non Gouvernementaux dans le
paysage institutionnel aussi bien au niveau international que pour les niveaux de
gouvernance national et infranational.
En effet, ce nouveau positionnement se légitime à travers une dynamique de plus
en plus valorisante de la participation de ces acteurs en tant que contre pouvoir
intégrant, ainsi, un mouvement d’équilibrage en termes de contrôle, d’audit, de suivi
et d’évaluation des politiques publiques et de la performance des institutions publiques
et privées et ce, à travers des mécanismes et des techniques appropriés, notant à titre
d’exemple, les sondages et les enquêtes d’opinion, l’investigation publique, le
lobbying public, ainsi, que d’autres procédés déployés afin d’aiguiller les choix
publics et de maintenir l’équilibre des pouvoirs et de développer la vigilance citoyenne
qui témoigne de la conscience collective.
Force est de constater, que la même configuration serait de la même ampleur
intéressant tous les niveaux de gouvernance aussi bien nationaux qu’internationaux.
En effet, les Organisations Internationales devraient institutionnaliser et
normaliser la participation des Organisations de la Société Civile en tant qu’Acteurs
Non Gouvernementaux ainsi que les autres intervenants en termes de communication
et d’expertise s’agissant des médias, des universités et des institutions spécialisées.
Quatrièmement, l’anticipation devrait figurer davantage dans les choix
stratégiques des acteurs de gouvernance nationaux et internationaux non seulement
sous forme d’exercice conjoncturels et occasionnels mais notamment en tant qu’un
système et une démarche intégrée qui appui la visibilité et la clairvoyance pour les
décideurs comme pour les gouvernés.

441
En effet, la préparation des stratégies de lutte Contre la Corruption et de la Bonne
Gouvernance, les dispositifs et mécanismes de prévention de la corruption,
l’institutionnalisation de la consultation et de la concertation, le développement et
l’appropriation des mécanismes spécifiques d’analyse des risques, le renforcement des
capacités de tous les intervenants (gouvernementaux et Non Gouvernementaux), le
développement des dispositifs de veille et des démarches prospectives, devraient
animer cette dynamique et ce système holistique d’anticipation chez les gouvernants
nationaux et infranationaux, une exigence qui devrait être appropriée d’une manière
identique par les Organisations Internationales à vocation universelle, interrégionale,
régionale ou sous-régionale.

442
CONCLUSION GÉNÉRALE

443
Il demeure opportun de signaler que la gouvernance demeure un processus qui se
convoite, se qualifie et se mesure.
En effet, entre compétences régaliennes et compétences managériales se
dessinaient des frontières et se légitimait autrefois la séparation entre gouvernement et
population, institutions et gestion qui s’incarne par l’administration publique et
finalement entre un gouverneur qui commande et un gouverné qui subit.
Ceci étant, le processus de gouvernance qui devrait mesurer le comportement et la
manière de conception et d’application des politiques et des lois, établir des
constatations et apporter éventuellement des jugements pour qualifier la politique de
gouvernance de  bonne  de  mauvaise , de  meilleure  ou de pire n’était pas
suffisamment approprié.
Afin de prendre en considération ces configurations et les possibilités de
distinction ou de marginalisation pour les acteurs comme pour les actes, se rapportant
à la sphère de la gouvernance aussi bien nationale qu’internationale, il semble que la
signification suivante de la bonne gouvernance pourrait être retenue :
« Ensemble des valeurs, principes, normes, pratiques et comportements
développés dans une société, adoptés, mis en valeur, suivis et évalués dont l’objectif
est de créer un équilibre de pouvoir aussi bien dans la conception que dans le pilotage
et la mesure, dans un cadre de cohérence globale, de crédibilité, de légitimité et de
subsidiarité, un climat de partage, d’appropriation et de concertation et un processus
favorisant l’anticipation, la visibilité, l’adhésion, la responsabilisation, l’imputabilité et
la redevabilité »407.
Il s’agit d’une configuration de piliers interdépendants et indissociables
nécessitant l’existence d’une confiance entre gouvernant et gouverné, un engagement
multi-acteur, multi-niveau, multifonctionnel et multidisciplinaire d’un côté, et une
conscience collective avec le gage de vigilance et de garanties afin d’assurer le contre
pouvoir ou le pouvoir coordonné et concerté qui généreraient la détermination à la
réalisation de l’objectif commun de l’autre.
In fine, pour établir la confiance entre gouverneurs et gouvernés, ce ne sont pas les
États et non plus les OI qui inculquent aux peuples les modes et les méthodes avec
lesquels ils seraient gouvernés.

407
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

445
Ce sont, en revanche, les citoyens qui façonnent la manière avec la quelle les
décideurs vont gouvernés.
C’est en manquant à leurs devoirs que les dirigeants politiques seraient
dépossédés de toute crédibilité, car l’auto-détermination se confirme une fois que la
citoyenneté effective s’enseigne tout en affrontant l’insouciance des gouvernants.
Ceci étant, une attention particulière mérite d’être accordée à la répartition des
niveaux de la gouvernance qui s’avère illimitée et s’accommode non seulement à un
rythme de la configuration des responsabilités pour gouverner, mais également par
rapport à la catégorie du niveau de la gouvernance lui-même.

