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chèque
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Principaux sigles et abréviations
Art Article
Al Alinéa
Ed Edition
SA Société anonyme
RC Registre du Commerce
3
SOMMAIRE
Introduction
Conclusion
4
Introduction
Le droit est l’ensemble des règles obligatoires auxquelles sont soumises les personnes vivant
en société. Ces règles sont classées en règles du droit public1 et règles du droit privé2.
L’expression droit des affaires est aujourd’hui couramment utilisée pour désigner les règles
qui régissent la vie des affaires, c’est à dire les entreprises et leurs opérations à titre onéreux
Le droit des affaires comporte un ensemble de droits relatifs aux affaires des entreprises tels
que le droit des contrats, le droit des sociétés, la procédure, le droit fiscal, le droit pénal, le
droit de la consommation, etc. Il réglemente l’activité des commerçants et industriels dans
l’exercice de leur activité professionnelle. Il définit également les actes de commerces
occasionnels produits par des personnes non-commerçantes. La plus grande spécificité du
droit des affaires est d’être pluridisciplinaire avec plusieurs matières intéressant la vie des
affaires.
Les moyens de paiement se définissent comme étant tout instrument qui, quel que soit le
support ou le procédé technique utilisé, permet à toute personne de transférer des fonds.
Rentrent dans la catégorie des moyens de paiement : les espèces3, les effets de
commerce…etc.
Les effets de commerce peuvent être définis comme des titres négociables qui constatent, au
profit du porteur, une créance de somme d’argent et qui servent à son paiement. Ils
comprennent : la lettre de change, le billet à ordre et le chèque, il convient donc de faire une
distinction entre ces différents moyens de paiement.
La lettre de change et le billet à ordre sont à la fois des instruments de paiement et de crédit,
par contre, le chèque est exclusivement un instrument de paiement car il est payable à vue.
Certaines législations imposent le paiement par chèque de certaines transactions
commerciales représentants des montants importants. La législation marocaine a prévu cette
obligation dans son article 406 du code de commerce au terme duquel : « entre commerçants
et pour faits du commerce, tout paiement d’une valeur supérieure à dix mille dirhams doit
avoir lieu par chèque barré ou par virement », cette disposition n’est prévue pour les autres
instruments.
Dans la lettre de change, l’existence de la provision n’est pas indispensable lors de sa
création, elle suffit qu’elle existe à l’échéance. Quant au chèque, la provision doit être
préalablement disponible lors de sa création, le défaut ou l’insuffisance de cette provision est
1
Le droit public est l'ensemble des règles juridiques qui régissent l'organisation et le fonctionnement politique,
administratif et financier des personnes morales et de droit public entre elles, ainsi que des relations entre les
États, entre les organismes internationaux, ainsi que les relations entre les personnes morales de droit public et
les personnes privées. Le droit public défend l'intérêt général avec des prérogatives liées à la puissance
publique.
2
Le droit privé régit les rapports des particuliers entre eux, et comporte des matières telles que le droit civil, la
procédure civile ou le droit international privé. C’est le droit commun, il s’applique à tous.
3
La remise des espèces transfère de façon instantanée le pouvoir d’achat au créancier, et par là, lui apporte la
sécurité.
5
sanctionnée pénalement. Dans un billet à ordre, il n’existe pas de provision car le souscripteur
est à la fois tireur et tiré.
Après l’indépendance le chèque était déjà connu par des marocains et son utilisation devait se
développer progressivement et relativement avec la création de la banque au Maroc, la
restructuration du système bancaire marocain, la promulgation de la loi bancaire en 1967 et sa
modification en 1993 et enfin l’adoption du code de commerce de 1996 qui a été modifié par
la loi de 1997 relative au chèque.
La législation marocaine n’a pas défini le chèque, les différentes définitions données sont
généralement d’origine doctrinales ou jurisprudentielles. Nous retenons, à ce titre la définition
donnée par Michel CABRILLAC 4qui le défini comme suit : « c’est un écrit ou un titre par
lequel une personne appelée tireur ou émetteur donne l’ordre à une banque ou un
établissement assimilé, dit tiré, de payer à une troisième personne appelée bénéficiaire ou
porteur ».
