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Devoir n°1

Alice Behin
L2 Div.B - TD01
M. Buchholz

Dissertation : Le Traité de Lisbonne, continuité ou rupture ?

« L’Union doit devenir plus démocratique, plus transparente et plus efficace » telle
est la phrase énoncée dans la Déclaration de Laeken sur l’avenir de l’Union européenne le 15
décembre 2001.
En effet, cette déclaration est l’origine, le point de départ du Traité de Lisbonne. Lors de
celle-ci les chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés à réformer les institutions
européennes dans le but de répondre aux objectifs énumérés plus haut.

À la suite de cette déclaration, un projet d’établissement d’un traité constitutionnel


est confié à une Convention sur l’avenir de l’Europe, elle-même présidée par le président
français Valery Giscard d’Estaing. Ce projet de « traité établissant une Constitution pour
l’Europe » a été adopté par les chefs d’Etat et de gouvernement en juillet 2004. Mais à la
suite de deux référendums, les français et les néerlandais ont refusé sa ratification en 2005.
L’hypothèse d’un traité de réformation apparaît en 2007. Le Traité de Lisbonne est signé par
les dirigeants des 27 Etats membres le 13 décembre 2007 au Portugal.

Le Traité de Lisbonne est un traité réformateur élaboré dans le but de mettre en


œuvre les modifications institutionnelles qu’auraient due apporter la Constitution
européenne. Le principe même de se traité est donc la réformation : on ne créé pas un
nouveau texte enveloppant tout le droit de l’Union, on amende les traités fondateurs déjà
existants. Notamment Traité sur l’Union européenne qui avait été introduit par le traité de
Maastricht en 1992 ou le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne introduit
quant à lui à Rome en 1957 en tant que traité instituant la Communauté européenne.
Dans un objectif d’appréciation, ceux sont les chefs d’Etats et de gouvernement eux-mêmes
qui ont défini les modifications à apporter en se basant sur le projet constitutionnel.

Les enjeux du sujet sont multiples. Effectivement celui-ci met en exergue la volonté
même des réformateurs. Celle d’établir une continuité dans les acquis communautaires
passés tout en faisant passer un cap à l’organisation européenne.
Le sujet invite alors à réfléchir sur le regard à adopter sur ce traité. Fait-il réellement table
rase du passé des Communautés ? Ou est-il seulement un révélateur d’avancés déjà
dessinées ?
Peut-être le point de vue est-il différent selon que l’on se place en face de la Constitution
européenne ou en face de l’antan.

Pour répondre à ces enjeux nous allons poser une problématique simple :
En quoi le Traité de Lisbonne est-il vu à la fois comme une rupture et comme une continuité
par ses bénéficiaires ?
Ainsi il s’agit d’examiner dans un premier temps le rapport entre le Traité établissant une
Constitution pour l’Europe et le Traité de Lisbonne (I). Puis d’analyser l’approche partagée
vis à vis du passé (II).

I. Le rapport entre le Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TECE) et le


Traité de Lisbonne

Il est question dans cette partie de voir de quelle manière les rédacteurs du Traité de
Lisbonne l’ont-ils rapproché avec le TECE dans ses changements institutionnels (B) tout en
établissant une rupture avec celui-ci (A).

A. Une rupture s’agissant du caractère constitutionnel

Les reproches établis à l’encontre du TECE ont été principalement fondés sur le
caractère constitutionnel de celui-ci. En effet, les populations européennes ont eu peur de
voir disparaître la souveraineté de leur Etat au profit d’un nouvel Etat européen.
Cette crainte avait pour base l’intégration de symboles et de vocabulaire à connotation
constitutionnelle.
Le Traité de Lisbonne a donc supprimé la notion de ministres des affaires étrangères pour la
remplacer par celle de Haut représentant. On a également vu disparaître des textes les
symboles tels que le drapeau, l’hymne ou encore la devise.
Il convient réellement dans ce traité de déconstitutionnaliser tout le texte de la Constitution
européenne pour n’en garder que les aspects institutionnels.
Cette démarche permettra en effet de sécuriser la ratification du traité par les Etats
membres et de ne pas risquer un nouvel échec qui aurait mis à mal la légitimité et l’unité
même de l’Union.
On voit alors une rupture dans la forme. Il n’y a pas un texte rassemblant toutes dispositions
mais plusieurs textes réformés.
L’autre rupture importante entre le Traité de Lisbonne et la TECE est la disparition de la
Charte des droits fondamentaux du texte. Il ne dispose que d’un renvoi à celle-ci. Cela
répond à une crainte concernant les compétences de l’Union.
Il s’agit tout de même de relativiser cette rupture car malgré que certaines dispositions aient
été supprimé du texte, il n’en reste pas moins qu’elles existent du point de vue des acquis de
l’Union.

Retenons que la rupture entre le Traité de Lisbonne et le TECE tient plus à forme
qu’au fond.

