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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

République Tunisienne
Université de Sfax
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sfax

Mémoire en vue de l’obtention du


Diplôme National d’Expertise Comptable

LA DEFAILLANCE DES ENTREPRISES, LES


CAUSES ET LE TRAITEMENT DE LEURS
DIFFICULTES

Elaboré par Sous la direction de


Khaled KALIA Monsieur Abdessattar KARAA

Année Universitaire
2007-2008

Juin 2008 1 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

TABLE DES MATIERES

Introduction ....................................................................................................................................................................................................................................4

Chapitre 1 : l’entreprise en difficultés : concept et causes de défaillance…………………………...........12

Section 1 : Concept de l’entreprise en difficultés économiques……………………………………………12


Section 2 : L’analyse des déterminants de la situation financière…..........................................................15
Sous section 1 : La conception patrimoniale……………………………………...…………………………….……21
Sous Section 2 : La conception fonctionnelle………………………………………………….....….………….…...23
Sous Section 3 : La conception basée sur le bilan « Pool de fonds »…………………... ……....24
Sous Section 4 : La conception basée sur la performance…………………………………………….….25
Section 3 : L’analyse des déterminants de la rentabilité financière……………………………………..27
Section 4 : Quelles conséquences tirées des déterminants de la situation
financière sur la rentabilité………………………………………………………………………………….…….…30

Chapitre 2: Rôle de l’expert comptable dans la prévention des difficultés


économiques………………………………………………………….……………………………………………….………35

Section 1 : Rôle de l’expert comptable face à la détection et à la prévention des


difficultés économiques des entreprises……………………..……………..…………..35
Sous Section 1 : Rôle en Amont : la prévention………………………………………….……………….…….....37
Sous Section 2 : Mise en place d’outils de détection et de prévention…………………...…...40
2-1 les tableaux de bord de gestion…………………………...…………...……………………...….42
2-2 l’analyse des états financiers ………………………………………………………………………44

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Sous Section 3 : Les premières mesures internes à l’entreprise pour la détection


des difficultés………………………………………………………………………………….....…….........47
Section 2 : Rôle de l’expert comptable en tant qu’auditeur externe…....................................................49

2-1 : Obligation, diligences et cadre juridique de sa mission dans le


cadre de la loi 95-34…………………………………………………..…………………………..........58
2-2 : Obligation et diligences en cas d’insuffisance des capitaux
propres………………………………………………………………………………………………….………....61

Chapitre 3 : Son rôle dans la reprise…………………… ………………………………………..………………………………...….....68

Section 1 : Quels choix financiers adoptés……….....................................................................................................................69


Sous section 1 : Restructuration en interne………………………………………………………………..…...70
Sous section 2 : Par une augmentation du capital social………………………………………..….72
Sous section 3 : Par une cession d’actifs non nécessaires à l’exploitation……..……74
Sous section 4 : Par le recours à l’endettement bancaire……………………………………….…..75
Sous section 5 : Par le recours au crédit- bail……………………………………………………….…….…..76
Section 2 : Restructuration par l’ouverture du capital social…………………………………………………78
Sous section 1 : Aspects juridiques………………………………………..………………...……...……...……….79
Sous section 2 : Aspects financiers………………………………………………………...……………......……..81

Chapitre 4 : Etude empirique ………………………………………………………………………..…………………………………..……...82

Section 1 : Présentation de l’enquête.....................................................................................................................................82


Sous section 1 : Objectifs et méthodologie de l’échantillon ..........................................................82
Sous section 2 : Méthode de collecte des données …………………………………….………….…….83
Section 2 : Présentation des résultats de l’enquête : commentaires et
rapprochement avec les développements théoriques..............................................83
Sous section 1 : La comptabilité comme système d’information, impacts et
pratiques comptables………………………………...………………………………………..83

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Sous section 2 : Sous capitalisation et ses effets……………………………………..…………………….85


Sous section 3 : Les choix d’urgence non structurels des chefs d’entreprises
aux difficultés rencontrées……………………………………...……………………………87

Sous section 4 : Place de la loi 95-34 et attitude des dirigeants d’entreprises en


difficultés…………………………………………………………………………………………………….88
Sous section 5 : Choix objectifs et structurels…………………………………...……………………………89
Sous section 6 : D’autres causes partielles inhérentes et avouées de la
défaillance ……………………………………………………………………...…………………………..90

Sous section 7 : autres causes inhérentes aux difficultés des entreprises……...……91

Conclusion…………………………………………………………………………………………………………………………………………...… ……….93
Bibliographie…………………………...…………………………………………………………………………………………………...…………………96
Listes des abréviations……………………………………………………………………………………………………………………......…….108
Annexes……………………………….……………………………………………………………………………………………………………………...…...109

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INTRODUCTION

Le tissu économique de la Tunisie est constitué de petites et moyennes


entreprises en comparaison avec leurs concurrentes étrangères. Ces dernières seront de
plus en plus présentes dans leur sphère économique.
L’entreprise tunisienne, vivier de l’emploi se doit de se doter de moyens
capables de la prémunir contre les risques de la défaillance.
Les dernières années ont vu consacré l’amplification de ce phénomène et le
législateur a mis en place un cadre juridique pour tenter de sauver ou sauvegarder celles
qui pourraient être viables.
Il s’agit de la loi 95-34 relative au redressement des entreprises en difficultés,
largement inspirée des lois françaises, et celles qui sont venues la compléter pour
consolider les chances de succès de l’opération de sauvegarde de ces entreprises.
Mais la défaillance est elle une fatalité, ou la conséquence de causes inhérentes
à l’entreprise en Tunisie. Si la vie de l’entreprise est jalonnée de phases : sa création, son
développement ou sa croissance, sa disparition n’est souvent pas le fait du hasard.
L’entreprise demeure toujours une entité économique où le capital, l’homme et
les procédures les régissant sont un éternel concours d’adaptation, à l’environnement.
Lequel donc de ces éléments composant l’entreprise qui prédomine dans les causes
pouvant être à l’origine de la défaillance ?
Est-elle l’insuffisance du capital social, ou des capitaux propres ? Et auquel cas
les solutions de sauvetage seraient facilement décelables et négociables ?
L’observation de la règle de l’équilibre financier est-elle encore, aujourd’hui,
défendable ? Sa justesse est-elle aussi un moyen pouvant anticiper les risques de
défaillances ? Sont-ils les hommes et les procédures ? Et là, il s’agit de la qualité de
gestion et du management.

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La vie économique et sociale évolue, la comptabilité aussi ou disons la suit


entre ces deux évolutions, y-a-t-il indépendance, simultanéité fortuite ou lien de causalité.

On a souvent dit que la comptabilité n’est pas une science exacte au point où
certains se sont posés la question : « peut-elle dire donc le vrai ?»
Et les dix dernières années, les comptes des entreprises, quelles que soient
leurs tailles, ont démontré que la comptabilité peut " mentir ".

L’objet de notre mémoire a souvent, à travers les études et les écrits ayant traité
du sujet, renvoyé à un lien de causalité entre la comptabilité et la défaillance des
entreprises.
Même si ce lien est objectivement reconnu, il n’en demeure pas moins que la
comptabilité ne pourrait jamais être la seule variable déterminante.
Car, comme l’avait si bien formulé Goethe qui écrivait : « non seulement les
chiffres gouvernent le monde, mais encore ils montrent comment le monde est gouverné
Alors, l’entreprise n’est elle pas " la première comptable " d’elle-même et des
autres. Dans le sens où elle est appelée, en tant qu’entité juridique au sens total du terme,
de " rendre compte " aux autres de sa situation, à un moment donné de sa vie (1).

D’une manière plus actuelle, la réflexion sur le statut de la comptabilité et ses


liens avec le droit a préfondément évolué depuis l’adoption de la loi 96-112 ayant institué
le système comptable des entreprises en Tunisie.

L’information est au centre de l’organisation générale de l’entreprise.

Il n’est plus surprenant qu’avec l’évolution de toutes les techniques des


technologies de l’information, les moyens de traitement automatisé soient devenus
prépondérants, dans l’organisation administrative, et que, pour beaucoup d’entreprises,
l’organisation administrative puisse se confondre pour partie avec l’organisation du
système d’information dont le système d’information comptable.

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Notre présent travail de recherche doit puiser dans les deux fonctions
complémentaires. Comme partie intégrante du système d’information, la comptabilité a

(1) A.Karaa : l’entreprise face au droit comptable, colloque du 13-05-2006, Sfax

pour finalité de produire des données sous la forme de documents de synthèse définis
par la loi comptable comme étant les états financiers, formant un tout indissociable.

► Le système comptable a-t-il satisfait aux attentes escomptées :

Il est utile de rappeler que la matière fiscale a été en avance par rapport à la
matière comptable. Les législateurs ont souvent cherché à développer les instruments de
collecte des impôts et taxes compte tenu des restrictions budgétaires imposées à l’Etat.

C’est ainsi que les textes fiscaux s’enrichissent, se développent, s’actualisent et


s’imposent à la matière comptable, et à l’entreprise essentiellement, comme étant une
source d’inspiration doctrinale. Devrions –nous dire que le développement de la fiscalité
des entreprises a été pendant longtemps le moyen privilégié, mais sans doute excessif, le
seul moyen d’une réelle normalisation de la comptabilité.

« L’objectif de la comptabilité n’est pas de choisir entre différents objectifs tels


que, d’une part, la détermination de l’assiette de l’impôt ou des droits des tiers et des
parties prenantes aux résultats et, d’autre part, l’information économique ; en réalité le
problème de la comptabilité, c’est de satisfaire au mieux ces différents objectifs, parfois

contradictoires, sans en sacrifier totalement aucun. »(1)

Ce fût un temps où on parlait de bilan comptable et de bilan fiscal.


En Tunisie, les pratiques indiquent qu’on continue à faire usage d’une pluralité de bilans.
Cette réalité est vécue au travers des constatations que l’on rencontre dans les
administrations fiscales, dans les banques, ou lors des expertises judiciaires.

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L’absence de statistiques en est une preuve, car personne ne peut expressément


l’affirmer.

(1) Jacques Delmas Marsalet : 25iéme congrès OECCA- Paris 1980

Le droit se développe aussi, la comptabilité n’a connu un développement


doctrinal qu’avec l’instauration du système comptable des entreprises.
C’est la première fois dans l’histoire de la Tunisie indépendante que la
comptabilité est reconnue comme étant une branche parmi les autres, formant ce qui est
communément appelé le droit comptable.

Mais toute réforme n’est elle pas le fruit des circonstances endogènes et
exogènes, ou est-elle la conséquence d’un "diktat" comme l’affirment certains.

La Tunisie a signé un contrat de partenariat en 1995 avec la communauté


économique européenne. Cette dernière a imposé certaines conditions, entre autres
l’amélioration du cadre légal de la qualité de l’information financière produite par
l’entreprise, permettant aux investisseurs étrangers de s’en référer.
« La comptabilité est un enjeu de pouvoir, non seulement parce qu’elle crée
des droits sur le patrimoine de l’entreprise, mais parce que le pouvoir appartient de plus

en plus à celui qui est informé »(1) .

A double titre, d’une part parce que l’assiette imposable qui n’est autre que le
bénéfice est dégagé par la comptabilité et, qu’à ce titre, l’entreprise à souvent chercher à
rendre le poids de l’impôt moins imposant.

D’autre part, parce que la convergence entre les règles fiscales et comptables
était le point de faiblesse de ce " couple inséparable ".

Le système comptable des entreprises est en train de "domestiquer" certaines


règles fiscales pour ramener la fiscalité à ce qu’on peut appeler « la raison économique et

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financière de l’entreprise ». Sinon, comment continuer à refuser l’amortissement de biens


que le contexte économique actuel nous impose ou, refuser la constatation de provisions

(1) Introduction du rapport préparatoire du 44îeme Congrès de l’OECCA : Paris 1989.

pour les risques inhérents à l’environnement juridique et financier, tant national


qu’international.
La culture fiscale a atténué la qualité de la matière comptable, ou participer à la
rendre, en lui imposant une déformation due à des pratiques comptables douteuses dont
l’unique dessein était de payer moins d’impôts.

Les alignements de la fiscalité, sur certaines règles comptables à travers les lois
de finances récentes sont un rapprochement positif. Il reste que les professionnels de la
comptabilité et les chefs d’entreprise soient plus diligents et vigilants pour réaliser une
information financière pérennisant, dans une certaine mesure, l’entreprise.

Il a insisté sur les utilisations et les utilisateurs externes de cette information.


Quant à nous, et d’après notre expérience ; nous pensons que le défi auquel la
comptabilité doit répondre aujourd’hui est celui de satisfaire les besoins de gestion de
l’entreprise, au sens large du terme en tant que sous système d’information, tout en
répondant à des impératifs juridiques, fiscaux, sociaux, et économiques.

Aussi, nous pensons que la comptabilité ne répond à son objectif principal, à


savoir informer, que si le produit comptable est exploité en temps utile et opportun, sinon
quel est l’intérêt des états financiers élaborés par le dirigeant quinze mois après le début
de l’exercice, et présentés aux utilisateurs externes au-delà de cette date.
L’information qui s’en dégage n’a pas d’intérêt que dans l’archivage de
données passées, exploitables dans certaines situations ou comme éléments de prévisions.

► Quel objectif prioritaire à assigner à la comptabilité ? :

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Nous avons précisé que l’entreprise doit gérer son système d’information pour
disposer d’une information de qualité donnant une image fidèle de sa réalité.
La comptabilité joue un rôle crucial dans le développement économique d’une nation. On
a souvent dit que " derrière les chiffres, il y a des hommes ".

Ce proverbe est significatif à plus d’un titre. Il consacre l’importance relative


des performances atteintes par le management, dans la gestion des hommes chargés de
leur utilisation.

On a aussi toujours jugé les dirigeants par les scores réalisés en termes de
croissance et de rentabilité des capitaux financiers et économiques utilisés. La
comptabilité est un instrument permettant d’en mesurer ces divers aspects.

Mais la question de la valeur absolue de l’information demeure souvent


conditionnée par la qualité du cadre légal utilisé par les "hommes des chiffres".

Leur sincérité aussi en est un déterminant, d’où les obligations éthiques leur
incombant, et les cas de responsabilité qui peuvent leur être attribués. Nous avons assisté
les quinze dernières années à des scandales financiers, ayant donné lieu à des
implications politiques aussi, trouvant leur origine dans la transparence comptable.

Nous avions rappelé que l’instauration du système comptable des entreprises a


été dictée par des considérations de politique économique.

Un système comptable de qualité est nécessaire pour attirer les capitaux


extérieurs en provenance des banques et des investisseurs privés.

►Problématique de l’utilisation de l’information comptable par les


tiers ?

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Le législateur tunisien a posé un cadre légal comptable, pour la première fois


dans l’histoire de la Tunisie indépendante, inspiré des autres cadres internationaux, dont
le but fondamental est la production d’une information comptable fiabilisée.

Cette matière est destinée essentiellement à sécuriser le capital investi, financier


et économique, et le capital humain en préservant les emplois et en encourageant la
création d’autres par l’encouragement à l’investissement.

Une information comptable pérenne autorise :


 La prise de décisions,
 Une meilleure visibilité pour l’avenir,
 Et permet de mettre le doigt sur les sources de l’insuffisance en vue de
remédier à la défaillance.

Toute cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’analyse financière; « les


rapports historiques entre ces deux disciplines permettent de présenter la comptabilité
comme un fournisseur d’informations pour l’analyse financière, et cette dernière, comme
une spécialité tournée vers l’exploitation et la valorisation de l’information financière.
Malgré les évolutions qui tendent à relâcher la relation entre analyse financière et
comptabilité, les propriétés de l’information apportée par cette dernière confèrent un
caractère indépassable à son utilisation dans les démarches du diagnostic financier ». (1).

« Dizel (1993) identifie trois obligations mises à la charge du dirigeant par le


législateur : le devoir de" bonne gestion", le devoir d’analyse, le devoir d’information.
L’information comptable est pour lui un instrument dans ces trois astreintes. Par là, elle
concerne les autres acteurs de la défaillance (partenaires, commissaire aux comptes,
président du tribunal de commerce,…etc.)
Que ce soit donc au stade de l’alerte, de la prévention organisée par les tribunaux de
commerce ou dans le cadre de la procédure de règlement amiable, l’information

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comptable et financière est reconnue par les lois 1984, 1985 et 1994 comme alimentant le

processus de formation des jugements et des décisions des acteurs » (2).

(1) Elie cohen : analyse financière et comptabilité : Encyclopédie de comptabilité contrôle de gestion et Audit. Ed.
Economica.2000
(2) Information Comptable et défaillance des entreprises : Michèle Lacombe Saboly, université Toulouse, France.

Malgré les évolutions enregistrées, les dernières années, la comptabilité


demeure " constative", soumise à un formalisme et à une normalisation, même si la
référence à la notion "d’image fidèle" vient modérer le risque d’une application technique
de principes de régularité formelle.

Or, l’analyse financière s’inscrit dans une vision dynamique et interprétative


dégagée des contraintes formelles.
Notre sujet de recherche est au cœur de l’actualité, tant les risques inhérents
aux divers systèmes entourant l’entreprise se font de plus en plus menaçant et présents.
L’expert comptable, à travers les missions qui lui incombent, est reconnu
comme le partenaire le plus proche de l’entreprise. Il est appelé aussi à intervenir en
amont ou en aval quand des signes précurseurs commencent à se manifester, ou que
l’entreprise se trouve face à ces défaillances.
Auquel cas, quel apport peut-il avoir face à de telles situations, ou quel est son
rôle, ou ses obligations, pour prévenir de telles situations de défaillances.

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Chapitre 1
L’entreprise en difficultés : concept et causes de
défaillance

Section 1 : Concept de l’entreprise en difficultés économiques

Jusque là, nous n’avons pas mis l’accent sur les causes amenant une entreprise
à l’état de, ou des difficultés. Une entreprise n’est-elle pas une entité qui naît de volontés
associant des hommes, des capitaux et autres éléments matériels et immatériels. C’est une
cellule qui opère dans un corps économique et social et est sujette à des insuffisances et
des défaillances.

Tutui Daniela a indiqué que : « Selon les recherches effectuées, une conclusion
semble évidente : la notion d’entreprise en difficulté est très large, elle inclut des
dimensions économiques, juridiques, mais surtout financières. La non réalisation des
objectifs de rentabilité et de liquidité définit l’entreprise en difficulté.
Les difficultés peuvent avoir comme point de départ des causes internes ou
externes objectives et subjectives, qui s’actionnent de façon indépendante ou en inter
corrélation. Les causes des difficultés peuvent être liées à un quelconque aspect de
l’activité de l’agent économique, et la cessation de paiement constitue l’effet ultime des
dites fonctionnalités rencontrées dans l’activité de l’entreprise » (1).

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

L’auteur de cette thèse a conclu que les causes peuvent être liées à un
quelconque aspect de l’activité de l’agent économique.

(1) Tutui Daniela : thèse de doctorat : Le diagnostic des entreprises en difficulté Août 2001 université d’Orléans France.

Un des aspects qui nous semble important et crucial, en Tunisie du moins,


étant la production d’informations financières et comptables de qualité et pertinente.

Nous avons tenté, de savoir plus sur cet aspect, mais le silence et l’absence
d’informations ou " d’intérêts" nous ont empêchés de donner une précision appuyée
de preuves statistiques fiables.

C’est la raison pour laquelle nous avons réservé une partie importante à la
place de la comptabilité, du rôle joué par la réforme comptable initiée en 1996.