Par ailleurs, les conflits de compétences et les soucis quant à la délimitation de la


souveraineté de l’Etat, qui constitue une aptitude innée et inhérente à sa création, et la
légitimité d’intervention créée et octroyée au sein de l’Organisation Internationale ont
amplifié les ambigüités et la confusion quant à la confection et à l’application des
normes internationales en raison de la multiplicité des règles et des intervenants et la
fragmentation qui caractérise de plus en plus le domaine du droit international.

Par ailleurs, force est de constater qu’entre susceptibilité, indifférence, prudence,


opposition et parfois acceptation imposée, erronée ou de complaisance se diffèrent et
se diversifient les réponses et les opinions des États et des gouvernements face aux
actes émis par les OI en matière de BG.

Quel degré de confiance pourrait-il être identifié et ainsi accordé? Quelle garantie
pourrait être affirmée ?

Quel mécanisme institutionnel et quel dispositif juridique pourraient-ils atténuer


la méfiance et les manifestations d’illégitimité à l’égard des États ou précisément chez
les gouvernants nationaux et infranationaux et créer les garanties nécessaires à assurer
une bonne gouvernance interne ?

En d’autres termes, une tutelle internationale, suffisait-elle pour attribuer la


légitimité aux États et les doter de pouvoirs appropriés pour mieux gouverner? Est-ce
que les États pourraient se prévaloir de la protection des OI pour appuyer leur
positionnement interne et légitimer leurs actions et réactions en gouvernance ?

446
Les enjeux, les perspectives, les aspirations et les souhaits semblent aussi
divergents et encore diversifiés engageant des constatations, des observations, voire
des jugements quant à la BG telle qu’acheminée vers tous les niveaux de gouvernance.

En fait, la situation telle qu’elle a précédemment été exposée laisse également se


poser des questions quant au degré d’influence et d’interdépendance entre les États et
les Organisations Internationales dans une dimension supranationale d’un côté et au
sein des États eux-mêmes suivant une configuration infranationale qui met en cause la
nature et la manière de gouvernance traduites souvent par les mêmes illustrations de
conflits de compétences de l’autre.

D’où, cette tendance d’inquiétude qui transcende tantôt quant à l’intégration tantôt
en ce qui concerne la polarisation et la dimension interrégionale qui caractérisent de
plus en plus les relations internationales et qui paraissent mener à la méfiance et à la
remise en cause de certaines appartenances qui conjuguent à la fois le positionnement
des États dans le maillage institutionnel des OI envers qui ils tissent des liens
d’interdépendance et les perspectives d’alliance avec d’autres telles qu’animées par
des intérêts politico-économiques et des nouveaux positionnements géostratégiques.

Ainsi, les mouvements d’indignation et d’intimidation qui s’expriment par rapport


à la gouvernance infranationale et au niveau de sa dimension supranationale
représenteraient des témoignages qui ne cesseraient pas de susciter les
mécontentements des uns par rapport aux autres tels que subis par tous les niveaux de
gouvernance aussi bien nationaux et infranationaux que sous-régionaux, régionaux,
interrégionaux et universels.

Certainement, cette situation conflictuelle générerait, inévitablement, de plus en


plus des confusions et des polémiques quant à la valeur juridique des normes liées à la
BG issues d’un rayon supranational suscitant, aussitôt, des interrogations relatives à
leur transposabilité, l’épreuve d’identification des cas de dérogeabilité, leur suprématie
par rapport à l’ordre juridique et institutionnel interne avec ses deux composantes
nationale et infranationale, leur force d’opposabilité et d’application, leur
positionnement par rapport à la souveraineté nationale, leur degré d’ingérence et la
représentativité et la légitimité de leurs concepteurs.

