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Master Spécialisé en Finances, audit et contrôle de gestion

(FACG)

Le rôle des organes de traitement

des difficultés des entreprises

Formateur
 M. RESSA Ahmed
Module
 Droit des difficultés des entreprises

Groupe réalisateur :
 ATTAOUI Kenza
 ALLOUCH Aiyda
 ECHKEM Sahar
 EL AYACHI Kaoutar
 SAMADI Houda
 ZOUHRI Laila

Année académique 2019-2021


Version définitive
26/03/2020
PLAN

Introduction ..................................................................................................................................................................... 3
I. Déclenchement des procédures de traitement des difficultés des entreprises ................................................................ 4
1) Les conditions d’ouverture des procédures de traitement des difficultés des entreprises............................................. 4
1.1 Les conditions de fond ................................................................................................................................. 4
1.2 Les conditions de forme ............................................................................................................................... 6
II. Organes de traitement des difficultés des entreprises : Nomination et rôles .................................................................11
1) Nomination des organes de traitement des difficultés des entreprises .....................................................................11
1.1 Le tribunal .................................................................................................................................................11
1.2 Le juge commissaire ..................................................................................................................................13
1.3 Le syndic ..................................................................................................................................................14
1.4 Les contrôleurs ..........................................................................................................................................16
2) Rôles des organes de traitement des difficultés des entreprises : ...........................................................................17
2.1 Le tribunal .................................................................................................................................................17
2.2 Le juge commissaire ..................................................................................................................................18
2.3 Le syndic ..................................................................................................................................................19
2.4 Les contrôleurs ..........................................................................................................................................25
Conclusion ....................................................................................................................................................................26
Bibliographie .................................................................................................................................................................27
Droit des difficultés des entreprises

Introduction

Durant la vie des entreprises plusieurs éléments perturbateurs peuvent influencer son exploitation,
d’où la nécessité pour les entreprises marocaines l’adaptation aux exigences de l’environnement
économique et financier et doivent alors, pour être efficaces, prendre en considération toutes les
difficultés que peuvent rencontrer.
Le contexte économique, dans sa globalité, impose aujourd’hui à l’entreprise marocaine les
exigences de la mise à niveau économique et juridique, de l’élimination progressive des barrières
douanières, au terme des accords d’association avec l’union Européenne, et des divers
engagements économiques conclus avec l’OMC1, et ce, dans un contexte de compétitivité accrue
des marchés internationaux. Cet environnement économique, fiscal et administratif et l’évolution des
modes de financement (faiblesse des capitaux propres et recours systématiques aux concours
bancaires aux taux relativement élevés).
En citant à titre d’exemple, Casablanca est à la fois le cœur économique du Royaume et la plus
grande juridiction: 388 dossiers uniquement d’entreprises en difficulté jugés en 2017 sans compter
les autres litiges commerciaux. En pratique, ces entreprises, rencontrent quotidiennement des
incidents de fonctionnement, qui risquent d’avoir un impact financier irrémédiable sur leur
exploitation. On peut affirmer que le droit marocain des entreprises en difficulté institue, désormais,
un changement des mentalités à l’égard des entreprises en difficultés ; l’accent étant désormais mis
sur la prévention de l’entreprise et sur la nécessité de sauvegarder l’entreprise en tant qu’entité
viable et génératrice d’emplois. Ces actions sont applicables à l’aide des organes que l’on va traiter
et montrer ses rôles et ses missions dans cette recherche.
Ce travail sera divisé en deux parties : dans la première partie nous allons traiter le déclenchement
des procédures de traitement des difficultés des entreprises tout en mettant le point sur les
conditions de fond comme première sous-partie et les conditions de forme comme deuxième sous-
partie.
Nous présenterons ensuite dans une deuxième partie les rôles des organes de traitement des
difficultés des entreprises après avoir présenté chaque organe.

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OMC : Organisation mondiale du commerce
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Droit des difficultés des entreprises

I. Déclenchement des procédures de traitement des difficultés des


entreprises
Les procédures de traitement des difficultés de l’entreprise sont applicables à tout commerçant, à
tout artisan et à toute société commerciale qui n’est pas en mesure de payer ses dettes exigibles à
l’échéance y compris celles qui sont nées de ses engagements conclus dans le cadre de l’accord
amiable. Ces procédures appelées redressement ou liquidation judicaire obéissent à des conditions
de fond et de forme. Par ailleurs, le législateur a prévu des organes particuliers pour l’exécution et la
surveillance de ses procédures, enfin il a réglementé les droits des créanciers du débiteur défaillant

1) Les conditions d’ouverture des procédures de traitement des difficultés des


entreprises
L’ouverture des procédures de traitement des difficultés de l’entreprise obéissent à des conditions
de fond et des conditions de forme

1.1 Les conditions de fond


Les conditions de fond se rapportent à la qualité du débiteur et à la cessation de paiement.

a. La qualité du débiteur

Au terme de l’article 575 du Titre IV du code de commerce, la procédure de redressement


judiciaire est appliquée à toute entreprise commerciale en cessation de paiement.
La notion d’entreprise est définie par l’article 546 du livre V qui cite toute personne physique
commerçante ou une société commerciale. Cet article précise également ce qu’on entend par chef
d’entreprise, il s’agit de la personne physique débitrice ou du représentant légal de la personne
morale débitrice.
La procédure peut être ouverte à l’entente d’un commerçant qui a mis fin à son activité ou qui est
décédé dans l’année de sa retraite ou dans les six mois de son décès si la cessation de paiement
est antérieure à ces événements.
En cas de décès du débiteur personne physique, ses héritiers ou leur représentant doivent dans les
15 jours qui suivent leur notification par le syndic désigner celui qui les représentent dans la
procédure. A défaut de cette désignation, le juge commissaire à la demande du syndic charge l’un
parmi eux de cette mission. Le juge commissaire peut procéder au changement du représentant des

