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Sujets de droit des relations internationales

Pierre Marie Dupuy, Droit international public

Cours du 04 septembre
Introduction : Notions principales : Droit international et sujets de droit

Qu’est-ce que le DI ?


Le droit qui régit les rapports entre Etats, entre Etats et organisations internationales ou
entre organisations internationales.

Cette définition du DI est inexacte pour plusieurs raisons :


- le DI n’a pas toujours concerné ou régit les rapports entre Etat car la notion d’Etat
n’apparaît que récemment dans l’histoire de la société internationale (l’Etat apparaît
avec le traité de Westphalie, avant cette période le DI régissait les rapports entre des
entités non étatiques et qui étaient des collectivités politiques et publiques). Le DI
apparaît en -3000 av JC avec le premier traité dont on a connaissance : un traité de
paix suite à une guerre. A cette époque, le DI régissait les rapports entre des
Empires, des royautés, etc. Au travers des siècles, le DI s’applique également aux
cités grecques, à l’époque de Rome et tout au long du Moyen-âge entre les
monarchies européennes et les cités marchandes d’Italie du nord de l’Europe.
Lorsque la forme de l’Etat moderne apparaît, le DI va connaître une période courte
(Westphalie à aujourd’hui) où il ne va s’appliquer presque exclusivement qu’aux
Etats. On est dans le cadre d’un DI purement étatique. L’idée que le DI régit les
rapports entre Etats vient de là. Après 1945, le DI va progressivement s’appliquer à
d’autres entités et on va voir la catégorie des sujets de DI évoluer.

Qu’est-ce qu’un sujet de droit ?


Sujet de droit et avoir une personnalité juridique sont synonymes.

Un sujet de droit c’est l’aptitude à posséder des droits et des obligations dans un ordre
juridique donné.

Dans l’ordre interne, les personnes physiques et morales ont l’aptitude à avoir une PJ. Tous
le sujets de droit ont la même. Elle est cependant amener à évoluer (animaux).

La capacité juridique c’est la faculté que chaque sujet de droit a à jouir de ses droits et c’est
l’ensemble des droits et obligations qu’il possède. La capacité juridique est différente d’un
sujet à un autre : en fonction du patrimoine, des contrats, du changement de statut
(mariage par exemple). La commune n’a pas la même capacité juridique qu’une personne
physique. Une SARL peut agir en fonction des statuts de la société mais a des limites que la
personne physique n’a pas.

Il y a une capacité substantielle, qui consiste à posséder tel ou tel droit ou telle ou telle
obligation. Il y a une capacité processuelle à agir en justice ou délictuelle (le fait d’imputer à
un sujet de droit ses propres actes).
Comment applique-t-on ces notions à l’ordre international ?

La notion de PJ reste la même mais la notion de capacité juridique diffère. Quelles entités
peuvent avoir des droits et obligations dans l’ordre international ?
- l’Etat : il a une capacité qui est extrêmement large, la plus large dans l’ordre
international. L’Etat peut effectuer presque tous les actes internationaux existants. Il
a une grande capacité juridique, une capacité substantielle et délictuelle car régime
de responsabilité internationale de l’Etat très développée et répond dans l’ordre
international de ses actes.

- Les OI : apparaissent au milieu du XIXe siècle. Les premières OI qui apparaissent sont
à vocation technique et administrative, souvent appelées les unions administratives
(bureau international des poids et mesures, union postale universelle). On a mis du
temps en droit positif à reconnaître une PJ aux OI. Il faut attendre l’intervention de la
CIJ le 11 avril 1949 dans l’affaire de la réparation des dommages subis au service des
NU, affaite dite du comte Bernadotte : responsabilité des NU mise en cause mais pas
de précision dans la charte. Bernadotte, diplomate suédois envoyé comme
médiateur des NU en Israël/Palestine et assassiné.

Avis consultatif de la CIJ : les sujets de droit dans un ordre juridique donné ne sont
pas tous identiques et n’ont pas tous la même capacité juridique. L’organisation des
NU n’est certainement pas un Etat. Dans l’ordre international, il peut y avoir des
sujets avec une CJ très différente. A partir du moment où des Etats ont attribué des
droits et obligations à une entité, cette entité est sujet de droit.

- Les mouvements de libération nationale : groupes qui mènent des luttes et conflits
armés et ont donc des obligations suivant les règles du traité de Genève de 1949.
FLN en Algérie a passé deux traités, OLP a passé des traités avec Israël. Les MLN ont
donc des obligations et une CJ. En revanche, cette CJ est très limitée et ce à deux
titres : d’un point de vue temporel car existence du mouvement limitée dans le
temps (exception FARC) et d’un point de vue fonctionnel (cessez le feu ou accords
d’indépendance en général)

- Les sociétés privées : dans les années 60-70, des sociétés privées vont obtenir des
concessions pétrolières dans les pays décolonisés. Ces concessions sont incarnées
dans des contrats passés entre l’Etat nouvellement indépendant et la société privée
étrangère : c’est un droit pour la société d’exploiter les ressources en rechange de
redevances payées à l’Etat. Exemple de Texaco en Libye. Dans les années 70 vont
commencer à naître d’importants contentieux entre l’Etat hôte et les sociétés
privées. La question qui se pose est de savoir si ces contrats sont soumis au DI ou au
droit interne de l’Etat hôte ou de l’origine de la société. Il va y avoir toute une série
d’arbitrage (car seuls les Etats peuvent avoir recours à la CIJ) et ces arbitrages vont
être importants. Deux grandes sentences arbitrales fondatrices :

o Texaco vs Libye en janvier 1977 : le tribunal va considérer que de tels


contrats peuvent être soumis au DI si cela résulte de la volonté des parties.
Dans cette affaire, l’arbitre va considérer que la société libyenne et Texaco
ont pris un certain nombre d’engagements au regard du DI.
o Mars 1982 dans l’affaire société Aminoil vs Koweit : l’arbitre considère que de
tels contrats peuvent être soumis au DI si cela résulte de la volonté des
parties ou de coutumes en la matière càd en dehors de la volonté des parties.
Même si les parties n’ont prévu que l’application du droit interne, l’arbitre
peut décider que le DI s’y applique. En droit français, il y a eu la même
évolution puisqu’à deux reprises la cour d’appel de Paris a statué dans le
même sens.

Les sociétés privées sont donc des sujets de droit mais ont une CJ limitée à leur
activité. Ces contrats ont donné naissance à une nouvelle discipline juridique car
ce sont des contrats transnationaux. Difficile car application du droit interne et
international à la fois.

