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PLAN

CHAPITRE 1 : LA THEORIE GENERALE DE LA NATIONALITE

CHAPITRE 2 : LA NATIONALITE MAROCAINE

CHAPITRE 3 : LA CONDITION DES ETRANGERS

CHAPITRE 4 : DROIT INTERNATIONAL PRIVE

CHAPITRE 5 : CONFLITS DE LOIS

CHAPITRE 6 : CONFLITS DE JURIDICTIONS

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CHAPITRE 1

LA THEORIE GENERALE DE LA NATIONALITE

SECTION 1 : LA NOTION DE NATIONALITE

SECTION 2 : LA REGLEMENTATION DE LA NATIONALITE

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CHAPITRE 1

LA THEORIE GENERALE DE LA NATIONALITE

SECTION 1 : LA NOTION DE NATIONALITE


Le mot nationalité peut avoir deux sens : un sens juridique (et politique) et un sens
sociologique. Sur le plan juridique, la nationalité de droit est l’appartenance juridique d’une
personne à la population constitutive d’un état.
En revanche, sur le plan sociologique, la nationalité se définit comme l’appartenance
d’un individu à un groupe social envisagé comme entité autonome. Pour délimiter cette
appartenance, on retiendra certains éléments de fait tels que l’origine de l’individu, la race,
l’ethnie, la langue, la religion, l’histoire , les coutumes, les traditions, les aspirations, les
sentiments ou intérêts communs. En somme, la nationalité de fait est l’appartenance à une
communauté dont la notion relève de la sociologie.
La nationalité de droit entretient des rapports avec la nationalité de fait. La nationalité
de droit est l’expression juridique de la nationalité de fait. Elle est certes plus artificielle, plus
arbitraire que la nationalité de fait, mais plus stable.

Paragraphe 1 : La nationalité de droit


La nationalité au sens juridique et moderne du terme est liée à la théorie de l’Etat moderne.
Elle suppose un lien qui va rattacher le bénéficiaire au donneur de la nationalité.

A. Le donneur de la nationalité
C’est l’Etat qui intervient pour affirmer son droit de puissance publique et pour reconnaître
les droits des individus.
La législation interne de l’état confère souverainement, unilatéralement la nationalité.
La liberté dans l’établissement des règles relatives à la nationalité dans chaque état
débouche sur des conséquences originales ex : apatridie, phénomène de bi- nationalité ou de pluri-
nationalité. Il faut que l’Etat soit reconnu, et souverain. Un gouvernement provisoire peut accorder
la nationalité, de même peut importe la grandeur de l’état ex : Monaco.
L’Etat organisé sous forme de fédération peut donner la nationalité ex : USA, il y a une
seule nationalité américaine. Toutefois, sur le plan interne de la fédération, l’état fédéral est libre
d’y organiser des sous-distinctions. En Suisse au niveau du droit international, il y a une seule et
même nationalité, mais des différences apparaissent sur le plan interne. Le citoyen Suisse est le
ressortissant d’un canton, mais bénéficie de la nationalité de la fédération. Un Etat n’a pas le droit
de conférer la nationalité d’un autre Etat à un individu.

B. Le bénéficiaire de la nationalité
Les personnes morales : Il s’agira ici des sociétés, des associations. Cette nationalité pose
des problèmes différents de ceux de la nationalité de personnes physiques, car à travers la personne
morale, c’est l’activité économique des sociétés étrangères dans un pays qui est en cause. On
retient le critère du contrôle, de l’incorporation, du siége social ou du centre d’exploitation.
Les navires et les aéronefs : Le pavillon d’un navire est le signe d’un certain rattachement
juridique pour des raisons d’organisation, de sécurité et de publicité. Tous les navires et les
aéronefs ont un rattachement avec un état qui est la nationalité. Cela se matérialise par un port
d’attache où ils sont enregistrés et immatriculés.
La nationalité des choses (avions, navires) s’avère plutôt comme un domicile. En effet on
voit dans certains cas des navires qui sont rattachés à un état, pour pouvoir bénéficier de certains

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avantages fiscaux, ou tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas le faire dans leur état enclavé
(dépourvu de mer).

