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UNIVERSITE DE DROIT, D'ECONOMIE ET DES SCIENCES

D' AIX-MARSEiLLE
***********************~

FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE


************************************************************

LE CONTROLE DE L'ETAT
SUR LES ACTIVITES PRIVEES
AU CAMEROUN

THESE
POUR LE DOCTORAT EN DROIT
préparée et soutenue par :

Célestin KEUTCHA TCHAPNGA

Membres du Jury :

Président : M. Jean Paul NEGRIN, Professeur à !'Université d'Aix-Marseille Ill.


Suffragants : M. André BALDOUS, Professeur à l'Université d'Aix-Marseille Ill.
M. Gilbert ORSONI, Professeur à l'Université de Saint-Etienne.
M. An dré ROUX, Professeur à l'Institut d'Etudes Politiques
d'Aix-en-Provence.

-- 30 septembre 1992 --
(Revue et corrigée))
La faculté n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans cette thèse.
lesquelles doivent être considérées comme propres
à leur auteur.
Le rôle de la recherche sociale est de mettre à
nu le jeu des causes et des effets et non pas d'accuser
ou d'excuser. Pour être efficiente, elle doit être réaliste
sans aucun compromis et ne pas essayer de ménager
les susceptibilités de qui que ce soit

Myrdal GUNNAR, " L'Etat "mou" dans les pays sous-


développés ",Revue Tiers Monde, janvier-mars 1969,
n°37, tX, p. 9.
A

MON FEU Père Menkam Paul TCHAPNGA


LISTE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS UTILISEES

A.J.D.A. : L'actualité juridique. Droit administratif.


Al. Alinéa
A.P: Assemblée plénière
c. Contre
C.A.Y: Chambre Administrative de Yaoundé
C.C.A: Conseil du Contentieux Administratif
c.s.: Cour Suprême
C.F .J. :, Cour fédérale de ju~tice
C.E : Conseil d'Etat
Chr. Chronique
D: Dalloz
O.S. Droit Social
Ed. Edition
E.D.C.E. : Etudes et Documents du Conseil d'Etat
F.N.S.P. : Fondation Nationale des Sciences
Politiques
J.O.R.C. : Journal officiel de la République Fédérale
du Cameroun
J.O.R.U.C. : Journal Officiel de la République Unie du
Cameroun
J.O.R.C. : Journal Officiel de la République du
Cameroun
1.1.A.P. : Institut International d'Administration
Publique
L.G.D.J. : Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence
R.A.: Revue Administrative
R.C.D. Revue Camerounaise de Droit
R.D.P. : Revue du· Droit Public et de la Science ... ·
Politique." ~
R.J.P.l.C. : Revue Juridique et Politique, Indépendance
et Coopération
U.Y.: Université de Yaoundé
SOMMAIRE

CHAPITRE INTRODUCTIF
SECTION. 1. PROBLEMES TERMINOLOGIQUES
SECTION. Il. QUESTIONS FONDAMENTALES

PREMIERE PARTIE : LES CARACTERES FONDAMENTAUX OU CONTRÔLE

TITRE. 1. LE FONDEMENT JURIDIQUE DU CONTRÔLE


CHAPITRE. 1. LE PROBLEME DE L'HABILITATION PREALABLE
AU CONTRÔLE DES ACTIVITES PRIVEES
CHAPITRE Il. LES DIFFERENTES CATEGORIES D'HABILITATION
A CONTRÔLER LES ACTIVITES PRIVEES

TITRE . 11. LES OBJECTIFS DU CONTRÔLE


CHAPITRE I.· LA SATISFACTION DES BESOINS COLLECTIFS
INDISPENSABLES AU BON FONCTIONNEMENT DE LA SOCIETE
CHAPITRE.li : LA PROMOTION DE CERTAINS INTERETS PARTICULIERS
s
ET LA PROTECTION DES INTERETS DE CERTAINE CATEGORIES
X
SOCIALES ET PROFESSIONNELLES
DEUXIEME PARTIE: LA MISE EN OEUVRE OU CONTROLE

TITRE.!. L'EXERCICE DU CONTROLE


CHAPITRE.!. LES ACTES JURIDIQUES D'EXERCICE OU CONTROLE
CHAPITRE.li. LES MODALITES D'EXERCICE OU CONTROLE

TITRE.li. LA PORTEE DU CONTROLE


CHAPITRE.!. LA PORTEE JURIDIQUE OU CONTROLE
CHAPITRE.li. LA PORTEE PRATIQUE OU CONTROLE

CONCLUSION GENERALE
CHAPITRE INTRODUCTIF

Dans les pays africains, et notamment au Cameroun, le contrôle


qu'exerce l'Etat sur les activités privées n'a, à notre connaissance, jamais été
étudié dans une perspective d'ensemble (1).
P,ourtant, l'existence d'un tel contrôle, en tant que fonction
institutionnelle et disciplinaire de l'ordre social, a toujours été considérée
comme indispensable.
Ainsi que l'a souligné, à juste titre, le Professeur Georges BURDEAU
"... une société qui entend prendre en charge la responsabilité de son
destin ... ne peut. .. s'interdire d'orienter, de contrôler et, s'il y'a lieu, d'interdire les
activités dont dépend en définitive le développement de la collectivité " (2).
Pourquoi cette extraordinaire indifférence de la doctrine africaine à
l'égard de ce contrôle ?
A n'en pas douter, les réponses à cette question sont nombreuses et
complexes. Il apparaît utile d'en donner deux principales:
Cette indifférence provient d'abord du fait que les recherches sur
!'Administration publique africaine (3), particulièrement celles portant sur les

(1) En France, la seule étude d'ordre général sur la question est, à notre
connaissance, la Thèse de M. André DEMICHEL- Le contrôle de l'Etat sur les
organismes privées. Essai d'une théorie générale. Paris, LGDJ, 1960.
Contrairement à nous, cet auteur disait lui-même laisser volontairement de côté l'étude
du contrôle des activités privées individuelfes pour ne traiter que de celui des
institutions privées. Cf. pp. 13-20. On trouve toutefois de nombreux ouvrages de
caractère général traitant de manière systématique tel ou tel aspect de la question.
Citons à titre d'exemple la Thèse de M. Pierre LIVET - L'autorisation administrative
préalable et les libertés publiques, Paris, LGDJ, 1974.
(2) G. BURDEAU- Les libertés publiques, Paris, LGDJ, 1966, p. 399.
(3) Pour d'amples informations bibliographiques sur ce sujet, on consultera avec profit
- G. CONAC (sous la direction du Professeur) - Les institutions administratives
des Etats d'Afrique francophone et de la République Malgache. Paris,
Economies, 1979.
- R .G.NLEP - L'Administration publique camerounaise, "Contribution à l'étude
des systèmes africains d'administration publique", Paris, LGDJ, 1986.
2

contrôles de !'Administration et des finances publiques ont longuement mobilisé


la doctrine (4); car en raison de l'inteNentionnisme croissant des Etats africains,
elles étaient alors des plus évidentes et en pratique les plus importantes (5).
Cette préoccupation a occulté de manière indirecte mais déterminante
celle du contrôle des activités privées.
Les réflexions d'ensemble sur ce sujet seraient ensuite plus faciles à
mener si les notions de "contrôle" et "d'activité privée" avaient des définitions
universellement admises; or tel n'est pas le cas.
Dans ces conditions, la richesse sémantique de ces deux concepts ne
serait qu'une source de confusions qui, loin d'encourager à la recherche,
susciterait l'indifférence du chercheur s'il n'était convaincu de l'importance
' et pratique que recouvre en réalitéïe sujet proposé.
théorique
C'est pourquoi on cherchera tout d'abord à dissiper les problèmes
terminologiques qui obscurcissent la matière (Section 1); on s'efforcera ensuite
de préciser les questions fondamentales auxquelles ce travail tentera
d'apporter des éléments de réponses (Section 2).

SECTION 1. PROBLEMES TERMINOLOGIQUES

Il importe d'essayer, dès à présent, de préciser le contenu des notions


de " contrôle " et " d'activité privée " et le sens dans lequel nous entendons les
utiliser.

(4) Cf. notamment:- J. M BRETON - Le contrôle d'Etat sur le continent africain,


"Contribution à une théorie des contrôles administratifs et financiers dans les
pays en voie de développement", Paris, LGDJ, 1978.
-J. BINYOUM - Le contentieux de la légalité en Droit administratif camerounais,
Thèse Droit, Toulouse, 1982.
-D. MBARGA NYA TTE - Les difficultés du contrôle juridictionnel de
L'Administration au Cameroun, Thèse Droit, Aix-Marseille Ill, 1990.
-E.MENDOUA MFOULOU L'efficacité des contrôles exercés sur
L 'Administration Camerounaise, Mémoire de D.E.A. de Droit public, Aix-
Marseille Ill, 1985.
-E.LEKENE DONFACK - Finances publiques Camerounaises, Paris, Berger-
Levrault, 1987.
(5) Comme l'a d'ameurs indiqué le Professeur P. M. GAUDEMET en 1978 " si la
fonction de contrôle est particulièrement difficile à remplir en Afrique, elle est aussi
particulièrement nécessaire à assumer. Les Gouvernements africains en ont
généralement conscience. Ils n'ignorent pas les abl.ls qui sévissent au sein de leurs
administrations " in Préface à l'ouvrage cité de M. BRETON p. Il
3

§. 1.- LA NOTION DE CONTRÔ-LE

La doctrine dans son ensemble admet que le concept de contrôle est


difficile à cerner avec précision.
Selon M. LESCUYER, par exemple, " il est peu de mots dans la langue
du droit français contemporain dont le sens soit aussi vague que celui de
contrôle Il (6).
Le Professeur DE LAUBADERE souligne que " le mot contrôle est
susceptible de sens divers qui le rendent vague sinon équivoque" (7).
M. BRETON écrit, quant à lui, que " le terme contrôle est très imprécis et
f

comporte diverses acceptions " (8).


Il apparaît dès lors intéressant de rechercher les causes de l'imprécision
de ce terme (A) avant de tenter d'en proposer une définition (8).

A) L'IMPRECISION DU TERME CONTRÔLE


Cette imprécision tient notamment au caractère polysémique du mot
contrôle (1) ainsi qu'à la multitude des qualifications qui l'affectent (2).

1 ) LE CARACTERE POL YSEM/QUE DU MOT CONTRÔLE


Le terme « contrôle » peut prendre des significations très différentes
selon qu'il est considéré sous l'angle de la terminologie anglo-saxonne ou
française. Son utilisation courante révèle au moins six sens se graduant selon
l'intensité du contrôle lui-même.
Dans son sens le plus fort repris du terme anglais " control ", le mot
contrôle signifie dominer, diriger, limiter. En français, le sens du mot est celui
de surveillance, vérification, enregistrement ou collation (9).
Dans le sens de domination et de direction, comme l'a écrit M.
BERGERON (10), le contrôle implique l'exercice d'une influence déterminante,

(6) Cf. G.LESCUYER - Le contrôle de l'Etat sur les entreprises nationalisées,


Paris, LGDJ, 1959 p. 34.
(7) A. DE LAUBADERE - Traité de Droit administratif, tome 3, vol 1, 1971.n° 69
(8) J.M. BRETON - op. cit. p. 3.
(9) Cf. G. BERGERON - Fonctionnement de l'Etat; Paris, Armand colin, 1965, p.
50
4

la maîtrise effective d'une situation; ainsi dit-on qu'un dictateur "contrôle" un


peuple, qu'une équipe de football "contrôle"· le jeu ou encore qu'une société
anonyme en contrôle une autre lorsqu'elle détient la majorité de son capital.
Au sens de limiter, "contrôler" met l'accent sur l'aspect négatif, restrictif
ou inhibitif de l'idée de contrôle: une limite maxima qu'il ne faut pas dépasser;
c'est ainsi qu'on parle de contrôler les importations.
Le contrôle au sens de vérification n'évoque pas, en soi, l'idée de
continuité comme le contrôle au sens de surveillance. IL implique plutôt le sens
d'examen sur un ou plusieurs objets précis; il en est ainsi du contrôle du bilan.
Enfin, le contrôle est le registre tenu en double qui sert à vérifier, dater
ou faire la preuve de l'authenticité de divers actes.
Ce sixième sens désigne " la plus faible intensité de l'acte de contrôle "
(11 ); il s'agit d'ailleurs de la signification étymologique du mot contrôle dans la
langue française (12).
La difficulté et l'incertitude que provoque ce terme sont accrues par le
11
fait que cette signification originelle est à peu près oubliée, ce qui est dû, en
partie du moins, à la contagion de la terminologie anglaise " (13).
On remarque en effet, à l'écoute du langage courant, " une pénétration
graduelle du terme de " contrôle " en ses acceptions fortes de "controf' qui, à
l'origine, étaient exclusives à la langue anglaise" (14).
Cette " pénétration graduelle " a pour conséquence, non entièrement
négligeable, d'augmenter le nombre de sens dans lesquels on peut aujourd'hui
concevoir le terme de contrôle, témoignant bien ainsi de sa richesse.
Mais sa précision en subit le contrecoup; c'est pour cette raison qu'une
partie de la doctrine (15) profite, volontairement ou non, de l'ambiguïté du
terme pour ne pas le définir.

(10) G. BERGERON - op. cit. ibidem.


(11) L'expression est de M. BERGERON - op. cit. p. 5.
(12) Voir A. LALANDE - Vocabulaire technique et critique de la philosophie,
Paris, 1962, p.186.
(13) G.LESCUYER - op.cit. p. 34.
(15) Comme l'a noté d'ailleurs M. D. LEVY, " le mot contrôle est utilisé le plus souvent
sans avoir été au préalable défini ou précisé. Pour certains auteurs il semble que le
sens à donner à l'expression aille de soi ", in Traité de science administrative, Paris,
Mouton, 1966, "aspects généraux du contrôle". IL en est ainsi, par exemple, de M.
DEMICHEL ( op. cit ) qui, sauf erreur, ne donne pas de définition synthétique de la
notion de contrôle mais seulement des éléments de "définition que nous devons nous
efforcer de rassembler. Voir . pp. 3 et suiv.
5

Comme on a pu le souligner, celle-ci " nè s'attache pas à la construction


conceptuelle du terme, s'en servant seulemerit comme d'un mot plus commode
que d'autres et concentrant son attention sur le qualificatif ou le complément
qui lui est accolé en vue de la distinction : contrôle hiérarchique, de légalité ... "
(16).

2) LA MULTITUDE DES QUALIFICATIONS AFFECTANT


LE MOT CONTRÔLE
Victime de son caractère polysémique, le mot contrôle s'est vu qualifié
par divers adjectifs ou locutions qui tendent davantage à en préciser le sens
lors de chaque utilisation particulière.
Ç'est ainsi qu'on dénombre une multitude de sortes de contrôles
classifiables quand à la durée et au moment de leur exercice, à leur nature, à
leurs formes, à leurs finalités ou encore à la technique utilisée (17).
En fonction de leur nature, les contrôles se décomposent de façon
classique en trois types distincts : le contrôle juridictionnel, le contrôle politique
et le contrôle administratif ( 18) .
Sur le plan formel, on peut concevoir cinq types de contrôles tels que les
énumère M. B. GOURNAY dans son Introduction à la science administrative
(19) : contrôles administratifs internes (20); contrôle externe de caractère
politique (21 ); contrôle externe de caractère juridictionnel (22); contrôles des
différentes administrations sur les actes des particuliers; contrôle des
représentants de l'Etat sur les établissements et collectivités secondaires (sous
l'angle de la tutelle notamment).
Selon le moment et la durée de leur exercice, la doctrine (23) distingue:

(16) G.BERGERON- op.cit. p. 46.


(17) Précisons, en passant, que les sortes de contrôles sont très nombreux. En
conséquence, la classification que nous en présenterons, laquelle n'exclue pas tout
recoupement, n'a aucune prétention d'en épuiser la très grande diversité. Elle aurait
plutôt valeur illustrative.
(18) Pour d'utiles précisions sur ce point, voir : C. DEBBASCH - Institutions et Droit
administratif, tome 2, Paris, P.U.F., 1978, pp. 307 et suiv.
(19) A. Colin. C.F.N.S.P. 1966, n" 139.
(20) Exercés à l'intérieur d'une administration donnée par des fonctionnaires sur
d'autres agents publics.
(21) Dont le contrôle des assemblées parlementaires sur l'activité de L 'Administration.
(22) Dont ceux des juridictions administratives sur des litiges mettant en cause
L 'Administration.
(23) Voir J. M. BRETON - op. cit. pp. 10, 11, 12.
6

- D'une part, les contrôles à priori, dits--encore contrôles préalables ou


préventifs, des contrôles à posteriori considérés comme répressifs;
- D'autre part, les contrôles permanents des contrôles discontinus.
Suivant la technique utilisée, on distingue le contrôle sur pièces et le
contrôle sur place (24).
Enfin, en fonction des finalités des contrôles, les auteurs opposent le
contrôle de régularité au contrôle de qualité (25) ou d'opportunité (26).
La diversité des qualifications dont est affecté le mot contrôle ne
contribue pas à éclairer son sens lorsque celui-ci est pris isolément; ce qui
justifie un essai de définition de ce concept dans le cadre de ce travail.

É3 ) DEFINITION PROPOSEE
Quand nous utiliserons le mot contrôle, ce sera pour désigner sa
signification étymologique et, selon les cas, l'une ou l'autre de ses diverses
acceptions dans le langage courant.
En effet, l'étymologie même du terme contrôle évoque l'idée de
comparaison et suppose l'existence d'un terme de comparaison. Contrôler c'est
donc s'assurer si les choses sont bien telles qu'elles devraient l'être.
Comme l'a noté le Professeur Denis LEVY " pour qu'il y'ait contrôle de
quelque chose, il faut que ce quelque chose puisse se rattacher à un élément
donné et apprécié par rapport à cet élément. Le contrôle est donc toujours
nécessairement confrontation et recherche de conformité. Il comporte
obligatoirement deux termes et un rapport entre .les deux. Ce rapport ... n'est pas
forcément constatation d'identité ... " (27).
L'usage a fait, avons nous dit, que le mot contrôle ait aujourd'hui
diverses acceptions. Nous l'entendrons aussi dans ces sens, à savoir :
surveillance, vérification, enregistrement, direction, domination, limitation;
suivant en cela l'observation du Professeur LIET-VEAUX selon laquelle " la
définition technique d'un phénomène doit coïncider avec les termes dont use le

(24) Cf. J. GODARD - " Brèves remarques sur le contrôle des finances publiques
"R.D.P. 1970. p. 532.
(25) J. GODARD - art. précité. p. 526.
(26) D. LEVY - art. précité. p.696.
(27) D. LEVY - art. précité. p.694
7

sens commun; car vouloir prendre les mots --en dehors de leur acceptation
habituelle, c'est risquer de n'être entendu par personne " (28).
Ainsi compris, le contrôle aura une signification suffisamment extensible
pour comprendre virtuellement la gamme des acceptions fortes du "control" et
des acceptions généralement faibles qui prévalent en français.
Le contrôle dont nous parlerons est essentiellement de nature
administrative.
En fait, la notion de contrôle de l'Etat implique l'existence de
représentants de l'Etat chargés d'assumer ce contrôle.
Mais ici le terme " représentants de l'Etat " doit être pris dans un sens
large et signifie que l'organe de contrôle doit en principe se rattacher à une
Administration publique centrale ou même locale, c'est-à-dire à un des
démembrements de l'Etat que sont les collectivités secondaires, dépositaires
de certaines parcelles de puissance publique. Toutefois, il n'est pas nécessaire
qu'il en fasse partie intégrante.
Seront dès lors exclus les contrôles parlementaire et juridictionnel. Ce
dernier contrôle sera évoqué lorsqu'il apparaîtra comme nécessaire pour
vérifier si l'action administrative s'exerce conformément à la règle de droit.
On proposera donc, en dernière analyse, de retenir comme contrôle de
l'Etat sur les activités privées les différents moyens humains, matériels et
juridiques ( autorisation et déclaration préalables, surveillance,
inspection, sanction...) par lesquels est assurée à /'Administration ou à un
organe extérieur à /'Administration la possibilité d'agir préventivement ou
à posteriori pour garantir que la constitution et l'exercice de ces activités
privées ne s'écartent pas des objectifs fixés ou poursuivis par les
pouvoirs publics.
Le même souci de clarté commande que de telles précisions soient
faites en ce qui concerne la notion d'activité privée.

(28} Liet-VEAUX - Essai d'une théorie juridique de la révolution, Thèse, Rennes,r:nf'• •


8

1
§. Il. LA NOTION 0 ACTIVITE PRIVEE

L'activité privée dont il s'agit ici est l'activité dite professionnelle exercée
par une personne physique ou morale de droit privé.
Nous n'allons pas nous astreindre à rappeler les différentes définitions
de l'activité. professionnelle longuement mises en évidence par les auteurs (29).
A ne s'en tenir qu'au langage courant, on peut définir la profession
comme étant l'activité habituellement exercée par une personne. Qu'elle soit
exercée dans le dessein d'en tirer un profit pécuniaire n'est pas un élément de
détermjnation de la notion. Ce qui importe, ~·est que l'activité professionnelle et
ses formes juridiques d'exercice soient essentiellement rattachées aux libertés
publiques.
En raison de cette définition, seront inclues dans notre étude des
activités professionnelles dites désintéressées. Il en est ainsi notamment des
activités religieuses.
En revanche, les activités privées qui correspondent à l'exécution d'un
service public par un particulier ainsi que les activités subventionnées par l'Etat
(30) doivent être exclues. Les intégrer dans le champ d'application de notre
étude présenterait un double inconvénient :
- Sur le plan pratique, cela obligerait à examiner tous les types de
rapports unissant les particuliers à !'Administration. Même dans l'hypothèse où
une telle recherche serait réalisable, elle ne conduirait pas, à notre avis, à des
conclusions satisfaisantes en raison de la diversité des régimes juridiques de
ces situations.

1943, p. 43.
(29) En ce sens voir notamment:
- J.SAVATIER - " Contribution à une étude juridique de la profession "in (dix
ans de conférences d'agrégation) Paris, éd. Dalloz. 1961.
- G. RIPERT par R.ROBLOT - Traité élémentaire de droit commercial, Paris,
LGDJ. 1986. tome 1, n° 135 et suiv.
- LAVAGNE - "Les critères respectifs de l'état et de la profession" Dr. soc.
1950.133.
(30) Une telle exclusion ne saurait d'ailleurs être absolue, puisqu'on s'intéressera
notamment au contrôle des partis politiques. Aux termes de l'article 14 de la loi
n°901056 du 1911211990, l'Etat participe, en tant que de besoin, à certaines de leurs
dépenses à /'occasion des consultations électoralës locales ou nationales. Nous
écarterons toutefois cet aspect du contrôle de notre travail.
9

- Sur le plan juridique, juxtaposer des situations dans lesquelles le


contrôle n'est que la contrepartie logique de l'âide financière à l'activité privée et
des situations dans lesquelles le contrôle vise essentiellement à sauvegarder
l'ordre social enlèverait toute homogénéité à cette étude.
D'ailleurs, on l'a dit, le contrôle des activités privées érigées en services
publics et celui des organismes recevant une aide financière de l'Etat ont été
suffisamment étudiés pour qu'il soit encore utile d'y revenir ici (31 ).
. .
Même ainsi circonscrit, l'objet du contrôle reste étendu puisqu'il portera
sur des activités de caractère politique, social, culturel, libéral, industriel et
commercial, exercées par des particuliers sous la forme individuelle ou
collective.
f

Les notions de contrôle et d'activité privée ainsi définies ne permettent


qu'une délimitation partielle du champs de l'étude, qui demande à être
complétée par la formulation des questions fondamentales que pose le sujet
proposé.

SECTION Il. QUESTIONS FONDAMENTALES

L'étude du contrôle de l'Etat sur les activités exercées par les personnes
physiques ou morales de droit privé au Cameroun soulève deux ordres de
questions:
1) Pourquoi avoir retenu le Cameroun comme cadre spatial de l'étude ?
2) Pourquoi cette recherche et comment allons-nous l'entreprendre ?

§. 1. LE CHAMP GEOGRAPHIQUE DE L'ETUDE

Avant de justifier le choix du Cameroun comme aire géographique de la


recherche (A), il est nécessaire de donner un aperçu de l'environnement
politique, économique, culturel et social dans lequel se déroulera le contrôle (8)

(31) Outre l'ouvrage précité de M. J.M.BRETON, cf. not:


-Christian TOBIE KUOH - L'expérience camerounaise en matière de contrôle
supérieur des finances publiques et de L 'Administration, Yaoundé, Inspection
générale de l'Etat, 1970.
-Gérard CONAC (sous la direction de)- Les grands services publics dans les
Etats francophones d'Afrique noire, Paris, Economies, 1980.
-E.LEKENE DONFACK - Finances publiques camerounaises, op.cit.p.400 et suiv.
l ()

A) LE CAMEROUN, CADRE SPATIAL DE L'ETUDE


Les caractéristiques géographiques, économiques, politiques et sociales
de l'Afrique noire se rencontrent sous forme de synthèse en terre
camerounaise.

1 ) '7E CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET


SOCIO - POLITIQUE DU CONTRÔLE
Au point de vue géographique et climatique, le Cameroun rassemble sur
475440 km2, répartis entre le 2ème et le 13ème degré de latitude nord, toute la
gamma des climats du continent noir et paryoie de conséquence le plus large
éventail de végétation.
A la diversité de ses paysages et de ses climats, le Cameroun peut
s'enorgueillir de posséder également une des faunes les riches d'Afrique (32).
Situé au carrefour des mondes bantous et islamisés, ce pays présente
une mosaïque ethnique et culturelle à l'image de l'extrême hétérogénéité
africaine. Plus de 200 ethnies compose une population qui, en 1986, était
évaluée (33) à 10.446.400 habitants.
Exemple unique en Afrique, le Cameroun a deux langues officielles :
!'Anglais et le Français.
Parvenu à l'indépendance le 1er janvier 1960, en tête du peloton des
pays sud-sahariens de la mouvance française (34), le jeune Etat dut encore
attendre le 1er octobre 1961, jour de la réunification (35), pour s'établir dans
son périmètre définitif. Il devenait ainsi l'unique héritier d'une triple colonisation
(36), source à la fois de richesses culturelles et d'ouverture diplomatique ainsi
que de problèmes particuliers venant s'ajouter aux problèmes politiques,

(32) Pour plus amples informations sur ces points, cf. les différentes monographies
traitant du Cameroun mentionnées dans notre bibliographie de base, infra, fin de
Thèse.
(33) Par le ministère du Plan et de /'Aménagement du territoire. Voir, l'essentÎel sur le
V/ème plan quinquennal de développement économique, social et culturel 1986-1991,
Imprimerie Nationale, 1986, p.34.
(34) Hormis la Guinée.
(35) des territoires conquis par l'Allemagne et partagés entre la France et la Grande-
Bretagne après fa première Guerre mondiale sous l'égide de la S.D.N. puis de l'O.N.U.
{36) Cf. R. CORNEVIN - "Un triple héritage: allemand, anglais et français" in le
Monde Diplomatique, avril 1985, supplément Cameroun.
11

administratifs, économiques et sociaux, qui-.., sont le lot des Etats sous-


développés.
Ce pays, qui est passé successivement de la République fédérale à la
République unie le 20 mai 1972, pour aboutir à la République du Cameroun le
25 janvier 1984 (37) comporte à l'heure actuelle 272 unités administratives qui
se répartissent de la manière suivante :
- Dix provinces;
. .
- Quarante neufs départements;
- Cent quatre vingt deux arrondissements;
- Trente et un districts.
Malgré la tentative de coup d'Etat du 06 avril 1984, le Cameroun
apparaît comme un pays doté d'une grande stabilité politique.
En effet, le 06 novembre 1982, après avoir passé 24 ans à la tête de
l'Etat et du Gouvernement, le Président Ahmadou AHIDJO a démissionné et a
transmis le Pouvoir à son successeur constitutionnel M. Paul BIYA, jusqu'alors
Premier ministre.
Le Cameroun a toutefois accédé à l'indépendance et à la réunification
dans un climat de tension politique tel, que les hommes politiques alors en
place ont dû le plus souvent recourir à une législation qui peut être qualifiée de
" législation de la peur" ou de " législation d'exception " (38) pour s'assurer le
contrôle d'une conjoncture difficile.
Depuis lors, au fur et à mesure que le régime s'affermit et que croît
l'assurance des dirigeants, on note une relative libéralisation de la vie politique
et l'installation progressive d'un climat plus favorable à l'exercice des libertés
publiques.

(37) A cette date fut supprimé aussi le poste de Premier ministre. Ce poste a été
reinstauré en avril 1991; ajoutons que ce dernier est désormais chef du
Gouvernement et que le régime politique camerounais peut être qualifié aujourd'hui
d'orléaniste, alors qu'il était, de 1961 à 1991, essentiellement présidentialiste.
(38) En ce sens, voir J. OWONA - " L'institutionnalisation de la légalité
d'exception en droit public camerounais ", in·Revue Camerounaise de Droit n°6,
1974, p. 104.
12

Ainsi, par exemple, le multipartisme a été réintroduit dans la vie politique


le 19 décembre 1990 (39). Les premières érections législatives libres se sont
d'ailleurs déroulées le 1er mars 1992 (40).
De l'environnement socio-politique du pays, l'exercice du contrôle portera
évidemment l'empreinte. Il en sera de même du contexte culturel et
économique.

2) LE CONTEXTE ECONOMIQUE ET
CULTUREL DU CONTRÔLE
Le développement économique du Cameroun obéit aux principes du
"libéral~sme planifié", conçu comme étant un_ système qui " encourage l'initiative
privée dont l'expérience a prouvé l'efficacité, tout en accordant à l'Etat un rôle
général d'organisation, d'orientation, d'impulsion et de contrôle et un rôle
déterminant dans l'application de la justice sociale ... " (41).
Le Cameroun, on le sait, apparaissait hier encore comme " l'un des
meilleurs risques des pays d'Afrique " (42), comme une oasis de prospérité
dans un continent de misère.
Ce qui, en 1985, a pu amener M. J.GERY à dire que " presque seul de
tous les pays au sud du Sahara, le Cameroun jouit actuellement (c'est-à-dire en
1985) d'une santé économique quasi insolente" (43).

(39) Voir loi n°90/056 du 1911211990. Signalons que le multipartisme prévalait avant
1966, date à laquelle fut imposé le Parti unique de fait à savoir l'Union Nationale
Camerounaise (U.N.C.), transformé en 1984 en Rassemblement Démocratique du
Peuple Camerounais (R.O.P.C.).
{40) Les citoyens camerounais ont certes été appelés aux urnes à de nombreuses
reprises pour élire tantôt leur Président, tantôt leurs députés, tantôt leurs conseillers
municipaux ou bien pour se prononcer par voie de référendum (1960, 1961, 1972). On
ne pouvait toutefois apprécier la sincérité de ces consultations qu'avec beaucoup de
circonspection. Même avant l'établissement du Parti unique (1966), ces consultations
n'avaient aucun sens car elles ne purent se dérouler dans les circonstances requises
de calme et de sérénité en raison des troubles que connut le pays. Quant aux
élections législatives du 1er mars 1992, celles-ci ne peuvent fournir d'informations
objectives sur la popularité du Parti au pouvoir (R.O.P.C.) qui en est sorti avec une
majorité relative, en raison des consignes d'abstention et de boycottages lancées par
la plupart des Partis de l'opposition qui ont eu des effets sensibles dans certaines
régions, notamment à l'Ouest, au Littoral, au Nord-ouest et au Sud-ouest. Sur ces
élections et ses résultats, cf., P. GAILLARD - " Cameroun : la vrai mort du Parti
unique", in Jeune Afrique n°1627 du 18 mars 1992 pp. 16-18.
(41) Cf. Charte du R.0.P.C. Thèse n°20. Le libéralisme communautaire prôné par M.
Paul BIYA intègre cette définition en insistant sur la solidarité, la rigueur et la
moralisation. ·
(42) Selon /'expression de la Banque Mondiale en 1983.
13

Aujourd'hui, ce pays est à son tour frappé par la récession (44) dont les
signes sont perceptibles depuis 1987 aveè des faillites d'entreprises, des
compressions dans plusieurs usines, une production agricole stagnante, un
budget en constante baisse (45), des fins de mois difficiles dans la fonction
publique ...
C'est pourquoi, malgré leur résistance préliminaire, les plus hautes
autorités politiques ont fini par signer, en 1988, un accord avec le Fonds
Monétaire International (F.M.I.) pour un programme de redressement structurel
(46).

Le Cameroun peut néanmoins se flatter de présenter un taux de


scolarisation qui le situe parmi les plus développés du Tiers monde (47).
'
Ce taux ne reflète pas la réalité qui êst celle d'un pays encore marqué
par l'ignorance et la superstition.
Toutes les caractéristiques ci-dessus font du Cameroun l'un des
principaux pays d'Afrique noire et l'un des plus intéressants à étudier.
Justifient-elles pour autant l'exclusion de notre champ géographique des
autres Etats africains francophones ?

B ) LES JUSTIFICATIONS DU CHOIX DE L'AIRE


GEOGRAPHIQUE DE L'ETUDE
La limitation de notre cadre d'étude au Cameroun peut paraître arbitraire
même s'il reste vrai que ce pays peut être qualifié de véritable " microcosme "
de l'Afrique noire.
Ce choix procède en effet d'une double conviction :
La première est résumée dans une observation faite par le Professeur
GAUDEMET à propos du contrôle de !'Administration et des Finances

(43) in le Monde Diplomatique, avril 1985, supplément Cameroun, "une économie


saine".
(44) Sur ce point, cf. not. Jean NGANDJEU - Le Cameroun et la crise, renaissance
ou blocage?, Paris, L'harmattan, 1988.
(45) Le budget de l'Etat était, par exemple, de 800 milliards de francs C.F.A. en 1986-
1987, de 650 milliards en 1987-1988, de 600 milliards en 1988-1989...
(46) Voir en ce sens, Marchés Tropicaux n° 2793 du 21 octobre 1988 p. 2793 et
suiv. Dossier intitulé "Cameroun 1988".
(47) Le taux d'analphabétisme est de 45,9% de la population. Pour les mêmes taux
dans les autres pays du tiers monde, cf., L'emt du monde 1992, Annuaire
économique et géopolitique mondial, Paris, éd. La découverte, 1992, p. 278.
14

publiques qui reste cependant valable ici : " c'est, a-t-il dit, de la connaissance
des systèmes de contrôle pratiqués en Afrique que les réformateurs africains
ont besoin, non pas de techniques élaborées mises en place avec plus ou
moins de succès dans les grands pays industrialisés" (48).
Ensuite, le sujet proposé n'ayant, sauf erreur, jamais été traité dans une
perspective d'ensemble, nous avons la conviction, à l'instar d'ailleurs de
certains auteurs (49) que le Droit public (50) africain s'enrichira davantage à
travers des monographies de ce genre, seules susceptibles de fournir des
données de base nécessaires à des études comparatives postérieures; celles-
ci présenteraient alors l'avantage d'éviter des généralisations et des
approximations abusives.
En fait, " il est peu de savoir " sur lé Cameroun; comme l'ont noté les
Professeurs Joseph BARTHELEMY et Paul DUEZ, " l'essentiel est de
comprendre. Pour comprendre, il faut comparer et opposer" (51 ).
Aussi ne manquerons-nous pas, sur certains points précis de nos
développements, de faire des comparaisons avec certains Etats africains
francophones, notamment avec ceux de l'Union Douanière et Economique des
Etats de l'Afrique Central (.U.D.E.A.C.).
L'on se souviendra enfin de l'importance de " l'emprunt " fait à la France
qui sera d'ailleurs rappelée à diverses reprises dans cette étude; car c'est à
partir des modèles européens et surtout français que les institutions
camerounaises ont dessiné leur propre visage.
Le champ géographique de l'étude ains1 circonscrit nous permet non
seulement de mieux cerner l'objet de la recherche, mais aussi de dire selon
quelles méthodes d'étude nous avons conçu ce travail et selon quel plan seront
conduits nos développements.

(48) in Préface à J'ouvrage précité de M. J .M .BRETON, p.11.


(49) Ainsi en est-il, par exemple, de MM. NLEP et BRETON. op.cit.
Il est intéressant de noter à cet égard que c'est après avoir réalisé des études sur
le contrôle de /'Administration et des Finances publiques dans divers Etats africains
(notamment au Cameroun, au Tchad, en Egypte, en Centrafrique... ) que M. BRETON
a dressé une théorie générale du contrôle d'Etat sur le continent africain.
(50) Par Droit public, il faut entendre ici " le droit de l'Etat, c'est-à-dire le droit
applicable à tous les rapports humains et sociaux dans lesquels l'Etat entre
directement en jeu " cf. R. CARRE DE MALBERG - Contribution à la théorie
générale de l'Etat, tome 1, Paris, Sirey, 1920-1922;-C.N.R.S. 1972. p.1.
(51) Traité élémentaire de droit constitutionnel, Paris, Dalloz, 1926, p.8.
15

§. Il. OBJET, METHODE ET PLAN DE L'ETUDE

L'étude du contrôle des activités exercées par les personnes physiques


ou morales de droit privé dans un Etat comme le Cameroun n'est pas sans
intérêt, dans la mesure où un tel contrôle constitue en réalité la pierre angulaire
de l'édifice légal sur lequel repose l'essentiel de l'action de l'Etat.
Not~e propos étant non seulement de dégager l'esprit du contrôle, de
déterminer ce qui en fait l'unité, mais surtout de rechercher si ce contrôle est ou
non efficace, c'est-à-dire s'il est ou non à la fois réaliste et fonctionnel , une
analyse juridique du sujet proposé serait, pour ce faire, insuffisante.
Certes, la méthode juridique nous permettra notamment, " non
(

seulement de dégager les règles, mais aussi d'en extraire des notions ou
concepts qui aideront à élaborer des systèmes d'intelligibilité,. .. en s'en tenant
au seul droit positif " (52).
Ce type d'analyse " rend les plus grands services, tout spécialement par
l'élucidation qu'il permet du sens manifeste des institutions dans leurs aspects
analytique et global ".
" Mais il ne donne, pour ainsi dire, aucune indication sur la signification
latente de ces dernières qui, cependant, est souvent la plus importante " (53).
C'est pour cette raison que nous tiendrons compte de l'apport de
sciences annexes ou auxiliaires, telles la science politique, la sociologie des
institutions et la science administrative.
Cet élargissement et cet approfondissement du champ d'investigation
est plus impérieux encore pour le droit camerounais dont les textes ne sont
souvent que de pâles reflets d'une réalité profonde autrement plus riche.
Comme l'a souligné, d'une manière générale, M. A. MAHIOU, "à vouloir
étudier les problème juridiques africains à travers les textes ... on s'éloigne d'une
réalité que l'on se condamne à ne jamais connaître" (54).
En pratique, le contrôle de l'Etat se présente sous l'aspect d'une
rég\ementation dense et éparse en constante évolution.

(52) A.HAURIOU - " Recherches sur une problématique et une méthodologie


applicables à l'analyse des institutions politiques" in R.D.P. 1971. p. 305.
(53) A.HAURIOU - art. préc. ibidem.
(54) A. MAHIOU- L'avènement du parti unique enAfrique noire. L'expérience des
Etats d'expression française, Paris, L.G.D.J. 1969. 432.p.
16

Dans bien de cas, il n'existe pas de textes généraux ayant directement


ce contrôle pour objet. En revanche, de nombreux textes particuliers traitent tel
ou tel aspect de la question.
Le juge administratif, de son côté, a été amené à définir la portée et les
limites des pouvoirs conférés à l'autorité ou à l'agent de contrôle.
C'est donc à la fois sur la base des textes, des décisions
jurisprudentielles et des données recueillies à partir des observations
effectuées in vivo auprès des administrations concernées et des sujets du
contrôle que sera conduite cette étude.
A cet égard, nous avons procédé à un dépouillement systématique du
Journal Officiel du Cameroun dans la bibliothèque des " Archives d'Outre-mer "
'
d'Aix-en-Provence pour la période d'étudé 1958-1976, et dans celle des "
Archives Nationales " de Yaoundé (Cameroun) pour la période d'étude 1976-
1988.
Les autres textes nous ont été fournis par les administrations
intéressées; ce qui nous a dispensé de nous référer au Journal Officiel, dont la
parution, de 1988 à 1990, était très souvent intermittente.
Quelques textes récents, édictés notamment en 1990, ont été
rassemblés dans un recueil par la Société Camerounaise de Presse et
d'Editions (SOPECAM) (55). Ils nous ont permis d'actualiser le sujet proposé.
De même, la lecture du quotidien gouvernemental, Cameroon Tribune,
qui relate abondamment divers aspects du contrôle nous aura été d'une utilité
appréciable.
Nous nous sommes également servis des publications de l'ex-Union
Nationale Camerounaise et de celles du Rassemblement Démocratique du
Peuple Camerounais.
Les autres sources utilisées sont indiquées dans les parties concernées .

Enfin, les multiples entretiens que nous ont accordés diverses autorités

.. et agents de contrôle ainsi que les impressions recueillies des personnes


contrôlées (56), joints aux " confidences " des uns et des autres et à notre

• propre expérience du milieu ont été d'une grande utilité dans la construction

(55) Voir Cameroun, droits et libertés, recueil des nouveaux textes, Yaoundé,
Sopecam, décembre 1990, 396 p.
17

des unités d'analyses ainsi que la formulation de certaines conclusions


partielles.
En effet, l'Etat, gardien de l'intérêt général, ne peut se désintéresser des
activités exercées par les personnes physiques ou morales de droit privé.
Quand cet intérêt général est en jeu, il doit incontestablement primer les
intérêts particuliers et le contrôle est le seul moyen pouvant lui permettre de
faire respecter cette primauté.
A l'heure actuelle, l'Etat camerounais a mis en place un tel contrôle dans
presque tous les domaines de la vie sociale et nul ne songe à contester la
nécessité.
Aussi est-il impératif de rechercher d'abord, sur le plan des principes,
f

quelles sont ses caractéristiques essentiellés dans le contexte de l'ensemble


des règles de droit, et spécialement avec le principe de légalité (PREMIERE
PARTIE).

Sur le plan des réalisations, la mise en oeuvre du contrôle doit ensuite


retenir l'attention, en ce qu'elle permettra d'apprécier ce contrôle du point de
vue technique (DEUXIEME PARTIE).
PREMIERE PARTIE: LES CARACTERES FONDAMENTAUX DU CONTRÔLE
DEUXIEME PARTIE : LA MISE EN OEUVRE DU CONTRÔLE

(56) Pour la simplicité de l'exposé, nous utiliserons les termes: personnes contrôlées,
destinataires du contrôle, sujets du contrôle pour désigner les personnes physiques et
morales de droit privé dont les activités sont soumises au contrôle de l'Etat.
'

PREMIERE PARTIE
***********************

LES CARACTERES FONDAMENTAUX


DU CONTRÔLE
*****************
19

Dans la mesure où le contrôle exercé par l'Etat sur les activités des
personnes physiques ou morales de droit privé représente un moyen d'action
particulièrement restrictif vis-à-vis des libertés publiques, il semble d'abord
1 .
nécessaire d'examiner attentivement le fondement juridique du contrôle et les
garanties qu'à travers lui les textes et les juges entendent consacrer en faveur
de ces libertés (Titre 1).
Il sera ensuite utile de déterminer les buts poursuivis par le contrôle; car
la notion de contrôle, on l'a dit, évoque l'idée de comparaison et suppose
l'existence d'un terme de comparaison (Titre Il).

TITRE 1. LE FONDEMENT JURIDIQUE DU CONTRÔLE

TITRE Il. LES OBJECTIFS DU CONTRÔLE


TITRE 1

LE FONDEMENT JURIDIQUE DU CONTRÔLE

Le contrôle, pour pouvoir s'effectuer régulièrement, suppose la présence


d'un titre de compétence expresse.
Ce titre juridique, qui fonde et limite le pouvoir de contrôle, doit
s'analyser non seulement du point de vue de l'organe qui contrôle et qui habilite
à contrôler (Chapitre 1), mais aussi au niveau de sa nature juridique (Chapitre
Il).

Chapitre 1. LE PROBLEME DE L'HABILITATION PREALABLE


AU CONTROLE DES ACTIVITES PRIVEES

Chapitre Il. LES DIFFERENTES CATEGORIES


D'HABILITATION A CONTRÔLER
LES ACTIVITES PRIVEES
CHAPITRE 1
LE PROBLEME DE L'HABILITATION PREALABLE AU
CONTRÔLE DES ACTIVITES PRIVEES

« A la source de toute compétence existe, par


principe, un texte (.. .) qui détermine impérativement
l'étendue du pouvoir conféré »
F. VINCENT.- Le pouvoir de décision unilatérale
des autorités administratives, Paris, L.G.D.J., 1966, p 23.

En droit, l'habilitation est une condition. Elle est la condition sans la


réalisation de laquelle le contrôle des activités privées est en principe interdit.
Cette nécessité d'une investiture préalable est dans la logique de tout système
répartissant les compétences entre diverses autorités et assurant la sanction
de cette répartition (Section 1).
En fait, l'habilitation se révèle multiple par ses auteurs et l'on est fondé à
y attacher une grande importance; car, sur le plan contentieux, il y a un double
intérêt à déterminer l'autorité compétente pour accorder l'habilitation :
L'un se situe sur le plan du recours pour excès de pouvoir : si l'autorité
qui a accordé l'habilitation était incompétente, ·elle sera annulée ou déclarée
illégale et les prérogatives éventuellement conférées par cette habilitation
tomberont par voie de conséquence. La détermination de l'autorité habilitante
permet aussi de connaître à quelles conditions de forme et de fond a été
subordonnée l'exercice de la compétence et d'obtenir, le cas échéant,
l'annulation des habilitations illégales pour d'autres motifs que l'incompétence.
L'autre intérêt se situe sur le plan de la responsabilité : réparation des
préjudices causés par une habilitation illégale ou mise en jeu éventuelle de la
responsabilité de la personne habilitante pour l'activité dommageable de
!'habilité (Section Il).
22

SECTION 1. LA NECESSITE D'UNE HABILITATION


PREALABLE

La mise en oeuvre du contrôle de l'Etat sur les activités privées est


subordonnée à la détention d'un titre juridique, d'un titre légal et non périmé.
L'admission d'un contrôle sans habilitation préalable est toutefois consacrée.
par la jurisprudence et constitue une exception (&.Il) dont le caractère très
limité ne fait que confirmer la valeur et la portée du principe (&.1).

&. 1. LE PRINCIPE : L'HABILITATION PREALABLE,


CONDITION NECESSAIRE DU CONTRÔLE

Le contrôle auquel est soumise l'activité d'une personne physique ou


morale de droit privé ne se présume généralement pas. Il doit trouver sa source
dans un texte formel et précis garantissant son instîtution et sa mise en oeuvre.
Ce principe est affirmé avec vigueur par la doctrine :
Le Professeur NEGRIN estime, par exemple, que " s'agissant de
personnes privées, le contrôle doit être institué par les textes " (1).
M. LIVET le soutient, sous une autre forme, lorsqu'il écrit que "
!'Administration ne peut utiliser le procédé de l'autorisation préalable sans y
avoir été auparavant habilitée par une loi " (2).
Elle le fonde sur de fortes motivations théoriques.
Ainsi, selon M. LIVET, " le recours à la loi préalable s'explique
essentiellement par l'objet de l'intervention qui est de contrôler sévèrement les
possibilités d'action des particuliers et, par là même, de restreindre leurs
libertés " (3).
D'autres auteurs y voient le principal critère de différenciation du contrôle
par rapport au pouvoir hiérarchique et un des éléments majeurs permettant de
définir la notion même de contrôle.

(1) J. P. NEGRIN • L'intervention des personnes morales de droit privé dans


l'action administrative, Paris, LGDJ. 1971. p. 182.
(2) P. LIVET • L'autorisation administrative préalable et les libertés publiques,
Paris, LGDJ. 1974. p. 161. ..
(3) P. LIVET· op.cit. p.161.
23

On rappellera, à ce propos, cette phrasec significative de M. DUBOIS : "


l'application du principe exigeant un texte pour tout acte de tutelle est aussi
indiscutable pour ces organismes privés surveillés par !'Administration que pour
les établissements publics" (4).
La règle de l'habilitation préalable vaut pour tous les agents ou autorités
administratifs qui constituent !'Administration au sens organique; A fortiori doit-
elle s'imposer aux agents qui lui sont extérieurs.
Vis-a-vis de la personne ·habilitée, l'effet le plus important de l'habilitation
est de la permettre de contrôler un aspect de l'activité des particuliers, de
rendre ce contrôle licite. Elle lui confère le droit d'assumer le contrôle pour
lequel elle a été habilitée jusqu'au terme prévu ou aussi longtemps que
l'habilitation ne lui aura pas été retirée.
Ainsi que le précise justement l'article 269 du Code général des impôts :
" Dans le ressort de leur territoire, les agents des impôts assermentés ayant au
moins le grade d'inspecteur ont le pouvoir d'assurer le contrôle et l'assiette de
l'ensemble des impôts ou taxes dues par le contribuable qu'ils vérifient " (5).
Le juge administratif protège l'habilitation préalable et veille à ce que les
autorités administratives n'empiètent pas sur les compétences qui leur ont été
conférées. La décision qui en témoigne est un arrêt n°678 du Conseil du
Contentieux Administratif en date du 27 Décembre 1957, sieur NDJOCK Paul
contre Etat du Cameroun, dans lequel il affirme :
" Considérant... qu'il est de jurisprudence constante qu'une autorité
supérieure ne peut pas, en l'absence des dispositions législatives ou
réglementaires les lui autorisant, se substituer à une autorité inférieure pour
faire un acte que celle-ci est seule habilitée à accomplir et vice versa ... "
(6),
Pourtant, malgré cette affirmation, force est bien d'admettre qu'il existe
des hypothèses dans lesquelles ce principe doit subir des inflexions qui sont
dues aux circonstances de fait.

(4) J.P.DUBOIS - Le contrôle administratif sur les établissements publics, Paris,


LGDJ. 1982. p. 56.
(5) V. ordonnance n°21 du 29 mai 1973 portant Code général des impôts du
Cameroun
(6) Dans le même sens, voir arrêt n°367/ C.C.A. du 3 Septembre 1955, M/NYEM
Martial cl Territoire du Cameroun dans lequel il précise que " quelle que soit la
24

&.Il. L'EXCEPTION : L'ADMISSION DU CONTRÔLE


SANS HABILITATION PREALABLE

L'inconvénient du principe de l'habilitation préalable réside dans sa


rigidité : Un contrôle peut devoir être exécuté d'urgence sans que les autorités
ou . agents. normalement compétents soient en mesure de le faire. L'intérêt
général n'exige t-il pas dans cette hypothèse qu'une personne non habilitée
puisse accomplir un tel contrôle ?
La doctrine et la jurisprudence révèlent en pratique des opérations de
contrôl~ des activités privées dépourvues d'habilitation préalable et considérées
comme parfaitement légitimes.
La plupart des auteurs relèvent le fait :
Ainsi, par exemple, au sujet du contrôle des organismes pnves, M.
AUBY note cette " tendance croissante à admettre des exceptions à la règle
selon laquelle le contrôle administratif des organismes privés doit trouver sa
source dans un texte" (7).
La jurisprudence sur les fonctionnaires de fait paraît bien confirmer cette
analyse.
Il a été souligné, fort pertinemment, que le fonctionnaire de fait est un "
agent incompétent, souvent même un simple citoyen qui, s'étant substitué aux
autorités défaillantes, voit ses actes déclarés valides " (8).
Cette théorie, qui est un assouplissement des règles de compétence,
peut jouer dans deux séries de circonstances.
En période normale, elle se fonde sur l'idée d'apparence; on suppose
que le fonctionnaire de fait est passé aux yeux des administrés pour un agent
régulier investi des prérogatives qu'il a exercées (9).
En période exceptionnelle, cette théorie repose sur l'idée de la nécessité
du fonctionnement des services publics. Les actes accomplis par ce

raison, l'incompétence est toujours considérée comme étant d'ordre public; elle
doit être soulevée d'office par le juge... ".
(7) in Préface à DEMICHEL (A), op. cit., p. Ill.
(8) A. DE LAUBADERE, Traité de droit administratif, n° 486, p. 286.
(9) En ce sens, voir arrêt n°224/CCA du 27 Mars-1953, Dame GIVRA cl Administration
du territoire.
25

fonctionnaire de fait dans un souci d'intérêt général sont considérés comme


valides (10).
Ces interventions sans habilitation sont cependant trop exceptionnelles
pour que l'on puisse en tirer argument à l'encontre de la généralité de
l'exigence de l'habilitation préalable.
Une investiture préalable étant ainsi nécessaire, qui est compétent pour
la donner?

SECTION Il. LES AUTORITES COMPETENTES POUR


1
ACCORDER L HABILITATION

La compétence pour contrôler une activité privée peut être conférée à


!'Administration ou à un agent extérieur à !'Administration par un texte émanant
du pouvoir législatif ou du pouvoir exécutif et établi conformément aux
dispositions de la Constitution.
Cette dévolution du pouvoir de contrôle doit être opérée sous le contrôle
du juge. Ce contrôle juridictionnel est plus ou moins développé selon que la
règle protectrice de la liberté d'exercice de l'activité en cause émane d'une loi,
voire de la Constitution, ou d'un simple règlement. Il varie aussi en fonction du
caractère plus ou moins précis des dispositions constitutionnelles ou
législatives et donc de la marge d'appréciation laissée au Législateu') à
!'Administration(&. 1).
Par ailleurs, les Etats acceptent généralement de lier leurs compétences
souveraines. Ils peuvent, en premier lieu, accepter de mener une certaine
politique, de réglementer ou de surveiller certaines activités; ou bien encore, à
l'inverse, s'engager à élaborer une législation adaptée à telle ou telle fin. Ils
peuvent aussi s'obliger à respecter certains principes dans l'exercice de leur
souveraineté territoriale, à l'égard de telle catégorie de personnes ou d'activités
(11).

(10) Voir en ce sens, arrêt n°4/ C.F.J./ A.P. du 4 Novembre 1965, Dame KIEFFER
Marguerite cl Etat du Cameroun.
(11) NGUYEN QUOC DINH, P.DAILLIER, A.PELLET- Droit international public,
3ème éd., Paris, LGDJ, 1987, p.418.
26

C'est précisément pour ces raisons que P-0n trouve souvent à l'origine de
la détention du pouvoir de contrôle une norme communautaire (12) portant sur
des activités particulières.
L'Union Douanière et Economique des Etats de l'Afrique Centrale
(U.D.E.A.C) a, en fait, posé les bases d'un système de contrôle intégré dans un
cadre pluriétatique; cadre susceptible de favoriser la solution de manière
décisive des problèmes posés par la mise en oeuvre du contrôle.
Mais au-delà de cette tendance, le résultat qui peut être attendu de la
mise en place d'organes de contrôle intégrés à l'échelon supérieur de l'Etat
sera en réalité à la mesure des moyens mis à leur disposition et de la volonté
manifestée d'y donner des suites concrètes {&.11).

&. 1. SUR LE PLAN INTERNE

Sur le plan interne, nombreuses sont les autorités susceptibles de


conférer une habilitation à contrôler les activités privées.
En effet, a-t-on pu souligner, " il est dans la nature de la loi d'être
attributive de compétences " (13).
Le législateur s'exprime tout d'abord par la voie parlementaire.
Il peut instituer des organismes déterminés ou même indéterminés, fixer
leur composition et les autoriser à contrôler une catégorie d'activités exercées
par des personnes physiques ou morales de droit privé, au moyen de décisions
unilatérales (agréments, visas ... ) ou d'opérations matérielles.
L'exemple des ordres des professions libérales est, sur ce point, bien
connu. On peut citer aussi celui de l'inspection sanitaire vétérinaire (14).
Il peut également utiliser la voie gouvernementale.

(12) La norme désigne généralement le contenu, la substance d'une règle élaborée


selon les exigences procédurales de telle ou telle source formelle. Mais nous
utiliserons le terme norme pour viser à la fois une source - Je traité institutif de l'Union
Douanière et Economique des Etats de l'Afrique Centrale, (UDEAC) - et les normes
qui en sont issues, à savoir les actes des instances dirigeantes de l'UDEAC.
(13) B.CUBERTAFOND - " Importance de la loi en droit public économique ",
AJDA, 1977, p.474. Dans le même sens, voir - F. LUCHA/RE - "Les sources des
compétences législatives et réglementaires " AJDA 1979 p.4 : " parmi les règle
que le législateur fixe se trouvent, semble-t-il, les règles de compétence ... "
(14) Voir loi n°13 du 8 décembre 1975 portant réglementation de l'inspection sanitaire
vétérinaire, in J.O.R.U.C, du 15 décembre 1975, p.205.
27

En pratique, ce procédé n'est pas rare. " Fruits d'une délégation du


-
pouvoir législatif consentie au Gouvernement, les ordonnances sont le reflet
soit de l'expression du pouvoir normatif au cours d'une période transitoire, soit
d'un aménagement temporaire des compétences normatives au cours d'une
période normale" (15).
Dans un cas comme dans l'autre, les ordonnances constituent des
sources non négligeables du pouvoir de contrôle.
Pour assurer la mise en place des institutions nouvelles, fédérales en
1961 ( 16) et unitaires en 1972 (17), le Président de la République a été habilité
par le constituant, pendant des délais limités (18), à prendre des ordonnances
ayant force de loi relatives au fonctionnement des pouvoirs publics et à la vie
de l'Etat.
Les ordonnances prises sur la base de l'article 42 de la Constitution
initiale de 1972 sont peu nombreuses en matière de contrôle.
Une illustration par excellence de cette hypothèse est donnée par
l'ordonnance n°18 du 17 octobre 1972 portant régime général des prix (19). C'est
de ce texte que découlent les pouvoirs des contrôleurs des prix.
Il faut également rappeler que l'ordonnance n°73/15 du 19 mai 1973,
aujourd'hui abrogée (20), soumettait l'exercice de la profession de transporteur
routier au Cameroun à une licence délivrée par l'autorité ministérielle.
s
A été en revanche très contant le recours aux ordonnances de l'article
.1(

21 de la Constitution, ainsi rédigé : " Dans les matières relevant du domaine


législatif, l'Assemblée Nationale peut autoriser _le Président de la République,
pendant un délai limité et sur des objets déterminés, à prendre des
ordonnances ayant force de loi " (21 ).