447
Par ailleurs, cinq enseignements sont à retirer:408
1) Les leçons pour mieux gouverner sont peu négociées.
L’esprit et la philosophie des dispositifs d’évaluation sur lesquels reposent les
recherches menées s’avèrent être concentrés sur une approche qui semble de prudence
plutôt qu’intrépide.
Ceci étant remarqué, il semble par conséquent hautement justifiable de signaler que
le développement démesuré des pratiques qui alimentent la mauvaise gouvernance
s’agissant notamment de celles qui s’illustrent par rapport aux exigences de la
performance, de la pertinence, de la légitimité, de la représentativité, de la crédibilité, de
l’intégrité, de la transparence, de la responsabilité et de la redevabilité, nécessite une
nouvelle approche autre que celle qui identifie uniquement la constatation quant au
respect des règles et principes de la BG au travers des dispositifs qui paraissent se
contenter d’observer la tendance des intentions plutôt que de mesurer les pratiques et
l’application.
D’où, la pertinence d’une nouvelle approche se résume en la constitution d’un
ensemble d’engagements collectifs qui permettrait de créer une synergie tout en
s’assurant de la cohérence globale et d’aborder simultanément en profondeur ces
problèmes suivant une démarche structurante et participative regroupant États, OI,
Acteurs Non-Gouvernementaux, etc.
En outre, les contextes économiques diffèrent d’un pays à l’autre et d’une région à
une autre et par conséquent des écarts de gouvernance, touchant la perception de ce qui
devrait être engagé ainsi que le comportement et la méthode, pourraient être enregistrés
à travers l’opération de ciblage d’objectifs inscrits au niveau de la structuration intégrale
de la gouvernance étatique.
En effet, ces objectifs se rapportent à la croissance et aux actes d’affirmation de
garanties réelles et de pratiques tangibles et mesurables quant à la configuration des
principales composantes qui pourraient alimenter les économies à savoir à titre
d’exemples, l’investissement public et le Partenariat Public Privé (PPP) qui génèrent des
liens directs avec le secteur des marchés publics, l’aide publique au développement,
etc., et qui veulent se conformer avec les principes de la BG notamment ceux relatifs à
l’efficacité, l’effectivité, la transparence, la responsabilisation et la redevabilité.

408
Mehrez HAFSI, l’auteur de cet ouvrage.

448
Inclusive, résiliente, anticipative, cohérente et durable représenteraient les
principales caractéristiques qui devraient accompagner les nouvelles approches de la
gouvernance économique telles qu’adoptées par les OI.
En fait, ces écarts enregistrés aussi bien pour les actes et actions que pour les effets
et les impacts ne paraissent pas totalement être soutenables ni inévitables dans une
sphère aussi diversifiée et si controversée.
Ceci étant remarqué, les explications reviennent à admettre que la quête
d’universalisation, même s’agissant des principes et fondamentaux de la BG et malgré
les intentions et les volontés qui affirment cette tendance ainsi exprimées et acheminées
par les OI, devrait prendre en compte toutes ces considérations de différences et de
controverses et essayer d’établir des liens d’introspection, de constatations et d’analyse
pour chaque économie et pour chaque niveau de gouvernance.
En effet, cela semble exiger un bon dosage entre la volonté de mesurer, ainsi
développée au niveau des OI, pour des diverses raisons et objectifs, son pourquoi, son
comment et sa raison d’être afin de s’inscrire dans une optique d’engagement visant à
appuyer substantiellement les changements préconisés, les transformations
recommandées et même les bouleversements et les ruptures qui pourraient être
envisagés sur tous les niveaux de gouvernance supranational, interrégional, régional,
sous-régional, national et infranational.
Il ne s’agit aucunement pas d’envisager une ingérence ni un désintéressement de la
part des OI notamment en ce qui concerner des domaines de gouvernance aussi
importants que les marchés publics et la lutte contre la corruption étant donné leurs
poids économiques, environnementaux et sociaux, mais de procéder à une configuration
de mesure et d’application avec une affirmation d’appropriation de la part des États ce
qui détermine la compatibilité en équation entre la confiance recherchée de la part des
gouvernés et la conscience collective recommandée par les gouvernants s’agissant de la
sphère nationale de commandement et de gouvernance ou celles à vocation universelle
et/ou régionale.

449
2) Responsabilisation et contractualisation dans les liens de gouvernance
Une responsabilisation des États qui se conforme avec leurs souverainetés certes,
mais également un engagement d’intention, d’application et d’action de la part des OI,
devraient être envisagés afin de garantir la cohérence entre les intentions, les actions et
la mesure des résultats dans l’objectif de maintenir une responsabilité commune et
même un partage des risques et des engagements entre les acteurs étatiques et les
acteurs internationaux pour une meilleure gouvernance.
Ceci étant, pour réaliser cet objectif, les OI ne devraient pas se contenter
uniquement de recommandations et de conseil et pas non plus d’un pouvoir ou d’un
devoir d’intervention, de réactions, de substitution ou des possibilités d’ingérence
déguisée qui soient accordées s’agissant d’instaurer ou de rétablir les équilibres
globaux de la gouvernance étatique.
En effet, une meilleure contractualisation suivant une otique de partage des
responsabilités et des risques entre la gouvernance étatique et la gouvernance
internationale, pourrait offrir des garanties qui se traduisent à travers la réciprocité et
l’équilibre dans l’identification des droits et des obligations, des politiques, des
méthodes et des approches entre tous les intervenants et concernant tous les niveaux de
gouvernance.
3) La bonne gouvernance et la transition ou la transformation démocratique
auxquelles des aspirations se multiplient et divergent parfois nécessitent
une vision claire et des choix transparents tout en s’articulant néanmoins
sur deux fondamentaux.
D’abord, une répartition des pouvoirs basée sur l’équilibre, la responsabilisation,
l’évaluation et la redevabilité suivant une approche basée sur l’imputabilité tout en
empruntant des mécanismes redditionnels diversifiés et des procédés appropriés
d’autoévaluation.
Ensuite, une consultation publique tout en moyennant une concertation entre
gouvernant et gouverné qui devrait être fondée sur des règles favorisant l’objectivité, la
confiance mutuelle et le partage communicationnel.
Etant donné sa complexité, la recherche des recettes exemplaires pour garantir une
meilleure gouvernance paraît interminable.