Les autorités administratives compétentes chargées du suivi des dossiers des


entreprises en difficultés n’ont pas, à notre connaissance, accordé l’intérêt que mérite ce
volet.
Avant de nous consacrer à l’analyse des causes fondamentales, autrement aux
conséquences qualifiant l’entreprise de tel, en difficulté, nous continuons à croire, selon
notre expérience, que l’information utile et pertinente est l’outil déterminant dans l’état
de difficultés des entreprises en Tunisie ; en amont et en aval.

N’est ce pas un hasard heureux, quand le cadre conceptuel a placé la


convention de l’entité à la tête des douze conventions et règles communément admises
pour construire une information comptable répondant aux quatre critères qualitatifs de
l’information financière.

Les entreprises tunisiennes, sont de petites et moyennes tailles, dominées par la


concentration du capital et du pouvoir décisionnel.

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Elles ont plus un caractère familial que « pluri social ». L’ouverture du capital des sociétés
anciennes demeure difficile et limitée.

Il est démontré et évoqué de plus en plus le lien entre :


 Les défaillances des entreprises et l’information comptable (1) ;
 Diagnostic : comportements managériaux et performances financières
en PME (2) ;
 Les profils financiers et comptables des entreprises en difficultés (3).

Guy Michoud dans son article cité ci-dessus précise que : « En première
approche de notre recherche sur cette problématique, l’analyse des résultats de deux
études portant sur les causes des défaillances d’entreprises (CNME-1976, CEPME-1986),
nous amène à constater, que les causes accidentelles (endogènes) et conjoncturelles
(exogènes), ne représentent que des fréquences relativement faibles : 7.5% et de 8.2%.
Toutes les autres causes, soit 84.3% impliquent totalement le ou les dirigeants
dans leurs comportements managériaux. »

Michel Lacombe Saboly a mis en exergue le lien comptabilité - défaillance : « il


est souhaitable de disposer d’un bon système d’information soit pour établir des
dispositifs durables de prévention, soit pour s’acheminer vers des procédures plus
susceptibles d’aboutir à la survie de l’entreprise.

Selon Charreaux(1997), la possibilité de détecter la dégradation de la


performance est une des conditions pour concevoir des systèmes de gouvernement des
entreprises, préventifs des crises. »

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Constant Djama ajoute à ce propos : « sur la période étudiée, il ressort que les
dirigeants adoptent des choix financiers et comptables "tactiques" correspondant à un
pilotage à vue et permettant de présenter l’image de l’entreprise auprès des partenaires. Il
semble donc qu’aucune véritable stratégie dans les choix comptables et financiers ne soit
adoptée ».

(1) Michéle Lacombe Saboly : Maître de conférences en sciences de gestion université de Toulouse.
(2) Article issu d’une thèse de doctorat (27-10-1995) : Guy Michoud. université Pierre Mendes France, Grenoble II.
(3) Article de Constant Djama, les profils financiers et comptables des entreprises en difficulté, université de Toulouse 1.

Section 2 : L’analyse des déterminants de la situation financière.

Les signes avant coureurs de la défaillance économique des entreprises


peuvent être multiples et variés. Ces causes sont dites aussi fonctionnelles, leurs indices
se manifestent souvent et essentiellement par :
 Une perte de vitesse dans l’efficacité commerciale de l’entreprise, soit
par la perte d’un marché vital ou par le rétrécissement de son marché
d’une manière générale. Disons que l’entreprise se situe mal dans son
marché habituel, pour plusieurs raisons ; soit qu’elle n’a pas fait évoluer
sa politique commerciale, et qu’elle n’a pas su s’adapter à des nouvelles
contraintes de modernité dans son marketing. C’est le cas de plusieurs
entreprises tunisiennes dont les dirigeants continuent encore à penser
qu’ils vivent dans une économie autarcique, et protégée.
 Inadaptation aux exigences technologiques et aux NTIC, cette situation
de fait s’explique par la faiblesse des capitaux supposés s’investir pour
pouvoir innover.
 Autre élément découlant de la deuxième cause, c’est la faiblesse des
compétences des ressources humaines. L’investissement immatériel est
aussi une nécessité sachant que l’adaptation et l’utilisation des nouvelles
technologies supposent un niveau de connaissances et de formation requis.
 La qualité du management qui demeure, selon nous, le pré -requis
vital à toute action d’innovation, d’adaptation aux difficultés que

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l’entreprise rencontre aujourd’hui, encore plus s’il s’agit d’une entreprise


dont les structures sont défaillantes.

En somme, quand ces divers éléments de défaillance, exogènes et endogènes,


sont réunis ; les signes de la défaillance financière commencent, généralement, à se
manifester. Ils évoluent progressivement dans le temps. L’action " intelligente " consiste
à réagir pour se prémunir et prévenir.

Sauf accident d’exploitation conjoncturel grave, ponctuel, telles une grève


prolongée, une fermeture des frontières causant l’arrêt des approvisionnements ou de
l’écoulement de la production vers les marchés étrangers, une catastrophe naturelle
endommageant gravement l’outil de production etc.

La défaillance est un phénomène qui s’accumule et s’aggrave graduellement


dans le temps. L’expert comptable étant un assistant conseil est appelé, lors de
l’accomplissement de ses diverses missions, d’attirer l’attention sur certains des éléments
qui seraient à l’origine des difficultés.

Il est vrai que les chefs d’entreprises cherchent à agir sur les divers coûts ; ils
considèrent, selon notre propre expérience, que le coût relatif aux honoraires du travail
de l’expert comptable est disproportionné par rapport à l’avantage.

Nous pensons que la profession d’expert comptable ne réussira pas sa mission,


nous disons " nationale ", si elle ne change pas la vision du chef d’entreprise par rapport à
la comptabilité.
Il faut " le faire sortir " de sa vision négative qui consiste à " truquer " un bilan (Bertolus
1988) ou " l’art de calculer ses bénéfices " (Lignon 1989) (1).

Nous avions rappelé ci haut que les états financiers forment un tout
indissociable et inter - dépendant. Ces états représentent, entre autres intérêts, un intérêt

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pour les dirigeants, les actionnaires et les autres tiers ; c’est de connaître la situation
financière et d’apprécier la performance.

Le droit des sociétés fait obligation aux dirigeants de les présenter


annuellement aux tiers, pour les informer. L’actionnaire cherche à avoir un profit pour le
capital qu’il a accepté de placer. Seule la performance, pour lui, permet de mesurer l’état
de santé de l’entreprise. Cela n’est pas toujours vrai.
(1)cité par Hervé Stolowy : comptabilité créative : Encyclopédie de comptabilité contrôle de gestion et Audit. Ed.
Economica.2000

Ceci étant, dans le cadre de notre présent mémoire, nous allons tenter de mettre
en évidence certains indicateurs susceptibles de mesurer la défaillance.
« Elle intervient lorsque l’exploitation ne peut plus faire face à son passif
exigible au moyen de son actif disponible (J.F.Malecot). Elle se reflète, alors par le
manque de rentabilité de l’entreprise, c'est-à-dire son incapacité à engendrer des
bénéfices et donc à s’autofinancer (H.OOGHE et C.VAN WYMEERSCH) (1).

Le bénéfice n’est-il pas le niveau du PLUS dégagé par l’entreprise d’un début
de période à sa fin. Il mesure donc " son enrichissement " et est désigné comme étant "un
signe de sa bonne santé".
Comptablement, il est un élément de ses capitaux propres. Son contraire, qui
est la perte, produit des effets contraires et pervers par rapport à la mesure de santé de
l’entreprise. Un diagnostic et une analyse couvrent plusieurs éléments dont la mesure de
la performance.
Le tableau suivant, récapitule l’état de santé de l’entreprise (2).

(1) Entreprise rentable pleine forme


et liquide

Santé (2) Entreprise rentable maladie


financière
passagére de et non liquide passagère
l’entreprise.
Rentabilité/
Liquidités

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(3) Entreprise non rentable maladie


Et liquide chronique

(4) Entreprise non rentable fin


et non liquide prochaine

(1) Crucifix F. Derdini A. : Symptômes de défaillances et stratégie de redressement de l’entreprise. Edition Maxima.
(2) Crucifix F. Derdini A. : Symptômes de défaillances et stratégie de redressement de l’entreprise. Edition Maxima .

La catégorie d’entreprise N°2, qualifiée de " maladie passagère" montre que la


rentabilité, et par conséquent la performance, est un levier de pérennisation de
l’entreprise.

L’état des flux de trésorerie est un outil additionnel permettant de nous


éclairer sur la qualité de la gestion des dirigeants, et comment ces derniers s’acquittent de
leurs taches dans la gestion de la trésorerie de l’entreprise ; et comment cette dernière
contribue-t-elle à améliorer ou à faire dégrader la performance.

Une entreprise dont le cycle d’exploitation boucle sur une trésorerie négative
de manière répétitive est menacée et ne pourrait, à moyen terme, que se diriger vers une
situation de défaillance.

Les autres composantes du tableau éclairent, ou dirions-nous, dénoncent les


mauvais comportements des dirigeants et gestionnaires dans les ressources de
l’entreprise.

Georges Depallens avait donné une définition simple, mais relativement


complète, de la fonction financière : « celle-ci a pour but essentiel de mettre à la
disposition de l’entreprise, aux moments opportuns et par des procédés les plus
économiques, les capitaux nécessaires à son équipement rationnel et à son

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fonctionnement normal, tout en assurant son indépendance permanente et sa liberté


d’action industrielle et commerciale » (1)..
Cette définition, malgré "son âge", demeure percutante et pertinente ; et
surtout pour certains de nos chefs d’entreprise dont la gestion financière serait le plus
souvent hasardeuse par une utilisation peu rationnelle des capitaux.
La fonction financière recouvre diverses activités mais se rattachent à deux
composantes centrales : l’analyse financière et la gestion financière :

(1) G.Depallens, gestion financière de l’entreprise, Sirey 1997

 La première concerne l’analyse des besoins de financement et l’étude


de la situation en termes de structure financière et de rentabilité.
Elles se ramènent souvent à deux grands types d’analyses :
 Les analyses de structure pour ajuster les durées des
ressources et des emplois, tout en assurant l’indépendance de
l’entreprise ;
 Les analyses de rentabilité pour définir l’allocation des
ressources, décider des dégagements et des engagements dans
les diverses activités de l’entreprise aussi.
 La seconde, qui est la gestion financière, consiste à se procurer des
ressources et optimiser l’allocation des fonds ainsi obtenus en
fonction des durées, des coûts, etc (1).

Nous avons indiqué dans les développements antérieurs, que parmi les causes
de la défaillance, il existe certaines d’origine interne. Parmi les plus significatives, nous
citons les causes d’origine financière.

G.Depallens a rappelé que la fonction financière a pour but de mettre en place


les capitaux nécessaires pour un fonctionnement normal, tout en assurant l’indépendance
de l’entreprise.

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Cela nous amène à dire qu’une structure financière inadaptée contribue à


augmenter la fragilité de l’entreprise et l’exposerait aussi aux risques accidentels (telle la
défaillance de clients par exemple).

Ce phénomène est de plus en plus répandu, dans les "économies dites


fragilisées ", où les entreprises sont largement endettées et dépendent du système
bancaire.

(1) M. Reuzeau Organisation et gestion de l’entreprise, éd. ESKA, DECF

« Les études menées par l’INSEE (organisme chargé des statistiques et des
études économiques en France) mettent en évidence que 20.6% des entreprises
défaillantes déclarent avoir souffert directement d’une insuffisance de ressources propres,
et que 21.8% d’entre elles, d’en avoir subi indirectement les conséquences.

Elles mettent également en évidence que l’intensité capitalistique (rapport


fonds propres/effectifs) de l’entreprise défaillante est significativement inférieure à celle
de l’entreprise non défaillante, représente pour un taux de 1% dans l’entreprise non
défaillante, un taux dans l’entreprise défaillante de :
 0.57 dans le commerce ;
 0.45 dans l’industrie ;
 0.25 dans les services ». (1)

Parler de l’analyse des déterminants de la situation financière nous amène à


nous recentrer sur l’information financière et comptable, corrigée éventuellement des
distorsions qui l’empêchent, parfois, de donner une représentation économique réaliste.

Le travail de l’analyste consiste principalement à " faire parler les


chiffres " même si l’information utile au diagnostic ne se réduit pas à des mesures
quantitatives. Parmi les instruments d’analyse, nous pourrons distinguer : les grilles
d’analyse, les ratios, les fonctions discriminantes et enfin les systèmes experts (2).

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L’analyse de la structure financière, et partant de la situation nette dépend le


plus souvent des critères et des instruments mis en œuvre et procède d’une triple
conception du bilan et de l’équilibre ou son contraire qu’il exprime.

(1) l’entreprise en difficulté, 3iéme éd. Delmas 2002 (source INSEE - BODAC 1996)
(2) Le diagnostic financier. La revue fiduciaire, 2iéme édition, 2001.

Sous section 1 : La conception patrimoniale :

Utilisée jusqu’au début des années 1970, et encore par beaucoup jusqu’à nos
jours, par les banques essentiellement. Cette conception demeure centrée sur la solvabilité
et la liquidité, l’équilibre financier de l’entreprise est apprécié à travers sa capacité à
couvrir ses engagements exigibles par ses actifs liquides.
Cette conception dite de l’analyse de l’équilibre financier à travers le
patrimoine, au sens large, se définit par la contrainte de solvabilité s’imposant à toute
entreprise.
Selon cette conception, ancienne, le bilan est un inventaire à un instant donné
des biens physiques ou financiers et des dettes de l’entreprise au sens large. Autrement, il
y a lieu de déterminer le patrimoine net, comptablement, dégagé par le bilan et arrêté à
une date donnée et revenant aux propriétaires. C’est l’actif net, la situation nette, sans
autres retraitements.

Cette appréciation de la solvabilité qui repose sur une optique de liquidation


est apparue au cours des années 1950, est inadaptée, aujourd’hui à la pratique de la vie
des affaires et à l’analyse des risques.

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La solvabilité est l’aptitude de l’entreprise à régler ses dettes, toutes les dettes
autre que le capital social, dans l’hypothèse d’une cessation d’activité suivie d’une
liquidation.

Mais cette notion de solvabilité courante a progressivement évolué pour


affirmer que la solvabilité est la capacité de l’entreprise à faire face à ses dettes exigibles à
partir de ses actifs les plus liquides.
L’analyse de la solvabilité et de la liquidité de l’entreprise peut être également
réalisée à partir de ratios. Méthode classique, statique, la méthode des ratios consiste à
établir des rapports entre deux éléments du bilan ou de résultat, afin d’en tirer une
conclusion ou un moyen de comparaison dans le temps et dans l’espace.

Stocks réels + créances, et autres, certaines,


+ liquidités + valeur mobilière de placement
Ratio de liquidité générale =
Dettes à court terme.

Liquidités et équivalent de liquidité


Ratio de liquidité immédiate =
Dettes à court terme.

Créances et autres, certaines + liquidités et


équivalent de liquidité
Ratio de liquidité restreinte : =
Dettes à court terme.

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L’interprétation de ces ratios est une question relative et non absolue.


Le 1er ratio, supérieure à 1, traduit un fonds de roulement net positif,
généralement signe que la structure est équilibrée. Sa comparaison dans le temps et
l’espace, devient plus instructive.
Les deux autres, quand ils sont inférieurs à 1, peuvent traduire de graves
difficultés de paiement ou à l’inverse une gestion de trésorerie Zéro, voulue et décidée
pour des raisons objectives tenant à d’autres critères. Cette approche, ancienne, demeure
assise sur la notion de ce qui est couramment appelé et désigné, parfois à tort, le fond de
roulement d’exploitation. Mais cette notion a fait l’objet d’un profond renouvellement
dans le cadre de l’approche fonctionnelle de la structure financière.

Sous section 2 : La conception fonctionnelle

La deuxième approche repose sur la couverture des emplois stables par les
ressources stables.
Cette conception dite fonctionnelle, par fonction de l’équilibre financier,
repose sur une distinction entre ce qui est stable, comme ressources et emplois, et ce qui
est dynamique, autrement évoluant en fonction du cycle d’exploitation de l’entreprise.

Cette approche diffère de la statique dans le sens où elle s’attache à accorder


une importance particulière aux divers composants dynamiques de l’exploitation qui,
débouchent sur ce qui est appelé le besoin en fonds de roulement d’exploitation, au
travers d’un reclassement des divers éléments du bilan classés en :
 Eléments hors exploitation ;
 Eléments d’exploitation ;
 Et par fonction.

La logique financière de l’approche fonctionnelle apprécie l’équilibre financier


à travers la relation fondamentale de trésorerie qui le structure.

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Cette vision s’intéresse aux changements induits par la croissance de l’activité,


et partant du volume des ventes, sur la trésorerie quand le fonds de roulement demeure
statique.
L’équilibre financier fonctionnel demeure axé sur l’appréciation du risque
d’insolvabilité.
Elle prend, donc, en considération les conditions du financement de la
croissance :

Trésorerie = Fonds de roulement – Besoin en fonds de roulement

Les financiers prudents essaient d’agir sur les composants du B.F.R, pour que
la trésorerie ne soit pas gênée, ou du moins demeure proche de ZERO. Cette trésorerie
peut apparaître comme l’expression de l’équilibre financier optimal.

La question de la trésorerie est un souci permanent ; surtout en temps de crise,


de changements de méthodes, de risques inhérents provoqués par des changements de
politique économique.
Rappelons que quand l’entreprise est sous capitalisée, en période de
changements et de croissance, la trésorerie se trouve en état de " surchauffe " et serait de
nature à causer des sources potentielles de défaillances.

Sous section 3 : La conception basé sur le bilan « pool de fonds »

La troisième conception dans l’analyse de la structure financière, dite le bilan


dans l’optique " pool de fonds ", constitue une rupture par rapport à l’analyse
traditionnelle de l’équilibre financier. Cette approche fait abstraction de la notion
d’affectation des ressources à un, ou plusieurs, emploi quelconque.

Présentation du bilan " pool de fonds "

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Emplois Ressources
Emploi de nature commerciale et
industrielle :
 Immobilisations
 B.F.R. correspondant
Fonds propres

Dettes financières
Emplois à caractère financier
(dont concours bancaires courants)

Cette représentation traduit une approche particulière de l’entreprise. Cette


dernière est considérée comme disposant d’un pool de fonds finançant globalement un
ensemble d’actifs correspondant à un certain niveau de risque et de rentabilité. La
rentabilité générée par les actifs permet de rémunérer les différentes sources de fonds,
compte tenu du niveau de risque global (1).

L’analyse financière statique, du,(ou des), bilan explique en partie les effets des
décisions de gestion des dirigeants, des gestionnaires, qu’ils continuent d’exercer sur la
situation financière de l’entreprise, à une date donnée.

Sous section 4 : La conception basée sur la performance

L’étude des performances, ou de l’évolution de la situation financière nette,


requiert une approche dynamique de l’entreprise. La performance s’apprécie à travers
plusieurs facettes.

« Une entreprise est en difficulté lorsqu’elle subit un processus de déclin des


performances économiques et financières. Il existe plusieurs approches dans la littérature
permettant d’appréhender la notion de performance.

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Staw (1975) l’opérationnalise à partir d’indicateurs comptables et financiers tels


que le rendement sur investissement, le rendement sur le chiffre d’affaires, etc.

Ce type d’approche a fait l’objet de critiques liées notamment aux modèles de


mesures comptables, ceux-ci ne rendent pas toujours pertinente l’appréciation de la
performance puisque les conventions comptables sont susceptibles de varier d’une
organisation à une autre, d’un secteur à un autre ou encore d’un pays à un autre.