Nombreux sont les utilisateurs du chèque qui ne connaissent pas sa valeur juridique. Pourtant,
ce moyen de paiement est régi par des dizaines d’articles de loi, au niveau du Code de
commerce mais également dans le Code pénal et la réglementation bancaire, qu’il convient de
connaître
Le chèque fait partie du patrimoine du bénéficiaire, celui-ci peu le transmettre, le chèque est
essentiellement un titre payable à vue, son émission est le premier acte de sa mise en
circulation, et rien n’interdit qu’il soit transmis à des porteurs successifs jusqu’à sa
présentation au paiement. Son caractère gratuit lui confère une place d’excellence et explique
pourquoi les marocains y est très attaché.
L’objectif général de ce travail c’est d’apprécier la valeur juridique du chèque ; Il nous est
apparu intéressant de poser la question suivante :
Quelle est la démarche de paiement d’un chèque, et la procédure utilisée dans le cas d’un
incident de paiement ?
De cette question principale découlent les questions subsidiaires suivantes :
Quels sont les conditions de validités d’un chèque ?
Quel est son rôle dans les transactions commerciales ?
Qu’en est-il de son régime de protection et de garantie ?
Pour réaliser cette étude ,nous avons structuré notre travail en deux parties homogènes et
complémentaires, dont la première concerne l’existence juridique du chèque ,cette partie nous
permettra de comprendre les différents conditions de validité d’un chèque dans un premier
chapitre, et dans un deuxième la circulation du chèque ;Tandis que la seconde partie va être
aussi divisées en deux chapitre ,le premier s’intitule le paiement du chèque et le deuxième
chapitre va porter sur le recouvrement du chèque.
4
(24-1-1929 | 3-12-2014) Professeur aux facultés de Droit de Tunis puis Montpellier, fondateur et directeur de
l'Institut d'Etudes Judiciaires de Montpellier
6
Première partie :
L’existence
juridique du chèque
7
Introduction de la première partie :
L’une des principales préoccupations de l’entreprise est d’obtenir dans des
conditions satisfaisantes le règlement des sommes qui sont dues, et s’acquitter
de celles dont elle est redevable. Cette préoccupation ne doit pas être considérée
comme secondaire dans la gestion d’une entreprise. En effet, le choix judicieux
des modalités et des moyens de règlement, et leur emploi adéquat ont sur la vie
de l’entreprise des conséquences directes ; d’où l’intérêt indéniable d’une
connaissance parfaite des mécanismes juridiques les régissant.
Particuliers ;
Sociétés ;
Particuliers et sociétés.
5
Bank Al-Maghrib dénommée avant 1987 « Banque du Maroc » ou Banque Centrale, a été créée le 30 juin 1959
par dahir. Jouant ainsi un des rôles les plus importants dans le développement et la stabilité de l’économie
nationale, en suivant les orientations de la politique économique et financière de chaque gouvernement et ceci
depuis l’indépendance du pays, tout en assurant les rôles de conseiller financier du gouvernement, d’agent du
Trésor et de représentant du gouvernement auprès des institutions financières et monétaires internationales
et dans les négociations des accords financiers internationaux.
Après 2005 et grâce à la loi du 23 novembre 2005, son statut va bénéficier d’une large réforme, élargissant et
modernisant ses missions qui concernent essentiellement aux termes des articles de 5 à 10 de la loi portant
Statut de Bank Al-Maghrib du 23 novembre 2005 :
• l’émission des billets de banque et des pièces de monnaie
• les missions d’arrêter et de mettre en œuvre les instruments de politique monétaire ainsi que la conduite de
la politique de change
• le choix des outils appropriés, parmi ceux prévus par la loi, pour ses interventions sur le marché monétaire en
veillant au bon fonctionnement de ce marché et en assurant son contrôle.
• la réglementation, la supervision et le contrôle des établissements de crédit et des organismes assimilés.
• la responsabilité de veiller au bon fonctionnement et à la sécurité des systèmes de paiement tout en facilitant
les transferts de fonds et en prenant toutes mesures y afférentes. Au niveau du secteur du crédit et grâce à la
loi de 2006, Bank Al-Maghrib dirige et influence les plus importantes institutions de concertation et de
contrôle. Ainsi, le Gouverneur de Bank Al-Maghrib est président du Comité des établissements de crédit et
vice-président du Conseil National du Crédit et de l’Epargne, alors que le vice-gouverneur ou le Directeur
Général de Bank Al-Maghrib est le président de la Commission de Discipline des établissements de crédit.
Renforçant et élargissant ainsi les attributions de Bank Al-Maghrib en matière de surveillance du système
bancaire et financier.
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Chapitre 1 : les conditions de validité du chèque
La création du chèque consiste à rédiger les mentions obligatoires donnant à ce
titre sa valeur, le chèque est un titre formaliste, son porteur doit pouvoir s’assurer
de sa valeur au premier coup d’œil.
