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UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL

UFR: SCIENCES JURIDIQUES ADMINISTRATIVES ET DE GESTION

MEMOIRE DE MASTER II RECHERCHE: DROIT PUBLIC FONDAMENTAL

SUJET:

LA CEDEAO ET LES CHANGEMENTS


ANTICONSTITUTIONNELS DE
GOUVERNEMENT EN AFRIQUE DE L’OUEST

DIRECTEUR/SUPERVISEUR:

Pr Pélagie N’DRI THÉOUA

Agrégé des Facultés de Droit, Professeur


Titulaire de Droit Public
Présenté par :
ENCADREUR:
Lezaho Laure Stéphanie
GOUGNOTIÉ Dr Aboubacar Sidiki DIOMANDÉ

Enseignant-chercheur en Droit Public,


Maître Assistant des Facultés de Droit
Public

ANNÉE ACADÉMIQUE 2021-2022

1
AVERTISSEMENT

L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Elles doivent être considérées comme propres à leur auteur.

2
À mon père Jean GOUGNOTIÉ, je sais que tu es
parti pour mieux prendre soin de moi.

3
REMERCIEMENTS

Ce mémoire, perçu comme le fruit d’un long travail personnel et intellectuel, n’aurait
jamais vu le jour, en réalité, sans le concours de nombreuses personnes. Pour cela, je veux
leur adresser mes remerciements tout particulièrement.

Je tiens tout d’abord à exprimer ma gratitude envers Professeur N’DRI Pélagie


TEHOUA, Vice-Présidente de l’Université Alassane OUATTARA de Bouaké qui a accepté
de diriger ce mémoire. Ses précieux conseils ont été assez déterminants dans la réalisation de
ce travail.

Je souhaite également exprimer ma profonde reconnaissance à Professeur Nanga


SILUÉ Doyen de l’UFR des sciences juridiques, Administrative et de Gestion de l’Université
Alassane OUATTARA. Sa rigueur a su déteindre sur nous.

Par ailleurs, il y a une autre personne sans qui ce travail n’aurait pas vue le jour. Il
s’agit de Docteur Aboubacar Sidiki DIOMANDÉ. En dépit de ses nombreuses occupations, il
a toujours su ménager de son temps pour nous le consacrer afin que ce travail soit du plus
parfait que possible. C’est la raison pour laquelle nous désirons tout spécialement le
remercier.

Merci à vous Professeur Djedjro MELEDJE pour nous avoir aidé à rester connectée à
l’actualité concernant ce travail. Aussi pour vôtre amabilité et votre disponibilité.

Je n’oublie pas l’ensemble du corps professoral, pour les conseils et enseignements


ayant participé à notre formation. Je n’oublie pas non plus mes ainés du CREDFIP, pour nous
avoir aidés en nous préparant à chaque épreuve qui nous était soumise. Puisse le tout puissant
vous le rendre au centuple.

Je remercie mes camarades de la promotion 2021-2022 du Master 2 recherche de Droit


Public Fondamental pour cette riche année et ce soutien mutuel.

Je ne saurais terminer cette série de remerciement sans penser à ma famille qui m’a
soutenu et encouragé durant toute cette aventure. Merci à toi maman qui avec le peu m’a tout
donné. Tu es ma source d’inspiration et je te dois tout. Je dis merci à DIEU pour toutes ces
personnes disposées sur mon chemin, la force, le courage et l’intelligence qu’Il m’a apporté.

4
SIGLES ET ABREVIATIONS

APDH: Action pour la Promotion des Droits l’Homme

CADEG : Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de la Gouvernance

CADHP : Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples

CAJ : Cour Africaine de Justice

CEDEAO : Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest

Cf. : Confer

CI : Côte d’Ivoire

CIJ : Cour Internationale de Justice

CJCEDEAO : Cour de Justice de la CEDEAO

CJUE : Cour de Justice de l’Union Européenne

CJUEMOA : Cour de Justice de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africain

CADHP : Charte Africaine des Droit de l’Homme et des Peuples

CNRDRE : Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration


de l’État

CPJI : Cour Permanente de Justice

CS : Conseil de Sécurité

CSNU : Conseil de Sécurité des Nations Unies

dir.: sous la Direction

ECOMOG : Economic Community of West African States Monotoring Group

ECOWARN: ECOWAS Early Warning and Response Network

ECOWAS : Economic Community of West African States

FAC: Force en Attente de la CEDEAO

Ibid. : Ibidem

5
n°: Numéro

ONU : Organisation des Nations Unies

Op.cit. : Opere Citato

OTAN : Organisation du Traité de l’Atlantique Nord

OUA : Organisation de l’Unité Africaine

p. : page

PUB : Presses Universitaire de Bruxelles

PUCI : Presses des Universités de Côte d’Ivoire

PUF : Presses Universitaire de France

RDISP : Revue de Droit International et de Sciences Politiques

RGDIP : Revue Générale de Droit International Public

RISJPO : Revue Ivoirienne de Sciences Juridiques et Politiques

SDN: Société des Nations Unies

UA : Union Africaine

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine

UMA : Union Maghreb Arabe

6
SOMMAIRE

INTRODUCTION ………………..………………………………………………………….1

PREMIERE PARTIE : LES MESURES DE LA CEDEAO GARANTISSANT UN


ENCADREMENT DES CHANGEMENTS ANTICONSTITUTIONNELS DE
GOUVERNEMENT EN AFRIQUE DE L’OUEST ……………………………………..
….9

CHAPITRE I : LES INSTRUMENTS DE PREVENTION DES CHANGEMENTS


ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT………………………………….11

SECTION 1 : L’ARCHITECTURE JURIDIQUE BATIE PAR LA CEDEAO…………….

SECTION 2 : LE CADRE INSTITUTIONNEL ÉTABLI PAR LA CEDEAO……………..

CHAPITRE 2 : LES MECANISMES DE GESTION DES LES CHANGEMENTS


ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT………………………………….

SECTION 1 : LES MOYENS D’INTERVENTION EN VUE DU RETABLISSEMENT DE


L’ORDRE CONSTITUTIONNEL…………………………………………………………..

SECTION 2 : LES MÉCANISMES REPRESSIFS VISANT LE REGLEMENT DES


CHANGEMENTS ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT………………

DEUXIEME PARTIE : LES LIMITES DES MESURES AFFECTANT


L’EFFICACITE DE LA CEDEAO FACE AUX CHANGEMENTS
ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT EN AFRIQUE DE
L’OUEST………………………………………

CHAPITRE I : LES FACTEURS ENDOGENES LIMITANT LES ACTIONS DE LA


CEDEAO……………………………………………………………………………………

SECTION 1 : LES ECUEILS AU NIVEAU DE LA SUBSTANCE DES TEXTES DE


L’ORGANISATION…………………………………………………………………………

SECTION 2 : LES ARDUITES DANS LA MISE EN ŒUVRE DES MECANISMES DE


L’ORGANISATION………………………………………………………………………..

7
CHAPITRE II : LES FACTEURS EXOGENES ENTRAVANT LES MECANISMES
DE LA
CEDEAO…………………………………………………………………………………

SECTION 1 : LES RESISTANCES DES ETATS MEMBRES HANDICAPANT


L’ORGANISATION ………………………………………………………………………….

SECTION 2 : LES FACTEURS TOUCHANT A PLUSIEURS AUTRES COUCHES DE


LA SOCIÉTÉ ………………………………………………………………………………….

CONCLUSION …………………………………………………………………………….

8
INTRODUCTION

« En Afrique, l’alternance est victime d’une classe habituée à vaincre mais qui ne sait
ni vaincre ni convaincre. Des révisions et amendements constitutionnels se talonnent et se
succèdent sans raison. Comme des singes et usant de l’argument du singe, certains
gouvernants africains préfèrent mourir la banane dans la bouche 1» affirmait Giscard Kevin
DESSINGA sur la question de l’alternance en Afrique. En effet, il nous est donné de constater
une difficile mise en œuvre de moyens favorisant une alternance démocratique par les
dirigeants dans de nombreux États en Afrique. La grande majorité des gouvernants africains
sont animés par une idée commune : se maintenir éternellement au pouvoir2.

Au nombre des thèmes de recherche qui, en raison de la passion qui les entoure et de la
tension qu’ils renferment, suscitent scepticisme ou suspicion en Afrique, figurent les
changements anticonstitutionnels de gouvernement. Perçu, en effet, comme la modalité
illégale par excellence d’accession au pouvoir, ce phénomène déchaîne, chaque fois qu’il
advient, des réactions qui n’ont d’égal que l’horreur qui s’attache à son avènement.3

Plus de soixante ans après les indépendances, les changements anticonstitutionnels de


gouvernement continuent de représenter un défi majeur de gouvernance en Afrique. Survenant
par la force des armes ou à travers un subtil remodelage de Constitutions 4, ce phénomène est à
la base de nombreuses menaces de violences et d’instabilité pour les États concernés, pour la
communauté internationale de même que pour les acquis démocratiques.

Dès lors, cette menace a poussé les États à forger une structure au niveau sous régional
leur permettant de répondre aux impératifs de paix et de sécurité. En Afrique de l’Ouest, c’est
la CEDEAO qui a reçu compétence pour gérer ce type de situation.
Ainsi, c’est la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernements en
Afrique en général et dans la zone Ouest africaine en particulier qui justifie l’importance de
mener une réflexion sur le sujet qui s’intitule comme suit : La CEDEAO et les changements
anticonstitutionnels de gouvernements en Afrique de l’Ouest. Autrement dit, il s’agit
1
G. DESSINGA, Démocratie au four et au moulin, alternance et conflits électoraux, Paris, L’Harmattan, 2020,
p. 35.
2
Ce phénomène est fréquent. Malgré toutes les limitations des mandats et les moyens constitutionnels employés
pour son respect, le résultat n’est presque jamais satisfaisant.
3
P. MASSINA, Le coup d’état entre déshonneur et bienveillance, université de Lomé-Togo p.1.
4
R. BEN ACHOUR, « Rapport introductif », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de
gouvernements approches de droit constitutionnel et de droit international, Les cahiers de l’Institut Louis
FAVOREU, n°3, Colloque international organisé les 4 et 5 avril à Tunis, Presses Universitaire d’Aix-Marseille,
PUAM, 2014, pp. 13-14.

9
d’analyser la CEDEAO comme une organisation en rapport avec les différents moyens
d’accession au pouvoir qui ne sont pas prévus par la constitution ou des moyens qu’elle
interdit strictement.

En effet, les crises5 se succèdent et parfois se chevauchent sur le continent. On assiste,


sans cesse en Afrique, à une adoption, une suspension, puis un renouvellement de la
constitution6. C’est un processus fréquent dans certains États. Cette situation témoigne de
l’instabilité qui fragilise conséquemment l’ordre juridique 7 africain. Les crises qui affectent la
région sont de diverses origines. Elles proviennent non seulement des conflits politiques mal
ou non résolues8, de guerre civiles, mais aussi et surtout de changements anticonstitutionnels
plus connus sous l’appellation de coups d’État aussi bien militaires que constitutionnels.

Compte tenu du flou pouvant entourer le sujet, un éclairage terminologique des termes
clés qui le constitue est indispensable. Ce sujet est articulé autour de deux expressions
principales. Nous définirons d’abord la CEDEAO avant de présenter ce que sont les
changements anticonstitutionnels de gouvernement.
La CEDEAO est une organisation de coopération économique et d’intégration
régionale qui a vu le jour le 28 Mai 1975. Elle se compose à l’heure actuelle de 15 membres 9.
Elle intervient dans le respect des principes primordiaux de la gouvernance politique. De plus,
elle fait la promotion du respect des principes de bonne gouvernance et l’État de droit. À sa
création, la CEDEAO ne se préoccupait pas des questions politiques et son acte constitutif ne
faisait pas explicitement allusion aux Droits de l’Homme. En effet, au terme de l’article 2(2),
son action portait sur l’élimination des droits de douanes, l’établissement d’un tarif douanier
commun, la suspension, entre les États 10. Elle était donc une organisation économique

5
Une crise est une situation troublée, souvent conflictuelle qui en raison de sa gravité justifie des mesures
d’exception (G. CORNU, Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2016, p. 289.). Elle est spécifiquement une remise
ne cause radicale d’un statut d’existence qui avait accédé à une stabilité et une certaine unité, qui semblait à
l’abri des contestations majeures. Cette seconde définition donnée par LIÉGÉ dans Esprit est la mieux adaptée à
cette étude.
6
A. GLÈLÈ. « La constitution où loi fondamentale », Encyclopédie juridique de l’Afrique, 1982, p. 33.
7
P. WEIL, « Vers une normativité relative en Droit International », RGDIP, 1982, p. 7.
8
P. SLOGOHOUN, « Le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans les États africains en période de crise »,
Revue burkinabè de droit, n°52, 2017, p. 210.
9
Les 15 États membres de la CEDEAO sont : le Mali, la Guinée, la Sierra Leone, le Burkina Faso, le Sénégal, le
Liberia, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Ghana, le Bénin, le Niger, Cap vert, la Gambie et la Guinée
Bissau. La Mauritanie est un État fondateur de la CEDEAO (1975) mais elle s’est retirée pour intégrer l’Union
Maghreb Arabe (UMA) en Décembre 2000. Notons qu’une demande d’intégration de l’organisation a été
formulée par le Maroc, la Tunisie ainsi que la Mauritanie en 2017 avec le statut d’observateur et de membre
associé qui reste jusqu’à ce jour en attente.
10
Y. KABUMBA, « La répression internationale de l’esclavage : les leçons de l’arrêt de la cour de justice de la
communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest dans l’affaire Hadidjatou Mani c. Niger (27 octobre
2008) », revue québécoise de droit international, n°21.2, 2008, p. 32.

10
rassemblant les États d’Afrique de l’Ouest en vue d’une politique économique d’intégration.
C’est l’une des plus anciennes organisations en Afrique qui couvre toute la sous-région Ouest-
africaine11.

De plus, c’est une organisation qui transcende les clivages linguistiques, les
divergences idéologiques et les héritages coloniaux. En raison du lien étroit qui existe entre la
dynamique d’intégration, de développement économique, la paix et la sécurité
environnementale, l’organisation a réaménagée ses objectifs de sortes à répondre à ses
nouveaux impératifs. Cependant, aussi résolument tourné vers une adaptation progressive aux
exigences du moment, le cantonnement de l’organisation au discours incantatoire 12 n’avait pas
réussi à bâtir la conviction communautaire13. La CEDEAO s’est érigée à l’heure actuelle
comme la nouvelle actrice incontournable de la protection des droits humains et s’est
réellement engagée contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement.

Pour définir le sujet, nous interrogerons les instruments juridiques avant de se tourner
vers la définition proposée par la doctrine. De prime abord, c’est un thème qui est apparu en
199014. La déclaration sur le cadre pour une réaction de l’OUA face aux changements
anticonstitutionnels de gouvernement fait une énumération des changements
anticonstitutionnels de gouvernement15. Cette définition est lacunaire en ce sens qu’elle
n’épuise pas la notion et ne donne pas un sens réel au concept. Elle se limite plutôt à faire un
recensement de situations constituant de ce phénomène. À la différence de celui-ci ; la charte
africaine sur la démocratie, les élections et la bonne gouvernance de l’Union Africaine (UA) a
la particularité de proposer une définition assez complète des changements
anticonstitutionnels. Ainsi, la CEDEAO n’ayant pas définir dans ses instruments ce concept
s’y réfère.
Pendant longtemps, les juristes se sont désintéressés à l’étude du phénomène des
changements anticonstitutionnels de gouvernement. Ce désintéressement trouvait sa raison
11
B. ADAMOU, Le constitutionalisme à l’épreuve de l’intégration dans l’espace CEDEAO : contribution à
l’étude de la protection des droits fondamentaux depuis l’ « ouverture démocratique en Afrique, Thèse de
doctorat, Université de Toulon, 2018, p. 20.
12
T. KANE, La Cour de justice de la CEDEAO à l’épreuve de la protection des droits de l’homme, mémoire de
Master, Saint Louis, 2012, p. 7.
13
B. ADAMOU, idem, p. 25.
14
Ce terme est apparu dans les annales politiques et juridiques que lorsque les États se sont dotés de règles
constitutionnelles fixant les modes d’accession et de maintien au pouvoir dans les différents pays.
15
il s’agit « un coup d’état militaire contre un gouvernement issu d’élections démocratiques ; une intervention
de mercenaires pour renverser un gouvernement issu d’élections démocratiques ; une intervention de groupe
dissidents armé et de mouvements rebelles pour renverser un gouvernement issu d’élections démocratiques ; le
refus par un gouvernement issu d’élections démocratiques ; le refus par un gouvernement en place de remettre
le pouvoir au parti vainqueur à l’issue d’élections libres, justes et régulières ».

11
d’être dans le fait qu’ils considéraient qu’il s’insérait difficilement dans la science du Droit
Public. Effectivement, les changements anticonstitutionnels semblent relever de la Science
Politique plus que du Droit. Les professeurs Dominique ROUSSEAU et André ROUX
abondent dans ce sens. Écrivant sur la question, le premier affirme qu’ « un changement
anticonstitutionnel est, par définition, toujours un moment politique et peut-être même le
moment politique à l’état pur.16 ». En ce qui concerne le second, il note que les changements
anticonstitutionnels de gouvernement « ne sont pas des objets juridiques identifiables17. Ce
sont des objets politiques»18.
Il convient d’observer que le concept de changement anticonstitutionnel de
gouvernement englobe plusieurs situations ce qui le rend difficile à définir. En effet, il peut
résulter d’« un bricolage des dispositions constitutionnelles relatives à la durée des mandats
électifs, ou à l’âge de candidature ou encore à la nature du régime en place. Ce peut
également être la conséquence du refus de l’alternance suite à une défaite électorale. 19 » Il
peut également résulter d’une révolution ou d’une insurrection. Ce dernier aspect pose
quelques difficultés quant à qualification de non constitutionnel en raison du fait qu’il
provient du peuple souverain qui est seul détenteur du pouvoir constituant Ces changements
non démocratiques interviennent généralement à la suite d’ « une opération d’accession au
pouvoir en dehors du cadre constitutionnel en violation des principes démocratiques et
normes de l’Etat20». Ces définitions semblent les mieux admises mais ne tiennent pas compte
des engagements conventionnels des États. En somme, le choix de la définition textuelle est
plus approprié en raison de son caractère général, consacré et consentis donc légal. De ce fait,
retenons que les changements anticonstitutionnels de gouvernement sont toute accession ou
maintien au pouvoir en dehors des règles et principes constitutionnels et conventionnels relatif
aux à l’accès et à l’exercice du pouvoir étatique.
L’analyse d’un tel sujet s’avère fort intéressant. En effet, sur cette question, certaines
doctrines sont apparues au début du XX ème siècle dans le but d’établir une relation entre la
reconnaissance de gouvernement et sa constitutionnalité ou sa légitimité. La plus importante
de ces doctrines était celle développée par Carlos TOBAR 21. Selon cette doctrine, tout
16
Ibid., p. 64.
17
Ibid.
18
Ibid.
19
R. BEN ACHOUR : « Rapport introductif », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de
gouvernements approches de droit constitutionnel et de droit international, op.cit., p. 14.
20
R. BEN ACHOUR, « Rapport introductif », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de
gouvernement approches de droit constitutionnel et de droit international, op.cit, p. 4.
21
Carlos TOBAR était un ministre des affaires étrangères de l’équateur. Cette doctrine a été exprimée dans une
lettre adressée au Consul de Bolivie à Bruxelles le 15 mars 1907. Elle fut consacrée par les traités généraux de

12
gouvernement issu d’un coup d’État ou d’une révolution doit être confirmé par des élections
libres sans quoi aucune reconnaissance internationale ne peut être possible. Cette doctrine fut
abandonnée au profit de la doctrine Wilson22.
En 1930, une autre doctrine est apparue aux USA. On l’appelait Estrada nom du
ministre des affaires étrangères du Mexique Genaro ESTRADA. Cette doctrine a eu plus de
succès que les précédentes. Elle considère en effet que la reconnaissance de gouvernement
constitue une ingérence dans les affaires de l’État. Elle est, pour reprendre les propos de ce
dernier, « une pratique offensante, qui outre qu’elle attente à la souveraineté d’autres
nations »23. Un autre intérêt de ce sujet résulte du fait que malgré l’ancienneté du concept de
coup d’État, ce phénomène continue de faire rage et de se propager. Ce phénomène, en effet,
s’est amplifié et plus spécifiquement dans la zone Ouest de l’Afrique. On dénombre entre
2020 et 2022 cinq (5) changements anticonstitutionnels de gouvernement 24 sans compter les
tentatives échouées et les modifications constitutionnelles intéressées. C’est un sujet d’une
actualité brulante qui continue d’argumenter la doctrine et de préoccuper l’opinion publique.
En vrai, ce phénomène anti-démocratique n’était pas à l’origine saisi par le Droit. Ni le
Droit constitutionnel encore moins le droit international ne lui réservait un régime particulier.
C’est en premier lieu le droit constitutionnel qui s’y est essayé. Toutefois, les
constitutionnalistes avaient pour seule réaction de constater sa survenance. Il était impossible
pour eux de le gérer véritablement et de le prévenir même s’il interdisait ces changements 25.
Pour les internationalistes « les changements de gouvernement étaient des questions que le
droit international laissait à la compétence exclusive des États26».
Avec l’émergence de la démocratie, de l’État de droit et la bonne gouvernance en droit
international27, les données ont changé et on assiste à « la disparition des conditions qui

paix centraméricains conclus à Washington le 20 décembre 1907 et le 7 février 1923 Cf. R. BEN ACHOUR,
« Rapport introductif » Les changements anticonstitutionnels de gouvernement approches de droit
constitutionnel et de droit international, op.cit., p. 12.
22
Initiée par le président Wilson. Selon celle-ci, « les USA n’éprouvent aucune sympathie pour ceux qui cherche
à s’emparer du pouvoir en vue de servir leur intérêt personnels mais ils sont les amis de ceux qui sauront se
maintenir dans les limites de leurs droits constitutionnels ».
23
R. BEN ACHOUR : « Rapport introductif », idem. p. 15.
24
Il y a eu 2 coups d’État militaire au Mali le18 Août 2020 et le 24 Mars 2021. Au Burkina ce fut aussi le même
cas. Le 24 Janvier 2022 et 9 mois après, surtout sans que le gouvernement précédant n’ai été légitimé, un autre
renversement a eu lieu le 30 Septembre 2022. En ce qui est du 5e il a lieu en Guinée le 5 septembre 2021.
25
R. BEN ACHOUR, « Rapport introductif », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de
gouvernement approches de droit constitutionnel et de droit international, op.cit, p. 12.
26
Article 15 paragraphe 8 du Pacte de la SDN.
27
Cf. R. BEN ACHOUR, « Le droit international de la démocratie », Cours Euro-Méditerranéens Bancaja de
droit international, Volume IV, 2000, pp.324-362.

13
imposaient qu’on gardât indifférence et silence à leur égard 28 ». Le droit international est
désormais engagé sur la nouvelle voie qui est celle de la fin de l’indifférence vis-à-vis des
régimes politiques. C’est la raison pour laquelle la CEDEAO a fait des changements
anticonstitutionnels son cheval de bataille.

Dans la pratique, lutter contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement


permet de contribuer à la paix, la stabilité et à la sécurité de la région. Elle permet surtout de
contribuer à l’enracinement dans les mœurs de l’État de droit et la démocratie, deux concepts
dont la culture s’avère assez difficile en Afrique en général.

Au regard de tout ce qui précède, la question de recherche que nous avons posé se
présente comme suit : Les mesures adoptées par la CEDEAO en matière de lutte contre
les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique de l’Ouest arrivent-
elles à les endiguer efficacement?

Nonobstant la canalisation de certains changements anticonstitutionnels, grâce aux


différentes actions menées par les organismes internationaux de l’Afrique de l’Ouest, force est
de constater que l’accalmie a été de courte durée 29. Les moyens mis en œuvre se sont avérés à
maintes reprises inefficaces pour le maintien de l’ordre et la sécurité à longue durée car ceux-
ci n’arrivant toujours pas à les réduire avec efficacité30.

Pour résoudre le problème que pose le sujet, il nous semble judicieux d’opter pour la
méthode de travail aussi bien comparative, analytique que pratique. L’approche analytique,
comme l’indique le nom, consistera, à faire l’état des lieux, à analyser les textes
communautaires traitant de ce sujet pour en déceler les incohérences et les limites. Précisons
que cette analyse aura pour point de départ la période allant de 1990 jusqu’à nos jours. A
cette date, le problème s’est posé avec la vague de démocratisation choisie ou imposée ; des
régimes militaires ont normalisés leur pouvoir par l’ouverture politique et la réécriture des
constitutions affirmant que le seul moyen d’accéder au pouvoir reste l’élection.

On assiste, également, à des limitations d’âges et des mandats présidentiels. Toutefois,


l’accent sera mis le plus sur les récents changements anticonstitutionnels. Ici, le lecteur

28
C’est dans le cadre de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) 1989 que le principe de
l’autonomie constitutionnelle sera pour la première fois abandonné.
29
Cela se justifie par les nombreux coups d’États qui se succèdent sans trouver nul part de solution.

30
Une situation inquiétant l’ensemble de la communauté internationale craignant que ce procédé qui est applaudi
par les populations ne soit légalisé sur le continent.

14
découvrira, non pas une juxtaposition des instruments communautaires ou des textes de la
CEDEAO, ni la recherche des solutions à ce type de situations, mais une analyse basée sur la
manière dont les textes consacrent l’obligation des États à respecter les différents principes du
droit international. Elle s’accentuera surtout sur la manière dont la CEDEAO procède pour
atteindre ses objectifs avant de relever les obstacles qui mettent à mal son efficacité. C’est
cette méthode qui nous a donné d’arriver à la constatation de certaines incompatibilités de
l’arsenal normatif de la CEDEAO depuis son intéressement à ce phénomène. Cette approche
conduira à relativiser notre position sur la question posée afin d’exposer l’ambivalence de la
portée des décisions prises par la CEDEAO en matière de changements anticonstitutionnels.

Quant à la méthode comparative, elle permet de faire du Droit comparé. Dans le cadre
de cette étude, il s’agit de mettre en parallèle le Droit de la CEDEAO et d’autre Droit tels que
celui de l’UA dans le cadre de la gestion des changements anticonstitutionnels afin d’y porter
des critiques tant positives que négatives. L’approche pragmatique, pour ce qui la concerne,
permettra d’opérer un dépassement des textes pour s’intéresser à sa mise en œuvre réelle. Il
s’agit de quitter les considérations théoriques pour se loger dans les faits pratiques en
appréciant l’effectivité de ces textes31.

À l’évidence, la question de recherche retenue nous permet de constater que la


CEDEAO a adopté une position catégorique en rejetant tout acte anticonstitutionnel. Sa
réaction a donc été de mettre au point tout un ensemble mesures matérialisant ce rejet (Partie
I). Toutefois, la pratique donne de constater que ces moyens sont conséquemment limités. Ces
limitent prêtent le flanc à de nombreuses incursions inconstitutionnelles au pouvoir qui
pérennisent les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique de l’Ouest
(Partie II).

31
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest,
L’Harmattan, Paris, 2022, p.31.

15
PREMIÈRE PARTIE : LES MESURES DE LA CEDEAO
GARANTISSANT LA LUTTE CONTRE LES
CHANGEMENT.

16
« La mondialisation et la globalisation des échanges obligent de plus en plus les États
à s’associer, à confier bon gré mal gré, à des procédures et à des organes collectifs, la
solution de leurs intérêts les plus vitaux »32. Cette pensée de DANIQUE et N’SANGUI
traduit le développement des tendances régionalistes dans la société internationale 33.Ce
mouvement de régionalisme n’a pas laissé en marge le continent africain en général et en
particulier la sous-région ouest africaine. L’Afrique de l’ouest en effet connait aujourd’hui de
grandes organisations d’intégration, notamment la CEDEAO et l’UEMOA. La première,
c’est-à-dire la CEDEAO, champ spatial de la présente étude, eu égard de son rôle crucial dans
le développement économique et social de ses États membres, a vu sa sphère de compétence
élargie. Désormais, en plus de ses compétences traditionnelles, elle est investie d’une mission
de protection des droits de l’homme.

Toutefois, tous ces objectifs et missions assignés à ladite organisation ne pourraient


être atteints à condition du respect de certains principes tels que la sécurité juridique et l’État
de droit. C’est donc dans le souci d’assurer l’effectivité du droit communautaire ouest africain
que le législateur de la CEDEAO a mis en place plusieurs instruments, notamment des
mécanismes du lutte contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement d’autant
plus que la sous -région ouest africaine est en proie à ce phénomène qui prend une proportion
inquiétante . Ces mécanismes se déploient autour de deux grands axes : la prévention des
changements anticonstitutionnels de gouvernement (Chapitre I) et, en cas de survenance,
veiller à leur prise en charge (Chapitre II)

CHAPITRE I : LES MÉCANISMES DE PRÉVENTION DES CHANGEMENTS


ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT

32
T.R. DANIQUE et B.N’SANGUI, « Les causes de l’inefficacité des organisations régionales dans la
résolution des crises électorales en Afrique : le cas de la CEDEAO », op.cit. p.299.
33
A.SALL, La justice de l’intégration, reflexions sur les institutions judiciaires de la CEDEAO et de l’UEMOA,
Dakar, L’Harmattan, 2018, p.18.

17
La prévention peut être définie comme « l’ensemble des mesures et institutions
destinées à empêcher ou au moins à limiter la réalisation d’un risque, la production d’un
dommage, l’accomplissement d’actes nuisibles, etc. En s’efforçant d’en supprimer les causes
ou les moyens ».34 Elle constitue le but premier recherché par l’organisation. Aussi, c’est une
notion qui prend en compte plusieurs procédés. Effectivement, il peut s’agir tant des règles en
la matière commandant le comportement à proscrire. De ce fait, en raison de l’inexistence
d’un encadrement de ce phénomène à l’origine, ces règles constituent un premier pas. La
charte des Nations Unies est le premier cadre juridique international qui autorise la CEDEAO
à s’impliquer dans le domaine de la sécurité collective, relevant à l’origine de la compétence
exclusive de l’ONU35. Il est ainsi mis en place une véritablement architecture normative
(section1) et des organes pour mieux prévenir les crises politiques et les insurrections d’ordre
démocratique et constitutionnel (section2).

SECTION 1 : L’ARCHITECTURE NORMATIVE BÂTIE PAR LA CEDEAO

La CEDEAO s’est dotée d’un arsenal normatif considérable en matière de


condamnation et de rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernement. Cet arsenal
s’est principalement développé dans la deuxième moitié des années 1990 à travers la stricte
condamnation du coup d’état intervenu en Sierra Leone contre le Président Ahmed Tejan
KABBAH démocratiquement élu. Ainsi, cette situation a été le canal de la mise en avant de
la volonté des dirigeants africains et Ouest africains de rejeter les changements de pouvoir non
démocratique. Par ailleurs, elle leur a aussi permis de promouvoir l’accession au pouvoir
uniquement par les moyens démocratiques. De même ces instruments constituent le cadre
juridique de référence qui donne explicitement mandat à l’organisation pour s’impliquer dans
les situations constituant des violations des règles tant internes que régionales. Dans les
développements qui suivront, nous verrons qu’il existe un dispositif juridique bien connu
(paragraphe 1) que nous exposerons et analyserons pour terminer le système d’alerte mis en
place par la CEDEAO (paragraphe2).

34
A. BETIE, Approche contemporaine de la prévention des conflits en Afrique, Thèse, université de Bordeaux,
13 Mai 2015, p.
35
En effet, le maintien de la paix et de la sécurité est le premier but de l’ONU, organisation internationale, tel
qu’il ressort des dispositions de l’article premier § 1 de la charte des Nations Unies. Cependant, le chapitre VIII
de cette charte prévoit la possibilité de déléguer cette mission à des organisations régionales. C’est donc au nom
de cette délégation que la CEDEAO peut gérer les questions concernant la sécurité collective mais uniquement
dans sa sphère de compétence.

18
Paragraphe 1 : L’existence d’un dispositif juridique d’action de la CEDEAO

La CEDEAO tire sa légitimité de plusieurs textes régionaux, sous régionaux voire


internationaux. En cela, ce cadre institué trouve sa justification dans le maintien de la paix et
de la sécurité collective de la sous-région. Pour prévenir les changements anticonstitutionnels
de gouvernement, la CEDEAO a développé un cadre normatif spécifique qui consacre les
valeurs de la démocratie en interdisant les changements anticonstitutionnels de gouvernement
d’une part (A), mais aussi s’intéresse au processus électoral (B).