- La personne physique : les choses ont évolué à partir de 1945. Jusqu’en 1945, la
personne physique était considérée comme un objet du DI et pas un sujet : il y avait
des règles de DI qui pouvaient avoir pour objectif ultime l’individu mais qui ne lui
conférait pas des droits ou des obligations. Exemple : l’Etat A s’engage vers l’Etat B à
faire des choses sans prendre en compte les individus : exemple royaume de Ramsès
2 et des Hittites. Les deux princes se mettent d’accord en termes d’extradition. Les
individus sont objet de l’accord mais n’ont pas de moyen d’action. Après 1945, un
certain nombre de conventions sont élaborées POUR les individus et leur confèrent
directement des droits. Un grand nombre de ces conventions confèrent aux individus
la possibilité de se prévaloir de ces droits internationaux dans l’ordre interne et
international. Exemple : CEDH.
Après 1945, une répression internationale des individus s’organise également afin
d’incriminer certains comportements.

- Les ONG : association qui a l’essentiel de ses activités en dehors de l’Etat dans lequel
elle est matriculée. Pas de valeur juridique. Il y aurait entre 13 et 15 000 ONG
aujourd’hui. Loi 1901 : l’association ne doit pas avoir un but lucratif. Evolution du
statut juridique international et certains nombres de règles s’appliquant petit à petit
à partir des années 90 avec une aptitude à avoir des droit et obligations. Elles vont
devenir des sujets de droit international. Exemple : règles de maintien de la paix, lors
de conflits armés. CJ très limitée.

Le DI est donc le droit qui régit les relations internationales càd les relations entre différents
sujets dès qu’il y a un élément d’extranéité.

Cours du 05 septembre
Leçon 1 : L’Etat : la compétence territoriale

Qu’est-ce que le DI reconnaît comme compétence à l’Etat ?


En vertu du DI, « tout ce que l’on peut demander à un Etat, c’est de ne pas dépasser les
limites que le DI trace à sa propre compétence » (arrêt rendu en 1927 par la CPJI dans
l’affaire du Lotus). L’Etat dispose de deux compétences très larges dans l’ordre
international et il est le seul à disposer de telles compétences. Ces compétences sont
fondées sur deux éléments :
- l’Etat est un territoire (compétence territoriale)
- Le lien particulier qui l’unit à certaines personnes : la nationalité (compétence
personnelle)

1. Le contenu de la compétence territoriale

Elle a 2 caractères : plénitude et exclusivité.


Ces deux caractéristiques ont été présentées à l’occasion d’une décision rendue dans
l’affaire de l’île des Palmes en avril 1928 à propos d’un différend entre les Etats Unis et les
Pays Bas (Marc Uber).

Les Pays Bas exerçaient la souveraineté sur l’Indonésie et les Etats Unis sur les Philippines.
Dans cette région, les Etats se disputaient la souveraineté sur la petite île des Palmes. Ils
saisissent la CPJI et demandent de statuer. Max Uber attribue l’île aux Pays-Bas car ils
considéraient déjà toutes les fonctions étatiques sur le territoire (gérer les ports, impôts,
etc). L’indépendance relativement à une partie du globe, c’est le droit d’y exercer à
l’exclusion de tout autre Etat, les fonctions étatiques.

A. La plénitude de la compétence de l’Etat

On relève 4 points :
- Le DI considère que l’Etat peut régir sur son territoire toutes les activités, des plus
importantes aux plus modestes. Les fonctions étatiques dont parle Max Uber
s’entendent aussi bien de l’organisation constitutionnelle, administrative, sociale ou
économique de l’Etat. La jurisprudence internationale a toujours été dans ce sens :
sentence Aminoil vs Koweït, l’Etat est totalement libre de choisir le degré
d’interventionnisme économique et de le modifier radicalement
- Ce pouvoir absolu de légiférer est considéré comme l’indice de la souveraineté. Deux
exemples :
o dans l’affaire de l’île des palmes, le tribunal attribue la souveraineté car il
considère que les fonctions étatiques sont exercées par les Pays Bas
o un arrêt concernant la CPJI (Cour permanente de justice internationale,
aujourd’hui CJI) en 1933 dans l’affaire du statut juridique du Groenland
oriental, contentieux entre la Norvège et le Danemark : « la législation est
une des formes les plus frappantes de l’exercice du pouvoir souverain »
- Dans la mesure où l’Etat dispose d’une compétence pleine sur son territoire, en
vertu du DI, toutes les règles adoptées sur son territoire bénéficient d’une
présomption de validité. L’Etat n’a pas à démontrer la validité de sa législation
auprès du DI. Décision rendue en novembre 1957 dans l’affaire du lac Laloux
(France/Espagne)
- Les attentes que le DI peut avoir quant à l’exercice des compétences territoriales de
l’Etat confirment ce principe et ne le contredisent pas. Ces attentes résultent
toujours d’une acceptation au préalable de l’Etat, que cette acceptation soit
expresse ou implicite et qu’elle soit donnée ponctuellement ou de façon générale.
Ces limitations viennent de 2 types d’actes : traités ou coutume. Affaire du vapeur
Wimbledon en août 1923 (Fce vs Allemagne) : « l’acceptation-renonciation est aussi
une manifestation de la souveraineté territoriale ».

B. L’exclusivité des compétences étatiques

L’Etat peut s’opposer aux activités des autres Etats sur son territoire. Le principe est très
ancien : rappelé par la CPJI dans l’affaire du Lotus. La limitation primordiale qu’impose le DI
à l’Etat c’est celle d’exclure, sauf existence d’une règle permissive contraire, tout exercice de
sa puissance sur le territoire d’un autre Etat. Principe interprété strictement :
- Affaire du détroit de Corfou en 1949 (RU vs Albanie) : navires britanniques naviguent
sur ce détroit et sautent sur des mines. L’Albanie n’avait pas procédé au déminage
du détroit et le RU l’effectue. La cour considère que le RU a violé le DI mais qu’il
bénéficiait de circonstances particulières et ne retient pas la responsabilité du RU car
l’Albanie aurait du procéder au déminage ou avertir les autres Etats du danger.
- Affaire des otages américains à Téhéran, arrêt de la CIJ en 1980 : R° islamique en Iran
en 1979 où des manifestants pénètrent dans l’ambassade des EU. Crise
majeure diplomatique. La cour condamne l’Iran en estimant qu’il y a violation des
compétences américaines sur son territoire.

