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DROIT MATERIEL DE L’UNION EUROPEENNE

Bibliographie :

INTRODUCTION

L’étude du droit de l’Union européenne est scindée en deux :

 Droit institutionnel de l’Union européenne : organisation formelle.


 Droit matériel de l’Union européenne : le contenu du droit.

Section 1 - La construction européenne

Pour appréhender le droit matériel de l’Union européenne il faut connaitre le contexte, le processus
de construction a démarré après la Seconde Guerre Mondiale.

Cette idée d’une Europe unie est une idée très ancienne puisque de nombreux penseurs/philosophe
ont longtemps pensé cette Europe bien avant qu’elle ne prenne sa forme actuelle.

Pères fondateurs : nouvelle volonté d’une paix durable entre les Etats européens après la SGM, idée
de fraternité/solidarité

Paradoxe du contexte : moment après-guerre avec une Europe désunie/divisée. Néanmoins ce


contexte favorise l’idée de construction européenne, car après ce conflit émerge la volonté de
renforcer cette Europe désunie : mettre en place une nouvelle Europe unie, pacifique et prospère.

1ère réaction : mise en place d’organisations internationales, 3 facteurs selon C. Boutayeb :

1. Une Europe divisée en deux (vainqueur, perdant et contexte GF) : facteur militaire

Exemple :
 Alliance Atlantique (Traité de Bruxelles 17 mars 1948 – Benelux France et RU)
 Union de l’Europe occidentale (23 octobre 1954 France, RU, Benelux, RFA, Italie).

2. Une Europe ruinée (récession économique) : facteur économique. Plan Marshall par les USA.

Exemple :

 Organisation européenne de coopération économique, OECE (Convention du 16 avril 1948 ;


16 États) : fer de lance de cette unification européenne avec une conception purement
économique.

3. Une volonté de ne plus reproduire les mêmes erreurs : facteur politique

Exemple :
 Conseil de l’Europe (Traité de Londres 5 mai 1949, Benelux, Dk, Fr, Irlande, Italie, Norvège,
Suède, RU) => CEDH (Traité de Rome 4 novembre 1950), dans le but de protéger les droits
humains.
A noter : voir la différence Conseil de l’Europe et Conseil de l’Union européenne
Limites des organisations internationales :
 Les traités constitutifs n’attribuent que des compétences limitées à ces organisations.
 Par ailleurs, le processus décisionnel est fondé sur le primat des gouvernements des Etats
membres, les décisions doivent être prise à l’unanimité.
 Sauvegarde de la pleine souveraineté donc possibilité d’opposition, pas d’effet contraignant
des décisions.
Ce préalable reste important car il a été propice à une émulation intellectuelle autour d’un nouveau
projet européen.
Moment clef : Discours de l’Horloge de Robert Schuman du 9 mai 1950, Jean Monnet, Konrad
Adenauer, Alcide De Gasperi, Paul-Henri Spaak.

« L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des
réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations
européennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. L’action
entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne. »

Il s’agit là d’une solidarité de faits, on veut aller plus loin et parler d’un processus dit
« d’intégration » qui suppose que les Etats transfert leur compétence (relevant jusque là de leur
souveraineté). L’idée est cette d’une construction concrète et progressive.

Préconisation d’une méthode de travail : la politique des petits pas, accompagnée d’une idée
d’engrenage prenant la forme suivante : « c’est en construisant un grand marché européen que des
solidarités de faits vont pouvoir se nouer ». Cette dynamique d’intégration entraine un mouvement
général de rapprochement des économies, entrainant un rapprochement des systèmes juridiques,
et rapprochant lui-même les systèmes politiques.

Cette méthode a mené à la création de la CECA :

Moment clef : le traité de Paris en date du 18 avril 1951

Signé à Paris le 18 avril 1951, ce traité instituait la Communauté Européenne du Charbon et de


l’Acier. Par ce traité, les six pays signataires mettent en place une forme de coopération.
La communauté Européenne du Charbon et de l’acier avait pour but de gérer la production et le
commerce du charbon et de l’acier et surtout de mettre en commun les productions qui étaient
indispensables à la reconstruction après-guerre.

Il n’existera plus de charbon allemand et d’acier français mais du charbon et de l’acier européens
circulant librement entre les pays.

Fonctionnement : absence de droits de douane, pas de barrière tarifaire et une libre circulation des
marchandises.

La même méthode sera reprise pour créer la CEE en 1957 :

Moment clef : Traité de Rome du 25 mars 1957

Signé entre 6 pays Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg et Italie. Il instaure la création
de la CEE, Communauté économique européenne.

Les états signataires souhaitent créer un marché commun, néanmoins le projet n’est pas
uniquement un projet d’intégration sectorielle (économique), c’est un projet d’intégration globale et
européenne qui poursuivait également une finalité politique, idéologique et méthodologique : esprit
général de construction européenne.
Section 2 - Le socle du droit matériel de l’Union européenne : le Traité de Lisbonne

1§. L’échec du Traité constitutionnel

a) La méthode d’élaboration

Moment clef : Traité de Rome 29 octobre 2004 (JOUE n° C 310/1 du 16 déc. 2004) : un traité
précurseur

Dès le traité de Nice il avait été décidé que le prochain traité serait préparé non pas par une
conférence inter-gouvernementale mais par une convention (modèle de la rédaction de la charte des
droits fondamentaux) avec :

- Des représentants des parlements nationaux,


- Des chefs d’Etat ou de gouvernement (à la fois les représentants d’Etats actuels et les
candidats soit les 13 candidats à l’époque),
- Des représentants du Parlement européen et de la Commission européenne.

Convention présidée par Valérie Giscard d’Estaing : dans le but de rédiger une Constitution
européenne et ainsi aller plus loin dans le processus d’intégration.

Projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe :

1. Approuvé par le Conseil européen de Thessalonique du 20 juin 2003.


2. Adopté par la Conférence intergouvernementale le 18 juin 2004.

b) Le contenu

Renouvellement de l’architecture de l’Union pour 4 raisons :

- Abroge les traités antérieurs,


- Octroie la personnalité juridique à l’UE,
- Fait disparaitre la structure en pilier de l’Union,
- Et supprime la Communauté européenne.

La structure institutionnelle évolue :

- Conseil européen présidé par une personne élue,


- Création du ministre des affaires étrangères de l’Union propre à l’UE,
- Le président de la commission est élu par le Parlement en fonction des résultats des élections
européennes (démocratisation),
- Et enfin modification de la composition de la Commission.

La structure juridictionnelle évolue :

- Prévoit une procédure générale de codécision : droit commun, nommée « procédure


législative »,
- Simplification de la majorité qualifiée au Conseil,
- Renouvellement des instruments juridiques de l’Union, le dispositif normatif : loi
européenne, loi-cadre européenne, conservation appellation règlement européen,
conservation décision et avis.
- L’intégration charte des droits fondamentaux dans le corps même des traités (valeur droit
positif).

Néanmoins, ce traité n’a pas été ratifié pour cause de référendum en France mais également au
Pays-Bas en mai et juin 2005.

