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Université de Sousse
Faculté de droit et des Sciences Politiques
MÉMOIRE
EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE MASTÈRE
DE RECHERCHE EB DROIT PRIVE
Membres du jury
Président : ……………………….
Membre : ………………………...
Membre : Mr. Moncef Ben Zaied
REMERCIEMENTS
Ma profonde gratitude va, tout particulièrement, au directeur de cette
recherche, le
Professeur Moncef Ben Zaied, pour m’avoir dirigé et accompagné,
pour ses conseils subtils et avisés, sa présence et son appui précieux,
tout en me laissant une grande liberté dans la formulation de mon
mémoire.
Mes remerciements les plus sincères à : Monsieur Fathi
Chtioui, pour son aide.
La faculté de droit et des sciences politiques de
Sousse n’entend donner aucune approbation, ni
improbation aux opinions émises dans ce mémoire.
Sommaire
Introduction.................................................................................................................................1
Conclusion générale................................................................................................................101
Liste des abréviations
Art : Article
Bull. Joly : Bulletin Joly sociétés
CA : Cour d’appel
Cass : Cour de Cassation
Cass.com : Cassation commerciale
Cass. Civ : Cour de cassation chambre civile
Cass. Com : Cour de cassation chambre commerciale
Cass. Soc : Cour de cassation chambre sociale
CC : Code de commerce
CIPPIS : Code de l'impôt sur le revenu des personnes physiques et
del'impôt sur les sociétés.
Chr : Chronique
CP : Code pénal
CSC : Codedes sociétés commerciales
Doct : doctrine
DGA : Directeur Général Adjoint
Ed: Edition
Fasc. : Fascicule
Gaz. Pal : Gazette du palais
GIE : Groupement des intérêts économiques
Ibid : Ibidem (au même endroit)
JCP : Jurisclasseur périodique (La semaine juridique)
JCP. G : Jurisclasseur périodique, édition générale
J. cl. Soc : Jurisclasseur
JORT : Journal Officiel de la République Tunisienne
P :PageRTD Com : Revue trimestrielle de droit commercial
Suiv : Suivant
N : numéro
Op. cit: operecitato (l’œuvre déjà citée)
LGDJ : Librairie générale de droit et de jurisprudence
N.C :Norme Comptable
PA : Petites affiches
PDG :Président Directeur Général
Préf : Préface
REF : Revue d’économie financière
Rev :Revue
Rev. Fr. comptab : Revue Français comptable
Rev. Soc :Revue des sociétés
RIDC : Revue internationale de droit comparé
RIDE : Revue internationale de droit économique
RJDA : Revue de jurisprudence de droit des affaires
RJS : Revue de jurisprudence sociale
SARL : Société à responsabilité limitée
قائمة المختصرات بالغة العربية
صفحة :ص
مجلة القضاء والتشريع: ت.ق.م
Introduction
Introduction
Introduction
1
MAGGY PARIENTE, Les groupes de sociétés aspects juridique, social, comptable et fiscal,
éd-LITEC, 1993, p.334.
2
Telle que : la fusion (art 411 à 427 CSC) – la scission (art 428 à 432 CSC) – le GIE (Art 439
à 460 CSC).
3
CLAUDE CHAPAUD, « le pouvoir de concentration de la société par actions », Thèse de
doctorat en droit, université de Rennes faculté de droit et des sciences économiques, 1961,
éd-Paris Sirey 1962, n°368, p.1 et suiv. Selon cet auteur, la concentration peut être définie
de deux manières : suivant la conception économique ou la conception restrictive, la
concentration est définie comme étant un phénomène économique qui se caractérise par la
croissance de la taille des entreprises et par une diminution corrélative de leur nombre. Mais
suivant une conception large, la concentration constitue un mouvement qui entraine la
formation d’unités économiques de plus en plus vastes. Elle englobe les opérations
d’intégration radicale comme le groupe de sociétés ou d’intégration souple comme les
ententes.
1
Introduction
En effet, l’article 461 du C.S.C stipule que « le groupe de sociétés est un
ensemble de sociétés ayant chacune sa personnalité juridique, mais liées par des
intérêts communs, en vertu desquels l’une d’elles, dite société mère, tient les
autres sous son pouvoir de droit ou de fait et y exerce un contrôle, assurant,
ainsi, une unité de décision ».
4
CLAUDE CHMPAUD, « les méthodes de groupement de sociétés », RTD Com, 1967, n°1,
p.1004.
5
YVES GUYON, « Droit des affaires », Tome1, Paris, 10ème éd, éd-Economica, 1998, n°583,
p.609.
2
Introduction
6
Nissaf Hammami Lehyani, « Le groupe de sociétés et le droit de la concurrence », Thèse
de doctorat en droit, Faculté de droit de Sfax, 2015/2016, p.80.
7
MAGGY PARIENTE, « les groupes de sociétés et la loi de 1966 », Revue des sociétés
1996, n°3, p.467.
8
Ibid., p.470.
9
La définition de la notion « groupe de sociétés » en droit français, est d’origine prétorienne.
Dans un arrêt de principe, dit Rozenblum, la chambre criminelle de la cour de cassation
française a proposé une définition très proche de celle de l’article 461 CSC. Cass. Criminelle
04/0281985, RTD Com, 1985, p.828.
10
Dans le cadre des débats parlementaires sur le projet de la loi n°2001-117 du 06/12/2001
(séance du 20/11/2001, p.89), la référence à la doctrine et à la jurisprudence comparée est,
expressément, déclarée.
اءccالفقه « » مشروع هذا القانون يلتقي في مضمونه و عناصره مع ما كرسه فقه القضاء المقارن وcإن تعريف تجمع الشركات حسب
بصفة عامة لقيام مثل هذه المؤسسة
3
Introduction
sociétés11. Ils se distinguent aussi des groupes personnels qui sont constitués par
un ensemble de sociétés dont l’unité de décision résulte d’une communauté de
dirigeants12.
4
Introduction
13
Le Dictionnaire Hachette-Oxford Concise, Oxford University Press, 2004.
14
Larousse Dictionnaire compact plus, 2005.
15
YVES REINARD, « Lexique de droit des sociétés et des groupements d’affaires », Dalloz,
1993, p. 26.
16
On a pu constater que même si la doctrine dominante s’accorde à reconnaître comme
nécessaire de faire une telle distinction du sens du mot contrôle, une divergence doctrinale
existe néanmoins quant à la qualification juridique de ce contrôle-domination. Ainsi selon le
Professeur Champaud « Contrôler une société, c’est détenir le contrôle des biens sociaux
(droit d’en disposer comme propriétaire), de telle sorte que l’on soit maître de l’activité
économique de l’entreprise sociale ». De ce point de vue, il s’attache à voir dans le contrôle
« une notion concurrente de la propriété ».
5
Introduction
De ce fait, on peut dire que la société mère intervient d’une manière active
dans la formation du groupe de sociétés. Ce rôle a été bien marqué par la
doctrine qui souligne que « cette concentration se crée autour d’une entreprise,
en principe la plus performante, qui progressivement prend le contrôle des autres
sociétés. Ces dernières jusqu’à alors indépendantes deviennent ses filiales »17.
17
DEEN GUIBIRILA, « Droit des sociétés », Ellipses-Marketing, 1997, p.106.
6
Introduction
19
MAURICE COZIAN ; ALAIN VIANIDIER ; FLORENCE DEBOISSY, « Droit des sociétés »,
16ème éd°, éd-Litec, 2003, p.686.
7
Introduction
personnalités de ses membres, tant pour les actionnaires que pour les
controlaires20. L’indépendance juridique peut se dissocier de l’indépendance
économique d’une filiale ; l’exercice du contrôle peut alors mettre cette société
en état de dépendance économique par rapport à la société mère, mais n’affecte
en rien, en principe, la personnalité morale de la filiale.
20
En ce qui concerne ces derniers, à moins, bien entendu, qu’ils ne détiennent eux-mêmes
soit la totalité, soit la quasi-totalité des parts ou des actions.
21
FRANCIS LEFEBVRE, « Groupe de sociétés : juridique, fiscal, social », éd-M.F.L, 2002,
p.339.
8
Introduction
Pour traduire tous les intérêts sus évoqués dans l’œuvre scientifique
envisagée, il importe que la réflexion tende à cerner le phénomène de contrôle
dans les groupes de sociétés. Dès lors, la problématique qui sous-tend cette
étude juridique s’expose comme suit : Quelle est l’acception juridique exacte
du contrôle tel qu’il se manifeste dans les groupes de sociétés ?
9
Première partie :
Le critère de contrôle est un
critère notionnel
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Par conséquent, cette définition présente « Un diagnostic caricatural qui peut brosser
une image claire au groupe, qui est un système solaire au centre duquel se trouve la société
mère représentant le soleil autour duquel se trouvent les filiales comme des planètes ou des
étoiles dont les proximités au centre de ce système différent selon leur degré de dépendance 22.
Sur cette base, deux notions fondamentales apparaitront, la première notion est celle de
la société mère (chapitre1) qui est la société qui exerce le contrôle et la deuxième notion est
celle de la société filiale (chapitre2) c’est la société qui subit le contrôle exercé par la société
mère.
.38. ص،2009 ، جوان71/ 70 عدد,مجلة القانون القانونية « ,»نشأة تجمع الشركات , كوثر بن خليفة2222
10
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
« La société mère doit détenir une participation directe ou indirecte dans le capital de
chacune des sociétés appartenant au groupe de sociétés »25. Le pouvoir d’appropriation des
biens sociaux possédé par la société mère doit être retenu comme un critère primordial, même
s’il reste insuffisant26,pour identifier le contrôle exercé par la société mère.Le moment où ce
contrôle s’identifie, il apparait que, par la participation détenue, la société mère assure un
contrôle sur toute structure sociétaire (paragraphe1). Par le cordon ombilical des
participations détenues, elle détermine le périmètre du groupe en assurant une surveillance
unitaire sur la structuration de groupe (paragraphe2).
23
Une notion structurelle fondée sur un critère structurel : la société mère est une structure
plus dominante qui contrôle les structures du groupe et une notion fonctionnelle fondée sur
un critère fonctionnel : la société mère est chargée de la mission de direction de groupe.
24
DEEN GIBRILA, op cit, p.106.
25
Article 461 CSC alinéa 5.
26
SABEUR KTARI, « la corporate governance et les groupes de sociétés tels qui organisés
par la loi n°117 du 6 décembre 2001 », Etudes juridiques, n°9, 2002, p.226. « Notre
législateur ne retient donc pas uniquement un critère patrimonial pour identifier le contrôle ».
11
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
La société mère contrôle toute structure sociétaire, si elle détient une participation
majoritaire à son capital, ou bien si elle dispose de la majorité des droits de vote dans ses
assemblées générales, soit également à travers son pouvoir exercé dans ses assemblées sans
détention de participation majoritaire au capital. Malgré la divergence des moyens mis en
place, les différentes situations de contrôle, exercé par la société mère, permettent de les
regrouper en deux catégories principales de contrôle : un contrôle de droit (A) et un contrôle
de fait (B).
A- Un contrôle de droit
Le contrôle exercé par la société mère sur une autre est dit contrôle majoritaire ou de
droit lorsqu’elle détient sur cette dernière une majorité des droits de vote.
Ceci est affirmé par l’article 461 du CSC dans son deuxième alinéaqui stipule que
« Est considérée comme étant contrôlée par une autre société, au sens du présent titre, toute
société :
- dont une autre détient une fraction du capital lui conférant la majorité des droits de
vote,
- ou dont une autre société y détient la majorité des droits de vote, seule ou en vertu
d’un accord conclu avec d’autres associés ».
Cette exclusion est liée à l’insuffisance de cette conception pour tenir compte du
pouvoir réel exercé sur une société. Cette insuffisance réside dans l’idée où les liens
strictement financiers ne peuvent traduire qu’un avoir qui ne correspond désormais plus au
27
SOMSAK NAWATRAKULPISUT, « contrôle de droit contrôle de fait », Thèse pour le
doctorat en Droit privé, université Jean Moulin -Lyon III faculté de droit, 2007, n°23, p.24.
12
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
pouvoir. Du fait de cette insuffisance, certains auteurs ont justement relevé que la loi a elle-
même établi « des propriétés où tous les propriétaires n’ont pas le même pouvoir »28.
Dans ce sens, ce pouvoir peut être acquis sans la détention d’une participation
majoritaire au capital. On déduit alors qu’une majorité en capital peut ne pas aboutir à une
majorité des droits de vote29. Inversement, cette majorité des droits de vote ne coïncide pas,
forcément, à la majorité en capital30 .
Sur la base de ce critère, la société mère détient cette majorité, directement, lorsqu’elle
est associée ou actionnaire dans la société contrôlée, ou indirectement par l’intermédiaire
d’une ou de plusieurs sociétés contrôlées31. De ce fait, la société mère est à l’origine de toutes
les décisions prises par les sociétés du groupe. Et puis elle arrive à dominer non seulement les
assemblées générales ordinaires mais aussi les assemblées générales extraordinaires. Par
conséquent elle devient compétente pour modifier principalement les statuts des sociétés du
groupe et notamment pour modifier l’objet social-; pour transférer le siège social et pour
décider une augmentation ou une réduction du capital social, etc.
Par ailleurs, afin de réussir cette dominance décisionnelle la majorité des droits de
vote, détenue par la société mère, peut effectivement résulter de la participation au capital
social. En effet l’article 461 retient l’existence de cette hypothèse et dispose que « Est
considérée comme étant contrôlée par une autre société, au sens du présent titre, toute
société : - dont une autre détient une fraction du capital lui conférant la majorité des droits de
vote ».
28
MICHEL GERMAIN, « Propriété et contrôle: introduction (juridique) à un débat », RIDE. n°
spécial “propriété et contrôle”, 1990, n° 3, p.261.
29
C’est le cas de détenir des certificats d’investissement et des actions à dividende prioritaire
sans droit de vote.
30
Le cas de détenir des actions conférant des droits de vote double ou des certificats de droit
de vote (art 164 et 317 CSC).
31
MICHEL GERMAIN, article précité, n°17, p.5.
13
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
droits de vote dans les assemblées générales. Il conviendrait alors de noter que ce n’est pas le
capital en tant que tel qui est envisagé ici, mais la détention d’une fraction de ce que l’on
pourrait appeler le « capital social votant »32. Dans cette situation, la société assure en toute
transparence son contrôle d’une autre structure sociétaire dans laquelle elle est titulaire de la
majorité des droits de vote. « Il s’agit de la situation de contrôle la plus sécurisée »33.
Toutefois, s’il est vrai que le critère technique ainsi posé est un critère substantiel afin
que la société mère exerce son pouvoir de droit sur une autre société, il ne traduit donc pas la
réalité du pouvoir exercé. Ainsi, il reste incomplet s’il n’est pas complété par d’autres critères
tenant compte du réalisme du pouvoir sociétaire. C’est pourquoi le législateur a retenu une
approche élargie du contrôle en terme de pouvoir de fait dans l’acception du contrôle sur une
société. Ceci est confirmé par le 2ème critère de contrôle.
B- Un contrôle de fait
Le contrôle exercé par la société mère sur une autre est dit contrôle minoritaire ou de
fait lorsqu’elle détermine, en fait, les décisions prises dans les assemblées générales, en vertu
des droits de vote dont elle dispose en fait.
Ceci résulte conformément au deuxième alinéa de l’article 461 C.S.C qui énonce que
« Est considérée comme étant contrôlée par une autre société, au sens du présent titre, toute
32
SABRINE DANA DEMARET, « Capital social », Thèse de doctorat en Droit, Lyon III, 1988,
Préf. Yves Reinhard, éd-Litec, Paris, 1989, n°16.
33
MARIE-HÉLÈNE et MONSERIE-BON, « Groupe de sociétés ; régime juridique, filiales,
participations et sociétés contrôlées », J. cl. Soc., 2012, Fasc. 165-10, n°45, p.9.
34
FETHI HAMDI, « L’intérêt social et le droit des sociétés », Thèse pour le doctorat en doit
privé, faculté de droit et des sciences politiques de Sousse, 2009/2010, n°554, p.385.
35
YVES REINHARD, « Pactes d’actionnaires et groupes de sociétés », in « Groupes de
sociétés: contrats et responsabilité », Actes du colloque, Paris, LGDJ, 1994, p.3.
36
SOMSAK NAWATRAKULPISUT, Thèse précitée, n°32, p.30.
14
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
société : dont une autre société y détermine, en fait, les décisions prises dans les assemblées
générales, en vertu des droits de vote dont elle dispose en fait. »
Dans ce cas, ce n’est pas la détention de la majorité des droits de vote qui sert de
critère mais, la possibilité en fait pour la société mère de déterminer les décisions prises dans
les assemblées générales.37
Ce critère est adopté par son homologue français au sein de l’article L233-3 de code de
commerce. Ainsi ce dernier prévoit que « I.- Toute personne, physique ou morale, est
considérée, pour l'application des sections 2 et 4 du présent chapitre, comme en contrôlant une
autre : 3° Lorsqu'elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions
dans les assemblées générales de cette société.»
Sur la base de cette consécration législative, la société mère peut exercer le pouvoir de
déterminer les décisions sociales, sans même avoir à détenir la majorité des droits de vote
dans une société. Toutefois, ce pouvoir de décision peut être envisagé par plusieurs
hypothèses des faits non liées nécessairement à une telle exigence de la « majorité absolue »38
des droits de vote. Ces hypothèses des faits sont alors des hypothèses par lesquelles se
manifeste un pouvoir de fait. Mais vu qu’il est impossible de cerner au préalable une situation
de fait39, le juge de fond intervient de temps en temps afin d’apprécier l’étendue du contrôle
de la société mère sur les sociétés appartenant au groupe en dévoilant l’hypothèse concernée40.
La preuve d’un contrôle de fait peut reposer sur la dispersion des titres de la société,
ce qui peut conférer le contrôle à un actionnaire qui ne détiendrait pas la majorité des droits de
vote mais dont l’influence se révélerait néanmoins déterminante 41. Aussi, elle peut reposer sur
37
FETHI HAMDI, Thèse précitée, n°554, p.386.
38
SOMSAK NAWATRAKULPISUT, Thèse précitée, n°45, p.44.
