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Université Ibn Tofail

Faculté des sciences juridiques et politiques - Kénitra

L’HYPOTHÈQUE

Sous l’encadrement de : Pr. RESSA Ahmed Réalisé par : BOUBNAN Fatima


EL AOUNI Kawtar
OUCHENE Souha
OUSSIBEL Imane
TRAORÉ Oumou

Master Contentieux des Affaires Année universitaire : 2022/2023


INTRODUCTION :
● Les sûretés immobilières sont des mécanismes
juridiques utilisés dans le domaine de
l'immobilier pour garantir le remboursement
d'un prêt ou l'exécution d'une obligation.
● Elles jouent un rôle essentiel dans la
sécurisation du secteur des transactions
immobilières puisqu’elles accordent une
prérogative aux créanciers en leur accordant
un droit réel sur un bien immobilier.
● Il existe divers types de garanties immobilières
tel que le gage, le nantissement, le privilège
du prêteur de deniers, mais la sûreté la plus
couramment utilisée est l’hypothèque.
● L’hypothèque est la clef de voûte du crédit immobilier.Elle
est l’élément qui inspire la confiance. Elle permet aux
marocains et aux marocaines d’acquérir un logement.
● L’hypothèque est définie comme l’un des droits réels
accessoires établi sur un immeuble immatriculé ou en
cours d’immatriculation, affecté à la garantie du paiement
d’une créance.
● Au Maroc, l'hypothèque est régie principalement par les
articles de 165 jusqu’à 213 du Dahir n° 1-11-178 du 22
novembre 2011 portant promulgation de la loi n° 39-08
portant code des droits réels.
INTÉRÊT DU SUJET :
Mettre l’accent sur la place importante qu’occupe
l’hypothèque dans le domaine du foncier en tant qu’un
instrument juridique largement utilisé, outre les éléments
clés du système hypothécaire au Maroc.
Problématiques :
Quelles sont les différentes catégories de l’hypothèque ? et
tant que l’hypothèque est un droit de sûreté réelle, obéit-elle
à un certain formalisme pour être valable et par conséquent
produire ses effets ? Et quelle est la procédure de réalisation
de l'hypothèque?
PLAN:
INTRODUCTION

Partie I : notion et dispositions générales de l’hypothèque

Chapitre I caractères généraux


Chapitre II les effets de l’hypothèque

Partie II : L'extinction de l'hypothèque et ses effets

Chapitre I l’extinction de l’hypothèque


Chapitre II l’extinction de l’hypothèque à travers la vente aux
enchères

CONCLUSION
Partie I : Notions et dispositions générales
de l'hypothèque
L’hypothèque est un droit réel sur un bien immeuble, affecté à
l’exécution d’une obligation ; elle confère au créancier le droit de suivre
le bien en quelques mains qu’il soit, de le prendre en possession ou en
paiement, de le vendre ou de le faire vendre et d’être alors préféré sur le
produit de cette vente suivant son rang.
Cependant cette hypothèque est composée de plusieurs caractères
généraux et est sujette à des conditions de fonds fixées par le droit
commun et réglementées par les dispositions de la loi 39-08 que nous
allons voir dans les lignes qui vont suivre.
Chapitre I : Les caracteres generaux