450
En effet, entre les OI et les États et les nouveaux acteurs qui émergent et se créent
aussi bien dans la scène internationale que nationale, voire infranationale, la vision
change, les démarches et les méthodologies se transforment, les interrogations se
multiplient, les inquiétudes et la méfiance demeurent.
Sous quel commandement, la meilleure gouvernance serait-elle assurée ?
Pourrait-elle aboutir à une standardisation universelle ou à une réglementation
consensuelle définitive, normalisée, obligatoire, voire contraignante?
Entre souveraineté et universalisation d’un côté et entre légitimité convoitée,
fragilité ou vulnérabilité appréhendée, entre croissance pressentie chez les États et
démocratisation souhaitée chez les OI, entre méfiance, prudence et confiance
s’identifierait, ainsi, la quête interminable d’une bonne gouvernance exemplaire.
Dans quelle mesure la bonne gouvernance pourrait-elle s’explorer tout en
prospectant de trouver le bon dosage ou le juste équilibre entre le pouvoir et le contre
pouvoir ?
Entre mieux gouverner, être juste, avoir la sagesse dans les choix des
méthodologies et des processus qui mèneraient à établir une gouvernance meilleure, les
possibilités d’extension des domaines, des dimensions, des niveaux, des partenaires, des
significations de la gouvernance pourraient se maintenir dans la même optique de
recherche, qui constituerait en elle-même une garantie de ne pas avoir une ligne de
limitation pour maintenir les interrogations éventuelles ayant pour but une amélioration
continue avec une aptitude de transformation selon une adéquation entre le possible et le
souhaitable aussi bien étatique qu’international.

451
4) Les Organisations de la Société Civile409 en tant que pouvoir confirmé
œuvrant à garantir la bonne gouvernance : une promotion du rôle des
acteurs non étatiques.
La classification des pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire pourrait s’attribuer à
une volonté d’organiser et de répartir les pouvoirs.
En fait, cette répartition des pouvoirs selon une acception philosophique vise à
établir un équilibre entre tous les pouvoirs.
En effet, cet équilibre tend à introduire une vigilance partagée qui devrait être
véhiculée par tous les acteurs concernés afin d’établir des garanties institutionnelles et
juridiques pour qu’un pouvoir puisse arrêter un autre tout en gardant l’esprit originaire
de la répartition des pouvoirs sans pour autant avoir une volonté à instaurer un
isolement des pouvoirs ou un cloisonnement qui empêcherait de constituer des rapports
de coopération et de confiance mutuelle.
Ceci étant, cette répartition des pouvoirs ne semble pas prendre, suffisamment, en
considération la position du citoyen en premier lieu et de la société civile en tant qu’un
acteur à la fois émergent et influant en second lieu.
Peut-on noter à ce niveau l’efflorescence d’une nouvelle catégorisation des
pouvoirs en attribuant aux Acteurs Non Gouvernementaux, en particulier, aux
Organisations de la Société Civile un nouveau positionnement en tant que garant de la
BG en adoptant la même démarche de classification qui milite pour que le pouvoir
local, la presse et les médias prennent une positon de pouvoir dans l’architecture
traditionnelle ou originale qui regroupait uniquement l’exécutif, le législatif et le
judicaire ?

409
« On entend par là les associations de citoyens (autres que celles qui concernent leurs
familles, leurs amis et leurs activités professionnelles) auxquelles ceux-ci ont décidé
d’adhérer pour promouvoir leurs intérêts, leurs idées et leurs idéologies. Ce terme ne
renvoie pas aux activités à but lucratif (secteur privé) non plus qu’à l’action des pouvoirs
publics (secteur public). Présentent un intérêt particulier pour l’ONU les organisations de
masse (telles que les organisations de paysans, de femmes ou de retraités), les syndicats, les
associations professionnelles, les mouvements sociaux, les organisations de peuples
autochtones, les organisations religieuses et spirituelles, les associations d’universitaires et
les organisations non gouvernementales d’intérêt public ». ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES
NATIONS UNIES. « Nous, peuples : société civile, Organisation des Nations Unies et
gouvernance mondiale. Rapport du Groupe de personnalités éminentes sur les relations
entre l’Organisation des Nations Unies et la société civile », Site de l’Organisation des
Nations unies, [En ligne] http://www.un.org/reform/a58_817_french.doc , p.15.