(15} Cf - D.LINOTTE et A.MESTRE- Services publics et droit public économique,


tome 1, Paris, Litec, 1982, p.95.
(16) Cf. art. 50 de la Constitution fédérale de 1961.
(17) Cf. art. 42 de la Constitution unitaire de 1972.
(18) La Constitution de 1961 prévoyait une durée de 6 mois et celle de 1972 une durée
plus longue de 12 mois.
(19) Cf. J.O.R.U.C. Novembre 1972, p.131 et suiv. Cette ordonnance a été modifiée
dans certaines de ses dispositions par la loi n°89!11 du 28 juillet 1989 (in J.O.R.C.
août 1982 p. 102 ).
(20) et remplacée par la loi n°90/030 du 10 août 1990.
(21) On serait autorisé à penser que de telles ordonnances, comme les précédentes,
prennent, immédiatement après leur édiction, valeur législative. Elles entreraient en
vigueur dès leur publication, en tant que lois et norren tant que règlements C'est du
moins ce que soutient M. Eric. BOEHLER dans un article intitulé " réflexions sur la
28

En effet, l'ordonnance n°003 du 31 août 1985 relative à l'exercice de


l'activité d'assurance est à l'origine du pouvoir d'autorisation reconnu au
ministre des Finances.
Dans le même sens, les attributions des inspecteurs des impôts sont
définies par l'ordonnance n°21 du 29 mai 1973 portant Code général des
impôts (22).
Rien n'empêche enfin le législateur de se servir de la voie référendaire
offèrte par l'article 30 de la Constitution.
Le peuple lui-même a l'occasion d'habiliter autrement qu'en légiférant
C'est ce qu'il fait lorsqu'il désigne au suffrage universel direct le Président de la
République et indirect le Maire et ses adjoints.
Le législateur ordinaire ou d'exception fixe toujours le cadre d'exercice
du pouvoir de contrôle de l'Etat qu'il institue.
Très souvent, il n'entre pas dans les détails de son organisation.
En fait, comme l'a noté M. DEMICHEL, " il ne serait d'ailleurs pas
souhaitable qu'il le fasse, car il importe de laisser au Gouvernement une
certaine marge d'action qui lui permettra de tenir compte des réalités concrètes
et des exigences techniques du contrôle" (23).
Ainsi, il en dégage les grandes lignes, renvoyant à des règlements le
soin de développer et de compléter les principes qu'il édicte.
A cet égard, les dispositions de la loi n°007 du 15 juillet 1988 sont assez
édifiantes. Elle crée, à la charge de l'importateur, une " taxe sur l'inspection et
le contrôle des marchandises à l'importation " et, selon l'article 2 de ce texte, "
cette taxe est perçue sur toutes les marchandises soumisent à l'inspection et
au contrôle d'un organisme privé ou public chargé par le Gouvernement de la
surveillance des importations ".
L'invitation du législateur est, dans la plupart des cas, la condition " sine
qua non " du recours par le titulaire du pouvoir réglementaire à l'attribution du

nature juridique des ordonnances de l'article 21 de la Constitution du 2 juin 1972


" in R.C.D. n°5, 1974, pp.8-9. Mais l'obligation de les soumettre à la ratification du
Parlement incline à faire penser le contraire. Ratifiées, "ces ordonnances ayant force
de loi " deviennent des fois; non ratifiées, elles restent des actes réglementaires. Cette
11
interprétation admise rendrait superfétatoire la précision ordonnance ayant force de
loi ". Il n'existe pas, en l'état actuel, de jurisprudence camerounaise permettant
d'éclairer ou de trancher ce point.
(22) Cf. J.O.R.U.C. (supplémentaire), 1973, p.101 et-suiv.
(23) A.DEMICHEL- op.cit. p. 433.
29

pouvoir de contrôle. Cette habilitation législative constitue à la fois le support et


le guide du règlement d'application, qui fui est rattaché par un lien de
subordination hiérarchique.
Cette exigence est consacrée par le juge administratif en des termes si
explicites qu'il importe de les rappeler :
" Attendu que les actes administratifs sont soumis au principe de la
légalité ... Que ce principe signifie que l'acte administratif doit respecter les lois
formelles et cela, du reste, en deux points de vue : d'une part, il ne doit pas
enfreindre une disposition de la loi, d'autre part, il doit s'appuyer sur la loi,
c'est-à-dire que l'autorité administrative qui l'édicte doit en avoir reçu de
la loi compétence" (24).
r
Le règlement d'application ne peut, én principe et sous peine de nullité,
contredire la loi instituant le pouvoir de contrôle qu'il a pour objet de compléter.
Toutefois, l'invitation législative n'est pas indispensable.
Le détenteur initial du pouvoir réglementaire tire de l'article 9 de la
Constitution le pouvoir et le devoir de prendre, de sa propre initiative, des
règlements pouvant lui permettre de conférer des compétences en matière de
contrôle.
Ces actes, pris en vertu de l'article 22 de la Constitution (25), sont ainsi
la manifestation d'un pouvoir réglementaire de droit commun, en ce sens qu'ils
peuvent s'exercer dans tous les cas où un texte de valeur supérieure ne l'ont
pas formellement écarté, en invoquant l'une des questions sur lesquelles ils
portent.
Ceci n'est une certitude que lorsqu'est portée la mention " vu l'article 22
de la Constitution ".
Ils sont soumis au principe de légalité, mais en ce qui les concerne les
sources de la légalité se réduisent à la Constitution, aux traités et aux principes
généraux du droit consacrés par le juge administratif (26).
Un exemple notable en la matière nous est fourni par le décret n°1083
du 23 août 1984 portant sur les règles générales d'hygiène, de sécurité et de

(24) Voir Jugement n°62/CSICA du 251911980, affaire société assureurs conseils


franco-africains (ACFRA) contre Etat camerounais.
(25) article. 22 de la Constitution : "les matières autres que celles qui sont du domaine
11
de la loi ressortissent au pouvoir réglementaire •
(26) C'est par exemple le cas du principe d'égalit~ (affaire Dame NGUE André du
301411968).
30

police dans les salles de cinéma. Ce texte institue et fixe le régime du contrôle
des salles de spectacles cinématographiques ·(27).
En somme, les règlements qui confèrent des compétences de contrôle
sont nombreux. Ils sont édictés essentiellement par le Président de la
République et, sur son habilitation, par toute autre autorité administrative (28).
L'intervention de !'Administration dans la détermination des autorités
compétentes pour contrôler les activités privées est intéressante. Ses décisions
sont susce.ptibles de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir et d'un
recours en indemnité et cela constitue une garantie plus sérieuse pour les
particuliers que l'action du législateur agissant par la voie parlementaire; car la
suprématie de la Constitution n'est pas assurée au Cameroun comme en
France' (29) par un contrôle effectif et efficace de la constitutionnalité des lois
(30).
En fait, la Constitution de 1972, comme sa devancière (31), a organisé,
dans ses articles 10, 32 et 33, une procédure spéciale de contrôle de la
constitutionnalité des lois devant la Cour Suprême statuant comme juge
constitutionnel. Sa saisine facultative est exclusivement réservée au Président
de la République. Or la nature du régime politique fait que la loi est en réalité
un acte de l'exécutif et plus précisément de son chef, plutôt qu'un acte du
Parlement.
Ainsi, plus qu'un contrôle des éventuels débordements du Parlement, le
contrôle de la constitutionnalité des lois apparaît comme une action en

(27) in J.O.R.C. du 1er septembre 1984, p.2323.


(28) et notamment par les ministres; c'est, par exemple, le cas de la décision
n°232/MINDIC!CAB/IG2 du 29 juin 1989 portant Programme Général des Echanges
(P.G.E) pour la période 1989-1991, Yaoundé, Imprimerie Nationale, 1989.
(29) Voir ont.- L.FAVOREU- "le principe de constitutionnalité, essai de définition
d'après la jurisprudence du Conseil Constitutionnel ", Mélanges CH.
EISENMMAN, Paris. L.G.D.J. 1974, pp. 33-46.
(30) En ce sens, voir notamment:
- F. MBOME- " Le contrôle de la constitutionnalité des lois au Cameroun ", in
RJPIC. 1981, p. 658.
- M. KAMTO- Pouvoir et droit en Afrique, Paris, LGDJ 1987, p. 444.
- G.CONAC - " Les constitutions des Etats africains et leur effectivité " in
Dynamiques et finalités des droits africains, Paris, Economica, p. 400 et suiv.
(31) Cf. Art. 14 de la Constitution fédérale du 1er septembre 1961. Pour plus de
précisions sur ce point, cf. - M. NGUINI - " La Cour Fédérale de Justice, juge de la
constitutionnalité des lois ou propositions des lois "in R.C.D. n°3, 1972, p. 40-
42. Signalons que la Constitution du 04 mars 1960· ne contenait aucune disposition
relative à la question.
31

limitation de l'arbitraire du chef de l'Etat, et par~conséquent, une mise en cause


directe de son pouvoir.
Dans ces conditions, souligne à juste titre le Professeur KAMTO, " le
Président de la République ne saurait invoquer l'inconstitutionnalité d'une loi
sans se désavouer" (32).
Ce qui, de toute évidence et compte tenu du contexte est normal car, dit
un adage bien connu des juristes, " nul ne peut se prévaloir de sa propre
turpitude 11
·,, (33).

La compétence pour accorder l'habilitation à contrôler peut-elle


appartenir à des autorités autres que celles susvisées au niveau interne?
En droit positif, la réponse doit être affirmative.

&. Il. SUR LE PLAN COMMUNAUTAIRE

Si la création de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique


Centrale (C.E.E.A.C.) est trop récente pour avoir des répercussions dans
l'ordre juridique et économique des Etats membres (34), tel n'est pas le cas de
l'Union Douanière et Economique des Etats de l'Afrique Centrale (U.D.E.A.C)
qui seule nous intéressera ici (35).

(32) op.Git. p.445.


(33) Cette analyse est largement confirmée par les faits. La méconnaissance de la
Constitution n'a jamais été sanctionnée au Cameroun par l'annulation des lois qui lui
étaient contraires, soit formellement, soit matériellement.
Un exemple concret justifie, parmi bien d'autres, cette affirmation : La Constitution
initiale du 1er septembre 1961 avait omis le principe de la prorogation du mandat du
Parlement Fédéral. Celui-ci, en 1968, vota sur initiative du Président de la République
une loi ordinaire et non organique prorogeant son mandat de quinze mois, afin que les
élections présidentielles et législatives se déroulent au même moment. Cette violation
matérielle et formelle de la Constitution fut réparée fort heureusement à posteriori par
la loi organique n°69/LF/21 du 18 novembre 1969 modifiant l'article 16 de la
Constitution.
(34) Créée le 18 octobre 1983 à Libreville (Gabon) la C.E.E.A.C. regroupe, outre les
pays déjà membres de l'U.D.E.A.C. ci-haut cités, le Burundi, le Rwanda, le Zaïre, Sao-
Tomé et Principe. Son siège est à Brazzaville (Congo). Pour le texte l'instituant, voir:
Cameroon Tribune n °3482 du 23 janvier 1986 pp. 8-11.
- S.Be/aouane GHERARI et Habib GHERARI - Organisations régionales
africaines, Recueil de textes et documents, Paris, La documentation française,
1988.
(35) Il ne s'agit pas pour nous de faire une analyse détaillée de cette institution. Sur ce
point, voir notamment - F. WODIE - Les institutions internationales régionales
africaines, Paris, LGDJ, 1970.
32

Regroupant le Cameroun, le Congo, le Tchad, la République


Centrafricaine, le Gabon, la Guinée Equatoriale, l'U.D.E.A.C. se propose de
11
promouvoir l'établissement progressif d'un véritable marché commun de
l'Afrique centrale ".
A cette fin, son traité constitutif, signé le 08 décembre 1964 (36) à
Brazzaville (Congo), organise une double coopération douanière et
économique entre Etats membres.
Aux stipulations du traité institutif limitant le pouvoir de l'Etat d'accorder
des compétences en matière de contrôle des activités privées s'ajoutent les
actes normatifs des instances dirigeantes.
En effet, le pouvoir d'accorder l'autorisation d'exercice d'une activité
, .
privée et celui d'exécuter les opérations matérielles de contrôle peuvent trouver
leur source et leur fondement juridique dans des dispositions du traité institutif
de l'Union.
Parmi les plus importantes, on citera celles relatives au droit
d'établissement et à la libre circulation des personnes, des services et des
capitaux (articles 71 et 72), à l'union douanière et à l'harmonisation fiscale.
D'autres dispositions sont plutôt destinées à déterminer les règles
d'organisation et de fonctionnement des organes communautaires (37). Mais
pour la plupart, elles ne font que définir des compétences et poser des
principes dont elles prévoient la mise en oeuvre progressive au moyen d'actes
normatifs à intervenir.
C'est à travers le Conseil des chefs d'Etç:i.t et le Comité de direction de
l'Union, agissant par délégation du Conseil, que s'exprime par excellence, le
pouvoir normatif de l'U.D.E.A.C. Ces organes exercent leurs attributions
essentiellement au moyen d'actes et de décisions (38).

(36) modifié en 1966 et en 1974.


(37) Voir par exemple la première partie du traité relative à /'organisation et aux
compétences des organes.
(38) mais aussi de recommandations et de voeux. En réalité, la terminologie est très
imprécise. Il semble néanmoins que les décisions et actes du Comité comme ceux du
Conseil ont la même force juridique; ils sont obligatoires et exécutoires. En revanche,
les recommandations et les voeux sont dépourvus cte· toute force obligatoire sans être
toujours privés d'effets juridiques.
33

Ces actes normateurs (39) sont souvent à l'origine de la détention du


pouvoir de contrôle.
Ainsi que le précise, par exemple, l'article 6 de l'acte n°4/72-CD-308 du
23 Juin 1972 (40) : " les agents appartenant à la brigade de vérification de
comptabilité inter-Etats sont habilités à procéder à des vérifications de
comptabilité pour le compte des Etats sur l'ensemble du territoire de l'Union ".
L'article 8 de l'acte n°16-73-308 édicté par le Comité de Direction le 18
Juin 1973 '(41) prévoit en outre que ces agents " sont habilités à effectuer
toutes recherches et tous recoupements jugés utiles et plus généralement
disposent dans leurs fonctions des mêmes prérogatives que les fonctionnaires
des impôts des administrations nationales ".
!

Dans le même sens, les pouvoirs des agents des douanes (droit de
visite, droit de communication, constatation des infractions douanières ... ) sont
fixés par les titres 2 et 12 de l'acte n°8/65 du Conseil des Chefs d'Etat portant
Code des douanes de l'U.D.E.A.C. (42).
De la même manière, ce Conseil a fixé le statut des conseillers fiscaux
(43) et celui des experts comptables et comptables agrées (44), soumettant

(39) Une remarque s'impose quant à l'application dans l'ordre interne des normes
communautaires étudiées. Régulièrement adoptés, les actes et décisions du Conseil
des chefs d'Etat et du Comité de direction de l'Union sont non seulement obligatoires
mais aussi exécutoire de plein droit. Autrement dit, et selon l'expression consacrée,
ces actes et décisions sont directement applicables dans les Etats membres de
l'U.O.E.A.C., sans réception préalable par le droit national. Du seul effet de leur
publication, ils s'imposent un jour franc après l'arrivée du Journal Officiel de l'Union,
.dans la capitale de chaque Etat membre, aux Gouvernements, aux personnes
physiques ainsi qu'aux tribunaux. Ainsi, en tant que normes inférieures sur le plan
hiérarchique, les textes législatifs, et à plus fortes raisons, les règlements doivent être
sinon conformes du moins compatibles avec les normes communautaires.
(40) fixant les mesures d'application de l'acte 98106/C0/108 portant création d'un
fichier central de comptabilité concernant les entreprises soumises à l'impôt suivant le
régime du bénéfice réel et d'une brigade de vérification de comptabilité inter-Etats, in
J.O.R.U.C. 15 Juillet 1972.
(41) complétant l'acte n°4-72-CD-308 fixant les mesures d'application de l'acte 98-66-
CD-108 portant création d'un fichier central de comptabilité concernant les entreprises
soumises à l'impôt suivant le régime du bénéfice réel et d'une brigade de vérification
de comptabilité inter-Etats, in J.O.R.U.C. 1er Août 1973.
(42) Voir acte n°8/65/UDEAC du 14 décembre 1965 portant Code des douanes de
l'U.D.E.A.C. in JORFC 1er janvier 1966, p.119 et suiv.
(43) Cf. acte n°30/UDEAC/398 du 19 décembre 1984 portant statut de la profession de
conseil fiscal en UDEAC.
(44) Cf. acte n°4/70/UDEAC/133/2 du 27 novembre 1970 (in JORFC 1er avril 1971,
p.524), modifié par l'acte n°2/UDEAC/133/2 du 18 decembre 1971 (in JORUC 15 juillet
1972 p. 124) portant statut des experts comptables et comptables agrées ..
34

ainsi l'exercice de ces professions libérales à un agrément accordé par te


Comité de direction.
Il importe de préciser, à ce stade de l'analyse, que l'organisation du
contentieux communautaire - ou de ce qui en tient lieu - est fort déficiente
quant à la protection effective des droits des particuliers et à la sauvegarde du
droit communautaire.
Le Traité de l'U.D.E.A.C. n'a pas prévu de juridiction chargée de veiller à
l'application du droit de l'Union.
Certes, l'inexistence d'une telle juridiction est palliée à certains égards
par la fonction arbitrale qui est assignée à des organes communautaires (45).
Mais cette formule, bien entendu, ne donne nullement satisfaction (46).
C'est, par défaut, le juge national qui·apparaît comme étant le seul juge
du droit communautaire.
Cette solution connaît également des limites, notamment lorsque la
requête portée devant la juridiction nationale est dirigée contre un acte d'une
instance communautaire.
L'incompétence du juge national et l'absence de juridiction
communautaire privent ainsi les professionnels libéraux agrées par les organes
de l'Union de tout moyen juridictionnel de protection de leurs droits.
La garantie du droit communautaire est donc à renforcer car ses
faiblesses actuelles restent un facteur important d'ineffectivité et d'inefficacité
du droit édicté par les instances communautaires.
Une fois déterminé les autorités compétentes pour habiliter à contrôler
les activités privées se pose le problème de la nature juridique de l'habilitation
accordée.

(45) Il en est ainsi notamment du Conseil des Chefs d'Etat qui, selon l'article 7 du
Traité de Brazzaville, arbitre les différends qui peuvent surgir entre les Etats membres
en ce qui concerne /'application du présent traité.
(46) En ce sens, voir notamment J. M. BIPOUN· WOUM, Le droit international
africain, Paris, L.G.D.J., 1970, pp. 244 et 256.
CHAPITRE 11

LES DIFFERENTES CATEGORIES D'HABILITATION A


CONTRÔLER LES ACTIVITES PRIVEES

L'habilitation a pour objet de définir les conditions dans lesquelles le


contrôle des activités privées sera exercé. Elle fixe les objectifs assignés, les
moyens juridiques, techniques, économiques et financiers qui seront utilisés, la
durée dans laquelle l'habilitation elle-même est enfermée.
Ce cadre constitue le contenu de l'habilitation. Cette dernière se
présente en pratique sous des appellations très diverses : Habilitation,
délégation, autorisation, mandat, commission, lettre de mission, investiture,
nomination, contrat. Ces termes correspondent à des actes de nature
différente. Les uns sont de nature contractuelle, les autres de nature unilatérale
(Section 1).
Toutefois, cette diversité ne doit pas faire perdre de vue leur profonde
ressemblance. En principe, toutes ces habilitations aboutissent à faire naître
une situation de représentation : la personne habilitée agit au nom et pour le
compte d'une autre personne, le plus souvent _la personne habilitante, et les
actes de gestion sont directement imputables à la personne représentée
(Section li).
Bien plus, elles s'assortissent de contrôles rigoureux (Section Ill).

SECTION 1. LE CARACTERE DUALISTE DE


L'HABILITATION

L'intérêt de la distinction entre les habilitations de nature contractuelle


(&.Il.) et les habilitations de nature unilatérale (&.I.) paraît se situer sur le plan
financier, la situation de !'habilité étant mieux protégée par le contrat que par
l'acte unilatéral.
36

§1. LES HABILITATIONS UNILATERALES

De nombreuses habilitations à contrôler les activités privées sont faites


sous forme unilatérale.
Tout d'abord, ainsi que l'a indiqué M. SABIANI, "certains types qualifiés
d'habilitation unilatérale réalisent le transfert d'une compétence que l'habilitant
en principe ne saurait exercer lui-même. C'est le cas pour la nomination ou
l'élection ... opérées par un habilitant dont la seule compétence est précisément
d'habiliter" (1 ).
Ensuite, et à l'inverse, la délégation de compétence obéit à un régime
r
juridique dont les traits originaux sont bien connus (2). Elle se caractérise par le
"dessaisissement total du déléguant" (3).
En pratique, " toute délégation est toujours un transfert de compétence,
l'investiture d'un organe par un autre organe" (4). Il en résulte que le déléguant
ne peut plus exercer sa compétence dans les matières déléguées.
La délégation est faite en outre in abstracto au profit du titulaire d'une
fonction déterminée et non d'une personne dénommée. Elle subsiste en
conséquence malgré les changements de titulaires. De plus, le déléguant n'est
pas responsable des décisions prises par le délégataire qui est l'auteur réel des
décisions prises par délégation.
La délégation n'est pas seulement utilisée entre agents ou organismes
publics; elle permet également de transférer à une personne privée des
attributions dont une personne publique est en principe titulaire.
Par exemple, le décret n°88/859 du 8 juin 1988 (5) prévoyait : "
délégation de compétence est donnée au ministre de la Santé publique pour
accorder les autorisations d'installation en clientèle privée des médecins,

(1) Cf.- F.SABIANI - " L'habilitation des personnes privées à gérer un service
public ", AJDA, 1977, p. 7.
(2) J.C.. GR05HEN5 - " la délégation administrative de compétence ", D.1958,
Chr. pp. 197-204.
(3) M. HECQUARD - THERON - Essai sur la notion de réglementation, Paris,
LGDJ, 1977, p.166.
(4) J.C.. GR05HEN5 - "la délégation administrative de compétence ", D.1958,
Chr. 197.
(5) accordant délégation de compétence au miAisti-e de la Santé publique in JORC,
ter juin 1988 p. 957.
37

pharmaciens et chirurgiens dentistes ainsi que les autorisations d'ouverture des


laboratoires d'analyses médicales ".
Ce texte est aujourd'hui caduc (6) car en 1990 le législateur a conféré
aux ordres professionnels la compétence pour délivrer les autorisations
nécessaires à l'exercice des professions libérales (7).
La délégation se pratique aussi dans le cadre de l'U.D.E.A.C.
Le Comité de direction n'exerce aucune compétence propre; il n'agit que
par délégation du Conseil des chefs d'Etat (8).
Le terme " délégation de compétence " semble être essentiellement
employé pour conférer un pouvoir d'autorisation à une autorité; à la différence
de la commission, très souvent utilisée pour qualifier l'habilitation dont les
1

agents d'exécution du contrôle sont titulaires.


Plusieurs exemples peuvent être cités pour illustrer cette constatation :
" Dans l'exercice de leurs fonctions, les agents des Douanes doivent
être munis de leurs commissions d'emploi faisant mention de leur prestation
de serment; ils sont tenus de l'exhiber à la première réquisition " (9).
" Les inspecteurs du Travail habilités à exercer leurs activités dans
le cadre des dispositions du titre VII du Code du travail sont pourvus
d'une commission délivrée par le ministre ... La présentation de cette
commission par le fonctionnaire intéressé peut être exigée par tout employeur
auprès duquel est effectuée une opération de contrôle ou d'enquête" (10).
" Les agents de la Brigade inter-Etats de vérification sont titulaires
d'une commission délivrée par le Secrétaire général de l'Union précisant leur
qualité et constituant un laissez-passer permanent" (11 ).
" Les agents qui auront été retenus pour les contrôles des prix, des
poids et mesures ... recevront une carte de commission qu'ils devront
présenter aux commerçants qu'ils seront amenés à contrôler" (12).

(6) Seul le pouvoir d'autoriser l'ouverture des laboratoires médicaux relève


actuellement de la compétence du ministre de la Santé. Ce pouvoir lui a d'ailleurs été
conféré par le décret n°90/1465 du 911111990.
(7) Avant 1990, les ordres n'avaient qu'un pouvoir consultatif. Ils inscrivaient certes
leurs futurs confrères aux tableaux mais cette inscription ne valait pas autorisation
d'exercice comme en France.
(8) Voir, art. 15 du traité constitutif de l'U.D.E.A.C.
(9) article 51 du Code des douanes de l'U.D.E.A.C. précité.
(10} article 61 du décret n°88/1488 DU 7 octobre 1988 portant réorganisation du
ministère du travail, in Cameroon Tribune n °4250 du 26 octobre 1988, p. 11.
38

La plupart de ces agents " commissionnés " sont diplômés de !'Ecole


Nationale d'Administration et de Magistrature' de Yaoundé, (ENAM). Ils ont en
conséquence une formation technique hautement spécialisée indispensable
pour certains contrôles. Il en va ainsi notamment pour les inspecteurs et
contrôleurs des Régies financières, pour les inspecteurs et contrôleurs du
Travail, des Prix, des Poids et Mesures.
Les autres ont " un bon niveau d'instruction "; ainsi que le précise très
justement ia circulaire n°044/MINDIC/CAB/CTI du 11 octobre 1988 portant
réglementation du contrôle des prix au Cameroun (13) :
" .. .Dans toute la mesure du possible, seuls seront autorisés à effectuer
les opérations de contrôle des prix les agents titulaires au minimum du Brevet
d'Etudes du Premier Cycle, (BEPC), ou d'un-diplôme équivalent".
Une dernière catégorie « d'agents commissionnés » est constituée par
des cadres formés à l'étranger (14) ou à l'intérieur du pays (15).
Au fond, la commission étudiée n'est pas sans rappeler "les lettres de
commission " dont étaient pourvus sous l'Ancien Régime les fonctionnaires
chargés d'exercer le contrôle au nom du Roi (16).
En droit positif, les expressions utilisées pour qualifier les habilitations
unilatérales à contrôler les activités privées sont donc variées. Mais elles
correspondent toujours à l'idée que la situation juridique de !'habilité résulte de
la seule volonté de l'habilitant.
L'habilitation unilatérale est précaire. C'est, semble-Hl, ce qui ressort de
l'article 53 du Code des douanes de l'U.D.E.A.C. : "tout agent des Douanes
qui est destitué de son emploi. ... est tenu de remettre immédiatement à son
administration sa commission d'emploi ... et de rendre ses comptes ".

(11) Voir article 6 de l'acte n°16/73/C0/308 du 18 juin 1973 précité.


(12) Voir circulaire n°044/MINDIC/CAB!CTI du 11 octobre 1988 portant réglementation
du contrôle des prix au Cameroun, in Cameroon Tribune n°4243 du 17110188.
Dans le même sens, voir art. 15 de l'ordonnance n°72/18 du 17 octobre
1972 " Les agents du contrôle des prix peuvent, sur présentation de leur
commission .... etc."
( 13) Voir supra, note n °12.
(14) C'est notamment le cas des inspecteurs des pharmacies. Voir art.. 22 et suiv. de la
loi n°90/35/ du 10:08:1990.
(15) Ainsi en est-il des inspecteurs des assurances formés à /'Institut International des
Assurances de Yaoundé (Cameroun).
(16) Cf. J .L. MESTRE - Introduction historique ·au droit administratif français,
Paris, P.U.F, 1985.
39

Ainsi, la puissance publique peut toujouts, et à n'importe quel moment,


mettre fin à l'habilitation unilatérale, qu'il y ait faute ou absence de faute de la
personne habilitée; sous réserve, bien entendu, de respecter les droits de la
défense en cas de sanction et d'indemniser !'habilité en l'absence de faute de
sa part.
En définitive, " toute compétence est nécessairement limitée " (17).
Concrètement, les procédés unilatéraux d'habilitation (18) limitent l'étendue et
le cadre géographique des pouvoirs des organes de contrôle.
Un exemple choisi parmi beaucoup d'autres l'atteste :
" Dans le ressort de leur territoire, les agents des impôts assermentés
ayant au moins le grade d'inspecteur ont le pouvoir d'assurer le contrôle et
1

l'assiette de l'ensemble des impôts ou taxes dues par le contribuable qu'ils


vérifient " (19).
Ces dernières remarques sont également valables lorsque l'opération
d'habilitation a une nature contractuelle.

§.Il. L'HABILITATION DE NATURE CONTRACTUELLE:


LE MANDAT

En théorie, les modes contractuels d'habilitation sont extrêmement


divers: régie intéressée, affermage, concession de service public, mandat...
Il s'agit ici moins de les étudier en soi (20) que d'essayer d'analyser le
seul contrat consacré par le droit positif et qui constitue une habilitation à
contrôler les activités privées.
La doctrine s'accorde à reconnaître qu'en droit public si le terme mandat
est assez souvent employé, il a généralement un sens spécifique.

(17) A. BALDOUS - Le principe de spécialité en droit administratif français,


Thèse Droit, Aix-Marseille Ill, 1974 .p. 463 et suiv.
(18) Pour l'utilisation du terme même "habilitation", voir, par exemple, loi n°88/017 du
16 décembre 1988 sur l'activité cinématographique: " les agents désignés pour la
constatation des infractions.... doivent se munir de leur carte professionne((e et
d'habilitation lorsqu'ils posent un acte de leurs fonctions ", art. 21, in Cameroon
Tribune n°4291du22 décembre 1988. Dans le même sens voir, art.23, loi n°88/016 du
16112188 sur la publicité, in Cameroon Tribune n°4354 du 23 mars 1989.
(19) Voir art. 269 du Code général des impôts.
(20) Pour une vision d'ensemble sur ces habilitations contractuelles, voir :
J.P.NEGRIN - L'intervention des personnes morales de droit privé dans l'action
administrative, op. cit. pp. 67-75.
40

C'est ainsi qu'il est utilisé comme synonyme de fonction élective : on


parle alors de mandat parlementaire ou ·de mandat municipal dont les
problèmes ne sont nullement résolus par les règles civiles et contractuelles du
mandat, l'élu étant dans une position statutaire et non contractuelle (21 ).
Le mandat proprement dit, c'est-à-dire le contrat par lequel une
personne donne à autrui le pouvoir de faire quelque chose en son nom et pour
son compte, ne semble donner lieu qu'à de rares applications en droit
administratif (22).
Sans doute, comme l'a souligné M. SABIANI, " le mandat contrat
administratif est-il une entité aux frontières mal définies" (23).
Mais la majorité des auteurs ne voient à priori aucune raison de retenir
en droit administratif une notion qui s'écarterait des règles du droit civil.
Ainsi, par exemple, pour le Professeur NEGRIN, " la définition du
mandat en droit administratif n'a pas été affectée par sa transposition du droit
privé en droit administratif " (24).
De la même manière, M. MAZERES estime que ".... l'économie générale
du mandat en droit administratif reste celle que consacre le droit privé " (25).
Il en résulte que le mandataire ne peut rien faire au-delà de ce qui est
porté dans son mandat; qu'il a l'obligation de rendre compte de sa gestion au
mandant qui doit, en revanche, lui rembourser toutes les dépenses engagées
dans l'exécution du mandat.
A la différence du concessionnaire qui agit à ses risques et péril (26), le
11
mandataire est, sauf exception, révocable ad n.utum ".

(21) Cf. F. SABIAN/ - " L'habilitation des personnes privées à gérer un service
public ", article précité, p. 13. "En droit public, écrit-il, le mandat électif n'est pas un
acte contractuel; il est indéniable que l'utilisation du terme "mandat" s'explique par la
puissance du mythe du contrat dans la société libérale, mais l'élu se trouve dans une
situation statutaire ". Dans le même sens, voir - A. COUDEVYLLE - " La notion de
mandat en droit administratif", in AJDA 1979, pp. 9 et 10 notamment.
(22) On le retrouve notamment dans la procédure contentieuse pour la représentation
de L 'Administration devant la Cour Suprême statuant en matière administrative. En ce
sens voir article. 3 de la loi du 8 Décembre 1975 fixant la procédure devant cette Cour,
ainsi rédigé : "La partie qui ne comparan pas en personne peut se faire représenter
par un mandataire ou un avocat ".
(23) F. SABIANI - article précité, p.13. " L'accord... ne s'est pas fait sur une
définition unique .... ".
(24) J. P. NEGRIN - op. . p. 74.
(25) J. A. MAZERES-" Que reste-t-il de la jurisprudence " Société Entreprise
Peyrot"?... Mélanges Paul COUZ/NET, 1975, p. 502.
41

En plus, les actes juridiques et les faits dommageables accomplis par le


mandataire privé sont imputables à la personne publique mandante (27).
Enfin, à la différence du concessionnaire, qui se rémunère sur l'usager,
la rémunération du mandataire n'est pas un bénéfice résultant de sa gestion;
elle est un salaire qui n'est dû que dans la mesure où la convention l'a prévu.
Cette forme d'habilitation contractuelle à contrôler les activités privées
est d'apparition récente au Cameroun (28).
C'est en 1988 que le Gouvernement a mandaté, pour une période initiale
de deux ans (29), la Société Générale de Surveillance (S.G.S.) (30) pour
exécuter la vérification dans les pays fournisseurs des biens à destination du
pays.
'
Les raisons du recours à cette personne morale de droit pnve pour
surveiller nos importations sont bien connues (31) et il importe de les mettre en
relief.

(26) Il ne peut être mis fin à la concession que dans des conditions strictement
déterminées. Cf. MAZERES, art. cité p.502 et A.COUDEVYLLE, art. précité, p.20.
(27) Cf. Notamment : J.P. NEGRIN - op. cit. pp.193, 288, 311 et suiv. De même, B.
LEROUSSEAU - " La responsabilité des personnes privées gérant un service
public", in AJDA, 1977, p.403.
(28) Ce type d'habilitation était jusqu'en 1988 ignoré du droit administratif camerounais
en raison notamment de l'interventionnisme accentué de l'Etat. Les auteurs
n'évoquaient que la concession de service public; toutefois, comme l'a noté M. Joseph
BINYOUM, " la concession de service public est rarement utilisée à l'heure actuelle ",
in Cours polycopié de droit administratif, op.Git. p.82. Un tel silence s'explique, à
notre avis, par la rareté de ce procédé. Sur le contrat d'affermage, voir R.G. NLEP -
Note sous arrêt n°14/CAICS du 27 octobre 1988, Penant, 1991 p.276.
(29) renouvelée le 1er décembre 1990.
(30) La Société Générale de Surveillance (S.G.S.) dispose d'un réseau international de
159 sociétés réparties sur l'ensemble des cinq continents. A l'heure actuelle, elle
emploie plus de 21000 personnes, spécialistes en produits agricoles, en produits
pétroliers et en minerais, ingénieurs et techniciens, chimistes, spécialistes de biens de
consommation et des inspecteurs spécialisés en douanes et en économie.
Afin d'assurer /es analyses et les tests de qualité des produits inspectés, 152
Laboratoires - S. G. S. sont disponibles et localisés stratégiquement autour du globe.
Le groupe S.G.S. est structuré autour de six divisions principales : produits
agricoles, minerais, produits pétroliers, affaires économiques, biens non destructifs.
Son siège est à Genève (Suisse) .. ./...
La S.G.S. a crée un bureau de liaison à Douala et une antenne à Yaoundé afin
d'assurer la liaison nécessaire avec les administrations ainsi que l'information
adéquate des opérateurs économiques. Sur tous ces points, le lecteur intéressé
pourra approfondir avec le Dossier d'information de S.G.S. Cameroun. Dans le
même sens, voir ANNEXE N° 1 : Le Réseau S.G.S. P. 2 5 4.. .
(31) Pour les raisons générales, voir J. P. NEGRIN - L'intervention des personnes
morales de droit privé dans l'action administrative; op.cit, pp. 21-30.
(32) Cette durée est de 2 ans renouvelable.
42

Cette intervention de la Société Générare de Surveillance s'explique par


le désir de remédier à l'impuissance ou à l'inadaptation quantitative et surtout
qualitative de !'Administration et non de l'associer à l'action administrative.
Il s'agit donc bien ici « d'une intervention - moyen ,, en ce sens qu'elle
est limitée dans l'espace et dans le temps au domaine et à la durée strictement
nécessaires (32). Les raisons en sont plus techniques que politiques, à l'inverse
de l'intervention-fin qui sont plus politiques que techniques.
Les témoignages de commentateurs forts d'une grande expérience du
monde administratif confirment cette analyse.
De l'avis, par exemple, de M. OMBE NDZANA (33), "ce qui caractérise
le commerce extérieur du Cameroun aujourd'hui, c'est bien l'ampleur de la
f
fraude fiscale .... Cette fraude se décompose en plusieurs techniques dont la
plus courante est la sous-facturation ou la surfacturation à l'importation; ce qui
constitue un manque à gagner pour le Gouvernement, malgré les efforts de
sévérité actuels des services douaniers .... On voit mal, conclut-il, comment un
organisme public national pourrait remplir pleinement cette mission tout
simplement parce qu'il ne disposerait pas de la logistique appropriée .... ce qui a
amené la plupart des pays à solliciter ces organismes spécialisés " .
C'est donc pour renforcer le contrôle des importations que l'Etat
camerounais, à l'instar de certains pays africains ou sud-américains (34), a fait
appel à la S.G.S.
En réalité, la qualification du contrat liant la puissance publique à la
Société Générale Surveillance qui collabore avec elle n'est pas à priori très
aisée.
L'incertitude à cet égard vient notamment du fait que les textes
prévoyant l'intervention de cette société anonyme n'emploient pas
expressément le terme" mandat".
Il en est ainsi notamment de l'article 2 de la loi n°88/007 du 15 juillet
1988 (35) instituant une taxe d'inspection et de contrôle des marchandises à
l'importation : " Cette taxe est perçue sur toutes les marchandises soumises à
l'inspection et au contrôle d'un organisme privé ou public chargé par le

(33) in " Surveillance des importations : un levier décisif du plan anti-crise ",
Cameroon Tribune n°4186 du 27 juillet 1988 p. 2.
(34) Voir ANNEXE N°2, les clients de la S.G.S (Services aux Gouvernements) P.!t52.
(35) Ce texte de loi est fournit en ANNEXE N°3. P 25 3,
43

Gouvernement de la suNeillance des importations "; ou encore du décret


n°88/1285 du 23 septembre 1988 portant application de cette loi (36).
Pour lever cette incertitude, il suffit de lire avec attention le " Dossier
d'information de la S. G. $-Cameroun " (37) ou encore de se reporter à une
Attestation de Vérification, délivrée par cet organisme, sur laquelle il est écrit :
11
Emise conformément à la réglementation des importations en
République du Cameroun, selon notre mandat, nous avons inspecté et trouvé
la marcha~dise conforme en qualité, quantité et prix Il (38).
Il s'agit bien ici d'une convention de mandat.
Il n'est dès lors pas étonnant que la Société Générale de SuNeillance
soit, en pratique, rémunérée par un salaire.
'
Ainsi, l'importateur paye systématiquément une taxe dont le taux est de
0,95% de la valeur FOB (39) des marchandises concernées à la Société
Générale de SuNeillance (40). Celle-ci verse le produit de la taxe d'inspection
et de contrôle des marchandises à l'importation dans un compte spécial ouvert
au nom du Cameroun à cet effet, dans les livres de la Banque des Etats de
l'Afrique Centrale dont le siège est à Yaoundé.
En retour, l'Etat paye sur la base de 15% des recettes douanières les
seNices de la société (41 ).
En conséquence, il est permis de penser que lorsque l'occasion se
présentera, le juge administratif camerounais, à l'instar de son homologue
français (42), ne manquera pas d'attribuer le caractère administratif aux actes
unilatéraux pris par la Société Générale de SuNeillance, et notamment à
!'Attestation de Vérification qu'elle délivre, en considérant que celle-ci agit
comme représentant de la personne de droit public qu'est l'Etat.

(36) V. article 3 " /'inspection et le contrôle des importations sont effectués par les
services de l'Etat ou par un organisme spécialisé habilité à cet effet", ANNEXE N°4. P.254,
(37) Mars 1989. Le terme mandat y est employé à plusieurs reprises. Dans Je même
sens voir arrêté n°302/CAB!PR du 17 avril 1989. art.1 al.3. "Le directeur de la filiale
camerounaise mandaté par le Gouvernement ... peut assister avec voix
consultative aux réunions du comité... ".
(38) Voir en ANNEXE N° 5, un exemplaire de cette attestation. e.z55.
(39) Sigle de l'anglais Free on Board, en français à bord.
(40) Avec un minimum de perception de 55000 Fr. CFA par livraison. Voir art. 4 al.2 du
décret n°88/1285 du 23 septembre 1988 portant application de la loi n°88/007 du
151711988 précitée.
(41) Sources: Entretiens, bureau de liaison de la SGS de Yaoundé, août 1990.
(42) Voir, par exemple, C.E. 5 mai 1972, Société d'E:quipement de l'Inde contre Sieur
ALLAIN, AJDA, 1973, p.52.
-1-1

SECTION Il. LES FORMES D'HABILITATION COMME


SOURCES DE REPRESENTATION

Les habilitations unilatérales (&.I.) et contractuelles (&.Il.) à contrôler les


activités privées permettent à !'habilité d'intervenir comme représentant.

&.I. LES HABILITATIONS UNILATERALES


A REPRESENTER

L'habilitation unilatérale permet génératement à !'habilité d'exercer le


contrôle pour le compte de la personne habilitante (A).
Mais, elle peut également conférer à !'habilité le pouvoir de contrôler au
nom d'une autre personne que la personne habilitante (8).

A) L'HABILITATION A CONTRÔLER AU NOM


DE LA PERSONNE HABILITANTE
L'habilitation unilatérale fait très souvent de !'habilité le représentant de
la personne habilitante.
Ainsi, par exemple, l'agent nommé agit au nom de la collectivité qui l'a
nommé (cas du fonctionnaire). De la même manière, l'élu intervient en matière
de contrôle pour le compte de la personne morale dont les électeurs sont des
organes (cas du Maire).
La délégation de signature joue un rôle semblable.
A l'inverse de la délégation de compétence qui peut faire naître à la fois
l'action pour son compte personnel et la représentation, la délégation de
signature est uniquement source de représentation. Elle est appliquée à
l'attribution d'une compétence qui ne sera exercée qu'au lieu et place de
l'autorité déléguante. Elle ne modifie pas l'ordre des compétences : les
décisions prises par le délégataire le sont au nom du déléguant et pour son
compte, " la délégation de signature visant seulement à décharger le
45

déléguant d'une partie de sa tâche en lui permettant de désigner une sorte de


fondé de pouvoir» (43) .
Cette analyse est confirmée par l'espèce OYIE TSOGO Joseph, objet du
jugement n°36 rendu par la Chambre administrative de la Cour suprême le 6
Mai 1982, en ces termes :
"Attendu que les pouvoirs que le décret du 9 Novembre 1978 reconnaÎt
au Secrétaire général de la province ne lui confère aucune autonomie vis-à-vis
du Gouverneur dont il reçoit d'ailleurs délégation de signature qui ne dessaisit
pas le déléguant au profit exclusif du signataire délégué".
Dans toutes ces hypothèses, il y a identité entre l'habilitant et le
représenté. Ce qui n'est pas toujours le cas en pratique.

B) L'HABILITATION A CONTRÔLER AU NOM D'UNE


TIERCE PERSONNE : LA SUBSTITUTION
Ce mode d'habilitation est généralement utilisé pour pallier une
défaillance. Comme on l'a fait remarquer, il " vaut dessaisissement et
quelquefois correspond à une sanction " (44) .
Il se confond avec la notion juridique de substitution, définie comme
étant:
« une mesure d'exécution forcée permettant à !'Administration d'agir au lieu et
place d'une personne ou d'une collectivité, publique ou privée, défaillante, et
qui, dans sa nature même, constitue une prérogative de l'Etat, et dans ses
conséquences affecte les intérêts ... » (45) de cette personne ou collectivité.
Dans ce cas, l'autorité substituée intervient non pas pour son propre
compte, mais pour le compte de la personne dessaisie, dans le patrimoine de
laquelle les actes de gestion produisent leur effet.
La substitution est une technique consacrée par le droit positif
camerounais dans des cas exceptionnels.
Ainsi, relativement au chef de l'exécutif communal, le décret du 25 Mars
1977 régissant l'exercice de la tutelle communale énumère de manière très
précise et très limitative les hypothèses dans lesquelles les autorités centrales

(43) Conclusions ROMIEU sur C.E. 2 Décembre 1892, Lebon, p. 838.


(44) Voir F. SABIANI -, art précité. p.14. --
(45) o. VIGNES, "La notion de substitution ", R.D.P., 1960, 753.
46

peuvent se substituer à ce dernier. L'article 34--~précise à cet égard que " dans
les domaines relevant de leurs compéten.ces respectives, le ministre de
!'Administration territoriale, le gouverneur et le préfet peuvent, selon le cas, se
substituer d'office au délégué du Gouvernement ou au Maire, lorsque celui-ci
refuse, après mise en demeure écrite, soit d'effectuer un acte prescrit par les
lois et règlements, soit d'exécuter ou de faire exécuter une délibération
devenue exécutoire ou une décision de justice passée en force de chose jugée
Il

&. Il. LES HABILITATIONS CONTRACTUELLES


A REPRESENTER

La doctrine dans son ensemble admet que le procédé contractuel qui fait
naître incontestablement une situation de représentation est le mandat.
" Lorsque l'habilitation à gérer le service public résulte d'une convention
de mandat conclue entre une collectivité publique et une personne de droit
privé, cette dernière intervient nécessairement en qualité de représentant : le
mandat ne peut conférer le pouvoir d'intervenir à un autre titre. Les actes du
mandataire produisent leurs effets dans le patrimoine du mandant, qui est seul
en principe à retirer les bénéfices de la gestion ou à en supporter les pertes "
(46).
Il existe également une habilitation contractuelle que l'on ne range pas
d'ordinaire dans la catégorie du mandat et qui néanmoins fait d'une personne
physique le représentant d'une personne publique : C'est le cas du contrat de
travail liant un agent contractuel à !'Administration (47). L'agent en question
n'agit pas pour son compte mais pour celui de !'Administration.
Les habilitations à contrôler les activités privées ne sont pas seulement
des sources de représentation. Elles constituent en outre les fondements des
contrôles de la puissance publique sur les actes des personnes habilitées.

(46) F.SABIANI -, principal inspirateur de cette sous partie, art précité. p.11.
(47) Sur cette question, voir J. OWONA, DroU administratif spécial de la
République du Cameroun, Paris, Edicef, 1985, pp. 34-51.
47

SECTION Ill. LES CONTRÔLES EXERCES SUR LES


HABILITATIONS (48).

Les actes unilatéraux des organes habilités à contrôler les activités


privées, qu'il s'agisse de décisions exécutoires ou non, sont soumis au contrôle
de la puissance publique. Ce contrôle revêt deux aspects classiques : le
contrôle ad.ministratif (§.1.) et le contrôle juridictionnel (§.11.).

§.1. LE CONTRÔLE ADMINISTRATIF

l...e contrôle administratif des habilitati9ns à surveiller les activités privées


s'exprime juridiquement par la tutelle (A) et le pouvoir hiérarchique (8).

A ) LE CONTRÔLE DE TUTELLE
Les décisions des représentants des personnes morales de droit public
ou de droit privé investis du pouvoir de contrôle sont soumises au contrôle de
régularité des autorités de tutelle.
Ce contrôle consiste essentiellement en un pouvoir d'approbation
préalable, qui traduit l'idée que ces personnes ne peuvent en principe prendre
seules leurs actes administratifs unilatéraux.
Il en est ainsi notamment des ordres professionnels.
En effet, " toute décision du Conseil de l'ordre sur une demande
d'inscription, de réinscription ou d'exercice de la profession en clientèle privée
est soumise à l'approbation préalable de l'autorité de tutelle dès le premier jour
ouvrable suivant cette décision. L'autorité de tutelle dispose d'un délai de trente
jours pour se prononcer. Passé ce délai, la décision du Conseil de l'ordre
devient exécutoire et doit être notifiée au postulant (49).

(48) La plupart des effets de ce contrôle ont été déjà mentionnés incidemment dans
les parties précédentes. Celle section sera donc limitée à quelques principes de base·
du contrôle administratif (tutelle et hiérarchie) et du contrôle contentieux relatif à notre
propos.
(49) Cette disposition est contenue dans toutes les lois régissant les professions
libérales. Voir, par exemple, art. et 36 de la loi n°90/034 du 10 août 1990 sur les
chirurgiens-dentistes; art. 4 et 35 de la loi n°90/037 du 10août 1990 sur les experts-
techniques .... etc....
48

Concrètement, le ministre de la Santé, --par exemple, s'assure que les


autorisations accordées par le Conseil de l'ordre des pharmaciens ou des
médecins sont prises conformément à la " carte sanitaire du pays " avant de les
approuver (50).
De même, selon l'article 67 de la loi n°23 du 5 décembre 1974 " les
actes du Maire ou du délégué du Gouvernement sont communiqués à l'autorité
de tutelle sous plis recommandés. Ils sont exécutoires après visa de cette
. .
autorité ", c'est-à-dire du préfet.
Rappelons qu'au terme de l'article 73 de ce texte, ces autorités
municipales sont habilitées à délivrer les permis d'occupation temporaire des
rues et places publiques ainsi que les autorisations de bâtir.
'
Le préfet peut annuler ou suspendré ceux des dits actes qui violent la
légalité; le texte lui interdit cependant de modifier d'office les dispositions des
actes virtuellement illégaux (51).

B ) LE CONTRÔLE HIERARCHIQUE
La doctrine a très justement noté que le mandat met la puissance
publique " en mesure et en demeure d'exercer une pleine et entière autorité sur
l'organisme exécutant ". Ainsi, " la personnalité du mandataire s'efface derrière
celle du mandant " (52).
Cette analyse est confirmée par le droit positif.
En effet, il ne fait d'abord pas de doute que l'appartenance de la Société
Générale de Surveillance à l'ordre intérieur existe du fait même de l'habilitation
à contrôler des biens à destination de ce pays (53).
De plus, la seule lecture du décret n°88/1285 du 23 septembre 1988 (54)
permet de constater que la Société Générale de Surveillance est subordonnée
au pouvoir exécutif.

(50) Précisons que toute autorisation accordée en violation de la carte sanitaire est
nulle et de nul effet. En ce sens voir, art. 4 de la loi n°90/35 du 10 août 1990 sur les
pharmaciens.; art. al.3 de la loi n°90/36 du 10 août 1990 sur les médecins.
(51) Cf. art. 14 du décret n°91du25 mars 1977 déterminant les pouvoirs de tutelle sur
les communes, les syndicats de commune et les établissements communaux.
(52) Cf. F.J. FABRE et R. MORIN - "A propos d'une décision du Tribunal des
Conflits1 quelques aspects actuels du contrôle des sociétés d'économie mixte ",
RDP 1964, pp.785 et 794. .
(53) Cf. J.P.NEGRIN - op.cit. p.236 : toutes les pétsonnes privées du fait même de
11

11
l'intervention sont soumises à l'ordre intérieur ...

49

L'article 7 de ce texte est ainsi libellé : '' Te ministre chargé du Commerce


délivre les ordres d'inspection et de contrôle, exceptionnellement, des
dérogations en liaison avec le ministre chargé des Finances".
Ce même texte en son article 12 crée un Comité d'évaluation de
l'inspection et le contrôle des importations. Ce Comité " dresse le bilan global et
critique des opérations d'inspection. Il établit le diagnostic et propose des
solutions ainsi que des orientations à donner à cette inspection ... " (55).
A l'égard du mandataire, le pouvoir d'instruction est donc de droit.
Enfin, lorsque le pouvoir de contrôle est conféré par délégation, le
contrôle sera celui exercé normalement par le déléguant sur le délégataire.
Comme l'a justement fait valoir GROSHENS, au sein d'une
1

Administration, " la délégation établie des rapports juridiques directs entre le


déléguant et le délégataire, et quoique le déléguant ne dispose pas d'une
autorité hiérarchique sur les actes pris sur délégation, il possède un certain
pouvoir de contrôle sur le délégataire. Mais le véritable pouvoir du déléguant
réside dans son pouvoir disciplinaire à l'égard du délégataire " (56).
Le contrôle administratif des actes des organes de contrôle constitue l'un
des moyens par lequel se manifeste la haute direction de l'Etat sur la mission
qu'il leur confie. Il ne fait nullement obstacle aux contrôles que peut exercer le
juge.

§. Il. LE CONTRÔLE JURIDICTIONNEL

Le contentieux des décisions exécutoires édictées par les autorités de


contrôle appelle peu de remarques.
Rappelons seulement que le juge administratif veille notamment à ce
qu'une autorité inférieure ne puisse pas empiéter sur les pouvoirs d'une autorité
supérieure et vice-versa. La jurisprudence, on l'a dit, est bien fixée sur ce point
: (57). Il est aussi compétent pour connaître du recours en réparation.

(54) portant application de la loi n°88/007 du 1517188 précitée.


(55) La composition et les règles de fonctionnement de ce Comité ont été fixées par
l'arrêté n°302/CABIPR du 17 avril 1989.
(56) J.C.GROSHENS- " La délégation administrative de compétence", op.cit.
p.204.
(57) Voir arrêt n°678/CCA du 27:12:1957, sieur· NDJOCK Paul contre Etat du
Cameroun
50

CONCLUSION DU TITRE 1

A ce stade de la recherche, il ressort que dans la relation habilitant -


habilité, l'autorité habilitante, tant sur les plans interne que communautaire,
joue le rôle: dominant. Cette constatation n'a rien d'étonnant, puisque les droits
reconnus à l'autorité habilitante de mettre fin à l'habilitation ne sont que la
contrepartie de ceux qu'elle détient pour l'octroyer.
Certes, l'évolution qui s'est amorcée depuis 1964 dans le sens d'une
intégration progressive du fondement juridique du contrôle de certaines
, .
activités professionnelles constitue une solution originale adaptée aux objectifs
qui sont impartis à ce contrôle.
Mais, s'il est vrai qu'une interaction s'exerce entre le droit de
l'U.D.E.A.C. régissant les activités privées et le droit positif camerounais, force
est de reconnaître que le courant d'influence du droit national sur le droit
communautaire paraît, en la matière, plus fort que celui qui agit en sens
inverse; en raison notamment de l'absence de juridiction garantissant le respect
du droit de l'Union et soumettant effectivement à la primauté des normes à
l'élaboration desquelles les autorités nationales ne sont pas directement
associées et dont l'interprétation leur échappe.
Cette situation que l'on espère provisoire, le processus d'intégration
dans le cadre de l'U.D.E.A.C. étant encore en devenir, renforce l'idée selon
laquelle l'Etat assure la haute direction du contrôle sur les activités privées au
Cameroun.
Cette haute direction du contrôle est, en fait, indispensable, car celui-ci
est institué pour permettre à l'Etat d'atteindre certains objectifs précis. Ces
objectifs sont contenus explicitement ou même implicitement dans l'habilitation
à contrôler.

************************
TITRE Il
LES OBJECTIFS DU CONTRÔLE

Il est incontestable que l'Etat Camerounais se trouve confronté à des


tâches particulièrement délicates à savoir : construire une nation à partir d'une
communauté pluriethnique, plurilinguistique, et multiconfessionnelle;
sauvegarder l'ordre public; promouvoir le développement dans un pays aux très
fortes disparités économiques régionales.
Ç)ans ce contexte, le contrôle :st. apparu comme un moyen
indispensable devant permettre à l'Etat d'atteindre de tels objectifs. Ceux-ci
sont parfois complémentaires, mais très souvent divergents; l'extrême diversité
des buts ainsi assignés au contrôle de l'Etat ne rend pas aisée leur
classification.
Il nous semble cependant important de faire une distinction entre les
objectifs du contrôle répondant à la nécessité de satisfaire aux besoins
collectifs indispensables au bon fonctionnement de la société, à savoir la
réalisation de l'unité nationale, le maintien de l'ordre public et le respect de la
réglementation en vigueur (Chapitre 1.) et ceux qui visent à protéger certains
intérêts particuliers et qui, de ce fait, sont essentiellement discriminatoires,
donc créateurs de privilèges. Il en est ainsi lorsque l'Etat cherche à promouvoir
un certain " équilibre économique ethnique et régional " et à protéger certaines
catégories sociales et professionnelles (Chapitre Il.}.

CHAPITRE 1. LA SATISFACTION DES BESOINS COLLECTIFS


INDISPENSABLES AU BON FONCTIONNEMENT
DE LA SOCIETE
CHAPITRE Il. LA PROMOTION DE CERTAINS INTERÊTS
PARTICULIERS ET LA PROTECTION DE CERTAINES
CATEGORIES SOCIALES PROFESSIONNELLES
CHAPITRE 1
LA SATISFACTION DES BESOINS COLLECTIFS
INDISPENSABLES AU BON FONCTIONNEMENT
DE LA SOCIETE

En soumettant les activités exercées par des personnes physiques ou


morales de droit privé à divers contrôles, l'Etat camerounais cherche à
répondre à certains besoins constamment ressentis par la collectivité comme
vitaux pour elle, à savoir : le besoin d'ur:iité (Section.I.), le besoin d'ordre
(Section.li.) et la nécessité de respecter la réglementation existante
(Section.Ill.).

SECTION 1. LA REALISATION DE L'UNITE NATIONALE

L'Etat ne peut se passer de la nation. Il a besoin de se reposer sur une


communauté caractérisée par la conscience de son unité et de la volonté de
ses membres de vivre en commun. Ce postulat de la doctrine française
classique a pris en Afrique noire un accent particulier.
En effet, pénétrés de l'idée que la nation est à construire et qu'elle est
marquée en l'état actuel par la fragilité, le. constituant et les dirigeants
camerounais conviennent de nécessité de la mettre à l'abri des forces de
désintégration.
Pour atteindre à l'unité nationale, il faudra susciter une conscience
nationale. Ceci se fera essentiellement par la voie du contrôle des activités
constituées sous la forme associative (&. Il).
Sans doute, une évocation des principales raisons de la quête de l'unité
nationale peut-elle aider à mieux comprendre le sens de sa consécration
comme un des buts du contrôle (&.1).
53

&.I. LES RAISONS DE LA QUÊTE


DE L'UNITE NATIONALE

Le Cameroun ne manque pas d'atouts, dont chacun a son revers. Il est,


fondamentalement, à la fois riche et fragile (A) d'une exceptionnelle diversité
(8).
A) LA DIVERSITE ETHNIQUE ET CULTURELLE
Le Cameroun est un pays polytethnique. Sa diversité de races et de
tribus lui a valu diverses qualifications dont, notamment, celles d'une " Afrique
en minfature ",d'un" carrefour des races", et" d'habit d'arlequin".
A l'instar des autres Etats Africains, il a été conçu artificiellement par
l'Europe. Ainsi, comme l'a noté le Professeur MVENG, " notre pays n'a ni la
continuité historique de l'Angleterre, ni l'unité raciale de l'Allemagne, ni l'unité
linguistique du Burundi, ni l'unité artistique de l'Italie " 1.
La " carte d'identité " du Cameroun peut en effet se résumer en
quelques chiffres :
-- deux langues officielles (le français et l'anglais);
-- trois grandes religions (le christianisme, l'animisme et l'islam);
-- l'ensemble " des races africaines ", ( des pygmées aux arabes chaos
en passant par les bantous, les soudanais, les peuls ... etc ... );
-- deux cent un (201) groupes ethniques identifiables, affirmant chacune
par une langues distincte, sa personnalité, dont 136 environ dans l'ex-
Cameroun oriental francophone et 65 dans l'ex-Cameroun Occidental

anglophone 2.
La diversité culturelle qui caractérise la société camerounaise est liée,
d'une part à la structure ethnique du pays, d'autre part et surtout au fait que le
pays a été colonisé par la France et la Grande-Bretagne.

1 cité par M. Christopher SHALAI, in " Unité nationale, une dynamique vision
d'espoir pour le Cameroun", Cameroon Tribune n" 4908 du 17 Juin 1991, p.16.
2 ces chiffres sont tirés de: D. GARD/NIER.- Cameroun : United nations Challenge
to french policy, london, institute of race relations, 1963. Voir, en outre, en
ANNEXE n°6 la carte des principaux groupes ethniques du Cameroun. P !b56 ·
54

Il en est résulté que le Cameroun est~--0fficiellement bilingue, anglais-


français; ce qui constitue, répétons-le, un exemple unique sur le continent
africain 3.
Cette diversité ethnique et culturelle semble constituer un obstacle à
l'éclosion d'un sentiment d'unité nationale.

