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DROIT DE L‘INGENIERIE FINANCIÈRES ET FISCAL ALABA NZIAZI MIGUEL JUNIOR

Remerciements

J’adresse tout d’abord mes remerciements les plus sincères, au MR


Aboubhakrine sadihk DIAGNE, qui a très volontiers accepté d’être
mon encadreur. Sa grande connaissance dans le domaine, ainsi que
son expérience, ont joué un rôle important dans la conception de ce
travail.
Je remercie aussi le président SAKHIR THIAM car grâce à
l‘université dont il est le fondateur j‘ai pu acquérir des connaissances
qui m‘ont aider à rédiger ce mémoire.
Je remercie également mes professeurs pour la qualité de
l’enseignement qu’ils m’ont prodigué au cours de ces cinq années
passées à l’université de Bourguiba.
Je remercie aussi l’ensemble des mes amis proches qui ont
supporté (et auront encore certainement à supporter) mes palabres sur
l’autogestion. Je remercie plus particulièrement REYRAMBYAH
Armel, HAROUN SALATOU, FELINA EDOU, MABICKA
OTHINIEL, ABESSOLO THONIA, PATRICK MAKOSSO,
JESSICA ASSOKO, FANTA DOUMBOUYA et pour finir á
OKOME ESSONO CYNTHIA qui a toujours été là pour
m‘encourager.
Je remercie enfin ma famille, mes tantes, mes oncles qui m‘ont
aidé financièrement, et mes frères adoptifs YOANN BINENY,
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AVELE GLENN, PAUL MAURICE TOMO et ma petite sœur


ONDONGO NPEA HORNELA NAIDE pour son soutien moral
Je dédicace ce mémoire á ma mère ALABA MARIE CLAIRE
qui a toujours été là pour moi financièrement et moralement.
Ce mémoire est un hommage à mon père ONDONGO
BERNARD qui fut mon mentor, mon meilleur ami, mon conseillé.
PAPA REPOSE EN PAIX
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Table des matières

INTRODUCTION...............................................................................4
PREMIERE PARTIE.........................................................................8
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE............................................9
SECTION I : LA REVUE CRITIQUE DE LA.................................9
LITTERATURE...............................................................................9
SECTION II : LA PROBLEMATIQUE RECHERCHÉE..............13
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE...........................17
SECTION I : La méthode de recherche........................................17
PARAGRAPHE I : La délimitation du champ d‘application....17
PARAGRAPHE II : Les objectifs de recherche........................18
PARAGRAPHE III : Les hypothèses........................................19
SECTION II : LES OUTILS DE RECHERCHE......................................20
PARAGRAPHE I : La recherche documentaire........................20
PARAGRAPHE II : Les enquêtes.............................................20
DEUXIEME PARTIE.......................................................................21
CHAPITRE I : LA GESTION.........................................................22
PRECONTENTIEUSE....................................................................22
SECTION I : LE RESPECT DES RÈGLES DÉCLARATIVES ET DE
PAIEMENTS........................................................................................23
PARAGRAPHE I : le choix de la matière imposable...............23
PARAGRAPHE II : L‘évaluation de la matière imposable.......24
PARAGRAPHE III : Le taux d‘imposition et méthode de
recouvrement..............................................................................25
A – LA LIQUIDATION DE L‘IMPOT..................................25
B – LE RECOUVREMENT L‘IMPOT................................27
SECTION II : La pratique de l‘audit fiscal..................................29
PARAGRAPHE I : La notion d‘audit fiscal..............................29
PARAGRAPHE II : LE REDRESSEMENT FISCAL..............31
PARAGRAPHE III : LES SANCTIONS..................................32
A – LES SANCTIONS FISCALES........................................32
B – LES SANCTIONS PENALES.........................................33
CHAPITRE II : LA GESTION DU CONTENTIEUX...............................35
SECTION I : LE RECOURS ADMINISTRATIF...........................35
PARAGRAPHE I : LE RECOURS GRACIEUX......................37
PARAGRAPHE II : LE RECOURS HIERARCHIQUE...........39
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SECTION II : LE RECOURS CONTENTIEUX...........................42


PARAGRAPHE I : LA SAISINE DU JUGE DE REFERES....43
A – Les contestations relatives aux actes de poursuites..........43
B – Les contestations relatives à l’assiette..............................44
PARAGRAPHE II : Le contentieux sous au juge de fond.........46
A – La procédure de saisine du juge.......................................46
CONCLUSION..................................................................................48
ANNEXE............................................................................................51
BIBLIOGRAPHIE............................................................................56
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INTRODUCTION

Pour fonctionner, toute société a besoin d'avoir des ressources


susceptibles de couvrir les besoins collectifs. Ainsi, parmi les moyens
d'avoir financier de l'État, nous avons les recettes publiques dont fait
partit l’impôt, qui alimentent le budget de l’État. La survie de l'État
exige donc la participation financière de sa population, à travers
l'impôt pour pourvoir aux besoins publics dont il est responsable.
Il est défini comme une « une prestation pécuniaire, requise des
particuliers par voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en
vue de la couverture des charges publiques. 1 ». Cette définition de
l’impôt nous renseigne que de par son objet, celui-ci fait fonctionner
la collectivité nationale, l’État.
L’impôt joue alors deux rôles :
- D’abord un rôle budgétaire, la majeure partie des ressources
financières de l’État provient des recettes fiscales qui sont assises sur
l’impôt. Cela a le mérite de conforter son caractère autoritaire et plus
loin, lui octroie un caractère vital.
1
Gaston JEZE : Cours de Finances Publiques, LGDJ, 1936.
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- Ensuite, un rôle économique car il sert à développer une


économie équilibrée en stimulant ou réduisant certaines formes
d’activités économiques.
On donne aussi à l‘impôt deux origines possibles,
La première est politique. L'impôt serait né avec la sédentarisation et
le développement de l'agriculture. L'existence de surplus de
production et le pillage régulier ont permis la création d’un tribut
versé à une classe de guerriers, afin de défendre et de diminuer la
destruction de l'activité des paysans et des artisans par les razzias.
La seconde origine, elle, est religieuse. En effet, la pratique du
sacrifice et des offrandes faites aux dieux, était extrêmement
répandue. Ainsi, quand les clercs, puis les souverains, se sont
présentés comme les intermédiaires entre les dieux et les hommes, ils
sont devenus naturellement les récipiendaires de ces dons.
Dans un pays comme le Sénégal, le système fiscal est dit déclaratif,
c’est-à-dire que c’est le contribuable qui, conformément aux
dispositions du Code Général des Impôts (CGI), souscrit
périodiquement à des déclarations devant servir à liquidation de sa
dette fiscale. Les déclarations faites par le contribuable sont
présumées sincères et exactes et engagent ainsi sa responsabilité.
En droit La fiscalité désigne l'ensemble des règles, lois et mesures qui
régissent le domaine fiscal d'un pays. Définie autrement, la fiscalité se
résume aux pratiques utilisées par un État ou une collectivité pour
percevoir des impôts et autres prélèvements obligatoires. La fiscalité
joue un rôle déterminant dans l'économie d'un pays.
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Elle participe en effet au financement des besoins de ce dernier et est à


l'origine des dépenses publiques (travaux autoroutiers, constructions
de bâtiments publics, etc.). On retrouve dans cette fiscalité de
nombreuses taxes versées directement par les ménages et les
entreprises ou indirectement (droits de mutation, carte grise, etc.). La
politique économique d'un pays possède enfin une grande influence
sur la fiscalité avec le pouvoir de taxer davantage certains agents
économiques ou, au contraire, de défiscaliser certaines opérations.
Cependant il existe un moyen permettant aux contribuables qui
sollicitent diminuer ou demander la réparation d’erreurs commises à
leur préjudice ou le bénéfice d’un droit résultant d’une disposition
législative ou réglementaire et ce moyen est la fiscalité contentieuse
Le terme « contentieux » connaît deux acceptions. Au sens large, il
désigne toute contestation ou conflit opposant des parties sur leurs
droits et obligations respectifs, quels que soient les moyens par
lesquels elles tentent de les résoudre. Au sens étroit, il désigne les
contestations portées devant un juge et réglées selon des procédures
juridictionnelles.
En matière fiscale, le contentieux est défini comme l’ensemble des
règles de la procédure à suivre, tant auprès de l’administration que des
juridictions compétentes, pour la formulation et l’examen des
contestations concernant le bien-fondé ou le montant des impôts,
droits, taxes et pénalités établis ou recouvrés par la direction générale
des impôts. Il peut aussi être défini comme, toute contestation relative
aux impôts recouvrés par la Direction générale des Impôts et des
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Domaines susceptibles d’être soumise à une juridiction. C’est donc les