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Droit des difficultés des entreprises

héritiers pour une raison légitime. Dans les deux cas, les héritiers sont notifiés de la décision prise.
La procédure peut être ouverte à l’encontre d’un associé tenant solidairement dans une société au
nom collectif dans le délai d’un an à partir de sa retraite lorsque l’état de cessation de paiement est
antérieur à cette retraite

b. La cessation de paiement

L’ouverture des procédures de traitement des difficultés de l’entreprise est subordonnée à la


condition de la cessation de paiement du débiteur concerné. La notion La cessation de paiement est
définie par l’article 575 du code de commerce: « il s’agit de la situation de l’entreprise qui se
trouve dans l’impossibilité ses dettes échues, exigibles du fait de l’insuffisance de son actif
disponible, y compris les créances nées des engagements conclus dans le cadre de l’accord
amiable indiqué à l’article 556 ci-dessous. »

Cette dernière vise un débiteur qui ne parvient pas à honorer ses engagements du fait que son
passif dépasse son actif. En revanche, la cessation de paiement vise le cas du commerçant qui est
en arrêt matériel de paiement mais qui peut être parfaitement solvable en ce sens que son actif est
supérieur à son passif.
Cependant, le seul fait du défaut de paiement ne suffit pas à caractériser la cessation de paiement.
Il faut que le débiteur se trouve dans une situation désespérée qui le place dans l’impossibilité de
faire face à son passif exigible.
Les procédures de traitement des difficultés de l’entreprise étant une institution spécifique au droit
commercial, certains auteurs ont considéré qu’il faut limiter la cessation de paiement exclusivement
aux dettes commerciales. Par conséquent, le refus de paiement d’une dette civile n’entraînerait pas
selon ces auteurs l’ouverture des procédures de traitement des difficultés de l’entreprise.
Ce point de vue a été définitivement écarté par le nouveau code de commerce qui dispose dans son
article 578 : « la procédure peut être ouverte sur l’assignation d’un créancier quelle que soit la
nature de sa créance. ». Ainsi, le défaut de paiement d’une dette quelconque civile ou commerciale
permet l’ouverture des procédures de traitement des difficultés de l’entrepris. Toutefois, ces
procédures ne peuvent être déclenchées que si le débiteur ne paye pas une dette liquide et exigible.
Il faut que les dettes impayées ne soient contestées ni dans leur existence ni dans leur montant.

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Droit des difficultés des entreprises

1.2 Les conditions de forme

a. Le jugement d’ouverture

 La compétence territoriale
Le tribunal compétent pour prononcer une procédure de traitement des difficultés de l’entreprise
est le tribunal du lieu du principal établissement du commerçant ou du siège social de la société.
Article 563.

 La compétence matérielle

Conformément aux dispositions de l’article 581 du code de commerce marocain elle revient aux
juridictions commerciales. De ce fait, le tribunal de commerce qui a ouvert la procédure de
traitement des difficultés est également compétent pour toutes les actions qui s’y rattachent.
Sera particulièrement considérée comme une action relevant de cette compétence, l’action se
rapportant l’administration de la procédure ou celle dont la solution requiert l’application de la
législation relative au droit des entreprises en difficulté.

Enfin, le tribunal initialement saisi demeure compétent s’il se révèle que la procédure doit être
étendue à une ou plusieurs entreprises par suite d’une confusion de leur patrimoine. Article 585

Le tribunal statue sur la procédure après avoir entendu ou dûment appelé le chef d’entreprise en
chambre de conseil (c'est à dire qu’il ne sera pas appelé en audience publique), il peut
également entendre toute personne dont l’audition lui paraît utile sans qu’elle puisse invoquer le
secret professionnel. Il peut également requérir l’avis de toute personne qualifiée, il statue au
plus tard dans les 15 jours de sa saisine, Article 582

Il prononce le redressement judiciaire. Si la situation de l’entreprise n’est pas irrémédiablement


compromise, à défaut, c’est la liquidation judiciaire qui est prononcée. Article 583

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Droit des difficultés des entreprises

 Le régime juridique du jugement :

 Le jugement d’ouverture de la procédure

Fixe la date de la cessation de paiement et désigne les organes de la procédure.

- fixation de la date de cessation de paiement

La date de cessation de paiement doit être fixée dans le jugement d’ouverture.

- désignation des organes de la procédure

Le jugement d’ouverture des procédures de traitement doit désigner les personnes qui seront
chargées de suivre et de contrôler la procédure. A cet effet, le tribunal désigne un de ses membres
en qualité de juge commissaire. Par ailleurs, le tribunal nomme un syndic dont la fonction est
exercée par le greffier. Toutefois, le tribunal peut le cas échéant confier cette mission à un tiers.

 la publicité du jugement d’ouverture

L’état de redressement ou de liquidation judiciaire créé par la décision du tribunal va s’imposer à


tous, il est donc nécessaire de faire connaître aux tiers la nouvelle situation juridique du débiteur,
d’autant plus que ce jugement prend effet à partir de sa date. A l’égard des créanciers, ce jugement
permettra aux personnes prétendant avoir une créance ou être propriétaires d’un bien meuble, de
faire valoir leurs droits dans des délais précis sous peine de forclusion.