B ) LA FRAGILITE DE LA CONSCIENCE NATIONALE


" Parmi les pays où de graves et difficiles problèmes de construction
nationale se posent encore de nos jours, nous pouvons citer le Cameroun et le
Nigeria. Dans ces deux Etats, l'octroi de libertés publiques risque de
compromettre
t
la réalisation de l'unité nationale (... ). Pour l'heure, l'idée d'une
patrie camerounaise ou nigériane est encore ··une notion abstraite pour de
nombreux ressortissants de ces deux pays. Au Cameroun, la patrie, c'est
surtout la patrie bamiléké ou bassa; de même qu'au Nigeria il y a une patrie
yoruba ou haoussa mais point ou presque de patrie nigériane".
Cette analyse est restée invariable depuis les études forts denses de M.
PROUZET des années 1970 4 jusqu'aux travaux plus récents de MM.
BAYART, FOGUI et KAMTO.
Ainsi, pour le Professeur Maurice KAMTO, " on se sent camerounais
lorsqu'un péril extérieur menace la patrie ou, au mieux, lorsqu'il s'agit de
prouver le Cameroun face à l'étranger. Mais quand passe le défi extérieur et
que nos consciences tribalisées se saisissent à nouveau des enjeux internes,
la nation camerounaise n'existe plus, seules existent les tribus et les ethnies "
5
De même, en conclusion à sa Thèse consacrée à l'intégration politique
au Cameroun, M. FOGUI estime que " le sentiment national n'est certes pas
inexistant, mais il est second par rapport aux autres identifications. On constate

3 Cf. M. PROUZET.- Le Cameroun, Paris, LGDJ, 1974, pp. 59 et suivantes.


4 M. PROUZET.-" Contribution à la notion de liberté publique en Afrique noire,
cas particulier de l'Afrique occidental " in Mélanges G. BURDEA U, p.. 933. Du
même auteur, le Cameroun, op.cit. 28-58.
5 M. KAMTO.- Préface à l'ouvrage de M. KENGNE· POKAM.- la problématique de
l'unité nationale au Cameroun, Paris, l'harmattan, 1986, p. 10.
55

aujourd'hui, poursuit l'auteur, que le tribalism& et le régionalisme imprègnent


toujours les comportements quotidiens" 6.
C'est donc en toute logique que M. BA YART écrit qu' " au Cameroun, il

n'est pas d'activité qui échappe aux sentiments d'appartenance ethnique " 7.
Cette analyse est largement confirmée par les faits :
En effet, comme le souligne M. GAILLARD, " l'omniprésence des
bamiléké ~t l'emprise croissante qu'ils exercent sur l'économie entretiennent
leur image de loups-garous" 8.
Le 31 décembre 1966, 266 bamiléké furent tués à tombe!. Les
populations autochtones, les bakosi, reprochaient aux bamiléké d'avoir acheté
beaucqup de terres et de contrôler le commerce de cette localité
Déjà en 1956, la ville de sangmélima fut le théâtre d'un affrontement
violent entre les autochtones et les bamiléké: les boutiques de ces derniers
furent saccagées et pillées, leurs propriétaires battus 9.
Par ailleurs, récemment, l'on a assisté, après le coup d'Etat manqué de
1984, à " une poussée de fièvre " anti-nordiste dans le Sud.
Le fait majeur à noter, c'est que les dirigeants en sont conscients :
" il ne faut pas se faire d'illusion, déclarait le Président AHIDJO en 1969;
certes, nous avons réalisé l'unité, mais dans nos pays, les unités sont assez

fragiles et le sentiment tribal ou régional est encore très fort " 1O.
L'actuel chef de l'Etat, M. Paul BIYA, partage cette opinion lorsqu'il écrit :
" Notre pays, plus qu'aucun autre en Afrique, se révèle être le lieu de
rendez-vous d'une variété insoupçonnable de forces centrifuges et
antagonistes, d'une infinité de communautés sectaires, voire hostiles, campant

6J. F. FOGUI.- L'intégration politique au Cameroun, une analyse centre-


péripherie, Paris, LGDJ, 199, pp.340-341.
r. J.F. BA YART. L'Etat au Cameroun, Paris, Presse de la F.N.S.P., 1979,p.269.
8 P. GAILLARD.- Le Cameroun, Paris, l'harmattan, 1990, tome2, p.163.
9 Pour d'amples détails sur ces problèmes ethniques avant et après l'indépendance,
voir. PROUZET- Le Cameroun, op.cit.pp.29 et suiv.
10 cité par J. F. CULOT.- Forces traditionnelles et action politique, Paris, l.E.P.,
1968-69, p. 17.
56

face à face en une sorte de veillée d'arme ··permanente où l'évidence des

particularismes ethnico-géographiques est par trop frappante 11 11.


On conçoit, dans ces conditions, que l'unité nationale soit virtuellement
en péril au Cameroun et que les pouvoirs publics soient amenés à recourir à
tout un ensemble de mesures autoritaires, au premier rang desquelles figurent
les autorisations administratives préalables, pour lutter contre les tendances
centrifuges.

&. Il. LES RETOMBEES DE LA LOGIQUE UNITAIRE

~es dirigeants camerounais ne manq~ent aucune occasion de proclamer


leur volonté de réaliser l'unité nationale. Ce thème réapparaît sans cesse, et
cela depuis l'indépendance, dans leurs écrits et dans leurs discours ( A).
Cette préoccupation a été consacrée par le législateur comme un des
buts du contrôle des activités privées ( B).

A) LA CONSISTANCE DE L'IDEOLOGIE
DE L'UNITE NATIONALE
Comme pour bien marquer l'importance que le peuple camerounais
attache à la réalisation de son unité, le préambule de la Constitution du 2 Juin
1972 dispose dès la première ligne :
" Fier de sa diversité culturelle et linguistique, élément de sa personnalité
nationale ... profondément conscient de la nécessité impérieuse de parfaire son
unité ... affirme sa volonté inébranlable de construire la patrie ".
Erigée ainsi en nécessité vitale, l'unité nationale est l'idée force qui a
conduit l'ex-Cameroun occidental anglophone et l'ex-Cameroun oriental

francophone à la réunification en octobre 1961 et à l'unification en Mai 197212.

11 Paul BIYA.- Pour le libéralisme communautaire, Paris, éd. P.M. Favre, 1986,
p.33.
12 Dans ce sens, voir notamment:
- A. KONTCHOU KOUOMEGNI.- " Le droit public camerounais, instrument de
construction de l'unité nationale" in RJPIC, 1979, pp. 415-441.
- Jean - Marie BRETON - " De la tutelle à la République Unie : Réflexions sur la
dynamique unitaire dans l'évolution institutionnet/e du Cameroun indépendant ",
in RJPIC, 1979, pp.183 et suiv.
57

En réalité, sous ce vocable, il s'est-"essentiellement agi de l'unité


territoriale et institutionnelle. Le passage de là conscience tribale et ethnique à
la conscience nationale restait et reste encore à faire. C'est pourquoi ce thème
se retrouve en filigrane dans presque tous les discours officiels.
Pour l'ancien chef de l'Etat, par exemple, " l'Etat, pour être à même de
jouer efficacement ce rôle d'accoucheur de la nation, doit être doté des moyens
nécessaires pour imposer sa volonté aux collectivités particulières, aux patries
secondaires 11 13.
Il est même allé jusqu'à affirmer avec vigueur : " Nous voulons et nous
devons convaincre tous les camerounais de l'impérieuse nécessité de l'unité
nationale "; et, ajoutait-il encore, " (... ) aucun obstacle, aucun intérêt, matériel,
f

sentimental, idéologique ne saurait nous arrêter sur la voie de l'unité nationale


11
14
Cette position est d'ailleurs partagée par M. MOUSSA YA YA qui était
alors un de ses proches Conseillers : " les expressions races, tribus, clans,
doivent être exclues de notre langage, de nos écrits. Nous ne devons penser
que le Cameroun 15.
M. Samuel KAME ne disait pas autre chose lorsqu'il affirmait que " l'Etat
ne peut réaliser son unité qu'en faisant disparaître les particularismes tribaux "
16
Décidé d'aller plus loin dans la voie de la "Construction nationale", le
Président Paul BIYA estime " qu'il faut créer en chaque camerounais les
conditions d'une conscience nationale si profonde que l'attachement primaire et
11
instinctif aux valeurs et intérêts tribaux et régionalistes ne puisse la troubler 17.

13 Cf. A. AHIDJO.- La pensée politique d'hamadou Ahidjo. Montecarlo, éd Paul


BORY, 1968, p.20.
14 A.AHIDJO.- Contribution à la construction nationale, Paris, éd. Présence
africaine, 1964, p. 25.
15 Cité par SADOU DAOUDOU, in " Premier Conseil National de l'union
camerounaise " tenu du 14 avril au 20 avril 1983 à Yaoundé, Yaoundé,
imprimerie colombert, p. 15.
16 in deuxième séminaire de l'union camerounaise, Yaoundé, imprimerie
colombert, p.8.
17 P. BIYA.- pour Je libéralisme communautaire, op.cil. p.33.
58

La nation camerounaise, on le voit, est donc volonté de construire. C'est


un projet à réaliser ou en voie de réalisatibn par le biais des mesures de
contrôle de l'Etat.

.8) LA CONSECRATION LEGISLATIVE DE LA QUÊTE


DE L'UNITE NATIONALE COMME BUT
DU CONTRÔLE DE L'ETAT

Le législateur camerounais a étouffé l'expression des particularismes


11
tribaux et régionaux pour essayer de traduire cette volonté de vivre en
commun " sur le plan politique, culturel, soci~1. commercial.
En effet, selon l'article 4 de la loi n°67/LF/19 du 12 Juin 1967, " les
associations présentant un caractère exclusivement tribal ou clanique sont
nulles et de nul effet".
Est considérée comme association à caractère exclusivement tribal ou
clanique, aux termes de l'alinéa 2 , " toute association qui prétend n'admettre
pour membre que les ressortissants d'un clan ou d'une tribu déterminée, ainsi
que toute association qui, sans écarter explicitement les ressortissants d'autres
clans ou d'autres tribus poursuit, en fait, un but contraire à l'unité nationale ".
La dernière partie de cet alinéa élargie considérablement la portée de ce
texte. Elle est susceptible de rendre difficile l'appréciation par le juge de ce qui
est ou non contraire à l'unité nationale.
De manière plus explicite, l'article 9 de la loi n°90/056 du 19 décembre
1990 prévoit que : " Ne peut être autorisé tout parti politique qui :
-- Porte atteinte à l'intégrité territoriale, à l'unité nationale, à la forme
républicaine de l'Etat, à la souveraineté nationale, notamment par toutes sortes
de discriminations basées sur les tribus, les provinces, les groupes linguistiques
ou les confessions religieuses.
-- favorise la belligérance entre les composantes de la nation (... ) ".
Lorsqu'on sait que " l'affinité ethnique est le principe de regroupement

actif au Cameroun 11 18 ou, de manière générale, que l'association est " un


cadre de regroupement presque indispensable pour l'exercice de la plupart des
59

libertés " 19, on comprend l'intérêt que revêf~cette législation inhibitrice des
forces centrifuges et, conséquemment, stimulatrice des facteurs centripètes de
la communauté nationale.
De son côté, la loi n°66/LF/18 du 21 Décembre 1966 dispose, en son
article 32, que " la publication au Cameroun de tout journal ou périodique en
langues officielles ne peut avoir lieu sans autorisation du ministre chargé de
!'Administration territoriale ".
Ainsi, même le développement des langues locales est en quelque sorte
sacrifié pour faire prévaloir l'unité nationale.
En cherchant à réaliser l'unité nationale par le biais des mesures de
contrôle, l'Etat camerounais répond à la. nécessité d'empêcher le risque
r ~
permanent d'explosion inter--ethnique qui reste, sans doute, le vecteur le plus
puissant de déstabilisation de l'ordre public.

SECTION Il. LA SAUVEGARDE DE L'ORDRE PUBLIC

Il importe d'analyser, avec autant de précision que nous le permet


l'examen des textes, ce que recouvre la notion d'ordre public au Cameroun et
dans quelle mesure l'on peut s'y référer pour limiter l'exercice de la liberté
professionnelle.
Cet essai de détermination des contours de l'ordre public, " qui reflète

l'organisation politique et juridique d'un Etat " 20, permettra d'éviter, en


l'invoquant, " le saut dans l'inconnu ".
Des textes, il ressort à l'analyse que sauvegarder l'ordre public c'est à la

fois, selon une distinction faite par le Doyen DABIN 21, protéger l'ordre dans la
société (&.I.) et protéger l'ordre dans l'Etat au point de vue politique {&.11.).

18 J L.DONGMO, Le dynamisme bamiléké, Thèse Géographie, Paris X, publiée


en 2 tomes à Yaoundé par le CEPER, 1981,. tome1, p.73.
19 Ch DEBBASCH et J. BOURDON.- Les associations, que sais-je? 1985, pp.13 et
14.
20 Cf. P. BERNARD, La notion d'ordre public en droit administratif, Paris, LGDJ,
1962. p.274.
21 Cité par P.BERNARD.- op.cit.p.70.
60

&. 1. LA SAUVEGARDE DE L10RDRE DANS LA SOCIETE

L' ordre public dans la société doit être entendu ici au sens strict, c'est-à-
dire comme excluant le maintien des principes politiques d'organisation de
l'Etat. Il recouvre à la fois l'ordre public général et spécial.
Pour mieux cerner les contours de cet aspect de l'ordre public global, il
importe d'envisager ses principaux éléments tels que les désigne
succinctement l'article 71 de loi n°74/23 du 5 décembre 1974, à savoir " la
morale et la décence publique, l'embellissement des agglomérations de la
commune, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publique".
1
. .

A) LE MAINTIEN DE L'ORDRE MATERIEL


Maintenir l'ordre matériel, c'est protéger la tranquillité, la sécurité et la
salubrité publiques, aspects concrets de la notion multiforme d'ordre public
traditionnel.

1 ) LA PROTECTION DE LA TRANQUILLITE PUBLIQUE


La tranquillité publique est définie en France par la jurisprudence
beaucoup moins comme l'absence de bruits, de troubles extérieurs que comme
le repos des habitants 22. Elle y a une intensité plus grande et justifie des
mesures plus sévères pendant la nuit
Ainsi, la jurisprudence affirme par exemple qu'il appartient au maire
d'interdire pendant la nuit tout bruit de nature à troubler le repos des habitations
23
On peut se demander si cette notion est ou non ainsi entendue au
Cameroun.
Certes, nous ne pouvons malheureusement pas nous prononcer de
manière tranchée, le juge administratif camerounais n'ayant pas encore eu
l'occasion de statuer sur cette question, du moins à notre connaissance.

22 C.E.22 mars 1935, Société Narbonne, Rec. Sireyp.379.


23 C.E. 26 juillet 1933, Justin, Rec. Sirey, 111. 94.
61

Mais compte tenu de la rédaction de l'article 71 alinéa 2 de la loi n°74/23

24 et de celle des articles 22 et 23 du décret n°73/659 25, on pencherait plutôt


pour la première hypothèse.
En effet, selon les dispositions du premier texte, !'Administration doit
veiller à ce que " les rixes et disputes dans les rues, les attroupements, bruits et
rassemblements nocturnes " ne troublent pas la tranquillité publique.
Il ressort ensuite du second texte que les agents de l'autorité
compétente ont accès dans les établissements où sont débitées les boissons à

consommer sur place 26, en vue d'y effectuer tous les contrôles jugés
nécessaires; les dits établissements ne pouvant, à partir de 22 heures, offrir à
leur cli~ntèle les distractions accessoires comme les danses, les musiques que
dans la mesure où toutes les dispositions sont prises pour ne pas troubler" la
tranquillité des voisins.
En se fondant sur ces textes, il semble possible d'affirmer qu'au
Cameroun comme en France la tranquillité publique n'est intéressée que "

lorsque le trouble dépasse la gêne découlant normalement de voisinage " 27;


autrement dit, l'importance des bruits nocturnes notamment est considérée
dans les deux pays comme " pouvant avoir pour effet de perturber les
conditions d'existence de ceux qui résident à proximité des sources de bruits
28
D'une façon générale, les diverses sources d'atteintes à la tranquillité
publique ne peuvent laisser !'Administration indifférente car elles portent en
elles le germe de désordre, donc de troubles à la sécurité publique.

2) LA PROTECTION DE LA SECURITE PUBLIQUE


Protéger la sécurité publique, c'est répondre à la nécessité d'empêcher
la survenance et l'aggravation de divers fléaux et accidents qui menacent les
individus dans leur vie et dans leur biens.

24 sur les communes, précitée.


25 du 22 octobre 1973 portant réglementation des débits de boissons. Rappelons que
ces débits sont actuellement régis par le décret n°90/1483 du 9 novembre 1990.
26 il s'agit essentiellement des ventes à consommer sur place et des boîtes de nuit.
27 P.BERNARD.· op.cit.p.16.
28 Cf. Michel DEXPAX- droit de l'environnement, Paris, Litec, 1980, p.457.
62

Le sécurité publique s'applique notamment à la circulation sur les voies


-
publiques ainsi qu'aux immeubles menaçant ruine.
Dans le cadre de la circulation, les exigences de la sécurité publique
peuvent être réduites en une seule proposition négative : empêcher, tant que
faire se peut, les encombrements dans " les rues, quais, places et voies
publiques communaux".
Le nombre de véhicules circulant sur la chaussée et l'attroupement des
personnes groupées autour d'un point d'attraction sont les causes principales
d'encombrement des voies publiques.
A titre d'exemple, les colporteurs, les chauffeurs de taxis les voitures
publicitaires sont susceptibles de provoquer des encombrements sur la voie
r .
publique. En fait, c'est la gravité des troubles que de telles activités portent à la
circulation qui détermine le régime restrictif auquel peut être soumis leur
exercice.
Au nom de la sécurité publique, la sécurité des passants est également
assurée contre les immeubles menaçant ruine bordant la voie publique.
C'est, du reste, ce qui ressort de l'article 72 de la loi n°74/23 (précitée)
qui prévoit que " le Maire peut, après une mise en demeure restée sans suite
pendant deux mois, faire démolir tout immeuble bâti en infraction au plan
d'urbanisme ou menaçant ruine ". Cette démolition peut être immédiate s'il y a
risque d'effondrement.
A travers la sécurité publique, !'Administration assure enfin la protection
de toute personne se trouvant à l'intérieur O!J à l'extérieur d'un immeuble
quelconque, en qualité de visiteur ou d'habitant.
Comme le précise par exemple l'article 4 du décret n°1467 du 9
novembre 1990 : " en cas d'insalubrité d'un établissement du tourisme, lorsqu'il
menace ruine, ou d'une manière générale lorsque la sécurité des clients est
menacée de façon permanente et notoire, le ministre du Tourisme doit
ordonner sa fermeture".
Souvent, la protection contre les fléaux qui menacent les individus
dépasse la notion de sécurité pour rejoindre les préoccupations de santé
publique.
63

3) LA PROTECTION DE LA SALUBRITE PUBLIQUE


Il est évident, écrit M.BERNARD 29, que " la salubrité est un facteur de
paix, la condition sine qua non de l'ordre dans la cité. C'est le corollaire
indispensable du bon ordre et de la sécurité publique".
Assurer la salubrité publique, c'est répondre au souci d'empêcher, dans
toute la mesure du possible, que les causes d'insalubrité, par leurs conditions
de propagation et leurs répercussions sociales prennent l'aspect de véritable
désastres sociaux.
Pour défendre la salubrité publique, base de la santé publique, l'Etat
peut interdire la constitution ou l'exercice de _certaines activités privées.
C'est notamment le cas de la vente du chanvre indien (drogue) ou de
produits fabriqués à partir de ce stupéfiant 3o. Il en est de même de la vente des

denrées falsifiées 31 ou des animaux atteints de maladies contagieuses 32.


A titre d'exemple, le 8 Juillet 1966, le Maire de Yaoundé a interdit le
lavage des voitures sur les abords des marigots se trouvant à proximité des
routes; car il contribue à la " prolifération des larves de moustiques formées
11
dans les mares d'eau stagnantes •

On sait en effet que ces moustiques sont les principales causes des
maladies tropicales comme la malaria et le paludisme.
Bien plus, cette interdiction était d'autant plus fondée que, généralement,
" ces larves détériorent les abords des routes, par un apport d'eau qui dégrade

le bitume ou la latérite des routes" 33.


Il est essentiel de préciser que les exigences de salubrité sont très
rigoureuses aussi bien sur le plan de l'hygiène individuelle que sur celui de
l'hygiène collective.
Deux exemples choisis parmi bien d'autres illustrent notre propos :
- Pour éviter la propagation des maladies contagieuses, le législateur
oblige les professionnels appelés à manipuler les denrées alimentaires,

29op.cit. p.21.
30 Voir décret n°761214 du 4 Juin 1976 réglementant les substances vénéneuses.
31 Voir art 258 du code pénal camerounais.
32Voir art 260 du code pénal camerounais.
33voir arrêté municipal n°2/66/CPE Yaoundé du 8 Juillet, 1966.
64

destinées à la consommation publique et à la~commercialisation, à subir des


visites médicales annuelles de contrôle sanitaire. Ces visites sont sanctionnées
par la délivrance d'un certificat médical 34.
- Les particuliers sont également tenus de respecter les prescriptions
hygiéniques en matière d'habitat : " tout local de travail doit répondre à des
conditions techniques garantissant une hygiène et une sécurité pour les
travailleurs. A cet effet, les projets de construction, d'agrandissement ou de
transformation des bâtiments servant de lieux de travail doivent être adressés
par l'employeur, avant exécution, à l'inspecteur de Travail pour avis" 35.
A ces trois éléments concrets de l'ordre public s'ajoutent deux autres
éléments subjectifs qui demandent un examen minutieux pour tenter de tracer
t

leurs contours.

B) LE MAINTIEN DE L'ORDRE IMMATERIEL


La protection de la morale et de la décence publique (1) et
l'embellissement de la commune (2) sont les éléments immatériels, subjectifs,
du but d'ordre public assigné au contrôle de l'Etat.

1 ) LA PROTECTION DE LA MORALE ET
DE LA DECENCE PUBLIQUES
Le souci de la puissance publique d'assurer cet aspect de l'ordre public
apparaît dans de nombreux textes.
Selon, par exemple, l'article 11 de la loi n° 88/16 du 16 décembre 1988,
la publicité, quelque soit le support utilisé 36, doit notamment obéir" aux règles
de décence, de morale et de vérité, respecter les traditions de la culture
nationale ". L'article 12 de ce texte proscrit toute déclaration ou présentation
visuelle qui offense " les bonnes moeurs, l'ordre public et la morale en général

34Voir loi n°75/13 (déjà citée) sur l'inspection sanitaire vétérinaire, art 15.
35 Voir article 15, arrêté n°39/MTPS/IMT du 26 novembre 1984 fixant les mesures
générales d'hygiènes et de sécurité sur les lieux du travail..
36 Les principaux supports publicitaires utilisés au Cameroun sont: la radiodiffusion, la
télévision, le cinéma, la presse écrite, l'affiche, les enseignes lumineuses.
65

Enfin, comme le précise l'article 16 du même texte, lorsqu'elle s'adresse


aux enfants et aux adolescents, la publicité " ne doit pas être de nature à
compromettre leur éducation, ni comporter de déclaration visuelle, écrite ou
orale qui puisse leur causer un dommage physique, matériel, mental ou moral

Rappelons que la sauvegarde de la morale et de la décence publiques


entre dans les pouvoirs généraux conférés notamment aux maires par la loi
n°74/23 précitée.
De ces textes se dégage une idée générale : la puissance publique
cherche à s'occuper aussi bien du bien-être matériel que de la perfection
morale du citoyen.
' .
Ainsi, il est d'abord possible que la poursuite de l'ordre matériel, c'est-à-
dire de la tranquillité, de la sécurité et de la salubrité publiques aboutisse à la
défense de la morale et de la décence publiques.
C'est notamment le cas des mesures de contrôle relatives aux jeux de

divertissement 37, aux lieux de débauche 38, ou au proxénétisme. Dans cette


hypothèse, l'ordre public n'intervient que lorsque l'atteinte à la morale "

comporte un degré suffisant de gravité et d'extériorité " 39.


On rejoint ici l'opinion de M. MIMIN selon laquelle," il y a dans un état de
civilisation donné un minimum d'idées morales reçues contre lesquelles on ne

saurait publiquement s'insurger sans scandale grave" 40.


A la lumière des textes précités, il nous paraît ensuite possible
d'admettre que la seule atteinte à la morale et â la décence publiques soit en
elle même un motif justifiant la soumission de l'exercice d'une activité privée à
un régime restrictif, même s'il n'est pas établi que des désordres matériels
risqueraient d'en résulter.
Ainsi en est-il notamment pour les films qualifiés d'immoraux, ou encore,
pour la traite des êtres humains.

37 Voir loi n°89/26 du 29 décembre 1989 fixant le régime des jeux.


38 Voir décret n°9011483 sur les débits de boissons (déjà cité)
39P.BERNARD.- op.cit.p.35.
40 MIMIN.- "Film interdits "D.1956, chr.XIX.
66

En pareil cas, au nom de l'ordre public, les pouvoirs publics cherchent à


s'occuper du " perfectionnement intérieur ", à faire régner une certaine vertu
dans la société.

Ici, en effet, pour reprendre les termes du Doyen RIPERT 41, " le droit
ne doit pas faire régner l'ordre seulement mais aussi la vertu ".
Une observation doit être faire sur ce point : la définition de l'immoralité

42 est tout~ subjective et le pouvoir de !'Administration à cet égard paraît bien


exorbitant. Il en est de même de celle de la notion d'esthétique.

2) LA PROTECTION DE L ESTHETIQUE 1

l,.e législateur a introduit la protection 9e l'esthétique non seulement dans


l'ordre public spécial 43 mais aussi dans l'ordre public général. L'article 71
alinéa 7 de la loi portant organisation communale prévoit " l'embellissement des
agglomérations de la commune" au nombre des buts poursuivis par la police.
Assurer cette sauvegarde, c'est-à-dire celle de l'environnement
architectural ou naturel contre ce qui pourrait l'enlaidir, est bien veiller au bon
ordre; car, " (... ) le discernement du beau est une étape enrichissante vers le
discernement du bien (... ), la promotion du beau concourt à la promotion du
bien" 44.
L'Administration peut donc agir directement en vue de la défense de
l'esthétique.
Ainsi, par exemple, le 18 décembre 1990, l'affichage publicitaire a été
suspendue à Yaoundé. Cette suspension était motivée par " un souci
d'embellissement de la ville "; car " Yaoundé, par sa fonction de capitale
politique et administrative, doit pouvoir servir de vitrine aux visiteur de passage
"; d'où la nécessité de respecter certaines normes dans l'occupation de

41 RIPERT.- "Les forces créatrices du droit" 1955.


42 Sur cette définition, voir Jacques MOURGEON. " de l'immoralité dans ses
rapport avec les libertés publiques ", D.1974, Chr. XLIV.
43 Voir par exemple les articles 33 et 34 de la loi n°4790 du 20 décembre 1990, p.3.
44 Paul BIYA.- Pour le libéralisme communautaire,· op.cit.p.113.
67

l'espace urbain. Selon M.MANI 45, " les anCiens panneaux étaient plantés
partout dans l'anarchie la plus totale " 46.
En incorporant la protection de l'esthétique dans l'ordre public général, le

législateur a introduit " le droit dans le domaine des goûts et des couleurs " 47,
ouvrant par là même la porte à tous les abus; car déterminer le caractère
impératif de l'esthétique est plus délicat qu'apprécier, par exemple, un double
obstacle à la circulation.
Les différentes manifestations de " l'ordre dans la société " ont permis de
constater qu'il s'assimile à l'établissement des conditions qui assurent le plein
épanouissement de l'individu.
r;Jon seulement la notion d'ordre pu!Jlic s'est enrichie mais encore sa
signification a évolué. L'ordre public n'est plus neutre : " il varie, en étendue et
intensité, en fonction des sociétés et, au sein de chaque société, en fonction
des époques, des gouvernements, des circonstances. Il s'est chargé d'une
valeur politique qui le rend particulièrement redoutable pour les droits de
l'homme" 48.

&.Il. LA SAUVEGARDE DE L'ORDRE DANS L'ETAT


AU POINT DE VUE POLITIQUE

L'ordre public est également une arme ayant une fonction de défense
d'un certain ordre quel qu'il soit.
Ainsi que l'a noté le Professeur ROBERT, " maintenir l'ordre, c'est, qu'on
le veille ou non, maintenir un certain ordre, en tout cas, à coup sûr, l'ordre établi
11 49
Or cet ordre repose nécessairement sur un certain nombre de principes
politiques qui caractérisent le Cameroun. Il est dès lors indispensable de les

45 Secrétaire général de la Communauté urbaine de Yaoundé.


46 Passage extrait de: Cameroun Tribune n°4790 du 20 décembre 1990,p.3.
47 P. BERNARD.- op.cit.30.
48 Yves MADJOT, Droits de l'homme et libertés publiques, Paris, Masson, 1976,
p. 130..
49 Jacques ROBERT.-" Libertés publiques et défense", RDP, 1977,p.953.
68

protéger, car toute atteinte grave à ces principes est un facteur d'anarchie
préjudiciable à la paix publique.
11
Bien plus, l'Etat en tant que tel ne peut se laisser détruire sans se

ruiner" 50. Il existe en fait un véritable devoir à la charge de l'Etat d'assurer sa


propre sécurité afin de remplir les tâches qui lui incombent.
Par le biais du contrôle, l'Etat cherche à assurer également le respect
des principes démocratiques (A) et républicain (8) de son organisation.

A) LE RESPECT DES PRINCIPES DEMOCRATIQUES


D'ORGANISATION DE L'ETAT

Le respect des pnnc1pes démocratiques d'organisation de l'Etat est


assuré au non de la protection de l'ordre public.
En effet, le Cameroun a adhéré " à la démocratie représentative,
tempérée par un possible recours au référendum, technique prisée de
démocratie directe " 51.
L'article 2 de la Constitution consacre le principe de la souveraineté
nationale que le peuple exerce " par l'intermédiaire du Président de la
République et des Députés de l'Assemblée Nationale et prévoit que " les
autorités chargées de diriger l'Etat tiennent leurs pouvoirs du peuple par voie
d'élections au suffrage universel direct ou indirecte ".
Le contrôle de l'Etat tend à déf encire ces principes contre tous ceux,
individus ou groupements, qui ont pour objectif d'y porter atteinte par la
violence ou par tout autre moyen illégal.
C'est ainsi, notamment, que les partis et les formations politiques sont
tenus, aux termes de l'article 3 de la Constitution et des dispositions de

certaines lois 52, de subordonner leurs activités au respect des principes de la


démocratie et de la souveraineté.

50 Jean ROCHE.- Libertés publiques, Paris, Dalloz, Béme éd.1987, p.57.


51 J. OWONA.-" la nouvelle constitution camerounaise du 2 juin 1972: de l'Etat
fédéral à l'Etat unitaire ", in Annales de la Faculté de droit et des sciences
Economiques de Yaoundé, n°4, 1973, pp.17 à 42. · ·
52 Par exemple, la loi n°90/056 sur les partis politiques (déjà citée).
69

De manière générale, l'objet de la défense des principes démocratiques


d'organisation de l'Etat est, en pratique, la protection, en vue du maintien de
l'ordre, des organes de l'Etat ou, mieux encore, du régime politique en place.
La nécessité d'une telle préoccupation a été justement soulignée par M.
PELLOUX : " un régime doit se défendre et s'il renonce à le faire, on peut dire
qu'il donne raison à ceux qui cherche à le renverser" 53.
Les Gouvernements successifs du Cameroun ont utilisé, pendant
longtemps, cet impératif de manière extensive pour paralyser l'exercice de
toute activité susceptible de les gêner dans leurs actions politiques.
Avant que le multipartisme ne soit effectivement remis en application en
1990, ils proclamaient " hors la loi " tous ceux qui voulaient exercer des
r

activités politiques en dehors du parti unique de fait; contrairement à l'article 3


de la Constitution ainsi rédigé : " les partis et formations politiques concourent à
l'expression du suffrage. Il se forment et exercent leurs activités conformément
à la loi".
L'attitude du juge administratif ne pouvait que les conforter dans cette
position. L'illustration par excellence de cette attitude est donnée par les faits
de l'espèce SENDE Joseph contre Etat du Cameroun, objet du jugement rendu
le 1er février 1985 par la Chambre administrative de la Cour suprême.
Les circonstances de cette "troublante" affaire, qui offrait pourtant au
juge une occasion idéale de s'opposer à ce qui demeurait une incontestable
régression du droit, sont ainsi résumées par le Professeur NLEP :
" A la faveur d'une succession politique aussi soudaine qu'imprévue, un
vent de libéralisation et de démocratisation souffle sur la vie politique
camerounaise. Le sieur SENDE joseph, s'appuyant sur la Constitution à la
lettre et à l'esprit pluraliste, sollicite du juge administratif le rétablissement dans
la légalité d'un parti qui a longuement défrayé la chronique politique à la veille
comme au lendemain de l'indépendance du jeune Etat camerounais : L'Union
des Population du Cameroun (U.P.C) ".
" Ce faisant, il demande l'annulation de la décision par laquelle, selon
ses propres termes, " le Gouvernement camerounais étouffe arbitrairement les
activités de l'U.P.C. sur toute l'étendue du territoire".

53 Robert PELLOUX.- Le citoyen devant l'Etat, que sais-je ?,p.96.


70

" Manifestement, l'intéressé avait demandé au Gouvernement de


reconnaître l'existence légale de l'U.P.C. conformément aux textes en vigueur.
Or, pour toute réponse, il reçoit de la direction générale du Centre National de
la documentation, l'une des polices politiques, une convocation à l'issue de
laquelle le Docteur SENDE et l'U.P.C. se voient notifier la mise en garde ferme
de mettre un terme à leur activisme politique, sous peine de s'exposer à de
graves ennuis " 54.
Mais l'appréciation hâtive des motifs pertinents soulevés par le requérant
a conduit le juge de l'espèce à occulter le problème de fond qu'il était appelé à
résoudre, à savoir l'illégalité de la non reconnaissance de l'U.P.C., pour
examiner en surface si le requérant justifiait d'un intérêt direct et personnel à
f

l'annulation de l'acte.
Dès lors, il ne pouvait conclure que par la négative.
Le même processus se développait sur le plan syndical. Et, a-t-on
11
notamment relevé, la création en 1972 de l'Union Nationale des Travailleurs
Camerounais (U.N.T.C) était la consécration de l'optique monolithique en
matière politique et syndicale. Après la négation de la démocratie politique, l'on
assistait à la négation de la démocratie économique dont le syndicalisme est
une des composantes. L'U.N.T.C était le prototype idéal de la machine à
étouffer la liberté syndicale; l'option était désormais entre l'appartenance à la
nouvelle centrale et l'illégalité " 55.
En réalité, la tendance était d'être plus sévère pour les associations

intervenant dans la vie politique que pour les autres 56.


Tout ce qui allait contre la conception de la société du Pouvoir en place
préparait de l'irréparable et devait, de ce fait, être non seulement prévenu, par
le biais des autorisations administratives préalables, mais aussi sévèrement
réprimé.

54 R.G NLEP, "Note sous Cour Suprême, Chambre Administrative, jugement du


1er février 1985 ",Recueil PENANT n°792, 1986, pp. 497 et suiv.,. pp. 503-504.
55 L. KAPTUE, " Droit et syndicalisme au Cameroun ", in les Orientations du
Droit du Travail camerounais après la Réforme du 14 août 1992, Revue juridique
africaine, 1994, p. 75.
56 Ce fut notamment le cas pour les syndicats. : - Cf. GONIDEC, Les systèmes
politiques africains, 2ème édition, Paris, L.G.D.J. 1978, p. 68.
71

Cette attitude a logiquement généré -cle délit opinion ainsi que le


conformisme politique; lesquels ont été consa'crés par l'ordonnance n°62/0F/18
du 12 mars 1962 portant répression de la subversion.

Les articles 2 et 3 de ce texte, aujourd'hui abrogé 57, mérite d'être en


partie cités pour mieux expliciter notre propos :
" Quiconque aura, par quelque moyen que ce soit, porté atteinte au
respect dû aux autorités publiques ou incité à la haine contre le gouvernement
(... )ou encouragé cette subversion sera puni".
" Quiconque aura émis ou propagé des bruits, nouvelles ou rumeurs
mensongers, soit assorti de commentaires tendancieux des nouvelles exactes,
lorsque ces bruits, rumeurs ou commentaires sont susceptibles de nuire aux
' publiques, sera puni. .. ".
autorités
Le passage ci-dessous, extrait de l'ouvrage de M. GAILLARD, est
révélateur de cette situation :
" l'insécurité du début a marqué profondément le régime camerounaise.
L'édification des structures politiques fut, sans cesse, accompagnée de la
répression de subversions réelles ou supposées. Face à la réfutation par le fer
et le feu de la légitimité du pouvoir, s'érigèrent une armée tournée vers l'ennemi
de l'intérieur et un appareil policier dont la croissance, devenue sans objet,
s'auto-entretient, fabriquant des ennemis du régime" 58.

B ) LE RESPECT DU PRINCIPE REPUBLICAIN


D'ORGANISATION DE L'ETAT
La Constitution camerounaise affirme et garantit de diverses manières le
caractère républicain de l'Etat : la désignation officielle du pays est :
République du Cameroun (titre 1, article 1er).
L'article 2 interdit d'attribuer l'exercice de la souveraineté nationale à un
individu, proscrivant de ce fait la monarchie et l'article 37 garantit l'intangibilité
de la forme républicaine de l'Etat en interdisant les révisions constitutionnelles
relatives à celle-ci. Le Cameroun est et restera donc une République.

57 par la loi n°90/046 du 19 décembre 1990.


58 P.GAILLARD.- Le Cameroun, op.cit.p.62.
72

La protection de ce principe est incluse dans la notion d'ordre public.


C'est en vue de son maintien que le législatèur interdit tout groupement ayant
pour objectif de porter atteinte par la force à la" forme républicaine de l'Etat".
Le deuxième message du Président BIYA le 10 avril 1984, après le
coup d'Etat manqué du 06 avril 1984 est, à cet égard, très significatif : " ( ... )
Notre pays entend résolument demeurer un Etat fort, apte en toutes les
circonstances à maintenir hors d'état de nuire les ennemis jurés de la
République et du Cameroun, à préserver sa stabilité ( ... ) et avant tout la paix,
l'unité ... ".
Une remarque importante peut résumer l'état du droit positif de ce pays.
Il fait apparaître une certaine préférence pour la défense de l'ordre, sans
r .
qu'apparaisse toujours un souci corrélatif dé limitation des pouvoirs attribués à
I' Administration.
Aussi, un observateur de la vie politique a-t-il pu justement écrire :
« au Cameroun, l'ordre juridique est bâti sur la primauté de l'ordre public.
Cette préoccupation pèse plus lourd sur la balance de Thémis que la défense

des droits des particuliers» 59.


Le désordre dans la société peut naître aussi du non respect de la
réglementation en vigueur.

SECTION Ill. LE RESPECT DE LA REGLEMENTATION


EN VIGUEUR

L'autorité publique veille à ce que les normes posées par les textes
législatifs et réglementaires soient effectivement respectées et à ce que les
infractions qui seraient commises à leur encontre fasse l'objet d'une sanction
adéquate.
Contester la nécessité d'un tel objectif du contrôle aboutirait à
reconnaître aux personnes exerçant des activités privées un véritable droit à la
fraude.
Cette nécessité a d'ailleurs été mise en évidence par la doctrine.

59 M.PROUZET.- Le Cameroun,op.cit.p.233.
73

Pour M. DEMICHEL, dont nous partageons les analyses sur ce point, le


contrôle du respect de la législation en vigueur " est non seulement légitime,
mais indispensable; car( ... ) il est rapidement apparu que ce respect n'était pas
automatique et que la peur du contrôleur était bien souvent le commencement
du civisme " 60.
En outre, " sur le plan pratique, une réglementation dont le respect ne
serait pas _contrôlé serait condamnée à ne pas être appliquée, ce qui serait
aussi préjudiciable à l'intérêt général que dangereux pour l'autorité du
législateur ou du pouvoir réglementaire " 61.
La raison principale qui justifie le développement de cet objectif du
contrôly est la sauvegarde des ressources publiques (&.1.). Les autres motifs
ne sont pas moins importants (&.Il.).

&. 1. LE RESPECT DE LA LEGISLATION SUR


LES RESSOURCES PUBLIQUES

L'impôt peut être défini comme " un prélèvement opéré par voie de
contrainte par la puissance publique et ayant pour objectif essentiel de couvrir
les charges publiques et de les répartir en fonction des facultés contributives
des citoyens " 62.
Manifestation essentielle de la souveraineté, l'impôt s'oppose aux
revenus du domaine et à l'emprunt qui sont _des ressources que l'Etat se
procure en se comportant comme un simple particulier.
En veillant à ce que le contribuable ne cherche pas à éviter le
prélèvement que le fisc prétend opérer sur son patrimoine ou, au moins, à en
réduire l'ampleur, le contrôle fiscal apparaît comme le meilleur moyen pour
prévenir la fuite devant l'impôt.
Ce phénomène de fuite devant l'impôt a des conséquences graves
puisque " au point de vue de la justice, il risque de fausser l'équilibre du

60 A. DEMICHEL, op. cit. p. 27.


61 A. DEMICHEL, op. cit. p. 396..
62 P.M. GAUDEMET - J. MOLIN/ER, Finances publiques. Emprunt / Fiscalité.
Tome 2, Paris, Montchrestien, 1988, p. 92.
'.74

système fiscal en permettant à certains contribuables d'éluder leur charge


fiscale tandis que d'autres la supportent pleinèment.
" D'autre part, ce phénomène compromet le rendement de l'impôt et
diminue les rentrées fiscales.
" Enfin, (... ) il entraîne des distorsions économiques. La fuite devant
l'impôt fausse le jeu de la concurrence : entre deux entreprises rivales c'est
celle qui réussit le mieux à échapper à l'imposition qui risque de triompher alors
que seuls les critères de productivité devraient présider à la sélection des
entreprises par le jeu de la concurrence 11
63.
Le contrôle établi sur les droits d'enregistrement s'inspire d'un objectif
similaire, à savoir assurer l'alimentation du Trésor.
'
En pratique, l'on a pris conscience du fait qu'une législation dont le
f

respect n'était pas assuré était une législation vaine.

&. Il. LE RESPECT DES AUTRES REGLEMENTATIONS

A partir du moment où le législateur et l'autorité réglementaire


descendent de plus en plus dans les détails de la réglementation, les
infractions deviennent beaucoup moins facilement décelables.
li est alors nécessaire qu'un corps de fonctionnaires ait spécialement
pour mission de relever ces infractions. C'est notamment le cas des
Inspecteurs et Contrôleurs du travail.
Dans les contrôles institués pour veiller au respect de la réglementation
existante, les dispositions contenues dans les textes dont il s'agit d'assurer
l'application marquent les frontières du pouvoir d'appréciation de l'agent de
contrôle. Celui-ci peut tolérer des infractions passagères, dans la mesure où
.J. l'estime opportun mais il ne saurait exiger davantage que ne le font les
textes.
Les notions d'unité nationale, d'ordre public et de respect de la
réglementation apparaissent ainsi comme intimement liées. Elles
correspondent à des constantes de la vie sociale, à la différence des autres
buts du contrôle qui sont essentiellement fluctuants.
Chapitre Il

LA PROMOTION DE CERTAINS INTERÊTS


PARTICULIERS ET LA PROTECTION DES INTERÊTS
DE CERTAINES CATEGORIES SOCIALES
ET PROFESSIONNELLES

Le contrôle de l'Etat a souvent pour but, plus ou moins avoué, de


favoriser le développement économique de certains groupes "tribo-régionaux'
ou encore de protéger certains secteurs ou types d'entreprises au détriment de
ceux dont l'activité est considérée comme moins importante au regard de
l'intérêt général.
Ce faisant, l'Etat ne joue plus seulement le rôle d'un gendarme qui
recherche des infractions, mais plutôt celui d'un tuteur qui oriente l'activité
privée dans le sens de l'intérêt commun.
L'Etat " se fait l'instrument plus ou moins actif d'une fonction sociale " 64
au lieu de se borner à garantir les conditions minimales d'exercice d'une activité
privée.
Ces buts du contrôle sont essentiellement fluctuants et nettement
discriminatoires, donc créateurs de privilèges.
L'intérêt général se confond ici avec l'intérêt d'une ethnie, d'une région,
de certains agents économiques. Pour qu'il soit assuré, l'Etat doit non
seulement promouvoir un certains équilibre économique entre les régions et les
ethnies {Section 1), mais aussi protéger certaines catégories sociales et
professionnelles (Section Il).

63 P.M. GAUDEMET - J. MOLIN/ER, op. cit. pp._ 284 ..285.


64 E. PICARD.- La notion de police administrative, Paris, LGDJ, 1984,p.255.
76

SECTION 1. LA PROMOTION D'UN CERTAIN EQUILIBRE


ECONOMIQUE REGIONAL ET ETHNIQUE

L'existence des disparités économiques entre les diverses provinces du


pays n'a jamais été contestée par les responsables de la politique
camerounaise 65.
Au plan de la localisation géographique des activités économiques, un
très grave déséquilibre affectait et continue d'ailleurs à affecter l'économie de
ce pays.
Au moment de la réunification en 1961 et de l'unit ication en 1972, le
sous-développement touchait beaucoup plu~s la zone anglophone que la zone
francophone. Ce déséquilibre se doublait d'une disparité entre les provinces
francophones : le Littoral et le Centre-Sud étaient, de ce point de vue, très en
avance par rapport au Nord, à l'Est et à l'Ouest.
Ces grandes disparités régionales se manifestent clairement dans les
cinq tableaux, fournis en annexe 66, relatifs à l'évolution des implantations
d'entreprises à la date du 30 Juin 1975, c'est-à-dire pratiquement à la fin du
llléme plan quinquennal.
Quelles qu'en soient les causes, le sous-développement de certaines
provinces peut faire naître chez les originaires des régions plus développées un
sentiment de supériorité.
Inversement, il peut engendrer des frustrations chez les ressortissants
des zones sous-développées; et, par conséquent, ce sous-développement peut
entraîner des réactions de repli sur soi, qui peuvent se transformer en réactions
"tribo-régionalistes" parfois dangereuses pour l'unité nationale.
Une telle situation imposait une réorientation des buts du contrôle. Il
devait désormais viser, en même temps que le développement économique et
social de l'ensemble du pays, une réduction de l'écart entre les régions.
Plus précisément, le contrôle des activités exercées par des personnes
physiques ou morales de droit privé devait, dorénavant, permettre à l'Etat

65 Cf. par exemple Paul BIYA.- Pour le libéralisme Communautaire, op.cit .p.89: "
Certaines régions sont moins nanties que d'autres, suite aux aléas de la nature ou aux
accidents de l'histoire ".
66 Voir ANNEXE N°7; P 2~:!/'
77

d'assurer une "répartition équilibrée" des unités économiques dans toutes les
provinces du pays.
Ensuite, l'essor d'une région sous-développée étant aussi tributaire des
facteurs comme le nombre de professionnels commerciaux, industriels ou
libéraux de telle ou telle ethnie de la région concernée, les mesures de contrôle
se devaient d'en favoriser la naissance ou l'accroissement.
Avant d'examiner, sur le plan pratique, les manifestations de l'objectif
d'équilibre économique régional et ethnique (&.IJ), force est de dresser le
constat du recours à ce concept (&.I ).

&.I. LE CONSTAT DU RECOURS AU CONCEPT DE


L'EQUILIBRE REGIONAL ET ETHNIQUE

Conçu et élaboré par le Président Ahmadou AHIDJO (A), le concept de


" l'équilibre régional" a été reçu explicitement et implicitement par le droit positif
(8).

A) UN CONCEPT SYSTEMATISE PAR


LE PRESIDENT AHIDJO
Pour remédier aux inégalités flagrantes de développement entre les
régions du pays, l'ancien chef de l'Etat camerounais a conçu et systématisé le
concept de " /'équilibre régional". Il convient de le laisser parler sur ce sujet :
" Conformément à la philosophie de l'équilibre qui oriente notre
politique de développement, nous avons veillé à ce que les progrès
accomplis concernent toutes les régions du pays et en particulier le Cameroun
occidental...
" En effet, depuis la réunification, le Gouvernement n'a cessé d'accorder
une attention spéciale au développement du Cameroun Occidental dans ~~ but
d'atténuer les disparités existant entre les Etats constituant la fédération
78

( ... )et d'assurer une intégration rationnelle des économies des Etats fédérés en

tenant compte des potentialités de chacun" 67.


Comme le sous-développement affectait non seulement les régions du
Cameroun occidental mais aussi celles du Cameroun oriental, le Président
AHIDJO devait, d'une manière générale, affirmer:
" Nul ne l'ignore, le but ultime de notre politique est d'assurer le progrès
de l'homm~ camerounais, son progrès matériel comme son progrès spirituel
dans le cadre d'une authentique civilisation camerounaise fondée sur
l'équilibre : Equilibre des ethnies et des régions dont nulle ne doit être
défavorisée" 68.
~oucieux d'expliciter davantage sa pensée, il déclare un peu plus tard:
" (... ) L'histoire montre en effet que les nations qui tolèrent les citoyens
de seconde catégorie n'ont pas d'avenir. C'est pour cela que nous veillons à
ce que toutes les régions du pays se développent de manière équilibrée
et que la justice sociale soit respectée. C'est ainsi que nous pourrons
construire l'unité nationale sur des bases solides et inébranlables parce que

fondée sur une diffusion équitable du progrès( ... ) "69.


Conscient du danger que peut éventuellement receler une telle idée, M.
AHIDJO a fait la mise au point suivante :
" Il faut le répéter cependant : le développement équilibré des régions ne
signifie pas que celles qui sont en avance attendent les autres. Il signifie que
l'Etat, qui est le régulateur des activités économiques et sociales de la nation,
se doit d'encourager, par des incitations appropi-iées, les régions qui, pour des
raisons historiques ou sociologiques, accusent du retard à réduire
progressivement l'écart qui les sépare de celles qui sont dans le peloton de tête

du progrès national " 70.


Le concept de l'équilibre régional ainsi systématisé a acquis droit de cité
au Cameroun.

67 Voir discours prononcé le 18 avril 1972 lors de l'inauguration du Centre régional de


la Caisse nationale de Prévoyance Sociale de Buea, in bulletin quotidien de l'ACAP
n°87 du 19 avril 1972 pp.3-12.
68 A. AHIDJO.- Nouvelles perspectives pour la nation, 1970-1975, Yaoundé,
Imprimerie Nationale, p.21.
69 discours prononcé le 7 avril 1979 à l'occas_ion du 20ème anniversaire de
E.N.A.M., in Cameroon Tribune n°1445 du 9141979, p.5.
79

8) LA RECEPTION DU CONCEPT PAR


LE DROIT POSITIF
La prise en compte de l'équilibre régional a conduit à la mise en place
des règles écrites (1) et non écrites (2) qui président à l'octroi des autorisations
administratives préalables à l'exercice des activités privées.

1) LA CONSECRATION DE LA QUÊTE DE L'EQUILIBRE


ECONOMIQUE REGIONAL COMME BUT DU CONTRÔLE
Envisagées d'un point de vue économique, les mesures d'équilibre

régional coïncident en fait avec la politique cPaménagement du territoire 71.


il s'agit, en l'occurrence, de corriger les disparités de développement par
une répartition équilibrée des unités économiques dans toutes les provinces du
pays.
Cette préoccupation est consacrée par quelques textes instituant ou
organisant le contrôle des activités privées individuelles ou collectives ..

Selon, par exemple, l'article 4 de la loi n°80/25 du 27 novembre 1980 72


" les implantations d'entreprises commerciales doivent s'adapter aux exigences
de l'aménagement du territoire, notamment à la rénovation des cités, au
développent des agglomération et à l'évolution des zones rurales".
Ensuite, il ressort de l'article 9 du décret n°82/231 du 17 juin 1980 fixant

les modalités d'exercice de la profession de médecin en clientèle privée 73


que " l'implantation de cabinets médicaux et de formations sanitaires avec ou
sans hospitalisation doit tendre à permettre une meilleure couverture sanitaire
de l'Etat".

70 ibidem
71 M.PROUZET.- Le Cameroun, op cit p.297. Dans le même sens, voir R.G. NLEP.-
L' Administration publique camerounaise, op ,cit p 168: "un pays (.. .) qui fait de
/'équilibre régional l'un des aspects fondamentaux de sa politique d'aménagement du
territoire et de régulation de la justice sociale ".
72 sur l'activité commerciale au Cameroun. Rappelons que ce texte a été modifié par
la loi n° 901031 du 10 août 1990 qui ne contient plus une telle disposition.
73ce décret était édicté en application de la loi n°80I06 du 14 juillet 1980 portant
réglementation de l'exercice de la profession de médecin. Cette loi a été remplacée
par celle n°90/036 du 1Oaoût 1990. Son d~creJ d'application n'étant, à notre
80

Il serait d'ailleurs facile de multiplier de tets exemples 74.


En effet, comme l'a souligné M. PROÙZET dès 1974, " telle qu'elle est
conçue, la politique camerounaise d'aménagement du territoire présente un
double aspects, négatif et positif. Son aspect négatif résulte de la
préoccupation de freiner quelques peu le développement économique du
centre-sud afin de ne pas aggraver le déséquilibre nord-sud dont souffre le
pays ...
" C'est ainsi que certains investisseurs étrangers n'ont pas obtenu, de la
part des autorités administratives, les autorisations indispensables pour pouvoir
s'implanter dans le triangle Douala-Edéa-Yaoundé où est déjà concentrée la
majeur partie du potentiel industriel du pays. En 1973, à t-il ajouté, une
'
importante société américaine de conservés alimentaires dut renoncer pour
cette raison à un projet d'implantation au Cameroun. De leur côté, les mesures
positives (... )visent à aider les régions les moins développées du pays" 75.
Il est essentiel de s'arrêter un instant sur cette période pour relever avec
M. TIXER, " les vues, parfois nationalistes de hauts fonctionnaires camerounais
trop préoccupés de dirigisme" 76.
Compte tenu du fait que l'économie du pays est actuellement fragilisée
par la crise, nous ne pensons pas que les mesures d'équilibre régional puissent
encore s'appliquer stricto sensu aux étrangers désireux d'y investir.
Notre opinion est d'ailleurs confortée par le nouveau code des
investissements, qui a pour " objet de favoriser et de promouvoir les
investissements productifs au Cameroun" 77.
Quoiqu'il en soi, les considérations régionales, telles la boussole,
orientent l'octroi des autorisations administratives préalables au Cameroun.

connaissance, pas encore été élaboré nous considérons donc, dans cette étude, la
disposition précitée comme étant encore valable.
74En ce sens cf. art 4 de la loi n°90/035 du 1010811990 "les autorisations accordées
par la Conseil de l'ordre des pharmaciens doivent être conformes à la carte sanitaire
établie par voie réglementaire".
75 M. PROUZET.- Le Cameroun, op cit p.299.
76 G. TIXER.- " Etude comparée des politiques économiques du Cameroun et de
la Côte-d'Ivoire", in RJP/C, 1973, pp.21-182,. p.40:~
77 voir article.1 de l'ordonnance n°90/007 du 8 novembre 1990.
81

2) LA RECHERCHE IMPLICITE DE L'EQUILIBRE


ECONOMIQUE ETHNIQUE COMME BUT DU CONTRÔLE
En pratique, la recherche implicite de l'équilibre entre les différents

groupes ethniques du pays n'est pas seulement faite sur la plan politique 78;
elle l'est également sur le plan économique.
L'Administration dispose de moyens pouvant lui permettre de connaître
avec précision la province d'origine d'un postulant. Celle-ci est selon l'article 56
du décret n°82/407 du 7 septembre, Il la province donc ses parents sont
originaires ".
Elle peut, dans ce sens, procéder à des enquêtes auprès des services
publics, du lieu de naissance du postulant, riotamment, auprès du Tribunal ou
des services communaux.
Elle peut également demander au postulant de la lui notifier à travers
l'exigence d'une copie certifiée conforme de l'acte de naissance. Cette voie est
la plus utilisée, car dans la plupart des actes de naissances est spécifiée " la
race " des parents ou, plus précisément, leur origine ethnique.
Il est en outre important de préciser que les camerounais sont en fait
capables de trouver, dans 95°/0 des cas sans erreur, le groupe ethnique d'origine
)(.

de leurs compatriotes à la seule lecture ou audition de leur nom.


La prise en compte de l'origine ethnique du postulant permet ainsi à
!'Administration d'effectuer un certain " dosage tribo-régional " lors de l'octroi
des autorisations préalables à l'exercice des activités privées.
Brièvement résumées, les exigences du but d'équilibre économique
ethnique dans le cadre du contrôle se ramènent à ceci : faire en sorte que les
divers secteurs de l'activité privée nationale soient exploités par les

78 parmi les nombreux travaux publiés sur ce point, citons notamment:


--- P. F. NGA YAP, Cameroun : qui gouverne ? Paris, L 'Harmattan 1983, pp. 80-81
: " lorsque M. AHIDJO composait son gouvernement, il ne se préoccupait pas
uniquement de veiller à ce que les représentations provinciales soient assurées, à ce
que les grands équilibres géopolitiques soient respectés. A /'intérieur de chaque
province, if apparaît qu'il réalisait simultanément un micro-dosage qui assurait une
représentation départementale, micro-dosage qui se superposait aux macro-équilibre
géopolitique et permettait de mieux chevaucher les réalités sociopolitiques que sont
les ethnies "
--- N.NKEMEGNI, Contribution à l'étude de -l'équilibre régional au Cameroun,
Thèse li/ème cycle en science politique, Université de Yaoundé. 1982.
82

ressortissants des différents groupes ethniques; pour éviter l'hégémonie de l'un


d'entre eux.
Il apparaît donc qu'au Cameroun, pour favoriser l'émergence d'une
classe d'hommes d'affaires ou de professionnels libéraux dans une province
sous développée ou considérée par le Politique comme telle, l'Etat accorde
souvent la préférence à l'appartenance ethnique et régionale lors de la
délivrance des autorisations d'exercice des activités privées.
Concrètement, un médecin ou un pharmacien originaire de l'Est ou de
!'Adamaoua, par exemple, s'installera plus facilement et plus rapidement en
clientèle privée que son homologue de l'Ouest ou du Littoral.
La preuve de cette affirmation est fournie par les tableaux ci-dessous,
.
qui rendent bien compte de ces deux préoôcupations des pouvoirs publics en
matière de contrôle.

&. Il. LES MANIFESTATIONS PRATIQUES DE


L'EQUILIBRE REGIONAL ET ETHNIQUE A TRAVERS
L'ETUDE DE DEUX PROFESSIONS LIBERALES

Pour illustrer notre propos, il nous est paru d'un grand intérêt d'observer
comment l'objectif d'équilibre régional et ethnique se manifestait dans la
pratique, à travers l'étude des professions de pharmaciens et de médecins
installés en clientèle privée au Cameroun 79.
Les différents tableaux ci-dessous, conçus à partir des données
statistiques fournies en Juillet 1990 par les services du ministère de la Santé
publique du Cameroun, mettent en lumière la prise en compte de la dimension
régionale et du fait ethnique dans l'attribution des autorisations administratives
préalables.

79 Le choix de ces professions mérite d'être justifié. Initialement, nous nous sommes
proposé d'étudier, à titre d'illustration et à travers des données quantitatives précises,
le poids réel de chaque groupe ethnique dans les professions libérales, commerciales
et industrielles. Malheureusement, nous n'avons pas pu disposer, lors de nos
investigations au Cameroun, de matériaux suffisants et fiables pour inclure une telle
étude dans ce travail. Aussi, nous sommes-nous contenté des outils mis à notre
disposition par les services du ministère de la Santé; auxquels nous adressons ici nos
remerciements.
83

A) LA LOCALISATION SPATIALE DES OFFICINES


PRIVEES DE PHARMACIE AU CAMEROUN

NBRE RESTE NBRE

DE A DE
SITES POUR- POSTU-
PROVINCES NOMBRE DE SITES NOMBRE
POUR-
VOIR LANTS
A POURVOIR EN D'HABITANTS
r vus ~

EN 1986
r

1986 1989

Littoral 64 76 60 16 60 1.677.600

Centre 62 72 53 19 69 1.752.300

Ouest 30 35 22 13 14 1.330.300

Sud-ouest 19 23 13 10 10 824.700

Nord-ouest 21 22 8 14 7 1.221.500

Est 13 17 5 12. 1 475.900

Extrême-Nord 14 15 6 9 5 1.727.500

Nord 10 12 5 7 0 607500

Adamaoua 8 8 4 4 2 422.500

Sud 7 7 7 0 0 406.600

TOTAL 248 287 183 104 168 10.446.400

SOURCE : Sous - Direction de la phannacie et de l'équipement sanitaire.


( ministère de la Santé publique du Cameroun, septembre 1990 )

NB : NBRE = Nombre
84

Ce tableau appelle plusieurs commentàires:


1 ) Il rend tout d'abord compte de l'une des préoccupations majeures des
pouvoirs publics en matière de contrôle : aménagement rationnel du territoire
national et établissement d'un certain équilibre entre les provinces du pays.
L'augmentation du nombre de sites à pouvoir entre 1986 et 1989, dans la quasi
totalité des régions du pays nous conforte dans cette idée.
2 ) Il ressort ensuite du même tableau qu'à travers ces quotas établis par
région ou province, le législateur camerounais, à l'instar du législateur français

80, a voulu non seulement que chaque patient puisse facilement et rapidement
se procurer les produits pharmaceutiques dont il a besoin, mais aussi que
' .
chaque pharmacie fonctionne dans des conditions économiques satisfaisantes
afin de pouvoir assumer au mieux ses obligations en matière de protection de
la santé publique.
3 ) En outre, si l'on se réfère seulement au nombre d'habitants ainsi
qu'au nombre de sites à pouvoir dans les provinces de !'Adamaoua (8 sites à
pouvoir pour 422.500 habitants) et du Sud (7 sites à pouvoir pour 406600
habitants), on peut être tenté de croire que les quotas en matière de répartition
spatiale des officines privées de pharmacie sont établis au Cameroun, comme
en France 81, selon le quorum de population.
Mais, une analyse approfondie de ce tableau nous incline à penser le
contraire.
Ainsi, la région du Nord est plus peuplé·e (607.500 habitants) que celle
de l'Est (475.900 habitants) qui, néanmoins, comporte plus de sites (17) qu'elle
(12).
De même, la région d'Extrême Nord n'a que 15 sites alors qu'elle a un
quotas de population ( 1.727.500) d'une part, supérieur à celle du Littoral
(1.677.600) où il y a 76 sites à pouvoir, d'autre part presque équivalente à celle
du Centre (1.752.300) qui a pourtant 72 sites.
Le même raisonnement peut être appliqué aux provinces du Sud-Ouest
et du Nord-Ouest.