De ce principe se dégagent deux conséquences :


- La réglementation édictée par un Etat sur son territoire ne s’applique pas sur le
territoire de l’Etat aujourd’hui. Les législations étatiques n’ont pas d’effet
extraterritorial. Certains Etats ont adopté des dispositifs législatifs qui prétendaient
prendre en compte les situations qui se déroulent sur le territoire d’un Etat tiers et
en tirer des conséquences sur leur propre territoire à propos de certains individus ou
sociétés. Lorsqu’un Etat légifère, il doit avoir un ou deux rattachements : on ne peut
pas tuer quelqu’un sur le territoire français mais un français ne peut pas tuer non
plus à l’étranger (rattachement territorial et personnel). Loi Helms Burton et loi
Damato Kennedy : deux lois des Etats Unis concernant Cuba et Iran/Libye. Objectif
des Etats Unis avec ces lois était d’empêcher les sociétés d’investir en Libye ou en
Iran pour ne pas financer le terrorisme international. Sanctions pour ceux qui
investissent dans le pétrole et le gaz dans ces pays : interdiction de participer au
système bancaire américain. Les lois ne peuvent pas avoir d’effet extra territorial.
- L’Etat doit respecter la compétence territoriale des autres Etats en s’interdisant d’y
exercer des actes de contraintes. Il y a plusieurs précédents célèbres qui ont
confirmé cette règle coutumière :
o Affaire Joly 1933 : un français soupçonne un belge d’avoir commis un vol en
France, il traverse la frontière avec des gardes champêtres et se rend en
Belgique, ils attrapent l’individu et le ramène en France. L’homme est
incarcéré pour vol. Le procès va avoir lieu : la Belgique proteste contre cette
acte de contrainte commis sur son territoire. Le tribunal correctionnel
français considère la procédure nulle car entachée d’un vice substantiel : la
violation du territoire belge par les autorités françaises.
o Affaire Jacob 1935 : un journaliste allemand est enlevé par la police
allemande en territoire suisse. La Suisse proteste et l’Allemagne reconnaît
l’acte et le restitue à la Suisse.
o Affaire Eichmann 1960 : le Mossad retrouve Eichmann en Argentine. Le
gouvernement argentin proteste auprès du conseil de sécurité au nom de la
violation du territoire argentin. L’Argentine demande des excuses officielles
et la reconnaissance de l’acte auprès d’Israël mais pas la restitution
d’Eichmann. Israël reconnaît l’acte et s’excuse.
o Affaire Argoud 1963 : Colonel français enlevé en Allemagne par des autorités
policières françaises. Allemagne conteste : le 4 juin 1964 la Cour de Cassation
estime qu’il y a eu violation du DI du fait de l’enlèvement en territoire
étranger par des agents français et annule la procédure. La Cour de Cassation
précise qu’il n’y aurait pas eu de viol du DI si l’Allemagne avait expulsé cette
personne ou si l’enlèvement avait été le fait de particuliers et non d’autorités
françaises.
o La jurisprudence aux Etats-Unis est assez différente : décision rendue par la
Cour Suprême en 1992 rendue dans l’affaire Alvarez-Machain. Les tribunaux
américains sont compétents dans l’hypothèse où une personne est enlevée à
l’étranger même en contrariété avec le DI et qu’elle est ramenée aux Etats-
Unis parce qu’elle est passible d’une certaine condamnation en vertu de la loi
us. Male captus, bene detentus (à capture illicite, détention licite).
o Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie, décision rendue en octobre
1997 concernant l’arrestation de certains criminels de guerre et les modalités
des arrestations. Considère que male captus, bene detentus n’est pas
conforme au DI.
o Affaire du Rainbow Warrior : navire de l’ONG Greenpeace qui naviguait dans
le pacifique, il avait pour objectif d’empêcher les essais nucléaires de la
France. Les agents français se sont fait repérés car ils avaient coulé le navire.

Cours du 11 septembre

2. Les obligations de l’Etat en termes de compétences territoriales

Elles sont au nombre de 3 :


- l’Etat ne doit pas tenir sur son territoire des actes pouvant porter atteinte à
l’intégrité territoriale des Etats tiers. Illustration avec l’affaire des activités militaires
et paramilitaires au Nicaragua, arrêt du 26 juin 1986 : dans cette affaire, la CIJ a
considéré que les Etats Unis avaient violé le DI en apportant un soutien sur le sol
américain, un groupe armé (les Contras) qui avait pour objectif de renverser le
gouvernement en place du pays. Les Contras bénéficiaient de camp d’entraînement
sur le territoire américain, en Floride. L’Etat hôte est souverain chez lui mais ne doit
pas faire n’importe quoi et ne doit pas effectuer d’actes qui peuvent porter à l’Etat
tiers.
- L’Etat doit pratiquer des relations de bon voisinage avec les Etats tiers et les Etats
frontaliers notamment. L’Etat doit notifier aux Etats tiers les dangers potentiels dont
il a connaissance, sur son territoire, pour l’Etat tiers ou ses ressortissants. Deux
affaires célèbres : affaire du détroit de Corfou (reproches à l’Albanie de ne pas avoir
notifié l’existence de mines) + affaire de la fonderie du Trail (mars 1941, Etats Unis vs
Canada : les fumées émanant de l’usine canadienne toxiques pour les Etats-Unis)
- Sur son territoire, l’Etat doit respecter les droits des étrangers. En vertu d’une règle
coutumière bien établie, l’Etat doit accorder protection et sécurité aux étrangers qui
sont sur son territoire. Affaire du lynchage des italiens à la Nouvelles Orléans en
1891 : des Italiens sont soupçonnés d’être responsables du meurtre du chef de la
police de la ville, ils sont interpellés et placés en cellule où ils sont massacrés par
d’autres habitants placés en garde à vue. A la suite de ça, les auteurs du lynchage
vont être arrêtés mais un juge local va tous les acquitter. L’Italie proteste auprès des
Etats Unis et ces derniers vont reconnaître leur responsabilité pour un acte
d’autorité fédéral et procéder à l’indemnisation des familles des victimes.
Aujourd’hui, il existe une obligation pour les Etats d’accorder un standard
international minimum de traitement des étrangers et il existe par ailleurs des
régimes conventionnels spécifiques comme les conventions de Vienne qui accordent
certains privilèges aux diplomates et personnels consulaires.

Il a existé des exceptions au principe de compétence territoriale qui aujourd’hui n’ont qu’un
intérêt historique. Ces exceptions ont attrait au système de capitulation et des concessions
qu’on trouvait dans la Chine du XIXe siècle ou de l’Empire Ottoman.

En revanche, les régimes de protection des locaux diplomatiques ne sont pas des régimes
qui font exception à la compétence territoriale. Ce n’est pas un régime d’extra territorialité
contrairement aux idées reçues : le périmètre des locaux diplomatiques n’est pas une
portion de l’Etat à l’étranger. Il y a une protection accordée à titre fonctionnel et ce
uniquement en raison de la nature des activités.

Organisations internationales : accord de siège qui prévoit l’immunité.

La compétence territoriale est un exercice exclusif mais cet exercice doit respecter les droits
des autres Etats et leurs ressortissants.