Tout cela explique la quadruple publicité qui a été prévue par le législateur en ce domaine :

En premier lieu, le jugement d’ouverture doit être mentionné sans délai au registre du commerce.

En second lieu, dans un délai de 8 jours de la date du jugement, un avis de la décision est publié
dans un journal d’annonces légales et au bulletin officiel. Cet avis invite les créanciers à déclarer
leurs créances au syndic désigné.

En troisième lieu, l’avis du jugement d’ouverture doit être affiché par les soins du greffier, aux
panneaux réservés à cet effet au tribunal. En dernier lieu, et dans le même délai de 8 jours, le
jugement est notifié à l’entreprise par les soins du greffier. Article 584

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Droit des difficultés des entreprises

 Les voies de recours

Les jugements d’ouverture de traitement des difficultés et les ordonnances rendues en cette matière
sont exécutoires par provision (c'est à dire immédiatement sans attendre la publicité).
L’opposition et la tierce opposition sont formées contre les décisions rendues en matière de
redressement et de liquidation judiciaire et de déchéance commerciale par déclaration au greffe du
tribunal dans un délai de 10 jours à compter du prononcé de la décision ou de sa publication au
bulletin officiel si cette publication est prescrite.
L’appel doit être interjeté dans un délai de 10 jours à compter de la notification de la décision.
Toutefois, à l’égard du syndic, le délai court à compter de la date de la décision. Enfin, le pourvoi en
cassation est formé dans le délai de 10 jours de la notification de l’arrêt.
Quant au recours à l’encontre des décisions en matière de banqueroute et d’autres infractions, elles
sont soumises aux dispositions du code de procédure pénale.

b. La saisine du tribunal

La saisine du tribunal peut être opérée par le débiteur lui-même, ses créanciers ou par la saisine
d’office du tribunal ou sur requête du ministère public. Article 576 et Article 578.

- La demande du débiteur

Conformément aux dispositions de l’article 577 tout débiteur réunissant les conditions
précédemment évoquées doit faire une demande au tribunal pour l’ouverture d’une procédure de
redressement et de liquidation judiciaires dans les 15 jours suivant la cessation de ses paiements.
Cette demande doit être accompagnée des documents suivants :

 Les états de synthèse du dernier exercice comptable, visés par le commissaire aux comptes
s’il en existe;
 L’énumération et l’évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers de l’entreprise ;
 La liste des débiteurs avec l’indication de leurs la dresses, e montant des droits de
l’entreprise et garanties à la date de cessation de paiement ;
 La liste des créanciers avec l’indication de leurs adresses, le montant de leurs créances et
garanties à la date de cessation de paiement ;
 Le tableau des charges ;

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Droit des difficultés des entreprises

 La liste des salariés, ou leurs représentants s’ils existent ;


 Copie du modèle 7 du registre de commerce ;
 Le bilan de l’entreprise pendant le dernier trimestre.

L’ensemble de ces documents doit être daté, signé et certifié par le chef d’entreprise. Dans le cas
où l’un de ces documents ne peut être fourni, ou ne peut l’être qu’incomplètement, la déclaration
doit contenir l’indication des motifs qui empêchent cette production. Le greffier atteste de la
réception de ces documents.

- L’assignation par les créanciers

Tout créancier a le droit de demander l’ouverture des procédures de traitement des difficultés d’une
entreprise à l’encontre de son débiteur qui a cessé ses paiements. L’action du créancier a un
caractère particulier en ce sens qu’elle a pour but de constater l’état de son débiteur et qui va
produire des conséquences légales.

Le créancier ne demande pas le paiement ou la saisie des biens, et de ce fait n’est pas dans
l’obligation de produire un titre exécutoire. La qualité de la créance est indifférente dès lors que le
demandeur est en état de prouver l’état de cessation de paiement de son débiteur.

- la saisie d’office

Cette modalité de saisine est prévue à l’article 563 du nouveau code de commerce en son alinéa 2
Afin d’éviter qu’une décision ne soit rendue sur la base d’une information insuffisante, le législateur
a subordonné la saisie d’office à la condition que le débiteur soit entendu ou dûment appelé.

Le droit du tribunal de prononcer d’office l’ouverture des procédures de traitement des difficultés de
l’entreprise entraîne des conséquences importantes.

Ainsi, lorsque c’est le débiteur qui demande l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire,
le tribunal peut d’office prononcer la liquidation judiciaire. Inversement, le tribunal peut refuser le
prononcé de la liquidation judiciaire sollicitée par le créancier et prononcer d’office le redressement
judiciaire. Par ailleurs, la déclaration d’office peut intervenir au cours d’une instance formée par des
créanciers si le tribunal reconnaît que l’assignation est irrégulière alors que les conditions de fond
pour l’ouverture des procédures de traitement sont réunies.

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Droit des difficultés des entreprises

Le tribunal peut également prononcer d’office l’ouverture des procédures de traitement lorsque les
conditions sont réunies sur une assignation en paiement dirigée contre l’entreprise débitrice. Enfin,
si le redressement judiciaire est prononcé, le tribunal peut toujours d’office le convertir en liquidation
judiciaire.