C. Le lien de Nationalité
Le lien de nationalité n’est pas contractuel. Il est légal et interne.
Le lien juridique de la nationalité est un lien légal. Il relève du droit public interne de chaque
état.
La compétence souveraine des états en matière de nationalité est reconnue par le droit
international (les états sont libres de codifier le droit de nationalité comme ils l’entendent :
attribution, acquisition, perte, déchéance, réintégration).
Chaque état envisage ses propres intérêts quand il élabore son code de nationalité. Il le fait
en toute liberté, mais ceci n’exclut pas quelques interventions du droit international, celles-ci
restent tout de même secondaires.
Le lien de nationalité va avoir des conséquences à plusieurs niveaux.
Au niveau du droit interne : Le lien de nationalité entraîne des droits et des obligations. Le
lien de nationalité confère des avantages. Le national d’un état va avoir des droits : il peut par ex :
élire, être éligible, titulaire dans la fonction publique... bénéficier de la protection diplomatique.
Inversement, le lien de nationalité peut imposer des charges ex : impôts, service militaire, service
civil, solidarité nationale, guerre.
Au niveau du droit international public : En vertu de ce lien de nationalité, le bénéficiaire
peut profiter à l’étranger de la protection diplomatique de l’état dont il porte la nationalité, d’une
convention d’établissement.
Au niveau du droit international privé : Dans certains systèmes de conflits de lois, La
nationalité détermine la loi applicable au statut personnel (à la différence du droit anglais qui
retient le critère du domicile).

Paragraphe 2 : La nationalité de fait


La nationalité de fait est l’appartenance de l’individu non pas à une entité étatique mais à
une certaine nation. L’optique est d’ordre sociologique.
La nationalité de droit peut ne pas coïncider avec la nationalité de fait ex : Chypre. De
même au canada, où coexistent deux nationalité de fait, les canadiens francophones et les canadiens
anglophones.
La nationalité peut être prise au sens de peuple, de groupe humain ayant une identité, une
personnalité, une réalité sociologique.
On parlera de la nation palestinienne, de la nation kurde, on dira qu’il y a deux nations en
Belgique : la nation flamande et la nation wallone et plusieurs nations en Espagne (Catalans,
Basque avec leurs spécificités).Nationalité de fait aussi : Indiens canada et aux USA.
Lorsque la minorité est importante dans un Etat, elle peut poser des difficultés aigues, ex :
problème basque en Espagne.
Les forces politiques à travers le monde, demandant l’autonomie peuvent être plus au
moins exigeantes : de l’autonomie linguistique, culturelle, à l’autonomie administrative. Cela peut
aboutir à une révision constitutionnelle ou à la sécession. C’est tout le problème du droit des
peuples à disposer d’eux mêmes.

SECTION 2 : LA REGLEMENTATION DE LA NATIONALITE


L’état doit tenir compte du contexte lors de la réglementation de la nationalité. Bien que
régie et définie substantiellement et librement par la légalisation interne de chaque état, la
nationalité intéresse non seulement l’ordre interne, mais aussi l’ordre international. En effet, les
traités peuvent constituer des limites à cette liberté de l’état. Il reste que leur rôle n’est pas très
étendu. Ainsi certains traités sont conclus pour atténuer les conflits de nationalité.

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Au dessus des ordres internes et en dehors des traités, il existe des règles de droit
international public, des coutumes internationales, des principes généraux du droit que les états
doivent respecter pour réglementer la nationalité. C’est dire que l’état en réglementant la
nationalité doit tenir compte d’un idéal international (§1) et du contexte interne (§2).

