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LA PRÉVENTION

DU DÉLIT
DE BLANCHIMENT,
LA COMPLIANCE
ET LES NORMES
PROFESSIONNELLES
• PATRICK CAROLUS
AVOCAT GÉNÉRAL (COUR D’APPEL DE BRUXELLES)
EXPERT (COMMISSION EUROPÉENNE)
CHARGÉ DE CONFÉRENCES (SOLVAY-ULB)
FORMATEUR (UCLOUVAIN-UNAMUR-IFJ)
PROFESSEUR INVITÉ (HAUTE ÉCOLE FRANCISCO FERRER)
HTTPS://WWW.LINKEDIN.COM/IN/PATRICK-CAROLUS/

2023
PARTIE I.
OZARK : « LE B.A.-BA DU
BLANCHIMENT D’ARGENT »
HTTPS://YOUTU.BE/YWZYN4P1YMI
INTRODUCTION : LA PRÉVENTION DU BLANCHIMENT DE
CAPITAUX ET DU FINANCEMENT DU TERRORISME ET À LA
LIMITATION DE L’UTILISATION DES ESPÈCES
(LOI DU 18/09/2017)
• Le GAFI (Groupe d’action financière) ou FATF (Financial Action Task Force) est un groupe
intergouvernemental indépendant de 37 membres qui élabore des normes, des directives, recommandations
(40 en 2012) et procède à des évaluations de pays de la mise en œuvre opérationnelle de la lutte contre le
blanchiment : www.fatf-gafi.org.
• Evaluation avec note insuffisante de l’efficacité du dispositif légal anti-blanchiment de la Belgique (2015) avec
22 recommandations et rapport de suivi renforcé (2018) et évaluation continue annuelle
• La Quatrième Directive anti-blanchiment (2015/849) : Loi du18/09/2017
• Double approche de la lutte contre la blanchiment en Belgique : la prévention (loi 18/09/2017) et la
répression (art. 505 du C.P.) avec l’infraction de blanchiment de capitaux (ex. lutter contre l’ argent de la
drogue)
• Objet limité du cours : Etude du volet préventif du délit de blanchiment de capitaux et les normes
professionnelles (Voy. D.Verwaerde, « La nouvelle loi anti-blanchiment du 18 septembre 2017 : tour d'horizon
des obligations imposées aux entités assujetties », Rev. dr. pén., 2018/3, p. 229-282.
CONTEXTE : PARADISE PAPERS, PANAMA
PAPERS, LUXLEAKS, FINCEN FILES, PANDORA
PAPERS ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME
• L’impact du terrorisme, du crime organisé et du trafic de stupéfiants dans le
blanchiment de capitaux
• L’impact du journalisme d’investigation dans la lutte contre le blanchiment de
capitaux
• L’influence de l’indignation et la conscientisation de l’opinion publique sur le
milieu politique et des entreprises pour lutter contre le blanchiment de capitaux
relayée également par le cinéma (ex. The Laundromat – L’affaire des Panama
Papers) https://www.youtube.com/watch?v=NgXpEekvXnM
• Les défis des crises et économies publique au regard des paradis fiscaux, les
évasions fiscales et la fraude ainsi que le coût de la compliance et la lutte contre
le délit de blanchiment pour les entreprises et les pouvoirs publics
• Cinquième directive anti-blanchiment ou « Anti-Money Laundering » (AML 5) :
• Lois des 20 /07/2020 et 20/09/2020
• Sixième directive anti-blanchiment (AML 6) UE 2018/1673 : Projet de nouveau
Code pénal (A. Lecocq et A. Bartholomeeusen, « Blanchiment de capitaux anno
2021 : enjeux préventifs et répressifs », J.T., 2021/8, p. 141-145.
PARTIE I. LE CHAMP D’APPLICATION MATÉRIEL DE
LA LOI DU 18/09/2017 SUR LA PRÉVENTION DU
BLANCHIMENT (M.B., 6/10/2017) REMPLAÇANT LA
LOI DU 11/01/1993 (ART. 2)

• Définition du « le blanchiment de capitaux » (art. 2) :

• « 1° la conversion ou le transfert de capitaux ou d’autres biens, dont celui qui s’y livre sait qu’ils
proviennent d’une activité criminelle, dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine illicite de ces
capitaux ou biens ou d’aider toute personne impliquée dans une telle activité a échapper aux conséquences
juridiques des actes qu’elle a commis;

• 2° le fait de dissimuler ou de déguiser la nature, l’origine, l’emplacement, la disposition, le mouvement ou


la propriété réels des capitaux ou des biens ou des droits qui y sont liés, dont celui qui s’y livre sait qu’ils
proviennent d’une activité criminelle ou d’une participation à une telle activité;

