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Séance 1

B1
Droit De l’Union européenne

Sources et portée du droit de l’Union européenne

L’Union européenne est dotée de la personnalité juridique et dispose, dès lors, d’un
ordre juridique propre, distinct de l’ordre international. Par ailleurs, le droit de l’Union
a un effet direct ou indirect sur la législation des États membres et fait partie
intégrante du système juridique de chaque État membre. L’Union européenne
constitue en soi une source de droit. L’ordre juridique se compose généralement du
droit primaire (les traités et les principes juridiques généraux), du droit secondaire
(fondé sur les traités) et du droit complémentaire.

I- Sources du droit de l’Union et leur hiérarchie

A. Droit primaire de l’Union : les traités

Les effets désastreux de la deuxième guerre mondiale et la menace constante d’une


confrontation Est-Ouest ont fait de la réconciliation franco-allemande une priorité
essentielle. Le partage de l’industrie du charbon et de l’acier par six pays européens,
mis en place par le traité de Paris de 1951, a constitué la première étape vers
l’intégration européenne. Les traités de Rome de 1957 ont renforcé les bases de
cette intégration ainsi que l’idée d’un avenir commun pour les six pays européens
concernés.

Bases juridiques

 Le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier


(CECA)[1]ou traité de Paris, signé le 18 avril 1951, est entré en vigueur le
23 juillet 1952. Pour la première fois, six États européens acceptent de
s’engager dans la voie de l’intégration. Ce traité a permis de jeter les bases de
l’architecture communautaire en créant un exécutif appelé «Haute autorité»,
une Assemblée parlementaire, un Conseil des ministres, une Cour de Justice
et un Comité consultatif. Conclu pour une durée limitée à 50 années en vertu
de son article 97, le traité CECA est arrivé à échéance le 23 juillet 2002. La
valeur nette du patrimoine de la CECA à sa dissolution a été affectée, en vertu
du protocole no 37 annexé aux traités (traité sur l’Union européenne et traité
sur le fonctionnement de l’Union européenne), à la recherche dans les
secteurs de l’industrie du charbon et de l’acier au moyen d’un fonds et d’un
programme de recherche du charbon et de l’acier.
 Les traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la
Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA, «Euratom»), ou
traités de Rome, signés le 25 mars 1957, sont entrés en vigueur le
1er janvier 1958. Contrairement au traité CECA, les traités de Rome ont été
conclus «pour une durée illimitée» (articles 240 CEE et 208 CEEA), ce qui leur
a conféré un caractère quasi-constitutionnel.
 Les six pays fondateurs étaient l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le
Luxembourg, les Pays-Bas.

Objectifs

 La création de la CECA n’était, dans les intentions avouées de ses


promoteurs, qu’une première étape sur la voie qui conduirait à une «fédération
européenne». Le marché commun du charbon et de l’acier devait permettre
d’expérimenter une formule susceptible d’être progressivement étendue à
d’autres domaines économiques, pour aboutir en fin de compte à l’Europe
politique.
 La Communauté économique européenne avait pour objectif l’établissement
d’un marché commun, fondé sur les quatre libertés de circulation des biens,
des personnes, des capitaux et des services.
 L’objectif d’Euratom était de coordonner l’approvisionnement en matières
fissiles et les programmes de recherche déjà lancés par les États ou qu’ils
s’apprêtaient à lancer en vue de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.
 Les préambules des trois traités révèlent l’unité d’inspiration dont procède la
création des Communautés, à savoir la conviction de la nécessité d’engager
les États européens dans la construction d’un destin commun qui, seul, leur
permettra de maîtriser l’avenir.

Principes fondamentaux

Les Communautés européennes (CECA, CEE et Euratom) sont nées de la lente


progression de l’idée européenne, inséparable des événements qui ont bouleversé le
continent. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les industries de base, en
particulier sidérurgiques, devaient être réorganisées. L’avenir de l’Europe, menacé
par l’affrontement Est-Ouest, passait par une réconciliation franco-allemande.

1. L’appel lancé le 9 mai 1950 par le ministre des affaires étrangères français, Robert
Schuman, peut être considéré comme le point de départ de l’Europe communautaire.
Le choix du charbon et de l’acier était à l’époque hautement symbolique. En effet, au
début des années 50, les charbonnages et la sidérurgie sont des industries
fondamentales et les bases de la puissance d’un pays. Outre l’intérêt économique
évident, la mise en commun des ressources françaises et allemandes
complémentaires devait marquer la fin de l’antagonisme entre ces deux pays. Le 9
mai 1950, Robert Schuman déclarait: «L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans
une construction d’ensemble. Elle se fera par des réalisations concrètes, créant
d’abord une solidarité de fait». C’est sur ce principe que la France, l’Italie,
l’Allemagne et les pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) ont signé le
traité de Paris, qui assure essentiellement:

 la liberté de circulation des produits et le libre accès aux sources de


production;
 la surveillance permanente du marché pour éviter des dysfonctionnements qui
peuvent rendre nécessaire l’instauration de quotas de production;
 le respect des règles de concurrence et de transparence des prix;
 le soutien à la modernisation du secteur et à la reconversion.

2. Au lendemain de la signature du traité, alors que la France s’oppose à la


reconstitution d’une force militaire allemande dans un cadre national, René Pleven
imagine un projet d’armée européenne. La Communauté européenne de défense
(CED) négociée en 1952 devait être accompagnée d’une Communauté politique
(CEP). Les deux projets furent abandonnés à la suite du refus par l’Assemblée
nationale française d’autoriser la ratification du traité le 30 août 1954.

3. Les efforts de relance de la construction européenne après l'échec de la CED se


concrétisent lors de la conférence de Messine (juin 1955) sur le double terrain de
l'union douanière et de l'énergie atomique. Ils aboutissent à la signature des deux
traités, CEE et CEEA.

a. Parmi les dispositions du traité CEE (le traité de Rome)[2] figuraient:

 l’élimination des droits de douane entre les États membres;


 l’établissement d’un tarif douanier extérieur commun;
 l’instauration d’une politique commune dans l’agriculture et les transports;
 la création d’un Fonds social européen;
 l’institution d’une Banque européenne d’investissement;
 le développement de relations plus étroites entre les États membres.

Pour réaliser ces objectifs, le traité CEE pose des principes directeurs et délimite le
cadre de l’action législative des institutions communautaires. Il s’agit des politiques
communes: politique agricole commune (articles 38 à 43), politique des transports
(articles 74 et 75), politique commerciale commune (articles 110 à 113).