39
Dans le cadre des débats précités (séance du 20/11/2001, p. 97), la réponse à la question
4 à propos l’article 461 du CSC
cةcرف محكمccتقراءات من طccا االسccة تتم فيهcc هذه المسائل تكون واقعي:2014 جوان5 مؤرخ في12318 قرار تعقيبي مدني عدد40
ة منccود الرقابccدى وجccع و مcc'' على الشركات المنتمية إلى التجم األصل التي تبحث في مدى توفر النفوذ التي تمارسه '' الشركة األم
كcة على تلcادية و العمليcات االقتصcرارات و التوجهcرض القcركة األم على فcدرة الشcه قcود بc و المقص. cركاتcك الشcطرفها على تل
ديرين وهيccية بين المcc الشخصcاتccف العالقccة أو توظيcc العامcاتccاهمين بالجلسccويت وتغيب المسcق التفccتخدام حccالشركات من خالل اس
. كل ذلك تحت رقابة محكمة التعقيب. موضوعية و واقعيةcمعطيات
41
MARIE-HÉLÈNE et MONSERIE-BON, article précité, n°51, p.9.
15
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Le contrôle de fait ne nécessite pas toujours d’être prouvé, mais aussi il peut être
présumé, d’ailleurs le 3ème alinéa de l’article 461 CSC a créé une présomption dans le cas où
« Le contrôle est présumé dès lors qu’une société détient directement ou indirectement
quarante pour cent au moins des droits de vote dans une autre société, et qu’aucun autre
associé n’y détienne une fraction supérieure à la sienne. ».Cette présomption est-elle simple,
admettant la preuve contraire, ou irréfragable? À l’ombre de l’absence d’une réponse
législative, une tendance doctrinale dominante44 considère que dans ce cadre qu’il s’agit d’une
présomption simple45. Pourtant, ceci n’empêche pas d’avoir un autre avis juridique qui, tenant
compte du fait que la présomption étant irréfragable, prévoit que la société mère ne pourra pas
démontrer qu’elle n’a pas exercé un pouvoir sur la société sous contrôle46.
16
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
aucun risque patrimonial surtout dans le cas où elle ne détenait pas de participation importante
au capital qu’elle risque de perdre.
« La société mère doit avoir la forme d'une société anonyme », soit la même exigence
que pour la société holding. Répondant à ce critère formel obligatoire 50, la société tête de
groupe de forme anonyme apparait comme la plus importante par rapport à d’autres qui lui
sont affiliées. Une structure de groupe « satellitaire »51 « dominée ou animée par une société
anonyme » émerge par la suite (A).Ainsi, une fois le critère formel est satisfait, le groupe se
révélerait à la vie juridique, par la nature des participations entre ses composantes, et
assurerait un pouvoir de contrôle centralisé entre les mains de la société mère (B).
Sans se précipiter sur une appréciation rapide sur l’opportunité des différents choix
structurels entrepris par le législateur, certains choix pourraient favoriser ‘’une bonne
gouvernance’’ au sein du groupe, il s’agit notamment de la mise sur la forme anonyme de la
société mère52.
Ainsi, cette opinion semble être soutenable aux yeux de plusieurs auteurs qui estiment
d’une part qu’il s’agit de la forme sociale la plus développée permettant de garantir un
contrôle honnête et loyal53 et d’autre part cette forme sociale assure une sorte d'efficacité dans
le groupe pour lui permettre d’atteindre son objectif54 .
49
CHARLEY HANOUN, «Le droit et les groupes de sociétés », LGDJ, 1991, p.230.
50
FARHAT TOUMI, article précité, p.111.
51
MOHAMED MAHFOUDH, « la nouvelle règlementation sur les groupes de sociétés en
droit tunisien », Etudes juridiques, 2002, n°9, p 95.
52
SABEUR KTARI, article précité, p.211.
53
Ibid., p.212.
.559.ص2021 , «دار النشر مجمع األطرش للكتاب, »قانون الشركات التجارية , علي نني54
17
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Toutefois, l’objectif tel qu’indiqué ne justifie pas toujours le moyen. Ce qui rend cette
exigence formelle paraît pour d’autres injustifiée. Ainsi, ils arguent qu’il n’y a pas une
justification objective qui permet d’évincer les autres formes sociales d’être un jour une
société mère et que la forme anonyme impose à la société concernée des obligations
supplémentaires au lieu de lui donner un privilège. D’ailleurs la loi française ne spécifie
aucune forme spécifique55.
Mis à part l’exigence de cette forme anonyme, il existe en pratique deux catégories de
société mère. La première catégorie de forme anonyme qui, tout en développant une activité
commerciale ou industrielle, détient des participations dans d’autres sociétés, et la deuxième
catégorie qui n’exerce comme activité que la détention et la gestion des participations dans
d’autres sociétés.
On attribue le nom de groupe industriel à un groupe dont la société mère exerce une
activité industrielle ou commerciale. Et souvent les activités des sociétés contrôlées
représentent une extension de l’activité industrielle ou commerciale de la société mère. Ceci
est bien prouvé au sein des petits et moyens groupes à l’inverse des grands groupes dans
lesquels il n'y a pas d'unité d'activités industrielles, mais il y a une unité de stratégie
industrielle.
Toutefois, il existe une forte propension des groupes industriels, lorsqu’ils atteignent
une certaine dimension, à se transformer en groupes financiers. On attribue le nom de groupe
55
Article L233-5 de CC « Le ministère public et l'Autorité des marchés financiers pour les
sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur un marché d'instruments
financiers mentionné au II de l'article L. 233-7 sont habilités à agir en justice pour faire
constater l'existence d'un contrôle sur une ou plusieurs sociétés. »
،2017 ونسcت،» 2017 اءcه القضcثراة بفقcة و مcا محينc « مجلة الشركات التجارية معلق عليه، أحمد الورفلي و كمال العياري56
.1616. ص
57
DEEN GIBIRILA, « Présentation », J. cl. Soc., 2003, Fasc. 2450, n°13, p.5.
18
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
financier à un groupe dont l’unité de décision économique est réalisée par une société dont
l’objectif est purement financier : c’est la société Holding. Elle est dite alors société Holding,
qui est une forme de société mère58, lorsque son activité consiste à détenir des actions d'autres
sociétés, à gérer et contrôler ces sociétés, à développer leurs capacités et à les unir
économiquement.
Bien que cette définition ait été amplement marquée dans le droit tunisien, la loi
française ne comprend aucun texte définissant les Holdings. Leur validité a été pendant
longtemps mise en doute. En effet, la jurisprudence française se contente au début de
l'illégalité des sociétés Holding comme si elles représentent une façade ayant pour but de
dissimuler les conventions illégales de vote, mais depuis 1986 le juge français a abandonné
cette position par une décision rendue sur renvoi en cassation de la cour d’appel de Paris le 18
juin 1986 qui admet sans équivoque leur licéité59.
Outre la forme juridique de la société mère, un autre critère peut être pris en compte,
pour avoir une idée préconçue sur la structure du groupe, à savoir la nature des participations
détenues par la société mère dans toutes les sociétés du groupe.
58
HABIB DAHDOUH, « droit commercial, Entreprises sociétaires et groupements privés »,
Tome3, volume2, éd-IHE, n°479.
59
DEEN GIBIRILA, article précité, p.6. « La cour de cassation a eu tendance, en effet, à les
considérer comme des sociétés de façade destinées à organiser ou dissimuler, ou les deux à
la fois, des conventions de vote prohibées. La validité est désormais acquise depuis la
décision rendue sur renvoi après cassation de la cour d’appel de Paris le 18 juin 1986
(Cass.com., 24 février. 1987 n°86-14.951, Publié au bulletin rejetant le pourvoi formé contre
CA Paris 18juin 1986) qui admet sans équivoque leur licéité dans la mesure où n’est
démontrée aucune atteinte illicite au droit de vote des actionnaires des filiales qui puisse
entacher de nullité des sociétés holdings , leur rôle consistant à exercer un contrôle sur les
filiales afin de définir la politique économique de l’ensemble du groupe. »
19
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Dans une approche téléologique, le groupe se révélerait à la vie juridique, par la nature
des participations entre ses composantes, son objectif étant la création d’un pouvoir de
décision centralisé entre les mains de la société mère60.
Ainsi, le phénomène dans lequel une société mère détient des participations directes
dans plusieurs sociétés distinctes, qui restent financièrement isolées les unes des autres,
constitue la figure de base de l’organisation d’un groupe des sociétés. C’est ce que l’on
appelle aussi structure en « râteau »61, une structure qui fait situer une société mère au centre
des sociétés organisées autour d’elle. « C’est la structure radiale facile à cerner »62.
Dans le même ordre d’idées, cette dernière peut détenir des participations dans un
certain nombre de sociétés qui, elles même ont des participations dans d’autres sociétés et
ainsi de suite. C’est ce que l’on appelle encore les participations en « cascade »64 qui
présentent l’intérêt pour la société mère de contrôler un grand nombre de sociétés en tenant
compte des titres détenus directement et indirectement.
Dans une telle perspective, grâce aux sociétés intermédiaires en cascade, la société
mère aura l’avantage de contrôler indirectement des sous-filiales sans que l’opération soit
pour elle trop onéreuse. D’où le phénomène selon lequel la société mère peut « contrôler sans
argent, emprunter sans surface »65.
60
FARHAT TOUMI, article précité, p.105.
6161
https://www.labase-lextenso.fr/ouvrage/9782275059938-484#:~:text=Structure
%20pyramidale.,encore%20les%20participations%20en%20cascade.
62
SOMSAK NAWATRAKULPISUT, thèse précitée, p.79.
63
Ibid.
6464
https://www.labase-lextenso.fr/ouvrage/9782275059938-484#:~:text=Structure
%20pyramidale.,encore%20les%20participations%20en%20cascade.
65
JEAN PEYRELEVADE, « Contrôler sans argent, Emprunter sans surface », Rev. Banque
1985, p.773.
20
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
De plus, l’organisation structurelle de groupe peut être plus complexe notamment dans
le cadre d’une structure circulaire. Ainsi, la société mère participe au capital d’une deuxième
société qui détient une participation dans une troisième société qui a également une
participation dans une quatrième laquelle est elle-même présente dans le capital de la société
mère.
Autrement dit la société mère détient, par l’intermédiaire de sociétés qu’elle contrôle,
une part de son propre capital social. Par conséquent ces participations circulaires engendrent
« des montages en boucle »66 permettant la société mère de détenir indirectement le contrôle
de la majorité de son propre capital. C’est le phénomène de « l’autocontrôle ».
Toutefois, les participations détenues ne sont pas toujours simples, elles peuvent être
aussi réciproques. A priori la pratique des participations réciproques ou croisées est
généralement justifiée par l’insuffisance des fonds propres dont souffrent les entreprises
tunisiennes.
Conscient des abus qui pourraient être suscités, le législateur a réglementé les
participations réciproques, en distinguant selon qu’elles concernent deux sociétés par actions 69
66
SAFAA BARGOUCHI, Le régime juridique et fiscal des groupes de sociétés, Mémoire en
vue de l’obtention du Master professionnel en droit d’entreprise, L’institut supérieur de
commerce et d’administration des entreprises de Toulouse, 2009, p.28. « La structure
circulaire implique une détention des titres sociaux en boucle. Une société détient des
participations dans une autre, qui en détient dans une autre, qui en détient dans une autre et
ainsi de suite jusqu’à une société qui détient des participations dans la première de ces
sociétés ».
67
AHMED OMRANE, article précité, p.21.
68
Dans le cadre des débats parlementaires précités, la réponse à la question 10
صccاب الحصccركة "ب " اكتتccولت الشcc و ت، ارcc دين10000 هccا قيمتcc من حصصها بم »لو أن الشركة " أ " طرحت لالكتتاب عددا
12000 اcهم قيمتهcدار أسcا بإصcترفيع في رأس مالهcا الcولت من جهتهc ت، داcذكور نقcغ المcع المبلc و لكنها عوضا عن داف،المذكورة
)دينار12000 و10000 دينار إلى شركة ب (أي الفارق بين2000 فإن العملية ستترجم في النهاية بدفع الشركة "أ" لمبلغ، دينار
تكون عملية الترفيع في رأس مالها وهمية يمكنها أن تغالط الغير، و عليه. وال ينضاف إلى الموارد الذاتية للشركة "ب" شيء،ال غير
« بإيهامها بأنه أصبحت لها موارد مالية أكثر أهمية من ذي قبل دون أن يكون ذلك صحيحا . بواسطتها
69
Article 466 de CSC.
21
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
ou bien une société par actions et une société autre que par actions 70, en posant un principe de
la limitation des participations réciproques71.
Comme la notion de contrôle occupe une place fondamentale dans le cadre de tout
groupe de sociétés, on ne saurait comprendre son fonctionnement sans s’y référer
constamment. Ainsi la société mère, à travers le contrôle qu’elle détient, possède une mission
de direction de la gestion du groupe. Pour conférer cette mission à la société mère, un critère
de contrôle à la base « capitalistique » doit être retenu. Une fois ce critère satisfait, la société
mère intègre sa gestion dans la politique d’ensemble suivie. Par conséquent, cette intégration
apparait d’une part, lorsque la société mère contrôle les orientations prises par les sociétés du
groupe (paragraphe1) et d’autre part lorsqu’elle participe dans la prise d’autres orientations
(paragraphe2).
70
Article 467 et 468 de CSC
71
MELKI HANEN, « La société Filiale », Mémoire pour l’obtention du diplôme d’études
approfondies en droit des affaires, Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, 2002-
2003, p.85. « Le principe est donc l’interdiction des participations réciproques, lorsqu’elles
dépassent 10%, dés qu’une société possède 10% du capital d’une autre, cette dernière ne
plus être titulaire d’actions de la première, même en quantité minime, tant au contraire que le
pourcentage des deux participations reste inferieur à 10% la possession réciproque
d’actions reste autorisée».
22
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Afin de réussir le contrôle des orientations prises par les sociétés de groupe, la société
mère prend à sa charge essentiellement deux obligations permettant d’assurer une information
consolidée, globale et synthétique sur la réalité financière et économique du groupe. Elle doit
établir alors, selon l’article 471 de CSC des états financiers consolidés (A) et un rapport de
gestion relatif au groupe (B).
Ainsi la société mère, ayant un pouvoir de droit ou de fait sur d'autres sociétés au sens
de l'article 461 du code des sociétés commerciales, doit établir, outre ses propres états
financiers annuels, des états financiers consolidés conformément à la législation comptable en
vigueur.
72
Les états financiers annuels sont l’instrument de mesure et d’information sur les résultats
et la situation financière de toute entreprise économique.
73
HABIBA GHOUIZIA, «le principe de l’indépendance de la personnalité des sociétés du
groupe », article pris d’un ouvrage collectif « le groupe de sociétés en droit tunisien », 2021,
p.42.
74
L’article 471 de CSC.
75
A voir Norme comptable relative aux états financiers consolidés : N.C 35, JORT, du 5-12-
2003, n°97, p.3530.
76
MAGGY PARIENTE, op.cit, p.134.
23
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
filiales, ligne à ligne en additionnant les éléments semblables d’actifs, de passifs, de capitaux
propres, de produits et de charges.
En effet l’idée paraît simple, « il s’agit en effet des comptes uniques représentatifs de
la situation financière et des résultats d’un groupe de sociétés, comme si les sociétés liées ne
formaient qu’une seule entité comptable »77.
L’intégration globale est typiquement réservée aux filiales qui sont sous contrôle
exclusif de la société mère80 consolidante. Pour ce qui est du contrôle exclusif, il résulte de la
détention directe ou indirecte de la majorité des droits de vote issue de la majorité de capital,
ce qui correspond au « contrôle de droit » posé par l’article 461 de CSC.
Or, la méthode d'intégration proportionnelle est utilisée pour consolider les comptes
des sociétés contrôlées conjointement avec un nombre limité d'associés81. Ainsi le contrôle
77
PHILIPPE MERLE, « Droit commercial, Sociétés commerciales », 10ème éd, Dalloz, 2005.
78
A propos des techniques particulières utilisées, on fait la distinction entre deux techniques
de consolidation. Dans ce sens, la consolidation des comptes peut être réalisée soit par
palier, ainsi l’on consolide chaque société dans la société détentrice de ses titres ce qui
aboutirait à des sous-ensembles qui seront à leur tour consolidés au sein de la société mère,
soit directement au niveau de la société mère pour toutes les sociétés retenues dans le
périmètre de consolidation.
.1641. ص، مرجع سابق، أحمد الورفلي و كمال العياري79
80
HAMADI BEN AMOR, « la consolidation des bilans 2006 », éd-RAouf YAïch, 1ère édition,
p.29. « Ainsi, lorsque la société consolidée se trouve sous contrôle exclusif (filiale), la
substitution est opérée par intégration globale des postes du bilan, de l’état de résultat et de
l'état de flux de la filiale à ceux de la société mère ».
81
Ibid., p.29. « Lorsque la société consolidée se trouve sous contrôle conjoint, la substitution
est opérée par intégration de ses postes de bilan, de l'état de résultat et de l'état du flux
proportionnellement aux intérêts de la société consolidante ».
24
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
conjoint est, quant à lui, « le partage du contrôle d’une entreprise en commun par un nombre
limité d’associés ou d’actionnaires, de sorte que les décisions découlent de leur accord »82.
Par la suite, après l’établissement des états financiers consolidés, ces derniers doivent
être soumis à l’audit du ou des commissaires aux comptes de la société mère. Et, par la loi de
n°2005-96 du 18 octobre 2005 relative au renforcement de la sécurité des relations
financières, le législateur a précisé que le commissaire aux comptes consolidés soit lui-même
le commissaire aux comptes de la société mère et il n’y a pas de raison de désigner un autre
commissaire spécifique au groupe85. Si ce rattachement peut être expliqué par la dominance
de la société mère sur les autres sociétés, il parait cependant, incompatible surtout en cas de
refus de la certification des comptes. Dans une telle perspective « la société mère n’a pas un
pouvoir suffisant pour ordonner la régularisation ! »86.
82
SOMSAK NAWATRAKULPISUT, thèse précitée, p.240.
83
« Il s’agit du pouvoir de participer aux politiques financière et opérationnelle d’une
entreprise sans en détenir le contrôle. Cette situation se présume si les droits de vote
détenus directement ou indirectement par l’entité-mère sont supérieurs à 20% (et inférieurs,
au maximum à 50%) »
https://www.droit-compta gestion.fr/comptabilite/consolidation/perimetre-consolidation/quest-
ce-que-linfluence-notable-en-consolidation/
84
LAURE NURIT-PONTIER, « Les groupes de sociétés », éd-Ellipses, Paris, 1998, p.62.
