L’Audit du Social est un domaine particulier d’application des méthodes
d’audit qui sont largement largement utilisées dans le domaine financier, organisationnel, qualité, etc.. Il est pratiqué par des auditeurs externes spécialisés ou par des auditeurs internes, parfois en coopération entre les deux. L.D. Sawyer, dans « The practice of modern internal auditing » (1981), définissait ainsi l’audit: .« Une appréciation indépendante des diverses opérations et contrôles d’une entreprise pour déterminer si des politiques et des procédures sont suivies, si des normes établies sont atteintes et si les objectifs de l’organisation sont réalisés ». L’IFACI a adopté en 2000 la formulation française suivante de la définition internationale de l’audit interne: « L’audit interne est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer, et contribue à créer de la valeur ajoutée. Il aide cette organisation à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses processus de management des risques, de contrôle et de gouvernement d’entreprise en faisant des propositions pour renforcer leur efficacité ». Ces définitions s’appliquent parfaitement au domaine du « social », que l’audit soit pratiqué en externe ou en interne. Ce domaine, cependant, présente des spécificités qui nécessitent une définition plus précise du champ d’application et une adaptation des méthodes. IL Y A QUATRE CHAMPS D’APPLICATION PRINCIPAUX DE L’AUDIT DU SOCIAL: l’audit du social évaluant la conformité des pratiques internes à un référentiel normatif externe (Droit du travail, Conventions Collectives, Accords d’entreprise) et au delà des frontières de l’entreprise (pour les sous-traitants et fournisseurs), à des normes liées à la responsabilité sociale de l’entreprise, souvent référencées sur les principes de l’Organisation Internationale du Travail l’audit de conformité et de pertinence d’une situation, en référence à des objectifs, règles, et procédures internes à l’entreprise. L’entreprise souhaite évaluer la réalité des pratiques par rapport à ce qui est prévu. Elle désire aussi faire évoluer ces pratiques en évaluant dans un premier temps la pertinence des objectifs et processus existants. Les domaines d’application sont nombreux: recrutement, formation, appréciation, gestion des compétences, rémunérations, sécurité du travail, etc…. Ce type d’audit peut intégrer des approches telles que benchmarking afin de permettre des comparaisons externes. l’audit préalable à une situation de changement (fusion-acquisition, réorganisation, faisabilité sociale d’un investissement, (re)négociation d’un accord collectif, etc…) l’audit permettant la compréhension d’une situation sociale particulière (conflit social, climat social dégradé, démissions, …), dans le but d’en tirer des enseignements correctifs pour l’avenir et/ou de prévenir la répétition de situations conflictuelles. Dans tous les cas, l’auditeur social s’appuie sur des méthodes et des techniques éprouvées et sur des indicateurs fiables et précis de la gestion du personnel. Il travaille à partir de référentiels normatifs et/ou de référentiels de bonnes pratiques. Il identifie les écarts et les dysfonctionnements par rapport au référentiel, analyse les causes de ces écarts ainsi que les risques sociaux et financiers qu’ils entraînent. Dans ces conclusions, il part de ses vérifications, il met en évidence les faits et les situations à suivre particulièrement, il retient les facteurs qui en sont à l’origine et facilite ainsi la recherche de solutions propres à améliorer l’efficacité de l’entreprise par l’optimisation de l’emploi des hommes et la qualité de conduite des équipes. Il apporte ainsi au commanditaire de l’audit des éléments d’appréciation de la situation, basés sur des faits et des données vérifiés mais intégrant également une compréhension prenant en compte la culture de l’organisation et le jeu des relations entre les parties prenantes internes et/ou externes concernées. Il lui permet ainsi de prendre de meilleures décisions dans le pilotage de son organisation et de ses projets. La mission de l’auditeur social, notamment l’auditeur externe, s’arrête avec la présentation de ses conclusions et de ses préconisations, éventuellement du suivi de l’application des préconisations retenues par le commanditaire. En celà, il se distingue nettement du consultant, dont le rôle est généralement d’accompagner la réalisation d’un projet. L’IAS a formalisé en 2006 la nouvelle version de son référentiel de l’audit du social C’est le document de base pour les auditeurs sociaux. IL COMPORTE LES RUBRIQUES SUIVANTES: 1 – DOMAINE D’APPLICATION 2 – REFERENCES NORMATIVES 3 – TERMES ET DEFINITIONS 4 – NATURE DES PRESTATIONS D’AUDIT DU SOCIAL 5 – CONDUITE DE LA MISSION DE L’AUDITEUR SOCIAL (incluant la déontologie) 6 – CONNAISSANCES, COMPETENCES ET QUALITES REQUISES D’UN AUDITEUR SOCIAL
Voir également un choix bibliographique sur l’audit du social..