Leçon 2 : L’Etat comme sujet de droit : La compétence personnelle de l’Etat 

L’Etat détient un lien particulier qui l’unit avec certaines personnes : la nationalité.

1. Les principes de la compétence personnelle

A. L’attribution de la nationalité aux personnes physiques

Conditions d’attribution de la personnalité :


- En vertu du DI, l’Etat est compétent pour attribuer sa nationalité comme il l’entend.
C’est un principe coutumier qui a été affirmé fréquemment par les juges. On trouve
déjà ce principe dans un avis consultatif rendu par la CPJI dans l’affaire des décrets
de nationalité entre Tunisie et Maroc où la Cour rappelle en 1923 que la question
d’attribution de nationalité fait partie du domaine réservé de l’Etat. Un peu plus
tard, dans l’arrêt le plus connu Nottebohm en avril 1955 (Liechtenstein vs
Guatemala) : M. Nottebohm est un ressortissant allemand qui habitait au Guatemala
depuis de nombreuses années et vivait avec sa famille. Considéré comme
ressortissant d’un Etat ennemi (Allemagne) et craint d’être emprisonné : il va au
Liechtenstein pour obtenir la nationalité et revient au Guatemala. Le Guatemala
refuse de tenir compte de sa 2e nationalité et Nottebohm est emprisonné. La CIJ
atteste que le Liechtenstein est compétent pour déterminer la nationalité comme il
l’entend mais que les Autres Etats ne sont pas obligés de reconnaître cette
nationalité si celle-ci n’est pas effective. Cette nationalité doit reposer sur un
véritable lien social sinon elle n’est pas effective et opposable aux Etats-tiers.

Sentence arbitrale Flegenheimer de 1958 (Italie vs Etats Unis) : refuse de faire


application de la jurisprudence Nottebohm. Le tribunal considère que cela ne
s’applique qu’aux cas de double nationalité.

(…)

B. L’attribution de la nationalité aux personnes morales

Même principe que pour les personnes physiques selon lequel l’Etat est le seul compétent
pour attribuer sa propre nationalité. Au plan international, le juge estime qu’il n’y a pas de
règles et tout est fonction d’espèce. Il n’y a pas de critère de rattachement fiable d’une
société privée à un Etat.

Dans la pratique, sur le plan interne, les solutions sont assez différentes entre les Etats :
- les Etats de tradition Common Law vont utiliser un critère matériel pour déterminer
la nationalité d’une société : le lieu d’incorporation de la société
- les Etats de tradition Germano romaine utilise un critère formel. Lorsqu’un tribunal
détermine la nationalité d’une société, le juge utilise le lieu d’immatriculation de la
société.
- Arrêt rendu par la CIJ en février 1970 dans l’affaire de la Barcelona Traction :
Belgique vs Espagne, la société avait son siège au Canada et implantée pour
l’essentiel de ses activités en Espagne. Les actionnaires et capitaux étaient Belges.
Pour déterminer la nationalité, la Belgique avait saisi la Cour contre l’Espagne en
affirmant que la société était Belge. La Cour statue qu’il faut distinguer les
actionnaires et le droit de la société elle-même. Elle considère que la société est
canadienne car personnalité morale immatriculée au Canada.
- Arrêt rendu en juillet 1989 dans l’affaire Elsi, différend entre les Etats Unis et l’Italie.
La CIJ n’a pas donné de critère absolu pour déterminer la nationalité d’une société
au regard du DI. Réaffirme la distinction entre la personnalité morale et juridique.

La nationalité des navires :


- Dans la pratique, les Etats attribuent la nationalité des navires comme ils le
souhaitent. En ce qui concerne les navires, la règle a toujours été la suivante : sont
autorisés les pavillons de complaisance que les Etats tiers ne peuvent pas ignorer.
- 1982 : convention de Montego Bay, article 91 « il doit exister un lien substantiel
entre l’Etat et le navire » mais cet article n’a pas mis fin à la pratique des pavillons de
complaisance, loin de là. Cette règle retient comme critère un critère formel, ce
critère est même adopté dans certains OI relatives à la navigation maritime. Ex :
Organisation Maritime Internationale (OMI) comité qui a notamment des
compétences en sécurité maritime et dans ce comité, les Etats parties votent avec
un système de vote pondéré et le nombre de voix est réécrit en fonction du tonnage
de chaque Etat et on retient le critère formel.
- Le tribunal international du droit de la mer a rendu un arrêt le 1 er juillet 1999. Affaire
du Saiga.

Cours du 19 septembre

2. Les conséquences juridiques de l’octroi de la nationalité

L’ordre juridique de l’Etat national va s’appliquer et on peut trouver ici trois situations
différentes :
- sur le territoire de l’Etat national, l’Etat a une compétence territoriale et personnelle
(sur les sujets auxquels il a attribué sa nationalité). Dans ce cas, il a pleine juridiction
aussi bien pour éditer la réglementation que la faire exécuter.
- Sur le territoire des autres Etats, il va y avoir des compétences concurrentes puisqu’il
y a la compétence territoriale de l’Etat hôte et il y a la compétence personnelle de
l’Etat d’origine ce qui peut aboutir à des contradictions. Dans la pratique, c’est la
compétence territoriale qui va l’emporter sur la compétence personnelle sauf si le
sujet de droit étranger bénéficie d’une protection spécifique.
- Sur un territoire qui n’est soumis à aucune juridiction étatique comme la Haute Mer :
dans ce cas, c’est la compétence personnelle de chaque Etat qui va pouvoir jouer,
c’est à dire que lorsqu’un Etat ou navire se trouve dans un territoire, il est soumis à
la juridiction de son Etat d’origine.