452
5) Segmentation, personnification, association, dissociabilité et compatibilité
entre gouvernance et gouvernement
A cet égard, force est de constater, que l’emploi de la notion de gouvernance ne
cesse guère de se propager en indexation à tous les secteurs et en s’attribuant à tous les
acteurs indépendamment de leur nature, de leur statut, de leur périmètre d’intervention
et de leur champ de compétences.
L’objectif de cette constatation est d’apporter un signalement qui se
métamorphose tantôt en qualification de perception tantôt en aptitude de
conceptualisation par rapport à des interprétations et des analyses d’éléments de
réflexion saillants relatifs essentiellement aux départages fonctionnel, institutionnel, de
qualification, de conceptualisation, d’uniformisation, de standardisation qui
s’observeraient dans les rapports conventionnels et non conventionnels, institutionnels
et comportementaux liant indéfiniment la volonté des OI à faire respecter les principes
de la BG aux difficultés de les appliquer.
Le lien présumé entre monde économique à travers l’emploi de la gouvernance et
monde politique via le témoignage du concept gouvernement paraît de plus en plus
soutenu. Les frontières en semblent progressivement entachées de porosité.
En revanche, plusieurs théories410 admettent comme non adéquate la fusion entre
les modes et les institutions, entre la gouvernance et le gouvernement, ou encore entre
la manière de gouverner et ceux qui sont appelés à diriger ou commander faisant ainsi
allusion à l’aspect fonctionnel ou l’espace cartographié, consacrés à symboliser le lieu
ou la source présumée du pouvoir faisant, par conséquent, allusion à l’aspect
institutionnel.
Ceci étant, une différenciation basée sur un certain nombre de critères et
d’indicateurs permettrait de défendre cette séparation entre les deux aspects ou les
deux dimensions à savoir la manière ou la performance d’un côté et ce, en s’associant
à la fonction de la gouvernance et les sujets et l’espace qui singularisent et
personnifient la gouvernance d’un autre.

410
Robert BOYER et Mario DEHOVE, « Théories de l’intégration européenne : entre
gouvernance et gouvernement », La lettre de la régulation, 38, 2001, p. 1-4.
« Les objectifs, les domaines d’efficacité et les sources de légitimité diffèrent assez
radicalement entre une gouvernance et un gouvernement »

453
Cependant, il s’avère que ce rapprochement entre les deux aspects fonctionnel et
personnifié attribués à la gouvernance et suivant une logique d’argumentation et
d’analyse à la fois substantielle et qui réponde aux approches novatrices en conjuguant
recherche et innovation qui tendent à équilibrer les relations entre gouverné et
gouvernant, ne semble pas justifier la logique de divergences ou même de conflit et de
compétition telle qu’établie entre gouvernement et gouvernance.
Par ailleurs, toutes les données qui naissent et qui risquent d’illustrer l’éclatement
et l’expansion en sens et en significations qui surgissent de l’essence intrinsèque du
concept de la gouvernance comme ils se déchainent en portées et en acceptions
novatrices semblent constituer une justification supplémentaire pour admettre que les
deux composantes susmentionnées sont, certainement, essentielles, mais demeuraient
insuffisantes.
Cette insuffisance conceptuelle revient au fait de la difficulté remarquable de
constituer une même configuration standardisée et uniformément imaginée afin
d’établir une BG universelle ou régionale voire au niveau d’un seul État tout en
prenant les bouleversements et les ruptures enregistrés ou pressentis face à l’insistance
de prendre le commandement unilatéral ou central, ce qui constitue des habitudes qui
sont devenues de plus en plus usées dans les conquêtes illégitimes aux couronnes et au
pouvoir.
Or, l’interrelation et l’interdépendance inconditionnée entre les deux champs et
par conséquent entre les deux théories ou domaines lesquels sont représentés en
gouvernance et gouvernements constituent désormais la quête la plus convoitée par
tous ceux qui gouvernent à un niveau étatique ou qui contribuent à préparer ou à
préconiser, à l’échelle internationale, les recommandations et les directives pour ceux-
ci afin de mieux gouverner.
Malgré que ces interprétations laisseraient régner une gouvernance altérée,
l’expression des volontés alimentées en crédibilité et en légitimité démarquerait la
tendance générale de s’approprier les meilleures manières qui apportent les réponses
souhaitées ou qui conjuguent au mieux le présent et le futur par rapport à l’existent, le
possible et le souhaitable tout en se référant aux exigences et aux aspirations d’une
BG.

454
Ainsi, on attribue la gouvernance aux secteurs de l’environnement, de la santé, de
l’économie, de la politique, du social, du culturel, de la communication, etc. et il
n’existe pas, par conséquent, aucun secteur ni domaine qui pourrait échapper à cette
indexation aussi bien en conception qu’en illustration.
A cet égard, une interrogation mérite d’être posée et nécessite une attention toute
particulière qui, en fait, devrait être accordée aux impacts et analyses des divergences
que pourraient susciter l’amalgame et l’ambigüité face à la recherche conceptuelle
œuvrant à définir les causes sous-jacentes de l’effet multiplicateur quant à l’emploi
excessif voire confus du terme de la gouvernance tous azimut.
Ceci étant, il reviendrait, par conséquent, aux OI d’apporter une certaine
régulation ou une standardisation aussi bien de la compréhension que de l’illustration
et la pratique. En revanche, les spécificités du domaine de la gouvernance ont généré
une nécessité de repenser la manière et les méthodes afin de mieux conduire les
recommandations et légitimer le devoir d’appui international au service d’une BG.
Ceci pourrait constituer une tendance pour mieux choisir les méthodes
appropriées afin de faire régner en appropriation singulière et collective,
infranationale, nationale, sous-régionale, régionale, interrégionale et universelle les
principes de BG.