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Droit des difficultés des entreprises

II. Organes de traitement des difficultés des entreprises : Nomination et rôles

Avant d’entamer le rôle des organes de traitement des difficultés des entreprises, il est jugé utile de
faire une présentation de ces organes, leurs missions génériques et leur positionnement juridique.
Les organes responsables pour le traitement des difficultés des entreprises sont à titre de quatre
organes à savoir :
 Le tribunal ;
 Le juge-commissaire;
 Le syndic ;
 Les contrôleurs.

1) Nomination des organes de traitement des difficultés des entreprises

1.1 Le tribunal

L’organisation judiciaire du Royaume est définie par les dispositions du Dahir du 15 juillet 1974
modifié et complète par la loi du 10 septembre 1993
Selon le 1er article de ce texte, l’organisation judiciaire comprend les juridictions suivantes :

 Les juridictions de droit commun ;


 Les juridictions spécialisées ;
 Les juridictions d’exception.

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Droit des difficultés des entreprises

Le premier organe qui intervient pour le traitement des entreprises en difficulté est le tribunal, c’est
pour ainsi qu’on va mettre le point sur les juridictions spécialisées (Les tribunaux commerciaux) :

Les juridictions de commerce


De création récente, crées par la loi n° 53.95 votée en 1997, et elles fonctionnent depuis 19982.
Les tribunaux de commerce et les cours d'appel de commerce s'inscrivent dans le cadre de la
modernisation du système judiciaire marocain.

Organisation
 Chaque tribunal de commerce comprend :

Un président, des vices présidents et des magistrats ; Ministère public composé du procureur du roi
et de un ou plusieurs substituts ; Un greffe et un secrétariat du parquet.

 Les cours d’appel de commerce comprennent :

Un premier président, des présidents de chambre et des conseillers ; Un ministère public composé
d’un procureur général du roi et substituts ; Un greffe et un secrétariat du ministère public.

Attributions
Les tribunaux de commerce sont au nombre de 10 installés dans les villes suivantes :
Rabat, Casablanca, Fès, Tanger, Marrakech, Meknés, Agadir, Oujda, Settat et Laayoune.
Ces juridictions ont comme compétence pour juger les actions suivantes :
 Des actions relatives aux contrats commerciaux ;
 Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales ;
 Des actions relatives aux effets de commerce ;
 Des différends entre associés d’une société commerciale ;
 Des différends relatifs aux fonds de commerce.
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître en premier et dernier ressort des
demandes dont les principales n’excèdent pas la valeur de vingt mille dirhams (20000Dh).
Ils sont compétents uniquement en premier ressort pour toutes les demandes d’une valeur
supérieur à ce montant, les appels devant être portés devant les cours d’appel de commerce.

2
Source : Site du Ministère de la Justice, Maroc

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Droit des difficultés des entreprises

1.2 Le juge commissaire

Définition

Le juge commissaire est un magistrat du Tribunal de Commerce nommé dans le jugement


d´ouverture d’une procédure collective. Il est affecté, entre autres juges de la juridiction concernée,
à la Chambre des procédures collectives.
Le juge commissaire est généralement lui-même un commerçant (par exemple, le chef d’une
entreprise enregistrée au registre du commerce). Cette particularité optimise son aptitude à
effectuer les modalités nécessaires à sa mission, ainsi qu’à traiter correctement aux demandes du
mandataire de justice.

Comme le définissait également le dictionnaire juridique français :


« Le juge-commissaire est un personnage ancien. L'œuvre de Balzac, César Birotteau, le décrivait
comme un personnage généralement muet. Cependant, sa fonction a évolué dans le temps,
notamment par la Loi de Sauvegarde des entreprises en difficulté du 26 juillet 2005. À tel point
que, de nos jours, il est désigné comme le "chef d'orchestre" des procédures de traitement des
difficultés de l'entreprise. »
Sa fonction est décrite à l'article L621-9 du code de commerce français : il est chargé de "veiller
au déroulement rapide de la procédure et à la protection des intérêts en présence".
L'énoncé général de sa mission lui permet d'agir à de multiples périodes du traitement de
l'entreprise en état de défaillance. Il est l'organe pivot de l'information. Il exerce son activité en
étroite collaboration avec les autres acteurs de la procédure collective, notamment de
l'administrateur ou du Liquidateur judiciaire dont il reçoit les informations utiles sur demande ou
d'office. Il en va de même avec le Ministère public (France).

Missions

Juridiquement, sa mission officielle consiste à « veiller au déroulement rapide de la procédure et à


la protection des intérêts en présence ». Cette tâche globale inclut également :

 Autoriser des cessions partielles d’actifs ;


 Autoriser la signature de contrats ;
 Autoriser l’ouverture de comptes bancaires ou de transactions particulièrement importantes.

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Droit des difficultés des entreprises

1.3 Le syndic

Le statut

Le jugement qui prononce l’ouverture des procédures de traitement des difficultés désigne le syndic,
la fonction de syndic peut être assurée par le greffe du tribunal ou le cas échéant par un tiers et ce
dans l’attente d’un texte règlementaire qui définira les compétences nécessaires pour exercer les
fonctions de syndic et sa rémunération.

Le tribunal peut remplacer le syndic à la demande du :

 Du ministère public ;
 De l’assemblée des créanciers ;
 Du juge commissaire d’office ou sur réclamation du chef de l’entreprise ou d’un créancier ;
 Du chef de l’entreprise ou du créancier dont la réclamation n’a pas fait l’objet de décision par
le juge commissaire dans un délai de 15 jours.

Le syndic révoqué est tenu de remettre au nouveau syndic tous les documents relatifs à la
procédure et un rapport des comptes y attachés dans un délai de 10 jours à compter de la date de
sa révocation. Le syndic révoqué reste tenu au secret professionnel.