L’ÉVOLUTION DU CONCEPT D’AUDIT SOCIAL
L’IAS EST NÉ DANS UN CONTEXTE DE DÉVELOPPEMENT DE PRATIQUES TANT EN FRANCE QU’À L’ÉTRANGER En 1964 la National First City Bank of New York cherche à appliquer les principes d’audit au suivi de la gestion humaine d’unités centralisées ou filialisées. En 1973, John Humble publie « Social responsability audit » qui, traduit en français devient « L’audit social au service d’un management de survie ». Au Canada, on étudie la « comptabilité sociale ». En France, la Loi instaure en 1977 l’obligation du bilan social pour les entreprises de plus de 300 salariés. En 1979 l’institut Entreprise et Personnel crée, sous la conduite de Raymond Vatier, une équipe de « développement de l’expertise et de l’audit social ». Dans les années 80, les audits sociaux sont surtout centrés sur les processus de gestion des ressources humaines. Ils portent sur la vérification des données du bilan social, et sur des domaines spécialisés de la RH, surtout dans les domaines à enjeux forts juridiques, sociaux et/ou financiers (masse salariale, formation, rémunérations, recrutement, climat social), ou pour préparer et gérer des fusions ou restucturations. En 1980, l’Ordre des experts comptables travaille sur l’évaluation des coûts et avantages sociaux. Raymond Vatier crée, en 1982, l’IAS, dont il est le premier Président. En 1983, le groupe Hay, à Philadelphie, expérimente une nouvelle méthode pour analyser, évaluer et comparer les coûts liés aux ressources humaines : HURCOS (Human Ressources Costs Management). En 1983, l’Association Européenne pour la Direction du Personnel met l’audit social à l’ordre du jour de son congrès à Copenhague. Des auditeurs internes introduisent l’audit social dans le programme de formation de l’IFACI. Des enseignements spécialisés voient le jour, les articles et ouvrages se multiplient. En 1984, JM Peretti et JL Vachette publient un ouvrage intitulé « Audit Social » (Ed d’Organisation), l’année suivante P. Candau en fait autant (Vuibert). Le « père fondateur » de l’audit social, Raymond Vatier, publie en 1988 « Audit de la gestion sociale » aux E.O.. Dans les années 2000, le champ de l’audit social s’élargit sensiblement à des enjeux nouveaux externes (environnement social, clients, investisseurs) avec la RSE (Responsabilité sociale d’entreprise), et les nombreuses initiatives qu’elle suscite (Loi NRE en France, Global Compact de l’ONU, audits de fournisseurs ou sous- traitants, etc…). Des entreprises créent des chartes éthiques, ou souscrivent à des Chartes extérieures. D’autres communiquent, au nom du « développement durable », ou de leur responsabilité sociale, sur des engagements pris vis à vis de communautés d’implantation de leurs activités, ou de partenaires commerciaux. Tout ceci crée évidemment une forte demande de vérification par des auditeurs indépendants. Des organismes, comme la FLA (Fair Labour Organization), ou SAI (Social Accountability International) créent des référentiels normatifs pour permettre ces vérifications, et réalisent des milliers de missions d’audit pour le compte d’entreprises. Les référentiels peuvent être différents, mais tous s’inspirent des conventions de l’OIT (Organisation Internationale du travail). Le terme nord- américain de « social audit » décrit ce type de missions, généralement courtes et rapides. Cette briéveté d’ailleurs est l’un des arguments mis en avant par certains acteurs du secteur, notamment les ONG, dans leurs critiques de ce type d’audit, dont ils contestent qu’il puisse apporter des preuves réellement démonstratives. Le Centre de certification des auditeurs spécialisés (CCIAS), crée 4 sections de certification, dont celle d’auditeur ressources humaines, et d’auditeur RSE. Au cours de toute cette période, alors que l’environnement normatif, les domaines d’application, et les méthodologies évoluaient, les bases conceptuelles de l’audit social sont restées les mêmes. Il s’agit toujours d’apporter à un commanditaire de l’audit une information indépendante, basée sur des faits vérifiés, lui permettant de s’assurer que les dispositifs, procédures, systèmes de contrôles, mis en place dans son organisation sont suffisamment maîtrisés pour permettre d’atteindre les objectifs fixés. L’audit permet d’apprécier les risques encourus, et d’identifier les voies et moyens pour faire progresser l’efficacité de l’organisation sur le sujet audité. En 2006, le Bureau de l’IAS valide la nouvelle version de son référentiel de l’audit social qui tient compte de ces évolutions. J- M. Peretti et Jacques Igalens, Alain Meignant, publient de nouveaux ouvrages Voir bibliographie. Le concept (et la pratique) éveille un fort intérêt dans plusieurs pays. Plusieurs d’entre eux créent des IAS nationaux qui s’associent au réseau international des IAS. En 2008, un manuel d’audit social est publié en Russie sous la Direction du Professeur Youri Popov.
Acquisition, financement et cessions d'entreprises: Instruments financiers, structures d'acquisition et mécanismes de contrôle sous l'angle fiscal, comptable et financier