Le marché commun doit permettre la libre circulation des marchandises, la mobilité


des facteurs de production (libre circulation des travailleurs, des entreprises, liberté
des prestations de services, libération des mouvements de capitaux).

b. Le traité Euratom[3] visait des objectifs très ambitieux et notamment la «formation


et la croissance rapide des industries nucléaires». Mais en fait, en raison du
caractère complexe et délicat du secteur nucléaire, qui touche aux intérêts vitaux des
États membres (défense et indépendance nationale), le traité a dû limiter ses
ambitions.

4. La convention relative à certaines institutions communes, signée et entrée en


vigueur en même temps que les traités de Rome, avait décidé que l’Assemblée
parlementaire et la Cour de justice seraient communes. Cette convention est arrivée
à expiration le 1er mai 1999. Il restait à fusionner les exécutifs, ce que feront le traité
instituant un Conseil unique et une Commission unique des Communautés
européennes du 8 avril 1965, dit «traité de fusion»[4], et la convention du 9 avril
1965, venue parachever l’unification des institutions.
À partir de là, on soulignera la prééminence de la CEE sur les communautés
sectorielles que sont la CECA et la CEEA. C’est la victoire de la généralité du régime
de la CEE sur la coexistence d’organisations à compétence sectorielle, et la mise en
place de ses institutions.

[1]Traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA),


disponible à l’adresse suivante: https://eur-lex.europa.eu/legal-
content/FR/TXT/?uri=legissum:xy0022

[2]Traité établissant la Communauté économique européenne, disponible à l’adresse


suivante: https://eur-lex.europa.eu/eli/treaty/teec/sign?locale=fr

[3]Version consolidée du traité instituant la Communauté européenne de l'énergie


atomique, disponible à l’adresse suivante: https://eur-lex.europa.eu/legal-
content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A12016A%2FTXT

[4]https://eur-lex.europa.eu/legal-
content/FR/TXT/?qid=1558094778118&uri=CELEX:11965F

Les traités et les principes généraux occupent le sommet de la hiérarchie des


normes (droit primaire). Depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne le
1er décembre 2009, la même valeur est reconnue à la charte des droits
fondamentaux. Les accords internationaux conclus par l’Union y sont subordonnés.
À un rang inférieur, on trouve le droit dérivé: celui-ci n’est valide que s’il respecte les
normes de rang supérieur.

B. Droit dérivé ou secondaire de l’Union : Règlements et Directives

Généralités

Les actes juridiques de l’Union sont énumérés à l’article 288 du traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne (ci-après «traité FUE»). Ces actes sont les
suivants: le règlement, la directive, la décision, la recommandation et l’avis. Les
institutions de l’Union ne peuvent arrêter de tels actes juridiques que si une
disposition des traités leur en confère la compétence. Le principe d’attribution,
régissant la délimitation des compétences de l’Union, est explicitement consacré à
l’article 5, paragraphe 1, du traité UE. Le traité FUE précise la portée des
compétences de l’Union, en les classant en trois catégories, à savoir les
compétences exclusives (article 3), les compétences partagées (article 4) et les
compétences d’appui (article 6), dans le cadre desquelles l’Union adopte des
mesures destinées à soutenir ou à compléter les politiques des États membres. Les
listes des domaines relevant des trois types de compétences sont clairement établies
par les articles 3, 4 et 6 du traité FUE. Si elles ne disposent pas des pouvoirs d’action
nécessaires pour atteindre un des objectifs établis par les traités, les institutions
peuvent appliquer les dispositions de l’article 352 du traité FUE et adopter ainsi «les
dispositions appropriées».
Les institutions n’adoptent que les instruments juridiques énumérés à l’article 288 du
traité FUE. La seule exception qui demeure concerne les politiques étrangères, de
sécurité et de défense communes qui continuent d’être soumises à des procédures
intergouvernementales. Dans ce domaine, les stratégies communes, les actions
communes et les positions communes sont remplacées par les «orientations
générales» et par les «décisions qui définissent» les actions et les positions à
prendre par l’Union ainsi que les modalités de leur mise en œuvre (article 25 du traité
sur l’Union européenne).

Il existe aussi une série de modes d’action, tels que les recommandations, les
communications ainsi que les actes relatifs à l’organisation et au fonctionnement des
institutions (y compris les accords interinstitutionnels), dont la dénomination, la
structure et les effets juridiques découlent des diverses dispositions des traités ou
des règles arrêtées en application de ceux-ci.

II- Hiérarchie des normes du droit dérivé de l’Union

Une hiérarchie des normes du droit dérivé est établie par les articles 289, 290 et 291
du traité FUE entre les actes législatifs, les actes délégués et les actes d’exécution.

Sont définis comme étant des actes législatifs les actes juridiques adoptés
conformément à une procédure législative, ordinaire ou spéciale. En revanche, les
actes délégués sont des actes non législatifs de portée générale qui complètent ou
modifient certains éléments non essentiels de l’acte législatif. Le pouvoir d’adopter
ces actes peut être délégué à la Commission par le législateur (Parlement et
Conseil). L’acte législatif délimite les objectifs, le contenu, la portée et la durée de la
délégation de pouvoir, ainsi que, le cas échéant, des procédures d’urgence. Par
ailleurs, le législateur fixe les conditions auxquelles la délégation est soumise, qui
peuvent être le droit de révocation de la délégation, d’une part, et le droit d’exprimer
des objections, d’autre part.

Les actes d’exécution sont généralement adoptés par la Commission, à laquelle la


compétence d’exécution est conférée par les actes juridiquement contraignants
nécessitant des conditions uniformes d’exécution. Dans des cas spécifiques dûment
justifiés et dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité commune
uniquement, les actes d’exécution sont arrêtés par le Conseil. Lorsqu’un acte de
base est adopté selon la procédure législative ordinaire, le Parlement européen ou le
Conseil peut à tout moment indiquer à la Commission que, selon lui, un projet d’acte
d’exécution excède les compétences d’exécution prévues dans l’acte de base. Dans
ce cas, la Commission doit revoir le projet d’acte en question.