• 3° l’acquisition, la détention ou l’utilisation de capitaux ou de biens, dont celui qui s’y livre sait, au moment
où il les réceptionne, qu’ils proviennent d’une activité criminelle ou d’une participation à une telle activité;

• 4° la participation à l’un des actes vises aux 1°, 2° et 3°, le fait de s’associer pour le commettre, de tenter de
le commettre, d’aider ou d’inciter quelqu’un à le commettre ou de le conseiller à cet effet, ou de faciliter
l’exécution d’un tel acte. »

• Remarque : C’est une définition similaire au délit de blanchiment de l’article 505 du Code pénal mais l’« activité
criminelle » est ici limitée à une liste exhaustive d’infractions (voy. art. 4, 23°) avec les trois étapes du processus de
blanchiment : 1. le placement, 2. l’empilement, 3. l’intégration

• Voy. SPF Economie : https://economie.fgov.be/fr/themes/services-financiers/lutte-contre-le-blanchiment-de


LA LISTE EXHAUSTIVE DES « ACTIVITÉS CRIMINELLES » OU
« INFRACTIONS DE BASE » DU BLANCHIMENT (ART. 4, 23°)
« a) au terrorisme ou au financement du terrorisme; b) à la criminalité organisée; c) au trafic illicite de
stupéfiants et de substances psychotropes; d) au trafic illicite de biens, de marchandises et d’armes, en
ce compris les mines anti-personnel et/ou les sous-munitions; e) à la traite des êtres humains); f) au
trafic d’êtres humains; g) à l’exploitation de la prostitution; h) à l’utilisation illégale, chez les animaux, de
substances à effet hormonal ou au commerce illégal de telles substances; i) au trafic illicite d’organes ou de
tissus humains; j) à la fraude au préjudice des intérêts financiers de l’Union européenne; k) à la fraude fiscale
grave, organisée ou non; l) à la fraude sociale; m) au détournement par des personnes exerçant une fonction
publique et à la corruption; n) à la criminalité environnementale grave; o) à la contrefaçon de monnaie ou de
billets de banque; p) à la contrefaçon de biens; q) à la piraterie; r) à un délit boursier; s) à un appel public
irrégulier a l’épargne; t) à la fourniture de services bancaires, financiers, d’assurance ou de transferts de fonds,
ou le commerce de devises, ou toute autre quelconque activité règlementée, sans disposer de l’agrément requis
ou des conditions d’accès pour l’exercice de ces activités; u) à une escroquerie; v) à un abus de confiance; w) à
un abus de biens de sociaux; x) à une prise d’otages; y) à un vol; z) à une extorsion; aa) à l’état de faillite; bb) à
une criminalité informatique » (Remarque : nouvelle infractions par la loi du 20/07/2020)
Remarque : les entités assujetties sont tenues de dénoncer à la Cellule de Traitement des
Informations Financières (CTIF) les présomptions de blanchiment de capitaux, sans devoir
identifier ou connaître la ou les infractions de base ci-dessus dans la liste exhaustive. Seule
la CTIF utilisera cette liste pour communiquer ou non le dossier au parquet.
(Schéma Directive AML 6)
https://legacy.complyadvantage.com/fr/blog/directive-6amld-risques-et-responsabilites/
CHAMP D’APPLICATION ÉTENDU ET LES NOUVEAUX ASSUJETTIS (ART. 5)

• Les institutions financières, les compagnie d’assurance, les réviseurs d’entreprise, les
experts comptables , les comptables et les fiscalistes, les agents immobiliers, les
notaires, les huissiers de justice étaient déjà assujettis et la quatrième directive AML
prévoit l’extension de l’obligation de prévention à de nouveaux assujettis :
Les sociétés de cautionnement mutuel, les plateformes de financement alternatif (cf.
crowdfunding), les stagiaires de l’I.E.C., de l’I.R.E., et de l’I.P.C.F., les contrôleurs et les
cabinets d’audit et tous les exploitants de jeux de hasard (et non plus seulement les
casinos) ainsi que les prestataires de services aux sociétés (voy. Loi du 29/03/2018
portant enregistrement des prestataires de service aux sociétés (ex. participation à
l’achat/vente de parts de sociétés non cotées (missions de « due-diligence », rédaction
des conventions, etc.), siège statutaire, une adresse commerciale (« Business Center ») et
les « services liés » (cf. services juridiques ou conseils financiers)) ainsi que les
intermédiaires du commerce des œuvres d’art ou des biens meubles de plus de 50 ans
ainsi qu’au secteur du football (clubs de la division 1A, les agents sportifs et l’Union
Royale Belge des Sociétés de Football Association -remarque : non prévue dans l’AML 4)
LE TRAFIC DES ANTIQUITÉS EN
PROVENANCE DES ZONES DE
CONFLITS : BLANCHIMENT ET
FINANCEMENT DU TERRORISME
HTTPS://WWW.YOUTUBE.COM/WATCH?V=SIIIKFIMRWM

