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Cours : Droit International Public

DLF/Semestre 2

Prof : LATIFA ELCADI

Année Universitaire 2018-2019

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Plan du cours:

Introduction générale

- Définition des notions


- Evolution historique

Chapitre 1er : Les sujets du Droit International

Section 1ére : L’Etat


Parag 1er : Notion de l’Etat
Parag 2éme : Eléments constitutifs de l’Etat
A- Eléments matériels
B- Elément Juridiques
1 - La souveraineté
2 - la reconnaissance
3 – Notion de frontière

Section 2éme : L’Organisation Internationale


Parag 1er : Apparition et Evolution de l’OI
A- La 1ére génération
B- La 2éme génération
C- La 3éme génération
Parag 2éme : Notion de l’OI
A- L’élément international
B- Le caractère permanent de l’OI
C- La volonté propre de l’OI
Parag 3éme : Classification des OI
A- Selon la composition
B- Selon les fonctions
C- Les pouvoirs reconnus à l’OI

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Chapitre 2éme : Sources du Droit International
Section 1: Les sources formelles
Parag 1er: le traité
Parag 2: la coutume
Parag3: les principes généraux de Droit
Parag 4: l’équité
Section 2: Autres sources : la jurisprudence, la doctrine, le
juscogens)

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Introduction générale

Le Droit international Public, que l’on appelle aussi « Droit des gens » peut être
défini comme le Droit d’une société spécifique ( la société internationale) dans
laquelle coexistent d’une part des entités politiques indépendantes (les Etats) et
d’autre part des entités autres que les Etats, c'est-à-dire les Organisations
internationales. Le Droit International couvre l’ensemble des règles relatives à la
structure de cette société internationale mais aussi l’ensemble des règles qui
régissent les rapports établis entre les entités qui la composent.

Sur le plan historique, cette expression « Droit International » va s’imposer à la


fin du 18éme siècle avec BENTHAM dans son livre intitulé « International
Law ». D’autres appellations ont été proposées comme : Droit des gens, Droit
transnational, ou encore Droit supranational. Le droit international public se
définit comme étant l’ensemble des règles contraignantes en vigueur au niveau
international. La fonction première du droit international public est une fonction
d’ordre : il régit essentiellement les relations entre Etats, simplifie la coopération
internationale et la rend prévisible du fait des règles contraignantes qu’il établit.
L’une des missions prioritaires du droit international public est d’assurer la paix
et la stabilité.

Le droit international public, autrefois appelé droit des gens, est le droit
applicable à la société internationale. Il est constitué par l'ensemble des normes
juridiques qui régissent les relations internationales. Il se compose de l'ensemble
des règles de droit qui s'appliquent aux sujets de la société internationale au
premier rang desquels on trouve les États. Avec l'évolution de la société
internationale, le Droit international public, s'adresse désormais à d'autres
acteurs comme les organisations internationales créées par les États, et sui sont
considérées comme des sujets dérivés du droit international. Il doit être distingué
du droit international privé qui concerne quant à lui, l'ensemble des règles
juridiques ayant pour objet de régler les relations internationales entres
personnes privées.

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Chapitre1er : les acteurs du Droit International Public

Le Droit International Public peut être défini comme l’ensemble des règles
juridiques qui s’appliquent aux différents comportements de l’Etat sur le plan
international. Les Relations Internationales contemporaines sont caractérisées
par l’intervention de divers acteurs comme l’Etat, l’organisation internationale.

Section 1ére: L’État, principal acteur du DIP

L'Etat est la structure institutionnelle qui s’est imposé depuis des siècles et qui
reste le sujet dominant des relations internationales et du Droit International.

Dans cette section, nous examinerons la notion de l’Etat et ses éléments


constitutifs.

L'Etat peut être défini une personne morale de Droit public. C’est l’institution
de base de l’univers politique. C’est une forme d’organisation sociale et
politique qui assure la sécurité de sa population en disposant de la force armée et
de nombreux moyens de coercition et de répression. Au niveau interne, l’Etat est
régi et organisé par le Droit constitutionnel. L’Etat est la structure de base du
DIP. Les Etats sont différents par la taille, la puissance, le régime politique, la
forme juridique. Mais, ils ont tous les mêmes éléments constitutifs. En effet, les
conditions d’existence de l’Etat sont au nombre de trois. Il faut un territoire, une
population et un gouvernement. Il faut aussi un critère juridique qui est la
souveraineté.

Parag 1er: Les éléments constitutifs de l’Etat

Les éléments constitutifs de l’Etat sont d'une part des éléments matériels et des
éléments juridique.

A- les éléments matériels de l'Etat:

L’Etat est constitué de trois éléments matériels fondamentaux à savoir une


population, un territoire, et un gouvernement effectif.

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1- L’Etat : un groupement humain

Tout État se compose d’une population. Il s’agit des nationaux et des


étrangers.

a- Les nationaux

Il s’agit des personnes qui portent la nationalité d’un Etat. La nationalité est le
lien juridique de rattachement d’un individu à un État déterminé.

L’article 15 de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme de 1948


dispose que tout individu a droit à une nationalité. Chaque État a le droit
souverain de déterminer par sa législation les conditions d’acquisition et de perte
de sa nationalité. Les États établissent la nationalité suivant plusieurs critères
déterminants : la filiation (le lien du sang : jus sanguinis) et le lieu de naissance
(le lien du sol : jus solis). Certains États les cumulent, d’autre n’en choisissent
qu’un : il s’agit d’un droit discrétionnaire des États. Tout État a le droit
d’attribuer sa nationalité à un individu par naturalisation.

b- Les étrangers

En tant qu’Etat souverain, il exerce sa compétence territoriale à l’égard de toute


personne sur son territoire, nationaux comme étrangers. Chaque État détermine
pour lui-même les conditions d’accès à son territoire, de même que chaque État
réglemente les conditions de séjour, de travail et d’expulsion des étrangers.

c- Les individus soumis à un régime international spécial

Il s’agit des individus qui ne peuvent plus bénéficier de la protection


diplomatique de leur propre État : les réfugiés et les apatrides. Ces individus ont
été soit forcés de fuir leur État d’origine, soit ils n’ont plus aucun rapport avec
leur propre État et ne peuvent demander leur protection en cas d’atteinte à leurs
droits internationalement reconnus.

- Les réfugiés

La notion de réfugié a commencé à apparaître après la 1èreGuerre Mondiale,


avec les déplacements de population relatifs aux différents conflits : la création
de la première structure internationale consacrée à ce problème date de 1921,
lorsque la SDN (la Société des nations) a créé le Haut Commissariat aux
Réfugiés Russes. En 1928, il devient également chargé des réfugiés du Proche-
Orient. Au début des années 1930, il devient le Haut Commissariat aux
Réfugiés et s’occupe aussi des réfugiés en provenance d’Allemagne et
d’Espagne.

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Après la Seconde Guerre Mondiale, en décembre 1946, l’ONU a créé l’OI des
Réfugiés (OIR), qui devait avoir un caractère temporaire : elle était chargée
d’administrer les camps de réfugiés, d’assurer leur transport et leur
réinstallation, mais elle fut remplacée le 1erjanvier 1951 par le Haut
Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR/UNHCR), créé par
l’Assemblée Générale de l’ONU. Le HCR est sollicité sans arrêt depuis sa
création, et de plus en plus, du fait de la multiplication des conflits ayant une
incidence directe sur le sort des populations.