455
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 Lignes directrices-Gestion du Cycle de Projet 2004,
http://europa.eu.int/comm/europeaid
 La gouvernance dans le consensus européen pour le développement : Vers une
approche harmonisée au sein de l'Union européenne,
http://ec.europa.eu/governance/docs
 Contrôle de l'application du droit de l'UE,
http://ec.europa.eu/atwork/applying-eu-law/index_fr.htm
 Doing Business : mesurer les résultats
http://francais.doingbusiness.org/~/media/GIAWB/Doing%20Business/Doc
uments/Annual-Reports/Foreign/DB14-minibook-french.pdf
 Dualisme et monisme en droit international
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dualisme_et_monisme_en_droit_international

Forum économique mondial (2012), http://www.weforum.org/
 Global Credit Portal https://www.globalcreditportal.com/ratingsdirect/
 Gouvernance au développement http://cooperation.mae.lu/fr/Politique-de-
Cooperation-et-d-Action-humanitaire/Strategies-et-orientations
 Gouvernance. Encyclopédie de l’AGORA- http://agora.qc.ca
 Guide de la notation de crédit, Standard and Poor’s
http://www.standardandpoors.com/
 L’agence luxembourgeoise pour la coopération au développement dans le
cadre de sa composante d’Accompagnement des Programmes indicatifs de
Coopération 2007-2011 relative à la partie Gouvernance.
http://www.lux-development.lu/files/documents/LD_FR_light.pdf
 L’aide publique au développement et la gouvernance, quelles approches
nouvelles en matière d’allocation de l’aide ? Institut de recherche et débat
sur la gouvernance, 2007 http://institut-gouvrnance.org
 L’origine des notes de Standard & Poor's Ratings,
http://www.standardandpoors.com/

468
 L’Union Européenne, Section élargissement,
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/e50015.htm
 La “bonne gouvernance ”néolibérale, http://conte.u-bordeaux4.fr
 La compétitivité globale 2012-2013 http://www.webforum.org/papers
 La culture du résultat au cœur d’une nouvelle gouvernance publique ?
Baromètre 2008 www.ey.com/fr/secteurpublic
 La Fondation Méditerranéenne d’Etudes Stratégiques
http://www.fmes-france.net
 La réglementation française en matière des marchés publics
http://www.economie.gouv.fr/daj/marches-publics
 La Stratégie internationale de prévention des catastrophes, Genève, 2009
http://www.unisdr.org/files/7817_UNISDRTerminologyFrench.pdf .
 La stabilité financière dans le monde
http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/gfsr/2014/01/pdf/sumf.pdf
 Le FMI et la Bonne Gouvernance- http://imf.org
 Le partenariat euro Méditerranéen
http://ec.europa.eu/external_relations/euromed/index_en.htm
 Les États membres de l’UNASUR :
http://unasursg.org/es/estados-miembros

 Les indicateurs de bonne gouvernance : fabrique et pratique des indicateurs


de gouvernance, observatoire des fonctions publiques africaines, séminaire
régional sur la gouvernance au sud, http://bj.refer.org
 l'Institut Européen de Recherche sur la Coopération Méditerranéenne et
Euro-Arabe http://medea.be
 L'IntoSAINT, Auto-évaluation de l'Intégrité
http://www.courtofaudit.nl/english/Publications/Topics/IntoSAINT
 M. Riegner, “Measuring the Good Governance State: A Legal
Reconstruction of the World Bank’s “Country Policy and Institutional
Assessment”, IRPA Working Paper GAL Series n. 6/2012 Finalized
20/10/2012 www.irpa.eu

469
 Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer
en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat,
http://www.developpement-durable.gouv.fr/
 Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du
développement www.bmz.de
 Normes et codes : le rôle du FMI- http://imf.org
 Normes internationales sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le
financement du terrorisme et de la prolifération (février 2012)-
www.fatf-gafi.org
 Organisation Internationale des Institutions Supérieures de Contrôle des
Finances Publiques (INTOSAI), http://www.intosai.org
 Patrick Simon, La bonne gouvernance, une culture de la paix ?, IDRP, Avril
2004 Institut de Documentation et Recherche sur la Paix,
http://www.institutidrp.org
 Perspectives de l’économie mondiale octobre 2013, Fonds Monétaire
International. http://www.imf.org/
 Principes fondamentaux pour un contrôle bancaire efficace - © Banque des
Règlements Internationaux, 2012- www.bis.org
 Principes pour les institutions de lutte contre la corruption
https://www.unodc.org/
 Programme des Nations Unies pour le Développement - http://www.pnud.org /
 Réforme de l'architecture du système financier international-
https://www.imf.org
 Supporting Open and Collaborative Governance, The World Bank Institute:
http://wbi.worldbank.org/wbi/Data/wbi/wbicms/files/drupal-
acquia/wbi/governance2011_nospread.pdf
 The Worldwide Governance Indicators: Methodology and Analytical Issues
Daniel Kaufmann, Brookings Institution Aart Kraay and Massimo
Mastruzzi, World Bank September, 2010 Access the WGI data at
www.govindicators.org
 Transparence en Europe http://ec.europa.eu/transparency