80 Cf. Patrick TALBOT. L'Etat et la profession de pharmacien d'officine " Rev.


Adm oct 1990, p.413. De même, et sur un plan général, voir AUBY et COUSTOU,
Droit pharmaceutique, Paris, Litec, IV volume, (mise à jour annuelle).
85

Il est important de noter que le Centre et le Littoral sont les deux régions
les plus développées du Cameroun tant· sur le plan culturel, politique,
qu'économique 82.
Cette conjonction de facteurs explique sans doute le nombre
relativement élevé de sites à pouvoir dans ces deux provinces ( 72 et 76 ) par
rapport à celui des autres régions.
En outre, le nombre élevé de postulants dans ces deux provinces, ainsi
qu'il ressort du projet de loi n°455/PJUAN relatif à l'exercice et à l'organisation
de la profession de pharmaciens, est " dû à l'attitude des jeunes pharmaciens
qui ne veulent s'installer que dans les grands centres urbains au détriment des
zones rurales qui, pourtant, ont tout .aussi besoin d'une couverture
pharmaceutique ".
En effet, on constate qu'il y a 69 postulants pour 19 sites à pouvoir au
Centre et 60 postulants pour 16 sites à pouvoir au Littoral; alors que dans des
provinces comme l'Est il n'y a qu'un postulant pour 12 sites à pouvoir, dans le
Nord il n'y a aucun postulant pour 7 sites à pouvoir, dans !'Extrême-Nord il n'y a
que 5 postulants pour 9 sites à pouvoir, et dans le Nord-Ouest il n'y a que 7
postulants pour 14 sites à pouvoir... etc.
Il revient ainsi à l'autorité compétente de répondre à l'objectif fixé par la
" carte sanitaire du pays ", à savoir éviter une trop grande concentration de
pharmaciens dans les mêmes localités, en assurant leur répartition de manière
équilibrée dans toutes les régions du pays.
4) Enfin, ce tableau atteste de manière ·fort éloquente que l'octroi des
autorisations administratives préalables est lié à la prise en compte de la
dimension régionale. Il en est de même du fait ethnique, ainsi que permet de la
constater l'analyse des répartitions des formations sanitaires privées.

81 voir supra, note n"BO.


86

11
8) LES REPARTITIONS TRIBQ -'REGIONALES" DES
FORMATIONS SANITAIRES PRIVEES AU CAMEROUN
Pour démontrer que l'octroi des autorisations préalables se fait en
considération de l'appartenance ethnique, nous prendrons une série de
données statistiques qui sont relatives à leur répartition sur le plan national (1 ),
puis au niveau des provinces les plus développées du pays : le Centre et le
Littoral (2). ·
Par formation sanitaire privée, il faut entendre ici " tout établissement
crée par une personne physique ou morale, à l'exclusion de l'Etat, des
collectivités locales et des établissements publics et parapublics 11
83. Dans
cette ca'tégorie, seule les formations sanitaires à but lucratif intéresseront notre
étude, à l'exclusion, bien entendu, des formations sanitaires à but non lucratif
84

Voir. infra. page 86~ABLEAU N° 1.

82 Ajoutons que Yaoundé est non seulement la capitale politique · du


Cameroun, mais aussi le chef lieu de la province du Centre, alors que Douala est le
chef lieu de la province du Littoral et la capitale économit:f'-C d,t,; Cù..->?t.llz..c:>u.n-
83 Voir article premier du décret n° 8711816 du 3 décembre 1987 fixant les conditions
de création, d'implantation et d'ouverture des formations sanitaires privées .
84Les formations sanitaires privées à but non lucratif sont ce/lei qui participent aux
missions de services publics hospitaliers et sanitaires dans les mêmes conditions que
les formations sanitaires publiques. Elles comprennent: les hôpitaux privé'J
confessionnels et philanthropiques, les cabinets médicaux ou dentaires, les centres de
santé développés (CSD), les centres de santé élémentaires (CSE), les maternités, les
centres de protection maternelle et infantile (PMI), les léproseries. V. arrêté n°631 du 3
décembre 1987 portant classification des formations sanitaires privées.
,,,1_) SUR LE PLAN NATIONAL

NOMBRE DE NOMBRE
MEDECINS D'ETRANGERS
ORIGINE CAMEROUNAIS INSTALLES EN
REGIONALE INSTALLES EN CLIENTELE PRIVEE
(
CLIENTELE PRIVEE EN 1986
EN 1986

LITTORAL 53 32
OUEST 53 9
CENTRE 22 21
SUD-OUEST 13 0
NORD-OUEST 10 1
EST 2 0
EXTREME-NORD 1 1
NORD 1 2
ADAMAOUA 0 0
SUD 6 1

TOTAL 161 67

SOURCE : Ces chiffres sont tirés du registre des médecins autorisés à exercer

en clientèle privée, mis à jour le 4 décembre 1986 par le ministère de la Santé

publique. Le fait que " la province d'origine " des médecins camerounais y soit

mentionnée explicitement ne peut que renforcer notre argumentation.


87

2) AU NIVEAU DES PROVINCES DU CENTRE


ET DU LITTORAL

PROVINCE DU CENTRE 1 PROVINCE DU LITTORAL

ORIGINE NOMBRE DE ORIGINE NOMBRE DE


REGIONALE MEDECINS REGIONALE MEDECINS
!

CENTRE 18 LITTORAL 51
OUEST 9 OUEST 38
LITTORAL 2 CENTRE 4
SUD 3 . SUD-OUEST 2
NORD-OUEST 2 NORD-OUEST 1

TOTAL 34 TOTAL 96

SOURCE: Registre des médecins installés en clientèle privée, mis à jour le


4/12/1986 par le ministère de la Santé publique.

En examinant ces tableaux, on est amené à faire un constat essentiel à


nos yeux : la recherche d'un certains équilibre entre les groupes ethniques
inspire la politique d'octroi des agréments à l'exercice de bien d'activités
privées, tant au niveau national que provincial.
En résumé, si l'objectif d'équilibre économique régional et ethnique a des
limites qui seront appréciées ultérieurement, en revanche, il aboutit à donner
l'impression à l'opinion publique que l'activité privée n'est ni concentrée dans
les provinces les plus développées du pays, ni monopolisée par les
ressortissants d'une région donnée.
88

SECTION Il. LA PROTECTION DES INTERÊTS DE


CERTAINES CATEGORIES SOCIALES
ET PROFESSIONNELLES

L'Etat ne peut plus se contenter seulement de surveiller l'initiative privée.


Il est devenu un organe de transformation de la société. Il se charge
aujourd'hut de diriger l'activité économique et sociale de la nation, de
promouvoir un ordre économique, lequel est essentiellement discriminatoire.
Comme le fait valoir M. Paul BERNARD, " L'ordre public du législateur
économique s'inscrit en termes d'intérêts particuliers qui s'épuisent par leur
exercice. Il n'entend protéger que la situation économique et sociale de
certaines catégories de personnes" 85.
Au souci de l'Etat d'écarter ou de limiter, par le biais des mesures de
contrôle, la concurrence étrangère dans certaines branches professionnelles
afin de sauvegarder l'industrie nationale confrontée à l'accroissement des
difficultés de vente (&.I.), s'ajoute celui de protéger les intérêts des
importateurs et des consommateurs (&.Il.).

&.I. LA PROTECTION DE L'INDUSTRIE LOCALE

A l'heure actuelle, nul ne constate que le dynamisme d'une économie se


mesure au nombre, au genre et à la viabilité çles entreprises qui sont créées
chaque année sur le territoire national.
Dans un marché ouvert à la concurrence extérieure, il est essentiel que
le taux de natalité industrielle l'emporte en quantité et en qualité sur le taux de
mortalité par défaillance (liquidation des biens, règlement judiciaire) ou

cessation spontanée d'activité 86.

85 Paul BERNARD, La notion d'ordre public en droit administratif, op.cit.p.38.


86 Michel PEDAMON.- "La liberté d'entreprendre et l'intervention des autorités
publiques " in les autorités publiques et- l'éntreprise privée, colloque de
Deauville, organisé les 5 et 6 juin 1982 par l'association droit et commerce, p.13.
89

C'est pourquoi les pouvoirs publics camerounais ont pris des dispositions
et mis en place des mesures destinées à favoriser l'apparition d'entreprises

nouvelles 87, ainsi qu'à soutenir ou à protéger leur première croissance.


La nécessité d'une telle préoccupation a été, en 1988, mise en relief par
M. TSANGA ABANDA, alors ministre du Développement industriel et
commercial en des termes si importants qu'il apparaît utile de les rapporter :
" La protection est inhérente à toute politique de promotion industrielle.
La nécessité est plus forte encore pour les jeunes industries des pays en
développement disposant de peu de moyens pour affronter égalitairement la
concurrence des industries des pays développés qui ont atteint leur seuil de
performance depuis très longtemps ..
t
,; Pour nous, la protection de l'industrie locale est donc un outil essentiel,
cohérent avec notre politique d'attirer et de maintenir un minimum
d'investissement privé et d'accroitre d'autant notre infrastructure industrielle.
" Enfin, il convient de bien noter que notre système de protection n'est
pas et ne sera jamais une sorte d'assurance de la paresse industrielle, car
nous sommes engagés dans un processus de libéralisation progressive de
notre commerce extérieur connecté sur l'évolution des données mesurables de
notre potentiel de production industrielle" 88.
Autrement dit, les importations des marchandises ne sont souvent pas
faites sans discernement au Cameroun.

Afin de promouvoir un tissu industriel solide et auto-entretenu 89, l'Etat,


à travers le contrôle, peut être amené à favorisé'r l'écoulement des produits des
industriels nationaux, en les protégeant de la concurrence de ceux de leurs
homologues étrangers.
Cet objectif est consacré par l'article 7 de la loi n°90/031 10 août 1990

90 · 11
afin de permettre le développement ou le maintien sur le territoire
national des activités de production, particulièrement exposées à la
concurrence déloyale internationale, des mesures de sauvegardes peuvent être

87 Cf. ordonnance n°90/007 du 8 novembre 1990 portant code des investissements du


Cameroun.
88 in Marchés tropicaux du 21octobre1988, p.2821, "Cameroun 1988 ".
89 L'expression est de J.M. NZEKOUE, " Protectionnisme, la controverse ", in
Cameroon Tribune n°4624 du 19 avril 1990, p.6. -·
90

prises par voie réglementaire concernant l'importation de produits similaires à


ceux fabriqués au Cameroun ".
A l'évidence, cette nouvelle loi régissant l'activité commerciale apparaît
plus libérale que l'ancienne, c'est-à-dire la loi n°80/25 du 27 novembre 1980,
qui avait un esprit protecteur nettement marqué.
On peut d'ailleurs le constater en se reportant à son article 22 qui
prévoyait : " A leur stade de démarrage et afin de leur permettre d'avoir une
emprise sur le marché national, les industries locales sont protégées.
Toutefois, cette protection ne peut être accordée que dans les conditions
suivantes:
-- elle ne doit pas aboutir à un monopole de fait ou de droit sur le marché
national;
-- Les produits concernés doivent être de bonne qualité et répondre aux
exigences de la clientèle;
-- Le prix de ces produits doit être au plus équivalent au prix normal des
produits similaires importés ".
La protection des industries contre les importations de produits similaires
cesse cinq ans au maximum après l'entrée en activité de l'entreprise
intéressée, qui est tenue d'exercer ses activités dans le cadre d'une
concurrence saine et loyale.
On le voit, la nécessité de défendre notre jeune industrie contre la
concurrence étrangère peut donc déterminer le refus ou l'octroi des
autorisations administratives préalables.
Le souci de protéger certains intérêts particuliers justifie en outre les
opérations matérielles de contrôle.

t JI~ LA SAUVEGARDE DES INTERÊTS PARTICULIERS


Le contrôle de l'Etat vise aussi à protéger les intérêts des importateurs 0-)
et des consommateurs(B)

90 régissant /'activité commerciale.


91

A.) LA SAUVEGARDE DES INTERÊTS


DES IMPORTATEURS
Le souci de l'Etat de veiller aux intérêts des importateurs apparaît
clairement dans l'article 1er de l'arrêté n°00145 du 22 novembre 1988 91 :
« afin de protéger l'économie nationale et de sauvegarder les intérêts
des importateurs (... ), toutes les importations au Cameroun doivent
obligatoirement faire l'objet, préalablement aux opérations d'embarquement à
l'étranger, d'inspection de qualité, de quantité, de prix ainsi que d'une
préindication des taux de droits de douanes, droits d'entrée, T.C.A. et taxe
complé'mentaire à l'importation par la Société Générale de Surveillance» 92.
Les intérêts des importateurs sont ainsi protégés face aux risques
inhérents aux échanges internationaux. La vérification des marchandises par
rapport aux spécifications contractuelles constitue pour eux une assurance au
niveau de la qualité, de la quantité et des prix des produits importés et,
logiquement, le consommateur se trouve protégé.

8) LA SAUVEGARDE DES INTERÊTS


DES CONSOMMATEURS
Une définition du consommateur nous est fournie par le législateur. Par
consommateur, il entend:
-- Pour les produits, celui qui les utilise pour satisfaire ses propres
besoins et ceux des personnes à sa charge et non pour les revendre, les
transformer ou les utiliser dans le cadre de sa profession.
-- Pour les prestations de services, le bénéficiaire des prestations 93
Ainsi, le contrôle de l'Etat sur les organismes d'assurances s'exerce
s
dans l'intérêt des assurés, souscripteurs et bénéficiaire de contrats 94.
>(

91 Précisant les modalités d application du décret n°88/1285 du 23 septembre 1988


1

portant application de la loi n°88/007 du 15 Juillet 1988 instituant une taxe d'inspection
et de contrôle des marchandises.
92 sauf dérogations exceptionnelles accordées par le ministre chargé duCcommerce
en liaison avec le ministre des Finances.
93 voir loi n°90/031 sur l'activité commerciale.
94 voir ordonnance n°85/003 sur les assurances, précitée.
92

Dans le même ordre d'idée, il ressort-de l'article 33 du programme


général des échanges que « le ministre chàrgé du Commerce peut ordonner
des contrôles inopinés auprès des entreprises distributrices de biens de
consommation durables dans le cadre de la protection des consommateurs ».

De manière générale, il est de l'intérêt de leur protection de veiller à


l'application des prescriptions hygiéniques et sanitaires sur tous les produits
distribués au Cameroun ( dates de fabrication, de péremption .. ), et de ne pas
laisser s'installer des commerçants qui vendent des produits à des prix abusifs.

* *
93

CONCLUSION DU TITRE Il

· Houphouêt-BOIGNY, Président de la Côte-d'Ivoire, déclarait en 1963:


«Je· préfère l'injustice au désordre, on peut mourir de désordre, on ne
peut pas mourir d'injustice» 95.
Cette attitude semble être essentiellement celle des autorités publiques
camerounaises. Celles-ci se sont attachées à combattre, par le biais du
contrôlé, tout ce qui divise dans le but d'établir un certain ordre qu'elles
protègent.
Assurer cette protection revient à garantir le respect et la stabilité de
certaines règles de droit, qui permettent à chacun de vivre en paix avec ses
semblables, rendant ainsi possible la réalisation de l'unité nationale.
Il paraît ensuite possible d'affirmer que les mesures de contrôle de l'Etat
sont instituées également pour défendre les faibles, les moins forts. Elles ne
visent plus, dans ces cas, à protéger tous les camerounais ou tous ceux qui
habitent le territoire camerounais. La diversité des intérêts particuliers à
protéger l'emporte ainsi sur l'égalité devant la loi.
S'il est vrai que cette rupture d'égalité est, dans certains cas, déplorable,
il convient tout de même de reconnaître _qu'elle est justifiée par des
considérations tirées de l'intérêt général.

****************************************

95 Cité par GONIDEC. - Les systèmes politiques africains, vol 1, p.60.


94

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Sur ·1e plan des principes, les caractères fondamentaux du contrôle de


l'Etat sur les activités privées constituent un ensemble complet et original qui
paraît, à première vue, offrir toutes les garanties que l'on est en droit d'attendre
d'une intervention à la fois apte à réduire puis à éliminer les infractions qui
grèveni lourdement le fonctionnement ainsr que le développement d'un jeune
Etat et à protéger les droits de l'homme.
Mais à y regarder de plus près, on constate que le fondement juridique
du contrôle présente les caractères essentiels de la plupart des institutions
politiques et juridiques des pays en voie de développement.
Il revêt des insuffisances au niveau de la garantie juridictionnelle des
règles communautaires et constitutionnelles qui fondent l'autorité du pouvoir de
contrôle. On sait pourtant que cette garantie est essentielle puisqu'en dépend
l'effectivité des droits consacrés.
Ce contrôle apparaît en pratique comme un des domaines du droit où la
« haute direction » de l'Etat trouve à s'exprimer avec le plus de force, afin de
pouvoir réaliser un but quelconque d'intérêt g~néral. Ce but a une influence
certaine sur la mise en oeuvre du contrôle.

* * *
*
DEUXIEME PARTIE

LA MISE EN OEUVRE DU CONTRÔLE


L'intérêt de l'étude de la mise en oeuvre du contrôle qu'exerce l'Etat sur
les activités des personnes physiques ou morales de droit privé est de
rechercher si ce contrôle est efficace ou non. Cette efficacité s'appréciera
essentiellement par rapport au degré de réalisation des objectifs fixés par les
textes.
~oin de constituer une fin en soi, cett~e analyse n'est effectuée que pour
éventuellement formuler des améliorations. Dans cette optique, elle ne saurait
demeurer purement juridique. Elle doit se prolonger en recherche de science
administrative, voire de science politique.
Nous serons donc amenés à porter notre attention en premier lieu sur
l'exercice du contrôle, qui nous permettra d'indiquer les actes juridiques et les
modalités d'exercice de ce contrôle (TITRE 1).
Notre dernier titre, consacré à la portée du contrôle, nous conduira à tirer
les conclusions de l'analyse entreprise (TITRE Il).

TITRE 1.- L'EXERCICE DU CONTRÔLE

TITRE 11.- LA PORTEE DU CONTRÔLE


TITRE 1

L'EXERCICE DU CONTRÔLE

Pour pouvoir mieux apprécier l'efficacité du contrôle, il est indispensable


d'examiner au préalable selon quels modes et avec quels procédés, ou actes

juridiques, ce contrôle est mis en oeuvre.

CHAPITRE 1.- LES ACTES JURIDIQUES D'EXERCICE DU CONTRÔLE

CHAPITRE Il.- LES MODALITES D'EXERCICE DU CONTRÔLE


CHAPITRE 1

LES ACTES JURIDIQUES D'EXERCICE DU CONTRÔLE

"La mise en oeuvre du droit passe par des


concepts bien définis et un langage clair et
précis. La juriste procède toujours par
qualifications, assimilations et distinctions ".
Jean-Louis BERGEL..-Théorie générale
du droit, Paris, Dalloz, 1985, p. 188.

L'autorisation préalable et la déclaration préalable sont les deux actes

juridiques essentiels ayant pour objet de permettre â l'Etat de s'assurer qu'une

activité privée est, sinon conforme, du moins compatible avec un but

quelconque d'intérêt général.

Les pouvoirs publics camerounais qui u~ilisent ces notions se soucient

peu de les définir. Très souvent, on va le voir, ils dénomment "déclaration" des
1
actes qui ont juridiquement les caractères d une autorisation.

L'on voudrait ici contribuer à les éclaircir, sans d'ailleurs avoir l'ambition

d'étudier de façon exhaustive ces deux concepts, dont le maniement nécessite


beaucoup plus de dextérité qu'il n'y paraît au premier abord.

On s'en convaincra aisément en examinant d1abord l'autorisation

préalable (section 1), puis la déclaration préalable (section Il).


99

SECTION 1

L'AUTORISATION PREALABLE

L'autorisation préalable est un terme générique qui recouvre des

procédés juridiques auxquels le législateur donne parfois des noms très

différents : visa, permis, agrément, liœnœ... etc. (§ Il). Ces procédés ont des

caractères juridiques communs qui permettent d'en faire des mesures de


(

contrôle (§ 1).

§ 1.- SIGNIFICATION DU PROCEDE

Il y a unanimité dans la doctrine quand il s'agit de définir l'autorisation

préalable; les auteurs insistent avant tout sur le degré de contrôle qu'elle

implique.

Elle est, selon M. LIVET, " le procédé dont la caractéristique essentielle

est précisément de permettre, de la part des autorités administratives, un

contrôle très étroit et très localisé de l'activité des particuliers. L'administration

est donc amenée à examiner chaque demande d'une manière spéciale afin de

vérifier l'adéquation de l'activité projetée ou la conformité de l'organisme à créer

avec l'ensemble des impératifs issus tant de l'ordre public le plus strict que de

l'intérêt le plus général" (1).

Sous une forme très voisine, M. MARTRES écrit que" (... ) de tous les

procédés de police, l'autorisation préalable est considérée comme le plus

puissant. Elle permet à l'admir1istration d'obtenir du particulier une sujétion

(1) P.LIVET.- L'autorisation administrative préalable et tes llbertes publiques, op.cit. p.


187.
-1Do

parfaite à ses impératifs, dans la mesure où celui-ci ne peut obtenir l'autorisation

qu'en remplissant, puis en respectant les conditions imposées " (2).

Ces définitions se fondent essentiellement sur la place de l'autorisation

préalable dans l'éventail des modes d'aménagement des libertés publiques. Elle

est, incontestablement, le procédé le plus caractéristique du régime préventif

dans toute sa rigueur : l'activité privée ne peut s'exercer que si l'administration

l'a permis.
1

La nécessité d'une intervention préalable de l'administration, comme le

fait valoir justement le Professeur RIVERO, " met en échec le principe

fondamental selon lequel tout ce qui n'est pas défendu par la loi est permis. Ici,

n'est permis que ce qui a été autorisé de façon expresse ou tacite. C'est la mise
en tutelle de la liberté, c'est-à-dire sa négation " (3); car, en réalité, " ce procédé

ne laisse au particulier que la liberté du projet: le choix entre l'abstention et la

demande d'autorisation " (4). C'est d'ailleurs la principale raison de la

traditionnelle hostilité des libéraux à l'égard du régime préventif, " dont la seule

justification indiscutable réside, en définitive, dans le caractère irréparable du

dommage que l'exercice de la liberté peut entraîner pour la société" (5).

L'autorisation préalable apparaît ainsi comme un moyen permettant de

protéger l'intérêt de tous contre la liberté d'un seul : " elle répond à une

nécessité sociale" (6).

Les pouvoirs publics camerounais semblent prendre argument de cette

nécessité pour étendre davantage l'application de l'autorisation préalable dans

(2) J.L.MARTRES.- Caractères généraux de la police économique, Thèse Droit,


Bordeaux, 1964, p. 109.
(3) J.RIVERO.- Les libertés publiques, tome 1, Les droits de l'homme, Paris, P.U.F,
1987, p. 218.
(4) J.RIVERO.- op.cit. p. 219.
(5) J.RIVERO.- op.cit. p. 222.
(6) J.RIVERO.- op.cit. pp. 189et191.
presque tous les domaines des libertés publiques. Elle prolifère et se multiplie,

non seulement dans le secteur des libertés économiques et de l'usage de la

propriété, mais aussi dans le domaine des droits fondamentaux et des libertés

des personnes physiques, de la pensée et de ses modes d'expression. C'est,

au demeurant, le constat qui ressort de l'inventaire des formes d'autorisation

préalable dans ce pays.

§ 11.- LES FORMES D'AUTORISATION PREALABLE

L'autorisation préalable se présente en pratique sous des formes

diverses : agrément, visa, autorisation, permis, carte professionnelle, licence.

Cet essai de recensement des formes d'autorisation préalable au Cameroun ·

n'aura rien d'exhaustif. Il permettra simplement de montrer ·remploi du procédé

dans tous les secteurs des libertés et de faire apparaître les domaines d'emploi

les plus fréquents à partir desquels semble possible une meilleure connaissance

de l'institution.

A) L'AGREMENT

Quelques précisions préalables sur la notion d'agrément sont

nécessaires afin de pouvoir mieux apprécier le champ d'application.


-102

En doctrine, le tenne "agrément" est utilisé dans deux acceptions

différentes, sinon même opposées, entre lesquelles il convient de se prononcer.

La notion de collaboration entre les particuliers et l'administration est au

centre de la première conception de l'agrément.

Ainsi, M. GEORGEL, qui étudie le plus à fond cette question, estime par

exemple que " l'agrément est une réponse favorable de l'administration aux

destinataires de ses offres d'emploi" (7).

De même, selon M. TRICOT, " l'agrément (... ) se distingue de

l'autorisation proprement dite en ce qu'il n'est pas une simple manifestation du

pouvoir de police, mais implique une certaine collaboration entre celui qui en fait

l'objet et l'administration. Pour cet auteur, le titulaire de l'agrément cesse de se

mouvoir uniquement sur le plan privé, il acquiert un caractère officiel plus ou

moins marqué " (8).

En résumé, selon cette conception, l'individu ou l'organisme ayant obtenu


11
l'agrément devient en quelque sorte " un collaborateur du service public (9).

Cette situation entraîne pour lui à la fois des sujétions et des avantages pouvant

aussi bien être d'ordre financier que d'ordre juridique (10): Comme exemple tout

(7) J.GEORGEL.- "L'agrément administratif",· AJDA, 1962, p. 469.


(8) B. TRICOT.-" L'agrément administratif des insütutions privées", D. 1948, Chr. p.
25.
(9) Selon /'expression de Ph.BRAUD.- La notion de liberté publique en Droit français,
Paris, LGDJ, 1968, p. 107.
(10) Dans ce sens. voir F.BATAILLER.- ,. Les beati possidentes du droit administratif:
les actes unilatéraux créateurs de privilèges ", in RDP, 1965, p. 1053.
Cet auteur croit, en outre, pouvoir distinguer /'agrément de l'autorisation préalable en
considérant que le premier appelle une contrepartie de la part du bénéffciaire alors que
la seconde conférerait des avantages qui sont ,. des privilèges accordés par
/'administration sans contrepartie", p. 1051.
Cette opinion ne nous parait pas admissible; car les autorisations préalables sont
toutes assorties d'une contrepartie à la charge des bénéficiaires: celle de respecter les
obligations dérivant de l'octroi de l'autorisabon et de se confonner aux conditions
auxquelles le maintien de /'autorisation est subordonne.
D'ailleurs, l'auteur est contraint d'en convenir ( pp.1074 et 1075 ).
~03

à fait significatif de cette approche de l'agrément, on citera l'agrément aux

régimes du Code des investissements (11 ).

Les tenants de la seconde conception estiment, pour l'essentiel, que

l'agrément ~st un procédé de contrôle qui, délivré par l'administration ou par tout

autre organisme habilité, concerne la création ou l'exercice d'une activité dans le

cadre des libertés publiques, par un individu ou un groupe entièrement

indépendant de la puissance publique, donc supposé libre de tous ses

agissements. Partagent cette opinion, notamment, MM. DEMICHEL (12)

LIVET (13).

La conception retenue ici est sans hésitation la seconde, c'est-à-dire celle

qui considère l'agrément comme une technique préventive de contrôle ou

encore comme l'acte à partir duquel la création d'une activité privée est

juridiquement réalisée.

Ainsi entendu, l'agrément n'est généralement accordé à une personne

physique ou morale de droit privé que pour telle ou telle catégorie d'activités. A

titre d'exemple, l'article 4 alinéa 2 de la loi n°90/037 du 10 août 1990 organisant

la profession d'expert technique prévoit que " l'agrément précise les spécialités

dans lesquelles le postulant est habilité à exercer ". De même, l'article 35 de

l'ordonnance n°85/003 (14) décide que" l'agrément spécifie les branches et les

sous-branches d'opérations d'assurances pour lesquelles l'entreprise est

agrééé".

(11) Sur ce point, voir l'ordonnance n°90/007 (précitée) relative au nouveau Code des
investissements.
(12) A.DEMICHEL.- op.cit. p. 201.
Pour cet auteur, "l'agrément se caractérise juridiquement par le tait qu'il est une
mesure de contrôle ". "En général, poursuivait-il, il est une condition nécessaire de
/'existence de l'organisme qui y est soumis ", p. 203.
( 1311 P.LIVET.- op.c1t.

p. 66.
- --

(14) Sur l'activité d'assurance. déjà citée.


L'utilisation du procédé peut être relevée dans de nombreux domaines. Il

est en effet exigé pour l'accès aux activités suivantes : professions de la

comptabilité (15), profession de publicitaire (16), profession d'ingénieur-conseil

( 17), médecine du travail ( 18), activités commerciales et industrielles par un

étranger (19), activités d'assurances (20). Le champ d'application de l'agrément

est en pratique plus étendu que celui du visa.

B) LE Vl~A

Le terme visa est employé en matière de contrat de travail. Il permet à

l'inspecteur du Travail et de prévoyance sociale de vérifier si les conditions de

formation du contrat sont réunies (consentement, capacité, objet, licité ) et si le

travailleur est libre de tout engagement. Le visa des contrats d'expatriés (21)

permet notamment d'assurer une protection de la main-d'oeuvre nationale. Le

tenne visa est également utilisé en matière de censure. Dans ce cas, il se définit
n-
comme " le moyen de police préventif consistant en une autorisatiopréalable
~
donnée par l'autorité administrative à une publication de la pensée par voie de

la presse, de la parole, du spectacle, de l'image " (22).

(15) Confonnément à l'article 15 de J'acte n°470/UDEAC/133 du 27 novembre 1970,


les professionnels de la comptabilité sont agréés par Je Comité de direction de
/'U.D.E.A C.
A le date du 2février1990, ce Comité avait eu total agréé: 52 experts-
comptables,6 sociétés d'expertise comptable et 177 comptables camerounais.
Voir réactualisation de cette liste in Cameroon-Tribune n°4572 du 21211990, pp. 20 et
21.
(16) Voir décret n·8911219 du 28 full/et 1989.
A /a date du 25}uln 1990, le ministre de /'Information et de la Culture avait agréé
déjà : 4 agences conseils en publicité et 14 régies de publicité.
Sur ce nombre de sociétés de publicité agréées, voir Cameroon Tribune n"4677 du 13
juillet 1990, p. 18.
(17) Voir art. 7, décret n°90/1463 du 09 novembre 1990.
(18) Voir circulaire n°02065!MTPS du 13 mai 1980.
(19) Cf. art. B de la loi n°85/003 précitée. ,
(20) Cf. ordonnance n°85/003 précitée et ANNEXEs N°·8 et 9 .. f(J:4).-6 ~59 --.260
(21) Cf. art. 31 du Code du trsvail. _. 1
(22) Cf. Vocabulaire Capitant. ~
Le visa trouve enfin une place dans le domaine des importations, à côté
de la licence (23).

C) LA LICENCE

On empruntera à M. LIGNEAU (24) l'énoncé des caractéristiques des

licences. Ces dernières désignent, dans le langage administratif aujourd'hui. "

certaines autorisations administratives indispensables à l'exercice de

commerces ou activités professionnelles dont l'Etat entend ainsi contrôler la


(

qualité, le nombre et le développement " (25). ~

Le procédé peut restreindre ces activités de plusieurs façons :

Certaines licences ont en effet pour objet de limiter l'accès à la

profession; c'est notamment le cas, pour la création et l'exploitation d'une

entreprise privée de radiodiffusion sonore ou de télévision (26), pour les


agences de tourisme c27) , pour l'exploitation des débits de boissons (28), pour

l'exploitation forestière (29).

D'autres déterminent un maximum d'activités autorisées à l'intérieur de la

profession : telles les licences exigées pour l'exploitation des débits de boissons

ou pour l'exercice du transport routier. Ainsi, " -·1a licence de transport routier

fixe les zones ou les itinéraires sur lesquels le transport est autorisé_ Elle

Comme exemple sur ce point, voir décret n °9011462 du 09 novembre 1990, dont
/'article 18 est consacré au " visa d'exploitation ".
(23) L'importation de certains produits spéciaux est soumise au visa technique des
ministères de tutelle. Pour la liste de ces produits, cf. ANNEXE N°lO P~ .:!,(;,' 1 .
(24) Ph.L/GNEAU.- "Un instrument de contrôle des professions: les licences délivrées
par /'administration ", D. S. 1966, pp. 65 et suiv.
(25) Ph.LIGNEAU.- art.cit. p. 66.
(26) Voir art36 alinéa 2 , loin °901052 sur la presse (déjà citée).
(27) Cf; décret n"90/1468 du 9 novembre 1990.
(28) Voir décret n°90/1483 du 09 novembre 1990.-
(29) Voir décret n°83/169 du 12 avril 1983.
--1D6

indique la limitation de la charge utile ainsi que le nombre maximum de

passagers transportables " (30).

Il y en a, enfin, qui fixent un total d'opération à envisager pour une

période déterminée: c'est le cas des licences d'importation dont le délai de

validité " est fixé à neuf mois. Ce délai peut être prorogé de trois mois à

condition que la demande de prorogation soit présentée au plus tard à la date

limite de validité du titre d'importation " (31 ).


r
Dans cette dernière hypothèse, les professionnels sont, généralement,

déjà titulaires d'une autorisation initiale d'exercer. Sur ce point, l'article 2.2.1. du

Programme Général des Echanges (PGE) 1989-1991 ne laisse aucune place à

"l'incertitude: "une fois acquise la décision autorisant l'importation, le

bénéficiaire dépose les projets de licence correspondant pour visa au centre

d'exécution le plus proche, accompagnés de la décision ministérielle".

D) L'AUTORISATION PROPREMENT DITE

L'exigence d'une autorisation à laquelle est subordonnée la possibilité

d'exercer une activité privée est très fréquente en pratique; ce qui explique son

sens générique.

L'usage de l'autorisation peut être relevé dans presque tous les

domaines où l'intervention de l'Etat s'est manifestée ou accentuée récemment:

création d'un Parti politique, formation des associations religieuses, culturelles


et étrangères, fabrication des ouvrages en or (32), exploitation d'une carrière de

sable (33), exploitation d'une eau de source ou d'une eau minérale (34),

(30) Voir art. 6, loi n°90/030 du 10 août 1990 fixant les conditions et les modalités de
/'exercice de la profession de transporteur routier.
(31) Voir art. 2.3. du Programme Généra! des Echanges, (PGE), 1989-1991.
(32) décret n° 67/DF/327 du 27 juillet 1967.
33) Voir décret n°90/1477 du 09 novembre 1990.
(34) Voir loi n·9o/016 du 10 aoat 1990 modmant et cO-mpl~tant certaines dispositions
de la loi n°73/16 du 7 décembre 1973.
-10t

exploitation des laboratoires d'analyses médicales (35), exercice de l'activité

cinématographique (36), installation des établissements dangereux,

incommodes et insalubres (37), exploitation et pratique des jeux de

divertissement (38), exercice en clientèle privée de la profession de médecin, de

pharmacien, de vétérinaire, d'urbaniste, d'avocat.

Il convient de préciser que l'autorisation proprement dite coexiste souvent


avec d'autres formes d'autorisation préalable; ainsi, comme le prévoit par
exemple l'article 22 alinéa 2 du décret rr"90/1467 (39), " l'autorisation de

construction des établissements de touristes classés ne dispense pas le

promoteur de l'obligation d'obtenir un permis de bâtir avant le commencement


des travaux ."

E) LE PERMIS

Le terme permis est fréquemment employé dans le domaine du droit de

propriété" où il se définit comme " l'autorisation administrative préalable

nécessaire à quiconque désire entreprendre une construction et délivré après

vérification de la conformité du projet aux règles d'utilisation du sol applicables

sur le terrain considéré" (40).

Cette définition de M. D.LABETOULE rejoint du reste celle du juge

administratif camerounais pour qui, " le permis de construire est une pièce

(35) Voir décret n"90/1465 du 09 novembre 1990.


(36) Voir décret n°90/1462, déjà cité (note n°22).
(37) Voir décret n°76/372 du 02 septembre 1976 et arrété n°17/MINMENIDMG du 21
octobre 1976 portant application de ce décret.
Pour la nomenclature des établissements dangereux, consulter l'arrêté
n°013/MINEMAJMGISL du 19 avril 1977.
(38) Voir loi n°89/026 du 2911211989.
(39) du 09 novembre 1990 sur les établissements dé tourisme, déjà cité.
(40) Cf. Daniel LABETOULE.- Le pennis de construire, Paris, P.U.F 1982. p. 3.
essentielle, délivrée par les autorités administratives, sans laquelle on ne peut

édifier une construction que l'on soit ou non propriétaire du terrain " (41 ).

On relève aussi le terme permis dans le domaine de la chasse (42) et

dans celui de la conduite.

F) LA CARTE PROFESSIONNELLE

La carte professionnelle est un document établissant des droits au profit

de la personne qui en est titulaire. Elle constitue une catégorie d'autorisation

préalable en ce sens que celui qui s'en trouve démuni ne peut en aucun cas
1

prétendr~ exercer la profession en question (~3).

A titre d'exemple, citons, parmi tant d'autres, les cartes dont doivent âtre

titulaires les courtiers en publicité (44), les journalistes (45), ou encore les

commerçants de bétail (46).

*
A vrai dire, ces formes d'autorisation ne correspondent pas à des

nuances juridiques précises. C'est pour cette raison que la puissance publique

elle-même a tendance à les employer l'une pour l'autre car elles comportent

toutes un élément commun: l'impossibilité d'exereer une activité privée sans

(41) Cf. arrêt n°7/AP/CFJ du 18 mars 1970, EBODE ONANA Rigobert/Commune de


Plein Exercice de Yaoundé.
On peut consulter avec profit cet arrêt dans: Recueil MBOUYOM- tome 1, p.21.
(42) L'acte de chasse est considéré comme" toute action visant à poursurvre. tuer.
capturer, photographier, cinématographier un animal sauvage ou à guider des
expéditions à cet effet ". Tout acte de chasse autre que la chasse traditionnelle est
subordonné à /l'octroi d'un permis ou d'une licence. Sur tout ces points, voir décret
n°83/169 précité.
(43) P.LIVET.- op.cit. p. 58.
(44) Voirloi n°88/016 du 16 décembre 1988 surfa publicité. Selon l'article 8 de ce
texte, "le courtier est un collaborateur d'une agence de régie de publicité rémunéré à
la commission. Il doit être titulaire d'une carte professionnelle délivrée par l~s autorités
compétentes ".
(45) Voir décret n°901060 du 12janvier 1990 portant institution d'une carte de presse,
in Cameroon Tribune n·4559 du 16janvier1990. - - -
(46) Voir art. 2. 1. 5. du Programme Général des Echanges pour la période 1989-1991.
l'accord, l'approbation ou la permission préalable de l'administration; ce qui n'est

pas le cas pour la déclaration préalable.

Avant d'étudier ce procédé, il importe au préalable de se demander si

l'autorisation ainsi définie comporte ou non une limitation de durée.

Certains textes prévoient que l'autorisation est caduque au bout d'un

certain délai. Ainsi, l'autorisation de construire, de transformer ou d'aménager

les établissements de tourisme non classés devient caduque au bout de deux


r

mois à compter de sa notification, s'il n1y a pas eu un commencement

d'exécution des travaux (47). De même, l'article 3 du décret n°67/DF/327 limite

la durée de validité de l'autorisation de fabrication des ouvrages en or à deux

ans. L'article 11 alinéa 3 du décret n°90/1462 décide que l'autorisation de

construire une salle de cinéma est valable pour une durée de deux ans à

compter de sa signature; et l'arrêté n°629 du 03 décembre 1988 autorise

l'exploitation d'une carrière de sable pour une période de quatre ans (48). Dans

toutes ces hypothèses, l'autorisation est très souvent indéfiniment renouvelable

(49).

D'autres décisions autorisant l'exercice des activités privées prévoient

explicitement que la durée de validité des dites autorisations est illimitée (50).

(47) Voir arl.27 alinéa 2 du décret n°90/1467 précité.


Dans le même sens, voir art. 37 de l'ordonnance n°85/003 sur les assurances qui
dispose : "l'agrément devient caduc si l'entreprise qui l'a obtenu n'a pas commencé à
pratiquer dans le délai d'un an pour compter de la date de publication au J.O. de
l'arrêté d'agrément, sauf si sils justifie que !J6ndant es temps sils réalisait au
Cameroun des investissements indispensables au démarrage de son activité ".
(48) renouvelable par période de quatre ans. Pour le texte de cet arrêté, voir. JORC,
janvier 1988.
(49) Sauf cas de modification apportée à l'activité et qui change sa définition initiale. En
ce sens, voir art. 3, décret n°67/DF/327: "l'autorisation de fabrication des ouvrages en
or est valable pour deux ans renouvelable"; ainsi que la note n°48.
(50) Ainsi en est-il, par exemple, de l'arrêté du 10 mai 1989 autorisant M. André
NOKAM, B.P. 150, Bertoua, à exploiter un complexe éfetablissement. Voir notamment
art. 4 de ce texte, in Cameroon Tribune n°4386 du 10 mai 1989, p. 22.
Enfin, lorsque la durée n'est pas prévue, les effets de l'autorisation ne

sont, à notre avis, pas limités dans le temps, sous réserve d'un éventuel retrait

de cette autorisation.

SECTION 11

LA DECLARATION PREALABLE

Si l'autorisation préalable est ,sans aucun doute, un instrument préventif

de contrôle, l'appréciation que l'on peu~ en revanche1 porter sur le procédé de la

déclaration préalable au Cameroun doit être nuancée. Elle apparaît en effet

comme une technique " hybride " dans la mesure où l'on peut en distinguer deux

types selon l'étendue des pouvoirs dévolus à l'administration à savoir, la

déclaration simple et la déclaration assortie d'un pouvoir d'opposition (§ 1). Il

convient en outre de faire observer que l'usage de ce procédé demeure

aujourd'hui très limité (§ Il).

§ 1.- LA SIGNIFICATION DUALISTE DU PROCEDE

La déclaration préalable a une signification différente selon qu'elle est (B)

ou non (A) assortie d'un pouvoir d'opposition de l'administration.

A) SIGN/F/CA TION DE LA DECLARATION SIMPLE

La déclaration simple est " en général exigée pour l'exercice d'activités

que l'administration veut surveiller d'assez loin " (51). Elle est, selon M. DE

(51) P.LIVET.- op.cit. p. 23.


11
LAUBADERE, le procédé qui comporte le moins d'intrusion de l'administration

dans l'activité concernée" (52) ..

En effet, le but de la déclaration simple est " d'informer l'administration

que l'activité privée concernée va s'exercer, afin de lui permettre de réprimer les

infractions éventuelles que cette activité pourrait faire apparaître et d'exercer

une surveillance à cet effet " (53). Des textes sont, sur ce point, extrêmement

précis et ne laissent aucune place à l'incertitude : " l'importation des produits

libérés est uniquement subordonnée à la formalité de déclaration préalable aux

fins de statistiques, d'inspection et de contrôle des importations" (54).

Ainsi, contrairement à l'opinion de M. GARRIGOU-LAGRANGE selon

laquelle " la formalité de la déclaration ne constitue pas, à proprement parler,

une mesure de contrôle ... " (55), nous pensons que la déclaration, fÔt-elle simple

c'est-à-dire non suivie d'un pouvoir d'appréciation de l'administration, contient

toutes les indications nécessaires à l'identification de déclarant. à la nature et à

l'objet de l'activité, lesquelles permettront de contrôler a posteriori l'exercice de

l'activité déclarée.

La déclaration simple se situe donc dans le régime répressif.

Il en résulte que si la déclaration est régulière en la forme et

accompagnée des pièces prescrites par la loi, l'autorité administrative ne

(52) A.DE LAUBADERE.- Traité de Droit administratif, tome 3, val 1, 2ème éd. 1971,
n'?1.
(53) A.DE.LAUBARERE.- op.cit. n'?2. Dans le même sens, voir Ph. LIGNEAU.- "Le
procédé de la déclaration préalable H, in R.D.P. 1976, not. p. 799.: "La logique de la
déclaration est celle d'une infonnation utile. Entendons par là une infonnation
exploitable, susceptible de faciliter /'exercice du contrôle par l'autorité publique
".Toujours dans le méme sens, voir P. Marie MARTIN.- "la déclaration préalable à
l'exercice des libertés publiques", in AJDA, 1975, p. 436: "La déclaration préalable
est un moyen d'infonnation et une source de l'action de la puissance publique ".
(54) Voir art. 2.2.2. du Programme Généra/ des Echanges pour/a période 1989-1991.
(55) ... "dans la mesure où l'autorité publique ne dispose que d'un pouvoir lié et ne
peut en aucun cas s'opposer au dépôt de /a déclaration, dès lors que toutes les
mention3 prévue3 y figurent et qu'elle e3t dépo3ée à.l'administration compétente ", in
J.M.GARRIGOU-LAGRANGE.-Recherches suries rapports des associations avec les
pouvoirs publics, Paris, LGDJ 1970, p. 301.
saurait, sous aucun prétexte, refuser la délivrance du récépissé. Sur ce· Point,

l'article 7 alinéa 3 de la loi n°90/052 du 19 décembre 1990 sur la liberté de

presse ne laisse pas de place au doute : " un récépissé de dépôt de déclaration

est remis par le préfet " signifie évidemment que le préfet a l'obligation de

délivrer le récépissé, quelque irrégulière que lui paraisse l'attribution. Un

exemple similaire est fourni par la loi n°90/055 du 19/12/1990 sur les réunions

publiques. L'article 8 de ce texte est d'ailleurs plus explicite : " le chef de district

ou le sous-préfet qui reçoit la déclaration en délivre immédiatement récépissé".

En revanche, lorsque l'administration ,dispose en vertu des textes de la

possibilité de s'y opposer, on est en présence d'un second type de déclaratio~

plus proche de l'autorisation.

B) SIGNIFICATION DE LA DECLARATION ASSORTIE D'UN POUVOIR

D'OPPOSITION DEL 'ADMINISTRATION

L'article 7 alinéa 1 de la loi n°90/053 du 19 décembre 1990 prévoit : " un

récépissé leur est délivré dès que le dossier est complet, si l'association n'est

pas frappée de nullité ". Cette disposition laisse une marge d'appréciation à

l'administration. Celle-ci a la possibilité de refuser de délivrer un récépissé" aux

associations frappées de nullité ", c'est-à-dire aux associations " fondées sur

une cause ou en vue d'un objet contraire à la constitution, aux lois et aux

bonnes moeurs, ainsi qu'à celles qui auraient pour but de porter atteinte,

notamment_,à la sécurité, à l'intégrité territoriale, à l'unité nationale, à l'intégration


nationale et à la forme républicaine de l'Etat" (56).

Avec ce deuxième type de déclaration, on se trouve en présence d'un

régime plus proche des techniques préventives car elle se combine avec un

pouvoir d'appréciation de l'administration.

(56) Voir art. 4 de la loi n°90/053, précitée.


En pareil cas, pour reprendre les termes de M. LIGNEAU (57), " la

déclaration n'est plus au service d'un régime de liberté : elle est utilisée

simplement comme une sonnette d'alarme pour permettre à l'autorité

administrative de faire prévaloir la politique générale à suivre toutes les fois que

l'initiative du déclarant risque d'en gêner l'application".

Aussi n'est-il pas exagéré de dire que cette forme de déclaration, qui a la

faveur de l'autorité publique camerounaise, constitue en réalité une autorisation

préalable déguisée ou dissimulée. Heureusement qu'elle n'est pas répandue

dans la pratique.

§ 11.- LES DIFFERENTS MODES D'APPLICATION DE LA


DECLARATION PREALABLE

La déclaration préalable est tantôt obligatoire, tantôt facultative (A). Elle

est aussi employée soit à titre exclusif, soit à titre complémentaire (b).

A) DECLARATION OBLIGATOIRE OU FACULTATIVE

La déclaration est obligatoire dans la plupart des cas où elle est prévue.

Ainsi en va-t-il par exemple pour la déclaration d'établissement prévue

par l'article 122 du Code du travail : " toute personne qui se propose d'ouvrir ou

de remettre en activité une entreprise ou un établissement de quelque nature

que ce soit doit, au préalable, en faire la déclaration à l'inspecteur du travail et

de la prévoyance sociale du ressort. La même obligation est applicable en cas

de changement de l'activité, de cessation d'activité, de transfert".

Cette déclaration d'établissement comporte généralement, outre

l'identification du déclarant. des renseignements sur les effectifs des travailleurs

(57) Ph.L/GNEAU.- art.préc. p. 731.


.-1_ 1_ 4-

ainsi que sur la nature et les classifications des emplois. L'inspecteur du Travail

a ainsi, à travers cette déclaration, des éléments d'information en vue de ses

futures opérations de contrôle.

La déclaration préalable est également obligatoire pour le colportage ou

la distribution sur la voie publique ou tout autre lieu public ou privé de livres,
écrits, journaux, dessins, gravures, lithographies (58) et pour l'exercice du

commerce par un national. Celui-ci doit notamment être immatriculé au registre


statistique du ministère du Plan ainsi qu'au registre du commerce (59).

11
Dans toutes ces hypothèses, la déclaration alors conditionne la légalité

de l'activité qui y est assujettie 11 (60).

La déclaration reste facultative dans des hypothèses très rares où


l'activité, tout en restant licite, bénéficie des moyens d'exercice très réduits.
C'est notamment le cas d'une association non déclarée, qui ne peut pas

librement:

- gérer et disposer des sommes provenant des cotisations;

- acquérir à titre onéreux et posséder, d'une part le local destiné à son


administration et aux réunions de ses membres, d'autre part les immeubles

nécessaires à l'accomplissement du but qu'elle poursuit (61). Elle garde

seulement le droit d'ester en justice au moins pour introduire un recours en

annulation (62)

(58) Voir art. 31 de la loi n°90/052 sur la presse.


(59) Voir décret du 17 février 1930 instituant un registre du commerce dans le territoire
du Cameroun placé sous mandat de la France, in JOC, 1931.p. 610.
(60) J.RIVERO.- op.cit. p. 229. .
(61) Voir art.10 alinéa 1, loi n·9o/053, préeitee.
(62) arrêt Eifel MOUELLE KOULA, précité.
~1.5

B) DECLARATION A TITRE EXCLUSIF OU DECLARATION A TITRE

COMPLEMENTAIRE

Certaines déclarations viennent très souvent s'ajouter à un régime

d'autorisation préalable.

Ainsi, pour exercer la profession de transporteur routier, il faut être


titulaire d'une licence et s'inscrire au registre des transports routiers.

De même, pour exercer une quelconque activité privée soumise à une

des fon;nes d'autorisation étudiées, il faut impérativement faire une déclaration


~

d'établissement à l'inspection du travail.

Négligeons ici l'hypothèse de superposition de déclarations préalables

(63) pour relever enfin la rareté de l'emploi de déclarations à titre exclusif.

* *
En définitive, et pour conclure sur les procédés juridiques de contïôie,

deux remarques semblent utiles.

D'une part, il convient de noter le caractère plus politique que juridique de

l'exigence de l'autorisation et de la déclaration préalables dans le contexte

camerounais d'un régime fortement guidé par les impératifs de développement

et de construction nationale.

D'autre part, l'autorisation et la déclaration préalables constituent les

expressions juridiques des modalités d'exercice du contrôle des activités privées

qu'il importe d'examiner en détail, à savoir le contrôle a priori et le contrôle a

posteriori.

(63) Par exemple, le commerçant camerounais doit~ la fols s'inscrire au registre du


commerce et au registre statistique de cette direction au ministère du Plan.
CHAPITRE Il

LES MODALITES D'EXERCICE DU CONTRÔLE

" Quand on fait une statue, il ne faut


pas toujours être assis en un lieu; il la
faut voir de tous les côtés: de loin, de
près, en haut, en bas, dans tous /es
sens~".

Montesquieu.

l'Etat peut faire porter son contrôle sur les conditions d'accès aux

activités privées. Il peut également contrôler le déroulement de ces activités. Le

contrôle de " l'accès " (section 1) et le contrôle de " l'exercice." (section Il) sont

les deux modalités d'exercice du contrôle de l'Etat qu'il convient d'examiner plus

en détail.

SECTION 1 '·

LE CONTRÔLE SUR LES CONDITIONS D'ACCES AUX ACTIVITES

PRIVEES

La question à résoudre ici est double et elle se pose dans les termes

suivants:

- Quels sont, préaiablement à l'octroi des autorisations d'accès aux activités

privées, les principaux éléments qui font l'objet du contrôie de la puissance

publique?
- Ensuite, lorsque la personne physique ou morale de droit privé qui sollicite

l'autorisation a satisfait aux conditions légales, a-t-elle un droit à être autorisée

ou bien l'administration dispose-t-elle en la matière d'un pouvoir discrétionnaire,

et peut-elle, en conséquence, refuser l'autorisation pour de simples raisons

d'opportunite ?

La réponse à la première question ne semble pas faire de doute : les

textes, dans de nombreux cas, prévoient ces conditions. Celles-ci sont relatives,

soit aux postulants (sous-section 1), soit aui moyens d'accès aux professions
privées (sous-section Il). L'administration sera ainsi chargée de vérifier, à cette

occasion, si les demandeurs les remplissent.

En revanche, la réponse de la seconde interrogation doit être nuancée

(sous-section Ill).

SOUS-SECTION I

LE CONTRÔLE SUR LES CONDITIONS PERSONNELLES D'ACCES AUX

PROFESSIONS PRIVEES

Les conditions personnelles d'accès aux activités privées sont très

variables selon les professions; certaines n'en nécessitent pratiquement aucune

(1). Elles tiennent, essentiellement, les unes à l'état et à la situation de la

personne(§ 1), les autres à sa qualification professionnelle(§ Il) ..

(1) C'est par exemple le cas de la distribution et du colportage occasionnels.


§ 1.- LE CONTRÔLE SUR L'ETAT ET LA SITUATION DU POSTULANT

Avant la délivrance de l'autorisation d'accès, l'administration vérifie

d'abord si le postulant remplit les conditions de bonne moralité, de nationalité et

d'âge requises par les textes (A). Elle s'assure également que le postulant n'a

pas violé les règles relatives aux incompatibilités (8).

A) LE CONTRÔLE SUR LA MORALITE, LA NATIONALITE ET L'AGE DU

POSTULANT

Pour pouvoir accéder à diverses professions privées, il faut satisfaire aux

conditions de bonne moralité.

Il s'agira ici de rechercher si le postulant n'a pas été l'auteur de faits ayant

donné lieu à une condamnation pénale pour agissements contraires à l'honneur,

à la probité et aux bonnes moeurs et s'il n'a pas été frappé de faillite personnelle

(2).

Ces conditions de bonne moralité peuvent être justifiées par la production

d'un extrait de casier judiciaire délivré par le Tribunal civil et datant de moins de

trois mois.

Dans le cadre des conventions internationales, l'administration et les

Ordres professionnels (3) peuvent également procéder à une enquête de

moralité en dehors du territoire national, notamment, lorsque le postulant est né

à l'étranger ou y a vécu pendant un moment donné.

(2) Sauf réhabilitation intervenue en sa faveur. Dans ce sens, voir, par exemple, art. 5,
loin °90/037 sur l'expert technique, srt. 35, loi n °901040 sur l'urbaniste ...
(3) Rappelons que c'est /'Ordre qui apprécie la moralité du postulant à la profession
libérale lors de son inscription au tableau.
A.1.9

L'article 14 de l'accord de coopération en matière de justice entre le

Cameroun et la France (4) est. à cet égard, très explicite:

0
Les deux Parties contractantes se donnent réciproquement avis des

condamnations pour crimes et délits prononcées par les juridictions de l'une

d'elles, à l'encontre des ressortissants de l'autre et des personnes nées dans le


territoire de l'autre Etat" (5).

L'Etat, on le voit, a donc les moyens juridiques lui pennettant de s'assurer

de la bbnne moralité du postulant. Il en est de. même pour ce qui est de sa

nationalité.

En effet, l'exercice d'une activité privée est réservée aux personnes de

nationalité camerounaise, aux ressortissants des pays membres de l'U.D.E.A.C.

et aux ressortissants d'autres Etats, s'il existe entre le Cameroun et ces Etats

une convention le permettant (6).

Le contrôle sur la nationalité du postulant se justifie par le fait que,

comme beaucoup d'autres Etats, le Cameroun pratique la règle de

discrimination entre le national et l'étranger au niveau de l'accès aux activités

privées.

Ainsi, compte tenu des réserves faites précédemment, " le pharmacien

de nationalité étrangère ne peut exercer à titre privé au Cameroun 11 (7).

(4) du 21 février 1974, déjà cité.


(5) Voir, dans le méme sens, l'article 15 de cette convention et surtout l'article 16 de ce
texte ainsi rédigé :
"Lorsque les autorités judiciaires de l'une des parties contractantes, hors les cas de
poursuites, ou /es autorités administratives désirent se faire délivrer un bulletin du
casier judiciaire tenu par l'autre partie, elles peuvent l'obtenir directement des autorités
compétentes ".
(6) La nationalité camerounaise reste impérative pour les candidats à la direction d'un
Parti politique (art. 11, loi n·9o/053) et pour Je BStonnier (art. 53, loi n·9o/059).
(7) Voir art. 6, loi n°90/035 du 10/8/1990.
A2o

De même, " le ressortissant de hationalité étrangère résidant au

Cameroun ne peut exercer la profession d'expert technique qu'en association

avec un confrère de nationalité camerounaise. A l'appui de sa demande, il doit

produire une copie authentifiée du contrat d'association " (8).

L'enquête sur la nationalité du postulant est en fait diligentée par le

secrétariat· d'Etat à la Sécurité Intérieure. Elle consiste essentiellement à

rechercher s'il n'a pas perdu la qualité de camerounais, " soit à la suite de

l'acquisition d'une nationalité étrangère, soit par le fait de conserver une

nationalité
f
étrangère, soit à la suite de la répudiation pour les personnes qui ont

la faculté d'exercer cette option, soit par suite d'un refus d'obtempérer aux

injonctions du Gouvernement " (9). Cette enquête donne lieu à la délivrance. le

cas échéant, d'un certificat de nationalité.

C'est à travers la présentation de la copie certifiée conforme de l'acte de

naissance que la puissance publique s'assure que le postulant a l'âge requis par

les textes pour accéder à la profession sollicitée. Cet âge est variable : 23 ans

pour les avocats, 25 ans pour les experts-comptables et comptables agrées et

21 ans pour les autres professions. Celles-ci sont, au demeurant, soumises aux

règles strictes des incompatibilités.

B) LE CONTRÔLE SUR LES INCOMPA T/BILITES PROFESSIONNELLES

Pour pouvoir exercer une activité privée, il ne faut pas cumuler cette

activité avec une profession incompatible.

Cette exigence se justifie par la nécessité de garantir l'indépendance et la

dignité des professions libérales et commerciales, notamment.

(8) Voir art. 8, loi n"90/037 du 10/811990. Rappelons que les étrangers doivent en plus
être munis d'un titre de séjour régulier; sur ce dernier point, cf. loi n°90/043 du
1911211990.
(9) Cf. A.NGONGANG-OUANDJI.- "Acquisition et perte de la national/te camerounaise
",in Rec. Penant, 1972, p. 147.
Ainsi, la puissance publique vérifie si le postulant n'est pas un agent

public (10) . Cette vérification est d'autant plus facile qu'une lettre de libération

de l'employeur est requise à tout fonctionnaire ou salarié sollicitant son


installation en clientèle privée.

L'Etat s'assure en outre que la profession qu'exerce déjà le postulant


n'est pas incompatible avec l'activité sollicitée. A titre d'exemple, s'il est

assureur, il ne pourra pas être agrée pour l'exercice de la profession d'expert


technique (11); s'il est expert-comptable Ol!. comptable agrée, il ne sera pas
autorisé à exercer tout acte de commerce ou d'intermédiaire ou tout mandat
commercial ( 12).