Les chiffres clefs : 18 états sur 27 ont ratifié (pas d’abandon des idées)

 7 des 25 pays membres avaient déjà ratifié le traité : Autriche, Espagne (par référendum),
Grèce, Hongrie, Italie, Lituanie, Slovénie
 7 Etats depuis les référendums français et néerlandais (Belgique, Chypre, Estonie, Finlande,
Lettonie, Luxembourg (par référendum), Malte
 + 2 = Allemagne et Slovaquie : ratifié mais pas signé (= formalité)
 + 2 : La Roumanie et la Bulgarie

2§. L’adoption du Traité de Lisbonne

Moment clef : signature du traité de Lisbonne le 13 décembre 2007 avec une entrée en vigueur le 1 er
décembre 2009

Ce traité est un traité de révision, Rédigé plus classiquement par conférence intergouvernementale, il
n’abroge pas les traités antérieurs, il est dans la continuité du TECE. Néanmoins :

- La communauté disparait, remplacée par l’Union européenne.


- Les piliers disparaissent mais on garde les spécificités pour la PESC.
- La personnalité juridique, permet la signature d’actes en tant qu’Union européenne, mais
également l’engament international.

2 traités fondateurs pour L’Union Européenne :

1. Traité sur l'Union européenne (TUE)


2. Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE).
Le cadre général est sensiblement renouvelé :

- Procédure codécision devient la procédure de droit commun,


- Certains actes sont simplifiés et leur terminologie est également simplifiée, la classification
des normes est supprimée,
- La rédaction du traité est également modifiée,
- Tout ce qui faisait référence ou qui laissait penser à une constitution nationale est supprimé.
PARTIE 1 – L'UNION EUROPEENNE : UN ESPACE DE LIBERTE

L’un des moyens proposés par les traités pour parvenir à l’objectif d’une paix durable est celui d’un
progrès économique et social par le biais d’un marché commun et un marché intérieur au sein de cet
espace qu’est l’Union européenne.

A noter : le marché intérieur, cette notion est au cœur du droit matériel de l’Union européenne et
elle se retrouve dans les Traités dès l’origine et sa définition reste la même : l’article 26-2 TFUE : c’est
un « espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des
personnes, des services et des capitaux, est assurée selon les dispositions des traités ».

Cette définition repose sur sur la notion clef de libre circulation, mais accompagnée d’un espace de
concurrence.

Notion en deux aspects :

 D’espace sans obstacle aux échanges,


 D’échanges divers : de capitaux, services, marchandises, personnes.

S’agissant de l’expression auparavant consacré de « marché commun » cette expression renvoi à a


situation existante avant l’acte unique européen de 1986, l’idée était qu’un marché européen était
en train de se former mais :

- Ne supposait pas pour autant la disparition des marchés nationaux qui subsistaient,
- Et ce notamment en raison des frontières entre les Etats qui étaient maintenues .

Dans le cadre de cette espace de liberté, aujourd’hui on parle de « marché intérieur », il n’existe plus
de frontière à l’intérieur de l’Union européenne, c’est un espace de libre circulation.

Deux choses à retenir :

- La raison d’être de la mise en place de ce marché est : objectif de paix, il représente un


moyen pour parvenir à cet objectif de paix durable.
- L’aspect évolution du marché : il y a une densification de la notion de « marché intérieur »
qui au fur et à mesure comprend de plus en plus d’aspects en raison de la mission de mener
de manière conjointe (UE et Etats membres) des politiques et des actions communes
permettant d’enrichir de manière perpétuel ce volet.

Repose sur le principe de libre circulation qui revêt de 4 déclinaisons :

- Biens
- Personnes
- Services
- Capitaux

Par principe : il n’existe aucune hiérarchie entre les quatre, on constate tout de même que la libre
circulation des marchandises a pris le pas sur les autres : le domaine le plus développé en droit de
l’Union européenne.
D’un point de vue historique cette mise en place de libre circulation des marchandises a été plus
précoce grâce notamment à l’achèvement de l’union douanière dans les années 70’s.

Les trois autres libertés vont se développer davantage dans les années 90’s avec le Traité de
Maastricht, de fait certains auteurs soutiennent que cette liberté de circulation bénéficie d’un
« ascendant historique qui explique pourquoi elle est placée de facto au-devant de la scène
communautaire » Chahira Boutayeb.

Chapitre 1 - La libre circulation des marchandises.

Cette libre circulation des marchandises apparait dans le : Titre II de la Partie III du TFUE : Les
politiques et actions internes de l’Union (articles 26 à 37).

Cette liberté de circulation prend le dessus sur les autres en raison de cet ascendant historique dont
elle bénéficie. Des 1957, elle était déjà considérée comme la liberté essentielle, elle doit alors être
réalisée en priorité et ce notamment en raison de la réalité de l’économie européenne de l’époque.
Par ailleurs, elle était plus susceptible d’être réalisée à court-terme.

Effectivement, une liberté totale en matière de circulation passe par l’abolition des frontières, or
une telle abolition s’articule autour de la notion d’union douanière.

Section 1 - La mise en place d'une union douanière : condition de mise en œuvre de la libre
circulation des marchandises

Union douanière : zone de libre échange et de définition d’une frontière douanière unique entre les
Etats membres de l’Union européenne, qui a nécessité la mise en place d’un tarif douanier commun.

1§. La notion de « marchandise »

Alors même que cette liberté de circulation des marchandises est entendue comme essentielle, elle
n’est pas définie par le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Pourtant, la notion de
marchandise revêt d’une importance capitale permettant de savoir quels biens bénéfices de cette
liberté.

Moment clef : CJCE 10 décembre 1968, Commission c. Italie, aff. 7/68.

Cette affaire est relative à la libre circulation des œuvres d’arts, mais porte également sur la taxe
d’exportation des œuvres d’arts : peuvent-elles être considérées comme des marchandises ? Et
bénéficient-elles du régime juridique des marchandises ?

Selon l’Etat Italien, le fait qu’il s’agisse d’un bien de consommation ou d’usage général est suffisant
comme critère de définition de marchandise au sens du droit de l’Union européenne

Selon la Cour : aussi bien les marchandises d’origine industrielle, ou agricole et la liberté comprend
également les marchandises tant importées que exportées, cela concerne aussi bien les déchets, les
produits du corps humain (exemple du sang), ou encore le tabac : « Produits appréciables en argent
et susceptibles, comme tels, de former l’objet de transactions commerciales ».

Limites :

- Tout ceci est valable : sauf mention contraire dans le Traité,


- Ne s’applique qu’aux marchandises licites : pas aux stupéfiants/fausses monnaies,
- Armes : régime spécifique.

2§. Le choix d'une Union douanière

La notion d’union douanière est importante pour comprendre comment s’articule la libre circulation
des marchandises.

Article 28 du TFUE : « L'Union comprend une union douanière qui s'étend à l'ensemble des échanges
de marchandises et qui comporte l'interdiction, entre les États membres, des droits de douane à
l'importation et à l'exportation et de toutes taxes d'effet équivalent, ainsi que l'adoption d'un tarif
douanier commun dans leurs relations avec les pays tiers ».

A partir de là est mis en place un territoire douanier qui va se substituer à celui des Etats membres et
qui va conduire à créer des frontières communes aux Etats membres. Cette union douanière va donc
contenir deux facettes :

- Tout d’abord, les droits de douanes et les règlementations commerciales restrictives pour
l’échange de marchandises entre Etats membre de l’union douanière sont éliminées.

- D’autre part, est mis en place un système douanier commun aux frontières extérieurs qui va
régir les marchandises qui proviennent des pays tiers.

Ce tarif douanier commun est un élément très important et qui est incontournable dans la
constitution d’une union douanière :

- Il va permettre de différencier cette construction d‘une simple zone de libre échange qui est
une autre construction distinguée de l’union douanière,

- Et les seules frontières sont ces barrières communes extérieures.

Différence : fait que les Etats ne soient plus libre de fixer le tarif douanier.