470
Table des matières

471
Page
INTRODUCTION GENERALE……………………………………………………………….. 08

III. PREMIERE PARTIE : LA BONNE GOUVERNANCE : UNE APPROCHE

RECOMMANDEE PAR LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES ……………. 34


A. Premier chapitre : Incorporation outrancière de la Bonne Gouvernance dans les actes
internationaux (normes et pratiques). …………........................................................... 37

a. Section première : Initiations multiples et regards différents. ………………………. 38


Sous-section première : La Bonne Gouvernance : Significations particulières et
positionnement concurrentiel des acteurs internationaux ……………………………………... 38
Paragraphe premier : Significations particulières de la BG………………………………….. 39
Paragraphe deuxième : Positionnement compétitif des acteurs internationaux ……………. 49
Sous-section deuxième : La Bonne Gouvernance : Reconnaissance accommodable du
contenu …………………………………………………………………………………………. 63
Paragraphe premier : Identification d’un contenu déclaratoire et exploration d’un usage de
recommandation………………………………………………………………………………... 63
Paragraphe deuxième : Vers une logique internationale d’imposition ………...…………….. 70
b. Section deuxième : Internationalisation de la bonne gouvernance : Illustrations
pratiques. ……………………………………………………………………………... 83
Sous-section première : La BG : Un périmètre d’intervention pour lequel les Organisations
Internationales se procurent le devoir de regard et se légitiment la pluridisciplinarité ……….. 83
Paragraphe premier : Perception, normalisation et pratiques de la Bonne Gouvernance selon
la vocation universelle. ………………………………………………………………………… 84
Paragraphe deuxième : Connectivité interrégionale et interférence entre valeurs
économiques et valeurs morales s’indexant à la BG…………………………………………… 100
Sous-section deuxième : la BG : Un périmètre qui se resserre aux modes de gouvernance … 117
Paragraphe premier : Le développement d’un modèle européen de gouvernance………… 118
Paragraphe deuxième : Les Marchés publics constitueraient un domaine où pourrait se
développer la mauvaise gouvernance et une illustration des limites de l’effectivité
internationale ………………………………………………………………………………….. 137

B. Deuxième chapitre : La Gouvernance recommandée : un processus imposé. ………. 146


a. Section première : Mauvaise contractualisation des valeurs de la Bonne
Gouvernance. ………………………………………………......................................... 146

Sous-section première : Les politiques d’Austérité et d’Aide au Développement : les OI en


quête d’effectivité pour une meilleure gouvernance étatique…………………………………... 150

Paragraphe premier: Les politiques d’austérité : mauvaise gouvernance étatique ou


ineffectivité internationale : quelle responsabilité pour les OI?………………………………... 150
Paragraphe deuxième: L’Aide au Développement : Ingérence légitimée pour une bonne
gouvernance imposée ……..……………………………………………………………………. 160

473
Sous-section deuxième : Le rythme d’internationalisation de la BG semble difficilement
accommodé, mal approprié et peu équilibré ……………………...……………………………
169
Paragraphe premier : L’interdépendance entre la gouvernance publique et la
croissance inclusive : une pratique recommandée par l’OCDE. Quid des écarts de
gouvernance ? Et quel positionnement pour les économies fragilisées ?……………….……… 169
Paragraphe deuxième : La Bonne Gouvernance recommandée justifie la mesurabilité de
l’effectivité internationale ……………………………………………………………………… 178
b. Section deuxième : Déstabilisation de l’appropriation de la Bonne Gouvernance :
(morale et cognitive). ………………………………………………………………… 187
Sous-section première : La confiance générerait le devoir étatique de conformité et
fragiliserait l’appropriation d’une meilleure gouvernabilité.…………………… ……………... 187
Paragraphe premier : L’approche de vérification et le souci de conformité réduiraient la
confiance et entraveraient le processus d’appropriation de la BG…………………...………… 188
Paragraphe deuxième : Critères d’Evaluation de la Gouvernabilité : démarche imposée plus
que négociée …………………………………………………………………………………… 197
Sous-section deuxième : La notation internationale : Médiation justifiée pour juger la
gouvernance ou prudence excessive pour éviter les risques de mauvaise gouvernance ?............ 206
Paragraphe premier : Incorporation de la démarche d’analyse des risques dans le modèle de
mesure de la BG………………………………………………………………………………… 209
Paragraphe deuxième : La Bonne gouvernance financière : souci pressant pour les États et
normalisation internationale de la prudence excessive…………… …………….……………... 224
II. DEUXIEME PARTIE : LA BONNE GOUVERNANCE : LA CONDUITE DES