L’hypothèque est un droit réel qui confère au créancier un droit de


préférence et un droit de suite mais aucune des prérogatives du droit
de propriété, le créancier hypothécaire est traité comme un créancier
gagiste, il peut seulement faire vendre un bien hypothéqué en cas de
non paiement, pour se payer par priorité sur le prix.
L’hypothèque, droit réel de garantie suppose l’existence d’une
obligation principale, d’une créance, le créancier de la dette
correspondante est alors assuré d’être payé par son débiteur. Quant à
l’immeuble sur lequel l’hypothèque porte, selon les articles 157 et 158,
l'hypothèque est un droit immobilier.
Quant à l’immeuble sur lequel l’hypothèque porte, selon les articles 157 et
158, l'hypothèque est un droit immobilier. Elle peut porter sur la propriété
des immeubles ou sur les droits réels immobiliers suivants: usufruit,
emphytéose, superficie ou droits coutumiers musulmans.
Pour ce qui est de l’indivisibilité, elle signifie d’abord que chaque fraction
de la créance est garantie par la totalité de l’hypothèque. Si la créance est
partiellement éteinte, ce qui en substitue continue à être garanti par
l’hypothèque entière.
Si la créance est divisée, notamment à la suite d'une succession, chacun
des cohéritiers du créancier hypothécaire décédé, créancier à son tour
pour une fraction, dispose de l'hypothèque entière pour le paiement de
cette fraction.
A l'inverse, le cohéritier du débiteur décédé qui a reçu dans son lot
l'immeuble hypothéqué, devient débiteur hypothécaire pour le tout. Cette
indivisibilité signifie encore que chaque fraction de l'immeuble
hypothéqué garantit l'intégralité de la créance.
Les conditions de validité de l’hypothèque

Le contrat d'hypothèque repose lui aussi sur les conditions énoncées par le
droit commun, ainsi que certaines conditions qui lui sont propres.

- A Conditions de forme

Le contrat d’hypothèque doit être constitué par écrit, authentique ou sous seing
privé. C'est comme un acte formel par excellence, car on ne peut concevoir un
acte d'hypothèque établi sans support écrit.

Quant à son inscription, l’hypothèque étant un droit réel immobilier, doit, pour sa
validité entre les parties et son opposabilité aux tiers, être inscrite sur le titre foncier
de l’immeuble hypothéqué. Une fois inscrite, elle conserve son rang, sans formalité
nouvelle, jusqu‘à la mention de l’acte libératoire de la dette, c'est-à-dire, la radiation
de son inscription. Aussi, aucun délai n’existe pour cette inscription.
- Les conditions de fond

Le constituant, la personne qui accorde une hypothèque sur son bien, doit
avoir la capacité de le faire, c'est-à-dire qu'il doit être propriétaire des droits
qu'il hypothèque ou titulaire d'un droit réel immobilier susceptible
d'hypothèque. Selon l'article 176 du code des droits réels " le constituant de
l'hypothèque doit obligatoirement être propriétaire de l'immeuble mis en
hypothèque, et ainsi être capable d'en disposer".

Toutefois, il n'est concevable pour le père, la mère, ou le tuteur légal de


mettre en hypothèque les biens d'un mineur que par une autorisation du
juge tel qu’il a été prévu par l'article 178 du code des droits réels. Ainsi l'article
11 du DOC va dans le même sens.
Le bien doit exister au moment de l’établissement du contrat
d’hypothèque, sont donc exclus les biens immeubles en état futur
d’achèvement.
Le bien doit être déterminé avec précision, en procédant aux détails qui
le caractérise. Aux termes de l’article 175 de la loi 39.08, tout acte
d’hypothèque doit comporter : La désignation du bien hypothéqué,
préciser sa dénomination, sa superficie, sa situation, ses dépendances,
son numéro de titre foncier, ou le numéro de la réquisition
d’immatriculation

La cause dans l'acte d'hypothèque est de garantir la créance, c’est pour


cela qu’il est nécessaire, selon l’article 175 de la loi 39-08 formant code
des droits réels, de déterminer le montant de la créance garantie par
l’hypothèque et la durée déterminée pour son paiement.
Les différents types d'hypothèque

L'hypothèque conventionnelle :

L’hypothèque conventionnelle est un contrat d’hypothèque conclu entre le


créancier, dénommé « stipulant », et son débiteur, dénommé « constituant ».
Dans la convention d’hypothèque, le constituant affecte un ou plusieurs biens ou
droits immobiliers en garantie du paiement de sa dette, qui résulte d’une
obligation juridique contenue elle-même dans une convention principale.
C’est ce qui justifie que l’hypothèque est un droit réel accessoire.
Lorsque le constituant s’engage à affecter un ou plusieurs biens ou droits
immobiliers à la garantie d’une créance, il doit identifier avec précision lesdits
biens ou droits qu’il entend grever d’hypothèque, soit le coût de l'hypothèque
conventionnelle.
C’est le principe de la spécialité de l’hypothèque conventionnelle. Cela signifie
que le constituant ne peut grever d’hypothèque l’ensemble de son patrimoine
immobilier, sous peine de nullité de la convention d’hypothèque.
L’hypothèque forcée.