Il y a ici un véritable abandon de la souveraineté de l’Etat, puisqu’il n’est plus libre en transférant sa
compétence à l’Union européenne pour fixer ces tarifs douaniers avec l’extérieur.

A noter : refus du Royaume-Uni, création d’une zone de libre-échange en parallèle AELE (association
européenne de libre-échange) dans l’espoir d’établir une zone de libre-échange avec la CEE. Echec du
projet et le Royaume-Uni fini par déposer sa candidature à la zone de libre-échange.

Néanmoins, l’association comprend encore 3 membres : Islande, Norvège, Liechtenstein.

Ce sont donc la Communauté économique européenne et aujourd’hui l’Union européenne qui vont
définir la nature et le montant des droits de douanes applicables.

L’article 32 du TFUE précise que la Commission devra veiller à « promouvoir les échanges
commerciaux entre les États membres et les États tiers » et tenir compte des « nécessités
d’approvisionnement de l’Union en matières premières et demi-produits ».

A noter : Code des douanes de l’Union européenne : rassemble les règles d’échanges pour les Etats
membres, son objet est d’énoncer les conditions et les procédures selon lesquelles une marchandise
extérieure pourra bénéficier de la libre circulation des marchandises au même titre que celles des
états membres, on parle de « marchandises mise en libre pratique ».
Selon l’article 28 du TFUE, les dispositions relatives à la libre circulation des marchandises
s’appliquent « aux produits qui sont originaires des États membres, ainsi qu'aux produits en
provenance de pays tiers qui se trouvent en libre pratique dans les États membres ».

Article 29 du TFUE : « Sont considérés comme étant en libre pratique dans un État membre les
produits en provenance de pays tiers pour lesquels les formalités d'importation ont été accomplies et
les droits de douane et taxes d'effet équivalent exigibles ont été perçus dans cet État membre, et qui
n'ont pas bénéficié d'une ristourne totale ou partielle de ces droits et taxes. »

Principe : De fait, un produit importé d’un pays tiers au sein de l’Union douanière il va être frappé
d’un seul et même droit de douane.

Conséquences :

- Donc ce mécanisme permet de constater que l’union douanière dépend de l’implication de


chaque Etats membres tenu de s’assurer du respect de ces différentes règles, ils deviennent
les garants de l’application du tarif douanier.

- Ce produit une fois qu’il aura franchis les frontières ne pourra plus faire l’objet d’une
restriction en matière de circulation.

Ce deuxième volet, dimension interne implique alors le démentiellement de tout obstacles à la libre
circulation des marchandises.

Article 33 du TFUE : « Dans les limites du champ d'application des traités, le Parlement européen et le
Conseil, statuant conformément à la procédure législative ordinaire, prennent des mesures afin de
renforcer la coopération douanière entre les États membres et entre ceux-ci et la Commission »

A noter : Le devenir de l’union douanière : elle a rapidement atteint son objectif, concrétisation en
1968, elle est aujourd’hui considérée comme un « acquis communautaire ».

Acquis (communautaire) : ensemble des règles adoptées au niveau de l’Union que tous les Etats
membres doivent respecter et les Etats candidats doivent s’engager à appliquer avant leur adhésion.

Facilité l’union douanière avec les procédés de coopération douanière entre les EM et la Commission :
Article 33 du TFUE : « Dans les limites du champ d'application des traités, le Parlement européen et le
Conseil, statuant conformément à la procédure législative ordinaire, prennent des mesures afin de
renforcer la coopération douanière entre les États membres et entre ceux-ci et la Commission »

Section 2- La suppression des obstacles aux échanges de marchandises au sein de l’UE

1§. Vers une interdiction des obstacles tarifaires

L’Article 28 du TFUE pose « l’interdiction entre les États membres, des droits de douane à
l’importation et à l’exportation et de toutes taxes d’effet équivalent ». Néanmoins, le traité ne
s’arrête pas là, il pose également un autre principe qui est celui de l’interdiction des restrictions
quantitatives entre les Etats membres.
Tout d’abord, l’article 28 du TFUE est très clair, il impose un principe d’interdiction des obstacles
tarifaires, qui a été repris par l’article 30 du TFUE : « les droits de douane à l’importation et à
l’exportation ou taxes d’effet équivalents sont interdits entre les États membres. Cette interdiction
s’applique également aux droits de douane à caractère fiscal ».

Il s’agit en réalité d’un processus assez complexe quant à la mise en œuvre de cet interdit.

a) L’interdiction des droits de douane à l’importation et à l’exportation

Cette suppression des droits de douane par les Etats membres n’a posé aucune difficulté, tant les
droits à l’importation/exportation sont visés.

Cette suppression a suivi un calendrier très précis permettant aux Etats membres d’y faire face plus
sereinement, le cout immédiat étant assez lourd : volonté de mettre en place cette interdiction de
manière progressive.

Calendrier en 3 temps :

1) 1er janvier 1958 : clause de Stand still : obligation aux Etats de figer leur situation donc de ne
pas créer de nouveaux droits de douane, ni d’augmenter les droits existants.
2) 10 ans (31 décembre 1968 maximum) sont laissés aux Etats pour supprimer tous les droits et
taxes à l’exportation.
3) 31 décembre 1969, supprimer tous les droits et taxes à l’importation.

b) L’interdiction de toutes taxes d’effet équivalent

1. La notion de taxe d’effet équivalent

Le Traité mentionne cette notion sans en donner une définition précise (Article 28 et 30 TFUE), c’est
la CJCE qui a précisé le sens de cette expression, dans deux arrêts.

Moment clef : CJCE, 14 décembre 1962, Commission c. Luxembourg, aff. 2 et 3/62 :

Est une taxe d’effet équivalent « un droit, unilatéralement imposé, quelles que soient son appellation
et sa technique, soit au moment de l’importation, soit ultérieurement et qui, frappant spécifiquement
le produit importé à l’exclusion du produit national similaire a pour résultat, en altérant le prix, d’avoir
sur la libre circulation des produits la même incidence qu’un droit de douane ».

C’est l’affaire du pain d’épice, certaines mesures appelées différemment ou qui sont introduites par
d’autres procédés que des droits de douanes mais elles vont aboutir aux mêmes effets
discriminatoires ou protecteurs des droits de douane.

Cela renvoi à « toute taxation qui soit protège soit discrimine un produit dont le fait générateur est :
le franchissement d’une frontière ».

Moment clef : CJCE, 1er juillet 1969, Commission c. République italienne, aff. 24/68 : affaire
statistiques.

Est une taxe d’effet équivalent « toute charge pécuniaire, unilatéralement imposée, frappant les
marchandises nationales ou étrangères à raison du fait qu’elles franchissent la frontière, lorsqu’elle
n’est pas un droit de douane proprement dit ».

Les termes « à raison du fait qu’elles franchissent la frontière » : ce qui compte ici aux yeux de la Cour
c’est une atteinte au commerce au sein de l’Union européenne mais également le fait générateur de
la taxe soit le franchissement d’une frontière.

Moment clef : CJCE 23 avril 2002, aff. N. Nygaard, 234/99 : cela vaut autant pour l’exportation que
l’importation selon la CJCE.

Néanmoins, le juge retient qu’il n’y a plus de distinction selon la provenance d’un produit de ce fait, à
la lecture des deux définitions et en réalité plusieurs éléments ne peuvent et repris en compte :

- Le bénéficiaire du prélèvement,

- L’appellation du prélèvement,

- Le montant de la charge financière,

- La technique utilisée.