ORGANISATIONS INTERNATIONALES EST A REPENSER........................................... 233


A. Premier chapitre : La gouvernance recommandée fragilise l’effectivité
internationale………………………………………………………………………….. 242
a. Section première : La légitimité limitée réduit la confiance et dévalorise
245
l’applicabilité de la Bonne Gouvernance. ………………………...…………...…….
Sous-section première : la mauvaise gouvernance et la corruption porteraient atteinte à la
légitimité internationale et freineraient le supranationalisme…………………………………... 248
Paragraphe premier : Lutte contre la corruption et BG : s’agit-il d’une configuration
d’interdépendance, d’interpénétration ou de deux champs de divergences et de controverses ? 248
Paragraphe deuxième : Les actes internationaux ayant trait à la BG et à la Lutte Contre la
Corruption ne garantiraient pas nécessairement la confiance dans les OI ……………………. 260
Sous-section deuxième : La concrétisation de la Bonne Gouvernance demeurerait tributaire
de la dimension morale ………………………………………………………………………… 270
Paragraphe premier : La portée internationale de la gouvernance incorporerait
insuffisamment et inefficacement la dimension éthique………………………………………. 271
Paragraphe deuxième : La gouvernance comportementale mettrait en doute la légitimité de
l’intervention internationale ……………………………………………………………………. 280

474
b. Section deuxième : L’action supranationale entre le devoir d’intervention et le souci
d’effectivité. ………………………………………………………………...……….. 299
Sous-section première: Les pouvoirs non-contraignants réduiraient l’opposabilité de l’action
supranationale………………………………………...………………………………………… 299
Paragraphe premier : Indications multiples du caractère non-contraignant des actes
300
internationaux ayant trait au domaine de la gouvernance ………………………………………
Paragraphe deuxième : La question de la transposabilité freine l’effectivité internationale 310
Sous section deuxième : La gouvernance supranationale : limites d’une gouvernabilité qui
s’avère fragilisée ……………………………………………………………………………….. 325

Paragraphe premier : La gouvernance des risques : Champ de constatation mettant à


l’épreuve la légitimité de l’intervention internationale…………………………………………. 325

Paragraphe deuxième : La gouvernance supranationale semble osciller entre fragilité et


déficit …………………………………………………………………………………………... 337
B. Deuxième chapitre : La gouvernance impulsive se développe dans la
responsabilisation, la redevabilité et l’appropriation. …………………………...……. 343
a. Section première : La revalorisation des pratiques de la Bonne Gouvernance initiées
loin de la tutelle internationale. …………………...…...…………...………………… 343
Sous-section première : La reconfiguration du système de la tutelle internationale : vers la
dynamisation de la concertation………...…………....………...…………....…………………. 344

Paragraphe premier : La gouvernance juridique : les recommandations internationales


illustrent une dynamique d’orientation et d’apprentissage qui nécessite un vrai coaching
plutôt qu’une tutelle …....………...…………....………...…………....………...…………… 344

Paragraphe deuxième : Mieux orchestrer l’appropriation de la Bonne Gouvernance en


paramétrage et en dosage………...…………....………...…………....………...…………......... 356
Sous-section deuxième : Valoriser la redevabilité et promouvoir la responsabilisation……… 367
Paragraphe premier : Rétablir la légitimité aussi bien interne qu’internationale : Un
préalable pour la concrétisation de la BG………...…………....…………......…………...…... 367
Paragraphe deuxième : Les OI devraient s’appuyer sur la redevabilité pour rétablir la
légitimité d’intervention et garantir l’appropriation de la BG………………………………… 377
b. Section deuxième : L’apprentissage collectif se substitue au processus recommandé 394
Sous-section première : Les préalables envisageables pour dynamiser un apprentissage
collectif d’une meilleure gouvernance ………...…………....………...…………....………... 396
Paragraphe premier : Institutionnalisation du processus de développement de la bonne
gouvernance………...…………....………...…………....………...…………....………...……. 396
Paragraphe deuxième : Les fondements et les caractéristiques essentiels de la
responsabilisation………...…………....………...…………....………...…………....……….... 407
Sous-section deuxième : La reconsidération de la Bonne Gouvernance à travers la mesure de
la performance et la remise en cause continuelle………...…………....……….......................... 417

475
Paragraphe premier : Le cycle de mesure de la performance : dispositif nécessaire pour
réduire la mauvaise gouvernance. ………...…………....………...…………....………...…....... 418
Paragraphe deuxième : L’opérationnalisation de la Bonne Gouvernance se développerait
dans l’interdépendance et la complémentarité entre tous les niveaux de gouvernance ……… 427

CONCLUSION GENERALE : ………………………………………………………….......... 435


Bibliographie …………………………………………………………..…...…………............ 447
Table des matières ………………………………………………................…...…………...... 491

476
Achevé d’impression
sous les presses de SOTEPA
Octobre 2017

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