Les différents instruments juridiques relevant du droit secondaire de l’Union sont :

a. Le règlement

De portée générale, obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable, le


règlement doit être intégralement respecté par ceux auxquels il s’applique
(particuliers, États membres, institutions de l’Union européenne). Il s’applique
directement dans tous les États membres dès son entrée en vigueur (à la date qu’il
fixe ou, à défaut, le vingtième jour suivant sa publication dans le Journal Officiel de
l’Union européenne) sans devoir faire l’objet d’un acte de transposition au plan
national.

Le règlement vise à assurer l’application uniforme du droit de l’Union dans tous les
États membres. Il a aussi pour conséquence de rendre inapplicables les normes
nationales incompatibles avec les clauses matérielles qu’il contient.

b. La directive

La directive lie les États membres destinataires (un, plusieurs ou l’ensemble de ceux-
ci) quant au résultat à atteindre, mais leur laisse le choix de la forme et des moyens.
Le législateur national doit adopter un acte de transposition (aussi appelé «mesure
nationale d’exécution») en droit interne qui adapte la législation nationale au regard
des objectifs définis dans la directive. Fondamentalement, le citoyen ne se voit
conférer des droits et imposer des obligations qu’une fois adopté l’acte de
transposition. Les États membres disposent, pour la transposition, d’une marge de
manœuvre leur permettant de tenir compte des spécificités nationales. La
transposition doit s’effectuer dans le délai fixé par la directive. En transposant les
directives, les États membres sont tenus d’assurer l’effet utile du droit de l’Union,
selon le principe de coopération loyale consacré à l’article 4, paragraphe 3, du traité
sur l’Union européenne.

Les directives ne sont, en principe, pas directement applicables, mais la Cour de


justice de l’Union européenne a néanmoins jugé que certaines dispositions
pouvaient, exceptionnellement, produire des effets directs dans un État membre sans
que ce dernier n’ait arrêté préalablement un acte de transposition lorsque: a) la
transposition dans le droit interne n’a pas eu lieu ou a été effectuée incorrectement,
b) les dispositions de la directive sont inconditionnelles et suffisamment claires et
précises, et c) les dispositions de la directive confèrent des droits aux particuliers.

Lorsque ces conditions sont réunies, le particulier peut se prévaloir de la disposition


en cause devant l’autorité publique. Même si la disposition n’accorde aucun droit au
particulier et qu’ainsi seules les première et deuxième conditions sont réunies, les
autorités de l’État membre ont l’obligation de tenir compte de la directive non
transposée. La jurisprudence susmentionnée s’appuie principalement sur les
arguments de l’effet utile, de la répression des comportements contraires au traité et
de la protection juridique. En revanche, un particulier ne peut directement invoquer,
contre un autre particulier, l’effet direct d’une directive non transposée (effet dit
«horizontal»; affaire Faccini Dori, C-91/92, Rec., p. I-3325 et suivantes, point 25).

Selon la jurisprudence de la Cour (affaire Francovich, affaires jointes C-6/90 et C-


9/90), un particulier est fondé à demander réparation d’un préjudice subi à un État
membre qui ne respecte pas le droit de l’Union. Quand il s’agit d’une directive non-
transposée ou insuffisamment transposée, un tel recours est possible lorsque: a) la
directive a pour but de conférer des droits aux particuliers, b) le contenu des droits
peut être identifié sur la base de ses dispositions, et c) il existe un lien de causalité
entre le manquement à l’obligation de transposer et le préjudice subi par les
personnes lésées. La responsabilité de l’État membre peut être engagée sans
qu’une faute ne doive être démontrée dans son chef.
c. Les décisions, recommandations et avis

La décision est obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne des
destinataires (États membres, personnes physiques ou personnes morales), elle
n’est obligatoire que pour ceux-ci. Elle sert à régler des situations concrètes propres
à des destinataires particuliers. Un particulier ne peut faire valoir des droits accordés
par une décision adressée à un État membre que si ce dernier a adopté un acte de
transposition. Les décisions peuvent être directement applicables dans les mêmes
conditions qu’une directive.

Les recommandations et les avis ne créent aucun droit ni aucune obligation à leurs
destinataires, mais ils peuvent fournir des indications sur l’interprétation et le contenu
du droit de l’Union.

Le Parlement européen, le Conseil et la Commission participent à l’adoption des


actes législatifs de l’Union à des degrés divers en fonction de la base juridique
applicable. Le Parlement peut inviter la Commission à présenter des propositions
législatives à lui-même ainsi qu’au Conseil.

Rôle du Parlement européen

Aux termes de l’article 14, paragraphe 1, du traité sur l’Union européenne, «le
Parlement européen exerce, conjointement avec le Conseil, les fonctions législative
[selon la procédure législative ordinaire] et budgétaire [selon la procédure législative
spéciale au titre de l’article 314 du traité FUE]». Par ailleurs, le Parlement européen
agit pour la simplification de la procédure législative, l’amélioration de la qualité
rédactionnelle des textes normatifs et l’application de sanctions plus efficaces à
l’encontre des États membres qui ne respectent pas le droit de l’Union. Le
programme annuel et le programme législatif de la Commission présentent les
grandes priorités politiques de la Commission et recense les mesures concrètes,
législatives ou non législatives, visant à mettre en œuvre ces priorités. Le Parlement
participe réellement à la réalisation de nouveaux textes législatifs, car il examine le
programme de travail annuel de la Commission et indique quels actes seraient
opportuns.

Ayant acquis la personnalité juridique, l’Union est maintenant en mesure de conclure


des accords internationaux (article 218 du traité FUE). L’approbation du Parlement
européen est requise pour tout accord conclu en matière de politique commerciale
commune ainsi que dans tout domaine où les politiques relèvent de la procédure
législative ordinaire au sein de l’Union [article 218, paragraphe 6, point a), du
traité FUE]. Le Parlement a déjà montré qu’il n’hésitera pas à user de son droit de
veto en cas de graves inquiétudes. Il a ainsi rejeté l’accord commercial anti-
contrefaçon (ACAC) en 2012.
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Droit De l’Union européenne

Le Conseil de l’Union Européenne

Qu’est-ce que le Conseil de l’UE ou Conseil des ministres ?

Le Conseil de l’Union européenne est le législateur de l’Union avec le Parlement


européen et délègue l’exécution des actes à la Commission. En règle générale, il
adopte ses décisions à la majorité de ses membres. Il se compose, dans ses
différentes formations, d’un représentant ministériel par Etat membre.