- Les apatrides

Un apatride est une personne qui ne possède pas/plus de nationalité, soit en


raison de lacunes des lois nationales relatives à l’attribution ou à la perte de
nationalité, soit en raison d’une mesure prise par un État pour retirer sa
nationalité à un ou plusieurs individus. Juridiquement, un apatride est soumis à
la loi de l'Etat dans lequel il habite, mais sans pouvoir bénéficier de protection
nationale. C’est pourquoi la Société Internationale a tenté de lui assurer un
minimum de protection au moyen d’accords internationaux : selon un accord du
28 septembre 1954, les États signataires ont l’obligation de traiter un apatride
comme un étranger privilégié. Le 30 août 1961, les États ont signé un accord
dont le but est de réduire les cas d’apatridie. De ce fait, cet accord impose à
chaque État signataire d’accorder sa nationalité à certaines conditions aux
apatrides qui résident sur son territoire. Malgré tous ces efforts, la situation des
apatrides et réfugiés reste extrêmement précaire et difficile.

2- Le territoire

Tout État possède un territoire, ce qui implique que le territoire a une fonction
essentielle. Un territoire se compose de 3 éléments essentiels : terrestre,
maritime et aérien.

a- Le territoire terrestre : comprend l’ensemble de la terre ferme d’un État ainsi


que les cours d’eau et les pièces d’eau qui s’y trouvent. La délimitation du
territoire d’un État vis-à-vis d’un autre État se fait par la frontière. Sur son
territoire terrestre, un État exerce pleinement sa compétence territoriale. C’est la
souveraineté interne.

b- Le territoire/espace maritime : Il se répartit en différents éléments :

- Les eaux intérieures : la souveraineté y est équivalente à celle exercée sur le


territoire terrestre. Elles correspondent à l’espace maritime qui borde le littoral
et qui lui est étroitement lié du fait de la configuration des côtes et de l’usage
traditionnel fait par les riverains. Entrent dans cette catégorie les ports, les

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estuaires et les baies. Les États qui ont des eaux intérieures en font une
délimitation unilatérale mais selon des règles posées par le Droit International.

- La mer territoriale : les États riveraient y exercent également leur souveraineté,


mais ils sont soumis à une obligation spécifique de Droit International qui est le
respect du principe de libre passage dans la mer territoriale. Ce principe impose
à l'Etat côtier de ne pas entraver le passage inoffensif des étrangers dans ses
eaux territoriales.

Dès le XVIIe siècle, les États ont considéré que la mer territoriale s’étendait de
la côte à 3 miles marins (3x1852m). Aujourd’hui, certains États ont étendu la
délimitation de leur mer territoriale au-delà des 3 miles marins pour arriver à 12
milles marins. Cette distance a été généralisée au début du XXe siècle. A
l’ONU, une conférence sur le Droit de la Mer a débuté en 1974, et a abouti a
l’adoption d’un traité en 1982 appelé la « convention de Montego Bay »
(Jamaïque). Dans ce traité, les États ont décidé que la largeur de la mer
territoriale serait la même pour tous les États côtiers et qu’elle serait
effectivement de 12 milles marins (soit 22 224 mètres. Cette décision
d’uniformisation de la mer territoriale s’explique par la prise de conscience de la
valeur économique de la mer et de son sous-sol. Toujours dans cette conférence,
les États ont également confirmé une pratique commencée en 1958, selon
laquelle à la mer territoriale s’ajoute une zone contiguë de même largeur. Dans
cette zone contiguë, l'état côtier peut simplement exercer des contrôles dans un
certain nombre de domaines : douanier, fiscal, sanitaire et immigration.

Dans le milieu des années 70, les États instaurent une zone encore plus
importante, appelée la Zone Économique exclusive (ZEE), qui s’étend à 200
miles marins à partir de la ligne de base. Dans cette zone, l'Etat côtier n’exerce
qu’une souveraineté particulière. Il possède la liberté de navigation, de survol,
ainsi que la liberté de poser des pipelines sous-marins. Il exerce ses droits
souverains concernant l’exploitation, l’exploration, la conservation, et la gestion
des ressources économiques de cette zone. La convention de Montego Bay a
reconnu la ZEE. Dans le cas où des États peuvent être voisins ou en vis-à-vis, il
faut une délimitation concertée pour fixer la frontière maritime qui limite le
plateau continental ou la ZEE.

- Le plateau continental : en 1958, sous l’influence des USA, une conférence sur
le Droit de la Mer est consacrée à tous les aspects du plateau continental. Il a été
décidé que le plateau continental comprend le sol et le sous-sol de la mer, partie
que l'Etat côtier peut exploiter jusqu’à une profondeur de 200m. Dans la
convention de Montego Bay, il est précisé que le plateau continental d’un État
comprend les fonds marins et leur sous-sol au-delà de la mer territoriale, sur
toute l’étendue du prolongement naturel du territoire terrestre, et cela jusqu’à un
maximum de 200 miles marins. Sur ce plateau continental, l'Etat riverain
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possède des droits souverains et exclusifs lui permettant l’exploration et
l’exploitation de toutes ces ressources naturelles. Cependant, la haute mer et le
fond des mers constituent un espace maritime qui n’est pas rattaché à un État
particulier. Traditionnellement, la Haute Mer est considérée comme un espace
qui ne peut faire l’objet d’une appropriation étatique. Elle bénéficie du principe
de la liberté d’utilisation, mais les États sont obligés de respecter les accords
internationaux qui la concernent. Pour le fond des mers, la convention de
Montego Bay a confirmé que comme pour la Haute Mer, il ne peut y avoir
d’appropriation nationale.

De plus, le fond des mers est déclaré patrimoine commun de l’humanité et il est
placé sous la compétence d’une institution internationale de gestion appelée
l’« Autorité du Fond des Mers ». C’est uniquement elle qui gère l’exploitation
des richesses minérales de ces fonds. Elle est composée de représentants de tous
les États parties à la Convention de Montego Bay sur le Droit de la mer.

- L’espace aérien : La question d’un régime juridique de l’espace aérien s’est


posée vers le début du XXe siècle quand les premiers avions ont commencé à
voler régulièrement dans le ciel. Une convention a été adoptée à Paris en 1919,
qui attribue un territoire aérien à chaque État. L’espace aérien national
correspond à l’espace qui surplombe le territoire terrestre et la mer territoriale.
La convention de Montego Bay a confirmé cette approche en adaptant la
souveraineté étatique pour l’espace aérien au dessus du plateau continental et de
la ZEE. Dans l’espace aérien national, l'Etat est souverain mais toujours en
accord avec les obligations du Droit International.

Les espaces aériens qui ne relèvent pas d'un Etat particulier forment l'espace
aérien international. Il y a par ailleurs un espace extra-atmosphérique dont le
principe est le même que pour la haute mer : liberté d'utilisation, interdiction
d'appropriation nationale.

3- Le gouvernement
Pour qu’un État existe, il ne suffit pas de rencontrer, sur un territoire déterminé,
une population donnée. Il faut, en plus, un gouvernement effectif qui exerce, au
nom de l’État, un pouvoir à la fois sur ce territoire et sur cette population. En
effet, l’État n’est pas une donnée naturelle, mais une création humaine. Dès lors,
il suppose une organisation (ou « appareil d’État »). C’est pourquoi, pour
Raymond CARRE DE MALBERG, l’État est « une communauté d’hommes
fixés sur un territoire propre et possédant une organisation d’où résulte, pour le
groupe envisagé dans ses rapports avec ses membres, une puissance suprême
d’action, de commandement et de coercition »(Contribution à la théorie générale
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de l’État (1921). Au sens large, le gouvernement signifie la structure qui
englobe l'ensemble des pouvoirs publics. Il correspond à la notion de pouvoirs
publics. Dans une approche plus restreinte, le gouvernement comprend toutes les
institutions étudiées en droit constitutionnel et droit administratif et qui en
principe ne concernent que le droit interne et non pas le droit international.
Chaque gouvernement assure le fonctionnement de l'ordre politique juridique et
administratif qui le concerne.