(1) J. Barreau et J. Delahaye Gestion financière, 7 édition éd. Dunod -DECF

La notion de déclin (ou de détérioration) est définie (Wehtten 1988) comme une
dégradation. Selon (D’Aveni 1989), plusieurs types de déclin existent :
 Le déclin soudain (échec rapide d’une firme suivi de la faillite) ;
 Le déclin graduel (dégradation continue puis faillite) ;
 Le déclin persistant (processus de dégradation qui diffère la faillite de
plusieurs années) ». (1)

Partant des définitions de déclin qui se manifeste par la dégradation de


l’entreprise, qui n’est autre que celle de sa situation financière et de sa performance. Nous
avons précisé ci haut qu’une entreprise qui ne s’enrichit pas, s’appauvrit.

L’appauvrissement se mesure généralement par le niveau de son activité et ses


résultats. Outre l’état de résultat, qui décompose les éléments constitutifs du résultat ; le
tableau des soldes intermédiaires de gestion est un outil d’appréciation des divers
niveaux des résultats, l’analysant à des divers niveaux des résultats.
Il autorise aussi de situer, par une analyse affinée, les éléments de gestion sur
lesquels un gestionnaire, et un dirigeant, peuvent agir pour corriger une tendance. Il est
formé par une cascade d’indicateurs qui se construit d’après le type d’opérations
effectuées (exploitation, financement, et exceptionnels).

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D’une manière générale, nous dirions même relativement absolue, une


entreprise qui ne dégage pas une valeur ajoutée conséquente a une performance limitée
ou préjudiciable. C’est un bon indicateur de l’enrichissement, ou du PLUS dégagé, par les
divers facteurs intervenant dans la production.

Autre élément comptable et financier que l’on peut dégager des états financiers,
et qui nous semble fort important, c’est la capacité d’autofinancement. Comme son nom
l’indique, il s’agit de mesurer la capacité, disons le, créative d’épargne dégagée par
l’entreprise pour elle-même, avant distribution de dividendes.

(1) Article de Constant Djama : les profils financiers et comptables des entreprises en difficulté, université de Toulouse 1.

La capacité d’autofinancement est ainsi le surplus monétaire encaissable dégagé


par l’entreprise sur un exercice. Ce flux de trésorerie est en partie potentiel, "encaissable»,
car les décalages de paiement recensés au bilan affectent les produits et les charges : une
partie du chiffre d’affaires n’a pas été encaissée (créances clients) tandis qu’une partie des
charges n’a pas encore été payée (dettes fournisseurs principalement). La CAF est un
concept fondamental de la finance ; c’est l’épargne calculée, à partir du compte de résultat
et vient renforcer les ressources au bilan (1).

Section 3 : L’analyse des déterminants de la rentabilité financière.

Evaluer la rentabilité d’une entreprise revient à apprécier quelques éléments


classiques dont un chef d’entreprise avisé se doit de réaliser, dans le temps et dans
l’espace.

Les résultats s’apprécient par rapport aux moyens économiques, financiers et


humains ; il s’agit de déterminer :

1. La rentabilité financière ou celle des capitaux propres, elle se mesure :

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Résultat net

Capitaux propres (sans résultat N)

Si elle est élevée, cela signifie que l’entreprise rémunère bien ses capitaux
propres, et les améliore aussi. Dans le jargon financier, ce ratio est aussi appelé le ROE
(Return On Equity).

(1) Hervé Hutin : Toute la finance d’entreprise en pratique : éd. Organisation, 2ième édition 2002.

2. La rentabilité économique se mesure :

Résultat économique

Capital économique

Le résultat économique correspondant à l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation),


le capital économique est la somme des immobilisations brutes et du besoin en fonds de
roulement d’exploitation.
3. La rentabilité des ressources durables, ou des capitaux permanents, d’où

Résultat net + intérêts des dettes financières

Capitaux propres + dettes financières

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L’étude de ces trois ratios est importante pour une entreprise qui commence à
montrer un essoufflement et des difficultés d’exploitation et de trésorerie. Elle est plus
importante quand elle se situe dans l’espace et dans le temps.
Elle est significative pour :
 Soit enrayer les causes des insuffisances.
 Soit anticiper l’avenir.

Les indices dégagés par les principaux agrégats tirés du tableau des soldes
intermédiaires de gestion, et les variations, pourraient éventuellement donner les
éléments des décisions correctives.
« A partir de l’étude des ratios financières, Mueller et Barker (1997) analysent
les organisations en déclin ayant subi ou non un redressement. Ils concluent que le déclin
est souvent le résultat plus ou moins direct de la détérioration de la demande et/ou de

celle des ressources de l’organisation et que cette dégradation s’étend, en moyenne, sur
une période de 6 ans.

L’état de détérioration peut être linéaire (dans le cadre d’un processus de déclin
ou d’une trajectoire de déclin).

Performances
économiques
et financières
Trajectoire de déclin

Détérioration

- de la demande :
 diminution des ventes
 augmentation des stocks

- des ressources :
 humaines (plans sociaux,
démissions de cadres, fuite de
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compétences)
 matérielles (stagnation ou
désinvestissement, obsolescence,
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Entreprises en difficultés
(Niveau de croissance des difficultés)

Représentation du déclin des performances économiques (1)

(1) Article de Constant Djama : les profils financiers et comptables des entreprises en difficulté, université de Toulouse 1

Section 4 : Quelles conséquences tirées des déterminants de la


situation financière sur la rentabilité.

Si nous allons nous limiter à lire les conséquences chiffrées, le sujet devient
facile. La réalité de l’entreprise est là, comme la réalité qu’un être humain atteint d’une
maladie quelconque, diagnostiquée ou non. Mais faut-il disposer aussi d’un " bon
diagnostic " pour prévenir la dégradation, agir et guérir, ou fuir vers l’avant en acceptant
la fatalité.

Un chef d’entreprise, avisé et loyal, ayant conscience des causes, des effets et
des mesures à prendre, pour agir sur les origines des diverses causes dont une partie est
rappelée ci haut ; des effets que vont avoir sur les divers intervenants dans l’entreprise et
des mesures à devoir prendre ; se doit de se poser certaines de ces questions :
 Existe-t-il encore un avenir compte tenu des causes des difficultés
auxquelles l’entreprise est confrontée ?

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 Doit aussi savoir les apprécier à leur juste valeur et les classer par
ordre de gravité, et partant de priorité pour pouvoir en agir dessus ;
 Doit aussi savoir si les difficultés sont structurelles, conjoncturelles, et
trouvant leur origine dans un passé assez long qui, effets cumulés dans
le temps, ont amené à une situation d’impasse ou d’inertie partielle ou
totale. A chaque situation un effet, à chaque effet une ou plusieurs
causes et un/ou plusieurs remède.
 Où se situe l’entreprise par rapport à son environnement financier,
économique, juridique et social ?
 Est –elle –en cessation de paiements ?
 Et toutes les autres questions que doit se poser le/ou les dirigeants.

Il faut rappeler une réalité humaine ; c’est que l’homme n’aime pas être jugé.

Mais il doit se dire que dans le monde de l’entreprise, le subjectif ne doit pas
avoir de place. Partant d’une réalité donnée, à savoir la difficulté au sens large, il doit être
objectif et travailler par objectif.

Une assistance externe est utile, nécessaire, et aussi légalement obligatoire.


Plusieurs situations se présentent : entreprises en début de difficultés et dont la situation
n’est pas du ressort du juge, ou entreprise qui n’est pas du ressort du juge.

Dans tous les cas de figure, le pré-diagnostic ou le diagnostic doit :


 Déterminer le degré de la détérioration économique et financière ;
 Le régime juridique d’urgence ;
 L’origine des difficultés
 Et les solutions adéquates, urgentes et adaptées selon la situation, à
prendre.

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Dans cet état des choses, le diagnostic d’une entreprise en difficultés peut
rencontrer plusieurs restrictions qui pourraient rendre la situation plus difficile :
 Le recueil d’informations, à l’intérieur ou de l’extérieur, relatives à la
situation de l’entreprise ;
 Le temps imparti au diagnostic ;
 Le manque de moyens financiers pour l’opération de diagnostic ;
 Le risque de ne pas pouvoir identifier les difficultés en profondeur ;
 Et surtout l’attitude des gestionnaires et des managers.

Nous disons que les chefs d’entreprises agissent dans de telles situations
comme "des petits enfants". Ils essaient de "se cacher et de cacher" une réalité attendant
des jours meilleurs.
La culture ambiante est aussi un facteur qui n’aide pas à la prise en charge
d’une réalité, qui, aussitôt apparue est plus facilement remédiable « La prévention est,
par essence, destinée à porter remède à des atteintes apportées au bon fonctionnement de

l’entreprise dans la mesure où elles ont été détectées suffisamment tôt pour que ne soit
créée "une situation irrémédiablement compromise". (1)

Traitant du cas des entreprises en difficultés économiques en Tunisie, et ne


disposant pas de sources d’informations permettant de porter un jugement, sauf
l’ensemble de connaissances acquises tout au long de huit années d’expérience où nous
étions en contact avec des entreprises de divers secteurs, tailles (de la petite à celle
employant quelques centaines ou milliers de salariés), agissant dans des zones dites
économiquement protégées (marchés protégés), etc.

Nous nous sommes basés sur un article récent. (2) L’auteur de l’article
(Président de la commission de suivi des entreprises économiques) « a fait un rappel
historique de la problématique de l’entreprise en difficulté en Tunisie, pour mieux
comprendre le contexte tunisien, la culture des dirigeants, et de surcroît leur réaction face
à l’avènement de la loi 95-34 et les lois subséquentes.

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Il rappelle que la notion d’entreprise en difficulté est apparue en Tunisie après


1986, date d’adoption du plan d’ajustement structurel (le PAS), dans la mesure où avant
cette date, l’entreprise qui était constitué à plus de 95% par des PME de type familial,
évolue dans une économie protégée en amont et en aval, ce qui la mettait à l’abri de toute
pression concurrentielle.
En outre, elle bénéficie d’un accès facile et soutenu au financement bancaire »
« La PME tunisienne a besoin, entre autres, de consolider sa structure financière
et renforcer ses fonds propres pour pouvoir faire face aux changements et aléas de la
conjoncture internationale et garantir ainsi sa pérennité ; collecter des informations fiables
sur l’évolution des marchés en général et plus particulièrement les marchés récepteurs ;
s’assurer du concours d’actionnaires actifs qui apporteraient en plus de leurs
contributions financières un savoir faire dans la gestion, l’organisation, la stratégie

(1) Bernard Meille : les avantages de la médiation économique R.F.C. n°298-Mars 1998
(2) Colloque à Tunis le 11 et 12 Décembre 2006 : Tunisie ; elles ne veulent pas de S.O.S entreprises par Mbarek Khamassi

commerciale et la politique générale de l’entreprise et un réseau relationnel national et


international qui pourrait être mis à profit pour un rapprochement avec des PME
étrangères ; bénéficier de l’assistance de, conseillers et d’experts spécialisés en matière de :
stratégie, choix technologiques, marketing, organisation et ingénierie financière »(1).

Le rapport insiste sur deux aspects fondamentaux contribuant, dans les temps
« dits modernes », à assurer une certaine viabilité et pérennité, à savoir :
 L’importance des capitaux propres.
 Et l’assistance toutes spécialités confondues.

L’article de Mr. Mbarek Khamassi précise aussi : « que les entreprises de petites
tailles sont les plus vulnérables et manquent d’immunité face aux difficultés rencontrées.
A l’inverse, le nombre des entreprises de grande taille (employant plus de 200 personnes
selon l’expression de l’auteur) soit 69 entreprises au cours des 10 dernières années est très
faibles, pour la simple raison que ces entreprises résistent mieux aux difficultés et sont

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dotées d’une certaine capacité de manœuvre leur permettant de trouver éventuellement


des solutions en dehors de la loi. (L’auteur n’a pas été plus précis).
Cependant, quand ces grandes entreprises tombent en difficulté l’ampleur des
effets négatifs sur le plan social est très médiatisée. L’endettement global enregistré au
niveau des entreprises admises dans le cadre de la loi pendant les 10 dernières années est
chiffré à : 3 884 millions de dinars. L’endettement est réparti comme suit :
 69% auprès des banques ;
 6% auprès de l’Etat (Fisc) ;
 2% auprès de la CNSS ;
 3% auprès des sociétés de leasing ;
 20% autres créanciers.
Ce qui dénote de la subordination quasi-totale des entreprises au système
bancaire et le rapport de force important dont ce dernier détient pour décider du sort de
l’entreprise ».

(1) Rapport du Center for Administrative Innovation in the Euro - Méditerraneau Region (Tunisie)

En tant que professionnels des chiffres, experts comptables, commissaires aux


comptes et tout autre personne conseiller intervenant dans l’entreprise ; il est de leur
devoir moral de créer, avec toutes les parties agissant, une synergie dans le dépistage, au
plus tôt par rapport à l’origine des difficultés rencontrées par l’entreprise qu’ils ont la
charge de suivre et le devoir d’alerter.

Il ne s’agit pas de délation, mais, dans une confidentialité totale (code des
devoirs professionnels et de l’entreprise obligent) de faire prendre conscience au chef
d’entreprise de sa situation et des possibilités de redressement s’il réagit très vite.

Il est impératif de dire que la prévention n’est pas " l’antichambre de la faillite"
et qu’il vaut mieux agir par une négociation que par un recours judiciaire.

Les professionnels et les chefs d’entreprises doivent maîtriser l’analyse des


signes avant coureurs annonçant les difficultés.

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Au risque de provoquer certains professionnels, nous disons que le temps de


l’expert comptable " salarié passif et négatif" est révolu. Autrement, il ne doit pas
constituer une charge inscrite dans un compte de charge.

« Les temps archaïques sont loin où se manifestent une allergie à l’anticipation.


De nos jours, l’anticipation est devenue une qualité parée de toutes les vertus dont celle
de permettre la sauvegarde des entreprises en difficultés.
A l’image de la prévention routière, on nourrit l’espoir d’un succès transposable au
monde de l’entreprise dont « la prévention économique » serait la pièce maîtresse». (1)

(1) Denis Voinot : Droit économique des entreprises en difficulté. L.G.D.J. 2007 P-79-

Chapitre 2
Rôle de l’expert comptable dans la prévention des
difficultés économiques

Section 1 : Rôle de l’expert comptable face à la détection et à la


prévention des difficultés économiques des entreprises.

S’il ne fait pas de doute, de notre point de vue et expérience, fusse-t-elle de


courte durée, nous pensons que l’expert comptable est le professionnel qui serait le plus
proche de l’entreprise ou de ses dirigeants.

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Sans vouloir trahir notre devoir de réserve quant à l’obligation de principe


dictée par le respect du secret professionnel ; nous avons eu à réaliser une mission dans
une grande entreprise, leader dans son secteur, qui doit, selon les affirmations de ses
dirigeants, son développement et sa pérennité à l’assistance de ses conseillers externes et
essentiellement experts comptables.

Il va sans dire que son rôle ou intervention ne serait plus efficace que quand
cette dernière est réalisée au moment opportun. Car, réclamer "le remède miracle", quand
la situation est compromise serait sans intérêt.

D’où, l’accompagnement de l’entreprise depuis sa création et tout au long des


diverses phases de ses mutations. En outre, son intervention devient de plus en plus utile

et "indispensable" actuellement, vu les contraintes induites par l’environnement dans


lequel les entreprises évoluent.

Nous pensons que la profession d’expert comptable est de plus en plus


appelée à revoir sa stratégie opérationnelle vis à vis du tissu économique tunisien
composé essentiellement de petites et moyennes entreprises.

Il n’y a pas de "sous entreprise", autrement, il doit apporter son intérêt et son
assistance à toute entreprise quelle que soit sa taille. Car, nous considérons que l’expert
comptable se doit de cultiver, tout autour de lui, ce qu’on appelle la culture de
l’entreprise ; et doit même apporter une certaine assistance pédagogique au chef
d’entreprise.

La revue française de comptabilité (n°312-juin 1999) a publié un résumé d’un


mémoire d’expertise comptable ("les meilleurs mémoires d’expertise comptable") dans le

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thème s’intitule ainsi : définition et pilotage stratégiques : une mission de conseil pour
l’expert comptable ; analyse des enjeux et de la problématique ; proposition d’une
méthodologie et d’un support. L’auteur du mémoire précise : « le segment marché le
plus important pour l’expert comptable est celui des très petites et des petites entreprises.
Le taux de pénétration y est supérieur à 80% et la quasi-totalité des clients présente un
effectif inférieur à 50 personnes (salariés).
Les petites et très petites entreprises doivent, comme les grandes entreprises,
faire face à un environnement en mutation perpétuelle et prendre les mesures correctives
nécessaires.

L’expert comptable, qui est présent dans l’entreprise et qui connaît


l’environnement économique de son client, bénéficie d’une place privilégié pour l’aider
dans la définition et le pilotage stratégiques ».
L’expert comptable est un professionnel indépendant ; il n’est pas en permanence dans
l’entreprise. Cependant, son suivi et son implication dans les choix, les décisions, les

conseils qu’il a à prodiguer, le mettent, avec les dirigeants, comme étant parmi les
personnes les mieux à même pour prévenir et pour détecter les risques de difficultés
auxquelles l’entreprise pourrait se trouver exposée.

Sous section 1 : Rôle en amont : la prévention.

La loi et l’environnement économique imposent, de plus en plus, des


obligations aux entreprises. Le professionnel comptable spécialiste et conseiller est amené
à intervenir dans le cadre de missions diversifiées que l’on peut classer schématiquement
de la façon suivante :
 Missions d’ordre comptable ; c’est les missions que l’on qualifie de
"naturelles".
 Missions de contrôle légal ou contractuel ; c'est-à-dire le travail qui
s’effectue dans le cadre du commissariat légal dont la finalité est

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

d’exprimer un jugement professionnel sur les états financiers d’une


entité ;
 Autres missions : conseil de gestion, organisations, missions juridiques
et fiscales, sociales
 Et des missions d’expertise judiciaire.

La profession comptable est aujourd’hui organisée autour de deux


organisations professionnelles qui sont : l’ordre des experts comptables de Tunisie créé en
1981 et la compagnie des comptables créée en 2002.

Chaque corporation a ses droits et obligations. Il faut rappeler que la profession


d’expert comptable s’est constituée avec un nombre très peu important.

Et comble du destin, on a subdivisé la profession en deux chambres, une


chargée de l’expertise comptable et l’autre orientée spécifiquement vers le commissariat
aux comptes.

Le rôle de l’expert comptable en amont se manifeste essentiellement depuis la


création à travers toutes les phases du développement et de la croissance de l’entreprise.
Nous pensons que ce rôle préventif est plus utile et important que le curatif.

L’expert comptable conseiller assiste l’entreprise lors de sa création dans les


divers aspects :

 Financier : En sachant adapter les capitaux financiers avec les capitaux


économiques, autrement à mettre en adéquation :
 le capital social nécessaire,
 les investissements utiles matériels ou immatériels,
 et les dettes bancaires éventuellement.