Le Conseil (Conseil des ministres) ou – depuis le traité de Maastricht – Conseil de


l’Union européenne, partage le pouvoir législatif et budgétaire avec le Parlement
européen et conclut les accords internationaux au nom de l’UE. C’est au sein de
cette institution que les ministres nationaux de tous les pays de l’UE se réunissent
pour négocier et adopter les lois (avec le Parlement) et coordonner les politiques.

Le Conseil ne compte aucun membre fixe : il réunit les ministres de chaque État
membre en fonction du sujet traité. Ceux-ci siègent dans l’une des dix formations
compétentes par domaine d’activité (Agriculture et pêche, Affaires économiques et
financières, Justice et affaires intérieures…).

Le Conseil des Affaires générales assure la cohérence des travaux des différentes
formations du Conseil.

Le Conseil se réunit à Bruxelles ou à Luxembourg, sur convocation de son


président, lancée à l’initiative de celui-ci, d’un des membres du Conseil, de la
Commission ou du Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la
politique de sécurité. La fréquence des sessions est variable selon les formations.
Certaines sessions sont ouvertes à la presse et au public pour satisfaire l’exigence
de transparence. Chaque session du Conseil se compose de deux parties : les
délibérations sur les actes législatifs de l’Union et les activités non législatives. Le
Conseil siège en public lorsqu’il délibère et vote sur un projet d’acte législatif.

Les décisions sont prises en son sein selon trois modes de scrutins : unanimité,
majorité simple, majorité qualifiée, ce dernier étant le mode de vote habituel dans le
cadre de la procédure législative ordinaire.

Le Conseil est assisté dans son fonctionnement par un Secrétariat général.


Le COREPER, comité des représentants permanents des États auprès de l’Union
européenne, prépare tous les dossiers qui figurent à l’ordre du jour des différentes
formations du Conseil et s’efforce de trouver des accords sur les différents points de
divergence.

À noter : Le Conseil (ou Conseil des ministres ou Conseil de l’Union européenne) ne


doit pas être confondu avec :

 le Conseil européen qui réunit des chefs d’État et/ou de gouvernement des
pays membres de l’UE ;
 le Conseil de l’Europe qui est une organisation tout à fait distincte de l’Union
européenne.

Comment est assurée la présidence du Conseil ?

Les réunions du Conseil (Conseil des ministres ou Conseil de l’Union européenne)


sont présidées par le ministre compétent du pays assurant la présidence
semestrielle de l’UE. Par exemple, toute réunion du "Conseil Agriculture et pêche"
ayant lieu de janvier à juin 2019, période au cours de laquelle la Roumanie assure la
présidence du Conseil de l’Union européenne, sera présidée par le ministre roumain
de l’Agriculture. La Finlande lui succédera au cours du second semestre 2019.

Seul le "Conseil Affaires étrangères" est doté, depuis la mise en œuvre du traité de
Lisbonne, d’un président permanent : le Haut représentant de l’Union pour les
affaires étrangères et la politique de sécurité.

Afin de rationaliser les activités du Conseil, la présidence est en fait assurée par des
groupes prédéterminés de trois États membres (les trios). Ainsi, durant 18 mois, les
trois États qui vont successivement exercer la présidence élaborent un programme
commun qui assure une continuité dans l’action.

Que fait le Conseil?

 Il négocie et adopte la législation de l'UE avec le Parlement européen, sur


la base des propositions présentées par la Commission européenne.
 Il coordonne les politiques des pays de l'UE.
 Il développe la politique étrangère et de sécurité de l'UE, en s'appuyant sur
les lignes directrices du Conseil européen.
 Il conclut des accords entre l'UE et d'autres pays ou organisations
internationales.
 Il adopte le budget annuel de l'UE avec le Parlement européen.

 Rôle: voix des États membres de l’UE, adopte la législation et coordonne les
politiques de l’UE
 Membres: ministres nationaux de chaque pays de l’UE, en fonction des
domaines politiques traités
 Président: chaque pays de l’UE exerce la présidence tournante pour une
durée de 6 mois
 Création: 1958 (en tant que «Conseil des Communautés européennes»)
 Siège: Bruxelles (Belgique)

Les ministres nationaux de chaque pays de l’UE se rencontrent au sein du


Conseil afin d'examiner, de modifier et d'adopter des lois et de coordonner les
politiques. Ils sont habilités à engager l'action de leur gouvernement sur les points
convenus lors des réunions.

Comment fonctionne le Conseil?

 Tous les débats et votes sont publics.


 Les décisions sont généralement prises à la majorité qualifiée:
o 55 % des pays (soit 16 sur 27)
o représentant au moins 65 % de la population totale de l’UE.

Il faut au moins 4 pays (représentant au moins 35 % de la population totale de l'UE)


pour bloquer une décision.

 Exception: les sujets sensibles tels que la politique étrangère et la fiscalité


nécessitent un vote à l'unanimité(vote favorable de tous les pays).
 La majorité simpleest requise pour les questions procédurales et
administratives.

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Droit De l’Union européenne

La Commission européenne

Institution indépendante et collégiale, composée de vingt-sept commissaires et de


fonctionnaires, la Commission européenne a pour mission de représenter et de
défendre l’intérêt de l’Union européenne. Investie de compétences exécutives qu’elle
partage avec le Conseil de l’Union européenne, elle détient le pouvoir de proposer la
législation, de mettre en œuvre les politiques et le budget européen, et de contrôler
l’application des Traités.

Les vingt-sept commissaires, un par Etat membre, assument la responsabilité


politique de la Commission au cours d’un mandat de cinq ans. Le Président charge
chaque commissaire d’un ou de plusieurs domaines politiques spécifiques.

La Commission européenne est un organe essentiel du processus décisionnel de


l’UE. Organe indépendant des États, elle est dotée de pouvoirs importants et
représente l’intérêt général de l’Union. À ce titre, elle dispose du monopole de
l’initiative législative dans le cadre de la procédure législative ordinaire (ex-
codécision) et présente donc des propositions législatives pour adoption par le
Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne.

Elle met en œuvre les décisions du Parlement et du Conseil et veille à la bonne


application des politiques. Elle exécute le budget de l’UE.

La Commission est composée de 27 commissaires (un par État membre), dont le


président de la Commission, les sept vice-présidents et le Haut représentant pour les
affaires étrangères et la politique de sécurité. Chaque commissaire est en charge
d’un portefeuille particulier (par exemple, politique régionale, commerce, action en
faveur du climat…).