Ce chapitre est subdivisé en deux sections : la première portera sur les conditions
du chèque ; et la deuxième section se focalisera sur les éléments obligatoires et
facultatifs du chèque.
9
disposition du porteur. Cette provision étant irrévocable. Il est interdit au
tireur de retirer ou de bloquer la provision
B. La prescription
La prescription du chèque signifie la fin de la date limitée d'un chèque pour
produire des effets économiques et juridiques.
Cette limitation de la date de la prescription6 varie selon la nature de chaque
législation en prenant en considération la lenteur du système ou sa vitesse.
La législation marocaine dans son article 295 du code de commerce dispose :
« l’action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par un an à partir de
l'expiration du délai de présentation, il subsiste une action contre le tireur qui n'a
pas fait provision ou les autres obligés qui se seraient enrichis injustement ».
La législation marocaine et notamment le code de commerce a donné une
marge de temps assez suffisante pour le porteur d'un chèque qui doit se prévaloir
de ces droits patrimoniaux, et cela entre dans le cadre de la motivation vers
l'utilisation du chèque et sa crédibilité.
Section 2 : les éléments obligatoires et facultatifs du chèque
Par le chèque
6
Article 295 et 296 du code de commerce
7
Il est toujours une banque (art 241, al 2) qui est censé payer le chèque, non l’accepter. Le chèque étant
clairement un moyen de paiement à vue, non un instrument de crédit.
10
A. Les mentions obligatoires :
Ainsi que, tout chèque non conforme aux formules délivrées par l’établissement
bancaire ou dans lequel l’une des énonciations obligatoires fait défaut, est réputé
non valable, mais peut être considéré comme un titre ordinaire établissant la
preuve de l’existence d’une créance à l’égard du débiteur.
Il est une autre mention qui figure, la plupart du temps, sur le chèque :
11
Dans ce cas, celui qui sera possesseur du chèque sera considéré comme le
bénéficiaire et la banque devra en régler le montant. Il donne donc la
possibilité au porteur de le remplir lui-même.
C’est une pratique risquée puisque, en cas de perte ou de vol, la
responsabilité du tireur est engagée.
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CHAPITRE V DU CODE DE COMMERCE : LE CHEQUE BARRE
Article 280 : Le tireur ou le porteur d'un chèque peut le barrer avec les effets indiqués dans l'article suivant.
Le barrement s'effectue au moyen de deux barres parallèles apposées au recto. Il peut être général ou spécial. Le
barrement est général s'il ne porte entre les barres aucune désignation ou la mention « établissement bancaire »
ou un terme équivalent. Il est spécial si le nom d'un établissement bancaire est inscrit entre les deux barres. Le
barrement général peut être transformé en barrement spécial, mais le barrement spécial ne peut être transformé
en barrement général. Le biffage du barrement ou du nom de l'établissement bancaire désigné est réputé non
avenu.
Article 281 : Un chèque à barrement général ne peut être payé par le tiré qu'à l'un de ses clients ou à un
établissement bancaire. Un chèque à barrement spécial ne peut être payé par le tiré qu'à l'établissement bancaire
désigné ou, si celui-ci est le tiré, qu'à son client. Toutefois, l'établissement bancaire désigné peut recourir pour
l'encaissement à un autre établissement bancaire. Un établissement bancaire ne peut acquérir un chèque barré
que d'un de ses clients, ou d'un autre établissement bancaire. Il ne peut l'encaisser pour le compte d'autres
personnes que celles-ci. Un chèque portant plusieurs barrements spéciaux ne peut être payé par le tiré que dans
le cas où il s'agit de deux barrements dont l'un pour encaissement par une chambre de compensation. Le tiré ou
l'établissement bancaire qui n'observe pas les dispositions ci-dessus est responsable jusqu'à concurrence du
montant du chèque.
Article 282 Les chèques à porter en compte émis à l'étranger et payables au Maroc seront traités comme
chèques barrés.
12
Le visa : Il contient, en plus de toutes les autres mentions, un visa du tiré
(la banque) attestant de l'existence de la provision. Mais le fait que la
provision existe le jour du visa ne prouve pas qu'elle existera le jour du
paiement.
L’aval9 : Le chèque peut être l’objet d’un aval pour tout ou partie de son
montant ; Donc, le donneur d’aval est tenu de la même manière que celui
dont il s’est porté garant jusqu’à l’expiration du délai de présentation L’aval
est exprimé par la mention « bon pour aval » ou autre terme équivalent, sur
le chèque ou une allonge, et doit indiquer pour le compte de qui il est donné.