Juin 2008 39 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Cette démarche nous semble vitale et conditionnant même la viabilité de


l’entreprise. Une inadéquation entre les capitaux permanents et les
investissements risquerait de compromettre le projet.
L’expert conseil est là aussi pour conseiller les fondateurs sur les divers choix
avec toutes les implications et conséquences :
 Juridique : Dans le choix de la forme à prendre avec aussi les effets sur les
modalités de fonctionnement et de contrôle.
 Fiscaux : En optimisant les meilleurs choix offerts par les législations fiscales en
vigueur aussi bien pour la société que pour les associés investisseurs.
 Organisationnel : En amenant les dirigeants à prendre conscience des divers
intérêts qu’ils ont à avoir en mettant en place, et en les adaptant, à la structure
organisationnelle autorisant les meilleurs sécurités pour le capital de l’entreprise.

Le tissu économique est constitué d’entreprises de petites, ou très petites,


moyennes et grandes entreprises. La taille des entreprises tunisiennes demeure, en
apparence relativement peu importante eu égard à leurs homologues ou concurrentes
étrangères.

Une statistique fort éloquente montre que le concept de l’entreprise, dans son
cadre sociétaire, demeure, jusqu’ au 21 siècle peu développé. Puisque « le nombre global
des personnes physiques exerçant une activité industrielle ou commerciale inscrites au

fichier de l’administration fiscale, s’élève à fin octobre 2005, à 409 744 contribuables,

dont 319 774 contribuables se déclarent sous le régime forfaitaire d’imposition, avec un

impôt de 50d par contribuable et par année et représente 0.20% de l’ensemble des

recettes fiscales » (1)

Cela nous conduit à dire que l’expert comptable conseil se doit d’encourager à :
 La création et au développement de la culture sociétale ;

Juin 2008 40 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

 Développer l’investissement par la préservation du capital financier


et humain.

Alain Mikol précise : « Outre la nécessité, pour l’expert comptable, de jouir


d’un sens aiguisé des relations humaines, il devra en outre surmonter un obstacle de
taille, celui de l’image de technicien sans imagination qui colle à la profession dans
l’esprit de certains ». L’auteur note, à cet égard, que le responsable de la petite entreprise
évoque rarement, vis-à-vis des tiers, son"expert comptable", mais bien son "comptable".

Cette perception réductrice du rôle de l’expert comptable le place au même


niveau que " le comptable" dont le seul et unique apport est d’aider le chef d’entreprise à

"l’aider, ou l’appuyer dans son dessein de frauder le fisc » (2).

A travers notre modeste expérience dans le temps, nous avons rencontré cette
perception qui est fort préjudiciable à l’esprit d’entreprise, à l’entreprise, aux associés et
aux tiers.

(1) Mabrouk Maalaoui : la nécessaire mise à niveau, Revue Comptable et Financière, n°71-2006
(2) Alain Mikol : Revue Française de comptabilité n° 312-Juin 1999

Dans un article paru dans la revue de la profession comptable n°284,


Septembre 2006, en France, l’auteur précise : « la population des entreprises françaises en
trois chiffres :
- 93.14% de moins de 10 salariés,
- 6.67% de 10 à 250 salariés,
- 0.19% de plus de 250 salariés ».

( Il ajoute que : « les PME représentent 60% des salariés en France et génèrent
chaque année, la moitié de la valeur ajoutée du pays ».

Juin 2008 41 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Face à ce constat et réalité d’un pays, figurant parmi les 10 économies fortes
dans le monde, nous ne pouvons qu’affirmer que le rôle de l’expert comptable conseil,
dans les petites et moyennes entreprises, est vital et primordial.

Sous section 2 : Mise en place d’outils de décisions et de prévention.

Nous partons d’un constat juridique ancien et confirmé par le code des sociétés
commerciales, la loi 93-2000 du 03-11-2000 et lois subséquentes.
Ce dernier a introduit franchement une notion dite de " dirigeant avisé et loyal". Cela
suppose que le dirigeant a une obligation de savoir gérer. Partant de là, il devient
responsable au cas où il commettrait une faute de gestion de nature préjudiciable à
l’intérêt social, à la société et aux tiers.

Etre dirigeant, c’est être mandataire. Ce mandat implique qu’il faut avoir des
comportements de nature à dégager des performances susceptibles de donner de la
valeur ajoutée au capital initial.
Le dirigeant est confronté à une question fondamentale : « Quel est l’objectif de mon
entreprise ? »
De la découlent d’autres questions :
- quels moyens mettre en œuvre ?

- le fonctionnement de l’entreprise est-il pertinent pour atteindre


l’objectif ?
- et quelles mesures correctives prendre pour corriger les insuffisances
et parer aux défaillances ?
D’où, l’organisation par la mise en place des procédures adaptées (les gardes
fous), qui ne sont souvent pas la panacée, et qui sont constatées par ce qui est appelé
« outils de détection et de prévention »

« Les différents outils de contrôle dont se dote une organisation sont


généralement considérés comme obligatoires (l’obligation de désigner un commissaire

Juin 2008 42 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

aux comptes), comme nécessaires (existence de budgets pour éviter le dérapage des
charges), comme inévitables, contre – pouvoirs (contrôle classique pour une partie des
personnels de l’organisation dotés généralement d’un fort pouvoir de négociation) ou,
enfin, comme appartenant au domaine réservé à la direction générale en relevant plus de
l’art du dirigeant que de la science ».

Dans cette partie de notre mémoire, et après une expérience encore modeste,
nous pensons que nos dirigeants n’ont pas, ou le plus souvent selon nous, refusent, de se
convertir et d’obéir à une réalité, à savoir que l’entreprise ne peut pas :
 naître sur un « coup de tête »,
 évoluer au « bon vouloir et humeur de ses propriétaires dirigeants »,
 être à l’infini protégée par la fatalité.

Les économies actuelles sont en forte mutations, engendrant des


" perturbations " de nature à exposer les entreprises aux risques de toutes natures.
En plus, celles ne disposant pas de cadres organisationnels et stratégiques de nature à
leur offrir plus de moyens de leur pérennisation. On dit que : « la gestion d’aujourd’hui
c’est le pilotage du changement dans l’incertitude et la complexité :
 Incertitude : le cadre d’analyse n’est pas certain. Tous les paramètres
de l’entreprise et son environnement ne peuvent être connus parfaitement.
 Complexité : les problèmes de gestion sont complexes car les variables
multiples et diverses les constituant sont interdépendantes sans que ces
interrelations soient complètement maîtrisées, voire dans certains cas
compromises (notamment les comportements d’achat, les phénomènes
boursiers, etc.) » (1)

Devant de telles réalités, anciennes et aigues de jour en jour, devons- nous nous
suffire et satisfaire de la comptabilité comme un lieu d’archivage et d’histoire de
l’information financière.
Devons-nous subir la comptabilité, continuer à la percevoir comme un outil de
calcul de l’impôt ?

Juin 2008 43 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

2-1 Les tableaux de bord de gestion :

« Outils d’aide à la décision et à la prévision, le tableau de bord est un


ensemble d’indicateurs peu nombreux (cinq à dix) conçus pour permettre aux
gestionnaires de prendre connaissance de l’état et de l’évolution des systèmes qu’ils
pilotent et d’identifier les tendances qui les influencent sur un horizon cohérent avec la
nature de leurs fonctions » (2).

En effet, comment peut-on imaginer un chef d’entreprise, des gestionnaires,


engagés tous dans la gestion courante, journalière et périodique, d’une entreprise
engageant des capitaux et des hommes, piloter ce tout sans disposer d’outils.
Le terme piloter est emprunté au domaine de l’aviation où le conducteur (le pilote) ne
peut arriver à destination sans avoir en permanence sous les yeux divers indicateurs.

Pour des raisons techniques et culturelles (Malo, 1992), les dirigeants français se
sont orientés vers des instruments moins contraignants : ratios, graphiques et tableaux de
bord.

(1) Extrait du manuel organisation et gestion de l’entreprise, éd. Dunod 3 iéme édition, page 17.
(2) Henri Bouquin (1998, page 409), le contrôle de gestion éd. PUF

Ce dernier terme est utilisé pour la première fois dans la littérature en 1932 par
Salet et Voraz (1946) « Les graphiques sont pour l’entreprise ce que les courbes de fièvre
sont pour les malades : de leur état de santé, la représentation visible et frappante » (1).

Ces tableaux de bord trouvent de plus en plus leur place dans un monde à haut
degré de risques, et où la turbulence de l’environnement financier, social, national et
international est présente : les tableaux de bord sont établis en sous traitant des données
antérieures, tirées de la comptabilité, dans une vision rétrospective et se projetant dans
une dynamique prospective.

Juin 2008 44 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Comme toute information financière, ces données doivent toujours être


soumises à des analyses, contrôles, comparaison et confrontation en vue de dégager des
écarts afin de corriger les tendances, d’agir sur les causes des insuffisances ou défaillances
et d’en tirer le mieux afin de corriger la trajectoire par un meilleur pilotage des diverses
fonctions opérationnelles de l’entreprise.

« Dés 1992, Kaplan et Norton proposent dans plusieurs articles de gérer les
organisations à l’aide d’indicateurs financiers et non financiers conçus autour de deux
préoccupations premières : atteindre la cible, et non pas seulement revoir le chemin
parcouru (critique des systèmes de reporting) et créer de la valeur, et non pas simplement
minimiser des coûts (critique de la comptabilité analytique) (2).

L’outil informatique permet une plus grande souplesse pour un meilleur


contrôle et adaptabilité. Il reste à dire qu’une réalité s’impose, de plus en plus, de jour en
jour, que l’entreprise est difficilement gouvernable du fait des diverses modifications
qu’elle subit.
Les dernières augmentations du prix du carburant, de certaines matières
premières, sont-elles de nature à confirmer l’utilité des divers tableaux de gestion, ou à

(1) Jean Louis Malo, encyclopédie de comptabilité, contrôle de gestion et audit. Economica 2000
(2) Jean Louis Malo, encyclopédie de comptabilité, contrôle de gestion et audit. Economica 2000

l’infirmer tellement la remise en cause des réalités économiques et financières devient


dûre.

L’envolé de l’euro, journalière, est-elle aussi à laisser le doute et les divers


risques devenir maîtres des situations et imposer une rigueur de gestion.
(

Faudrait-il aussi penser que le droit comptable, et la normalisation


internationale, sont de plus en plus nécessaires, pour que l’information comptable se
destine à sa véritable mission ; à savoir aider à la prise de décisions.

Juin 2008 45 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

L’internationalisation des économies et la globalisation des marchés se font


ressentir partout et de manière identique, mais dont les effets ne sont pas les mêmes.

S’il y a un domaine où le phénomène de la globalisation des marchés se fait


ressentir partout et de la même manière, c’est vraisemblablement celui de l’information
financière divulguée par les entreprises formée autour de concepts, de standards et de
règles communément admis. La comptabilité financière est devenue un langage normé et
inévitablement uniforme selon les défenseurs de l’internationalisation de la normalisation
comptable.

2-2 L’analyse des états financiers :

Les états financiers sont interdépendants et complémentaires. Ils contiennent


un ensemble d’éléments d’informations décrivant la situation patrimoniale brute et nette,
et les composantes de la performance. Mais ils demeurent cependant statiques. Les
rendre dynamiques en les analysant est un PLUS que l’information financière peut en
recéler.
Mais l’analyse pourra-t-elle atteindre ses objectifs si la base n’est pas fiable ; car
elle vise avant est après tout à formuler un diagnostic.

« L’essentiel des informations traitées par l’analyse financière était


traditionnellement fourni par la comptabilité générale ; c’est pourquoi on a pu la qualifier
improprement " d’analyse comptable ".
Cependant l’évolution récente a conduit à élargir considérablement les sources
d’information traitées par l’analyse financière, débouchant sur un profond
renouvellement sinon un relâchement de ses relations avec des sources d’information
comptable » (1)..

L’analyse financière est donc la technique qui a pour but de comprendre et


d’expliquer la rentabilité et les risques d’un agent économique, d’en déterminer les

Juin 2008 46 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

facteurs favorables ou défavorables destinés à aider à la prise de décision. Souvent,


l’analyse doit partir du constaté, pour anticiper et se tourner vers le futur.

Cependant, il est nécessaire de préciser que toute anticipation comporte, des


aléas et des risques. Mais n’est ce pas la raison même du risque et de l’aléa qui vient
justifier voire même vérifier la raison de l’anticipation.

Ne vaut-il pas mieux d’anticiper que de subir. Pratiquement, le résultat d’une


analyse consiste en une description chiffrée des situations et performances passées,
accompagnées de commentaires explicatifs des facteurs qui, et c’est l’intérêt de l’analyse
nous pensons, dans le futur infléchiront de façon favorable ou défavorable les résultats
constatés.

Le terme analyse est utilisé de manière courante et généralisée. Dans le


domaine médical, il est utilisé pour expliquer souvent une situation de gêne quelconque ;
les plus avisées l’utilise pour anticiper sur le futur.

L’environnement humain est de plus en plus menaçant et menacé.


L’accélération des changements auquel l’entreprise est soumise, et nous en avons fait
mention ci-haut ne peuvent laisser un chef d’entreprise passif.

Elie Cohen : Analyse financière et comptabilité, encyclopédie de comptabilité, contrôle de gestion et audit. Economica
(1)

2000.

Une analyse fine de toutes les composantes (financières, commerciales, sociales


etc.) permet d’expliquer les causes et les facteurs de rentabilité, mais aussi et surtout de
prévoir leur évolution et par conséquent les risques inhérents.

Une entreprise apparemment saine financièrement, autrement disposant d’un


équilibre structurel rassurant, peut être en réalité très fragile si un seul de ses produits
vendus explique sa rentabilité et que, de plus, il est menacé à terme par un produit de
substitution ou par un concurrent.

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

En pratique, nous avons connu une entreprise fragilisée tout au long de


plusieurs années, par un mode de management archaïque, qui, par la recherche des
causes des aléas et des risques menaçant, a retrouvé une santé relative. Cependant, elle
demeure exposée à un double risque, c’est son appartenance à un secteur économique
sinistré et, menacée aussi par un concurrent aux pratiques commerciales malsaines selon
les dires des dirigeants de cette entreprise.

Mais nous l’avons signalé en début de ce chapitre, toute analyse pertinente


doit reposer sur une information financière pertinente. Elle le sera plus si elle est
pluriannuelle, dans le temps et dans l’espace. Des données sectorielles nationales ajoutent
un PLUS qualitatif à l’analyse.
Et c’est l’un des apports supplémentaires que l’expert comptable pourrait apporter en
plus de ses travaux traditionnels.
Et cela suppose aussi que le dirigeant social soit lui aussi exigeant et demandeur d’une
telle mission complétant l’élaboration des états financiers dont la responsabilité lui
incombe.

Pourrions –nous émettre un vœu que le législateur introduise une disposition


juridique exigeant que les états financiers des entreprises soient soumis à une analyse,
obligeant et engageant l’auteur des états financiers, au lieu et place du rapport de gestion
dont le contenu n’est pas précisé.

Sous section 3 : Les premières mesures internes à l’entreprise pour


la détection des difficultés

Le rôle de la comptabilité, mis en exergue les vingt dernières années c’est


qu’elle est considéré de plus en plus comme un système d’information. La société de
l’information nous submerge de plus en plus, et le monde est, à tort ou à raison, géré par
le biais de l’information.

Juin 2008 48 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

« Un système d’information est un ensemble de dispositifs techniques et


organisationnels permettant de saisir, de conserver, de traiter et de transmettre des
informations » (1).
Il ne suffit pas de connaître les risques ou de constater les difficultés naissantes
de l’entreprise.

Il est donc impératif de pouvoir, au vu des indicateurs dégagés et mis en place,


prendre les décisions nécessaires.

Il est facile de constater les difficultés « ce qui ne marche pas bien », mais ce qui
est difficile c’est de savoir prendre des décisions face aux défaillances apparues.
Mais nous voulons réinsister sur un point de droit, et de responsabilité assez important,
primordial dans la gestion des entreprises.

L’article 198 alinéa 1 du code des sociétés commerciales a précisé ce qui suit :
« les membres du conseil d’administration exerceront leurs fonctions avec la diligence
d’un entrepreneur avisé et d’un mandataire loyal »

Autrement, et à l’évidence dés l’apparition du moindre signe ou signal de


difficultés, ou d’essoufflement, le dirigeant doit réagir.

(1) Claude grenier : système d’information et comptabilité, encyclopédie de comptabilité, contrôle de gestion et audit.
Economica 2000.

L’importance de l’enjeu, pour l’entreprise, justifie largement à notre avis, que


soit engagée une réflexion sérieuse sur les solutions immédiates susceptibles de freiner la
dérive et de re-dynamiser l’action.

L’action et la prise de conscience ne sont pas faciles mais à l’évidence, et


généralement, une difficulté ne peut pas survenir « brutalement ».

Juin 2008 49 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Les entreprises disposant de peu de moyens humains, autrement de


compétence et n’ayant pas aussi un conseil externe, sont le plus souvent peu dotées pour
savoir en faire face.

Dans le même ordre d’idée, et selon notre expérience (huit ans presque), il nous
semble peu réaliste de dire que les entreprises tunisiennes, dans leur diversité, par leur
taille et leur statut juridique, et de surcroît celles faisant face à des difficultés
économiques puissent disposer de ce qui est appelé « un système de veille stratégique »
leur permettant d’élaborer dans des délais courts un programme d’action rigoureux.

Aussi, nous pouvons dire que dans l’environnement financier et économique


actuel, les dirigeants sont « obligés » à gérer PLUS le court terme que le stratégique.

L’environnement est à hauts risques :


 économique : le démantèlement des frontières, la désorganisation, et
la non régulation des marchés ont fragilisé les entreprises dites
nationales,
 financier : la sous capitalisation et l’encadrement des crédits ont aussi
aggravé la gestion courante des entreprises. Et pour citer une réalité,
nous avons eu connaissance d’une entreprises (dont le chiffre d’affaires
annuel avoisine 14 millions de dinars) dont le directeur général
consacre un temps important à gérer ses difficultés bancaires

journalières ; alors qu’il pourrait accroître les potentialités que recèle la


situation de l’entreprise.

Dés l’apparition des difficultés, certaines mesures doivent être pensées,


envisagées, planifiées dont les plus urgentes être mises en exécution ; il s’agit :
 de rechercher s’il y a lieu de faire des économies sur des postes de
charges. Les tableaux de bord aidant en cela sont d’un bon apport,

Juin 2008 50 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

 envisager des licenciements de salariés, pour les branches ou les


produits non rentables, et pour des fonctions dont la disparition ne
pourrait être une cause d’aggravation de la situation,
 réduire les rémunérations de la direction, en de telles circonstances,
cette décision « sage » est de nature à faciliter les négociations sociales,
 envisager l’apport des fonds propres, même en comptes courants
associés, sur une période longue en attendant la résolution à prendre,
dans un avenir proche,
 réexaminer la structure des composants du besoin en fonds de
roulement.

Certaines de ces mesures seraient de nature à anticiper sur l’aggravation et la


détérioration de la situation, et alléger les « premières douleurs ». Cependant, les mesures
décrites ci-dessus n’auront que peu d’impact en attendant que d’autres solutions soient
envisagées compte tenu de l’évolution de la situation de l’arsenal juridique régissant les
entreprises en difficultés économiques.

Section 2 : Rôle de l’Expert comptable en tant qu’auditeur Externe

Nous avons jusque là mis l’accent sur le rôle de la prévention et avons aussi
avancé, par référence à des travaux de recherche et à l’article publié par Mr Mbarek
Khamassi, au rapport du C.A.I.M.E, que l’une des causes fondamentales de la difficulté
est la sous capitalisation des entreprises tunisiennes.