L’Etat peut voir sa responsabilité nationale engagée en raison des actes de ses nationaux. Il
y a deux cas de figure :
- si l’individu en cause agit en tant qu’agent de l’Etat : dans ce cas, c’est la
responsabilité internationale de l’Etat qui est engagée.
- s’il agit pour son propre compte, il est seul responsable de ses actes, c’est à dire que
l’Etat n’est pas responsable au plan international des actes des particuliers. Ce
principe est ancien mais on a pour autant des situations dans lesquelles il y a un
doute sur la qualité de celui qui agit. Ici, le DI prévoit un ensemble de situations
différentes. On considère que l’Etat voit sa responsabilité internationale engagée
dans le cas des fonctionnaires de fait (n’est pas un agent de l’Etat formel). Certains
particuliers peuvent agir pour le compte de l’Etat, donc être des fonctionnaires de
fait. C’est particulièrement le cas lorsque l’Etat endosse leur action. Exemple : affaire
du personnel diplomatique et consulaire à Téhéran. Dans cette affaire-là, les
personnes qui au départ avaient commis les faits contraires, au droit international
(ceux qui avaient pris en otage) étaient de étudiants en théologie, des particuliers.
Au départ, ces actes-là n’engageaient pas l’Etat iranien. Mais il a décidé d’endosser
la prise d’otages et de la perpétuer : même si ces actes étaient particuliers, ils ont
engagé la responsabilité de l’Etat. Arrêt du 24 mai 1980 de la CIJ (Etats Unis vs Iran) :
« Les organes de l’Etat iranien ayant approuvé ces faits et décidé de les perpétuer,
l’occupation continue de l’ambassade et la détention persistante des otages ont pris
le caractère d’acte dudit Etat. Les militants sont alors devenus des agents de l’Etat
iranien, dont les actes engagent sa responsabilité internationale. ».
o Exemple : affaire des activités militantes au Nicaragua, 1986 : la Cour a
considéré que les actes des Contras ne pouvaient pas être imputés aux Etats-
Unis. Pas de contrôle effectif de leurs actions.
o Exemple : affaire du Rainbow Warrior : agents étatiques qui ont commis
l’acte contraire au droit international. La France a avoué que c’était ses
agents donc elle a vu sa responsabilité internationale engagée.

L’Etat va pouvoir exercer sa protection diplomatique. La protection diplomatique est un


mécanisme de la mise en jeu de responsabilité entre Etats. Cela n’a rien à voir avec
l’immunité diplomatique. La protection peut être présentée comme le droit de tout Etat de
prendre faits et causes pour un ou plusieurs de ses ressortissants qui a été lésé du fait d’un
acte contraire au DI. L’Etat va alors se substituer à son ressortissant, va endosser la
réclamation et le litige devient alors un litige entre Etats. La protection diplomatique est un
droit de l’Etat : c’est le droit pour l’Etat de voir le DI respecté en la personne de ses
ressortissants. L’individu ne peut pas exiger ou refuser la protection diplomatique. Exemple
affaire Nottebohm.

3 conditions pour l’exercice de la protection diplomatique:


- il faut que l’individu ait la nationalité de l’Etat qui exerce la protection diplomatique
au sens du DI : une nationalité opposable. Si l’individu a les deux nationalités de
l’Etat A et B, l’Etat A ne peut pas exercer sa protection diplomatique contre l’Etat B
et inversement
- il faut que l’individu ait épuisé toutes les voies de recours interne. Cela signifie que
l’individu doit d’abord avoir saisir la justice interne pour faire valoir ses droits et
avoir été aussi loin que les de recours internes le permettent.
- L’individu ne doit pas avoir eu lui-même une conduite blâmable, c’est à dire commis
un acte contraire au droit international ou au droit interne de l’Etat qui l’accuse.

Leçon 3 : La protection de la souveraineté de l’Etat

Il existe un domaine réservé à la compétence étatique en vertu du DI. L’Etat, à travers ses
représentants, bénéficie d’immunité en territoire étranger.

I. La théorie du domaine réservé

A. Notion et consécration

La notion de domaine réservé est très ancienne et fait partie du droit en vigueur.
Le domaine réservé est, selon l’institut de DI, en 1954 :
- le domaine des activités étatiques où la compétence de l’Etat n’est pas liée par le DI
- l’étendu du domaine réservé dépend du DI et varie en fonction de celui-ci
- la conclusion d’un Etat par l’engagement, dans une matière qui relève du domaine
réservé, la fait sortir du domaine réservé et cela entraîne l’impossibilité pour l’Etat
d’invoquer l’exception du domaine réservé

D’après le DI, il y a certaines matières où l’Etat seul peut intervenir. La notion de domaine
réservé est évolutive. Mais si un Etat s’engage internationalement, notamment par traité,
cela ne peut plus changer. La notion de domaine réservé a évolué et a été consacrée dans
deux périodes :
- avant 1919 et la SDN, on estimait qu’il y avait un domaine réservé par nature. Cela
signifie que certaines matières ne pouvaient jamais sortir du doamine réservé et être
donc réglemntée par le DI. On incluait tout ce qui entrait dans la «  vie intime des
Etats » : monnaie, nationalité, choix du régime politique.
- A partir de 1920, la CPJI va changer la règle : elle va écarter la théorie du domaine
réservé par nature et elle va le faire à travers un certain nombre d’arrêts qui
affirment deux choses :
o Il n’existe pas de domaine réservé par nature
o C’est le droit international lui même qui détermine la frontière entre les deux
domaines et non pas l’Etat.

Avis consultatif de la CPJI en 1923 : affaires des décrets de nationalité au Maroc et en


Tunisie : la cour y affirme que « la question de savoir si une certaine matière rentre ou ne
rentre pas dans le domaine exclusif d’un Etat est une question essentiellement relative. Il se
peut que dans une matière qui comme celle de la nationalité, n’est pas en principe réglée
par le DI, la liberté de l’Etat de disposer à son gré soit néanmoins restreinte par des
engagements qu’il aurait pris envers d’autres Etats. En ce cas, la compétence de l’Etat
exclusive en principe, se trouve limitée par des règles du DI. »

La CIJ va reprendre cette jurisprudence et va affirmer le principe dans trois affaires :


- arrêt de 1955 : affaire Nottebohm
- arrêt de 1959 : Interhander (Suisse vs Etats Unis)
- arrêt de 1960 : affaire du droit de passage en territoire indien (Portugal vs Inde)

B. Les limites

Il y a des limites :
- c’est une limite qui attrait au droit conventionnel : si l’Etat se lie par traité sur une
matière, il ne peut plus invoquer l’exception de domaine réservé. Exemple : en
matière monétaire.
- Le domaine réservé peut être limité par le droit coutumier en fonction de l’évolution
du droit international général. Ici, on trouve les débats les plus compliqués.
Exemple : le domaine des droits de l’homme. Il y a de nombreuses conventions
internationales, mais la question se pose de la valeur coutumière et universelle des
droits de l’homme car certains Etats n’ont pas ratifié les traités et nient le caractère
coutumier de certains droits de l’individu alors que d’autres Etats prétendent leur
imposer.
- D’autres limites résultent de la charte des NU et de l’utilisation des pouvoirs du CdS
au titre du chapitre 7 (lorsqu’il agit en cas de menace à la paix ou acte d’agression,
l’exception de domaine réservé ne joue pas)

II. Les immunités de l’Etat


Lorsqu’il y a une figure de l’Etat en territoire étranger, l’Etat est protégé par le DI en la
personne de son agent et non pas la personne elle-même. Quels sont les agents étatiques
qui bénéficient d’immunité à l’étranger et en quoi consiste l’immunité ?