Voy. Tom Mashberg, “De l’art de blanchir les


capitaux - Peu réglementé, le marché de l’art
offre d’innombrables possiblités de blanchir
des fonds illicites”, Finances&Developpement,
septembre 2019, pp. 30-34
PARTIE III. LA DÉFINITION DE CERTAINES
INFRACTIONS DE BASE (ART. 4, 23)
• Fraude au préjudice des intérêts financiers de l’Union européenne (Voy., P. Carolus, « O brave New
World! : les défis du Parquet européen en 2021 », Rev. dr. pén. entr., 2021/1, p. 5-14.)

• Fraude fiscale grave, organisée ou non : « fraude fiscale grave et organisée qui met en œuvre des
mécanismes complexes ou qui use de procédés à dimension internationale » (jusqu’au 28/07/2013) :
Arrêté-royal 3/6/2007 : « Considérant que le premier de ces critères est celui de la gravité de la
fraude soit essentiellement la confection et/ou l’usage de faux documents ainsi que le montant
élevé de la transaction et le caractère anormal de ce montant eu égard aux activités ou à
l’état de fortune du client. Considérant que le second de ces critères est celui de l’organisation
de la fraude qui requiert l’utilisation d’un montage qui prévoit des transactions successives
et/ou l’intervention d’un ou plusieurs intermédiaires et dans lequel sont utilisés soit des
procédés à dimension internationale soit des mécanismes complexes qui se traduisent par
l’usage de mécanismes de simulation ou de dissimulation faisant appel à des structures
sociétaires ou des constructions juridiques ». (ex. HSBC https://www.youtube.com/watch?v=Wk2IsYvJLZQ)

• « fraude fiscale grave et organisée ou non » (à partir du 29/07/2013) : Travaux préparatoires de la loi du
17/06/2013 : « la ‘gravité’ de la fraude fiscale se rapporte à (i) « la confection et/ou l’usage de faux documents
», et (ii) « le montant élevé de la transaction et le caractère anormal de ce montant eu égard aux
activités ou à l’état de fortune » de l’auteur de l’infraction (de base).

• Quid : Est concernée par l’obligation de communication à la CTIF, la fraude fiscale grave ou non
(qui n’a pas de définition légale et est pourtant validée par l’arrêt de la Cour constitutionnelle le 26 mars 2015) et
est plus large que la fraude grave et organisée ancienne. Et attention la présence d’un des 13 indicateurs de l’AR
du 3/6/2017 ne suffit à générer automatiquement une obligation d’information à la CTIF (CTIF, Note
d’information, T1004 et T1005, 8/03/2010)

• Par contre, la fraude fiscale simple n’est pas concernée par le volet préventif de la loi du
18/09/2017. Voy., J. Pacolet, S. Perelman, Fr. De Wispelaere, J. Schoenmaekers, L. Nisen, E. Fegatilli, E. Krzeslo,
M. De Troyer, S. Merckx, Social and fiscal fraud in Belgium. A pilot study on declared and undeclared income and
works: SUBLEC, Acco, Leuven, 2012.

• Voy. P. Coppens, « La responsabilité du professionnel du chiffre en matière fiscale », Accoutancy&Tax,


2014/3, pp. 4-13, https://biblio.helmo.be/opac_css/doc_num.php?explnum_id=1143
PARTIE II. LE CHAMP D’APPLICATION
PERSONNEL : LES ENTITÉS « ASSUJETTIES », LES
PERSONNES ET LES ORGANISMES (ART. 5)

• Assujettissement limité pour les avocats à certaines activités professionnelles :


• lorsqu’ils assistent leur client dans la préparation ou la réalisation de transactions concernant :

➢ l’achat et la vente de biens immeubles ou d’entreprises commerciales;


➢ la gestion de fonds, de titres ou d’autres actifs appartenant au client;
➢ l’ouverture ou la gestion de comptes bancaires ou d’épargne ou de portefeuilles;
➢ l’organisation des apports nécessaires a la constitution, à la gestion ou à la direction de
sociétés;
➢ la constitution, la gestion ou la direction de trusts, de sociétés ou de structures similaires;
ou lorsqu’ils agissent au nom de leur client et pour le compte de celui-ci dans toute
transaction financière ou immobilière;