Cette vulnérabilité financière est annonciatrice généralement d’échecs, s’ajoute à


cet état du fait une non observation des règles minimales en matière de gestion et de
contrôle. Est - t-il nécessaire de rappeler que le dispositif juridique pour prendre en
charge les entreprises en difficulté constitue un cadre de responsabilisation de toutes les
parties concernées par une telle situation.

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

L’article premier de la loi 95-34 du 17-04-1995 (relative au redressement des


entreprises en difficultés économiques) stipule : « le régime de redressement tend
essentiellement à :
 aider les entreprises qui connaissent des difficultés économiques ;
 à poursuivre leur activité ;
 à y maintenir les emplois et à payer leurs dettes ».

Cette loi est vitale d’un point de vue économique et social. La poursuite de
l’activité signifie que l’outil économique ne s’arrête pas et ne peut donc causer une
rupture dans les diverses chaînes dont l’entreprise constitue un maillon.
Car, casser un maillon est source d’autres difficultés à d’autres agents économiques qui, à
leur tour, risqueraient de se trouver en situation de difficultés avec un effet "boule de
neige", avec les incidences multiples.

Le maintien des emplois signifie aussi que l’équilibre social ne soit pas affecté,
que le pouvoir d’achat ne l’est pas aussi et que la vie économique ne se trouve pas
atteinte. Une telle loi organique ne peut répondre à ses objectifs que si toutes les parties
concernées soient opérationnelles dans son application.

Annoncer, ou s’annoncer, que l’on est en difficulté est synonyme d’échec. Or, il
est difficile pour un homme encore plus, pour un chef d’entreprise, d’annoncer
publiquement ses difficultés et son échec.

Gérard Cornu, sénateur français disait à l’ouverture d’un colloque tenu en mars
2006 : « maîtrisez vos difficultés : les nouvelles mesures de sauvegarde des entreprises » :
« Dans un contexte de compétition économique exacerbée, une adaptation du droit des
entreprises en difficultés s’est avérée indispensable. L’enjeu économique et social est de
taille : chaque année, prés de 90% des procédures se concluent par une liquidation
judiciaire, 50.000 entreprises déposent leur bilan et 200.000 salariés sont concernés.

Juin 2008 52 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Il était donc urgent d’agir et de remédier à une situation de plus en plus insupportable ».

Il ajoute : « Aujourd’hui, il me paraît indispensable de sensibiliser les chefs


d’entreprises aux nouveaux outils que la loi leur met à disposition pour mieux anticiper
et donc pour faire face aux obstacles rencontrés, et surtout en cas de difficultés de mieux
rebondir ».

L’expert comptable, conseil et conseiller a un rôle majeur dans le traitement des


entreprises en difficultés. Il intervient en cette qualité ou en qualité d’auditeur externe.

En sa qualité originale, il a un rôle en amont, c’est de mettre en place des outils


de détection et de prévention. La détection est relativement simple. Le schéma :
"représentation du déclin des performances économiques" résume presque les signes des
difficultés.

C’est ce que nous avons appelé phase de déclin ou de détérioration de la


situation des performances économiques et financières. Les dirigeants, les connaissent
souvent et n’attendant pas le BILAN de fin d’exercice pour en faire le constat.

Mais connaître n’est dans ce domaine synonyme d’appréciation d’une situation


aux facettes diverses : financières, juridiques ; fiscales etc.

Le rôle de l’expert comptable dans la détection et la prévention sont


principalement :

 d’instaurer un terrain commun de dialogue entre lui et le chef


d’entreprise ;
 d’assurer et de s’assurer surtout d’une information financière fiable et
compréhensible.

Juin 2008 53 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Dans ce domaine, principalement, la qualité de l’information comptable trouve


grandement son expression et son efficacité. Nous rappelons que cet aspect a trouvé sa
démonstration dans tous les scandales financièrs et comptables que les grandes
«économies ont connues ; rappelons nous de l’affaire Enron, Parmalat, Vivendi et
d’autres.
Il y avait une complicité entre les dirigeants et les professionnels de la
comptabilité. Le réseau (un de ce qui est appelé "Big Five" ) Arthun Enderson a disparu ;
à son tour, il s’est mis en difficultés.

Notre expérience nous a, jusque là, permis de constater que la comptabilité est
un des maillons les plus forts dans la survenance des difficultés des entreprises. Certains
ont fait d’elle un " art du consensus ". (1)

Sur ce sujet, nous pensons que le débat est loin d’être clos, et que le chemin est
encore long tant que la comptabilité demeure "otage" d’une connotation fiscale. La
profession d’expert comptable a un rôle à jouer, c’est celui d’inverser la tendance.

Elle se doit d’être " fournisseur de confiance " pour toutes les parties
intéressées par l’information comptable citées par le cadre conceptuel de la comptabilité
financière (décret 97-524 du 30-12-1996). Mais comment, à l’échelle nationale, cerner la
quantité d’entreprises en difficultés.
Les statistiques semblent ne pas exprimer une situation objective ; car il est
difficile ou quasiment impossible de pouvoir cerner avec réalisme et exactitude le
nombre d’entreprises en difficultés.

(1) article de Mattieu Autret et Alfred Galichon : la comptabilité peut-elle dire vrai,

La loi 95-34 n’a pas été suivie de grands effets, semble –t-il : « en premier lieu,
nous estimons que la première réaction des chefs d’entreprise à la promulgation de ladite
loi a été entachée de suspicion, d’attentisme et de réserves.

Juin 2008 54 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Ce n’est pas facile à se faire admettre par les dirigeants comme étant en
difficultés. C’est encore mal perçu par la société. A vrai dire c’est le synonyme de l’échec
social, la perte de prestige, le rejet par la société..... » (Mbarek Khamassi).

Sur la base d’une telle affirmation, pourrions nous utiliser des statistiques
plausible, à ce sujet la réponse paraîtrait difficile ; surtout quand on lit dans le même
article « le nombre d’entreprises ayant bénéficié des dispositions de la loi de 1995 à fin
2005 est de 1 763 entreprises.

L’adhésion s’est faite selon un rythme variable, d’une année à l’autre pour
plusieurs causes internes à la loi, que nous essayerons d’expliquer plus tard, mais aussi
pour des facteurs liés à la conjoncture économique.

Or, les statistiques des défaillances financières, établies par l’I.N.S.E.E. (France),
donnent les chiffres suivants :

Nombre total
Année
(arrondi)
1966 8000
1973 9000
1975 15 000
1990 46 000
1993 63 000
1996 65 000
1998 47 000
2000 40 000
2002 43 000

Ces statistiques reflètent l’état général de l’économie car il est évident qu’en
période de crise les défaillances d’entreprises se multiplient (1).

Juin 2008 55 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

En effet, la défaillance et le déclin sont-ils une fatalité et déboucheront – ils


toujours sur la mort de l’entreprise ?

Dans l’absolu, nous dirions non, mais le jugement serait beaucoup plus grave
pour une entreprise dont tous les composants sont entamés. D’ailleurs, avant d’aller vers
l’étude des aspects et des étapes du redressement, rappelons que la loi a utilisé
l’expression "Alerte".

On alerte pour remuer les sonneries du danger et "éveiller ou réveiller" tous


ceux qui sont encore concernés par l’entreprise dont la situation est affectée, non
compromise de manière irréversible.

Pour reprendre les statistiques citées par Mr. Mbarek Khamassi, est qui nous
semblent peu réalistes ; comparativement aux rapports émis par certains organismes
internationaux ; il nous paraît plus objectif et pertinent de resituer le cas des entreprises
en Tunisie puisque le rapport final de la banque mondiale (23 juin 2004) contenait l’idée
suivante : « le présent rapport montre que ces dirigeants d’entreprises (administrateurs
et gestionnaires) et commissaire aux comptes ne se conforment pas toujours aux
obligations comptables et d’audit, ce qui peut avoir un impact défavorable sur l’économie
tunisienne. Les dirigeants d’entreprises doivent changer de culture, passant d’une
situation de dissimulation de la situation financière et des performances ou de
manipulation des résultats pour réduire l’impôt, vers une situation de transparence totale
en laissant purement et simplement les chiffres traduire la réalité ».(2)

(1) Droit des affaires, Yves Guyon –Economica 9ième ed – page 2/3
(2) rapport de la banque mondiale sur le respect des normes et code comptables (RRNC) en Tunisie. Rapport final
Octobre 2006.

Une telle mise en demeure ne peut avoir qu’une double signification pour les
chefs d’entreprises et les professionnels des chiffres :

Juin 2008 56 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

 Déclaration que nous sommes des manipulateurs de résultats à des


fins non dignes des citoyens ayant pour souci la défense des intérêts
publics. Celui qui établit des états financiers ou participe à leur
élaboration ; pire encore celui qui les certifie comme des délits que
seuls des instances responsables sont à même d’apprécier la portée, et
de tirer les conclusions qui s’imposent.
 Que nous sommes des complices et complaisants avec des chefs
d’entreprises peu soucieux des intérêts publics.

Le même rapport ajoute : « les commissaires aux comptes doivent renouveler


leur engagement pour la qualité, notamment à travers la formation professionnelle
continue, l’indépendance et la punition des auditeurs défaillants. » (1)

Le secteur industriel tunisien est dominé par des micros entreprises et des
petites et moyennes entreprises (PME). Parmi les 84 500 entreprises (mis à part les petites
structures individuelles) on relève 83% de micro entreprises (moins de 6 employés) et
15% de PME (effectif entre 6 et 100 employés).

Quand on sait que la quasi-totalité des entreprises répertoriées fiscalement (au


nombre de 450 000 à peu prés) sont logés sous le régime forfaitaire, on comprend donc le
cri d’alarme tiré par les auteurs du rapport de la banque mondiale. Le même rapport
précise que les deux formes de sociétés les plus répandues sont la SARL et la SA (34 000
SARL) et (3 800 SA).

La responsabilité collective des membres du conseil d’administration en ce qui


concerne la probité des états financiers est cohérente avec les bonnes pratiques
internationales, mais les dirigeants ne s’y conforment pas nécessairement. La législation
(1) rapport de la banque mondiale sur le respect des normes et code comptables (RRNC) en Tunisie. Rapport final
Octobre 2006

tunisienne relative à la responsabilité des administrateurs est adéquate, mais sa portée n’a
pas encore été testée en pratique.

Juin 2008 57 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

La détection des causes à partir de signes avant coureurs n’est pas du seul
ressort de l’expert comptable. La prévention ne peut jamais avoir lieu si on continue à
épouser de telles pratiques dénoncées par certains organismes "responsables ".

Le fait d’avoir inclus le devoir et le respect de la norme déontologique,


l’indépendance est un souci pour certains professionnels devenus marginalisés. Une loi
est faite pour être respectée, sinon elle produira le contraire de ses effets recherchés.

La loi 95-44 du 02-05-1995 relative au registre de commerce prévoit que les


sociétés commerciales doivent déposer leurs documents comptables au registre de
commerce dans le mois qui suit la tenue de l’assemblé générale annuelle; dans la pratique
les états financiers ne sont pas disponibles facilement et en temps utile.

L’équipe du RRNC, chargée de l’établissement du rapport cité ci-haut a


sélectionné un échantillon de 20 entreprises et s’est adressé au registre de commerce
auprès duquel les états financiers de ces entreprises devraient être déposés. Aucun des
registres de commerce ne disposant des documents comptables demandés.

L’article 7 de la loi 95-44 du 02-05-1995, stipule : « une commission chargée du


registre du commerce veille à l’harmonisation de l’application des dispositions
législatives et réglementaires applicables en matière de registre du commerce. Elle émet
des avis et procède à l’examen des questions dont elle est saisie... ».

Cette commission pourrait avoir un rôle très positif, et la gestion administrative


et judiciaire des documents sociaux (états financiers) serait d’un grand intérêt dans la
détection des entreprises susceptibles de devenir en difficultés. Mais il faut qu’il y ait une

rigueur, impartialité, compétence et volonté d’éviter que les entreprises tunisiennes,


petites surtout, ou moyennes, n’atteignent le stade du dépérissement financier.

Juin 2008 58 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Cela nous amène à nous poser d’autres questions sachant qu’on avait déjà
dessiné précédemment les contours de l’entreprise en difficulté. Un des points
caractérisant crucialement une entreprise qualifiée de telle, c’est généralement l’état de la
cessation des paiements. Bien évidement, comptablement, l’état de cessation des
paiements (E.C.P) est établi en considération des données du bilan (que faire donc quand
la comptabilité est fausse, non fiable et non vérifiable ?).

« Toutefois cet état n’est pas une notion purement comptable fondée
notamment sur le caractère négatif du montant des capitaux propres ; il s’agit d’une
notion économique et financière dans laquelle doivent être intégrés des éléments qui ne
figurent pas au bilan tels que des crédits temporaires de campagne ou des découverts
passagers (Cf. Aix 5 juin 1987, D 1988 son.41 Obs Honorat). Il ne doit pas non plus être
confondu avec des notions voisines, et notamment avec l’insolvabilité (1).

Or, et dans de nombreux cas que nous avions rencontrés, les difficultés, si elle
sont décelées en temps utile, pourront être résolues par l’entreprise elle-même, sans
qu’aucun tiers n’ait à intervenir dans la gestion. Déceler très tôt les difficultés implique
l’existence d’un système d’information fiable.

En Tunisie, à coté du rôle qu’aurait dû jouer le registre du commerce, le


système bancaire et le juge chargé de gérer (des centaines de milliers de chèques impayés,
entre autres pour des entreprises) les délits sur les chèques rejetés, l’administration fiscale,
la caisse nationale de sécurité sociale ; tous pourraient servir de banque de données
centralisant les indices avant coureurs relatifs aux entreprises présentant les signes
précurseurs de la difficulté.

(1) défaillances d’entreprises- éd- F. Lefebvre juillet 1997

Juin 2008 59 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Dans toutes ces conditions et réalités, contraintes et considérations, les missions


de l’expert comptable (non de commissaire aux comptes) doivent elles s’organiser comme
suit pour être plus efficaces et pertinentes :
 Organiser, mesurer, instaurer un dialogue, critiquer, suggérer,
aiguillonner ?
 Doit-il aussi convaincre le chef d’entreprise (son client), malgré sa
réticence naturelle, qu’il faut arrêter l’activité ? va – t- on un jour
reprocher à l’expert comptable de ne pas l’y avoir contraint ?
 Peut –on et doit –on, en qualité de professionnel, essayer de rétablir la
santé d’une Entité dépourvue de perspectives surtout quand le
dirigeant n’est pas avisé et loyal ?
 Est –il raisonnable de faire croire ou de laisser croire que le métier de
chef d’entreprise est accessible au plus grand nombre et que l’on
devrait tous devenir chef d’entreprise.
La dernière initiative prise dans les centres d’affaires de donner une
formation aux prétendants à la mise en place d’un projet est salutaire.
 Doit –on penser, aujourd’hui, et continuer à implanter des projets avec
un capital social équivalent à 30% du total des investissements
nécessaires comme on continue à laisser circuler encore ?

2- 1 : Obligation, diligences et cadre juridique de sa mission dans


le cadre de la loi 95-34.

L’article 6 de la loi 95-34 stipule : « Le commissaire aux comptes de l’entreprise


est chargé de demander par écrit au dirigeant, des éclaircissements relatifs à tous actes
menaçant l’activité de l’entreprise, relevés à l’occasion de l’accomplissement de ses
fonctions. Ce dernier doit y répondre par écrit dans un délai de quinze jours. A défaut de
réponse, ou en cas de réponse insuffisante, le commissaire au compte soumet la question
au conseil d’administration de l’entreprise, ou au conseil de surveillance ; et en cas
d’urgence il convoque l’assemblée générale des actionnaires, et ce, dans un délai ne

Juin 2008 60 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

dépassant pas un mois de la date de réception de la réponse ou de l’expiration du délai


de réponse. »

L’article 7 ajoute : « si le commissaire aux comptes constate après


l’accomplissement des mesures prescrites à l’article 6, la persistance des mêmes menaces,
il adresse dans un délai d’un mois un rapport à la commission de suivi des entreprises en
difficultés économiques ».

Qu’est ce qu’un acte menaçant l’activité de l’entreprise ?

Nous avons insisté sur l’environnement économique, d’ordre national et


international, dans lequel l’entreprise se trouve placée. Le champ du risque s’étend
jusqu’au domaine de l’environnement au sens écologique, etc.
Le non respect est de nature à exposer une entreprise délinquante à courir des risques de
fermeture de condamnations financières lourdes.

Que signifie le terme acte lorsque la 1ière loi française du 1er mars 1984 parle
plutôt de "faits" de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. La version
arabe de l’article 6 utilise l’expression « ‫ » أعمال تهدد استمرار نشاط المؤسسة‬Par opposition à tous
les actes menaçant l’activité et non la continuité de l’entreprise.

Rappelons que le C.A.C. est "le gardien de la confiance et de la constitution


sociale" comme aime bien l’appeler certains juristes.
Il est aussi un auxiliaire du parquet par sa mission d’alerte ou de la révélation de faits
délictueux des dirigeants.

Mais sa fonction essentielle est l’émission d’un jugement sur les états financiers.
Or, précisons que la certification ne garantit pas la qualité des informations fournies aux

Juin 2008 61 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

utilisateurs des états financiers. On dit que le C.A.C. est le professionnel rémunéré par
l’entreprise "pour critiquer éventuellement ceux qui l’ont désigné ".

Une règle ou principe que le C.A.C. est tenu d’observer : la non immixtion
dans la gestion. Toutefois, certaines de ses observations peuvent avoir des conséquences
sur l’opportunité de certains actes de gestion :
 L’appréciation de la situation financière, ainsi que certains actes ou
choix relevant de la politique générale (d’ordre comptable et juridique)
de l’entreprise passe par la recherche des informations fiables à la
formulation de son opinion qui ne saurait ne pas remonter jusqu’à la
politique de gestion de l’entreprise.
 L’obligation qui lui est faite d’alerter sur les difficultés de l’entreprise
rend difficile le respect de la non immixtion.

Disons –le franchement, la pratique du commissariat en Tunisie, est source de


difficultés et de contraintes morales. Comment pourrons-nous imaginer un commissaire
aux comptes s’interdire de s’immiscer dans la gestion quand il voit (mission permanente)
des comportements de certains dirigeants exposant directement la société aux grands
risques.

Il nous semble difficile d’établir une frontière entre le conseil objectif et le


respect de principe " peu applicable, ou difficilement respectable " devant des dirigeants
souvent peu avisés.

Dans le contexte de la procédure d’alerte, la donnée fondamentale des


défaillances réside dans la vulnérabilité financière de l’entreprise, liée le plus souvent à la
sous capitalisation et l’insuffisance des capitaux propres.

La loi 93-2000 ayant promulgué le code des sociétés commerciales a institué des
règles intéressantes. Les lois subséquentes quant aux seuils du capital social imposés aux

Juin 2008 62 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

S.A.R.L. et aux S.A., les ayant ramenés à des niveaux insuffisants, compte tenu des
diverses contraintes, sont pour ne pas " sécuriser l’entreprise " quant aux équilibres
structurels des capitaux propres.

La procédure d’alerte, comme rappelé ci-haut, incombe (article5) aussi à


l’inspection du travail, la caisse nationale de sécurité sociale et de comptabilité publique.
Cet article utilise l’expression tout acte constaté par eux et menaçant la continuité de
l’activité. Cette formulation est équivoque et difficile aussi d’application.

Mais cette loi n’a pas fait référence à la loi sur le registre de commerce qui
aurait, par son respect, devenir plus efficace. Cependant, le C.A.C. n’est pas du tout le
garant de la pérennité de l’entreprise. Il n’a pas un rôle actif de recherche systématique
des difficultés des entreprises et encore moins de leurs solutions.