A. Des agents bénéficiaires

Certaines immunités bénéficient à des agents étatiques en vertu de conventions : c’est


essentiellement le cas des agents étatiques ou consulaires qui bénéficient d’immunité en
vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, signée le 18 avril 1961 et
entrée en vigueur le 24 avril 1964 (un véritable code des relations diplomatiques) et la
Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires qui entre en vigueur en 1967.
Ces deux conventions prévoient un régime à propos duquel il n’y a pas de difficultés.

En revanche, le DI est très largement coutumier en ce qui concerne d’autres agents


étatiques et notamment les plus hautes autorités (ministres, président).

Ici, il y a eu un certain nombre d’affaires dans lesquelles on a pu préciser quels sont les
agents étatiques bénéficiaires d’une immunité :
- arrêt de la CIJ en février 2002 sur l’affaire du mandat d’arrêt du 11 avril 2000,
affaire Yerodia (RDV contre Belgique) : la Belgique avait lancé un mandat d’arrêt
contre M. Yerodia, MAE de la RDC, pour des crimes de guerre et des crimes contre
l’humanité commis alors qu’il était en fonction. L’affaire était compliqué à plusieurs
titres car la Belgique avait émis ce mandat d’arrêt sur le fondement d’une loi que
l’on appelait parfois de compétences universelles : les lois en vertu desquelles un
Etat estime que ses tribunaux sont compétents même s’il n’y a pas de rattachement
territorial ou personnel sur les crimes commis (ni l’auteur ni la victime n’ont la
nationalité de l’Etat). La Belgique était dotée de ces compétences universelles mais
devant la CIJ, la RDC saisit la cour contre la Belgique en disant que le mandat d’arrêt
émis viole le DI à deux titres : 1. Car M. Yerodia est un agent de l’Etat qui bénéficie
de l’immunité devant la juridiction d’un autre Etat ; 2. Il a été adopté sur le
fondement de lois universelles, qui sont en fait contraires au DI. / Danger des lois de
compétence universelle : chaque Etat peut s’arroger le droit de juger des actes qu’il
estime suffisamment graves alors qu’ils peuvent avoir des conceptions très
différentes. La cour estime que les lois de compétence universelle contre le DI et
demande à la Belgique d’abroger son mandat. La Belgique répond qu’il y a certes des
immunités mais uniquement pour le chef de l’Etat et non pour les différents
ministres. Elle ajoute que l’immunité tombe quand il s’agit d’un crime grave de type
crime contre l’humanité ou crime de guerre.

Cette loi de compétence universelle est contraire au DI : la Cour demande à la


Belgique d’abroger cette règle.

Réponse de la Cour : L’immunité s’étend à certaines personnes occupant un rang


élevé dans l’Etat telles que le chef de l’Etat, le chef du gouvernement ou le MAE.
La Cour doit statuer sur un autre point : la Cour estime qu’en vertu du droit
international, il n’y a pas d’exception à l’immunité en matière de crime de guerre ou
de crime contre l’humanité. Victoire de la RDC. Arrêt de la Cour très critiqué.
Un chef d’Etat peut être jugé par la Cour ou la Cour pénale internationale mais il faut
d’abord que l’Etat lève l’immunité et ratifie le statut des Cours.

Même approche de la Cour de Cassation dans l’affaire Kadhafi au début des années
2000 car elle a estimé que le colonel Kadhafi, encore en fonction à l’époque, ne
pourrait pas être jugé devant les juridictions françaises en vertu de son statut.

- Autre affaire : République du Congo vs France : République du Congo dénonce la


France qui a violé le DI en engageant des poursuites contre le ministre de l’intérieur
et le président de la République du Congo (Nguesso) pour des crimes commis sur le
territoire du Congo. Des associations de défense des droits de l’homme saisissent la
juridiction. A la surprise générale, la France accepte la requête (introduite début
2003, qq mois après Yerodia) et la compétence de la Cour de façon ponctuelle (ad
hoc).
En plus des associations, il y a aussi des ressortissants franco-congolais qui saisissent
la justice. Tribunaux français compétents dans ce cas car il y a des ayant-droits. Le
juge d’instruction enquête. République du Congo à la Cour : la France a violé le DI car
elle ne peut pas engager de poursuites contre un président étranger et un ministre
de l’intérieur (preuve affaire Yerodia) – liste non exhaustive dans la décision dans
l‘affaire Yerodia. France à la Cour : il y a une grande différence avec l’affaire
Yerodia :
o pas de loi de compétence universelle mais loi de compétence passive
o pour la question de l’immunité : dans le cas de l’affaire Yerodia, il y avait un
mandat d’arrêt international émis par le juge alors que dans le cas français, il
n’y a pas d’acte adopté qui pourrait violer les droits et intérêts du Congo
Le Congo se désiste devant la Cour et l’affaire sera radiée le 16 nov 2010. La France
obtient gain de cause sans que l’affaire soit jugée.

La France a accepté la compétence de la cour ad hoc dans une deuxième affaire : l’affaire
Djibouti contre France (affaire du juge Borrel). Donne lieu à un arrêt de la Cour en 2008 : le
juge Borrel était un ancien magistrat français qui avait été nommé conseiller spécial à la
présidence de la République à Djibouti. On le retrouve mort dans un fossé et la justice
conclut à un suicide. En France, la veuve du juge Borrel estime qu’il est impossible que son
mari se soit suicidé et va déposer une plainte contre X. On se rend compte que les
circonstances ne sont pas si claires. La veuve pense que le juge Borrel en savait trop sur les
secrets d’Etat et le pouvoir a décidé de l’éliminer. Djibouti demande à la France de lui
communiquer tous les éléments de l’enquête en cours sur l’assassinat du juge Borrel. La
France refuse de répondre donc Djibouti saisit la Cour Internationale pour motif de violation
de la coopération du DI par la France (traité de coopération en matière judiciaire). La France
accepte la compétence de la Cour : reconnaît l’existence du traité mais il stipule que les
Etats coopèrent « dans le cadre de leur législation nationale ». Principe de secret
d’instruction dans la loi française. Arrêt du 4 juin 2008 donne raison à la France.

B. L’immunité de juridiction
L’Etat est protégé par deux types d’immunité : une immunité de juridiction et une
immunité d’exécution. Les règles en matière d’immunité de juridiction sont très
largement coutumières. La commission du droit international, qui est l’organe des
nations unies chargé de codifier le DI, travaille à la préparation d’un traité sur les
immunités de l’Etat. Travaux entamés en 1978. Cette codification aboutit à un projet
d’articles en 1991 revu en 1999 qui constitue un compromis entre les différentes thèses
en présence et la pratique des Etats.

Rappel sur la CDI et la codification du DI :


En droit interne, la codification est le fait de rassembler des textes en un texte unique ; un
code. Objectif : faciliter la connaissance de la norme.
En DI, la codification consiste à transcrire à l’écrire des règles qui n’étaient que coutumières.
Il y a un certain nombre de domaines où l’on codifie les règles et c’est la CDI qui est chargée
de la codification. Organe qui siège à Genève.