A. L’adoption de texte interdisant les changements anticonstitutionnels de


gouvernement

La CEDEAO pour mieux saisir et contrôler ce phénomène des transitions contraire aux
normes constitutionnels, a procédé par définir, donner une qualification, ainsi que nommer de
ce que l’on devrait entendre par changement anticonstitutionnel de gouvernement en se
référant à l’UA36. La commission africaine des droits de l’homme avec sa résolution 515 sur
les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique –CADHP/Rés.515(LXX)
ainsi que l’Union Africaine dans son préambule de 2000 condamnent elles aussi les
changements anticonstitutionnels37. Le protocole de 1999 propose une acception large de
l’expression État membre en crise. Ce serait, en effet, un État en temps de conflit, qui est
confronté à d’innombrables difficultés, à des situations pouvant entrainer des risques de
désastres et de menaces contre la paix et la sécurité dans la sous-région.

La première base juridique de toute action de la CEDEAO est le traité révisé de 1993 en
son article 3 qui énumère les objectifs fondamentaux de la communauté. Ce sont « la
promotion de la paix et de l’intégration pour parvenir à une union économique en vue
d’améliorer les conditions de vie des populations, harmoniser et coordonner les politiques
nationales, programmes, projets et activités.38 »
36
Pour faire face à la recrudescence des changements anticonstitutionnels de gouvernement, les chefs d’État et
de gouvernement africains se sont réunis dans le cadre d’un sommet extraordinaire sur le terrorisme et les
changements anticonstitutionnels en Afrique le 28 Mai 2022 à Malabo. Ils ont évalué les menaces et les moyens
actuellement en cours pour le renforcement de la sécurité des membres confrontés à ces fléaux.
37
De même que la CEDEAO l’organisation régionale africaine dispose d’un mécanisme de lutte contre les
changements anticonstitutionnels. Elle a, à cet effet, institué et chargé le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS)
pour réagir chaque fois que de telles situations se produisent au sein d’un pays membre de l’organisation.
38
D. AGBEZOUKIN, « La CEDEAO et les coups d’État en Afrique de l’Ouest : quel cadre juridique pour
quelles actions préventives ? », Institut d’étude de géopolitique appliquée, 16 juin 2022, https://www.institut-
ega.org/l/la-cedeao-et-les-coups-detats-en-afrique-de-l-ouest-quel-cadre-juridique-pour-quelles-actions-
preventives/, 24/10/2022, 23h 27.

19
Pour s’assurer de mener un combat dont la substance et l’objectif ne pèse pas à confusion,
il fallait une certaine convergence au tour de la notion de « changement anticonstitutionnel de
gouvernement ». Le protocole de 2001 de la CEDEAO détermine les principes de
convergence constitutionnelle. Ce sont le principe de la séparation des pouvoirs, de l’élection
en tant que seul moyen d’accès au pouvoir, la participation populaire aux prises de décisions,
la laïcité de l’État, la liberté partisane, le respect des droits de l’homme etc.

L’article 23 de la charte africaine sur la démocratie, les élections et la bonne gouvernance


a procédé à l’identification des faits constitutifs de changements anticonstitutionnels de
gouvernement39 ». Ici, l’accent qui est mis sur le mode d’accession au pouvoir du président en
exercice qui doit-être démocratique. C’est dire qu’elle doit être conforme aux règles
constitutionnelles. On pourrait en déduire que tout acte mentionné par la charte ne peut être
qualifié de changement anticonstitutionnel lorsqu’il intervient pour le renversement d’un
gouvernement issu lui-même de coup d’État, c’est-à-dire non démocratiquement élu40.

Au même titre que l’organisation régionale, la CEDEAO dispose d’un cadre normatif
important en matière de transition électorale. Mais en tant qu’organisation sous- régionale,
elle entérine l’Union Africaine et doit donc se conformer aux grands principes, à l’objectif
d’ensemble pour la réalisation de ses propres objectifs 41. Rappelons que la Charte des Nations
Unies ne fait pas allusion à la question des changements anticonstitutionnels de
gouvernement. Elle ne fait que perpétrer la « neutralité légendaire42 » du droit international
vis-à-vis des régimes politiques. Nonobstant l’absence de dispositions relatives aux
changements anticonstitutionnels de gouvernement ainsi que la consécration de la démocratie
et de l’état de droit, l’ONU, plus d’une fois, a réagi contre les changements
anticonstitutionnels de gouvernement. Cette réaction n’était ni préparée, ni régulière et non
systématique explique Rafâa BEN ACHOUR. La réaction de la CEDEAO qui était selon

39
Il s’agit en effet de « putsch ou coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu ; toute
intervention de mercenaires pour renverser un gouvernement démocratiquement élu ; toute intervention d’un
groupe dissidents armés ou de mouvement rebelles pour renverser un gouvernement démocratiquement élu ;
tout refus par un gouvernement en place de remettre le pouvoir au parti ou au candidat vainqueur à l’issue
d’élections libres, juste et régulière ; tout amendement ou révision des constitutions ou est instruments
juridiques qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique. »
40
J. MPIANA soutenait que les changements anticonstitutionnels qui s’opèrent pour évincer des gouvernements
non démocratiquement élu ne sont pas prohibés par l’UA. Mais que ceux-ci s’inscrivent dans le droit des
citoyens à participer) la vie politique de leurs États. Voir, j. MPIANA, « L’Union Africaine face à la gestion des
changements anticonstitutionnels de gouvernement, op.cit., p.113.
41
N. KRISIS, « La CEDEAO et les changements anticonstitutionnels », in Rafâa BEN ACHOUR (dir.), les
changements anticonstitutionnels de gouvernement approches de droit constitutionnel et de droit international,
op.cit., p.54.
42
A. SICILIANOS, L’ONU et la démocratisation de l’État, Pedone, Paris, 2000, p.13.

20
Paul TAVERNIER très « faible, souvent tardive et peu structurée à l’origine est devenue plus
robuste et plus musclée 43».

Dans le cadre des changements anticonstitutionnels, deux instruments sont en vigueur. Le


premier est le protocole relatif au mécanisme prévention, de gestion, de règlement des
conflits, de maintien de la paix et de la sécurité adopté le 10 Décembre 1999. Il a la
particularité de faire la promotion et milite pour la consolidation de gouvernement et
d’institution démocratique au sein de chaque État qui le compose. Par ailleurs, sa spécificité
est qu’il propose une acception large de l’expression « État membre en crise ». Celui-ci
signifie non seulement « un État en difficulté confronté à un conflit armé, mais aussi tout
État membre se heurtant à des problèmes graves et persistant.44»

De plus, le second instrument c’est le protocole a/sp1/12/01 relatif à la démocratie et la


bonne gouvernance additionnel au protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion,
de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité adopté le 21 Décembre 2001
à Dakar. Ce protocole par ses principes et valeurs qu’il consacre, est selon Alioune SALL et
Ismaila FALL « une constitution régionale 45». En plus de déterminer les principes de
convergences constitutionnelles déjà mentionné plus haut, il fait trois interdictions majeures.
Il dispose en effet que, « Tout changement anticonstitutionnel de gouvernement est interdit
de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir », «l’armée
est apolitique et soumise à l’autorité politique régulièrement établie ; tout militaire en
activité ne peut prétendre à un mandat politique électif », « la formation et les activités des
partis ne doivent avoir pour fondement aucune considération raciale, ethnique, religieuse, ou
régionale »46.

En outre, notons que tandis que la première porte directement sur le phénomène en
question les suivantes sont des facteurs de déclenchement des changements
anticonstitutionnels de pouvoir. Avec la nouvelle vague de changements anticonstitutionnels
de gouvernement dans la région, les facteurs communs sont essentiellement l’implication de

43
P. TARVERNIER, « Les organisations internationales et les changements anticonstitutionnels », in Rafâa BEN
ACHOUR (dir…), Les changements anticonstitutionnels de gouvernement approches de droit constitutionnel et
de droit international, op.cit., p.29.
44
N. KRISIS, «La CEDEAO et les changements anticonstitutionnels », in Rafâa BEN ACHOUR (dir…), les
changements anticonstitutionnels de gouvernement approches de droit constitutionnel et de droit international,
op.cit., p.56.
45
I. FALL et A. SALL, « Une constitution régionale pour l’espace CEDEAO : le protocole sur la démocratie et
la bonne gouvernance de la CEDEAO, op.cit., p.1.
46
Article 1 al.2 du protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement, de maintien de la paix
et de la sécurité.

21
l’armée dans la vie politique, la mauvaise gestion des derniers publics entrainant des révoltes
partisanes et nourrissant la discorde et la haine.

En clair, ce cadre normatif instauré progressivement a pour objectif de consacrer la


démocratie au sein des États membres. Mais avant d’atteindre ce but lointain, l’objectif est de
lutter contre le fléau afin de mettre à l’abri de ses effets dévastateurs. Il est important de
veiller au contournement de ce fléau, non pas uniquement pour ses effets propres mais
également en raison de son lien étroit avec d’autre phénomène tout aussi dangereux tel que le
terrorisme47.

B. L’implication dans le processus électoral des États membres

Les élections constituent les principaux piliers de la démocratie et sont devenues un


moyen communément accepté pour légitimer les institutions de gouvernance en Afrique de
l’Ouest48 . C’est dire qu’elles sont d’une importance remarquable. L’élection est un moment
très stratégique et primordial dans le processus de démocratisation. Elle peut-être aussi une clé
à la base de plusieurs maux sur le continent africain, un facteur de déclenchement de violence
et d’insécurité. C’est la raison qui justifie l’implication de l’organisation.

En effet, une assistance en matière électorale est accordée chaque fois qu’il y a élection
dans un État membre. Cette « assistance contribue non seulement à prévenir les troubles
politiques mais à instaurer l’autorité politique, lorsque l’autorité du gouvernement est
inexistante ou est gravement érodée 49». L’assistance électorale porte non seulement sur
l’organisation mais également sur le déroulement de l’élection. Sa mission est de garantir des
élections libres, transparentes, régulières et crédibles en somme, des élections qui répondent
aux attentes de la société internationale et qui réalise les principes démocratiques. Pour ce
faire, la CEDEAO envoie des missions de supervisions ou d’observation précédées
généralement par des missions d’information et des missions exploratoires.

47
Le terrorisme représente une préoccupation pour les États d’Afrique de l’Ouest. La plupart des États
actuellement théâtre de coup d’état sont des cibles en raison de l’insécurité prévalant et de la mauvaise maitrise
des frontières par les personnes aux pouvoirs.
48
M. HOUNKPE et I. FALL, « Les commissions électorales en Afrique de l’Ouest analyse comparée », Revue
et actualisée de février 2011, Frieddrich Ebert stiftung, p.iv, p.4.
49
N. KRIDIS, « Les changements anticonstitutionnels de gouvernement », in R. BEN ACHOUR, Les
changements anticonstitutionnels de gouvernements : approche de droit constitutionnel et de droit
international ; op.cit., p.55.

22
Relativement à cette question Docteur Giscard Kevin DESSINGA posait la question
de savoir « pourquoi en Afrique, et seulement en Afrique et non ailleurs, aujourd’hui encore,
chaque fois qu’il y a des élections, faut-il des observateurs et voyeuristes dits continentaux et
internationaux et pourquoi les Africains acceptent-ils cette situation humiliante … ?50 » Est-
ce un manque de confiance en soi ou en ses semblables ? On ne saurait le dire. Le plus
important à retenir c’est que les observateurs ont joués un rôle assez convainquant en aidant à
la réalisation d’élection dont la transparence est chaque fois un peu plus poussée.

Tout d’abord, la CEDEAO énonce la possibilité, pour elle, d’apporter aide et


assistance pour l’organisation des élections. Tout État membre peut ainsi demander l’aide tant
financière et matérielle et elle lui sera accordée. Le but est de renforcer le processus de
démocratisation afin qu’aucune excuse ne puisse justifier le maintien au pouvoir.

Deuxièmement, le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne


gouvernance (2001) contient des dispositions importantes relatives à l’accession au pouvoir et
à la conduite des élections. Le protocole additionnel est considéré comme un élément
permettant de prendre en considérations les causes politiques des conflits, de l’instabilité, et
de l’insécurité. « C’est sans doute le plus ambitieux de tous les textes adoptés par la
CEDEAO 51», pouvons-nous affirmer. À cet effet, il a initié la création du Réseau des
Commissions électorale en février 2008. Son rôle est de faciliter le partage d’expériences et de
travailler à l’harmonisation des normes électorales en Afrique de l’Ouest, en plus de
l’assistance et du suivi des élections.

Historiquement les premières alternances ont eu lieu seulement autour de 1990,


environs 30 ans après les élections. Au cours de ce laps de temps l’on a observé une absence
d’alternance, de non-renouvellement régulier des élus politiques. Le protocole interdit,
toujours sur cette épineuse question électorale, toute réforme importante de la loi dans les six
mois qui précèdent une élection, sauf si consensus clair se dessine pour la modification. 52 Le
fichier électoral doit être tenu à jour, et sa fiabilité doit être garantie, dispose le protocole.

Ainsi, il est fortement recommandé d’effectuer une association des acteurs politiques
sous la forme d’observateurs des travaux de la commission, des processus de prise de
décisions et de leur mise en œuvre, la création d’un cadre de concertation permanente entre
50
G. DESSINGA, Démocratie au four et au moulin, alternance et conflits électoraux, op.cit., p.21.
51
T. DANOUE et B. N’SANGUI, « Les causes de l’inefficacité des organisations régionales dans la résolution
des crises électorales en Afrique », op.cit., p.307.
52
I. FALL et A.SALL, « Une constitution régionale pour l’espace CEDEAO : le protocole sur la démocratie et
la bonne gouvernance de la CEDEAO », op.cit., p.3.

23
les acteurs politiques et la commissions pour l’aplanissement des appréhensions et des
difficultés. Ainsi, pour garantir le respect et lutter contre les fraudes et corruptions électorales,
la CEDEAO a instauré l’élection compétitive qui se présente comme étant « un jeu
indispensable pour la survie et la consolidation de la démocratie53 ».

Contre toute attente, a CEDEAO a compris que tant qu’il n’y a pas de stabilité
politique, de paix et de sécurité, la démocratie est susceptible d’être compromise et le
développement socio-économique ne sera alors qu’une simple et pure illusion. C’est la raison
pour laquelle elle va étendre son champ d’action en ajoutant aux objectifs économiques, des
objectifs purement politiques. Par exemple, ce sont les actions telles que la promotion de la
paix, la sécurité et la stabilité, la promotion des principes et des institutions démocratiques, la
participation populaire et la bonne gouvernance, la promotion de la protection des droits
humains fondamentaux et des droits des peuples.

Néanmoins, le rôle en matière électorale de la CEDEAO est prévu explicitement par


le protocole de 1999 aussi. En effet l’article 42 alinéa 1 du chapitre IX portant sur la
consolidation de la paix dispose que pour prévenir à temps les troubles sociaux et politiques,
la CEDEAO doit s’impliquer dans la préparation, l’organisation et la supervision des
élections programmées dans les États membres. Elle doit également s’impliquer dans mise en
place d’institutions démocratiques des membres.

Paragraphe 2 : La création d’un système d’alerte précoce

Le système d’alerte précoce est un dispositif unique en Afrique. Il est plus connu sous le
sigle ECOWARN54. C’est un outil d’observation et de suivi dans le cadre de la prévention des
conflits et des crises. Par ailleurs, il est prévu pour la première fois par l’article 58 du traité
révisé de 1993 de la CEDEAO. Outre cela, c’est le protocole relatif au mécanisme de
prévention, de gestion, de règlement des Conflits, de la Paix et de la sécurité de décembre
1999 qui prévoit sa mise en œuvre. C’est un système de prévention des crises en Afrique de
l’Ouest (A) et qui constamment tend à se perfectionner (B).

A. Un système de prévention des crises en Afrique de l’Ouest


53
M. HOUNKPE et I. FALL, les commissions électorales en Afrique de l’Ouest analyse comparée, éd. Revue et
actualisée de février 2011, Frieddrich Ebert stiftung, p.124.
54
ECOWAS Early Warning and Response Network.

24
L’Afrique de l’Ouest rencontre de nombreuses difficultés en étant très généralement
exposée à des problèmes tels que les changements anticonstitutionnels de gouvernement qui
sape conséquemment les avancés de la région. En majorité, les crises politiques rencontrées
sur le continent africain ont pris une tournure majeure en raison de ce que les premiers
éléments donnant lieu à ces situations en raison de la prise en compte tardive de ces
indicateurs. Cette situation conduit à une action moins préparée dont on ne saurait juger de
l’efficacité. C’est ainsi que la CEDEAO a mis au point un moyen pour pallier à ce déficit.
L’idée de la création d’un système d’alerte précoce ne constitue que le résultat de ce constat.

En fait, le système d’alerte constitue une première expérience des organisations sous
régionales africaine dans la prévention des crises dans toutes ses formes tant politique
qu’institutionnelles.55 Depuis sa création jusqu’à présent, ce le système d’alerte précoce a
connu une évolution non moins négligeable. Ce procédé s’est de plus en plus adapté aux
réalités du terrain de sorte à être plus productif et performant. L’objectif principal de la
CEDEAO étant la prévention, elle a procédé à l’établissement de bureaux de zone dans
chaque État membre dans le strict respect du principe de souveraineté. Ce système est fondé
sur la fourniture d’information journalière. Les organes sur terrain font un compte rendu de
tout ce qui pourrait intéresser l’organisation. C’est l’un des systèmes les plus complets en
Afrique. Ce dispositif « contient des installations pour la saisie de données à large portée,
l’analyse et la présentation de rapports qui facilitent la prise de décision rapide sur la
présentation des conflits et l’intervention à différents niveaux.56 »

La fonction d’alerte précoce relève du département chargé des Opérations de Soutien à la


Paix, qui fait partir de la stratégie de la communauté. Il s’agit de développer un système de
réponse entièrement intégré et fonctionnel.

Le système d’alerte précoce sert de grille d’analyse des règles et permet de dégager
rapidement des tendances en matière de sécurité en Afrique de l’Ouest. Ce dispositif à la
particularité de détecter les menaces et les crises et conflits potentiels afin d’entreprendre des
mécanismes de réponse appropriés. En sommes, l’on à faire à un système de détection des
facteurs d’instabilité et d’insécurité. Il a été institué dans le but de permettre l’observation et
le suivi de la prévention de toutes formes de crises pouvant aboutir à des conflits.

55
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p.306.
56
Evaluation comparative de la fonction comparative de la Fonction d’Alerte Précoce, disponible en ligne sur
https://www.easfcom.org/index.php/fr/page-d-accueil/47-news-french-category/221-e-warn-benchmark-2-fr,
consulté le 07/11/2022 à 1h 06.

25
Par ailleurs, le protocole A/P1/12/99 relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de
règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité délimite les compétences de
l’ECOWARN dans la prévention des renversements ou des tentatives de renversement d’un
gouvernement démocratiquement élu.57 Il est compétent pour prévenir la CEDEAO en cas de
violation graves et massives des droit de l’hommes ou la remise en cause de l’État de droit
notamment à travers les informations qu’il traite et analyse sur les risques d’instabilité. 58

Cette prévention se fait à travers la collecte et l’analyse minutieuse des informations. Les
analyses d’informations collectées sont transmises au Conseil de Médiation et de Sécurité et
au président de la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement en application du
protocole précité.

En outre, l’ECOWARN s’appuie sur deux modes de fonctionnement. D’un côté le centre
d’observation et d’analyse basé à Abuja qui est habilité à nouer des liens avec l’ONU, UA, les
centres de recherches et toute autres organisations régionales, sous régionales et
internationales pertinentes59. D’un autre côté, il comprend quatre (4) bureaux de zone qui sont
répartis sur l’ensemble des États de l’Afrique de l’Ouest. La première zone est basée à Banjul
en Gambie et couvre le Cap Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal. La deuxième
zone est basée à Ouagadougou au Burkina Faso et couvre la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le
Mali et le Niger. En ce qui est de la zone 3 elle a son siège à Monrovia au Libéria et couvre le
Ghana, le Libéria et la Guinée. Quant à la quatrième et dernière zone son bureau est à
Cotonou au Bénin. Cette zone couvre le Togo, Nigeria et le Bénin. Cet organe travail
majoritairement dans l’ombre et dans la discrétion en suivant d’un œil regardant le cours des
évènements au sein de chaque gouvernement et leur manière d’agir. En somme, c’est un
système en construction mais dont l’objectif est louable.

B. Un système en constante perfection

« L’ECOWARN est un bon exemple de modèle de prévention des crises sur le continent
africain. Toutefois, il demeure un modèle lacunaire » faisait remarquer Oumar BERTE60. Le
57
Article 25 (e) du protocole A/P1/12/99 relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des
conflits, de maintien de la paix et de la sécurité.
58
Idem (d).
59
Article 23 (e) du protocole A/P1/12/99 relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des
conflits, de maintien de la paix et de la sécurité.
60
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p.308.

26
système d’alerte précoce, on le sait, est le seul organe de prévention des crises sur le continent
africain qui travaille en collaboration avec la société civile.

Bien que les changements anticonstitutionnels de gouvernement se multiplient en Afrique


de L’Ouest, force est noter que sans cet organe on aurait vécu une situation plus désastreuse.
Il est vrai que c’est un système qui parait faible, eu égard à l’insécurité qui prévaut toujours,
comme nous venons de le relever, toutefois, son importance et sa nécessité ne sont plus à
démontrer.

Ce système est constamment entravé par l’exercice de la souveraineté étatique. Cet


obstacle a, à de nombreuses reprises, contribué à l’affaiblissement de l’organe lui-même ou de
son action. Sur certaines questions importantes, les informations sont difficilement
accessibles. En effet, c’est sur elle que se fondent les États pour refuser de partager des
informations avec l’ECOWARN61. Plus précisément, le secret de certaines informations dont
la divulgation leur serait préjudiciable.

En pareil situation, il est difficile d’assurer ses fonctions avec sérénité. S’inscrivant dans
cette logique, Kofi ANNAN, ancien secrétaire Général des Nations Unies le rappelait en 2001
en ces mots : « je ne pense pas que la mise en œuvre de stratégies préventives soit chose
facile. Les couts de la prévention doivent être payés immédiatement, alors que les bénéfices
ne sont recueillis que dans un avenir lointain. 62». Nous invitons chaque membre prêter leur
concours afin de faciliter la mission de cet organe parce que +confronté à des difficultés de
réponse en cas de menace de la paix et de la sécurité du fait que le protocole. Cependant, bien
que confronté à des obstacles politiques, techniques te institutionnels, le mécanisme d’alerte
précoce peut être considéré comme le plus abouti sur le continent africain.

L’un des défis essentiels à relever est la réduction du fossé entre l’alerte précoce et la
réaction en se heurtant à trois (3) impératifs : dépasser ses blocages institutionnels pour
assurer une continuité l’alerte et la réponse, inciter les autorités nationales à s’engager dans la
mise en en œuvre de solutions rapides et contribuer à la reconnaissance du rôle des acteurs
locaux au plan régional63.

61
Ce refus est en principe contraire au droit communautaire et à la convention de vienne sur le droit des traités
auquel le droit de la CEDEAO renvoie. Cette convention précise que tout traité en vigueur lie les parties et doit-
être exécuté de bonne foi par celles-ci. Voir article 26 de la convention de Vienne sur le droit des traités du 23
Mai 1969.
62
Amandine GNANGUËNON, « Afrique de l’Ouest : faire la prévention des conflits la règle et non
l’exception » ; consulté sur https://www.wathi.org/wathinotes-paix-et-securite/afrique-de-louest-faire-de-la-
presention-des-conflits-la-regle-et-non-lexeption/, le 26 Novembre 2022 à 14h03.
63
Ibid.

27
L’expérience a montré que les sujets sont plus sensibles à la crise ouverte qu’aux signaux
indicateurs de crise. Aussi la mise en œuvre de ce dispositif est soumise au bon vouloir de
régimes politiques fragilisés par les modes de gouvernement locaux.

SECTION 2 : LE CADRE INSTITUTIONNEL ÉTABLI PAR LA CEDEAO

Pour faire face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, la CEDEAO a


mis en place un mécanisme de réaction à travers l’institution de plusieurs organes dont la
conférence des chefs d’États et de gouvernement est au sommet de la hiérarchie
administrative. Sa composition et son fonctionnement ressemble, mutatis mutandis, au conseil
de paix et de sécurité de l’UA et au conseil de sécurité de l’ONU. Ces deux derniers organes
interagissent. Ce cadre prévoit d’une part la mise en place d’organes de décision non moins
productifs (paragraphe 1). D’une autre part, elle a en son sein des organes tant juridictionnels
qu’exécutif aidant d’avant à lutter contre les changements anticonstitutionnels (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La mise en place d’organes de décisions productifs

Les deux instruments de la CEDEAO consacrant le rejet des changements


anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique prévoient des instances de décision qui
veillent à la prise des décisions en cas de survenance de tout acte anticonstitutionnel. Ces
organes interviennent en matière de prévention. Également, ils interviennent en matière de
gestion des situations de crise. Dans leurs actions, Chaque organe agit dans les limites de ses
attributions par le protocole qui l’a créé. Ce peut-être, le protocole révisé de 1993 amendé, le
protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits et de
maintien de la sécurité et de la paix ainsi que d’autres protocoles annexés. Ce sont des organes
prometteurs dont la fiabilité et la performance ont plus d’une fois été prouvé. Les organes de
décisions de l’organisation sont la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement (A) et le
Conseil de Médiation et de Sécurité (B).

A. La promptitude de la conférence des chefs d’État

28
La conférence des chefs d’État et de gouvernement est « la plus haute instance de
décision du mécanisme »64. Elle joue un rôle essentiel dans la lutte contre les changements
anticonstitutionnels de gouvernement. Ainsi, c’est un organe politique.

D’ailleurs, elle est l’équivalent, pour faire un parallèle, du Conseil Européen de


l’Union Européenne (UE). Celle-ci est présidée par le président de l’un des États membres élu
par la conférence.et dont le mandat est renouvelable annuellement. 65 Toutefois, le protocole
additionnel A/SP.1/06/06 a effectué des modifications sur cette disposition. Il prévoit
dorénavant que la présidence soit exercée selon un système de rotation annuel en tenant
compte de l’ordre alphabétique des États membres.66

Deux (2) fois par an, la conférence se réunit en session ordinaire. Au-delà de cette
session dite ordinaire, elle peut se réunir en session extraordinaire à l’initiative de son
président ou à la demande d’un État membre. Cependant, celui-ci doit obtenir au préalable
l’approbation de la majorité simple des États membres.

À l’issue de coup d’état intervenu au Togo en date du 5 Janvier 2005, la conférence


des Chefs d’État n’a pas hésité à exprimer « son rejet catégorique » contre cette situation. Il
invite donc au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans les plus brefs délais. Il en est
ainsi chaque fois que, dans la force des choses, il y a renversement de gouvernement
démocratiquement élu.

Ainsi, la conférence est habilitée à prendre toute sorte de décision dans le cadre des
questions se rapportant à la prévention, la gestion, le règlement des conflits, le maintien de la
paix et de la sécurité. Aussi à l’assistance humanitaire, à la consolidation de la paix, à la lutte
contre la criminalité transfrontalière et à la prolifération des armes légères ainsi que de toute
autre disposition couverte par le mécanisme.67 Elle a plus d’une fois participer à la gestion
efficace des changements anticonstitutionnels dans la sous-région.

De manière générale, , la conférence est chargée de la direction et du contrôle général


de la communauté, et de prendre toutes mesures nécessaires en vue du développement
progressif de celle-ci et de la réalisation de ses objectifs 68. Le second paragraphe de l’article 7

64
Article 6 alinéa 1 du protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de
maintien de la paix et de la sécurité adopté en Décembre 1999.
65
Article 7 paragraphe premier du traité révisé de la CEDEAO.
66
Article 8 du protocole additionnel A/SP.1/06/06.
67
Article 6 alinéa 2, op.cit.
68
conformément à l’article 7 du traité révisé de 1993 précité.

29
dispose par ailleurs qu’elle est chargée de la détermination de la politique générale et des
principales orientations de la communauté, de donner des directives, harmoniser et
coordonner les politique économiques, scientifiques, culture les et sociales de la communauté.

Au-delà de ces attributions, elle a en charge le contrôle du fonctionnement des


institutions, de la nomination du Secrétaire Exécutif conformément aux dispositions de
l’article 17 du présent traité révisé, la nomination du Conseil des Commissaires aux Comptes.
Ses autres attributions sont non moins importantes que les premières. Elle peut déléguer, le
cas échéant, au Conseil le pouvoir de prendre les décisions visées à l’article 9 du présent
traité, elle peut de même saisir, en cas de besoins, la cour de justice de la communauté
lorsqu’elle constate qu’un État membre n’a pas honoré l’une de ses obligations ou qu’une
institution de la communauté a agi en dehors de ses limites, de sa compétence ou a excédé les
pouvoirs qui lui sont conférés par les dispositions du traité.

La réaction de la Conférence est qualifiée de prompt en raison du délai assez bref dans
laquelle elle intervient. Par exemple, avec le coup d’état perpétré au Mali le 18 Aout 2020, la
conférence a dès le 20 Août exprimé son rejet et condamnée cette action.

Par ailleurs, la conférence dispose d’un pouvoir de sanction dont le fondement est
l’article 45 du protocole additionnel de la CEDEAO. Au terme de cet article, l’organisation
prévoit que « lesdites sanctions à prendre par la Conférence des Chefs d’États et de
Gouvernement peuvent aller par graduation ». C’est donc elle qui est compétente pour
prononcer des sanctions à l’endroit des États qui se sont rendu coupable de « crime de
changements anticonstitutionnels de pouvoir ».69 L’application des sanctions se fait de façon
immédiate et systématique par la conférence. À ce titre, la conférence a le pouvoir de sanction
en cas par exemple de refus pour un État d’exécuter ses exigences diplomatiques.

Ses décisions doivent toutefois remplir des conditions pour être imposable. Elles
doivent être publiées au journal officiel de la communauté. Néanmoins, les actes additionnels,
les directives et les règlements entrent en vigueur après leur publication par la commission ou
à la date fixée. Les décisions quant à elles prennent effet à compter de leur notification à leur
destinataire70.

69
B. TCHIKAYA, « Le crime international de changement anticonstitutionnel de gouvernement : quelques
questions », in Rafâa BEN ACHOUR (dir.), Les changements anticonstitutionnels de gouvernement approches
de droit constitutionnel et de droit international, op.cit., p.142.
70
Article 15 § 7 du traité révisé de la CEDEAO

30
Lorsqu’un État enregistre un changement anticonstitutionnel de gouvernement, la
convocation de la session extraordinaire s’effectue de manière prompte par le président de la
conférence ou à la demande d’un membre ayant obtenu l’accord de la majorité, nous l’avons
dit. Cependant, les divergences politiques ou les lectures divergentes de certains changements
anticonstitutionnels peuvent se heurter à la convocation d’une session extraordinaire surtout
dans les cas de manœuvres subtiles des dirigeants en vue de se maintenir au pouvoir ou au
cours des élections présidentielles.

B. L’apport du conseil de médiation et de sécurité

A côté de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, existe le Conseil de


Médiation et de Sécurité (CMS). C’est la deuxième institution par laquelle la CEDEAO agit
contre les changements non démocratiques de gouvernement. C’est la seule institution
communautaire en dehors de la Conférence qui peut sur sa propre initiative décider de
déclencher la mise en œuvre du protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion,
de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité.

Il intervient dans le processus de lutte contre les changements anticonstitutionnels de


gouvernement et joue un rôle tout aussi important et déterminant que celui de la conférence
des chefs d’État et de gouvernement. C’est le protocole relatif au mécanisme de la CEDEAO
qui prévoit ses attributions en ces termes : le conseil de paix et de sécurité (CMS) « prend, au
nom de la conférence des décisions sur des questions liées à la paix et à la sécurité de la
région. Il assure également la mise en œuvre de toutes les dispositions du présent
protocole »71. Par ailleurs, le conseil décide de toutes questions relatives à la paix et à la
sécurité et de la mise en œuvre des politiques de prévention, de gestion, de règlement des
conflits et de maintien de la paix.

Comme toute attente, il est composé de neuf (9) États membres dont sept (7) sont élus par
la Conférence pour un mandat de deux (2) ans renouvelables dispose l’article 8 du protocole
A/P1/12/99. Il est assisté par des commissions techniques qui sont la Commission de Défense
et Sécurité, le conseil des Sages et le Groupe de Contrôle de cesser le feu devenu Force en
Attente de la CEDEAO (FAC).