Définition

Le syndic est chargé de contrôler l’exécution du plan de sauvegarde et de mener les opérations de
redressement et de liquidation judiciaire à partir du jugement d’ouverture jusqu’à la clôture de la
procédure. Il surveille l’exécution du plan de continuation ou de cession, aussi le syndic procède à la
vérification des créances sous le contrôle du juge-commissaire.

Missions

Dans l’exécution de sa mission, le syndic est tenu au respect des obligations légales et
conventionnelles incombant au chef de l’entreprise, il informe le juge commissaire du déroulement
de la procédure. Le syndic et le juge commissaire peuvent à tout moment requérir la communication
de tout contrat ou document relatif à la procédure.

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Droit des difficultés des entreprises

Le procureur du Roi communique au juge commissaire sur la demande de celui-ci ou d’office


nonobstant toute disposition législative contraire tous les renseignements qu’il détient et qui peuvent
être utile à la procédure diligentée par le syndic sous réserve des droits reconnus aux contrôleurs et
à l’association des créanciers, le syndic est seul qualifié pour agir au nom et dans l’intérêt des
créanciers dans le respect des droits qui leurs sont reconnus.

Le syndic prend toute mesure pour informer et consulter les créanciers, il communique au juge
commissaire les observations qui lui sont adressées par les contrôleurs.

Responsabilité du syndic

Dans l’exercice de sa mission, le syndic assume une responsabilité civile et pénale.

La responsabilité civile est engagée conformément aux règles du droit commun quant à la
responsabilité pénale, elle est définie par l’article 757 du code de commerce qui prévoit la peine
de la banqueroute de tout syndic ayant commis l’un des faits suivants :

 Avoir porté sciemment et de mauvaise foi atteinte aux intérêts des créanciers soit en utilisant
à des fins personnelles et qui sont perçues dans l’accomplissement de sa mission soit en
attribuant des avantages qu’il savait n’être pas dû ;
 Avoir fait illégalement des pouvoirs qui lui sont dument conférer un usage autre que celui
auxquels ils sont destinés et contrairement aux intérêts des créanciers et du débiteur ;
 Avoir abusé des pouvoirs dont il dispose aux fins d’utiliser ou d’acquérir pour son compte des
biens du débiteur soit personnellement soit par personne interposée ;
 Avoir refusé de réaliser la passation de pouvoir au nouveau syndic par suite de son
remplacement par application de l’article 677 (2ème alinéa) du code de commerce.
 Les peines applicables sont d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de
10.000 à 100.000 DHS ou l’une de ces deux peines seulement.

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Droit des difficultés des entreprises

1.4 Les contrôleurs

Le statut

Le juge commissaire désigne un à trois contrôleurs parmi les créanciers qui lui font la demande. Les
contrôleurs peuvent être des personnes physiques ou des personnes morales. Lorsque le juge
commissaire désigne plusieurs contrôleurs, il veille à ce qu’au moins l’un d’eux soit choisi parmi les
créanciers titulaires et qu’un autre choisi parmi les créanciers chirographaires. Aucun parent ou allié
jusqu’au 4ème degré inclusivement du chef d’entreprise ne peut être nommé contrôleur ou
représentant d’une personne morale désignée comme contrôleur. Les contrôleurs peuvent être
révoqués par le tribunal sur proposition du juge commissaire ou du syndic. Les contrôleurs sont
tenus par le secret professionnel.

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Droit des difficultés des entreprises

2) Rôles des organes de traitement des difficultés des entreprises :


Le caractère distributif des procédures collectives implique l’intervention des plusieurs acteurs
judiciaires et non judiciaire dont le tribunal détient une autorité prééminente. Le législateur a choisi
le juge comme moteur des procédures en cas de difficulté d’entreprise.

2.1 Le tribunal
Dans la phase d’ouverture de jugement, le tribunal désigne le juge-commissaire et le syndic et un
suppléant du juge-commissaire investi des mêmes missions en cas d’empêchement de ce dernier :
article 670 du code de commerce.

Le tribunal a la prééminence à travers la direction générale de la procédure pour centraliser de la


procédure afin d’éviter la multiplication des compétences juridictionnelle.

Le tribunal qui rend le jugement d’ouverture détient le pouvoir d’administration et de direction de la


procédure. A cet effet, il dispose d’une compétence élargie pour connaître toutes les contestations
découlant des procédures de redressements et de liquidations judiciaires, tel l’extension des
procédures à une entreprise du fait de la confusion du patrimoine, ou aux dirigeants de l’entreprise
lorsque les conditions sont réunies.

En ce qui concerne la compétence territoriale : selon l’article 566 du code de commerce


marocain: est compétent le tribunal du lieu du principal établissement ou du lieu du siège social,
pour :

 Ouverture des procédures collectives ;


 Fixation de la date de cessation de paiement ;
 Nomination des organes de la procédure ;
 Détermination des pouvoirs du syndic et du chef d’entreprise (sauf cas de la liquidation) ;
 Remplacement des organes de la procédure ;
 Arrêté du plan de redressement ;
 Autorisation des licenciements.