85
Article 471 de CSC.
86
HANEN BEN HASSENA, « La filiale dans le code des sociétés commerciales », Mémoire
pour l’obtention du mastère en droit privé, faculté de droit de Sfax, 2003/2004, p.70.
25
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Cette régularité présente par la suite une information fiable pour toutes les personnes
intéressées par la bonne marche du groupe. Elle apparaît alors comme un tout pour permettre
de porter un jugement global, à la fois financier et économique.
A l’instar des états financiers consolidés, le rapport de gestion individuel n’est pas un
moyen suffisant pour donner une information complète et globale sur le fonctionnement du
groupe.
C’est pour cette raison que le législateur a doté le groupe de sociétés d’un rapport de
gestion distinct présentant une image claire et fidèle sur la gestion du groupe88.
Ainsi l’article 471 de CSC oblige la société mère d’établir son propre rapport de
gestion, un rapport de gestion relatif au groupe de sociétés. Il dispose que La société mère,
ayant un pouvoir de droit ou de fait sur d'autres sociétés au sens de l'article 461 du code
précité, doit établir, outre ses états financiers et son propre rapport de gestion, ses états
financiers consolidés et un rapport de gestion relatif au groupe de sociétés.
Dans ce même ordre d’idées, on peut déduire la consécration de même critère obtenu
dans l’appréciation de la consolidation, c’est le critère capitalistique. Ceci signifie que la
société ayant une participation dans le capital d’autres sociétés conférant un contrôle de droit
ou de fait est considérée comme une société mère obligée d’établir un rapport de gestion
relatif au groupe de ces sociétés.
Mis à part la nécessité d’un rapport de gestion spécial, suivant l’article 472 de CSC,
des énonciations doivent être indiquées en son sein à savoir la situation de toutes les sociétés
concernées par la consolidation, l'évolution prévisible de la situation du groupe, les différentes
87
Article 201 de CSC.
88
HABIBA GHOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.46.
26
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Aux termes de cet article, on peut déduire d’une part qu’il soit question de deux
rapports de gestion, l’un concerne la société mère qui porte son identification et sa qualité en
tant que société mère, et l’autre concerne le groupe avec toutes les sociétés qui le composent.
D’autre part, le rapport de gestion doit contenir deux genres d’informations. La première
concerne la situation passée et actuelle du groupe et la deuxième concerne son évolution
prévisible. En prévoyant cette deuxième information, le législateur voudrait que la société
mère, en contre partie du contrôle qu’elle exerce, s’exprime sur l’avenir du groupe89.
Et si la société mère est tenue d’inclure ces informations obligatoires dans le rapport,
elle peut en revanche ajouter d’autres informations. Cette possibilité est déduite de l’article
473 de CSC qui, en utilisant le terme « notamment »,révèle que cette liste n’est qu’à titre
indicatif et pourrait contenir des informations supplémentaires90.
Etant donné que le rapport individuel est rédigé et signé par la direction de la société
concernée, le rapport de gestion du groupe est aussi établi par le même organe. Mais, sachant
que le groupe de sociétés ne dispose pas d’organes propres, le législateur, à l’instar des états
financiers consolidés, a conféré la mission de signature au dirigeant de la société mère. En
effet, si la société mère est une société anonyme sous la forme classique avec un conseil
d’administration, le rapport doit normalement être signé par le président directeur général.
Etsi elle est une société anonyme sous la forme moderne avec un directoire et un conseil de
surveillance, le président du directoire a le pouvoir designer le dit rapport. Dans ce cadre, le
problème d’incompatibilité, déjà provoqué dans le cas de refus de certification des documents
consolidés, peut être aussi posé. En effet, en cas de refus de signature du rapport de gestion, la
société mère n’a pas un pouvoir suffisant pour ordonner la régularisation.
Cependant, une fois le rapport signé, l’article 472 de CSC a confirmé l’obligation de le
mettre au siège de la société mère et à la disposition de tous les associés au moins un mois
89
FARHAT TOUMI, « la notion de groupe des sociétés », colloque sur la nouvelle
réglementation des groupes de sociétés en droit tunisien, les 7 et 8 mars 2002, Hôtel Abou
Nawes, Sfax, p.6.
90
MAHA EZZOUCH, « La société mère dans le groupe de sociétés », Mémoire pour
l’obtention du mastère en droit privé, faculté de droit de Sfax, 2004/2005, p.77.
27
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
L’objectif visé par la société mère c’est d’assurer la pérennité du groupe et d’en
développer ses activités. Dès lors, il parait naturel que la société mère intervienne dans le
financement des sociétés du groupe (A) et utilise ses dirigeants, qui sont en même temps ceux
de la filiale, pour conclure des conventions (B).
Cependant, « pour aller plus loin et , pour progresser dans un monde des affaires de
plus en plus rude, l’entreprise ne peut se passer de l’appui, direct ou indirect, des banques » 92.
Pour cette raison, le législateur, grâce à la loi de 2001-117 du 6 décembre 2001, intervient
pour atténuer la rigueur de ce monopole, lorsqu’il s’agit de groupe de sociétés.
91
Article 2 de la loi n°67-51 du 7 décembre 1967 règlement de la profession bancaire, JORT,
12 décembre 1967, p.1560.
92
JEAN GLAUDE BOUSQUET, « l’entreprise et les banques », éd-librairies techniques,
1977, p.1.
28
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
En effet, selon l’article 474 de CSC dans le premier alinéa, il appartient à la société
mère d’effectuer des opérations financières avec d’autres sociétés du groupe. Ainsi, cet article
précité dispose que « Nonobstant toute disposition contraire, il est permis d'effectuer des
opérations financières entre les sociétés du groupe ayant des liens directs ou indirects de
capital, dont l'une dispose d'un pouvoir sur les autres dû à la détention de plus de la moitié du
capital social ».
Aux termes de cet article, pour la réalisation d’une opération financière intra-groupe, il
faut avoir un lien de dépendance en vertu duquel une société du groupe domine l’autre. Ce
lien repose en fait sur un critère mathématique à savoir un critère de contrôle permettant
d’identifier le lien existant entre la société mère et la filiale93.
A défaut de ce lien, toute opération financière sera interdite. Par conséquent, cette
interdiction fait exclure, les opérations financières dans les relations horizontales intergroupes
entre deux filiales. Si cette exclusion revient à une interdiction de tout entretien direct des
opérations financières, rien ne peut empêcher d’avoir un entretien indirect dans le sens
où« une opération triangulaire sera mise en place »94. Ceci rend injustifié l’exclusion des
opérations financières dans ce genre de relation.
29
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Il appartient, par la suite, à ces sociétés admises aux relations financières intra-
groupes, d’effectuer des opérations financières diverses. Certaines qui présentent des
modalités de financement direct à savoir le prêt et l’avance en compte courant, et d’autres qui
constituent des modalités de financement indirect notamment l’octroi d’une garantie réelle ou
personnelle.
Mis à part cette modalité, la société mère peut procéder à des avances en comptes
courants, c'est-à-dire en sa qualité, d’associé ou d’actionnaire majoritaire ou de dirigeant de la
filiale, elle peut être titulaire d’un compte qui va être alimenté par des fonds versés soit au
profit de la société filiale soit pour soulager la trésorerie de la société mère. Il consiste alors à
un « instrument de financement réciproque »98.
Afin d’atteindre cet objectif, la société mère, ne peut les réaliser que sous certaines
conditions déjà envisagées dans l’article 474 de CSC. Le législateur a adopté ce même
raisonnement pour règlementer la conclusion des conventions intragroupes.
30
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Comme, la conclusion des conventions entre une société et l'un de ses dirigeants est
«inévitable »101, les conventions conclues entre les sociétés appartenant au même groupe, et
qui sont dirigées le plus souvent par des dirigeants communs, sont courantes.
Ainsi, le contrôle exercé par la société mère sur les sociétés du groupe lui permet
souvent de désigner un dirigeant commun. Par l’intermédiaire de ce dernier, la société mère et
une autre société contrôlée font conclure une convention appelée intragroupe. Ce genre de
convention porte souvent sur un grand nombre de produits et services dont les sociétés du
groupe ont besoin pour la réalisation de leurs objets sociaux respectifs, ou du moins pour
assurer une meilleure appartenance au groupe et facilite surtout l’atteinte de l’objectif
suprême de la société mère ou de la holding du groupe 102. En effet, les conventions au sein du
groupe constituent en soi un dispositif efficace de contrôle qui amène la société mère exerçant
sur les sociétés du groupe une influence prédominante.
Afin d’éviter tout abus qui peut être suscité, le législateur a soumis, à travers l’article
475 de CSC ce genre de conventions à un régime spécifique de contrôle. cet article dispose
que «Lorsque deux sociétés ou plus appartenant à un groupe de sociétés ont les mêmes
dirigeants, les conventions conclues entre la société mère et l'une des sociétés filiales ou entre
sociétés appartenant au groupe sont soumises à des procédures spécifiques de contrôle
consistant en leur approbation par l'assemblée générale des associés de chaque société
concernée, sur la base d'un rapport spécial établi par le commissaire aux comptes à l'effet si la
société concernée est soumise à l'obligation de désignation d'un commissaire aux comptes».
Aux termes de cet article, la procédure de contrôle s’impose sur toute convention conclue
d’une part entre les sociétés appartenant au groupe, autant les filiales que les sociétés
101
Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC), Les conventions entre les
entités et les personnes «intéressées», éd-CNCC, mai 2004, p.7.
102
SABAK ZREIK, «CONVENTIONS RÉGLEMENTÉES ET INTÉRÊT SOCIAL EN DROIT
COMPARÉ », Thèse pour le doctorat en Droit, UNIVERSITÉ PANTHÉON – ASSAS (PARIS
II) et UNIVERSITÉ ST-JOSEPH (BEYROUTH), 2011, p.12.
103
VANHAECKE MICHEL, « les groupes de sociétés », LGDJ, 1962, p.335.
31
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
contrôlées du droit ou de fait104, ayant des dirigeants communs et d’autre part à des conditions
«anormales" contrairement aux conventions courantes à des conditions normales105.
Dans cet ordre d’idées, il faut noter que le dirigeant commun, reste toujours le
détenteur de l’initiative pour qualifier si une convention porte sur une opération conclue à des
conditions normales ou non, ce qui fait limiter l’effet de la procédure de contrôle soumise106.
Toutefois, une partie doctrinale107 prévoit qu’en raison des liens financiers qui lient les
sociétés du groupe et la société mère, on ne saurait apprécier la normalité des conditions
auxquelles a été conclue une convention de la même manière que si cette même convention
avait été conclue entre deux parties qui ne sont pas liées de la sorte, car ces conventions sont
« rarement conclues à des conditions normales »108.
Bien que les conditions normales pour la conclusion d’une convention intragroupe
soient rares, elles restent quand même existantes. Ainsi dans le cadre de ces conditions, les
conventions conclues sont exonérées de la procédure de contrôle alors qu’elles ne le seraient
pas forcément si elles avaient été conclues entre sociétés n’appartenant pas au groupe109.
La société mère qui exerce un contrôle sur les structures et la gestion du groupe est
qualifiée comme société mère. Si ce critère de contrôle structurel et fonctionnel est adopté
pour cerner la notion de la société mère, il est de même utilisé pour englober la notion de la
société filiale-autonome qui subit ce contrôle exercé.
104
Contrairement à la règlementation des opérations financières qui ne trouve application
qu’entre société mère et filiale.
105
Dans le cadre des débats parlementaires précités, La réponse à la question 23 à propos
l’article 475 de CSC, p.103.
106
FARHAT TOUMI, article précité, p.112.
107
YVES GUYON, « Droit des affaires », Tome 1, « Droit commercial général et sociétés »,
7ème éd, éd-Economica, 1992 et MARZARS, « Les conventions spéciales dans les groupes
relèvent-elles de l’article 101 ? » Rev. Fr. comptab, Février 1971, p.135.
108
YVES GUYON, op cit, n°425, p. 435.
109
Deux exemples seront cités comme des conventions intragroupes courantes à savoir les
conventions de trésorerie et les conventions de domiciliation.
32
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
33
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
par la société mère…». La notion de société filiale apparait alors une notion paradoxale 110,
cependant justifiée, selon laquelle la société filiale est une société dépendante
économiquement (section1) et indépendante juridiquement (section2).
A- Un contrôle capitalistique
« Est réputée filiale, toute société dont plus de cinquante pour cent du capital est
détenu directement ou indirectement par la société mère, et ce, abstraction faite des actions ne
conférant pas à leur porteur des droits de vote »112.
110
Une notion fondée d’un coté sur un critère de contrôle : la société mère est une société
dépendante économiquement d’autre coté sur un critère d’indépendance : la société mère
est une société indépendante juridiquement.
111
Encyclopédie Dalloz, « Filiales et participations », répertoire des sociétés, volume III, n°49,
p.7.
112
Article 461 alinéa 5 de CSC.
34
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Ainsi, la société filiale est définie à travers un critère mathématique dépassant les 50
pour cent du capital social contrairement au cas d’une participation inférieur à 50 pour cent
dont la société contrôlée est qualifiée de société membre 113. De ce fait, cette participation
majoritaire rend les relations financières entre la société mère et la filiale « plus résistantes et
plus solides »114 que celles entre la société mère et la société membre. Par conséquent, la
société filiale apparait comme une société soumise « automatiquement et intégralement » au
contrôle de la société mère.
Ce critère de contrôle adopté par le législateur tunisien a été repris par son homologue
français dans l’article L233.1 du code de commerce qui stipule que « lorsqu’une société
possède plus de la moitié du capital d’une société, la seconde est considérée…comme la
filiale de la première », abstraction faite des actions à dividende prioritaire sans droits de
vote115.
En fait, ce lien d’affiliation, qui suppose une détention de plus de 50 pour cent du
capital ou des droits de vote, trouve son explication dans le fait que la détention de plus de la
moitié des parts sociales ou actions, assure à la société mère de maitriser les assemblées
générales ordinaires. Toutefois, cette maitrise issue d’une participation majoritaire au capital,
selon certains auteurs, fait apparaitre le contrôle capitalistique comme un « contrôle
minimal »116 pour le quel la société dominante ne fait qu’exercer ses droits légaux
d’actionnaire, essentiellement le droit de vote qui permet à la société mère de nommer et de
révoquer les administrateurs et aussi d’approuver les comptes annuels de la filiale…, le droit
d’information et également les droits financiers y compris le droit aux dividendes. Ce contrôle
minimal ne fait apparaitre alors qu’une société filiale soumise au contrôle faiblement exercé
par la société mère.
Dans le cadre des débats parlementaires précités, la réponse à la question 23 à propos 113
« .l’article 475 de CSC, p.103
كccة بين تلccة القائمccادية والماليccإن االختالف بين الشركة الفرعية والشركة العضو في تجمع الشركات يكمن في متانة الروابط االقتص
فالشركة الفرعية هي تلك التي تكون خاضعة كليا. و خاصة منها الشركة األم،الشركة و مجمل الشركات المنتمية إلى تجمع الشركات
هccإلى نفوذ الشركة األم بحكم أنا أكثر من نصف رأس مالها و من نصف حقوق االقتراع فيها ترجع إلى الشركة األم طبق ما نص علي
ركة األمccوذ الشccع إلى نفccتي تخضcc أما الشركة المنتمية إلى تجمع الشركات (الشركة العضو) فهي الc، في فقرته الخامسة461 الفصل
«. المذكور461 طبق ما جاء بالفقرة الثانية من نفس الفصل،بأي شكل من األشكال
114
NISSAF HAMMAMI LEHYANI, thèse précitée, p.80.
115
Article 228-35-11 du code de commerce indique « qu’il n’est pas tenu compte des actions
à dividende prioritaire sans droit de vote pour la détermination du pourcentage prévue à
l’article L233-1 »
116
https://www.cairn.info/revu-droit-et-societe1-2007-3-page-615.htm
35
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Si le critère de contrôle, pour qualifier la société filiale, a été fixé par un pourcentage
minimum, il n’a pas en revanche un seuil maximal. A priori, rien ne peut empêcher la société
mère de détenir intégralement le capital de la société filiale. Néanmoins, avant 2019, le
recours aux dispositions spécifiques applicables au SUARL oblige à nuancer, puisque
l’associé unique d’une SUARL ne peut jamais être une personne morale. Avec la loi de 29
Mai 2019, cette interdiction a été dépassée, et l’associé unique d’une SUARL aurait la
possibilité d’être une personne morale et de ce fait la société mère peut être un associé unique
d’une filiale à 100 pour cent. En effet, la société mère ne serait plus obligée, pour échapper à
l’interdiction anticipée, de constituer une filiale fictive120 dont elle détenait la totalité du
capital et recourir aux salariés pour compléter le nombre des associés.
B- Un contrôle organique
La société mère qui désire avoir une dominance structurelle sur les sociétés filiales, ne
se contente pas d’imposer sa volonté au sein des assemblées générales, mais elle assure
également son intégration dans les organes de gouvernance.
Elle se pose alors la question de la composition de ces organes et donc les conditions
de nomination de leurs membres au milieu de cette intégration. « Faut-il nommer uniquement
117
Article 174 de CSC.
118
Article 131 de CSC.
119
DEEN GIBIRILA, article précité, n°29, p.29.
120
Momento Pratique Francis Lefebvre, op.cit, n°56. La société est fictive « lorsque les
personnes qui se présentent comme des associés ne présentent pas les caractéristiques de
la qualité d’associé. Généralement parce que leurs volontés de se comporter en associé
(affectio societatis) n’est pas établie ».
36
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
des personnes appartenant au groupe, et dans ce cas l’organe risque d’avoir un rôle purement
formel, ou bien nommer quelques membres indépendants qui pourront apporter une vision
externe ? »121.
En fait, cette intégration permet à la société mère de mettre sa main sur les organes de
la société filiale, c’est le contrôle organique, lui permettant par conséquent de contrôler ou
d’influencer les décisions importantes à la fois de gestion et de direction issues de ces, c’est le
contrôle directorial qui peut être issu directement ou indirectement.