Toutefois, il doit conserver une attitude vigilante et attentive quant aux situations
porteuses de risques.

Une fois les difficultés de l’entreprise identifiées, le C.A.C. va rechercher les


éléments d’appréciation qui vont lui permettre de décider si l’entreprise est en mesure de
poursuivre son activité.

Nous pensons qu’il n’y a pas de critère absolu permettant d’apprécier que la
situation de l’entreprise soit définitivement compromise.

2- 2 : Obligation et diligences en cas d’insuffisance des capitaux


propres

L’article 388 stipule : « si les comptes ont révélé que les fonds propres de la
société sont devenus en deçà de la moitié de son capital en raison des pertes, le conseil
d’administration ou le directoire doit dans les quatre mois de l’approbation des comptes,

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

provoquer la réunion de l’assemblée générale extraordinaire à l’effet de statuer sur la


question de savoir s’il y a lieu de prononcer la dissolution de la société.
L’assemblée générale extraordinaire qui n’a pas prononcé la dissolution de la société dans
l’année qui suit la constatation des pertes, est tenue de réduire le capital d’un montant
égal au moins à celui des pertes ou procéder à l’augmentation du capital pour un
montant égal au moins à celui de ces pertes.
Si l’assemblée générale extraordinaire ne s’est pas réunie dans le délai précité, toute
personne intéressée peut demander la dissolution judiciaire de la société.
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux sociétés anonymes objet
de règlement amiable ou judiciaire. »

L’article 270 stipule : « sous réserve des dispositions de l’article précédent les
commissaires aux comptes ainsi que les experts sont astreints au secret professionnel
pour les faits, actes et renseignements dont ils ont pu avoir connaissance à l’occasion de
l’exercice de leurs fonctions.
Les commissaires aux comptes doivent également signaler à l’assemblée générale les
irrégularités et les inexactitudes relevées par eux au cours de l’accomplissement de leur
mission. En outre ils sont tenus de révéler au procureur de la république les faits
délictueux dont ils ont eu connaissance sans que leur responsabilité puisse être engagée
pour révélation de secret professionnel. »

Quant à l’alinéa 2 de l’article 6 de la loi 95-34 « … Ce dernier (le dirigeant) doit


y répondre, ou en cas de réponse insuffisante, le commissaire aux comptes soumet la
question au conseil d’administration de l’entreprise, ou au conseil de surveillance ; et en
cas d’urgence, il convoque l’assemblée générale des actionnaires… ».

L’article 4 de la même loi précise : « il est crée auprès du Ministère de


l’Industrie une commission appelée la commission de suivi des entreprises économiques,
chargée de centraliser les données sur l’activité des entreprises, et de fournir au président
du tribunal de première instance dans le ressort duquel le débiteur a son siège principal,

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

chaque fois qu’il les lui demande, tous les renseignements dont elle dispose. Elle informe
le président du tribunal de toute entreprise dont les pertes atteignent le tiers de son
capital. Elle est chargée également de proposer le plan de redressement des entreprises.
Elle émet obligatoirement son avis sur les plans de redressement soumis au tribunal ».

L’article 4 (nouveau) – alinéa 2 (nouveau) : la commission informe le président


du tribunal concerné de toute entreprise dont les pertes ont atteint le tiers du capital, ainsi
que toute entreprise dont l’existence de situations ou actes de nature à menacer la
continuation de son activité est établie. Elle est chargée, également, de proposer les plans
de redressement des entreprises. Elle émet obligatoirement son avis sur les plans de
redressement soumis au tribunal ».

L’article 142 du code des sociétés commerciales stipule que : Si les documents
comptables font apparaître que les fonds propres de la société sont inférieurs de moitié au
capital social suite aux pertes qu’elle a subies, une assemblée générale extraordinaire sera
convoquée dans les deux mois de la constatation des pertes pour se prononcer, s’il y a
lieu, sur la dissolution anticipée de la société. Si la dissolution n’est pas décidée, la société
est tenue, au plus tard à la clôture de l’exercice suivant, de réduire ou d’augmenter son
capital d’un montant au moins égal à celui des pertes.
Cette augmentation du capital social peut être réalisée par incorporation des réserves ou
par réévaluation de ses fonds propres. En cas d’inobservation des dispositions ci-dessous,
tout intéressée peut demander en justice la dissolution de la société, le tribunal peut
accorder à la société un délai ne pouvant excéder six mois pour régulariser la situation ».

Nous avons tenu a présenter ces dispositions d’ordre légal pour situer le degré
de difficultés énormes, et de divers cas de responsabilités auquel le commissaire aux
comptes pourrait, éventuellement, se trouver soumis.

Toutes ces dispositions, qui en apparence se complètent, deviennent source de


confusion, de liberté d’appréciation et d’action, et placeraient toutes les personnes,

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

organes, et instance devant des cas où seul l’intérêt général se trouverait sujet à
interprétation.

Nous pensons que les juristes trouveront dans toutes ces dispositions grande
matière à réflexion, débats et recherches. La jurisprudence nous éclairerait aussi sur ces
divers points, au passage nombreux et complexes.

Nous signalons qu’en droit français, les juristes distinguent " deux niveaux
d’alerte " ; ce qu’ils ont appelé l’alerte restreinte et élargie.

Notre propos n’est pas de faire de notre travail un sujet de recherche juridique,
mais de se situer par rapport à une problématique professionnelle de connotation
juridique.
Le C.A.C. a parfois le devoir de prendre l’initiative d’une information de
contrôle lorsque survient une situation ou événement assez grave selon le cas, pour
constituer un fait délictueux, pour menacer la continuité d’exploitation ou pour justifier
une convocation par lui de l’assemblée des actionnaires.

La nature des " faits délictueux " est définie par les dispositions pénales du
droit des sociétés en toute autre matière lorsque le fait délictueux est susceptible d’avoir
en lui-même, ou par les sanctions auxquelles il peut conduire, une incidence significative
sur la situation de la société.

Le commissaire aux comptes a- t-il l’obligation de rechercher les faits


délictueux ?

L’article 233, alinéa 2 de la loi française du 2 juillet 1966 s’intéresse les faits
délictueux dont les C.A.C. "ont eu connaissance " ; L’article 457 de la même loi vise la non
–révélation par le C.A.C. des faits délictueux " dont il aura eu connaissance ".

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

« Le 16 novembre 1976, le président de la compagnie nationale des C.A.C.


adresse une lettre au garde des Sceaux (ministre de la justice), (Bulletin. CNCC, n°24 page
400) faisant apparaître la complexité des situations auxquelles les C.A.C. sont
quotidiennement confrontés, la gravité pour la société d’une révélation pure et simple, la
difficulté dans laquelle ils se trouvent entre le souci de ne pas précipiter la chute de
l’entreprise et celui d’appliquer la loi. » (1).

En conséquence, nous disons que la connaissance par le C.A.C. des faits qui
sont éventuellement de nature à compromettre la continuité d’exploitation s’inscrit dans
le cadre habituel et permanant de la mission ; à ce point de vue, la procédure d’alerte se
greffe sur la mise en œuvre de la mission " traditionnelle".

Rappelons aussi que le cadre conceptuel de la comptabilité financière (décret 97-


524 du 30-12-1996) a émis deux hypothèses de base que les responsables, les dirigeants en
l’occurrence, chargés d’élaborer les états financiers doivent observer ; à savoir la
continuité d’exploitation et la comptabilité dite d’engagements.
Lorsqu’une incertitude pèse sur la continuité de l’exploitation, le C.A.C.
examine si la traduction comptable de ces situations est conforme aux principes
comptables de base ; il apprécie selon le cas les conséquences à en déduire pour la
rédaction de son rapport général.

Mais une telle mention, nous le pensons, n’est pas exclusive du déclenchement
de la procédure d’alerte ; autrement ne " détaxe" pas le C.A.C. du respect de l’obligation
du déclenchement de la dite procédure.

Pour resituer notre sujet, dans ce contexte, nous citons Mr Mbarek


Khamassi : « Si les proportions du recours au règlement amiable et judiciaire sont
rapprochées, la notification était en deçà de toute prévision ; le système de notification

(1) Dominique Vidal : Manuel de révision légale, éd. Litec 1992

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

était paraît sur le plan théorique assez plausible et aurait pu constituer un apport
impressionnant permettant de détecter les premiers symptômes de difficulté dés leur
apparition et d’enclencher un dispositif d’urgence impliquant plusieurs partenaires de
l’entreprise, en plus de la commission de suivi des entreprises économiques et du
président du tribunal de première instance n’a malheureusement, fonctionné que
timidement ».

Toujours, et puisque nous considérons que l’article de Mr. Mbarek


Khamassi constitue une référence, ce dernier affirme : « nous pourrons déduire à ce
niveau quelques caractéristiques significatives de l’entreprise tunisienne en difficulté
dont la majorité est :
 Constituée par des entreprises industrielles (48% en nombre, 54% en
volume d’endettement et 57% en nombre de salariés)
 Quasiment subordonnée au financement bancaire.
 De taille moyenne voire, petite où 91% des entreprises ont :
 Chacune un endettement inférieur à 5 millions de dinars représentant
29% de l’endettement global.
 Chacune un effectif moins de 100 personnes représentant 34% de
l’emploi global.

Cette catégorie d’entreprise est désormais la plus exposée aux difficultés. Sa


vulnérabilité réside dans le fait qu’elle :
 Manque d’encadrement et souffre de faiblesses au niveau du
management.
 Ne dispose pas des moyens lui permettant de mobiliser les fonds
nécessaires au développement de son activité.
 Naît handicapée par la sous capitalisation et l’absence de fonds de
roulement suffisant.
 Se finance systématiquement auprès du système bancaire et
particulièrement en crédits à court terme.

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

 Fragile sur le plan commercial (dépendance vis-à-vis d’un seul client ou


d’un fournisseur, d’un marché,….)
 Démunie de moyens de résistance face aux incidents exogènes pouvant
menacer sa continuité.

En d’autres termes, cette catégorie est structurellement fragile et au moindre


incident exogène conjugué à son manque d’immunité, pourrait se trouver dans une
situation de crise. Ce qui explique le recours parfois excessif des banques à exiger trop de
garanties et à demander presque d’une façon systématique la caution personnelle des
dirigeants.
De ce fait, quand ces entreprises atteignent le stade de la cessation de paiement,
elles sont dans une situation d’agonie et déjà embourbées dans le cercle vicieux des
difficultés. A ce stade, elles n’ont pas de quoi payer leurs salariés, où les paient avec
retard, n’ont pas de fonds de roulement pour financier l’activité, n’arrivent plus à honorer
leurs engagements, des saisies arrêts sont déclenchées par les créanciers, perte de
notoriété sur le marché etc.

Eu égard à la physionomie de l’entreprise en difficulté, il y a lieu à, mon avis de


mettre en œuvre tous les mécanismes possibles pour redynamiser l’assistance préventive
au niveau du système de notification, et d’encourager les entreprises à recourir à la loi
relative au redressement des entreprises suffisamment tôt avant d’atteindre la ligne rouge
de la cessation de paiement pour trouver des solutions généralement plus faciles et moins
coûteuses au cours de cette phase.

C’est pourquoi, je considère que la baisse du recours à la loi d’une manière


générale et à la demande du bénéfice du règlement amiable par les dirigeants, depuis le
dernier amendement de 2003, est préjudiciable à l’entreprise qui devrait se contenter en
fait à s’adresser à la loi très tard durant la phase ultime et grave de la cessation de
paiement ».

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Chapitre 3
Son Rôle dans la reprise

La loi 95-34 et celles qui l’ont suivie et enriché avaient essentiellement pour
objectifs le redressement des entreprises consistant à :
 Les aider à poursuivre leur activité ;
 A maintenir les emplois ;
 A payer leurs dettes pour éviter les autres gaspillages et dégats
économiques pouvant être répercutés sur les créanciers.

Rappelant que l’entreprise est une entité sociale et économique créatrice de


valeurs, de richesses, et de bien " être social ".

Notant que la reprise d’une entreprise en difficultés peut se réaliser en dehors


de la loi 95-34, autrement peut se négocier entre les propriétaires et les futurs repreneurs.

La fusion est la meilleure illustration. Ce mouvement de fusion, scission, O.P.A


et O.P.E. s’est beaucoup développé les dix dernières années devant la libéralisation des
économies et la prédominance accrue de groupes assez puissants.

Nous restons dans le cadre de la loi 95-34 en signalant que le tribunal estime que
l’entreprise est en mesure de continuer son activité et qu’elle a une chance d’être
redressée, une procédure de redressement judiciaire est ouverte.
Commence une période d’observation, entraînant des changements et dont la durée est
variable suivant le type de régime appliqué. A la fin de cette période, le tribunal arrête ou
rejette un plan de redressement et ordonne l’une des trois issues suivantes :

Juin 2008 70 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

 La continuation (restructuration de l’entreprise en vue de retrouver


la rentabilité et l’équilibre souhaité) ;
 la cession (suivie de la disparition de l’entreprise par cession de ses
activités rentables) ;
 la location ou la location gérance (article 52 bis de la loi 2003-79 du
29-12-2003) ; ou ordonne sa mise en liquidation pure et simple.

L’adoption d’un plan de reprise suivi évidemment, d’un plan de


restructuration, engagé par une entreprise, traduit le plus souvent la volonté de rompre
avec l’existant.

Autrement qu’il y a une remise en cause et en question, pour ne pas reprendre


et reproduire les mêmes causes ayant amené à la défaillance.

Les mêmes causes ne produisent-elles pas les mêmes effets.

Ces plans ou cette nouvelle approche en termes de stratégies, d’organisation et


de système d’informations ne doivent pas être vus ou conçus par les dirigeants, en
période d’observation ou les nouveaux repreneurs, comme des plans de " rattrapage ".

Section 1 : Quels choix financiers adoptés

Naturellement, la finance demeure "le neuf de la guerre". Mais n’est jamais, à


elle suffisante ; car il serait toujours plus facile de perdre que de gagner.
La situation d’entreprise en difficultés est née de la succession d’échecs, d’insuffisances
ayant donné lieu à des pertes, qui accumulées dans le temps ; ont entamé
progressivement l’entité pour la conduire vers une "schélorisation quasi totale"

Plusieurs choix financiers s’offrent sans l’angle du droit, et en vertu des articles
142 (S.A.R.L.) et 388 (S.A.) du code des sociétés commerciales ; les entreprises sont

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

appelées à se restructurer en capital, et en capitaux propres, pour atténuer l’effet des


pertes cumulées.

Observer certaines dispositions offertes et prévues par le C.S.C. ne suffirait pas


à redonner vie et vitalité à l’entreprise en difficulté. Car, il suffit d’absorber les pertes par
l’utilisation de la technique juridique appelée : "opération de l’accordéon", transformer
une S.A. et S.A.R.L. pour remettre la société juridiquement " en marche", en fixant le
capital social à 1 000d (article 92, abrogé et remplacé par l’article premier de la loi n°2005-
12 du 26-01-2005).

Sous section 1 : Restructuration en interne

Nous disons que cette restructuration en interne passe inéluctablement par ce


que nous appelons « la gestion du redressement ou de la restructuration ». Au passage, il
est important de signaler que cette étape nécessite la mise en place de mesures
immédiates de sauvetage ou sauvegarde et de suivie à court terme.
Cette étape est PLUS de caractère qualitatif que quantitatif :
 Il faut que l’opération du redressement et de la restructuration soit
pilotée par un comité ad – hoc "ou de choc" chargé de mettre en place,
d’exécuter et de surveiller la mise en place du plan dans ses divers
aspects.
 Partir du diagnostic détaillant les défaillances et leurs causes pour
actionner les opérations correctives.
 La mise en place ou amélioration du système d’information.
 Maîtriser les ressources humaines, les compétences disponibles ou en
recruter d’autres.
 Evaluer les besoins financiers nécessaires et la veille à leur bonne
utilisation.

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

La gestion de cette phase, en cette période délicate et critique, se caractérise par


des comportements spécifiques.
L’équipe chargée du redressement et de la restructuration doit avoir des
qualités humaines et managériales très importantes. Il faut qu’elle sache dialoguer, avoir
le sens de la souplesse, qui ne signifie pas du tout faiblesse devant des situations
cruciales ; tout le monde vit sous pression en ayant pour souci la perte de son emploi.
Le sens de l’investissement doit caractériser l’équipe dirigeante formée
d’anciens dirigeants, d’éventuels repreneurs, et de conseils (financiers et comptables et
juridiques).

A quoi bon de reprendre un combat perdu d’avance si les conditions du succès


(sauvetage et sauvegarde) ne sont pas assurées, car il est difficile de " corriger ce que le
temps a déjà entamé ou déprécié " comme dit le proverbe populaire.
Nous reproduisons des statistiques tirées d’un rapport diffusé par le cabinet
Deloitte Finance et le département du développement du groupe (Bil/D.B) en 2002.
Ces statistiques couvrent une période récente :
Comparaison 1999 – 2004
100%

25%
87.7%
88.9%
20% 89.2%
90.3% 89.9% 89.4%

15%

10%
10.0%
8.5%
5% 8.7%
7.3% 7.5% 8.1%
0% 2.3% 2.4% 2.3% 2.6% 2.6% 1.4%

1999 2000 2001 2002 2003 2004

Juin 2008 73 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Cession
Continuation
Liquidation

Suites données aux défaillances d’entreprises en pourcentage du nombre total


de dossiers traités par 131 tribunaux de commerce interrogés et nous ayant répondu.

Jean Pierre Matteï (président du tribunal de commerce de Paris) répondait, à


une interview publié par R.F.C. (n° 298, mars 1998)) en ces termes :
« Après un constat sévèr sur le nombre d’entreprises traversant des difficultés
telles qu’elles sont contraintes de cesser leurs activités, une analyse rapide permet de
réaliser que seule une action de prévention, dés la création de l’entreprise, peut être
réellement efficace.

Toutes études montrent en effet que les actions que nous réalisons portent sur
des entreprises qui ont au moins 5 à 6 années d’existence. Les entreprises de moins de 5
ans meurent avant qu’on ait pu avoir connaissance de leurs difficultés »

Il ajoute : « nous ne pouvons nous contenter d’un seul clignotant (de difficultés
bien sûr), le risque d’erreur serait trop grand.
Aussi, un faisceau d’indices est-il nécessaire. Le premier est sans aucun doute le non
dépôt des comptes de l’entreprise au greffe : 90% des S.A.R.L. et 74% des S.A. qui cessent
de fournir leurs comptes annuels déposent leur bilan dans les 24 mois suivants… »

Sous section 2 : Par une augmentation du capital social

Que la reprise soit faite par des tiers étrangers à la société en difficulté ; que la
reprise de l’activité, autrement la redynamisation de l’entreprise, soit réalisée par les
propriétaires anciens ; toute reprise nécessite une injection " d’argent frais".

Juin 2008 74 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Le sauvetage postule principalement le rétablissement des équilibres financiers


à deux niveaux essentiellement : la reconstitution de l’équilibre de la structure du bilan et
l’équilibre à terme, à retrouver entre les emplois et les ressources.

Au passage, ce rééquilibrage entre emplois et ressources passe le plus souvent


par une opération d’assainissement économique. Parmis les causes ayant engendré des
difficultés, les dirigeants commettent des erreurs dans les choix des investissements, de
"prestige", non générateurs de revenus mais plutôt sources de charges d’exploitation
financières contribuant à la détérioration des équilibres.