9
L’aval fait cependant des articles 264 à 266 du code de commerce aux termes desquels il peut être fournit soit
par un tiers qui garantit ainsi le paiement du chèque.
10
Article 242 : Le chèque ne peut pas être accepté :
Une mention d'acceptation portée sur le chèque est réputée non écrite. Toutefois, tout chèque pour lequel
la provision correspondante existe à la disposition du tireur doit être certifié par le tiré si le tireur ou le porteur le
demande.
La provision du chèque certifié reste, sous la responsabilité du tiré, bloquée au profit du porteur jusqu'au
terme du délai de présentation.
La certification résulte de la signature du tiré au recto du chèque. Elle ne peut être refusée que pour
insuffisance de la provision.
Le chèque certifié peut à la demande du tireur être remplacé par un chèque émis dans les conditions
prévues à l'alinéa 3 de l'article 244
13
Chapitre 2 : la circulation du chèque
11
Mohammed Nakhli titre de droit des affaires tom 1 les activités des entreprises Edition EL BADI page 243
14
B : Les effets d’endossement
L’endossement fait après le protêt ou après l’expiration du délai de
présentation ne produit que les effets d’une session ordinaire (Art 263 al
C.COM).
Sauf clause contraire, l’endossement sans date est présumé avoir été fait
avant le protêt ou avant l’expiration du délai de présentation (Art 263 al
C.COM).
Section 2 : L’endossement de procuration
L’endossement de procuration est celui par lequel le porteur du chèque
donne mandat à une personne (généralement une banque) de le présenter
au paiement.
L’endossement de procuration résulte de la mention « Valeur en
recouvrement », « pour encaissement », « par procuration » ou toute
autre mention impliquant un simple mandat d’encaisser (Art 262 C.Com).
Le mandat renfermé dans un endossement de procuration ne prend pas
fin par le décès du mandat ou survenance de son incapacité (Art 262 al 3)12.
12
Mohammed Nakhli titre de droit des affaires tom 1 les activités des entreprises Edition EL BADI page 244
15
Deuxième partie :
Le chèque : instrument de
paiement
16
Introduction de la deuxième partie :
Une fois créé, le chèque est remis à son bénéficiaire qui, à son tour, pourra le
transmettre à un nouveau porteur. Le chèque fait partie du patrimoine du
bénéficiaire, celui-ci peu le transmettre.
Le chèque est essentiellement un titre payable à vue. Même sa fonction
économique ne le destine pas à une longue vie.
L’émission d’un chèque sert souvent à réaliser un paiement au sens technique du
terme, c’est-à-dire à éteindre une dette.
La question qui se pose est donc de savoir si la remise du chèque par le débiteur
à son créancier vaut paiement.
17
Chapitre 1 : Le paiement du chèque
Le paiement du chèque va mettre en présence le bénéficiaire ou le dernier
porteur du chèque d’une part, et le tiré d’autre part. Un certain nombre
d’obligations leur incombent qui tiennent à la nature particulière et à la fonction
économique du chèque et qui s’imposent à eux lorsqu’ils ont accepté ce mode de
libération.
Dans ce chapitre, nous aborderons la procédure de paiement du chèque, puis
nous passerons aux incidences de son paiement.
Section 1 : La procédure de paiement du chèque
A. La présentation au paiement
a) Délai de présentation
Le chèque est un titre payable à vue, il peut être présenté au paiement dès
le jour de son émission. S'il porte une date non-échue il est néanmoins payable
dès le jour de sa présentation (Art. 267 C.Com.).
Le chèque doit être présenté au paiement avant l'expiration d'un certain
délai fixé par la loi dans les conditions suivantes :
- Le chèque émis et payable au Maroc doit être présenté au paiement dans
le délai de 20 jours (Art. 268 al. 1 C.Com.).
- Le chèque émis hors du Maroc et payable au Maroc doit être présenté
dans un délai de 60 jours (Art. 268 al. 2 C.Com.).
- Le point de départ de ces délais est le jour porté sur le chèque comme
date d'émission (Art. 268 al. Dernier).
Les délais évoqués par l'article 268 du code de commerce n'ont que peu
de conséquences pratiques, puisque le tiré doit payer le chèque approvisionné
malgré une présentation tardive (Art. 271 al. 1 C.Com.), et les recours contre le
tireur qui n'a pas constitué provision sont maintenus au-delà même du délai de
présentation.