Paragraphe 1 : L’impact de l’idéal international


La nationalité est un critère de démarcation entre les nationaux et les étrangers. Le droit
international public reconnaît à chaque état une compétence exclusive pour définir quels sont ses
nationaux. Cependant cette liberté est limitée par les conventions internationales, la coutume
internationale, les principes généraux de droit reconnus en matière de nationalité.
Il s’agit du droit d’avoir une nationalité, de la liberté de choisir ou de changer de nationalité,
Il s’agit aussi de l’interdiction de priver arbitrairement un individu de sa nationalité. En fait tous
ces principes sont vagues. Tout simplement, ils constituent un idéal vers lequel doivent s’orienter
les Etats. Et il est regrettable que l’intérêt de chaque Etat passe toujours avant ce modèle.
Le droit d’avoir une nationalité : C’est la règle en vertu de laquelle tout personne doit
avoir une nationalité. Dans l’élaboration de leurs codes de nationalité, les états doivent s’efforcer
d’éviter l’apatridie en offrant aux apatrides une possibilité de s’intégrer dans une nouvelle
nationalité, ex : tout individu né au Maroc d’une mère marocaine et d’un père apatride à la
nationalité marocaine. Les états peuvent reconnaître à l’apatridie un certain statut. La convention
de Genève du 28 Juillet 1951 sur le statut international des réfugiés et la convention de New York
du 28 septembre 1954 sur le statut des apatrides reconnaissent au réfugié et à l’apatride la
« condition d’étranger la plus favorable ».
La liberté de choisir et de changer de nationalité : Dans la pratique actuelle des états,
lorsque un étranger se trouve sur un territoire, il n’a aucune obligation de se faire naturaliser. La
notion d’allégeance perpétuelle n’est pas toujours absente des législations étatiques. La convention
de La Haye de 1905 modifiée en 1930 a ordonnée aux états de supprimer le caractère perpétuel du
lien d’allégeance. On ne peut imposer à un individu une nationalité durant toute sa vie et dans
certaines législations on prévoit des cas de perte de nationalité.
L’interdiction des déchéances abusives de nationalité : Principe selon lequel, nul ne peut
être privé arbitrairement de sa nationalité. Il vise essentiellement les déchéances de nationalité :
condamnation pénale, raisons politiques. Ces déchéances peuvent viser des nationaux d’origine ou
d’acquisition. Les cas de déchéances de nationalité étant fixés par la législateur de chaque état,
peuvent ouvrir la porte à l’arbitraire surtout s’ils sont rédigés en termes très vagues et ont pour
motivation des justifications d’ordre politique.

Paragraphe 2 : L’influence du contexte interne


Les intérêts qui commandent la place respective à réserver aux jus-soli et jus sanguinis dans
un système de nationalité dépendent de plusieurs facteurs.

A- Les facteurs d’attribution de la nationalité


Ces facteurs apparaissent à travers les données démographiques, économiques, ethniques,
raciales, religieuses, historiques de la société.
Démographie : Un pays de forte natalité aura tendance à fermer sa nationalité afin de ne
pas multiplier les nationaux, si du moins la démographie lui pose des problèmes économiques et
sociaux aigus. Le jus-soli s’il est admis n’aura qu’une place réduite.
Facteur économique : Ce facteur est lié au marché de l’emploi. On peut faciliter l’obtention
de la nationalité dans un état où une main d’œuvre étrangère est vitale pour l’économie. Egalement
on peut conférer la nationalité à des individus ayant introduit une industrie ou une invention
importante dans le pays, ou au propriétaire ou directeur d’un important projet économique, en
principe dans l’intérêt du pays.

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Pays d’immigration ou d’émigration : Un pays d’immigration qui reçoit sur son sol un
apport de population venu de l’extérieur et s’établissant sans esprit de retour a tendance à ouvrir
sa nationalité : cas des Etats-Unis d’Amérique-Canada.
Considération ethniques, raciales ou religieuses : Par l’ouverture qu’il implique sur
l’extérieur, le jus-soli peut mettre en péril l’unité éthique ou raciale d’une nation, c’est pourquoi
les pays qui ont une conception raciale de la nationalité ne sont pas favorables au jus-soli, et c’est
le jus sanguinis qui va jouer un rôle dans l’octroi de la nationalité.
De même, une communauté dont le ciment est la religion, entendra réserver jalousement
son unité, sa spécificité, en refusant d’assimiler des membres étrangers à sa religion. Le jus-soli
ne saurait donc jouer à ce niveau un rôle notable.

B- Les modalités de dévolution de la nationalité


Il faut distinguer la nationalité d’origine attribuée automatiquement par la loi à un individu
dés sa naissance soit en vertu du jus-sanguinis, soit en vertu du jus soli, soit en vertu d’une
combinaison des deux, et la nationalité d’acquisition (acquise en cours d’existence).