Le projet devait trouver un compromis entre les deux thèses suivantes : immunité absolue
de juridiction et immunité relative avec quelques exceptions.
Conclusion du projet : l’immunité de l’Etat n’est pas absolue. La CDI opère une distinction
fondamentale entre les actes de gestion de l’Etat et les actes d’autorité. Les actes de gestion
sont les actes par lesquels l’Etat intervient comme n’importe quel opérateur alors que les
actes d’autorité sont ceux qui sont une manifestation de la puissance publique : les actes qui
ont trait à l’exercice de certaines problématiques publiques par exemple.

Cette distinction implique un certain nombre de choses :


- un Etat jouit pour lui-même et pour ses biens de l’immunité de juridiction devant les
tribunaux d’un autre Etat
- toutefois, seul se verront accorder l’immunité les activités spécifiquement publiques
- en csq, l’Etat ne peut invoquer le bénéfice de l’immunité de juridiction devant un
tribunal étranger pour les actes relatifs à une procédure commerciale, pour certains
contrats de travail en matière de propriété privée, industrielle ou intellectuelle en
cas de dommages aux biens et aux personnes

Cette distinction a été rappelée lors de l’affaire Barrandon : la cour de cassation a tranché en
novembre 1998.

(…)

S’il y a un dommage aux biens et aux personnes, l’immunité de l’Etat ne peut pas être
appliquée en terrain étranger.

C. La question de l’immunité d’exécution

Immunité de juridiction permet à un Etat de ne pas se retrouver devant une juridiction


étrangère. Immunité d’exécution protège le bénéficiaire d’une immunité de juridiction
contre toute exécution forcée. Si l’Etat bénéficie d’une immunité de juridiction, il sera
protégé de toute mesure de contrainte à cet égard : saisie des biens, gel d’avoirs.
La CDI applique la distinction fondamentale entre acte de gestion et acte d’autorité. Devant
le juge français, la cour de Cassation estime à propos des saisies de fonds étrangers dans les
banques, que ces saisies ne peuvent pas concerner des fonds publics et que les autorités ne
peuvent saisir que des fonds privés appartenant à des représentants d’Etat (affaire
Englander de 1969).

Arrêt Eurodif 1984 : s’il y a une activité commerciale de l’Etat, on refuse l’immunité d’office
(= d’office signifie que le juge doit le soulever de son propre chef et s’il ne le fait pas, il
engage sa responsabilité).

Dans la pratique, on constate que la distinction est difficile à mettre en œuvre. Il y a des cas
dans lesquels on l’applique sans trop de difficultés mais beaucoup de cas où on se heurte au
problème suivant.

Affaire des biens mal acquis : ensemble de biens qui auraient été mal acquis par des Etats
étrangers car on aurait détourné de l’argent et on entendrait protéger ces biens derrière
l’immunité de l’Etat. Diplomates étrangers en Afrique noire qui possède des biens de luxe en
France. Transparency international a essayé de faire saisir ces biens mais les Etats se sont
protégés : immunité d’exécution.

Dans cette affaire du 9 nov 2010, le juge a considéré que l’association a un intérêt à agir en
la matière (grand pas pour les assos) et les autorités françaises ont autorisé une levée des
biens qui ont été saisi à titre conservatoire pendant la durée des procédures.

Les immunités des OI en territoire étranger 


Une organisation internationale bénéficie d’une immunité d’exécution et de juridiction
absolue et ne peut souffrir que d’exception conventionnelle ou que si l’OI y renonce
ponctuellement. Cette immunité des OI est absolue parce qu’il est nécessaire de protéger
l’organisation, son activité dans les Etats dans lesquels elle se trouve, son indépendance et
l’indépendance dont elle doit bénéficier.

Affaire WAIT et Kennedy vs Allemagne / affaire Beer et Reagan vs Allemagne : deux affaires
dans lesquelles la CEDH rappelle que l’immunité des OI ne fait aucun doute.

Position claire du côté du juge français également :


- Cour de cassation en oct 2003 pour l’union latine
- Cour d’appel de Paris 31 mai 2013 concernant l’unesco
Le juge français précise à chaque fois qu’il ne faut pas confondre immunité de l’Etat et
immunité des OI.

En pratique, ce régime de l’immunité des OI donne lieu à un contentieux abondant.


Leçon 4 : L’individu dans l’ordre international : sa protection

Pendant longtemps, l’individu a été considéré comme n’étant pas un sujet de DI pour deux
raisons :
- l’Etat fait écran entre l’individu et l’ordre international. L’Etat était considéré comme
seul sujet de DI.
- Il y avait des conventions internationales qui avaient pour objet l’individu mais ces
conventions contenaient des droits et obligations uniquement pour les Etats parties.
Exemple : convention d’extradition.

Pendant longtemps, l’individu a été considéré comme un objet mais pas comme un sujet : il
ne pouvait pas avoir de droits et obligations directement en vertu du DI. Les choses changent
après 1945 : on voit s’affirmer tout un pan du DI avec le DI des droits de l’homme et
développe la protection de l’individu. Certaines de ces normes sont directement invocables
par l’individu. Des normes relatives à la répression de l’individu vont également être
élaborées.

L’individu a aujourd’hui une PJ mais que sa CJ internationale est limitée.

I. Le régime normatif

A. Le cadre universel

1. La protection des droits de l’homme

Question de la classification des droits de l’homme


Les droits de l’homme s’affirment après la 2nde GM et on les classe en trois grandes séries :
- Droits civils et politiques: on considère que ce sont les droits les plus protégés, ceux
pour lesquels les dérogations sont inexistantes. Inclus : les droits qui concernent la
protection de la personne humaine contre l’Etat, la protection de la liberté de la
personne humaine, la protection de la personne humaine contre d’autres individus, la
protection de l’intégrité physique ou morale, la protection contre l’arbitraire (la
sûreté), droit à un procès équitable.

- Droits économiques, sociaux et culturels: s’affirment pratiquement en même temps


mais la protection est assurée différemment car seul l’Etat peut assurer le bénéfice
effectif de ces droits. C’est à l’Etat d’assurer certaines prestations pour que l’homme
bénéficie de ces droits : droit à l’éducation, à la santé, au travail. Pour certains, ces
droits sont très bien protégés mais n’impliquent pas tous que l’individu puisse les
invoquer directement.

- Droits de troisième génération: ils apparaissent plus tard et le degré de protection est
moindre. Ils visent à assurer un bien être et épanouissement de la personne humaine
telle que le droit à un environnement sain, le droit à la paix, le droit au
développement.