Ce qui intéresse la Cour et qui génère cette qualification de taxe a effet équivalent est donc le
franchissement des frontières.

Moment clef : CJCE, 16 juillet 1992, Administration des douanes et droits indirects contre Léopold
Legros et autres, aff. C-163/90, point 16.

La CJCE fait néanmoins une lecture extensive de cette notion de frontière dans l’arrêt suivant. La
frontière peut être nationale mais aussi régionale et en réalité dans cette affaire la France taxait des
produits exportés vers l’Outre-Mer en raison d’un changement de frontière régionale : de la
Métropole à l’Outre-Mer. A partir de là, la CJCE considère qu’il s’agit d’une taxe qui produit un effet
équivalent a un droit de douane qui doit alors être interdite.

Le recours en manquement a ainsi permis d’atteindre les Etats dans les années 60/70’s, avec de
nombreuses affaires caractéristiques du caractère répressif de la Commission et ce aux fins de la
constations de la violation de la libre circulation des marchandises.

2. Le contrôle du respect du principe de l’interdiction de toutes taxes d’effet équivalent

Ce contrôle va être confié en premier lieu à la Cour de Justice qui peut faire l’objet d’une saisine d’un
recours en manquement.

Moment clef : CJCE, 5 février 1963, Van Gend en Loos, aff. 26/62

Dans cette célèbre affaire, la CJCE considère que l’article 12 du TCEE de 1957 est doté de l’effet direct
et est donc invocable directement par un particulier devant le juge national. Ceci permettant aux
opérateurs économiques de saisir les juges internes en cas d’imposition d’une telle taxe.

La CJCE est alors allée plus loin, en imposant deux choses :

1) Moment clef : CJCE, 19 novembre 1991, Francovich et Bonifaci, aff. 6 et 9/90


Impose la mise en place par les Etats d’un recours en indemnité accordé à la personne à qui a été
imposé une telle taxe et ce sur la base de la responsabilité de l’Etat.

2) Moment clef : CJCE 27 mars 1980, Denkavit Italiana, aff. 61/79

La Cour consacre un droit à la répétition de l’indu, l’entreprise, l’opérateur économique à qui a été
imposé une telle charge tarifaire équivalente à un droit de douane pourra se voir rembourser cette
charge tarifaire.

Pour la Cour il est évident que ces deux choses doivent être imposées, il s’agit ici de la seule sanction
efficace à l’encontre des Etats, sinon les Etats poursuivront sans besoin de rembourser.

Moment clef : CJCE 21 septembre 2000, Kapniki Michaïlidis, aff. C-441 et 442/98

Dans cette affaire la CJCE explique que le remboursement à l’opérateur économique est « la
conséquence et le complément des droits conférés aux justiciables par les dispositions
communautaires interdisant les taxes d’effet équivalent ».

En principe, le remboursement intégral ets fortement critiqué par les Etats qui revendiquent une
autonomie institutionnelle et procédurale : sur la forme du remboursement.

Mais cette vigilance combinée entre les institutions et la Cour fait donc peser sur les Etats une
contrainte imposante, expliquant ainsi qu’une grande partie de ces charges tarifaires a pu être
démantelée au niveau de l’Union européenne, il y a donc très peu de charges tarifaires pesant sur
l’échange de marchandise au sien même de l’Union européenne.

Néanmoins, toutes charges ne vont pas constituer une taxe d’effet équivalent, analyse au cas par cas
par la Cour : certaines charges sont considérées comme licites.

3. La subsistance de certaines charges financières considérées comme licites


a. Les charges financières découlant du droit de l’Union

Les premières charges financières considérées comme licites découlent de l’affaire du droit des
statistiques dans laquelle la Cour affirme que la taxe en question doit être « unilatéralement imposée
par l’Etat ».

Principe : une charge financière qui découle d’une obligation de l’Union européenne n’est plus
imposée de manière unilatérale par l’Etat, celle-ci ne sera pas interdite. Les redevances sont donc
licites à partir du moment ou elles découlent d’une obligation du droit de l’Union : variation des
couts en fonction des produits.

C’est notamment le cas : les charges financières liées aux obligations de contrôle imposé par l’Union
européenne (qualité du produit par exemple) et ce cout sera supporté par l’Etat mais cet Etat pourra
imposer aux opérateurs économiques la prise en charge de ce cout d’obligation.

Exemple : produit Italie- France, plusieurs contrôles, l’Italie peut proposer à ses opérateurs de se
charger de ce cout relatif aux contrôles (mais contrôle interne à l’Union).

Moment clef : CJCE 25 janvier 1977, Bauhuis, aff. 46/76. Cette affaire est une affirmation de l’affaire
statistique.

4 Critères :

 Le montant de la redevance ne doit pas être supérieur aux couts occasionnés par le contrôle,
 Le contrôle doit être obligatoire et uniforme sur le territoire national,
 Le contrôle doit poursuivre un but l’intérêt général de l’Union ou directement appliqué par le
droit de l’Union (implicite ou explicite),
 Le contrôle participe à une harmonisation au service de la libre circulation : ne doit pas avoir
un effet dissuasif sur la circulation des marchandises.
b. Les redevances pour service rendu

La Cour admet aussi et ce alors même qu’on ne trouve pas à l’origine de la redevance une obligation
émise par l’Union européenne. On appelle ça : redevances pour service rendu et qui peuvent être
considérée comme licites à 3 conditions.

Conditions :

 Un service effectif doit être rendu

Moment clef : CJCE 5 février 1976 Bresciani, aff. 87/75

Dans cette affaire les Etats prélevaient une charge financière en contrepartie d’un contrôle sanitaire
pratiqué par l’Etat en cause au moment de l’importation et c’était une formalité obligatoire. La Cour
en l’espèce dit qu’il ne peut pas s’agir ici d’une « service effectif rendu » par l’Etat, au contraire, c’est
une obligation de l’Etat, si un produit doit rentrer sur l’Etat.

Mais dans le cas inverse, si c’est l’opérateur économique lui-même qui décide d’effectuer un contrôle
sanitaire sans obligation de l’Etat, on pourrait parler de « service effectif rendu ».

 Un service rendu doit être individuel, spécifiquement destiné à l’opérateur en cause : un


service d’intérêt général ne peut être considéré comme une redevance d’un service rendu.

Si la charge inclus un avantage pour l’ensemble des opérateurs livrés aux mêmes activités : il s’agit
alors d’une taxe d’effet équivalent.

Moment clef : CJCE 27 février 2003 Commission c. Allemagne, aff. 389/00

Dans cette affaire, une redevance qui est perçu par l’Allemagne sur l’exportation de déchet à
l’occasion de tout transfert de déchets. Et dans la mesure ou sa concerne tout transfert de déchets,
la Cour considère que c’est une taxe d’effet équivalent « ce n’est pas la contrepartie d’un avantage
déterminé rendu de manière individuel », c’est une redevance concernant tout le secteur et le
favorisant.

Un avantage ne devant pas bénéficier à un ensemble, objet de demande individuelle.

 Le montant de la redevance doit être proportionnel au service rendu, la Cour contrôle


strictement cette condition.

Moment clef : CJCE 11 juillet 1989, Ford España, aff. 170/88

La Cour estime qu’une redevance calculée en fonction de la valeur de la marchandise (+ cher donc
redevance + importante par exemple) ne serait pas proportionnel au service rendu.