La nationalité d’origine : Il y a 2 critères à savoir :


- Le jus sanguinis : C’est l’attribution de la nationalité qui se fonde sur le sang, la famille,
l’hérédité. C’est un critère utilisé souvent dans les législations. L’attribution de la nationalité par
le lien du sang peut se faire soit par le père, soit par la mère. Dans une société partriarcale, seul le
père en principe transmet par le sang la nationalité à son enfant, évidement la mère peut conférer
la nationalité, mais à titre exceptionnel (ex : père inconnu, ou père apatride).
- Le jus soli : C’est l’attribution de nationalité qui se fonde sur le lieu de naissance, (sur
un territoire, un sol ex : Angleterre). Ce critère est moins évident que le critère précédant. Il
peut être fortuit, occasionnel. Le jus-soli n’est pas une preuve suffisante, on s’explique alors
pourquoi ce sont essentiellement les pays d’immigration (Canada, Australie…) ou la
population est insuffisante qui l’utilisent. De même, le jus-soli peut jouer pour éviter des cas
d’apatridies, ex : enfant né de parent inconnus au Maroc.
La nationalité d’acquisition : Tous les codes comportent les techniques qui ouvrent plus
au moins largement la nationalité locale aux étrangers. Le fait pour chaque état d’élaborer
librement les règles relatives à la nationalité peut conduire à des conflits de nationalité.

Paragraphe 3- Les conflits de Nationalité


La doctrine distingue les conflits négatifs et les conflits positifs.

A- Les conflits négatifs


Le conflit se pose pour l’apatride et le réfugié.
L’apatride : Perdant sa nationalité d’origine, sans acquisition d’une nouvelle, l’apatride
est une personne qui n’a pas légalement une nationalité. La conférence de New York a abouti
à la convention du 28.9.1954 relative au statut des apatrides. Cette convention définit la notion
d’apatride et prévoit que le statut des apatrides sera régi par la loi du pays du domicile, ou de la
résidence de l’apatride, celui-ci bénéficiant de tous les droits accordés aux étrangers dans ce
pays. Le Maroc n’a pas ratifié la convention de New York de 1954.
Le réfugié : Multiplication des réfugiés à la suite des 2 guerres mondiales et des guerres
civiles…Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Le réfugié suppose la fuite du pays
d’origine. Les causes de la fuite sont multiples. Cette fuite entraîne une rupture du lien entre
l’individu et son état. Rompant avec la protection de son état, le réfugié est à la recherche d’une
autre protection, dans le pays d’asile. La qualité de réfugié est reconnue à quelqu’un. Elle ne
lui est pas attribuée.

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B- Les conflits positifs
La double nationalité offre des avantages car la circulation de l’individu est facile.
Néanmoins la double nationalité multiplie aussi les charges (impôt, obligation militaire). Il est
difficile d’empêcher le phénomène de double nationalité.
Des conflits peuvent se poser. En cas de conflit entre la nationalité du for et une
nationalité étrangère : quelle loi doit appliquer le juge ? C’est toujours la nationalité du for qui
prime sur la nationalité étrangère.

CHAPITRE 2

LA NATIONALITE MAROCAINE

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I- L’ATTRIBUTION DE LA NATIONALITE MAROCAINE

II- L’ACQUISITION DE LA NATIONALITE MAROCAINE

III- LA PERTE DE LA NATIONALITE MAROCAINE ET LA DECHEANCE

CHAPITRE 2

LA NATIONALITE MAROCAINE

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Le code nationalité de 1958 prévoit des conditions d’application dans l’espace et dans
le temps.