Ainsi, la société mère, étant majoritaire, peut être désignée en tant que gérant de la
société en nom collectif123, de société en commandite simple124, ou de société en commandite
par actions125. Dans ces cas la société mère est qualifiée de dirigeante de droit d’une société
des personnes. Aussi elle peut être administrateur dans les sociétés filiales anonymes à forme
classique126 ou bien un membre du conseil de surveillance dans les sociétés filiales anonymes
à forme nouvelle127. Dans ces derniers cas, la société mère n’est jamais qualifiée en tant que
dirigeante, puisqu’elle n’exerce, en fait, qu’une mission de contrôle.
Mais dans tous les cas, le fait d’être dirigeant de droit ou pas, le contrôle exercé dans
ce cadre « engendre une subordination économique excessive et présente un risque pour les
organes »128 de la société filiale contrôlée.
37
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Si dans le contrôle direct « la personne qui le détient est la même qui l’exerce »132,
cette large possibilité est moins conservée dans le contrôle indirect. Ainsi, la société mère
désigne dans les organes de direction133des filiales des personnes interposées qui lui
permettraient de faire prévaloir son point de vue. Afin de réaliser cet objectif, ces personnes
interposées ne font qu’appliquer les instructions données par la société mère. Dans ce cadre,
la société mère peut être qualifiée de dirigeant de fait.
Souvent, le recours à ce contrôle indirect est motivé par le respect de la loi qui exclut
l’occupation de la personne morale d’un poste de direction. Cependant, il est parfois un choix
volontaire.
Autrement dit, la société mère préfère recourir à un contrôle indirect même si elle a la
possibilité de contrôle direct. Ce choix spontané peut être alors expliqué par sa magnitude
dans le sens où il permet à la société mère de dominer les organes de direction quelle que soit
la forme juridique134 de la filiale et quelle que soit la nature de la participation détenue sans
aucune contrainte.
130
Article 122 de CSC.
131
Article 208 de CSC.
132
CLAUDE CAMPAUD, «Les méthodes de groupement des sociétés », RTD.Com, 1967,
p.1012 et Suivant.
133
Le contrôle indirect s’exerce lorsque la société mère désigne ses propres administrateurs
ou personnes interposées. Dans ce cas, elle peut contrôler l’exercice des activités du PDG,
du DGA, du président de conseil de surveillance, ou du gérant de la SARL.
134
MAGGY PARIENTE, op.cit, p.50.
38
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
A- Un contrôle effectif
La simple détention du contrôle n’est pas suffisante pour cerner une notion
déterminante de la filiale, il faut aussi que la société mère exerce effectivement ce contrôle
détenu, raison pour laquelle la jurisprudence française136 retient une notion extensive de la
filiale en se référant au critère d’exercice effectif du contrôle. De ce fait, « le contrôle sera
qualifié non seulement par ses moyens mais également et surtout par ses effets »137.
135
En droit européen, certaines décisions ont constaté l’existence d’un pouvoir de contrôle
sans, pour autant, que son exercice effectif soit établi. Voir à titre d’exemple C.J.C.E du
12/07/1979. BMW Belgium. Gaz. Pal 1981, l, doct, p.1, note BUHART (J). En l’espèce, la
société mère détenait 100 pour cent du capital de la filiale et trois de ses administrateurs
étaient, en même temps, des employés au sein de la filiale. Néanmoins, à défaut de
l’exercice effectif du pouvoir de contrôle, cette dernière était considérée comme autonome.
136
DEEN GIBIRILA, article précité, n°29, p8.
39
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
De prime abord, lorsque la société mère prend une participation majoritaire dans le
capital d’une filiale, elle ne cherche pas seulement le profit, elle vise également à exercer
concrètement le pouvoir de décision au sein de la société filiale à laquelle elle s’intéresse.
Ainsi, elle doit contrôler les actes de gestion de la société et approuver les comptes de
l’exercice écoulé après l’audit des rapports établis par le conseil d’administration, le directoire
ou le commissaire aux comptes. Dans le même ordre d’idée, la société mère, étant majoritaire,
possède le pouvoir de nommer et de révoquer les administrateurs et les membres du conseil de
surveillance.
138
SOMSAK NAWATRAKULPISUT, Thèse précitée, n°68, p.63.
139
R Sinay, « vers un droit des groupes de sociétés, l’initiative allemande et le marché
commun », Gaz. Pal. 1 octobre 1967, p.70. « La notion de ‘’ lien de dépendance ‘’ identifiée
à travers une disposition qui existe en droit allemand selon lequel les entreprises
dépendantes sont des entreprises juridiquement indépendantes sur lesquelles une autre
entreprise dominante est en mesure d’exercer directement ou indirectement une influence
dominante ».
.282. ص, مرجع سابق , علي نني140
141
KHELIFA KHARROUBI, « Droit des sociétés commerciales », Tome I, éd-Latrach, 2016,
n°672, p.423.
40
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
détention, la société mère sera habilitée à prendre toutes les mesures nécessaires pour un bon
fonctionnement de la filiale. A cet égard, elle tient à convoquer les assemblées générales et à
établir les états financiers annuels individuels142. De ce fait, « le pouvoir de décider n’est plus
dans la société, mais appartient en réalité à une société contrôlante, organe extérieur à la
filiale »143, cette dernière perdra alors son pouvoir de décision.
Outre le fait que le contrôle effectif peut être, plus au moins, vérifié à travers la mise
de la main sur les organes de la société filiale pouvant autorisé de détenir un pouvoir de
décision, il peut être plus intense lorsque le pouvoir parait centralisé assurant une unité de
décision.
B- Un contrôle centralisé
142
Même exigence pour l’exercice effectif du contrôle par l’organe du conseil de surveillance.
143
HANEN MELKI, mémoire précité, p.67.
144
C.A. Paris, 7 octobre 2008, n°7-13617, RJDA 4/2009, n°342.
.69. ص،2019 ، مجمع األطرش، « »المسؤولية الجزائية للمسير الفعلي في الشركات التجارية ، أمال الصيد145
41
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Chaque société filiale, tout en gardant une certaine souveraineté, « se plie à la volonté
d’une seule société et parfois d’un seul cerveau »146. Ce pliement se manifeste par le fait que
les sociétés filiales appartenant à ce cerveau vont être obligées de poursuivre les objectifs
commerciaux communs prédéfinis par la société mère afin d’obéir à une unité de décision et
de direction. Ainsi, cette société mère, tenant à obtenir de toutes les filiales de se plier
fidèlement à sa volonté, les tient toutes sous son pouvoir et y exerce son contrôle centralisé.
Par conséquent, le seul critère d’existence d’un contrôle centralisé exercé par la
société mère consiste, significativement, en l’existence d’une politique économique générale
du groupe, ce qui « tend à maintenir la filiale dans une dépendance étroite »149.
Dans le cadre de cette dépendance, la société mère impose ses décisions et ses choix à
travers ses représentants dans les postes de commande de chaque société filiale. Par
conséquent, l’assemblée générale n’exprime, le plus souvent, que « la volonté du groupe »150
et non celle de l’actionnaire ou l’associé majoritaire qui exerce le contrôle. En outre, l’action
des dirigeants des filiales doit être conforme à la décision prise par la société mère suivant la
politique générale qu’elle a définie.
En fait, en assurant un contrôle centralisé, les décisions imposées par la société mère
sont, essentiellement, politiques, stratégiques et administratives.
146
JACQUES LEAUTE, « la reconnaissance de la notion du groupe de sociétés en doit pénal
des affaires », JCP, 1973, éd-Générale, n°2551, p.1.
147
Arrêt ROZEMBLUM, précité.
148
CHARLES FREYRIA et JEAN CLARA, « De l’abus de biens et de crédit en groupe de
sociétés », JCP, 1993, éd-E., n°247, p.252.
149
ANNE PPETIT PIERRE-SAUVAIN, « droit des sociétés et groupe de sociétés :
responsabilité de l’actionnaire dominant, retrait des actionnaires minoritaires », éd-Géorge,
Genève, 1972, p.38.
150
IBTISSEM AHMED, « le contrôle dans le groupe de sociétés », Mémoire pour le mastère
en droit privé, 2007, p.45.
42
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
En ce sens, la société mère, en tant que direction centrale, détermine une politique des
prix, ses objectifs de vente, ses activités de production et de distribution, le choix des
marchés, les stocks et le marketing. Ainsi, il y a unité de politique commerciale lorsque« les
activités de vente et de marketing des filiales sont dirigées par une équipe régionale désignée
par la société mère et qui contrôle, notamment, les objectifs de vente, les marges brutes, les
frais de vente, « le chash flow » et les stocks. Cette équipe régionale prescrit également la
gamme des produits à vendre, contrôle les activités publicitaires et donne des directives en ce
qui concerne les prix et les remises »151.
151
T.P.I.C.E 12/01/1995, Affaire Viho Europe précitée, arrêt confirmé en cassation, C.J.C.E
24/10/1996.
152
AURELIE CATEL DUET, « Être ou ne pas être : le groupe comme ferme unifiée ou comme
ensemble de sociétés ? Une approche sociologique », Editions juridiques associées, droit et
société, 2007/3, n°67, p.624.
https://www.cairn.info/revue-droit-et-societe1-2007-3-page615.htm
153
Ibid., p.625.
43
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
manière à ce que le contrôle exercé sur l’activité de la filiale ne permet plus distinguer les
deux sociétés.
Quand bien même, le critère de contrôle reste sans doute vérifié pour dire que la
société filiale soit une société dépendante de la société mère. Cependant, ce critère de contrôle
adopté ne donne pas une notion complète et déterminante à propos la filiale, puisque cette
dernière et par la force de la loi doit jouir d’une personnalité juridique indéniable. En prenant
en compte le critère d’indépendance, la société filiale parait alors comme une société
indépendante de la société mère.
Parfois la finalité de toute règle consacrée, c’est d’en camoufler une autre, bien plus
importante. La finalité derrière laquelle la société filiale doit être indépendante consiste à
dégager une notion nouvelle de filiale, distincte d’une part des notions voisines et d’autre part
154
OLIVIER MACH, « L’entreprise et les groupes de sociétés en droit européen de la
concurrence », éd-George, Genève 1974, p.230.
155
Article 461 de CSC.
44
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
des notions de groupe. Ainsi cette finalité distinctive camoufle une autre plus importante
consistant à obtenir une organisation plus rationnelle des activités au sein du groupe. De ce
fait, l’indépendance juridique de la filiale apparaît comme une règle téléologique, la première
téléologie est distinctive (A) camoufle une deuxième organisationnelle (B).
En dépit de la dépendance économique qui est souvent celle des filiales vis-à-vis de la
société mère, le principe fondamental du droit des sociétés reste celui de l’indépendance de la
personnalité des filiales.
Cette indépendance juridique voulue, existe afin de respecter le choix des fondateurs
d’une personnalité morale qui ont consciemment décidé d’intégrer une structure mettant en
scène des sociétés indépendantes les unes des autres plutôt que de constituer des succursales
ou des agences ou aussi des bureaux de liaison qui auraient donné lieu à un véritable réseau de
dépendance juridique156.
156
HABIBA GHOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.8.
157
HANEN BEN HASSANA, mémoire précité, p.14.
158
DEEN GIBRILA, article précité, n°30, p.9.
45
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Peu importe à quel point la filiale se distingue à la succursale, cette dernière est
soumise, à l’instar de la filiale, à une obligation de publicité. C’est l’immatriculation au
registre national des entreprises suivant l’article 7 de la loi n°2018-52 du 29 octobre 2018,
relative au RNE qui stipule que «Est obligatoirement inscrit au registre : 3-les sociétés
commerciales, les établissements stables, et les représentations qui ont un établissement ou
une filiale ou une succursale en Tunisie ». Même si cette obligation concerne aussi bien la
filiale que la succursale, elle n’est plus considérée comme un critère de confusion entre les
deux notions.
De surcroit, une autre notion voisine, à part la succursale, qui doit être distincte de
celle de la filiale malgré sa soumission à cette obligation de publicité, c’est la notion
d’agence. Contrairement à la filiale, l’agence ne dispose pas de la relative autonomie
commerciale. Elle apparaît ainsi comme « une décentralisation géographique des activités »159
de la société principale. En revanche, elles se convergent au niveau du défaut de la
personnalité juridique qui permet d’éviter tout risque de confusion avec la filiale.
Ce risque reste encore imperceptible dans le cas de création d’un bureau de liaison.
Ce bureau est «une antenne commerciale d’une société étrangère »160 dont elle est dépendante
totalement. Il est dépourvu de toute personnalité juridique. La création d’un tel bureau est
soumise à l’obtention d’une carte de commerçant étranger auprès du ministre de commerce.
Ceci rend la distinction entre cette notion et celle de filiale facile à établir.
Sans entrer dans les détails, le bureau de liaison est, comme la succursale et l’agence,
dépourvu de personnalité morale, ce qui constitue la clé de voûte de sa distinction par rapport
à la filiale qui est quant à elle dotée d’une personnalité morale.
159
BERR, « Participation ; Filiale », J. cl. Soc, Fasc165-3, n°19.
160
AMEL MZABI, article précité, P.30.
46
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
En revanche, dans la deuxième tendance, il est affirmé que « seul la réalité des choses
doit compter »162, la reconnaissance de la personnalité morale doit s’imposer même en
l’absence d’une autorisation légale.
161
KHELIFA KHARROUBI, op cit, n°195, p.146.
162
Ibid., p.147.
47
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
contraire, il est effectué car il est fondé sur le principe d’indépendance qui est d’une grande
utilité, à savoir d’obtenir « une organisation plus rationnelle »163.
Grâce à cette mutation, une certaine d’efficacité sera dictée, ce qui est affirmé par une
partie doctrinale qui prévoit que « un tel choix effectué par les fondateurs est dicté surtout par
un souci d’efficacité, étant donné que le maintien de l’individualité juridique des sociétés en
cause permet sur le plan économique une modulation des activités de gestion et d’organisation
du groupe qu’une fusion interdirait par sa rigidité »164.
Cette dernière est amplement vérifiée à travers la décentralisation des activités. Ainsi
la reconnaissance de l’individualité juridique de chaque société filiale permet une
décentralisation qui consiste à diviser le groupe en unités distinctes : les sociétés filiales, à qui
des objectifs sont assignés, tout en leur laissant la plus grande liberté de choisir les moyens
pour les atteindre.
Par la suite, une plus grande rapidité peut résulter de cette décentralisation ; dans le
sens où toutes les décisions peuvent être prises avec plus de rapidité vu qu’elles sont
préparées par une autorité unique. Cette rapidité sera renforcée lorsque la société mère se
décharge de la gestion courante des affaires et se limite à tracer les lignes directrices de la
politique générale du groupe, de ce fait la décentralisation engendre une réception du fardeau
administratif »168.
163
HABIBA GOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.12.
164
RENé RODIèRE, « Droit commercial, groupements commerciaux », 9èmeéd, Dalloz, 1977,
n°390, p.351.
165
Thèse de la réalité.
166
Thèse de la fiction.
167
CHARLEY HANOUN, op cit, n°210, p.169.
168
HABIBA GHOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.14.
48
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
de sociétés favorise une diversification des activités afin de réaliser « une diversification des
productions »169.
Suivant l’article 4 de code des sociétés commerciales, une société filiale constitutive
d’une personnalité morale autonome prend la forme d’une société commerciale indépendante
de la personne de chacun de ses associés.
49
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
sens où elle apparait comme une indépendance qui dépasse l’indépendance classique vis-à-vis
des dirigeants et associés et s’étend vis-à-vis de la société mère 172. En effet, des attributs
patrimoniaux et extrapatrimoniaux lui sont reconnus pour assurer cette indépendance vis-à-vis
de cette dernière.
De prime abord, la société filiale doit avoir une dénomination ou une raison sociale
indépendante de la société mère. Cette indépendance peut trouver son fondement dans
l’article 92 de code des sociétés commerciales, qui exige une dénomination distincte à toute
autre société préexistante afin d’éviter toute confusion dans l’esprit des tiers. En revanche,
même si la filiale doit être identifiée par une dénomination propre à celle de la société mère,
dans la pratique le nom commercial peut être identique pour les deux sociétés. Par
conséquent, la dénomination sociale de la première apparait phonétiquement proche de celle
de la deuxième. De ce fait ; la confusion reste pratiquement remarquable !
Mis à part cette dénomination propre, ayant la personnalité juridique, le siège social de
la filiale doit être apprécié distinctement de celui de la société mère. Toutefois, le problème de
la domiciliation collective des sociétés du groupe se pose, notamment, à défaut de toute
interdiction légale. A cause de cette lacune, une partie doctrinale intervient dans ce cadre et
prévoit que cette solution serait bonne à retenir en raison des avantages qu’elle présente
surtout dans le cadre des groupes de sociétés 173. Conformément à ce point de vue, le
législateur français permet aux sociétés du groupe d’avoir un siège social commun qui peut
être par conséquent le lieu où la société mère exerce son activité174.
Avoir une dénomination proche de celle de la société mère ou bien un siège social
commun, peut-t-il constituer un retour à la référence au critère de contrôle pour dresser le
contour de la notion de filiale ?
Cette interrogation est encore plus harcelante si la nationalité de la filiale sera celle de
la société mère conformément à l’article 3 du décret-loi du 30 Aout 1961, qui confère la
nationalité tunisienne à la société qui répond à la condition d’avoir son capital représenté de
50 pour cent au moins par des titres nominatifs détenus par des personnes physiques ou
morales175. On déduit alors que la nationalité de la société filiale est déterminée à partir du
critère de contrôle.
172
Article 461 de CSC.
173
KHELIFA KHARROUBI, op.cit, n°251, p.179.
174
Article 26 al 3 du décret n°84-406 du 30 Mai 1984.
175
50
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
Ainsi, ce critère de contrôle reprend son ampleur non seulement pour définir la notion
de la société filiale mais également pour identifier ses attributs. Cependant, puisque cette
condition doit être cumulative avec la condition d’avoir un siège social en Tunisie et comme
la société filiale est dotée de la personnalité morale, certains auteurs, en se basant sur le critère
de siège social, prévoient que la société filiale doit avoir une nationalité qui lui est propre et
qui peut-être bien différente de celle de la société mère, surtout si elle appartient à un groupe
multinational176.
Aussi, étant dotée de la personnalité morale, la société filiale dispose en plus de tous
les organes nécessaires pour son fonctionnement. Cependant le dirigeant de la filiale peut très
bien être en commun avec la société mère. Quand bien même les deux sociétés auraient des
dirigeants communs, les obligations contractées par l’une ne peuvent pas être mise à la charge
de l’autre et réciproquement179.