L’augmentation du capital social en interne serait le meilleur choix pour les


propriétaires actuels. L’opération peut se réaliser :
 Soit par injection de nouveaux capitaux, injection de fonds, choix
obligé, motivé et adapté à la situation. Dans une telle situation,
l’entreprise se trouve "à court d’argent", c'est-à-dire a un besoin en
trésorerie cruciale. Sans une alimentation en liquidités, l’entreprise ne
pourrait pas dans de tels cas répondre aux exigences et ceux
contraintes des moments difficiles. Mais l’opération de restructuration,
de redressement, ou de sauvetage, si l’entreprise se trouve être dans le
cadre de la loi 95-34, ne pourrait porter et répondre aux corrections
nécessaires pour remédier aux causes de défaillances que si l’opération
intègre d’autres choix et actions imposés tels que :
- une action sur les charges que l’on appelle évitables, autrement
qu’une gestion rationnelle aurait évité pour améliorer la
performance en évitant de sombrer dans la défaillance ;
- Supprimer les activités déficitaires ;
- Renégocier les conditions de l’endettement ;
- Agir sur les composants du B.F.R. ;
- Restaurer les marges en mettant en place des conditions de
contrôle et de gestion susceptibles de favoriser la rentabilité.

Juin 2008 75 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

 L’adoption d’un plan de restructuration d’une entreprise en difficulté


doit traduire une volonté managériale de rupture par rapport à
l’existant.
 Le choix du mode de restructuration financière en recourant à une
augmentation du capital décidée par les anciens propriétaires constitue
un choix autorisant, que l’indépendance et le contrôle soient entre
leurs mains.
 Il suppose aussi que soit observé une politique d’autofinancement
pendant une certaine période, autrement s’abstenir de distribuer
éventuellement des dividendes, résultat attendu, pour que la capacité
d’autofinancement rééquilibre la structure des capitaux propres.

Sous section 3 : Par une cession d’actifs non nécessaires à


l’exploitation

S’il s’est trouvé réellement que l’entreprise en difficulté a des actifs cessibles,
c'est que, dans une certaine mesure, certaines causes du déséquilibre, de l’absence de
performance, se trouvent en partie expliquées.

Cette cession d’actifs dits non nécessaires à l’exploitation est de permettre :


 De réaliser des économies de charges fixes et variables non
génératrices de profit ;
 De disposer de trésorerie revenant de la vente ;
 De reconstitué un fonds de roulement net négatif et d’en améliorer son
niveau, et par conséquent, la trésorerie d’exportation.

Toujours est-il que les solutions décrites, pour pallier les difficultés
conjoncturelles et structurelles, sont supposées se réaliser dans un cadre d’entreprise non
en cessation de paiement. Elles doivent se négocier dans un cadre hors du cadre de la loi
95-34.

Juin 2008 76 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Sous section 4 : Par le recours à l’endettement bancaire

En période de difficultés financières avérées, les dirigeants avisés, conscients


de la situation et des solutions devant sortir l’entreprise de l’impasse, ne pourront pas
trouver un financement externe, en l’occurrence bancaire aisé. Ils savent que la situation

de blocage est aggravée parce que les partenaires tiers, les fournisseurs, et les banques ont
perdu confiance en l’entreprise, ou plutôt dans son management.

Ils ne peuvent retrouver cette confiance perdue que s’ils se présentent avec un
dossier de restructuration et de redressement plausible, bancable et "bien ficelé". Qui
accepterait encore d’apporter des fonds à une entreprise en perte de vitesse. Donc, une
refinancement par endettement bancaire doit constituer un complément à celui réalise par
capitaux propres.

Toutefois, hier comme aujourd’hui, le rôle dominant du banquier reste


l’octroi ou le refus du crédit ; plus quand l’entreprise est en difficultés. En réalité, le
système bancaire en Tunisie était "permissif et peu regardant" de l’avis de certains chefs
d’entreprise.

Les difficultés économiques nationales et internationales, l’encadrement du


crédit, la sécurité financière imposée aux banques, la multiplication des scandales de part
et d’autres ; tout n’a fait que rendre la banque "sceptique", voire même parfois "fermée à
la bonne écoute".

Lorsque le banquier a fait crédit, son rôle ne fait que commencer. Aussi, doit –
il savoir que des lorsqu’il a accordé un crédit à l’entreprise ; c’est qu’il a accepté le partage
des fruits du risque. Il est en quelques sortes "un associé provisoire" ou "en survis". Aussi,
il est de l’intérêt de la banque de détecter le plus en amont les difficultés des entreprises
et aussi de ne pas rester complaisant en octroyant "des crédits" à des "chefs d’entreprises"

Juin 2008 77 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

présentant un titre de propriété d’un bien immeuble aux valeurs juridique et financière
douteuses.

« En fait, le banquier, réagit souvent avec retard par méconnaissance ou


connaissance trop tardive des signes avant coureurs des difficultés ou bien plus,
simplement parce qu’ils sont insuffisants.

Tout banquier sait, q u’en pratique, la cessation des paiements elle-même peut
être dissimulée (il en est souvent complice) très longtemps et que c’est généralement
moins d’un an avant que les différents signes décèlent une situation irréversible. A
fortiori, le décalage est encore plus important pour la simple difficulté.

Malgré toutes ces difficultés et ces incertitudes, le banquier établit son


diagnostic qui va déboucher sur l’octroi ou non d’un crédit, selon qu’il est favorable ou
non à l’entreprise.

En revanche, lorsque le diagnostic établi est défavorable, le rôle de banquier


est terminé ; il a l’obligation de se retirer. Son rôle n’est pas de maintenir artificiellement
en vie des entreprises menacées et condamnées : tout acharnement thérapeutique est
exclu.
Son rôle est de financier non seulement des entreprises qui se portent bien,
mais également d’apporter l’appui nécessaire aux entreprises capables de surmonter
leurs difficultés.»(1)

Sous section 5 : Par le recours au crédit- bail

Dans cette optique, l’entreprise arbitre entre des choix financiers, et le plus
souvent, doit tenir compte des avantages et des inconvénients entre les diverses sources
de financement. Mode de financement de plus en plus sollicité, il ne doit , à notre avis,

O.E.C.C.A. et C.H.C.C. : prévention et traitement des difficultés dans les entreprises -1986- Gérard-Prat, Crédit
(1)

Lyonnais.

Juin 2008 78 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

pas cacher une situation de blocage. Autrement, il ne doit pas servir de palliatif ou de
couverture pour une situation critique.

Le fait que les financements par le leasing n’apparaissait dans les états
financiers des était source de "non transparence financière" pour un non initié comptable
ou financier surtout.

La convention comptable (n°12 et la dernière) du cadre conceptuel s’appelle


convention de la prééminence du fond sur la forme. Désormais, et à partir du 01-01-2008 ;
les entreprises sont appelées à comptabiliser les biens acquis par le leasing parmi leurs
actifs économiques.

Cela permet d’avoir une meilleure lecture financière du bilan, en mettant plus
en avant l’endettement par le leasing et sa contribution d’une manière générale dans le
niveau d’endettement de l’entreprise à une date donnée, et d’apprécier son impact sur la
rentabilité.

N’a-t-on pas assisté, dés l’apparition de la nouvelle mode du crédit bail


immobilier, à une vague d’endettement de certains entrepreneurs par ces moyens créant
par l’occasion, une dégradation de la situation financière et de la rentabilité.

Puisque certains dirigeants se permettaient avec la complicité de certaines


sociétés de leasing d’alourdir la structure financière par "l’achat"de certains biens
immobiliers, qui ne sont en rien Nécessaires à l’exploitation.

Le crédit bail présente des avantages :


 Fiscaux, par l’économie d’impôt qu’il générait ; cette option serait –elle
toujours valable ;
 par sa facilité d’obtention, permettant à l’entreprise de se financier en
période de croissance.

Juin 2008 79 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Il présente aussi des inconvénients en risquant d’entraîner certains chefs


d’entreprises, peu avisés et loyaux, dans des opérations peu rentables parfois.
S’il ne permet pas à l’entreprise de tirer un avantage fiscal aussi, il risque de devenir un
moyen coûteux d’autant qu’il permet à l’entreprise à cacher une situation de refus ou de
blocage de financement par les moyens classiques, l’autofinancement, l’adhésion des
associés au projet, la confiance des banques.

Cette situation permet aussi de retarder le jugement fatidique, raisonnable et


rationnel que l’entreprise est en difficulté et qui n’y a plus un intérêt à dissimuler cette
situation.

Section 2 : Restructuration par l’ouverture du capital social

Cette restructuration par l’ouverture du capital social suppose que l’entreprise


sort de "son état d’esprit tribal" pour se situer dans « le temps modernes »
Cette ouverture du capital suppose une ouverture de l’esprit et sur le monde, autrement
sur l’environnement ; et nous nous excusons auprès des membres du jury et des lecteurs
d’utiliser de tels propos.

Les auteurs du rapport (Tunisie- RRNC comptabilité et audit, le 23/06/2004) à


la page 2 et 3 écrivaient « les dirigeants d’entreprises doivent changer de culture, passant

d’une situation de dissimulation de la situation financière et des performances des


groupes familiaux ;
- contribuant à la promotion des investissements directs étrangers pour
opérer sur le marché local
- encourageant la mobilisation de l’épargne ».(1)

(1) rapport de la banque mondiale sur le respect des normes et code comptables (RRNC) en Tunisie. Rapport final
Octobre 2006

Juin 2008 80 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Sous section 1 : Aspects juridiques

Comment imaginer une ouverture de capital social, et des souscriptions si le


gouvernance des entreprises ne change pas.

Le code des sociétés commerciales gagnerait PLUS en enlevant certains


ambiguïtés, incohérences pour rendre les augmentations de capital plus facile.

Dans le cas d’augmentation de capital d’une société en difficulté, dont l’article


388 du code des sociétés commerciales s’applique ; ou procède à l’augmentation en
recouvrant à l’opération dite « du coup de l’accordéon ».

Comment une réduction de capital d’une société anonyme peut-elle se réaliser


en utilisant l’article 308 du code se sociétés commerciales « La réduction du capital peut
avoir pour objet la restitution d’apports, l’abondon d’actions souscrites et non libérées, la
constitution de réserve légale ou le rétablissement de l’équilibre entre le capital et l’actif
de la société diminué à la suite de pertes.

Il peut être procédé à la diminution du capital pour la société lorsque les pertes
auront atteint la moitié des fonds propres et que son activité s’est poursuivie sans que cet
actif ait été reconstitué. »
‫يمكن أن يكون موضوع التخفيض في رأس المال إرجاع المساهمات و التخلي عن أسهم وقع االكتتاب بها دون تحريرها و‬
‫( و رأس مالها الذي انخفض نتيجة‬Actifs immobilisés ) (1)‫الشركة‬ ‫تكوين مدخر قانوني أو إعادة التوازن بين أصول‬
.‫للخسائر‬
‫كما يمكن اللجوء إلى التخفيض في رأس المال بالنسبة إلى الشركة إذا بلغت الخسائر نصف األموال الذاتية و تواصل نشاطها‬
.‫دون أن يعاد تجميع تلك األصول‬
(1) en sens du doit comptable (voir N.C.T. N°1)

Juin 2008 81 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Les divers aspects juridiques de l’opération d’augmentation de capital


s’inscrivent dans l’optique des choix faits par les dirigeants, les associés ou les
actionnaires de la société en difficulté.

En cas d’ouverture, les nouveaux investisseurs préfèrent acheter (au prix


d’émission) et acheter à un cours ou une valeur faible.

Par ailleurs, ils n’acceptent de souscrire que si le retour sur capital leur est
assuré, et qu’ils en sont convaincus.

Notre idée n’est pas de développer les divers modes juridiques avec les
implications en découlant d’une opération d’augmentation de capital, mais de dire que
toute augmentation correspond, pour ceux qui sont intéressés par cette opération, en une
vente d’actions réalisés à un certains prix.

Les actionnaires et associés nouveaux n’accepteraient de souscrire que si les


conditions financières de la récupération du capital investi sont réunies.

Pour l’entreprise en difficultés, l’augmentation de capital se traduit par un


transfert de valeur des actionnaires, ayant accepté de souscrire, aux créanciers puisque
leurs créances se revalorisent grâce à l’argent frais apporté.

Juridiquement, aussi il faut que les dirigeants et, actionnaires et associés


anciens, acceptent de penser que l’ouverture de capital à d’autres est signe de valeur
donnée à l’entreprise ; et que perdant le contrôle d’une entreprise, devenue incontrôlable
du fait de la perte de sa substance, ne fait que valoriser et accroître la valeur de son
capital en déperdition.

Juin 2008 82 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Sous section 2 : Aspects financiers

Les candidats à l’augmentation de capital, surtout quand il s’agit de personnes


étrangères, veulent savoir plus sur l’état de santé financière de l’entreprise en difficultés,
et essentiellement le proche avenir.
Les dirigeants doivent favoriser l’ouverture du capital social par une
information financière intense, autant que possible pour qu’ils s’impliquent plus ces
nouveaux partenaires.
Un état patrimonial détaillé est nécessaire.
Le plan de redressement et ses divers axes :
 business plan,
 action sur les charges,
 cession d’actifs non nécessaires à l’exportation,
 la nouvelle politique commerciale,
 la nouvelle politique sociale en matière de licenciements et de
recrutement pour étoffer l’entreprise de nouvelles et utiles compétences,
etc.

Si l’augmentation du capital est faite sur les bases objectives, et c’est le


recommandé et conseillé ; les dirigeants se doivent de charger un ou plusieurs
professionnels pour évaluer l’entreprise et dégager, en partant du plan de restructuration
établi ; la valeur d’un titre social.

L’utilisation des techniques de l’évaluation seront adoptées à la réalité de


l’entreprise.

On aboutira à des résultats où l’intérêt de l’investisseur primera, et où son


sentiment de faire, ou ne pas faire, une bonne affaire reste attaché à la viabilité de
l’entreprise en difficulté, à la transparence des chiffres que les experts se doivent d’utiliser
avec soin et réserves.

Juin 2008 83 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Chapitre 4
Etude empirique

Section 1 : Présentation de l’enquête

Sous section 1 : Objectifs et méthodologie de l’échantillon

L’étude empirique est destinée à vérifier si les hypothèses de base de notre


travail pouvaient être réellement mesurées avec la réalité, la pratique comptable et la
culture de l’entreprise de manière générale et essentiellement celle ayant trait au respect
des dispositions du SCE.

Rappelons que l’instauration du SCE par le législateur avait pour principal


objectif la préservation de l’information comptable, base déterminante dans une prise de
décision immédiate et prévisionnelle pour le dirigeant, le professionnel comptable, le
commissaire aux comptes et pour un investisseur éventuel.

Nous avons destiné notre enquête aux professionnels qui sont plus à même de
refléter le comportement du chef d’entreprise d’une manière générale.

L’échantillon est composé de 50 personnes ayant accepté de répondre, il sont


ainsi détaillés :
- 22 comptables indépendants,
- 23 réviseurs travaillant dans des cabinets ou installés à leur compte,
- et 5 experts comptables.

Juin 2008 84 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Le questionnaire a été établi de manière à démontrer la relation entre la cause,


que nous estimons, de par notre pratique, être la plus importante dans la défaillance des
entreprises d’une manière générale.
Il s’agit du système d’information comptable.

Sous section 2 : Méthode de collecte des données

Nous avons collecté les données nécessaires à notre étude par le biais d’un
questionnaire de recherche. Ce dernier renferme, en plus des informations générales
(qualification du répondant, nombre d’années d’expérience, lieu d’implantation…), des
questions d’ordre spécifique concernant :
 L’application du système comptable des entreprises et sa perception par les
dirigeants des entreprises ;
 L’apport de la profession comptable dans la mise en place d’une culture
comptable ;
 Les niveaux de capitalisation des sociétés tunisiennes et les causes de cette
insuffisance de capitalisation ;
 Les problèmes causés par l’insuffisance du capital social ;
 Les solutions financières pour corriger cette situation ;
 Les causes de l’échec des dirigeants de l’entreprise en difficulté ;
 Le type de sociétés se trouvant le plus menacé de difficultés économiques.

Section 2 : Présentation des résultats de l’enquête : commentaires,


et rapprochement avec les développements théoriques

Sous section 1 : la comptabilité comme système d’information,


impacts et pratiques comptables
Aux questions 1, 2 et 3, (figurant en annexes) les résultats ci-dessous
mentionnés dans le tableau ont été forts intéressants, la majorité des répondants
affirment que les objectifs du S.C.E. sont atteints de manière peu satisfaisante.

Juin 2008 85 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Cette conclusion est significative et se confirme, dans la pratique, car, nous avons
remarqué, essentiellement, que les objectifs du S.C.E. avancés n’ont pas été atteints.

En plus, il n’y a pas eu de changements dans la perception de la comptabilité


en tant que moyen servant de base d’informations. Cette attitude nous laisse réservé sur
tout apport d’information qu’une comptabilité dégageant des informations non
pertinentes, voulu par un chef d’entreprise, comme l’avait si bien dit : « le faire sortir de
sa vision négative qui consiste à « truquer un bilan » (Bertolus 1988) ou « l’art de calculer
ses bénéfices » (lignon 1989) ».

La question 2-2 est éloquente. La quasi-totalité des répondants affirme que ce


que nous avons appelé « handicap culturel» trouve ses origines dans des anciens réflexes,
lesquels trouvent leurs fondements dans les causes suivantes :
- que la comptabilité est un outil de calcul et de « détournement fiscal »,
- qu’elle sert à payer moins et à « se protéger plus » auprès de l’administration fiscale.

A côté de l’aspect comptable et culturel, nous avons voulu savoir s’il y a une
relation objective entre la situation financière des entreprises souffrant de défaillances et
la pratique comptable.
Car, nous avons rencontré certaines situations où la pratique comptable en est une des
causes fondamentales de la défaillance.

En outre, nous pouvons, comme présenté, et analysé dans la partie théorique,


conclure et dire que la profession comptable, les dirigeants aussi et tous les tiers
intéressés par ce que la comptabilité nous fournit ne correspond pas à l’utilité recherchée
abstraction faite des contraintes fiscales ou de toutes autres variables dénaturant
l’information comptable.

D’ailleurs, comme l’avait confirmé les travaux du 25 iére congrès de l’OECCA


Français en 1980 : « L’objectif de la comptabilité n’est pas de choisir entre différents

Juin 2008 86 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

objectifs tels que, d’une part, la détermination de l’assiette de l’impôt ou des droits des
tiers et des parties prenantes aux résultats et, d’autre part, l’information économique ; en
réalité le problème de la comptabilité, c’est de satisfaire au mieux ces différents objectifs,
parfois contradictoires, sans sacrifier totalement aucun ».

Oui Non
Objectifs du SCE sont atteints de manière peu satisfaisante 98 % 2%
Que le dirigeant trouve dans le SCE un outil intéressant
28 % 72 %
d’information
Obsession que la comptabilité est un instrument de
84 % 16 %
défense de ses intérêts fiscaux
La profession comptable aide au développement d’une
14 % 86 %
bonne culture comptable
Que la profession comptable souffre d’un handicap
80% 20%
culturel
Qu’il y a une concurrence entre la profession d’expertise
46 % 54 %
comptable et celle de comptable
Objectif de la loi 96-112 est atteint 32 % 68 %
Le propriétaire tunisien de l’entreprise tient compte de ce
33 % 67 %
souci

Sous section 2 : Sous capitalisation et ses effets :

Les réponses aux questions recueillies et figurant dans le tableau ci bas, ( 4, 4-1, 4-2 et 4-3)
ont été une confirmation aux objectifs recherchés à travers notre travail de recherche aussi,
puisque :
- 65% des répondants trouvent que la sous capitalisation est une source de
difficultés permanente,
- que 86% la trouvent source de difficultés de gestion bancaire,
- Et le plus « important » et « significatif », que les répondants affirment que cette
situation est source de pratiques comptables irrégulières.