1-Application dans l’espace


Le code est applicable jure soli au Maroc, l’expression « au Maroc » s’entend d’après
l’article 5 du code :
De tout le territoire marocain : Le Maroc a gelé pendant longtemps la ratification de
l’accord d’Ifrane avec l’Algérie (Tindouf), revendique des portions de territoire sous domination
étrangère (mélilia, ceuta, îles jaffarine, pénom d’Al Hoceîma) et fait face diplomatiquement et
militairement à des prétentions en dépit de la récupération du Sahara et de l’unanimité nationale
faite autour de cette cause. Par territoire marocain, il faut considérer non seulement le territoire
sous souveraineté marocaine au moment de la mise en vigueur du code de la nationalité marocaine,
mais aussi Tarfaya récupérée en 1958, Sidi Ifni 1969 et le Sahara en 1975.
Des eaux territoriales marocaines : Cette expression se confond avec celle de « mer
territorial » car il est entendu que les lits des rivières qui coulent au Maroc font partie du territoire
marocain. Par eaux territoriales, on vise la bande de mer longeant les côtes de l’Etat et soustraite,
dans l’intérêt de ce dernier au régime de liberté en haute mer. Un Dahir de 2 Mars 1973 a retenu
la limite des eaux territoriales marocaines à 12 milles marins (BO. N°3149).
Des navires et aéronefs de nationalité marocaine

2-Application dans le temps


Les règles figurant dans le code notamment les dispositions nouvelles relatives à la
nationalité marocaine à titre de nationalité d’origine, s’appliquent même aux individus nés avant
la date de la mise en vigueur de ces dispositions, c'est-à-dire le 1er octobre 1958, si du moins à
cette date ces individus étaient encore mineurs de moins du 21 ans. Ils sont censé être marocains
dés leur naissance mais la rétroactivité ne peut porter atteinte à la validité des actes passés par des
intéressés ni aux droits acquis des tiers.
Quand il s’agit par contre de nationalité d’acquisition ou de cas de perte de la nationalité
marocaine, les conditions en sont fixées par la loi en vigueur au moment où se réalisent les faits
ou actes de nature à entraîner cette acquisition ou cette perte. Les règles relatives à la majorité et
au calcul des délais : l’article4 du code édicte qu’est majeur au sens du présent code toute personne
ayant atteint l’âge de 21 années grégoriennes révolues. Le code de la nationalité ajoute (article4)
que « tous les délais prévus dans le code se calculent suivant le calendrier grégorien ».

I- L’ATTRIBUTION DE LA NATIONALITE MAROCAINE


Les dispositions relatives à la nationalité marocaine sont fixées par la loi : dahir n° 1-
58-250 (21 safar 1378) portant Code de la nationalité marocaine (B.O. 12 septembre 1958) tel
qu’il a été modifié et complété par la loi n°62-06 promulguée par le dahir du 23 mars 2007
(Publiée au B.O. n°5514 du 5 avril 2007), et, éventuellement, par les traités ou accords
internationaux ratifiés et publiés. Les dispositions des traités ou accords internationaux ratifiés
et publiés prévalent sur celles de la loi

Par le jus sanguinis :


Nationalité par la filiation parentale ou par la filiation paternelle : Est Marocain, l'enfant
né d'un père marocain ou d'une mère marocaine.
Le « jus sanguinis » est l’attribution d’une nationalité en vertu des liens de filiation qui
existent entre l’intéressé au moment de sa naissance et la personne qui va lui donner la
nationalité. C’est l’appréciation du « jus sanguinis » du « droit de sang ».