§ 11.- LE CONTRÔLE SUR LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE


DU POSTULANT

Les activités privées pour lesquelles des qualifications particulières sont


requises sont nombreuses. Les organes de contrôle sont en effet mis en

mesure d'apprécier la compétence et l'efficacité,professionnelles des postulants,


à travers la présentation du diplôme demandé ou la justification d'une, plus ou
moins, longue activité préalable dans la branche envisagée.

(10) L'exercice d'une profession libérale ou commerciale" est incompatible avec la


qualité de fonctionnaire d'agent contractuel de l'administration ou de saiarié en général
".Dans ce sens, voir parmi tant d'autres, l'article 20 de la loi n°901033 suries
vétérinaires.
(11) Voir. art. 17, loi n°90/037, déjà citée.
(12) A l'excepüon toutefois du mandat d'administrateur, de gérant ou de fondé de
pouvoir de sociétés de comptables légalement constituées. Voir art. 15, acte
n°33/70/UDEAC/113 du 27 novembre 1973.
Dans le même ordre d'idées, voir art. 7, Io/ n·88/016précltée: La tonctton d'agence
H

conseil en publicité est incompatible avec celle de régisseur ".


Une telle exigence résulte du caractère technique et scientifique de

certaines activités. Il en est ainsi des professions libérales. L'accès à une

profession libérale est en effet soumis à la possession d'un diplôme ou d'un titre

donc l'octroi sanctionne une fonnation théorique et pratique longue (13).

Ce diplôme doit être reconnu par le ministère de !'Education nationale

(14). Sa détention est justifiée par la présentation d'une copie certifiée confonne

de l'original et d'une attestation de présentation de cet original.


!
La qualification professionnelle, lorsqu'elle est obtenue par la pratique,

sera prouvée par une attestation d'ancienneté ou de fonction délivrée par

l'employeur du postulant (15).

Le contrôle sur les conditions personnelles d'accès aux professions

privées est réduit, en somme, à la vérification de la présence ou de l'absence

d'éléments concrets. La marge d'appréciation de la puissance publique est ici


presque inexistante. Ce qui n'est pas le cas lorsqu'elle contrôle les moyens

d'accès aux activités privées.

(13) Ainsi en est-il des médecins, des avocats, des pharmaciens, des architectes, des
vétérinaires... ··
(14) qui établit les équivalences des diplômes en français et en anglais.
A.23

SOUS-SECTION Il

LE CONTRÔLE SUR LES MOYENS D'ACCES AUX ACTIVITES PRIVEES

Les moyens exigés pour pourvoir accéder à certaines professions privées

sont matériels(§ 1) ou incorporais(§ Il).

§ 1.- LE CONTRÔLE SUR LES MOYENS MATERIELS D'ACCES AUX


ACTIVITES PRIVEES

L'Etat peut porter son contrôle sur les biens immobiliers (A) ou sur les

obligations financières du postulant (B).

A) LE CONTRÔLE SUR LES BIENS IMMOBILIERS DU POSTULANT

Lorsque des locaux à usage commercial (16) ou des installations

matérielles convenables sont nécessaires pour accéder à la profession

sollicitée, l'organe de contrôle compétent devra constater que le postulant en a

la disposition, soit à titre de propriétaire, soit à tifre de locataire.

Le candidat à la profession d'avocat doit ainsi " justifier d'une ;nstallation

décente agréée par le conseil de /'Ordre" (17).

De la même manière, la délivrance da l'autorisation d'exploitation d'un

établissement d'élevage et des industrtes animales est soumise, entre autres

conditions, à une enquête technique des installations, destinée à vérifier si elles

" o'ffrent des garanties sanitaires ou zootechniques suffisantes H.

(16) Le postulant à la profession de distributeur grossiste doit par exemple " (. .. )


posséder des installations commerciales appropriées ". Voir art. 3. 1. du Programme
Général des Echanges pour la période 1989-1991. · ·
(17) Voir article 5 de la loi n°90059, déjà citée.
Cette enquête donne lieu à l'établissement d'un procès-verbal, qui est

transmis à l'autorité hiérarchique compétente (18). Celle-ci délivre, le cas


échéant, un "certificat de conformité 11 •

Les précisions faites, par ailleurs, sur la qualité des équipements des

laboratoires privés d'analyses médicales fournissent aux agents de contrôle la

possibilité de vérifier si les installations proposées y sont en tous les points

conformes (19).
T

La " fluidité " des expressions telles que" garanties suffisantes ", ou

encore " installations convenables ou décentes "... , illustre ici l'hypothèse

d'une appréciation de l'autorité de contrôle, laquelle est inexistante lorsque les

obligations financières du postulant sont l'objet du contrôle.

B) LE CONTRÔLE SUR LES OBL/GA T/ONS FINANCIERES DU

POSTULANT

Des conditions financières sont souvent requises pour pouvoir

entreprendre certaines activités privées.

Ainsi, le postulant est, selon la profession sollicitée, tenu :


.
- de présenter une police d'assurance couvrant les risques professionnels {20);

- de constituer un cautionnement (21);

- de fournir une justification du paiement de ses impôts (22);

- de payer toutes ses cotisations à l'ordre.

( 18) c'est-à-dire au chef de secteur provincial de /'Elevage et des Industries animales.


Sur tous ces points, voir les articles 6 et 15 du décret n°751527 du 16 juillet 1975, déjà
cité.
( 19) Voir tes articles 3, 7, B, 9 et 1o du décret n °90/1465, précité.
(20) C'est notamment le cas pour l'accès à une profession libérale.
(21) C'est notamment le cas en matière d'assurances. Voir. arl.14 alinéa 1 du décret
n•9ot1473 suries intermédiaires d'assurances, déjll cité.
(22) Cf. par exemple l'article 4 du décret n°90/1483 sur les débits de boissons.
L'organe de contrôle compétent vérifiera donc s'il a bien honoré ses

obligations financières.

A ce contrôle des conditions matérielles d'accès à presque toutes les

professions privées s'ajoute un autre, spécifique aux activités constituées sous


la forme collective.

§ 11.- LE CONTRÔLE SUR LES MOYENS INCORPORELS D'ACCES


f

AUX ACTIVITES COLLECTIVES

" L'économie est passée du règne de l'individu-entrepreneur à celui de

l'entreprise organisation" (23).

Les principales raisons de cette mutation ont été mises en relief par le

Doyen SAVATIER:

" Notre époque est celle de l'équipe et de l'équipement tenant au progrès

des techniques; il est tel que l'homme tout seul, avec le seul secours de ses

instruments personnels est le plus souvent dépassé. Pour que soient utilisées

ces forces démesurées mises par ces techniques à son service, il est porté à
envisager un groupement avec d'autres hommes "(24).

C'est ainsi que le droit positif camerounais offre diverses formes

juridiques pour l'exercice en groupe des activités privées. à savoir les


associations, les sociétés civiles et commerciales.

(23) Ph. de WOOT, cité par Huguette MAYER, in "Evolution du droit des professions
libérales ", D.S., 1973, p. 342.
(24) Cf. R.SAVATIER.-Métamorphoses économiques et soda/es du droit privé, 2ème
série, Paris, Dalloz. 1959, n °205.
--1.26

S'il n'entre pas dans robjet de la présente étude d'analyser ces

structures, il faut néanmoins souligner que la qualification de société ou

d'association dépend essentiellement du partage ou de l'absence de partage

des bénéfices entre les membres.

En effet, de manière générale, les projets de contrats relatifs à l'exercice

en commun de la profession font l'objet du contrôle de l'Etat (A). Le contrôle

exercé sur les associations culturelles présente un aspect particulier, en ce sens

qu'il est mis en oeuvre par le biais des statuts-types. C'est la raison pour

laquelle un développement spécifique lui sera consacré (B).

A) LE CONTRÔLE SUR LES PROJETS DE CONTRATS RELATIFS A

L'EXERCICE EN COMMUN DE LA PROFESSION

Les ordres professionnels et l'administration ont reçu de larges pouvoirs

de contrôle sur les projets relatifs à l'exercice en càmmun de la profession.

Ceci est vrai pour la profession d'avocat. Ainsi, " les avocats résidant

dans une même ville peuvent exercer leur activité dans un même cabinet sous

forme de société civile professionnelle, après accord de l'ordre" (25).

De même, comme le souligne l'articie 67 du Code de déontologie des

médecins (26), "tout projet de contrat d'association ou de société ayant un objet

professionnel entre un ou plusieurs membres des professions paramédicales,

notamment entre les médecins et les pharmaciens ou les chirurgiens dentistes.

doit être soumis à l'approbation du conseil de l'ordre".

Encore plus intéressante est la précision faite par l'article 43, alinéa 2, du

Code de déontologie des pharmaciens : " Tout projet de contrat d'association

entre pharmaciens doit être soumis à l'agrément du conseil de l'ordre qui

(25) Cf. art. 4 al.3 de la loi n•90/059.


(26} Voir décret n°83/166 du 12 avril 1983.
s'assure que les règles de déontologie pharmaceutique sont respectées, et,

notamment, que la dignité et l'indépendance du pharmacien sont sauvegardées.

Les dispositions du contrat n'entrent en vigueur qu'après visa du ministre de la

Santé publique ·:

Enfin, on l'a noté déjà, les contrats relatifs à l'embauche des travailleurs

par les professionnels sont soumis au visa préalable de l'inspecteur du travail.

Le contrôle consiste ici en un pouvoir d'approbation de la formation de


1 .
ces contrats professionnels, lequel n'intervrent qu'après la vérification de leur

conformité aux règles de la déontologie professionnelle ou, de manière

générale, aux lois et règlements.

Signalons que les organes de contrôle peuvent imposer des modiiications

si les dits contrats ne respectent pas les règles professionnelles.

La question de savoir si ce contrôle sur les contrats professionnels

s'étend ou non à leurs modifications statutaires ou organiques ne pose en

réalité pas de difficulté particulière.

En effet, comme l'a écrit justement M. DEMICHEL, " il ne parait pas

concevable, même dans le silence de la loi, qu'i.m organisme qui a dû soumettre

ses statuts à l'approbation de l'autorité administrative puisse ensuite les modifier

librement, car dans ce cas l'approbation deviendrait une formalité sans aucune

portée" (28).

Généralement, les textes qui prévoient l'approbation de ces contrats,

prévoient aussi l'approbation de leurs modifications.

(28) A.DEMICHEL.- Le contrôle de l'Etat sur les organismes privés, op.dt., p. 227.
-128

Ajnsi, et pour ne citer qu'un exemple, les experts-comptables ayant

constitué entre eux des sociétés en nom collectif, des sociétés par actions ou

des sociétés à responsabilité limitée pour exercer leur profession doivent

communiquer aux autorités compétentes" toute modification apportée à la liste

de leurs associé (29). Cette remarque est aussi valable pour les activités

collectives contrôlées par le moyen des actes-types.

B) LE CONTRÔLE PARTICULIER SUR LES ASSOCIATIONS


CULTURELLES : L'UTILISATION DES STATUTS-TYPES

Selon l'article 2 du décret n°79/390 du 22 septembre 1979 (30), " une

association est dite cultureUe lorsqu'elle a pour but d'encourager l'esprit de

créativité de ses membres, de promouvoir la diffusion de la culture nationale et

d'assurer la pérennité du patrimoine culturel national et universel. par

l'organisation d'activités culturelles ".

L'article 3, alinéa 2, de ce texte prévoit, en outre, que" l'organisation et le

fonctionnement des associations culturelles s'inspirent des dispositions des

statuts-types élaborés par le ministère de l'information et de la Culture".

En fait, comme l'a soulignée, à juste titre, Mme RONGERE, " le procédé

des statuts-types apparaît comme un moyen lafgement utilisé pour exercer sur

diverses activités privées un contrôle a priori " (31 ); contrôle qualifié " d'indirect "

par certains auteurs(32).

Ce procédé des statuts-types offre des avantages qui expliquent, sans

doute, son utilisation dans le domaine des associations culturelles.

(29) Voir acte n°4/lOAJDEAC du 2711111970 précité, notamment les articles 3 et 4.


(30} portent institution de le Charte Culturelle du Cameroun.
(31) P.RONGERE.-Le procédé de J'acte-type, Paris,-LGDJ, 1968, p. 155.
(32) Notamment par M. A.DEMICHEL.~ op.dt., pp. 213 et suiv.
~29

En effet, la multiplicité même de ces associations (33), que l'Etat entend

contrôler, complique cette tâche; car " la tutelle "au jour le jour' risque de

disperser les efforts et, en multipliant les cas particuliers, aboutit à une

fragmentation, voire à une incohérence du contrôle" (34).

En revanche, par les statuts-types, l'Etat détermine pour toutes les

associations culturelles un modèle d'action et un schéma d'organisation,

simplifiant ainsi la tâche des organes de contrôle.

Ce procédé paraît s'imposer dans la mesure où le développement du

phénomène associatif au Cameroun a crée-et multiplié un certain nombre de

risques au pouvoir politique.

Comme l'a noté le Professeur NLEP, "la méfiance de l'oligarchie politique

à l'égard des associations traditionnelles se justifie à beaucoup d'égards par le

fait que certaines parmi elles ont servi de cadre et de moyen à l'agitation

politique au lendemain de l'accession du pays à l'indépendance. Or cette

agitation visait à remettre en cause le projet hégémonique du pouvoir central; Le

Ngondo chez les Douala, l'Efoula chez les Bulu en constituant l'illustration la

plus marquante n (35).

C'est, à notre avis, la raison pour laqu_elle les associations culturelles

sont, non seulement contrôlées par le biais des statuts-types, mais aussi

soumises à un système d'autorisation (36).

Il ne semble donc pas excessif d'affirmer , avec Mme RONGERE, que les

statuts-types" n'existent évidemment que dans les secteurs où, pour une raison

quelconque, le contrôle administratif est le plus strict " (37).

(33) Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper qu'il y en a presqu'autanf que
de tribus au Cameroun, sinon même plus.
(34) P.RONGERE.- op.cit., p. 139.
(35) Voir R.G.NLEP.- L'administration publique camerounaise, op.cit. p. 240.
(36) Voir article 3 du décret n•791390, précité. ·
(37) P.RONGERE.- op.cit., p. 4.
*
En définitive, les postulants doivent, dans toutes les circonstances,

apporter la preuve qu'ils remplissent les conditions imposées par les textes

législatifs et réglementaires. Il reste maintenant à savoir s'ils ont ou non des

droits à être autorisés.

SOUS-SECTION Ill

L'OCTROI DEL 'AUTORISATION

Quelle marge de manoeuvre dispose l'autorité de contrôle en face de la

demande qui lui est présentée ?

Quelles sont les garanties de l'individu postulant l'autorisation ?

C'est à répondre à ces deux questions que nous allons nous attacher

maintenant.

§ 1.- LES POUVOIRS DE L•AUTORITE OE CONTRÔLE

Il existe des hypothèses dans lesquelles la situation du postulant

correspond exactement à un ensemble de prescriptions prévoyant qu'en ce cas,

l'octroi de l'autorisation sera automatique. Ces hypothèses sont, à vrai dire, peu

fréquentes (A); car, très souvent, des textes laissent à l'autorité publique un

pouvoir plus ou moins large d'appréciation de l'opportunité d'accorder ou de

refuser telle ou telle autorisation (B).


--131.

AJ LES HYPOTHESES DE COMPETENCE LIEE


Selon l'article 8 alinéa 1er de la loi n°90/056 du 19 décembre 1990, 11
la

décision autorisant l'exercice légale d'un parti politique ne peut être refusée que

si le dossier ne remplit pas les conditions énumérées par la loi ".

Autrement dit, l'administration est tenue de délivrer l'autorisation lorsque

le postulant remplit les conditions légales, puisqu'il se présente devant elle dans

une situation correspondant exactement à ce que le texte prévoit pour qu'il en


f

soit ainsi.

De même, s'agissant du pennis de chasse (38). l'administration ne peut.

si le postulant réunit les conditions légales, que lui donner satisfaction même si,

de notoriété publique, il est un déplorable tireur.

Ces hypothèses de compétence liée ne présente aucune difficulté

d'analyse juridique; car, comme ra écrit M. Bruno KORNPROBST, " l'acte

administratif accompli en vertu d'une compétence liée apparaît ainsi, d'une part,

comme un acte se bornant à transposer sur la tête du ou des intéressés un

statut légal ou réglementaire préétabli, c'est-à-dire, dans la tenninologie

Duguiste, comme un acte-condition, d'autre part, comme un acte dont

l'administration n'est pas maître, pour lequel elle perd jusqu'à sa faculté d'agir ou

de s'abstenir" (39).

Ici, pour reprendre les tennes de M. LIVET, " la délivrance de


l'autorisation préalable ne représente en principe qu'une simple formalité. nn'y a
donc pas à proprement paner "d'autorisation" mais simplement une surveillance
renforcée, une coordination préventive à l'occasion de laquelle l'arbitraire de

l'administration ne devrait pas pouvoir jouer, puisque le seul pouvoir de l'autorité

(38) Voir supra, note n·42. titre 1, chapitre 1,2. eme Partie. P. Aos
(39) B.KORNPROBST-HLs compétence liée•, R.D.P. 1961, p. 935, not. p. 936.
consiste en une vérification de la réelle existence des conditions objectives

prévues par les textes" (40).

D'autres textes. très souvent, reconnaissent à l'administration " la liberté


d'apprécier et de décider en toute opportunité n (41 ).

B) LES POUVOIRS D'APPRECIATION DEL 'ADMINISTRATION DANS LA

DELJVRANCE DEL 'AUTORISATION

La marge d'appréciation de radministration est étendue toutes les fois

que les motifs qui la guident dans la délivrance de l'autorisation deviennent


,
vagues et d'un contour relativement imprécis; ce qui est le cas lorsque l'on a

recours à la notion "d'unité nationale" ou "d'équilibre tribo-régional ". Elle reste

alors libre d'apprécier l'opportunité de son octroi.

En l'occurrence, elle doit vérifier s'il existe une adéquation entre l'activité

projetée et les fins d'intérêt général ou bien s'il n'y a pas entre elles une certaine

antinomie.

Cette liberté laissée à l'administration dans la délivrance de l'autorisation

est généralement matérialisée dans les textes par l'utilisation du verbe " pouvoir

"; ainsi que permet, par exemple, de le constater l'article 4 du décret n°87/1816

du 3 décembre 1987 (42) : " le ministre de la Santé publique peut, soit autoriser

par arrêté la création de la formation sanitaire privée, soit la refuser".

Ce verbe "pouvoir" confère à la décision un caractère facultatit A cet

égard, M. VENEZIA a justement relevé que" toute règle en peut ou en pourra et

non en doit ou en devra inclut le pouvoir discrétionnaire" (43). Ce qui ne veut


pas dire pour autant que l'administration qui en dispose soit entièrement à l'abri

de tout contrôle. Bien au contraire, la légalité de ce pouvoir est conditionnée par

(40) P.L/VET~ op.cit. p. 205.


(41) A.BOCKEL-,. Contribution à l'étude du pouvoir discrétionnaire de l'administration
" in AJDA 1978, not. p_ 355.
(42) Fixant les conditions de création, d'implantation et d'ouverture des fonnations
sanitaires privées (déja cité). -·
(43) J.C. VENEZ/A.- Le pouvoir discrétionnaire, Paris, LGDJ, 1959, p. 46.
le respect de certaines règles procédurales, lesquelles constituent des garanties

pour les postulants.

§ Il.- LES GARANTIES DE LA PERSONNE PHYSIQUE OU MORALE


POSTULANT L'AUTORISATION

Dans son ouvrage consacré au Cameroun, paru en 1974, M. PROUZET

constatait
, :
" Dans la pratique, un investisseur désireux de promouvoir au Cameroun

une quelconque activité économique devra surmonter de nombreux obstacles

administratifs rendant difficile l'avancement de son dossier. De nombreuses

initiatives privées ont été ainsi stérilisées par une administration souvent

tatillonne" (44).

Cette affirmation a conservé toute sa pertinence pendant de longues

années.

Il semble qu'il faille cependant la nuancer, du moins sur le plan théorique,

à la lumière des textes plus récents, édictés notamment à partir de 1990. Ces

textes, ainsi qu'on va pouvoir le constater, ont introduit dans le droit positif de

nouvelles garanties aux personnes qui postulent l'autorisation.

Pour mieux comprendre les raisons des "innovations textuelles", il est

indispensable de considérer quelques termes de l'exposé des motifs d'une des

lois nouvelles régissant les activités privées et ceux du discours que le

Président de la République a prononcé à l'Assemblée Nationale le 3 décembre

1990.

L'exposé des motifs de la loi n°90/040 sur les urbanistes rapporte que:

(44) M.PROUZE.T.- Le Cameroun, op.cit. p. 122.


. ·-·---- ······-----

" La crise économique, contre laquelle la nation camerounaise s'est

mobilisée, a révélé la justesse du procès que, depuis l'accession de notre pays

à l'indépendance, usagers du service public, partenaires étrangers et


promoteurs en tout genre intentent à notre administration.

La permanence de ce procès qui a tourné et tourne encore autour des


lenteurs administratives, de la lourdeur des procédures, du laxisme et du

monnayage du service rendu, a conduit le Gouvernement a conclure que le


systèmé administratif est dissuasif à l'égard de toute forme d'initiative.

Dès lors, il est apparu indispensable de procéder à une déréglementation


des procédures et à la libération des initiatives créatrices" (45).

M. BIYA disait, ensuite, ceci:

11
le problème majeur du Cameroun d'aujourd'hui est de sortir de la crise

et, pour ce faire, d'assainir ·son économie (... ). Les mesures de


déréglementation facilitent la création d'entreprises et favorisent les nouveaux

investissements dans les secteurs les plus variés (... ); elles encouragent les
initiatives privées en simplifiant les démarches administratives" (46).

C'est ainsi qu'ont été notamment consacrées : l'autorisation tacite,

l'obligation de motiver la décision portant rejet d'autorisation et l'obligation de


consulter un organe spécialisé avanrl'octroi de la plupart des autorisations. A
ces garanties nouvelles et, en somme, consistantes (A), s'ajoutent, bien

entendu, les traditionnels recours devant le juge administratif (B).

(45) Dans te même sens, voir projet de loi n"453/PJUAN, 4ème législature, juin 1990
sur les médecins, projet de loi n'*4551PJUAN sur les pharmaciens, projet de loi
n°454/PJUAN sur les chirurgiens-dentistes etc.
(46) in Cameroun, Droits et Ubettés, recueil des nouveaux textes, Yaoundé, Sopecam,
1990, p. 389.
A) LA CONSISTANCE DES GARANTIES NOUVELLES

C'est à l'étude des garanties récentes des postulants que l'on se

consacrera ici, en examinant, dans un premier temps, la consécration de la

notion d'autorisation tacite ( 1). On envisagera, ensuite, la généralisation de la

procédure consultative (2) et, enfin, l'obligation faite a toute autorité de contrôle
de motiver sa décision (3).

1) LA CONSECRATION DE LA NOTION D'AUTORISATION TACITE


~

La notion de décision implicite de rejet, intervenant à l'expiration d'un

certain délai, était admise dans sa généralité au Cameroun. L'adage " qui ne dit

mot refuse " y représentait donc la norme en matière administrative.

Comme en témoigne un attendu de la Chambre administrative qui le

rappelait à juste titre :

" (... ) qu'il y a lieu de considérer que l'acte administratif peut même être

implicite; que c'est ainsi que le silence gardé par l'administration pendant un

certain délai, à dater de la réception d'une demande, est considéré comme une

décision de rejet susceptible de faire l'objet d'un recours en annulation ... " (47) .
.-
La décision implicite d'acceptation, qui n'était qu'une exception de portée

limitée (48), est devenue aujourd'hui un principe.

(47) Jugement n°83/CSICA du 30/611983, SIKAM Adolphe contre Etat du Cameroun.


Dans le même sens, voir art. 12, ordonnance n°7216 du 26 aoat 1972
organisant la Cour Suprême ainsi rédigé: •1e silence opposé par l'autorité
administrative compétente à un recours gracieux préalabl& qui lui a été soumis par un
justiciable potentiel constitue une décision implicite de rejet âprès deux mois".
(48) Les décisions implicites d'acceptation trouvaient essentiellement leur terrain
d'élection dans les rapports entre autorités de tutelle et collectivités publiques
décentralisées. Sur cette question, voir décret n?7/91du25 mars 1977 déterminant
les pouvoirs de tutelle sur les communes, déjà cité.
~36

Il suffit de citer quelques exemples pour illustrer cette affirmation.

Ainsi, " le sous-préfet ou le préfet dispose d'un délai de huit jours à

compter de la date de dépôt du dossier (... ) pour délivrer la licence sollicitée

(... ). Passé ce délai, la licence est réputée accordée et le postulant peut


exploiter son débit de boissons" (49)

De même," en cas de silence gardé pendant trois mois à compter de

la date de dépôt du dossier auprès du Gouverneur territorialement compétent, Je


r
Parti est réputé exister légalement" (50) .-

En ca _qui concerne la profession libérale, n passé un délai de quatre

vingt dix jours à compter du dépôt du dossier, le silence gardé par le conseil

de /''ordre vaut acceptation de la demande du postulant qui peut

s'installer" (51 ).

Des exemples similaires pouvaient être multipliés, si on ne craignait

d'être fastidieux (52).

Il convient de noter, avec satisfaction, que cette consécration de

l'autorisation tacite répond au désir des postulants de voir leurs demandes

réglées de manière rapide, sans s'opposer à l'inèrtie des autorités de contrôle.

Cette solution est d'autant plus heureuse que la décision implicite

d'acceptation apparaît comme " une façon de contraindre l'administration à


l'action et d'améliorer son fonctionnement pour un meilleur service rendu au

(49) Art. 7 alinéa 3 du décret n°90/1483, précité.


(50) Cf. art. 7.al. 2. Loi n"90/056.
(51) Voir notamment:
- Art. 7 al. 4 de la loi n °90/035 sur les pharmaciens;
-Art. 8 al.4 de la loi n°90/038 sur les médecins;
- Art. 35 al.3 de la loin °90/037 sur les experts techniques;
- Art. aal. 4 de la loi n °90/034 sur les architectes etc.
(52) "te préfet dispose d'un délai de 15 jours pour se prononcer(...). Dans tous les
cas, passé le délai de 30 jours à compter de la date _de dépôt du dossier, la licence de
transport routier est réputée accordée '".Art. 7 al. 2 et 3 du décret n·9o/14ôO,
précité.
A38

L'avis consultatif, même s'il se trouve être obligatoire, ne lie pas l'autorité de

contrôle dans la délivrance de l'autorisation. Il apparaît, pour reprendre les

termes de M. HOSTIOU, "comme la manifestation d•une collaboration de l'acte

unilatéral mais non comme une participation directe à un pouvoir de décision n

{59).

La deuxième hypothèse, celle de l'avis conforme, encore appelé avis

impératif, est moins fréquente. Elle est prévue, par exemple, par l'article 16 de la

loi n°90/053 du 19 décembre 1990 : lt les associations étrangères ne peuvent

exercer aucune activité sur le territoire sans autorisation préalable du ministre

chargé de !'Administration territoriale, après avis conforme du ministre des


0
Relations extérieures •

Dans ce cas, l'autorité de contrôle dispose de beaucoup moins de

latitude; car la procédure de l'avis conforme, ainsi que l'a noté le Professeur

CADOUX, " dépossède le titulaire légal de sa compétence et la transfère à

l'organe consulté, ne laissant au premier qu'un pouvoir d'authentification " (60).

Le fait que la consultation soit à l'origine de la procédure d'autorisation

dans la plupart des cas est important à un doubte titre :

- D'une part, elle permet de concilier les exigences de la technicité, davantage

croissante. des dossiers des postulants avec le souci de confier le pouvoir de

décision aux autorités politiques.

- D'autre part, sociologiquement parlant, comme l'a remarqué M. WEBER, la

consultation est susceptible " d'atténuer l'hostilité des participants à la fonction

(59) R.HOSTIOU- Procédure et formes de l'acte administraüf unilatéral, Paris, LGDJ,


1974, p.119.
(60) Ch. CADOUX.- "La procédure consultative, essai de synthèse·, in annales de
/'université de Lyon. 3ème série Droit, 1960, p. 107.
Précisons avec cet auteur que l'autorité qui consulte peut demander à l'organe
consulté de reconsidérer sa position. De plus, elle n'ést pas tenue d'édicter l'acte qui
était subordonné à la consultation.
Ainsi, le juge administratif considère comme formalité substantielle la

délivrance des permis de bâtir par la commune de plein exercice de Yaoundé


sans l'avis du service d'Urbanisme (69)

Nous pensons ensuite que la jurisprudence Dame BINAM Fidèle cl Etat


du Cameroun s'applique ici (70).

La requérante, au terme d'une suspension de trois mois assortie de la

suspension de son salaire, s'était vu infliger, par un arrêté


,
n°024/A/MFP/AR/SDAC/D2 du 13 février -1979, " la sanction de retard à
l'avancement pour une période d'un an ".

Le juge administratif, après avoir relevé " qu'aucun motif n'est indiqué

dans l'acte attaqué sur lequel s'est basée l'autorité chargée du pouvoir

disciplinaire", a annulé l'arrêté litigieux pour défaut de motif.

2) LA RESPONSABIUTE DEL 'ETAT POUR L'ILLEGALITE DU REFUS DE

RECONDUCTION D'UNE AUTORISATION: L'AFFAIRE ESSOUGOU

BENOIT (71).

Après dix ans de travail dans l'administration, M. Benoît ESSOUGOU,

Docteur en médecine, obtient du chef de l'Eta( ·par une lettre du 25 septembre

1968, l'autorisation de s'installer en clientèle privée. Le ministre de la Santé

publique concrétise cette autorisation par une lettre du 28 septembre 1968 et lui

permet de s'installer à Yaoundé.

(69) Arrêt n°117/CSICA du 8 décembre 1970, POUKA MBAGUE Louis contre


République Fédérale du Cameroun, in Recueil MBOUY0~1. tome 2, p. 338.
(70) Jugement n°121/CS/CA du28 janvier 1982, Dame BINF-M, née NGO NJOM
Fidèle.
(71) Le commentaire qu'a suscité ce jugement, n°341CS/CAl79-80 du 24 avril 1980,
n'a mis l'accent que sur la notion d'acte de gouvernement. En ce sens, voir note
François MBOME in Rec. Penant, 1981, pp. 136-157.
Autrement dit, la doctrine ne l'a pas considéré sous l'angle que nous abordons.
Le 28 juillet 1970, le Tribunal criminel spécial de Yaoundé le condamne à

l'emprisonnement à vie pour détournement de deniers publics. L'intéressé est

libéré en 1978 après une remise de sa peine par décret n°78/356 du 21 août
1978.

Dès sa sortie de prison le 21 août 1978, il sollicite la réouverture de son

cabinet médical agrée au ministre de la Santé publique. Celui-ci rejette sa


demande et le lui notifie.

Estimant que ce refus illégal le réduit à la mendicité et à l'incapacité de

nourrir 'ses 19 enfants, le Docteur ESSOUGGU demande à la Cour de l'annuler

et de condamner l'Etat au paiement de la somme de 480 millions de francs


C.F.A (72) de dommages-intérêts pour le préjudice qu'il en subi.

A l'argumentation du requérant, le représentant de l'Etat invoque

l'incompétence de la cour, en prétendant que " la décision de refus de

reconduction de l'autorisation attaquée constitue un acte de gouvernement".

Mais, le juge administratif a réfute cette argumentation en considérant "

que . l'autorisation d'exercer en clientèle privée accordée au Docteur

ESSOUGOU le 28 septembre 1968 n'a jamais été rapportée.

Selon lui, "en refusant au requérant la reconduction de cette autorisation,

en violation des dispositions des articles 2 et 3 de l'arrêté du 11 décembre 1973,

la décision attaquée lui a causé un dommage considérable puisque le privant

d'exercer sa profession qui est sa seule source de revenus.

En conséquence, il a, à juste raison, décidé que, "compte tenu du haut


degré de technicité du Docteur ESSOUGOU qui lui garantit une clientèle
importante, il y a lieu d'allouer à l'intéressé la somme de huit millions de francs

C.F.A. de dommages-intérêts en réparation de ce dommage".

(72) Rappelons que 1 franc français= 50 francs C.F.A.


*
A y réfléchir, on s'aperçoit aujourd'hui que la situation des postulants
apparaît en théorie comme étant particulièrement riche en garanties de toutes

sortes.

Pourtant, il n'est pas possible d'affirmer de manière absolument nette

qu'en pratique, ces garanties les mettent totalement à l'abri des risques

d'arbitraire auxquels pourrait donner lieu l'octroi des autorisations.

En fait, la portée de la garantie juridictionnelle est réduite.

On sait qu'à la différence du juge pénal, le juge administratif, comme

d'ailleurs le juge civil, ne peut statuer qu'à l'instigation d'un tiers. En termes

différents, l'initiative de l'instance juridictionnelle revient aux parties, c'est-à-dire,

ici, aux postulants.

(}i, la plupart d'entre eux ignorent leurs droits ainsi que les règles de
procédure. Le fait que l'instance soit ainsi rarement mise en mouvement ne

permet pas au juge de mieux dessiner les frontières du pouvoir discrétionnaire

de l'autorité de contrôle.

* *
Pour conclure sur cette section, il convient de souligner que, dans la

majeure partie des cas, l'autorisation n'est qu'une faveur, une tolérance; elle ne

représente pas un droit. Le postulant qui répond aux conditions n'a très souvent

qu'une simple vocation à être autorisé. Dans le cas où il parvient à l'obtenir, il

faut s'attendre à ce que l'exercice de son activité soit à nouveau soumis au

contrôle de l'Etat.
SECTION Il

LE CONTRÔLE SUR L'EXERCICE DES ACTIVITES PRIVEES

Le contrôle "de l'exercice" est nécessaire parce que :

- D'une part, le bénéficiaire d'une autorisation d'accès à une profession privée

peut ne pas respecter les conditions imposées à son maintien.

- D'autre part, le maintien d'une activité privée simplement déclarée peut être

illégal. •

Un attendu de l'arrêt Eiteil MOUELLE KOULA, arrêt qui ne nous

intéresse pas ici en raison du contenu de la décision rendue (74), mais à cause

des moyens invoqués par l'administration dans son mémoire en défense, en

témoigne:

" Considérant que l'Etat ne remet pas en cause les libertés

fondamentales ainsi définies mais s'oppose aux déviations introduites par la

secte dissoute; qu'ainsi, il rétorque que les Témoins de Jéhovah ont été

signalés, non dans le domaine de la liberté du culte, mais plutôt dans le


domaine politique; qu'en effet, ils ont sillonné le pays pour prêcher
l'abstention aux élections... ".

C'est pour ces raisons que la puissance publique vérifie dans quelle

mesure les personnes, physiques et morales de droit privé, dont les activités ont

été autorisées ou déclarées respectent les obligations que les textes leur ont

imposées. A cet fin, elle dispose des moyens juridiques importants, à savoir le

droit de communication et la droit de visite (§ 1). Cependant, l'exercice de ce

droit de contrôle est assorti d'un certain nombre de garanties protectrices des

(74) Voir observations Eric BOEHLER sous cet arrêt. in R.C.D., n°3, 1973, p. 54
droits des professionnels aux différents stades des procédures mises en oeuvre

(§ 2).

§ 1.- .LA MISE EN OEUVRE OU CONTRÔLE

La puissance publique a la faculté de mettre en oeuvre son droit de

commur.lication (A) et son droit de visite pol!r vérifier si les sujets du contrôle
respectent effectivement la réglementation professionnelle (B).

A) LE DROIT DE COMMUNICATION

Les textes obligent les personnes physiques ou morales de droit privé


exerçant des activités privées à présenter, à toute réquisition des autorités ou

des agents d'exécution du contrôle, tous les documents relatifs au déroulement

de leurs activités (1). Ces textes élargissent parfois les pouvoirs des

contrôleurs, dans la mesure où ils ont le droit de réclamer aux tiers des

informations susceptibles de faciliter leur mission (2).

1) LE DROIT DE COMMUNICATION AUPRES" DES DESTINATAIRES DU

CONTRÔLE

Les documents susceptibles d'être communiqués, à la demande des

autorités ou des agents d'exécution du contrôle, sont souvent énumérés par les

textes.

Ainsi, les responsables des associations religieuses sont tenus de

présenter, sur réquisition du ministre de !'Administration territoriale ou de son

délégué, les listes complètes de leurs membres dirigeants, l'état de leurs


recettes et dépenses de l'année écoulée ainsi que l'état d'inventaire de leurs
biens meubles et immeubles (75).

Ces énumérations ne sont généralement pas limitatives.

A titre d'exemple, l'inspecteur du Travail est autorisé à demander à tout

établissement industriel, commercial ou civil qui emploie des salariés de lui

communiquer tous les livres, registres et documents, dont la tenue est

prescrite par la législation relative aux conditions de travail, en vue d'en vérifier

la conformité avec les dispositions légales et de les copier ou d'en établir des
extraits' (76).

De même, l'article 8 de l'acte n°16/73/C0/308 du 18 juin 1973 précise

que les agents de la Brigade de vérification de comptabilité inter-Etats de

l'U.D.E.A.C. ont droit à la communication des dossiers fiscaux ouverts dans


chaque Etat au nom des contribuables.

Les pouvoirs des agents du contrôle des prix nous semblent être plus

étendus. L'article 15 de l'ordonnance nQ72/12 dispose qu'ils ont le droit de

demander, à toutes les entreprises commerciales, industrielles, artisanales et à


tous les organismes professionnels, des documents relatifs à leur activité et

des justificatifs des prix pratiqués, ainsi que_ la décomposition de ces prix
en leurs éléments. Ils peuvent, en outre, exiger la copie des documents qu'ils
estiment nécessaires à l'accomplissement de leur mission".

On pourrait d'ailleurs multiplier de tels exemples {77).

En pratique, la détection des infractions à la régfemen\at.ion


professionnelle s'opère également par la recherche et l'exploitation de

renseignements auprès des tiers.

(75) Articles 26 et 27 de la loi n"90/053 sur les associations.


(76) Article 115 c (2) du Code du travail.
(77) Voir par exemple l'article 270 du Code des impôts.
2) LE DROIT DE COMMUNICATION AUPRES DES TIERS

Les tiers assujettis au droit de communication peuvent être des

administrations publiques nationales ou étrangères et des particuliers. Cette

affirmation est vérifiable, notamment, dans les domaines du contrôle fiscal et du


contrôle douanier.

Ainsi, l'autorité judiciaire doit donner connaissance au directeur des

Impôts de toute indication qu'elle peut recueillir de nature à faire présumer une
'
fraude commise en matière fiscale ou une manoeuvre quelconque ayant eu pour

objet ou pour résultat de frauder ou de compromettre un impôt, qu'il s'agisse


d'une instance civile ou commerciale ou d'une information criminelle même

terminée par un non-lieu (78).

Ensuite, les chefs de bureaux et receveurs des Douanes, les agents des
Douanes ayant au moins le grade de contrôleurs et les officiers des Douanes

peuvent exiger la communication des papiers et documents de toute nature


relatifs aux opérations intéressant leur service, détenus par toute personne
physique ou morale directement ou indirectement intéressé par ces opérations:

entreprises de transport, établissements b~ncaires, commissionnaires en


Douane, concessionnaires d'entrepôt, expéditeurs ou destinataires de

marchandises (79).

La localisation de trafics frauduleux et la constatation de certaines

infractions sont souvent facilitées par l'assistance que se prêtent. dans un cadre
conventionnel, les administrations fiscales et douanières.

(78) Article 269 du Code des impôts.


(79) Article 61 du Code des douanes de /'U.D.E.A.C.
En effet, on sait que la violation des lois et règlements implique,

généralement. des actes de complicité commis à l'étranger. D'où la nécessité

d'une telle collaboration, qui revêt diverses formes : communication de

renseignements, certificats. procès-verbaux, demandes d'enquêtes ... etc.

A cet égard, l'article 37 de la convention franco-camerounaise du 21


octobre 1976 (80) est très explicite :

" Les autorité fiscales de chacun des Etats contractants transmettent aux
' fiscales de l'autre Etat contractanr les renseignements d'ordre fiscal
autorités

qu'elles ont à leur disposition et qui sont utiles à ces dernières autorités pour
assurer l'établissement et le recouvrement réguliers des impôts visés par la

présente convention, ainsi que l'application, en ce qui concerne ces impôts, des
dispositions relatives à la répression de la fraude fiscale. L'échange des
renseignements a lieu soit d'office, soit sur demande visant des cas concrets ".

Les insuffisances des résultats obtenus par le moyen du droit de


communication rendent, dans certaines hypothèses, nécessaires de .continuer

les investigations afin de recueillir des informations plus précises sur le


déroulement des activités privées. A cet effet, la puissance publique peut mettre

en oeuvre son droit de visite.

B) LE DROIT DE VISITE

li y a lieu de faire une distinction entre, d'une part, le droit de visite de

l'administration et, d'autre part, le droit de visite particulier de la Société

Générale de Surveillance.

(BO) Déjà citée. Dans le même sens, voir:


- article 37 de la convention générale de coopération fiscale entre les Etats membres
de /'Organisation Commune Africaine, Malgache et Mauricienne (OCAM), déjà cité;
- article 61alinéa4 du Code des douanes de l'U.D.E.A.C.
A'-1-9

1) LE DROIT DE VISITE DEL 'ADMINISTRATION

Le droit de visite constitue le pouvoir reconnu essentiellement aux agents

d'exécution du contrôle. Son domaine porte notamment sur les locaux

professionnels ou commerciaux et sur les marchandises en cours de circulation.

Les agents des Douanes, par exemple, disposent d'un pouvoir d'action
général qui leur permet d'intervenir en tous lieux où se trouvent des

marchandises sous sujétion douanière ou en cours d'acheminement.

Ils ont le droit de procéder à la visite des marchandises et des moyens de


transport ainsi qu'à celle des personnes et de faire usage, si besoin an est, de
tous les moyens appropriés pour immobiliser les véhicules (81).

Le Code du travail (82) donne aussi aux inspecteurs du travail le droit de

pénétrer dans tous les établissements soumis à leur contrôle, afin de procéder à

tous les examens et enquêtes jugés nécessaires pour s'assurer que les

dispositions légales en vigueur sont effectivement observées. Ils peuvent

notamment prélever et emporter des matières et des substances utilisées ou

manipulées aux fins d'analyse et vérifier si l'aménagement des locaux est

conforme aux règles posées par la réglementatien sanitaire et sociale.

En matière fiscale, le droit de visite (83) se manifeste de façon plus

précise par le ·droit d'examiner la comptabilité d'une entreprise ou d'une

personne physique sur place, au lieu du siège social ou du principal

établissement.

(81) Arocles 60,62,63, 129, 130 et 131 du Code des douanes de l'U.D.EA.C. ·
(82) Article 115.
(83) Dans Je domaine fiscal, comme l'a indiqué M. A. ROUX, le droit de
vis 1 ~ . . est "Je stade le plus élaboré du contrôle (...), celui, en tout cas, qui
nécessite des investigations très poussées et qui ne sont pas sans analogie avec
celles qui accompagnent une enquéte de police ", in La protection de la vie privée
dans les rapports entre l'Etat et les particuliers, Thèsé. Droit., Aix - Marseille, 1980, p.
178.
2) LE DROIT DE VISITE PARTICULIER DE LA SOCIETE GENERALE DE

SURVEILLANCE

La procédure préalable à la vérification, par la Société Générale de

Surveillance (SGS), des marchandises importées au Cameroun présente une


grande originalité et justifie que l'on s'y attarde (a) avant d'étudier le

déroulement de leur inspection (b) (85).

a 0
) PROCEDURE PREALABLE A L'INSPECTION DES MARCHANDISES PAR
LA SOCIETE GENERALE DE SURVEILLANCE, (SGS).

La SGS est avisée de l'ordre d'inspection en recevant une copie de la

licence d'importation, accompagnée d'une copie de la facture pro-forma ou

document similaire ( bon de commande, télex, contrat...etc. ) qui précise les

détails de la transaction.

Le bureau de liaison de la SGS à Douala enregistre sur ordinateur

l'information reçue et la transmet, par télématique ou courrier spécial, au bureau

affilié de la SGS dans le pays du fournisseur.

Dans le cadre de sa relation contractuelle, l'importateur est tenu d'aviser

son vendeur, d'une part, de faire inspecter les m-archandises par la SGS, d'autre

part, qu'il lui reviendra (au vendeur) de payer les frais de manutention ainsi que

les essais liés à l'inspection.

Après la réception de la licence d'importation, le bureau de la SGS dans

le pays du vendeur fait parvenir à ce dernier un formulaire de demande

d'\n1c\1T\ation, lequel requiert les points suivants, nécessaires à la coordination

de l'inspection :

(85) Pour rédiger ce passage sur la SGS, nous nous sommes inspirés des documents
suivants:
- Dossier d'lntonnatton. SGS-Cameroun, mars 1989.
- SGS-Cameroun, guide pour les importateurs (sans date).
conformes au contrat, la SGS n'émettra !'Attestation de Vérification qu'après

confirmation écrite de l'importateur qu'il accepte cette divergence ou après

correction de cette divergence par le vendeur.

La comparaison des prix, quant à elle, se fait sur la base d'informations

provenant de sources diverses, comme, par exemple, les prix de transactions

semblables pour lesquelles la SGS a des dossiers constitués, des informations

provenant du marché local, des listes de prix publiés... etc.


, .

En l'absence d'anomalie relevée par (a SGS, le vendeur peut procéder à

l'expédition des marchandises aussitôt après l'inspection. Le bureau affilié de la

SGS enverra alors l'original de !'Attestation de Vérification et une copie au

vendeur, ce qui lui permettra d'obtenir le paiement de la marchandise depuis le

Cameroun à travers le canal bancaire; Quatre copies supplémentaires, dont

celle nécessaire pour le dédouanement, seront transmises au bureau de liaison

de la SGS à Douala (87).

En effet, comme le précise l'article 8 du décret N°88/1285 (88), "

l'inspection et le contrôle des importations ne dégage pas les services de

Douanes des obligations et prérogatives qui leur sont dévolues".

Quoiqu'il en soit, les pouvoirs des agents de contrôle peuvent donner lieu

à de nombreux abus; c'est pourquoi les textes ont soumis son exercice à des
conditions rigoureuses.

(87) Pour d'ample précisions sur tous ces points, voir ANNEXE N•t-t..J ~ :t6~
(B'é) du 23 septembre 1988, précité.
§ 11.- LES GARANTIES DES SUJETS DU CONTRÔLE

Les garanties accordées aux personnes contrôlées consistent ici en ce

que le pouvoir de contrôle doit être régulièrement exercé par des agents

compétents et selon les procédures prévues (8). Bien plus, il ne doit porter

aucun préjudice aux opérateurs économiques dans leurs rapports notamment


avec leurs clients ou leurs concurrents (A).
'
A) LE SECRET PROFESSIONNEL

Les agents d'exécution du contrôle sont tenus au secret professionnel

(89). Ils ne doivent pas révéler, même après avoir quitté leur service, les secrets

de fabrication et. en général, les procédés d'exploitation dont ils auraient pu


prendre connaissance dans l'exercice de leurs fonctions.

Les inspecteurs du travail, notamment, doivent traiter comme absolument

confidentielle la source de toute plainte leur signalant un défaut dans

l'installation ou une infraction aux dispositions légales et réglementaires. Il

doivent, en outre, s'abstenir de révéler à l'employeur ou à son représentant qu'il


..
a été procédé à une visite d'inspection comme suite à une plainte (9()).

Toutefois, il est évident que le secret professionnel ne saurait être

opposé aux personnes qualifiées pour connaître les faits relevés par un agent

de contrôle. L'article 267 du Code des impôts prend d'ailleurs le soin de préciser
que " les agents du service des Impôts sont déliés du secret professionnel à

l'égard des agents des services du Trésor, de !'Enregistrement, des Douanes et

(89) En ce sens, voir not :


- art. 113 du Code de travail;
- art. 14 de /'ordonnance n °72118 sur les prix;
- atticles 267 et 272 du Code des impôts; .
- art. 23 de /a loi n·9o/035 du 1018190 sur les inspecteurs des pharmacies... etc.
(90) Art. 113 alinéa 4 du Code du travail.
A55

de la Brigade économique agissant dans l'exercice de leurs fonctions". Dans le

même ordre d'idée, l'article 14 de l'ordonnance n°72/18 du 17 octobre 1972

dispose que les agents du contrôle des prix sont tenus au secret professionnel

sauf à l'égard des services publics intéressés.

A cette garantie s'ajoutent celles relatives aux règles de compétence et

de procédure.

B) LES REGLES DE COMPETENCE ET DE PROCEDURE

C'est en principe l'agent titulaire des pouvoirs de contrôle qui a droit à la


r
-
communication des documents et non son remplaçant ou son suppléant; l'article

271 du Code des impôts décide, par exemple, que les agents de l'administration

ayant le grade de contrôleur ou d'agent de constatation disposent également du

droit de communication lorsqu'ils agissent sur ordre écrit de l'inspecteur. Cet

ordre, qui doit être présenté au contribuable, précise le nom du ou des

contribuables intéressés.

Enfin, les textes soumettent les visites de nuit et les locaux d'habitation à

une procédure rigoureuse. Pour ces visites est exigée souvent (91) la présence

soit d'un officier de police judiciaire, soit d'un officier municipal du lieu, soit d'un

représentant de l'autorité régionale ou locale (92).

* *
*

(91) Pour /es exceptions à ce principe, cf. art. 60 al. 3 _du Code des douanes de
/'U.D.E.A.C.
(92) En ce sens, voir. art. 15 la. 4 de l'ordonnance n°l2/1 B du 17 octobre sur les prix.
~56

CONCLUSION DU TITRE 1

Trois remarques semblent ici essentielles, relatives à des caractéristiques

fondamentales de l'exercice du contrôle.

Tout d'abord, nous avons abouti à- la constatation évidente de la

généralisation du système de l'autorisation préalable au Cameroun.

On a ensuite assisté à un développement constant des garanties des

destinataires du contrôle. L'efficacité de ces armes contre les abus du pouvoir

de contrôle reste toutefois liée à la hardiesse des justiciables et du juge

administratif.

Enfin, le législateur a donné aux agents de contrôle, par les pouvoirs qu'il

leur a conféré, des moyens juridiques importants pour veiller à ce que les

infractions qui seraient commises à leur encontre fassent l'objet d'une sanction

adéquate.
TITRE Il

LA PORTEE DU CONTRÔLE

"Toute règle juridique est assortie de


sanctions; c'est même sa raison d'être. Le
droit n'existfî en effet comme régulateur de la
vie sociale qu'autant qu'il peut contraindre
l'administré à l'exécution des obligations
auxquelles il .tes soumet ".
JROBERT- "Les sanctions administratives et
le juge constitutionnel" (1).

Les infractions (2) commises par les destinataires du contrôle sont


préjudiciables à la réalisation des objectifs poursuivis par les pouvoirs publics.

C'est pourquoi, en théorie, elles doivent être sanctionnées lorsqu'elles sont


établies.

En pratique, cependant, l'observateur de la société camerounaise peut


facilement constater, sans qu'il soit besoin d'enquêtes sociologiques. que la
réglementation professionnelle demeure très fréquemment non respectée.

Il y a ainsi deux questions à étudier :

CHAPITRE 1.- LA PORTEE JURIDIQUE DU CONTRÔLE

CHAPITRE Il.· LA PORTEE PRATIQUE DU CONTRÔLE

(1) in Les sanctions administratiVes, formes nouvelles de l'action administratiVe et


séparation des pouvoirs, Les Petites Affiches n•a du 171111990, p. 43.
(2) L'infraction résulte ici de la violation d'une disposition textuelle imposant une
obligation professionnelle.
CHAPITRE 1

LA PORTEE JURIDIQUE DU CONTRÔLE

" On surveille pour pouvoir punir et il


faut sanctionner l'entrepreneur qui ne
se soumettrait pas à cette politique de
surveillance ".
Alain SAYAG- "Autorités publiques et
contrôle du fonctionnement des
entreprises privées "(1).

Les infractions révélées par le contrôle sont susceptibles d'exposer leurs

auteurs à des sanctions administratives et pénales.

Ces deux répressions, ainsi .qu'on va pouvoir le constater, sont

différentes à plusieurs points de vues. Toutefois, elles ont une origine

commune, qui est la constatation des infractions et leur poursuite par les

services de contrôle.

C'est pour cette raison que nous étudierons d'abord, dans une rubrique

commune, les formalités préalables à ces deux types de sanction (section 1)

avant de les examiner ensuite séparément (section Il).

(1) in Les autorités publiques et l'entreprise privée, Colloque de Deauville, op.cit. p. 77.
-159

SECTION 1

LES FORMALITES PREALABLES AUX SANCTIONS

Ces formalités sont au nombre de deux : la constatation des infractions


(§ 1) et leur poursuite(§ Il).

§ 1.- LA CONSTATATION DES INFRACTIONS

Lorsqu'un agent de contrôle constate une infraction, if peut dresser

directement le procès-verbal de l'infraction commise (8), sauf dans les cas où la

mise en demeure préalable est obligatoire (A).

A) LA MISE EN DEMEURE PREALABLE

La mise en demeure préalable indique les infractions constatées et fixe

un délai à l'expiration duquel elles devront avoir disparu. Elle doit être écrite,

datée; signée puis. notifiée au sujet du contrôle, ou à son représentant, par lettre
..
recommandée, avec demande d'avis de réception.

Cette procédure est prévue par quelques textes :

L'article 18 du décret n°84/1083 décide, par exemple, que lorsqu'une

infraction est constatée, la Commission locale d'hygiène, de sécurité et de police

des salles de spectacles cinématographiques (2) met l'exploitant intéressé en

demeure d'y remédier dans un délai qui ne peut excéder deux mois.

(2) Cette Commission est instituée par amMé préfectoral dans chaque commune où le
besoin se fait sentir. Cf. art. 16 du décret n°84/1083 précité.
A6o

De même, le contribuable retardataire ou récalcitrant doit être mis en

demeure de payer. A cet effet, le comptable du Trésor lui délivre une sommation

gratis, c'est-à-dire une invitation sans frais à se libérer de sa dette d'impôt, dans

un délai de douze jours des termes échus de ses contributions (3).

Cette pratique devrait, à notre avis, être généralisée, car le respect de la

législation suppose que les destinataires aient eu la possibilité de savoir

effectivement que cette législation existe et, surtout, qu'ils la comprennent.


'
Autrement dit, s'il est vrai qu'en droit, " nul n'est censé ignorer la loi ", il

importe de reconnaître qu'en fait, les lois sont parfois difficiles à connaître et à

comprendre au Cameroun, pour deux raisons principales :

D'une part, les législations particulières dont le respect est imposé aux

personnes physiques ou morales de droit privé exerçant des activités

indépendantes sont nombreuses: législation du travail, législation commerciale,

législation des prix, législation comptable, douanière et fiscale etc. Bien plus, la

démultiplication des autorités titulaires de la compétence d'émettre des règles

professionnelles ne favorise pas la compréhension de celles-ci. Ainsi, et pour ne

prendre que cet exemple, les règles du droit fiscal sont édictées par les pouvoirs

publics camerounais et par les instances dirigeantes de l'U.D.E.A.C.

D'autre part, à cette prolifération des règlements professionnels s'ajoute

le manque " d'éducation juridique " de la plupart des sujets du contrôle.

Comme l'a, à juste titre, souligné, de manière générale, le Professeur

GONIDEC:

(3) Voir article 302 du Code des impôts.


A6-1.

" Si l'aspect juridique du problème de la connaissance de la législation est

important, l'aspect sociologique l'est encore davantage dans les pays africains.

D'abord, il ne faut pas oublier que les moyens retenus pour porter la législation à

la connaissance des intéressés s'adressent à des populations largement

analphabètes, donc incapables de lire le texte publié, d'autant plus que la

langue officielle est généralement une langue étrangère, au double sens du

terme, c'est-à-dire venue de l'extérieur et inconnue de la majorité de la

populaUon. Il ne suffit donc pas de publier la législation; il faut encore qu'elle

fasse l'objet de commentaires par ceux qui savent..." (4).

Aussi, pensons-nous, à l'instar de M. DEMICHEL, que " le contrôleur doit

être dans certains cas autant un conseiller qu'un censeur" (5).

En généralisant la formalité préalable de la mise en demeure, on

laisserait ainsi aux professionnels délinquants la possibilité de mieux

comprendre les détails de certaines réglementations et de réparer

éventuellement leur négligence. S'il n'y remédient pas dans les délais fixés, leur

mauvaise fois sera alors évidente et les procès-verbaux de leurs infractions

pourront être établis.

B) LE PROCES-VERBAL

" Si l'investigation est le moyen matériel de constater les infractions, le

procès-verbal en est le moyen juridique sans lequel les agents de contrôle

seraient réduits à l'impuissance" (6).

(4) P.F.GONIDEC.- "Problèmes d'application de la législation en Afrique ", Bulletin


1.1.A.P. avril-juin 1967, p. 10.
(5) A.DEMICHEL.- op.cit. p. 105.
(6) A.DEMICHEL.- op.dt. p. 105.
'162

Précisément, ainsi que l'a écrit M. MOURGEON, les procès-verbaux sont

" les actes écrits par lesquers la personne qualifiée pour les dresser constate

une situation de fait dont peuvent être tirées des conséquences juridiques" (7).

En effet, les procès-verbaux dressés par un agent de contrôle énoncent


généralement son identité complète, celle de la personne mise en cause, la

description de l'infraction et les références des articles des textes interdisant ou


réprimant l'acte commis, la date et le lieu des constatations ou des contrôles
r
effectués; ils indiquent en outre que le délinquant a été invité à les signer et qu'il
en a reçu copie.

En matière d'infractions douanières et lorsqu'ils sont rédigés par deux


agents des Douanes, ou de toute autre administration, ils font foi jusqu'à
inscription de faux des constatations matérielles qu'ils relatent (8).

Dans les autres cas, ils ne font foi que jusqu'à preuve contraire de

l'exactitude et de ta sincérité des aveux et déclarations qu'ils rapportent.

Une fois établis, ils sont transmis à l'autorité de contrôle.

Si une sanction pénale est encourue. le dossier ne sera transmis à

l'autorité judiciaire que par l'intermédiaire de l'administration. Les textes sont

formels sur ce point :

" L'action publique est mise en mouvement par l'autorité administrative

saisie du procès-verbal de contrôle, à l'expiration du délai de mise en demeure,


qui le transmet au procureur de la République du ressort " nous dit, par
exemple, l'article 20 du décret n°84/1083 du 23 août 1984 (9).

(7) J.MOURGEON.-La répression administrative, Paris, LGDJ, 1967, p. 459..


(8) Art. 313 du Code des douanes de l'U.D.E.A.C.
(9) déjà cité. Dans le même sens, voir. art. 20. ordo~nance n°72/18 du 17110/1972: "
L'action publique en répression des infractions prévues par la présente ordonnance ne
peut être mise en mouvement sans plainte préalable du ministre chargé des Prix.//
Â63

Dans cette hypothèse, l'administration apprécie si le délinquant mérite

une sanction pénale ou non. Il n'en va pas toujours ainsi.

En effet, lorsque le procès-verbal est dressé par un agent de contrôle

agissant en. qualité d'auxiliaire de police judiciaire, la procédure se déroule selon

les règles générales du droit pénal et le procureur de la République est


immédiatement infonné.

Signalons enfin que certains agents de contrôle ont, à l'instar du


f

-
ministère public, le pouvoir d'exercer eux-mêmes l'action publique. Ainsi en est-

il, notamment, des inspecteurs du Travail : l'article 116, alinéa 1er, du Code du

travail les habilite à poursuivre directement en justice, devant la juridiction

comp~tente, tous les auteurs d'infractions aux dispositions du Code du travail et

à celles des textes pris pour son application.

De manière générale, c'est à partir du moment où le procès-verbal est

établi et transmis à l'autorité compétente que s'engage la poursuite et que les

sanctions pourront intervenir.

§ 2.- LES POURSUITES

Les infractions à la législation des Douanes, des Impôts, des Prix...

peuvent être poursuivies par la voie de la contrainte. Dans ces cas, elles sont
prouvées par des certificats, des renseignements, des procès-verbaux fournis

ou établis par des agents de contrôle de l'Etat camerounais, par ceux des pays
étrangers dans le cadre conventionnel ou par les agents de la Brigade inter-

Etats de vérification.
Ces poursuites ne sont prévues que dans des cas bien déterminés :

lorsqu'elles sont utiles et utilisables. Il convient donc d'analyser, dans un exposé


succinct, l'emploi des contraintes {A) et les garanties des destinataires du
contrôle (B).