L'ordre international a toujours exigé l'effectivité d'un gouvernement ainsi que


sa continuité. De plus la société internationale considère que les valeurs
démocratiques doivent être respectées au niveau interne d'un Etat notamment
pour la désignation des responsables étatiques (élections libres et transparentes).

L’effectivité d'un gouvernement signifie la capacité réelle à exercer toutes les


fonctions étatiques (interne et internationale), c'est-à-dire exercer pleinement et
de manière effective et réelle la souveraineté interne et externe.

Le principe de continuité signifie que L'Etat reste lié par les engagements
internationaux auxquels il a souscrit indépendamment des changements
politiques internes.

A côté de ces éléments matériels, il ya d’autres éléments juridiques essentiels et


qui sont constitués par la souveraineté, la reconnaissance et la notion de
frontière.

B- Les éléments juridiques de l'Etat

Il s'agit de la souveraineté, la reconnaissance et la notion de frontière.


1- La souveraineté:

La souveraineté constitue un principe fondamental du droit international public


autour duquel s'organisent les relations internationales. Elle signifie que chaque
Etat, parce qu'il est souverain, est pleinement et exclusivement compétent sur
son territoire et à l'intérieur de ses frontières.
Il en résulte que les autres Etats et les organisations internationales ne peuvent
pas intervenir dans les affaires intérieures de l'Etat. La Charte des Nations Unies
est fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous ses membres. Ce
principe signifie que tous les Etats membres sont souverains et égaux en droits
et obligations. L'article 2 confirme ce principe : "Aucune disposition de la
présente Charte n'autorise les Nations Unies à intervenir dans des affaires qui
relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un Etat ni n'oblige les
membres à soumettre des affaires de ce genre à une procédure de règlement aux
termes de la présente Charte" (article2 paragraphe 7). Ce principe a été rappelé
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par de nombreuses résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU , et notamment
par la résolution 2625 adoptée à l'unanimité par l'Assemblée générale en 1970.
Ce texte rappelle le "principe relatif au devoir de ne pas intervenir dans les
affaires relevant de la compétence nationale d'un Etat".
Cependant, on assiste actuellement à une limitation croissante de la
souveraineté de l'Etat. Cette remise en cause de la souveraineté est même
considéré comme principe régulateur des relations internationales.
L'Etat est de plus en plus amené à renoncer volontairement à la plénitude et à
l'exclusivité de ses compétences En effet, la pratique internationale témoigne
d'une interprétation de plus en plus restrictive du "domaine réservé" et de la
"compétence exclusive" de l'Etat.
L'Etat demeure bien le sujet principal du droit international. Pour autant, on note
un affaiblissement des prérogatives qui s'y rattachent et du domaine réservé de
l'Etat. Exemple emblématique : les droits de l'homme. Mêmes si les Etats,
surtout ceux qui sont peu respectueux des droits de l'homme, invoquent leurs
"affaires intérieures" et l'article paragraphe de la Charte des Nations Unies, il est
aujourd'hui de plus en plus difficile de contester l'idée selon laquelle les droits
de l'homme constituent une matière d'intérêt international.

2- La reconnaissance de l’Etat

C’est un acte unilatéral de portée politique qui découle de l’appréciation


discrétionnaire de chaque Etat. Elle consiste à constater l’existence d’une
situation donnée c'est-à-dire l’apparition ou la création d’une nouvelle entité
étatique. C’est une sorte d’acceptation d’un Etat par d’autres Etats sur la scène
internationale pour lui permettre d’avoir des relations diplomatiques ou
d’échanges avec eux.

a- Formes de la reconnaissance

Elle a plusieurs formes. Elle peut être expresse c’est une déclaration ou accord
qui a pour objet spécifique de reconnaitre l’Etat. Elle peut aussi être tacite et se
traduire par l’établissement de relations officielles. Elle peut émaner d’un seul
Etat (individuelle) ou plusieurs Etats (collective).
Mais la distinction la plus intéressante est celle qui existe entre la
reconnaissance d’Etat et la reconnaissance de gouvernement.
- la reconnaissance d’Etat : elle est effectuée à l’occasion de la naissance d’un
nouvel Etat à la suite d’une décolonisation, d’une sécession, d’un
démembrement ou d’une réunification d’Etats déjà existants. L’Etat qui
reconnait un autre Etat estime que ce dernier réunit les 3 éléments constitutifs
(territoire, population et gouvernement).
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- la reconnaissance de gouvernement intervient dans le cas de changement anti
démocratique ou anti constitutionnel (coup d’Etat ou révolution). Elle consiste
à reconnaitre le gouvernement qui exerce un contrôle effectif sur le territoire et
la population.

b- - Effets de la reconnaissance

En principe, la reconnaissance est un acte libre et unilatéral qui décide ou non


de reconnaitre une nouvelle entité politique nouvellement créée et qui donne
naissance à un Etat. Quelle est la portée de la reconnaissance : est- elle un
élément constitutif de l'Etat, ou au contraire elle fait constater l'existence d'un
Etat nouveau ou d'un gouvernement nouveau ? Sur ce point, la doctrine est
partagée et il y a des auteurs qui considèrent que la reconnaissance est un
élément constitutif de l'Etat. Les auteurs soutenant cette théorie affirment que la
reconnaissance a pour objet de créer la situation reconnue qui n'existe qu'après
cette reconnaissance. Ainsi, l'Etat ne pourrait avoir cette qualité qu'à l'issue de
cette reconnaissance. D'autres par contre, considèrent la reconnaissance
comme un acte unilatéral qui reconnait l'existence de l'Etat. Pour les tenants de
cette théorie, la reconnaissance ne crée pas la situation juridique, mais plutôt
elle ne fait que la constater.

3- La frontière en DIP

La frontière a toujours été au centre de la plupart des conflits internationaux. Le


problème de la reconnaissance et de la délimitation des frontières constitue un
élément fondamental du DIP. La frontière peut être définie comme la ligne
terrestre et maritime de séparation de compétence entre deux Etats. Elle est
généralement le résultat historique de rapports de force transformé en règle de
Droit international.

a-L’inviolabilité des frontières :

Ce principe signifie que l’Etat est seul habilité à exercer sa souveraineté et son
autorité sur son territoire à l’intérieur de ses frontières.
Ce principe est étroitement lié à celui de la souveraineté nationale et de non
ingérence. L’article 2 Parag 7 de la charte de l’ONU affirme le principe de non
ingérence et d’égalité juridique entre les Etats en se basant sur le principe un
Etat=une voix. L’inviolabilité des frontières va en parallèle avec l’indépendance
et la souveraineté nationale.

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b- Tout recours à la force est en principe illégal.