L’hypothèque forcée est celle qui est conférée par une décision de
justice, sans le consentement du débiteur, les principales créances qui
peuvent donner lieu à une hypothèque forcée sont les suivantes :
1° Les créances publiques définies par l’article 2 de la loi 15-97 formant le
code de recouvrement des créances publiques.
2° La créance du syndicat des copropriétaires pour le paiement des
charges communes.
3° Les créances qui résultent d’un jugement.
Le vendeur, l’échangiste ou le copartageant ayant garanti par une
hypothèque conventionnelle le paiement total du prix, ou de la soulte
de l’échange peuvent obtenir l’hypothèque forcée sur les immeubles
vendus, échangés ou partagés, en vertu d’une décision de justice.
En cas d’hypothèque forcée, le Président du Tribunal peut, en cas
d’urgence, ordonner sur requête, une inscription conservatoire laquelle
n’aura d’effet que jusqu’au jugement définitif à inscrire. Le jugement
définitif portant hypothèque prend rang à la date de l’inscription
conservatoire.

Le créancier qui a inscrit son hypothèque forcée conserve son droit de


suite sur le bien meuble qui n’est pas aliéné dans le cours des activités
d’une entreprise, de la même manière que s’il était titulaire d’une
hypothèque conventionnelle.
L’hypothèque conventionnelle différée :

On distingue également l’hypothèque différée. «Une garantie que


consent un emprunteur auprès d’une banque sur un bien ou sur un
montant déterminé pour une courte durée de 3 mois. Concrètement, la
banque fait signer au client un acte d’hypothèque différée à travers
lequel ce dernier s’engage à payer son crédit au terme des 3 mois. S’il
paye son dû dans les délais convenus, il aura instantanément la
mainlevée. Dans le cas échéant, l’hypothèque sera inscrite»
l’extinction de l’hypothèque et son exécution
L’extinction de l’hpothèque

L'hypothèque est un droit accessoire qui nécessite l'existence d'un droit


principal à garantir, et il lui est subordonné dans son existence et son
absence. Ainsi, la dette garantie s'éteint de manière accessoire, car
l'hypothèque ne peut pas subsister lorsque la dette s'éteint, quelle
qu'en soit la cause d'extinction
L'hypothèque s'éteint de deux manières : soit de manière principale,
c'est-à-dire en maintenant l'obligation principale, soit de manière
accessoire, c'est-à-dire en conséquence de l'extinction de l'obligation
principale. Que l'extinction de l'hypothèque soit principale ou
accessoire, elle n'a aucun effet juridique tant qu'elle n'est pas radiée du
registre foncier
L'extinction de l'hypothèque de manière
principale