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Droit des difficultés des entreprises

2.2 Le juge commissaire

Le juge-commissaire est chargé de veiller au déroulement rapide de la procédure et à la protection


des intérêts en présence : Article 671 du code de commerce marocain.
Le but d’introduire cette institution judiciaire en plus de l’intervention du tribunal consiste dans la
volonté de faire suivre et d’accélérer la procédure par un organe quasi permanent.
Afin d’accomplir son rôle, le juge commissaire reçoit des infos de diverses sources, à savoir :
Le syndic, les contrôleurs, les créanciers, et le procureur du roi.
Il dispose des pouvoirs suivants qui sont définis par l’article 638, il intervient selon 4 niveaux :

Vis-vis du personnel de la procédure :

 Il surveille l’activité du personnel de la procédure et essayer d’établir un point d’équilibre ;


 Il nomme le représentant des créanciers ;
 Il proposer la révocation du syndic et du créancier ;
 Il dispose du pouvoir de demander le remplacement du syndic ;
 Il arrête l’état des créances et prend la décision de procéder ou non à la vérification des
créances ;
 Il désigne enfin un à trois contrôleurs parmi les créanciers qui lui font la demande, ils peuvent
être des personnes physiques ou des personnes morales : Article 678 du code de
commerce marocain.

Vis-à-vis des créanciers :

Le juge commissaire statue comme juridiction de premier degré sur l’admission des créances, donc
il joue un rôle décisif dans la procédure des admissions des créanciers. Sa décision est successible
de recours devant le tribunal de commerce.

Au niveau de la gestion de l’entreprise :

Il a le pouvoir d’ordonner ou d’autoriser un grand nombre d’actes qui dépassent la compétence du


syndic ou du débiteur sans aller jusqu’à requérir l’intervention du tribunal : Article 672 du code de
commerce marocain. Ex : constitution d’hypothèque par le syndic ou le débiteur.

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Droit des difficultés des entreprises

Au niveau de la liquidation

 Il arbitre entre les différentes offres d’achat en fonction des solutions présentées par les
cessionnaires vis-à-vis de l’emploi
 Il prend la décision de la forme de la cession : vente aux enchères publiques ou gré à gré.

2.3 Le syndic

Le syndic est chargé de contrôler l’exécution du plan de sauvegarde et de mener les opérations de
redressement et de liquidation judiciaire à partir du jugement d’ouverture jusqu’à la clôture de la
procédure.

Il surveille l’exécution du plan de continuation ou de cession.

Il procède aussi à la vérification des créances sous le contrôle du juge-commissaire.

Dans sa mission, le syndic est tenu de respecter les obligations légales et conventionnelles : Article
673 du code de commerce marocain.

Le syndic propose soit un plan de redressement assurant la continuité de l’entreprise ou sa cession


à un tiers, soit la liquidation judiciaire.

 Le rôle du syndic dans la phase du redressement judiciaire

Le jugement de redressement ouvre une période d’attente qui permet au syndic de dresser dans un
rapport le bilan financier, économique et social de l’entreprise avec le concours du débiteur et
l’assistance éventuelle d’un ou plusieurs experts.
Ce bilan doit préciser l’origine, l’importance et la nature des difficultés de l’entreprise et aide le
syndic à proposer au juge commissaire, pendant la durée de quatre moi renouvelable une seule fois
à sa demande, un projet de plan de redressement tendant soit à la continuation soit à la cession de
l’entreprise.

Le projet de plan contenu dans le rapport du syndic définit les modalités de règlement du passif et
les garanties éventuelles souscrites par toute personne pour en assurer l’exécution. La substance
du plan ainsi circonscrite démontre l’attachement fort et exclusif du législateur à l’objectif de
préserver les intérêts des créanciers, sans se préoccuper des autres intérêts liés à l’entreprise,
particulièrement ceux des salariés et du marché d’activité de l’entreprise.

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Droit des difficultés des entreprises

Le plan contient généralement des prescriptions concernant le règlement des dettes de l’entreprise.
Pour ce, les propositions de règlement des dettes sont, au fur et à mesure de leur élaboration et
sous la surveillance du juge-commissaire, communiquées aux contrôleurs par le syndic. Ce dernier
recueille individuellement ou collectivement l’accord de chaque créancier qui a déclaré sa créance,
sur les délais et remises qu’il leur demande pour assurer la bonne exécution du plan de
continuation. (Article 601 du code de Commerce).

Qu’il s’agisse d’une consultation individuelle ou collective, la lettre du syndic comporte en annexe :
(article 601 du code de Commerce).

- Un état de la situation active et passive, avec indication détaillée du passif privilégié et


chirographaire;
- Les propositions du syndic et du chef de l’entreprise et des garanties offertes;
- L’avis des contrôleurs.

1- Continuation de l’entreprise
- Modalités d’exécution du plan : Dans le but de préserver l’actif de l’entreprise et accroître les
chances de succès du plan, le tribunal peut prendre certaines mesures concernant les biens de
l’entreprise. Il peut « décider que les biens qu’il estime indispensables à la continuation de
l’entreprise ne Pourront être aliénés pour une durée qu’il fixe, sans son autorisation.Par
conséquent, une vente réalisée en violation de cette inaliénabilité pourrait être annulée à la
Demande de tout intéressé. La demande d’annulation doit être présentée dans le délai de 3 ans
À compter de la conclusion de l’acte ou de sa publication. L’inaliénabilité des biens est inscrite
au registre du commerce de l’entreprise. » (article 626 du code de Commerce).
- Administration de l’entreprise : Le chef d’entreprise est maintenu à la tête de l’entreprise dont
il assure la gestion. Dans le cas où l’entreprise a fait l’objet d’une interdiction d’émettre des
chèques, pour des faits antérieurs au Jugement d’ouverture, le tribunal peut suspendre cette
interdiction pendant la durée d’exécution Du plan.
- Modification du plan : A la demande du chef d’entreprise et sur rapport du syndic, le tribunal,
seul, peut décider des Modifications dans les objectifs et les moyens du plan. Une telle décision
n’est prise qu’après que le tribunal ait entendu ou dûment appelé les parties et toute personne
intéressée.