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Par le jus soli :
Nationalité par la naissance au Maroc :
Est Marocain, l'enfant né au Maroc de parents inconnus.
Toutefois, l'enfant né au Maroc de parents inconnus sera réputé n'avoir jamais été
Marocain si, au cours de sa minorité, sa filiation est établie à l'égard d'un étranger et s'il a,
conformément à la loi nationale de cet étranger, la nationalité de celui-ci.
L'enfant de parents inconnus trouvé au Maroc est présumé, jusqu'à preuve du contraire,
né au Maroc.
Il importe de définir le territoire dans la mesure où le code est explicite en la matière,
l’article 5 énonce que « le territoire marocain est composé de territoire proprement dit, des eaux
territoriale et els couches d’air au dessus des deux ».
Le « jus soli » retient le territoire en tant que lieu de naissance, il coexiste avec le « jus
sanguinis », son utilisation est soumise aux différents facteurs : religieux, démographiques et
sociaux.
- Les facteurs religieux : ces facteurs jouent un rôle primordial notamment dans les pays
musulmans où la tendance était de rejeter le « jus soli » car la communauté musulmane
n’accordait la nationalité qu’en se basant sur le régime ou plutôt l’origine musulman des
parents. Le but était de conserver la spécificité musulmane de cette communauté. Actuellement,
tous les états y compris le Maroc accepte le jus soli afin d’éviter l’apatridie.
- Les facteurs démographiques : les pays qui ont une forte démographie, non seulement en
ce qui concerne l’importance remarquée de la population mais aussi un taux élevé de natalité,
ne recourent pas souvent à l’utilisation du jus soli afin de ne pas gonfler leurs populations. C’est
la position adoptée par le Maroc. Suivant l’article 7 du code marocain, est national par jus soli :
« l’enfant né au Maroc d’une mère marocaine et d’un père apatride, l’enfant né au Maroc de
parents inconnus ». Toutefois pour ce dernier, il sera réputé n’avoir jamais été si au cours de sa
minorité, une filiation est établie et lui accorde une nationalité étrangère. De même l’enfant
trouvé est présumé être marocain jusqu’à preuve du contraire.
- Les facteurs sociaux : le législateur peut recourir uniquement au jus sanguinis afin
d’assurer la pureté de l’ethnie, l’exemple le plus frappant est celui de Madagascar qui refuse
d’accorder la nationalité malgache aux asiatiques notamment les chinois et els indiens qui sont
installés sur l’île.

II- L'ACQUISITION DE LA NATIONALITE MAROCAINE

Paragraphe 1 : Acquisition par le bienfait de la loi

1- Acquisition de la nationalité marocaine par la naissance et la résidence au Maroc


:
* Sauf opposition du ministre de la justice, acquiert la nationalité marocaine si, dans les
deux ans précédant sa majorité, il déclare vouloir acquérir cette nationalité, tout enfant né au
Maroc de parents étrangers qui y sont eux-mêmes nés postérieurement à la mise en vigueur du
dahir sur la nationalité, à condition d'avoir une résidence habituelle et régulière au Maroc.
* Sauf opposition du ministre de la justice, acquiert la nationalité marocaine, si elle
déclare opter pour celle-ci, toute personne née au Maroc de parents étrangers et ayant une
résidence habituelle et régulière au Maroc, dont le père lui-même est né au Maroc, lorsque ce
dernier se rattache à un pays dont la fraction majoritaire de la population est constituée par une
communauté ayant pour langue l'arabe ou pour religion l'islam et appartenant à cette
communauté.

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2 - Acquisition de la nationalité marocaine par la Kafala (prise en charge) :
* Sauf opposition du ministre de la justice, toute personne de nationalité marocaine
ayant pendant plus de cinq années, la kafala (la prise en charge) d'un enfant né en dehors du
Maroc de parents inconnus, peut présenter une déclaration aux fins d'acquisition de la
nationalité marocaine par l'enfant.
* Sauf opposition du ministre de la justice, l'enfant soumis à la Kafala, répondant à ces
conditions et dont le Kafil n'a pas présenté de déclaration après la fin des cinq années, peut
présenter personnellement sa déclaration aux fins d'acquisition de la nationalité
marocaine durant les deux années précédant sa majorité.

3- Acquisition de la nationalité marocaine par le mariage :


La femme étrangère qui a épousé un Marocain peut, après une résidence habituelle et
régulière au Maroc du ménage depuis cinq ans au moins, souscrire, pendant la relation
conjugale, une déclaration adressée au ministre de la justice, en vue d'acquérir la nationalité
marocaine. La fin de la relation conjugale n'a aucun effet sur la déclaration qu'elle a déposée
avant ladite fin.
Le ministre de la justice statue sur la déclaration dans un délai d'un an à compter de la
date de son dépôt.
L'acquisition de la nationalité prend effet à compter de la date du dépôt de la déclaration.
Demeurent néanmoins valables les actes passés conformément à la loi nationale antérieure de
l'intéressée avant l'approbation du ministre de la justice.