En DI, lorsque l’on parle de droits fondamentaux, on fait allusion aux droits de la première
série. Les principaux instruments ont été adoptés dans le cadre des Nations Unies
essentiellement.
La charte des NU affirme l’attachement des NU aux droits fondamentaux de l’homme « dans
la dignité et la valeur de la personne humaine ». Elle contient un certain nombre de
dispositions prévoyant que l’ONU encouragera le respect universel des DH et des libertés
fondamentales sans aucune distinction.

Ces dispositions n’énoncent que des principes généraux, l’ONU adopte donc ensuite des
instruments universels :
- Instrument de droit dérivé : déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. La
DUDH a une importance symbolique mais n’a pas de force obligatoire. En dépit de
son importance, elle ne se distingue pas des autres dispositions de l’Assemblée
Générale qui n’ont pas de force contraignante. En droit français, le Conseil d’Etat a
adopté cette position en rappelant qu’il n’y avait pas de caractère obligatoire (arrêt du
18 avril 1951) pour autant les principes ont acquis pour certains d’entre eux, une
valeur coutumière. Par conséquent, on peut énoncer des principes contenus dans la
DUDH au nom du principe coutumier. La CIJ rappelle la dimension matérielle de ces
principes pendant la prise d’otage à l’ambassade US de Téhéran.

- 2 pactes internationaux : pacte relatif aux droits civiques et politiques et pacte relatif
aux droits économiques, sociaux et culturels du 16 décembre 1956. Entrés en vigueur
en 1976. Ces deux conventions internationales présentent une particularité car ils ont
établit deux organismes ; un comité des droits de l’homme et un comité pour les droits
économiques, sociaux et culturels. Chacun de ces comités remplit des fonctions
particulières et est chargé d’assurer le suivi et la promotion de la convention en
demandant aux Etats de fournir des rapports sur leur pratique en la matière, rapports
qui sont ensuite examinés et l’Etat peut ensuite faire l’objet d’une attention
particulière. Ces deux organes n’ont pas de pouvoir de contrainte à l’égard des Etats,
c’est un mécanisme de suivi. Mécanisme para-juridictionnel avec pression d’ordre
diplomatique sur l’Etat.

- Il y a tout un ensemble de conventions universelles adoptées dans le cadre des Nations


Unies dans des domaines spécifiques : convention de 1948 pour la prévention et
répression du crime de génocide. L’incrimination du génocide n’apparaît qu’en 1948
(Nuremberg : pas jugés pour génocide car notion inexistante). Convention de 1950
pour l’abolition de la traite des êtres humains. 2 autres conventions sur l’esclavage en
1953 et 1956. 1956 : convention pour l’élimination de toutes les formes de
discriminations raciales. La convention de 1984 contre la torture et les autres peines
ou traitements inhumains ou dégradants.

Ces conventions ne présentent pas de spécificités par rapport aux conventions ordinaires.
Elles sont contraignantes pour les Etats parties. La plupart de ces conventions contiennent des
dispositions directement invocables par les particuliers notamment dans l’ordre interne.

Au sein de la même convention, il faudra cependant vérifier que la disposition que l’on va
invoquer aura une vocation d’effet direct.
Convention de l’enfant : jugée comme ayant des dispositions de nature différente.

2. La protection de certaines catégories d’individus


Il y a des conventions qui ont trait à la protection de certaines catégories d’individus,
notamment les apatrides et les réfugiés.

Le DI ne fait pas de la nationalité un droit de l’individu et par conséquent, il y a des individus


qui peuvent se retrouver sans nationalité (car nationalité est un lien juridique attribué par
l’Etat).

 Apatrides

On peut devenir apatride si l’Etat d’origine prononce une déchéance de nationalité. Motifs
peuvent être divers mais peut être pour des actes ou opinions jugés subversifs (déchéance de
nationalité aussi possible si bi-nationalité).

Déchéance de nationalité en France : possible car interprétation large des textes mais pas pour
le cas où les individus appartiennent à un groupe terroriste.

Exemple de la Serbie et du Kosovo en 1999 : Kosovo ancienne région serbe et peuplé de


population à majorité musulmane d’origine albanaise. Déchéance de nationalité massive
envers ces individus.

2 conventions internationales :
- 28 sept 1954 relatif au statut d’apatride 
- 30 août 1961 relative à la réduction des cas d’apatrides

Les apatrides ne peuvent pas s’adosser à un Etat pour leur protection et se retrouve dans une
situation de précarité qui nécessite une protection particulière. Dans la pratique, les individus
qui sont dans une situation d’apatridie préfèrent plus souvent bénéficier du statut de réfugiés
et peuvent d’ailleurs en bénéficier dans beaucoup de cas. Ce statut est plus protecteur.

 Réfugiés

L’origine de la situation de réfugiés peut être très diverse : persécutions de certaines


personnes en raison de leur opinion politique ou appartenance à un groupe religieux ou
ethnique, etc.

La situation de réfugié résulte du fait que l’on se trouve dans une situation de conflit et il y a
obligation de fuir les combats.

La plupart des Etats qui accueillent les réfugiés sont des démocraties libérales mais ce sont
souvent des Etats qui sont relativement prospères économiquement. Par conséquent, on
constate que de nombreuses demandes sont motivées par des considérations d’ordre
économique et sociale et non politique : désir d’avoir une vie meilleure.

Ni le DI ni les droits internes des Etats ne retiennent les motifs économiques pour accorder le
statut de réfugiés. C’est toujours le critère politique qui est retenu.

Possibilité de se prévaloir du statut de réfugié environnemental/écologique ?


Pas de réponse favorable en l’état actuel, pas de possibilité d’interpréter la Convention de
Genève pour faire bénéficier quelqu’un qui invoquerait la dimension environnementale.
Dans l’ordre international, la Convention de Genève de 1951 définit ce qu’est un réfugié, son
statut sur le territoire des Etats parties. Cette convention est aujourd’hui relativement
universelle. Difficulté tient à ce que chaque Etat partie à la convention de Genève va faire
une obligation plus ou moins restrictive de la Convention. Chaque Etat définit dans sa propre
législation deux séries de dispositions : législation sur l’asile et législation sur le réfugié.

L’Etat définit en droit interne les cdt en vertu desquelles il va accorder l’asile sur son
territoire : au sens de la convention de 1951 mais peut éventuellement en rajouter
(participation à une lutte ou autre). Interprétation plus ou moins restrictive dont se charges les
autorités administratives (OFPRA).

Il y a parfois des divergences au sein du même Etat : traitement juridique par le HCR,
traitement matériel par le HCR et les ONG (camps de réfugiés).

B. Les cadres régionaux

A RATTRAPER : COURS DU 9 ET 10 OCTOBRE

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