• Les limites du secret professionnel de l’avocat face au droit d’assister (conseil juridique) et défendre son
client en justice : la prévention et la répression du blanchiment de capitaux. Voy., A. Risopoulos, « L’avocat
et l’infraction de blanchiment : l’article 505 du Code pénal et son autonomie par rapport au dispositif
préventif » in O. Creplet et B. Dessart (dir.), Les avocats et le blanchiment : actualités, enjeux et perspectives,
Bruxelles, Larcier, 2018, p. 191-204. S. Scarnà, « 1. - Les obligations de l’avocat en pratique » in O. Creplet
et B. Dessart, (dir.), Les avocats et le blanchiment : actualités, enjeux et perspectives, Bruxelles, Larcier, 2018, p.
43-72. S. Scarnà, « La prévention du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme » in V. De
Francquen et M. Grégoire (dir.), Droit bancaire et financier, Bruxelles, Larcier, 2022, p. 1101-1171.
LES NOUVELLES INFRACTIONS DE
BASE (ART. 4, ALINÉA 1ER , 6° ET 23°)

• Fraude sociale : Le travail au noir, la perception indue d’une allocation, le non-respect de la


réglementation en matière d’emploi et la fraude sociale complexe et organisée (Voy. Code
pénal social). Remarque : le terme « grave » n’a pas été retenu pour ce type de fraude ni un
montant minimum.

• Criminalité informatique : Tout type de fraude informatique (Voy. Code pénal et les
infractions de faux informatique, de fraude informatique, d’intrusion informatique et de
sabotage).

• Criminalité environnementale grave : Proposition d’une nouvelle directive UE :


« Environmental Crime » - 15/12/2021.

• Embargo financier : Loi 13/05/2003 - Violation des mesures restrictives de l’Union


européenne (Guerre en Ukraine) : Proposition d’une nouvelle Directive UE visant à :
« Une modification de la directive (UE) 2018/1673 relative à la lutte contre le blanchiment de
capitaux par le droit pénal devrait garantir que la violation des mesures restrictives de l'Union
sera considérée comme une infraction principale de blanchiment de capitaux conformément à
ladite directive. » (considérant 22) - Proposition de directive (UE) 2022/0398 du 02/12/2022
sur la définition des infractions pénales et des sanctions en cas de violation des mesures
restrictives de l’Union européenne. (L. Cloquet, « L’embargo financier et son influence sur la
pratique bancaire et le devoir de vigilance du banquier », » in V. De Francquen et M. Grégoire
(dir.), Droit bancaire et financier, Bruxelles, Larcier, 2022, p. 1253-1294.

• Vidéo : « La Commission européenne envisage un neuvième paquet de sanctions contre la


Russie » : https://www.youtube.com/watch?v=fwSzPqgBMmw
PARTIE IV. LES OBLIGATIONS DE
PRÉVENTIVE DU BLANCHIMENT
ET LA « COMPLIANCE »

• Obligations en matière d’organisation et de contrôle interne pour les


professions et les organismes assujettis (art. 8)
• Elaboration de politiques, de procédures et de mesures de contrôle efficace au sein de
l’organisation assujettie en fonction de sa nature et sa taille avec un modèle de gestion
des risques
• Désignation par l’organe légal d’administration d’un responsable chargé de la mise en
œuvre et du respect de la loi (« compliance officer »)
• Sensibilisation les employés et leurs représentants aux obligations de la loi préventive du
blanchiment ainsi que vérification de leur honorabilité (ex. formation pour reconnaître
les opérations suspectes et connaître les procédures à suivre)
• Obligation d’uniformisation des politiques et procédures au sein d’un groupe
international (art. 4)
• Obligation de « vigilance générale » par des tiers introducteurs possible (sous-traitance)
(art. 42-44)
Voy. B. Fasterling, « Criminal compliance – Les risques d’un droit pénal du risque », Revue
internationale de droit économique, 2016/2 (t. XXX), p. 217-237; G de Foy et E. Ceci, « Le
compliance officer bancaire : pierre angulaire du commerce des indulgences étatiques en
Belgique ? », R.P.P., 2018/4, p. 305-318.; D. Verwaerde, « 2. - Les aspects organisationnels et
les spécificités liées à l’exercice de la profession en association » in O. Creplet et B. Dessart
(dir.), Les avocats et le blanchiment : actualités, enjeux et perspectives, 1e édition, Bruxelles,
Larcier, 2018, p. 73-112.
Vidéo : « Qu’est-ce que la compliance ? » : https://www.youtube.com/watch?v=9hhHDlal-mc
PARTIE II.
“PRÈS DE
DEUX MILLE MILLIARDS
DE DOLLARS D’ARGENT
BLANCHI” EURONEWS.
HTTPS://WWW.YOUTUBE.COM/WATC
H?V=WIOB5RD7CW0
PARTIE V. L’ANALYSE DU
RISQUE « BUSINESS-WIDE »
OU HOLISTIQUE (ART. 68-72)
• Principale nouveauté de la loi du 18/09/2017 : l’évaluation du risque de blanchiment (« risk-based
approach vs. rule-based approach » tant au niveau de l’entité assujettie (globalement ou
« business-wide ») que au niveau du client (individuellement)