litiges fiscaux entre l'administration et les contribuables.
Par rapport au contexte « Les rapports entre les contribuables et
l’Administration fiscale sont si conflictuels et litigieux que la loi, pour
instaurer l’équité et la justice fiscales, a frayé au profit du contribuable
et de l’Administration des Impôts des voies visant une réduction,
annulation voire réajustement de l’imposition. »2
Néanmoins, tous les litiges en matière fiscale ne se règlent pas par
des voies contentieuses. Il existe en effet en matière fiscale de
nombreuses voies de règlement des litiges dites précontentieuses.
Le point de départ du contentieux fiscal est la réclamation qui,
dans sa forme, est une argumentation juridique. La procédure de
contentieux fiscal est, par contre, très technique dans son contenu et
nécessite une grande expérience. Nous tenterons d'esquisser dans ce
travail, les grands traits de la procédure du contentieux fiscal. Pour ce
faire, il s’articulera sur trois (2) parties. Nous présenterons d’abord, les
cadres théorique et méthodologique (Partie I) ensuite la gestion du
contentieux fiscale (partie II)

2
Le Contentieux de l’assiette des impôts locaux / Alpha Ngom.- 2002, mém. Cycle B/ENAM;
59p.- Mém. 965
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PREMIERE PARTIE
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

Pour mener à bien notre étude nous allons mettre en exergue le cadre
Théorique (chapitre 1) et le cadre méthodologique (chapitre 2)

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE

SECTION I : LA REVUE CRITIQUE DE LA


LITTERATURE

Afin d’avoir des connaissances sur notre thème de recherche, nous


avons consulté des ouvrages, des rapports et des articles qui traitent de
notre sujet dans sa globalité ou en abordent quelques aspects.
Notre étude s’est appuyée principalement sur le nouveau Code
Général des Impôts de 2013. En effet, ce texte renferme actuellement
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l’essentiel des règles relatives au champ d’application, à l’assiette, au


taux, à la liquidation, au recouvrement, et aux contentieux des impôts
et taxes locaux. En plus du CGI, nous nous sommes servis de
documents, comme les nombreuses études faites sur les finances
locales sénégalaises, les œuvres doctrinales et revues fiscales.
Le contentieux fiscal est traité aussi bien par des auteurs sénégalais
que par des auteurs français. De ce fait, il en résulte une pluralité
d’ouvrages en la matière.
Avant tout, il nous a paru important d’appréhender la notion de
contentieux fiscal. C’est ainsi que nous nous sommes intéressés à
l’ouvrage de Florent ROEMER intitulé « Contentieux fiscal »3.
Dans son ouvrage, Florent ROEMER présente les caractéristiques
particulières des procédures applicables en matière fiscale : le
déroulement du contrôle fiscal, la contestation de l'imposition, ainsi
que la procédure devant les juridictions qui interviennent dans le
domaine fiscal.
Cet ouvrage évoque également les procédures amiables qui
permettent au contribuable d'obtenir une diminution de l'imposition en
raison de sa situation financière. L'application des textes est illustrée
par des exemples concrets tirés de la jurisprudence et de la pratique et
l’'index facilite recherches et vérifications.
De cet ouvrage, nous apprenons beaucoup sur les différentes
procédures en contentieux fiscal, mais aussi sur les avantages accordés
au contribuable quant à ses situations financières. Il met aussi en

3
Florent ROEMER, Contentieux fiscal, Editions Paradigme, 2013.
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exergue le contentieux juridictionnel, en précisant les juridictions


compétentes selon la forme de recours.
L’auteur a bien fait de montrer les bases théoriques permettant une
meilleure compréhension de notre sujet. Toutefois, il a abordé le sujet
selon le système fiscal français, ce qui nous a conduits à nous tourner
à des ouvrages plus locaux.
À cet effet, « La nouvelle fiscalité sénégalaise »4 et « Précis de
fiscalité sénégalaise »5 ont attiré toute notre attention.
Dans son œuvre, Papa Alassane NDIR fait une étude sur la fiscalité
en vigueur au Sénégal, en poursuivant un double objectif : aider à
comprendre et à résoudre les problèmes rencontrés en matière fiscale.
Avec un texte simple illustré de schémas et tableaux, son ouvrage est
accessible à tout niveau de compréhension.
L’œuvre passe en revue les différentes formes d’imposition avant
d’aborder le contentieux fiscal. Ainsi, l’ouvrage comprend six (6)
parties dont la dernière porte sur le contrôle et le contentieux.
L’auteur part du contrôle, en faisant ressortir la confiance mesurée
accordée au contribuable par l’administration fiscale en ce qui
concerne la détermination de la base imposable, pour s’étendre sur le
contentieux de l’impôt, en nous présentant sa procédure.
De cet ouvrage, nous apprenons, de manière simple, un peu plus sur
la procédure et les différentes voies de recours donnée au contribuable
au Sénégal, enrichissant ainsi nos connaissances en la matière
acquises en cours.
4
Papa Alassane NDIR, La nouvelle fiscalité sénégalaise, La nouvelle édition africaine du Sénégal, 1993.
5
Mamadou NGOM, Précis de fiscalité sénégalaise, Editions Presse universitaire du Sahel, 2011.
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Mamadou NGOM, par contre, dans son œuvre « Précis de fiscalité


sénégalaise », concilie la théorie et la pratique fiscale et présente de
façon détaillée et facile les principaux outils fiscaux utilisables en
gestion et en économie. S'appuyant sur de nombreuses années de
pratique et d'enseignements, il illustre par des exemples pratiques
d'application, chaque chapitre étudié.
Ce manuel, décomposé en sept parties, permet de comprendre
facilement la notion d'impôt, ses sources et son rôle, avant de se lancer
à l'analyse et l'interprétation de la nature des impositions.
Aussi, s’étale-t-il dans la dernière partie de son livre sur le
contentieux fiscal au Sénégal, avec des exercices corrigés permettant
une meilleure compréhension de la procédure. L'architecture de cet
ouvrage, se tisse autour du thème central qui marque l'importance de
la connaissance et de la maîtrise des impôts dans l'espace UEMOA,
car l'impôt c'est l'affaire de tous les agents économiques.
Pour ne pas juste se limiter à la seule procédure nous avons consulté
des ouvrages débattant sur le thème et ses différents aspects. Parmi ces
derniers celui qui nous a paru pertinent est « Droit fiscal. - Les droits
du contribuable dans le contentieux fiscal »6. Cet ouvrage, met en
exergue les différentes garanties attribuées au contribuable face aux
erreurs de l’administration.
Il va encore plus loin en analysant les raisons et la nature de la
spécialisation des formes d'action dans le contentieux fiscal et les
difficultés en résultant pour le justiciable à la recherche de son juge.