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Droit des difficultés des entreprises

- Inexécution du plan de continuation : En cas d’inexécution de ses engagements par le


débiteur, le tribunal peut prononcer la résolution du plan. Il peut, pour cela, se saisir d’office ou
prononcer la résolution du plan à la Demande d’un créancier et après avoir entendu le syndic.

Lorsqu’il prononce la résolution du plan, le tribunal doit aussi décider la liquidation judiciaire de
L’entreprise qui prend, dans ce cas, le caractère d’une liquidation –sanction.

2- La cession

Elle est décidée par le tribunal lorsque celui-ci estime qu’elle constitue la meilleure solution pour
sauvegarder les intérêts de l’entreprise et de ses emplois et pour apurer le passif.
Modalités de cession :

L’objet de la cession :

Le tribunal peut ordonner une cession totale ou partielle. Dans ce dernier cas, elle doit porter sur
Une branche complète et autonome d’activité. » (Article 635 du code de Commerce).

Le tribunal détermine les contrats de crédit-bail, de location ou de fournitures de biens ou Services


qui sont nécessaires au maintien de l’activité de l’entreprise et qui doivent être inclus Dans la
cession. Le tribunal ne décide toutefois du transfert d’un contrat qu’après avoir pris connaissance
des Observations du cocontractant transmises par le syndic d’une part, et qu’après avoir convoqué
Le cocontractant concerné à l’audience d’autre part. » (Article 638 du code de Commerce).

L’offre des repreneurs

Les offres d’acquisition de l’entreprise peuvent se faire dès le jugement qui ouvre la procédure de
Redressement judiciaire. Elles sont communiquées au syndic dans le délai qu’il a fixé et qu’il a
Porté à la connaissance des contrôleurs. Un délai de 15 jours minimum doit s’étendre entre la
réception d’une offre et l’audience au cours De laquelle le tribunal examine cette offre. L’article 604
indique les informations que doit comporter l’offre. Il s’agit des informations suivantes:
 Les prévisions d’activité et de financement.
 Le prix de cession et les modalités de règlement.
 La date de réalisation de la cession.
 Le niveau et les perspectives d’emploi.

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Droit des difficultés des entreprises

 Les garanties souscrites en vue d’assurer l’exécution de l’offre.


 Les prévisions de cession d’actifs au cours des deux années suivant la cession. Des
explications complémentaires peuvent être demandées par le juge commissaire. » (Article
636 du code de Commerce).

Le choix du tribunal :

Le tribunal choisit parmi les acquéreurs potentiels celui qui peut vraisemblablement assurer le
Plus durablement l’emploi et l’apurement du passif. Pour apprécier le caractère plus au moins
sérieux de l’offre, le juge peut se fonder sur différents critères tels que: (la solidité financière des
repreneurs, les garanties offertes, la situation du marché…). Mais le tribunal n’a pas toujours
cette opportunité de choisir. Lorsqu’il n’y a qu’une offre unique de reprise, il peut s’avérer
préférable de l’accepter plutôt que de liquider l’entreprise.

Les effets de la cession

A l’égard du cessionnaire:

- L’article 642 interdit au cessionnaire d’aliéner, donner en garantie ou donner en location gérance
Les biens de l’entreprise, sauf autorisation du tribunal. Cette interdiction vise à protéger les biens de
l’entreprise en évitant qu’ils ne soient immédiatement vendus pour payer le prix de la reprise. Le
cessionnaire peut se voir imposer par le tribunal une clause d’inaliénabilité de tout ou partie Des
biens cédés pour une durée qu’il fixe.

Tout acte passé en violation des interdictions d’aliéner est passible d’annulation à la demande de
tout intéressé présentée dans le délai de trois ans à compter de la conclusion de l’acte ou de sa
publication lorsque celle-ci est requise par la loi. (Article 644 du code de Commerce).

-Le cessionnaire est tenu d’exécuter les engagements souscrits dans le cadre du plan. Dans le cas
contraire, le tribunal peut, d’office, à la demande du syndic ou d’un créancier prononcer la résolution
du plan (article 645 du code de Commerce).

A l’égard des créanciers :


Alors que la cession partielle effectuée dans le cadre du plan de continuation de l’entreprise
n’emporte pas exigibilité immédiate des créances, la cession totale, elle, rend exigibles les dettes

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Droit des difficultés des entreprises

non échues. Le prix de cession est réparti par les soins du syndic entre les créanciers suivant leur
rang. Lorsque des biens grevés d’un privilège, d’un nantissement ou d’une hypothèque sont compris
Dans la cession, l’exercice de ces droits par les titulaires est réglementé comme suit par l’article
648 du code de commerce: le tribunal affecte une quote-part du prix à chacun de ces biens pour la
répartition du prix et l’exercice du droit de préférence des créanciers