Dans ce même ordre d’idées, pour le bon fonctionnement de la société filiale, le fait
qu’elle soit dotée d’une personnalité morale, une dualité des patrimoines doit être maintenue.
Ainsi, la société filiale doit avoir un patrimoine propre distinct à celui de la mère. Par
conséquent le payement des dettes et des créances sera soumis aux mêmes principes qui
176
HABIBA GOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.30.
177
DEEN GIBIRILA, article précité, p.9.
178
HABIBA GOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.30.
179
Cass. Com., 15 Oct. 1974 : Revue de Sociétés 1975. P.495, note Yver Guyon.
51
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
régissent les rapports entre les sociétés indépendantes. Toutefois, cette dualité des patrimoines
n’interdit jamais un soutien financier de la part de la société mère au profit de la filiale. Reste
à savoir si ce soutien financier est obligatoire à cause du contrôle exercé ou simplement
spontané dans le but de lui donner un coup de main ?
Dans le même ordre d’idées, cette personnalité morale de la société filiale est
sauvegardée aussi bien à l’intérieur du groupe qu’à l’extérieur c’est-à-dire à l’égard des tiers.
Comme, le représentant légal de cette société ordinaire n’a pas la qualité pour agir au
nom et pour le compte de la société mère. De plus la société filiale ne peut pas représenter la
société mère dans ses relations avec les tiers et cette dernière, ne peut être engagée que par ses
180
IBTISSEM SELLAMI, « les créanciers du groupe de sociétés », Thèse de doctorat en
droit, faculté de droit de Sfax, 2015/2016, p.2.
181
Commentaire d’article 476 de CSC, p.1671.
182
HABIBA GHOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.36.
52
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
propres organes. Ainsi, dans ce cadre la cour de cassation française a refusé à une société
mère de se substituer à la filiale pour agir contre un débiteur de celle-ci ou pour intenter à sa
place une action judicaire visant à obtenir la réparation d’un préjudice personnel prenant sa
source dans le préjudice subi par cette filiale183. Par ailleurs, et dans le même ordre d’idées la
cour d’appel de Versailles a considéré que la société mère n’a ni vocation ni qualité pour agir
contre une société directement concurrente de sa filiale et intenter une action judiciaire
relative à la concurrence déloyale184.
De ce fait, la seule relation de contrôle ne confère pas à la société mère le droit d’agir
pour le compte de sa filiale qui est dotée de la personnalité morale et qui est juridiquement
indépendante.
Si la filiale doit agir personnellement contre ses créanciers, qu’en est-il alors de ceux-
ci ? Que la société filiale soit soumise au contrôle de la société mère, ceci va-t-il comme
conséquence d’étendre le droit de poursuite de ses créanciers contre cette dernière ? En
réalité, ces créanciers tentent souvent de lever le voile sur la personnalité morale de la société
en cause afin de bénéficier de la solvabilité surtout de la société mère. Toutefois, « leurs
tentatives dans ce sens se heurtent, en principe, à l’obstacle de la personnalité morale
183
Cass.com., 12 mai 1981 : Rev.sociétés, 1982, p.318, Note Y. Chartier.
184
CA. Versailles, 19 Février 1998 : RJDA 9/1998, n°811.
185
CHARLEY HANOUN, op.cit, n°193, p.159.
186
Cass.Civ. décision n°27385 du 7 janvier 2004.
53
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
distincte »187. Donc les tiers créanciers de la filiale ne peuvent agir que contre celle-ci, et non,
en principe, contre la société mère188.
A la base de cette interdiction, les créanciers ne peuvent obtenir que le paiement des
dettes de la filiale avec laquelle ils sont engagés, d’ailleurs cette solution de principe est
expressément consacrée par le législateur tunisien lorsqu’il affirme que «Un créancier d'une
société appartenant à un groupe de sociétés ne peut réclamer le payement de ses créances qu'à
la société débitrice »189. De surcroit, un créancier de la filiale ne peut pas pratiquer une saisie
arrêt auprès des biens de la société mère, car ces biens n’appartiennent pas à la société filiale
qui est son débiteur190.
Plusieurs critères de contrôle proposés par le législateur et la doctrine que l’on retient,
à savoir le contrôle structurel et fonctionnel, le contrôle de droit et de fait, la majorité des
187
MICHEL JEANTIN, « la filiale commune », Thèse tours, 1975, n°818, p.404.
188
YANN LEROY, « un pas de plus vers la responsabilité des sociétés mères », juin 2013,
p.374.
189
Article 476 de CSC.
190
HABIBA GHOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.38.
54
Première partie : Le critère de contrôle est un critère notionnel
droits de vote et la détermination en fait des décisions au sein des assemblées générales,
l’unité des décisions et les liens entre les sociétés Etc.
De ce fait, on note qu’il n’existe pas une seule forme du contrôle. Au contraire il existe
plusieurs formes qui sont déduites essentiellement de la pratique comme « le contrôle est
avant tout le fruit de la pratique »191. Par conséquent, il arrive à emprunter de la pratique
d’autres formes de contrôle que le législateur n’a pas prévu.
191
SOMSAK NAWATRAKULPISUT, « contrôle de droit contrôle de fait », Thèse précitée,
p.47.
55
Deuxième partie :
Le critère de contrôle est un
critère d’imputation
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Du coup, suite à cet abus que la société mère commet du fait de l’exercice du pouvoir de
contrôle sur la société filiale tant au cours de son fonctionnement normal que lors de
l’ouverture des procédures collectives à son encontre, l’imputation de fait issue de la société
filiale sera transférée exceptionnellement à la société mère qui assumera par la suite une
responsabilité civile. En effet, même si le critère de contrôle dans ce contexte est un critère
exceptionnel, il reste un critère évident d’imputation civile (chapitre1).
Pour cette raison, on déduit que le souci du législateur d’avoir instauré cette
responsabilité exceptionnelle, n’est pas seulement de multiplier les débiteurs solvables
capables de supporter le passif de la société débitrice, mais aussi de faire sanctionner la
société mère pour l’abus qu’elle commet du fait de l’exercice du contrôle qu’elle détient.
Ce souci curatif se justifie également sur le plan pénal à travers la responsabilité pénale,
casuistique, que la société mère doit assumer du fait de l’exercice de son pouvoir de contrôle
sur la société filiale. Or, ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, ce critère de contrôle se
transforme, dans certains cas, en un critère d’exonération de la société mère de cette
responsabilité pénale. De ce fait, le critère de contrôle parait comme un critère limité
d’imputation pénale (chapitre2).
56
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Même si la société filiale est en période de prospérité économique, s’il est établi que la
société mère est à l’origine d’une insuffisance d’actifs, les créanciers externes de la première
obtiennent le règlement de leurs factures auprès de la deuxième. Ce recouvrement de créances
qui est en fait, désormais, permis par l’article 476 de CSC consacre sans doute la
responsabilité civile de la société mère envers ces créanciers (paragraphe2). Néanmoins, les
créanciers internes, ne peuvent se placer à un niveau inférieur à celui des créanciers externes
notamment quand leurs intérêts sont menacés. Pour cette raison ils obtiennent une protection,
d’une part, par le droit des sociétés commerciales 192 et, d’autre part, par la jurisprudence. De
ce fait, une responsabilité civile de la société mère envers les créanciers internes de la société
filiale parait justifiée légalement (paragraphe1).
192
Article 477 de CSC.
57
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
La soumission de la société filiale au contrôle abusif de la société mère n’est pas sans
effets néfastes sur les intérêts de ses associés et salariés, en mettant en conflit leurs intérêts
particuliers avec celui de la société mère. Ce conflit conduit à considérer en premier lieu les
salariés comme des victimes de situations particulières, telle que la mobilité spécifique, qui
menaceraient leur stabilité, et en deuxième lieu la minorité des associés susceptibles d’être la
cible d’actes égoïstes de la part de la société mère en tant qu’actionnaire majoritaire. Pour
faire face à cet abus, cette dernière doit assumer une responsabilité civile aussi bien envers les
actionnaires ou associés minoritaires (A) que les salariés (B) de la filiale.
Toutefois, ces majoritaires peuvent abuser des droits des associés minoritaires selon le
pouvoir qu’ils détiennent au sein des organes de délibération et grâce au contrôle effectif sur
les organes de gestion et de direction. En effet, les minoritaires ne s’inclinent plus devant les
majoritaires et ils ont ainsi, par la force de la loi, la possibilité d’intenter une action sociale
contre ces auteurs sur la base d’abus de majorité193.
Pour cette raison, le législateur intervient dans le cadre de l’article 477 de code des
sociétés commerciales pour consacrer une solution exceptionnelle. Ainsi, cette dernière
permet à la minorité dans une société filiale, disposant au moins de dix pour cent de son
capital, d’exercer une action sociale contre les associés représentant la majorité dans la société
193
Article 290 de CSC.
58
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
mère chaque fois où « la décision prise porte atteinte aux intérêts de la société et vise à servir
les intérêts de la majorité au détriment des droits légitimes de la minorité »194.
Toutefois, ce critère de contrôle ne suffit pas en fait pour qualifier la décision prise
comme abusive majoritairement. Ainsi, si ce critère était adopté pour déterminer l’existence et
le degré de contrôle exercé par la société mère sur la filiale, il y a d’autres critères qui sont
utilisés afin d’apprécier la régularité de ce contrôle à savoir l’intérêt social et la rupture
d’égalité injustifiée entre les associés. D’ailleurs, l’article 477 de code des sociétés
commerciales a consacré cumulativement ces deux éléments en constituant l’abus de majorité.
194
Article 477 de CSC.
.1677. ص، مرجع سابق،أحمد الورفلي و كمال العياري 195
196
C.A. de Paris, 22 mai 1965, JCP., 1965, II, 14274 bis, RTD. Com., 1965, p.619.
197
Cass. Com, 29 mai 1972, JCP., 1973, II, 17337.
59
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Dans ce cadre, une autre partie jurisprudentielle intervient alors, en adoptant ce critère de
rupture, pour qualifier la décision comme abusive198.
Certes cette imputation sera encore mise à la charge de la société mère envers les
salariés de la filiale, il reste à savoir si le critère de contrôle, quoiqu’insuffisant pour
déterminer la responsabilité de la société mère envers les actionnaires minoritaires de la
filiale, parait suffisant pour imputer la même responsabilité envers les salariés de cette
dernière.
Le contrôle exercé par la société mère sur la filiale n’est pas neutre au regard de ses
salariés. Ainsi la jurisprudence et parfois le législateur considèrent ce contrôle comme un
critère d’appréhension tant des relations individuelles que des relations collectives de travail.
60
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Pour cette raison que la jurisprudence a ajusté sa position dans le sens de consacrer
« une diversité d’employeur »203 sur la base, à la fois du premier critère classique du pouvoir
sur le salarié et du deuxième critère de contrôle exercé par la société mère sur la filiale. En
effet, le fait que ces deux critères existent, la société mère sera considérée comme un
employeur à côté de la filiale-employeur principal 204 et assurera par la suite les obligations qui
lui incombent normalement. Suite à cette solidarité en qualité d’employeur, l’extension de la
responsabilité civile à la société mère et encourue normalement par la société filiale parait
justifiée légalement.
Par ailleurs, si parfois l’existence du contrôle exercé par la société mère était prise en
considération pour assumer sa responsabilité civile lors de la conclusion du contrat de travail,
d’autres fois son exercice intense lors de l’exécution du contrat attire encore plus l’attention
pour assumer une responsabilité civile plus large. Ainsi, plus le contrôle exercé par la société
mère sur la filiale parait intense, plus l’extension de sa responsabilité parait plus marquée et
extensive. Ainsi, cette extension est envisagée amplement au premier niveau dans le cas du
passage du salarié de la société mère à une autre filiale et au deuxième niveau dans le cas du
mouvement définitif de ce salarié.
201
Cass. Soc du 23/09/2009. N°7 44200-, RJS 12/09, n°898.
عccاعي « تجمccع جمccف من مرجcc مقتط،»ركاتccع الشccؤجر في تجمccفة المccد صccير من خالل تحديccة األجcc «حماي، محمود قصد هلل202
.27. ص،2021 ،» الشركات في القانون التونسي
. تعدد المؤجرين203
204
Cass. Soc du 18/01/2011, N°09/96199, R.J.S, 3/11, n°207.
61
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
En fait, cette solution jurisprudentielle peut être justifiée par l’intensité du contrôle
exercé par la société mère sur la filiale. Comme elle peut autoriser provisoirement de déplacer
le salarié en son sein grâce à sa qualité d’employeur, elle peut aussi le licencier suite à une
décision de licenciement grâce à sa qualité de dirigeant dans la filiale. En effet, la société
mère, portant une double casquette, doit assumer sans doute sa responsabilité envers le salarié
de sa filiale.
En allant plus loin, la société mère assume encore une responsabilité civile même en
cas d’absence de tout lien de subordination juridique avec le salarié, c’est le deuxième cas de
mouvement définitif. Puisque la jurisprudence tunisienne n’a pas porté sa connaissance pour
se prononcer sur sa position à propos cette question, on fait renvoyer à certaines lois
comparées et leurs applications à l’instar du droit français. Ainsi, il dispose dans le cadre de
l’article L122-8-14 du code de travail que dans le licenciement du salarié d’une société filiale
étrangère, à laquelle il est lié par un contrat de travail, la société mère doit assurer son
rapatriement et lui procurer un nouvel emploi compatible avec ses compétences. Néanmoins,
sila société mère entend congédier ce salarié, le temps passé par ce dernier au service de la
filiale est pris en compte pour le calcul du délai-congé et de l'indemnité de licenciement207.
62
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Le législateur tunisien dans l’article 476 de CSC admet la possibilité pour le créancier
de la société filiale débitrice d’engager la responsabilité civile de la société mère, lorsqu’il est
établi que cette dernière a créé une apparence trompeuse d’une contribution aux engagements
de sa filiale ou qu’elle s’est immiscé dans l’activité de cette dernière.
A cet égard, on peut demander à la société mère de régler les créances de la filiale, soit
sur le fondement de l’apparence trompeuse (A), soit sur celui de l’immixtion dans l’activité
(B).
D’une part, est apparent ce qui est visible et manifesté, c’est ce que le législateur a
voulu exprimer dans le cadre de l’obligation de garantie mise à la charge du vendeur au sens
de l’article 668 du COC.
D’autre part, dans un sens large, la doctrine considère le terme d’apparence comme
une situation de fait contraire à une situation réelle. Ainsi, dans ce sens, l’apparence se définit
comme « la manifestation à un sujet de droit d’une situation de fait contraire à la réalité »208.
En effet, cette perspective a été clairement consacrée dans le droit commercial et plus
précisément en droit des sociétés commerciales. D’ailleurs, avec les groupes de sociétés elle
208
LAURENT LEVENEUR, « situation de fait et droit privé », éd-LGDJ, 1990, n°81, p.99.
63
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
trouve un terrain propice avec la multiplicité des apparences trompeuses aux tiers. Ainsi, la
société mère peut agir de manière à faire croire qu’elle contribue aux engagements de la
société filiale débitrice, soumise à son contrôle, avec ses tiers. Une croyance qui induit ses
tiers de bonne fois en erreur, s'ils savaient la vérité ils n'auraient pas intervenu pour s’engager.
En définitive, peu importe si la société mère a un rôle positif dans la création de cette
situation apparente, l'importance réside dans la croyance légitime du créancier, c’est l’élément
209
JEAN FRANCOIS BARBIERI, Note sous cour de Cass. 25 Février 2004, Rev. Soc., 2004,
p.421.
210
La lettre d’intention est un exemple illustratif qui a fait couler beaucoup d’encre dans la
doctrine française. Selon FRANCIS LEFBVRE, op cit, n°4336, p.345. « La lettre d’intention,
encore appelée lettre de confort ou lettre de parrainage, est un document adressé par une
société mère à un créancier de filiale, le plus souvent une banque, dans lequel cette société
assure ce créancier du respect des engagements contracté par sa filiale ».
. ص،ابقccع سccال من مرجcc مق،» « مسؤولية الشركة األم عن تصرفات فروعها في إطار السير العادي للتجمع، الوسالتيc فاطمة211
.177
64
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Dès lors que ces deux conditions cumulatives sont réunies, la théorie de l’apparence
produit ses effets et la société mère doit assumer sa responsabilité. Par conséquent, dans la
possibilité accordée par le législateur dans l’article 476 de CSC, le créancier trompé par filiale
peut demander à la société mère le payement de ses créances.
L’immixtion de la société mère dans l’activité de la société filiale débitrice dans ses
rapports avec les tiers constitue une autre voie offerte par le législateur au profit des
créanciers afin d’agir en payement contre la société mère personnellement ou solidairement
avec sa filiale213.
Malgré que le législateur ait adopté l’immixtion en tant que fondement pour mettre
une responsabilité à la charge de la société mère il ne donne, en revanche, aucune précision à
propos de la nature et des critères de qualification de cette immixtion.
212
HABIBA GHOUIZIA, article pris d’un ouvrage précité, p.70.
213
Article 476 de CSC alinéa2.
65
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
attribuer la qualité de dirigeant de fait, ce qui justifie son implication pour encourir sa
responsabilité civile214.
Il est ajouté aussi, dans ce même cadre, que la société mère qui se limite à exercer son
contrôle dans les assemblées générales ne soit pas qualifiée comme une société
interventionniste en vue de s’immiscer dans les activités de la société filiale et de s’attribuer la
qualité de dirigeant de droit, du coup elle n’assume aucune responsabilité civile.
On peut déduire que cette formule ministérielle, fait la distinction entre l’exercice du
contrôle dans les assemblées générales de la société filiale et l’intervention dans sa direction
et son administration considérant immixtion dans ses activités engagent la responsabilité de la
société mère. Autrement dit, le législateur adopte le critère de contrôle organique et directorial
pour la qualification d’immixtion et soustrait le critère de contrôle capitalistique de cette
qualification.
Il serait donc trop excessif de traiter toute intervention de la société mère dans la
direction ou l’administration de la société filiale comme étant immixtion, surtout dans le cas
où la société mère intervient pour prendre des décisions conformément aux directives de la
filiale, ce qui rend donc« inconcevable de sanctionner un comportement qui a été consacré par
le législateur »216.