6
Daniel RICHER, Droit fiscal. - Les droits du contribuable dans le contentieux fiscal, Editions LGDJ, 1998.
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Cet ouvrage nous a permis d’appréhender peu à peu les droits du


contribuable par rapport au droit fiscal français

SECTION II : LA PROBLEMATIQUE


RECHERCHÉE

Au Sénégal, la majeure partie des ressources financières de l’État


provient des recettes fiscales qui sont assises sur l’impôt, ce qui lui
donne un caractère plus vital qu’autoritaire.
« La politique fiscale mise en œuvre au Sénégal depuis quelques
décennies traduit la volonté des pouvoirs publics de faire de la fiscalité
un instrument apte à mobiliser de façon optimale les ressources
nécessaires à la couverture des charges publiques, à promouvoir la
croissance économique et à améliorer l’environnement des affaires. La
nécessité d’atteindre ces objectifs à la fois multiples et variés a conduit
le législateur sénégalais à modifier à maintes reprises le Code général
des Impôts (CGI), entraînant ainsi une complexification du dispositif,
aussi bien pour les praticiens de la matière fiscale que pour les
contribuables. »7.
Le contentieux fiscal s’est beaucoup développé ces dernières
années, ce qui est normal pour un pays de droit comme le Sénégal où
la constitution est censée protéger les droits des citoyens. La notion de
l’Etat de droit et les réformes entreprises ont imprégné les pratiques de
7
Exposé des motifs du Code Général des Impôts de la loi 2012-31 du 31 Décembre 2012.
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l’administration fiscale notamment au niveau de la procédure


contentieuse. La gouvernance actuelle essaie d’accélérer la cadence de
ces réformes en dotant le pays d’un arsenal juridique capable de
sauvegarder les droits des citoyens et promouvoir le respect de la loi.
Mais, les multiples modifications du dispositif fiscal ne favorisent pas
une compréhension commune des règles, et les rapports entre
l’administration fiscale et l’assujetti, engendrant souvent des erreurs
d’interprétation en fonction de la compréhension de chacun d’eux.
Ainsi, le contribuable ne semble plus se retrouver tant sur les sommes
dues, que sur les méthodes de recouvrement. Face à cela, une garantie
a été donnée au contribuable contre les erreurs ou abus de
l’administration fiscale : le droit de contester la base de l’impôt, sa
liquidation ou son recouvrement, appelé contentieux fiscal.
Dans un pays où la loi fiscale a instauré l’équité et la justice
fiscales, et frayé au profit des contribuables des voies de recours
visant une réduction, une annulation, ou un réajustement de
l’imposition lorsqu’elle est incorrecte, il convient de réfléchir sur
l’équilibre entre les droits des contribuables et la nécessité de
sauvegarder les intérêts du trésor public.
En effet, L’administration fiscale est généralement en position de
force. En jugeant les déclarations d’un contribuable fausses ou
incohérentes, elle peut selon le cas procéder à des redressements soit
par la procédure de taxation d’office soit par la procédure de
vérification. Elle peut même dans le second cas, reconstituer le chiffre
d’affaires du contribuable si elle juge que sa comptabilité est non
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probante. Conscient de cela, le législateur a essayé de mettre sur un


pied d’égalité l’administration et le contribuable. Ainsi, avant d’user
de ses droits, l’administration fiscale doit respecter certaines
procédures garantissant les droits du contribuable. Par exemple, elle
ne peut procéder à un contrôle que lorsque le contribuable a été notifié
quinze jours auparavant.
Mais, dès que le contribuable décide de faire un recours, d’autres
acteurs entrent en jeu pour régler le litige. Tout dépend de la nature du
contentieux et de l’étape de la procédure. Mais généralement, le
contribuable doit d’abord faire une réclamation auprès de
l’administration fiscale comme entité de premier recours. Le
contentieux peut être résolu à cette étape. Au cas où le contribuable
n’est pas satisfait par la décision de l’administration fiscale, il peut
saisir les tribunaux en dernier recours.
Nul ne peut nier que le recours contentieux est une garantie et un
excellent moyen de défense pour le contribuable. Mais il ne suffit pas
qu’il soit convaincu de son utilité, mais plutôt qu’il en connaisse les
procédures.
Ainsi, maîtriser les arcanes des procédures fiscales et plus
précisément contentieuses devient donc un enjeu de taille aussi bien
pour l’opérateur économique que pour le simple citoyen.
Ce qui nous amène à aborder la problématique de l’ouverture du
contentieux fiscal, plus précisément de son organisation. Nous avons
choisi d’orienter notre recherche à travers des questions, à savoir :
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De quels moyens dispose l‘entreprise pour gérer efficacement le


contentieux fiscal ?
Et aussi quels sont les juridictions compétentes ?
La réponse à l’ensemble de ces questions sera faite à travers le
présent mémoire, qui sera consacré au contentieux fiscal, comme étant
un cas où l’application que fait le contribuable des textes fiscaux est
remise en cause
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CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE

Dans cette partie nous présenterons de façon successive la méthode de


recherche (section 1), et les outils de recherche (section 2)

SECTION I : La méthode de recherche

Elle sera divisée en trois paragraphe il y a d‘abord la délimitation du


champ d’application (PARAGRAPHE I), puis les objectifs de
recherche (PARAGRAPHE II), ensuite pour finir il y‘a les hypothèses
(PARAGRAPHE III)

PARAGRAPHE I : La délimitation du champ d‘application

La fiscalité renseigne à la fois le système de perception des impôts


et l'ensemble des lois qui régissent les procédés de perception. C’est
un révélateur du pouvoir car elle permet d'observer les rapports
multiples entre la dynamique des structures économiques et les
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politiques de l'État, entre les Finances publiques et la légitimité du


pouvoir et de comprendre l'évolution des rapports entre l'Etat et la
société.
Toutefois, il est nécessaire de retenir que la fiscalité est un champ
assez vaste regroupant l'impôt, son rôle, ses caractéristiques et ses
principes. Aussi, dans le cadre de notre étude nous avons choisi de
nous limiter aux rapports entre l’administration et les contribuables :
le contentieux fiscal.

PARAGRAPHE II : Les objectifs de recherche

Nos objectifs se déclinent en deux objectifs.


Il y‘a d‘abord l‘objectif général qui est celui d‘appréhender le
contentieux fiscal aussi bien au niveau « procédural » que fonctionnel.
Cet objectif général ne peut être pleinement atteint en l‘absence
d‘objectif spécifique bien précis.
Puis les objectifs spécifiques qui nous conduisent successivement à :
– Appréhender le système fiscal sénégalais
– Exposer les situations qui génèrent un contentieux fiscal
– Déterminer les différents recours donnés au contribuable
lors de cette procédure
– Apprécier l‘égalité des parties au contentieux fiscal
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PARAGRAPHE III : Les hypothèses

En nous basant sur les questions que constituent notre


problématique et sur nos objectifs à atteindre, nous avons relevé des
hypothèses suivantes :
– La gestion du contentieux est d‘abord préventif
– La gestion du contentieux est curative
– Le contentieux fiscal est complexe
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SECTION II : Les outils de recherche

Il sera divisé en deux paragraphes d‘où nous avons d‘abord la


recherche documentaire (paragraphe I) puis les enquêtes (paragraphe
II)

PARAGRAPHE I : La recherche documentaire

Le contentieux fiscal étant un sujet déjà étudié par de nombreux


chercheurs, nous nous sommes basé sur la documentation déjà
existante en la matière. Dès la conception et tout au long de notre
travail, nous avons consulté et consulterons des ouvrages parlant ou se
rapprochant de notre sujet. Nous exploiterons les articles et
référentiels législatifs en la matière, ainsi que les mémoires déjà
soutenu, afin d’obtenir le maximum d’informations. Cette recherche
documentaire sera complétée par des enquêtes

PARAGRAPHE II : Les enquêtes

Cette méthode de collecte de données nous aidera à approfondir les


informations que nous avons sur notre sujet.
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Nous envisageons de nous entretenir avec des inspecteurs des


impôts et domaines et des experts et professionnels en leur
introduisant le thème et en les laissant s’exprimer. Nous révèlerons
toutes les dimensions qualitatives que le questionnaire ne peut cerner,
notamment l’historique et l’expérience des entretenus en la matière.
À l’issue de ces entrevues nous serons en mesure d’analyser et
d’apprécier les principes d’organisation de la procédure contentieuse.

DEUXIEME PARTIE
LA GESTION DU CONTENTIEUX FISCALE
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Dans cette partie nous allons mettre en exergue la gestion


précontentieuse (chap. I) et la gestion du contentieux proprement dit
(chap. II)

CHAPITRE I : LA GESTION


PRECONTENTIEUSE

Ce chapitre sera divisé en deux sections, la première sera le respect


des règles déclaratives et de paiements (section I) et la pratique de
l‘audit fiscal (section II)
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SECTION I : Le respect des règles déclaratives et


de paiements

Le système fiscal sénégalais se veut déclaratif, en ce sens que c’est au


contribuable d’évaluer sa base imposable. D‘où il convient de
déterminer la matière imposable (paragraphe I) ensuite son évaluation
(paragraphe II) et pour finir le taux d‘imposition et les méthodes de
recouvrement (paragraphe III).