• L’analyse globale ou « business-wide » du risque doit tenir compte, au minimum, de trois critères
:
• La finalité d’un compte ou d’une relation
• Le niveau d’actifs déposés par un client ou le volume des opérations effectuées
• La régularité ou la durée de la relation d’affaires

• La CTIF a établi en 2012 une « liste d’indicateurs de blanchiment » particuliers à chaque


organisme ou profession assujettie pour attirer leur attention : ex. les blanchisseurs utilisent
souvent des avocats donc ils doivent être davantage vigilant)

• Evaluation transversale du risque par les organismes de contrôle (sectoriel: BNB, FSMA, etc.), par
l’Etat belge (national) et par la Commission européenne (niveau supranational)

• Voy. Pour les obligations de l’avocat au regard du secret professionnel, N. Colin et A. Hublet,, «
4. - La prévention du blanchiment de capitaux à la rencontre des autres domaines du droit
(responsabilité civile, privacy, devoirs de discrétion professionnelle) » in O. Creplet, et B.
Dessart, (dir.), Les avocats et le blanchiment : actualités, enjeux et perspectives, 1e édition, Bruxelles,
Larcier, 2018, p. 131-19.

• Vidéo : « Définir et identifier un risque » : https://www.youtube.com/watch?v=R1ZqFvrVFoc


PARTIE VI. ANALYSE DES
RISQUES « INDIVIDUELLE »

• L’exposé des motifs de la loi du 18/09/2017 prévoit


une analyse individuelle des risques du client avec
attribution d’un profil de risque provisoire et ensuite
définitif : élevé, standard, faible dans une approche de
vigilance « dynamique » avec des « clignotants »

• L’évaluation individuelle des risques du client doit


tenir compte de :
• L’ensemble des informations recueillies par
l’entité assujettie en exécution ses obligations
de vigilance
• Les conclusions de l’évaluation globale des
risques : voy. « Approche fondée sur les
risques et évaluation globale des risques :
commentaires et recommandations », BNB,
https://www.nbb.be/fr/supervision-
financiere/prevention-du-blanchiment-de-
capitaux-et-du-financement-du-terrorisme-29
• Vidéo FSMA : https://vimeo.com/462551182
• Obligation générale de vigilance dans une approche basée sur le risque :
1. L’identification et la vérification d’identité sur la base de documents probants (ex.
client, mandataire, bénéficiaire d’un contrat d’assurance-vie) au terme de quatre
questions fondamentales en fonction du profil de risque attribué :
• Qui doit être identifié? : Réponse : le client (catégorie) dans le cadre d’une
relation d’affaires pour un montant qui excède 10.000 euros, pour un virement de
A. VIGILANCE À fonds de plus de 1.000 euros ou si il y a uns soupçon de blanchiments de capitaux,
etc.
L’ÉGARD DE LA • Objet de l’identification et de la vérification? : Réponse : la personne physique

CLIENTÈLE ET DES ou morale (ex. trust, fiducie, etc.) de façon suffisamment certaine
• Moment de l’identification et de la vérification d’identité? Réponse : Avant le
OPÉRATIONS : début de la relation d’affaires
• Que faut-il faire si ces obligations ne peuvent pas être remplies? Réponse :
4 QUESTIONS Ne pas nouer de relation d’affaires en principe ou mettre fin à une relation
d’affaire existante
(ART. 19-35) 2. Evaluation des caractéristiques du client et de l’objet de de la nature de la relation
d’affaires (ex. compréhension de ses motifs, activité professionnelle et patrimoniale,
source des revenus du client). Dérogation pour les avocats (bâtonnier)
3. L’exercice d’une vigilance continue à l’égard des opérations et leurs caractéristique
ainsi que l’actualisation des données
B. CINQ CAS PARTICULIERS DE VIGILANCE
ACCRUE DE RISQUE (ART. 37)