La Commission en tant que collège est responsable devant le Parlement


européen qui peut adopter une motion de censure contraignant les commissaires à
abandonner collectivement leurs fonctions.

La durée du mandat de la Commission est de cinq ans, pour la faire coïncider avec
la durée de la législature du Parlement européen.

La Commission se réunit au moins une fois par semaine à Bruxelles, en général


le mercredi, et lors de la session mensuelle du Parlement européen à Strasbourg.

Le personnel (juristes, économistes…) qui assure la gestion courante des affaires de


la Commission est organisé en directions générales (DG), chacune d’entre elles
étant responsable d’un domaine d’action spécifique.
La Commission est assistée d’un secrétariat général qui prépare les travaux, assure
la coordination entre ses directions générales, le Conseil et les autres institutions.

Quel est le rôle de la Commission européenne ?

La Commission européenne agit dans l’intérêt général de l’Union. Elle assure la


représentation extérieure de l’Union à l’exception de la PESC (Politique étrangère
et de sécurité commune) et des autres cas prévus par les traités (art. 17 TUE). Elle
assure également les relations avec les organisations internationales et met en place
les délégations auprès des pays tiers.

Ses compétences sont de trois ordres :

 pouvoir d’initiative législative : la plupart des actes législatifs du Conseil de


l’Union (Conseil des ministres) exigent au préalable une proposition émanant
de la Commission. Le Conseil ne peut amender une proposition qu’en statuant
à l’unanimité et la Commission peut modifier sa proposition tant que le Conseil
n’a pas statué. Toute proposition de la Commission doit se justifier au regard
du principe de subsidiarité. Concernant la PESC, la Commission peut
soutenir le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité lorsqu'il soumet une initiative au Conseil (art. 30 TUE).
 gardienne des traités : la Commission veille au respect et à l’application du
droit européen et du droit dérivé (règlements, directives, décisions). Elle
s’informe, prévient et sanctionne les États membres en cas de non-respect
des traités européens. Elle peut saisir la Cour de justice de l’Union
européenne si l’État ne suit pas l’avis qu’elle lui a préalablement envoyé.
 pouvoir d’exécution : la Commission est, par délégation du Conseil de
l’Union européenne, l’organe d’exécution des politiques et des actes adoptés
par le Conseil. Elle exécute le budget, gère les politiques communes et les
Fonds européens. Le Conseil contrôle son activité au moyen de différents
comités, plus de 200 (procédure de comitologie).

 Rôle: promouvoir l'intérêt général de l'Union européenne (UE) en proposant


des textes législatifs et en veillant à leur application, ainsi qu'en mettant en
œuvre les politiques et le budget de l'UE.
 Membres: une équipe de commissaires (un par État membre), qui forment
ensemble le «collège».
 Présidente actuelle: Ursula von der Leyen (Allemagne),
depuis le 1er décembre 2019-2024) Elle est la toute première femme à
occuper ce poste. Elle succède à Jean-Claude Juncker (2014-2019)
(Luxembourg) qui a succédé à José Manuel Barroso (2009-2014), Portugal....
 Création: 1958
 Siège: Bruxelles (Belgique)
Que fait la Commission?

La Commission européenne est la branche exécutive de l'Union européenne.


Politiquement indépendante, elle est chargée d'élaborer des propositions
législatives et met en œuvre les décisions du Parlement européen et du
Conseil de l'Union européenne.

Elle propose de nouveaux textes de loi.

La Commission est la seule institution européenne qui présente des textes législatifs
pour adoption par le Parlement et le Conseil. Ces textes poursuivent différents
objectifs:

 protéger les intérêts de l'UE et des citoyens européens dans des domaines
qui ne peuvent être traités efficacement à l'échelon national;
 établir des dispositions techniques sur la base de consultations d'experts et de
citoyens.

Elle gère les politiques de l'UE et alloue les financements européens.

 La Commission fixe les priorités budgétaires de l'UE, en collaboration avec le


Conseil et le Parlement.
 Elle établit les budgets annuels, qui doivent être approuvés par le Parlement
et le Conseil.
 Elle contrôle la façon dont les fonds sont utilisés, sous la surveillance de la
Cour des comptes.

Elle veille au respect du droit européen.

 Avec la Cour de justice, la Commission veille à l'application correcte de la


législation européenne dans tous les États membres de l'UE.

Elle représente l'UE dans le monde.

 La Commission s'exprime au nom de tous les pays de l'UE au sein


d'organisations internationales, notamment dans les domaines du commerce
extérieur et de l'aide humanitaire.
 Elle négocie des accords internationaux engageant l'UE.

Composition

La direction politique est assurée par une équipe de 27 commissaires européens


(un par pays), dirigée par le président de la Commission, qui décide de l'attribution
des responsabilités.

Le collège des commissaires est composé de la présidente de la Commission, de


huit vice-présidents, dont trois vice-présidents exécutifs, du haut représentant de
l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, ainsi que de 18
commissaires, chargés chacun d’un portefeuille.

La gestion courante des affaires de la Commission est assurée par les membres de
son personnel (juristes, économistes, etc.), qui est organisé en services appelés
«directions générales» (DG). Chaque DG est responsable d'un domaine d'action
spécifique.

Nomination du président

Le candidat est proposé par les chefs d'État et de gouvernement réunis au sein du
Conseil européen, en tenant compte des résultats des élections du Parlement
européen. Pour être élu, le candidat doit être approuvé par la majorité des députés
européens.

Formation de l'équipe

Le futur président sélectionne les vice-présidents et commissaires potentiels sur la


base des propositions des États membres. Cette liste doit être approuvée par les
chefs d'État et de gouvernement réunis au sein du Conseil européen.

Les candidats proposés par le président présentent leur programme au Parlement


européen et répondent aux questions des députés. Le Parlement vote ensuite pour
décider d'accepter ou non l'équipe proposée. Enfin, les candidats sont nommés par
le Conseil européen, à la majorité qualifiée.

Le mandat de la Commission actuelle s’achèvera le 31 octobre 2024.

Comment fonctionne la Commission?

Planification stratégique

Le président définit l'orientation politique de la Commission, ce qui permet aux


commissaires d'établir ensemble des objectifs stratégiques et d'élaborer le
programme de travail annuel.

Prise de décision collective

Les décisions sont prises en collège. Tous les commissaires pèsent du même poids
dans le processus décisionnel et sont tous autant responsables des décisions
adoptées. Ils ne disposent d’aucun pouvoir de décision individuelle, sauf en cas
d’autorisation accordée dans certaines situations.