71
Article 10 alinéa 1 du protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de
maintien de la paix et la sécurité.

31
À ce propos, les travaux du Conseil se déroulent à trois niveaux à savoir celui de la
Conférence des Chefs d’États et de Gouvernement, celui des ministres et celui des
ambassadeurs des États formant le Conseil et accrédités auprès de l’organisation. Les
membres du Conseil se réunissent deux (2) fois par an autour de son président qui est
également le président de la Conférence. C’est dire que lorsque le président est élu à la tête de
la Conférence, il l’est automatiquement aussi pour le Conseil. Les membres du Conseil
peuvent se réunir en session ordinaire et en session extraordinaire à la demande la majorité
simple de ses membres72.

Le Conseil assure un rôle subsidiaire après la Conférence et un rôle de


complémentarité et parfois de contrepouvoir. Il dispose de pouvoir de sanction prévu par
l’article 45 du protocole additionnel relatif à la démocratie et à la bonne gouvernance. Ainsi
en cas de changement anticonstitutionnel, il peut proposer à la conférence il peut proposer à la
conférence de prendre des sanctions à l’encontre de l’État concerné. Il peut de même décider
de la mise en œuvre du mécanisme en cas de violations massives et graves des droits de
l’homme. Par ailleurs, c’est la seule institution statutaire compétente qui peut élargir le
domaine d’application du mécanisme de sécurité collective sous régionale73 et décider de
recourir à une intervention militaire74.

Le protocole prévoit également que le conseil peut se tenir sous forme de réunion au
niveau ministériel regroupant les ministres des affaires étrangères, de la défense, de l’intérieur
et de la sécurité. La CEDEAO envisage des sanctions plus sévères aux États récidivistes. Le
Mali a connu 3 coups d’État en l’espace de 10 ans. Cette situation est inquiétante selon la
communauté. Le plus grave c’est l’espace-temps existant entre le renversement intervenu en
2020 et celui de 2021. C’est un organe incontournable et assez réactif. Sa mission dans la lutte
contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement révèle chaque jour on ne peut
plus sa subtilité et son importance.

Paragraphe 2 : L’institution d’organe juridictionnel et exécutif prometteur

72
Article 5, Idem.
73
Voir article 25 § (f) du mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix
et de la sécurité.
74
L’intervention militaire étant un sujet très délicat, il était indispensable de rentre rigide ses modalités de mise
en œuvre mais aussi et surtout de le confier à un organe particulier et compétent pour y recourir de façon assez
réfléchie.

32
A côté des organes de décisions de la communauté, il existe d’autres organes qui eux ont
pour fonction l’exécution des décisions prises par les organes décisionnels. Dans ce second
volet de cette étude sur le cadre institutionnel, nous analyserons premièrement la commission
de la CEDEAO puis nous verrons la force militaire de l’organisation.

A. La réactivité de la COMMISSION DE LA CEDEAO

La commission de la CEDEAO forme avec la Conférence des chefs d’États et de


gouvernement, et le Conseil de Médiation et de Sécurité le pouvoir exécutif. Elle est chargée
de la mise en œuvre de la vision, de la mission et des objectifs de la CEDEAO. Son siège est à
Abuja au Nigéria. Elle est dirigée par un président 75, assisté d’une vice-présidente et de cinq
Commissaires, tous des professionnels expérimentés qui assurent le leadership en vue
de la réalisation de la vision des pères fondateurs. Cette vision est la mise en place d’une
région sans frontière au sein de laquelle les populations ont accès aux ressources abondantes
et sont en mesure de les exploiter, grâce à la création d’opportunité dans un environnement
durable.

Elle exécute les décisions de la Conférence et assure la mise en application des


règlements du Conseil des ministres. Son action s’étant à la promotion des programmes et
projets de développement de la communauté ainsi que des entreprises multinationales de la
région. la commission exerce ses pouvoirs en vue du bon fonctionnement et de l’intérêt
général de la communauté. Il tient le journal officiel de la communauté dans lequel il est tenu
de publier les décisions prises par la Conférence trente (30) jours après leur signature par le
président de la Conférence76. Le traité révisé du protocole de Cotonou de 1993 en son article
17 prévoyait un secrétariat exécutif qui était le plus haut fonctionnaire de l’organisation.
Nommé par la conférence pour un mandat de quatre (4) ans renouvelable une seule fois, le
secrétaire exécutif est secondé par quatre (4) secrétaires exécutifs adjoints.

75
Il est nommé par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement pour un mandat de quatre (4) ans
renouvelables. Voir article 18 § 1er du protocole additionnel A/SP1/06/06 portant amendement du traité révisé de
1993 de la CEDEAO. Il précise par ailleurs que le président de la commission doit ^^^^être une personne
intègre, de compétence avérée, ayant une vision globale des problèmes politiques, économiques et d’intégration
régionales.
76
Article 12 § 1er du protocole additionnel portant révision du traité de 1993 de la CEDEAO : « les actes
additionnels, les règlements, les directives, et les décisions sont publiées au journal officiel de la communauté
dans les trente jours de leur signature. Ils sont également publiés par chaque État membre dans on journal
officiel dans les mêmes délais ».

33
La commission de la CEDEAO joue un rôle fondamental dans dissémination de la
démocratie en Afrique de l’Ouest. Elle a en charge la coordination et la mise en œuvre de
toutes les décisions relatives à la sécurité. Elle est responsable de la mise en œuvre du
protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de
maintien de la paix et de la sécurité. Par ailleurs, il a pour mission d’émettre des
recommandations visant la mise en œuvre de l’A/SA.13/02/12 portant régimes des sanctions à
l’encontre des États ne respectant pas leurs engagements.

En cas de volonté de l’organisation de recourir à la force pour restaurer la démocratie,


le président de la Commission77 veille à la bonne formation des unités civiles, militaire et
paramilitaire de la FAC avant leur déploiement. Ajoutons de manière subtile que le rôle même
de la commission est celle de l’exécution des décisions. Effectivement, la Commission est
responsable de l’exécution de toutes les décisions en matière de changements
anticonstitutionnels de gouvernements notamment celles de la Conférence à l’image de de la
commission de l’UE78. Toutefois, le mode de désignation des membres de la Commission de
l’UE semble conférer une certaine indépendance de ses membres à l’égard de l’organe
suprême, le Conseil Européen. Ce qui ne semble pas être le cas pour la Commission de
l’organisation. Le mode de désignation de la celle-ci ainsi que sa révocation sont trop
simplifiée fragilisant celui-ci.

A côté de sa fonction première qui est celle de l’exécution des décisions, la


commission dispose de pouvoir de décision, pouvoir exercé par la personne de son président.
Il peut prendre de son propre chef des mesures dans le cadre de la prévention, de la gestion,
du règlement des conflits, du maintien de la paix et de la sécurité. Ces mesures peuvent
prendre la forme de mission d’enquête, de médiation, de facilitation, de négociation des
parties en conflit79. Lui seul est compétent pour nommer les membres du Conseil des Sages80.

77
L’actuel président de la commission de la CEDEAO est Omar Alieu TOURAY qui succède à l’ivoirien Jean
Claude K. BROU. Il a été nommé à la tête de la commission le 3 Juillet 22 lors de la 61 e session ordinaire de la
Conférence. Il a pris fonction le 11 Juillet. Il est de nationalité gambienne.
78
Le président de la commission de l’UE a aussi pour rôle de veiller à l’application des règles du droit
communautaire sous le contrôle de la Cour de justice de l’Union Européenne. Voir J-L CLERGEREI, A.
GRUBER & P. RAMBAUD, l’union européenne, 10e éd. Dalloz, Paris, 2013, N°209, p.173.
79
Article 15 § 1er du mécanisme relatif à la prévention, à la gestion, le règlement des conflits, le maintien de la
paix et de la sécurité.
80
Le conseil des sages est l’organe ou il est possible de désigner des personnalités pour assurer des missions de
médiation, de bons offices, et de facilitation. Ils sont choisis dans divers secteurs de la société et dans chaque
État membre. C’est un organe destiné à appuyer la Commission dans sa mission.

34
B. Le rôle de la Cour de justice de la CEDEAO

L’existence d’une cour de justice constitue une garantie élémentaire des droits. Elle donne
le droit de contester les décisions des organes exécutifs dont on considère illicite ou
comportant des germes d’irrégularité. La cour de justice de la Communauté a été créée
conformément aux dispositions des articles 6 et 15 du Traité révisé de la CEDEAO. Conçu
initialement dans le traité de 1975 comme « tribunal de la communauté » elle est devenue
réellement une cour de justice dans tous ses sens par suite du Protocole de 1991 adopté par la
conférence des chefs de l’État.

À l’occasion de la crise malienne l’organe juridictionnel de la CEDEAO s’est


considérablement affirmée à travers sa saisine par le Mali. En fait, la cour de justice de la
CEDEAO en abrégé CJCEDEAO a été créée pour résoudre les litiges nés de l’application ou
de l’interprétation des textes de la communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest.
Depuis 2005, elle est habilitée à connaitre des cas de violations des droits de l’homme et des
peuples. Elle a rendu une décision assez prestigieuse qui lui a donné une grande renommée. Il
s’agit de l’affaire opposant la république du Niger contre Mme Hadijatou Mani Koraou 81 où la
CEDEAO a donné gain de cause à la personne de dame Hadijatou sur fond quasi
exclusivement de la jurisprudence du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Cet
arrêt portait sur une affaire d’esclavage.82

Au demeurant, elle est composée de sept (7) juges (depuis 2018) ressortissants des
États membres (deux juges ne peuvent être d’un même État) 83 indépendants de moralité non
douteuse. Ces juges ne sont pas les représentants de leur État ou gouvernement ou des
gouvernements de la CEDEAO. Les membres de la cour sont nommés pour une période de
cinq (5) ans renouvelables une (1) seule fois. Pour les membres de la cour nommés pour la
première fois, le mandat de trois (3) membres expire au bout de trois ans et celui des quatre

81
En juillet 2013, la Cour a condamné le Burkina Faso dans le cadre d’un recours formulé devant la cour de
justice de la CEDEAO. Il a été reconnu coupable de grave violation des droits de l’homme, des libertés
d’opinion, y compris politique. Plus précisément, il était question d’affaire portant sur les libertés électorales.
L’ex majorité avait attaqué l’article 135 du code électoral burkinabè qu’il considère comme ayant pour objectif
d’exclure des individus en particulier. Cet article exclu des élections « toutes personnes ayant soutenu un
changement anticonstitutionnel de gouvernement qui porte atteinte au principe de l’alternance démocratique
notamment au principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels ayant conduit à une insurrection ou
à toute autre forme de soulèvement est inconstitutionnel ». Pour les plaignants, cet article viole la constitution
burkinabè ainsi que les traités de la CEDEAO.
82
Y. HAMULI-KABUMBA, « La répression internationale de l’esclavage. Les leçons de l’arrêt de la cour de
justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest dans l’affaire Hadijatou Mani Koraou c.
Niger (27 octobre 2008) », Revue québécoise de droit international, n°21.2-2008,1 Octobre 2009 p.25.
83
Article 3 § 2 du protocole A/P.1/7/91 relatif à la cour de justice de la CEDEAO.

35
(4) autres au bout de cinq (5) ans.84 La saisine de la cour ne nécessite pas l’épuisement
préalable des voies de recours internes pour les administrés contrairement aux autres
organisations sous régionales. La majorité des cas résolus par la cour étaient liés aux
allégations de violations des droits de l’Homme.85

De plus, la cour de justice de la CEDEAO, on le sait, est l’organe judiciaire principal


de l’organisation qui a été créé par le protocole A.P1.7.91 du 6 juillet 1991 et confirmée par
l’article 15 du traité révisé du 24 juillet 1993. Une fois nommés, les juges disposent d’un
nombre certain de procédure dont ils pourront tirer profit au maximum afin de mener la
politique judiciaire de leur choix. Au-delà de ses attributions par les instruments de la
CEDEAO et par le protocole A/P.1/7/91 relatif à la cour de justice de la CEDEAO, la CJC a
élargi son domaine d’action pour s’assurer qu’aucun crime ne reste impuni. Pour s’en
convaincre nous exposerons des cas pratiques attestant de l’étendue de son champ de
compétence.

Dans la jurisprudence Hissène HABRÉ86 contre l’État du Sénégal, le juge


communautaire autorise un contrôle de conventionalité supranationale des normes du droit
interne des États aux normes du droit communautaire. L’UA donne dans cette affaire son
mandat au Sénégal pour juger et condamner celui en cas de culpabilité au nom de l’Afrique 87.

Rappelons qu’aucun texte de procédure pénale ne reconnaissait une compétence


universelle aux juridictions sénégalaises. Pour honorer ce mandat des réformes
constitutionnelles étaient nécessaire88sans quoi les juridictions sénégalaises étaient
matériellement incompétentes pour juger l’ancien président tchadien. Le juge communautaire
se référant sur l’article 2 § (h) du protocole additionnel sur la démocratie qui garantit la

84
Article 4 § 1 idem.
85
M. DJEUGOUE, « La cour de justice de la communauté de la CEDEAO », disponible sur le site :
https://www.ihrda.org/fr/2015/05/la-cour-de-justice-de-la-communauté-de-la-cedeao/, consulté le 23/10/2022, à
15h39.
86
En 1989, le gouvernement de Goukoni OUEDDEI au pouvoir depuis 1979 est renversé par un coup d’État
militaire instituant Hissène HABRÉ au pouvoir. Ce dernier à son tour est évincé par Idriss ITNO le 1 er Décembre
1990 et obtient l’exil politique grâce auquel il séjourne au Sénégal et au Cameroun. L’association des
ressortissants tchadiens et l’association des victimes de crimes et répressions politique au Tchad (CAVCRP), ont
entamé une longue procédure contre Hissène HABRÉ accusé de crime contre l’humanité. Ayant été décidé que
le procès du sieur, en raison de sa qualité d’ancien président Africain, devait être jugé par une juridiction
africaine.
87
Les relations entre les États africains et les juridictions internationales notamment la Cour Pénale
Internationale (CPI) devenue on ne peut plus complexe. Lire à ce propos I. DANGNOSI, La Cour Pénale
Internationale à l’épreuve de la répression en Afrique, des préjugés aux réalités, L’Harmattan , 2015.
De plus, cette affaire échappait à la compétence de celle-ci. En effet, entrée en vigueur en 2002, la cour est
compétente uniquement pour régler des affaires ayant eu lieu à compter de la date de son entrée en vigueur.
88
En vertu du principe de légalité des délits, des crimes et des peines.

36
protection des droits de l’homme a élargi les textes de référence en matière de la protection
des droits de l’homme. Il dispose ainsi de moyens juridiques conséquents pouvant constituer
une base légale pour rendre une décision.

Dans sa décision, le juge de la CJC a retenu comme solution « l’existence d’indices


concordants de probabilité, de nature à porter atteinte aux droits de monsieur Hissène
HABRÉ sur la base des réformes constitutionnelles et législatives opérées par l’État du
Sénégal89 ». Il est clair ici que le juge de la CJC a exercé un contrôle de conventionalité sur la
loi interne du Sénégal dans cet arrêt. Il l’a fait implicitement en jugeant que la reformes
opérée par le Sénégal n’était pas conformes à ses engagements internationaux. La cour
demeure un organe important et intournable dans la recherche de moyens pour endiguer les
changements anticonstitutionnels de gouvernement dans la sous-région.

Du reste, l’Afrique de l’Ouest semble être dotée d’instruments juridiques et


institutionnels pouvant laisser croire à son efficacité pour lutter efficacement contre les
changements anticonstitutionnels de gouvernement. Au-delà de ces instruments de prévention,
la CEDEAO a prévu des mécanismes de gestion visant la résolution de tout changement en
cas de survenance de celui-ci.

89
Il lui était donc demandé de respecter ses engagements internationaux, précisément du principe de la non-
rétroactivité de la loi pénale.

37
CHAPITRE 2 : LES MÉCANISMES DE GESTION DES CHANGEMENTS
ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT

La CEDEAO s’est dotée d’une certaine capacité d’action pour faire face aux crises
politiques et facteurs d’insécurité en Afrique de l’Ouest. La réaction et les moyens de gestion
de ces situations sont fortement liés à l’environnement politique de l’organisation. Entendons
par mécanisme de gestion tout ce qui concerne la conduite, l’organisation 90. Il prend en
compte tant le processus de règlement en cours que les actions intervenant après le
déclenchement. Depuis la révision de son traité en 1993 et son intervention en Sierra Leone,
qualifiée de salutaire, l’organisation est devenue un acteur incontournable en Afrique de
l’Ouest dans le cadre des activités de maintien de la paix et de la stabilité en intervenant dans
la gestion des pouvoirs politiques et dans les coups d’État. Dans ce second et dernier
balancement de la première partie de cette étude, seront analysées : les moyens de règlement
des changements anticonstitutionnels de gouvernement (section 1) et les moyens coercitifs
d’action (section 2).

SECTION 1 : LES MOYENS D’INTERVENTION EN VUE DU RETABLISSEMENT


DE L’ORDRE CONSTITUTIONNEL

Pour faire face aux cas de changements anticonstitutionnels dans sa sphère de


compétence, la communauté d’Afrique de l’Ouest utilise des méthodes recommandées par le
droit communautaire en lui-même. Il existe deux moyens de gestion des actes
anticonstitutionnels de transition politiques que sont les moyens dit de pacifiques (paragraphe
1) et ceux faisant appel à l’usage de la force militaire (paragraphe 2). Naturellement, il ne
s’agit pas d’opérer un choix de méthode à laquelle l’on doit avoir recours. Il faut sans
possibilité de détour privilégier l’action diplomatique la force armée étant un moyen dont
l’usage constitue une exception à la règle.

Paragraphe 1 : Les moyens pacifiques, recours privilégié de rétablissement de l’ordre


constitutionnel

90
Dictionnaire français, le robert synonymes et nuances, Paris, p.545.

38
En cas de survenance de changement anticonstitutionnel de gouvernement, la CEDEAO
dispose de deux sortes de moyes pour parvenir au rétablissement de l’ordre constitutionnel au
sein de l’État membre en question. Elle peut en effet, comme susmentionné user des moyens
pacifiques ou recourir à la force. Mais, les moyens qu’elle privilégie dans ce processus de
rétablissement de l’ordre constitutionnel sont ceux dits pacifiques.

Par définition, les moyens pacifiques sont plus connus sous la dénomination d’action
diplomatique de règlement de crise. Ces moyens sont aussi connus sous le vocable de «
mediation internationale91 » .La CEDEAO a toujours dépêché une mission diplomatique à
chaque fois qu’il y a eu un changement anticonstitutionnel. Le recours de la CEDEAO à ces
moyens se justifie par l’obligation faite par les Nations unies du règlement pacifique des
différends.

Ces moyens étant de divers ordres, seront donc analysés ici les accords politiques (A) et les
accords de coopération (B).

A. Les accords politiques et le règlement des changements anticonstitutionnels

Le principe d’usage des procédés pacifiques est consacré par la charte des Nations Unies
en son article 2 § 4. Cet article dispose en effet, « Les membres de l’Organisation
s’abstiennent dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la
force armée, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État soit
de tout manière incompatible avec les buts des Nations Unies ». Le règlement des conflits par
des procédés pacifiques est préférable pour l’humanité, une humanité déjà assez terrorisée par
l’effet des armes et de la violence. L’usage de la force n’est pas forcément la solution à tous
les problèmes. Il en existe dont la douceur et le calme sont les solutions. Même dans les cas
les plus graves de crise qui existent, il faut toujours privilégier en amont l’action
diplomatique.

Inscrivant son action en ce sens, la CEDEAO a généralement recours aux accords


politiques pour sortir des crises nées des désaccords. Ces arrangements politiques comportent
souvent un contenu juridique destiné à pallier les insuffisances et les insuffisances des textes 92.

91
A. AYISSI & C. MAIA, la gestion des crises constitutionnelles en Afrique : Mandat et défis de la médiation
internationale, op.cit .
92
P. MAMBO, « Les rapports entre la constitution et les accords politiques dans les États africains : réflexion sur
la légalité constitutionnelle en période de crise », la revue McGill Law, volume 57, N°4, June 2012, p.921.

39
Il est difficile de donner une définition claire et précise des accords politiques issus d’une
mission de médiation dans la gestion d’une crise politique et constitutionnelle notamment
d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement. Des plumes autorisées s’y sont
essayés. Pour l’éminent professeur Paterne MAMBO, « les compromis ou les arrangements
permettent à la politique de créer le droit, si bien qu’il est possible d’affirmer que le droit est
une politique qui a réussi.93 » les arrangements politiques sont pour lui destinés à pallier aux
insuffisances et lacunes des constitutions et des textes tant nationaux que régionaux.

Le professeur Atangana AMOUGOU a esquissé une définition essentielle des accords


politiques. Parlant plutôt d’accord de paix, et situant ainsi les accords politiques dans un
contexte de protection ou de retour à la stabilité sociale suite à des secousses observées94. Pour
en effet, il s’agit de conventions conclues entre les protagonistes d’une crise interne dans le
but de la résorber c’est-à-dire d’en trouver une solution. Leur élaboration résulte généralement
d’un différend entre pouvoir et l’opposition qui ne trouve pas de solution générant un conflit
interne propice à un blocage institutionnel et à un désordre interne pouvant avoir des
répercussions à l’extérieur.95

Les accords politiques sont l’un des moyens les plus prisé par la CEDEAO. Ils ont
permis de résoudre plus d’une crise politique en Afrique. Dans ce sens, le professeur Jean du
Bois de GAUDISSON s’attelait à démontrer que pour être résolus, les conflits appellent de
nouvelles approches, de nouvelles techniques et méthodes de médiation dosant avec subtilité
et selon des propositions variables d’une part la négociation politique sous toutes ses formes
avec toutes les forces politiques, armées et civiles, en présence le plus souvent de tiers jouant
un rôle de facilitateur.96

Par ailleurs, dans le coup d’État survenu au Mali le 22 Mars 2012 renversant le
président Amadou Toumani TOURE, la CEDEAO a pris des initiatives avec la conclusion le

93
P. MAMBO, « Les rapports entre les constitutions et les accords politiques dans les États Africains : réflexion
sur la légalité constitutionnelle en période de crise », la Revue McGill Law, volume 57, N°4, 2012, p. 934.
94
Il peut s’agit d’un antagonisme et de désaccord entre les acteurs politiques ou parfois, voire souvent, d’une
confrontation armée. On relève en tout État de cause l’existence d’une crise, dont la résolution implique la
recherche de la paix par une convention politique à contenu juridique ou nécessitant des arrangements
constitutionnels. Le Professeur Martin BLEOU remarque ainsi que la crise est un baromètre indiquant les limites
de la constitution. Voir Martin BLEOU, « La révision de la constitution ivoirienne », Revue ivoirienne de droit,
2010, N°41, p.153-164.
95
P. MAMBO, « Les rapports entre les constitutions et les accords politiques dans les États Africains : réflexion
sur la légalité constitutionnelle en période de crise, op.cit., p.924.
96
O. BERTE, La CEDEAO et les changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.
p.390.

40
6 Avril 2012 d’un Accord cadre de mise en œuvre de l’engagement solennel du 1 er avril
201297 entre le médiateur de la CEDEAO et le CNRDRE 98. L’accord cadre prévoit la gestion
de l’impasse dans le cadre de la constitution du 25 février 1992, notamment les dispositions
régissant la succession en cas d’empêchement ou de vacances au sommet de l’État. L’accord
cadre prévoyait une période de transition de douze (12) mois avec des organes de transition
devant aboutir à l’élection présidentielle. La conclusion de cet accord en a constitué un fait
assez significatif. La pression exercée sur les autorités de faits maliennes a produit ses
résultats. L’Accord de Linas-Marcoussis99 ou accord Kléber du 24 Janvier 2003 intervient à la
suite d’un coup d’État infructueux perpétré le 19 Septembre 2002 en Côte d’Ivoire, qui s’est
finalement mué en rébellion armée, vient apporter une solution à cette crise 100.

Le professeur Paterne MAMBO faisait comprendre que ces accords pouvaient parfois
poser problème. Ces accords se révèlent être une relation à la fois conflictuelle et pacifique.
Ces arrangements se présentent selon le Professeur MELEDJE Djedjro « comme un
renversement du sens de la roue »101. Ces accords politiques présentent l’inconvénient de
modifier la lecture de la constitution et donc complique la définition de la notion, promise
ainsi à des incertitudes.102

En dépit de ces critiques effectuées par bon nombre d’auteurs, les accords politiques
ont été et continus d’être de bons moyens pacifiques de résolution des crises auquel
l’organisation a recours.

B. Les accords de coopération et le règlement des changements anticonstitutionnels

Aucune organisation ne peut agir efficacement sur le plan international sans coopérer avec
d’autres institutions dont les activités sont similaires et qui peuvent lui apporter aide et

97
Accord cadre de mise en œuvre de l’engagement solennel du 1 er Avril 2012, CEDEAO et CNRDRE, 6 Avril
2012, en ligne : United Nation Peacemaker.
98
Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la restauration de l’État.
99
Doc off CS NU 2003, annexe, Doc NU S/2003/99 (Accord de Linas-Marcoussis).
100
Cet arrangement prévoyait que le candidat à la présidence doit avoir exclusivement la nationalité ivoirienne.
Ainsi, l’obtention de la nationalité ivoirienne par l’un des deux parents suffit à la validation de sa candidature. Il
a par ailleurs abaissé l’âge à 35 ans minimum pour être éligible aux élections présidentielles.
C’est cet accord qui a permis à Alassane OUATTARA actuel président de la Côte d’Ivoire, dont la nationalité
n’était pas établie clairement selon une décision de la chambre constitutionnelle de la cour suprême ivoirienne du
06 octobre 2000, de se présenter aux élections de 2010.
101
D. MELEDJE, « Le système politique ivoirien dans la géopolitique Ouest africaine », revue du droit public et
de la science politique en France et à l’étranger, 2006, N°3, p.703.
102
P. MAMBO, « Les rapports entre les constitutions et les accords politiques dans les États Africains : réflexion
sur la légalité constitutionnelle en période de crise », op.cit., p.924.

41
assistance ou encore des connaissances complémentaires. Un accord de coopération désigne
diverses catégories de traités et aux accords internationaux destinés à régler les relations
bilatérales, notamment mais non exclusivement dans le domaine de l’aide au développement,
entre deux États dont l’un est en général une ancienne métropole ou d’un pays développé et
l’autre d’un pays en développement103.

Le recours aux accords de coopération avec d’autres organisations communautaires est


un mode alternatif à l’utilisation de la force contre les changements anticonstitutionnels de
gouvernement. Elle est utilisée simultanément avec la médiation dans la gestion de ce
phénomène. Son objectif est de permettre la mise en œuvre des sanctions non forcées, en
particulier les sanctions économiques imposées par l’organisation contre les États membres
concernés et contre leurs autorités de fait. En cela, le recours aux accords de coopérations
avec organisations sous régionales, comme moyen alternatif au recours à la force dans la
gestion des phénomènes anticonstitutionnels est consacré par le traité révisé de 1993 de la
CEDEAO en son chapitre XX qui dispose que dans le cadre de la réalisation de ses objectifs,
l’organisation peut conclure des accords de coopération avec d’autres organisations
internationales.

Ainsi, dans le cadre de la réalisation de ses objectifs d’intégration communautaire, en


application des dispositions de l’article 79 du traité révisé de 1993, elle peut conclure des d
accords de coopération avec d’autres communautés régionales, ou sous régionales ou encore
extrarégionales104. Cependant, ces accords qui sont conclus par le président de la Commission
doivent être soumis au préalable à l’approbation du Conseil de Médiation et de Sécurité.

Les accords de coopération existent dans d’autres domaines aussi tels que dans les
rapports concurrentiels entre entreprises en vue d’atteindre une certaine efficience. On les
retrouve aussi dans le cadre étatique. Cette coopération interétatique est motivée par les
intérêts des États et répond le plus souvent à une volonté de coordination. Elle permet un
rapprochement de deux ou plusieurs d’entre eux, lorsqu’ils souhaitent renforcer leurs relations
dans certains domaines. Dans ce cas, la coopération peut être bilatérale, régionale ou encore
universelle.

103
J. SALMON (dir.), Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruyant-AUF, 2001, pp. 11-12.
104
C’est dans ce cadre qu’elle a conclu des accords de coopération avec l’Union Monétaire Ouest-Africaine
(UEMOA), avec l’Organisation Internationales de la Francophonie (OIF) en 1999. Alors que le traité de la
CEDEAO précise dans la disposition de l’article 2 § 1 er que les États membres conviennent qu’elle sera la seule
communauté économique de la sous-région aux fins de l’intégration économique et de la réalisation des objectifs
de la Communauté économique africaine. Autrement dit, l’UEMOA et la CEDEAO constituent des organisations
ayant des objectifs similaires à savoir l’intégration économique des États de l’Afrique de l’Ouest.

42
La CEDEAO a recours à cette modalité en vue de ne pas agir solitairement contre ce
type de situation. Cette manière de faire à la particularité de produire un résultat on ne peut
plus robuste. Les accords de coopération à un lien très étanche avec la subsidiarité 105. Par
moment, les États de leurs propres chefs apportent leur appui à l’organisation sans qu’il y ait
eu auparavant d’accords de coopération.

Toutefois, notons que la coopération entre l’organisation et d’autres organisations


internationales dans la gestion de ce phénomène soulève des questions juridiques quant à sa
légalité au regard du droit communautaire.

A bien des égards, il importe de reconnaitre que les accords de coopération sont
incontestablement un appui pour la CEDEAO dans la gestion des crises et conflits en général
et des coups d’État spécifiquement.

Paragraphe 2: Les moyens forcés, recours exceptionnel de rétablissement de l’ordre


constitutionnel

La question de la légitimité et de l’État de droit tend, plus que jamais, à s’élargir en


accédant à des questions nouvelles et en posant de nouveaux problèmes. L’imposition de la
démocratie par la force armée argumente de plus en plus les débats doctrinaux. En effet,
depuis la fin de la guerre froide, le droit international évolue vers la mise en œuvre d’un
véritable système de sécurité collective. En ce sens, la charte des Nations Unies proclame
expressément le principe de la non-intervention dans l’Article 2 paragraphe 4 et 7 de la charte.
Ces dispositions postulent respectivement la prohibition du recours à la force et la non-
intervention dans les affaires intérieures des États (A) mais aujourd’hui il est
conditionnellement admis(B).

A. Un recours en principe interdit

Benedetto CONFORTI affirmait sur le principe de non intervention qu’« on ne sait pas
toujours ce qu’on entend exactement, dans la pratique internationale et dans la doctrine,
lorsqu’on parle du principe de non intervention dans les affaires intérieures et extérieures des
État »106. Par cette affirmation, elle entendait attirer l’attention sur ce concept qui continu
105
Nous avons développé plus haut ce principe.
106
B.CONFORTI, Le principe de non intervention, op.cit., p.489.

43
d’alimenter la doctrine. De nombreux principes de droit international trouvent leur essence
dans ce principe et dont la conception varie selon l’auteur, en fonction de points de vue
divergents ou non. Le principe de non intervention est plus connu sous la dénomination de
principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États 107. Ainsi donc, il y a ingérence
lorsqu’il y a immixtion sans accord dans la gestion interne des affaires 108. Toutefois, les États
peuvent de façon libre, délibérée et volontaire décider de limiter ce pouvoir dont il dispose via
notamment la souscription à des engagements internationaux. Dans ce cas, l’on ne saurait
parler d’ingérence ou d’intervention d’un autre États dans les affaires de ceux-ci en ce sens
que leur intervention a été sollicitée. Sans cette sollicitation, il n’y aurait pas eu d’action,
ingérence.

L’assemblée générale de l’ONU avait pris une déclaration sur la l’inadmissibilité de


l’intervention et de l’ingérence dans les affaires intérieures des États du 9 décembre 1981 (rés.
36/103). Ce principe est un corollaire de la souveraineté politique des États. La non-
intervention est consacrée par la résolution 2625 du 24 Octobre 1974 du Conseil de sécurité
des Nations Unies. L’organisation rappel ici que l’intervention directe ou indirecte dans les
affaires internes d’un autre État, quelle qu’en soit la raison, est interdite.

En droit communautaire, le respect de la souveraineté politique est consacré par le


protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de
maintien de la paix et de la sécurité en son article 2 qui souligne l’égalité de tous les
membres109, l’intégrité territoriale et l’indépendance politiques des États membres 110comme
principe de l’organisation sous régionale. De ce fait, tout membre de la CEDEAO doit
respecter ce principe de souveraineté.