A) L'EMPLOI DES CONTRAINTES

Les poursuites sont exercées par un porteur de contraintes. Celles-ci

s'analysent comme une habilitation donnée à un agent assermenté de contrôle


r
-
{10) de faire tous les exploits et autres actes de justice en lieu et place des

huissiers (11).

Les contraintes sont délivrées, notamment, dans tous les cas où


l'administration est en mesure d'établir qu'une somme quelconque lui est due.

Elles doivent comporter la copie du titre qui établit la créance.

Les poursuites par la voie des contraintes peuvent aboutir à la saisie des

biens ayant fait l'objet de l'infraction ou qui ont servi à commettre l'infraction.

Toutefois, les saisies ne peuvent pas être prononcées en cas d'infraction à la

publicité des prix {12).

Pour M. LEVASSEUR, ces saisies sont des" sanctions" {13).

A notre avis, on ne doit pas les considérer comme telles pour deux

raisons:

(10) Cf. art. 303 du Code des impôts: "Le trésorier délivre /es contraintes ". Dans le
même sens, voir. art. 325 du Code des douanes de l'U.D.E.A.C.: "Le directeur et les
chefs de bureau des Douanes peuvent décerner contrainte pour le recouvrement ... ".
(11) Cf.; arl. 325 du Code des douanes de l'U.D.E.A.C. et arl. 301 du Code des
impôts.
(12) Arl. 17 de l'ordonnance n•72J18 du 17 octobre 1972 suries prix.
(13) G.LEVASSEUR.- "La répression des infractions 8 la réglementation des prix ", in
JCP. 1941. 1, 183 et 184, n•26.
,.-165

D'une part, les saisies ne sont pas en elles-mêmes répressives, car, ainsi

que l'a noté M. MOURGEON, " ou bien elles sont suivies d'une sanction
marquant le terme de l'action répressive, ou bien il y a restitution des biens

saisis en l'absence de sanction ultérieure. Cela suffit pour qu'elles se présentent

comme des mesures provisoires liées à une action répressive, mais par elles-

mêmes préventives" (14).

D'autre part, les agents d'exécution du contrôle qui procèdent à ces

saisies ' n'ont, généralement, pas le pouvoir de prendre eux-mêmes des

sanctions. Les sanctions administratives, rappelons-le, ne peuvent être infligées

que par les autorités administratives ou par des agents auxquels la loi a donné

compétence pour le faire (ce qui est rarement le cas des agents d'exécution du

contrôle), alors que les sanctions pénales sont exclusivement du ressort des

Tribunaux judiciaires.

L'article 17 de l'ordonnance n°72/18 du 17 octobre 1972 conforte

d'ailleurs notre opinion : " à titre conservatoire, les agents du contrôle des prix

peuvent procéder à la saisie des produits, objets de l'infraction ".

Les saisies apparaissent donc comme des mesures essentiellement

préventives; l'on a justement parlé à leur propos de mesures de sûreté, en

faisant valoir qu'elles permettent, non seulement de réunir des preuves, mais

aussi d'ôter au prévenu les moyens de continuer des activités probablement

illicites (15).

Il est à souligner que les contraintes douanières doivent être visées sans

frais par le juge d'instance (16).

(14) J.MOURGEON.- op. cit. p. 149.


(15) lEDUCQ.- La saisie et la confiscation dans l!J législation des prix, Thèse Droit,
Nancy, 1944, pp. 47-51.
(16) Art. 326 du Code des douanes de l'U.D.E.A.C.
A.66

De la même manière, comme l'a indiqué M. MANGA (17), l'intervention

du juge est nécessaire, sinon obligatoire, pour le déclenchement des poursuites

en matière d'impôts recouvrés par le service de l'enregistrement, bien qu'il ne

dispose pas, en l'occurrence. d'un pouvoir d'appréciation et de décision


véritable, puisqu'il ne peut pas refuser de viser le titre de perception établi par

les services de l'assiette.

Il est regrettable qu'il n'intervienne pas dans la phase du déclenchement


r
des poursuites en matière d'impôts directs et taxes assimilées (18), car
l'intervention, même symbolique, du juge est un signe de protection des libertés

professionnelles.

B) LES GARANTIES DES DESTINATAIRES DU CONTRÔLE

Panni les garanties reconnues aux professionnels, il existe la voie du


recours contentieux. Il s'agit là, en réalité, d'une solution extrême qui n'est

envisagée que lorsque les moyens de droit sont épuisés (1). Nous verrons que,
dans le domaine des poursuites par la voie des contraintes, une garantie

supplémentaire leur est accordée: la possibilité de transiger (2).

1) LA SANCTION DEL 'EMPLOI ILLEGAL DES CONTRAINTES :

Affaire MVE NDONGO

Les faits de cette affaire (19) étàient très simples :

(17) Ph.MANGA.-,. Le recouvrement 'forcé de l'impôt et la prescription de garanties au


profit du contribuable dans la législation fiscale camerounaise ", in RJPIC, 1991, pp.
422 et suiv. not. p. 426.
(18) En ce sens, voir not. Instruction n°31DTna du 1~ mai 1978 relative aux poursuftes
en matière de recouvrement de l'impôt.
(19) Cf. arrêt n•101CFJIAP du 17 octobre 1968 in Recueil MBOUYOM.- op.cit. p. 110.
/169

le 18 août 1964, le sieur MVE NDONGO, préfet du département de la

Boumba-Ngoko, avait, de sa propre initiative, fait saisir par la Gendarmerie 3782

kilogrammes de cacao et d'autres marchandises appartenant au sieur NGABA

Victor. commerçant à Yokadouma, au motif que celui-ci était redevable à rEtat

d'une somme de 400.000 francs C.F.A.

Le conflit avait été élevé devant le Tribunal de première instance de


1

Dschang, saisi par M. NGABA Victor d'une action en dommages-intérêts contre

le préfet.

La Cour fédérale de justice devait ainsi résoudre la question de savoir

quel est, du juge administratif ou du juge judiciaire, celui qui a compétence pour

connaitre de cette affaire.

La Cour se prononça en faveur de la compétence judiciaire. Pour

expliquer cette solution, elle estima qu'aucun texte n'habilitait le sieur MVE

NDONGO à procéder à cette saisie, en qualité de préfet, c'est-à-dire de

représentant du Gouvernement. Bien plus, il ne prétendait pas s'être trouvé

dans l'obligation de procéder à cette opération et il n'invoquait ni des

circonstances exceptionnelles, ni une urgence à l'appui de son acte.

C'est pourquoi la Cour décida que la mesure incriminée apparaissait,

dans les circonstances de l'affaire, comme " manifestement lnsusceptible

d'être rattachée à l'exercice d'un pouvoir appartenant à l'administration ".

Selon elle, les faits reprochés à M. MVE NDONGO constituaient" une vole de

fait administrative, c'est-à-dire des actes tellement irréguliers qu'ils


perdent le caractère administratif et, par suite, la protection des lois de

1790 et de /'An Ill".


Le juge s'est préoccupé, dans cette affaire, de défendre le droit et non,

comme souvent, l'Etat; sa décision, hormis son caractère peu créatif, ne


saurait donc être critiquée.

En effet, la saisie des marchandises porte atteinte au droit de propriété

du sujet du contrôle (et du citoyen en général). principe inaliénable, pour justifier

l'intervention du juge judiciaire. Ce dernier est, en toute logique, compétent pour


réparer l'ensemble des préjudices résultant de la voie de fait.

-
En dernière analyse, l'intérêt de cette décision provient notamment de ce

qu'elle fait de l'habilitation un élément essentiel de la validité des opérations

d'exécution du contrôle; ce qui constitue une garantie importante pour les

personnes contrôlées, à laquelle s'ajoute la possibilité de transiger.

2) LA POSSIBILITE DE TRANSIGER

Lorsqu'un texte le permet, l'administration peut accorder au délinquant le

bénéfice d'une transaction, qui le dispense de l'application des sanctions


1
prévues par la loi, moyennant le versement d une certaine somme ou l'abandon

des marchandises saisies.

Cette possibilité de transiger est prévue notamment en cas d'infraction à

la législation des prix (20) et des douanes (21 ). L'article 9 de la loi des finances

pour l'exercice 1985-1986, modifiant l'article 288 du Code des impôts


camerounais, l'a supprimé en matière fiscale (22).

Il convient d'examiner succinctement les caractères juridiques de

\'opération transactionnelle (a) et ses effets (b).

(20) Cf. art. 19 de l'ordonnance n'?2!18 précitée.


(21) Cl art. 329 du Code des douanes de /'U.D.E.A_.C. ainsi Tédigé. : "les personnes
poursuivies pour infractionsdouanières peuvent être admises à transiger ".
(22) Elle pennettait au contribuable d'obtenir l'éehelonnement de sa dette.
a CARACTERES JURIDIQUES DE LA TRANSACTION EN MATIERE
0
)

ADMINISTRATIVE (23)

La transaction est un contrat comportant des concessions et des

engagements réciproques, c'est-à-dire un contrat synallagmatique (24}.

Par ce contrat, l'administration s'engage à renoncer à toutes poursuites,

le particulier à verser une certaine somme ou à abandonner des objets saisis.

Ce caractère contractuel interdit logiquement le recours pour excès de pouvoir


! -
contre une transaction. Toutefois, en vertu de la théorie des actes détachables,

la jurisprudence (25} admet que l'offre de transaction par l'administration puisse

faire l'objet d'un recours en annulation.

b 0
) EFFETS DE LA TRANSACTION

L'acte de transaction contient l'aveu de l'infraction. Le délinquant doit

exécuter la transaction dans un certain délai; celui-ci ne peut, par exemple, être

supérieur à 3 mois pour les infractions à la législation des prix (26).

Faute de cette exécution, il perd le bénéfice de la renonciation aux

· poursuites et l'administration peut alors, soit transmettre le dossier au Procureur

pour qu'il engage les sanctions pénales, soit infliger directement des sanctions

administratives.

(23) Pour d'utiles précisions sur ce point, voir- J.M.AUBY.- "La transaction en matière
administrative ", AJDA. 1966. pp. 5 et suiv.
(24) En ce sens, voir- Fernand BOULAN.- La transaction en droit privé posmt. Thèse
Droit, Aix-Marseille.1971.p. 185.
(25) En l'absence, sauf erreur, de jurisprudence camerounaise sur ce point, nous nous
pennettons de citer, par exemple, celle du Conseil d'Etat du 16 mai 1947, Hubert, Rec.
p. 200. -
(26) Précisons que la transaction est, dans ce domaine, accordée par le ministre du
Développement industriel et commercial.
SECTION Il

LES SANCTIONS

Les sanctions administratives (§ 1) et pénales (§ Il) sont les principales


sanctions (27} consécutives au contrôle de l'Etat.

'
§ 1.- LES SANCTIONS ADMINISTRATIVES

La doctrine présente une grande diversité de définitions de la sanction

administrative, largement incompatibles entre elles. Les incertitudes que


provoquent tes divergences de ces définitions ont été remarquablement mises
en évidence par le Professeur PICARD (28). Il n'y a pas lieu de s'y appesantir,

sauf à se condamner à reprendre les conclusions d'analyses qui ont été

diffusées et vulgarisées. Seule nous importe l'étude succincte des limites entre

cette notion et les notions voisines (A}; on essaiera ensuite de classer les
sanctions administratives (B) avant d'examiner, enfin, les garanties accordées

aux professionnels sanctionnés (C).

Précisons d'emblée que les sanctions administratives, au sens de la


présente étude, sont les sanctions qui peuvent être prononcées :

- pour assurer la discipline des activités de caractère culturel, politique,

industriel, commercial. social;

- pour assurer la discipline des activités professionnelles soumises à des ordres.

(27) Les sanctions civiles sont, nous semble t-il, ins_uffisantes pour donner au contrôle
sa pleine efficacité. C'est pourquoi nous n'avons pas jugé utile de les étudier ici.
(28) E.PICARD.- La notion de police administrative, op.cit. pp. 327-365.
A) LA NOTION DE SANCTION ADMINISTRATIVE

Pour mieux cerner la sanction administrative, il convient d'analyser la

distinction fondamentale qui oppose cette notion à la mesure purement

administrative ( 1), avant de tenter de préciser ses rapports avec la sanction


pénale (2).

1) SANCTION ADMINISTRATIVE ET MESURE PUREMENT


ADMINISTRATIVE

La distinction des deux notions présente un intérêt contentieux essentiel.

En effet, il est de jurisprudence constante que la procédure du

contradictoire doit être respectée s'agissant d'une sanction administrative. En

sens inverse, une mesure administrative peut intervenir, quelle que soit sa

gravité ou l'atteinte qu'elle comporte pour les libertés publiques, sans que celui

qui en est l'objet ait eu communication des griefs qui lui sont reprochés et sans

qu'il ait été mis en mesure de présenter sa défense.

L'arrêt n°208/CCA du 301111953, Jean BOONE contre Etat du Cameroun


circonscrit parfaitement l'enjeu de la distinction en ces tennes :

" Considérant que la règle qui exige de l'autorité compétente de mettre

l'intéressé à même de s'expliquer et de présenter sa défense avant toute

mesure de sanction est inapplicable, lorsque, comme dans le cas de l'espèce, il

s'agit d'une décision de police ".

Le critère de la distinction repose essentiellement sur ta recherche des


motifs et du but pour lesquels la mesure est intervenue. La mesure de police

est motivée par la nécessité de préserver l'ordre public. Dans le même ordre

d1idées, la mesure hiérarchique est motivée par l'intérêt du service public.


En revanche, la sanction vise à réprimer le manquement à une obligation

professionnelle.

Comme l'a fort bien souligné M. BRAIBANT : " Les sanctions sont d'une

nature essentiellement répressive. Elles procèdent d'une intention de punir des

infractions, soit à une réglementation précise, soit à des principes de morale

professionnelle. Elles sont fondées sur des griefs, sur des fautes reprochées.

Elles revêtent. en principe, un caractère personnel" (29).

2) SANCTION ADMINISTRATIVE ET SANCTION PENALE

La distinction entre ces deux types de répression a longuement retenue

la doctrine (30). Leurs relations sont régies par le principe d'indépendance.

S'ensuivent les conséquences essentielles suivantes :

- les poursuites à fin de sanctions administratives sont indépendantes des

poursuites pénales qui peuvent être engagées à raison des mêmes faits et

peuvent être prononcées nonobstant un acquittement pénal ou un non-lieu (31);

- une sanction administrative illégale engage la responsabilité de l'Etat, à la

différence des condamnations pénales irrégulièrement prononcées;

- l'amnistie pénale n'entraîne pas nécessairement celle des sanctions

administratives. etc.

(29) BRAIBANT.- " Conclusions sur C.E. 8 janvier 1960, ministre de /'Education
nationale contre ROHMER ... in RDP. 1960 p. 335.
(30) Cf. not : J.MOURGEON.- op.cit. pp. 56 et 110; M.WALINE.- Précis de droit
administratif, Paris, Montchrétien. 1969. p. 382; C.A. COLLIARD.- " La sanction
administrative "in Annales Fac. Droit d'Aix, 1943. etc.
(31) En ce sens, voir.arret n"265/T.E du 2711111963, MVE Jean c/Etatdu Cameroun.
B) CLASSIFICATION DES SANCTIONS ADMINISTRATIVES

Les méthodes de classement des sanctions administratives sont

diverses:

La plus simple consiste à les grouper suivant les autorités chargées de

les prononcer : autorité ordinale ou autorité administrative. Cette méthode

présente le défaut du catalogue par sa longueur et son caractère fastidieux. Elle

est peu scientifique, car elle attribue à toutes les sanctions la même importance.
(

Plus intéressante nous semble être l'approche de classification des

sanctions qu'a adoptée M. Gérard VICHE (32}. Cette démarche consiste à se

référer à la catégorie des droits individuels à laquelle chacune porte atteinte.

En suivant cette méthode, nous distinguerons :

- les sanctions portant atteinte à l'honneur professionnel (1};

- les sanctions pécuniaires (2};

- les sanctions privatives des droits (3).

1) LES SANCTIONS PORTANT ATTEINTE A L'HONNEUR

PROFESSIONNEL

Elles consistent en un avertissement ou en un blâme. Ces sanctions sont

prononcées lorsque l'autorité ordinale (33} estime devoir être bienveillante. Elles

s'analysent en un rappel à l'ordre solennel donné au professionnel libéral puni.


Leurs incidences patrimoniales ou professionnelles sont assez faibles car

l'avertissement et le blême n'emportent que l'inéligibilité au conseil de l'ordre

pendant deux ans à compter de la notification de l'une ou de l'autre sanction

(32) in La sanction professionnelle, Thèse Droit, Montpellier.1948, p. 238.


(33) c'est-à-dire la Chambre de discipline, dirigée par le président du conseil de l'ordre
et composée de quatre autres membres élus en son sein.
(34). Leur effectivité est assurée par l'inscription qui en est faite au dossier de

l'intéressé. Cette inscription, en cas de récidive, est susceptible d'aggraver la

seconde peine encourue.

2) LES SANCTIONS PECUNIAIRES

On peut essentiellement en distinguer trois types : les amendes (a) la

confiscation des biens saisis (b) et les majorations de retard (c).

a 0
) LE~ AMENDES

Les textes prévoyant les amendes fixes sont rares; citons, à titre

d'exemple, l'ordonnance du 17 octobre 1972 portant régime général des prix.

Elle prévoit (35) une amende forfaitaire de 5.000 francs C.F.A. lorsque le

montant de la majoration illicite est inférieure à 10.000 francs C.F.A .. (36).

Les autres textes prévoient en général des amendes comprises entre les

limites d'un maximum et d'un minimum. Ils contiennent une fonnule calquée sur

la suivante : les infractions aux dispositions de telle réglementation

professionnelle sont sanctionnées d'une amende de 1O francs, par exemple, à

1OO francs. Le montant de cette amende varie en fonction de la gravité de


.- .
l'infraction; ce montant est fLXé par l'agent d'exécution du contrôle, sous réserve

de l'approbation ultérieure de ses conclusions par son supérieur hiérarchique.

Les amendes sont assorties du privilège du Trésor et peuvent donner lieu

à l'emploi de la contrainte par corps (37).

(34) En ce sens, voir, par exemple, art. 110 al. 2 de la loi n°90/035 sur les
pharmaciens.
(35) art. 31.
(36) ... de 10000 francs lorsque ce montant est compris entre 10000 et 30000 francs;
de 20000 francs lorsque ce montant est compris entre 30000 et· 50000 francs et de
20000 francs lorsque ce montant est compris entre 50000 et 100000 francs, cf. art. 30
cité.
(37) En ce sens, voir. art. 29 de la loi n·BB/016 du 1ô/12188 sur ta publicite.
0
b ) LA CONF/SCA TION

La confiscation est prévue dans un grand nombre de textes épars. Selon,

par exemple, rarticle 39 de la loi du 1O août 1990 relative à l'activité

commerciale, " l'importation ou la mise en vente des produits prohibés à

l'importation donne lieu à la confiscation et/ou la destruction des marchandises


objet de la fraude ".

Les marchandises non prohibées saisies peuvent également être

confisquées en cas de non-paiement intégral des amendes. Cette confiscation

est suivie de leur mise en vente aux enchères publiques (38).

Il est, à cet égard, essentiel de noter une évolution dans l'attitude des

pouvoirs publics, puisque les marchandises confisquées sont cédées, à titre


gratuit, aux nécessiteux.

Un exemple récent illustre notre propos : en mai 1990, 16 tonnes de


11
détergents de marque "Eléphant (39), importés frauduleusement du Nigeria

par la société Baby Holding, avaient été saisis par la délégation départementale

du Développement industriel et commercial de la Haute Sanaga (40). Le chef de

ce ministère donna alors l'ordre au gouverneur de la province du Centre de

procéder à la confiscation de cette marchandise et de la céder gratuitement aux

organismes de bienfaisance (41) (42).

(38) Cette vente aux enchères est opéree par les services du Tresor. Une parüe du
montant de cette vente sert à encourager les personnes ayant contribué à la saisie.
(39) Il s'agissait essentiellement du savon en poudre.
(40) Les trois infractions commises par cet importateur étaient les suivantes :
- le défaut de la licence d'importation;
- la non soumission aux procédures de dédouanement;
- le non respect des principes de la décision n°44/MINDICICAB du 21 février 1990
instituant le marquage "vente au Cameroun" sur certains produits importés.
(41) Outre la saisie et la confiscation suivies de la dis~ribution des marchandises, ladite
société a été suspendue de toute importation pour une durée de trois ans.
(42) Sur tous ces points, voir Cameroon Tribune n·4696 du 9 août 1990, p. 4.
c1 LES MAJORATIONS DE RETARD
En matière fiscale, le retard enregistré, soit dans le dépôt des

déclarations, soit dans le paiement des droits dûs, entraîne une majoration de

10% des sommes impayées deux mois après la date de leur mise en

recouvrement {43).

3) LES SANCTIONS PRIVATIVES DE DROITS PROFESSIONNELS

Le retrait de l'autorisation préalable (a). l'interdiction d'exercer la

professi?n (b) et la fermeture de l'établissement (c) sont les sanctions portant


- -
temporairement ou définitivement atteinte à l'exercice des droits juridiques

relatifs à l'activité professionnelle.

a' LA FERMETURE DE L'ETABLISSEMENT

La fermeture administrative de l'établissement vise à punir la personne

physique ou morale de droit privé en raison de son activité illicite et dans

l'exercice de son activité professionnelle. En termes différents. elle met fin à

l'activité de l'entreprise considérée en elle-même, abstraction faite de l'activité

personnelle de l'un de ses dirigeants ou de l'un de ses employés.

Cette fermeture peut être prononcée à titre définitif ou pour une durée qui

ne peut excéder trois mois, renouvelable une fois. Dans ce dernier cas, elle

entraîne, à l'encontre de l'entrepreneur, l'obligation de payer au personnel sa

rémunération normale. L'article 37 de l'ordonnance du 17 octobre 1972 sur les

prix est, à cet égard, très explicite " pendant la fermeture, le délinquant doit

continuer à payer à son personnel les salaires, indemnités et rémunérations de

toute nature auxquels il avait droit jusqu'alors" (44).

(43) article 286 du Code général des impôts.


(44) Cette obligation s'analyse en une peine administrative complémentaire de la peine
principale de fermeture et présente la nature d'une sanction pécuniaire, puisqu'elle se
résout en une dette d'argent chiffrable d'après la durée de la fenneture.
bj L'INTERDICTION D'EXERCER LA PROFESSION

L'interdiction d'exercer présente un caractère personnel. Comme l'a

souligné M. VICHE, "elle frappe des individus déterminés et a pour but de les

mettre hors d'état de nuire " (45).

Elle est, notamment, prononcée par l'autorité ordinale (46). Le conseil de

l'ordre dispose en effet de deux peines de ce type à savoir :

- d'une part, l'interdiction temporaire, qualifiéeyartois de suspension, allant de 3

mois à un an, selon la gravité de la faute commise;

- d'autre part, l'interdiction définitive, consistant en la radiation du tableau de

l'ordre. Dans ce cas, l'intéressé ne pourra introduire une demande de reprise

d'activité auprès du conseil de l'ordre qu'après un délai de 5 ans.

Signalons enfin que l'interdiction temporaire entraîne l'inéligibilité au

conseil de l'ordre pendant trois ans à compter de sa notification.

c 0
) LE RETRAIT DE L'AUTORISATION

Le retrait (47) de l'une des formes de l'autorisation préalable peut être

prononcé à titre de sanction. Cette faculté, ainsi qu'a pu l'écrire M. MODERNE

(48), "contribue à renforcer la surveillance administrative après la délivrance de

l'agrément, en laissant planer sur son bénéficiaire une menace permanente ".

(45) op.cit. p. 245.


(46) Elle peut aussi l'être par l'autorité administrative. Cf., par exemple, art. 34 al.2 de
la loi n°90/031 précitée.
(47) Le retrait en cause se présente comme une abrogation et ne comporte aucun
effet rétroactif. Il doit en outre être distingué du refus de délivrer l'autorisation préalable
à /'exercice de la profession sollicitée; ce refus est un acte indépendant de toute faute
professionnelle antérieure et il ne constitue donc pas une sanction.
(48) Franc MODERNE.-" Le retrait de /"agrément ad_ministratif nécessaire a l'exercice
d'une profession : quelques observations sur /es pouvoirs de l'administration et /es
droits des professionnels, C.E. 2517fl5 ", in D.S. 11 novembre 1976, p. 458.
~80

Son effet est identique à celui de !*interdiction administrative d'exercer la


profession.

Cette sanction tend à être de plus en plus fréquente dans la pratique. A

titre d'exemple, le 14 août 1989, le ministre des Finances a retiré l'agrément à


51 cabinets de courtage d'assurances accusés de malversations diverses,

d'escroquerie et de fabrication de fausses attestations d'assurance (49).

Les
, sanctions privatives des droits professionnels sont les peines les plus
. -
graves, puisqu'elles aboutissent à priver l'intéressé de ses ressources et de sa

puissance sociale. Elles permettent aussi et surtout de protéger les autres

professionnels et l'ensemble des individus, intéressés directement ou

indirectement à l'exercice de la profession, contre son activité considérée

comme dangereuse. Il reste que cela constitue une raison supplémentaire

d'accorder des garanties aux professionnels, afin d'éviter que l'administration et

!'Ordre professionnel ne prennent des sanctions arbitraires.

C) SOUMISSION DES SANCTIONS ADMINISTRATIVES A UN REGIME

PROTECTEUR

En général, les textes qui donnent à une autorité administrative le pouvoir

de prononcer les sanctions administratives prévoient, en même temps, des

garanties pour ceux qui sont susceptibles d'en faire l'objet. Le contrôle du juge
administratif en constitue la meilleure, ainsi que permettra de le constater l'étude

de l'affaire de la Société assureurs conseils franco-africaine Qt). C'est pour


faciliter ce contrôle que le législateur et la jurisprudence soumettent la validité

des sanctions infligées au respect strict de certaines règles de procédure (1),.

(49) Cf. Cameroon Tribune n°4454 du 18 aoat 1989, p. 7 et, ci-après, Annexes n° g et8.,
. ~ ~59 d-$60
1°) LES GARANTIES ENTOURANT L'APPLICATION DE LA SANCTION

L'autorité administrative ou ordinale est tenue de motiver la sanction

qu'elle prend. Elle doit en informer le professionnel intéressé et le mettre à

même de faire entendre utilement ses observations sur les faits qui lui sont

reprochés. La décision portant sanction est, en outre, subordonnée à l'avis

d'une commission
, consultative.

Les exceptions à l'application des principes de motivation, du

contradictoire et de consultation obligatoire sont relativement rares (50), et leur

violation est susceptible d'entraîner l'annulation juridictionnelle de la sanction,

suivie éventuellement d'une indemnisation.

2 °) L'ANNULATION D'UNE SANCTION ILLEGALE :"AFFAIRE SOCIETE


ASSUREURS CONSEILS FRANCO-AFRICAINE " (AGFRA) (51)

Les faits de l'espèce méritent d'être rappelés :

La Société assureurs conseils franco-africaine (52), dont l'agrément en

qualité de courtier d'assurances avait été retiré par arrêté n°1203/MINFI du 26

octobre 1979 (53) du ministre des Finances, sollicite du juge administratif

l'annulation de cette sanction, au motif qu'elle constitue un détournement du

pouvoir. Selon elle, cette sanction, initialement non motivée, avait été prise en

vue de favoriser la Société Camerounaise d'Assurances et de Réassurances,

(SOCAR), qui prétendait que l'A.G.F.R.A. menaçait son portefeuille en plaçant

des affaires auprès d'autres compagnies.

(50) Citons à titre d'exemple l'article 47 al.3 du décret n°90/1467: "Les chantiers de
construction et les exploitations d'établissements de tourisme clandestins son fermés
d'office sans préavis par le ministre ".
(51} Jugement n°62/CSJCA du 251911980.
(52) Qui a son siège d Doue/a.
(53) Confirmé par l'arrêté n°100 du 221111980.
A l'argumentation de la requérante, le représentant de l'Etat réplique en
concluant au rejet du recours. Il estime, en substance, que la décision attaquée

est fondée sur l'existence des liens étroits entre le Président-Directeur-Général

du cabinet de courtage A.G.F.R.A. et l'agence Chanas-et-Privat, dirigée par son

épouse. Selon lui, il est apparu que l'honorabilité du Président de cette société a

été mise en cause en raison notamment des actes accomplis par l'intéressé,

actes de nature à " provoquer la déstabilisation des portefeuilles constitu~ par

d'autres' organismes d'assurances ". C'est poùrquoi il pense que faire droit à la

demande de la requérante " serait une remise en cause de la souveraineté de

l'Etat en matière de son développement économique".

Mais la Cour a réfuté cette argumentation, estimant, à juste raison. que

les motifs avancés par le représentant de l'Etat n'étaient pas fondés. Elle a

annulé la décision portant retrait d'agrément, motif pris de ce que, d'une part elle

contenait une illégalité quant au but poursuivi, d'autre part elle ne reposait sur

aucune base légale.

Le juge s'est comporté en protecteur des libertés professionnelles en

mettant des garde-fous à l'abus du pouvoir de sanction. Sa décision ne saurait

en conséquence être critiquée.

Les sanctions administratives affectent exclusivement la vie

professionnelle des intéressés. Celles qui sont les plus graves aboutissent à les

mettre dans l'impossibilité matérielle de vivre. Elles s'accompagnent souvent

de sanctions pénales.
§ 2.- LES SANCTIONS PENALES

Cette étude est du ressort du droit pénal. C'est pourquoi nous donnerons

seulement un aperçu des principales sanctions pénales consécutives au


contrôle de l'Etat.

Lorsque les amendes, la confiscation (54), l'interdiction d'exercer la

profession (55) et la fermeture de l'établiss~ment (56) sont prononcées par

l'autorité judiciaire, elles sont, selon les cas, des peines principales,
complémentaires ou accessoires (57).

La sanction pénale donne lieu à inscription au casier judiciaire. Elle

frappe l'intéressé dans sa vie professionnelle et dans ses prérogatives

générales de citoyen. Elle peut Le. priver sa liberté (58).

* *
Il n'est guère contestable. que la sanction administrative et la sanction
pénale répondent, dans la pensée du législateur, à une considération de

prévention, dans ses effets individuels et généraux.

La prévention individuelle réside dans l'espoir que réformé par le

chêtlment, le professionnel puni ne récidivera pas, les souffrances endurées lui

ayant inspiré le sentiment que l'infraction à la réglementation professionnelle ne

paie pas.

(54) Cf. art.35 du Code pénal camerounais.


(55) Cf. art.36 du C.P.C.
(56) Cl; art.34 du C.P.C.
(57) En revanche, elles sont, en droit administratif, d~s peines principales se suffisant
à elles-mêmes.
(58) Cl articles 22,24,26 du Code pénal camerounais.
A85

La prévention générale procède de la conception selon laquelle " la

crainte d'un châtiment exemplaire est salutaire et de nature à faire hésiter les

délinquants éventuels " (59).

Elles ont toutes deux pour objet d'agir sur l'intéressé mais en vue de
protéger la société. Ce rôle de prévention est renforcé par la publicité de la

peine, donc de la faute. Ces sanctions constituent ainsi une arme indispensable
r
-
à l'efficacité du contrôle de l'Etat. Encore faut~il qu'elles soient effectivement
appliquées. Nous ne pensons pas qu'elles le soient. En effet, comme il sera

loisible de le constater, les sanctions pénales et, surtout, administratives sont en

pratique très rares en ce domaine pour avoir des effets dissuasifs et

pédagogiques; autrement dit, elles sont insuffisamment appliquées pour pouvoir

donner au contrôle sa pleine efficacité.

* *
*

(59) Cf. G.STEFANI et G.LEVASSEUR .- Droit pénal général et procédure pénale,


Paris, Dalloz. 1964, p. 266.
CHAPITRE Il

LA PORTEE PRATIQUE DU CONTRÔLE

"Il n'est pas de développement cohérent et


concerté sans dépassement de l'existant, sans
volontarisme, sans invention de méthode et de
normes, sans anticipation partielle du futur... "
Jacques BUGNICOURT (1).

Un système de contrôle efficace doit, logiquement, permettre de réaliser,

sinon la totalité des objectifs poursuivis, du moins la majorité d'entre eux; tel

n'est pas le cas actuellement.

En effet; nul ne conteste plus que le contrôle effectué par l'Etat

camerounais sur les activités des personnes physiques et morales de droit privé

soit inefficace; les commentateurs du quotidien national, Cameroon Tribune,

s'accordent à constater le phénomène que, de son côté, les pouvoirs publics ne

cherchent plus à nier (section 1).

Mais, force est de reconnaître que, d'une manière générale, pas plus que

les politiques ou que la presse, les auteurs n'ont précisé davantage les raisons

de cette inefficacité du contrôle de l'Etat. Ces raisons sont plus nombreuses et

plus complexes qu'elles peuvent paraître. Il convient donc de tenter d'en

recenser les principales (section Il ) et, à la suite des observations effectuées,


de définir pour l'avenir l'orientation des réflexions qu'elles peuvent susciter

(section Ill).

(1) in "Le mimétisme administratif en Afrique, obstacle majeur au développement ",


R.F.S.P. 1973, p. 1266.
SECTION 1

L'INEFFICACITE DU CONTRÔLE DE L'ETAT

" Il est difficile de faire comprendre l'inefficacité profonde d'un Etat

comme le Cameroun à quiconque n'en a pas en fait l'expérience. On ne peut

véritablement prouver cette inefficacité. On- ne peut que l'illustrer par des
exemples et des anecdotes ,. (2).

Cette observation du Professeur Jean François MEDARD, bien que

remontant à quelques années, a conservé toute sa pertinence.

En effet, en pratique, la plupart des réglementations professionnelles ne

sont pas respectées. Il est, évidemment, très difficile d'en évaluer le nombre;

mais, de nombreux indices et témoignages donnent à penser que l'ampleur du

phénomène est considérable; car le contrôle de l'Etat est très loin de produire

l'essentiel des effets que l'on pourrait normalement en attendre.

Cette inefficacité est générale, en ce sens que tous les aspects du

contrôle sont concernés : contrôle des prix, contrôle des importations, contrôle

fiscal, contrôle de la qualité, contrôle à but politique. Pour la mettre en évidence,

nous démontrerons que la réalisation des principaux objectifs poursuivis par le

contrôle de l'Etat est très insuffisante.

(2) J.F.MEDARD.- •L'Etat sous développé au Cameroun ",in Année Africaine.1977, p.


5ô.
§ 1.- L'INSUFFISANCE PRATIQUE DE LA PROTECTION DES
CONSOMMATEURS

Un système de contrôle de qualité des aliments opérationnel et efficace

doit en principe permettre :

- d'une part, le développement et la stimulation des échanges des denrées

alimentaires de bonne qualité sur les marchésjntérieurs et extérieurs;

- d'autre part, l'amélioration du statut nutritionnel et la protection de la santé de

la population.

Or, de ce point de vue, la situation est loin d'être satisfaisante.

En effet, comme l'a indiqué M. Daniel SIBETCHEU, dans son

intervention faite lors du séminaire national sur les stratégies alimentaires et

nutritionnelles, tenu à Yaoundé en juillet 1988 (3), " on constate qu'une quantité

appréciable des denrées alimentaires d'origines diverses importées au

Cameroun est impropre à la consommation humaine. Déjà, en 1974, le Docteur

G.KOUTHON, expert de la F.A.O., après une 111ission sur le contrôle de qualité

des aliments au Cameroun, a estimé, dans l'hypothèse optimiste, à 2% des

aliments importés dans ce pays impropres à la consommation humaine; ce qui

représentait alors 10. 370 milliards de Franc C.F.A.

" Un système de contrôle de qualité des aliments efficace aurait pu

empêcher l'entrée de ces aliments sur le territoire, limiter l'évasion de nos

devises et préserver la santé des consommateurs.

(3) D.SIBETCHEU.- "L'urgence d'un système efficace de contrôle ", in Cameroon


Tribune n°4329 du 16 février 1989, le supplément du jeudi n°72, la protection des
consommateurs, pp. 12 et 13.
A89

" De nos jours, a-t-il ajouté, ce contrôle relève de la compétence de

plusieurs organismes et départements ministériels: Agriculture pour le contrôle


phytosanitaire; Elevage, pêche. et industrie: animale pour le contrôle

vétérinaire des animaux de boucherie et pour celui des viandes et des produits
de la pêche; Santé pour la salubrité des denrées alimentaires; Enseignement

supérieur, informatique et recherche scientifique pour la recherche de base;

Centre Pasteur du Cameroun pour les analyses microbiologiques, chimiques et


toxicologiques. Malheureusement, ces différentes administrations travaillent
dans le domaine en vase clos, avec une insuffisance de communication et sans
échanges d'expérience. Cette situation ne favorise guère les concertations
régulières, susceptibles de permettre une amélioration des prestations des
services des différentes administrations chargées du contrôle de qualité sur le

terrain.

" On observe, a conclu M. SIBETCHEU, une certaine anarchie et le

contrôle de qualité des aliments se fait empiriquement. car il n'existe pas de

normes sanitaires nationales légalement contraignantes 11 (4).

On objectera, peut-être, que l'interventi~m de la Société Générale de


Surveillance a déjà permis que l'on parvienne à une meilleure protection des

consommateurs, de sorte que l'opinion suscitée serait mal fondée.

Mais encore faut-if que cette intervention soit véritablement efficace.


Nous ne le pensons pas (5). Bien plus, les opérations d'inspection des
marchandises importées au Cameroun, effectuées par la S.G.S., n'ont
commencé que le 1er décembre 1988.

(4) "tout au plus, on se réfère aux normes du Code?< Alimentaire qui est un canevas
général pour le commerce intemational ",cf. D.SIBETCHEU.- art. préc. p. 13
(5) Voir infra pp. .2.f~ àJJq.ainsi que la note n·s2.
A9o

Il faut ajouter ici que les produits laitiers locaux sont peu contrôlés.

En effet, les 4/5ème des produits laitiers consommés au Cameroun sont

fabriqués à Douala, sous le contrôle du service provincial de la protection

sanitaire et de la santé publique vétérinaire du Littoral. Ce service a pour

mission de garantir aux consommateurs des produits sains.

Or, selon son chef, le Docteur J.M.TCHUISSANG (6), " certaines

fabriques sont difficilement localisables du fait qu'elles changent d'emplacement


f

et même les noms de leurs produits pour ne pas se soumettre au contrôle

sanitaire ". Ainsi, " alors que la liste des produits contrôlés ne concerne que

deux entreprises, à savoir Camlait et Silac, celle des "produits fantômes" est

longue. Il s'agit de Blanc neige, Lapon, Ourson bleu, Yoglait, Jopy yaourt, Le

Sportif, African yaourt, Sitralait, Yaourt biboto, Yoghurt first, Yoghurt sweet,

Yaourt typ etc. ".

En fait, " ces entreprises, une fois (l'aspect) commercial réglé, ignorent ou

refusent de soumettre leurs produits au contrôle sanitaire, qui est une étape

indispensable pour la santé des consommateurs. Leurs produits, non seulement

ne sont pas contrôlés mais restent parfois commercialisés après la date limite

de consommation, qui n'est pas toujours visible sur la boîte. En plus, la chaleur

qui favorise la consommation de ces produits les rend également propices à la

culture bactériologique" (6 bis).

Cette remarque ne vaut pas seulement pour le contrôle de qualité mais

aussi pour celui des prix.

Comme l'a, à juste titre, noté M. J.M.NZEKOUE, " le contrôle des prix a

été très souvent chez nous une notion théorique, sans grande portée sur la

(6) cité par cameroon Tribune n·4624 du jeudi 19 avril 1990, p. 13.
réalité. En matière de fixation et d'application des prix, l'anarchie qui règne sur

nos marchés s'avère préoccupante, tant l'écart est grand entre la règle et la

pratique ... " (7).

Ainsi, les différences des prix constatées, par exemple, dans le domaine

de la commercialisation des bières et boissons gazeuses pourraient faire croire

à un vide législatif en la matière. Il n1en est pourtant rien (8).

Déjà, Cameroon Tribune du 24 juin .1982 signalait, notamment, que


r

l'arrondissement de Meiganga vivait depuis quelques temps dans le cycle

infernal de la hausse illicite des prix des denrées alimentaires : " les populations

ne cessent de se plaindre de cette hausse illicite des prix, qui risque d'entraîner

l'exode rural, écrivait alors M. SAMBOU, qui ajoutait que les fonctionnaires ne
sont pas en reste et certains sont prêts à solliciter leur affectation ailleurs,

notamment là où le coût de la vie leur permettra de s'épanouir avec leur famille "

(9).

Dans le même ordre d'idées, il est rare que les résultats des contrôles

effectués entraînent le prononcé des sanctions.

A titre d'exemple, à la date du 26 décembre 1986, nous avons relevé

que:

(7) J.M.NZEKOUE.- .. Contrôle des prix, une réglementation plus rerme ", in
Cameroon Tribune n°4250 du 24 octobre 1988, p. 16.
(8) En ce sens, voir notamment :
- Luc ANGOULA NANGA.- " Débits de boisson, une application complaisante des
textes•, in Cameroon Tribune n°4692 du vendredi 3 août 1990, p. 7: •En ville comme
au village, écrit-il, le non respect de la réglementation des débits de boisson fait
recette••• ".
-J.M.NZEKOUE.-,. Le boom du commerce des boissons: la réglementation trahie", in
Cameroon Tribune N°4166 du 27 juin 1988, p. 5.
(9) SAMBOU DAOUDOU.- " Hausse illicite des prix des denrées alimentaires à
q

Meiganga ",in Cameroon Tribune n°2407 du 241611982, p. 2.


- 21 médecins exerçaient leurs activités en clientèle privée sans autorisation

administrative préalable dans la ville de Douala;

- 6 médecins étaient dans la même situation à Yaoundé (10).

De même, selon les estimations de Cameroon Tribune n°4246, du jeudi

20 octobre 1988, 19 seulement sur les 56 boulangeries que compte la ville de

Yaoundé sont titulaires d'un agrément (11 ).

Ces quelques témoignages démontrent bien que la protection des

consommateurs, en tant que but du contrôle, est en pratique très insuffisante. Il

en est de même de la protection des industries locales.

§ 11.- L'INSUFFISANCE PRATIQUE DE LA PROTECTION DES INDUSTRIES


LOCALES

Les industries locales, censées être protégées, sont au bord de

l'asphyxie du fait des importations insuffisamment contrôlées.

Selon le rapport économique et financier de la loi des finances de

l'exercice 1987/88, les entreprises nationales ont eu à faire face aux

importations massives et frauduleuses de riz, de sucre, de l'huile de palme et de

l'huile de coton, en provenance des pays asiatiques et des pays voisins.

L'ampleur de ce phénomène a mis en péril plusieurs produits fabriqués

au Cameroun, tout en entrainant des pertes financières considérables pour

l'Etat.

(10) Source: ministère de la Santé publique, août 19_90. Voir en ANNEXE N° 12- une
liste faisant état de la situation. ...~ "2,6'.3 - !l:r-1-
(11) p. 16. -d
A93

C'est ainsi, par exemple, que la " Société Camerounaise de Minoterie a

été contrainte de ne produire que 48.000 tonnes, au lieu de 90.000 tonnes

prévues. (... ); on venait pourtant de procéder à l'extension de l'usine, pour au


moins un milliard de franc C.F.A." (12).

Cameroon Tribune du 14 septembre 1987 signalait, quant à elle, que la

production de la Cameroon Sugar Company, CAMSUCO, a atteint, en 1985/86,

45.048 tonnes. mais à cause de la concurrence déloyale du sucre étranger, la


'
société n'a pu vendre que 36.490 tonnes en 1987. La même situation prévalait à

la Société Sucrière du Cameroun, SOSUCAM, qui avait encore 5500 tonnes


dans ses magasins à la veille du démarrage de la campagne sucrière 1986/87.

De même, la cimenterie de Figuil au Nord-Cameroun connaît une

situation financière difficile, notamment à cause des importations frauduleuses

de ciment en provenance du Nigeria.

Comme a pu le souligner M. JOLIVALD (13), "ses ventes ont diminué de

moitié depuis que le pays a rouvert ses frontières au mois d'avril 1986,

permettant ainsi l'arrivée massive de ciment vendu à très bas prix pour se
procurer du franc C.F.A., qui servira à acheter,-sur les marchés étrangers, les

marchandises que le Naîra inconvertible ne peut acquérir. La faiblesse actuelle

des ventes mensuelles de l'usine de Figuil, a-t-il conclu, est telle que des pertes

d'exploitation sont enregistrées et que sa direction a dû prendre des mesures

concernant l'emploi".

On assiste également à l'invasion du marché national par des produits

congelés.

(12) en 1985186. Pour d'amples informations sur ce point, voir. Jean NGANDIEU.- Le
Cameroun et la crise, renaissance ou blocage?, Paris, L'Harmattan.1988, p. 41.
(13) François JOLIVAT.- " Cimencam et le marché camerounais du ciment ", in
Marchés Tropicaux du 16janvier1987, p. 146.
Pourtant, " le pays compte 4 millions de têtes de gros bétail, soit environ

un boeuf pour trois camerounais par an ", remarquait déjà, dès 1985, M.

J.M.NZEKOUE qui, dans la même étude, relevait qu'en 1983, "les importations

soumises à des licences étaient inférieures à celles sans licences (493.425.000

francs.C.F.A. contre 610.921.000) et qu'en 1984, sur 1.233.634.000 francs.

d'importation de viande, 667.890.000 francs étaient sous licences" (14).

Ajoutons, avec Mme ABENA NLOMO, que " des protestations de petits
r -
éleveurs se sont élevées ça et là sans succès. Les responsables de la Société

de Développement et d'Exploitation des Productions Animales, SODEPA,

s'arrachent presque les cheveux devant l'ampleur de la catastrophe, car cette

jeune société subit de plein fouet les effets de cette situation. Les abattages, qui

représentent sa principale ressource, ont chuté de façon alarmante" (15).

A l'évidence, l'introduction frauduleuse et anarchique des marchandises

étrangères sur nos marchés est ici un signe de l'incapacité de l'Etat à maîtriser

le contrôle des importations. Elle est un signe de son impuissance à assurer la

protection des industries locales. Cette constatation se vérifie aussi dans le

domaine du contrôle à but essentiellement politique.

§ 111.- LE CARACTERE LIMITE DE LA REALISATION DE L'UNITE


NATIONALE

Il est un fait que malgré les discours officiels qui partent beaucoup d'unité

nationale, la réalisation de celle-ci n'a pas l'importance qu'on prétend lui donner;

(14) J.M.NZEKOUE.- .. L'invasion des congelés: entre ta réglementation et la fraude",


in Cameroon Tribune n"3798 du 13février1985, p. 5.
(15) Jacqueline ABENA.NLOMO.- "L'invasion des côngelés (...)sur les tables et dans
la rue ", in cameroon Tribune n•3797 des 11 et 12 février 1987, p. 7.
~95

En effet, nous avons souligné que le législateur avait tenté d'étouffer

l'expression des particularismes tribaux, pour pouvoir traduire " la volonté de

vivre en commun " sur le plan politique, culturel, économique, social. Ne

pouvaient dès lors être autorisées à se former que des associations ne

présentant pas un caractère exclusivement tribal ou clanique.

Paradoxalement, ces associations claniques, qui étaient presque

clandestines dans les années 1970 et dont on avait un peu honte, ont envahi le
'
pays. Pour promouvoir " le développement autocentré ", le Gouvernement a

encouragé la création des associations dites " des élites ou d'originaires " de tel

ou tel village, arrondissement, département.

Contrairement à ce qu'ont pu affirmer certains auteurs (16), ces multiples

associations, rattachées aux ethnies d'origine de leurs membres, entretiennent

,en pratique, l'esprit tribal, au détriment de la conscience nationale.

Comme l'illustre, de façon pittoresque, ce passage, extrait de Cameroon


Tribune du 23 juin 1985 :

" Association des élites du village A par ci, ressortissants de la province

de (... ) vivant à ( ... ) par là. Ce sont là des dénominations qui se bousculent

désormais dans notre pays. Chose grave, ces divers regroupements sont de

véritables cercles fermés : "les autres" en sont exclus; en fait. il s'agit très

souvent de chapelles de tribalisme et de régionalisme sous le couvert du

développement n (souligné par nous).

(16) CF. not. Jacques LOMBARD.- " Tribalisme et intégration nationale en Afrique
noire ", in Revue de l'Homme et de la Société n" 12, 3.Vril, mai, juin 1969.
Cet auteur soutient que dans les nouveaux Etats africains, " les multiples
associations "d'originaires" qui, en ville, sont la seule expression du tribalisme,
n'existent que du fait des carences de l'Etat ", p. BO. Ce qui est vrai.
Mais nous émettons des réserves quand il affifT'fJe ensuite qu' " il a été montré
d'ailleurs que les associations ethniques dans les villes étaient Au-Jceptibles d'aider à
/'intégration nationale des individus " (ibidem).
~96

De même, l'invention de la notion d'équilibre ethnique et régionale a, sans

doute, été nécessaire pour rendre gouvernable un pays comme le Cameroun,

ayant accédé à l'indépendance et à la réunification dans des conditions de

guerre civile, et présentant une mosaïque ethnique attachante sans équivalent

en Afrique, ainsi qu'une grande disparité de développement entre ses régions.

La mauvaise application de cette notion a, toutefois, contribué à

entretenir, voire à amplifier, le fait ethnique, retardant, en conséquence,

l'avènement d'une conscience nationale chez tous les camerounais.

Ainsi, la survie du tribalisme (17) dans le Cameroun d'aujourd'hui

apparaît dans la vie de tous les jours. La situation tend d'ailleurs à empirer.

Le mensuel Jeune Afrique Economique n °156, de juin 1992, exprime

fort bien ce problème :

11
Lentement mais sûrement, le tissu social camerounais se déchire. A

cause de la montée du tribalisme et de l'inégalité dans la répartition des

richesses nationales, l'idée même de nation s'estompe auprès d'une frange non

négligeable de la population. Certaines communautés (cas des anglophones.

mais aussi quelques intégristes musulmans) manifestent même le désir de

quitter l'ensemble national et de se prendre elles-mêmes en charge, dans le


cadre d'une plus grande autonomie politique. Si le pouvoir central ne réussit pas

à étouffer ces tentations sécessionnistes (... ), l'on peut craindre l'émergence


d'un radicalisme local susceptible, à terme. de provoquer la désintégration du

pays " ( 18).

(17) Le tribalisme, pour reprendre les termes de M. BAYART, consacre "la primauté
accordée à la solidarité tribale. Le groupe de référence est la tribu plus que la
catégorie socioprofessionnelle, la religion ou la communauté nationale ", in Les
fonctions du parti unique, l'exemple du Cameroun, op.dt. p. 13.
(18) p. 202.
.,,f9f

Ces constatations conduisent à apprécier, à sa juste valeur, la portée de

la sauvegarde de l'ordre public au cameroun.

§ IV.- LE CARACTERE MENACE DE L'ORDRE PUBLIC

Actuellement, l'insécurité règne dans le pays. Le thème est d'ailleurs mis

en relief par la presse privée, aussi bien nationale qu' internationale.

Ainsi, comme l'a écrit M. Marc YARED dans Jeune Afrique n° 1636 du 14

au 20 mai 1992, " (... ) au moment même où les échéances électorales aidant, la

violence quitte le champ politique, la criminalité investit la vie de tous les jours.

La crise économique est, sans contestation, la cause première du phénomène,


11
. même si certains s'inquiètent de la défaillance des autorités {19).

11
Le Messager n° 257, du 9 avril 1992, rapporte, en outre, que depuis

plusieurs semaines, la ville de Douala vit dans la peur. De jours comme de nuit,

des bandes organisées, ou des individus solitaires posent des actes d'une rare

violence( ... ), en toute impunité" (20).

Selon le même quotidien, " l'insécurité n'est pas seulement le fait de

bandits, ou de policiers qui tuent, volent ou agressent. Un phénomène récurrent

semble menacer le quotidien des habitants de la partie septentrionale de notre

pays : les guerres tribales, qui sont plus meurtrières que la méningite. Après

Kousseri, Meiganga vient renforcer les thèses selon lesquelles les

antagonismes séculaires interethniques ne sont pas prêts de s'estomper " .

c19) Dans un article intitulé : " Cameroun : Peur dans les villes", pp. 28 et suiv. Not. p.
28.
(20} Cf, Michel EPEE.- " une société en déliquescence", p. 7. Dans le même sens,
voir Dominique Fopoussi.- " Douala dans la tourm~nte ", ibidem. Toujours dans le
même sens, cf. DIKALO N"022 du 18 mai 1992 p. 4," Criminalité et grand banditisme,
Douala dans la poudrière " ....
A98

Certes, l'on peut dire , non sans quelque raison d'ailleurs, que les

organes de l'Etat ont réussi à établir un certain ordre au point de vue politique.

Mais, il nous semble que cet ordre reste tout de même fragile. car, pour
reprendre les termes du Professeur MEDARD, " (... ) si stabilité il y a, il s'agit
d'une stabilité plus personnelle qu'institutionnelle" (21).

*
On constate finalement que le contrôle des activités privées au
Cameroun s'amenuise et se sclérose. Le respect de la réglementation
professionnelle devient dès lors difficile à rétablir. Cette inefficacité du contrôle
de l'Etat tient à des raisons spécifiques sur lesquelles il convient de

s'appesantir.

SECTION Il

LES ELEMENTS EXPLICATIFS DE L'INEFFICACITE DU CONTRÔLE

L'inefficacité du contrôle de l'Etat sur les activités privées peut tenir, soit à

une attitude incorrecte ou à une faute de l'agent de contrôle dans sa mission,


soit à une dérobade du sujet du contrôle devant son devoir civique qui est de
respecter la réglementation professionnelle. Cette inefficacité peut également
résu\\er d'une défaillance de l'organisation du contrôle, d'une malfaçon
législative ou réglementaire dans la répartition des compétences entre les

différents services de contrôle.

(21) Cf. J.F.MEDARD.- "L'Etat sous-développé en Afrique noire: clientélisme politique


ou néo-patrimonialisme? ", C.E.A.N. de Bordeaux, 35 p. multigr. p. 3.
--::199

Ces éléments explicatifs de l'inefficacité du contrôle sont, en réalité,

intimement liés. C'est pourquoi, si l'intérêt scientifique et les exigences de clarté

commandent de distinguer d'une part, les éléments socioculturels (§ 1) et d'autre

part, les éléments structurels (§ Il), il convient de garder présent à l'esprit que la

frontière entre les deux est non seulement perméable, mais sujette à des

déplacements.

§ 1.- ELEMENTS SOCIOCULTURELS

Quatre éléments explicatifs de l'inefficacité du contrôle peuvent être

relevés à ce niveau, à savoir : la pratique inégalitaire du bilinguisme (A),

l'ampleur des tolérances administratives (8), la corruption (C) et la résistance

latente du milieu (D).

A) LA PRATIQUE INEGALITAIRE DU BILINGUISME

Toute la signification de bon nombre de mécanismes de coordination "

est précisément d'opérer une redistribution de l'information, afin de remédier à la

viscosité et à la segmentation de l'information et de mettre les organes de

décision en mesure d'user de leur pouvoir de façon cohérente , sur la base

d'information totale" (22).

Cette redistribution de l'information exige que le véhicule linguistique

puisse être, sinon le même pour tous les partenaires administratifs intéressés à

une même action, du moins bien compris et bien parlé par ces derniers.

(22) Cf. G. TIMSIT.- "Le concept de coordination administrative ",in Bulletin de 1'1.1.A.P.
n·36.1975, p. 1095.
200

Dans un contexte comme celui du Cameroun, la coordination et

l'efficacité du contrôle exigent donc que le pays soit parfaitement bilingue; un

pays bilingue étant, comme l'a justement écrit M. PROUZET, " en bonne
logique, un pays au sein duquel deux langues sont parlées et comprises au
moins par l'élite de cet Etat, sur toute l'étendue du territoire, et où la population

(ou à la rigueur l'élite) est capable d'assimiler et de vivre dans le même temps
deux cultures différentes" (23).

Ainsi défini, le concept de bilinguisme n'est guère applicable au


Cameroun; car le français l'emporte sur l'anglais aussi bien du point de vue du
nombre des personnes qui le parlent (24) que dans la vie administrative et

culturelle.

Comme l'a d'ailleurs récemment noté M. NCHOUTNSU : " La vérité est

incontournable et disons-la sans chercher à nuire à qui que soit : le bilinguisme

tarde à s'installer chez nous (au Cameroun) et rien (ne garantit) des lendemains

meilleurs: les efforts déployés dans ce sens étant plutôt insignifiants" (25).

Le bilinguisme, tel qu'il est pratiqué, aussi bien dans la vie courante que
dans la fonction publique, apparaît comme un phénomène partiel et

déséquilibré, qui fausse d'une manière marquée les mécanismes de


communication et d'autorité indispensables à la cohésion et à l'efficacité du

contrôle.

Concrètement, en face des informations utiles au bon déroulement des


opérations matérielles de contrôle ou à l'instruction des dossiers d'autorisation,
l'agent public unilingue n'aura très souvent que des réactions commandées par

(23) Cf. M. PROUZET.- Le Cameroun, op.cit. p. ô1.


(24) En réalité, le fait démographique joue en sa faveur. Les 415ème de la population
du pays habitent sur le territoire de l'ancien Cameroun français.
(25) "Au service du bilinguisme", in Cameroon Tribune n°4798 du 6 et 7 janvier 1991,
P. 14.
20d.

son inadaptation à les communiquer en anglais {s'il est francophone) ou en

français (s'il est anglophone).

Dominé ainsi par le sentiment de son insuffisanée connaissance de l'une

ou de l'autre langue officielle, il aura alors tendance à se réfugier dans la

prudence et le silence, aidé en cela par la honte ou l'orgueil, et sera

généralement enclin à tolérer les infractions aux règles professionnelles.

B) L'AMPLEUR
, DES TOLERANCES CONSENTIES PAR
L'ADMINISTRATION

Les tolérances administratives, expliquent les professeurs BOURDON et

NEGRIN, " constituent un refus explicite ou implicite de l'autorité administrative

de mettre en oeuvre des compétences pour empêcher ou mettre fin à une

violation de la loi " (26).

Pour être plus précis, ajoutons, avec M. TALLINEAU, que les tolérances

tacites " supposent la passivité consciente de l'administration devant un

comportement non confonne aux lois et règlements en vigueur" (27).

Ainsi définies, les tolérances tacites consenties par l'administration sont

synonyme d'inefficacité du contrôle; et ,ce n'est pas l'observation de la société

camerounaise qui nous détrompera.

Comme l'a indiqué M. BAYART dans son intéressant ouvrage sur le

Cameroun (28) : "dans les premières années de l'indépendance, M. AHIDJO,


son ministre Victor KANGA et l'administration ont facilité, pour des raisons

politiques, la progression économique des commerçants bamileké, en fennant

les yeux sur de nombreuses irrégularités commerciales, fiscales et douanières.

(26) in ,. L'innation législatiVe et réglementaire en France ", A.E.A.P., vol. VIII. 1985, p.
ga -
(27) Lucile TALL/NEAU.- "Les tolérances administratives", A.J.D.A. 1978, p. 5.
(28) in L'Etat au Cameroun, op.cft. p. 228.
QOJ.;

Le Gouvernement s'est par la suite (... ) attaché à aider les milieux d'affaires

"haoussa". originaires du Nord. en pleine expansion".

A Douala, M. Alfred KONO MESSIA, préfet du Wouri, a fait des

observations analogues. Il reconnaît que la réglementation en matière des jeux


11
de hasard n'est pas appliquée avec beaucoup d'énergie : Nous avons des

instructions permanentes que nous avons données à nos services de contrôle;

nous pouvons seulement déplorer que les services chargés d'effectuer ces

contrôles ne le fassent pas avec beaucoup de rigueur " (29)

L'ampleur de la tolérance tacite de l'administration est, aujourd'hui,

semble-t-il, plus considérable que par le passé.

Autrement dit, son importance au Cameroun est telle qu'on ne sait plus

très bien actuellement, pour reprendre une formule de M. GALLON (30), "ce qui

est effectivement interdit, relativement prohibé, tacitement toléré, généralement

admis, occasionnellement permis, impérativement défendu ... ".