Le principe d’inviolabilité des frontières appelé aussi « Uti Possidetis juris »


reconnait la souveraineté territoriale des Etats comme inviolable. Donc tout
recours à la force est illégal selon l’article 2 parag 4 de la charte de l’ONU.
La Cour Internationale de Justice (CIJ) a rappelé ce principe dans son arrêt sur
les activités militaires et paramilitaires au Nicaragua du 27-11-1986. Dans cet
arrêt, elle a jugé que le minage des ports de ce pays par les USA constituait une
violation de frontières et donc il était illégal.

2- La délimitation de la frontière

Elle peut être effectuée soit par voie conventionnelle soit par voir
juridictionnelle.

- Par voie conventionnelle : la frontière est généralement tracée par voie


d’accord entre Etats. Il peut être un traité spécial de délimitation (comme c’est le
cas du traité entre l’Argentine et le Chili du 29-11-1984) ou un traité général
qui règle un problème territorial et c’est le cas du traité du 14- 11 -1990 entre
l’Allemagne et la Pologne qui reconnait la réunification allemande en échange
de la reconnaissance par l’Allemagne de la ligne Oder-Neisse comme frontière
entre les 2 Etats.

Les traités relatifs aux frontières sont soumis à un régime juridique particulier
pour assurer leur stabilité dans l’intérêt de la paix internationale. En effet, le
principe de changement de circonstances ne peut être invoqué pour mettre fin à
un traité de frontière. De même, ce type de traités est maintenu en cas de
succession d’Etats. Ces dispositions sont consacrées par la convention de
Vienne sur le Droit des traités.

- Par voie juridictionnelle : En cas d’échec des négociations sur la délimitation


des frontières, les Etats soumettent parfois leur différend à la CIJ ou encore à
des tribunaux d’arbitrage. Pour régler ce genre de conflit, le DIP prévoit de
confronter les titres juridiques pour déterminer le propriétaire légal du territoire
contesté. C’est le cas en 1975 quand le Maroc avait saisi la CIJ au sujet de la
marocanité du Sahara. A cette occasion il avait présenté des documents et des
titres juridiques et historiques qui étaient la preuve de liens solides et continus
entre le Sahara et les sultans du Maroc. Il s’agit de l’avis consultatif de la CIJ
du 16 octobre 1975.

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Cependant, malgré l’importance de la frontière en DIP on constate ces dernières
années le dépassement de la notion de frontière dans la mesure où elle n’est
plus considérée comme barrière politique. 2 situations doivent être relevées :

- Le consentement volontaire de limitation de souveraineté :

A cet égard, le cas européen est très significatif car c’est un signe de diminution
de l’importance des frontières au sein de l’espace européen fondé sur la
libre circulation des biens des capitaux et des personnes. Avec la création de
l’UE, les Etats membres ont accepté volontairement d’abandonner une partie de
leur souveraineté, et d’abolir les frontières intérieures. La Cour de justice
européenne avait même affirmé la supériorité du Droit européen sur le Droit
national des Etats membres (Arrêts Van Gend en Loos en 1963 et Costa contre
Enel en 1964). Dans ces arrêts, la Cour reconnaît que par leur adhésion à la
CEE, les États membres ont accepté la limitation de leur souveraineté, et que
leurs citoyens ont désormais la possibilité de s'appuyer sur les Traités
communautaires pour faire valoir leurs droits devant les juridictions nationales.
La Cour consacre le principe de la primauté du droit communautaire sur les
législations nationales. On appelle cela l'effet direct de l'ordre juridique
communautaire en droit interne.

- L’importance des droits de l’Homme en DIP s’est accentuée depuis la fin de la


2éme guerre et notamment depuis l’adoption de la Déclaration universelle des
droits de l’Homme en décembre 1948 et les 2 pactes internationaux relatifs aux
droits de l’homme en 1966. D’un autre côté, les mécanismes de surveillance des
droits de l’Homme ont été développées surtout avec la conférence des droits de
l’Homme qui se réunit chaque année à Genève et délivre un rapport détaillé sur
chaque pays relatif à la situation des droits de l’Homme. Par ailleurs, on doit
aussi citer les TPI (Tribunal Pénal International) pour l’ex Yougoslavie et pour
le Rwanda en 1993 et 1994. Ils ont crées par des résolutions de l’ONU dans le
cadre du chapitre VII de la charte. Ils ont émis des mandats d’arrêt contre
certains responsables accusés de crimes contre l’humanité (génocide). Il apparait
donc que la question des droits de l’Homme transcende les frontières et
qu’aucun pays ne peut être libre à l’intérieur de ses frontières car il ya des
institutions internationales qui contrôlent la situation des droits de l’Homme au
sein même de ces pays.

A côté de l'Etat, on trouve aussi l'organisation internationale qui joue aussi un


rôle actif dans le Droit International public.

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Section2: Les Organisations Internationales

Depuis le 19éme siècle, les Etats n’ont plus le monopole des relations
internationales. Ces derniers ont été concurrencés par le développement des
Organisations Internationales. Cependant, l’Etat reste l’acteur principal du jeu
international mais il n’est plus seul. En effet, les OI ont commencé à jouer un
rôle de plus en plus grand sur la scène internationale.

Parag 1er : Apparition et évolution des OI

A- Apparition des OI

A l’origine, les OI étaient le prolongement de conférences internationales


réunies autour d’un domaine particulier.La conférence internationale était donc
épisodique c'est-à-dire réunie de temps en temps et n’avait pas de caractère
permanent ou régulier. En général, la conférence traite de problèmes communs,
et obéit aux pratiques diplomatiques et les décisions sont adoptés à l’unanimité.

Cependant l’absence de caractère permanent, implique que ces conférences sont


inefficaces pour résoudre les problèmes posés aux Etats. Parmi les conférences
réunies au cours du 19éme siècle, il ya le congrès de Vienne, la conférence de
Madrid en 1880 ou encore la conférence d’Algésiras de 1906. Progressivement,
ces institutions mettent en place un secrétariat permanent, les décisions sont
prises à la majorité et commencent à acquérir une autonomie et des pouvoirs
propres.

B- Evolution des OI

Sur le plan historique, il ya 3 générations d’OI.

1- La 1ére génération d’OI apparait au 19éme siècle.

Ce sont des OI à caractère technique. C’est le cas des « commissions fluviales


internationales ». Elles ont été créées pour résoudre les problèmes d’utilisation
des fleuves internationaux. A l’époque chaque Etat se considérait comme le
propriétaire exclusif de la partie du fleuve située sur son territoire. Cette
situation était un obstacle aux échanges et le commerce. C’est ainsi que l’Acte
Final du Congrès de Vienne de 1815 pose le principe de la gestion commune de
ces fleuves par les Etats riverains et met en place « une commission centrale
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pour la navigation du Rhin ». En 1865, le Congrès de Paris institue un système
similaire pour le Danube.
Plus tard il ya eu la création d’unions administratives dont l’objet était plus
spécialisé. C’est la création de l’Union Télégraphique (1865), de l’Union
Postale Universelle (1874), l’Union des Chemins de fer (1890), l’Office
International de l’hygiène publique (1903).
C’est donc les nécessités pratiques de la vie internationale qui ont conduit les
Etats à se concerter et à mettre en commun leurs moyens nationaux pour créer
des structures permanentes de coopération.