L’affaire du Kosovo soulève d’importantes questions juridiques de droit international


notamment celles de savoir si on pouvait recourir dans certains contextes à la force armée
contre un État souverain, si oui sur quelles bases cela était possible. Le recours à la force
parait mettre fin au règne du droit et correspond à un effacement ou encore à la suspension de
son fonctionnement régulier111.

107
G. CORNU, Vocabulaire juridique, op.cit., p.547.
108
La cour internationale de justice dans un arrêt (arrêt du 27 juin 1986 sur les activités militaires et
paramilitaires, p.108 § 205) est arrivée à la conclusion que la non-ingérence dans les affaires des États concerne
à la fois les affaires intérieures et extérieures des États.
109
La souveraineté politique est consacrée dans l’article 2 § (e) et (f) du même protocole. Lequel traité
110
§ (f) de l’article 2 du protocole précité.
111
S. SUR, « Le recours à la force dans l’affaire Kosovo et le droit international », institut français des relations
internationales, septembre 2020, N° 22, p.5.

44
C’est un principe qui embrasse plusieurs secteurs du droit international. Selon l’article
2, paragraphe 4, de la Charte de San Francisco « les membres de l’organisation s’abstiennent,
dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit
contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre
manière incompatible avec les buts des Nations Unies. »112Le principe de non-intervention a
pour la première fois été consacré dans l’affaire du Détroit de Corfou. Puis consacré par la
Charte des Nations Unies.

Jusqu’à présent, certains auteurs sont pour la non-intervention consacrée à l’origine. Pour
ceux-ci, les paradigmes démocratiques virent à l’utopie lorsqu’ils sont manipulés par ceux
qui en font la promotion et ceux qui agissent en son nom. 113 » L’admission d’un tel principe
fait courir un risque d’abus et de sélectivité dans la mise en œuvre de la démocratie.

Dans les années 1990, de nombreux coups d’État ont éclatés un peu partout dans le monde
notamment en Haïti, au Burundi, au Niger, à Sierra Leone, en Côte d’Ivoire, en guinée etc.
toutefois, la réaction des organisations internationales n’a pas été la même. L’on a observé
l’emploi de la force dans certains États ce qui n’a pas été le cas dans d’autres

B. Un recours admis par exception

L’intervention extérieure naît de l’idée selon laquelle la sécurité d’un État ne se joue pas
uniquement dans le cadre de ses frontières mais que des situations de crise à l’étranger
peuvent avoir un impact sur la sécurité collective et les intérêts de chacun. C’est cette raison
ce que tendent de démontrer de nombreux auteurs. «Chaque fois que les droits de l’humains
d’un peuple seraient méconnus par ses gouvernants, un ou plusieurs États pourraient
intervenir au nom de la société des Nations, soit pour demander l’annulation des actes de
puissance publique critiquables, soit pour empêcher à l’avenir le renouvellement de tels
actes, soit pour suppléer à l’inaction du gouvernement en prenant des mesures
conservatoires, urgentes et en substituant momentanément leur souveraineté à celle de l’ État

112
Article 1 de la charte : « Les buts des Nations Unies sont les suivants : 1. Maintenir la paix et la sécurité
internationale (…) »
113
H. GUELDICH, Les changements anticonstitutionnels de gouvernement approches de droit constitutionnel et
de droit international, « l’ingérence démocratique : peut-on imposer la légitimité démocratique par la force ? »,
presse universitaire d’Aix-Marseille, Tunis, 2014, p.120.

45
contrôlé114» telle est la position de Rougier sur la question de l’admission du droit d’intervenir
pour imposer la paix115. Il rend compte de l’existence d’un droit d’intervention unilatérale.

Abondant dans son sens, Elisa PEREZ-VERA écrivait « Dès que l’on quitte els théories
bas »es sur le dogme de la souveraineté absolue des États (…), on trouve chez on trouve chez
la plupart des auteurs l’affirmation de l’existence d’un droit général et impératif qui prime
les droits particuliers des États, et protège certaines prérogatives inhérentes aux
individus. (…) Un droit de la société humaine, supérieur au droit de la souveraineté et
d’indépendances des États, un droit basé sur l’idée que toute société politique doit
satisfaire, en accord avec une loi nécessaire et comme tâche préalable à sa mission nationale,
les droits fondamentaux de ses membres. »116 Pour ces auteurs, le droit international
humanitaire repose essentiellement sur le principe d’humanité 117. Ce principe a pour but
d’assurer un minimum d’humanité en temps de paix et en temps de guerre. Lorsque les droits
de l’homme semblent être gravement violés et que les procédés pacifiques ne portent pas de
résultat, le principe d’humanité voudrait, au nom de la sacralité de la personne humaine, que
l’on puisse intervenir pour imposer la paix.

Dans le droit international classique, l’intervention étaient définie comme une ingérence
« autoritaire » ou dictatoriale. L’usage de la force dans les relations internationales comporte
deux aspects : celui d’employer la force armée dans les circonstances déterminées, 118 et celui
des moyens licites qui peuvent être utilisés119. En outre, six (6) indicateurs politiques
permettent de dire si une intervention est nécessaire. Il s’agit de la nature illégitime et
criminelle de l’État., des dysfonctionnements des services publics, des violations des droits de
l’homme, de l’absence d’appareil sécuritaire ayant le monopole de l’usage de la force
légitime, de même que l’absence de consensus politique qui favorise l’émergence de faction
au sein de l’élite120 et enfin de l’intervention d’autres puissances dans les affaires intérieures
de ces États.

114
A. ROUGIER, « La théorie de l’intervention d’humanité », R.G.D.I.P., n°468, 1910, p. 472.
115
G. KERVAREC, « L’intervention d’humanité dans le cadre des limites au principe de non-intervention »,
Revue Juridique Thémis, n°32, p.81.
116
E. PEREZ-VERA, « La protection d’humanité en droit international, R. B. D. I., n°5, 1969, p.401, 402 et 403
(nos caractères gras).
117
G. KERVAREC, « L’intervention d’humanité dans le cadre des limites au principe de non-intervention »,
op.cit., p.109.
118
Comme la formule latine de jus ad belllum.
119
Ou jus in bello.
120
G. CAHIN, « Le droit international face aux États défaillant », in S.F.D.I., l’État dans la mondialisation,
Colloque de Nancy, Paris, pedone, 2013, pp.51-114.

46
En Europe, le recours armé était justifié lorsqu’il s’agissait de réagir contre des violations des
droits, notamment contre les violations des règles de protection des biens et des personnes des
étrangers. On y avait également recours en cas de nécessité.

Le droit d’intervention de l’UA est consacré à l’article 4 (h) de son acte constitutif 121.
C’est sur article l’organisation régionale fonde son action. En ce qui est de la FAC, cette force
dont dispose la CEDEAO, elle n’a pas toujours pour intention de procéder à une intervention
systématique. En effet, au-delà de cette fonction de rétablissement de l’ordre, l’ECOMOG a
un rôle de contrainte. Pour résoudre la crise ivoirienne de 2010, la CEDEAO n’a pas eu
recours à sa force en attente mais avait menacé d’y recourir. La crainte du déploiement de
l’ECOMOG a aidé, d’une certaine manière à la résolution de cette crise dont l’envergure était
assez grande. Bien que n’ayant pas fait l’unanimité, il est important de reconnaitre que cet
organe à montrer son utilité et sa capacité à aider l’organisation pour le maintien d’une société
paisible vivant dans l’harmonie au profit de tous.

Le 22 Aout 2020 lors du sommet organisé, en mode virtuel, des chefs d’États de la
CEDEAO, le Président Umaro Sissoco EMBALO de la Guinée Bissau, avait considérés sur
un ton ironique qu’ « un coup d’état est forcément condamnable mais s’il faut intervenir
militairement au Mali, il faut aussi condamner et intervenir à tous putschs qui permettent aux
Présidents de faire un troisième mandat dans leur propre pays» . A vrai dit, ce discours
semblait jeter le discrédit sur le référendum du 22 Mars organisé par le président Guinéen
Alpha CONDE aux fins d’un artifice constitutionnel pour prétendre à un troisième mandat.
Son objectif était de laisser entendre que la machine présidentielle africaine doit conquérir un
nouveau panorama démocratique. Il était question d’une certaine manière. D’amener
l’organisation à harmoniser ses réactions de sorte à ne pas créer une division au sein de
l’organisation.

Les répercussions de l’intervention sont très délicates. De prime abord, c’est un procédé
qui assouplit considérablement le principe de la souveraineté. En effet, la souveraineté
suppose qu’un État dispose de l’exclusivité des compétences dans son territoire. Cela étant,
admettre un pouvoir pour une autorité qui n’est pas la sienne d’intervenir dans ses affaires
interne serait, non pas remettre en question sa souveraineté, mais plutôt réduire son autorité.

121
« Le droit d’intervenir dans un État membre sur décision de conférence, dans certaines circonstances graves,
à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contres contre l’humanité. » la CEDEAO est
intervenue à mainte reprise pour le maintien de la paix. A titre illustratif, passons en revue la crise ivoirienne de
2010 ».

47
En réalité, le principe de non intervention se présente comme un argument politique que
comme véritable réalité juridique.

SECTION 2 : LES MOYENS RÉPRESSIFS VISANT LE REGLEMENT DES


CHANGEMENTS ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT

La répression ou la sanction est toute mesure coercitive pouvant impliquer, à des


conditions strictement encadrées par l’ONU122, l’usage de la force armée, engagée uniquement
de manière collective par les États à travers les organisations internationales en raison du
mépris des obligations de l’organisation. La sanction constitue la réponse à un acte illicite.
C’est un élément déterminant. Pour certains auteurs sans elle l’on ne saurait parler de règle.
En d’autres termes, si la règle de droit ne prévoit pas de sanction accompagnant son exécution
il n’y a simplement pas de règle au sens stricte du terme.
A l’origine, les sanctions n’étaient que général et impersonnelle c’est dire qu’elles avaient une
certaine envergure. Le but étant de contraindre au respect des règles qui les réagissent
(Paragraphe 1) . Mais avec l’étendue des dégâts , l’on a constaté des effets alarmantes qui
faisait plus de mal plus qu’il en fallait, et surtout qu’elles n’arrivaient pas à atteindre l’objectif
escompté mais en créait d’autres. C’est dans ce sens qu’il a été désormais prévus de nouvelles
sanctions qui sont plus personnelles. L’objectif est de causer moins de dégâts et donc ne
sanctionner que le concerné (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Une répression exprimée dans un régime définis

Pour le professeur Prosper WEIL123, il existe des règles non accompagnées de


124
sanctions mais qui pour autant sont contraignantes. Il les appelle les « soft law ». On oppose
ces règles aux “hard law125”. Les États de l’Afrique de l’Ouest pour maintenir et assurer un
respect scrupuleux des règles qu’ils se sont assignées et auxquelles ils ont volontairement
adhéré. Les sanctions trouvent leur fondement dans la charte des Nations Unies en son article
4.126 L’article 45 du protocole de la CEDEAO constitue le fondement juridique du pouvoir de
122
La charte des Nations Unies prévoit l’usage de la force armée comme une exception au principe de
l’interdiction de l’utilisation de la force armée.
123
Dans son article « vers une normativité relative », il évoque d’une certaine maladie dont le droit international
serait atteint. Il met en avant tant structurelles que conceptuelle.
124
Ce principe signifie en latin « Loi moue, souple ou encore léger ».
125
En ce qui est de cette expression elle signifie en français « Loi dure, rigide ou encore résistant ».
126
L’article 41 de la charte des Nations Unies dispose : « le conseil de sécurité peut décider quelle mesure
n’impliquant pas la force armée doivent-être prises pour donner effet à ses décisions, et peut inviter les membres

48
sanction. Il dispose en effet : “ en cas de rupture de la Démocratie par un quelconque
procédé que ce soit et en cas de violation massive des droit de l’Homme dans un État
membre, la CEDEAO peut prononcer à l’encontre de l’État concerné des sanctions.”
Les sanctions sont de différents types. Certaines classifications distinguent en sanctions
primaires et sanctions secondaires127. D’autres, et c’est le plus connu, distingues entre
sanctions à caractère général (A) et sanction à caractère personnel ou ciblés (B).

A. Les sanctions à caractère général

L’accès au pouvoir par coup d’état, par maintien au pouvoir par la force ou toute autre
manière pouvant constituer un changement anticonstitutionnel de gouvernement ne passe plus
comme un élément non international. Autrefois, avec le principe de non-ingérence dans les
affaires intérieures des États, ceux-ci avaient adoptés une attitude passive face à ce genre de
situation. En fait, il considérait qu’il s’agissait de faits relevant de la vie interne des et donc
de gestion interne.

Cependant, l’absence de fondement constitutionnel a poussé l’ONU, lorsqu’il


s’agissait de condamner et réprimer les changements anticonstitutionnels de gouvernement, à
recourir à la notion de menace contre la paix 128 notait le Professeur Rafâa BEN ACHOUR. Il
ajoute plus loin que la rupture du processus démocratique devait être rattachée soit à une
menace à la paix, soit une rupture, soit à un acte d’agression. Il fallait, peu importe la
qualification, que de tels actes fassent l’objet de sanction parce que « l’impunité est un
obstacle majeur à la réalisation de l’État de droit et de toute société stable 129», aucun acte
criminel ne doit rester impuni.

Avant de rentrer dans le vif du sujet il est important de définir ce que l’on entend par sanction
à caractère général. Il s’agit d’un ensemble de sanction ou de répression qui se distingue en
raison de sa globalité. Ce sont des sanctions qui touchent non pas la personne d’un individu en
particulier mais l’État en général.

des Nations Unies à appliquer ses mesures. Celles-ci peuvent comprendre l’interruption complète ou partielle
des relations économiques et des communications ferroviaires, maritime, aériennes, postales, télégraphiques,
radioélectriques et des autres moyens de communications, ainsi que la rupture des relations diplomatiques ».
127
A. GOSSAN, L’Union Africaine et les changements anticonstitutionnels de gouvernements, mémoire,
Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO), pp. 49-56.
128
R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de gouvernement approches de droit
constitutionnel et de droit international, op.cit., p.13.
129
F. KITENE, Le statut des sanctions contre les changements anticonstitutionnels de gouvernements dans les
textes et la pratique de l’Union Africaine contribution à l’étude de la production des normes par les
organisations internationales, université de Gand, 2013, p. 209.

49
Notons que ce type de sanction est dit de sanction classique car existant avec le droit
communautaire. Au nombre des sanctions générales on dénombre les embargos, les
restrictions économiques qui sont des sanctions économiques. Il existe aussi des sanctions
financières, politiques, socio-culturelles. Cependant, à l’image de l’UA et l’ONU, la
CEDEAO a abandonné les sanctions commerciales globales qui se sont révélés peu efficace.
« Le refus pour l’organisation de soutenir les candidatures présentées par l’État membre
concerné à des postes électifs dans les organisations internationales ; le refus de tenir toute
réunion de la CEDEAO dans l’État membre concerné ; la suspension de l’État dans toutes
les instances de la CEDEAO130. »

En fait, la suspension est la première des sanctions. Elle est systématique et primaire.
L’application est concomitante à la survenance de tout changement anticonstitutionnel. Le
protocole souligne que l’État suspendu demeure soumis à ses obligations de contributions au
budget de la communauté. Il est seulement question d’une extension des droits les obligations
demeurant .cela dit, c’est conformément à ces instruments juridiques que la CEDEAO a, à
l’occasion des récents changements anticonstitutionnels, sanctionnée les États du Mali, du
Burkina Faso et de la Guinée. A l’occasion du coup d’état intervenu au Mali en 2020 la
CEDEAO a appliqué de nombreuses sanctions à caractère général. suite au refus des
putschistes de respecter leurs engagements envers l’organisation de même que le refus
d’organiser des élections libre et transparente pour laisser place à des civils au pouvoir, ils
n’avaient pas respecté le calendrier de transition. Au rang de ces sanctions nous avons « le
rappel des ambassadeurs des États de la CEDEAO, la fermeture des frontières terrestres et
aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali, la suspension de toutes transactions
commerciales et financières entre les pays de la CEDEAO et le Mali à l’exception des
produits alimentaires de grande consommation et produit pharmaceutiques. » Ces sanctions
avaient pour but de « facilité le retour à l’ordre constitutionnel au Mali 131».

Dans l’État du Burkina Faso, la sanction infligée était la suspension de l’organisation. La


CEDEAO a en outre demandé la libération du président renversé Roch Marc KABORÉ placé
sous surveillance en détention ainsi que les autres officiels arrêtés.

130
Dispose l’article 45 alinéa 2 du protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel
au protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix
et la sécurité prévoit comme sanction en cas de rupture de la démocratie.
131
C. GOUDEAGBE, Sanctions de la CEDEAO contre le Mali : quels fondements et quelles conséquences ?
disponible sur le site : https://les-yeux-du-monde.fr/actualite-analysees/afrique/49762-sanction-de-la-cedeao-
contre-le-mali-quels-fondements-et-quelles-consequences/, consulté le 22/10/2022, à 22h47.

50
Avec l’abandon des sanctions économiques et financières de la CEDEAO, certains auteurs
ont pu penser d’un abandon des de son approche punitive.

B. Les sanctions à caractère personnel

Le recours aux sanctions à caractère personnel ou sanctions ciblées relève de l’histoire


récente de l’ONU. D’abord en ce que l’usage par le Conseil de Sécurité du pouvoir de
sanction qu’il détient lui-même est récente. En effet, si l’on excepte les sanctions
économiques infligées au milieu des années 60, à la Rhodésie et à l’Afrique du sud, le conseil
de Sécurité n’a adopté ses premières mesures coercitives non militaires seulement dans la
décennie 90132.

Par ailleurs, depuis la crise humanitaire irakienne causée par les effets secondaires des
sanctions onusienne, les sanctions économiques sont abandonnées au profit des sanctions
individuelles133. Au Mali par exemple, la CEDEAO avait eu recours aux sanctions ciblées. Il
s’agissait en l’occurrence du « gel des avoirs de la république du Mali dans la banque
centrale de la communauté ainsi que du gel des avoirs des entreprises de l’État malien et des
entreprises publique et parapublique dans les banques commerciales des pays de la
CEDEAO. L’objectif était de cibler le régime malien sans influer sur la population. Mais l’on
a assisté à la levée des sanctions par l’organisation. Les sanctions économiques globales
affectent l’économie du pays dans son ensemble et pourraient avoir des répercussions très
négatives sur la population civile.

Retenons que ces sanctions encore appelée sanction ciblée ou SMART, les sanctions à
caractère personnel, ont la particularité de circonscrire leur action sur des objectifs bien définit
restreignant par la même les effets en évitant tout débordement. Cette circonscription se fait
sur « les auteurs des changements anticonstitutionnels, leurs proches ainsi que ceux qui
financent leur action134». Il s’agit de diriger les sanctions contre les décideurs politiques
véritables responsables et d’épargner la population autant que possible grâces aux sanctions

132
C. SCHNEIDER, « les sanctions ciblées au carrefour des droits international et européen », Collection des
conférences pubiques au centre d’excellence jean Monet, 2011, p.4.
133
Amadou BAH, « Les sanctions progressives de la CEDEAO à l’encontre de la guinée »,consulté sur
https://planete7.com/les-sanctions-progressive-de-le-cedeao-a-lencontre-de-la-guinee-par-amadou-lamare-bah/
le 21/10/2022 à 03h01.
134
A. GOSSAN l’Union Africaine et les changements anticonstitutionnels de gouvernement, mémoire de
Master droit, UCAO, novembre 2021, p.50.

51
intelligentes. Ces sanctions portent essentiellement sur la mise en œuvre de l’embargo des
armes et la problématique des voyages et de l’interdiction de vol etc.

L’article 37 du règlement intérieur de la conférence de l’UA 135 prévoit une liste de


sanctions ciblées. Ces sanctions sont : « le refus pour les auteurs du changement
anticonstitutionnel ; la restriction des contacts du gouvernement avec les autres
gouvernements ; les restrictions commerciales ; les sanctions prévues dans l’article 23 (2)
512 de l’Acte constitutif et dans le présent règlement intérieur ; et toute sanction
supplémentaire que pourrait recommander le conseil de paix et de sécurité. En Guinée, la
CEDEAO a prononcé des sanctions dites progressives contre la junte guinéenne et ses
soutiens. Ces mesures incluent le gel des avoirs financiers des dirigeants ; l’interdiction de
voyager ainsi que la suspension de toute assistance et transaction financière en faveur de la
Guinée par les institutions financières de la communauté.

Pareillement, la charte Africaine de Démocratie, des élections et de la bonne


gouvernance (CADEG) prévoit des sanctions à l’égard des gouvernements incriminés comme
celle prévue à l’article 25(4)136. Cette disposition a été reprise dans une décision de la
CEDEAO approuvée par le CPS dans la gestion de la crise au Mali137.

En définitive, la communauté semble avoir pleinement tiré les conséquences d’une


individualisation des sanctions. En décident de recourir aux sanctions intelligentes, la
CEDEAO vise les personnes privées fautives tout en continuant à ne traiter qu’avec les États.

Paragraphe 2: Une répression mise en œuvre par des organes déterminés

La simple existence de règles interdisant les changements de gouvernement


inconstitutionnels ne suffit pas pour endiguer ce type de situation. Encore faut-il
accompagner ces règles et actions de sanctions. De ce fait, pour mettre en œuvre les sanctions
qui sont prévues par les textes, il est indispensable de créer des organes qui auront cette
135
Pour la plupart des situations, lorsque l’organisation régionales qui est l’UA, procède à la définition d’une
notion, la CEDEAO dans son action fait un renvoie directe à l’article sans forcément reprendre le contenu du
texte dans l’un de ses instruments.
136
Cet article dispose que « les auteurs de changements anticonstitutionnels de gouvernement ne doivent ni
participer aux élections organisées pour la restitution de l’ordre démocratique, ni occuper des postes de
responsabilité dans les institutions politiques de leur État ».
137
« Ni le président par intérim, ni le premier ministre, ni les autres membres du gouvernement de transition ne
pourront être candidat à la prochaine élection présidentielle », décision de la CEDEAO citée au § 15 du
communiqué du CPS du 13 Novembre 2012. CPS, Communiqué (13 Novembre 2012), Doc off CPS, 341e
réunion, PSC/PR/COOM.2(CCCXLI). L’élection présidentielle, selon la Feuille de route du gouvernement de
transition, devrait se dérouler d’ici la fin du mois d’Avril.

52
responsabilité et aussi ceux qui seront chargés de veiller à son contrôle. Analysons les
organes de prise des sanctions (A) et ceux du contrôle de l’application effective et de la portée
de celle-ci (B).
A. Les organes de prise des sanctions

Les organes intervenant dans le processus de sanction des changements


anticonstitutionnels sont nombreux. La conférence des chefs d’État et de gouvernement « la
plus haute instance de décision du mécanisme »138, est l’organe habilité à prononcer des
sanctions. Aussi à l’assistance humanitaire, à la consolidation de la paix, à la lutte contre la
criminalité transfrontalière et à la prolifération des armes légères ainsi que de toute autre
disposition couverte par le mécanisme.139 Elle a plus d’une fois participer à la gestion efficace
des changements anticonstitutionnels dans la sous-région.

À l’issue de coup d’état intervenu au Togo en date du 5 Janvier 2005, la conférence des
Chefs d’État n’a pas hésité à exprimer « son rejet catégorique » contre cette situation. Il invite
donc au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans les plus brefs délais. Il en est ainsi
chaque fois que dans la force des choses il y a renversement de gouvernement
démocratiquement élu.

À ce titre, la réaction de la Conférence est qualifiée de prompt en raison du délai assez


bref dans laquelle elle intervient. Par exemple, avec le coup d’état perpétré au Mali le 18 Aout
2020, la conférence a dès le 20 Août exprimé son rejet et condamnée cette action.

Par ailleurs, la conférence dispose d’un pouvoir de sanction dont le fondement est l’article
45 du protocole additionnel de la CEDEAO. Au terme de cet article, l’organisation prévoit
que « lesdites sanctions à prendre par la Conférence des Chefs d’États et de Gouvernement
peuvent aller par graduation ». C’est donc elle qui est compétente pour prononcer des
sanctions à l’endroit des États qui se sont rendu coupable de « crime de changements
anticonstitutionnels de pouvoir ».140 L’application des sanctions se fait de façon immédiate et
systématique par la conférence. A ce titre, la conférence a le pouvoir de sanction en cas par
exemple de refus pour un État d’exécuter ses exigences diplomatiques.

138
Article 6 alinéa 1 du protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de
maintien de la paix et de la sécurité adopté en Décembre 1999.
139
Article 6 alinéa 2, op.cit.
140
B. TCHIKAYA, « Le crime international de changement anticonstitutionnel de gouvernement : quelques
questions », in R. BEN ACHOUR, es changements anticonstitutionnels de gouvernement approches de droit
constitutionnel et de droit international, op.cit. p.142.

53
A côté de cet organe, existe le Conseil de Médiation et de Sécurité (CMS). Il intervient
également dans le processus de lutte contre les changements anticonstitutionnels de
gouvernement. C’est le protocole relatif au mécanisme de la CEDEAO qui prévoit ses
attributions en ces termes : le conseil de paix et de sécurité (CMS) « prend, au nom de la
conférence des décisions sur des questions liées à la paix et à la sécurité de la région. Il
assure également la mise en œuvre de toutes les dispositions du présent protocole »141. Par
ailleurs, le conseil décide de toutes questions relatives à la paix et à la sécurité et de la mise en
œuvre des politiques de prévention, de gestion, de règlement des conflits et de maintien de la
paix.

Également, le protocole prévoit que le conseil peut se tenir sous forme de réunion au
niveau ministériel regroupant les ministres des affaires étrangères, de la défense, de l’intérieur
et de la sécurité. La CEDEAO envisage des sanctions plus sévères aux États récidivistes. Le
Mali a connu 3 coups d’État en l’espace de 10 ans. Cette situation est inquiétante selon la
communauté. Mais le plus grave c’est l’espace-temps existant entre le renversement intervenu
en 2020.

B. L’organe de contrôle de l’exécution des sanctions

D’une manière générale, le mécanisme de contrôle en droit international fait référence à


l’ensemble des moyens juridictionnels ou politiques qui sont mis en place en vue de vérifier la
conformité d’un fait. À cet effet, l’opportunité de la décision à prendre doit s’assurer que les
actes accomplis sont conformes à la norme juridique internationale142.

Le régime des sanctions entre en lice dès la commission des actes incriminés par la
CEDEAO. Après l’adoption des sanctions pour réprimer les auteurs des changements
anticonstitutionnels de gouvernements, la mission de l’organisation n’est pas terminée. Au-
delà de ces sanctions applicables en cas de changement anticonstitutionnel, le droit de la
CEDEAO organise dans des protocoles spéciaux le régime juridique applicable. Elle doit au
surplus veiller à son exécution effective, à son respect ce qui nécessite un certain contrôle à
opérer.

141
Article 10 alinéa 1 du protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de
maintien de la paix et la sécurité.
142
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p.260.

54
Avant tout, notons que contrôle est défini par la langue française comme un examen pour
surveiller ou vérifier le bon fonctionnement d’une chose. C’est une inspection qui est faite
pour se convaincre de l’exécution des mesures prises.

L’organe en charge du contrôler effectivement non seulement le respect scrupuleux des


mesures, des effets des sanctions et d’évaluer leur enjeu et leur consistance est la Conférence
des chefs d’États et de Gouvernement 143. C’est elle qui est chargée d’assurer la direction et le
contrôle général de la communauté et de prendre des mesures nécessaires en vue du
développement progressif de celle-ci et de la réalisation de ses objectifs. Ainsi tout ce qui
relève du contrôle étendu de toutes les institutions et les décisions est supervisé par cet
organe. Le paragraphe (b) de l’article 7 du Traité Révisé de la CEDEAO prévoit que celle-ci
assure le contrôle du fonctionnement des Institutions de la Communauté, ainsi que le suivi de
la réalisation des objectifs de celle-ci.

Il est vrai que les sanctions sont prises par la Conférence mais le juge de l’organisation
peut prendre dans ses décisions des sanctions. Dans ce cas de figure, l’organe spécifique
chargé du contrôle de l’exécution de cette décision comportant des sanctions est faite par le
Conseil des Ministres. Sa création est prévue par le Traité Révisé de la CEDEAO. 144Les
organes chargés de l’exécution des sanctions sont la commission de la CEDEAO et le conseil
de paix et de médiation de la CEDEAO. Elles sont chargées de la mise en œuvre de la vision,
de la mission et des objectifs de la CEDEAO. Son siège est à Abuja au Nigéria. Elle est
dirigée par un président, assisté d’une vice-présidente et de cinq Commissaires, tous des
professionnels expérimentés qui assurent le leadership en vue de la réalisation de la vision des
pères fondateurs. Qui est la mise en place d’une région sans frontière au sein de laquelle les
populations ont accès aux ressources abondantes et sont en mesure de les exploiter, grâce à la
création d’opportunité dans un environnement durable.

Ensuite, elle exécute les décisions de la Conférence et assure la mise en application


des règlements du Conseil des ministres. Son action s’étant à la promotion des programmes et
projets de développement de la communauté ainsi que des entreprises multinationales de la
région. Le traité révisé du protocole de Cotonou de 1993 en son article 17 prévoyait un
secrétariat exécutif qui était le plus haut fonctionnaire de l’organisation. Nommé par la
conférence pour un mandat de quatre (4) ans renouvelable une seule fois, le secrétaire exécutif

143
Dispose l’article 7 alinéa 2 portant sur Conférence des Chefs d’États et de Gouvernement création,
composition, et fonctions du Traité Révisé de la CEDEAO.
144
Article 10 portant sur le conseil des ministres création, composition, et fonctions du Traité Révisé.

55
est secondé par quatre (4) secrétaires exécutifs adjoints. Au grand regret, l’efficacité ce cet
organe a été remis en cause en raison des échecs essuyés dans la réalisation des missions qui
lui étaient assignée. En revanche, certains auteurs font remarquer qu’il y a une absence de
mécanismes de contrôle spécifiques des grands principes électoraux supranationaux aux
États145.

145
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p.260

56
DEUXIÈMES PARTIE : LES LIMITES AFFECTANT

L’EFFICACITE DES MESURES DE LA CEDEAO FACE AUX

CHANGEMENTS ANTICONSTITUTIONNELS DE

GOUVERNEMENT EN AFRIQUE DE L’OUEST

57
« De nombreux obstacles ont creusé un fossé entre les termes conventionnels et la
pratique des États146 », faisait remarquer le professeur Saidou Nourou TALL à propos de la
protection des droits de l’Homme. Ainsi, nonobstant l’instauration de mécanismes de lutte
contre les changements anticonstitutionnels au sein de l’espace ouest-africain, ledit
phénomène y trouve son domaine de prédilection. C’est eu égard de ce constat que Ahmed
Salem Ould BOUBOUTT s’interrogeait : « l’Afrique terre au coup d’État ? ». Il est claire, les
changements anticonstitutionnels de gouvernement ont pris de l’ampleur sur le continent
africain en général et en particulier dans la zone ouest-africaine. Cet état de fait trouve
explication à travers diverses causes qui peuvent être regroupées en deux grandes catégories,
à savoir les facteurs androgènes (Chapitre I) d’une part et, les facteurs exogènes (Chapitre
2) d’autre part, qui entravent considérablement les actions de la CEDEAO contre ce
phénomène.

146
S. TALL, Droit des organisations africaines :théorie générale, droit communautaire comparé, droit de
l’homme, paix et sécurité, op.cit., p.343.

58
CHAPITRE I : LES FACTEURS ENDOGENES LIMITANT LES ACTIONS DE LA
CEDEAO

De nombreuses difficultés plombent le foctionnement normal de la CEDEAO, surtout en


matière de lutte contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement. Cette situation
est probablement due à de multiples causes qui sont pour certaines liées au système de la
CEDEAO. En effet, l’analyse du cadre normatif et institutionnel de l’organisation donne de
constater que ladite organisation éprouve d’enormes inssuffisances da sa lutte contre
l’insécurité juridique147 subséquente aux changements anticonstitutionnels de
gouvernement.Toutes ces difficultés systémiques148 ne sont pas sans effets pervers sur
l’efficacité des actions de celle-ci.

Par ailleurs, une analyse plus munitieuse de ce système de conclure qu’il existe des
écueils au niveau de la sustance normative (Section 1), mais aussi au niveau de la mise en
oeuvre des moyens d’action( Section 2).