L'hypothèque s'éteint tout en maintenant la dette garantie par


le biais d'un accord entre les parties au contrat hypothécaire et
la radiation de celle-ci du registre foncier. Cet accord peut
mettre fin au contrat hypothécaire moyennant d'autres
garanties, telles que le débiteur proposant une substitution de
Extinction de
l'hypothèque par une garantie personnelle ou une hypothèque
l’hypothèque par mobilière, avec l'accord du créancier sur cette proposition
accord entre le L'accord peut également prévoir l'extinction de l'hypothèque
créancier et le débiteur dans le contrat hypothécaire lui-même, par exemple si
l'existence de l'hypothèque est liée à une condition résolutoire,
ou il peut être stipulé dans un contrat ultérieur au contrat
hypothécaire. Dans les deux cas, l'extinction de l'hypothèque
n'a pas d'effet juridique tant que sa radiation n'est pas
enregistrée dans le registre foncier
Comme mentionné précédemment, l'hypothèque peut également
s'éteindre de manière principale si le créancier y renonce sans
renoncer à la dette, par exemple en substituant l'hypothèque légale
par une garantie personnelle ou en abandonnant l'hypothèque sans
restriction et en acceptant d'être un créancier chirographaire La
renonciation peut être explicite ou implicite. Si la renonciation
explicite ne pose pas de problème, ce n'est pas le cas de la
renonciation implicite. Ainsi, si le délai de paiement de la dette
arrive à échéance et que le créancier refuse de l'honorer, et que le
débiteur entreprend des démarches de vente réelle et de dépôt,
cette action, si elle est correctement menée, permet au débiteur de
recourir à la justice pour obtenir un jugement d'extinction de
l'hypothèque si le bien immobilier n'est pas immatriculé, ou de
s'adresser au conservateur foncier pour obtenir une décision de
radiation si le bien immobilier est immatriculé
L'hypothèque s'éteint lorsque la chose hypothéquée est détruite, à
condition que la destruction soit totale. Si la destruction est
partielle, l'hypothèque ne s'éteint pas, mais ce qui reste de la
chose hypothéquée demeure en garantie de la totalité de la dette,
conformément au principe de l'indivisibilité de l'hypothèque.
Extinction de
Le législateur a prévu dans l'article 191 du Code du droit réel que :
l’hypothèque par
"Le droit du créancier hypothécaire se transfère, en cas de
destruction du bien destruction, de détérioration ou d'expropriation du bien
hypothéqué hypothéqué pour cause d'utilité publique, sur la somme d'argent
qui le remplace, telle que le montant de l'assurance, de l'indemnité
ou du prix de l'expropriation, et le créancier hypothécaire a le droit
d'encaisser son droit sur ces fonds conformément à son rang."
Si la chose hypothéquée est un droit d'usufruit et que le bien immobilier se détruit, le droit
d'hypothèque s'éteint avec la destruction du bien qui en bénéficie ou à l'expiration de sa
durée. En revanche, si le droit d'usufruit expire par renonciation avant la fin de sa durée,
l'hypothèque ne s'éteint pas, mais demeure sur ce droit revenant au nu-propriétaire

Il a été précédemment mentionné que le créancier hypothécaire est tenu de garantir


l'efficacité de l'hypothèque et qu'il n'est pas autorisé à poser tout acte réduisant la valeur de
la chose hypothéquée ou mettant en péril, matériellement ou juridiquement, le bénéfice du
créancier hypothécaire. Par conséquent, si le débiteur enfreint cette obligation, le créancier
hypothécaire peut demander la déchéance du délai de paiement de la dette et son
paiement immédiat, ce qui signifie que le créancier hypothécaire a résilié l'hypothèque et
qu'elle s'éteint de manière principale
Si l'hypothèque est conclue sous une condition résolutoire, l'hypothèque s'éteint dès que
cette condition se réalise, et la dette garantie subsiste sans l'hypothèque
L’Extinction de l'hypothèque de manière
accessoire

L'article 319 du Code des obligations dispose ce qui suit :


Les obligations prennent fin par les moyens suivants :
1° paiement ; 2° L'impossibilité
́ de l'exécution ; 3° La remise
Article 319 volontaire ; 4° La novation ; 5° La compensation ; 6° La
confusion ; 7° La prescription ; 8° La résiliation volontaire.
Le Paiement L’impossibilité d’exécution