PARAGRAPHE I : le choix de la matière imposable

Comme l’impôt n’a pas de contrepartie directe, il est nécessaire de


l’asseoir sur ce que l’on appellera la matière imposable. Dans l’absolu,
tout peut servir de matière imposable mais en réalité le choix de celle-
ci doit se fonder sur les capacités contributives. Par conséquent, c’est
la richesse du contribuable qui est prise en compte soit lorsqu’elle se
forme à travers le revenu, soit lorsqu’elle se constitue à travers le
capital ou enfin lorsqu’elle est utilisée à travers la dépense.
Le revenu est la première matière imposable dans les systèmes
modernes. C’est une somme d'argent provenant d'une source
permanente et de manière périodique. C’est une richesse
immédiatement convertible. On peut distinguer plusieurs sources de
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revenus : le travail qui génère des salaires, le capital qui peut procurer
des loyers ou encore des intérêts d’actions ou d’obligations. Mais il
existe aussi des sources mixtes résultant de l’association du travail et
du capital. C’est le cas des BIC et des BNC, qui sont les revenus des
professions libérales.
Ensuite, vient le capital comme matière imposable dans les
systèmes modernes. Le capital selon P.M. Gaudemet, est la richesse
consolidée dans le patrimoine du contribuable. Derrière cette
définition se cachent plusieurs formes de capitaux. En effet, il existe
plusieurs catégories de capitaux : les capitaux immobiliers et les
capitaux mobiliers, les capitaux productifs et les capitaux improductifs
de revenus. Enfin, la dernière matière imposable porte sur la dépense.
On peut définir la dépense comme « toute aliénation de richesse
consentie par le contribuable pour se procurer un bien ou un service ».
C’est donc la richesse qui sort du patrimoine du contribuable pour
servir à l’achat de biens ou de services. Toutefois il faut distinguer les
dépenses de consommation et les dépenses d’investissement. En
principe, seules les dépenses de consommation sont retenues.

PARAGRAPHE II : L‘évaluation de la matière imposable

La matière imposable peut être évaluée, le plus souvent directement


mais parfois indirectement. C’est l’évaluation directe qui est utilisée
dans le système fiscal sénégalais. Elle est fondée sur une évaluation
par le contribuable, et suppose la possibilité pour l’administration
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fiscale, a posteriori, d’apprécier la justesse de la déclaration. La


déclaration est le procédé de droit commun de constatation et
d’évaluation de la matière imposable. Son extension s’est faite
progressivement à quasiment tous les impôts. Le contribuable doit
fournir au fisc les renseignements nécessaires à l’établissement de
l’assiette (montant du revenu, charges de familles, charges
déductibles). La réglementation est précise : son dépôt est obligatoire,
dans un certain délai. Même si la déclaration est toujours présumée
exacte, elle joue le rôle de moyen de preuve opposable à
l’administration fiscale et au contribuable.

PARAGRAPHE III : Le taux d‘imposition et méthode de


recouvrement

Après l’établissement de la base imposable, le contribuable doit


calculer le montant exacte de l’impôt, c’est-à-dire le liquider.
À cette fin on applique généralement un taux défini. C‘est pour cela
que nous verrons en la liquidation d‘impôt (A) et le recouvrement
d‘impôt (B)

A – LA LIQUIDATION DE L‘IMPOT

Le plus souvent le taux de l’impôt est un taux ad valorem, c’est à


dire un pourcentage que l’on va appliquer à la base. Mais il existe,
s’agissant de certains impôts des taux spécifiques qui s’expriment par
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une valeur en franc CFA par quantité de marchandise ou de produit


visé. L’impôt peut être proportionnel à la matière imposable ou
progressif par rapport à celle-ci. L’impôt proportionnel est un impôt
dont le taux est constant quel que soit le montant de la matière
imposable. Ce type d’impôt est apparu le premier et réalisait une
justice arithmétique. Aujourd’hui, l’impôt proportionnel reste en
vigueur notamment en matière d’impôt sur la dépense au Sénégal.
L’impôt progressif est celui dont le taux s’élève avec l’augmentation
de dimension de la matière imposable. Il réalise une égalité réelle et
non plus arithmétique. On peut distinguer deux sortes de
progressivité : La progressivité par classe ou globale et la
progressivité par tranches. Au Sénégal, on pratique la progressivité par
tranches. Ainsi, dans l’impôt sur le revenu des personnes physiques, le
taux varie en fonction des six tranches suivantes8 :
– De 0 à 630 000 F CFA le taux est de 0%,
– De 630 001 à 1 500 000 F CFA le taux est de 20%,
– De 1 500 001 à 4 000 000 F CFA le taux est de 30%,
– De 4 000 001 à 8 000 000 F CFA le taux est de 35%,
– De 8 000 001 à 13 500 000 F CFA le taux est de 37%
– Et enfin pour plus de 13 500 001 F CFA le taux est de
40%.
– Dans ce cadre, un revenu de 6 500 000 F CFA va être
découpé en plusieurs tranches9.

8
Article 173 du CGI.
9
De 0 à 630 000 F le taux est 0, c’est un abattement. De 630 001 à 1 500 000 on va appliquer le taux de 20%, de 1 500 001 à
4 000 000 F on appliquera le taux de 30%, et enfin de 4 000 0001 à 6 500 000 c’est le taux de 35 % qui est utilisé.
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La somme des tranches ainsi calculées donnera l’impôt dû par le


contribuable.
Une fois l’impôt déterminé le contribuable va l’adapter à sa
situation, c’est ce que l’on appelle la personnalisation. La
personnalisation de l'impôt tient compte de la personne du
contribuable, et donc prend en considération sa situation familiale. Au
Sénégal, on applique le mécanisme du quotient familial. Le
contribuable se voit accorder un nombre de parts proportionnel au
nombre de personnes dont il a la charge10. Il a alors droit à une
réduction équivalente à son nombre de part sur l’impôt précédemment
calculé avec le taux.

B – LE RECOUVREMENT DE L‘IMPOT

Le recouvrement peut être défini comme l’ensemble des opérations


tendant à obtenir le paiement de la dette fiscale utilisé par le fisc.
Plusieurs systèmes de recouvrement sont possibles et ont d’ailleurs été
appliqués. La collecte est le plus ancien des systèmes. Aujourd’hui,
elle est appliquée à la TVA puisque ce sont les assujettis à l’impôt qui
sont chargés de l’établir et de le recouvrer. Chaque mois, ils versent au
Trésor la TVA collectée diminuée de la TVA qu’ils ont eux-mêmes
payée sur les marchandises et les services nécessaires à la fabrication

10
Article 173 du CGI.
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de leurs produits. La régie est un autre système utilisé dans lequel


l’Etat lui-même assure le recouvrement de l’impôt à travers ses
différents réseaux de comptables. La procédure de recouvrement se
décompose en deux phases : La mise en recouvrement et le
recouvrement forcé. La mise en recouvrement prend des formes
différentes selon qu’il s’agit d’impôts établis par voie de rôle 11 ou non.
Les rôles donnent lieu à la délivrance d’avis d’imposition au
contribuable. Cet avis d’imposition précise, le total des sommes à
acquitter, les conditions d’exigibilité ainsi que la date de mise en
recouvrement et la date limite de paiement. En cas de retard dans le
paiement, une lettre de rappel donnant un dernier délai au contribuable
lui est envoyée. Si la lettre de rappel n’a pas été suivie de paiement, le
comptable du Trésor peut engager des poursuites. Si l’impôt est perçu
sans rôle nominatif, le paiement s’effectue volontairement par le
contribuable après avoir calculé le montant de l’impôt. Ce n’est que si
le contribuable omet ou paie insuffisamment que l’administration sera
amenée à établir un titre de perception qu’elle rendra exécutoire :
l’avis de mise en recouvrement. En cas de non-paiement, une mise en
demeure12 est envoyée au contribuable. Après l'expiration des délais,
les poursuites pourront être engagées.
Le comptable public dispose d’un arsenal de moyens pour
contraindre le contribuable débiteur vis-à-vis du Trésor public à
s’acquitter de sa dette. Mais, avant tout recouvrement forcé, le CGI
prévoit la possibilité pour le comptable public d’accorder un moratoire
11
Le rôle est une liste des contribuables passibles de l’impôt comportant pour chacun d’eux la base d'imposition, la nature des
contributions, le taux d’imposition et le montant des cotisations.
12
C’est l’acte par lequel l’administration fait sommation au débiteur de se libérer.
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au contribuable qui le demande13. Les poursuites peuvent par ailleurs


être exercées contre toute personne solidaire du débiteur 14. Le
comptable public peut pratiquer une mesure conservatoire sur les
biens meubles corporels ou incorporels d’un redevable et peut aussi
utiliser l’avis à tiers détenteur15. Il peut aussi utiliser la contrainte,
mais les hypothèses dans lesquelles cela est possible sont extrêmement
rares.