214
Dans le cadre de débats parlementaires précités, la réponse à la question 24 à l’article
476 de CSC, p.103.
215
Article 461 de CSC.
216
IBTISSEM AHMED, mémoire précité, p.113.
66
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
En revanche, c’est plutôt l’abus de l’exercice de ce contrôle qui doit être sanctionné.
On parle d’un abus qui est caractérisé par le fait que la société mère dominante, fasse évincer
la société filiale et se substitue à elle dans toutes les phases 217 de tout contrat conclu avec les
tiers, présentant sa filiale comme son agence ou sa succursale, ou encore n’ayant pas respecté
les procédures de prise de décision.
De ce fait, l’immixtion est plus qu’un exercice de contrôle par la société mère sur la
société filiale. Ainsi, elle ne vise pas le pouvoir de décision au sein de cette dernière. En
revanche, elle consiste au pouvoir d’ingérence traduisant une intervention indiscrète par
laquelle la société mère s’est permis de se mêler dans l’activité de la filiale.
Cass. Civ, 25 février 2004, http://www.Lexnter.net. Et Cass. Com, 2 mai 1978, Gaz. Pal
217
1978, p.291.
67
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
A cause du manque de précision sur la notion d’escroquerie dans cet article précité,
certains auteurs 218 l’ont considérée comme une notion qui nous renvoie au délit d’escroquerie
régi par l’article 291 de Code pénal 219. Il s’agit de délit par lequel la société mère utilise la
société filiale, objet d’un règlement judiciaire ou de faillite, comme un moyen frauduleux
pour tromper les tiers.
218
SLAHEDDIN MELLOULI et SEMI FRIKHA, op.cit., n°1509, p498.
ماccتعمل اسccل من اسccار كcc بالسجن مدة خمسة أعوام وبخطية قدرها ألفان وأربعمائة دينc يعاقب » من المجلة الجزائية291 الفصل219
وذcc إقناع الغير بوجود مشاريع ال أصل لها في الحقيقة أو نفcمدلسا أو صفات غير صحيحة أو التجأ للحيل والخزعبالت التي من شأنها
اccابة أو غيرهccوع إصccأو اعتماد وهمي أو التي من شأنها بعث األمل في نجاح غرض من األغراض أو الخوف من اإلخفاق فيه أو وق
ودا أوccة أو وعccا ماليccات أو أوراقccا أو ممتلكccوالت أو رقاعccواال أو منقccلّم أمcاول أن يتسccلّم أو حcد تسccون قccة ويكccوادث الخياليccمن الح
«.وصوالت أو إبراءات واختلس بإحدى هذه الوسائل أو حاول أن يختلس الكل أو البعض من مال الغير
220
Dans le cadre des débats parlementaires précités, la réponse à la question 25 à l’article
478 de CSC, p.104.
رىccركة» أخccع شccدة مccة واحccكيل ذات معنويccصورة التحيل هي التي تستعمل فيها إحدى الشركات الخزعبالت إليهام الغير بأنها تش
ركةccوبأنها مالكة لبعض األمالك الراجعة في الحقيقة إلى الشركة المدينة وبأن بعض األمالك الراجعة إليها في الحقيقة «تنتمي إلى ش
إنما أخرى من الشركات األعضاء في تجمع الشركات
68
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Suite à cette précision, il parait peu probable que le législateur, en utilisant le terme
escroquerie dans l’article 478 de CSC, avait l’intention de le faire porter un caractère pénal.
D’ailleurs, si telle était son intention, il aurait utilisé explicitement le terme délit d’escroquerie
ou il aurait référé à l’article 291 de CP221.
Par ailleurs, l’escroquerie n’est pas le seul comportement fautif que l’extension des
procédures collectives entraine, l’abus des biens sociaux peut aussi être considéré comme un
tel comportement223.
Ainsi, l’abus des biens sociaux se manifeste par le fait que la société mère se comporte
à l’égard de la société filiale en « maître de l’affaire »224. Dans un sens où la société mère
manifeste des comportements contraires à l’intérêt social de la société filiale, ce qui rend cette
dernière comme une victime de l’abus exercé. D’ailleurs, ce genre de comportement est
amplement et particulièrement envisagé dans la réalisation des opérations financières sans
respecter les conditions visées par la loi225.
ةcc من مجل478 لccق على الفصcc تعلي: cركاتccع الشccار تجمccائية و التفليس في إطccوية القضccراءات التسccحب إجcc « س،يدccال الصcc أم221
.204. ص،19 عدد، مقال من مرجع سابق،»الشركات التجارية
.514. ص،2015 ، مجمع األطرش للكتاب المختص تونس،» التجاريةc « الوسيط في قانون الشركات، أحمد الورفلي222
223
Dans le cadre des débats parlementaires précités, la réponse à la question 25 à l’article
478 de CSC, p.104.
والccتعمال» أمcc و هي صورة اإلفراط في اس،صورة التعسف في استغالل أموال الشركة الخاضعة إلى إجراءات التسوية و التفليس
عوباتccإلى الص «. و تعرضها، بحيث يتسبب ذلك في ضياع مصالح الشركة المالكة الحقيقية لها،إحدى الشركات لفائدة شركة أخرى
التي أدت إلى افتتاح اإلجراءات الجماعية ضدها
224
NEJIB FEKI, « les procédures collectives et le groupe de sociétés », Etudes juridique, n°9,
2002, p.122.
225
SAMI ELLEUCH, article précité, p.103 et suivant.
69
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
faut distinguer le droit d’exercer le contrôle, une situation de droit, de la maîtrise qui est, le
plus souvent, la conséquence de la situation de fait ou de détournement de la situation de
droit226. Le contrôle peut, toutefois, conduire à la maîtrise si la société investie de ce pouvoir
le détourne à des fins contraires.
En effet, cette maîtrise peut se traduire, à titre d’exemple, par la disposition exclusive
des biens sociaux ou également la poursuite d’une exploitation déficitaire. Une maîtrise qui
conduira forcément à une cessation de payement de la société filiale qui exigera par la suite en
premier lieu l’ouverture des procédures de règlement judiciaire et en deuxième lieu
l’ouverture des procédures de faillite. Par conséquent, cette ouverture des procédures
collectives contre la société filiale sera étendue à la société mère.
Cependant, cette extension ne concerne pas uniquement la société mère en tant que
société contrôlante mais aussi en tant que dirigeante de la société filiale.
Ainsi, la société mère peut acquérir, d’une part la qualité de dirigeant de droit au sein
de la filiale lorsqu’elle exerce, à la suite d’une désignation régulière, des fonctions de gestion,
de direction, ou d’administration227. Et d’autre part, elle peut posséder également la qualité de
dirigeant de fait au sein de la filiale concernée. Mais contrairement à la détermination facile
de dirigeant de droit, la détermination de dirigeant de fait parait compliquée et ramifiée,
d’ailleurs le législateur ne la définit pas comme notion. Toutefois, la doctrine la considère
JEAN-François ARTZ, « l’extension du règlement judiciaire ou de la liquidation des biens
226
70
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
comme« Toute personne morale ou physique qui, sans mandat social en toute souveraineté et
indépendance, exerce une activité positive de gestion et de direction au sein d’une autre
société, ce qui la met en mesure de décider du sort commercial et financier de l’entreprise »228.
La question qui se pose alors est de savoir si l’extension de l’ouverture des procédures
de faillite est systématique ? Autrement dit est ce que le fait que la société mère soit un
dirigeant de la société filiale suffit systématiquement d’étendre l’ouverture des procédures de
faillite à son encontre ?
La société mère, en tant que dirigeant de droit ou de fait de la société filiale déjà en
faillite, assume la même responsabilité engagée, s’il est prouvé qu’elle a disposé des biens
propres de la société et qu’elle a accompli un acte de commerce dans son intérêt personnel229.
Cependant, la preuve de cette finalité fera souvent l’objet de difficulté, car la société mère
peut simuler l’intérêt personnel et prétendre que ses actes ne sont pas contraires aux intérêts
sociaux230.
Mieux encore, certains auteurs ont considéré, pour étendre la faillite d’une société
affiliée à la société mère, qu’il faut que les fautes reprochées à cette dernière soient
suffisamment graves pour tenir en échec «la barrière que constitue la limitation de
responsabilité » surtout dans les sociétés de capitaux et les SARL231.
Contrairement à d’autres auteurs qui considèrent que la faute commise par la société
mère est présumée comme une faute grave puisqu’elle conduit à la faillite.
Si cela signifie quelque chose, il indique que le simple exercice du contrôle par la
société mère au degré d’être un dirigeant de la société filiale en faillite ne suffit pas d’étendre
la faillite à son encontre. Du coup, l’extension de la faillite n’est pas systématique, elle n’est
qu’une faculté soumise à l’appréciation souveraine du juge.
228
RIVES LANGE, « la notion du dirigeant de fait au sens de l’article 99 de la loi du 13 juillet
1967 sur le règlement judiciaires et la liquidation des biens », 1975, Chr. N°11, p.41.
229
Le législateur exige, dans l’article 596 de CC, la réunion de deux conditions cumulatives
afin d’étendre la faillite à la société mère dirigeante, à savoir l’accomplissement d’actes de
commerce dans son intérêt personnel et la disposition des biens propres à la société. Ce
dernier agissement ne permet pas à lui seul l’extension des procédures collectives à la
société mère dirigeante, il doit être cumulé avec l’accomplissement d’actes de commerce à
son intérêt personnel.
230
JEAN-François ARTZ, article précité, p.12.
231
Ibid., p.6.
71
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Par ailleurs, selon l’article 478 de CSC alinéa 2, l’extension de la faillite envisagée
peut toucher la société mère même si elle n’est pas dirigeante de la société filiale objet de la
faillite mais plutôt dirigeante d’une autre société membre du groupe.
Dés le début, cette solution légale parait illogique et opposable notamment au principe
d’indépendance des sociétés membres du groupe.
En effet, cette immixtion s’effectue notamment lorsque la société mère laisse la filiale
poursuivre ses activités malgré qu'elle subisse de lourdes pertes, ou lorsqu’elle s’abstient de
lui fournir les moyens pour commercialiser ses produits, ou encore lorsque la filiale arrête
sciemment la fabrication de son produit principal, sans que la société mère ne lui fournisse
une alternative232, ce qui la conduira forcément à la faillite.
Sur cette base, on peut dire que l’extension de la faillite aux dirigeants des sociétés
membres du groupe une sanction pour une immixtion fautive dans la gestion de la société
filiale. Cette sanction est infligée particulièrement et souvent à la société mère et ses
dirigeants233 étant donnée le contrôle dont elle dispose et qu’elle exerce sur la société filiale
concernée.
232
C.A. Paris, 23 mai 1977, RJDA 10/1997, n°1277 ; C.A. Paris, 15 janvier 1999, RJDA
4/1999, n°488.
233
JULIA HEINICH, « direction de fait et groupe de sociétés », Bull. JOLY sociétés, Mars
2016, n°3, p.19 et suivant.
72
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Toutefois, cette notion, même si elle est consacrée par le législateur pour servir comme
une « cause autonome »234 de l’extension des procédures collectives, reste une notion floue
sans aucune définition.
- L’utilisation des revenus de l’une des sociétés pour payer des biens ou des services
au profit d’une autre société du groupe, de telle sorte qu’il serait impossible de déterminer le
73
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
bien qui appartient à chacune d’elles séparément et de le distinguer des biens appartenant aux
autres.
De ce fait, cette confusion offre une unité des patrimoines pour la société mère et pour
une autre filiale ou un ensemble de sociétés filiales. Cette unité se manifeste soit par un
patrimoine unique soit aussi par un patrimoine commun dans le but de répondre à l’intérêt du
groupe et souvent à l’intérêt de la société mère235.
En réalité, cette finalité est recherchée par la société mère à travers le contrôle de droit
ou de fait dont elle dispose et qu’elle exerce sur une autre filiale, et qui peut vraiment
engendrer une telle confusion.
La confusion des patrimoines ne peut pas être prononcée par le simple exercice du
contrôle par la société mère sur la filiale, mieux encore elle ne peut pas être présumée du seul
fait des relations entres elles, même si elles sont étroites236.
Dans le même contexte, la Cour de cassation française a ajouté que le fait d’avoir les
mêmes organes de gestion239 et l’identité des mêmes dirigeants ou encore les mêmes associés
235
FARAG HAMODA, « la protection des créanciers au sein des groupes de sociétés »,
Thèse de doctorat en droit privé, Université de Franche-Comté, 2013, n°455, p.312.
236
BENOÎT GRIMONPREZ, « Pour une responsabilité des sociétés mère du fait de leurs
filiales », Rev. Soc, Octobre/Décembre, 2009, n°8, p.719.
237
AHMED OMRANE, « Du droit des sociétés au droit de l’entreprise : pour un droit de
l’entreprise », Etudes juridiques, n°13, 2006, p.7 et suivant, spécialement p.21.
238
C.A Versailles, Ch.Com réunies 2/4/2002 actualités des procédures collectives, n°17-4
novembre 2002, n°217.
239
Cass. Com, 2 mai 2007, pourvoi n°06 12378-RJDA 10/2007, n°85.
74
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
ne suffisent pas pour caractériser cette confusion 240. En effet, il faut vraiment avoir une
confusion réelle des patrimoines.
240
Cass. Com, 30 Octobre 2007, n°6 18676-RJDA 2/2008, n°171.
241
BENOÎT GRIMONPREZ, article précité, n°8, p.719 ; FARAG HAMODA, Thèse précitée,
n°470, p.322 et suivant ; AHMED OMRANE, article précité, n°14, p.22 et suivant.
242
Par flux financiers, on entend des flux dénués de toute contrepartie pour la société
concernée, ce qui l’amène à un appauvrissement et à un affaiblissement du gage des
créanciers au profit du patrimoine d’une autre société. De même, il y a flux financiers
anormaux lorsqu’une société s’est enrichie aux dépens d’une autre sans contrepartie.
243
AHMED OMRANE, article précité, n°14, p.23.
75
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Dans ce cas, cette extension des procédures collectives exige en avance la qualification
de la société filiale fictive. Une qualification qui suppose la détermination de la notion de
société fictive reposant sur un ou plusieurs critères précis.
En fait, la notion de société fictive est une notion difficile à cerner. Mais une donnée
est certaine, c’est qu’une telle société n’a pas d’existence réelle. Elle repose alors sur une
simulation qui fait croire aux tiers en la réalité d’une société qui n’existe qu’en apparence244.
En effet, plusieurs tentatives doctrinales ont intervenu à cet égard. Parmi ces
tentatives, on expose la définition posée par Robert Plaisant qui a essayé de la définir en ces
termes « la société fictive est celle qui constitue un masque pour l’activité d’un individu,
maître de l’entreprise, dont le patrimoine se confond en fait avec celui de la société, les
associés n’étant que des simples figurants »245.
Toutefois, malgré les efforts doctrinales à la recherche d’une définition claire et nette
de la notion de société fictive, cette notion demeure, ambiguë surtout dans le cadre du groupe
des sociétés. Cette ambigüité justifie les explications théoriques données par le ministre de la
justice, à l’occasion de la discussion de la loi de 2001. Ainsi, ces explications ont précisé,
d’une part, les critères de fictivité, et d’autre part, la société ou les sociétés concernées par
l’extension des procédures collectives. Dans ce cadre, trois critères ont été avancés246 :
- Les projets qui représentent l’objet social de la société fictive et qui sont dénués de
sérieux.
En effet, on déduit que le critère de contrôle constitue un critère essentiel et légal pour
prouver la fictivité de la société filiale, notamment, la participation réelle au capital.
Autrement dit, le contrôle capitalistique est un critère évident, à défaut duquel la société filiale
est qualifiée de fictive.
244
NEJIB FEKI, article précité, p.126.
245
ROBERT PLAISANT, note sous Cass.Civ du 14 décembre 1944, cité par NEJIB FEKI,
article précité, p.126.
246
Dans le cadre des débats parlementaires précités, la réponse à la question 25 à propos
l’article 478, p.104. «الشركة المدينة هي شركة وهمية ال وجود لها في الحقيقة لعدم جدية المشروع الذي يمثل موضوع تلك
»الشركة و عدم وجود مساهمات حقيقية في رأس مالها و انعدام نية االشتراك
76
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Cette distinction nous amène à nous interroger sur le fait de savoir quelle est la
référence la plus adéquate pour qualifier une société filiale de fictive et par la suite de la faire
encourir la responsabilité à la charge delà société mère ? Est-ce le critère de contrôle
capitalistique ou le critère organique ?
Ces points d’interrogation, n’ont généré aucune réponse décisive. Toutefois, ils ont
pour conséquence de fragiliser le critère de contrôle organique qui parait insuffisant pour
établir la fictivité de la société filiale. Pour cette raison, les juges font référence au critère
fonctionnel, critère plus large, démontrant l’exercice d’un contrôle abusif de la part de la
société mère. Un contrôle abusif qui montre la subordination totale de la société fictive,
l’absence de fonctionnement de ses organes250, ou encore l’absence d’activité distincte de
cette même société par rapport à celle de la société mère251.
Cependant, il convient de signaler qu’en réalité cette société fictive n’est jamais
soumise au contrôle de la société mère surtout que cette société n’a juridiquement aucune
existence. De ce fait, la référence au critère fonctionnel de contrôle, pour déterminer la
fictivité de la société filiale, n’a aucun sens. Ainsi, le critère de contrôle capitalistique
consacré par le législateur tunisien devient plus adéquat pour servir de référence. Aussi,
l’absence de participation réelle au capital de la société filiale conduit amplement à la
qualification de fictivité. Dans ce sens, cette dernière n’est qu’« une simple marionnette »252
entre les mains de la société mère, ce qui la conduit à paraître comme une société de façade et
comme une victime.
247
Cass.Com, 29 Mai 1990, Bull. Jolly, 1990, p.801.
248
Cass.Com, 14 November 1997, Bull. Jolly, soc 1998, p.57.
249
C.A Paris, 11 janvier 1994, Bull. Joly 1994, p.317.
250
Faute de réunion de l’assemblée générale, de l’information des associés, ou de prise de
décision.
251
La fictivité peut découler de l’état de dépendance totale à l’égard d’une source étrangère
de capitaux. Ainsi, une société mère venait à combler régulièrement les besoins de
trésorerie de sa filiale.