Les vice-présidents agissent au nom du président et coordonnent les travaux dans


leurs domaines de compétence, avec plusieurs commissaires. Une liste de projets
prioritaires est établie pour veiller à ce que le collège travaille de façon flexible et
coordonnée.

Les commissaires aident les vice-présidents à présenter des propositions au collège.


En règle générale, les décisions sont prises par consensus, mais elles peuvent
également donner lieu à un vote à la majorité simple, chaque commissaire disposant
d'une voix.

La direction générale concernée (gérée par un directeur général qui rend compte
au commissaire compétent) prend alors le relais. Sa tâche consiste, le plus souvent,
à préparer des projets de propositions législatives.

Ces propositions sont ensuite présentées aux commissaires, qui les adoptent ou non
lors de leurs réunions hebdomadaires. Une fois adoptées, ces propositions
deviennent officielles; elles sont transmises au Conseil et au Parlement pour l'étape
suivante de la procédure législative des institutions européennes.

La Commission européenne et vous

Faites-vous entendre

Si vous souhaitez faire part de votre point de vue sur les politiques de l'UE,
proposer des modifications ou suggérer de nouveaux textes de loi, plusieurs choix
s'offrent à vous:

 répondre à une consultation publique organisée par la Commission sur un


sujet qui vous tient à cœur;
 organiser une initiative citoyenne européenne;
 déposer plainte si vous estimez que le droit européen n'est pas appliqué
correctement dans votre situation.
Séance 2
B1
Droit De l’Union européenne

Cour de justice de l'Union européenne (CJUE)

Qu’est-ce que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ?

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) est l’institution juridictionnelle


de l’UE dont la mission consiste à “assurer le respect du droit dans l’interprétation et
l’application des traités”.

Dans le cadre de cette mission, la CJUE :

 contrôle la légalité des actes des institutions de l’Union européenne ;

 veille au respect, par les États membres, des obligations qui découlent des
traités ;

 interprète le droit de l’Union à la demande des juges nationaux.

Elle constitue ainsi l’autorité judiciaire de l’UE et veille, en collaboration avec les
juridictions des États membres, à l’application et à l’interprétation uniforme du droit
de l’Union.

Siégeant à Luxembourg, elle comprend deux juridictions : la Cour de justice et le


Tribunal.

 La Cour de justice traite les demandes de décision préjudicielle


(interprétation de la législation de l’UE) adressées par les juridictions
nationales, ainsi que certains recours en annulation et pourvois.
Elle se compose d’un juge par État membre, soit 27 juges, et de 11 avocats
généraux, nommés d’un commun accord par les États membres pour six ans
renouvelables. Les juges désignent parmi eux leur président pour trois ans
renouvelables. Le greffier de la Cour, secrétaire général de l’institution, dirige
les services sous l’autorité du président de la Cour. Il est secondé par deux
greffiers adjoints.
La Cour peut siéger en assemblée plénière, en grande chambre (treize juges)
ou en chambre à cinq ou à trois juges.
 Le Tribunal statue sur les recours en annulation introduits par des particuliers,
des entreprises et, dans certains cas, les États membres. Il est composé de
47 juges nommés par les États membres pour un mandat de six ans
renouvelable une fois (en 2019, il y aura deux juges par État membre).

Des tribunaux spécialisés peuvent être créés par le Parlement et le Conseil. Adjoints
au Tribunal, ils sont chargés en première instance de certains recours dans des
domaines spécifiques.
Les décisions de la CJUE sont obligatoires et exécutoires sur le territoire des
États membres. La CJUE est compétente pour les recours initiés par les États ou
les institutions européennes. Le Tribunal est chargé en première instance de tous les
recours intentés par des personnes physiques ou morales ainsi que des recours
formés contre des décisions des tribunaux spécialisés. Ses décisions peuvent faire
l’objet d’un pourvoi en cassation auprès de la CJUE, mais limité aux questions de
droit.

À noter : la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ne doit pas être


confondue avec la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui dépend du
Conseil de l’Europe et qui siège à Strasbourg, ni avec la Cour internationale de
justice (CIJ) de La Haye qui est un organe de l’Organisation des Nations unies
(ONU).

Rôle

 veiller à ce que la législation de l'UE soit interprétée et appliquée de la même


manière dans tous les pays de l'UE; garantir que les pays et les institutions de
l'UE respectent la législation européenne.

 Membres:
o Cour de justice: un juge par État membre et 11 avocats généraux
o Tribunal: 47 juges. En 2019, leur nombre sera porté à 56 (2 juges par
État membre).
 Création: 1952
 Siège: Luxembourg
 Site web: Cour de justice de l'Union européenne (CJUE)

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) interprète la législation


européenne afin d’en garantir l'application uniforme dans tous les pays de l'UE et
statue sur les différends juridiques opposant les gouvernements des États
membres et les institutions de l'UE.

Elle peut également, dans certaines circonstances, être saisie par des particuliers,
des entreprises ou des organisations souhaitant intenter une action contre une
institution de l'UE lorsqu’ils estiment qu'elle a porté atteinte à votre leurs droits.

Que fait la Cour de justice?

La CJUE rend des arrêts dans les affaires qui lui sont soumises. Son activité consiste
notamment à:

 interpréter la législation de l’UE (décisions préjudicielles): les juridictions


nationales doivent veiller à la bonne application de la législation de l’UE, mais
il arrive qu’elles l'interprètent différemment. Si une juridiction a un doute à
propos de l'interprétation ou de la validité d'un acte législatif européen, elle
peut demander des éclaircissements à la Cour. Cette procédure peut
également servir à déterminer si une loi ou une pratique nationale est
compatible avec la législation de l'UE;
 veiller à la bonne application de la législation de l’UE (recours en
manquement): cette procédure est appliquée lorsqu'un État membre ne
respecte pas la législation de l'UE. Elle peut être engagée par la Commission
européenne ou un autre État membre. Si le manquement est constaté, le pays
en cause doit immédiatement y mettre fin, faute de quoi il risque de faire
l'objet d'un second recours et de payer une amende;
 annuler des actes législatifs européens (recours en annulation): s'ils
estiment qu'un acte législatif européen enfreint les traités de l'UE ou viole des
droits fondamentaux, le Conseil de l'UE, la Commission européenne ou, dans
certains cas, le Parlement européen peuvent demander à la Cour de l'annuler.
Un particulier peut également demander à la Cour d'annuler un acte qui le
concerne directement;
 garantir une action de l'UE (recours en carence): le Parlement, le Conseil et
la Commission doivent prendre certaines décisions dans certaines
circonstances. S'ils ne le font pas, les États membres, les autres institutions
européennes ou (dans certains cas) des particuliers ou des entreprises
peuvent saisir la Cour;
 sanctionner les institutions de l'UE (actions en dommages et intérêts):
toute personne ou entreprise dont les intérêts ont été lésés à la suite de
l'action ou de l'inaction de l'UE ou de son personnel peut saisir la Cour.