2- La 2éme génération des OI

Elle apparait avec la 1ére guerre mondiale et la création au niveau international


d’une OI à caractère politique et à vocation universelle c’est la Société des
Nations (SDN). Elle marque une innovation au niveau des structures avec un
conseil restreint composé de 5 puissances et d’une assemblée de tous les Etats
membres en plus de 4 membres désignés. Il ya aussi un secrétariat composé d’un
secrétaire général, et de fonctionnaires internationaux dont la principale
caractéristique est l’indépendance à l’égard de leurs pays d’origine.
Il y avait aussi un organe juridictionnel c’est la Cour Permanente de Justice
Internationale (CPJI) dont les statuts ont bété adoptés en 1922.
Enfin sur le plan administratif et financier, de nouveaux problèmes ont été
soulevés comme les accords de siège, le statut des fonctionnaires internationaux.
Cependant, malgré ces progrès par rapport aux institutions du 19éme siècle, la
SDN n’a pas pu empêcher le déclenchement de la 2éme guerre mondiale.
Sur le plan technique, les OI techniques connaissent un certain perfectionnement
comme l’OIT (Organisation internationale du Travail).

3- La 3éme génération

Après 1945 et la fin de la 2éme guerre, le mouvement des OI s’est intensifié et


on assiste à une prolifération extraordinaire des OI.
Cette prolifération des OI peut être considérée comme est une manifestation de
la solidarité croissante des Etats.
Pendant cette période, plusieurs OI ont été créées dans des domaines très divers
comme le GATT (l’Accord général sur le commerce et les tarifs douaniers), le
FMI (le Fonds monétaire international), la Banque mondiale, l’ONU l’OCDE

16
(l’Organisation de la coopération et du développement économique), l’OTAN
(l’organisation de l’Atlantique Nord).
D’un autre côté, les pays sous développés ont aussi constitué des OI à caractère
régional comme la ligue des Etats arabes, l’Organisation de l’unité africaine.

Parag2 : Notion de l’OI

L’OI est un sujet du Droit international et jouit de la personnalité juridique dans


la mesure où une fois créée par les Etats l’OI est autonome par rapport aux Etats
membres. L'OI est fondée par un traité constitutif qui est le texte de base. Il
définit les missions de l’OI, ses Etats membres, le domaine géographique…Il
peut selon, les cas être, appelé charte(ONU), statut (Conseil de l’Europe), traité
(OTAN), pacte (SDN)…

L’OI conclut un accord de siège avec un Etat pour lui, permettre d’installer ses
services administratifs. Cet accord définit les immunités et les privilèges dont
l’OI va bénéficier sur le territoire de cet Etat. L’OI peut être définie comme « un
groupement d’Etats crée par eux au moyen d’un traité et doté d’organes
permanents qui agissent indépendamment des Etats membres pour la poursuite
d’intérêts communs ». 1 L’OI peut aussi être définie comme »un groupement
d’Etats crée par un accord conclu entre les Etats fondateurs, doté d’une
personnalité internationale et d’un appareil permanent destiné à lui permettre
d’atteindre les objectifs visés par la charte constitutive 2 ».

A partir de ces définitions, l’OI peut être définie comme une association d’Etats
poursuivant des buts d’intérêt commun au moyen d’organes autonomes et
susceptibles de manifester une volonté juridiquement distincte de celle de ses
membres. Cette définition fait ressortir les éléments suivants : l’élément
international ; le caractère permanent et la volonté propre de l’OI.

A- l’élément international

En principe, les membres de l’OI sont les Etats qui se font représenter par les
membres ou les délégués de leurs gouvernements. C’est pour cela qu’on les
appelle aussi des organisations intergouvernementales.

Cependant, certaines OI admettent comme membres des entités quine sont pas
toujours les Etats. C’est le cas de l’OIT (Organisation internationale du travail).

1
Simone Dreyfus ; Droit des relations internationales Paris- CUJAS 1987 p95.
2
PF Gonidec &R. Charvin Relations internationales, Paris Montchrestien 1981 p83.

17
Dans cette OI, il ya une représentation tripartite : d’une part les délégués du
gouvernement, les représentants syndicaux des employeurs et ceux des ouvriers.

B- le caractère permanent de l’OI

La permanence de l’OI constitue le caractère fondamental de l’OI. Il implique


que l’OI est dotée d’une structure, d’un ensemble d’organes qui agissent de
façon permanente dans le domaine des compétences de l’organisation. A la tête
de l’organisation, on trouve un secrétaire général. C’est l’élément clé du système
institutionnel de l’OI, il gère les affaires administratives.

Toute OI est constituée de façon tripartite (3 séries d'organes) : d’une part une
assemblée des États membres : c'est un organe délibérant. D’autre part un
secrétariat : c'est un organe administratif et permanent de l'organisation, son rôle
est de gérer les affaires administratives. À sa tête, il y a un secrétaire ou un
président. Et enfin un organe exécutif : C'est l'organe pilote. Pour l'ONU,
l'organe exécutif est le Conseil de sécurité des Nations Unies.

C- la volonté propre de l’OI

Il s’agit de la personnalité juridique de l’OI et c’est là l’élément fondamental de


la définition de l’OI. L’OI manifeste une volonté distincte de celle des Etats qui
la composent. En d’autres termes, c’est à partir du moment où les actes ne sont
plus imputés collectivement aux Etats mais à un nouveau sujet de Droit, que l’on
se trouve devant une OI.

Parag 3 : Classification des OI

Ces dernières années, les OI ont connu une grande variété. On peut donc opérer
une classification selon 3 critères :

- Selon la composition de l’OI ou son domaine géographique.

- Selon les fonctions et son domaine d’action.

- Selon les pouvoirs reconnus à l’OI.

A- la classification selon la composition de l’OI

Ce critère permet de distinguer deux types d’OI : des organisations à vocation


universelle et celles à vocation régionale.

Les OI universelles comprennent tous les Etats du monde à condition de se


soumettre à la procédure d’admission prévue par la charte constitutive ou de

18
participer directement à la fondation de l’organisation. C’est le cas de
l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Les OI régionales sont plus nombreuses. Dans ce genre d’organisations ; les


Etats se groupent par affinités géographiques, économiques, politiques,
militaires ou ethniques. C’est le cas de l’Union européenne (UE), l’Organisation
des Etats américains (OEA), le Conseil de l’Europe, la Ligue des Etats arabes…

Parfois une organisation regroupe un nombre limité d’Etats appartenant à


plusieurs zones géographiques différentes c’est le cas de l’Organisation de
l’Atlantique Nord (OTAN) ; ou l’OPEP (l’Organisation des Etats producteurs du
Pétrole)…

B- le critère des fonctions de l’OI

Ce critère permet de distinguer les OI selon l’étendue des fonctions. En effet,


certaines OI ont une compétence générale qui les autorise à s’occuper de toutes
les questions. Par contre, d’autres OI ont une compétence spécialisée.

D’où l’opposition entre les organisations politiques et les organisations


techniques. Ex : le domaine d’action de l’ONU est illimité dans la mesure où
elle intervient dans tous les domaines ; économiques, politiques, humains,
culturels…Alors que l’UNESCO (Organisation des nations unies pour
l’éducation la science et la culture) est limité à ces domaines précis.