En cas de force majeur, ces délais peuvent être prolongés (art 291)13
13
Quand la présentation du chèque ou la confection du protêt dans les délais prescrits est empêchée par la force
majeure, ces délais sont prolongés.
Le porteur est tenu de donner, sans retard, avis du cas de force majeure à son endosseur et de mentionner cet
avis, daté et signé de lui, sur le chèque ou sur une allonge ; pour le surplus, les dispositions de l'article 285 sont
applicables.
18
b) Lieu de présentation du chèque
Le chèque doit être présenté au paiement au lieu indiqué sur le titre,
généralement la succursale ou l'agence de la Banque-tiré. En pratique la quasi-
totalité des chèques est payée par l'intermédiaire de la chambre de compensation,
qui aux termes de l'article 270 du code de commerce équivaut à la présentation au
paiement.
B. La réalisation du paiement
La réalisation du paiement impose au banquier tiré une double obligation,
celle de vérifier la régularité apparente du titre (1), et celle de payer (2).
a) Obligation de vérification
Le Banque-tiré doit s'assurer de la régularité apparente du chèque,
notamment de l'existence des mentions obligatoires14, de la concordance de la
signature du tiré avec le spécimen donné lors de l'ouverture du compte. Si le
chèque a été endossé, il doit vérifier la suite ininterrompue des endossements,
mais non les signatures des endosseurs (Art. 274 al. 2 C.Com.).
b) Obligation de payer
Le banquier a l'obligation de payer le chèque dans la limite de la
provision disponible. Le paiement se réalise normalement soit par une remise en
numéraires si le porteur présente le chèque lui-même, soit par compensation
suivie d'une inscription au compte du porteur lorsque le chèque est encaissé par
un banquier.
Après la cessation de la force majeure, le porteur doit sans retard, présenter le chèque au paiement et, s'il y a
lieu faire établir le protêt.
Si la force majeure persiste au-delà de quinze jours à partir de la date à laquelle le porteur a, même avant
l'expiration du délai de présentation, donné avis de la force majeure à son endosseur, les recours peuvent être
exercés, sans que ni la présentation, ni le protêt soient nécessaires à moins que ces recours ne se trouvent
suspendus pour une période plus longue par application de textes spéciaux.
Ne sont pas considérés comme constituant des cas de force majeure les faits purement personnels au porteur
ou à celui qu'il a chargé de la présentation du chèque ou de l'établissement du protêt.
14
Ceux de l’article 239 du code de commerce :
1. la dénomination de chèque, insérée dans le texte même du titre et exprimée dans la langue employée pour la
rédaction de ce titre
2. le mandat pur et simple de payer une somme déterminée
3. le nom du tiré
4. l'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer
5. l'indication de la date et du lieu où le chèque est créé
6. le nom et la signature du tireur.
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Lorsque la provision ne permet pas le paiement intégral du chèque,
l'établissement bancaire-tiré a l'obligation de proposer au porteur un paiement
partiel que ce dernier ne peut refuser (Art. 273 al. 2 C.Com.).
Section 2 : Les incidences du paiement du chèque
Nous traiterons successivement de deux catégories d'incidents de paiement :
l'opposition (a), et le refus de paiement (b).
A. L'opposition
L'opposition a pour effet d'interdire au banquier de payer le chèque qui
lui sera présenté. L'article 271al. 2 du code de commerce énumère les cas dans
lesquels le tireur légitime effectuer une opposition.
Il s'agit des cas suivants :
- Perte, vol, utilisation frauduleuse ou peut falsification du chèque.
- Redressement ou liquidation judiciaire du porteur.
En dehors de ces cas toute opposition est irrégulière, et exposerait son
auteur à un emprisonnement d’un à cinq ans et d'une amende de 2 000 à 10 000
DHS sans que cette amende puisse être inférieure à 25% du montant du chèque
(Art. 316 C. Com.).
L'opposition peut être faite de n'importe quelle façon, mais elle doit être
immédiatement confirmée par écrit quel que soit le support de cet écrit et appuyer
cette opposition par tout document utile.
La banque est tenue de mentionner sur les formules de chèques délivrées
aux titulaires du compte, les autres causes que celles prévues à l'al.2 de l'Art. 271.
Lorsque l'opposition est irrégulière, le juge des référés, même dans le cas où une
instance au principal est engagée, doit sur la demande du porteur ordonner la main
levée de cette opposition (Art. 271 al. 1 C. Com.).