SECTION II : La pratique de l‘audit fiscal

L‘audit fiscal ou le contrôle fiscal c‘est un processus qui consiste en


l‘obtention et l‘évaluation des preuves sur les faits relatifs aux actes de
natures tributaires. L‘auditeur doit comparer les déclarations et les
paiements d‘impôts avec les finances avec l‘entité auditée afin de
déterminer si tout est en ordre.
Afin d’éviter tout abus et fuite devant l’impôt, un pouvoir de
contrôle est donné au fisc (PARAGRAPHE I) qui est accompagné
d’un droit qui lui est reconnu explicitement : c’est le droit de reprise,
encore appelé pouvoir de redressement (PARAGRAPHE II) et les
sanctions du non-respect (PARAGRAPHE III)

13
Article 653 du CGI.
14
Article 655 et 656 du CGI.
15
L'avis à tiers détenteur est un acte de procédure qui permet au comptable, sur simple demande, d’obliger un tiers à lui verser, sur les
fonds dont il est dépositaire, détenteur ou débiteur à l'égard d'un redevable, les impôts dus par ce dernier.
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PARAGRAPHE I : La notion d‘audit fiscal

Le contrôle fiscal est une procédure durant laquelle, est conféré au


fisc le droit de contrôler, de vérifier, l’exactitude des déclarations
souscrites par les assujettis. Ce droit de contrôle concerne tous les
impôts établis en totalité ou en partie au moyen de déclaration. Pour
effectuer ce contrôle, les agents du fisc bénéficient d’un certain
nombre de pouvoir d’investigation. Nous retrouvons notamment le
droit de communication, le droit de visite, le droit de demander des
renseignements, éclaircissements ou justifications, le droit de vérifier
la comptabilité et la possibilité de faire un examen fiscal
contradictoire de la situation personnelle du contribuable.
Quant au contrôle à proprement dit, il peut s’agir d’un simple
contrôle sur pièce par lequel l’agent procède à un examen critique des
déclarations souscrites à l’aide des documents et renseignements
figurant au dossier ; ou d’un contrôle sur place où il peut vérifier la
comptabilité et les documents détenus par les contribuables. Il est à cet
effet, habilité à constater sur place de façon inopinée, les éléments
physiques de l’exploitation, l’état des documents comptables, les
minorations de droits ou de base, les déductions abusives et tous les
manquements aux obligations prévues pour la déclaration et le
paiement des impôts.
Hormis les déclarations des assujettis, le fisc contrôle aussi les
documents déposés en vue d’obtenir des déductions, restitutions,
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remboursements, dégrèvement, exonérations ou d’acquitter tout ou


une partie d’imposition au moyen d’une créance sur l’État.

PARAGRAPHE II : LE REDRESSEMENT FISCAL

Il est très rare qu’une procédure de redressement ne suive pas une


procédure de contrôle. Le redressement est toute action par laquelle,
pour une période ou une opération donnée, le fisc ajoute ou supplée
aux éléments qui ont été ou auraient dû être déclaré par un
contribuable, et qui se traduit par une majoration immédiate ou
différée de l’impôt exigible. Le fisc d’un délai de reprise de quatre (4)
ans à compter de la date de l’infraction pour constater et sanctionner
les manquements commis par les assujettis. Mais l’expiration des
délais de reprise ne fait pas obstacle à l’exercice du droit de contrôle à
l’égard des périodes prescrites dont les opérations ont une incidence
sur les résultats d’une période non prescrite16.
Le pouvoir de redressement s’exerce dans le cadre de procédures
appropriées offrant aux contribuables qui en font l’objet des garanties
adéquates. En effet, lorsque le fisc constate une insuffisance, une
inexactitude, une omission ou une dissimulation dans les éléments
servant de base de calcul de l’impôt, le paiement des suppléments de
droits et pénalités ne peut être réclamé qu’après l’aboutissement d’une

16
Cas des déficits antérieurs reportés et crédits de TVA générés dans une période prescrite.
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procédure contradictoire, par notification 17 de redressement fiscal ou


par procès-verbal. La procédure contradictoire, permet au contribuable
au regard du redressement, de l’accepter ou le contester en émettant
ses arguments. Aussi, la notification de redressement doit être
motivée de sorte à permettre au contribuable de formuler ses
observations. C’est un document essentiel, en ce sens qu’elle constitue
la première pièce d’un contentieux éventuel. Après cette phase qui
permet d’établir le ou les titres de perception, il s’ensuit
inéluctablement la phase du recouvrement.

PARAGRAPHE III : LES SANCTIONS

Le contrôle fiscal n’aura d’efficacité s’il n’y a pas de sanction. En


droit fiscal sénégalais, il y a deux catégories de sanctions applicables
en matière fiscale : les sanctions fiscales (A) et les sanctions pénales.

A – LES SANCTIONS FISCALES

Les sanctions fiscales sont des sanctions pécuniaires appliquées par


l’administration fiscale en vertu de la loi. Elles sont nombreuses et

17
La notification lorsqu’elle est acceptée vaut titre de perception. Cependant, si le contribuable conteste la
notification de redressement, un délai de soixante (60) jours s’impose au fisc pour réagir, et ce dès réception de
la réponse du contribuable. A défaut, les observations du contribuable seront considérées comme acceptées
tacitement.
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variées et présentent des caractéristiques particulières. Le plus souvent


ce sont des indemnités de retard dans le paiement de l’impôt. Il peut
s’agir aussi de majorations de droit ou d’amendes fiscales.
Une amende fiscale est une somme d’argent qui doit être payée suite
à une décision prise par l’administration fiscale. Elle repose sur des
textes ou réglementations et découle d’une infraction. Les amendes
fiscales sont particulièrement larges. Elles peuvent prendre la forme
d’amendes fixes, proportionnelles, d’indemnité ou d’intérêt de retard
ou de majorations de droit.
Les sanctions fiscales sont modulées par l’administration fiscale en
fonction de la bonne foi du contribuable. Mais surtout elles peuvent
faire l’objet de transaction avec le fisc, puisque tant que la sanction ne
revêt pas un caractère définitif, la discussion peut s’instaurer. Le
contribuable peut reconnaître partiellement ses torts et l’administration
revoir l’amende.

B – LES SANCTIONS PENALES

Les sanctions pénales « consistent en des peines correctionnelles


appliquées par les tribunaux de l’ordre judiciaire pour réprimer les
infractions d’une gravité particulière ». Le rôle de l’administration
fiscale lors du contrôle est primordial pour la constatation des
infractions fiscales pénales.
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La répression pénale ne concerne que les cas les plus graves. Ces
sanctions se surajoutent aux sanctions fiscales. Elles supposent la
constitution du délit de fraude fiscale. En principe l’action pénale est
uniquement engagée quand il y a fraude systématique et répétitive ou
fraude lourde ou encore lorsque la fraude est accompagnée d’autres
délits. Les sanctions pénales peuvent se traduire par une peine
principale constituée par un emprisonnement de deux (2) à cinq (5)
ans en plus d’amendes allant de cinq millions à vingt-cinq millions de
francs CFA18. Des peines accessoires peuvent être prononcées, comme
la publication du jugement dans certains journaux, l’interdiction
d'exercer une profession, l’exclusion des marchés de l'État. Ces peines
accessoires sont souvent plus dissuasives que la peine principale.