Paragraphe 2 : La naturalisation
Il y a deux sortes de naturalisation : la naturalisation de droit commun et la naturalisation
de faveur.
Naturalisation de droit commun :
L’étranger doit remplir les conditions suivantes :
- avoir au moins 21 ans, avoir au moment de la signature de l’acte de naturalisation une
résidence au Maroc
- être sain de corps et d’esprit et justifier de moyens suffisants d’existence pour ne pas être
une charge pour le Maroc ;
- avoir eu une résidence habituelle et régulière au Maroc pendant 5 ans au moins précédant
la date du dépôt de la demande ;
- Etre de bonne vie et mœurs et n’avoir pas fait l’objet de condamnation pour crime ou à
une peine restrictive de liberté pour un délit infamant non effacée dans l’un et l’autre cas
par la réhabilitation. Celle–ci est une faveur judicaire ou légale, qui en droit comparé, fait
disparaître la condamnation avec toutes ses conséquences. Au Maroc, elle est réglementée
par les articles 102 et 60 du code pénal et 730 à 747 du C.P.P
- Justifier d’une suffisante connaissance de la langue arabe.
- Adresser une demande de naturalisation au ministère de la justice accompagnée de titres
justificatifs, la demande peut être rejetée ou acceptée après la vérification de ces
conditions et un contrôle d’opportunité. Si la demande est acceptée, un décret de
naturalisation est publié au B.O. En cas de rejet, celui-ci n’a pas à être motivé.

La naturalisation de faveur :
Elle est accordée par Dahir du souverain publié au Bulletin officiel. Les conditions de résidence
de 5 ans, de bonne santé et de moyens d’existence suffisants, de connaissance de la langue arabe
ne sont pas exigées :
- si l’étranger a rendu des services exceptionnels au Maroc.
- Ou si sa naturalisation présente un intérêt exceptionnel pour le Maroc.

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2°- Conséquences de la naturalisation
Elle concerne l’acte de naturalisation et la condition juridique du naturalisé.

a- L’acte de naturalisation
L’acte de naturalisation (Dahir ou décret) produit effet à l’égard de l’intéressé et des
tiers à compter de sa publication au B.O. L’acte qui accorde la nationalité marocaine par
naturalisation à une personne peut en outre l’accorder à ses enfants mineurs non mariés.
Toutefois, les enfants mineurs âgés de 16 ans au moins à la date de l’acte de naturalisation, ont
la faculté de décliner cette nationalité entre leur 18ème et 21ème année. C’est donc un cas de perte
de la nationalité marocaine par volonté des parties.
Le code prévoit (art 13 et 27 complété par le Dahir du 10 août 1960) que l’acte de
naturalisation, ainsi que la décision d’acquiessement à la décision d’option pour la nationalité
marocaine peuvent modifier les noms et prénoms et autorisent la modification des actes de l’état
civil le concernant, sans recourir à une procédure judicaire. La naturalisation réserve une
situation particulière au naturalisé.

b- La condition juridique du naturalisé


L’étranger marocain ainsi que tous les étrangers qui ont acquis la nationalité marocaine,
jouissent à dater du jour de cette acquisition de tous les droits attachés à la qualité de marocain.
Cependant, le naturalisé et lui seul est soumis pendant un délai de 5 ans à certaines
incapacités à moins qu’il n’en ait été épargné en tout ou partie par une décision prise dans les
mêmes formes que celles qui lui a accordé la naturalisation. Les incapacités sont d’ordre
politique ou professionnel :
- Le naturalisé ne peut être électeur lorsque la qualité de marocain est exigée pour
l’inscription sur les listes électorales.
- Il ne peut être investi de mandats électifs
- Il ne peut être investi de fonctions publiques.
Une naturalisation de faveur de nature exceptionnelle est prévue par le code : c’est le
réintégration.