C’est la même chose pour els redevances forfaitaires, qui sont considérés comme non proportionné
au service rendu par l’opérateur économique. Le cout imposé doit bien correspondre au service
rendu par l’Etat.

c. Les impositions intérieures non discriminatoires


La question des impositions intérieures pour limiter la libre circulation va se poser, elles vont être
admises par l’Union à condition qu’elles ne soient pas discriminatoires.

Les Etats membres ont préservé une souveraineté fiscale : modification/annulation/création


d’impôts. Et au niveau européen il n’existe pas d’harmonisation fiscale : sauvegarde de l’autonomie
en matière fiscale qui n’est pas sans conséquence car :

- La perception d’une imposition intérieure sur des marchandises importés/exportés ne sera pas
interdite en soi,
- L’Union n’interdit pas qu’un ajustement fiscal soit fait au moment ou la marchandise passe la
frontière.

Ces différentes impositions intérieures sont donc licites et se distinguent ainsi des taxes à effet
équivalent et ce à plusieurs titres :

 La taxe à effet équivalent, frapper les produits importés alors que les impositions intérieures
frappes toutes les marchandises qu’elles quelles soient, l’imposition intérieure n’est pas
discriminatoire et touche tout produit au niveau national.
 La taxe à effet équivalent est spécifique, alors que les impositions intérieures ont un effet
global : le montant de l’imposition sera le même aussi bien pour les
exportations/importations.

Risques : institution d’impositions protectionnistes.

Article 110 TFUE : prévoit deux gardes fous.

Alinéa 1 : « Aucun État membre ne frappe directement ou indirectement les produits des autres États
membres d’impositions intérieures, de quelque nature qu’elles soient, supérieures à celles qui
frappent directement ou indirectement les produits nationaux similaires ».

Alinéa 2 : « aucun État membre ne frappe les produits des autres États membres d’impositions
intérieures de nature à protéger indirectement d’autres productions. »Enonce alors un principe
appelé de « neutralité fiscale » qui bénéficie selon la CJCE de l’effet direct.

Moment clef : CJCE, 16 juin 1966, Lütticke, aff. 57/75

Selon la Cour l’article 110 énonce alors un principe appelé de « neutralité fiscale » qui bénéficie selon
la CJCE de l’effet direct.

Deux grandes conditions sont posées pour la licité des charges financières :

 Première condition : le produit importé ne doit pas supporter d’imposition plus lourde que le
produit national similaire, par conséquent on proscrit toute ses discriminations
importation/exportation.

Le contrôle de cette discrimination n’est pas aisé car avant de déterminer s’il y a discrimination entre
les produits, il faut nécessairement identifier les produits nationaux similaires concurrents aux
produits importés. L’identification d’un produit similaire est parfois très difficile :

Moment clef : CJCE, 27 févr. 2002, Commission c. France, aff. C-302/00. Cette affaire concernait les
cigarettes brunes/blondes, sont-elles des produits similaires ?

Moment clef : CJCE, 27 février 1980, Commission c. France, aff. 168/78 : La Cour a fait une
interprétation assez simple du terme « similaire », « Sont à considérer comme similaires des produits
qui présentent, au regard des consommateurs, des propriétés analogues ou répondent aux mêmes
besoins ».

A la lecture de cette définition l’exact similitude n’est pas exigé mais on cherche plutôt une certaine
analogie. Et en pratique la CJUE va devoir se placer du point de vue du consommateur, l’utilisateur
final.

Par ailleurs, des produits analogues, on vise aussi des produits concurrents.

Moment clef : CJCE 7 mai 1987, Commission c. Italie, aff. 184/85 : L’affaire des bananes, l’Italie taxait
les bananes sans en produire, or l’Italie produit poires/pommes non taxées.

La Cour retient que « bien que les bananes et les fruits de table de production typiquement italienne
ne soient pas des produits similaires (…) les bananes offrent un choix alternatif aux consommateurs
de fruits. Les bananes doivent être considérées comme étant dans un rapport de concurrence partielle
avec ces fruits ».

Moment clef : CJCE, 8 avril 2008, Commission c. Suède, aff. 167/05 : Ici, rapport de concurrence
entre une bière nationale et un vin léger importé : il s’agissait de produit ayant un rapport de
concurrence selon la Cour.

 La deuxième condition : la charge ne doit pas compenser la production des produits


nationaux. C’est la condition de cas dans lesquels une charge identique serait imposée aux
produits nationaux et importés, mais cette charge serait compensée dans le but de protéger
d’autres nationaux.

Moment clef : CJCE, 13 juin 1973, Capolongo, aff. 77/72

Dans cette affaire, il existait une imposition intérieures pesant sur l’ensembles des produits
importés/exportés, mais cet impôt servait à alimenter des activités profitant uniquement qu’aux
produits nationaux. La charge est : partiellement ou totalement compensée : par l’impôt qui lui est
profitable, par conséquence l’imposition devient interdite.

Bilan : l’abolition des droits de douanes, des charges à effet équivalent et en imposant la non-
discrimination : disparition des obstacles tarifaires en droit de l’Union.

2§. Vers une interdiction des entraves non tarifaires

Chapitre 3 du Titre II du TFUE : pose cette interdiction et il se décline en 4 dispositions : article 34 à


37.
Cette interdiction concerne tout autant les importations que les exportations, les dispositions
interdisent également les mesures d’effet équivalent à une restriction quantitative.

Le Traité prévoit : des limitations car l’article 36 du TFUE admet la dérogation des Etats à
l’interdiction des entraves non tarifaires.

a) L’interdiction des restrictions quantitatives

On parle de restriction quantitative sans pour autant que le Traité les définisse, mais en droit
international on parlait déjà de ce type de restrictions dans le GATTS (General Agreement on Tarif
and Trade est l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, signé le 30 octobre 1947 EV
1er janvier 48).

Le droit international prévoit que les restrictions quantitatives correspondent « aux mesures qui
prohibent partiellement ou totalement l’importation ou l’exportation d’un produit ».

b) L'interdiction des mesures d'effet équivalent à une restriction quantitative (MEERQ)

Dans la mesure ou les Etats n’ont plus la possibilité de recourir aux instruments classiques : droits de
douane et restrictions quantitatives, d’autres formes d’entraves ont été instituées.

Ce phénomène révèle la volonté des Etats à conserver un contrôle sur les échanges commerciaux sur
lesquels ils ne sont plus mettre avec la mise en place de l’union douanière.

Quelle mesure est visée ? Quels critères de l’effet équivalent ?

1. Une « mesure » d’origine « nationale »

La notion de mesure a été défini par la Commission :

Moment clef : Directive 70/50 du 22 décembre 1969 portant suppression des mesures d’effet
équivalent à l’importation non visées par d’autres dispositions prises en vertu du traité CEE, JOCE, n° L
13, 19 janvier 1970.

La mesure doit correspondre à « un acte ou un comportement imputable a une autorité ou à un


organisme public ».

 Concerne tout type d’actes ou comportements, d’une provenance d’autorité, ou


d’organisme public.
 L’acte doit être imputable à l’Etat :
- L’Etat : entendu en son sens large, autoritaire douanière, ministère, collectivités.

Admission : décision de justice d’une autorité judiciaire comme mesure. (Affaire ci-dessous)

Moment clef : CJCE, 1er octobre 1987, VVR, aff. 311/85 ou CJCE, 26 novembre 1996, Graffione, aff.
313/94.
- Privés exclus :

La jurisprudence a longtemps soutenu le champ d’application des articles 34/35, pour faire partie de
ce champ, le mesure doit être directement ou indirectement imputable à une autorité publique. Les
actes de personnes privées étaient exclus.