18
Articles 679 et 680 du CGI.
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CHAPITRE II : La gestion du contentieux

Le contentieux fiscal regroupe une variété de conflits opposant le


fisc au contribuable, portant sur l'interprétation et l'application des
législations fiscales en vigueur. Pour protéger le contribuable contre
une application arbitraire de la loi fiscale par le fisc, le législateur lui a
donné des garanties juridiques. Cette démarche n'est pas à négliger
mais, elle ne règle en l’espèce que très imparfaitement la relation
administration-contribuable.
Pour mieux vous expliquer nous verrons le recours administratif
(section I) et le recours du contentieux (section II)

SECTION I : LE RECOURS ADMINISTRATIF


DROIT DE L‘INGENIERIE FINANCIÈRES ET FISCAL ALABA NZIAZI MIGUEL JUNIOR

En matière d’impôt directs et de taxes assimilés, le délai de


réclamation est de 3 mois à compter du jour où le contribuable a eu
connaissance de son imposition ou à défaut, du jour où ont été
exercées les premières poursuites avec frais.
En matière d’impôts indirects et taxes assimilées, de droit
d’enregistrement et de droit de publicité foncière, l’action en
restitution de l’assujetti est introduite par voie de réclamation dans un
délai de 2 ans lorsque les droits, taxes, redevances et autres impôts ont
irrégulièrement ou indûment perçus ou versés à la suite d’une erreur
des assujettis ou de l’Administration fiscale.
Le point de départ de ce délai est constitué par la date du paiement.
La réclamation doit être établie par écrit sous la forme d’une simple
lettre sur papier libre ; elle est individuelle.
Tout particulier peut présenter une réclamation pour son compte
personnel. Lorsqu’une personne introduit une réclamation pour le
compte d’autrui, elle doit justifier d’un mandat régulier délivré par le
contribuable lui-même ou par un mandataire expressément habilité à
se présenter à lui.
Le recours administratif se compose de deux recours qui sont le
recours gracieux (paragraphe I) et le recours hiérarchique (paragraphe
II)
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PARAGRAPHE I : LE RECOURS GRACIEUX

Le recours gracieux est un recours administratif qui s’effectue


auprès de l’autorité administrative qui a pris l’acte contesté (décision
administrative, acte réglementaire). Il se distingue donc du recours
hiérarchique qui s’exerce auprès de l’autorité hiérarchique de
l’autorité qui a pris la décision.
Le recours gracieux, tel que régi par le CGI en son article 706,
relèvent de toutes les demandes de remise gracieuse, pour cause de
gêne ou d’indigence, du contribuable ayant reconnu le bien-fondé de
son imposition. Il est introduit soit par le contribuable qui reconnaît le
bien-fondé de son imposition, soit par les personnes mises en cause, à
titre de responsables légaux, pour le paiement d'impositions dues par
un tiers, afin de solliciter la bienveillance du fisc 19 pour obtenir
l’abandon ou l’atténuation d’amendes ou pénalités fiscales ou la
décharge totale ou partielle de leur responsabilité.

19
Souvent pour cause d’indigence ou de gêne.
DROIT DE L‘INGENIERIE FINANCIÈRES ET FISCAL ALABA NZIAZI MIGUEL JUNIOR

Pour la remise ou la modération des pénalités qui lui sont


réclamées, le contribuable peut solliciter la transaction. Cette dernière
est un recours gracieux définie comme étant un contrat par lequel le
fisc consent au contribuable une atténuation des pénalités. En
contrepartie, celui-ci s’engage à payer, en sus de l’impôt dû, une
fraction des pénalités et renonce à toute action contentieuse.
La lettre n°65 DGID/DLEC/BC du 07 MARS 2014 20, illustre ce
type de recours et défini ses modalités d’utilisation.
Elle doit, quels que soient le motif et le montant des cotisations, être
adressée au chef du service d’assiette compétent avec l’ensemble des
justificatifs de la situation ayant motivé le recours.
Le chef du service d’assiette (le chef du centre de service fiscal)
notifie sa décision au contribuable dans le délai de deux (2) mois à
compter de la réception de la demande ; le défaut de réponse dans le
délai susvisé équivaut à un rejet de la demande du contribuable.
Le recours gracieux n’est pas suspensif du recouvrement et n’est
soumis à aucune condition au regard des délais de présentation 21. Les
décisions rendues par le fisc sur les recours gracieux ne peuvent être
contesté en justice dans le cadre d’un contentieux fiscal au Sénégal,
car relevant de la simple appréciation de l’administration. Mais elles
peuvent faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir.

20
Cf. Annexe 1
21
Article 706 du CGI.
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PARAGRAPHE II : LE RECOURS HIERARCHIQUE

Le recours hiérarchique est l’objet principal des questions traitées


par l’administration fiscale dans ses rescrits.
C’est un recours qui consiste à saisir l’autorité hiérarchique du
service avec lequel nous sommes en conflit. Il s’agit généralement du
Directeur général des impôts et domaines qui agit en substitution du
Ministre chargé des finances qui, normalement, est compétent. Cette
substitution peut se traduire par le fait que ce dernier délègue son
pouvoir de décision, en totalité ou partie, au Directeur général des
impôts et domaines, le laissant trancher les différends portés dans ce
type de recours.
Régi par le CGI en ses articles 707 et 708, c’est le recours
administratif par excellence en matière fiscale, contrairement au
recours consultatif.
Le recours consultatif est l’une des voies de règlement des
contestations et désaccords qui consistent à saisir, en sus du recours
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hiérarchique, la commission administrative compétente : à savoir, la


commission paritaire de conciliation (CPC) ou la commission spéciale
en matière de droit d’enregistrement (CSE)22. Bien, qu’étant rarement
demandé, c’est l’un des seuls recours administratifs suspensif de la
procédure de rappel des droits ou de recouvrement.
En revanche, le recours hiérarchique n’est pas recevable si le
contribuable a manifesté son acceptation des montants qui lui sont
réclamés au cours de la période de rappel de droit ou bien s’il a saisi,
préalablement audit recours, le tribunal.
Lorsqu’il est saisi d’un recours hiérarchique, le Ministre des
finances doit notifier sa décision au contribuable dans un délai de
quatre (4) mois à compter de la réception de la demande (article 708-I
CGI nouveau). Le défaut de réponse dans le délai de 4 mois équivaut à
un rejet implicite de la demande.
A compter de la décision explicite de rejet ou de l’expiration du
délai de quatre (4) mois précité, le contribuable dispose d’un délai de
deux (2) mois pour exercer un recours juridictionnel devant le tribunal
régional.
II peut également solliciter la transaction qui est définie comme
étant un contrat par lequel l’administration fiscale consent au
contribuable une atténuation des pénalités prononcées ou simplement
encourues, et le cas échéant, renonce à porter l’affaire devant le
Tribunal. En contrepartie, le contribuable s’engage à payer en sus de
l’impôt proprement dit, une fraction du montant des pénalités
encourues ou prononcées contre lui.
22
Ces commissions sont instituées par les articles 700 et suivants du CGI.
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La réduction des pénalités légale est subordonnée à la double


condition pour le contribuable de renoncer à toute action contentieuse
et de régler les droits réclamés dès réception du titre de perception ou
de l’avertissement émis à cet effet.
Le non-respect de ces engagements est sanctionné par la caducité de
la réduction initialement accordée et son remplacement par la pénalité
légale initialement retenue. Une pénalité déjà transigée ne peut faire
l’objet d’une seconde réduction.
Si, en définitive, le recours administratif ne permet pas au
contribuable d’obtenir gain de cause, une autre voie de recours
demeure envisageable : il s’agit du recours juridictionnel.
La particularité, des recours contentieux administratifs sénégalais, est
que ces derniers prônent la discussion entre le fisc et le contribuable.
En instaurant le dialogue entre l’administration et le contribuable, ils
associent directement ce dernier au réexamen des bases contestées
d’une imposition en vue d’aboutir à une solution acceptée par les deux
parties. Elle est, la plupart du temps, la phase terminale du litige entre
le contribuable et le fisc
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SECTION II : LE RECOURS CONTENTIEUX

Il est porté devant une juridiction et le juge doit rentrer une décision.
Dans ce cas avant de saisir la juridiction administrative, le
contribuable doit faire un recours administratif, afin de créer une
phase aimable avant d‘entamer un procès.
L‘avantage du recours administratif n‘est pas enfermé dans les
conditions de délai et on peut faire appel après le délai du recours en
contentieux qui lui enferme dans un cadre temporel, toutefois on est
certain d‘avoir une décision à la clef
Le juge fait preuve d‘impartialité ce qui ne peut pas être le cas dans le
recours administratif. l‘administré à intérêt à combiner les deux
techniques
Le recours contentieux a l‘instar du recours administratif il est porté
devant les juges. Ils sont faits devant les juges, on les nomme aussi
recours juridictionnel.
Deux voies s’offrent au contribuable : il s’agit d’une part la saisine du
juge des référés (PARAGRAPHE I) et d’autre part, la saisine du juge
de fond (PARAGRAPHE II)
DROIT DE L‘INGENIERIE FINANCIÈRES ET FISCAL ALABA NZIAZI MIGUEL JUNIOR

PARAGRAPHE I : LA SAISINE DU JUGE DE REFERES

En matière de recouvrement d’impôts, le juge des référés est saisi


lorsqu’une contestation intervient sur les actes de poursuites ou lorsque la
contestation est relative à l’imposition elle-même.