1. Le report de la vérification d’identité ou vérifier l’identité pendant la relation d’affaires

2. Le client ou son bénéficiaire effectif est établi dans un pays tiers à risque accru de « lacune
stratégiques » en termes de lutte anti-blanchiment au regard de la liste de l’annexe I du
règlement délégué (U.E.) 2016/1675 du 14/07/2016, modifié le 1er/10/2020 : ex. Bahamas,
Barbade, Jamaïque, Ile Maurice, Panama, etc.
En cas de risque accru, il faut un contrôle renforcé de la relation d’affaires en demandant des
informations complémentaires, sur le client, le bénéficiaire, la nature de la relation envisagée,
l’origine des fonds, la raison de l’opération, etc. (art. 51 loi 20/07/2020)

3. La relation d’affaires ou l’opération révèle un lien avec un paradis fiscal (qui peut faire un
soupçon de blanchiment). Les pays répondant à qualification de « paradis fiscal » se trouvent
dans la liste de l’article 179 C.I.R. 92 : ex. 1. Abu Dhabi; 4. Bahamas; 8. Iles Cayman; 11.
Guernesey; 9. Dubaï, 16. Monaco; etc.

4. La relation d’affaires est une relation de correspondance bancaire ou assimilée

5. La relation d’affaires est ou a un lien avec une personne politiquement exposée (qui représente
un risque accru de corruption du fait de leur fonction). La liste des « personnes politiquement
exposées » -comprenant leur famille et proches collaborateurs- étrangères ou résidentes se
trouvent à l’art. 4, 28°-30° de la loi du 18/09/2017.

• Vidéo : « Liste noire des paradis fiscaux » : https://www.youtube.com/watch?v=zzXgFQT_t8s


PARTIE VII. ANALYSE DES OPÉRATIONS ATYPIQUES ET OBLIGATION
DE DÉNONCIATION À LA CTIF OU AU BÂTONNIER (ART. 45-46)
• Opération atypique : discordances dans les caractéristiques de la relation d’affaires. Pas d’obligation de mettre fin à la relation d’affaires

• Signalement au « compliance officier » qui doit analyser dans un rapport écrit si il y a un soupçon de blanchiment dont il faut informer la CTIF, même en l’absence
d’identification de l’infraction sous-jacente. Pareillement pour les professions tenues au secret professionnel (sauf avocat).

• La CTIF analyse avec certains pouvoirs d’investigation les déclaration de soupçon de blanchiment et les dénoncent aux autorités judiciaires en cas de suspicion
d’infraction de blanchiment au sens de l’article 505 C.P. Interdiction de divulgation et protection des déclarants à la CTIF (art. 55-60)

• Attention une déclaration à la CTIF ne peut pas se faire à la légère sous peine de déclaration fautive et susceptible de responsabilité en dommages et intérêts. Cour
d’appel de Bruxelles 2/05/2017 à l’égard d’un banquier qui doit être « normal, rigoureux et circonspect ».

• Exposé des motifs (loi 11/01/1993) : la communication d’informations effectuées de bonne foi à la CTIF n’entraîne pour l’entité assujettie aucune responsabilité
(immunité). Equilibre difficile au regard du risque pénal de complicité d’infraction de blanchiment en l’absence de déclaration

• Les entités assujetties doivent analyser concrètement avant de décider de procéder à une déclaration et déterminer dans la mesure du possible si : 1. les opérations
sont complexes, 2. leur montant est anormalement élevé, 3. elles ont un schéma inhabituel, 4. elles n’ont pas d’objet économique ou licite apparent (art. 56 de la loi
20/07/2020)

• « Filtre obligatoire » pour les avocats –ainsi que leur employé- informent d’abord le bâtonnier d’une présomption de blanchiment à la place de la CTIF et qui, après
analyse transmettra à cette dernière tout soupçon de blanchiment (art. 52 loi 18/09/2017).

• Notons que l’avocat bénéficie de la dispense de déclaration dans le cadre de ses missions de défense, de représentation et de conseil juridique qui vise à informer le
client sur l’état de la législation applicable à la situation du client et de l’opération envisagée et la manière de la réaliser de manière légale. Exception étendue depuis
2010 aux notaires, huissiers de justice, réviseur d’entreprises, expert comptables externes, conseils fiscaux externes et aux comptables externes, sauf si les entités
assujetties prennent part à des activités de blanchiment