B. Refus de paiement
Deux formes de refus de paiement peuvent-être envisagées : le premier
est légitime et s'explique par l'absence de provision (a), le second est illégitime et
entraînera la responsabilité du tiré (b).
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a) Le refus de paiement pour absence de provision
Il incombe au porteur victime de l'émission de chèque sans provision de
prendre toutes les mesures nécessaires pour que soit officiellement constaté le
défaut de paiement, et d'intenter des recours pour obtenir le paiement effectif du
chèque.
1. Formalités consécutives au non-paiement du chèque
1.1. Protêt du chèque
Le porteur d'un chèque non approvisionné doit faire établir un protêt pour
constater le non-paiement du chèque, et peut se réserver le droit d'exercer ses
recours ultérieurement contre les différents signataires du chèque
(Art.283C.Com.).
Nul acte de la part du porteur du chèque ne peut suppléer l'acte de
protêt15, sauf l'acte dressé en cas de perte ou de vol (Art. 299C. Com.).
Toutefois la clause de « retour sans frais » ou toute autre formule
équivalente dispense le porteur, pour exercer ses recours, de faire établir un protêt
(Art. 286 C. Com.). Mais la clause ne dispense pas le porteur de la présentation
du chèque dans le délai prescrit, ni des avis à donner. La preuve de l'inobservation
du délai incombe à celui qui s'en prévaut contre le porteur (Art. 286 al. 2 C. Com.).
1.2. Avis du défaut de paiement
La banque est tenue de délivrer un certificat de refus de paiement
comportant les indications ci-après : la dénomination de l’établissement bancaire
tiré suivie, pour les banques, des références de l’arrêté portant agrément, des
initiales “SA”, du montant du capital, de l’adresse du siège social et du numéro
analytique d’immatriculation au Registre du Commerce précédé du sigle "R.C"
15
CHAPITRE X: LE PROTET
Article 297 Le protêt doit être fait par les agents du secrétariat-greffe du tribunal au domicile de celui sur qui
le chèque était payable ou à son dernier domicile connu. En cas de fausse indication de domicile, le protêt est
précédé d'un acte d'investigation.
Article 298 L'acte de protêt contient la transcription littérale du chèque et des endossements ainsi que la
sommation de payer le montant du chèque. Il énonce en sus de l'adresse complète la présence ou l'absence de
celui qui doit payer, les motifs du refus de payer et l'impuissance ou le refus de signer et, en cas de paiement
partiel, le montant de la somme qui a été payée. Les agents du secrétariat-greffe sont tenus de faire, sous leur
signature, mention sur le chèque du protêt avec sa date.
21
et d’autres mentions16. Ainsi que, les motifs de refus de paiement qui doivent
être mentionnés dans le certificat de refus de paiement.17
Le porteur doit donner avis du défaut de paiement à son endosseur et au
tireur dans les huit jours ouvrables qui suivent le jour du protêt, et en cas de
clause de retour sans frais, le jour de la présentation (Art. 285 al. 1 C. Com.).
Chaque endosseur doit, dans les quatre jours ouvrables qui suivent le
jour où il a reçu l'avis, faire connaître à son endosseur l'avis qu'il a reçu.
Le non-respect de cette disposition n'entraîne pas la déchéance, mais
celui qui n'a pas donné l'avis dans le délai indiqué est responsable du préjudice
causé par sa négligence, sans que les dommages-intérêts puissent dépasser le
montant du chèque (Art. 239 al. Dernier).
Pour les actions en recours des divers obligés les uns contre les autres
le délai court du jour où l'obligé a remboursé le chèque ou du jour où il a été lui-
même actionné (Art. 239 al. 2 C. Com.).
La prescription est interrompue en cas d'action en justice. De même s'il
y a eu condamnation ou si la dette a été reconnue par acte séparé (Art. 296. al 1
C.Com.).
L'interruption de la prescription n'a d'effet que contre celui à l'égard
duquel l'acte interruptif a été fait (Art. 296 al. 2 C.Com.).
b) Le refus de paiement illégitime
Il ressort des termes de l'article 309 al. 2 du code de commerce, que le
banquier qui dispose d'une provision suffisante et disponible, et qui refuse le
paiement d'un chèque régulièrement assigné sur caisses, devra réparer le
dommage que son refus a pu causer au tireur. Cette responsabilité couvre deux
16
Mentionné sur l’article premier de la circulaire de BAM N° 5 / G / 97 relative au certificat de refus de
paiement de chèque
17
Mentionné sur l’article 2 de la circulaire de BAM N° 5 / G / 97 relative au certificat de refus de paiement de
chèque.