SECTION 1 : LES ECUEILS AU NIVEAU DE LA SUBSTANCE DES TEXTES DE


L’ORGANISATION

Une chose est pour une organisation internationale d’avoir un corpus juris ambitieux, une
autre en est de sa cohérence. Certes, la CEDEAO s’implique remarquablement dans la lutte
des changements anticonstitutionnels de gouvernement, mais cette implication ne saurait
porter de résultats probants si le cadre qui en constitue la feuille de route n’est pas assez
expressif et clair. Il existe à des niveaux près des ambiguïtés entre les normes (Paragraphe 1)
qui parfois rend inadapté l’action de l’organisation (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les ambiguïtés au plan normatif

Le fondement du corpus de règles et de tous ces moyens tant financiers que matériels mis
en place par les organisations internationales aux de la lutte contre les crises politiques dans
147
Le principe d’insécurité juridique est défini par opposition à celui de la sécurité juridique, qui est défini sur
deux angles, à savoir l’angle objectif et l’angle subjectif. Selon l’angle objectif, « la sécurité juridique renvoie à
l’exigence d’accessibilité, de clarté, de précision du droit, ou l’exigence de prévisibilité indispensable à sa juste
appréhension par les justiciables » ; sur l’angle subjectif, il renvoie au fait que « le sujet de droit peut avoir de
l’état de droit à un moment déterminé et quelles conséquences juridiques il peut raisonnablement attendre de
son comportement, compte tenu de ses caractéristiques propres ».Voir à ce sujet K. DOSSO, « Le principe de la
sécurité juridique en droit international », Afrilex, 2021, p.3 .
148
Ici nous faisons allusion aux difficultés afférentes à toute l’organisation de la CEDEAO.

59
leur ensemble, découle de la conviction universelle répandue depuis la chute du monde
communiste. Dans la même veine, la démocratie est devenue le mode de gouvernement le
plus rependu eu égard de son avantage à assurer la stabilité politique et sociale 149. Le
législateur communautaire ouest africain, dans sa quête de recherche de la stabilité de la sous-
région, va élaborer des normes afin d’assure ce type de gouvernance en interdisant les
changements antidémocratiques.

Toutefois, les textes élaborés à cet effet ne donnent pas une définition claire (A) de la
notion de changement anticonstitutionnel de gouvernement de sorte à la saisir sans ambages ;
par ailleurs, les exigences juridiques découlant de ces textes sont inadaptées à la sous-région
ouest africaine (B).

A. Une définition quasi introuvable du concept de « changements


anticonstitutionnels de gouvernement »

Bien qu’il existe une certaine convergence autour du concept de « changements


anticonstitutionnels de gouvernement » et des objectifs poursuivis par la communauté 150 , le
sens de cet concept demeure toujours ambiguë, c’est-à-dire imprécis. Cette convergence
consiste en l’interdiction, le rejet et la condamnation des moyens non démocratique
d’accession au pouvoir, la valorisation des vertus démocratiques, de la promotion de l’État de
droit, du respect des droits de l’homme et de la bonne gouvernance en Afrique de l’Ouest151.

La charte de la démocratie, des élections et de la gouvernance, le protocole de la


CEDEAO ne donnent pas de d’éléments clairs relativement à la définition de la notion de
changements anticonstitutionnels de gouvernement. Elle l’aborde seulement, et assez
vaguement au titre des principes de convergences constitutionnelles ; et ce en adoptant une
posture d’opposition à la commission de tels actes en formulant une interdiction.
Effectivement, l’article 1er de la charte dispose : est interdit « tout changements
anticonstitutionnel et toit mode non démocratique d’accession et de maintien au pouvoir ».
Indiqué de cette manière, cela n’est pas de nature à favoriser son application et limite

149
J. CHARPENTIER, « Le phénomène étatique à travers les grandes mutations politiques contemporaines », in
l’État souverain à l’aube du XXème siècle, Colloque de la SFDI, Paris, pedone, 1994, pp.28-29.
150
J-P. VETTOVAGLIA, « Des élections à la démocratie », in J-P. VETTOVAGLIA, (dir.) démocratie et
élection dans l’espace francophone, Bruxelles, Bruylant, 2010, 858, p. 865 et s.
151
K. MPIANA, « L’union africaine face à la gestion des changements anticonstitutionnels de gouvernement »,
op.cit., pp. 111-112.

60
considérablement l’action de l’organisation dans la prévention et la gestion des changements
anticonstitutionnels de pouvoir.

Ce texte constitutionnel proposé aux États est très évasif 152 et imprécis dans la formulation
de certains grands principes qu’ils énoncent. Cette imprécision peut donner lieu à de multiples
interprétations par les sujets de droit interne. À l’inverse, la Charte africaine de la Démocratie
des Élections et de la Gouvernance (CADEG) de l’UA contre les changements
153
anticonstitutionnels est un peut plus claire sur ce point. Le protocole de la CEDEAO se
limite à expliquer que toute accession au pouvoir doit se faire de façon démocratique
notamment par des élections libres et transparente154.

Dès lors, cette formulation laconique du texte permet de donner une énorme marge
d’appréciation pour l’organisation, qui pourrait déterminer les cas constitutifs selon elle d’un
changement anticonstitutionnel.155

Il est clair que la CEDEAO a manqué de clairvoyance à ce sujet d’autant plus que
contrairement à l’UA, elle dispose d’un instrument juridique qui qui proscrit explicitement le
maintien au pouvoir par les procédés non démocratiques156. Cependant ces propos doivent-
être nuancés car l’attitude du juge n’est pas dénuée de pragmatisme eu égard à la difficulté qui
entoure cette notion de changement anticonstitutionnel.

Ces sans doute ce manque de précision et de concision qui conduit l’organisation à


s’innéresser à la survenance des coups d’État militaires au détriment des coups d’État
constitutionnels qui ne constitue pas moins de facteurs d’instabilité et de désordre au sein de
la vie communautaire. À ce propos, Oumar BERTE acquiesce que le caractère laconique,
évasif, et imprécis de ce texte communautaire a abouti à une gestion sélective des
changements anticonstitutionnels157.

152
I. FALL & A. SALL, « Une constitution régionale pour l’espace CEDEAO : le S protocole sur la démocratie
et la bonne gouvernance de la CEDEAO », op.cit., p. 6.
153
Dont le législateur semble largement s’inspirer et dont il fait référence directement dans son préambule.
154
Article 1 b du protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance.
155
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p.127.
156
B. ADAMOU, Le constitutionnalisme à l’épreuve de l’intégration dans l’espace CEDEAO : contribution à
l’étude de la protection des droits fondamentaux depuis l’ouverture démocratique en Afrique, thèse de doctorat,
université de Toulon, 2018, p.201.
157
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
pp. 127-128.

61
Dans le cas particulier de la protection des droits de l’Homme, rappelons que le
volontarisme des États compte tout aussi, et c’est l’un des éléments clés de l’inefficacité des
mécanismes.

Nous le constatons avec clarté, la définition ambiguë de la notion de changement


anticonstitutionnel de gouvernement n’est pas de sorte à faciliter la lutte de la CEDEAO
contre ce phénomène. Cette lacune se trouve doublée de l’existence douteuse du fondement
du recours à la force de l’organisation.

B. Une existence douteuse du droit de recourir à la force

Face à des autorités politique ou militaires déterminées à remettre en cause les actes
qualifié de changements anticonstitutionnels et les crises politiques, la question que l’on se
pose est de savoir s’il existe un véritable droit des peuples s’imposant à leurs États et
conférant éventuellement à l’organisation une compétence d’agir dans le domaine sans le
consentements des États ?158 Est-ce que le droit international permet une intervention de toute
sorte dans le but d’établir ou de rétablir des gouvernements démocratiques dans des tiers
États, le rétablissement des gouvernement qui auraient été substituées par des forme de
gouvernements non juridique à travers des actes de force contrainte à la légitimité
démocratique.

La notion de force est employée ici pour désigner l’ensemble des opérations militaires, qui
peuvent se décliner en opération aériennes, navales ou terrestre contre les actes
anticonstitutionnels de pouvoir. Les États autorisent explicitement l’organisation sous-
régionales159 à entreprendre des opérations militaires à l’encontre de ce phénomène cependant,
contrairement à la Charte des Nations Unies160, le droit communautaire ne précise pas la
nature des opérations militaires qui peuvent qui peuvent être utilisées pour faire appliquer ses
décisions.

158
D. KOKOROKO, « Souveraineté étatique et principe de légitimité démocratique », Revue québécoise de droit
international, 2003, p. 50-51.
159
Voir le protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de
la paix et de la sécurité, ainsi que l’acte additionnel portant régimes des sanctions à l’encontre des États membres
qui n’honorent pas leurs obligations vis-à-vis de la CEDEAO.
160
La Charte des nations Unies esquisse en son article 42 les formes que peuvent prendre les actions militaires à
entreprendre pour faire appliquer ses décisions. Il peut s’agir en effet de simple démonstration militaire, des
mesures de blocus et d’autres opérations exécutées par les forces des États membres de l’organisation.

62
En ce qui concerne l’usage de la force, notons que depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale, c’est le Conseil de Sécurité des Nations Unies qui est garant de la paix et du respect
de la sécurité internationale161. Cependant, son chapitre VIII lui permet de déléguer ses
prérogatives aux organisations régionales, voire sous- régionales. À vrai dit, la CEDEAO n’a
pas reçu mandaat explicite de l’ONU l’autorisant à recourir à la force pour rétablir l’ordre
constitutionnel. Bien que la charte des Nations Unies ne s’oppose pas à l’existence d’accords
ou d’organismes régionaux, destinés à régler les affaires touchant à la sécurité
internationale162, elle pose comme condition pour le recours à la force armée la fourniture
d’une autorisation préalable avant tout projet d’utilisation de la force armée 163. Le recours aux
mesures coercitives ne peut être autorisé qu’en cas de menace contre la paix et la sécurité
internationale comme l’exige la charte des Nations Unies. Seul le conseil de sécurité détient le
monopole du recours à la coercition militaire dans les relations internationales.

La CEDEAO a, à de nombreuses reprises recouru à la force armée sans toutefois


l’autorisation de l’ONU. À titre illustratif nous avons l’intervention de la CEDEAO lors du
coup d’État en Sierra Leone164. Dans la résolution 1132 du 8 octobre 1997, le conseil de
sécurité a approuvé partiellement, semble-t-il, le recours à l’ECOMOG 165. En le faisant, la
CEDEAO a pris une liberté sur le droit. Curieusement, la CEDEAO semble inverser la
pyramide et violer implicitement les dispositions de l’article 53 de la charte de l’ONU.

Seulement, la mesure coercitive militaire de la CEDEAO peut trouver son fondement de


manière implicite dans l’article 54 de la charte des Nations Unies 166. En effet, face aux
attaques à répétition des groupes armés contre les contingents de la FAC, le conseil des
ministres des affaires étrangères du comité des cinq États de la CEDEAO tenu la 19 dé cembre

161
Le dispose l’article premier de la charte des Nations Unies.
162
Article 52 de la Charte des Nations Unies alinéa premier qui dispose « Aucune disposition de la présente
charte na s’oppose à l’existence d’accords ou d’organismes régionaux destinées à régler les affaires qui,
touchant au maintien de la paix et de la sécurité internationales, se prêtent à une action de caractère régional,
pourvu que ces accords ou ces organismes et leur activité soient compatibles avec les buts et les principes des
Nations Unies ».
163
Voir l’article 53 de la charte précitée. La charte ici incite au recours aux moyens pacifique de règlements des
conflits par ses sujets. En attribuant aux Nations Unies seules compétent pour donner son approbation pour
l’utilisation de la force dans les relations internationales.
164
Le conseil de sécurité ne donne pas explicitement un mandat permettant à la CEDEAO d’utiliser la force pour
rétablir l’ordre constitutionnel en Sierra Leone.
165
Voir le § 3 de la résolution S/RES/1132 du 8 octobre 1997 du conseil de l’ONU, consulté sur
https://digitallibrary.un.org/record/244598?ln=fr, le 26 décembre 2022 à 01h57.
166
L’article 54 de cette charte dispose en effet « le conseil de sécurité doit, en tout temps, être tenu pleinement
au courant de toute action entreprise ou envisagée, en vertu d’accord régionaux ou par des organismes
régionaux, pour le maintien de paix et de la sécurité internationales ».

63
1997 à Abuja au Nigéria, réaffirme le droit à l’autodéfense des contingents de la CEDEAO
surtout lorsque nous sommes en face d’une impasse totale167.

Sur ces fondements, il ressort que l’usage de la force armée de la CEDEAO aux mesures
coercitives militaires contre les changements anticonstitutionnels est contestable. Le recours
en Sierra Leone s’est déroulé dans un vide juridique total en ce sens que ni le droit
international encore moins le droit communautaire n’autorisait de façon explicite le recours la
force contre ce phénomène168. Il est donc nécessaire de veiller à ce que les actions militaires
trouvent au préalable l’onction de l’ONU et non pas son encouragement après son initiative.

En tout état de cause, depuis l’aventure militaire de Sierra Leone en 1997 et la mise en
place de moyens juridique et institutionnel contre les changements anticonstitutionnels, la
CEDEAO n’a pas encore recouru à cette force 169. Toutefois, elle n’hésite pas à recourir à la
menace de recourir à ce moyen lorsqu’un changement anticonstitutionnel dans un État parties.

Paragraphe 2 : l’inadaptation de l’espace considéré aux exigences juridiques

Chaque système est particulier et spécifique. Il doit, pour régir favorablement son espace,
être adapté à celui-ci. C’est dire qu’il doit être à même de cerner tous les contours et prendre
en compte toutes les réalités de ses sujets. Les exigences juridiques des instruments de la
CEDEAO s’inscrivent dans la conception juridique qui voudrait que le comportement suit la
règle préétablie, contrairement à la conception sociologique qui veut que la règle naisse de la
société. La première est certes avantageuse en ce qu’elle donne d’atteindre un idéal une
manière améliorée de vivre en société. L’inconvénient ici c’est la difficulté qui accompagne
son respect. C’est dans ce second cas que se trouve la CEDEAO. Seront ainsi analysés
l’inadaptation de l’espace ouest africain à la culture juridique puis la contradiction contenue
dans les textes de lutte contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement.

A. Une inadaptation à la culture juridique des États

167
Il est vrai aussi que parfois, les initiatives de la CEDEAO auprès du Conseil de Sécurité pour obtenir
l’autorisation permettant le recours à la force armée sont restées infertiles.
168
O. BERTÉ, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p. 554.
169
Ibid. p.555.

64
Un peu d’attention suffit pour se rendre compte, sans difficulté aucune, qu’en Afrique, en
général,et en particulier l’Afrique de l’ouest, l’écart est encore assez grand entre la
démocratie formelle, politico-juridique et la démocratie réelle, comme expérience et culture,
même si le processus démocratique ne cesse de se consolider et de s’enraciner 170. C’est cette
réalite que l’éminent Professeur MELEDJE relate Quant t-il « la plupart des processus
constituant en Afrique, caractérisée par le mimétisme constitutionnel, ont été un échec ; tous
leurs auteurs le reconnaissent. Et si l’échec il y a, c’est probablement en raison du manque
fréquent de discernement dans le choix des modèles et des techniques juridiques »171.

Pour une analyse plus plausible il importe de clarifier la notion de culture juridique. La
culture juridique est un concept polysémique mais nous n’en retiendrons uniquement deux
(2) sens. D’une part, elle renvoie à un ensemble de conceptions, de représentations et de
modes d’actions conscients ou inconscients des acteurs d’un système juridique qui
s’inscrivent dans une certaine durée, et qui lui permettent de produire, des valeurs, des
normes, des institutions. La culture juridique serait une certaine manière de voir les choses, de
percevoir le droit, ce qui marque en un mot l’identité du système juridique en présence, le
distinguant par là même des autres systèmes172. D’une autre part, la culture juridique serait
une grille d’analyse préétablie permettant l’étude d’un droit de pouvoir le classer dans une
telle culture ou une autre.

Selon Ghislain Otis, Abdoullah Cissé et Paul De Deckker, le concept de cultures juridiques
est caractérisé par sa pluralité et son extrême diversité dans l’espace francophone et dans le
monde en général. Elle est indissociable des traditions juridiques qui se développent au sein
des différentes familles173.

C’est elle qui permet de dire si un droit peut être classé dans la famille romano-germanique
ou du commun law. Chaque peuple à sa croyance sa manière de faire et de comprendre les
choses. En principe aucune culture ne doit être considérée comme supérieure à une autre en ce
que chacune est propre à la situation qu’elle a vocation à régir.

170
G. DESSINGA, Démocraties au four et au moulin, op.cit., p. 30.
171
D. MELEDJE, « Faire, défaire et refaire la constitution en Côte d’Ivoire : un exemple d’instabilité
chronique », op.cit., p.1.
172
M. RAFSANDJI, « La culture constitutionnelle dans les États d’Afrique francophone : le paradoxe du peuple
constituant », Revue française de droit constitutionnel, 2020, N°123, pp.613-626, consulté sur
https://www.cairn.info/revue-francaise-de-droit-constitutionnel-2020-3-page-613., consulté la 21 décembre
2022, à 2h 24.
173
G. OTIS, A. CISSE et P. DE DECKKER, « Perspective d’avenir : cultures juridiques et gouvernance », in H.
ROUSSILLON, existe-t-il une culture juridique francophone ? », Presse de l’Université des sciences sociales
de Toulouse, CIFDUF, 2007, p. 304.

65
Dans l’histoire politique des africains, on constate une certaine conception du pouvoir tout
aussi différente à certains systèmes, notamment les systèmes européens. Certaines société sont
acéphales et d’autres fonctionnent avec la chefferie.174

Pour la chercheuse Ornella MODERAU, les changements anticonstitutionnels de


gouvernements sont liés à la culture politique des pays africains qui n’ont pas pleinement
intégré les valeurs démocratiques. Selon elle, cela est dû à la prégnance de la problématique
de gouvernances importantes telles que la corruption, le népotisme et la culture de l’impunité
démocratique de s’ancrer réellement.

Hormis l’inadaptation des États ouest africains aux exigences juridiques de la CEDEAO,
subsiste une autre difficulté, celle de la contradiction entre les normes certains principes.

B- Une contradiction entre la norme d’interdiction des changements


anticonstitutionnels et certains principes

Les mécanismes de la CEDEAO présentent de nombreuses imperfections. Celles-ci sont


sans nul doute l’une des causes qui rendent inefficace le mécanisme. Les principes sensés
porter les valeurs de l’organisation et aider à la compréhension des objectifs de celle-ci sont
au cœur même de l’ambiguïté favorisant le non-respect de ces mécanismes propres. Par
exemple, le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance consacrant au
niveau supranational, les principes nécessaires dans un État démocratique comprend une
certaine insuffisance. Cette insuffisance est relative au manque de limpidité des règles,
principes et valeurs qu’il énonce.

Un défaut observé au niveau des textes et principes juridiques qui comprennent le


mécanisme. Pour corroborer nos dits, l’affaire APDH / États de Côte d’Ivoire et l’affaire
Guillaume SORO sont appropriés. Dans ces différentes affaires, il nous a été donné de
remarquer une certaine imprécision des décisions données par le juge conduisant à la non
résolution du problème qui était posé.

L’application des normes d’interdiction sont soumises a des oppositions et des


contradictions. Le principe de l’autodétermination des peuples, principe à valeur coutumo
constitutionnel commandant la liberté dont dispose tout peuple de déterminer librement son
statut politique, économique, social et culturel, se heurte dans son action avec la norme
174
La société africaine a longtemps été considérée comme un système n’ayant pas d’organisation politique avant
la colonisation. La colonisation apparu comme un moyen non seulement de création d’un mode d’organisation

66
d’interdiction des changements anticonstitutionnels de gouvernement. Il voudrait que le
peuple dispose librement de l’autonomie constitutionnelle. Les États disposent donc chacun
de l’orientation à donner à leur constitution et donc le libre choix du régime politique. 175 Cela
implique la mise en place d’un régime démocratique dans l’État au profit des gouvernés, donc
de la population. C’est un droit dont la finalité est la concordance entre le pouvoir en place, le
gouvernement et le peuple avec le respect des droits de l’Etat en question.176

En s’en tenant au sens du principe d’autodétermination des peuples, le peuple dispose


de la liberté d’approuver le type de régime qui lui convient. Ainsi, « la norme d’interdiction
des changements anticonstitutionnels de gouvernement se heurte au droit
d’autodétermination des peuples toutes les fois où un coup d’état reçoit l’approbation du
gouvernement démocratiquement élu »177. En cela, un coup d’État auquel, le peuple, seul
détenteur de la souveraineté, manifeste son accord ne devrait pas faire l’objet de sanction. Or
c’est avec regret que l’on constate une confusion entre tous les changements non
démocratiques de pouvoir. Le mécanisme n’opère pas de distinction chose qui limite son
efficacité et son application.

À titre illustratif, voyons le coup d’état de 2021 survenu au Mali. Lors du


renversement du président en place par la junte militaire, avec le colonel Assimi GOITA à sa
tête, force a été de constater une adhésion massive de la population malien à telle action. Le
peuple ayant donné son approbation, son assentiment, la CEDEAO aurait dû prendre
beaucoup de recul avant d’incriminer un tel coup d’État.

La CEDEAO est en difficulté dans la gestion des changements anticonstitutionnels de


gouvernement parce qu’elle voit en ce genre de situation uniquement quelque chose de
mauvais de répugnant. Pourtant, elle devrait voir en ces actions qu’il existe des réels
problèmes dont elle-même n’aurait peut-être pas connaissance. Le soutien d’un coup d’État
par les populations doit alors attirer l’attention de l’organisation dans la mise en œuvre des
sanctions178.

175
M. KAMTO, Constitution et principe de l’autonomie constitutionnelle, cours polycopié, Académie
internationale de droit constitutionnel, de Tunis, 1998, p. 21.
176
S. TIEREAUD, Le droit et la pratique de l’ingérence armée démocratique depuis 1945, thèse de doctorat,
Université Nancy 2, 2009, p. 230.
177
A. GOSSAN, L’union Africaine et les changements anticonstitutionnels de gouvernement, UCAO, Abidjan,
2021, p.85.
178
Le coup d’état en de telles circonstances se présente comme une réponse aux attentes du peuple en ce qu’il
sanctionne contre une dérive autoritaire.

67
A côté du cas des coups d’États, une autre remarque, celle de se maintenir au pouvoir par
des manœuvres frauduleuses, est en inadéquation avec l’esprit et la lettre des constitutions
semble ne causer aucun problème aux citoyens de l’État concerné. Par moment, il peut s’agir
d’une ignorance du peuple quant à la porter de l’action entreprise. D’autre fois, les individus
ont réellement connaissance de cela et sont en fait ceux-là mêmes qui incitent à l’action, qui
demandent que ce dirigeant particulier à leurs yeux en raison des grandes œuvres accomplies
dans le pays, se maintienne au pouvoir. C’est ce constat qui pousse Giscard DESSINGA à
dire que « ce n’est plus le chef qui est assoiffé du pouvoir et qui s’y accroche, mais c’est le
peuple qui exige son chef, le supplie et même l’oblige à parachever l’œuvre immense
grandiose et historique qu’il a entreprise, la construction d’un État fort, prospère, ambitieux
et audacieux179». Une telle situation devrait faire l’objet d’un encadrement particulier de sorte
à ne pas s’opposer au choix, à la volonté du peuple.

En somme, les lacunes normatives de la CEDEAO sont l’une des causes de son
inefficacité à enreigner les changements anticonstitutionnels de gouvernement ; toutefois, ce
ne sont pas les seules causes, car il existe des causes d’ordre pratique.

SECTION 2 : LES ARDUITÉS DANS LA MISE EN ŒUVRE DES MECANISMES DE


L’ORGANISATION

La CEDEAO est une organisation internationale au sens des règles internationales. Les
compétences et les attributs de la communauté sont déterminés au regard du DIP. Cependant,
celle-ci peut montrer une faiblesse dans la mise en œuvre de ses fonctions. 180 Cette faiblesse
peut s’observer tant dans l’action des organes (Paragraphe 1) que dans le comportement de
l’organisation face à ses objectifs (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : les difficultés découlant de l’action des organes

Dans l’exécution de leur tâche, les organes de la CEDEAO font face à des irrégularités,
des imperfections de sorte à influencer négativement sur la rentabilité de l’organisation toute
entière. À ce propos, nous nous intéresserons à l’organe suprême de l’organisation et son

179
G. DESSINGA, Démocratie au four et au moulin, alternance et conflits électoraux, Paris l’Harmattan, , 2020,
p.2.
180
O.BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p.325.

68
poids encombrant (A) de même qu’à la force militaire dont les actions sont sans
inconvenients.

A. L’omniprésence contreproductive de la Conférence des chefs d’États et de


Gouvernement

L’incapacité des organisations africaines, et notamment de la CEDEAO à résoudre avec


efficacité les crises politiques et électorales est fortement liée à sa structure et à son
fonctionnement. Notammen, la place conférée aux chefs d’États et de gouvernement étouffe
régulièrement les autres organes de mise en œuvre du droit communautaire. De la sorte,
l’omniprésence de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement affaiblit l’action des
autres organes181. Effectivement, le texte fondateur en l’espèce le traité de la CEDEAO
prévoit en son article 5 qu’il est « créé une conférence des chefs d’État et de gouvernement
des États membres qui est la principale institution de l’organisation ». Pour Roger
DANIOUÉ et Binantob N’SANGUI, cette prééminence des chefs d’État et de gouvernement
est un vrai goulot d’étranglement de l’organisation ouest africaine ainsi que des autres
organisations régionales et sous régionales africaine182.

À y voir de plus près, cette disposition suppose qu’aucun autre organe ou aucune
commission ne peut examiner une situation à fond que si celui-ci ne l’a décidé. Parallèlement,
le contrôle des décisions de cet organe ne serait réel et effectif du fait de sa position.

Lorsque surgit un cas de changement anticonstitutionnel, le traité constitutif de la


communauté donne compétence à la Conférence pour décider des actions qui seront menées
pouren guise de réaction. Dans ce cas, face à des violations graves et massives des droits
humains, l’intervention d’une commission ou d’une autre institution dépend de la volonté de
la Conférence. Une telle disposition n’est pas sans conséquence sur le fonctionnement, la
célérité et la productivité de l’organisation.

En outre, importe-t-il de s’appesantir sur la question de la composition de cet organe.


Comme le nom l’indique si bien, la Conférence des chefs d’États et de gouvernement est
composées des chefs d’États et de gouvernement de chaque membre de l’organisation. Cette

181
R. DANIOUÉ & B. N’SANGUI, « Les causes de l’inefficacité des organisations régionales dans la résolution
des crises électorales en Afrique : le cas de la CEDEAO », Rev. Ivoir.anthropol.sociol. KASA BYA KASA, N°25,
2014, p.310.
182
Idem.

69
caractéristique facilite la prise de décisions non équitables et très souvent qui tendent à
couvrir l’action des confrères membres de cette institution.

Cette position est si importante qu’on pourrait penser que l’efficacité des mécanismes
ou leur inefficacité dépend dans sa grande majorité de la Conférence. S’inscrivant dans cette
lancé certaines plûmes autorisées affirme que ces pouvoir constituent un handicap sérieux à
l’application stricte des textes communautaires. Ces auteurs mettent en exergue l’idée selon
laquelle la position et l’affinité conduit à une disproportion des réactions. Comme le jeu des
alliances qui existe entre les membres du conseil de sécurité des Nations Unies et les État
moins puissant dans leur défense, qui brandisse leur véto lorsqu’il s’agit d’un pays allié,

La position de la conférence des chefs d’États et de gouvernement a plus d’une fois


ralentie la mise en œuvre du mécanisme. Il est important de procéder à des reformes en vue de
parvenir à une efficacité réelle. Il faut en effet réduire la prééminence du conseil des chefs
d’État et de gouvernement et renforcer les prérogatives de la commission.

B. Les effets ambivalents du bras armé de l’organisation dans la gestion des


changements anticonstitutionnels

« L’analyse de la pratique constitutionnelle et de la vie politique de beaucoup de pays


africains montre qu’il se pose un véritable problème en matière de protection de l’ordre
constitutionnel »183. C’est ce qui justifie l’existence des organisations et de la CEDEAO en
particulier. Non seulement pour aider mais aussi pour suppléer en cas d’insuffisance ou
carrément d’impossibilité. C’est parce que conscient de son importance que les États se sont
résolus à lui donner autorité pour agir dans les situations qui dépasserait leur entendement.

Le mécanisme de la CEDEAO donne la possibilité de mobiliser un groupe de contrôle du


cessez-le-feu appelé ECOMOG184. Il s’agit d’une structure composée de plusieurs modules
polyvalents (civils et militaires) en attente dans leur pays d’origine et prêts à être déployés
dans les meilleurs délais. L’ECOMOG peut être déployé non seulement pour le maintien de la
paix de même que pour le désarmement. Cette force a été créée en 1990 à l’initiative du
Nigeria, a l’occasion de la guerre civile au Libéria avec principalement des forces
anglophones du fait que deux États francophones, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ne

183
S. EBROTIÉ, les organisations sous régionales d’Afrique de l’ouest et les changements anticonstitutionnel
de gouvernement, Mémoire, Université Jean Lorougnon Guédé, 2021, p.42.
184
Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group.

70
voulaient pas d’une telle intervention. Son déploiement avait fortement été critiqué. A la
lecture du protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance il en ressort que
celui-ci n’autorise pas le recours à la force armée contre les changements anticonstitutionnels
de gouvernement.

« La décennie 1990 a été particulièrement décisive pour l’évolution de la CEDEAO


vers une organisation capable d’intervention diplomatique mais aussi militaire. 185 » Avec le
coup d’état perpétré en Sierra Leone, c’est suite à l’initiative de la CEDEAO qui a décrété un
embargo contre le gouvernement anticonstitutionnel, avec l’appui des Nations Unies et
surtout grâce à la campagne militaire menée par la force en attente ECOMOG (Economic
Community of West African States Cease-fire Monitoring Group)186. Mais apparemment il
s’agit des seuls instants de gloire de la force armée de l’organisation. En effet, la majorité des
interventions de l’organisation ont tout le temps été contrarié soit en théorie ou soit en raison
des réalités observées lors des interventions menées.

L’intervention de la force armée de la CEDEAO pour la résolution de la crise de 2002


en Côte d’Ivoire n’a constitué qu’un laboratoire d’expérimentation. En effet, la mission de la
CEDEAO en CI (MICECI) avait pour mandat de veiller à l’application stricte de l’accord de
cessation des hostilités par l’occupation d’une zone d’observation et de sécurisation tout en
s’efforçant de gagner la confiance des parties au conflit et d’instaurer un système d’escorte
des convois humanitaires.187

Au début, l’intervention de la CEDEAO était bonne mais très vite elle est dépassée par
les conflits d’intérêts et de personnes de ses membres (Wade Eyadema…). 188 A l’occasion
d’une entrevue, un universitaire ivoirien souligne sur la présence de la CEDEAO que celui-ci
n’avait ni matériel, ni logistiques, ni argent, l’État a loué des maisons pour l’hébergement de
la CEDEAO. La CEDEAO est incapable de gérer la diversité.

Leur intervention manque de préparation et de réelle organisation, il n’y a pas de


procédure opérationnelle standardisée pour unifier les pratiques. A cela s’ajoute les
185
O. YABI, « le rôle de la CEDEAO dans la gestion des crises politiques et des conflits cas de la Guinée et de la
Guinée Bissau », Friedrich-Ebert-Stiftung, Bureau Régional, Abuja, 2010, p.10.
186
Encore appelé les casques blancs ou bras armé, il constitue un organe de surveillance et de cessez-le feu de
l’organisation sous régionale ouest africaine. Politiquement, son rôle n’a pas fait l’unanimité car conçu comme
force d’interposition, elle entrée en guerre ouverte contre Charles Taylor. C’est ce qu’écrit Thomas HOFNUNG
dans son article intitulé « force de paix de mauvaise réputation ».
187
S. NDIAYE, Entre contraintes et bonnes intentions, les difficultés des organisations internationales
africaines dans le domaine du maintien de la paix. L’exemple de la communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Côte d’Ivoire et ailleurs (Libéria, Sierra Leone, Guinée Bissau) de 1990 à
2003, op.cit., p.187.
188
Ibid. p.188.

71
insuffisances des capacités logistique et managériale. En vrai, puisse que le maintien de la
paix et de la sécurité ne faisait pas partir des missions originelle de la CEDEAO, elle n’était
pas préparée pour cette tâche.

La gestion du changement anticonstitutionnel de 2010 en Côte d’Ivoire décèle


conséquemment cette faiblesse de l’organe et par ricochet de la CEDEAO. Ce cas de figure a
mis en évidence, en effet, les limites de l’organisation. Déjà, la mission de médiation qui avait
été mise au point a été incapable de trouver une voie de sortie de crise189.