A – Les contestations relatives aux actes de poursuites 

D’une manière générale, les contestations dont il s’agit sont soulevées lors
de l’exécution ; souvent, c’est la remise en cause de la propriété des biens
saisis ; dans ce cas, une procédure de distraction est intentée soit sur les
objets saisis, soit sur les biens immobiliers saisis.
Précisons au préalable que la distraction de saisie est analysée comme
étant l’incident de saisie par lequel un tiers se prétend propriétaire de tout
ou partie des biens saisis.
L’Acte Uniforme portant organisation des procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution en ses articles 140 et suivants
prévoient « qu’en matière de saisie mobilière, le débiteur peut demander
la nullité de la saisie portant sur un bien dont il n’est pas propriétaire ». II
appartiendra au « tiers qui se prétend propriétaire d’un bien de demander
à la juridiction compétente d’en ordonner la distraction ». II existe
également une procédure de distraction de biens immobiliers saisis.
DROIT DE L‘INGENIERIE FINANCIÈRES ET FISCAL ALABA NZIAZI MIGUEL JUNIOR

Les articles 308 et suivants de l’Acte Uniforme précité prévoient


que « lorsqu’un tiers se prétend propriétaire d’un immeuble saisi et qui
n’est tenu ni personnellement de la dette, ni réellement sur l’immeuble,
peut pour le soustraire de la saisine, former une demande en distraction
avant l’adjudication (…) »23.
D’autres difficultés d’exécution peuvent aussi intervenir lorsque le
débiteur conteste les impositions dont il fait l’objet.

B – Les contestations relatives à l’assiette 

Lorsqu’une contestation est soulevée par un redevable, le juge des


référés peut être saisi pour entendre ordonner la discontinuation des
poursuites.
En effet, aux termes de l’article 709 CGI, « tout assujetti peut contester
devant la justice les impositions qui sont établies à son encontre après
réception des avertissements ou des notifications de titres de perception
ou de refus de restitution à condition de se conformer aux dispositions du
CGI ».
Les dispositions de l’article 710 du même CGI précisent en édictant
que « le redevable qui conteste le bien-fondé d’une réclamation peut faire
opposition dans les trois mois à compter de la notification du titre de
perception » en se référant aux dispositions du CPC. On parle alors dans
ce cas d’opposition à l’acte de poursuite.

23
CGI article 308 et suivant
DROIT DE L‘INGENIERIE FINANCIÈRES ET FISCAL ALABA NZIAZI MIGUEL JUNIOR

Cependant, il faut rappeler que le recours en justice n’est pas suspensif de


l’exécution (article710-I du CGI nouveau) ; Toutefois, il est possible aux
juges régulièrement saisis, d’accorder, conformément aux dispositions de
l’article 711 du CGI et celles du CPC, les sursis à la vente forcée et au
recouvrement immédiat des droits simples et des pénalités y afférentes.
L’octroi du sursis ne sera possible que si les deux conditions suivantes
sont respectées :
-il faut que le demandeur ait, au préalable, contesté l’assiette des droits
mis à sa charge par une réclamation contentieuse devant le tribunal
conformément aux dispositions du CGI et aux articles 735 et 736 du
CPC ;
- il faut que le contribuable présente des garanties reconnues suffisantes
par le comptable public.
Le redevable peut aussi contester l’existence de l’obligation de payer
le montant de la dette compte tenu des paiements effectués,
l’exigibilité de la somme réclamée ou tout autre élément d’exigibilité
ne remettant en cause l’assiette et le calcul de l’impôt. Précisons que
lorsqu’une procédure de saisie est mise en branle pour le
recouvrement d’impôts ou taxes et que le débiteur a déjà formé
opposition, il peut adresser une requête au juge des référés pour que
d’urgence, ce dernier puisse ordonner la discontinuation des
poursuites jusqu’à l’intervention d’une décision du juge du fond
DROIT DE L‘INGENIERIE FINANCIÈRES ET FISCAL ALABA NZIAZI MIGUEL JUNIOR

PARAGRAPHE II : Le contentieux sous au juge de fond

A – La procédure de saisine du juge 

Le contentieux soumis au juge du fond est relatif aux oppositions sur


les titres de perception.
Les oppositions aux titres de perception sont régies par les
dispositions des articles 710 et suivants du CGI nouveau et celles des
articles 735 et suivants du Code de Procédure Civile.
Le requérant qui intente une telle procédure doit respecter la
procédure de saisine du juge. L’opposition à un titre de perception doit
être au préalable notifié à l’Administration poursuivante et ensuite être
déposée au Greffe du Tribunal Régional compétent dans les 3 mois à
compter de la réception dudit titre. La requête du redevable doit être
accompagnée d’une assignation à comparaître notifiée au DG des
Impôts et Domaines, et délivrée dans les trois mois suivant la
réception de la notification du titre de perception.
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Les dispositions des articles 737 et 739 du Code de procédure civile


(CPC) précisent que le dépôt de la requête ou l’opposition n’est pas
suspensif de l’exécution de la décision ou du titre de perception.
IIs sont toutefois suspensifs de la vente forcée des biens saisis pour le
recouvrement de la partie contestée de l’imposition. Le requérant
pourra alors solliciter le bénéfice du sursis à exécution ou du sursis au
paiement conformément aux dispositions des articles 741 et suivants
du CPC, des articles 712 et 714 du CGI nouveau, en offrant des
garanties jugées valables par le comptable public24.
Lorsque les conditions de saisine sont respectées, le juge après avoir
constaté la recevabilité de la requête qui lui est soumise, prend une
décision sur le fond. Le jugement prononcé est susceptible d’appel
dans le délai du recours de deux (2) mois (Voir article 763 du CPC).
L’appel est formé selon les règles ordinaires ; en outre, il n’est pas
suspensif de l’exécution du jugement. Toutefois, les règles relatives à
la production obligatoire de garanties sont également applicables
devant la Cour d’Appel.
Notons enfin que la décision rendue par la Cour d’Appel peut être
attaquée dans le cadre d’un pourvoi en cassation devant la chambre
administrative de la cour suprême, dernière juridiction à pouvoir être
saisie en matière fiscale

24
Aux termes de l’article 714 CGI nouveau, pour être admises, les garanties prévues à l’article 713 CGI doivent
être constituées par l’une des opérations suivantes : consignation à un compte d’attente du trésor ; dépôt
d’obligations dûment cautionnées, dépôt spécial de valeurs mobilières ; affectation hypothécaire ; dépôt de
25% des droits en principal à la Caisse des dépôts et consignations assorti de la remise d’une caution bancaire,
pour le reliquat
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CONCLUSION

Aujourd’hui, l’économie, assiette de l’impôt, bouge et se restructure


profondément sous l’effet d’une mondialisation pressante. Le droit
fiscal aussi. Le droit du contentieux fiscal se réinvente sous l’effet de
ces multiples facteurs socio-économiques et devient complexe et
problématique pour le justiciable confronté à l’identification de ses
droits, de la procédure à observer et du pouvoir réel du juge.
Tel que défini dans notre étude, le contentieux fiscal est le lieu des
oppositions formelles entre l’administration fiscale et le contribuable.
C’est un ensemble des règles juridiques qui régissent la solution, par
divers recours, des litiges relatifs à l’imposition, à la restitution et au
recouvrement de l’impôt ainsi que les décisions administratives
détachables des impositions refusant ou accordant des régimes
fiscaux. Les particularités procédurales qui caractérisent le
contentieux fiscal sénégalais sont nombreuses. Elles concernent les
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formes de recours, l’effet des recours, généralement non suspensif des