Ce critère opère également la distinction selon la nature des fonctions des OI. Il
distingue entre les « organisations de coopération » et des « organisations de
gestion ». Les 1éres coordonnent l’activité politique ou juridique des Etats
membres (ex : ONU, Union Africaine…). Les 2émes sont au contraire chargées
d’accomplir une mission spécifique. C’est le cas de la FAO (Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), ou l’Agence spatiale
européenne…

C- le critère des pouvoirs reconnus à l’OI

Ce critère permet de distinguer les organisations interétatiques et les


organisations de coopération ou d’intégration. Les 1éres sont des organisations
classiques. Elles n’ont pas de pouvoir de décision à l’égard des Etats membres
mais un simple pouvoir de recommandation (Conseil de l’Europe ou l’OCDE).
A l’inverse, les organisations supranationales disposent d’un pouvoir de décision
obligatoire à l’égard des Etats membres. C’est le cas de l’Union

19
Européenne(UE). En effet, dans le cas de l’UE, le Conseil des ministres et la
Commission européenne ont un pouvoir de réglementation et de décision. Les
actes pris par ces deux organes sont exécutoires de plein droit sur le territoire de
l’UE et, en cas de conflit, le Droit communautaire prime toujours, sur les droits
nationaux des Etats membres.

Chapitre 2éme : Les sources du Droit International Public

Les différentes sources du DIP sont mentionnées à l’article 38 du Statut de la


Cour Internationale de Justice (CIJ).

En effet, l’article 38 du Statut de la CIJ énumère ces sources comme suit :


« 1- la Cour dont la mission est de régler conformément au Droit international
les différends qui lui sont soumis applique :
- Les conventions internationales soit générales soit spéciales établissant des
règles expressément reconnues par les Etats en litige ;
- La coutume internationale comme preuve d’une pratique générale acceptée
comme étant le Droit ;
- Les principes généraux du Droit reconnus par les nations civilisées ;
- les décisions judiciaires et la doctrine des publicistes les plus qualifiés des
différentes nations comme moyen auxiliaire de détermination des règles de
Droit.
2- La présente disposition ne porte pas atteinte à la faculté pour la cour, si les
parties sont d’accord de statuer ex aequo et bono ».

Ce texte élaboré en 1920 lors de la préparation du statut de la « CPJI » créée par


la Société des Nations (SDN) a été repris dans le statut de la CIJ.

Ce texte permet de dégager deux catégories de sources : des sources principales


comme le traité et la coutume et des sources complémentaires comme les
principes généraux de Droit, la doctrine, la jurisprudence.

Section 1ére : Les sources conventionnelles du DIP

Jusqu’à une date récente, les règles de conclusion, d’exécution et d’extinction


des traités étaient régies par le Droit coutumier.
Actuellement et depuis l’adoption de la convention de Vienne du 24 Mai 1969,
ces principales règles ont été reprises dans un texte écrit appelé « le traité des
traités ». Le but de cette convention est de codifier la pratique coutumière dans
le domaine applicable aux traités.
20
PARAGRAPHE I : LES TRAITÉS INTERNATIONAUX :

Ils occupent la première place dans la liste limitative des sources du DIP que
dresse l’article 38 du statut de la Cour Internationale de Justice (CIJ). Ils
représentent l’instrument privilégié des relations internationales.

A- La notion de traité international

La Convention de Vienne sur le Droit des traités a été adoptée le 23 mai 1969.
L’objet de cette Convention est de codifier la procédure conventionnelle et
introduire de nouvelles règles susceptibles de sauvegarder l’égalité des parties
contractantes. En d’autres termes, le but était d’instituer un cadre légal et
durable pour les normes du Droit international. Deux éléments vont être
examinés la définition du traité et ses différentes classifications.

1- Définition du traité international

Le traité peut être défini comme une manifestation de volontés concordantes


imputables à deux ou plusieurs sujets de droit international et destinée à produire
des effets de droit selon les règles de droit international.
L’article 2 de la convention de Vienne du 22 mai 1969 définit le traité
international comme étant « un accord international conclu par écrit entre États,
ou entre un État et une organisation internationale ou entre organisations
internationales et régi par le droit international, qu’il soit consigné dans un
instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments connexes, et qu’elle
que soit sa dénomination particulière. »
De cette définition, il apparait que les termes utilisés pour qualifier le traité
international sont très divers. En effet, d’autres termes peuvent être utilisés
comme : pacte, charte, accord, convention, déclaration, statut, protocole, modus
vivendi, mémorandum d’accords.

Par ailleurs, la définition du traité international proposée par la convention de


Vienne de 1969 suppose l’existence d’un document écrit. On pourrait conclure
que les traités oraux ne sont pas valables. Cependant, l’article 3 reconnait une
valeur juridique aux accords internationaux qui n’ont pas été conclus par écrit. Il
s’agit en outre d’accords entre sujets de droit international dans la mesure où
seuls les sujets de droit international comme l’État et les OI peuvent conclure
des traités.

2- Classification des traités internationaux

21
Plusieurs critères peuvent être utilisés :

- Le critère des parties : Selon le nombre d’États parties au traité, on distingue


le traité bilatéral qui lie seulement deux États, et le traité multilatéral qui
engage plus de deux États.

- Le critère de l’objet distingue entre les « traités-lois » et « les traités-


contrats ». Les traités-lois formulent des règles de droit c'est-à-dire des règles
générales. Les traités-contrats, règlent une situation particulière.
- Le critère de la forme distingue les accords en forme simplifiée des accords
en forme solennelle.
Les accords en forme simplifiée se caractérisent par l’absence de ratification,
alors que les accords en forme solennelle nécessitent une ratification. Cette
ratification émane de l’autorité suprême de l’Etat seule susceptible d’engager
juridiquement l’État.
Les accords en forme simplifiée excluent la ratification, et ont une force
obligatoire pour les États du seul fait de leur signature.
Cette pratique dite des « Executive Agreements » s’est développée aux USA en
raison du caractère contraignant de la procédure de ratification prévue par la
constitution américaine de 1787. En effet, les traités internationaux, négociés et
conclus par le président américain, doivent être ratifiés par le Sénat, à la
majorité des deux tiers. L’exigence de cette majorité qualifiée constitue un
véritable frein à l’adhésion à certains traités. C’était le cas pour le traité de
Versailles en 1920. Ainsi les USA qui avaient largement inspiré la création de la
SDN n’ont jamais pu en devenir membre faute de ratification par le Sénat
américain.

B- La conclusion des traités

L’élaboration des traités passe par 3 phases successives lorsque le traité est en
forme solennelle ou les limiter à 2 phases lorsqu’il est en forme simplifiée. Ces
phases sont : la négociation, la signature et la ratification.

1-La négociation

La préparation du texte de l’accord doit passer par une phase de négociation qui
prépare la rédaction définitive du texte.
Elle se déroule par la voie diplomatique. Elle peut selon l’objet du traité,
associer des experts
Les personnes compétentes pour négocier sont désignées par le Droit interne (la
constitution). Il s’agit du chef de l’Etat et ce dernier peut désigner des délégués
appelés « plénipotentiaires ». La phase de négociation est l’œuvre des
plénipotentiaires qui disposent des pleins pouvoirs pour négocier au nom de

22
l’État. Traditionnellement, le plénipotentiaire doit avoir une habilitation sous
forme écrite (la lettre de pleins pouvoirs) qui lui est remise par le chef de l’État.
La négociation peut se faire au sein d’organisation internationale ou encore dans
le cadre d’une conférence internationale. Elle se déroule par correspondances,
réunions, conférences, consultations…Elle se termine lorsque les parties se sont
mises d’accord pour la rédaction du projet de traité.
Ensuite s’ouvre la phase de rédaction du texte qui se fait par des propositions,
contre-propositions ou amendements. La rédaction du texte est souvent l’œuvre
d’experts qui accompagnent les négociateurs.
La rédaction du traité peut rencontrer des difficultés notamment quand les
parties n’utilisent pas la même langue. Cette situation peut provoquer des
conflits d’interprétation du traité. Dans le cadre de l’ONU, les langues officielles
sont le français, l’anglais, le chinois, le russe l’espagnol et l’arabe.