Récemment à l’issu du 62e sommet190 des chefs d’États et de gouvernement de la


CEDEAO, Relativement conscient des lacunes que cette force n’a cessé d’essuyer,
l’organisation a décidé de mettre en place une nouvelle force de maintien contre le
terrorisme et les changements anticonstitutionnels qui sera financée par les moyens des États
membres . L’attente de tout un chacun est que cette initiative puisse s’inscrire dans une
logique en s’inspirant des échecs de l’ECOMOG et des insuffisances de la FAC.

Paragraphe 2 : Les comportements contradictoires de la CEDEAO vis-à-vis de ses


objectifs

Dans les objectifs de la communauté énumérés dans le traité fondateur de la CEDEAO de


1975, le but qui est au centre de chaque action individuelle est d’élever le niveau de vie des
peuples ce qui se fera selon les différentes prospectives de la communauté à travers
l’accroissement de la stabilité économique etc. on observe de plus en plus une

A. La passivité de l’organisation face à certains types de changement


anticonstitutionnel

Michel VIRALLY faisait remarquer la double nature de l’organisation. D’une part, de


l’extérieur, elle présente une certaine opacité qui dissimule les forces qui agitent en elle et
influent sur son processus décisionnel. Et d’autres part, de l’intérieur, elle est transparente ce
sont donc les États membres qui sont sous la lumière et qui apparaissent comme les véritables
acteurs, et elle ne constitue elle-même qu’un cadre où s’inscrit leur action.191

189
La mission était composée des présidents du Bénin, du cap vert, et de la Sierra Leone.
190
Achevé le 4 décembre 2022 à Abuja au Nigéria.
191
M. VIRALLY, Le droit international en devenir, essais écrits au fil des ans, PUB, 1990, p.366.

72
L’auteur Djifa AGBEZOUKIN pense que l’une des causes de l’inefficacité des
instruments résulte de la non application de ces derniers et d’une certaine complaisance des
institutions régionales vis-à-vis des gouvernements des États membres lorsque ces derniers se
rendent coupables de comportements contraires aux principes de l’organisation. La
modification non consensuelle des constitutions pour briguer un nouveau mandat est
récurrente mais n’a jamais fait l’objet de sanction véritable par la communauté. Cela s’est
produit en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Togo et dans plusieurs autres pays. Le cas de
l’adoption d’une nouvelle constitution en Guinée par Alpha Condé est très révélateur et
instructif. Ce projet contesté par l’opposition a conduit à de nombreuses manifestations
populaires au sein du pays entrainant la mort de plusieurs citoyens violemment réprimés par
les autorités au pouvoir. Cette action constitue une violation de l’article 22 du protocole
additionnel qui interdit l’usage des armes pour la dispersion des réunions ou de manifestations
non violentes.

La CEDEAO avait à cet instant la possibilité d’agir et de rappeler le président CONDE


à l’ordre, ce qui n’a pas été le cas. Il y a eu de nombreux cas dans ce genre ou la CEDEAO
devait agir mais a plutôt préféré gardé le silence. Comment arriver à la stabilité et à la sécurité
régionales si les certains sont réprimés sévèrement alors que d’autres, de qualifications
identiques, sont excusés ou passent inaperçu ? Cela est impossible. C’est ce manque de
fermeté qui a engendré le coup d’État en Guinée effectué par la colonel DOUMBOUYA au
pouvoir.

Pour lutter efficacement contre le fléau des changements anticonstitutionnels, il ne faut


pas réfléchir uniquement à un arsenal puissant de réaction dès la survenance de celui-ci mais
s’intéresser à la source du problème, à l’élément déclencheur, aux petits actes qui si négligés
conduiraient à une énorme entorse. Les États tels que le Mali, le Burkina Faso, le Niger de
même que le Nigéria sont des potentielles cibles d’attaques djihadistes mais la CEDEAO ne
prend pas des initiatives en ce sens. L’action de la communauté si elle n’est pas mise en
œuvre tardivement c’est qu’elle n’est tout simplement pas mise en activité. Le silence
qu’observe la CEDEAO ou le refus de sanctionner les présidents mal élus trouve son
explication aussi dans le parcours politique des chefs d’État. Il leur est difficile de critiquer un
confrère venant par des procédés antidémocratiques au pouvoir ou par des conditions peu
recommandées en raison de leur propre passé ou des projets qu’ils ont en cours. A une

73
exception près aucun chef d’État en Afrique de l’ouest n’est exempt de reproches dans son
accession à la tête du gouvernement.192

Les changements anticonstitutionnels peuvent être classés en deux groupes ou du moins


peuvent revêtir deux formes. D’un côté il y a les coups d’États constitutionnels 193 et de l’autre
les coups d’États militaires. L’un se distingue de l’autre toutefois, les coups d’État
constitutionnels194 débouchent généralement sur un coup d’État militaire et les coups d’États
militaire sont forcément des coups d’États constitutionnels. Les coups d’État sont en voie de
devenir en Afrique de l’Ouest le mode ordinaire d’accession au pouvoir le mieux partagé, s’ils
ne le sont pas déjà.

La gestion des coups d’États ou situations qualifiable de non constitutionnelles a souvent


été faite de façon sélective. Palouki MASSINA 195 démontre parfaitement cette sélectivité.
Dans certains coups d’État, on remarque un dynamisme de l’organisation dans la gestion de
certains au détriment d’autres qui passent inaperçu par elle.

« Contrairement au coup d’État classique mené afin de renverser de l’ordre constitutionnel


existant, le coup d’État constitutionnel est défini comme l’action menée par des organes de
l’ordre constitutionnel existant, généralement l’exécutif, afin de modifier ce dernier, (…) avec
dans bien des cas, l’appui d’autres organes de l’ordre constitutionnel existant, et le plus
souvent les juridictions constitutionnelles, qui oppose rament une résistance196 ».

En effet, si tant au niveau national qu’international les coups d’État militaire font l’objet
d’encadrement stricte et dont il est mis sur pied de nombreuses mesures d’endiguement de ce
phénomène, les coups d’États constitutionnels sont quant à eux négligés et aucune importance
particulière ne leur est pas accordée. Il est important de garder un œil attentif sur ces procédés
car pouvant comprendre en leur sein ce que le professeur R BEN ACHOUR a qualifié de
manœuvres subtiles197.

192
C’est la mauvaise posture des chefs d’État et membres de la conférence des chefs d’États et de gouvernement,
l’avons signifié plus haut, qui qui les contraint au mutisme face aux processus électoraux controversés et
d’accepter toutes les manipulations antidémocratiques.
193
M. FAU-NOUGARET, « Manipulations constitutionnelles et coup d’État constitutionnel en Afrique
francophone », Afrilex, janvier 2016, p.1.
194
KOKOROKO appel ce type de changements comme des tripatouillages de la constitution. Voir, D.
KOKOROKO, « Les élections disputées : réussites et échecs », pouvoirs, 2019/2, n°117.
195
P. MASSINA, « Le coup d’État entre deshonneur et bienveillance », op.cit., p.22.
196
Supra note, Voir aussi Cour constitutionnelle du Niger, Avis n°02/CC du 24 mai 2009 ; Arrêt n°04/CC/ME du
12 juin 2009 ; Arrêt n°05/CC du 26 juin 2009.
197
R. BEN ACHOUR, « Rapport introductif », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de
gouvernement : approches de droit constitutionnel et de droit international, op.cit., p. 12.

74
Le 22 Aout 2020 lors du sommet organisé, en mode virtuel, des chefs d’États de la
CEDEAO, le Président Umaro Sissoco EMBALO de la guinée Bissau, avait considérés sur un
ton ironique qu’ « un coup d’état est forcément condamnable mais s’il faut intervenir
militairement au Mali, il faut aussi condamner et intervenir à tous putschs qui permettent aux
Présidents de faire un troisième mandat dans leur propre pays ». À vrai dit, ce discours
semblait jeter le discrédit sur le référendum du 22 Mars organisé par le président Guinéen
Alpha CONDE aux fins d’un artifice constitutionnel pour prétendre à un troisième mandat.
Son objectif était de laisser entendre que la machine présidentielle africaine doit conquérir un
nouveau panorama démocratique. Il était question d’amener l’organisation à harmoniser ses
réactions de sorte à ne pas créer une division au sein de l’organisation.

B. Le problème de la systématisation des sanctions

La possibilité d’une sanction pénale, sanctionnatrice d’un fait internationale peut


dissuader certains individus à le commettre. Elle ne peut cependant qu’encourager d’autres à
élaborer de nouveaux stratagèmes pour éviter de subir ces sanctions 198. Les sanctions sont
décidées par les organes plénipotentiaires des organisations internationales 199 ou par les
200
organes restreints ce qui n’a évidemment pas le même sens politique et juridique ni la
même efficacité pratique201.

Avec les différentes situations de crises survenues sur le continent africain, le constat de ces
10 dernières années est l’incapacité des sanctions à commander le comportement voulu. La
majorité des sanctions prononcées par l’organisation de la CEDEAO se sont avérées non
dissuasives. Entendons par le vocable dissuasif tout acte qui fait renoncer quelqu’un à faire
quelque chose ou encore qui convainc de ne pas faire quelque chose. On pourrait ainsi,
comprendre de l’inefficacité des sanctions de la CEDEAO.

La question que l’on s’est posé est de savoir si ce sont les sanctions qui ne sont pas assez
contraignante ou si au contraire ces sanctions sont inadaptées aux situations qu’elles doivent

198
A. BITIÉ, L’approche contemporaine de la prévention des conflits en Afrique, thèse de doctorat, Université
de bordeaux, 2016, p. 491.
199
L’assemblée générale des Nations Unies par exemple.
200
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies ou encore la Conférence des Chefs d’États et de gouvernements de
la CEDEAO.
201
P. TAVERNIER, « Les organisations internationales et les changements anticonstitutionnels », in R. BEN
ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de gouvernements approches de droit constitutionnel et de
droit international, op.cit., p.33.

75
régir. Pour certains auteurs, il ne s’agit d’aucun d’entre les deux. Pour eux c’est en fait la
démocratie en elle-même qui ne correspond pas aux réalités de populations Africaine.

La sanction ne constituera dans ce cas qu’un aspect de ce grand ensemble. Chaque société
étant particulière, avec sa propre culture politique, il est donc erroné de penser qu’une culture
ou manière de vivre si parfaite soit-elle pourrait convenir à d’autres peuples hostiles à ces
pratiques.

S’inscrivant dans cette même logique, l’écrivain Florent ZOTTI affirme « la démocratie
ne correspond pas assez aux réalités africaines et devrait être adaptée au contexte local ». Il
met en exergue une certaine inadaptation des mécanismes de la CEDEAO aux exigences
juridiques de la société dans laquelle s’inscrit son action. Il justifie cette idée avec une
illustration. Au Mali par exemple, seulement 26% de la population participe aux élections.
C’est dire que les gens ne croient pas en leur vote, leur participation est inutile pour eux.

Cette thèse est soutenable néanmoins, il ne faut pas oublier que ce système dit de
démocratie a permis aujourd’hui de parvenir à une meilleure organisation des systèmes
politiques Africains. Il ne s’agit pas de remettre en cause la capacité de l’idéal à être réalisé
mais de mettre en œuvre de bonne action qui va favoriser sa réalisation.

Les effets des sanctions202 ont prouvé qu’ils ne sont pas avantageux pour les États
d’Afrique de l’Ouest, des États classé parmi les moins développés dans le monde. Ces États
qui mènent un combat rude contre la pauvreté, la faim et la famine. Toujours avoir recours à
la sanction comme moyens par excellence de gestion des changements anticonstitutionnels
serait jeter à l’eau t’en d’année de combats en raison d’une situation que l’on peut résoudre
d’une manière sans que ne soit gravement affecté l’ordre interne, l’économie, et la vie
quotidienne des citoyens. Regardons l’état du Mali après les dernières sanctions qui lui ont été
infligée. Presque tous les secteurs ont été affectés par les sanctions imposées par la CEDEAO
suite au coup d’État militaire effectué par le général Assimi GOITA. Ces sanctions ont porté
un grand coup à tous les secteurs d’activité qui ont frôlé la récession.203

Les coups d’État par exemple son issu d’un complot entre quelques individus qui souvent
cherche leurs propres intérêts ou qui sont issu d’une rivalités entre le pouvoir en place et

202
Il s’agit simplement des condamnations d’ordre économique, diplomatique, voire politique. Cela peut prêter le
flanc aux instigateurs à pérenniser leur péché originel. Voir A. AYISSI, « illusoire interdiction des coups
d’État », Le monde diplomatique, Vol.1, 2000, pp. 32-34.
203
M. FAYE, M. NGOM & K. BA, « Ce que les sanctions ont coûté à l’économie malienne et ce qu’il faut pour
la relever », BBC Afrique, consulté sur https://www.bbc.com/afrique/articles/cpwnpyl4dx7o.amp, le 15/11/2022
à 9h 15.

76
l’opposition, il est qu’à même absurde que tout un pays paye pour des actes découlant d’un
complot d’une partie de la population qu’on ne pourrait même pas qualifier de minoritaire
tellement insignifiant.

Pour nous ce qui doit faire l’objet de sanction est les actions anticonstitutionnelles
émanant du gouvernement élu démocratique en ce sens qu’il représente l’État en entier tant au
niveau interne qu’au niveau international. Or cela n’est pas le cas. Lorsqu’on assiste à des
manœuvres inconstitutionnelles de ceux-ci on remarque un silence absolu de la CEDEAO
comme si rien ne c’était passé, tout a toujours été normal.

L’idéal serait que la CEDEAO face un pas un arrière pour constater et passer en revue
la manière par laquelle elle s’est saisie du phénomène de sorte à lui donner une nouvelle
approche. Il ne sera pas possible de parvenir à une raréfaction des changements
anticonstitutionnels si les mécanismes de lutte ne font pas l’objet d’une réflexion approfondie
en prenant en considération tant les exploits mais surtout les échecs.

En sommes, il est judicieux de noter que l’inefficacité des moyens et actions e la


CEDEAO pour prévenir les changements anticonstitutionnels de pouvoir nonobstant son
dynamisme, parait être dû à la faiblesse de ses instruments de ses instruments juridiques et de
ses mécanismes institutionnels de prévention des crises politiques en Afrique de l’Ouest. Les
insuffisances relevées en sont pour beaucoup de choses. Un passage en revue de ces différents
aspects serait prometteur pour l’organisation.

77
CHAPITRE II : LES FACTEURS EXOGENES ENTRAVANT LES MECANISMES
DE LA CEDEAO

Le nouveau printemps constitutionnel donne de constater avec assez de regrets une


habitude inconstitutionnelle dont les auteurs cherchent à légitimer. L’augmentation récente du
nombre des coups d’État en Au-delà des imperfections, des lacunes présentent au niveau
interne de l’organisation, il en existe d’autres qui sont indépendant de leur volonté mais qui
pour autant constituent un obstacle à son efficacité. Ces obstacles sont du tant à la résistance
des États membres (section 1) qu’à la pluralité des intervenants dans la gestion des
changements anticonstitutionnels de gouvernement (section 2).

SECTION 1 : LES RESISTANCES DES ÉTATS MEMBRES HANDICAPANT


L’ORGANISATION

Comme l’affirme les professeurs Pierre PACTET et Ferdinand Mélin SOUCRAMANIEN,


« actuellement, la plupart des États se réclament de la démocratie sans toutefois la pratiquer
204
véritablement. ». Par cette affirmation, les professeurs mettent en avant ce double jeu, cette
double nature des États membres qui tout aussi participent à l’affaiblissement des capacités
communautaires. Pour chaque plan stratégique de la CEDEAO, les dirigeants et les États
imaginent des moyens de contournement et d’empêchement. Dans les développements qui
suivront nous verrons le refus dont font preuve les États membres quant au jeu démocratique
(paragraphe 1) puis nous verrons leur réticence s’agissant du respect des règles
communautaires en elles-mêmes (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : le refus du jeu démocratique

« Au-delà de ce qui est apparent, en bien ou en mal, la situation du continent inquiète


plus qu’elle n’apaise, et le mal profond ne peut se guérir sans une synergie ni une volonté à
faire front commun contre tout ce qui tire le continent vers le bas 205 ». nous sommes sans
ignorer que la démocratie a permis au continent africain dans son ensemble de parvenir à une
certaine stabilité et un développement remarquable. Le fait qu’aujourd’hui la légitimité des
régimes au pouvoir repose dans une large mesure sur la qualité de leur démocratie est connu

204
P. PACTET & F. SOUCRAMANIEN, Droit Constitutionnel, Paris, Sirey, 2019, p.81.
205
K. DESSINGA, Démocratie au four et au moulin, alternance et conflits électoraux, op.cit., p.45.

78
de tous. Non pas en raison du palmarès de cette notion mais de sa capacité à offrir au peuple
de cette région un quotidien meilleur. La persistance des changements anticonstitutionnels fait
courir le risque de la perte des acquis démocratiques et des efforts fournis en ce sens. Mais
plus exactement, c’est le refus par les gouvernants de respecter le jeu démocratique qui
constitue en lui-même la cause principale de crise politique. Et cette situation même si
combattu au niveau communautaire par la CEDEAO, l’on ne peut espérer meilleur résultat si
une attention particulière n’est pas portée vers cet aspect. Pour endiguer les manipulations
constitutionnelles intéressées (A) et la mauvaise gouvernance dont font preuves ces derniers
(B).

A. Les manipulations constitutionnelles à des fins personnelles

L’idée de manipulation renvoie à un usage néfaste fait la norme constitutionnelle 206. Dans
certains États comme le Niger, des révisions ont constituées les prémisses d’un coup d’État.
La normativité des constitutions des africains est mises à l’épreuve fréquemment en période
de crise et parfois même en temps de calme.207

Tout changement constitutionnel de gouvernement doit respecter les principes


constitutionnels et démocratiques de l’État de droit 208. En cela, qu’il s’agisse tant des révisions
constitutionnelles ou carrément de changement de constitution, ils doivent s’effectuer dans le
respect du droit. Certains dirigeants procèdent au mépris des règles de forme et de procédure
et même sans tenir comptes des rescriptions communautaires à des révisions intéressées. La
manipulation des textes constitutionnels est une pathologie qui a affecté le parcours des
régimes africains209.

Le professeur Pélagie THEOUA écrivait sur la question. Elle note, en analysant le cas
spécifique de la Côte d’Ivoire, en effet que « les autorités ivoiriennes se servent de la

206
Voir à ce propos M. FAU-NOUGAREH, « Manipulations constitutionnelles et coup d’État constitutionnel en
Afrique francophone », op.cit., p. 1-18 ; I. DIALLO, « Pour un examen minitieux de le question des révisions de
la constitution dans les États africains francophones »,
207
Lire en ce sens Fréderic AVIO, « la crise de la normativité de la constitution en Afrique », rev. DP&SP, 2012,
p.141.
208
Dans l’ordre juridique international, la notion d’État de droit émerge surtout dès les années 1990.son
existence se veut être essentielle au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité au sein de la communauté
internationale. Le dictionnaire de droit international définit l’État de droit comme un État dont l’organisation
interne est régie par le droit et la justice. Sa notion est composée de deux dimensions. La première renvoie à la
justice. En ce qui est de la seconde, elle fait allusion à un État qui est un État dans lequel chacun est soumis au
droit. Voir J. SALMON, dictionnaire de droit international public, op.cit., p.456.
209
B. BA, « l’évolution constitutionnelle des pays africains de succession française », Annales Africaines,
Nouvelle série, Volume 2, Décembre 2020, N°13, p.18.

79
constitution comme moyen d’action. Il en découle des changements constitutionnels illégaux
caractérisés par le mépris des procédures établies et des changements constitutionnels
intéressés »210.

Entendons par changements intéressés toute révision, amendement ou établissement


d’une nouvelle constitution effectué dans un but personnel c’est-à-dire pour la satisfaction
non pas de des intérêts de la nation mais d’un intérêt personnel, égoïste. Il peut s’agir de
révision vivant à écarter un candidat à l’élection comme ce fut le cas en 2000 en Côte
d’Ivoire, dans le but de privilégier une personne en particulier, au pire des cas pour se
maintenir soi-même au pouvoir surtout au-delà du nombre limite des mandats autorisés. Ce
sont des moyens d’assouvissements d’intérêts égoïstes dont parfois on recherche une
légitimité par les populations. Selon le professeur en effet, « il est difficile malheureusement
211
d’affirmer que les constitutions ont échappées aux manipulations égoïstes ». Il en est de
même pour la plupart des États membres de la communauté. Dans ses propos plus loin, le
professeur faisait remarquer que chaque fois que des constitutions étaient violées cela sonnait
la mort du constitutionnalisme, la mort de la démocratie212.

S’inscrivant dans ce sens, le professeur Djédjro MELEDJE écrivait sur les


changements constitutionnels qui n’avaient de sens ou de fondement juridique qu’ « il est
quelquefois difficile de déterminer la nature de l’opération constituante entreprise au point
où on ignore s’il s’agit de changement de constitution ou alors de changement dans la
constitution »213. De tels changements sont, même si cela ne transparait pas tout de suite,
source d’instabilité. Cette instabilité très souvent sur des coups d’État ou des révolutions
populaires mal engagée donc cause de blocage et de recul.

Sur ces fondements, il est réellement difficile pour l’organisation régionale de parvenir à la
consolidation d’une paix régionale durable. Ces obstacles au niveau interne de chaque
membre sont assez révélateurs. De même avec le principe de l’autonomie constitutionnelle et
du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, les mécanismes de la CEDEAO se trouvent
contrecarré dans leur action d’où l’inefficacité de celui-ci où l’impossibilité à atteindre le but
assigné.

210
P. THEOUA, « Constitution et démocratie en Côte d’Ivoire », Abidjan, R.I.S.J.PO., N°1, p.61.
211
P. THEOUA, « Constitution et démocratie en Côte d’Ivoire », op.cit., p.63.
212
Idem.p.2.
213
D. MELEDJE, « Faire, défaire et refaire la constitution en Côte d’Ivoire : un exemple d’instabilité », in C.
FOMBAD and C. MURRAY, fostering contitutionalism in africa, Pretoria University Law Press, 2010, p. 309.

80
Par ailleurs, le docteur Ange Brou AHUI écrivant sur la question de la limitation du
nombre de mandat notait que « si plusieurs chefs de l’exécutif se plient à cette règle (celle du
non renouvellement des mandats présidentiel dès le second tour), il faut observer que
d’autres sont réfractaires à l’idée de renoncer à se présenter au-delà du nombre de mandats
214
présidentiels constitutionnellement requis ».

De nombreuses situations de ce genre sont intervenues. Par exemple, le président Alpha


CONDE de la Guinée-Conakry avait organisé un referendum constitutionnel le 22 Mars 2020.
L’opposition et les syndicats le soupçonnaient de vouloir modifier la constitution afin de se
voir autoriser un troisième mandat. Un autre exemple, celui du Togo où Faure EYADEMA
entame un 4e mandat à l’issue de l’élection qui s’est déroulé le 22 février 2020. Pour ce faire,
il avait initié une révision constitutionnelle en 2019 qui lui a permis de se présenter au-delà du
nombre prescrit par l’ancienne constitution.

Ces différents cas sont une illustration du non-respect par les dirigeants non seulement de
la constitution, loi fondamentale au plan interne, mais aussi des engagements internationaux
qui répugnent ce genre d’acte. Or la majorité des constitutions en Afrique de l’Ouest
consacrent une limitation de 5 ans par mandat présidentiel renouvelable une (1) seule fois 215.
Pourtant, ce carcan temporel dans lequel le constituant avait enfermé le mandat avait, selon le
professeur Philippe ARDANT, pour objectif de « dresser ici et là pour empêcher le
216
glissement vers un régime de pouvoir personnel ou dictatorial ». On voit que ces cas
spécifique Africain donnent du fil à retorde. Les mécanismes de le CEDEAO sont
constamment boycottés de sorte à laisser croire à une certaine inefficacité de ceux-ci.

L’on suggère à l’organisation de repartir sur de nouvelles bases avec ses États membres en
leur posant la question de savoir si réellement leur objectif est de parvenir à une gestion
démocratique des pouvoirs. On a l’impression qu’il n’y a que les dirigeants qui sont partir au
traité initial qui sont liés par les obligations de l’organisation. Ceux qui au fil du temps les
succèdent montrent un désintérêt quant au respect des dispositions des traités conclus.

B. La mal gouvernance des dirigeants

214
A. AHUI, « La limitation du nombre des mandats présidentiels », Abidjan, R.I.S.J.PO., 2020, p.135.
215
Voir article 55 de la constitution ivoirienne « le président de la république est élu pour cinq ans au suffrage
universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois » ; où la constitution de sénégalaise en son article 27 qui stipule
que « la durée du mandat du président de la république est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux
mandats consécutifs ».
216
P. ARDANT, « Le temps dans les constitutions écrites », mél. Pierre Avril, 2001, p.507.

81
L’embellie juridique de la CEDEAO en matière de consolidation et de protection de la
démocratie tient à l’instabilité chronique de la sous-région. L’absence dans la plupart des
États membres d’institutions démocratiques fortes, l’insécurité alimentaire, et le niveau faible
de gouvernance sont parmi les facteurs qui menacent la stabilité régionale.

Dans la lutte de l’organisation contre la recrudescence et la persistance des changements


anticonstitutionnels de gouvernement l’accent est plutôt mis, du moins le plus, sur les
procédés d’accès au pouvoir tel le procédé électoral, au détriment de la gestion même des
pouvoirs et des biens publics par ceux qui possèdent déjà les reines du pouvoir. En 2014, le
Conseil de paix et de sécurité de l’UA avait noté que les changements anticonstitutionnels de
gouvernement tirent leur cause de profondes carences en matière de gouvernance 217 que cette
mauvaise gouvernance constitue un facteur qui contribue à la survenance de changements
anticonstitutionnel de gouvernement et de soulèvements populaires218.

Cette mauvaise gouvernance matérialisée fréquemment par le détournement de deniers


publics et par la promotion de l’injustice sociale comme action visant non pas la recherche de
l’intérêt générale mais la satisfaction des caprices personnels constituent des facteurs
déclencheurs.

« Aujourd’hui, le moins que l’on puisse dire est que la corruption, la concussion,
l’avidité, la cupidité et les détournements de deniers publics ont atteint leur point culminant.
On pourrait même dire qu’ils sont institutionnalisés 219 » affirmait dans une lettre ouverte au
Président Fondateur du mouvement populaire de la révolution, président de la république, par
un groupe de parlementaire, 1er novembre 1980.

L’Afrique est sans cesse tiraillée par la mauvaise gouvernance des dirigeants et leurs
alliés. Cette mauvaise gouvernance se révèle comme un élément déterminant favorisant ce
que l’on a pu appeler coups d’État militaire ou dans d’autres cas à un soulèvement populaire
ou à une insurrection. Le détournement de deniers public est définis par le code pénal
congolais comme le fait par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une
mission de service public de détruire, détourner ou soustraire un acte ou un titre ou des fonds

217
Cette mauvaise gouvernance peut revêtir plusieurs formes. Il peut en effet s’agir de la cupidité, de l’égoïsme,
de la gestion inadéquate des diversités, de l’incapacité à saisir les opportunités, de la marginalisation, les
violations des droits de l’homme, le refus d’accepter la défaite électorale, la corruption
218
P-S. HANDY & F. AKUM, « coups d’État : causes ou symptômes de la mauvaise gouvernance ? », consulté
sur https://issafrica.org/fr/iss-today/coup-detat-causes-ou-symptomes-de-la-mauvaise-gouvernance, le
14/12/2022.
219
Jean Luc PIERMAY, « le détournement d’espace », https://horison.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins-
textes/divers15-06/25294.pdf, p.7.

82
publics ou tout autre chose qui lui ont été remis en raison de sa fonction ou de sa mission.
Les détournements commis par les personnes détentrices de mandat public sont un
comportement incriminé en droit interne220 et par les instruments de la CEDEAO.

Cette mauvaise gouvernance inclue aussi l’exclusion des opposants politiques ou partis
politiques adverses de la gestion des pouvoirs étatique et surtout des opérations électorales.
En effet, avec le vent de démocratisation qui souffle, les partis politiques poussent comme des
champignons et on se demande de savoir quelle est leur importance. D’autant plus qu’on a
l’impression qu’ils luttent tous pour la même cause.

En politique, l’opposition désigne l’ensemble des mouvements et partis politiques qui


constituent en principe un contrepouvoir221 au pouvoir en place. Leur rôle est essentiel en ce
sens qu’ils ne sont pas un pas seulement des rivales qui cherchent la perte du pouvoir en place
mais leur action et leur vigilance participe à déceler les irrégularités et les illégalités pouvant
exister dans l’action de ceux-ci. Une véritable opposition et très vigoureuse peut parfois
donner lieu à un véritable bras de fer à l’assemblée. La conséquence directe est la mise à
l’abri des populations pas forcement attentive à ces types de question.

Tout rrégime politique doit impliquer la reconnaissance et la libre expression des forces de
l’opposition. Cela est une condition du bon fonctionnement de tout système politique.

En sommes, retenons pour participer à la raréfaction des crises politiques dans la région il
s’avère indispensable de veiller à une gouvernance inclusive, à la bonne redistribution des
deniers publics de sortes que le manque d’induisent pas les populations à comploter ou
organisations un renversement du pouvoir en place.

Paragraphe 2: la réticence des États au respect du droit communautaire

La CEDEAO est constituée d’État indépendants dans le but d’atteindre un objectif


commun conformément au traité révisé de 1993. Elle un auteur du système international, mais
à un niveau secondaire. En effet, les États, acteurs primaires cherchent à atteindre leurs
propres fins via l’organisation. Pour chaque plan stratégique de la CEDEAO, les dirigeants et
les États imaginent des moyens de contournement et d’empêchement. Dans les

220
En droit interne, il est incriminé par le droit pénal qui prévoit des peines allant jusqu’à des peines
d’emprisonnement et de travaux forcés.
221
La fonction de contrepouvoir est très essentielle. En effet, elle oblige par exemple la majorité parlementaire à
faire amorcer des dialogues, des compromis, voire des renoncements.

83
développements qui suivront nous verrons la conservation autoritaire du pouvoir par les
dirigeants (A) puis le risque d’instrumentalisation de l’organisation (B).

A. L’incessante invocation de la souveraineté

L’État et les organisations internationales demeurent les sujets les plus importants du
Droit International Public. Cependant, l’État est le seul sujet originaire de ce droit 222. Quant
aux organisations internationales, elles sont reléguées au second plan comme sujet dérivé du
Droit International Public car elles-mêmes créées par la volonté des États.

Selon les grandes théories de droit international classique, l’instauration et la


consolidation de la démocratie relèvent essentiellement de la compétence discrétionnaire de
chaque État.223

En cela, elles n’ont de force que grâce à la volonté de ceux qui ont décidé d’abandonner
une partie de leur souveraineté à leur profit. La notion de souveraineté est proclamée dans de
nombreux textes internationaux comme la charte des Nations Unies 224, l’Acte constitutif de
l’Union Africaine ou encore dans le traité révisé de la CEDEAO 225 en son article 4. Cela étant,
même si l’État est souverain il a la possibilité de concéder une partie de sa souveraineté à des
acteurs infra-étatiques comme les collectivités décentralisées dans un État unitaire ou les États
fédérés dans un État fédéral. Le problème ici est de savoir jusqu’où peut aller cette
concession.

L’une des causes de l’inefficacité des organisations en général et de la CEDEAO en


particulier, dans la gestion des crises électorales, réside dans l’attachement des États au
principe sacro-saint d’autodétermination et de refus pour ceux-ci de céder une partie de leur
souveraineté nationale à des organisations internationales226.

Les normes de l’organisation mêmes si cohérentes et adéquates n’ont pas toujours été
respectées par certains États qui ont soutenus ou servi de base arrière à des activités
subversives ou à des rebellions contre d’autres États membres. Dans le Droit International

222
J-C. ZARKA, Droit international public, 2e éd., Ellipses, 2011, p.31.
223
D. KOKOROKO, « Souveraineté étatique et principe de légitimité », op.cit., p. 37.
224
Article 2 paragraphe 7 de la Charte des Nations Unies.
225
Le protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la
paix et de la sécurité internationale consacre aussi ce principe en son article 2 § (e) et (f).
226
R. DANIOUÉ, B, N’SANGUI, « Les causes de l’inefficacité des organisations régionales dans la résolution
des crises électorales dans la résolution des crises électorales en Afrique : le cas de la CEDEAO », op.cit., p.
316.