252
C.A. Paris, 21 Novembre 1989, Bull. Jolly 1990, p.186 ; arrêt cité par CHARLEY
HANOUN, « Redressement et liquidation judiciaire groupe de sociétés », J. cl. Com., Fasc.
3190, n°45, p.20.
77
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
78
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
On peut affirmer que cette incrimination pour établir une certaine responsabilité pénale
n’est que relative. Dans ce sens, le critère de contrôle parait d’une part un critère pour établir
la responsabilité pénale (section1) et d’autre part un critère d’exonération de cette
responsabilité (section2).
Le droit pénal ne pourrait demeurer insensible aux éventuelles déviances lors de tout
détournement du contrôle disposé par la société mère sur la filiale et devant une déviation de
la finalité économique déterminée pour le groupe.
Ainsi, le législateur intervient, pour fournir une assise juridique adéquate contre ce
détournement permettant d’incriminer certains faits propres au droit des groupes de sociétés
(paragraphe1) ; et d’autres faits qui sont très répandus dans le monde des groupes mais
classiques au droit des sociétés commerciales (paragraphe2) ;et ce afin d’établir la
responsabilité pénale à l’encontre de celui qui commet ces infractions.
79
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
L’article 479 de CSC stipule que « Sont punis d'une amende de cinq mille dinars les
gérants, présidents-directeurs généraux, directeurs généraux et membres de directoires des
sociétés concernées qui n'ont pas avisé l'autre société des participations dépassant les
fractions visées aux articles 466, 467 et 468 du présent code ou qui n'effectuent pas les
procédures édictées à l'article 472 ci-dessus. Sont, également, passibles de la même amende
les présidents directeurs généraux, directeurs généraux et membres de directoires des
sociétés holdings qui ne procèdent pas à la publicité de la perte de cette qualité par la société
à raison de l'exercice par celle-ci d'activités autres que celles visées à l'article 463 du présent
code ».
On déduit des termes de cet article, trois infractions passibles de la même sanction
pénale d’une amende de cinq mille dinars. En effet, ces infractions consistent en :
2. Le non-respect des procédures exigées par l’article 472 du CSC, autrement dit
la non-publicité des comptes consolidés et du rapport de gestion du groupe.
En effet, en revenant aux articles 466, 467, 468 et472 du CSC, ces infractions seront
imputées à la société mère compte tenu des obligations exigées par ces articles et mises à sa
charge et, en principe, en cas de dérogation à ces obligations une responsabilité pénale sera
établie à son encontre.
Ainsi, cette sanction est bien marquée dans le cadre des participations réciproques qui
sont effectuées au profit de la société de tête, lors de l’exercice de contrôle, et reflète
l’exercice abusif du contrôle. En effet, la société mère, en tant que gérante d’une SARL
filiale, grâce au contrôle organique disposé, doit assumer sa responsabilité pénale et payer par
la suite l’amende de cinq mille dinars, chaque fois que la SARL filiale acquiert des
80
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
participations dépassant les fractions légales sans aviser l’autre société filiale de ce
dépassement253.
Toutefois, cet article ne vise que la société mère en tant que dirigeant de droit, et
exclue alors la qualité de dirigeant de fait pour assumer sa responsabilité pénale pour telle
infraction. Malgré que la société mère, en tant que dirigeant de fait, peut être encore plus
derrière l’accomplissement de cette infraction et la négligence d’informer la société
concernée.
Suite à cette analyse, on peut déduire que le critère de contrôle, adopté pour établir la
responsabilité pénale de la société mère, dans le cas de détention de participations interdites
253
Article 467 du CSC «Une société, autre qu'une société par actions, ne peut posséder
d'actions d'une société par actions, si celle-ci détient une fraction de son capital supérieure à
dix pour cent. En cas d'inobservation des dispositions de l'alinéa premier du présent article,
la société acquéreuse est tenue d'en aviser l'autre dans un délai ne dépassant pas quinze
jours à compter de la date d'acquisition et d'aliéner ledit investissement dans un délai ne
dépassant pas un an à compter de la date d'acquisition, elle ne peut, en outre, exercer les
droits de vote rattachés auxdites actions, jusqu'à l'aliénation ».
254
Article 463 et 472 du CSC.
255
AJMI BEL HAJ HAMOUD, « De quelques aspects de droit pénal dans le CSC : liquidation
et groupe de sociétés », RTD, 2002, p.16.
256
Cette hésitation législative entre la pénalisation et la dépénalisation de la personne
morale, d’une part, revient au manque de principe général de la pénalisation de la personne
morale et, d’autre part, étend sur le plan doctrinal ainsi un grand débat doctrinal se pose à
propos cette question.
81
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
dans le capital d’une autre société filiale, parait plus large que celui adopté dans le cas de
manque de poursuite des procédures de publicité.
Pour répondre à cette question, on se réfère à l’article 464 du CSC qui présente
implicitement un souci sanctionnateur par le législateur dans le cadre des infractions fiscales
et de la concurrence déloyale commises par la société mère.
L’article 464 prévoit que « Le groupe de sociétés ne peut avoir de finalité contraire à
la loi, telle que celle d'éluder l'impôt ou l'atteinte aux règles de la concurrence ».
En fait, cette disposition intervient pour faire face au groupe de sociétés, et qui est
devenue une formule idéale pour inventer des situations conduisant à des infractions d'évasion
fiscale. Ces infractions sont envisagées, essentiellement, par une décision issue de la société
mère, pour échapper au paiement des taxes sur les bénéfices, en procédant d'une manière ou
d'une autre à la réduction des bénéfices soumis à l’impôt, en bénéficiant d’exonérations non
méritées ou aussi si une fraude fiscale ou une évasion fiscale est établie.
Ainsi, cette imputation à l’encontre delà société mère peut être expliquée par le fait
que cette dernière, détentrice d’une participation à hauteur de 75% en capital de la filiale, et
qui est obligée par la force de la loi d’intégrer les résultats de toutes les filiales 258, peut profiter
de ce cadre pour commettre ces infractions, ce qui exige, en principe, l’établissement de sa
responsabilité pénale et l’application de sanctions à son encontre.
.247. ص، مقال من مرجع سابق،» «القانون الجزائي و تجمع الشركات،عبد العزيز الفزاني 257
258
Article 49 du CIRPPIS
82
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
physique, à savoir le dirigeant de la société mère. Elle ne s’applique pas à la société mère en
tant que personne morale.
De surcroit, le groupe de sociétés est considéré comme une formule spéciale pour la
constitution de cartels pouvant affecter de manière significative la liberté de concurrence.
Ainsi, la société mère intervient dans ce cadre pour contourner la loi, en s'appuyant sur la
multiplicité de ses sociétés et le contrôle qu'elle exerce sur elles, et commet des pratiques
restrictives et d’autres anticoncurrentielles, notamment l’abus de position dominante. Par
conséquent, ce contrôle peut
être retenu comme critère de qualification de
tout comportement restrictif
et
anticonc
83
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
urrentie
l , dont la société mère parait comme auteur d’infraction d’entente prohibée et d’abus de
De prime abord, on note que « l’entente demeure toujours une anomalie »259. D’où il y
a des cas de figure, où la société mère, bénéficiant du contrôle qu’elle détient sur la société
filiale, exerce un usage frauduleux dans le cadre des conventions intragroupes conclues avec
des sociétés filiales à son profit et pour gêner les tiers. En effet, ces accords conclus, au lieu
qu’ils se limitent à régir les relations internes en vue de bon fonctionnement 260 du groupe,
tendent à introduire des obstacles à leurs possibilités de commerce et de concurrence261.
De surcroit, cette question est encore posée dans le cadre d’abus de domination.
259
LOUIS VOGEL, « droit de la concurrence et concentration économique », RIDC,
Economica, 1990, p.87.
260
Ibid., p.79.
261
WAJDI KOSSENTINI, « le groupe de sociétés et le droit de la concurrence », Etudes
juridiques, 2003, N°10, p.341 et 342.
84
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Par la suite, il est notamment recherché si les sociétés peuvent être considérées comme
une entité collective, dans la mesure où il existe entre elles des liens économiques assurant un
contrôle exercé par la société mère sur les sociétés filiales.
En effet, tant au niveau des ententes prohibées qu’au niveau de l’abus de position
dominante, on peut répondre à la question relative à la responsabilité et à qui la sanction doit
262
MONCEF BEN ZAIED, « droit du marché », cours de deuxième année mastère de
recherche en droit privé, faculté de droit et des sciences politiques de Sousse, 2020/2021.
263
Article 5 de la Loi n° 2015-36 du 15 septembre 2015 relative à la réorganisation de la
concurrence et des prix, JORT, 22 et 29 septembre 2015, p.2320.
264
JAOUIDIA GUIGA, « le droit tunisien de la concurrence à l’ère de la mondialisation »,
centre de publication universitaire, 2002, p.85.
85
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
être infligée, par « lorsqu’une filiale est partie dans l’accord prohibé, son appartenance à un
groupe n’est pas neutre. En effet, bien que le principe soit de sanctionner l’entreprise ayant
directement participé à l’entente, il est admis que la sanction soit infligée à la société mère s’il
est démontré que la société filiale a agi sur ses instructions ou avec son consentement »265.Et
puis, le conseil va appliquer l’article 43 de la loi sur la concurrence et la réorganisation des
prix, qui consacre une amende pécuniaire.
Une responsabilité pénale assumée, soit par la société mère soit par ses dirigeants,
n’est pas fondée uniquement sur les infractions propres au droit des groupes des sociétés, mais
elle est aussi fondée sur des infractions qui sont classiques au droit des sociétés commerciales
et commises même entre des sociétés isolées.
Il existe des infractions classiques au droit des sociétés commerciales, très courantes et
répandues dans la gestion du groupe. Ainsi, certaines de ces infractions peuvent être
accomplies lors du fonctionnement normal de la société filiale(A), et d’autres peuvent être
réalisées lors de son fonctionnement anormal, ce qui exige l’ouverture des procédures
collectives et plus précisément la cessation de payement (B).
265
LAURE NURIT-PONTIER, op.cit, p.121.
266
Les abus peuvent être liés à la menace de rupture commerciale pratiquée par certaines
grandes surfaces. Si les fournisseurs refusent de se soumettre à des exigences dérogatoires
à ces conditions générales de vente. Aussi, les abus peuvent être issus d’une rupture
abusive des relations commerciales, pratiquée souvent par des entreprises de la grande
distribution qui disposent d’une forte puissance d’achat vis-à-vis de leurs fournisseurs.
86
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Toutefois, cette domination peut engendrer un danger, comme par exemple le fait que
les opérations financières réalisées entre eux soient l’occasion de spolier la société filiale au
profit de la société mère. En effet, la société mère profite de sa position avantageuse pour
imposer à sa filiale des opérations préjudiciables à l’intérêt de cette dernière et qui
s’inscrivent dans l’unique destin.
Dans ce contexte, l’abus dans la réalisation de ces opérations peut se manifester soit
par la fixation d’un taux d’intérêt anormal267 , soit par la conclusion d’une opération qui
expose la filiale à des risques disproportionnés par rapport à sa situation financière268.
Dans tous les cas, ces infractions d’abus, dans le cadre des opérations financières, sont
commises suite à la dérogation des conditions exigées par l’article 474 du CSC afin de
légaliser les opérations financières au sein du groupe.
267
La jurisprudence française n’a pas hésité à condamner cette pratique sous l’angle de
l’abus des biens sociaux ou l’abus des pouvoirs. Ainsi, dans un arrêt ancien rendu par la
cour de Rouen, datant de 17 mars 1970, la société mère a profité de la majorité des voix
qu’elle détient dans le capital de la filiale et malgré la situation économique très critique
(situation déficitaire durant les deux dernières années) a décidé l’octroi à une autre société
dans laquelle elle est actionnaire d’un prêt avec un taux de 3.5 % ramené par la suite à 2% ,
ce taux n’a pas été respecté ultérieurement et le défaut de remboursement à contribuer à
compromettre la situation de la société prêteuse.
268
La société mère prêteuse et à coté des gains réalisés pendant la période du prêt, elle
pourrait suite à la survenance d’une difficulté financière imprévue imposer à sa filiale un
remboursement prématuré. Dés lors, celle-ci serait obligée de suspendre son
investissement ou même faire recours à un emprunt bancaire coûteux pour désintéresser ce
besoin.
87
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Par conséquent, ces pratiques sont manifestement contraires aux intérêts de la société
filiale et tombent sous le coup de la loi pénale, essentiellement pour l’infraction d’abus des
biens sociaux269 et des infractions voisines tels que l’abus des crédits ou l’abus des pouvoirs.
Ainsi, la question de base qui doit être posée ici est de savoir qui va assumer la
responsabilité pénale pour ces infractions précitées ?
Lorsque la société mère était nommée dirigeant de l’une de ses filiales, auquel cas elle
est tenue de nommer un représentant permanant et qui sera alors une personne physique, les
infractions commises par cette personne interposée, en recevant les ordres de la société qu’il
représente, et en agissant dans le cadre de sa mission, peuvent-elle n’engager que la
responsabilité de la société mère ? Et la personne physique peut-elle invoquer la qualité de
dirigeant de la société mère pour engager la responsabilité de cette dernière ?
Contrairement, au cas où la société filiale est dirigée par un dirigeant commun à la fois
pour elle et pour la société mère, dont la responsabilité pénale sera encourue par cette dernière
et ne posera aucune interrogation d’imputabilité, la réponse à cette question est négative
puisque la société mère n’a aucune volonté propre et la sanction pénale consacrée par l’article
223 du CSC ne correspond jamais à sa nature virtuelle. Raison pour laquelle, le dirigeant de la
société filiale, personne interposée par la société mère, doit assumer sa responsabilité pénale.
De surcroit, la même question d’imputabilité est encore posée dans le cas ou la société
mère parait comme un dirigeant de fait de la société filiale. Dans ce cadre, en droit tunisien,
les textes répressifs ne retiennent pas cette responsabilité de dirigeant de fait. Contrairement,
au droit français qui parait en avance en consacrant la responsabilité pénale au dirigeant de
fait depuis la promulgation de la loi du 24 juillet 1966 relative à la société commerciale 270, qui
a étendu la sanction pénale à toute personne ayant effectivement pris la direction de la société
sous couvert de son dirigeant de droit.
269
JEAN JARC MOULIN, « Droit des sociétés et des groupes »,7ème éd, 2013-2014, éd-
Gualino Lextenso, Paris, p.225. « L’abus des biens sociaux est, le fait, pour les dirigeants, de
faire, un usage qu’ils savent contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles ou pour
favoriser une autre société ou entreprise dans laquelle ils sont intéressés directement ou
indirectement ».
270
L’article 431 de la loi du 24 juillet 1966 dispose que : « les dispositions des articles 424 et
429 sont applicables à toutes personne, qui, directement ou par personne interposée aura,
en fait, exercé la gestion d’une société à responsabilité limitée sous le couvert ou au lieu et à
place de son gérant légal ».
88
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Par conséquent, devant ce silence législatif, le dirigeant de fait peut commettre des
transgressions sanctionnées légalement en se couvrant par le dirigeant de droit et peut
repousser la responsabilité sous prétexte que le droit ne la consacre pas expressément271.
Par ailleurs, une autre solution jurisprudentielle, à travers une décision rendue par la
cour d’appel de Sfax datée en 19 mars 1990 273, sera mise œuvre. Elle a, en fait, condamné le
dirigeant de fait en tant qu’auteur principal à côté du dirigeant de droit condamné en tant que
complice pour avoir commis plusieurs infractions qui mettent en cause l’intérêt de la société
avec un encouragement de la part des dirigeants de droit. En application de cette solution, le
dirigeant de la société mère, en tant que dirigeant de fait de la société filiale, sera condamné
comme auteur principal à côté du dirigeant de droit de cette dernière qui sera condamné en
tant que complice.
La société mère, quelle que soit sa qualité en sein de sa filiale, peut commettre aussi
bien des infractions lors du fonctionnement normal de cette dernière, que d’autres lors du son
fonctionnement anormal.
Souvent, il arrive que la société mère réalise une opération financière avec une société
filiale, et il s’avère par la suite que cette dernière était en cessation de paiement pendant la
réalisation de la dite opération.
272
JEAN-CHRISTOPHE SAINT-PAU, « l’insécurité juridique de la détermination du
responsable en droit pénal de l’entreprise », Gaz. Pal., 10 février 2005, n°41, p.7 et suivant.
مقتطف من كتاب،) (غير منشور1990 مارس19 عن محكمة االستئناف بصفاقس بتاريخ5447 قرار إستئنافي جزائي عدد273
. 268. ص، مرجع سابق،أمل الصيد
89
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Dans ce contexte, le législateur tunisien, par la loi n°36 de 2016, en réunissant les
procédures collectives, a conservé la même définition élaborée par l’article 434 du CC. Ainsi,
il stipule que « Est considérée en état de cessation de payement, au sens du présent titre, toute
entreprise qui se trouve dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec sa
liquidité et ses actifs réalisables à court terme ».
274
KHELIFA KHARROUBI, « la notion de cessation de paiement en proie aux réformes du
droit des procédures collectives », RTD, 2001, p.309.
.252. ص، مقال من مرجع سابق، عبد العزيز الفزاني275
راءاتcانون اإلجcات في قc» دراس اعيcع جمcف من مرجcال مقتطc مق،»بب في اإلفالسcرائم التسc « التجديد في ج، أمال الصيد276
.242. ص،2020 ، تونس، مجمع األطرش،« الجماعية
90
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Par ailleurs, selon les articles 288277 et 290278 de CP, cette infraction exige comme
sanction un emprisonnement de 5 ans ou de 2 ans à l’encontre de tout dirigeant de droit et de
fait qui était l’auteur de cette infraction.
Toutefois, on peut noter que cette solution répressive fait exonérer la société mère, en
tant que dirigeant de droit, de la responsabilité pénale et seule la personne interposée qui va
assumer cette responsabilité. De plus, la société mère, en tant que dirigeant de fait, n’assume
aucune responsabilité et c’est le dirigeant de droit, personne physique, qui assume cette
responsabilité. Cette exonération est due en fait à la nature de la sanction infligée qui ne
correspond jamais avec la nature virtuelle de la personne morale.
De ce fait, on peut conclure que même si le droit pénal présente des avantages
multiples concernant l’infraction de banqueroute commise, il néglige en revanche la
responsabilité pénale de la société mère en tant que personne morale,« ce qui constitue un
vide juridique et fait de la responsabilité pénale un outil inefficace pour réprimer les délits de
banqueroute commis sous couvert d'une personne morale »279.