Le paiement de la dette garantie par L'obligation prend également fin si elle


l'hypothèque est soumis aux règles générales devient naturellement ou légalement
prévues pour le paiement de la dette telles impossible à être exécutée, sans acte du
qu'énoncées dans le DOC. Étant donné que le débiteur ou en raison de ses erreurs, avant
droit de l'hypothèque est un droit réel de tomber en situation de retard
indivisible, le paiement ne peut pas être Si l'exécution devient impossible en raison
fractionné, mais doit être intégral. En cas de de l'impossibilité légale ou naturelle de
paiement partiel, l'hypothèque demeure en l'objet du contrat, le débiteur est libéré de
vigueur jusqu'au paiement intégral l'obligation, à moins que l'impossibilité ne
l'article 321 du DOC dispose également que soit due à sa faute ou qu'il se trouve en
"L’obligation est éteinte lorsque le créancier situation de retard. Dans cette situation,
consent à recevoir en paiement de sa créance l'hypothèque n'est pas éteinte et le
une prestation autre que celle portée dans créancier hypothécaire a le droit de
l’obligation ; ce consentement est présumé procéder à l'exécution sur le bien
lorsqu’il reçoit sans réserve une prestation hypothéqué pour recouvrer son droit
différente de celle qui était l’objet de
l’obligation
La remise volontaire La novation

Le législateur a énoncé dans l'article 340 du DOC La novation est également considéré comme
que : " L'obligation est éteinte par la remise une cause d'extinction de la dette, comme
volontaire qu'en fait le créancier capable de faire mentionné précédemment, en créant une
une libéralité". La remise de l'obligation a effet tant nouvelle dette en remplacement de la dette
qu'elle n'a pas été ́ refusée expressément par le
ancienne, qui diffère de celle-ci dans l'un des
débiteur. Le créancier a une liberté totale pour
éléments essentiels, et avec l'extinction de la
acquitter le débiteur hypothéqué de l'obligation
dette ancienne, l’hypothèque garantissant
qui pèse sur lui, à condition d'avoir la capacité de
faire une donation contrairement à un mineur, car les dettes est également éteint et passe à la
il ne lui est pas permis d'acquitter le débiteur, et nouvelle dette
cet acquittement ne peut produire ses effets
même si le débiteur l'accepte expressément. La
remise volontaire doit être inclue dans un accord,
un document ou une transmission explicite ou
implicite, si le créancier effectue un acte qui
indique la remise volontaire du débiteur de la
dette garantie, comme la radiation automatique
de l'enregistrement lié au contrat de l’hypothèque
dans le registre foncier pour le bien hypothéqué.
La novation ne peut être effectuée que par un
contrat ou un jugement définitif qui prouve la
résiliation de l’hypothèque
La Compensation

La compensation intervient lorsque les deux parties sont créancières l'une envers
l'autre et débitrices l'une envers l'autre à titre personnel, et elle n'a pas lieu entre les
musulmans si elle implique une violation de ce que prévoit la charia islamique.
Cependant, si un tiers acquiert un droit sur le bien hypothéqué de bonne foi pendant la
période qui sépare la réalisation de ce qui est mentionné dans le paiement, la
compensation ou la remise volontaire et la constatation de leur nullité, ce droit de ce
tiers n'est pas affecté par cela et reste acquis pour ce droit sur le bien qui était
hypothéqué (Article 1239 du DOC). Par exemple, supposons que le débiteur
hypothécaire a remboursé sa dette au créancier hypothécaire et a obtenu la libération
de l’hypothèque (ou l'a radié de l'hypothèque officielle), puis une autre personne a
acheté ce bien qui était hypothéqué, puis il s'est avéré que ce remboursement n'était
pas valide, car l'argent n'est pas affecté par cela, et ce qu'il a acheté ne devient pas
hypothéqué car il a acquis la propriété de bonne foi.
Cependant, si l'acheteur est de mauvaise foi, c'est-à-dire s'il savait que ce
remboursement n'était pas valide, alors l’hypothèque reprend ses effets et cet acheteur
ne peut pas se prévaloir du droit qu'il a acquis sur le bien hypothéqué en raison de sa
mauvaise foi
La Fusion