Voy. J.-C. Delepière et Ph. de Koster, « Le rôle de la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF) et le dispositif préventif dans le cadre de la lutte contre le
blanchiment d'argent et le financement du terrorisme – Analyse opérationnelle et grandes tendances du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme », Rev.
dr. pén. entr., 2011/1, p. 27-46.Ph. de Koster et P. Gillain, « La nécessité d’une prise en compte des monnaies virtuelles dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le
financement du terrorisme », Rev. dr. pén. entr., 2021/2, p. 87-96.
PARTIE VIII. LES AUTORITÉS DE CONTRÔLE ET LES
NORMES PROFESSIONNELLES
• La loi précise les autorités de contrôle et de surveillance, leurs
pouvoirs à l’égard des entités assujetties et par groupe d’activité :
BNB (ex. cf. circulaire sur le rapatriement des fonds étrangers),
FSMA, (pour les marchés financiers et les assureurs), SPF Economie,
etc. (art. 85) (ex. BNB, Circulaire du 8 juin 2021 – les devoirs de
vigilance à l’égard du rapatriement de fonds depuis l’étranger)
• Les autorités de contrôle ont la compétence d’établir des
règlements et circulaires pour compléter les aspects techniques de la
loi et prendre des initiatives en matière de sensibilisation et de
formation (ex. Barreau de Bruxelles, IRE, ITAA, etc.)
• Pour les avocats, l’autorité de contrôle est le bâtonnier, (voy.
Règlement du 27 juin 2018 modifiant la section III. 1. 2- Prévention
du blanchiment) dans le cadre du codex de la déontologie et notons
que chaque cabinet de plus de 25 avocats, collaborateurs et stagiaires
doit organiser toutes les procédures anti-blanchiment (art. 86)
“FINCEN FILES” : L’ENQUÊTE SUR LE RÔLE DES
BANQUES DANS LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX
HTTPS://WWW.YOUTUBE.COM/WATCH?V=OY3_A_OWWLC
PARTIE IX. LES SANCTIONS (ART. 132-138)

• Sanctions administratives : envisageable dès la première infraction à la loi et infligée à l’entité


assujettie mais possible également pour la personne physique de l’organe de gestion légal ou du
comité de direction qui est responsable du non-respect de la réglementation imposée par l’autorité
de contrôle (ex. le « compliance officer ») et publiée et consultable pendant 5 ans
• Pour les établissement financiers, l’amende peut atteindre 10.000 EUR et 10% du chiffre
d’affaire annuel net, et pour les professions non financières (notaires, réviseurs d’entreprises,
avocats, etc.) la sanction varie entre 250 EUR et 1.250.000 EUR
• Critères ou facteurs de détermination de la sanction administrative : la gravité et la durée des
infractions, le degré de responsabilité de la personne en cause, l’assise financière de la
personne en cause, les avantages ou profits éventuels tirés de l’infraction par la personne en
cause, le préjudice éventuel par des tiers, le degré de coopération avec les autorités
compétentes, les éventuelles infractions antérieures commises par la personne en cause
(Voy. Y. Demanet, « 3. - Les sanctions administratives de la loi du 18 septembre 2017 :
éléments de réflexion » in O. Creplet et B. Dessart (dir.), Les avocats et le blanchiment :
actualités, enjeux et perspectives, 1e édition, Bruxelles, Larcier, 2018, p. 113-130)

• Sanctions pénales : en fonction de la gravité de l’infraction découverte par les autorités de


contrôles et qui peut être sanctionnée d’un emprisonnement d’un mois à un an et/ou d’une amende
de 250 à 2.500.000 EUR pour les professions financières et pour les non financières une amende
pénale de 150 à 5.000 EUR (art. 29 C.I.CR.)

Voy. Les chiffres 2020 sur schéma : 300 millions EUR de confiscation en 2020 (630 jugements)
https://www.hvlaw.eu/sites/default/files/u295/FinCEN%20Files_%20comment%20la%20Belgique%20lutte%2
0contre%20le%20blanchiment%20d%27argent%20-%20Le%20Soir%20Plus.pdf
CASE STUDY: « HSBC,
LES GANGSTERS DE
LA FINANCE » (ARTE)
HTTPS://WWW.YOUTUBE.COM/WATC
H?V=DKZ-W58TO44&T=5S

VOY.HTTPS://WWW.YOUTUBE.COM/
WATCH?V=WYQPRQZ83UK
(FILM COMPLET 1H26 M)
PARTIE X. LE REGISTRE « UBO » BELGE (LOI 18/09/2017)

• Une des priorités de l’AML 4 la création dans chaque pays de l’UE d’un registre UBO (« Ultimated Beneficial Owners ») dans un but de
transparence fiscale et de prévention du blanchiment et du financement du terrorisme (Quid : protection de la vie privée) instauré par la loi du
18/09/2017

• Arrêté royal du 30 juillet 2018 relatif aux modalités de fonctionnement du registre

• Mise en œuvre pratique par l’Administration générale de la Trésorerie (SPF Finances) avec une plateforme informatique pour procéder aux
enregistrements dans l’UBO pour le 30/12/2019 –première confirmation annuelle 30/04/2021- et une liste des FAQ disponible et adaptée mais
beaucoup de questions encore en suspend