84
général, il existe une notion qui est au cœur des relations internationales. Il s’agit du principe
de la souveraineté.

Le principe de souveraineté des États est à la base du Droit International depuis le traité de
Westphalie de 1648227. C’est un principe à sens double. On le définit tant au niveau interne
qu’au niveau international. Dans un premier temps la souveraineté interne se définit comme
228
« la puissance absolue et perpétuelle d’une république », pour ainsi dire que l’État n’est
subordonné à aucune entité et n’est soumis qu’à sa propre volonté.

Dans un deuxième sens, la souveraineté externe repose sur le principe d’égalité entre les
États, quelle que soit leur puissance effective, leurs ressources ou leur démographie, et donc
indépendamment de leurs inégalités de fait 229. Les État membres non disposés à respecter les
règles de la communauté prennent comme couverture la souveraineté. Ainsi, la souveraineté
constitue un vvéritable obstacle pour la CEDEAO dans la mise en œuvre de son mécanisme
de prévention des crises et des changements de pouvoir irrégulier230.

La souveraineté politique est un principe indissociable de l’existence même de l’État. Il


est la colonne vertébrale qui gouverne les relations entre les États. Le respect de la
souveraineté est un principe universellement reconnu.

En effet, l’une des causes de l’inefficacité des organisations africaines réside dans
l’attachement des États au principe sacro-saint d’auto détermination. Ils ne conçoivent pas
l’idée de céder une partie de leur souveraineté nationale à des organisations 231. Ce principe est
même repris par la charte de l’UA232.

La souveraineté politique des États conduit au respect des différents régimes politiques et
cela permet d’accepter des dictatures implacables et de l’asservissement des peuples, observe
Monique CHEMILIER-GENDREAU233. Cette situation est de nature à faire accepter des
227
Ce traité met fin à la guerre de Trente ans et aux souffrances qui en ont résulté. Il a été conclu entre
l’empereur Ferdinand III, la France, la Suède et leurs alliés respectifs.
228
J. BODIN dans Les Six Livres de la république élucide brillamment cette notion.
229
C’est le principe d’égalité souveraine repris dans la charte des Nations Unies en son article 2 § 1.
230
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p308.
231
C’est ce constat que K. MALAM et L. LUABA font sur ce point. Ils pensent que les institutions régionales
africaines sont incapables de répondre aux exigences d’une véritable intégration régionale faute de la
prépondérance des souverainetés nationales sur les instances décisionnelles.
232
L’article 3 de la charte précise que « les États membres, pour atteindre les objectifs, affirment solennellement
le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque État membre et de son droit inaliénable à
une existence indépendante ».
233
M. CHEMILIER-GENDREAU, « Nations Unies et démocratie », in K. BANNALIER-CHRISTAKIS, T.
CHRUSTAKIS, M-P. LANFRANCHI, S. MALJEAN-DUBOIS, A-T. NORODOM, 70 ans des Nations Unies :
quel rôle dans le monde actuel ?, journée d’étude en l’honneur du professeur Yves DAUDER, p. 145.

85
régimes politiques des États quand bien même qu’ils soient illégalement constitués. Tant les
États que les organisations internationales ne peuvent pas dans la règle s’immiscer en vertu de
ce principe dans les questions dans les questions constitutionnelles qui intéresse les membres.

Des restrictions à la souveraineté politique existent. La souveraineté politique considérée


comme trop puissante a été encadrée et limitée par la légitimité démocratique 234.

B. Le risque d’instrumentalisation de l’organisation

Le droit international est défini comme le droit qui régit les relations entre les sujets du
droit international. Mais si le droit aspire à encadrer l’influence de la puissance, les puissances
quant à elles cherchent à instrumentaliser ce droit en leur guise.

Les relations internationales sont marquées par la recherche d’intérêt. Tout objectif
recherché à travers la conclusion d’un traité, d’une convention internationale prend
essentiellement en compte la plus-value. Comme tout État membre de l’organisation
internationales, ceux de la CEDEAO poursuivent à la fois des objectifs altruistes et
communautaire235. Ils sont départagés entre deux intérêts. D’une part ceux qui sont proposés
par la CEDEAO et d’autre part ceux qui leur sont propres.

Les divergences d’intérêts des États ont énormément handicapé le déploiement de la force
de cessez-le-feu mise en œuvre par l’ECOMOG par exemple. En effet on assiste fréquemment
à des divergences entre les membres de la CEDEAO face à la prise de certaine décision
concernant les activités de l’organisation. Prenons quelques exemples. La Côte d’Ivoire a
critiqué l’emprise du Nigéria et du Ghana sur l’ECOMOG236.

En ce qui est du Burkina Faso, il affirme son opposition radicale au déploiement de cette
force237. Par ailleurs, lors du changement anticonstitutionnel en Gambie, une divergence était
apparue entre les États de la communauté quant aux moyens à utiliser pour atteindre leur but
qui est le rétablissement de l’ordre constitutionnel après les élections du 1 er décembre 2016238.
234
R. BEN ACHOUR, « Rapport introductif », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de
gouvernements. Approches de droit constitutionnel et de droit international, op.cit., p. 24.
235
O. BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p. 561.
236
A. FOGUE TEDOM, Enjeux géostatiques et conflits politiques en Afrique Noire, L’Harmattan, 2008, p. 315.
237
Ibid. p. 316.
238
En l’espèce, la Gambie a organisée des élections présidentielles à la fin desquels la commission électorale
indépendante gambienne déclare Adama BARROW président. Le président sortant Yahya JAMMEH a, dans une
déclaration publique reconnu et accepté les résultats. Une semaine plus tard, il rejette, dans une nouvelle
déclaration, les résultats qu’il avait confirmé au départ et refuse de quitter le pouvoir d’où le déclenchement

86
Alors que le Sénégal envisageait le recours à la force armée, la Guinée Conakry s’est opposée
à cette option et réclamaient la poursuite des moyens pacifique pour résoudre cette crise.

Les rapports des membres sont tout le temps traversé par le jeu des intérêts à l’avantage
des États qui sont en mesure d’influencer le processus de décision en les orientant vers leurs
intérêts personnels239.

C’est une réalité, les États utilisent la CEDEAO comme un instrument de leur politique
étrangère. Il exerce cette influence régulièrement dans le processus décisionnel, on l’a dit, et
cette quête donne généralement lieu à des tensions diplomatiques en leur sein.

Même si une partie de la doctrine considèrent que les révisions constitutionnelles ne sont
pas nécessairement un signe de tripatouillage et de faiblesse 240, il n’en demeure pas moins
qu’elle est le canal de plusieurs dirigeants en Afrique de l’Ouest pour assouvir leur dessein
sur une sphère on ne plus étendue que la leur. Elle participe souvent, en effet, à la volonté
d’en faire un usage instrumental, généralement tourné vers un renforcement de leurs
attributions241.

SECTION 2 : LES FACTEURS TOUCHANT A PLUSIEURS AUTRES COUCHES DE


LA SOCIÉTÉ

La normativité des constitutions est mise à dure épreuve dans beaucoup d’États
Africains242. A côté du concours des dirigeants eux- mêmes à la réalisation de changements
anticonstitutionnels de pouvoir soit consciemment de leur propres faits, ou inconsciemment
en raison de l’insatisfaction de la société civiles, il existe des causes imputables à d’autres
personnes à côté des dirigeants. Il ^peut s’agir des populations, ou du constituant participant à
la légitimation et donc à l’admission de ces situations conduisant à un engouement vers cette
pratique (paragraphe 1). Par ailleurs, le cours des acteurs internationaux participent non pas

d’une crise politique et institutionnelle.


239
A. FOGUE TEDOM, Enjeux géostatiques et conflits politiques en Afrique Noire, op.cit., p. 366.
240
F. AIVO, Le président de la république en Afrique noire francophone : Essai sur les évolutions
institutionnelles de la fonction au Bénin, au Cameroun, au Gabon et au Togo, thèse de doctorat, Université jean
Moulin Lyon III et Université d’Abomey-Calavi, 2006 ;
241
I. DIALLO, « Pour un examen minutieux de la question des révisions de la constitution dans les États
africains francophones », op.cit., p. 20.
242
Lire à ce propos F. AIVO, « la crise de la normativité de la constitution en Afrique », revue de droit public et
de science politique, 2012, p.141. ; A. CABANIS & M. MARTIN, « un espace d’isomorphisme constitutionnel :
l’Afrique francophone », in J-F. AUBY et al, la constitution et ses valeurs. Mélanges en l’honneur de Dmitri
Georges Lavroff, Paris, Dalloz, 2005, p. 343.

87
comme facteur de déclenchement mais comme entrave à l’effectivité des moyens et mesures
qui sont mis en place par la CEDEAO ( paragraphe 2).

Paragraphe 1 : une tendance à la légitimation des changements anticonstitutionnels de


gouvernement

Le terme légitimité243 ne doit pas être confondu avec la légalité. Certes ces deux notions
ont un lien étroit, néanmoins une distinction doit être établie entre elles. La légitimité, parfois
synonyme de justice, de justification ou de licéité, renvoie à la conformité d’une institution à
une norme supérieur juridique ou éthique, ressentie comme fondamentale par la collectivité
qui fait accepter en moral et en politique l’autorité de cette institution 244. La légalité quant à
245
elle renvoie au caractère de ce qui est conforme à la loi autorisé par la loi. Marx WEBER
envisage les formes de légitimité comme des rationalisations de domination d’une classe
sociale246 définition qui n’est pas totalement remise en cause. Dans cette analyse seront
étudiés la légitimité populaire des changements anticonstitutionnels de gouvernement puis la
légitimité constitutionnelle de ceux-ci.

A. La légitimation populaire des changements anticonstitutionnels de gouvernement

Le concept de démocratie est connu comme étant le pouvoir du peuple par et pour le
peuple247. C’est donc le peuple qui est au centre du pouvoir politique dans la nation. C’est lui
qui confère la légitimité aux dirigeants. Il est même le détenteur de la souveraineté 248.

Max WEBER propose différents modes de légitimation du pouvoir. Ces modes sont au
nombre de trois (3). Ce sont le mode traditionnel, le mode charismatique et le mode
constitutionnel ou rationnel légal249. Dans le cas qui nous intéresse c’est le mode
243
A strictement parler, l’expression légitimité démocratique exprime l’idée selon laquelle le régime
démocratique est le seul dont la capacité à dicter des ordres auxquels on doit obéir est acceptée ou reconnue. Plus
généralement la légitimité démocratique signifie que seul un gouvernement démocratique est bon ou encore que
seul la valeur politique est la démocratie.
244
G. CORNU, Vocabulaire juridique, op.cit., p. 1292.
245
Idem, p.1282.
246
A. BERTEN, « Légalité et légitimité. A propos de J. Habermas », revue interdisciplinaire d’études
juridiques, N°1980, volume 4, p.1.
247
Définition donnée par Abraham LINCOLN.
248
Voir article 50 de la constitution ivoirienne du 08 novembre 2016 modifiée par la loi 348 du 19 Mars 2020 qui
dispose en son alinéa premier que « la souveraineté appartient au peuple ».
249
M. WEBER, Les trois types purs de la domination légitime, Sociologie, rédigé entre 1917 et 1920, in O.
MEIER, « Max WEBER et la légitimité du pouvoir », consulté sur https://www.rse-magasine.com/Max-Weber-
et-la-legitimite-du-pouvoir-a3424.amp.html, le 25 décembre 2022 à 00h 29.

88
démocratique qui nous convient. Il s’agit de la légitimité charismatique. Le mode
charismatique renvoie à la grâce ou le charisme, le magnétisme d’un homme qui lui permet de
devenir un leader providentiel aux yeux du peuple.

La légitimité de façon générale renvoie à deux réalités. Elle réside dans la reconnaissance
du dirigeant par le peuple. Le peuple se reconnais dans le gouvernement et le reconnais
comme disposant de l’autorité pour diriger et gouverner. L’émergence du principe de
légitimité démocratique est liée à la revalorisation du droit à l’autodétermination interne250.
Tout régime illégal et illégitime doit être mis au ban de la communauté251.

L’impératif de la CEDEAO à sa genèse, était économique, et l’est toujours, mais il faut


ajouter la réalité sociologique des populations des États concernés. Le comportement des
populations locales dont la collaboration est révélateur de leur désir de transcender les
barrières et parvenir à un espace plus sûr et économiquement développé.

Aujourd’hui plus que jamais, les coups d’États tant constitutionnels que militaires sont
consentis par les populations on l’a dit plus haut. Une chose qui constitue un réel frein dans la
gestion des changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest en dénaturant
l’objectif assigné par l’organisation. Le coup d’État intervenu au Mali en est une illustration
parfaite. En effet dans cet État, le coup de force constitutionnel effectué par le Géné ral Assimi
GOITA a été légitimé par un bon nombre de citoyen malien. En effet, des manifestations
affichent leur soutien dans les rue de Bamako252.

Ainsi l’action de la CEDEAO qui au départ semblait être salvatrice, car visant la
protection des peuples et de leurs droits, ne produit plus le même effet. Ces changements sont
acclamés par ceux-ci253. La raison évoquée est l’éternelle question de la mal gouvernance.
D’autres cas similaires ont eu lieu dans cette même sous-région. En Guinée par exemple, le
coup de force de 2021 contre le président Alpha CONDÉ ce fut la même tendance. Il lui a été
reproché ses abus de pouvoir et sa mauvaise gouvernance.

Alain FOKA, s’interrogeait sur la question de savoir: un coup d’État peut-il être légitime ?
Des cris de joie, des danses et chants dans les rues pour célébrer le renversement d’un régime
pourtant démocratiquement élu. Mais avec ces mouvements de soutien aux tombeurs, ignorant
250
L-SICILIANOS, L’ONU et la démocratisation de l’État, pédone, série n°5, Paris, 2000, p. 182.
251
S. TIEREAUD, Le droit et la pratique de l’ingérence armée démocratique depuis 1945, thèse de doctorat,
Université Nancy 2, 2009, p. 317.
252
Le cas de la manifestation du 8 septembre 2022 ou les individus clamaient les mérites du colonel GOITA.
253
J. CODJO, « Gestion des coups d’État et transitions politiques en Afrique : la « consécration » comme
alternance aux modèles politiques d’hommes forts (première partie) »,

89
les condamnations des institutions internationales, il se pose la question qui est celle de savoir
s’il peut être salvateur.

Ce constat laisse un certain scepticisme, donne un tout autre sentiment quant- à la


qualification de ce phénomène. On se demande s’il doit être passé en revue la manière
d’aborder les changements anticonstitutionnels en Afrique de l’Ouest spécifiquement. Vu
l’étendue et la répétition de ce modèle l’impression est l’inadaptation des actions des
organisations. Cela serait dû sans doute à leur ignorance poussée des réalités et du vécu
quotidien des populations.

Deux postulats contradictoires encadrent la réflexion sur la vie politique

B. La légitimation constitutionnelle des changements anticonstitutionnels de


gouvernement

En droit, on entend par bloc de constitutionnalité, l’ensemble des normes et des principes
auxquels, les lois, les règlements des assemblées et les traités doivent être conformes avant
leur mise en application et dont le juge constitutionnel est le garant du respect strict. C’est dire
que ce sont des normes et principes sur lesquels le juge constitutionnel s’appuie pour exercer
son contrôle de constitutionnalité254 et pour rendre sa décision.

Les crises constitutionnelles récentes en Afrique de l’Ouest sont généralement


caractérisées par des traits similaires, dont la mise en sommeil des constitutions, la
négociation du pluralisme, l’absence de contre-pouvoir, le déséquilibre entre les pouvoirs et la
quasi-impossibilité d’une alternance pacifique.

Le fait de prononcer des jugements au nom du peuple, nécessite une légitimité


constitutionnelle et juridique. En matière de transitions constitutionnelle, le conseil
constitutionnel255, juge constitutionnel, statue sur l’éligibilité des candidats, les contestations
relatives à l’élection du président de la république et proclame les résultats définitifs. De plus,
c’est lui qui reçoit le serment du président de la république élue et en cas de vacance.

Pour devenir légitime, les gouvernements non démocratiquement élus doivent se


soumettre à des conditions. Le conseil constitutionnel est l’une des autorités régularisant,

254
Voir à ce propos, B. CHANTEBOUT, Droit constitutionnel, op.cit., p. 591.
255
Il est l’organe régulateur du fonctionnement des pouvoirs publics, juge de la conformité de la loi à la
constitution et juge de l’élection présidentielle et des élections parlementaires. Voir article 126 de la constitution
ivoirienne.

90
sinon investissant les auteurs de ces changements anticonstitutionnels. L’investiture de ces
autorités issues de coups d’État a été faite au Mali, au Burkina Faso ainsi qu’en Guinée par
celui-ci256.

Les changements anticonstitutionnels de gouvernement ne relèvent pas du seul fait du


groupe armé généralement militaire. Ils résultent également des manœuvres politiciennes de
gouvernement civils qui dans le syllogisme de la démocratie de la constitution 257, et
s’arrogeant une légitimité populaire en prônant même parfois les préceptes de la démocratie.

On peut donc en conclure que les pouvoirs constitutionnels sont dans une tendance de
légitimation par leur sceau qu’il appose des changements anticonstitutionnels de
gouvernement et des auteurs de ces actes.

En agissant de la sorte, le juge constitutionnel tend à autoriser cette pratique. Pourtant


celui-ci devrait être le gardien de la constitution. Il devrait s’assurer du respect effectif surtout
en matière de vacance du pouvoir. En Afrique de l’Ouest les juges constitutionnels devraient
prendre exemple sur l’éminent professeur ivoirien le doyen Francis Wanga WODIÉ. Ancien
président du conseil constitutionnel, il a du démissionner de ce poste. Comme raison de sa
démission il explique dans un livre intitulé « Côte d’Ivoire, Conseil Constitutionnel : 2010-
2015, regard(s) croisé(s) ». Il affirme avoir été convoqué par le président de la république afin
de signer déclarant constitutionnellement conforme une loi l’autorisant à ratifier le protocole
relatif aux amendements à l’acte constitutif de l’Union Africaine adoptée le 3 février 2003 en
Éthiopie et le 11 juillet 2003 au Mozambique. Pour lui, il était inévitable de refuser malgré
l’injonction qui lui avait été faite en raison des violations que l’acte constituait. Ces violations
sont de trois (3) ordres. La première réside dans la violation de la constitution, la seconde du
serment et la toute dernière celle du devoir et de sa propre conscience. Le juge constitutionnel
ivoirien a bien agi en démissionnant. Bien que cela ne résout pas la question mais on a pu
sentir la volonté de protéger la constitution, de ne pas être le canal de sa violation.

256
Dans ces trois (3) cas et dans tous les cas où ce fléau est intervenu, c’est le juge constitutionnel qui a investi
ces autorités. Par exemple, le colonel Assimi GOITA a été investi le 7 juin 2021 par la cour constitutionnelle
malienne. Mamadi DOUMBOUYA tombeur d’Alpha Condé à été installé officiellement 1 er octobre 2021 en
promettant de quitter le pouvoir à l’issue de la transition prochaine. En ce qui est du lieutenant-colonel Paul-
Henri Sandago DAMIBA, il a lui aussi été investi par le conseil constitutionnel burkinabé
257
Ce qui conduit à nous interroger sur la réciprocité du lien « démocratie/démocrate » voir T. VIRCOULON,
« république démocratie du Congo : La démocratie sans démocrate », in politique étrangère, 2006/3 automne,
pp. 569-581. Ou K. KITANE, Le Sénégal sous Wade : cahiers d’une démocratie sans démocratie, Paris,
L’Harmattan, 2010 ; J. DU BOIS DE GAUDISSON, « Constitution sans culture constitutionnelle n’est que ruine
du constitutionalisme. Poursuite d’un dialogue sur quinze années de transitions en Afrique et en Europe »,
mélanges en l’honneur de Slobodan Milacic.

91
En outre, Serigne SY notait sur la question de la sédition qu’elle peut-être légitimée
par la constitution258 elle-même. D’autres auteurs tels que Boubacar BA s’inscrivant dans la
même logique précisent « il n’est pas impossible de légitimer le procédé insurrectionnel
populaire pour autant que l’on pointe quelques références constitutionnelles pertinente ».259
Plus loin, Boubacar BA notait que « d’essence risquée l’insurrection est pourtant justiciable
des précédents hautement couronnés de succès en Afrique noire (Burkina Faso) comme du
nord. A cet égard, les printemps arabes auront de façon spectaculaire, contredit l’idée selon
260
laquelle la soumission de la population arabe fut l’expression d’une apathie volontaire ».
Ce type de de changements permet au peuple d’aspirer à un nouvel horizon démocratique
d’où sa légitimation.

Paragraphe 2: la participation des organisations Internationales et du législateur dans


l’affaiblissement des mécanismes de la CEDEAO

En cas de ddéclenchement d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement, la


CEDEAO n’est pas la seule à organiser une réaction contre ce phénomène. D’autres acteurs
qui ont compétence pour régir cette même situation existent. Cette pluralité d’acteurs peut
s’avérer avantageux en ce sens que cette action en raison du nombre d’intervenant peut laisser
penser croire à une action plus robuste, plus forte, et donc plus prometteuse. Toutefois, la
réalité ne donne pas toujours ce résultat. Ici, l’analyse des mécanismes freinés par la pluralité
des acteurs internationaux intervenant (A). Pour clore nous analyserons la force des accords
politiques en (B).

A. L’intervention de nombreux acteurs internationaux

Selon l’article 3b alinéa 2 et 3 du traité modifié par le traité de Maastricht, devenu l’article
5 du traité d’Amsterdam, « (…) Dans les domaines qui ne relève pas de sa compétence
exclusive, la communauté n’intervient, conformément au principe de subsidiarité, que si et
258
Certaines dispositions constitutionnelles prévoyant les procédés insurrectionnel : l’article 121 de la
constitution malienne de 1992 disposant que « le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation
de la forme républicaine de l’État », voir l’article 167 de la constitution burkinabè de 1991 : « tout pouvoir qui
ne tire pas sa source de cette constitution notamment celui issu d’un coup d’État ou d’un putsch est illégal.
Dans ce cas, la droit à la désobéissance est à tous les citoyens » ;
259
B. BA, « La destitution des chefs de l’État : fortunes et infortunes d’une pratique aléatoire », in Actualité du
droit public et de la science politique, Mélanges en l’honneur de Boubacar KANTÉ, L’Harmattan, 2017, pp.
185-204.
260
Ibid.

92
dans le mesure où les objectifs de l’action envisagée ne peuvent être réalisés de manière
suffisante par les États membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de
l’action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire. » Le principe de
subsidiarité voudrait que toute action soit réalisée au niveau le plus proche possible des
citoyens, le niveau supérieur ne devant intervenir que si cela est nécessaire.

Aujourd’hui, le souci qui bloque l’action de la CEDEAO et empêche son mécanisme de


révéler son efficacité est que celle-ci est entravée certes par de nombreux facteurs précités
mais aussi et surtout par la multitude d’acteurs communautaires et internationaux. L’approche
réaliste de la théorie de la gouvernance à pallier multiple explicité plus haut ne prend pas en
compte la complexité des conflits en Afrique de l’Ouest et surtout la multiplicité de ces
acteurs qui va de l’État aux organisations internationales en passant par les mouvements
rebelles, les travailleurs humanitaires et les victimes des conflits ou les populations civils ou
encore les marchands d’armes.261 En effet, l’action de la CEDEAO a été souvent peu efficace
à cause de la pluralité des intervenants à savoir l’Union économique et monétaire Ouest-
africaine (UEMOA), l’Union africaine (UA) et le conseil de sécurité des Nations-Unies
(CS/ONU).

L’ONU, organisation internationale à vocation universelle encadre toutes les autres


organisations. Elle s’implique énormément dans la lutte contre les changements
anticonstitutionnels de gouvernement. Même si elle n’a pas mis en place un cadre juridique
international un cadre juridique explicite à ce propos.262 Elle considère le changement
anticonstitutionnel de gouvernement comme une menace à la paix et à la sécurité. Bien
qu’ayant exprimée sa neutralité comme susmentionné, le Conseil de Sécurité a ordonné, pour
la première fois, en septembre 1991 contre le coup d’État survenu en Haïti.263

A l’inverse de l’ONU, la question des changements anticonstitutionnels de


gouvernement a été, depuis longtemps au cœur des préoccupations de l’UA qui crée un cadre
en ce sens. La régularité des coups d’État a contraint la communauté Africaine à faire de la
lutte contre ce fléau une préoccupation majeure. Elle adopte à l’occasion de sa 35 e session

261
S. NDIAYE, entre contraintes et bonnes intentions, les difficultés des organisations internationales
africaines dans le domaine du maintien de la paix. L’exemple de la communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en Côte d’Ivoire et ailleurs (Libéria, Sierra Leone, et Guinée Bissau) de 1990 à
2003, thèse de doctorat, Université d’Ottawa, 2011, p.151.
262
R. BEN ACHOUR, « Rapport introductif », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de
gouvernement, approches de droit constitutionnels et de droit international, op.cit., p.19.
263
Idem.

93
organisée par la Conférence des Chefs d’États et de Gouvernement à Alger deux importantes
décisions contre les changements anticonstitutionnels de gouvernement264.

Le deuxième instrument est adopté lors du 36 e Sommet tenue à Lomé au Togo en


2000. C’est la Déclaration sur le cadre pour une réaction de l’OUA face aux changements
anticonstitutionnels de gouvernement265.

De ce fait, tant l’ONU, l’UA que la CEDEAO de la lutte contre ce fléau un moyen de
prévenir et de maintenir la paix et la sécurité par des actions pour les uns et par l’institution de
mécanismes institutionnels en ce qui est des autres266.

On aurait pu se pencher tout aussi sur le rapprochement du G5 Sahel 267 par rapport aux
objectifs sécuritaires de la CEDEAO et l’adoption en 2012 d’un mécanisme de sécurité
collective communautaire. Par l’intervention du G5 Sahel, la France ne court-elle pas le risque
de porter la politique d’autrefois et donc de couper l’herbe sous le pied de la CEDEAO ? Par
ailleurs, l’arrivée de l’UEMOA dans le domaine de la sécurité collective avait tendance à
présager une gestion bicéphale de la question des changements anticonstitutionnels dans les
États qui sont membres à la fois des deux organisations 268. Cette arrivée ne donne-t-elle pas
lieu à une concurrence. Il nous est difficile de se prononcer effectivement sur cette question
au risque de se lancer dans des spéculations ou de s’immiscer sur un terrain politique.

Ces organisations ne devraient normalement pas être en concurrence 269. Elles sont
plutôt complémentaires. Dans les faits, lorsque l’une inférieure, doit se prononcer sur une
situation, elle rappel la décision pertinente de l’organisation qui la supplante si celle-ci s’est
déjà prononcée sur la question270. Une multiplicité d’acteur peut dans ce cas de figure peut
prolonger le temps d’action contre les coups d’États (en raison de la complexité du
264
Il s’agit de la décision d’Harare de 1997 adoptée par la devancière de l’UA, l’OUA. A ce sommet, les chefs
d’États décident que les États membres dont les gouvernements ont accédé au pouvoir des moyens
anticonstitutionnels après le Sommet de Harare devraient restaurer la légalité constitutionnelle avant le prochain
Sommet faute de quoi il sera pris des sanctions contre ces gouvernements les obligeant à rétablir la démocratie.
(Déclaration N°AHG/Dec.141 et 142 (XXXV), 12 – 14 Juillet 1999).
265
Doc. AHG/Decl. 5 (XXXVI), 12 juillet 2000.
266
Voir la Charte de l’UA ; le traité révisé de la CEDEAO ; le protocole de l’UA adopté le 09 Juillet 2002 relatif
au conseil de Paix et de Sécurité de l’UA entré en vigueur le 9 Juillet 2003 instituant le CPS, voir le mécanisme
de gestion, de règlement, des conflits, de maintien de la paix et de la Sécurité de la CEDEAO.
267
Le G5 Sahel est une organisation sous régionale de l’Afrique de regroupant, comme le nom l’indique, 5 États
de Sahel notamment le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Tchad et la Mauritanie. Elle a été créée en février 2014
par les chefs d’État de ces 5 pays autour de la France. C’est un cadre de politique de développement et de
sécurité sous régionales.
268
O, BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p. 586.
269
Et elles ne le sont pas.
270
Par exemple le communiqué final du 27 Mars 2012 de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs
d’État et de Gouvernement de la CEDEAO.

94
fonctionnement du Conseil de Sécurité, l’adoption d’une résolution peut s’étaler sur une
longue période) et augmente les risques d’une diplomatie multilatérale.

B. La faible influence des accords politiques sur le législateur.

L’exercice du pouvoir législatif est régi par des règles de procédures consacrées dans les
règlements intérieurs des assemblées parlementaires.

Dans la théorie de séparation des pouvoirs selon Montesquieu, la fonction du législateur


consiste à élaborer des lois271. La procédure d’élaboration des lois doit respecter un certain
nombre de principes généraux. Les lois sont adoptées par le parlement à l’issue de débats en
proposant des lois et en imposant des amendements. Les pouvoir exécutif et judiciaires en
principe ne doivent pas s’immiscer dans l’exercice du pouvoir législatif. Par contre, le
pouvoir législatif peut faire des projets de loi qui seront soumis au législateur.

Concernant les sources de l’organisation, l’on constate des instabilités, des incohérences et
des imprécisions qui parfois rendent difficile la compréhension de l’idée du législateur. Il
s’agit ici de causes qui sont inhérente au langage du droit. Un autre facteur aussi c’est la
politisation du droit rendant incompréhensible le langage ou le message du législateur.

Normalement, aucun accord politique ne peut influencer le pouvoir législatif même


d’un point de vu procédural. Cela parait inconcevable. Mais en raison de son importance et du
contexte dans lequel il intervient, une importance particulière doit lui être accordée par les
parties qu’elle a compétence à régir. On le sait, les accords politiques dans la gestion d’un
changement anticonstitutionnel de gouvernement ne lient pas l’État membre concerné et la
CEDEAO. Ils lient plutôt l’État de fait de ce pays272.

Ces accords ne sont pas des actes de droit international et donc ne sont pas soumis au
régime du droit international public. En effet, ils se distinguent des normes internationales en
ce que celles-ci résultent de la rentre de deux ou de plusieurs volontés des acteurs du droit
international en produisant des effets sur toutes les parties. A contrario, l’accord politique
dans la gestion des crises politiques résulte de la volonté unilatérale d’une seule partie273.
271
P. LAUNDY, Les parlementaires dans le monde contemporain, mode d’élection fonctionnements structures,
éd, Payot Lausanne, 1989, p. 94.
272
Comme le précise les accords dans le préambule de mise en œuvre de l’engagement solennel du 1 er avril 2012
entre les parties signataires. Dans cet accord le CNRDRE n’a pas agi au nom de l’État malien. Voir l’accord
cadre de mise en œuvre de l’engagement solennel du 1er avril 2012.
273
Il n’est pas convenable non plus de qualifier ces accords politiques d’acte unilatéral. En effet, si un acte
unilatéral émane de la volonté unique, d’une seule personne, les accords politiques de résolution de ce type t=de

95
Bien que parfois, les accords politiques conclus par l’organisation surpasse la volonté
du constituant ou par moment s’y oppose, il est nécessaire non pas d’y recourir fréquemment
mais chaque fois que l’ car parfois dangereux en raison de sa nature politique, mais de

De plus en plus, on assiste à l’imposition des accords politique au législateur. En


outre, on assiste à l’adoption de mesures édictées à la lettre près par un accord politique qui
était inconstitutionnelle. Ce fut le cas notamment du législateur malien qui a adopté en séance
du 28 juillet 2012 la loi N°2012-024 du 12 juillet portant prorogation du mandat des députés
de la législature 2007-2012. Cette loi controversée prévoit : « le mandat des députés pour la
législature 2007-2012 est prorogé jusqu’à la fin de la transition notamment par la mise en
place de la nouvelle Assemblée Nationale élue ».

situation résulte d’un accord de volonté des autorités de fait avec la CEDEAO. O. BERTE donne plus de détail
sur cette question dans son ouvrage portant sur La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de
pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit., pp. 459-502.