La fusion de dettes est également considérée comme une cause


d'extinction de l'hypothèque officielle de manière dépendante. La fusion de
dettes désigne la réunion de la qualité de créancier et de débiteur entre les
mains d'une seule personne en raison de la même obligation, ce qui
conduit à l'extinction de la relation de créance car il est impossible pour
une personne d'être débitrice envers elle-même. Étant donné que le droit
de gage ne peut être dissocié, la fusion de dettes doit être totale et non
partielle. Si elle est partielle, l'hypothèque demeure même si une partie de
la dette a été acquittée par le biais de la fusion partielle des dettes
La prescription

est également considérée comme une cause d'extinction des obligations si le créancier néglige de
réclamer ses droits dans un délai déterminé par la loi. La dette garantie par une hypothèque ne peut
pas être prescrite, conformément à ce que prévoit l'article 377 du DOC en disposant : " La prescription
n'a pas lieu, lorsque l'obligation est garantie par un gage ou une hypothèque."
Par conséquent, l'hypothèque est affectée de manière subordonnée à toutes les causes entraînant
l'extinction de la dette, telles que le paiement de la dette, la compensation, la remise de dette, la
confusion des dettes, la résiliation ou l'annulation de l'obligation principale, à l'exception de la
prescription, comme le prévoit l'article 377 du DOC : "La prescription ne s'applique pas lorsque
l'obligation est garantie par une hypothèque mobilière ou une hypothèque".
Puisque le bien hypothéqué est lié à la dette garantie, si cette dette est déclarée nulle, comme si elle
était basée sur une cause illicite, le contrat d'hypothèque est annulé en conséquence. L'hypothèque
est également annulée si la dette est susceptible d'être annulée, comme dans le cas d'une
hypothèque forcée établie en faveur du vendeur sur la vente, puis si l'acheteur découvre que le
vendeur lui a menti à ce sujet et que l'annulation de cette vente est décidée. De même, l'hypothèque
expire en raison de certaines causes de prescription, comme lorsque le débiteur hypothéqué remplit
sa dette envers le créancier hypothécaire, ou dépose le montant de la dette auprès de la caisse du
tribunal après que le créancier hypothécaire a refusé de le recevoir après l'avoir présenté à lui à
l'échéance, ou en cas de compensation entre l'hypothèque et le créancier hypothécaire, ou si le
créancier hypothécaire déclare qu'il est débiteur du débiteur hypothéqué dans l'affaire qui a engendré
la dette garantie ou qu'il en a été libéré
De même, le débiteur hypothécaire peut invoquer tous les motifs entraînant
l'annulation de la dette garantie ou sa prescription à l'égard du créancier
hypothécaire, et de même, le propriétaire de la chose hypothéquée - s'il n'est pas
lui-même le débiteur de la dette garantie - peut invoquer tous les moyens de défense
que le débiteur peut utiliser, même si le débiteur y a renoncé, même s'il s'y oppose, à
l'exception des moyens de défense liés à la personne du débiteur
Si la dette garantie est éteinte par le paiement, la compensation, la décharge ou la
prescription, puis qu’il est établi que cette dette est invalide et qu’elle incombe au
débiteur, l’hypothèque retrouve ses effets et il est nécessaire pour le détenteur de
l’hypothèque, qui le détient physiquement, de permettre au créancier hypothéqué de
récupérer la chose gagée si celle-ci lui a été restituée
Chapitre 2: l’extinction de l’hypothèque à travers la
vente aux enchères

La saisie immobilière est considérée comme une mesure d’exécution forcée qui
aboutit à la vente aux enchères d’un bien immobilier dont le débiteur est
propriétaire, afin que le prix de cette vente soit distribué entre le créancier
poursuivant et éventuellement les différents créanciers ayant pris la précaution
d’inscrire une hypothèque sur le bien saisi. Par contre, avant toute saisie, elle doit
être précédée d'un commandement de payer.
Le commandement du bien immobilier