Progressivement, la jurisprudence va imputer à l’Etat des mesures qui ne peut pas prendre
directement, exemple : acte pris par des personnes juridiques non-étatiques, par la justification d’un
lien de rattachement ou sous le contrôle de l’Etat.
Exemples :

Moment clef : CJCE, Commission contre Irlande, 24 novembre 1982, aff. 249/81

Une campagne publicitaire menée par un organisme privé en faveur des produits nationaux :
qualification de MEERQ alors même qu’il s’agit d’un organisme privé, constatation d’un lien de
rattachement avec l’Etat en l’espèce parce que le gouvernement désignait les membres de cet
organisme, en plus de l’accord de subventions à celui-ci.

Moment clef : CJCE 18 mai 1989, Royal Pharmaceutical Society, aff. 266 et 267/87 :

Dans cette affaire, en l’espèce les actes incriminés sont des comportements provenant de groupement
professionnel : favorisation des produits nationaux par l’ordre des pharmaciens. Etant investis de
pouvoir étendu comme celui d’un pouvoir disciplinaire, donc considération d’organe d’Etat en raison
du pouvoir exorbitant.

Moment clef : CJCE 9 décembre 1997, Commission soutenue par Espagne et Royaume-Uni c. France,
aff. 265/95 :

Enfin dans cette affaire, célèbre affaire des fraises, des agriculteurs français protestant contre les
importations de fraises d’Espagne. Ils ont mis en place des actions assez violentes. Ici les actes
proviennent des particuliers, donc l’Etat c’était abstenu d’agir.

La Cour retient que : « L’article 28 TCE impose aux Etats, non seulement de ne pas adopter eux-
mêmes des actes ou comportements susceptibles de constituer un obstacle aux échanges mais
également, en liaison avec l'article 10 CE, de prendre toute mesure nécessaire et appropriée pour
assurer sur leur territoire le respect de cette liberté fondamentale ».

La Cour retient alors un critère très souple du critère d’imputabilité à l’Etat, et seules les mesures
purement privées y échappent.

Néanmoins, la Cour retient également que cette interdiction des MEERQ ne s’impose pas seulement
aux Etats :

Moment clef : CJCE, 9 août 1994, Meyhui, aff. C 51/93

La Cour considère qu’une MEERQ peut être imputable aux institutions de l’Union européenne.

Moment clef : CJCE 25 juin 1997 Kieffer et Thill, Aff. 114/96

En l’espèce il s’agissait d’un règlement communautaire imposant le recueil de données statistiques


auprès des entreprises sur les marchandises circulantes d’un Etat à un autre. MEERQ car cela
engendre des frais supplémentaires et des contraintes en raison de la libre circulation.

Le but est en effet la garantie contre les obstacles étant de toutes origines possibles.

2. Un « effet équivalent » à une restrictions quantitatives à l’importation ou à l'exportation

Pour déterminer cet effet plusieurs critères ont été posé par la jurisprudence : entrave aux échanges,
caractère commercial de la mesure (abandon).

a) Le rejet du seul critère du caractère discriminatoire de la mesure ou la consécration du critère de


l’entrave

La seule condition posée est que ces mesures ne soient pas des charges tarifaires (28 et 110 TFUE).
Avec les articles 34 et 35 du TFUE, d’autres mesures apparaissent.

 Le caractère discriminatoire de la mesure : le critère d’origine

Les premières mesures qui ont été qualifiée de MEERQ sont les mesures discriminatoires.

Exemple : contrôle sur critères injustifiés, la création de normes de production par l’Etat (produits
importés uniquement), etc.

Les mesures sont directement discriminatoires puisqu’elles défavorisent certains produits. La lecture
est extensive puisque les discriminations indirectes/déguisées, sous couvert d’une neutralité favorise
des produits nationaux.

Exemple : la règlementation de la langue nationale sur l’étiquette de la marchandise, situation


favorable pour les nationaux. La réglementation de prescription technique alors que seules les
marchandises nationales y sont soumises.

 La consécration du critère de l’entrave

Sur ce fondement de discriminations indirectes de nombreux obstacles ont pu être démantelés


jusque dans les années 70’s. Néanmoins, on a assisté à une évolution du critère pris en compte et de
la notion de MEERQ : A partir de cette directive on consacre le critère de l’entrave.

Moment clef : Directive 70/50 du 22 décembre 1969 portant suppression des mesures d’effet
équivalent à l’importation non visées par d’autres dispositions prises en vertu du traité CEE, JOCE, n° L
13, 19 janvier 1970.

Cette directive opère aux articles 2 et 3 une distinction entre les mesures qui sont ouvertement
discriminatoires qui sont prohibées (forme, poids, composition produit), elles subissent « une
présomption d’illicéité » et les mesures excessives qui visent de manière indistincte produits
importés et nationaux, qui dépassent le cadre des effets propre d’une règlementation de commerce.

On ne met plus l’accent sur l’effet discriminatoire mais sur l’effet restrictif de la mesure sur les
échanges au sein de l’Union européenne.

Moment clef : CJCE, 11 juillet 1974, Procureur du Roi contre Benoît et Gustave Dassonville, aff. 8/74 :

Constitue une mesure d’effet équivalent : « toute réglementation commerciale des États membres
susceptible d’entraver directement ou indirectement, actuellement ou potentiellement le commerce
intracommunautaire ».

Dans ce point de l’affaire, on voit l’émergence de la notion d’entrave : mesure indistinctement


applicable et affectant les échanges. Le but ici est de faciliter les échanges au sein de l’Union
européenne et ceci explique la jurisprudence sur l’applicabilité du droit de l’Union.

Moment clef : CJCE 7 mai 1997, Pistre, Aff. 321/94

Si en principe le droit de l’Union européenne n’est pas applicable aux situations purement internes, la
Cour affirme que l’application de l’article 34 TFUE ne peut être écartée « pour la seule raison que
dans le cas concret soumis à la juridiction tous les éléments sont cantonné à l’intérieur d’un seul Etat
membre ».

Les potentialités de la mesure « appellation montagne » sont susceptibles de porter atteinte à


l’échange et donc le territoire d’autres Etats de l’Union justifiant ainsi l’applicabilité du droit de
l’Union.

Moment clef : CJCE 20 février 1979, Rewe Zentral, aff. 120/78

Ici les obstacles aux échanges ne découlaient pas d’une seule législation nationale isolée mais de la
disparité des législations nationales des Etats.

En l’espèce, la législation allemande subordonnait la commercialisation de liqueurs de fruits à


l’exigence d’une certaine teneur en alcool pour des raisons de protection de la santé. Un producteur
français s’est vu refusé la possibilité de l’importer en Allemagne car la teneur en alcool était entre 15
et 20 degrés.

La Cour retient qu’en l’absence de réglementation commune, chaque Etats est compétent pour fixer
des règles concernant sa production et commercialisation, néanmoins « s’il résulte de ces disparités
entre les législations nationales des obstacles à la liberté des échanges » alors ils pourront être
qualifié de MEERQ.

Une entrave est donc « toute disposition qui rend la commercialisation des marchandises plus
difficile, qui interdit, gène ou rend moins attrayante la liberté de circulation ». Ajout de la Cour :
l’entrave peut être actuelle ou potentielle.

4 affaires pour aiguiser la notion d’entrave :

Moment clef : CJCE 24 janvier 1978 Ministère public du Royaume des PB/Van Tiggele, 82/77

Peu importe que l’entrave soit temporaire à partir du moment où elle rend la commercialisation plus
difficile voire si elle interdit ou gène la liberté de circulation et même de façon temporaire.