22
chefs de dommages. Le premier est relatif à l'inexécution de l'ordre donné par le
tireur, le deuxième est relatif à l'atteinte à son crédit (Art 309 al. 2 C.Com.)18.
La question se pose de savoir si d'autres personnes que le tireur peuvent
invoquer la responsabilité du banquier. On est en droit de penser que les termes
de l'article 309 al. 2 ne constituent qu'un simple aménagement de la responsabilité
contractuelle du tiré à l'égard du tireur et ne sauraient exclure l'application du droit
de la responsabilité délictuelle dont peut se prévaloir toute personne ayant intérêt
au paiement.
18
Article 309 Tout établissement bancaire qui refuse le paiement d'un chèque tiré sur ses caisses est tenu de
délivrer au porteur ou à son mandataire un certificat de refus de paiement, dont les indications sont fixées par
Bank Al Maghrib.
Tout établissement bancaire qui, ayant provision et eu l'absence de toute opposition, refuse de payer un chèque
régulièrement assigné sur ses caisses, est tenu responsable des dommages résultant pour le tireur, tant de
l'inexécution de son ordre que de l'atteinte portée à son crédit.
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Chapitre 2 : le recouvrement du chèque
La vie devient infernale au cas où le client n’acquitte pas vos honoraires. Malgré
toutes les précautions, les mauvaises créances arrivent.
24
Il s’agit de l’un des amendements les plus importants qui ont été introduits dans
le PLF 2020. Le paiement de la contribution instaurée a pour objectif de
dispenser les personnes interdites d’émettre des chèques du paiement des
amendes pécuniaires liées aux incidents de paiement pour régulariser leur
situation.
19
Par exemple, pour une personne qui a un incident sur un chèque de 20 000 DH, elle devait payer 1 000 DH en
cas de premier incident, 2000 DH si l’incident est de rang 2 et 4 000 DH en cas de troisième impayé et plus.
Avec la contribution, cette personne ne s’acquittera que de 300 DH en tout et pour tout. A souligner que pour
bénéficier de cette fenêtre de régularisation, les amendes libératoires doivent être payées au cours de
l’année 2020.
25
La personne concernée par un incident de paiement recouvre la possibilité
d’émettre des chèques lorsqu’elle justifie qu’elle a réglé le montant du chèque
impayé ou a constitué une provision suffisante et disponible pour son règlement
par les soins de la banque et qu’elle s’est acquittée de l’amende pécuniaire
prévue à l’article 314 du code de commerce.
Section 2 : Les délits liés à l’émission du chèque :
26
cinq, voire dix ans. L’émission d’un chèque sans provision étant considérée par
le Code pénal comme un délit, surtout quand il s’agit de l’émission simultanée
de plusieurs chèques sans provision que la loi considère comme un acte
d’escroquerie, il restera donc au procureur de décider de la recevabilité de
l’action en justice si elle est intentée au-delà des six mois. Cela dit, pour ne
prendre aucun risque, il vaut mieux présenter ses chèques à l’encaissement le
plus tôt possible et de saisir la justice rapidement en cas d’impayés.
3. En cas de garantie
La loi sanctionne sévèrement celui qui émet ou celui qui accepte un chèque de
garantie. L’alinéa 6 de l’article 316 du code de commerce stipule « Est punie
d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 2.000 à 10.000
dirhams, sans que cette amende puisse être inférieure à 25% du montant du
chèque, toute personne, en connaissance de cause, accepte de recevoir ou
27
d’endosser un chèque à la condition qu’il ne soit pas encaissé immédiatement et
qu’il soit conservé à titre de garantie ».
Ici, la sanction cible uniquement le bénéficiaire.
Par ailleurs, le débiteur doit en principe respecter ses engagements au risque de
s’exposer à des sanctions pénales. Le chèque de « garantie », présenté à
l’encaissement avant la date négociée, revient généralement impayé pour
provision insuffisante. L’émetteur peut se retrouver dans une situation
embarrassante. Pour cela, le code pénal a sanctionné des mêmes peines toute
personne qui émet ou accepte de recevoir un chèque émis tout en sachant qu'il
n'est pas provisionné. Le code pénal évoque implicitement le chèque «de
garantie »20
20
L’article 544 du code pénal stipule :
Est puni des peines édictées à l'alinéa premier de l'article 540 (l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une
amende de 500 à 5.000 dirhams), sans que l'amende puisse être inférieure au montant du chèque, quiconque émet
ou accepte un chèque à la condition qu'il ne soit pas encaissé immédiatement mais conservé à titre de garantie
28
Le chèque, instrument de paiement, souffre actuellement d’une crise de
confiance se traduisant le plus souvent par le refus pur et simple de sa réception
en contrepartie d’un bien ou d’un service immédiatement livré, car la différence
de la monnaie fiduciaire, la remise d’un chèque n’est pas libératoire par
définition et ne vaut donc pas paiement.