C’est un acte délivré par l’agent chargé d’exécution prés du


tribunal de première instance, pour informer la personne débitrice
du paiement de la dette par le biais de la réalisation d’hypothèque,
en saisissant le bien hypothéqué et en le vendant dans les
enchères publiques afin de récupérer la créance due.
L'intérêt de ce commandement immobilier est de donner la
possibilité au débiteur de trouver des ressources pour payer ses
dettes sinon de justifier son opposition. Il permet également
l'immobilisation des biens mobiliers et immobiliers qui deviennent
incessibles et insaisissables. Cette immobilisation dure jusqu'à
l'adjudication.
Dans le même ordre d'idées, lorsque le président autorise par
ordonnance la saisie conservatoire, elle est notifiée et exécutée
dans un délai de dix jours, ce délai a été inséré lors des
modifications introduites par la loi n°72-03 relative au code de
procédure civile.
De plus, le commandement immobilier doit obligatoirement
mentionner le nom, le numéro du titre foncier, la situation de
l'immeuble ou des immeubles immatriculés dont la vente sera
poursuivie en cas de non paiement. A défaut de certaines de ces
mentions, le commandement est nul.
Ce commandement est inscrit sur le titre foncier, ce qui signifie
qu'aucune inscription nouvelle relative au droit en cause ne peut
être prise.
Dans le cadre du délaissement de l'immeuble hypothéqué par le tiers détenteur, le
dahir du 2 juin 1915 relatif à la législation applicable aux immeubles immatriculés,
prévoit dans son article 187 que faute par le tiers détenteur de satisfaire pleinement à
ses obligations hypothécaires, chaque créancier hypothécaire inscrit a le droit de faire
vendre, sur lui, l'immeuble hypothéqué sans aucune réserve, suivants les formes
prescrites pour les saisies immobilières, quinze jours après commandement fait au
débiteur originaire et sommation faite au tiers détenteur de payer la dette exigible ou
de délaisser l'immeuble. De plus, la même disposition est consacrée par le décret
royal du 17 décembre 1968 relatif au crédit foncier, au crédit à la construction et au
crédit à l'hôtellerie, pour parvenir à la vente de l'immeuble hypothéqué,
l'établissement de crédit agréé fait signifier au débiteur un commandement par le
bureau des notifications du tribunal compétent. Ce commandement, établi
conformément à l'article 205 du dahir du 2 juin 1915 est notifié par le greffe pour
inscription sur le livre foncier au bureau de la conservation foncière de la situation des
biens, et vaut à lui seul, saisie immobilière par dérogation aux règles relatives aux
délégations de compétence en matière de saisies immobilières.
Pour enfin dire qu'une fois le délai passé quelque soit la situation, le commandement
immobilier se transforme directement en saisie immobilière.
la saisie immobilière

La saisie immobilière est une voie d'exécution permettant à un


créancier de faire placer sous main de la justice, puis
éventuellement de vendre les immeubles de son débiteur.
Aux termes de l’article 67 du code de recouvrement des
créances publiques, la saisie et la vente des biens immeubles ne
peuvent être pratiquées qu’en cas d’insuffisance des biens
meubles du redevable.
Une fois que le créancier hypothécaire est muni d'un certificat
spécial d'inscription ou d'un jugement définitif selon les cas, il
peut recourir à la saisie pour vendre l'immeuble en garantie. De
même, la saisie, mis à part le dahir relatif à la législation
applicable aux immeubles immatriculés, est régie par les
dispositions du code de procédure civile en vigueur.
Ainsi, une requête doit être adressée au tribunal de première
instance qui ordonne la saisie immobilière, notifiée après par
l'agent d'exécution près du même tribunal. Lorsque le bien
immeuble a été mis sous saisie conservatoire, le secrétaire greffier
notifie en la forme ordinaire la conversion de la saisie conservatoire
en saisie exécutoire à la personne poursuivie. Mais lorsque
l’immeuble n’a pas été saisi, le secrétaire greffier place l’immeuble
sous main de la justice par une saisie immobilière dont il dresse un
procès-verbal qui indique la notification du jugement.
Notification de la saisie exécutoire:

Si la saisie est pratiquée dans la présence du poursuivi, elle est notifiée dans les
conditions prévues à l’alinéa 2 de l’article 469 du code de procédure civile. Ce texte
de loi précise que la notification doit se faire en personne du poursuivi.
Dans le cas où il se trouve absent, ça nous renvoie aux dispositions de l’article 39 du
même code. Or, on y trouve des modalités concernant la remise de la convocation.
Celle-ci est accompagnée d’un certificat indiquant à qui elle a été remise et doit être
signée par son récepteur. Dans le cas où ce dernier refuse de signer cette
notification, cela ne peut entraîner un grand changement pour la simple raison
qu’elle vaut réception à partir du dixième jour du refus. De même, si le lieu
d’habitation est inconnu, il est nécessaire de nommer un curateur parmi les agents
d’exécution où il reçoit toutes les notifications adressées au poursuivi dont le lieu ou
le pays de résidence est inconnu. Ce curateur a l’obligation de poursuivre une
recherche afin de retrouver la personne par le biais du ministère public et toutes les
autorités administratives, en présentant ainsi toutes les informations concernant le
poursuivi et dès que possible informer l’agent d'exécution ainsi que le juge le
désignant une fois le poursuivi retrouvé.
Concernant la notification au conservateur foncier et l’inscription au
livre foncier, celle- ci est d’un grand intérêt. A savoir, donner la possibilité
au public d’être informé sur le titre foncier et d’éviter, dans le but d’un
meilleur suivi de la procédure, toute autre inscription, en facilitant la
préparation de la vente du bien aux enchères publiques.

De même, le texte régissant l’immatriculation foncière dispose dans son


article 87 que le commandement à fin de saisie immobilière doit être
signifié au conservateur de la propriété foncière, qui l’inscrit sur le
titre. A partir de cette signification, aucune inscription nouvelle ne peut
être prise sur l’immeuble pendant le cours de la procédure
d’expropriation.

Le procès verbal est inscrit donc, à la diligence de l’agent d’exécution


par le conservateur sur le titre foncier; Pour enfin dire, qu’on ne peut
inscrire le procès-verbal de vente aux enchères publiques sans inscrire
auparavant le procès-verbal de saisie que ce dernier ne peut avoir lieu
sans inscription du commandement immobilier.
la vente aux enchères publiques:
La vente aux enchères publiques est considérée, en général, comme importante
dans l'exécution judiciaire. Elle entraîne des effets juridiques non négligeable à
savoir la dégradation de tous les droits de propriété, c'est-à-dire, le débiteur n'est
plus le propriétaire du bien immobilier, celui-ci est dorénavant entre les mains de la
justice jusqu'à ce qu'un autre propriétaire se présente.
La vente enchères publiques est réglementée par l’article 477 et suivant du code de
procédure civile. La présentation des offres pour l’achat du bien immobilier dure
toute la période entre la publicité et le jour fixé pour les enchères publiques.
Ainsi, dans l’intervalle de cette durée, toute personne intéressée par le rachat du
bien hypothéqué peut se présenter soit en personne, soit par le biais d’un
représentant ou même en envoyant un courrier au secrétariat greffe afin de prouver
l’intention de participer aux enchères publiques.
De même, l’agent chargé de l’exécution a le devoir de communiquer aux intéressés
toutes les informations qui intéressent le bien hypothéqué à savoir, les dossiers
d’exécution, les relevés…etc. Il a même le devoir, à la demande des intéressés, de leur
faire visiter les lieux tout en respectant la sensibilité du possesseur actuel du bien.
CONCLUSION:
En résumé, l’hypothèque au Maroc occupe une place
importante dans le domaine des sûretés immobilières, en tant
qu’un outil d’obtention du crédit, il offre aux créanciers une
sécurité solide en leur donnant priorité sur les biens garantis.
L'enregistrement foncier garantit sa légalité et son opposabilité
aux tiers. En cas de défaillance du débiteur, le créancier
hypothécaire a le droit de saisir le bien et de le vendre,
conformément aux dispositions de la loi en vigueur.
Merci de votre
attention

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