Moment clef : CJCE 19 février 1981, Kelderman BV, 130/80

Peu importe s’il existe des exonérations, exemptions, possibles des conditions exigées.

Moment clef : CJCE, 14 juillet 1981, Oebel, aff. 155/80


Peu importe les effets et l’importances des effets, même si les effets sont minimes.

Moment clef : CJCE, 5 avril 1984, Van de Haar et Kakeva, aff. 177 et 178/82

Et enfin, la Cour précise qu’une mesure d’effet équivalent existe même si l’entrave est faible et même
s’il existe d’autres possibilités d’écoulement des produits importés.

La Cour est allée encore plus loin et certains auteurs ont souligné un nouveau critère de définition de
l’entrave : non plus seulement lorsqu’il y a obstacle à la libre circulation mais aussi lorsqu’il y a
obstacle à l’entrée au marché.

Moment clef : CJCE 10 février 2009, Commission c/Italie, remorques italiennes, aff. C-110/05 :

Dans cette affaire : interdiction aux cyclomoteurs, motocycles, tricycles et quadricycles de tirer une
remorque au nom de la sécurité routière. La Cour relève que cette mesure a une influence sur les
consommateurs et par conséquent le comportement du consommateur affecte à son tour l’accès de
ce produit au marché de cet Etat membre.

Selon la Cour : « L’interdiction édictée à l’article 56 du code de la route, dans la mesure où elle a pour
effet d’entraver l’accès au marché italien des remorques spécialement conçues pour les motocycles et
qui sont légalement produites et commercialisées dans des États membres autres que la République
italienne, constitue une mesure d’effet équivalent à des restrictions quantitatives à l’importation
interdite par l’article 28 CE ».

A ce titre « doivent être considérées comme des mesures d’effet équivalent non seulement les
mesures prises par un État membre qui ont pour objet ou pour effet de traiter moins favorablement
des produits en provenance d’autres États membres [...]. Relève également de la même notion toute
autre mesure qui entrave l’accès au marché d’un État membre des produits originaires d’autres États
membres ».

Moment clef : CJCE 4 juin 2009, Mickelsson et Roos, Jet ski, aff. C-142/05

Même principe au travers de l’encadrement strict de l’usage des jet-skis, qui est une MEERQ, car pour
les consommateurs il n’y a plus d’intérêt d’achat de ces produits.

b) L'abandon du critère du caractère commercial de la mesure

« Toute disposition qui rend la commercialisation des marchandises plus difficile, qui interdit, gène ou
rend moins attrayante la liberté de circulation », la doctrine retient en plus de l’entrave le caractère
commercial de la mesure qui a pu être considéré comme un élément déterminant dans la définition
de l’entrave. Toutes règlementations, les pratiques administratives relative à l’organisation du
commerce et relative à la vente d’un produit ne seraient pas des MEERQ puisqu’elles ne sont pas
commerciales : elles ne coutent rien au producteur.

Exemple : campagne promotionnel, réglementations non commerciales, interdiction de revente à


perte, et pourrait échapper à la qualification de MEERQ.

Ce critère va être abandonné de manière progressive. A la lecture de ce contentieux des MEERQ, le


caractère commercial n’est plus constitutif de la MEERQ, mais relève aussi des MEERQ trois types
de mesures s’ajoutent :
- Les réglementations techniques qui imposent des caractéristiques pour pouvoir être
commercialisé (poids, taille, étiquetage),
- Les contrôles sanitaires et phytosanitaires,
- Les réglementations de prix.

Moment clef : CJCE 24 novembre 1993, Keck et Mithouard, aff. C-267/91.

La Cour introduit une nouvelle distinction entre deux catégories de mesures commerciales : celles
qui ont trait aux conditions auxquelles doivent répondre les marchandises (poids, dimensions,
formes) et celles qui visent « les modalités ventes ».

Les premières sont susceptibles d’être qualifiées de MEERQ selon la jurisprudence car elles peuvent
entraver la libre circulation voire l’accès au marché.

Les secondes en revanche sont considérées comme licites à deux conditions, si elles sont applicables
aux produits nationaux et à ceux des autres Etats membres ; et si elles ne sont pas de nature à
gêner en fait et en droit d’avantage les produits importés que les produits nationaux. Elles sont par
principe exempter des MEERQ et ce même si elles affectent la commercialisation des produits.

Exemple : pour les modalités de ventes licites, les réglementations sur périodes de soldes ou sur des
monopoles exercés par certaines activités professionnelles telles que les pharmaciens, les
réglementations sur les horaires d’ouverture ou des lieux de ventes.

Elles permettent aux réglementations purement commerciales d’échapper à la qualification de


MEERQ. Le but de la Cour est de limiter le nombre de recours.

La Cour a fait émerger le critère d’accès au marché :

Moment clef : CJCE, 13 janvier 2000, TK Heimdienst, aff. C- 254/98; CJCE 8 mars 2001, International
Gourmets, aff. C-405/98

Moment clef : CJCE, 23 février 2006, A-Punkt, aff. C-441/04

En l’espèce , il s’agissait d’une règlementation limitant la vente à domicile de bijoux qui est une
modalité de vente indistinctement applicable et le critère véritablement déterminant retenu est alors
celui de l’entrave.

c) Les limitations au libre mouvement des marchandises

Cette libre circulation des marchandises n’est pas une liberté illimitée, ni indérogable, elle peut
souffrir de limitation et lors de la rédaction du traité il s’est avéré difficile de mettre ne place une
interdiction générale sans prévoir un espace de liberté pour les Etats au nom de la sauvegarde
d’intérêts nationaux prééminents dont la protection légitime va imposer la mise en œuvre d’une
clause de dérogation.

1. Les restrictions prévues par l’article 36 TFUE


Article 36 TFUE : « Les dispositions des articles 34 et 35 ne font pas obstacle aux interdictions ou
restrictions d'importation, d'exportation ou de transit, justifiées par des raisons de moralité publique,
d'ordre public, de sécurité publique, de protection de la santé et de la vie des personnes et des
animaux ou de préservation des végétaux, de protection des trésors nationaux ayant une valeur
artistique, historique ou archéologique ou de protection de la propriété industrielle et commerciale.

Toutefois, ces interdictions ou restrictions ne doivent constituer ni un moyen de discrimination


arbitraire ni une restriction déguisée dans le commerce entre les États membres. »

A la lecture de cette disposition, pour qu’une mesure d’effet équivalent puisse bénéficier de la
restriction prévue elle doit :

- Pouvoir se rattacher à l’un des motifs énoncés,


- Et doit constituer ni un moyen de discrimination arbitraire ni une restriction déguisée dans le
commerce entre les États membres.

a. Les motifs de la restriction

Il existe alors selon l’article 36, 6 motifs :

 Les motifs liés à la protection de l'ordre public

Les trois premiers motifs sont liés à l’ordre public en général : « moralité publique, d'ordre public, de
sécurité publique ».

Moment clef : CJCE 14 décembre 1979, Henn et Darby, Aff. 34/79.

La moralité a surtout permis la justification d’interdiction de produits pornographiques.

Moment clef : CJCE, 11 mars 1986, Conegate, aff. 121/85

La Cour souligne ici le caractère arbitraire de l’interdiction d’importation de poupées gonflables à


caractère pornographique. Le Royaume-Uni ne peut s’opposer à l’importation que si lui-même
interdit la fabrication ou encore la commercialisation sur son propre territoire.