De plus, même s’il garantit la gratuité d’utilisation, permet de garder une trace
du paiement et d’éviter de circuler avec beaucoup d’argent sur soi, il reste un
moyen de paiement qui n’est plus sécurisé et non plus sûr.
29
Ouvrage :
Mohamed Nakhli : Droit des affaires, tom1, les activités de
l’entreprise, édition ALBADI, Marrakech.
Texte de loi :
Code de commerce à partir de l’article 239 à 328. Version consolidée en date du
19 décembre 2019
30
Code pénal marocain de l’article 540 à 546. Version consolidée en date du 5
juillet 2018
Les circulaires diffusées par Bank Al-Maghrib relatives à l'application des
dispositions du code de commerce sur le chèque sans provision.
Certificat de refus de paiement de chèque (N° 5/G/97) :
http://www.khidmat-
almostahlik.ma/portal/sites/default/files/reglementation/Circulaire%20
N%205-G-97.pdf
Centralisation et la diffusion des renseignements concernant les
incidents de paiement et les interdictions d'émission de chèques :
https://www.apsf.pro/DOCS/TEXTES%20LEG%20ET%20REG/2010
_CGBAM_2-G-10_3MAI10_FONCT_SCR_SCIP.pdf
Webographie :
Publié le 01 janvier 2010 [consulté le 01 mars 2020] :
https://jurismaroc.vraiforum.com/t688-Le-cheque.htm
https://www.linkedin.com/pulse/maroc-le-ch%C3%A8que-de-garantie-aspects-
juridiques-lahbib-chafouai
31
TABLE DES MATIERES
Remerciements ...................................................................... 2
Principaux sigles et abréviations.......................................... 3
Première partie : ................................................................. 7
L’existence juridique du chèque ...................................... 7
Chapitre 1 : les conditions de validité du chèque .............................9
Section 1 : Les conditions du chèque ............................................................. 9
A. La provision ......................................................................................... 9
1- La disponibilité de la provision : ......................................................... 9
2- L'existence préalable et l'irrévocabilité de la provision : .................... 9
B. La prescription ................................................................................... 10
Section 2 : les éléments obligatoires et facultatifs du chèque ...................... 10
A. Les mentions obligatoires : ................................................................ 11
B. Les mentions facultatives : ................................................................. 11
Chapitre 2 : la circulation du chèque .................................................... 14
Section 1 : L’endossement translatif ............................................................ 14
A. Les formes de l’endossement ............................................................... 14
B : Les effets d’endossement .................................................................... 15
Section 2 : L’endossement de procuration ................................................... 15
Deuxième partie : .................................................... 16
Le chèque : instrument de paiement ................... 16
Chapitre 1 : Le paiement du chèque ....................................................... 18
Section 1 : La procédure de paiement du chèque ....................................... 18
A. La présentation au paiement................................................................. 18
a) Délai de présentation ......................................................................... 18
b) Lieu de présentation du chèque ......................................................... 19
B. La réalisation du paiement ................................................................... 19
32
a) Obligation de vérification .................................................................. 19
b) Obligation de payer ........................................................................... 19
Section 2 : Les incidences du paiement du chèque ..................................... 20
A. L'opposition .......................................................................................... 20
B. Refus de paiement ................................................................................ 20
a) Le refus de paiement pour absence de provision .............................. 21
1. Formalités consécutives au non-paiement du chèque .................... 21
1.1. Protêt du chèque....................................................................... 21
1.2. Avis du défaut de paiement ..................................................... 21
b) Le refus de paiement illégitime ......................................................... 22
Chapitre 2 : le recouvrement du chèque ............................................. 24
Section 1 : la neutralisation du tireur........................................................................ 24
Section 2 : Les délits liés à l’émission du chèque :................................................. 26
1. En cas de défaut ou insuffisance de provision : ................................. 26
2. En cas de falsification ou contrefaçon ............................................... 27
3. En cas de garantie............................................................................... 27
Conclusion ........................................................................... 29
Bibliographie ...................................................................... 30
Table des matières .............................................................. 32
33