Si, en se basant sur le critère de contrôle, l'absence d'intervention du droit pénal pour
réprimer certains faits peut être considérée comme une inefficacité législative, elle présente,
toutefois, une efficacité pour légaliser certains faits.
La spécificité du groupe réside dans le contrôle exercé la société mère sur les filiales.
Ce contrôle peut mettre en échec en partie les règles régissant certaines infractions telles que
les pratiques anticoncurrentielles et les infractions sociétaires.
أنه أو فيccدر في شccا بخالص دين أو صccركة حكم عليهccانوني أو فعلي لشcc» يعاقب بالسجن مدة خمسة أعوام كل تاجر أو مسير ق277
شأن الشركة التي يسيرها حكم بالتسوية القضائية أو حكم بتفليسه أو بتفليس الشركة التي يسيرها أوارتكب بعد
: حلول ذلك الدين أحد األفعال اآلتية
إخفاء أو اختالس أو بيع بأقل من القيمة أو إعطاء أشياء من مكاسبه أو إسقاط دين له أو خالص دين صوري:أوال
،صوريا
ّ
، االعتراف بديون أو التزامات كأنها حقيقية وكانت كلها أو بعضها صورية:ثانيا
. ميّز أحد غرمائه بفائدة على الباقين: ثالثا
كccوال و ذلccول على أمcc القيام بشراء أشياء بغاية إعادة بيعها بثمن يقل عن متوسط ثمن السوق أو استعمال وسائل مهلكة للحص: رابعا
بنية تجنب أو تأخير الحكم بفتح إجراءات التسوية القضائية أو بالتفليس
. «والمحاولة تستوجب العقاب
278
ه فيccذيره أو بمجازفتccذكورة بتبcc» يعاقب بالسجن مدة عامين كل مسير لمؤسسة فردية أو شركة تسبب في إفالس المؤسسة الم
.« مضاربات ال تدخل في دائرة العمليات االعتيادية لتلك المؤسسة
.247. ص، مقال من مرجع سابق،أمال الصيد 279
91
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Et c’est dans ce sens que ce contrôle peut être adopté comme un critère de
déqualification de ces faits répréhensibles normalement et par effet d’exonération de la
responsabilité pénale.
Ainsi, c’est dans le cas d’une entente prohibée et d’abus des biens sociaux que le
groupe de sociétés peut offrir une immunité contre les règles régissant ces faits.
En fait, cette immunité contre ces derniers faits conduit à une exonération restrictive
de la responsabilité pénale (paragraphe1) qui ne s’applique pas à toutes les infractions. Par
ailleurs, cette exonération restrictive n’est pas arbitraire, au contraire elle est encadrée
(paragraphe2)
L’exonération de la responsabilité pénale ne peut en aucun cas être absolue. Elle est
restrictive et se limite à certains faits qui sont à la base répréhensible. Ainsi, si cette
exonération est explicite (A) légalement pour les opérations financières intra-groupes à travers
l’article 474 du CSC, elle est implicite (B) pour d’autres faits.
Comme nous l’avons évoqué précédemment, il est bien connu que la nature des
sociétés appartenant au groupe impose de réaliser de nombreuses opérations permettant
d’assurer leur bon fonctionnement afin d'atteindre les objectifs commerciaux sur lesquels s'est
bâtie leur tendance à se grouper.
Dans ce sens, plusieurs auteurs ont appelé à la promulgation des règles en adéquation
avec la particularité des relations et des intérêts convergents qui lient ces sociétés groupées en
vue d'atteindre les objectifs évoqués et avec les faits qui peuvent être à la fois émis par ces
dernières et considérés comme des infractions dans le cadre des sociétés distinctes.
Répondant à cet appel doctrinal, le législateur tunisien intervient à travers l’article 474
du CSC pour nier aux opérations financières, conclues entre les sociétés du groupe, la nature
dérogatoire aux dispositions de la loi réglementant les établissements de crédit.
92
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Par conséquent, la dérogation à cette disposition fait naître une infraction qui exige
l’application de l’article 183 de la loi précitée. Ainsi, cet article consacre une punition infligée
à toute personne qui exerce, à titre habituel, des opérations financières sans avoir la qualité
d’une banque et sans avoir obtenu un agrément au préalable. Cette punition consiste alors, à
une sanction d’emprisonnement de 3 mois et une amende de 100.000 dinars à 1.000.000
dinars ou l’une de ces peines seulement. Mieux encore, la BCT peut, après audition du
représentant de l’établissement ou de la société concernée, transmettre son dossier à la justice
en vue de la liquidation.
280
SAMI ELLEUCH, article précité, p.103.
93
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
groupes d’une façon absolue. Bien au contraire, il les a soumises à un régime juridique
particulier selon des conditions particulières et sous peines pénales en cas de dérogation à ce
régime.
Donc, le groupe de sociétés ne peut pas être condamné en tant que tel, même si par le
jeu de la coaction et de la complicité, les différentes sociétés appartenant à un même groupe
pourront dans certains cas, être pénalement condamnées à la suite d’une infraction
principalement commise par l’une d’entre elles285.
281
L’article 461 du CSC alinéa 6.
282
WALID BEN SALAH, « la responsabilité des sociétés cotées en bourse et de leurs
dirigeants : études de droit comparé en Tunisie et en France », Thèse pour le doctorat en
droit privé, faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, 2011/2012, p.121.
283
ClAUDE DUCOULOUX-FAVARD, « Lamy droit pénal des affaires », Ed-Lamy, 2007, p.53.
284
WALID BEN SALAH, Thèse précitée, p.121.
285
MAGGY PARIENTE, « les groupes de sociétés et la responsabilité pénale des personnes
morales », Revue de sociétés, 1993, p.247.
94
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
De prime abord, on peut dire que l’interdiction de tout accord entre les sociétés du
groupe va se trouver en discordance avec le contrôle qu’exerce la société mère sur ses filiales
et la finalité du groupe qui est la réalisation de l’intérêt commun du dit groupe. Dans ce cadre,
« l’intérêt commun du groupe signifie qu’on va se sacrifier de la concurrence au profit de
l’intérêt du groupe »286. D’où le choix de la soustraction du comportement interne au groupe
de l’empire des règles régissant les ententes prohibées.
Dans ce cadre, l’entente qui vise à limiter l’accès de la société filiale, contrôlée, au
marché ou le libre exercice de la concurrence par la société mère peut ne pas être considérée
comme une entente prohibée287.
، 2004/ 2003 ،اءcc األعلى للقضcدcرج من المعهccالة تخcc رس،»اديةccع التكتالت االقتصcc « حماية المتعاملين م، نورة بوعواجة286
.175.ص
287
Article 5 de la loi Tunisienne n°2015-36 du 15 septembre2015, relative à la réorganisation
de le concurrence et des prix « sont prohibées, les actions concertées, les cartels, et les
ententes expresses ou tacites ayant un objet anticoncurrentielles et lorsqu’elles visent à :
2- limiter l’accès au marché à d’autres entreprises ou le libre exercice de la concurrence »
288
JOUIDA GUIGUA, « Que Sais-je du Droit de la Concurrence ? », éd-Latrach, 2017, p.29.
289
Cass. Crim. 04/02/1985.N° 84 581_91_ Bull. Crim. N°54. P.145. D. 1985. P.478.
95
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
constituer un délit d'abus des biens sociaux, et constituer un motif sérieux pour la légalisation
de ce délit.
Toutefois, même si le contrôle exercé par la société mère sur les sociétés filiales est à
la base de l’immunité, on doit noter à ce propos que ladite immunité n’a pas été consacrée
expressément par le législateur, ce qui ouvre la porte à un encadrement nécessaire pour cette
immunité.
290
NISSAF HAMMAMI LEHYANI, thèse précitée, p.100.
96
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
En se basant sur cette définition, on note que l’entente prohibée exige essentiellement
l’autonomie des parties, d’où on peut déduire que pour échapper à la soumission des règles
régissant les ententes prohibées, concernant l’accord intragroupes, on doit garantir la
dépendance des filiales à l’égard de la société mère et plus précisément le contrôle exercé par
la société mère sur ces dernières, et ce dans le but d’assurer une unité de décision292.
De ce fait, l’intérêt commun entre ces sociétés, en plus du contrôle exercé par la
société mère sur ses filiales, est un critère d’immunité des accords intra-groupes contre les
règles de droit de la concurrence relatives à la prohibition des ententes.
Quant à l’abus des biens sociaux, la jurisprudence française a essayé d’ajuster les
conditions d’exonération de la responsabilité pénale, pour dire aussi que l’infléchissement du
droit pénal par le phénomène du groupe de sociétés en cas d’abus des biens sociaux est
forcément conditionné et que la légitimation de cet abus n’est pas arbitraire.
De plus, afin que cette condition soit complète, il est nécessaire de prouver la
réalisation d’un intérêt commun et c’est ce qui a été dit par la cour de cassation française dans
son arrêt de ROZEMBLUM pour l’intérêt économique, social et financier.
Toutefois, la prise en compte de cet intérêt, pour conférer le caractère légal au délit
d’abus des biens sociaux, ne doit pas être sans limites. Ainsi, l’intérêt social de la société
291
MARIE-CHANTAL BOUTARD LABARDE GUY CANIVET, « Droit français de la
concurrence », LGDJ-Droit des affaires, 1994, p.38.
292
SAID AICHA, « Le groupe de sociétés et le droit de la concurrence », Mémoire en vue de
l’obtention du diplôme de mastère en droit des affaires, Faculté de droit et des sciences
politiques de Tunis, 2005/2006, p.86.
97
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
filiale abusée ne doit pas être dispersé de telle sorte que cet abus ne doit pas révéler une
violation ou un manquement aux obligations de la société concernée 293 ou également un
dépassement de ses moyens financiers294.
De surcroit, on peut dire que le contrôle exercé par la société mère sur ses filiales est,
en principe, la base de l’immunité. Mais ce qui soulève le doute, c'est comment l'acte, qui est
à la base incriminée, sera autorisé par ailleurs par le législateur au sein du groupe de sociétés ?
Autrement dit, quel est le fondement d’une telle autorisation ?
Afin de répondre à cette question, on doit soulever diverses justifications pour instituer
l’exonération de la responsabilité.
Et c’est dans ce sens qu’on ne peut pas reconnaitre des sociétés et affirmer toutes ces
spécificités, et notamment la reconnaissance d’un intérêt commun au groupe, et méconnaitre
l’existence des ententes intra-groupe, qui est le moyen de la réalisation dudit intérêt commun.
Aussi, on ne peut pas sanctionner un abus des biens sociaux qui cause un préjudice temporaire
à une société filiale et qui confère, en revanche, à long terme un profit à son intérêt et à
l'intérêt du groupe dans son ensemble.
De même, on peut noter que l’incrimination de ces derniers faits ferait peser un risque
juridique considérable sur le fonctionnement des groupes et ce puisque les relations entre les
تخالص الثمنccة إذ يكفي اسccة نقديccق بمقاصccرط يمكن أن يتعلccذا الشcc « ه.240. ص، مقال من مرجع سابق، عبد العزيز الفزاني293
لcل كاهccد تثقccاط قccة على أقسccدة و المستخلصccدون فائcكمقابل للبيوعات التجارية أو إحالة لألصول العقارية لكن التسبيقات الممنوحة ب
وءccة على سccال المبنيccك األفعccرم تلccذي يجcc يبرر تدخل القانون الجزائي ال،الشركة المانحة من دون الحصول على مقابل فعلي يبررها
.» التصرف
تدلcc إذ اس،اccالغ فيهcc ما يعبر عنه بمفهوم المخاطر المالية المبc إن مزيد التعمق في هذا الشرط أتاح لفقه القضاء الفرنسي حد مناقشة42
ذهcc هc،ركاتccع الشccة لتجمccرى المنتميccركات األخccدى الشccركة األم أو إلحccا للشccروع إمccفي ذلك على الضمانات التي قد يمنحها أحد الف
ذيccر الccة الخطccالنظر إلى درجccا بccالضمانات يجب أن ال تعرض تلك الشركة الفرع إلى خطر متوقع يقاس حجم وقعه على الشركة إم
.تشكله تلك العملية في حد ذاتها أو بالنظر إلى التكلفة النهائية المتوقعة من ذلك الخطر
لكن إذا ما افترضنا بدءا أن منح تلك الضمانات مشروط بحصول الشركة بدورها على ضمان في المقابل من الشركة الفرعية المنتفعة
يccذا التمشcc نفس ه،والcc ففي هذه الحالة تصبح درجة و حجم الخطر المحتمل مقبوال و معق، بالدينcالتي يفترض فيها الخالص و الوفاء
فإذا كان الهدف من ورائها السيطرة على مواقع أوسع في السوق حتى و إن، الماليةcفي اإلستدالل يمكن سحبه على عملية المساهمات
انccا إذا كccة أمcc فإنه مع ذلك تبقى فرص نجاحه قائمc،كلف الشركة المقدمة على ذلك استثمار بمبلغ باهظ و ظل خطر اإلقدام عليه قائما
ه إلىccي ال يمكنccإن القاضcc األخرى مما يثقل كاهلها بالديون فcالهدف من وراء هذه العملية تعمد تمييز و تقوية أحد الفروع على حساب
.أن يقضي بعدم شرعيتها و بالتالي إخضاعها آلليات القانون الجزائي
294
98
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
sociétés tendent à améliorer les liens économiques. Mais elles doivent juste s’organiser autour
d’un intérêt commun et en fonction d’une politique globale du groupe295.
Ainsi, le groupe met en place au sein de la société mère, qui exerce le contrôle, des
cellules de planification stratégique dont la vocation est d’aider les filiales à positionner leurs
activités dans une perspective stratégique globale.
Dans cette optique, et comme on l’a déjà vu, la filiale met en œuvre la politique du
groupe selon les directives de la société mère dans le cadre d’une organisation juridique qui
prend la forme d’une société dans laquelle les pouvoirs et les responsabilités sont
préalablement déterminés par la loi296. Ces pouvoirs et ces responsabilités sont assurés par
l’intervention de la société mère dans la stratégie des filiales et ce par le moyen de contrôle.
Ainsi, l’exercice de ce contrôle par la société mère suppose l’existence d’une relation
entre la société mère et les sociétés contrôlées. Dans ce contexte, on note que cette relation
peut revêtir la forme d’accords qui visent la répartition des taches entres les sociétés groupées.
A ce niveau, une question importante est vivement posée: Est-ce que cette
justification, relevant du cadre de réalisation des ententes au sein du groupe, suffit pour sa
légitimité et pour l’exonération de la responsabilité pénale ?
En fait, « l’acte abusif doit être contraire au but de l’institution, à son esprit ou à sa
finalité »297, et en se basant sur cette notion d’abus, les ententes intra-groupes demeurent, en
revanche, en harmonie avec le but, l’esprit et la finalité du groupe de sociétés, à savoir la
réalisation de l’intérêt commun du groupe.
295
MARRAU REMI, « un paradoxe permanent du groupe de sociétés : indépendance contre
unité économique de ses sociétés », PA n°94, 5 Aout 1996, p.1.
296
HANANE MELKI, mémoire précité, p.40.
297
LOUIS VOGEL, op cit, p.87.
298
SAID AICHA, mémoire précité, p.94.
99
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
100
Deuxième partie : Le critère de contrôle est un critère d’imputation
Les règles de droit des sociétés commerciales relatives à toutes les fautes commises
par ces dernières sont applicables au groupe de sociétés. Toutefois, le caractère délicat des
incidents propres à l’exercice du contrôle au sein du groupe de sociétés mérite une attention
particulière.
Le déséquilibre des intérêts peut être aussi à l’origine d’une infraction quelconque, ce
qui exige bien évidement l’intervention des règles de la responsabilité pénale qui restent
cependant, dans la plupart des cas, ambigüe à propos la personne morale surtout concernant la
société mère.
101
Conclusion générale
Conclusion générale
Par ailleurs, l’exercice du contrôle entraine des incidences significatives dans la vie du
groupe. Ces incidences nécessitent qu’un soin particulier lui soit apporté afin d’éviter des
conséquences irrémédiables dans la vie de plusieurs sociétés. De ce fait, l’exercice du contrôle
dans le groupe des sociétés parait délicat.
102
Bibliographie
Bibliographie
Les ouvrages généraux :
JEAN JARC MOULIN, « Droit des sociétés et des groupes »,7ème éd, 2013-
2014, éd-Gualino Lextenso, Paris.
Thèses :
Les articles :
AMEL MZABI, « la filiale en droit des sociétés », Info Juridiques, N°12/13,
Novembre 2006.
AJMI BEL HAJ HAMOUD, « De quelques aspects de droit pénal dans le
CSC : liquidation et groupe de sociétés », RTD, 2002.
Les mémoires
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C.A. de Paris, 22 mai 1965, JCP., 1965, II, 14274 bis, RTD. Com., 1965,
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C.A. Paris, 21 Novembre 1989, Bull. Jolly 1990, p.186 ; arrêt cité par
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Dictionnaire :
Cours :
Web :
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بفقه القضاء ،» 2017تونس .2017
Table des matières
Introduction.................................................................................................................................1
A- Un contrôle de droit.......................................................................................................12
B- Un contrôle de fait.........................................................................................................14
Paragraphe 2 : la société mère participe dans les orientations des sociétés du groupe.............28
Section 1 : La société filiale est une société dépendante : une dépendance économique.........34
A- Un contrôle capitalistique..............................................................................................35
B- Un contrôle organique....................................................................................................37
A- Un contrôle effectif........................................................................................................40
B- Un contrôle centralisé....................................................................................................42
Section 2 : La société filiale est une société indépendante : une indépendance juridique........44
A- Une responsabilité fondée sur l’apparence trompeuse créée par la société mère..........63
A- Une sanction due à l’apparence fautive causée par la société mère en tant que société
contrôlante.................................................................................................................................68
B- Une sanction due à la faillite causée par la société mère en tant que dirigeante...........70
Paragraphe 1 : Une responsabilité pénale pour des infractions propres au droit des groupes de
sociétés......................................................................................................................................80
Paragraphe 2 : Une responsabilité pénale pour des infractions classiques au droit des sociétés
commerciales............................................................................................................................86
Conclusion générale
Bibliographie