Un certain nombre d’auteurs ont souligné que le Cour ne se renferme pas sur le critère d’ordre
public, car selon elle « « il appartient à chaque État de déterminer les exigences de la moralité
publique sur son territoire selon sa propre échelle des valeurs, dans la forme qu’il a choisie ».

Les motifs d’ordre public et sécurité publique : la Cour ne les a jamais vraiment distingués.

Moment clef : CJCE 23 novembre 1978, Thompson, aff. 7/78

Le motif d’ordre public ici a en l’espèce permis à un Etat d’interdire l’exportation et la destruction de
pièce de monnaie qui n’ont plus cour légale.

Moment clef : CJCE 10 juillet 1984, Campus Oil, aff. 72/83.

Le motif de sécurité publique a été reconnu dans cette affaire comme motif légitime qui justifie
l’adoption d’une réglementation irlandaise qui obligeait les fournisseurs de produits pétroliers à
s’approvisionner pour un certain pourcentage auprès d’une raffinerie installée sur le territoire
nationale.

La Cour insiste sur « la particularité des produits pétroliers » qui sont d’après-elle fondamentaux pour
l’existence d’un Etat et une interruption d’approvisionnement peut affecter véritablement la sécurité
publique d’un pays.

 Les motifs liés à la protection de la santé publique

Ce motif est entendu de manière assez large : « protection de la santé et de la vie des personnes et
des animaux ou de préservation des végétaux » et a donné lieu à un jurisprudence assez importante.

Principe : à défaut de directive et d’harmonisation il va appartenir aux Etats membres du niveau


auquel ils entendent assurer ces protections. Et dans ce cadre-là, la Cour va reconnaitre la diversité
des pratiques nationales et admettre des mesures plus ou moins différentes.

Exemple : utilisation dans le cadre d’interdiction de commercialisation, mise sur le marché, d’usage
de produit.

Moment clef : CJCE 24 novembre 2005, Schwarz, aff. 366/04.

La Cour a admis une législation qui interdit la vente de sucreries sans emballa dans les distributeurs
automatiques dans le cadre de protection de la santé publique et ce malgré le manque
d’harmonisation au niveau européen.

Moment clef : CJCE 25 mai 1993, Société des laboratoires de prothèses oculaires, 271/92

La Cour admet la réglementation française autorisant la vente de lentille de contact par les opticiens,
pour des raisons de santé publique.

Moment clef : CJCE 21 mars 1991, Delattre, aff. C-369/88

Commercialisation des médicaments, monopole des pharmaciens

Moment clef : CJCE 3 décembre 1998, Ditlev Bluhme, aff. 67/97

Interdiction d’importation sur un territoire d’une diversité d’abeilles

Moment clef : CJCE 13 juillet 1994, Commission/Allemagne, aff. 131/93

La Cour admet la réglementation qui concerne l’interdiction d’importations d’écrevisses vivantes


pour protéger les écrevisses allemandes de la peste au motif de la santé publique.

 La protection des trésors nationaux.


Ce motif concerne des objets ayant une valeur historique, artistique ou archéologique. Il s’agit la de
la protection de ces objets. L’exportation en dehors de l’Union européenne de ces objets est encadré
par deux directives :

Moment clef : Règlement 3911/92 du Conseil du 9 décembre 1992 concernant l’exportation de biens
culturels.

Moment clef : Directive 93/7 du 15 mars 1993 (modifiée par la directive 2001/38 du 5 juin 2001
relative à la restitution de biens culturels ayant quitté illicitement le territoire d’un État membre

 La protection de la propriété industrielle et commerciale.

Cet autre motif est l’inverse car en la matière on a très peu de travaux d’harmonisation et on a alors
un contentieux assez important en matière de propriété industrielle et commerciale.

La jurisprudence retient une définition large de cette propriété industrielle et commerciale « cela
concerne l’ensemble des droits que déteint une personne du fait d’une invention (brevet) d’une
marque ou d’un modèle ».

Exemple : droit d’obtention végétale avec les nouvelles variétés, le droit d’appellation d’origine avec
le Label.

Principe : les droits de brevets sont une sorte de récompense en garantissant ce monopole.

Conséquences : La loi nationale protectrice même si qualifié de MEERQ peut être autorisée.

- En garantissant à son inventeur/auteur un droit exclusif sur son œuvre, le propriétaire a la


possibilité de s’opposer à la commercialisation d’un produit utilisant sa marque/son
modèle sur le territoire protégé.
- Par conséquence au titre d’un droit national de propriété industrielle et commerciale un
auteur/propriétaire peut s’opposer à la commercialisation d’une marchandises produite apr
un autre Etat membre ou son brevet ne s’applique pas.

Jurisprudence : distinction entre l’existence de ce droit et l’exercice du droit de propriété. La Cour


doit alors se livrer à un examen au fond de l’affaire : pour éviter la discrimination ou la restriction
déguisée.

Moment clef : CJCE 20 janvier 1981, Musik Vertrieb, Aff. 55/80

Moment clef : CJCE Deutsche Gramophon, 8 juin 1971, Aff. 78/70 :

La Cour retient que « les restrictions à la libre circulation des marchandises qui découlent de la loi ne
sont acceptables que dans la mesure où elles sont justifiées par la sauvegarde des droits qui
constituent l’objet spécifique de cette propriété ».

Néanmoins, la Cour a dû préciser pour chaque droit de propriété industrielle et commerciale ce qu’il
faut entendre par objet spécifique. Cela correspond en réalité à la fonction du droit, ce à quoi il sert.
Exemple :

- Les brevets, dont l’objet a été défini par la CJCE 31 octobre 1974, Centrafarm/Sterling Drug,
15/74. En l’espèce, il s’agit de l’achat des produits aux titulaires de celui-ci et ensuite
commercialisation de ces mêmes produits par un autre Etat membre.

L’objet spécifique des brevets : « récompenser l’effort du créateur, et garantir son droit exclusif
d’utiliser une invention en vue de la fabrication et de la première mise en circulation de produits
industriels ainsi que le droit de s’opposer à toute contrefaçon ».

Solution : Le monopole d’exploitation prend fin dès l’instant ou le premier acte de commercialisation
a été réalisé sur le marché intérieur, le titulaire ne peut donc plus agir, son droit est épuisé : théorie
de l’épuisement des droits.

b. Les conditions de l'invocabilité de la restriction

 L’existence d'une harmonisation


 Les conditions de l'alinéa 2

2. Les limitations issues de la jurisprudence

Moment clef : CJCE 20 février 1979, Rewe Zentral, aff. 120/78 :

« S’il résulte de ces disparités entre les législations nationales des obstacles à la liberté des échanges,
ceux-ci doivent être acceptés dans la mesure où ces prescriptions peuvent être reconnues comme
étant nécessaires pour satisfaire à des exigences impératives tenant notamment à l’efficacité des
contrôles fiscaux, à la protection de la santé publique, à la loyauté des transactions commerciales et à
la défense des consommateurs »

3. Les limitations ajoutées par l’article 114 TFUE

Moment clef : « l’adoption d’une législation nationale nouvelle est davantage susceptible de mettre en
péril l’harmonisation » : CJCE, 21 janvier 2003, Allemagne c. Commission, aff. C 512/99, points 40-41.

La Commission vérifie si « elles sont ou non un moyen de discrimination arbitraire ou une restriction
déguisée dans le commerce entre États membres et si elles constituent ou non une entrave au
fonctionnement du marché intérieur » (114§6).

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