96
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE

Au regard de tout ce qui précède, retenons que l’engagement de la CEDEAO contre


les changements anticonstitutionnels ne s’est pas toujours déroulé comme souhaité. Il a fait
face à de nombreuses limites qui ont affaibli son efficacité Ainsi, l’efficacité de la réaction de
celle-ci face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement dépend des rapports de
force, comme dans toute situation internationale 274. L’approche choisie par l’organisation a
parfois été à la base de son affaiblissement contre ce phénomène. Les textes montrent qu’elle
rejette l’accession au pouvoir par les autorités non légalement établies or la pratique laisse
croire le contraire. Son choix du « retour à l’ordre constitutionnel » au détriment du
275
« rétablissement ou de la restauration de l’ordre constitutionnel » n’a parfois pas joué en sa
faveur. D’autres facteurs qui lui sont externes, qui plus ou moins pouvait être évités, ont
contribués à ce affaiblissement. La répétition de ce fléau traduit la difficulté de l’organisation
à soustraire les États membres au processus cyclique des changements anticonstitutionnels de
gouvernement en Afrique de l’Ouest276

274
P. TAVERNIER, « Les organisations internationales et les changements anticonstitutionnels de
gouvernements », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de gouvernements. Approches de
droit constitutionnel et de droit international, op.cit., p. 35.
275
Lire à ce propos P. SLOGLOHOUN, « Le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans les États africains en
période de crise », op.cit., pp. 207-208.
276
O, BERTE, La CEDEAO face aux changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p. 581.

97
CONCLUSION GÉNÉRALE

En définitive, cette étude menée sur des fondements théoriques et pratiques nous a
permis de répondre à la question de recherche qui était de savoir si les différentes mesures et
mécanismes mis en œuvre par la CEDEAO étaient efficaces pour aider à lutter contre les
changements anticonstitutionnels de gouvernements.

La démocratie, l’État de droit et la bonne gouvernance qui se sont imposés au plan


international aboutit au rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernements ainsi
qu’à l’établissement de sanctions internationales impliquant parfois l’usage de la force
armée277.La CEDEAO face à l’obstacle que constitue les crises politiques, en particulier les
coups d’État militaires dans l’objectif d’amélioration de la vie des populations, s’est assurée
du monopole de la gestion des changements anticonstitutionnels dans sa zone. Elle a mis en
œuvre des stratégies en ce sens. Ces stratégies sont graduées en trois (3) phases appliquées
dans le cadre d’un processus continue. La première stratégie se porte sur la prévention des
changements de pouvoir non démocratique à travers notamment le renforcement de la culture
de la démocratie, la consécration de l’État de droit, et l’amélioration de la capacité
institutionnelle. La deuxième phase résidence dans le règlement des crises politiques par des
sanctions, des actions diplomatiques et opérationnelles, et enfin le tout dernier consiste en la
consolidation de l’ordre constitutionnel par un accompagnement dans la phase de transition 278
dans chaque État membre279 à travers le développement de la vie quotidienne des populations.

La CEDEAO a dès sa création représenté le symbole de l’avancement démocratique


dans ses États membres. Mais, avec son incapacité à gérer efficacement ces dernières
situations elle doit faire face à un recul en termes d’influence 280. En effet, dans les dernières
crises politiques vécues par des pays de l’Afrique de l’Ouest, les instances de la CEDEAO
n’ont pas réussi à prendre des initiatives effectives ce qui a remis en cause sa crédibilité et son
efficacité. Elle a montré sa limite surtout dans sa capacité à gérer les crises électorales 281.

277
R. BEN ACHOUR, « Rapport introductif », in R. BEN ACHOUR, Les changements anticonstitutionnels de
gouvernements. Approches de droit constitutionnel et de droit international, op.cit., p. 24.
278
Cette phase de transition peut être logée tout aussi dans la prévention. Elle peut permettre d’éviter
279
N. KRIDIS, « La CEDEAO, et les changements anticonstitutionnels », in R. BEN ACHOUR, Les
changements anticonstitutionnels de gouvernements. Approches de droit constitutionnel et de droit
international, op.cit., p. 54.
280
O. BOUTALEB, « Le rôle de la CEDEAO dans la gestion des crises politiques et sécuritaires internes de ses
États membres », policy Brief, N°49/22, 2022, pp. 6-7.
281
R. DANIOUÉ, B, N’SANGUI, « Les causes de l’inefficacité des organisations régionales dans la résolution
des crises électorales dans la résolution des crises électorales en Afrique : le cas de la CEDEAO », op.cit., p.
320.

98
À cet effet, il existe une incohérence dans l’action de l’organisation. Elle intervient
souvent de manière très rapide et même intransigeante, et ferme contre certains changements
non démocratiques, alors qu’elle montre parfois très pacifiste, voire laxiste, à offrir une
réponse à d’autres. On observe également une incohérence entre le Droit de la CEDEAO et sa
pratique.282Au-delà de ces incohérences, il y a aussi des insuffisances du Droit de la
CEDEAO. En ce sens, elle doit songer à rédiger son droit avec rigueur et fermeté et renoncer
à la complaisance à l’égard des États membres en mettant en place des mécanismes rigoureux
et veiller à un contrôle effectif.

Le portrait-robot que l’on fait pour présenter des systèmes politiques et partisans en
Afrique donne l’impression que le processus de démocratisation à échoué en Afrique de
l’Ouest. Dès lors, pour parvenir à résoudre efficacement les changements de pouvoir non
démocratique, le cadre de la CEDEAO a besoin d’amélioration, d’adaptation et de
renouvellement. Il faut sursoir à certaines pratiques, revoir des points très important qui
constituent l’occasion de chute de l’organisation en mettant en cause la crédibilité de celle-ci.
Il va de même falloir que l’organisation se rapproche considérablement des populations afin
de comprendre leurs situations et connaitre leurs besoins. La population civile est un facteur
potentiel déclenchement d’instabilité et d’insurrection. Un bon suivi de celle-ci peut permettre
de prévenir ce fléau.

L’alternance politique peut-être un rempart contre la résurgence des coups d’États.


Elle est fondamentale dans un régime démocratique sur lequel sont bâtis tous les régimes
politiques des États membres de la communauté. Alors qu’elles sont fréquentes, la pratique
des changements anticonstitutionnels de gouvernement est un facteur déterminant de
l’instabilité politique et sécuritaire283.

La CEDEAO a entrepris de nombreuses réformes. C’est le cas la création d’une force


permanente d’intervention en cas de coup d’État. Il reste maintenant à savoir si ces reformes
permettront de garantir l’efficacité de la réaction de l’organisation.

282
Cette incohérence on la remarque à la fois dans la prévention et dans la gestion. La CEDEAO gère ce fléau
avec des accords politiques dont la juridicité demeure indéterminée sinon remise en cause, ceux-ci contredisant à
la fois le droit interne de l’État et celui de l’organisation.
283
O. BERTE, La CEDEAO et les changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique de l’Ouest, op.cit.,
p.54.

99
ANNEXE

CARTE DE LA CEDEAO

Consulté sur: https://www.wahooas.org/web-ooas/fr/pays-membres le 03/01/2023 à 14h 20.

100
TABLEAU RECAPITULATIF DES COUPS D’ÉTAT ET DES TENTATIVES DE
COUPS D'ETAT DANS LES ETATS MEMBRES DE LA CEDEAO DEPUIS LES
INDEPENDANCES

ÉTAT REACTION DE LA
ANNÉES EVENEMENTS
CEDEAO

le 24 janvier, PAUL-HENRY La CEDEAO suspend le


SANDAOGO DAMILA Burkina, elle ordonne la
accède au pouvoir en versant libération du président
ROCH MARC CHRISTIAN renversé sans toutefois
KABORE. Ce coup d’État a prononcer de réelles sanctions
débuté par une muterie de à l’égard du pays.
soldats. Elle pousse le
président en place à la
démission.
2022

A l’occasion de ce coup
d’État, la CEDEAO a réagi en
Le 30 septembre, PAUL condamnant fermement ce
HENRI SAVADOGO actuel coup d’État. Elle demande le
président issu du précédent retour à l’ordre constitutionnel
coup d’État est à son tour dans les plus brefs délais. Elle
renversé par Ibrahim Traoré a sanctionnée à minima le
Burkina.
BURKINA
FASO

Le Conseil de sécurité de
l'ONU et l'UA ont condamné
Le général Gilbert
fermement le coup d'État.
DIENDERE, à la tête d'un
L'UA impose des sanctions.
Michel KAFANDO,
La CEDEAO ne le condamne
président de la transition. Le
pas explicitement, mais
coup d'État militaire est mis
2015 s'implique activement dans sa
en échec grâce à la
gestion à travers une
mobilisation de la population
médiation. En effet, elle s'est
dans les rues avec le soutien
particulièrement impliquée
d'une grande partie de
dans la gestion et le règlement
l'armée.
de ce coup d'État. Elle a
désigné le président sénégalais
Macky SALL pour diriger un
groupe de contact dans le
cadre d'une médiation.

101
En octobre 2014, Blaise
COMPAORE est renversé
par une révolution populaire. Lors du sommet du 6
L'armée prend le pouvoir novembre 2014, la CEDEAO
2014 puis elle le cède à un refuse de sanctionner le
gouvernement civil de Burkina Faso. Elle invite ses
transition sous la pression des partenaires à faire de même
manifestations de la rue et de
l'implication de la CEDEAO.

Le 15 octobre, Thomas
SANKARA est mort
1987 assassiné lors d'un coup Indifférence de la CEDEAO
d’état conduit par blaise
Compaoré

Dans ce tableau, il est question des tentatives de changements anticonstitutionnels, celles qui
ont connu un début d'exécution, mais n'ayant pas réussi. Les tentatives qui ont été déjouées
par les autorités avant un début d'exécution ont été volontairement exclues de ce tableau.

Le 4 août, trois mois après son


limogeage du poste de Premier
1893 ministre, le capitaine Thomas Indifférence de la CEDEAO
SANKARA, renverse Jean-
Baptiste QUEDRAOGO.
Le médecin colonel Jean- Batiste
1982 OUEDRAOGO renverse SAYE Indifférence de la CEDEAO
ZERBO
Le 25 novembre 1980, SAYE
1980 ZERBO renverse SANGOULE Indifférence de la CEDEAO
LAMIZANA
Le 4 janvier 1966, Maurice
YAMEOGO est renversé par
Aboubacar SANGOULE La CEDEAO n’était pas encore
1966
LAMIZANA, à la suite d'une créée
révolte populaire contre son
pouvoir

BENIN 1972 Mathieu KEREKOU renverse La CEDEAO n’était pas encore

102
Justin AHOMADEGBE créée
Emile DERLIN ZINZOU
propulsé à la tête du pays par les
La CEDEAO n’était pas encore
1969 militaires après le coup d'Etat du
créée
17 décembre 1967 est lui aussi
renversé par un coup d'État.
Le 17 décembre, Christophe
SOGLO est renversé par un
La CEDEAO n’était pas encore
1967 groupe de militaires qui porte
créée
Emile DERLIN ZINZOU au
pouvoir.
Le 22 décembre, le colonel
Christophe SOGLO renverse de
nouveau SOUROU MIGAN La CEDEAO n’était pas encore
1965
APITHY qu'il avait lui-même créée
placé à la tête du pays après un
coup d'État.
Christophe SOGLO renverse
Hubert MAGA. Il cède
La CEDEAO n’était pas encore
1963 volontairement le pouvoir à
créée
SOURROU MIGAN APITHY en
janvier 1964

Cap vert Néant Néant Néant

Laurent GBAGBO au pouvoir


perd les élections
présidentielles, mais refuse de La CEDEAO impose des
céder le pouvoir à son sanctions et menace d'utiliser la
Opposant Alassane Dramane force. Mais elle échoue à
OUATTARA déclaré résoudre la crise avec des
vainqueur des élections par moyens non forcés. Elle a été
COTE D’IVOIRE 2010
PONUCI et la Commission également incapable à
Electorale Ivoirienne (CEI). II intervenir militairement malgré
est chassé du pouvoir par les des menaces. L'armée française
soldats français appuyant les intervient par la force pour
soldats ivoiriens et les milices chasser Laurent GBAGBO
fidèles à Alassane Dramane
QUATTARA.

103
La CEDEAO désigne le
président togolais EYEDEMA
Une tentative de coup d'Etat pour diriger une médiation. Elle
contre Laurent GBAGBO demande des forces de
2002
échoue. Elle aboutit à une L’ECOMOG qui travaillent en
longue guerre civile. collaboration avec celle de
l’ONU et les forces de
l’opération licorne de la France
Le général ROBERT GUEI
1999 renverse HENRI KONAN Indifférence de la CEDEAO
BEDIE

La CEDEAO demande à
JAMMEH de reconnaitre les
résultats de l’élection et de
YAHYA JAMMEH perd les
transmettre le pourvoir
élections présidentielles. Il
pacifiquement. Elle n’a
JAMMEH de reconnaître les
toutefois pas décidé de
reconnaît sa défaite et fait
sanctions. Elle désigne
résultats de l'élection et de
Muhammad BUHARI le
volte-face quelques jours après,
président du Nigeria comme
2016 en rejetant les résultats. Sous la
médiateur, elle demande, et
menace de la CEDEAO de
obtient du conseil de sécurité
recourir à la force, il accepte de
de l’ONU l’utilisation de force
quitter le pouvoir grâce à une
GAMBIE pour rétablir l’ordre
ultime médiation de la
constitutionnel. Toutefois, une
CEDEAO conduite par la
ultime médiation d’alpha condé
Guinée Conakry.
président de la guinée, opposé
au recours de la force a permis
un règlement pacifique

Le 31 décembre, Jerry
Un groupe de militaires attaque RWALINGS qui avait cédé le
le palais présidentiel. Le coup pouvoir à un gouvernement
2014 d'État est mis en échec. civil démocratiquement élu,
Plusieurs militaires et des civils conduit à nouveau un coup
sont arrêtés. d'État, en reversant Hilla
LIMAN
Le capitaine YAHYA
1994 JAMMEH renverse Dawda Indifférence de la CEDEAO
JAWARA

104
Le 31 décembre, Jerry
1981 RWALINGS qui avait cédé le Indifférence de la CEDEAO
pouvoir à un gouvernement
civil démocratiquement élu,
conduit à nouveau un coup
d'État, en reversant Hilla
LIMAN

Le 4 Juin, Jerry RWALINGS


1979 reverse Frederick William Indifférence de la CEDEAO
GHANA KWASI AKUFFO

IGNACE KUTU
ACHEAMPONG est renversé
1978 lui aussi par FREDERICK Indifférence de la CEDEAO
WILLIAM KWASO
AKUFFO
Ignatius Cut
La CEDEAO n’était pas
1970 ACHEAMPONG reverse
encore créée
Edward AKAFU-ADDO
NKWAME NKRUMAH
ayant conduit le pays à son La CEDEAO n’était pas
1966
indépendance, est renversé encore créée
par Joseph Arthur ANKRAH.

RAIMUNDO PEREIRA,
président de l'Assemblée
Nationale, assurant l'intérim La CEDEAO condamne le
de président de la République coup d'État. Toutefois, elle
conformément à la fait une volte-face en
constitution après la mort des reconnaissant les autorités de
GUINNEE
2012 suites d'une maladie, du fait et demande à ses
BISSAU
président MALAM BACAI partenaires à faire de même.
SANHA, est renversé le 12 Le Conseil de sécurité de
avril entre les deux tours de l’ONU et la CPLP rejette
l’élection présidentielle par cette reconnaissance
MAMADOU TURE
KURUMA

105
Le président assure que tout
est sous contrôle. Un
Le premier ministre CARLOS
changement
2010 GOMEZ JUNIOR est arrêté
anticonstitutionnel
par un groupe de militaire
vraisemblablement coopté par
lui.

L’UA condamne l’assassinat


du président. La CEDEAO et
la CPLP entament
distinctement des démarches
JOA BERNADO VEIRA de
pour le retour à la normalité
retour d’exil est élu
constitutionnelle. Mais elles
démocratiquement président
2009 n’ont pas de divergence
de la république en 2005. En
d’approche. Le président de
mars 2009, il est assassiné par
l’assemblée nationale assure
des hommes en arme
l’intérim et organise de
nouvelles élections
présidentielles qui ont lieu en
juillet 2009

L’ONU, la CPLP et la
CEDEAO ne semble pas
surprises du coup d’état. Elles
ne le condamnent pas
expressément, mais demande
LE 14 SEPTEMBRE,
que la période de transition
VERISSIMO CORREIA
2003 soit la plus courte possible.
SEABA dépose KUMBA
La CEDEAO et la CPLP
YALA
entament conjointement des
actions pour le retour de la
normalité constitutionnelle
des autorités intérimaires de
l’ONU à maintenir cette force

LUIS Cabral est déposé par


1980 JAO BERNADO VIEIRA dit Indifférence de la CEDEAO
NONO

Ce pays connait une instabilité politique et institutionnelle chronique.


Nous ne parlons de ce pays dans le tableau que des tentatives de coups
d’État réussis. Elles sont nombreuses les tentatives de coups de d’état
dans ce pays.

106
L’UA établit des sanctions. une
divergence apparait au sein de
MOUSSA DADIS CAMARA
la CEDEAO notamment entre
PREND le pouvoir après la
le Nigeria et le Sénégal. Elle ne
2008 mort de LASSANA CONDE en
sanctionne pas le coup d’état,
violation de la constitution
mais entame une médiation qui
guinéenne
aboutit à l’organisation
d’élections.
Le 03 avril, LASSANA
CONDE prend le pourvoir
après la mort de SEKOU
1994 TOURE en empêchant louis Indifférence de la CEDEAO
LASSANA BEAVOGUI à
assurer l’intérim conformément
à la constitution
La CEDEAO déploie des forces
CHARLE TAYLOR est
de la paix après le départ de
2003 contraint par la CEDEAO à
Taylor. (voir à ce propos
quitter le pouvoir
l’observateur du 03 aout 2003
Ce coup d’état se déroule dans
les locaux de L’ECOMORG
LIBERIA PRINCIPE JOHNSON
1990 devant les soldats de la
renverse SAMUEL DOE
CEDEAO. On observe une
indifférence de l’organisation
Le 02 avril 1982,
1982 SAMUEL DOE dépossède du Indifférence de la CEDEAO
pouvoir WILLIAM TOLBERT

Intervenu le 24 mai, il était dirigé


2021 par ASSIMI GOITA, l’homme
fort du Mali à l’encontre de BAH
N’DAW

Le 18 aout, ASSIMI GOITA est


Le Mali a toute suite été
auteur d’un coup d’État militaire
2020 dont la cible était IBRAHIM suspendu de l’organisation.
BOUBACAR KEITA.
MALI

La CEDEAO établit des


sanctions et menace d’utiliser la
Le CAPITAINE AMADOU
force. parlement, elle entame
AYA SANOGO profite d’une
une médiation qui aboutit à un
2012 banale mutinerie pour renverser
accord avec les putschistes. Le
amadou TOUMANI TOURE
capitaine amadou SANOGO
(ATT)
CCEPETE de quitter le pouvoir
constitutionnel grâce à

107
l’accord-cadre signé avec la
médiation de la CEDEAO
Le 26 mars 1991, le lieutenant-
colonel amadou TOUMANI
1991 Indifférence de la CEDEAO
TOURE (ATT) renverse
MOUSSA TRAORE
En novembre 1968, MODIBO
KEITA au pouvoir depuis
1968 l’indépendance du pays est La CEDEAO n’était pas créée
renversé par MOUSSA
TRAORE
DAOUDA MALAN WANKE
1999 dépossède IBRAHIM BARE Indifférence de la CEDEAO
MAINSASSARA du pouvoir
IBRAHIMA BARRE
NIGER
1996 MOUNASSARA renverse Indifférence de la CEDEAO
MAHAMANE OUSMANE
SEYNI KOUNTCHE renverse La CEDEAO n’était pas encire
1974
HAMANI DIORI créée
SANI ABACHA dépose ERNEST
1993 Indifférence de la CEDEAO
SHONEKAN
IBRAHIM BABAGINDA
1985 renverse MUHAMMADU Indifférence de la CEDEAO
BUHARI
MUHAMMADU BUHARI
1983 Indifférence de la CEDEAO
renverse SHEHU SHAGARI
OLUSEGUM OBASANDJO
1976 Indifférence de la CEDEAO
NIGERIA reverse MOHAMED MURTALA
MOHAMED MURTALA reverse
1975 Indifférence de la CEDEAO
YAKUBU GOWON
JONHSON AGUIVI-ORONSI est
déchu du pouvoir par un groupe de
1996 La CEDEAO n’était pas créée
militaire conduit par YAKUBU
GOWON
NNAMDI AZIKIWE est renversé
1996 La CEDEAO n’était pas créée
par JONSHON AGUIVI-ORONSI
SENEGAL NEANT NEANT NEANT
La CEDEAO utilise la force
pour la première fois contre un
SIERRA JOHNNY KOROMA reverse coup d’état. L’ECOMORG
1997
LEONE AHMED TEJAN KABBAH rétablit par la force, Ahmed
TEJAN KABBAH dans ses
fonctions

108
JULIUS MAADA bio fait un coup
1996 d’état contre VALENTIN Indifférence de la CEDEAO
STRASSER
Joseph SAIDU MOMH est
1992 renverse par un groupe de militaire Indifférence de CEDEAO
conduit par valentin strasser
FAURE EYADEMA empêche
avec le soutien de l’armée,
FAMBARE OUATTARA
NATCHABA président de
l’assemblée nationale de prendre La CEDEAO impose des
2005 le pouvoir conformément à la sanctions et obtient le retrait du
constitution après la mort de pouvoir de FAURE EYADEMA
Gnassingbé Eyadema. IL est
TOGO contraint de quitter le pouvoir
grâce à l’implication de la
CEDEAO
1963 LE 13 ANVIER 1963, La CEDEAO n’était pas créée
SYLVANUS OLYMPIO est
renverse par un coup d’état
conduit par GNASSINGBE
EYADEMA

109
BIBLIOGRAPHIE

 OUVRAGES

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➢ Papa Samba NDIAYE, Entre contraintes et bonnes intentions, les difficultés des
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112
L’exemple de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO) en Côte d’Ivoire et ailleurs (Libéria, Sierra Leone, et Guinée Bissau) de
1990 à 2003, Thèse de doctorat, Université d’Ottawa, 2011,428 pages ;

➢ Salé Serge Arnaud TIEREAUD, Le droit et la pratique de l’ingérence armée


démocratique depuis 1945, Thèse de doctorat, Université Nancy 2, 2009, 440
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✓ Mémoires

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mali-quels-fondements-et-quelles-consequences/;

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Universitaire d’Aix-Marseille, PUAM, 2014, pp.115-124 ;

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n’est que ruine du constitutionalisme. Poursuite d’un dialogue sur quinze années
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➢ Thierry VIRCOULON, « République démocratie du Congo : la démocratie sans


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➢ Yves HAMULI-KABUMBA, « La répression internationale de l’esclavage. Les


leçons de l’arrêt de la cour de justice de la Communauté économique des États de
l’Afrique de l’ouest dans l’affaire Hadijatou Mani Koraou c. Niger (27 octobre
2008) », Revue québécoise de droit international, n°21.2-2008,1 Octobre 2009
pp.25-56.

❖ LÉGISLATION

✓ Législation internationale

· Les textes de l’ONU

➢ Le Pacte de la Société des Nations du 16 décembre 1935 ;

➢ La Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 Mai 1969 ;

➢ Doc off CS NU 2003, annexe, Doc NU S/2003/99 (Accord de Linas-Marcoussis) ;

➢ La Charte des Nations Unies adoptée le 26 juin 1945 à San Francisco aux États-
Unis d’Amérique et entrée en vigueur le 24 octobre 1945, instituant
l’Organisation des Nations Unies ;

➢ La résolution S/RES/1132 du 8 octobre 1997 du conseil de l’ONU portant


interdiction de voyager aux membres de la junte militaire au pouvoir en Sierra
Leone ainsi que les membres adultes de leur famille, et de vente ou de fourniture

119
à la Sierra Leone, de produits pétroliers, d’armements et de matériel connexe de
tous types ;

➢ La Résolution S/RES/1132 du 8 octobre 1997 du Conseil de sécurité de l’ONU.

· Les textes de l’UA

➢ Acte constitutif de l’UA adopté le 9 juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud ;

➢ Les décisions AHG/Dec.141(XXXV) et AHG /Dec.142 (XXXV) de la Conférence


des Chefs d’État et de Gouvernement de l’OUA, prises lors de sa session
ordinaire tenue à Alger en Algérie du 12au 14 juillet 1999 ;

➢ Le protocole de l’UA adopté le 09 Juillet 2002 instituant le Conseil de Paix et de


Sécurité de l’UA, entré en vigueur le 9 Juillet 2003.

· Les textes de la CEDEAO

➢ Le traité révisé de la CEDEAO de 1993;

➢ Le protocole A/P1/12/99 relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de


règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité, adopté en
décembre 1999 ;

➢ Le protocole additionnel A/SP.1/06/06 portant amendement du Traité constitutif


de la CEDEAO de1993 ;

➢ Le protocole A/P.1/7/91 relatif à la cour de justice de la CEDEAO ;

➢ Le Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel


au protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des
conflits, de maintien de la paix et la sécurité ;

➢ L’acte additionnel portant régimes des sanctions à l’encontre des États membres
qui n’honorent pas leurs obligations vis-à-vis de la CEDEAO.

· Législation nationale

120
➢ La Constitution Ivoirienne du 08 novembre 2016 modifiée par la loi 348 du 19
Mars 2020 ;

➢ La Constitution Sénégalaise du 22 janvier 2001 portant constitution

❖ JURISPRUDENCE

➢ Cour constitutionnelle du Niger, Avis n°02/CC du 24 mai 2009 ;

➢ Cour constitutionnelle du Niger Arrêt n°04/CC/ME du 12 juin 2009 ;

➢ Cour constitutionnelle du Niger Arrêt n°05/CC du 26 juin 2009 ;

➢ Affaire CDP et autres / Burkina Faso du 13 juillet 2015 ;

➢ Affaire Dame Hadidjatou Mani Koraou /République du Niger ;

➢ Affaire Hissène Habré.

❖ DICTIONNAIRES

➢ Jean SALMON, Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant,


2001, 1198 pages ;

➢ Gérard CORNU, Vocabulaire juridique, PUF, 2018, 2300 pages ;

➢ Thierry DEBARD, Dictionnaire de droit constitutionnel, ellipses, 2e édition, 2007,


493 pages ;

➢ Dominique LE FUR, Dictionnaire des synonymes et nuances, Paris, Le Robert,


2020, 1280 pages ;

➢ Pierre AVRIL et Jean GICQUEL, Lexique de droit constitutionnel, Paris,


PUF,Que Sais-Je ?, 4e édition, 155 pages.

121
TABLE DES MATIÈRES

PREMIERE PARTIE : LES MESURES DE LA CEDEAO GARANTISSANT UN


ENCADREMENT DES CHANGEMENTS ANTICONSTITUTIONNELS DE
GOUVERNEMENT EN AFRIQUE DE L’OUEST…………………………………………

CHAPITRE I : LES INSTRUMENTS DE PREVENTION DES CHANGEMENTS


ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT……………………………………

SECTION 1 : L’ARCHITECTURE JURIDIQUE BATIE PAR LA CEDEAO…………

Paragraphe 1: L’instauration d’un dispositif normatif ………………………………

A. L’adoption de texte interdisant les changements anticonstitutionnels de


gouvernement…………………………………………………………………………

B. L’implication dans le processus électoral des États membres


……………………….

Paragraphe 2: La création d’un système d’alerte précoce…………………………………..

A. Un système de prévention des crises ………………………………………………….

B. Un système en constante perfection ………………………………………………….

SECTION 2 : LE CADRE INSTITUTIONNEL ÉTABLI PAR LA CEDEAO……………

Paragraphe 1 : La mise en place d’organe de décisions performant……………………….

A. La promptitude de la conférence des chefs d’État


………………………………….

B. L’apport du conseil de médiation et de sécurité……………………………………..

Paragraphe 2: L’institution d’organe juridictionnel et exécutif prompt ………………….

A. La réactivité de la Commission de la CEDEAO ……………………………………

B. Le rôle de la Cour de Justice de la CEDEAO……………………………………….

CHAPITRE 2 : LES MECANISMES DE GESTION DES LES CHANGEMENTS


ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT………………………………….

122
SECTION 1 : LES MOYENS D’INTERVENTION EN VUE DU RETABLISSEMENT
DE L’ORDRE CONSTITUTIONNEL………………………………………………………

Paragraphe 1 : Les moyens pacifiques, recours privilégié de rétablissement de l’ordre


constitutionnel………………………………………………………………………………..

A. Les accords politiques et le règlement des changements anticonstitutionnels…….

B. Les accords de coopération et le règlement des changements


anticonstitutionnels…

Paragraphe 2: Les moyens forcés, recours exceptionnel de rétablissement de l’ordre


constitutionnel……………………………………………………………………………..

A. Un recours en principe interdit……………………………………………………..

B. Un recours admis par exception……………………………………………………

SECTION 2 : LES MÉCANISMES REPRESSIFS VISANT LE REGLEMENT DES


CHANGEMENTS ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT…………….

Paragraphe 1 : Une répression exprimée dans un régime définis……………………….....

A. Les sanctions à caractère général…………………………………………………..

B. Les sanctions à caractère personnel……………………………………………….

Paragraphe 2: Une répression mise en œuvre par des organes déterminés……………..

A. Les organes d’adoption des sanctions………………………………………………

B. Les organes d’exécution et de contrôle des sanctions………………………………

DEUXIEME PARTIE : LES LIMITES DES MESURES AFFECTANT


L’EFFICACITÉ DE LA CEDEAO FACE AUX CHANGEMENTS
ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT EN AFRIQUE DE
L’OUEST……………………………………….

CHAPITRE I : LES FACTEURS ENDOGENES LIMITANT LES ACTIONS DE LA


CEDEAO…………………………………………………………………………………….

123
SECTION 1 : LES ECUEILS AU NIVEAU DE LA SUBSTANCE DES TEXTES DE
L’ORGANISATION…………………………………………………………………………

Paragraphe 1 : Les ambiguïtés au plan normatif………………………………………….

A. Une définition quasi introuvable du concept de « changements


anticonstitutionnels de
gouvernement »…………………………………………………………………….

B. Une exclusion des coups d’États constitutionnels comme changement


anticonstitutionnel de gouvernement………………………………………………..

Paragraphe 2: L’inadaptation de l’espace considéré aux exigences juridiques…………..

A. Une inadaptation à la culture juridique des


États……………………………………

B. Une inadaptation aux réalités politiques des États …………………………………

SECTION 2 : LES ARDUITES DANS LA MISE EN ŒUVRE DES MECANISMES DE


L’ORGANISATION…………………………………………………………………………

Paragraphe 1 : Les difficultés découlant de l’action des organes…………………………

A. L’omniprésence contreproductive de la Conférence des chefs d’États et de


Gouvernement………………………………………………………………………..

B. Les effets ambivalents de l’intervention du bras armé de l’organisation dans la


gestion des changements anticonstitutionnels de gouvernement………………….

Paragraphe2: Les comportements contradictoires de la CEDEAO vis-à-vis de ses


objectifs…………………………………………………………………………………………

A. La passivité de l’organisation à de facteurs déclencheurs………………………….

B. L’échec de la CEDEAO dans l’atteinte de ses objectifs…………………………….

CHAPITRE II : LES FACTEURS EXOGÈNES ENTRAVANT LES MECANISMES


DE LA
CEDEAO…………………………………………………………………………………..

SECTION 1 : LES RESISTANCES DES ÉTATS MEMBRES HANDICAPANT


L’ORGANISATION ………………………………………………………………………….

124
Paragraphe 1 : Le refus du jeu démocratique………………………………………………

A. Les manipulations constitutionnelles à des fins personnelles………………………

B. L’exclusion des opposants politiques des opérations électorales………………….

Paragraphe 2: La réticence des États au respect du droit communautaire……………….

A. L’incessante invocation de la souveraineté ………………………………………….

B. L’instrumentalisation de l’organisation……………………………………………

SECTION 2 : LES FACTEURS TOUCHANT A PLUSIEURS AUTRES COUCHES DE


LA SOCIÉTÉ ………………………………………………………………………………..

Paragraphe 1 : Une tendance à la légitimation des changements anticonstitutionnels de


gouvernement…………………………………………………………………………………

A. La légitimé populaire des changements anticonstitutionnels de gouvernement …

B. La légitimation constitutionnelle des changements anticonstitutionnels de


gouvernement ………………………………………………………………………

Paragraphe 2: La participation des organisations internationales et du législateur dans


l’affaiblissement des mécanismes de la
CEDEAO……………………………………………

A. L’intervention de nombreux acteurs internationaux………………………………..

B. La faible influence des accords politiques sur le législateur………………………..

CONCLUSIONS GÉNÉRALE……………………………………………………………
ANNEXE……………………………………………………………………………………
BIBIOGRAPHIE………………………………………………………………………….

125

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