La tolérance administrative est ici, moins le signe de la bienveillance de

l'administration dans l'application d'une règle qu'elle a le moyen de faire

respecter, que l'expression de son impuissance à exiger le respect d'une règle.

Cette attitude négative de l'administration encourage la violation de la loi,

en ce sens qu'elle sert de référence au comportement des particuliers. A la

limite, dans un contexte comme celui du Cameroun, tolérance administrative et

corruption fusionnent.

(29) Propos rapportés par ESSOLA NUCK BIDJECK, in " Douala, le contrôle des jeux
de hasard se renforce", Cameroon Tribune n°4068 du 312188, p. 6.
(30) G.A.GALLON.- Le service de la répression des fraudes et du contrôle de la
qualité, Thése.Droit, Paris fi, 1973, p. 330.
203

C) LA CORRUPTION

Dans son acception la plus générale, la corruption peut être définie


comme " le comportement de fonctionnaires publics qui dévie des normes

reconnues, afin de poursuivre des fins privées " (31). Le mot est, écrit M.
SARASSORO, 11 synonyme de manque d'intégrité" (32).

Considérée comme " un obstacle essentiel au développement " (33), la


corruption constitue, sans nul doute, pour. reprendre l'expression de MM.
r
WRAITH et SIMPKINS, " un phénomène généralisé des sociétés post·
coloniales" (34).

Elle n'est certes pas le monopole des pays en voie de développement,


car aucun pays industrialisé n'est épargné par ce fléau. La corruption y prend
toutefois une ampleur et une extension considérable que dans les pays

développés (35).

Au Cameroun, notamment, comme l'a d'ailleurs noté le Professeur


11
MEDARD (36), la corruption est directement observable, quotidienne et
embrasse tous les secteurs de la vie politiCOwadministrative. Elle n'atteint pas

toutefois la dimension qu'on lui reconnaît dans· aes pays comme le Nigeria{. .. ).
mais tout titulaire d'une parcelle d'autorité publique, qu'il soit haut, moyen ou
petit fonctionnaire, a la tentation de monnayer son influence. ses faveurs ou ses

services 11 •

(31) S.H.HUNTINGTON cité parJ.F.MEDARD.- art. préc. p. 58.


(32) Hyacinthe SARASSORO.· La comiption des fonctionnaires en Afrique, étude de
droit comparé, Paris, Economies, 1983, p. 3.
(33) R.DUMONT.- L'Afrique noire est mal partie, Paris, Seut1, 1962, p. 2.
(34) in, Comipffon in developing countries, Londres, Allen and Uwin, 1963, pp. 9-52.
(35) Cf. Philippe DECRAENE.- "La conuption en Afrique noire", Pouvoirs n°31, pp. 96
etsuiv.
(36) J.F.MEDARD.- "L'Etat sous-développé au Cameroun~ att. p~c. p. 58.
20'+

Cette analyse, effectuée en 1977, a été confirmée, en 1988, par M. Jean

NGANDIEU, qui faisait la remarque suivante : " Dans le secteur de la sécurité,

certains agents de police exigent que les automobilistes leur versent

directement les amendes. Un peu partout dans l'administration. il faut donner un


pot-de-vin- pour éviter les attentes interminables dans les bureaux

administratifs, sinon les dossiers, les factures, les demandes d'autorisation sur

lesquels il ne manque parfois qu'une signature resteront dans les tiroirs jusqu'à

ce qu'on " fasse un geste" (37).

Cette corruption, qui subsiste encore actuellement, entraine " un climat

de découragement, de démoralisation ou de cynisme, selon les cas " (38),

puisqu'elle fausse gravement la concurrence et pénalise les entrepreneurs qui

acceptent de " jouer le jeu officiel ".

Dans un pays comme le Cameroun atteint par ce fléau, " à peu près

n'importe quel investisseur peut être agréé sans aucune référence aux objectifs

du plan du développement et sans aucune garantie de son sérieux; et, la plupart

ne se sentent tenus de respecter, ni les réglementations en vigueur, ni leurs

propres engagements" (39).

L'ampleur de la corruption et des tolérances administratives explique


d'ailleurs pourquoi l'Etat camerounais est considéré comme un " Etat mou

H \40), dont l'impuissance à maîtriser le contrôle de la création et de l'exercice

des activités privées contraste avec les objectifs officiels poursuivis.

(37) in Le Cameroun et la crise - op.cit. p. 67.


(38) L'expression est de J.F. MEDARD.- op.cit. p. 59.
(39) Cf. Jean ASSOUMOU.- Ordre international et croissance des jeunes nations. En
finir avec le mercantilisme, Dakar, Nouv.Ed.Afr. 1983, pp. 297-298.
(40) La formule est de Gunnar MYRDAL, citée par J.F. MEDARD.- art.préc. p. 56.
205

Toutefois, ce serait une· erreur de croire que " c'est l'administration qui

doit et peut changer la société", car, ainsi qu'a pu l'écrire le Professeur CONAC

(41). " les sociétés peuvent très bien rejeter, pénétrer, voire reconquérir les

administrations qui visent à les encadrer".

D) LA RESISTANCE LA TENTE DU MILIEU

La résistance latente du milieu doit être entendue ici de manière stricte,

comme ,l'ensemble des éléments extérieurs à l'administration qui s'opposent,

sous quelque forme que ce soit, à l'exercice efficace du contrôle. Ces éléments

sont essentiellement au nombre de deux, à savoir : le comportement des

destinataires du contrôle à l'égard de la règle professionnelle (1 ), ainsi que la

nature informelle de certaines activités soumises au contrôle (2).

1) LE COMPORTEMENT DES DESTINATAlftES DU CONTRÔLE A L'EGARD

DE LA REGLE DE DROIT

Au Cameroun, plus qu'ailleurs, la plupart des destinataires du contrôle

s'obstinent à enfreindre la réglementation professionnelle. Les raisons les plus

souvent retenues pour expliquer ce comportement sont diverses.

De nombreux auteurs soutiennent que cette désobéissance traduit une

réaction inconsciente de rejet d'un système exogène.

Ainsi, pour le Professeur GONIDEC, " la législation fut, pendant la plus

grande partie de la période coloniale, !'oeuvre du colonisateur. Par la suite, la

législation est apparue aux populations africaines comme quelque chose

(41) Cf. Gérard CONAC.-" Pour une administration comparée des Etats d'Afrique", in
Les grands services publics dans les Etats francophones d'Afrique noire, Paris,
Economica, 1984, p. Vfll.
206

d'étranger et même d'hostile qu'on pouvait légitimement ignorer et même

combattre" (42) (43).

Pour d'autres, cette attitude tient à la vulgarisation insuffisante de l'utilité

de l'exercice des fonctions administratives dans la société.

Comme le notait, déjà en 1963, M. BONI : " chez la plupart des africains

d'aujourd'hui (... ) les notions de respect de la loi et de l'autorité, de rectitude

dans les rapports avec les pouvoirs publics, et de préoccupation de l'intérêt

général ne sont pas encore fermement ancrées dans les consciences" (44).
r
Toutefois, il ne peut s'agir là que d'une vue partielle du problème.

Elle n'explique pas les cas observés, dans lesquels le sujet du contrôle a violé la

réglementation professionnelle, alors qu'il était avisé, c'est-à-dire à même de

bien cerner l'importance et les fins des activités de l'administration.

En fait, la tendance, sensible dans toutes les couches de la population, à

enfreindre la règle professionnelle et à résister au contrôle de l'autorité publique

est due, outre les raisons évoquées ci-dessus, à deux autres facteurs qui se

recoupent, ou se renvoient l'un à l'autre, mais qu'il faut distinguer sur le plan

analytique :

Tout d'abord, les tolérances administratives et l'absence d'autorité de

l'Etat favorisent la violation de la règle professionnelle, dans la mesure où

l'autorité de contrôle, on l'a dit, semble incapable de prendre une sanction pour

garantir le respect de la loi et pour se faire obéir.

(42) P.F.GONIDEC.- "Problèmes d'application de la législation en Afrique ", arl.préc.


p.12.
(43) Dans le m~me sens, voir. M.ALLIOT.- "Les résistances traditionnelles au droit
moderne dans les Etats d'Afrique francophones et de Madagascar ", in Etudes de
Droit Africain, 1965, pp. 235 et suiv.
(44) A.BONI.- " La mise en pratique des lois dans les nations en voie de
développement", in Rec. Penant. 1963, p. 452.
20~

Ensuite, la plupart des sujets du contrôle sont conscients du fait qu'en

Afrique, notamment au Cameroun, "le pouvoir lié à un poste public permet une

utilisation privative des ressources publiques " (45); ou encore, pour parler

comme M. Gérald HEEGER {46) " le pouvoir public est utilisé en vue de

desseins qui sont en réalité privés ."

Dès lors, ils savent, par expérience, qu'il leur est plus facile et moins
11
onéreux, de "s'arranger , selon une expression usuelle, avec les contrôleurs,

plutôt que de payer les impôts ou encore les amendes.

Dans le cas échéant, si, au surplus, rien ne garantit que la règle qui leur

est imposée est susceptible d'améliorer leur situation, ils essayeront alors, d'une

façon ou d'une autre, d'échapper à un contrôle qu'ils ressentent comme un

moyen de domination et d'exploitation et non comme un instrument de discipline

sociale.

Ils seront ainsi, par exemple, davantage portés à créér des activités non

structurées, plus connues sous le nom d'activités informelles.

2) LA NATURE INFORMELLE DE CERTAINES ACTIVITES SOUMISES AU

CONTRÔLE

Les caractères les plus souvent retenus pour définir les activités

informelles se réMrent généralement à des données structurelles (47):

- aucune barrière à l'entrée. Il est généralement très facile de créér une unité

informelle, et d'ailleurs tout aussi facile de l'abandonner si elle ne procure pas

les revenus attendus;

(45) L'expression est de J.F.MEDARD.- art. préc. p. 68.


(46) Gérald.A.HEEGER.- The politics of underdevelopment, Mac Millan, 1974, p. 50.
(47) Cf. Marc PENOUIL.- ,. Les activités informelles: réalités méconnues, espérances
illusoires?", in Problémes économiques n°2196 du 24110/1990, p. 1.
Dans Io méme sons, voir. J.P.LACHAUD et M.PENOUIL.- Lo développement
spontané, Paris, Pedone, 1985.
208

- gestion particulière. La gestion de l'informelle ne peut être assimilée à la

gestion d'une véritable entreprise, en l'absence de comptabilité, de

détermination rationnelle des coûts et des prix de vente, d'une organisation

cohérente du travail et de l'amortissement du faible capital;

- petite taille des unités de production. Il s'agit majoritairement d'unités de

production sans salarié ou qui n'emploient qu'un petit nombre d'apprentis


(souvent non rémunérés) et de salariés souvent rémunérés en fonction du

travail réellement effectué;


r
- faiblesse de l'investissement humain. Le coût de la formation y est faible; il est

même nul dans certaines activités. Dans les secteurs productifs les plus

complexes, la formation est assurée sur le tas par le biais de l'apprentissage,

mais le rôle de l'éducation scolaire dans la formation est des plus réduit;

- faible intensité du capital. Les stocks et les réserves financières sont faibles et

les machines sont réduites au strict minimum.

Des diverses sortes d'activités du secteur informel, la vente dite à la

sauvette, la vente ambulante et la vente à domicile sont, certainement, les plus

connues.

Le vendeur à la sauvette, ainsi qu'on a pu l'écrire (48), est celui qui, se

plaçant à l'entrée des marchés ou des environs, est à la quête du client. Il n'a ni

comptoir, ni boutique, et aguiche les passants avec ses marchandises. Etant

prêt pour échapper à tout moment à la police qui le pourchasse pour non-

observation de la réglementation, il n'a pas d'emplacement fixe.

Le vendeur ambulant, quant à lui, porte sa boutique sur lui et fait du

"porte à porte" pour écouler ses produits dans des familles ou dans des bureaux

administratifs.

(48) Cf. J. C.NCHIMI MEBA- "La recherche de l'intention dans le recel des choses ", in
Rec. Penant, oct-juin 1991, p. 244.
209

Le vendeur à domicile a une politique commerciale particulière. Il va

d'abord à la recherche de la clientèle en informant des gens sur son activité.

Ensuite, il attend sur place ceux qui seraient intéressés par son offre.

Ces activités informelles, bien qu'ayant des originalités, ont cependant

trois grandes caractéristiques communes :

D'une part, n'étant pas déclarées ou enregistrées en raison de leur

caractère
r
marginal, elles représentent une perte de matière imposable, donc

une moins-value fiscale.

D'autre part, ces marchands n'ont pas de charges telles que les loyers,

l'éclairage, des quittances d'eau à payer; ce qui rend leurs prix très compétitifs

et fausse, en conséquence, le jeu normal de la concurrence, même s'il reste vrai

que les articles qu'ils vendent sont à la portée de tous.

Enfin. et surtout, les activités informelles sont, par définition, celles dont

l'exercice permet de se soustraire facilement aux contrôles administratifs.

Comme l'a, de façon pittoresque, écrit M. ATEBA NGOA (49) :

" La plupart des Chantiers (50) sont difficiles à découvrir, soit par leur

emplacement, soit, tout simplement, parce que le propriétaire, suspectant un

contrôle pas très gratuit, n'hésite pas à vous déclarer, en s'appuyant sur

l'absence d'exposition ou de pancarte, qu'il est tout simplement "chez lui" ou que

les éventuels mets et boissons dont il dispose sont utlllsés à l'occasion des

différentes rencontres amicales ".

(49) J.M.A TEBA NGOA.- " Les Chantiers, un problème social complexe ", in
Cameroon Tribune n"3790 du 3février1987, p. 6.
(50) Les Chantiers sont un des multiples moyens de restauration au Cameroun. On les
appelle également : Circuits, Gargotes, Pharmacies ou encore Chicken parlour.
2.1..0

*
Comme il est loisible de le constater, les comportements, tant des

autorités et agents de contrôle que des destinataires du contrôle, s'opposent à

ce que le contrôle de l'Etat produise les effets que l'on pourrait nonnalement en

attendre.

Toutefois, ne s'en tenir qu'aux tares humaines pour expliquer l'inefficacité

du contrôle de l'Etat sur les activités des personnes physiques et morales de


droit privé serait peu satisfaisant pour l'esprit, et encore moins pour la science.
r

C'est pourquoi, sans aller jusqu'à soutenir comme M. BUGNICOURT que

" cette approche n'est ni explicative, ni constructive", nous pensons cependant


comme cet auteur que " c'est dans la conception et la structure même de

l'administration " (51) qu'il faut rechercher les autres éléments explicatifs de

cette inefficacité.

§ 2.- ELEMENTS STRUCTURELS

L'insuffisance des moyens de contrôle (A) et la répartition peu

opérationnelle des missions (8) contribuent à accentuer cette inefficacité.

A) L'INSUFFISANCE DES MOYENS DE CONTRÔLE

L'insuffisance des matériels (1), de l'infrastructure routière (2) et des

agents et services de contrôle (3) s'opposent à l'exercice efficace des contrôles


et à ce qu'ils remplissent la fonction qui devrait logiquement être la leur dans la

société.

(51) J.BUGNICOURT.- "Le mimétisme administratif en Afrique, obstacle majeur su


développement", in Rev.Frc.Sc.Pol. 1973 n°6, p. 1239.
1) MOYENS MATERIELS

Nous avons précédemment souligné que les agents de contrôle avaient,

en théorie, le droit de visiter les locaux professionnels ou commerciaux ainsi que

les marchandises en cours de circulation.

En pratique, le défaut de moyens matériels de contrôle constitue un frein

puissant à l'exercice de cette compétence. Certains témoignages mettent en

relief l'acuité de ce problème.


'
Selon, par exemple, M. NGUIAMBA, gouverneur de la province du Sud-

Ouest, " la guerre contre la contrebande est souvent entravée par l'insuffisance

des moyens, logistiques surtout, à la disposition des douaniers. C'est, en effet,

souvent que leurs véhicules tombent en panne, manquent de carburant " (52).

L'immobilisme qui peut ainsi en résulter prend un relief particulier lorsque

cette absence de matériel se trouve doublée d'une désastreuse infrastructure

routière.

2) INFRASTRUCTURES ROUTIERES

Au Cameroun, faut-il le rappeler, l'absence des services spécialisés de

contrôle dans les collectivités traditionnelles (53) et dans certains districts,

arrondissements et départements du pays frappe l'observateur le moins averti.

Ainsi, et pour ne prendre qu'un exemple, ce n'est que le 13 août 1990 qu'ont été

(52) in Cameroon Tribune n°4349 du 16 mars 1989. p. 4.


Dans le même sens, voir Fernando d'ALMEIDA.- "Fraude douanière et contrebande à
Douala, une forte recrudescence", in Cameroon Tribune n°4405 du 7 juin 1989, not. p.
6: .. Face à la recrudescence de la contrebande, Je seNice des Douanes se dit assez
/imité, du fait de ses moyens matériels ne lui permettant pas d'envisager un
programme efficace de lutte contre ce fléau ".
(53) Elles sont organisées en Chefferies. Voir. décret n?7i245 du 15 juillet 1977.
2.12

créés les services départementaux du Tourisme dans les dix provinces de l'Etat

(54).

Pour pallier la déconcentration insuffisante des services de contrôle,

cette mission est confiée souvent, soit à un responsable local qui,

techniquement. n'est pas directement intéressé par ce problème (55), soit au

responsable provincial du service concerné; lequel est ainsi tenu d'effectuer, de

façon intermittente, des " tournées de travail " dans les dites unités

administratives, afin d'y exercer son droit de visite.

Ces voyages relèvent généralement d;une véritable gageure, en raison

de l'état défectueux et insuffisant du réseau routier.

A cet égard, seules les routes bitumées (56), les routes nationales et

quelques routes provinciales, sont praticables en toutes saisons. Les routes

départementales et les pistes rurales sont inutilisables durant ·fa saison des

pluies, c'est-à-dire pendant près de la moitié de l'année.

Qui plus est, la voie ferrée ne couvre que quatre provinces seulement sur

les dix que comptent le Cameroun (57) et le réseau ne compte que 1168

kilomètres.

L'état défectueux et insuffisant du réseau routier s'oppose ainsi, non

seulement à l'exercice efficace du droit de visite des contrôleurs, mais aussi et

surtout aux échanges d'informations entre eux. donc à la coordination du


contrôle. Ceci est d'autant plus vrai que le réseau téléphonique est,
actuellement, loin de couvrir l'ensemble du territoire.

(54) Voir. arrêté n°470/CABIPR du 13 août 1990, in Cameroon Tribune n°4700 du 16


aoüt 1990.
(55) Selon, par exemple, l'article 138 du Code général des impôts, "/'impôts forfaitaire
est recouvré par /'intermédiaire des chefs de village .Ju de quartieç entre les mains de
qui les redevables doivent effectuer leurs versements......
(56) En 1990, le Cameroun n'avait que 3170 kilomètres de routes bitumées praticables
en toutes saisons.
(57) à savoir le Uttoral, le Centre, l'Est et /'Adamaoua.
~1.3

3) MOYENS HUMAINS

Les personnels de certains services de contrôle sont, non seulement

insuffisants, mais aussi techniquement incompétents. Cette incompétence

s'explique notamment par le fait que la formation de quelques uns parmi eux

était, jusqu'à ces dernières années, une formation au rabais (58). C'est d'ailleurs

pour pallier à cette insuffisance tant quantitative que qualitative que les autorités

publiques ont fait recours à la Société Générale de Surveillance.

B) UNE REPARTIT/ON DES MISSIONS PEU OPERA T/ONNELLE

Si la détermination juridique des pouvoirs des services administratifs de

contrôle n'appelle pas de critiques majeures, on ne saurait en dire autant de la

répartition des missions entre les Douanes et la Société Générale de

Surveillance. Cette répartition aboutit à des conflits de compétence aussi

préjudiciables à la rapidité du contrôle qu'a son efficacité.

Cette affirmation est aisée à vérifier, si l'on se réfère au décret n°88/1285

du 23 septembre 1988 (59), dont l'article 8 prévoit : " l'inspection et le contrôle

des importations (par la S.G.S.) ne dégagent pas les services des Douanes des

obligations qui leur sont dévolues".

Il s'ensuit. d'une part que les résultats des vérifications de la S.G.S ont

valeur de référence pour les services des Douanes, qui ne sont cependant pas

liés par ceux-ci; d'autre part, et surtout, que les deux contrôles peuvent. le cas

échéant, s'enchevêtrer.

Il peut en résulter de très vives tensions, les Douanes refusant de se

soumettre aux Attestations de Vérifications délivrées par la S.G.S.

(58) Voir sur ce point, infra pp.218-~-


(59) Voir ce texte en ANNEXE N·L+- J "'"?" .2;51.f,
Q_l 4-

Comme l'a d'ailleurs reconnu, parmi bien d'autres (60), M. Marcel

KAMGAIN, inspecteur des Douanes : " de temps en temps, il y a des

divergences entre les positions tarifaires choisies par la S.G.S. et

l'administration des Douanes. Ce qui entraine inéluctablement des pénalités


supportées par les importateurs" (61).

L'on ne mesure jamais assez les conséquences des tensions pouvant

résulter de telles interférences, entre les Douanes et la S.G.S., sur leurs

rapports et sur l'attitude des importateurs doublement pénalisés. La coordination


et l'efficacité du contrôle, cela va de soi, en accusent le coup, d'une part.
Ensuite, et surtout, les dits importateurs pourront être enclins à créér des "
circuits de dérivation " au contrôle.

C'est, à notre avis, la raison pour laquelle la réussite de la Société

Générale de Surveillance, dont l'importance de la mission n'est guère


contestable, est aujourd'hui relativisée (62).

*
Comme on pouvait logiquement le penser a priori, les principaux

obstacles à la réalisation des objectifs du contrôle de l'Etat sur les activités

privées au Cameroun tiennent moins à une définition erronée ou imparfaite de


son organisation et de ses modalités qu'à l'environnement socio-politique et

(60) Cf. Bulletin d'information pour les Importateurs, n°0002, 1990, pp. 6 et 7, rubrique
" /es importateurs ont la parole ".
(61) Source: Entretiens. Douala, septembre 1990.
(62) Du bilan sommaire de /'application du Programme de Vérification des Importations
par la S.G.S., de mai à septembre 1989, il ressort qu'un total de 8661 licences
d'importations ont été reçues à la S.G.S. Parmi elles, 7814 ont été soumises à
l'inspection, contre 814. A la lumière des données chiffrées, on constate qu'elle n'a pas
inspecté toutes les marchandises.
Pour d'amples détails sur ce point, voir Cameroon Tribune n°4572 du 25 avril 1990, p.
7.
215

socioculturel de son exercice; cet environnement étant essentiellement


caractérisé par l'absence d'une véritable tradition étatique fondée sur la
prééminence de l'intérêt général. Toutefois, Les obstacles étudiés ne sont

pas insurmontables.

SECTION Ill

LES CONDITIONS D'UN CONTRÔLE EFFICACE

La recherche de l'efficacité du contrôle, qu'exerce l'administration sur les

activités des personnes physiques et morales de droit privé, figure au premier

rang des préoccupations des pouvoirs publics. En pratique, cette recherche

s'impose avec d'autant plus de vigueur que l'Etat. à tous les niveaux, fonctionne
mal et que le système ·politico-économique camerounais est partiellement

bloqué et relativement fragile; et, ce n'est pas le moindre mérite des autorités

publiques de l'avoir compris en temps utiles (63), même s'il reste vrai qu'elles

n'en ont pas tiré toutes les conséquences qui s'imposaient sur le plan normatif

et dans les faits.

C'est pourquoi nous tenterons de proposer quelques conditions

susceptibles de rendre possible la réalisation de la plupart des objectifs du

contrôle.

(63) En ce sens, voir, par exemple, la mise en garde formulée, dès 1982, par le
Président BIYA à ses ministres. in Cameroon Tribune n°2526 du 12111182: "J'attends
aussi de vous, disait-il alors, une gestion saine et efficace des services et du
patrimoine publics. A travers une telle gestion, vous devez, non seulement donner
l'exemple dans votre comportement et vos activités, mais également combattre ces
maux dont la nation est, à juste titre, préoccupée et que le Gouvernement s'est, avec
fermeté et persévérance, engagé à enrayer. le tribalisme, le laxisme, les fraudes, la
corruption, /'affairisme ... ".
Ces principales conditions nous paraissent être les suivantes :

§ 1.- VULGARISER L'EDUCATION CIVIQUE

Le comportement de la plupart des citoyens à l'égard de la règle

professionnelle doit être modifié. Ce qui nécessite une véritable éducation; non

seulement une éducation au sens d'alphabétisation et d'information, mais,

surtout, au sens d'éducation civique, impliquant l'accession de la population aux

notions telles que l'Etat, l'intérêt général, la responsabilité, le dévouement

envers la collectivité publique, le savoir vivre en société, l'unité nationale ...

A cette fin, il est tout d'abord indispensable de réhabiliter le civisme à

l'école (64) qui, bien sûr, est à la base de l'éducation des populations.

Ainsi, dès le jeune âge, le futur citoyen sera sensible aux préoccupations

d'honnêteté, de régularité et de correction; il sera conscient de ses droits et

libertés les plus élémentaires. En somme, il se rendra compte de ce que la loi,

que nous prenons ici dans son sens large et non pas seulement au sens strict

"d'acte du pouvoir législatif ", représente ainsi que de sa force obligatoire dont

la conséquence est la sanction.

L'école ne s'adresse, en fait ,qu'aux jeunes et, encore, tous n'y vont pas

(65). Réhabiliter le civisme dans cette institution ne suffit donc pas. Il le faut

vulgariser.

A cet égard, les moyens modernes de communication, notamment la

radio, la télévision, le cinéma, revêtent une importance considérable.

(64) Cf Samuel KONEBA.- H Réhabiliter le civisme à l'école ", in Cameroon Tribune


n°3836 des 29 et 30 mars 1987, p. 16
(65) L'école primaire n'est pas obligatoire au Cameroun.
De même, tous les responsables, politiques, administratifs, religieux,

syndicaux .. ont un rôle immense à jouer car, comme l'a écrit Frantz FANON

(66), " être responsable dans un pays sous-développé, c'est savoir que tout

repose en définitive sur l'éducation des masses, sur l'élévation de la pensée, sur

ce qu'on appelle trop rapidement la politisation ". Et, a-t-il ajouté, " politiser les

masses, ce n'est pas leur tenir épisodiquement, sur un ton doctoral, un grand
discours politique. Politiser, c'est ouvrir l'esprit; c'est, comme le disait Aimé

CESAIRE, "inventer les âmes". Politiser, ce ne peut pas être faire un discours

politique; c'est s'acharner avec rage à faire comprendre aux masses que si nous

stagnons. c'est de leur faute et que si nous avançons, c'est aussi de leur faute;

qu'il n'y a pas d'homme illustre et responsable de tout, mais que le démïurge,

c'est le peuple et que les mains magiciennes ne sont en définitives que les

mains du peuple" (66' bis).

Cette tâche éducative ne peut, en outre, réussir que si les responsables

en question et les formateurs donnent de bons exemples, tant dans leur vie

professionnelle que dans leur vie privée.

§ 11.- ACCENTUER LES EFFORTS DE FORMATION

La rareté des cadres et techniciens dévoués et compétents est un des


problèmes clé auxquels les pouvoirs publics doivent faire face pour rendre le

contrôle plus efficace.

(66) F.FANON.- Les damnés de la terre, Paris, Maspéro, 1961, p. 146.


En effet, Il est évident qu'il faudrait davantage d'inspecteurs et de

contrôleurs qualifiés, non seulement à Yaoundé et à Douala, comme c'est le cas

actuellement, mais aussi à l'intérieur du pays.

L'action du Gouvernement devrait se diriger dans le sens d'une formation

accrue d'un personnel techniquement compétent. comprenant et parlant à la fois

le français et l'anglais.

A cet égard, la technique dite de la "doublure administrative" était peu

satisfaisante, malgré ses avantages sur le plan politique.

En effet, comme l'a expliqué, en 1986, le Professeur NLEP, "la mise en

oeuvre de cette technique (procédait) du double souci de pallier les carences

engendrées par l'application d'un bilinguisme déséquilibré et la nécessité

politique d'associer les ressortissants des régions dites insuffisamment

scolarisées à la gestion des affaires de l'Etat " (67).

On rencontrait alors :

- tantôt une doublure linguistique, consistant en la nomination des personnes

dont les langues de base sont différentes auxpost~ de chef et d'adjoint : si le

chef est francophone, l'adjoint sera anglophone et vice-versa.

- tantôt une doublure complétive (68). On sait que dans les différentes écoles de

formation des cadres administratifs, les originaires des zones retardées étaient

admis avec un niveau de base et des titres scolaires ou universitaires inférieurs

à ceux des autres régions considérées comme avancées. Tous sortaient de

l'école nantis du même diplôme (69). Ainsi, pour éviter le blocage qui résulterait

(67) R.G.NLEP.- L'administration publique camerounaise, op.cit. pp. 225 et suiv.


(68) Voir ci-après, en ANNEXES .lf3 'trois tableaux mettant en relief, de 1980 à 1983,
les articulations de ces doublures. ~ ..& ~:2 _
(69) Ce système a été supprimé et remplacé par celui des quotas par l'article 2 du
décret n°82/407 du 7 septembre 1982 qui dispose que:" compte tenu de l'importance
démogmphique et des taux de scolarisation de chaque province, les quotas des
places réservées aux candidats originaires de chacune d'elles sont arrêtées comme
2.19

inéluctablement de l'utilisation isolée de certains agents formés dans ces

conditions, le Pouvoir politique "doublait" ces "handicapés intellectuels" (70)

d'adjoints compétents; lesquels assuraient l'essentiel de la charge sur le plan

technique.

Cette technique des "doublures", même si elle se trouve réaménagée ou

remise en cause ces derniers temps, a contribué négativement à dépouiller le

contrôle de toute portée réelle.

C'est pourquoi nous pensons que le recrutement et la formation des

contrôleurs devraient être organisés de façon à ce qu'ils aient les qualifications


techniques et linguistiques nécessaires à l'exercice de leur mission.

La question de la formation en cours d'emploi revêt en ce sens un aspect

déterminant, quels que soient les diplômes sur la base desquels puissent être

recrutés les agents du contrôle.

A ce sujet, on ne peut qu'encourager la diversification des stages de

perfectionnement comme ceux qui se sont déroulés à Yaoundé du 5 au 1O avril

1991 et qui avaient pour objectif de " donner aux responsables des

administrations de contrôle des assurances les repères qualitatifs sur la gestion


et la solvabilité des entreprises d'assurances " (71 ).

Rien n'interdit enfin de penser qu'il doive exister des procédures

spécifiques de stages linguistiques, dans les provinces anglophones et

francophones, susceptibles de permettre aux uns et aux autres de se

suit par province: Nord-Cameroun: 30";6; Centre-Sud 19%; Ouest 13%; Nord-Ouest
12%; Littoral 12%; Sud-Ouest 8%; Est 4%.
(70) L'expression est de M. NLEP- op.cit. p. 226.
(71) Pour les comptes rendus de ces stages, voir:
- Cameroon Tribune n·4861du51411991;- Cameroon Tribune n"4863 du 91411991.
Rappelons que ces stages ont été organisés par l'Institut Internationale des
Assurances de Yaoundé, avec le concours de la Fondation Hanns Seidel de la
République d'Allemagne et celui du ministère français de fa Coopération.
220

familiariser davantage avec l'une ou l'autre langue officielle, ainsi qu'avec les

problèmes liés au fonctionnement des services de contrôle y existant.

Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la formation adéquate du

contrôleur ne suffirait pas pour lui permettre d'exercer efficacement sa mission.

Encore faudrait-il le doter des moyens matériels d'y parvenir, notamment des

véhicules, d:u carburant:,. des ordinateurs ...

§ Ill.- AMELIORER LES INFRASTRUCTURES

L'accord peut se faire assez facilement sur un certain nombre

d'infrastructures de contrôle qui méritent d'être améliorées, parce que, on l'a vu

précédemment. elles ne donnent pas satisfaction.

En premier lieu, l'efficacité de la surveillance des activités privées passe

nécessairement par une déconcentration territoriale des services de contrôle. La

récente dévolution du pouvoir d'autorisation aux gouverneurs des provinces,

aux délégués provinciaux des ministères et aux préfets constitue une amorce en
ce sens; mais elle est loin d'avoir résolu le problème du rapprochement entre

les contrôleurs et les contrôlés.

Il convient ensuite de renforcer la qualité et la densité des infrastructures

routières, de manière à faciliter, non seulement les contacts entre les

camerounais, mais aussi, et surtout, une circulation plus accrue des contrôleurs

à l'intérieur du pays.

Enfin, il importe que, par une rigoureuse politique d'urbanisation, les

quartiers des villes perdent leur coloration ethnique. De cette manière devra être

découragée toute éventuelle résistance " tribo-régionale" au déroulement du

contrôle.
2.21

§ IV.- APPLIQUER LES SANCTIONS

Si l'on ne veut pas que le contrôle de l'Etat demeure une institution

purement formelle et décorative, il convient que les professionnels qui

transgressent les lois et règlements qui font l'objet du contrôle (A) ainsi que les
autorités et agents d'exécution du contrôle soient sanctionnés ès qualité (B).

A) LA SANCTION DES SUJETS DU CONTRÔLE


r

M. Henri RAHARIJAONA écrivait en 1980 : " La solution facile de la

sanction de toute violation de la loi est inadéquate dans les pays en voie de
développement " (72).

C'est là un point de vue que nous ne partageons pas pour notre part.

Nous voyons, au contraire, dans l'application de la sanction, le moyen de

restaurer l'autorité de l'Etat et la garantie d'une plus grande efficacité du

contrôle.

Peut-être objectera t-on qu'il existe une marge d'irrespect de la règle de

droit, plus ou moins large selon les domaines.

Comme l'ont fait remarquer les Professeurs BOURDON et NEGRIN : "en


dépit du développement de l'administration et de l'accroissement de ses

moyens, elle ne peut procurer partout et en tout temps l'application de toutes les
règles de droit. Au surplus, le pourrait-elle, que ce pouvoir n'empêcherait point

les violations de la loi" (73).

(72) " Les problèmes posés par la création d'un droit du développement: de
/'indépendance à la révolution ", in Dynamiques et finalités des Droits africains, Paris,
Economica, 1980, p. 71.
(73) in L'inflation législative et réglementaire en France, art. préc. p. 96.
La véracité de l'observation ne fait aucun doute. Mais le problème qui se

pose ici est d'un ordre différent.

Notre point de vue est que les résultats du contrôle effectué doivent. en

cas d'irrégularité constatée, entraîner le prononcé de la sanction.

Ce qui serait critiquable, en effet, serait de sanctionner la négligence d'un

professionnel qui est de bonne foi.

Il importe donc, comme on l'a déjà dit, de généraliser la procédure de

mise en demeure préalable à l'établissement du procès-verbal de l'infraction.


,
Cette généralisation aurait le double avantage de favoriser les contacts

permanents entre les contrôleurs et les contrôlés et d'orienter davantage les

contrôleurs dans un rôle de conseillers. Ainsi pourront-ils, lors de la mise en

demeure, faire connaître l'existence et le contenu de la législation, la faire

comprendre et, par conséquent, la faire accepter. Dans le cas contraire et après

les délais prévus, les sanctions devront intervenir.

On peut aller plus loin et rejoindre en partie ici les suggestions émises en

1978 par M. BRETON (74), à propos du contrôle de l'administration et des

finances publiques.

A cet égard, nous pouvons reprendre totalement à notre compte l'opinion

selon laquelle, il serait souhaitable que la compétence des autorités chargées

de tirer les conséquences des résultats du contrôle soit partiellement, et même

totalement liée en ce sens. Si ceci reste illusoire au niveau le plus élevé, compte

tenu de la nature du régime, une liaison légale des compétences des autorités

intermédiaires, y compris de celles qui ont la qualité de chefs de service, est


possible. Elle doit être assortie de sanctions rigoureuses en cas d'inexécution

ou d'attitude dilatoire de leur part.

(74) op.cit. p. 444.


.223

B) LA SANCTION DES AGENTS DU CONTRÔLE

Le manque de probité et le laxisme dans l'exercice du contrôle doivent

être rigoureusement réprimés dans l'intérêt du service et dans l'intérêt général;

car, comme l'a noté le Doyen P.DE.VISSCHER, "un régime disciplinaire existe

d'abord dans l'intérêt général. C'est la communauté étatique toute entière qui,

par priorité, a intérêt au respect par les agents de tous les devoirs de leur état"

(75).
1

C'est là une exigence de bon fonctionnement du service public que nous

avons d'ailleurs soulignée dans une étude récente (76). Il ne peut y être

répondu que par une volonté politique.

§ V.- ORGANISER CERTAINES ACTIVITES INFORMELLES

De l'avis des économistes (77) , les activités informelles représentent 1O

à 20% de la production du Cameroun. Elles emploieraient 20 à 40% de la


population. Pourtant, elles ne sont jamais prises en compte dans le Produit

Intérieur Brut (P.1.B). Leur rôle est donc considérable dans la société.

Aussi faudrait-il essayer d'organiser celles d'entre elles qui sont les plus

connues, comme par exemple la vente à la sauvette, la vente ambulante, la

vente à domicile.

(75) P.DE. VISSCHER.- "Faut-il juridictionnaliser la fonction disciplinaire ? ", in R.J.D.A.


coll. 2, 1962, p. 153.
(76) c. KEUTCHA TCHAPNGA.- La sanction disciplinaire du fonctionnaire en droit
administratif camerounais, Mémoire. de D.E.A. de Droit public, Aix-Marseille Ill. 1988.
(77) En ce sens, voir Michel MACHKAR.- "Le secteur informel: un contre-modèle de
développement", in Cameroon Tribune n°3924 du 21juillet1987, p. 6.
Les organiser c'est, plus précisément, aider ces "Petits Promoteurs

Indépendants", (P.P.I), à surmonter leurs faiblesses dues à leur dimension

réduite, en leur ouvrant l'accès au crédit, en leur donnant les moyens de

perfectionner leurs employés, d'améliorer leurs techniques.

Les organiser c'est également les soumettre à un régime de déclaration

simple, par exemple, lequel donnerait ainsi à l'Etat le moyen d'en percevoir des

impôts (78) et de les mieux contrôler a posteriori.


1

A ce sujet, il ne faut pas s'illusionner, la tâche sera rude.

La préparation d'un texte organisant de telles activités (79) présuppose,

pour être efficace, un débat ouvert aux concernées, aux hommes d'affaires, aux

chercheurs etc. S'il était laissé aux seuls soins de quelques technocrates, ce

texte serait voué à ne régler qu'une fraction marginale de son champ

d'application.

* *

(?aJ Cette suggestion mérite d'être en partie nuancée, à la lecture de la loi des
finances 1990/1991. Celle-ci a institué une imposition des contribuables du secteur
informel à partir des pôles de distributions des marchandises sur le marché. Cf. art.
23 (nouveau) du Code général des impôts.
(7.9) M. Andzé TSOUNGUI, alors secrétaire d'Etat à la Sécurité intérieure en 1990,
préconisait de réglementer la profession de vendeur à la sauvette. Le texte serait,
semble-t-il, toujours à l'étude.
225

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Pour contrôler, il faut savoir. Pour savoir, il faut être informé. Pour être
informé, l'autorité investie du pouvoir de décision en matière de contrôle a, à sa
disposition, des instruments juridiques adéquats que sont l'autorisation et la
déclaration préalables.
Mais quelle que soit l'étendue théorique de ses pouvoirs, cette autorité
ne pourra, en pratique, exercer sur une activité privée qu'une surveillance
,
assez lointaine. Le déroulement effectif de l'activité lui échappera.
L'agent d'exécution du contrôle est alors beaucoup plus à même
d'effectuer, de manière efficace, un contrôle permanent puisqu'il dispose du
pouvoir d'en savoir plus que ce qui est spontanément répondu.
Les textes lui donnent en effet les moyens juridiques de déceler les
infractions, de les punir ou, le cas échéant, d'informer l'autorité supérieure de la
façon dont fonctionne l'activité soumise au contrôle.
A l'inverse, de nombreuses garanties sont prévues au profit des
personnes contrôlées afin d'éviter que ce contrôle devienne abusif.
Toutefois, la mise en oeuvre actuelle du contrôle de l'Etat sur les
activités privées au Cameroun souffre de beaucoup d'imperfections tenant
moins à une définition erronée de l'organisation et des modalités du contrôle,
envisagées sous un angle technique, qu'à des considérations socio-politiques
qui exercent une influence directe sur cette mise en oeuvre et sur les suites qui
y sont données.
Ces imperfections peuvent certainement trouver des solutions dans les
années à venir, tant il est vrai que le droit évolue en même temps que les
moeurs et la société.

****************************************
CONCLUSION GENERALE
L'étude du contrôle qu'exerce l'Etat camerounais sur les activités des

personnes physiques et morales de droit privé recèle, en résumé, une

signification fondamentale à un triple point de vue :

Elle illustre les contradictions de toute nature dont la société est en proie:

- contradiction entre la quête de l'unité nationale et la persistance des réflexes


tribalistes
, et régionalistes;

- contradiction entre la sauvegarde de l'ordre public et la survivance de

l'insécurité individuelle ou collective;

- contradiction entre la théorie du libéralisme planifié et le dirigisme des

responsables de l'économie;

- contradiction, en somme, entre le formalisme juridique et la réalité socio-

politique.

Elle éclaire ensuite la portée du phénomène de réception des institutions

juridiques étrangères de contrôle dans le pays.

En effet, l'habilitation préalable à tout contrôle, l'autorisation, la

déclaration, le droit de visite, le droit de communication ... ont été reproduites

sans difficulté, parce que ces institutions répondaient à une exigence

d'efficacité, et qu'une longue tradition avait confirmé leur fiabilité dans d'autres

contextes. La nécessité d'innover, de ce fait. ne s'impose pas)absolument.

L'esprit du contrôle du respect de la réglementation professionnelle a, au

contraire, subi des altérations profondes, parce qu'il a dû s'insérer dans un

environnement social, culturel politique et économique qui ne prédispc:e pas

encore les contrôleurs et les contrôlés à une véritable conception de la primauté

de l'intérêt général sur les intérêts particuliers.


228

Cette étude participe enfin à la recherche de solutions adaptées aux

problèmes du contrôle.

Il est vrai que nombre d'insuffisances constatées au cours des dernières

années dans le fonctionnement de l'Etat, notamment dans le domaine du


contrôle administratif du respect des règles professionnelles, ont incité les

pouvoirs publics à accorder une attention à l'amélioration de l'action


(

administrative, ainsi qu'aux garanties du postulant à l'exercice d'une activité

privée, individuelle ou collective.

C'est ainsi qu'a été consacrée la notion d'autorisation tacite, la motivation

obligatoire du refus de l'autorisation, la généralisation de la procédure

consultative avant l'édiction de l'autorisation.

Ces innovations du législateur de 1990, aussi intéréssantes soient-elles,


ne suffisent pas, cependant, à résoudre tous les problèmes actuellement posés

par la mise en oeuvre des contrôles.

En réalité, ce sont en partie les bases socioculturelles de l'Etat et du

pouvoir qui exigent d'être remises en cause. Il convient de susciter, tant chez
les auteurs que chez les destinataires du contrôle, une mentalité et un

comportement légalistes.

Il ne faut toutefois pas perdre de vue que les problèmes étudiés ne


pourront être résolus, dans les directions qui ont pu être mises en relief tout au
long de ce travail, qu'a la suite d'une lente et prudente modification des

attitudes politiques et sociales, ainsi que des moeurs administratives.


229

Comme a pu, à juste titre, l'écrire un auteur, "la société ne se transforme

pas dans ses fondements les plus profonds en quelques années ou même en

quelques décennies " (1) •

De cette évolution des mentalités dépendra l'efficacité du contrôle, qui est

le signe du progrès et du fonctionnement harmonieux de la société.

Cette évolution sera d'autant plus importante que le contrôle des activités

privées, dont il paraît dangereux de contester la nécessité réelle, est appelé à

connaître un grand développement au Cameroun, en raison de la privatisation

croissante des entreprises publiques et parapubliques.

(1) Marc PENOU/L.- art. préc. p. 3.


BIBLIOGRAPHIE
La présente bibliographie n'est pas une récapitulation exhaustive des ouvrages
et études auxquels nous avons fait référence dans la présente Thèse. Il ne sera fait
mention ici que des ouvrages et des études de fond qui apportent un éclairage
important sur les problèmes abordés. Quelques textes essentiels ont déjà été
reproduits en annexes.

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V) INDEX DES PRINCIPALES JURISPRUDENCES


ADMINISTRATIVES CAMEROUNAISES CITEES

(Les chiffres entre parenthèses renvoient aux pages de la présente Thèse)

- BINAM (Dame), née NGO NJOM Fidèle, jugement n°12 du 28 janvier 1982
(141)
- BOONE Jean, arrêt n°208 du 30 janvier 1953 (173)
- GIVRA (Dame), arrêt n°224 du 27 mars 1953 (24)
- EBODE ONANA Rigobert, arrêt n°7 du 18 mars 1970 (108)
- ESSOUGOU Benoît, jugement n°34 du 24 avril 1980 (141)
- KIEFFER Marguerite, arrêt n°4 du 4 novembre 1965 (25)
- NDJOCK Paul, arrêt du 27 décembre 1957 (23,49)
- NGUE André (Dame), jugement du 30 avril 1968 (29)
- MINYEM Martial, arrêt n°367 du 3 septembre 1955 (23)
- MVE NDONGO, arrêt n°10 du 17 octobre 1968 (166)
- MOUELLE KOULA Eiteil, arrêt n°178 du 28 mars 1972 ( 144)
- POUKA MBAGUE Louis, arrêt n°117 du 8 décembre 1970 (141)
- SENDE Joseph, jugement du 1er février 1985 (69)
- SOCIETE " ASSUREURS CONSEILS FRANCO-AFRICAINS ",jugement n°
62 du 25 septembre 1980 (29 et 182)
240

TABLE DES MATIERES

PAGES

CHAP1TRE INTRODUCTIF 1

SECTION. 1. PROBLEMES TERMINOLOGIQUES 1

§. 1.- LA NOTION DE CONTRÔLE 3


A ) L'IMPRECISION DU TERME CONTRÔLE 3
1 ) LE CARACTERE POLYSEMIQUE OU MOT CONTRÔLE 3
2) LA MULTITUDE DES QUALIFICATIONS AFFECTANT
LE MOT CONTRÔLE 5
B) DEFINITION PROPOSEE 6
§. 11. LA NOTION D'ACTIVITE PRIVEE 8

SECTION. li. QUESTIONS FONDAMENTALES 9

§. 1. LE CHAMP GEOGRAPHIQUE DE L'ETUDE 9


A) LE CAMEROUN, CADRE SPATIAL DE L'ETUDE 10
1 ) LE CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET SOCIO-POLITIQUE
DU CONTRÔLE 10
2 ) LE CONTEXTE ECONOMIQUE ET CUL TU REL DU CONTRÔLE 12
B) LES JUSTIFICATIONS DU CHOIX DE L'AIRE
GEOGRAPHIQUE DE L'ETUDE 13
§. 11. OBJET, METHODE ET PLAN DE L'ETUDE 15
241

PREMIERE PARTIE
LES CARACTERES FONDAMENTAUX DU CONTRÔLE 18
***************************

TITRE. 1. LE FONDEMENT JURIDIQUE DU CONTRÔLE 20

CHAPITRE. 1. LE PROBLEME DE L'HABILITATION


PREALABLE AU CONTRÔLE DES
ACTIVITES PRIVEES 21

SECTION. 1. LA NECESSITE D'UNE HABILITATION PREALABLE 22

&. 1. LE PRINCIPE: L'HABILITATION PREALABLE, CONDITION


NECESSAIRE DU CONTRÔLE 22
&.Il. L'EXCEPTION: L'ADMISSION DU CONTRÔLE SANS
HABILITATION PREALABLE 24

SECTION Il. LES AUTORITES COMPETENTES POUR


ACCORDER L'HABILITATION 25

&. 1. SUR LE PLAN INTERNE 26


&. 11. SUR LE PLAN COMMUNAUTAIRE 31

CHAPITRE Il. LES DIFFERENTES CATEGORIES


D'HABILITATION A CONTRÔLER
LES ACTIVITES PRIVEES 35

SECTION./. LE CARACTERE DUALISTE DE L'HABILITATION 35

§.1. LES HABILITATIONS UNILATERALES 36


§.Il. L'HABILITATION DE NATURE CONTRACTUELLE:
LE MANDAT 39
242

SECTION. Il. LES FORMES D'HABILITATION COMME


SOURCES DE REPRESENTATION 44

&.I. LES HABILITATIONS UNILATERALES A REPRESENTER 44


A) L'HABILITATION A CONTRÔLER AU NOM
DE LA PERSONNE HABILITANTE 44
B) L'HABILITATION A CONTRÔLER AU NOM
D'UNE TIERCE PERSONNE: LA SUBSTITUTION 45
&.Il. LES HABILITATIONS CONTRACTUELLES A REPRESENTER 46

SECTION .Ill. LES CONTRÔLES EXERCES SUR LES


HABILITAT/ONS 47

§.1. LE CONTRÔLE ADMINISTRATIF 47


A ) LE CONTRÔLE DE TUTELLE 47
B) LE CONTRÔLE HIERARCHIQUE 48
§. Il. LE CONTRÔLE JURIDICTIONNEL 49

CONCLUSION DU TITRE I 50

TITRE. Il. LES OBJECTIFS DU CONTRÔLE 51

CHAPITRE 1.- LA SATISFACTION DES BESOINS


COLLECTIFS INDISPENSABLES AU BON
FONCTIONNEMENT DE LA SOCIETE 52

SECTION./. LA REALISATION DE L'UNITE NATIONALE 52

&.1. LES RAISONS DE LA RECHERCHE DE L'UNITE NATIONALE 53


A) LA DIVERSITE ETHNIQUE ET CULTURELLE 53
B) LA FRAGILITE DE LA CONSCIENCE NATIONALE 54
&.Il. LES RETOMBEES DE LA LOGIQUE UNITAIRE 56
A). LA CONSISTANCE DE L'IDEOLOGIE DE L'UNITE NATIONALE 56
B ). LA CONSECRATION LEGISLATIVE DE LA QUETE DE
L'UNITE NATIONALE COMME BUT DU CONTROLE DE L'ETAT 58
243

SECTION.li. LA SAUVEGARDE DE L'ORDRE PUBLIC 59

&.I. LA SAUVEGARDE DE L'ORDRE DANS LA SOCIETE 60


A) LE MAINTIEN DE L'ORDRE MATERIEL 60
1 ) LA PROTECTION DE LA TRANQUILLITE PUBLIQUE 60
2 ) LA PROTECTION DE LA SECURITE PUBLIQUE 61
3 ) LA PROTECTION DE LA SALUBRITE PUBLIQUE 63
B) LE MAINTIEN DE L'ORDRE IMMATERIEL 64
1 ) LE RESPECT DE LA MORALE ET DE LA DECENCE PUBLIQUES 64
2) LE RESPECT DE L'ESTHETIQUE 66
&.Il. LA SAUVEGARDE DE L'ORDRE DANS L'ETAT
r
DU POINT DE VUE POLITIQUE 67
A) LA PROTECTION DES PRINCIPES DEMOCRATIQUES
D'ORGANISATION DE L'ETAT 68
B) LA PROTECTION DU PRINCIPE REPUBLICAIN
D'ORGANISATION DE L'ETAT 71

SECTION.Ill. LE RESPECT DE LA REGLEMENTATION


EN VIGUEUR 72

&.I. LE RESPECT DE LA LEGISLATION SUR LES


RESSOURCES PUBLIQUES 73
&.Il. LE RESPECT DES AUTRES REGLEMENTATIONS 74

CHAPITRE.li : LA PROMOTION DE CERTAINS INTERETS


PARTICULIERS ET LA PROTECTION DES INTERETS
DE CERTAINES CATEGORIES SOCIALES ET
PROFESSIONNELLES 75

SECTION./. LA PROMOTION D'UN CERTAIN EQUILIBRE


ECONOMIQUE REGIONAL ET ETHNIQUE 76

&.I. LE CONSTAT DU RECOURS AU CONCEPT


D'EQUILIBRE REGIONAL ET ETHNIQUE 77
244

A) UN CONCEPT SYSTEMATISE PAR LE PRESIDENT AHIDJO 77

B) LA RECEPTION DU CONCEPT PAR LE DROIT POSITIF 79

1) LA CONSECRATION DE LA QUETE DE L'EQUILIBRE


ECONOMIQUE REGIONAL COMME OBJECTIF
DU CONTROLE DEL 'ETAT 79
2) LA RECHERCHE IMPLICITE DE L'EQUILIBRE ECONOMIQUE ET
ETHNIQUE COMME BUT OU CONTROLE DE L'ETAT 81
&.Il. LES MANIFESTATIONS PRATIQUES DE L'EQUILIBRE REGIONAL
ET ETHNIQUE A TRAVERS L'ETUDE DE DEUX
PROFESSIONS LIBERALES 82
A) LA LOCALISATION SPATIALE DES OFFICINES
PRIVEES DE PHARMACIE AU CAMEROUN 83
B) LES REPARTITIONS" TRIBO-REGIONALES »DES
FORMATIONS SANITAIRES PRIVEES AU CAMEROUN 86
1) SUR LE PLAN NATIONAL 86
2) AU NIVEAU DES PROVINCES OU CENTRE ET OU LITTORAL 87

SECTION.li. LA PROTECTION DES INTERETS DE CERTAINES


CATEGORIES SOCIALES ET PROFESSIONNELLES 88

&.I. LA PROTECTION DE L'INDUSTRIE LOCALE 88


&.Il. LA SAUVEGARDE DES INTERETS PARTICULIERS 90
A) LA SAUVEGARDE DES INTERETS DES IMPORTATEURS 91
B) LA SAUVEGARDE DES INTERETS DE CONSOMMATEURS 91

CONCLUSION DU TITRE Il 93

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 94


245

DEUXIEME PARTIE
LA MISE EN OEUVRE DU CONTROLE 95
*******************************

TITRE.1. L'EXERCICE DU CONTROLE 97

CHAPITRE.I. LES ACTES JURIDIQUES D'EXERCICE


DU CONTROLE 98

SECTION./. L'AUTORISATION PREALABLE 99

&.1. SIGNIFICATION DU PROCEDE 99


&.Il. LES FORMES D'AUTORISATION PREALABLE 101
A) L'AGREMENT 101
B) LE VISA 104
C ) LA LICENCE 105
D ) L'AUTORISATION PROPREMENT DITE 106
E) LE PERMIS 107
F ) LA CARTE PROFESSIONNELLE 108

SECTION. Il. LA DECLARATION PREALABLE 110

&.I. LA SIGNIFICATION DUALISTE DU PROCEDE 110


A) SIGNIFICATION DE LA DECLARATION SIMPLE 110
B) SIGNIFICATION DE LA DECLARATION ASSORTIE D'UN
POUVOIR D'OPPOSITION DE L'ADMINISTRATION 112
&.Il. LES DIFFERENTS MODES D'APPLICATION DE LA
DECLARATION PREALABLE 113
A) DECLARATION OBLIGATOIRE OU FACULTATIVE 113
B) DECLARATION A TITRE EXCLUSIF OU DECLARATION
A TITRE COMPLEMENTAIRE 115
246

CHAPITRE.li. LES MODALITES D'EXERCICE


DU CONTROLE 116

SECTION./. LE CONTROLE SUR LES CONDITIONS D'ACCES


AUX ACTIVITES PRIVEES 116

SOUS I SECTION.!. LE CONTROLE SUR LES CONDITIONS


PERSONNELLES D'ACCES AUX ACTIVITES PRIVEES 117

&.I. LE CONTROLE SUR L'ETAT ET LA SITUATION DU POSTULANT 118


1(-.) LE CONTROLE SUR LA MORALITE, LA NATIONALITE
ET L'AGE DU POSTULANT 118
B) LE CONTROLE SUR LES INCOMPATIBILITES
PROFESSIONNELLES 120
&.Il. LE CONTROLE SUR LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE
DU POSTULANT 121

SOUS I SECTION.li. LE CONTROLE SUR LES MOYENS


D'ACCES AUX ACTIVITES PRIVEES 123

&.I. LE CONTROLE SUR LES MOYENS MATERIELS D'ACCES


AUX ACTIVITES PRIVEES 123
A) LE CONTROLE SUR LES BIENS IMMOBILIERS DU POSTULANT 123
B) LE CONTROLE SUR LES OBLIGATIONS FINANCIERES
DU POSTULANT 124
&.Il. LE CONTROLE SUR LES MOYENS INCORPORELS D'ACCES
AUX ACTIVITES COLLECTIVES 125
A) LE CONTROLE SUR LES PROJETS DE CONTRATS
PROFESSIONNELS 126
B) LE CONTROLE PARTICULIER SUR LES ASSOCIATIONS
CULTURELLES: L'UTILISATION DES STATUTS-TYPES 128
247

SOUS I SECTION.Ill. L'OCTROI DE L'AUTORISATION 130

&.I. LES POUVOIRS DE L'ADMINISTRATION 130


A) LES HYPOTHESES DE COMPETENCE LIEE 131
B) LES POUVOIRS D'APPRECIATION DE L'ADMINISTRATION
DANS LA DELIVRANCE DE L'AUTORISATION 132
&.Il. LES GARANTIES DE LA PERSONNE PHYSIQUE OU MORALE
DE DROIT PRIVE POSTULANT L'AUTORISATION 133
A) LA CONSISTANCE DES GARANTIES NOUVELLES 135
1) LA CONSECRATION DE LA NOTION D'AUTORISATION TACITE 135
2) L'OBLIGATION DE SOLLICITER L'A VIS D'UN ORGANE SPECIALISE
AVANT L'EOICTION DE L'AUTORISATION 137
r

3) L'OBLIGATION DE MOTIVER LA DECISION PORTANT REFUS


DEL 'AUTORISATION 139
B) LA GARANTIE JURIDICTIONNELLE 140
1 ) LA SANCTION DES REGLES DE FORME ET DE PROCEDURE 140
2) LA RESPONSABILITE DE L'ETAT POUR L'ILLEGAL/TE DU
REFUS DE RECONDUCTION D'UNE AUTORISAT/ON:
L'affaire ESSOUGOU Benoît 141

SECTION. Il. LE CONTROLE SUR L'EXERCICE


DES ACTIVITES PRIVEES 144

&.I. LA MISE EN OEUVRE DU CONTROLE 145


A) LE DROIT DE COMMUNICATION 145
1 ) LE DROIT DE COMMUN/CATION AUPRES DES
DESTINATAIRES OU CONTROLE 145
2) LE DROIT DE COMMUN/CATION AUPRES DES TIERS 147
B ) LE DROIT DE VISITE 148
1 ) LE DROIT DE VISITE DEL 'ADMINISTRATION 49
2) LE DROIT DE VISITE PARTICULIER DE LA
SOCIETE GENERALE DE SURVEILLANCE (S.G.S.) 151
a 0
) Procédure préalable à l'inspection des
marchandises par la S.G.S. 151
b 0
) L'inspection des marchandises avant l'embarquement
au Cameroun 152
&.Il. LES GARANTIES DES PERSONNES CONTROLEES 154
248

A ) LE SECRET PROFESSIONNEL 154


B ) LES REGLES DE COMPETENCE ET DE PROCEDURE 155

CONCLUSION DU TITRE./ 156

TITRE.li. LA PORTEE DU CONTROLE 157

CHAPITRE.I. LA PORTEE JURIDIQUE DU CONTROLE 158

SECTION./. LES FORMALITES PREALABLES AUX SANCTIONS 159

&.I. LA CONSTATATION DES INFRACTIONS 159


A ) LA MISE EN DEMEURE PREALABLE 159
B ) LE PROCES-VERBAL 161
&.Il. LES POURSUITES 163
A) L'EMPLOI DES CONTRAINTES 164
B) LES GARANTIES DES PERSONNES CONTROLEES 166
1 ) LA SANCTION DEL 'EMPLOI ILLEGAL DE LA CONTRAINTE :
Affaire NVE NDONGO 166
2) LA POSSIBILITE DE TRANSIGER 170
a 0
) Caractères juridiques de la transaction 171
b 0
) Effets de la transaction 171

SECTION.li. LES SANCTIONS 172

&.I. LA SANCTION ADMINISTRATIVE 172


A ) NOTION 172
1 ) SANCTION ADMINISTRAT/VE ET MESURE HIERARCHIQUE 173
2) SANCTION ADMINISTRAT/VE ET SANCTION PENALE 174
B) CLASSIFICATION DES SANCTIONS ADMINISTRATIVES 175
1) LES SANCTIONS PORTANT ATTEINTE A L'HONNEUR
PROFESSIONNEL i 75
2) LES SANCTIONS PECUNIAIRES 176
a 0
) Les amendes 176
b0 ) La confiscation 177
c 0
) Les majorations de retard 178
249

3) LES SANCTIONS PRIVATIVES DES DROITS PROFESSIONNELS 178


a La fermeture de l'établissement
0
) 178
b L'interdiction d'exercer la profession
0
) 179
c Le retrait de l'autorisation
0
) 179
C) SOUMISSION DES SANCTIONS A UN REGIME PROTECTEUR 180
1 ) L'APPLICATION DES SANCTIONS 182
2) L'ANNULATION D'UNE SANCTION ADMINISTRATIVE ILLEGALE:
Affaire AGFRA 182
&.Il. LA SANCTION PENALE 184

CHAPITRE.li. LA PORTEE PRATIQUE DU CONTROLE 186

SECTION./. L'INEFFICACITE DU CONTROLE 187

&.I. L'INSUFFISANCE PRATIQUE DE LA PROTECTION


DES CONSOMMATEURS 188
&.Il. L'INSUFFISANCE PRATIQUE DE LA PROTECTION
DES INDUSTRIES LOCALES 192
&.Ill. LE CARACTERE LIMITE DE LA REALISATION DE L'UNITE NATIONALE194
&.IV. LE CARACTERE MENACE DE L'ORDRE PUBLIC 197

SECTION.li. LES ELEMENTS EXPLICATIFS DE


L'INEFFICACITE DU CONTROLE 198

&.I. ELEMENTS SOCIOCULTURELS 199


A) LA PRATIQUE INEGALITAIRE DU BILINGUISME 199
B) L'IMPORTANCE DES TOLERANCES ADMINISTRATIVES 201
C ) LA CORRUPTION 203
D) LA RESISTANCE LATENTE DU MILIEU 205
1°) LE COMPORTEMENT DES DESTINATAIRES DU CONTROLE
A L'EGARD DE LA REGLE DE DROIT 205
2°) LA NATURE INFORMELLE DE CERTAINES ACTIVITES PRIVEES 207
&.Il. ELEMENTS STRUCTURELS 210
A) L'INSUFFISANCE DES MOYENS DE CONTROLE 210
1) MOYENS MATERIELS 211
2) INFRASTRUCTURES ROUTIERES 211
250

3) MOYENS HUMAINS 213


B) UNE REPARTITION DE MISSIONS PEU OPERATIONNELLE 213

SECTION.Ill. LES CONDITIONS D'UN CONTROLE EFFICACE 215

&.I. VULGARISER L'EDUCATION CIVIQUE 216


&.Il. ACCENTUER LES EFFORTS DE FORMATION 217
&.Ill. AMELIORER LES INFRASTRUCTURES 220
&.IV. APPLIQUER LES SANCTIONS 221
A ) LA SANCTION DES SUJETS DE CONTROLE 221
B ) LA SANCTION DES AGENTS DE CONTROLE 223
&.V. ORGANISER
, CERTAINES ACTIVITES INFORMELLES 223

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 225

CONCLUSION GENERALE 226

BIBLIOGRAPHIE 230

TABLE DE MATIERES 240

ANNEXES 251
ANNEXE N °:I.