Composition

La CJUE comprend deux juridictions:

 la Cour de justice, qui traite les demandes de décision préjudicielle adressées


par les juridictions nationales, ainsi que certains recours en annulation et
pourvois;
 le Tribunal, qui statue sur les recours en annulation introduits par des
particuliers, des entreprises et, dans certains cas, les États membres. Les
affaires traitées concernent principalement le droit de la concurrence, les
aides d'État, le commerce, l'agriculture et les marques commerciales.

Les juges et les avocats généraux sont désignés d'un commun accord par les
États membres, pour un mandat renouvelable de six ans. Dans chaque juridiction,
les juges désignent parmi eux un président pour un mandat renouvelable de
trois ans.

Comment fonctionne la CJUE?

À la Cour de justice, chaque affaire est assignée à un juge («juge rapporteur») et à


un avocat général. La procédure se déroule en deux étapes:

 Étape écrite
o Les parties présentent des déclarations écrites à la Cour. Les autorités
nationales, les institutions de l'UE et, dans certains cas, des
particuliers, peuvent également envoyer des observations.
o Toutes ces informations sont résumées par le juge rapporteur, puis
examinées lors de la réunion générale des juges et des avocats
généraux, qui décide:
o
 du nombre de juges assignés à l’affaire: 3, 5 ou 15 (soit
l'ensemble de la Cour), selon l'importance et la complexité de
l'affaire. La plupart des affaires sont entendues par cinq juges. Il
est très rare que la Cour statue en plénière sur une affaire;
 si une audience (étape orale) doit être tenue et si l'avocat
général doit rendre des conclusions.
 Étape orale: audience publique
o Les avocats des deux parties exposent leurs arguments aux juges et à
l'avocat général, qui peuvent les interroger.
o Si la Cour a estimé que l'avocat général devait rendre des conclusions,
celles-ci sont transmises quelques semaines après l'audience.
o À l'issue de cette procédure, les juges délibèrent et rendent leur
décision.
 La procédure d'audience au Tribunal est similaire, si ce n'est que la plupart
des affaires sont traitées par trois juges et que les avocats généraux ne
remettent pas de conclusions.

La CJUE et vous

Si, en tant que particulier ou entreprise, vous avez subi un dommage à la suite de
l'action ou de l'inaction d'une institution de l'UE ou de son personnel, vous
pouvez saisir la Cour de justice:

 de manière indirecte, en faisant appel aux juridictions nationales (qui


peuvent décider de renvoyer l'affaire devant la Cour de justice);
 de manière directe, en saisissant le Tribunal, si une décision prise par une
institution de l'UE vous concerne de manière directe et individuelle.

Si vous estimez que les autorités d'un pays ont enfreint la législation de l'UE, vous
devez suivre la procédure de recours officielle.
Séance 5
B1
Droit De l’Union européenne

Le Parlement européen

Mandat actuel : 2019-2024

Le rôle du Parlement européen : apports du traité de Lisbonne

Le Parlement européen est l’institution représentant les peuples des États


membres de l’UE. Son rôle s’est progressivement renforcé à travers les différents
traités, mais aussi avec l’élection au suffrage universel direct de ses députés à partir
de 1979.

Ses compétences, au départ principalement consultatives, couvrent aujourd'hui trois


champs :

 compétences législatives : le Parlement participe à l’adoption des actes


juridiques aux côtés du Conseil des ministres. Si le pouvoir d’initiative
concernant les propositions d’actes reste réservé à la Commission dans la
procédure législative ordinaire, le Parlement peut lui demander de soumettre
les propositions de textes qui lui semblent nécessaires. Le traité de Lisbonne
a aussi accru ses compétences en étendant le domaine d’application de la
procédure législative ordinaire, qui rend son accord nécessaire à toute
adoption d’acte législatif ;
 compétences budgétaires : le Parlement établit, avec le Conseil, le budget
annuel de l’Union. Le traité de Lisbonne a étendu ses prérogatives en
matière de dépenses en supprimant la distinction entre dépenses
obligatoires – déterminées par les traités ou par des actes arrêtés en vertu de
ceux-ci, sur lesquelles le Conseil avait le dernier mot –, et dépenses non
obligatoires – fonds structurels, par exemple –, sur lesquelles le Parlement
avait le dernier mot.
 compétences de contrôle de l’exécutif de l’UE : le Parlement dispose de
moyens de contrôle. Il peut censurer la Commission qui doit alors
démissionner. Le président de la Commission est élu par le Parlement et le
choix des autres membres de la Commission est soumis à son approbation. Il
peut aussi poser des questions écrites ou orales au Conseil et à la
Commission, recevoir des pétitions émanant des citoyens européens,
constituer des commissions temporaires d’enquête. Il dispose d’un droit
d’accès à la CJUE afin de sauvegarder ses prérogatives, notamment face au
Conseil et à la Commission.
Comment les députés européens sont-ils élus ?

Depuis 1979, les députés européens sont élus tous les cinq ans au suffrage
universel direct.

Le traité de Lisbonne prévoit le passage à une procédure uniforme ou la mise en


place de principes communs aux États membres pour cette élection (art. 223 TFUE).
Mais à ce jour, ce sont encore les législations nationales de chaque État membre qui
déterminent les modes de scrutin, les circonscriptions, les conditions d’éligibilité et le
règlement du contentieux électoral.

Les modes de scrutin varient donc selon les pays. Les élections se déroulent :

 au niveau d’une seule circonscription nationale dans la plupart des pays ;


 dans le cadre de circonscriptions régionales en Belgique, Irlande, Italie,
Pologne, Royaume-Uni ;
 dans le cadre d’un système mixte, en Allemagne, où les candidats peuvent se
présenter à l’échelon d’une ou plusieurs régions (Länder), ou à l’échelon
national.