Juin 2008 87 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

En outre, un grand nombre de professionnels n’ont pas voulu répondre à cette


question.
Nous avons déjà signalé en introduction que la pratique comptable, ainsi que la culture
environnante ont tous deux participé dans une absence de transparence, laquelle est fort
préjudiciable pour l’entreprise.
La principale pratique comptable irrégulière consisterait souvent en une dissimulation du
chiffre d’affaires suivie d’une mauvaise appréciation de la situation financière de
l’entreprise, élément n’autorisant pas la prise de décisions pertinentes.

Oui Non
Les entreprises tunisiennes sont peu capitalisées 96 % 4%
La sous capitalisation est due à une faiblesse du capital
65 % 35 %
social
L’insuffisance de l’autofinancement est due à une
91% 9%
insuffisance de performance
L’insuffisance de l’autofinancement est due à une
49 % 51 %
politique de distribution de dividendes à outrance
La sous capitalisation est source de difficultés
66 % 34 %
permanentes de trésorerie
La sous capitalisation est source de difficultés de gestion
86 % 14 %
bancaire
La sous capitalisation est source de pratiques comptables
76 % 24 %
source d'irrégularités

Les résultats obtenus sont corroborés par les études menées par l’INSEE
qui « mettent en évidence que 20.6% des entreprises défaillantes déclarent avoir souffert
directement d’une insuffisance de ressources propres, et que 21.8% d’entre elles, d’en
avoir subi indirectement les conséquences.

Elles mettent également en évidence que l’intensité capitalistique (rapport


fonds propres/effectifs) de l’entreprise défaillante est significativement inférieure à celle

Juin 2008 88 FSEG


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de l’entreprise non défaillante, représente pour un taux de 1% dans l’entreprise non


défaillante, un taux dans l’entreprise défaillante de :
 0.57 dans le commerce ;
 0.45 dans l’industrie ;
 0.25 dans les services ».

Sous section 3 : les choix d’urgence non structurels des chefs


d’entreprises aux difficultés rencontrées

A la question 4-4, les réponses exploitées sont résumées dans le tableau ci bas
et s’articule essentiellement autour des idées suivantes :
- que dans leur quasi-totalité, le dirigeant doit faire recours à un endettement
bancaire par le recours à l’escompte. Cette pratique est de nature à impacter la
performance de l’entreprise, déjà en difficultés, et ne sera pas de nature à améliorer son
équilibre.
- que l’entreprise empruntera auprès des associés, cette situation serait de nature à
légitimer les fausses pratiques comptables.
- que la cession des éléments d’actifs non nécessaires à l’exploitation, est le choix, le
plus judicieux si des actifs de cette nature existent.

En commentaire aux résultats dégagés et détaillés ci-dessous les divers choix retenus ne
paraissent pas pertinents étant donné que :
- à une sous capitalisation aggravée ;
- et à un endettement bancaire lourd de conséquence.
Ces choix des dirigeants aggraveront une situation financière déjà dégradée et une
performance souffrant de charges financières pesant sur leur performance.
Mr mbarek khmmassi précise dans son article précité : « L’endettement global enregistré
au niveau des entreprises admises dans le cadre de la loi pendant les 10 dernières années
est chiffré à : 3 884 millions de dinars. L’endettement est réparti comme suit :
 69% auprès des banques ;
 6% auprès de l’Etat (Fisc) ;

Juin 2008 89 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

 2% auprès de la CNSS ;
 3% auprès des sociétés de leasing ;
 20% autres créanciers.
Ce qui dénote de la subordination quasi-totale des entreprises au système bancaire et le
rapport de force important dont ce dernier détient pour décider du sort de l’entreprise »

Oui Non
En cas de difficultés de trésorerie permanentes, le dirigeant
fait recours :
à l’endettement bancaire par l’escompte 96 % 4%
à l’endettement bancaire par le débit en compte 97 % 3%
à l’endettement privé en empruntant auprès des associés 82% 18%
à l’endettement privé en empruntant auprès des tiers 25 % 75 %
à la cession des actifs non nécessaires à l’exploitation 61 % 39 %
à la cession des actifs nécessaires à l’exploitation 15 % 85 %
à un refinancement par le leaseback 76 % 24 %

Sous section 4 : place de la loi 95-34 et attitude des dirigeants


d’entreprises en difficultés

A la question 5, les réponses semblent homogènes, car malgré le fait que la loi 95-34 soit
largement connue par les chefs d’entreprises ; ces derniers préfèrent attendre que la
situation de l’entreprise se redresse en recourant à des solutions opérationnelles plutôt
qu’à se déclarer en difficultés (voir article précité de Mr khammassi).
Ce dernier estime : « que la première réaction des chefs d’entreprise à la promulgation de
la loi a été entachée de suspicion, d’attentisme et de réserves. Il ajoute que les dirigeants
préfèrent mener des démarches à l’amiable surtout avec les banquiers qui préfèrent la
négociation en dehors du cadre judiciaire. C’est plus souple, moins contraignant et
n’exige pas de formalisme particulier ».

Juin 2008 90 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Oui Non
Les dirigeants des entreprises en difficultés sont au courant de
73 % 27 %
l’existence de la loi 95- 34
Les dirigeants ne se conforment pas aux dispositions de la loi
90 % 10 %
95-34
Les dirigeants préfèrent patienter en attendant que la situation
93 % 7%
se redresse ou se régularise

En effet, notre enquête nous a été enrichissante. Elle confirme aussi que l’autre
volet tenant à l’absence de volonté d’ouverture de l’entreprise au tiers, serait de nature à
ne pas favoriser son développement.
Cette attitude serait aussi source de difficultés d’adaptation aux diverses contraintes, par
sa sous capitalisation, augmentée par une gêne financière ne lui permettant pas de
pouvoir acquérir les meilleures technologies la rendant moins vulnérable à une
concurrence étrangère probable par la mondialisation des économies.
La politique de mise à niveau des structures serait elle suffisante pour apporter certains
remèdes de nature à pérenniser les entreprises tunisiennes.

Sous section 5 : choix objectifs et structurels

Les réponses recueillies aux questions 6, 6-1 et 6-2 apportent aussi un éclairage
important sur les causes structurelles des difficultés financières de l’entreprise puisque :
- La majorité des répondants considèrent que la consolidation de la situation
financière passe par une augmentation du niveau du capital qui aurait du être cohérent
lors de sa mise en place par l’adéquation avec les emplois économiques.
- Par une incorporation des comptes courants associés, réponse, qui elle aussi,
démontre que l’entreprise en difficultés trouve les solutions aux diverses insuffisances
des capitaux dont les apports réguliers faits par les associés tout au long de la vie de
l’entreprise.

Juin 2008 91 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

L’autre attitude d’origine culturelle, et qui contredit les objectifs assignés au


S.C.E. par l’ouverture de l’entreprise sur d’éventuels investisseurs nationaux
qu’internationaux, les réponses recueillis à la question 6 - 2 confirment le manque de
volonté des dirigeant à l’ouverture du capital social à tout tiers intéressés.

Oui Non
La consolidation des capitaux propres se fait par le biais
92 % 8%
de l’augmentation du capital social
La consolidation des capitaux propres se fait par le biais
57 % 43 %
de l’incorporation des réserves
La consolidation des capitaux propres se fait par le biais
90 % 10 %
de l’incorporation de comptes courants des associés
L’ouverture du capital social à d’autres associés 44 % 56 %
L’ouverture du capital social aux établissements
45 % 55%
financiers
Les dirigeants préfèrent voir la société disparaître
44 % 56 %
plutôt que d’ouvrir son capital

Sous section 6 : d’autres causes partielles inhérentes et avouées de la


défaillance

La question 7, dans les réponses ci-dessous, dans ses diverses composantes


apporte aussi une confirmation pertinente à ce que nous avons avancé dans la partie
théorique, qui s’attache principalement à certaines causes, de la défaillance de l’entreprise.
Elles sont :
- d’ordre managérial, puisque la majorité déclare que l’échec est du fait de la qualité
la gestion, d’un manque de savoir en management,
- de la culture environnante du monde des affaires.

Juin 2008 92 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Oui Non
L’échec du dirigeant est du fait de sa gestion 98 % 2%
L’échec du dirigeant est dû à son inexpérience 75 % 25 %
L’échec du dirigeant est dû à son manque de savoir en
96 % 4%
management
L’échec du dirigeant est dû à la culture environnante du
71 % 29 %
monde des affaires
L’échec du dirigeant est dû à l’environnement 89 % 11 %

Ces résultats sont aussi affirmés par Guy Michoud dans un article déjà
précité : « En première approche de notre recherche sur cette problématique, l’analyse des
résultats de deux études portant sur les causes des défaillances d’entreprises (CNME-
1976, CEPME-1986), nous amène à constater, que les causes accidentelles (endogènes) et
conjoncturelles (exogènes), ne représentent que des fréquences relativement faibles : 7.5%
et de 8.2%.
Toutes les autres causes, soit 84.3% impliquent totalement le ou les dirigeants
dans leurs comportements managériaux ».

Sous section 7 : autres causes inhérentes aux difficultés des


entreprises

En outre, les questions 7-6, 7-7 et 7-8 nous amènent à conclure, dans la partie théorique
que l’entreprise tunisienne continue à être gérée comme étant une entité économique et
sociale qui est la propriété exclusive des dirigeants, et non pas comme étant une entité
intégrée dans un environnement national macroéconomique, ouvert de plus en plus sur
le monde extérieure et devant subir ses contraintes et respecter ses lois, sa culture et le
poids des entreprises susceptibles de venir la concurrencer, celle ci ayant vécu dans un
environnement protégé replié sur des réflexes comportementaux que des années de
cultures antérieures ont consacré.

Juin 2008 93 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Oui Non
Les sociétés à cadre juridique familial sont les plus
94 % 6%
susceptibles de rencontrer des difficultés
La forme juridique est un déterminant dans les difficultés 37 % 63 %
Les SARL sont les sociétés les plus susceptibles de
91 % 9%
rencontrer des difficultés

Juin 2008 94 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Conclusion
En conclusion, nous disons qu’une question se pose à nous tous. Faut-il croire à
la fatalité en économie et en finance.

Cette entité qu’est l’entreprise, a t-elle des chances meilleures quand elle germe
et qu’elle se génère dans un milieu qui lui est favorable par toutes les conditions qui
contribuent à son éclosion, à sa croissance et à son développement.

La comparaison est-elle permise quand les généticiens déclarent aujourd’hui


que l’espérance de vie pour un enfant européen, né dans les pays où les conditions
sanitaires, de la bonne hygiène est meilleure que celle d’un enfant né dans un pays
africain avec des différences de pays.

Nous pensons que nous avons tenté de le démontrer tout au long de notre
travail de recherche qui, au delà de son caractère peu académique, pourrait constituer un
travail de recherche plus approfondi nous éclairant plus sur les causes socio-culturelles
de la défaillance des entreprises en Tunisie.

Les conclusions contenues dans le rapport de la banque mondiale sont très


significatives et illustrent parfaitement les grandes causes. Nous nous devons de nous
"échapper" de réflexes négatifs pour considérer la comptabilité comme un instrument de
soustraction au paiement de l’impôt ou des taxes.

Dans certains pays de l’Europe du nord (Norvège, Danemarque, Finlande), au


passage hautement développés et où le taux des prélèvements fiscaux et sociaux sont très
importants ; cette situation n’a pas gêné la société Nokia de se hisser à l’échelle d’un
groupe leader dans la téléphonie, la haute technologie et les NTIC d’une manière
générale.

Juin 2008 95 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

« Le droit comptable joue un rôle crucial dans le développement économique


d’une nation. Le succès d’un développement maîtrisé et lié aux performances des
systèmes comptables utilisés au niveau microéconomique et macroéconomique.

Comme dans les pays développés, la comptabilité répond de ces dernières :


besoin d’information des tiers, besoin de pilotage des dirigeants, besoin de contrôle » (1)

La comptabilité doit servir d’étalon pour évaluer, prédire le futur et prévenir


les risques de plus en plus présents.

Un effort a déjà été fait pour sensibiliser, entourer et mettre les bases de
comportement des dirigeants. Un autre a été fait pour que les divers intervenants dans
l’entreprise soient plu aguerris pour corriger certaines déviances et défaillances.

Le rapport de la banque mondiale est allé jusqu’à assimiler une certaine frange
de professionnels (qui ne se conforment pas toujours aux obligations comptables et
d’audit) de défaillants.

Tout au long de notre présent mémoire, nous avons tenté d’établir une
corrélation organique entre le système d’information d’une manière générale, la viabilité
et la fiabilité de la qualité de l’information financière, de ses effets sur les origines
relatives s’y rapportant et causes essentielles dans la défaillance de l’entreprise.

Ainsi nous avons insisté aussi sur les rôles, les responsabilités en amont et en
aval du professionnel expert comptable. Nous avons mis en relief le rôle joué par la
culture de l’entreprise, et générale aussi dans son environnement. Le conseil de l’OECT a
avancé récemment un slogan, fort retentissant : « rien ne vaut le conseil d’expert ».

Emettons un vœu pieux que les professionnels de la comptabilité toute entière


se hissent au niveau éthique de ce slogan.

Geneviéve Comsse : Développement et comptabilité Encyclopédie de comptabilité contrôle de gestion et Audit. Ed.
(1)

Economica.2000

Juin 2008 96 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

Pour les experts comptables, la prévention et le traitement des difficultés dans


les entreprises ne constituent pas une préoccupation nouvelle, mais une position globale
des pouvoirs publics conforterait PLUS les orientations réglementaires apparues les
dernières années dans les divers textes régissant la vie des entreprises dans son cadre
légale et réglementaire.

A la fin, nous disons que l’entreprise est un acquis social national, sa mort est
source de déficits pour la communauté. Toutes les parties prenantes : dirigeants,
institutions financières, professionnels et pouvoirs publics se doivent de réaliser que leur
souci est commun.

Tout investissement de qualité, voulant garantir les chances de son succès


passent inévitablement par les meilleures conditions de la transparence et les meilleures
conditions allouant les ressources essentielles à la réussite d’un projet donné.

Juin 2008 97 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

BIBLIOGRAPHIE

 OUVRAGES GENERAUX ET SPECIAUX

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

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 La Loi n ° 95 – 34 du 17 Avril 1995 relative au redressement des entreprises en
difficultés.
 La Loi n ° 99 – 63 du 15 Juillet 1999 portant modification de la Loi n ° 95 – 34 du 17
Avril 1995 relative au redressement des entreprises en difficultés.
 La Loi n° 2003 – 79 du 27 décembre 2003 modifiant et complétant la Loi n° 95 – 34 du
17 Avril 1995 relative au redressement des entreprises en difficultés économiques
telle que modifiée par la Loi n° 99 -63 du 15 Juillet 1999.
 La Loi Française n ° 84 -148 du 1ER Mars 1984 relative à la prévention des difficultés
des entreprises.
 La Loi Française n° 94 – 475 du 10 Juin 1994 relative à la prévention et au traitement
des difficultés des entreprises.
 La Loi n° 94 – 117 du 14 Novembre 1994, portant réorganisation du marché financier.
 La Loi n° 2000-35 du 21 Mars 2000, relative à la dématérialisation des titres.
 Décret n° 89-530 du 22 Mai 1989, portant application de la Loi n° 88-111 du 18 Août
1988 portant réglementation des emprunts obligataires.
 La Loi n° 89 – 114 du 30 Décembre 1989, portant promulgation du code de l’Impôt sur
le Revenu des Personnes Physiques et de l’impôt sur les sociétés.
 La Loi n° 93 – 120 du 27 Décembre 1993, portant promulgation du code d’incitations
aux investissements.
 La Loi n° 96 – 112 du 30 Décembre 1996, relative au système comptable des entreprises.
 Arrêté du ministre des finances du 31 Décembre 1996 portant approbation des normes
comptables.
 Arrêté du ministre des finances du 25 Mars 1999, portant approbation des normes
comptables, norme comptable relative au contrôle interne et à l’organisation
comptable dans les établissements bancaires.

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Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

 THESES ,MEMOIRES ET COLLOQUES:

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pratique dans le cadre de la mise à niveau de l’entreprise
Tunisienne.
 Hajji N. (1986) :
Les entreprises en difficulté - causes de défaillances et rôle
de l’expert comptable mémoire d’expertise comptable
IHEC TUNIS.
 Ibrahim M. (1997) :

Risk Management : Ebauche d’une politique de gestion des


risques dans l’entreprise Tunisienne mémoire d’expertise
comptable IHEC TUNIS..
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L’entreprise face au droit comptable, colloque du 13-05-
2006, Sfax
 Marsalet J. D.(1980) :

25iéme congrès OECCA- Paris 1980


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Congrès de l’OECCA : Paris 1989-Introduction
 Saboly M. L.

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Colloque à Tunis le 11 et 12 Décembre 2006 : Tunisie ; elles
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Détection précoce des défaillances d’entreprises à partir
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Bernard M.(1998) :
Les avantages de la médiation économique Revue
Françoise de Comptabilité n°298-Mars 1998
 Danziger R. (1991) :
Experts comptables : l’usine, vous connaissez ? Revue
Française de Comptabilité n°226, p 86-92.
 Goublet F. (1996) :
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 Huet J. (1991):
Le chiffre et le management- Revue Françoise de
Comptabilité n°226, p.86-92.
 Gumb B. (1998) :
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La perfection par l’expert comptable se son rôle préventif
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La technique de détection des défaillances des entreprises-
Revue Françoise de la comptabilité, n°197, p 28-31.
 W. Madani, C. Ayoub-Jedidi (2005) :
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 Alain Mikol (1999) :


Revue Française de comptabilité n° 312-Juin 1999
 Marthien Autret et Alfre Galichon
La comptabilité peut-elle dire vrai, source site internet

Juin 2008 109 FSEG


Mémoire en vue de l’obtention du diplôme national d’expertise comptable

LISTES DES ABREVIATIONS


C.A.C. : Commissaire Aux Comptes
E.C.P. : Etat de Cessation de Paiement
I.F.A.C. : Intenational Fédération Accounting Company
N.T.I.C. : Nouvelle Technologie de l’Information et de la Communication
I.N.S.E.E : Institue National des Statistiques et des Etudes Economiques
B.F.R. : Besoin en Fonds de Roulement
C.A.F. : Capacité d’Auto Financement
P.A.S. : Plan d’Ajustement Structurel
R.F.C. : Revue Français de la Comptabilité
P.M.E. : Petites et Moyennes Entreprises
R.R.N.C. : Rapport sur le Respect des Normes et Code
S.A.R.L. : Société A Responsabilité Limité
S.A. : Société Anonyme
S.C.E : Système Comptable des Entreprises
E.B.E. : Excédent Brut d’Exploitation
N.C.T. : Norme Comptable Tunisienne
O.P.A. : Opération Public d’Achat
O.P.E. : Opération Public d’Echange
CNCC : Compagnie Nationale des Commissaires Aux Comptes
C.S.C. : Code des Sociétés Commerciales
OECCA : Ordre des Experts Comptables et des Comptables Agrées

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