{Réf. p.4f note. 30}

SOURCE Dossier d'information de S.G.S. - Cameroun, mars 1989.

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253

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·.. t:Ue. sur, l'i;:.s;:-e-=tion. et le c:cnt~le c!.e; .r..:i:·d:.anc!ises à l'L-:;ior:ation".\
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.sur l:i. v:ilcur ros Je~ r..:irc:h:.:-.::!lscs i~rtécs

_ Ce~te t:i..~e ~e:-a liquic!ée_par .1' L~::ta~7'.':'. lui-~::_~r._sa__


c!er..:i..'1c!e c!e. l:W.:e::-:c:: è' i:::;:>ort:ition; ·•

A.:zï!CtE !. L.'"1. c!éc:ret c!éter:ni.'1e-:-a les i:-oè.3.lités è'a~plication c!es c!i.sposi·


ticr.s p-:-~'·'"es au.-: ar-:ic:les ;i-:-écécen•.s.

Ar.""TICLE..l:_ La ;iré.sente lei ~e-:-a e~re:;:istrée, p-:--o::u!gi.;ée ;iui.s ri.:bliée au


jvu:-::-:al c.:ficiel en f;-:i.,ç:iis et en a:-:g!ais .;-

Y.~~E, le 15 JUIL "&-8



1

Taxe ~;inspec:Uo~ etcde contrôle


des marcl1anfllïses à· l'importation
··::··
Le chef de l'EtaJ a signé k 2~ 'septembre dernier, le décret n·· 8811285 portant application de la loi 11• 881007 du
15juillet1988 instiJua11t une taxe d'inspection et de contrôle des marchandises à l'importation en République du
.:·: ~ ~ :· ~ .: Cameroun .
Arûdc prtmitr - (1) Le pr6cni dtcrcl 00Ôtr61e des marchandi~ l l'imporblion ~'!~le ~ imporlalio~s. A cet tgard \ '. cl le co~r~l~ lki ÏmP.91UJi1mwl.11n'9r,anr
poile appliution, à compter de la date de u csl de 0,9S Yè de la valeur FOO des mar· - 11 cnhcllcnl des reliloons d'ordre 1cd1\ ·; èllniûhalif. A cel clfct :
sir.nalu1c, Je I• loi n• 118AXJ7 Ju IS juillet chillldiscs conecmtcs, avec un minimum de oiqût'ï,vec l'organisme habili1t à cffcctuc1 ·-:=-iîJ~k-bÎi;n glol>al cl cri1iquc des
1m instituant I• taxe Je contrôle Jcs pem:plion de SS.00'.I F par livraison ou +i'lrflp(Clion cl le contrôle des imporl•lions : ~
marchandises à l'importation co Rtpublique cmbuqucmcql.' · · "t ..:.=:ïl vcill~ · a1(~cspccl des rt.cl.~s cl des": opüalions d'inspcclion cl de conlrôlc des
importalions ; . ..........
du Cameroun. · • rnle.tnismcs .du 1ys1tmc au niveau de la .... ;:u
Art. 5- (1) Le proJuil de 11 laxc d'inspcc· Thiuan, de·s banques cl ·des services du ; - il t1.abli1 le diagnoSlic cl propose des
solutions ainsi que des oricnlalions à donner Cl).
(2) A cet effet, tous les biens imponts au
C.mcroun sonl obligatoirement wumis à
lion cl de con116lc des marchandises à1 '.""'ronlr6lc 'des 'cliang'1 'cï de Ir anslcru ;
l'ih1port•lion ·est vent à un compte s~dal - il usure la ccnlrali~lion cl l'~xploita- •• ·à l'inspection cl le conlrOlc des impor1a· =-
l'inspection cl au conlr61c soul ceux figurant ouverl lccl cC!cl dans les livres de la UEAC . · lion.des donntes tronomiqucs cl fiuncièrcs lions; · ~
-·il tmcl un a\is sur les projcls de
~
sur une liste dtroga1oi1c arrêltc conjoinle· cl destint à assurer le rt&lc!'lcnl des prcsta- i: . Issues de b nùsc en a:uvrc de l'~n cl
ment en l•ml que de besoin par le ministre lions litC1 à I• gestion du ProgramUlC .de 1.:-00îiiïblëîiëi 1mp0riatioiiï.- · - convcnlion cnlrc le gouvernement cl le.•
chargt du Commerce et le ministre chargt • vtrilîulion de~ imporl~lions. L'inspedion cl k conlr61c des impOrla· organisme1 sp<!cialists de contrôle cl d'ins·
des· Financct. pcction des importations :. ' :::::>
(2) l.d modaliits de lonctionncmcnl du· . lions ne dégagent pas les servi= de dou;inc 0
des obligalions cl prtrogalivcs qui leur sont - il donne ég•lcmcnl son avis sur )J fütc ..-
Art. 2 • L'inspection cl le con1r6Je des omplc spteial vi<t à l'alinta (1) ci.Jrnus
imr..irl•lions onl pour objet : · ;ont lixtcs par le minislrc chargt Jcs fi· ':dévolues. des biens non soumis à l'inspcclion cl au ~
con1rôlc ainsi que le programme gtnéral de
- le contrôle de qualilt afin de s'assurer iàJUCCS. Art. 9 - A la douane 1011 de la dtclaralion vtrilîa.1iun des importations. u.:>
que les biens imponts sont conformes aux
normes requises ; Art. ' llA~J .. ,...'•• , ............ ,,,. .... 1( 1.. 1.. 11 ..
·de l;i marchandise, rommc à la b1nq11c lors
. du rtglcmcnl de la lraos.aclion au profil du (J) L.c comilt J'tvalualion de l'inspcccion
\
.Q:' 1

- le contr61c quantitatif en vue de vtrificr et le contrôle des impor1a1ions jouit d<s 1

~
, · fournÏS$tur élrangcr, il ê:sl obligatoire de ..
la concord~ncc cnlre les qu•nlilés comman- 'joindre au dossier, le document d'inspcClion pouvoirs ttcndus d'invcslig•lion •upr~s de ' ·
dées cl celles eflcclivcmcnl livrtcs ;
- la collecte des donntcs tconomiques sur
! cl de conlr61c délivrt par l'organisme hal>ili· · Ioule personne physi<JUC ou moule, de d1oi1
·public ou privt, susccp1iblc de délcnir l'in·
Art. 7 - Le miui~lrc chargt du rornmcrcc . lt à ccl cllel, sauf prtscn1;i1ion du documcnl

~
tout cc qui concerne ks importations ; · L•ssurc liTu!CllcaJn1ini11ra1ivc de l'inspce: ·dérogatoire. . lonua1ion ntccssairc à l'accomplissemcnl de
- la comparaison des prix pcrmcllanl de les so mission. ,.
rapprocher à ceux pratiquts sur le marcht ~o;j~~-~~!!61e ~~_L'!11)(>~!•_1il)!JS. ~ cc(.. A·rt. JO - Lt1 infraclions à l'arliclc 9
__ g ... · Art. Il : ( 1) La composilion cl les rtglcs de
d'c1por1a1ion des biens conccrnts. • - il Jtlivrc les ordres d'inspection cl J.., ·ci-dessus sont considtrtcs comme délit · fonclionnemcnl du· comilt d'tvaluotion de
co11Trôlc;·txccp1ionncllcmcnl, des dtrog•~ " douanier concspondanl à l'importation s,ans l'inspection et le contrôle des importalions
An. l - (1) L'inspection cl le con116lc des ïiooi irlliaison avec' le minislrc chargt des,. dtclaralion de marchandises prohibtes ou sont lixtcs par un lexie parliculicr.
~
Fana.nets";'·-----~-.:;~~·: ., ! · ·· •. • ~ _ .. . comme ·alh;intc.· à la. rtglementalion ,des
import•lions sont cflectuts sur les lieux de '(2)·1..!c1"crtdi1s ntccsuires au
production, d'cx(ltdi1ion et/ou d'cmmagasi· :-:::.::· ilanèlc l• lislc des biens non soumis l .rommcu;c
changes. cl iti! .cxltiieur. 'onctionncmcnl du comilt d'tvaluation de
~
• . · J(o • .• '" •
nage des marchamfücs. l'inspcclloiï aprh-ivis' du comi1t d'tvalua:·.
· iiOn ~iscfTariiëlê 12 ci-dessus ; • :-
1
Un
, Art .. 11 - antlt conjoint du ministre 1'inspcdion cl k conlrOlc des importations
(2) Ils sont rülists par les services de · chargt du commerce cl du ministre chargt' sont inscrits sur une ligne spécifl<jUC du \.):)
l'Etil ou par un organisme s~ciali<t habi~i: ;t'-=11 ci11ic1ienl des Îclalions d'ordre ailmi:', • des Finances prtciscr• les modalilés d'appli- 1 budget cl du minisltre chari;t du conuncrcc
ois!ïaii( âvcc l'oiganismc habili1t à effectuer·· ; Cl de l'irlduslric.
lt à cet cllcl. Ils donnent lieu à I• dtlivr•nl"· c<ilion des disposi1ious ci-dessus.

~
d'un document d'insj>l!Clion cl de conlrôlr.· • l'iô1pcë1lon.. c1 le con1r6le d<s imporlalioni "

Art. 4 - (1) -u.im d'inspection cl de


· Joni il est le. correspondant ;
·.:.....il· assure la coordrnalion··administrativc '
·
Art. 12-(1) Il CS! aU irn cornilt <ftvalua,' : Art. 1• : I.e minislic chargt du coµuncrcc cl
; lion de l'inspection cl le conlr61c des impor· · '.•de 1'ind1111ric cl le minis11e chargt des
t0 '.
'
conlr6lc des mar<;handi1t1 à l'irnf>orta1ion,
inslilutc l l'a11icle I" de la loi suiviste cil à
duprogrammc de vérification des importa:
ïions du ro1é dé l'ad111Îni11ra1ion ..
·-·
talions chargt de procéder p<!Ur le gouvet- ·
. ncmcr\I à l'évalualiou des op<!ratious corrcs· , disposi1ions finances son_I ch>1gts de l'•pplicilion ~s
du prtscnl 'dtcrcl qui sen
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b ch~rgc de l'irnporUleur: ArJ. & - I.e 111inis1rc chartt des Finances JlOll<!Jnlcs. · 'enrcgislrt puis.puhlil au Journal Ollîcicl en
(2) Le laux Je b IHC d'i111pee1io11 ·r1 Je ·~u!~~"'ftilëllë'féd111iijiic i.lcTi1iipû1ion cl. (2) ~-~ ~i!.'.'..'i~t~·~111a1i~ '~~ ~·~n~~~Clio!'.,· . hançJi" r• ,_ "n"l~i·
255
ANNEXE N °5
{Réf. p. ~ note. 3 8}

SOURCE: Dossier d'information de S.G.S. - Cameroun, mars 1989.

®SGS
LE· DE SU~V::ILLA.NCE S.A., GZ.~EVE, SUISSE"
ATTESTATION DE l/'ERIFICAT!ON
Clean Report of Findings

E..'HSE CONFORHE..'-ŒNT A U. REG'".LZ.'-ŒNTATION DE.S IMPORTATIONS E..~ RE?UBLIQUE DU ~CUN SEI.ON HCT?.z
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256

ANNEXE N °6
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{Réf. p.53 note rn,~~

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1

TCHAD

I:es principales
ethnies du Cameroun

Foulbe

Mbos

Hanguissa
R.C.A.

:Eton
Evondo
Bassa Ma ka
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Xaka
Bu lu (Mkako)
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\ - OCÉAN B~t-an~~;:_:~;~ _Fang· Pygmées
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ATLANTIQUE ~?~w~--~~~--:-..;_;_~~--:..~
I GUÎNÉÉ\_ ..·-. 2iABON
ÉQUATORIALE ·CONGO.
251'

ANNEXE_N_~ ~-­

{Réf. p."16 note.· 66


SOURCE : Wilfred A NDONGKO; cité par Nf?IVA-K:··KAL-t··~~-·An--African·

__experim~t oF natiôn bui!di11~ . the.- btiTn~Ûal-·cameroàn - Republic since


reunificatiorr,Cotorado-{U~S:A:)·,-Westtview:·Press:-1980 p: 24:"--~

Tableau.:!, : Agro-industries

Nombre Investis. % du Chif. d'af. "Io CA Emplois


Provinces d'entr;p. (millions total (millions total créés
CFA) CFA)
Llttoral ................. 18 12 2J8 63 15 787 77 3 000
Centre-Sud ............ 5 4702 25 3 416 16 553
Nord-Ouest ............ 2 398 3 100 1 924
Nord ···················· 4 719 4 534 3 325
Sud-Ouest ............. 3 1 081 5 418 3 3 295
ÎOTAL -·---- ...... 32 19 132 100 20 255 100 8 097

Tableau 2. Industries forestières

Nombre Investis. % du Chif. ù';if. % C,\ Emrlois


Provinces d'entrep. (millions total (millions tot~I créés
CFA) CFA)
Centre-Sud ...... 34 6 962 55 8 852 51 6 0·14
Est ................. 15 3 549 28 5 430 32 3 641
Littoral ........... 8 1 437 Il 1 299 8 937
Sud-Ouest ....... 4 540 5 614 4 683
Ouest ............. J 115 1 195 2 2(16
TOTAL ......... 64 12 603 100 16 537 100 11 571
--- ~ - ~----·-· - - - - ---· ~-- _ _ _•_ _ ·~..;"_••_.. _._._., _
...... ....._,._-- ··_
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253

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ANNEXE N° T
(s~)
{Réf. p.7f,. note.-66
SOURCE
--
: Wilfred A NDONGKO; cité· par/NDIVA-K--KAl:E··~~--·AtrAfrican
- .. .

-· . . ·r.~--·...- - ) , -.._,
_..-experim~t oF natiôn buildin~ . ihe- bt!ingual cameroon - Repubtic smce
·, \, '.

reunification~Cotorado·(U.SA~).~Westtvïew:·PreSS';-t-980 p.-24:-----

Tableau4-: Réopitulatif global par province "'


(il y avait sept provinces en 1975) ·o""'
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Nombre: Investis. % du Chif. d'aff. % CA Emplois r ..... --ar-


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Provinces d"c:ntrc:p. (millions total (millions total crees
CFA) CFA)
Littoral ....................... 116 60 599 7Ul 73 565 71.56 19 289
Centre-Sud ············ 57 14 439 17.01 18 3-07 17.80 7 310 -;;
Nord ···················· 7 1 771 2.09 2 314 225 1 101 ~ ëi t---+------+---1
~
Est ....................... 15 3 549 ·US 5 430 5.28 3 641 -0

Ouest ..................... 7 610 0.72 354• 0.34" 398


Sud-Ouest ············· 14 3 495 4.12 2 724 2.64 H61 -
Nord-Ouest ............ 2 398 0.47 100 0.09 914 ~
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~ - - ,..... r..i :::::>
C!
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TOTALCamer>er-DUtl 218 34 861 !OO.OO . 102 794 - 37 574 Q 0 - N -
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( ") Non compns le chiffre d'affaires des industries de transformation de cette province:. ~

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Tableau .fj: Ré<:apitulatif global
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Partie Nombre lnvest. % du Chif. d'af. 'l'o CA Emplois %
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du pays d'entrcp-. (millions total (millions total créés total "


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CFA) CFA) -c: ·-
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«.Oriental ,. 202 80 968 95,4 99 970 97.25 31 739 84.6 '°
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(pmer-f..Pt\4<t\ .,..,
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• Occidental ,.
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16 3 893 4,6 2 824 2.75 5 785 15.4
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218 ~ 861 100,0 102 794 100.0 37 5:?4 100.0 z.u


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259

ANNEXE N ° 8
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·?'liJ fi.... --r:i
( Ref. p.,;jft) If Note 2.,c;) eA.· I tJ

SOURCE Cameroon Tribune n° 4452 des 15 et 16 août 1989 , p.


2.

Assurances

Retrait d'agrément à certains


Cabinets de courtage
Le ministre tks Finances a /'honneur de porter à la connaissance du public que lts cab~nets de courtage[ d'~~;n~e~
ci-après nommés, don! les responsables sont frappés par une décisio~ de retraiJ d'ag~e":ent, n~ ::;' P u.s 1 ues a

! présenter tks opérations d'assurances sur toute l'eten.due du terrûoire TUJ.hl:J • •


Il s':i.git de : CA.\ISERASS (C21t1eroun services assuranccs) - SOC AR !.Soc icu; · d'a.s..sunnccs. et de rc:is.su·
.. ,, ~rou!Ul5C
pcrsoaocs en cause · - Koura Jc::i.n Ta.mok.:i Elias, Biru John, rances) ; A.\tACA.\t (A.s...<uranccs mutueUcs aqiroks du ûme-
Eptt ~idoumbé J= ph, Ebck, Kott~ Samud, Mouketle, Foabah l'OWI) ; CCAR ~Com~ie c::i.m<:rouo~ d':i.ssuranccs et de
0

Fritz. réllssunnccs) ; S;"t'AC (Socii!.é oouvelle d'a.s..suranccs du Carne-


- CICAR (Cabinet intcrnatioaal de courtage d'assurances et de roua) ; C:-OA (Compagnie .udoc.:i!e d":wuranccs) .; TAA (Tl4llS
ri.lisuranccs) per;onncs en c.:iusc : :'olb~a Kono Gallus, Mp.acko africaine assura~) ; CA.\flCO (Carnen>0a Amenc:rn Insuran~
Jt2.D Justin, Otele. Company) ; GREACA.\{.SA ; ALICO (America.a Life 1Asur2nce
- LA PREVOYA;"t'CE (Cabinet de courbge d'as.sur.mecs), pcr· Company). ·
~es en c:iusc: Kong François, Che ~iba, Ambe Brigitte, Mbog. B _ L'ffER.\IED!A!RES D'ASSCRA:-OCES
- Sl.1. (Société intmnétliaire d"assurances), ~l"S-Onnes en c.:iusc :
Douala Chr.spo, Fru James, Sgahe Jean, Ikyuke Pau[, tf)'ottol !. - Agents gfoéraux
J=ph, Mbua :'ofosuu Fritz. , -ACC (Assurances ro~ils camerounais); Cl:V..-.AS. ET P~-
- ~l.lu:C (U:s 1.S.Suranccs réunis du Cameroun), personne en VAT ASSLlt.\1-iCES ; SORAR..l.F (S.Xié:é de repr=otat.1?.~ ·
au..~: Pouemi Simon. d'assurances et de rU.S.Sunoccs africlincs) ; SOGERCO <So.:m.e
- GESASSlTR (La g<nérale d'a.s.surance), personne en ausc: foérak de rtpréscnt.atioa el de court.age); Î; BO~LA!'<GA
Sima André. gAssurances e1 c·1e. •, ORG ·.\.SSl."'R (Omce de re;ir=nt.ation etC de
- CCCA (Cabinet omcrounals de courta,,<>t d'assurances), pcr· ~on d'a.ssurances); ABYA Assurances.; ~!me 8-0urgne et 1e.
sonne ea cusc : Tamdom Louis.
- CESA (Cabinet d'études et des ~niccs en assurances), Il._ COl.llTIERS D' ASSt:R..i..-.cES
pcrsoaa.s en cause : Ebca ~lie, Pend.a Christian, Elang Eyidi, _Assureurs conseils rr2nco africains • ACFU • ; Gras et
Bikout François. Savoye (Ba~t Michaël) ; S.Xiété générale de courtage d'assu-
- SOR..\C (Société de repr~ntation d'assurances du Came- rance • SGCA • (Meunier :'oUchel); Associatctl Brokers ln.<ur·
roua), ~l"S-Onne en c:iusc: Ngalle Epa.olo Je.:in-Ta~ Anthony, • nDCCS (Abes.s-Olo Daniel); Office omerounais de rourbge d"assu·
l'iamukong. · rances • OCCA • (Pbilip~ian Raymond) ; La Camcroun2ise
- AGNJ.SA ASSlUl'iCES. (Assurances grou_pc .AGNI). pcr_- -~:...: ..... d'a::su:=~ • CA.\V..SSt;1l • (Dja.~a ·J. D:w;er; M"oa A.ssur -
" -~~ ·:=r- *'-~; N"'.'p • .:j-. ·~ii. ·.~ ...... ·. ·-· .~·-:- ~: - (Mevoa Angoni Ernest) ; A.ssuranccs Concorde (Enoumcdi Da·
l'iYA NYA ASSt:U~CES, ~l"S-Onncs en ouse : Nya NJ1ke, Nana: nid); Assur2nccs La 5.aun·iarde (foinding C2.lvin) CCAS;
- A.!. (Assurances 1nternatJonak), ~l"S-Onncs en c.:iusc : BàondJ As.suranccs La Protectri<"1: (Kouu Frétléric) ; International Busi·
Appolinairt, Lalong Richard, Bab:ignack Pierre. . DCSS Insurw~ • IBI • (Tcluk.:im J=ph) ; Cabinet No:icri (Naah
- MO:">'DlAL l:'iSUUNCE. personnes en c:au~ : Mongo Ehe, Frédéric) ; Cabinet Arriain d'assuranc.s et de rU.ssuranccs
lhngana Aoudou. . • AFRICASSUR • (E~ Maafre<l) ; S.Xiété de courbge d'assu-
- RECA:'ol (Réunion cameroun~). ~l"S-Onncs en c.:iusc : Epanlo ·rances le 5-0leil • SOCAS • (Ot.soobc Ikb2.11) ; A.ssurances • La
Dleudonné. Ndongmo. · Stcurité • (Tclutcboua Charles) ; S.Xiété internationale de rtpré-
- COGEPAR !Comp2gnie de gestion, d'études et de placement ~atation d'a.ssJranccs • SIRA • (Toaye Momlu Max) ; Came·
d'assurances et de réassur2nccs) agence de Douala, ~nne en roun Assur Co~il • CAMASCO • (Wandji J=ph-~!erim~) ;
cause: ~lpah ; responsable ~r~: Dfüou Pierre. . Assurances. CRAKAC. (Ak~na Kwani) ; Cabind Guidice
U:s polices d"assuranccs et tous autres documents en ter.a nt heu,·- Vinceat ; Cabinet • 2CA. (Awoudou Emnu.nuel); Assurturs
établi.s ll2r ces courtiers ou leurs rep~ntants, sont nuls et de nul associés ($.andjo Gilles-Robert); Cabinet • CAFTRA • tfeumba
ctfet. • .. . Josq>h) ; Centn: d'études d'assurances • CEA: (.'iya Jacques) ;
U:s preneurs d a.ssunnccs ayant dtJà souscnl des contr2Ls ~a~ Cabloet • SICAC • (Dicko Martin) ; Cabinet Mbangowah
l'inte~i.aire dcsdits courtiers doivent se pr~nter sans dcl:u Edward . Cabinet Mbango,.ah Edward ; Cabine< K.Jplio J~ph ;
aup~ des compagnies d'a.ssunnttS roncerntt:s par ces contnts, AssuMUl;e • La Cl:iirvoya~ • (Ndjamoun Al~rt) ; Cabinet
Cii vue de vérir.er kur validité. • CUCAM • Assur2nccs (Noumechi Pie~ J~ph) ; Cabinet
Par aillt~rs, k ministre des ~uu~. •.nirc 1'1ttcotio~.du p~blic · • Nt.ang Mpolomina; p FA COB. Alsuranet:S (Longue Modiba); :
sur les agis.scments de ~rt.21ns 1ndmdus non agrecs qui se Inter lnsurantt Coasulting • IIC • (Ioack Jcia) ; Iku A.ssur:anccs · ·
~halent de la qualité de courtkn d'assurances dans k ~ul but . :',(Met.s.anoo Jean-C!.lude/; Assurturs Coo~i~ émerites (M?cnoan ::
d escroquer les usagers. .. ""· '..:. · Samud) . Union des assurturs ~erounaas (!kugam- Pie~):-"
A~ jour, s.:uls les ~rsonnes el or;:anismrs ci-après ayant re-çu Tchlloutio lsllc; Ndiom London Patrict; Ntic. Ngui.amba _'
un ""ré~nl de l'Etat sont autorisn il p~nter les oper:ations Wilson . Ti.nane Djep.:ing ; Tchol~u Cyprien ; Sanl..cu Ro,:er ;
d'assur2~CCS 1u public .en R~~ublique d~ .ca~roun : . • Amba ~ll><'l:na Amos; Sitchcu Kamayou Pa.scal; A~~ Fouda ·
Cette laste est suscrpt1bk d <ln rompit!~ pu des a~em<nts Ambroise ; Mbim~ Donat ; Nana Abd ; Dtirou Alh•dJI ; Nana
posttricurs. li s'>~il de: Gnio~•e; Ndjana Jean ~1arie; Mme ~o n~ Balana
A - CO~IPAC:'i!ES D"A.SSLRASCES Franç<ti.~; ..... ~.,. ..... du.na Oliricr; Ekaboma .....jo S~lnin.
260

ANNEXE N °!)_
(Ref. p.Ao~Note.20) -d/ pa;rA&'o rn~,t/4-9
SOURCE : Cameroon Tribune n° 4454 du 18 août 1989 , p. 7.

Les cabinets autorisés


à fonctionner
· A ce jour, seuls les personnes et organismes ci-après ayant reçu un
agrimenJ de l'Etat sonJ aJJJ.orisés à présenJer les opéraJions d'assurances
au pilhüc en République du Cameroun.

• Cd1c !Ne ~ snsttptiblc d'ê!n ~ par des agrémcilts postérieurs. Il s'agit de :


A - COMPAGNIF.S D'ASSURANCES
SOCAR (Sociéü c:uneroanaisc d'assur.lllCrS et de~). AMACAM (~
IDlltDellcs agricoles du Cameroun), CCAR (Compagnie camerounaise d'~ et de
~). SNAC (Sociéli ooavc!le d'assurana:s du ûuneroun), CNA (Com~ie
natiooaJc d'assur.mœs), TAA (Tr.ws 3friciine ==et), CA.'rflCO (ûmcrooo American
lDsur.mœ Company), GREACAM-SA, AUCO (American Life lnsuruiœ ~y).
. B • INTERMEDIAIRES D'ASSURANCES
I-Agmts ~: . • . . ·
ACC (~ roasa1s ~). Chanas et Privat assuraoœs, SORARAF (Sociéli de
repriseatatioo d'assuraoœs et de réa=rancr:s africaioes), SOGERCO (Sociéli géDé-ale de
représcntiôon d de aiurtage), T. .Bollaag;i assurancr:s et Cie, 0 RGASSUR (Offitt de
représcntitioo et de gestioo d'NUra.OœS), ABYA assu.-anœs, M- Boorgoe et Cie.

II - Courtiers d' assuraoœs : · . •.


~ cooseil:s Craoco africainsc ACFRA >, G~ et Savoye (Barret Michael), Socié!é
géJér.IJe de <XlU1'bge d'.:i=raocc c SGCA .. (Meunier Mkhel), Assoc:ialal Broken Iisr '-
raocr:s (Abessolo Daniel), Offitt cuneroonaise de cooruge d'assuraoœs .. OCCA .. (Phüq>- 1
pœsian R.aymood), La Cameroanaise d'assunoœs • CAMASSUR > ~ J. Daaid),
Mevoa Assar (Mevoa Angooi Ernest), As:sunoces Coocorde (Eooomedi D:mid), ~
La Saimprde (Foinding Calvin) CCAS, As:sunoces la prOlcctriœ (Koab Ftédéric),
InlernaôotW BusiD015 Insuranct c IBI > (Tchakam Jœepb), Cabinet Noaai (Noah Fttdcric:),
Cabinet africain d'~ et de réassuraocts "AfRICASSUR .. ~ Maoln:d),
~ de coorfa!:' d'assur:mas le Soleil c SOCAS .. (Otsoobe Beball), ~ c La
seœritc > (Tchatcboua Charles), Sociéli Internatiooale de · ta.tioo d'assurmas
c SIRA .. (Tooye Momba Mn), Cameroun as;ur cooscil c ~ .. (Waodji J~
Mcimée), ~ c CRAKAC .. (~ Kwani), Cabinet· Gaidia: V"mcmt),
Cabinet c 2CA > (Awoudou f.r.nmagud), Assum1rs -00.:S (Sandjo Gillcs-R~), ûbiDct
c CAFTRA .. (FCUIDba Jœe;>b), Cmtre d'trudes d'~ c CEA .. (Nya Jaaiucs),
Cabinet c SICAC .. ~P Martin), CabiDet Mbangowah.Edward, Cabinet Kaplicl Jœicpb,
. ~ c La Cbirvo~ .. (Ndjamoun, Albert), Cabinet c CRACAM .. ~ -
(NOCIIlleChi P'lcrre Joseph), CabiDet Ntang Mpolomina, c FACOB • ~ (lœgoe
Madiba ), Inter Insun.oœ Coœ:uJâng c rrc .. (1nacl( Jean), Btt2 Assurana:$ (Mds:aooa
JeaiK:bode), ~ cooso1s emcnus (Mbcooun Samudl, Unioo des~ c:amcroo-
mis 111.ono..,, Pio-n), Tchakoatio Is2ac, Ndiocn Loodoo P2triœ, Nzie Ni:ui;nnba Wi1:soa.
~~. Tcbolieu Cytiicn, Sankcu Roger, Amba Mpq:na Amal, Silcbm bmioa
Pascal, Abcp Fouda Ambrolse, Mbànbe .Doo.at. Nana Abel, Daihroa Aliadji, Nmm
~ Ndjam Jean Mme, M- 0s:soeo ott Balan.a Frmçoist, Np Ndzam Ohicr,
llaboma Njo S,Jtraïn. ._ . . .:
.__ . __ <~ ~··: _ '· ·.-. --
261
ANNEXE N ({Q
( Ref. P·. ..f65 Note ..2,3)
SOURCE Programme Général des Echanges, 1989-1991,
( in annexe n° 2)

l :PHODUITS SPECU.UX DO!\T L'DIPORT.ATIO.'i l\EQUIERT


UN VISA TECHNIQUE DU MINISTERE DE TUTELLE !
t. 1 • ,·: ; t . l 1 .. 1 . 1 ! ; ; ! 1 !
\" D'orJrè
' . N" .TARIFAinE 1 VISA TECllNIQCE Dt

02 01 JO OO à 02 10 90 OU Vian.les comc~tiLlcs

2 Q3 01 JO OO 3. 03 07 99 OO ProJuits Je pêche et 11'~lév:i;:,; - ;·· _ .


. ... - . .. . .: . .. ~

3 . 23 09 90 OO Préparations OJlimeutaircs pour :11°1:rès animaux -<C"-1

30 03 10 OO à 30 0-1 90 OO . ~IIN. SNTE

5 3-1 01 11 OO S;ivons m;JicOJux - «-

6 36 02 OO OO Explosif; préparés, autres 'i"'" J.. , pouJrcs propulsi,·c:' :>IJ:'\EE

i __ J~ 9). )0 QO.--· -'"-···-·~---1 Ar~J.cl~s pou.; feux <l':irtili~~. - - . : - - . - - . - · · · .. 1 ;\J l:\.\T

8 . ~ 36 0-1 90 OO ·:~ ::. [.,.Sées Je si• 1 0"n:.i!is:i l iou et :i. 11 .ln:, ',11·1 id,!s Je Pyrotccl111ic
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11 85 2i 90 OO Autres_ réccpt!!UrS -«-


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1 •

13 93 03 20 OO Autres fusils et c:irabillèS de ch:isse ou Je tir sportif


· ·co;n.ponant .~u moi11s. ull c:rno;, li~s~· - · .\I !:\ ..\ T

J.1 93 03 30 OO ,\utr"s fu.ilo et c:.ir:.ibincs _J~ c!i:isse ou Je tir sportif· --((-

15 93 03 90 OO .. ;\utrcs :irme~ :i feu du n" 93 03 -c<-

16 93 06 10 oo·.:-- · cârio·uëtiëS-rëürï":;iôJët.S:- ,· :
. . ·;~·.) .. ·1 :• 1 q.1 1: • ,
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J7 93 06.21 OO : . Cari oud;.;; pêiur fusils ou· c~r:.iliincs -«-


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18 93 06 30 OO: .. A utrës c:ÏrtouchèS....~,:_.~::;_. ·, ..: • -u-


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. • •
,Je t ~urisme, c:.1mio11.,)
8701..23.00
ANNEXE N °11
( Ref. p.-f 53 Note '/,=f)

©SGS J?..:~I~ Q~JyJ.xE;f?.Q~l~J}?J.; ~-. ~-f;t:.Q,Ç)~A~f?:YE: I;?jl!Y.JJ~:Qf;l;Q.t?(T~IS?.,N

IMPORTATEUR VENDEUR

·SOUMET LA DEMANDE DE LICENCE ·PRESENTE ORIGiNAL A.V. A SA BANQUE


D'IMPORTATlON (LI.) POUR NEGOT1AT10N DU PAIEMENT
- REGLE LA TAXE D'INSPECTlON SOUS LA
FORME D'UN CHEQUE CERTIFIE A L'ORDRE
DE lf. BEAC
- DEMANDE AU VENDEUR D'ASSURER LA BUREAU !JE LIAISON/DOUALA
PRESENTATlON DES MARCHANDISES A
L'INSPECTlON SGS - ENREGISTRE A.V.
- AUTrlENTlFIE COPIE DE L'A.V. POUR DE-
DOUANEMENT ET LA TIENT A DISPOSITION
DE L'lMPORTATEUR
DELEGATION PROVINCIALE MINDIC

-OEUVRE LI.
- REMET COPIE LI. ET CHEQUE CERTlFlE AU BANQUE OU VENDEUR
SUREAU DE LIAISON SGS/DOUALA
·ENVOIE OOCWAENTS USUELS ET A.V.
A LA. BANQUE DE L'IMPORTATEUR AU
BUREAU DE LIAISON DOUALA CAMEROUN
- --- --· --·· --- - --·- .-
• EN.REGISTRE LI. (ORDRE D'INSPECTION)
- ENVOIE ORDRE D'INSPECTION PAR SER-
VICE COURRIER OU TELEMA TlQUE A SGS BANQUE DE L'IMPORTATEUR
DANS PAYS OU VENDEUR/FOURNISSEUR
- DEPOSE CHEQUE CERTlFlE AU SIEGE - EFFECTUE LE PAIEMENT/TRANSFE;:\T
CENTRAL BEAC. A LA BANQUE DU VENDEUR

SGS/PAYS DU VENDEUR
IMPORTATEUR
·ENVOIE "DEMANDE D'lNFORMATION" (RFl)
AU VENDEUR
- RETIRE COPIE AUIBENTIFIEE DE L'A.V.
AU SUREAU DE LIAISON/DOUALA
VENDEUR - EffECTUE D!=CLARATlON EN DOUANE

·INDIQUE DATE ET LIEU DE L'INSPECTlON

DOUANES
SGS /BUREAU D'INPECTlON
- PROCEDENT AUX OPERATlONS DE DE-
DOUANEMENT APRES REMISE PAR
.. _ L'IMPORTATEUR DE L'A.V. AUIBENTIF!EE
263

ANNEXE N ° .(1: 2-J


( Ref. p..Jtq.l Note AP )

HZ.?U.::.rQ·.:E D;J C.-L:l::?.:.:u;.


Pe.!.A - T::-avo.il - ?:Ï. t~e

VILLE DE DOUALA

1 Docteur . ·.·
Ch..i.rur~ien-Dentiote

Doi.:.ala.

OESERVA~IO!r i ~crce se..."l.3 auto::-is.:.tion à1?11s un e.ppc.::-te:::ent loué


à J.900.000 F pe.:r e.n
Coût des investi3oe:::ents : 49.328.000 F CFA
L!asse aaleriale e...'lrluelle & 672.000 F CPA
Dei:::ende rejet·ée pe..:r lettre n° :B120/SG/PR du 27/11/84.

2 - Docteur·
Stomatologue
B.P. Douala.
·.,
OBSERVATION.: Ezerce se.::is autorisation dan.s un. local loué à
2.520.000 F Cl'A.
Coat des investissecents c 40~000.000 F CFA
ï
?!asse ae1ariele annuelle 1 J60.000 F CF.A
Dossier transmis à la P::.-éside.uca per let·~:re n° 548/L/MSP/SG/DS/BT
du 1J/1/84.: Des précisions au 'sujet-da. cette reqQête voua' ·ont ~té
données par lett:::-e n° 891/L/?.:5P/DS/.BT du J/10/84. ·.1·
..
J - Docteur· . --
Uédecin Généraliote
:B.P. - , : Douala

OBSERVATION & Exerce sa.t:.s a.utoricntion d.c.ns un local loué à


2.400.ooo·F CFA.
Coût des inveatiaseceo.ts ' 15.200.000 F CFA
:Ma!Jsa sela=iale annuelle a· J.600,000 J! CF.A.
Dossier rejeté ~.ais relancé par lettre n° D7/L/MSP/DS/BT du 2/4/eS

... .,/ ....


264-

Le Chef de l'Etat c., pD.r lettre n° 120/SG/PR è.u 21 /12/85,


donné acco!"d de principe po~ 1 1 8t~~lisne~2nt de
SO.ll l'illtér~ssé
dans tcute aut::-a localité où la couvert~e se.nitei=e e~t i.:lsu=fi-
sante.

4 - DOCTEUR
Chinu-3ien-Dentiste
B .P • Da:ioJ.a

ODSERVATION s Exerce cans autoriaation d~~o un local loué à


2.400.000 F CFA p?.r a.n.
Coat des investisae?:len ts 27.700.000 .P CPA
11a.sse salariale annuelle 1.200.000 F CFA
Deoc.o.de rejetée :pa.r lettre n° B10/SG/?R du 15/1/85 en raison des
besoins de médeci.!ls pour 1' liôpite.l Général de référence de Yaou::.è
et celui de Douala.

5 - DœTEUR
Spécialiste de l>~decine Trapicale
B.:?. Douala..

O~SERVATIGN i Exerce :JaJ.lS autorisation a~ cabinet médical


Loyer, 1.200.000 F CFA par e.n
coat dex investissements : 1J.soo.ooo P ~A
!.!asse aalal.'iale W'.lll~ollo : 600.000 F CPA
_jDemanda_rajetée par lettre n° B120/SG/?R du 14/05/84-.

'6 DOCT:SUR ..
Gynécologue Obstétricien
. B.P. .. . Douala.
/
/.

(
1
\ /
OBSER'/ ATIJN a Exerce sans a.utori!lation a.u cabinet :nédical
J:iérité d'un :pa.rent.
· ±.1 eubla évalué.à 100.000.0üO de F CFA ,
~oat·das inveatiasec.e.nts s 2C.50G.OOO .P CFA

\
_i funsse aalllrlala annuelle a 5.000.000 F CFA
,-
fH'a pa.s de doaoier a.u t:.ir..istère de? la !J~té Publique.

\
/.A été contacté à pluoieurs reprises, sa.na suite, en vue de !.a
/ régu.le=isation da sa situation.
'~ !;.; _, · -
'
)


\ ;- ... / ...
,j
265

7 - DOCT::Uil.
Pédiatre B.P. Doue.le..

OBSE...q_VATIOI-iz E::zerce SS.!lS s.utorisat::..on en a'.lsociution .3.Vcc le


propriéte.i=e de la clinique du en a.ttendcnt l'e.bou.tisse-
~ent de as. requête.
Dossier trc..:::.so..is à la. ?réside~ce pa.r lettre n° D7/L/~~?/DS/
BT du 1)/6/85.

8 - DOCTEUR
CARDIOLOGUE B.P. DOUALA

0!3SERV ATIOU t E::zerce sans autorisation à l' a.nne::r::e de la Polycli-


nique de ) • N'a déposé aucun do::i-
sier e.u Uinistère de la. ;:;erité Publiq~.

9 - DOCTi!.1JR
C.h.L.--u=gien B.?. Douala •
.'

OBSER'IATION 1 E:l::erce sa..'1.s autorisation è. le. clinique d 1 accou-


chement· de Llade.:œ et au. cabinet oédice.l
Accord de principe donné par lettre n° 3120/L/SG/?R du
15/12/84 à condition que l'intéressé s 1 L'1sta.lle dans u.ne lo~­
lité où la couverture sanitaire n'est :.i;:as optime..le. ~
N'a :pe.s encore réu;;i depuis la not!.!ication è.e ce ;;te déci~·
ai.on.
i
i
i 10 - DOCTEUR
'
j Spécialiste de ~édeci.:l.e Aero.n.s.utique l

B .P. -... . Dou.e.l.a..

& Etudiante au CUSS jusqu'en deu:dème an.née, l'in-


QB;:;ERVATIOH
!
tére~sée a poursui.vi at ten:iiné ses étud9s en Fronce. Elle exar- l
ce sans autorisation ~ la Polycli:ûque de !
~ . i
j
H'a déposé aucun dossier au Ministère da la ~a:ité Publique 1
!
meJ.gré plusieu.r~ rappela ~l'ordre.
J
... / ... 1

\ .
266

11 - DOCTEUR
OLlSER'IATIOU.;: Cet ancien bou:::-sic!" de l 'Ete.t ez:e:-ce cens
autorisation à ln Polyclinique
Aucun dossier déposé eu ?:!.i::listère de la Sù.llté rublique.

· 12 - DOCT.t::UR
OTISSRVATION i E::œrce sans autorisation d.3..~..s so~ csb.!..r:.et
sis à dont le montant des investiscerœnts est i(;:l.oré à no-
tre niveau.
La. Présidence da la République, par lattre n° B120/SG/PR
du 14/1/85 a donné son accord de P=.!..r:.Cipa L co~èi.tion que l':Ln-
téresaé exerce dans le cadre d'un .•.cabinet ou d'une fcr-....atic:a
sanitaire e:d.s tllllt.h
Au...-ait répondu directame;..t à la Lrésid~nce de le. Rép~bli~

1J - DOCTEUR
Chirurgien-Dentiste.

OBSERVATION• E:::erce se=.s autorisation à l'ex cabinet '~~-.

Accord de prL~cipe donné par lettres n° B120/~G/I'B. des


17/10/1984 et 1er/11/1984 à conditicn qu'elle :reobou:::-se à l'Etat
las socmes consenties pour sa !arma.tien.
Ces soI!ll:lSs. à notre con.naissance, n'ont toujou..'"S pas été
rembour.iéas •
..
14 - DOCTEUR .

OESZRVATiüN : Z::œrce sans autorisation à lu Po~clinique ·


.·.·-· ~ ~ ;.··.c.•

A déposé un dossier incomplet au 1.lin.istàre de la Santé J.>J.~


blique.
Attandons les pi~ces CJ.nqUD.ntes.
1

·.:<\
.
1
.: ~
... / ...

• ••. A·,
. ~ -
' ! ' . •·
15 - MONSIEU?. .
~pécia..:.~~ta d'Ac~~:.:.::.t:..:.=c

B.P. DoU.?..la.

OBS2.?.VATI0N 1 Il .f4';ure pa.."'::1.i leo par:::=:éC..::..cat.:..z: dout l'uutori8a-


tian à'ezercer (Arrêté u0 061/A/!:.:2/D':-/:?;: è.i..;. J/i2/ô0) ~vui:t été
.1
rapportée en 19811
I1 loue un local à 2.520.000 ? par .c:..n.
Coat des :Lnvestioaements t 6.100.000 P C?A
Messe eale....""iale .annuelle i 720.000 P CPA
Attend le. so::--tie des tezteo d'application des lois n° ·84/009 et
84/010 du 5/12/84 peur ré~ula..-i.~er sa ~ituation.

16 - DOCTELB
Gynécologue

OBSERVAT:ION J Exerce se.n.s autorisation ù le. cl.i..::iq~e


Doss~er tra.nsr:ds à le. ?=-éaidence.sous pli n° EJ1/L/MS?/SG/DS/BT
du 22/02/85.
Répon.sa atten.dt:.z. ·'

17 DOCT:.::UR -.
'1
1
OBSERVATION s R::!::erce se.us autorisation à le cli.niqua ~·
Dossier e.n cours d' in.st::-uction au 111.=.izt~re de le. s:i:nté Publique. ·
• 1
• 1 ~ •••
1

18 - DOCTEUR
OBSERVATION t· E:::erce sa!lS autori.3'ation è. la clin.1.!tue -

Doosie r Oll cours d. 1 1.::s truc tian au &in.is t.è:::-e d. e la. De.:i. té Pu-
blique.

19 - Docteur • ,..
QpSEli.V A 'i.'IOii c Exerce oa.ns autori~ation à la. cli..aique ~ère et
Enta.nt.
Doa~ier t::-an.::i::ûs à le. ITéoidence de la République sous pli n°
D60/L/U.SP/SG/DS/~ du J1/10/1'.?S5.

.. .. /. -.
268

20 - DOC':'SUR (z..AIROIS)

OBS:::.HVATION : âcrce :rn.r.s auto:-i3atio.c. ~ 12. cli..--:ique l.iè:r'2 et


Ente.nt.
Pas de dossier au llinistè:-e è.e la ~an.té ?ubliquc.

21 - .!}:JC'I'=:I.J7.
~édecin Gyr.écolo~~e Oü~:é~:-icien.

OBSERVATIOH i En ee~ice è l 1 Hôpital Dépa.rtc!'.!lentel


Dossier de dei;:;ande d'autorisation d's~ercer en clieutàle privée
rejetée par lettre n° B120/SG/PR des 18/02/35 et OJ/07/85.
L'!..:l.térsssé a né~oi:ls
ouvert, à son domicile de Dor;;i.l~, L:;:J. ca~
b.1..c:? t méiical qu'il e:.:ploi te illd~1:1.l!:!l..:!l::11t.

22 - DOCT.::UR
Gynécologue Oèstétricien •
.:a .'2. Dcualr...

ODSr;RVAT!ü~ : .!!i.s en position,dc disponibilité depuis le 1er/

J/82.
Ez:crcerai t sporadiq uerœn t dans plusieû.r s f cr::!ations de la. place
en at·~endant l 'e.bot:.tisse:::ent .:!e sa rGqugte en cours d 1 i...:12 t::u.c-
ti:.;n e.:.i iU.nisH:-e dd le. Sa.ilté Fublique C.:.ep~ii.!: 19éiJ.

Attendons de co~pléter
le dossier per l'a=::::-êt de l'au-
d.ic..::.ca correetio!l.Ilelle è.e la Cou: d '.!pp el à.e Doœl11 pour sa. :::-c-
1.a.llce l cat à....-rêt pouv e."1t in!luer l 1 avis è.!l t1j_ nis;;ère de la sa.z:....
té ?ublique.

23 - DOCTEUR --:- . (TCRADIE1î)

OBSR..e:YATION .E::;;:e=ce onns autorisation à l 1 HGpital de


·-.

~4 - DO\.,~Etm ' ( TCEA.DDN)


O.S:iC.rt'7ATION l E:!:e::-ce snn!l :1.uta::-isaf;.!.on o.u cabi.:let céè.ical du
Docteur
... / ...
269

7 -
\
\
\ 25 - DOCTWR
Gynécologue.

03S2P.VATIOil ; E:cerce sa:is autoris~tion ~ 19. cl.u:ique

L'avis du Mi.nist~re
de le Se.nté sur lg de::::..~èe intro~::.ite
pe.r 1 1 in tére::i"sé e .Ztl t
l'objet de ;i lus ie urs co!":"e spo.r:dc.:lce s
dont le ri.:_aJ7/LÎ~'SE/SG/DS/B~ du 15/01/86.

::JE YAOU!IDE

1 - DOCTEUR
Gynécologue Obstétricien
B.P. Yaouclé.

OBSERVATION s ·Exerce sans euto::-i:J~tiOJ:l dans un local qu'il loue·


à J.000.000 F CFA l'en •.
Coat des investi.sse:r:ents : 58.500.COO P CPA
1iasse 3ala.rie.le en~uclle c 2.450.000 P CPÂ
La requ~tc de ce médecin a été ::-ejetée du !ait qu'il est
ancien boUI5ier d'Etet. A porté plai:ite cont::-e l'Etat. L'at!at-
re auit son couxs li. la. C:t.s::ibre Adcl!listrative de la. Cou= Suprêo.e.
Toute!oi3, 1s ?résidence de la République a été saisie du
nouveau développement de cette e.!!a.ire par lettres n° D7/L/'A~?/
SG/BT et 467/L/'J!S?/SG/D~/ET des 24/8/85 et 05/10/85.

2 - DOCTEUR
Chil:urc;ien-Dentiste
B.?. Ynounié.

OBSERVATION r E:t:erce sen~ autorisation clerls un local loué à


2.400.000? l'en.
Coat des inv~.sti;:isei::eut3 : J0.280.000 P C?A
Ua.:J.se .:iela.riale annuelle 1 1.500.oo::i F C:.A.
De:rnnda rejetée par lett=e n° B/120/5G/PR ùu 7/J/84 bien
qu'autorisée à exercer dans le cuë...-::i de la F~C (A.:::-§té n° J46/
CAE/P~ du 21/11/79.

... / ....
s

J -. It0C'l'3~

OilSEP.'"IAT!ON : T..a. sui te ::-e::;e:::-1ée à la è.e=nè.e d' cutorisation


d'exercer L'ltrodu.ite pa::- ce p;:-~ticien de r:J.2tior..L?J.ité Tc:::Sd.ienne
avait ét6 dé!evor:icle (cf V/L n° Bi20/SG/P~ tlu J jui~ 198J) et
notifiée à l'i..'lté:::-essé par lettre n° EJ1/L/t.S?/.:::G/D3/3T è.!.1: 4/7/8J.
Le; e.!:.q•.iêtE:urs l' or.t ;::.'3.lb.eu:-euserr:e~t décou"le::-i: en se:?:"tice 2.
la clinique

03SERVAr;:'!Œ! Cl::.i_-urgien è.e r:e. tior:ali té P~çaise, l'intéressé


exerce Sé'.nB autorisa tian à le. clinique :::- , !i' a ja.-
oais déposé de dossie= de de~s..::id€ d'e.uto::-i.3a.tion d'e=e~cer.

5 • MAD.Al.Œ ·
• 1

OBSERVATION : Soc. dossier e<it m.is e:i i::!!!tance en attendant l'e.-


bouti.Baerœnt des textes :i:·~gle::i::intaut lez p::-ofe::::::icns paraméclice.les

(KDl"EJIT.:SRkPEUTE) •·.
Dosaier trensmia à. la Pr6sidence par le't:t:::e ~ 0 J787/L/Y.;JP/
(

DS/BT du 18/10/82. Atte.ud les textes d'applications de la loi '.

n° 84/009 du 5/12/1984.

7 - DOC:.rEUR - ..
··..;. ; (Polycl.:!..:l.i~ue YAOU~"IJS)
A déposé un dossie~ incomplet en 198J.
li
8 - 'l:!A ::.v.::s
(I'olycl.:!..:l.iqua .... ) .
Pe.s de dossier e.u ~ü.;:iistère de la Se.nt é Publique.

9 - DOCTEUR .· - · ( G.ïl:IEEll')
A déposé w1 dossier .u:.~omplet en 1384.
Intéressé a été i~vitâ à ca~pleter sou do~sier
Exerce illégalement à. la. clinique - -

..... / ...
2f-.1_

1 0 - DOC.Ti\Uil. ( D~..:.IATOLJGUE)

E.7-e::;ce Se..!lS ~uto~isation a ln ~olycli..:lique

Aucun dossier d.épo3é au :i;i..:lis";;èr:? de l.'.l. Sc.r:.t é Pu'cl:..quo.

11
E::e.:-ce se.r~ e.ut.oriss.";;ion à la ::'ol~·cl~ic;, ue
Re~uête ::-ejetée par lett.:-e r. 0 B120/~G/?R du 24/08/85./-

\
ANNEXE N ° '13
( Ref. Note 68) P-.218
Source : NLEP Roger Gabriel, L'administration publique
Camerounaise, Paris, L.G.D.J. 1986, pp. 227-229.

Oincx>ns 1 1910 1 19!1 1 1912 1 1913

Administration 11) Yombo (F) 1 HongJa(f) 1Hong.l.a(f)


~ CCnc:nlc 2l T J.bou (F) T..OOU m 1Tabou lFl
1 Hongll (f)
Tabou 1Fl
;;.

""'2:c:
~-
San!C l I) Souailx>u (N/
Abdou!Ayc
2) At.an µna (f)
1A~(f)
HœcaMundiW
1Zour.g Ku,yi (f)
Obounou (F)
1 Zoung K.inyi
Obounou !Fl
(f)

MCda:inc
prcvenavc
l l)
2)
~!bakop (F)
K.=cng (f)
1~laîiamba (A)
~ng\F)
1 :-Olafi.an:t::a (..>J
, Kc:=ng 1Fl
1 ~ 1afo.mb3 (A)
Kc::sscna IFl
A: And<>!>boœ. - !'I: Cri~ des provux:i:s C:U Nord 6c rE:aran<·l'o.U a 6c !' Ad>J'r..aoca. - F: fn.n::xl?bon: ~'"" Oc:s au= provu=s.
- 1: Oim::=. - l: ~ l<llOUlL

Oircc::lom 1 1910 1 1911 1 19&1 1 191)

Admi.nistn:ion 11) Gbûom (f) 1 ~lbomcm 1 ~foomc (FJ 1 ~!borne (FJ


gC:lCnlc 2l Abc:ia (f) Sci!ti i<aw:!:ala (N'l Scci Ka=hala (:-,1 :-.'lolc<El 1
~cul:urc !2lIl :-.lahi (F)
:-.low:nie (f)
1 Ma.hi (f)
Ou.!:>e!a (fl
1 ~(ahj(f)
i'/jinyam (A)
1 Mahi (FJ
>.jinyam (A)

>
Coopénlion
et mutua.Liti.:
ll) Slwii Sbe:nk.1 (A)
· 2) Oyono At.eba (FJ
1Oyono Ateba (FJ
Be:: Fru Wani (Al
1 Oyono Ateba (FJ
Ben Fru Wa.-.iW
1Oyoc.o At..ba (FJ
1itaW
~

g~~~·~·~· ...
;;-
!:. Développement 1NdcnyiW 1 Ndonyi (.-\) 1 Scbi.ni Sbe::ika W
ë a>mmuna.uta.ire 1 MCQiolo (FJ Mengolo(F) Mengolo(f)
;;
1 Yu~(FJ
E.al.IX et Foréu
1 ll :~. ~.<~ ...
8
1:~~.<~··· Ecssong 3.awacl:: (.>J
1 Z. :.feu (f)
?.<::ssong ilawacl:: (A)
E=:igocrncnt 11) Mcu(Fl IMwm 1 Mch(f) 1Mer~m
3ifi<;olc 2) Mci'i"o (F) Mcia;a(F) Mbcng (f) :>fbeog (FJ

Génie nuai ! Il Ng=m(F)


2) Mbc;>pi (F)
1 Ngwcssitchcu
Mbcwi(F)
(F)
• 1 ............
............ 1 ............
············
Artlculadon dd doublan:s llai1Jtsdqud et complttins.
IFiTJor~ 2 : Ministerc do l'Agricul~

Oiroc:iom 19!0 1 19&1 1 1912 1 19!)


1
Adminim:uion Il Fariltou M. (N/ Ha.mada= CNI
0c.......
1~~(N/ 1Scini· Ka.tdl.l11 (N/
~Owoundi (F)
gener.Jc
2l y .a.n.bm (F) Mme Owounci (FJ Mme Owounci (FJ

En:scig:nctnOlt
supc:ricur
Il ~mgar.g (F)
2) Mendo Zc (F)
Domp.'lg (F)
Mi.ayono (f)
l Domµng(F}
Minyonom
1Minyooom
Llm> Adolf Scuu. W

~ Enscig:ncmcnt Il Fouth (F) Fouth (F) !Couma (FJ 1 Kcuma (F)


g s=ndaire
gërn:ni 2) E.cljc;ia."lgW Sona Elonguc W Sona Elongue W
E.diepansW

l
"'-
0
:s
::s EnscigncmcT.t Il Hentcboyz m Hentcb0)'1l (F) Fomcthe An. (F) Fomc'..l1cam
!!. l<cbnique
g et prof=ionnd 2l Nîiwaji PC\CI' (A) Nji....,.ji P01.<r (A) E.=mti.~!. (FJ Bsomba ,\l (F)
f. 11) Ndrino CF) NQ:ino(F)
Enscigncmenl 1 Belin& Kcumba (FJ , 1Belin& Koumt:.a (F)
prima.ire
clmatcmd 2) Ek.unbi (F) E:umbi(F) Mon.bil'on (F) MonkaiJ'on (F)

Emcigncmcnt H Ycmbc OmcdA) AIOShoCAl ' 1A t.oiho (.>J 1 Atogho (,>J


pnvé 2l TictcbC\I p. (FJ O!.inp (F) Olinp\Fl Olinp (f)

Enmcns
Cla>_ncOUn
l)Ebanp (F)
Sona Elonguc W
1Sona
Ebonga !Fl
Elon(Uc W ~
1 Eb>np!Fl
Wel•}'IW
1~p(F}
Web.}'IW

Ankulstloa des doublu= llntulstlqucs ri oompltU.ci


IEirur~. J : Mirustcrc de r Educ:won rwionaicJ

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