B. Des points communs concernant l’aspect institutionnel

Évidemment il existe une continuité entre le TECE et le Traité de Lisbonne. Rappelons


que l’objectif même du Traité de Lisbonne était de reprendre les dispositions de la
Constitution européenne pour amender les traités existants. Notamment le Traité sur
l’Union européenne et le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.
Les réformes institutionnelles établies par le TECE subsistent donc malgré qu’elles fassent
parfois l’objet d’ajustements.
Une avancé très significative est notamment la suppression de la structure en piliers. La
Communauté européenne disparaît en se substituant à l’Union européenne. En effet le
Traité de Maastricht de 1992 avait instaurait cette structure, les piliers correspondant à des
procédures décisionnelles différentes. L’un concernait le fonctionnement supranational de la
Communauté européenne, les deux autres des procédures intergouvernementales
concernant la politique étrangère et de sécurité commune et les coopérations.
Le Traité de Lisbonne reprend également la refonte du cadre institutionnel de l’Union en
donnant par exemple le statut d’institution au Conseil européen.
Il reconnaît explicitement la personnalité juridique de l’Union, ce qui vaudra quelques
interrogations. Effectivement, malgré que se caractère n’ai pas été reconnu auparavant
l’Union concluait déjà des traités. L’avancé ici se remarque principalement dans le rapport
avec les convention. Ce statut permet en effet à l’Union d’adhérer à la Convention
Européenne des Droits de l’Homme ce qui créer polémique dans un soucis de compétences
toujours.

L’établissement des compétences fut l’un des sujets principaux dans le projet de
réforme.

II. Au regard du passé, une approche partagée

Après avoir analyser les relations entre le TECE et le Traité de Lisbonne, il s’agit
maintenant de voir comment le Traité de Lisbonne agit en rapport avec le passé. Dans cette
seconde partie il sera entrepris l’étude de la permanence des principes fondamentaux de
l’Union (A). Enfin il s’agira de voir comment des apports institutionnels majeurs créent une
certaine rupture avec le passé (B).

A. La permanence des principes fondamentaux de l’Union

L’une des principale question qu’ont dû se poser les réformateurs est celle de la
répartition des compétences. Il est vrai que cet aspect de l’Union a toujours été conflictuel
entre l’Union même et les Etats membres. Cette question n’était même pas réellement
exposée dans les traités de la Communauté tellement elle était problématique. C’est donc la
jurisprudence qui s’est chargé d’en définir approximativement les délimitations. Or la
jurisprudence n’est pas, par définition, très claire donc il était nécessaire de remédier à ce
problème.
Le Traité de Lisbonne a donc repris les principes fondamentaux posés par la Cours.
L’Union ne dispose alors en principe que d’une compétence d’attribution tandis que le
contrôle de l’attribution des compétences appartient aux Etats membres.
Il reprend la typologie classique établie au fil des années : les compétences de l’Union
peuvent être exclusives, partagées ou de complément.
Les principes fondamentaux de subsidiarité et de proportionnalité ont également été
maintenus.
Plus haut a été énoncé la reconnaissance de la personnalité juridique de l’Union, celle-ci se
fait également dans une optique de continuité vis à vis du passé. Idem pour la coopération
renforcée en matière judiciaire, policière et pénale qui a été renforcée.
Le dernier fait qui me semblait majeur est la continuité de la hiérarchie des normes, principe
fondamental de l’Union. Celle-ci se voit dans la typologie des actes juridiques notamment
malgré que ceux-ci ai pu avoir lieu à des modifications.

La continuité se voit de manière subjective par rapport à la forme mais objective par
rapport au fond.

B. Une rupture se manifestant par des apports institutionnels majeurs

La rupture principale avec le passé est évidement la disparition de la Communauté


introduite en 1957 dans le traité de Rome, remplacée par le Traité sur le fonctionnement de
l’Union européenne.
Le Traité de Lisbonne confère à la Charte des droits fondamentaux la même valeur juridique
que les traités. On voit là une rupture car cela est le fruit de longue négociations et
hésitations. En effet la Charte n’a jamais pu avoir un tel statut auparavant. Le traité de Nice
lui avait d’ailleurs donné une valeur d’accord interinstitutionnel, une valeur minime pour ce
qu’elle représente.
Elle devient avec le Traité de Lisbonne une véritable source du droit primaire de l’Union ce
qui est considéré comme une véritable cassure dans le droit européen. Plus qu’une cassure
c’est une avancé majeur dans la protection des droits.
Hormis ce bouleversement l’Union est modifiée dans ses institutions. À la recherche de plus
de légitimité, les réformateurs ont accentuée la démocratie représentative avec plusieurs
mesures telles que l’initiative participative pour 1 million de citoyens européens.
Le Traité a également accru la légitimité du Président de la Commission en le faisant
approuver à la majorité absolue par le Parlement européen.
Un apport institutionnel majeur est également la dénomination du Conseil européen comme
institution avec à sa tête un président devenant de plus en plus image d’un chef d’Etat.
Pour finir, l’Union a modifié quelques points de son pouvoir législatif en faisant par exemple
de la procédure de codécision la procédure législative ordinaire.

Les principaux changements reposent donc essentiellement sur une volonté


d’affirmer l’Union comme une unité démocratique. Malgré tout il n’a pas été fait table rase
de ses institutions, seulement des ajustements et adaptations dans une logique de
continuité des principes fondamentaux propre à l’Union européenne.

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