2-La signature du traité

Le traité, une fois adopté, va être signé par les parties. La signature va mettre un
terme à la phase de la négociation, conduite par les plénipotentiaires. C’est une
formalité très importante car elle permet de fixer le texte du traité. Ce dernier ne
pourra être modifié qu’à la suite de nouvelles négociations. C’est ce que l’article
10 de la convention de Vienne appelle « l’acte d’authentification ».
Cette signature permet de consacrer le consentement des plénipotentiaires sur
le texte du traité. La signature confère à l’État un statut provisoire au regard du
traité : il a des droits et des obligations vis-à-vis des autres États signataires.
La signature permet aussi d’identifier le traité en fixant le lieu et la date de sa
conclusion. C’est le chef de l’Etat qui signe le traité (art 55 de la constitution
marocaine de 2011). Enfin, elle a une importance capitale pour les accords en
forme simplifiée car elle suffit pour déclencher leur application. La date de la
signature constitue la date d’entrée en vigueur.

Il arrive qu’un Etat qui n’a participé ni à la négociation, ni à la rédaction du


traité manifeste sa volonté à être lié par cet accord. C’est la procédure de
l’adhésion. En effet, l’article 11 de la convention de Vienne considère
l’adhésion comme un mode d’expression du consentement de l’Etat qui souhaite
être lié par un traité. Elle produit les mêmes effets et les mêmes obligations que
sur les autres Etats.

3-La ratification du traité:

C’est l’acte par lequel l’Etat signataire du traité manifeste sa volonté à être
définitivement lié par ce traité.
Elle est donc l’approbation définitive donnée au traité. C’est l’expression du
consentement de l’État à être lié par le traité. Elle émane en principe des organes

23
internes c'est-à-dire de l’autorité étatique suprême qui possède la compétence
constitutionnelle pour engager internationalement l’État. Cette autorité est
généralement le Chef de l’État (art 55 de la constitution de 2011 : le roi signe et
ratifie les traités) Parfois, l’intervention du parlement est nécessaire pour
autoriser l’application du traité notamment quand le traité va avoir des effets
importants sur les intérêts de l’Etat (ex : traité de frontière, traité d’union…).
C’est le cas de l’article 55 de la constitution qui précise que certains traités ne
peuvent être ratifiés qu’après avoir été préalablement approuvés par le
parlement. C’est le cas des traités de paix ou d’union, ou ceux relatifs à la
délimitation des frontières, les traités de commerce ou ceux engageant les
finances de l’Etat, les traités relatifs aux droits et libertés individuelles ou
collectives des citoyens.
La ratification est une compétence discrétionnaire des États. Le droit
international ne prévoit aucun délai pour la ratification. Celle-ci peut être
différée sans que ne puisse être engagée la responsabilité internationale de l’État
qui a signé le traité. Exemple : Les USA qui avaient signé en 1925 le protocole
de Genève sur l’interdiction à la guerre des armes bactériologiques et chimiques,
ne l’ont ratifié qu’en 1975.

4- L’entrée en vigueur du traité

Elle varie en fonction de sa nature :


- Pour les traités conclus en forme simplifiée, l’entrée en vigueur se fait dès leur
signature car ils ne nécessitent pas de ratification.
- Pour les traités bilatéraux, l’entrée en vigueur a lieu lors de l’échange des
instruments de ratification des deux parties.
-Pour les traités multilatéraux, l’entrée en vigueur dépend généralement du
dépôt d’un certain nombre d’instruments de ratification. Le chiffre de
ratification varie en fonction de la nature de la convention. Pour les grandes
conventions conclues dans le cadre de l’ONU, le chiffre retenu est en principe
de 35 ratifications. Pour le statut de Rome instituant la Cour Pénale
Internationale (CPI), le chiffre exigé pour son entrée en vigueur était de 60
ratifications.
La convention de Vienne de 1969 rend obligatoire l’enregistrement au
secrétariat de l’ONU et la publication par ce dernier des traités internationaux.
Cette exigence vise à la condamnation implicite de la pratique de la diplomatie
discrète.

C-L’application des traités

Le traité valide doit être appliqué par les États parties qui doivent l’exécuter. En
d’autres termes, les effets du traité international sont obligatoires à l’égard des

24
parties contractantes. L’article 26 de la Convention de Vienne précise que « tout
traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par elles de bonne foi ».
D’un autre côté, un État ne peut invoquer les dispositions de son droit interne
pour justifier la non-exécution d’un traité (l’article 27 de la convention de
Vienne sur le Droit des traités). Cependant, il arrive que, dans certains cas, un
Etat soit signataire d’un traité mais il n’est pas satisfait par certaines de ses
dispositions. Dans ce cas, il peut émettre des réserves.

Les réserves sont des déclarations unilatérales faites par un Etat au moment de la
signature, la ratification ou l’adhésion. Par ces déclarations, il manifeste sa
volonté de ne pas appliquer certaines dispositions du traité.

D- Les effets du traité

Les effets du traité peuvent examinés sur les parties et sur les Etats tiers.

1- Les effets du traité sur les parties

Tout traité international lie les Etats contractants jusqu’à son extinction. Donc le
traité a un caractère obligatoire à l’égard des parties (Article 26 de la convention
de Vienne). Ce caractère obligatoire repose sur dés règles coutumières de base
qui sont le respect de la parole donnée (Pacta Sunt Servanda) et la bonne foi.
Au niveau international, le traité va conditionner le comportement de l’Etat
signataire car il est obligé de respecter ses engagements internationaux envers
les autres Etats.
Au niveau interne, le traité international a aussi des effets internes car l’Etat
signataire doit intégrer les règles internationales dans son Droit interne.
Le traité doit être publié au Bulletin officiel comme un texte de loi. Il est soumis
à la procédure de la promulgation.

2 - Les effets du traité sur les Etats tiers

En principe, le traité international a un effet relatif selon l’article 34 de la


convention de Vienne (un traité ne crée ni droit, ni obligation pour un Etat tiers
sans son consentement).
L’État tiers est celui qui n’a pas encore accompli les formalités nécessaires pour
devenir partie au traité, qui n’a pas participé à la conférence qui a établi le texte.
Ce qui veut dire qu’un État ne peut pas se prévaloir d’une convention entre
d’autres Etats pour en tirer des droits ou pour être tenu à certaines obligations.

25
Cependant, certaines exceptions peuvent être relevées de certains traités qui ont
bénéficié aux Etats Tiers.
Il s’agit par exemple des traités relatifs aux voies de communications
internationales qui contiennent des dispositions qui donnent aux Etats tiers le
droit d’user de ces voies de communications internationales. Ils bénéficient
immédiatement et de plein droit à tous les Etats.
Exemples : -Convention de Constantinople du 29 octobre 1888, sur le canal de
Suez, signée par 9 pays.
-Traité du 18 novembre 1901 entre les USA et GB sur le canal de Panama.
- Traité du 18 novembre 1903 entre les USA et Panama sur le Canal de Panama.