actes d’imposition ou des titres de poursuite, la charge de la preuve
dans le contentieux fiscal. Pour chaque étape du contentieux fiscal, il
existe des particularités qui ne facilitent la tâche ni du contribuable, ni
celle du professionnel de la fiscalité et du droit.
A travers notre recherche, nous avons constaté que la complexité
fiscale n’est pas la seule cause du contentieux. Même si son labyrinthe
réglementaire est l’une des causes principales, d’autres causes telles
que l’incivisme fiscal entrent aussi en jeu. Aussi, la proposition de la
promotion du civisme fiscal au Sénégal en même temps que la
continuation de la simplification fiscale nous est parue judicieuse. En
effet, en promouvant le civisme fiscal et en simplifiant les procédures
fiscales, on poussera le contribuable sénégalais à participer de manière
volontaire et honnête aux recettes fiscales. De plus, par le contentieux
fiscal, la « justiciabilité » des droits du contribuable vis-à-vis du fisc
peut être vérifiée. Par « justiciabilité », on entend la possibilité pour
un droit d’être effectivement défendu devant une justice réellement
indépendante qui se doit de lui assurer la protection effective. Mais, le
déséquilibre entre les parties au contentieux fiscal au Sénégal étant
encore réel, il nous est paru judicieux de proposer des moyens pouvant
rétablir de façon partielle cet équilibre. Et ce, par la spécialisation du
juge au procès fiscal et la limitation de l’intervention du fisc dans ce
dernier.
Si, le rééquilibrage du rapport entre les parties au contentieux fiscal
est louable parce qu’il s’inscrit dans la perspective de garantir au
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contribuable sénégalais un contentieux fiscal équitable, mais il ne faut


pas se faire d’illusions sur les chances d’un rééquilibrage total. Le
titulaire de la souveraineté, l’État, a un souci légitime de garantir la
perception des prélèvements. Ce souci lui confère des prérogatives et
privilèges y compris devant le juge qui, à son tour, se doit d’arbitrer
entre la nécessité de lutter impitoyablement contre la fraude fiscale
d’un côté et l’exigence, non moins sacrée, de liberté individuelle et de
sécurité juridique d’un autre côté.
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ANNEXE
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ANNEXE  :

Lettre N° 65 DGID/DLEC/BC DU 07 MARS 2014


Objet : votre recours hiérarchique.
Référence : ________
Monsieur,
Par lettre visée en référence, vous m'avez saisi, par voie de recours
hiérarchique, du contentieux qui vous oppose au service d'assiette du
Centre des services fiscaux de Grand-Dakar dans le cadre d'une
procédure de redressement consécutive à une vérification de
comptabilité au titre des exercices 2006 à 2010.
Le désaccord porte sur des redressements maintenus en matière
d'impôt sur les sociétés (IS), de retenues sur les revenus de valeurs
mobilières (RVM) et de taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Vous expliquez que le service d'assiette vous reproche d'avoir renoncé
à percevoir des intérêts sur des créances que vous détenez sur des
entreprises avec lesquelles votre société est liée. Le service de contrôle
a évalué des intérêts calculés sur le taux d'escompte de la BCEAO
majoré de deux points pour y réclamer les impôts susvisés.
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Vous estimez que les créances en cause se rapportent à des opérations


commerciales réalisées avec des clients et qu'ainsi lesdites créances ne
seraient pas assimilables à des prêts tels que le ferait une banque ou un
établissement financier. Vous considérez, en outre, qu'untel
redressement manque de base légale et qu'il ne serait pas mentionné,
sur la notification, le droit que vous avez de solliciter la réduction des
pénalités légales.
Je précise que la mention de la faculté pour le contribuable de
solliciter la réduction des pénalités légales n'est obligatoire que pour
autant que ce droit existe. Or, il résulte des dispositions de l'article 991
du CGI (loi n° 92-40 du 09 juillet 1992) modifié par la loi n° 2006 -
42 du 21 décembre 2006 portant loi de finances pour l'année 2007 que
« les amendes, pénalités, majorations et intérêts de retard visés au
présent Code, lorsqu'ils sont définitivement fixés, ne peuvent faire
l'objet d'aucune transaction ». Dès lors, par le fait de cette disposition,
la mention dont vous invoquez le caractère obligatoire est sans objet
pour les infractions portant sur des impôts dont le fait générateur est
postérieur au 31 décembre 2006 ; le service d'assiette ayant précisé
dans la notification de redressement que « vous disposez d'un délai de
trente (30) jours pour [...] introduire, le cas échéant, une demande
motivée de réduction des pénalités légales encourues pour l'année
2006 », le vice allégué n'est donc pas établi.
Quant au défaut de base légale, je relève que les vérificateurs
rappellent les dispositions des articles 7, 53 et suivants, 111, 142 et
284 de la loi n° 92-40 du 09 juillet 1992 portant Code général des
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Impôts (CGI) pour motiver les redressements. II apparait qu'il est


effectivement fait mention de la base légale sur les actes de procédure.
Pour ce qui est du bien-fondé du redressement, il ressort des
dispositions de l'article 7 de la loi n° 92-40 du 09 juillet 1992 portant
CGI que « le bénéfice imposable est le bénéfice net, déterminé d'après
le résultat d'ensemble des opérations de toute natures effectués par les
sociétés et personnes morales ». II apparait ainsi que l'ensemble des
transactions effectuées par la société participe à la détermination du
résultat imposable. A donc qualité de produit imposable, la
rémunération normalement exigible de tout élément d'actif mis à la
disposition de tiers y compris les prêts d'argent.
La renonciation à la facturation d'intérêts, équivalant au loyer de
l'argent, constitue un acte anormal de gestion en ce qu'il est contraire à
l'intérêt de la société, sauf à prouver l'existence d'une modalité de
compensation sous-jacente, qui n'enlèverait d'ailleurs rien au caractère
imposable de la valeur apportée en compensation.
Quant à ce que vous déclarez agir dans le cadre d'un groupe, il importe
de souligner que cet état de fait, fut-il avéré, ne vous donne droit à
aucune faveur spécifique dont ne bénéficieraient les sociétés non liées
à un groupe.
S'agissant, enfin, de ce qui se rapporte à la nature commerciale des
opérations en cause, je précise que l'origine de la créance est sans
influence sur le caractère imposable des intérêts normalement
exigibles. Aussi, qu'il s'agisse de vente de biens ou de services non
suivie de paiement dans un délai raisonnable ou de simple mise à
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disposition d'argent, les impôts susvisés sont exigibles sur la valeur du


loyer de l'argent non facturée, en application des dispositions
suscitées.
Je relève toutefois, à l'examen des éléments de procédure, que les
vérificateurs ont liquidé les intérêts directement sur les montants
figurant au débit des comptes de tiers sans tenir compte des paiements
intervenus figurant au crédit. Or, en l'espèce, des intérêts ne sont
exigibles que pour autant qu'un délai raisonnable se soit écoulé depuis
la naissance de la créance. Les impôts susvisés ne sont donc pas
exigibles sur les montants payés ou remboursés.
Vous voudrez bien vous présenter, sous huitaine, auprès du service
vérificateur pour la révision des droits exigibles sur les intérêts
conformément aux précisions ci-dessus.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de ma considération
distinguée.
Seynabou NIANG THIAM
Ampliations :
- DRD
- DCFR
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BIBLIOGRAPHIE

Textes règlementaires :
 Code Général des Impôts du Sénégal
 Code des Procédures Civiles du Sénégal

Ouvrage(s) :
 AFSCHRIFT Thierry, Traité de la preuve en droit fiscal,
Larcier, 2004 ;
 GROSCLAUDE J., MARCHESSOU P., Procédures fiscales,
Dalloz, 1998 ;
 LATIL Georges, Contentieux fiscal, Francis Lefebvre, 2002 ;
 NDIAYE WADE Marie Delphine, La pratique fiscale au
Sénégal ;
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 NDIR Papa Alassane, La nouvelle fiscalité sénégalaise, La


nouvelle édition africaine du Sénégal, 1993 ;
 NGOM Mamadou, Précis de fiscalité sénégalaise, Editions
Presse universitaire du Sahel, 2011.
 RICHER Daniel, Droit fiscal – Les droits du contribuable dans
le contentieux fiscal, L.G.D.J., 2013 ;
 ROEMER Florent, Contentieux fiscal, Paradigme, 2013.

Cours :
 FALL Mamadou Awa, Cours de Contentieux Fiscal ;
 KONE Jean, Cours de contrôle et de contentieux fiscaux
2015 ;
 MBOUP M., Cours de procédures et contentieux de la
fiscalité.
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