• L’UBO contiendra des informations sur l’identité des bénéficiaires effectifs (sur la base de trois critères (catégories) art. 4, 27°, a) des sociétés
constituées en Belgique, des fondations et des A.S.B.L. (internationales), fiducies et trusts étrangers –si inscrits à la B.C.E. Les sociétés cotées sur
un marché réglementé sont exemptées

• Obligation de déclaration à l’UBO qui pèse sur les organes légaux ayant leur siège statutaire en Belgique (Art 1:35 CSA)

• Données de l’UBO : nom et prénom, date de naissance, nationalité, lieu de naissance complet, date d’inscription dans l’UBO, numéro
d’identification au registre national des personnes physique ou BCE, catégorie de l’UBO concernée (A.R. 30/07/2018 art. 3 et 4)

• Accès à l’UBO : les autorités compétentes et les cellules de renseignement financier (CTIF, OCSC, BNB, FSMA, etc. ) ainsi que le SPF Finance afin
« d’assurer une juste perception de l’impôt » (A.R. 12/05/2219 et 23/09/2020) ainsi que les entités assujetties et toute personne ou tout
organisme pouvant justifier d’un intérêt légitime (ex. le ministère public). Quid : Arrêt CJUE 22/11/2022 (C37/20 & C601/20) : accès du public aux
informations relatives aux UBO porte atteinte au respect de vie privée et à la protection des données à caractère personnel (art. 7 et 8 de la
Charte des droits fondamentaux du l’UE)

• Possibilité de sanctions administratives infligée aux administrateurs ou membres de l’organe légal de l’entité assujettie à l’obligation de déclaration
à l’UBO (250 à 50.000 EUR, A.R. 30/07/2018, art. 18)

Voy. P. De Wolf., « Le registre des bénéficiaires effectifs (UBO) », J.T., 2019/20, n° 6774, p. 393-398., https://finances.belgium.be/fr/E-services/ubo-
register
PARTIE XI. EVOLUTION EUROPÉENNES

▪ Analyse des risques de blanchiment de capitaux et financement du terrorisme tous les deux
ans au niveau européen dans un rapport biennal de la Commission européenne avec
publication de recommandations sur les secteurs présentant un risque accru (1er rapport le
26/06/207 et deuxième le 24/07/2019) et un rapport spécial de la Cour de comptes
européenne le 24 juin 2021 sur les risques de blanchiment dans le secteur bancaire :

▪ Deux risques majeurs identifiés


▪ L’identification des bénéficiaires effectifs dans les professions non financières reste un
maillon faible et n’est pas suffisamment contrôlée au début de la relation d’affaires
▪ Le nombre de déclarations effectuées trop limité pour les groupes de professions non
financières en précisant que les exceptions à l’obligation de signalement pour les
avocats étaient interprétées de manière beaucoup trop large

▪ Deux risques commun à tous les secteurs et appel à davantage de vigilance pour prévenir :
▪ L’infiltration par des criminels des entités assujetties
▪ L’utilisation de faux documents pour dissimuler des opérations suspectes

▪ Mesures proposées : effectuer davantage de contrôle pour contrer les risques évoqués et
organiser des formations pour définir davantage la notion de « bénéficiaire effectif » et les
motifs d’exception à l’obligation de déclaration.

▪ Proposition de la Commission européenne de créer une Autorité européenne de lutte contre


le blanchiment (20/07/2021)
CONCLUSION ET
PERSPECTIVES D’AVENIR

• La législation anti-blanchiment existe depuis 1993 et s’est


intensifiée progressivement jusqu’à la loi 18/09/2017 et
au-delà sous l’impulsion d’autorités internationales (GAFI
et UE) et dans la pratique, les entités assujetties à cette
législation sont de plus en plus nombreuses et les règles
de plus en plus contraignante dans une approche d’analyse
du risque
• Au niveau de l’efficacité, l’on retiendra le rapport annuel
de la CTIF (2020) qui annonce avoir reçu 31.605
déclarations (dont 26.912 du secteur financier et 1735 du
secteur non financier) avec 1.228 nouveaux dossiers
transmis aux autorités judiciaires dont il ressort 300
millions EUR de confiscation de capitaux blanchis en 2020
au terme de 630 jugements http://www.ctif-cfi.be/
BIBLIOGRAPHIE
MERCI DE VOTRE ATTENTION
VIDÉO : “PARADIS FISCAUX : CLASSÉ SECRET BANCAIRE (RENAUD VAN RUYMBEKE) - 28 MINUTES”- ARTE : HTTPS://WWW.YOUTUBE.COM/WATCH?V=JYNWTDQJUAA

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