Parag2 : La coutume internationale : source non conventionnelle du DIP

La coutume peut être définie comme une création spontanée des membres de la
société internationale. C’est un Droit non écrit. Pendant longtemps, la coutume
était la base de la formation des règles du Droit international.
Présentée comme deuxième source du Droit international juste après le traité,
l’article 38 de la CIJ définit la coutume internationale « comme la preuve d’une
pratique générale, acceptée comme étant le droit »
Pour qu’il y ait coutume internationale, deux éléments doivent être réunis :
D’une part, l’élément matériel de la coutume. Et d’autre part, l’élément
psychologique.

1-L’élément matériel de la coutume :


La formation de la coutume s’appuie sur l’ensemble des comportements, usages,
pratiques des sujets du droit international : Etats, OI.
L’élément matériel suppose la réunion de 2 conditions : d’une part, un usage et
d’autre part une pratique continue de cet usage. L’usage est la pratique crée
spontanément par le milieu social international. Cet usage doit être répété dans
le temps et dans l’espace. C’est cette répétition qui l’imposer progressivement
dans le milieu social. Pour qu’on puisse parler de coutume, il faut une
application continue, commune et ininterrompue des mêmes pratiques sur une
longue période.

2-L’élément psychologique : l’opinio juris


Cet élément est indispensable à la transformation de l’usage en coutume c'est-à-
dire en règle qui va avoir le caractère obligatoire. L’élément psychologique
suppose la conviction des États que la règle coutumière est obligatoire sur le
plan juridique. Pour eux, le non respect de la pratique coutumière serait la
violation d’une règle de droit et donc susceptible de sanction. Dans ce cas,
l’usage doit être accepté et ne doit pas faire l’objet d’une contestation de la part
des Etats. Les règles coutumières internationales ont fait l’objet de codification.
Elle consiste » à faire passer une réglé ou un principe du droit non écrit à l’état

26
de droit écrit par voie de déclaration ». Selon l’article 13 de la charte, l’ONU
vise à développer la coopération internationale dans le domaine politique et
encourager le développement progressif du Droit international et sa
codification ». C’est sur la base de cet article que va être créée la Commission
du Droit international (CDI). C’est ainsi qu’en 1969, la convention de Vienne
sur le Droit des traités a été adoptée. Son objectif est de rassembler les règles
coutumières internationales et de les codifier c'est-à-dire les mettre dans un
code.

Section II : Les sources auxiliaires du droit international public

Il s’agit des principes généraux de Droit, de la doctrine ; de la jurisprudence.

Parag 1er : Les principes généraux de DIP

Ils font parties des sources du DI mentionnées à l’article 38 du statut de la CIJ. Il


s’agit en réalité de principes généraux de Droit qui sont communs aux divers
ordres juridiques internes. A l’origine, il s’agissait de ceux « reconnus par les
nations civilisées. ».
Il s’agit désormais de principes généraux reconnus dans tous les systèmes
juridiques de tous les États indépendants. Ce sont des principes universels que
l’on retrouve dans tous les systèmes juridiques. Ils sont de 2 catégories :
- D’une part, les principes communs aux ordres juridiques nationaux. Ces
principes sont admis et reconnus sur le plan national sont transposés dans
l’ordre juridique international. C’est le cas du respect des droits de la défense,
du caractère obligatoire des engagements ou l’obligation de réparer le dommage
causé.
- D’autre part, on trouve les principes propres au Droit international comme le
principe de l’égalité souveraine des Etats, le principe d’indépendance et de
souveraineté des Etats, le principe de continuité…

Parag 2 : La doctrine

La doctrine est constituée par les écrits et les études des auteurs spécialistes en
Droit international. La doctrine favorise l’élaboration du droit positif par un
travail d’analyse et de synthèse. Les sujets du DI ont de tout temps ressenti le
besoin d’une expertise juridique.
La doctrine permet aussi une meilleure interprétation du DIP.

Parag3 : La jurisprudence

Elle est constituée de l’ensemble des décisions juridictionnelles (judiciaires) ou


arbitrales, tant nationales qu’internationales.

27
Considéré isolément, un arrêt ou un avis d’une juridiction internationale
constitue un précédent ou un moyen de détermination du droit, il n’est pas la
jurisprudence.
La jurisprudence internationale est constituée par l’ensemble des décisions de
justice émises par la Cour Permanente de Justice Internationale CPJI (Créée
en 1920) et de la CIJ (Créée en 1945).

Parag 4 : Le principe de l’équité (ex aequo et bono)

Ce principe n’est pas une source directe du Droit international mais c’est un
moyen de règlement des différends. Il permet, si les parties au litige sont
d’accord, de statuer en équité dans la mesure où la décision est rendue sur la
base du sentiment de justice. La décision prise prend en considération les
intérêts des parties en se basant sur l’équilibre et l’équité.

Section 3 : Les autres sources du droit international public

L’article 38 du statut de la CIJ n’a pas prévu d’autres sources du Droit


international. Ces sources sont d’apparition récente. Il s’agit d’une par des
normes impératives (jus cogens) et d’autre part des actes unilatéraux des Etats et
des Organisations internationales.

Parag 1er : les normes impératives (jus cogens)

Il s’agit d’une notion nouvelle qui signifie « norme commune à tous les gens ».
C’est une règle introduite dans la convention de Vienne (Articles 53 et 54) sous
la pression des Etats nouvellement indépendants. L’article 53 la définit comme
« une norme acceptée et reconnue par la communauté internationale des Etats
dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n’est
permise ». Tout traité conclu en violation d’une norme impérative du Droit
international est frappé par la nullité. Les normes impératives consacrent un
ordre public international et visent à protéger l’humanité contre certaines
pratiques comme la colonisation, la traite des esclaves, le génocide ou la
piraterie.
Une norme impérative du droit international général (jus cogens) est une norme
acceptée et reconnue par la communauté internationale des États dans son
ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n’est permise et qui ne
peut être modifiée que par une norme ultérieure du droit international général
(jus cogens) ayant le même caractère. Les normes impératives du droit
international général (jus cogens) reflètent et protègent les valeurs
fondamentales de la communauté internationale, sont hiérarchiquement
supérieures aux autres règles du droit international et sont universellement
applicables.

28
Pour qu’une norme soit considérée comme une norme impérative du droit
international général (jus cogens), il est nécessaire de démontrer que la norme en
question satisfait les critères suivants :
a) Il s’agit d’une norme du droit international général ; et
b) Elle est acceptée et reconnue par la communauté internationale des États dans
son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n’est permise et
qui ne peut être modifiée que par une norme ultérieure du droit international
général ayant le même caractère.

Parag 2 : les actes unilatéraux des Etats et des Organisations internationales.

Il s’agit de certains actes qui procèdent de la volonté unilatérale d’un Etat ou


d’une organisation internationale.

- l’acte unilatéral d’un Etat : en tant que sujet du Droit international, l’Etat peut
prendre certaines décisions unilatérales qui produisent des effets au niveau
international. C’est le cas de la décision de reconnaissance, acceptation d’une
recommandation d’une OI, …
- l’acte unilatéral d’une OI : il s’agit des résolutions, recommandations ou
décisions prises par les OI. Il s’agit des actes crées par la seule volonté de l’OI.
Ces actes sont d’ordre interne c'est-à-dire dont l’application se limite à
l’intérieur de l’organisation par opposition aux actes à portée externe qui
peuvent produire des effets de Droit soit pour les individus soit pour les Etats.
Les actes internes concernent la structure et le fonctionnement de l’organisation
et sont déjà prévus par la charte constitutive. Cependant, celle-ci ne prévoit pas
tout et les organes de l’organisation sont souvent amenés à établir leur propre
règlement interne. %%%

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