Toutefois, des règles communes s’appliquent partout : scrutin universel direct, libre
et secret, droit de vote à 18 ans, sauf en Autriche (16 ans), égalité entre femmes et
hommes. En Belgique, en Grèce et au Luxembourg, le vote est obligatoire.

Par ailleurs, le mandat de député européen est incompatible avec toute autre
fonction dans les institutions européennes. Un député européen ne peut pas non
plus être membre de son gouvernement national ou membre de son parlement
national.

En France, la loi du 25 juin 2018 rétablit une circonscription électorale unique en


lieu et place du découpage en 8 circonscriptions régionales mis en place
précédemment par une loi de 2003.

Combien y a-t-il de députés au Parlement européen ?

Le traité de Lisbonne a fixé un seuil minimum de six députés par État membre. La
répartition du nombre de sièges par pays obéit ensuite au principe de

proportionnalité dégressive (en fonction de la population).

705 députés après le Brexit

À partir du 1er février2020, le Parlement européen comptera 705 sièges - contre


751 à la date du 31 janvier 2020, avant le retrait du Royaume-Uni de l’UE (soit le
nombre maximum autorisé selon les traités de l’UE).
Sur les 73 sièges britanniques au PE, 27 sont redistribués à des États membres
tandis que les 46 restants sont mis en réserve pour d’éventuels futurs
élargissements.

Le 7 février 2018, le Parlement européen s’est prononcé sur la composition de


l’assemblée après le Brexit. Il s’agissait de redistribuer les sièges libérés par les
eurodéputés britanniques.

Dans un premier temps, l'absence d'accord à la date d'échéance prévue pour le


retrait britannique a compliqué la donne. La décision (UE) 2018/937 du Conseil
européen du 28 juin 2018 a donc prévu que, dans le cas où le Royaume-Uni serait
toujours un État membre de l’UE au début de la législature 2019-2024 [le 2 juillet], "le
nombre de représentants au Parlement européen par État membre" serait celui de la
précédente mandature "jusqu'à ce que le retrait du Royaume-Uni de l’Union produise
ses effets juridiques".

La nouvelle composition, de 705 membres, est entrée en vigueur


immédiatement après le retrait du Royaume-Uni, le 31 janvier 2020.

Sur les 73 sièges vacants, 46 restent disponibles pour un éventuel futur


élargissement de l’UE. Les 27 autres sont répartis entre 14 États membres (5 sièges
supplémentaires pour la France et l’Espagne, 3 pour l’Italie et les Pays-Bas, 2 pour
l’Irlande, 1 pour l’Autriche, la Croatie, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la Pologne,
la Roumanie, la Slovaquie et la Suède).

Eclairage
705 députés européens après le Brexit

Le nombre de députés avant le Brexit

Le traité de Lisbonne a limité à 751 le nombre des membres du Parlement


européen (750 députés plus un président). Un seuil minimum de six députés par
État membre est prévu, aucun pays ne pouvant disposer de plus de 96 sièges (art.
14 TUE). Ces règles sont entrées en vigueur pour la première fois avec les élections
européennes de 2014.

Après les élections de 2014, parmi les pays ayant le plus grand nombre de députés
(en raison de leur poids démographique),

l’Allemagne dispose de 96 sièges,

la France de 74,

le Royaume-Uni de 73,

l’Italie de 73.

Les plus petits pays, Malte, Chypre, le Luxembourg et l’Estonie ont élu 6 députés
chacun.
Séance 6
B1
Droit De l’Union européenne

La Banque centrale européenne (BCE)

En bref

 Rôle: gérer la monnaie unique, assurer la stabilité des prix et mener la


politique économique et monétaire de l’UE
 Président: Mario Draghi
 Membres: le président et le vice-président de la BCE, ainsi que les
gouverneurs des banques centrales de tous les États membres de l'UE
 Création: 1998
 Siège: Francfort (Allemagne)
 Site web: Banque centrale européenne

La Banque centrale européenne (BCE) gère l'euro et élabore et met en œuvre la


politique économique et monétaire de l'UE. Son principal objectif consiste à assurer
la stabilité des prix et à soutenir ainsi la croissance économique et la création
d'emplois.

Que fait la BCE?

 Elle fixe les taux d'intérêt auxquels elle prête aux banques commerciales de
la zone euro, ce qui permet de contrôler la masse monétaire et l'inflation.
 Elle gère les réserves de devises étrangères de la zone euro ainsi que
l'achat ou la vente de devises pour équilibrer les taux de change.
 Elle garantit une surveillance appropriée des institutions et marchés
financiers par les autorités nationales, ainsi que le bon fonctionnement des
systèmes de paiement.
 Elle assure la sécurité et la solidité du système bancaire européen.
 Elle autorise la production de billets en euros par les pays de la zone euro.
 Elle surveille l'évolution des prix et évalue les risques qui pèsent sur la
stabilité des prix.

Composition

Le président de la BCE représente la Banque lors des réunions européennes et


internationales de haut niveau. Les trois instances de décision de la BCE sont les
suivantes:

 Le Conseil des gouverneurs: principale instance de décision.


Il est composé du Directoire (voir ci-dessous) et des gouverneurs des
banques centrales des pays de la zone euro.
 Le Directoire: assure la gestion quotidienne de la BCE.
Il est composé du président et du vice-président de la BCE, et de quatre
autres membres nommés par les dirigeants des pays de la zone euro pour un
mandat de huit ans.
 Le Conseil général: exerce un rôle de consultation et de coordination.
Il est composé du président et du vice-président de la BCE, ainsi que des
gouverneurs des banques centrales de tous les pays de l'UE.

Comment fonctionne la BCE?

La BCE travaille en collaboration avec les banques centrales nationales de tous les
pays de l’UE. Ensemble, elles forment le Système européen de banques centrales.

Elle dirige la coopération entre les banques centrales au sein de la zone euro
(l'eurosystème).

Que font les instances de décision?

 Le Conseil des gouverneurs analyse les développements économiques et


monétaires, définit la politique monétaire de la zone euro et fixe les taux
d'intérêt auxquels les banques commerciales peuvent emprunter auprès de la
BCE.

 Le Directoire met en œuvre la politique monétaire, assure la gestion


quotidienne de la BCE, prépare les réunions du Conseil des gouverneurs et
exerce les pouvoirs que ce dernier lui confère.

 Le Conseil général contribue aux travaux de consultation et de coordination


et assiste les nouveaux pays souhaitant adopter l'euro.

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