 Le rôle du syndic dans la phase de la liquidation judiciaire

A tout moment le tribunal peut ordonner la liquidation judiciaire, à la demande du syndic, d’un
contrôleur ou d’office si aucun plan de redressement n’apparaît possible. Ou à l’échec d’un plan
arrêté par le tribunal et proposé par le syndic, dans ce cas le tribunal peut être saisi par le syndic ou
par un créancier (le tribunal peut prononcer immédiatement la liquidation sans passer par procédure
de redressement judiciaire si la situation financière du débiteur est telle qu’il n’est pas en mesure de
présenter un plan de redressement).
Le jugement qui prononce la liquidation judiciaire emporte de plein droit le dessaisissement pour le
débiteur de l’administration et de la disposition de ses biens, tant que la liquidation judiciaire n’est
pas clôturée. Les droits et actions du débiteur concernant son patrimoine sont exercés pendant
toute la durée de la liquidation judiciaire par le syndic. Le débiteur seul ne peut passer un contrat ou
consentir une aliénation ni payer un de ses créancier. Il est toujours représenté par le syndic dans
tous les actes de procédure. Pendant la période de liquidation, si l’intérêt général (le maintien de
l’emploi ou d’une production utile à l’intérêt générale) ou celui des créanciers (écouler un stock dans
les bonnes conditions) l’exige, le maintien de l’activité peut être autorisé par le tribunal pour une
période dont il fixe la durée. L’administration de l’entreprise dans ce cas est assurée par le syndic.
Et les contrats en cours continuent de produire leurs effets. Le maintien de l’activité est
particulièrement propice à l’apparition de créances nouvelles. Ces créances sont payées par priorité
à toutes les créances antérieures au jugement d’ouverture du redressement judiciaire.

1- Réalisation de l’actif

Vente des immeubles : (Article 654)


Après avoir recueilli les observations des contrôleurs, le débiteur et le syndic entendus ou dûment
appelés, le juge commissaire détermine la mise à prix, les conditions essentielles de la vente, et les
modalités de la publicité.
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Droit des difficultés des entreprises

Vente d’unités de production : (Article 654)


Les unités de production composées de tout ou partie de l’actif mobilier ou immobilier peuvent faire
l’objet d’une cession globale par le juge commissaire. Le syndic suscite les offres d’acquisition.
Toute personne intéressée peut soumettre une offre. Mais, ni les dirigeants de la personne morale
en liquidation, ni aucun parent ou allié de ces dirigeants ou du chef d’entreprise peuvent se porter
acquéreurs. Le juge commissaire choisit l’offre qui lui paraît la plus sérieuse et qui permet dans les
meilleures conditions d’assurer durablement l’emploi et le paiement des créanciers.

Vente des autres biens


Le juge commissaire ordonne la vente aux enchères publiques ou de gré à gré des autres biens du
débiteur.

2- L’apurement du passif

Les titulaires de créances nées régulièrement après le jugement d’ouverture de la procédure


exercent leurs droits sans être assujettis à aucune procédure de vérification. Quant aux créanciers
antérieurs, les opérations de vérification sont achevées par le syndic.

Le jugement qui prononce la liquidation judiciaire rend exigibles les créances qui n’étaient pas
échues à la date d’ouverture du redressement judiciaire. Ces créances n’étaient pas devenues
exigible du fait du jugement de redressement judiciaire ; elles le deviennent du fait du jugement de
liquidation judiciaire pour les besoins d’une liquidation globale de l’actif.

A la fin des opérations, le montant de l’actif est réparti entre tous les créanciers.

A tout moment, le tribunal peut prononcer la clôture de la liquidation judiciaire. Il en est ainsi
d’abord, lorsqu’il n’existe plus de passif exigible ou que le syndic dispose de sommes suffisantes
pour désintéresser les créanciers. Ou en second lieu, lorsque la poursuite des opérations de
liquidation judiciaire est rendue impossible en raison de l’insuffisance de l’actif.

Le syndic procède ensuite à la reddition des comptes au débiteur.

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Droit des difficultés des entreprises

2.4 Les contrôleurs

Les contrôleurs assistent le syndic dans ses fonctions et le juge commissaire dans sa mission de
surveillance et l’assistance du syndic et de gestion de l’entreprise.

Ils peuvent prendre connaissance de tous les documents transmis au syndic, ils devront observer la
confidentialité sur les documents et la procédure.

Ils veillent au respect des intérêts des créanciers et leur rendent compte de l’accomplissement de
leur mission à chaque étape de la procédure. Les fonctions des contrôleurs sont accomplies
gratuitement, le contrôleur peut se faire représenter par procuration spéciale par l’un de ses
préposés ou par ministère d’avocat : Article 678 du commerce marocain.

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Droit des difficultés des entreprises

Conclusion

L'entreprise après avoir être en difficulté, elle traverse une période sensible, là ou son activité
connaît une régression, autant la mettre dans la zone rouge.

Parallèlement des textes juridiques spécialement le code de commerce (livre 5) encadre cette
situation par des procédures de préventions ou de sauvegarde selon le cas de l’entreprise et sa
situation, plusieurs intervenants contribuent dans la pratique de ces dernières qui sont le tribunal, le
juge commissaire, les contrôleurs, et le syndic.

Chaque organe intervienne pour une mission et un délai qui sont bien définis, c’est pour ainsi qu’il
faut maîtriser et reconnaître à chaque organe son rôle.

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Bibliographie

 Dahir portant loi n° 1-74-338 du 24 joumada II 1394 (15 juillet 1974) fixant l’organisation
judiciaire du Royaume ;
 Loi n° 53-95 instituant des juridictions de commerce; bulletin Officiel n° 5030 du 6 joumada II
1423 (15 août 2002) ;
 Loi n° 15-95 formant code de commerce marocain ;
 Le code de commerce français (pour la définition d’un juge-commissaire seulement).

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