Paragraphe 3 : L’acquisition par la réintégration


La réintégration dans la nationalité marocaine peut être accordée par décret à toute
personne qui, ayant possédé cette nationalité comme nationalité d'origine, en fait la demande.
Le plus couramment, cette procédure s’applique à la femme mariée suite à la dissolution du lien
du mariage (divorce ou bien veuvage
La perte d’une nationalité déterminée ne se fait pas d’une manière définitive, elle peut être
demandée par le naturalisé à l’étranger, par la femme marocaine et au profit d’un enfant mineur.
Suivant l’article 15 du code : « les individus qui ont perdu la nationalité à l’étranger ou plutôt
marocaine peuvent la recouvrir que cette perte ait eu lieu par déchéance ou de manière
volontaire.
Cette procédure concerne toutes les catégories de personnes pouvant bénéficier de
l’acquisition de la nationalité marocaine par le bienfait de la loi à savoir els femmes mariées et
els enfants mineurs ainsi qu’à toutes les personnes majeurs. Il s’agit d’une procédure permettant
d’accorder la nationalité à tout individu ayant perdu cette nationalité de la retrouver par la suite
sur décision du pouvoir exécutif. Le plus couramment, cette procédure s’applique à la femme
mariée suite à la dissolution du lien du mariage (divorce ou bien veuvage), à l’enfant devenu
majeur ayant une résidence habituelle au Maroc.
La réintégration et la naturalisation produisent un changement de nationalité. Ils ont pour
effet la modification de statut de l’intéressé et surtout les règles qui président à sa capacité.

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Suivant les législations, la prise d’effets diffère : cela peut être le jour de dépôt de la
demande, le jour d’acceptation de la demande, le jour de la signature de l’acte de naturalisation
et la date de certification de naturalisation.
Il est à signaler que le code de nationalité marocaine est explicite en ce qui concerne la
naturalisation et ne mentionne explicitement la réintégration.
Le code ne retient aucun critère ci-dessus indiqué. D’après l’article 29 du code, c’est le jour
de la publication de l’acte de naturalisation qui est retenu. Quand aux effets, le code de
nationalité est explicite en ce qui concerne la naturalisation et ne mentionne explicitement la
réintégration et par raisonnement analogique. On peut déduire que els effets sont les mêmes, ils
se situent tant sur le plan individuel que sur le plan collectif.
- L’effet individuel : la naturalisation entraîne la jouissance de tous els droits attachés à la
qualité de marocain. Des exceptions prévalent ainsi la qualité d’électeur est généralement
soumise à un délai de 5 ans sauf dérogation prise par dahir ou par décret. Si l’intéressé a obtenu
la nationalité marocaine à titre exceptionnel généralement il n’est pas soumis à cette restriction
- L’effet collectif : cet effet produit au niveau de la famille notamment à l’égard de l’épouse
et à l’égard des enfants.
* A l’égard de l’épouse : de nombreux codes estiment que la femme possède toute la liberté
de déterminer sa nationalité. En l’occurrence la nouvelle nationalité du mari n’a pas d’effet
direct sur sa propre nationalité. Mais des facilités lui seront accordées si elle veut acquérir la
nationalité de son mari, il y a des cas où l’acte de naturalisation du mari comporte expressément
la naturalisation de l’épouse.
* A l’égard des enfants : les enfants acquièrent la nouvelle nationalité de leur père à
condition que celle-ci soit prévue dans l’acte de naturalisation pour éviter des conflits de
nationalité. L’effet collectif de la nationalité est tempéré par la possibilité offerte aux enfants
mineurs de décliner la nationalité acquise dès leur majorité. Il y a des cas où certains codes
étrangers accordent la nationalité à titre « posthume » (naissance d’un enfant après le décès de
son père) au profit des étrangers qui ont rendu des services inestimables à leur patrie (exemple
le code algérien).
Si la réintégration est accordée sous certaines conditions, elle peut être aussi retirée.

Conditions : Pour bénéficier de la réintégration, le candidat doit :


- avoir possédé antérieurement la nationalité marocaine comme la nationalité d’origine;
- faire une demande au ministère de la justice ;
- obtenir un décret de réintégration.
Le décret de réintégration doit être publié au B.O. les enfants mineurs non mariés de la
personne réintégrée s’ils demeurent effectivement avec elle, recouvrent ou acquièrent de plein
droit la nationalité marocaine.

Retrait : Le décret de réintégration, à l’image de naturalisation, peut être rapporté dans deux
cas :
-si l’acte de réintégration était illégal, c'est-à-dire s’il apparaît postérieurement que
l’intéressé ne remplissait pas les condition exigées par la loi, dans la même forme que celle dans
laquelle il est intervenu et sous condition que la décision soit prise dans le délai d’un an à partir
da la publication du dit acte.
-L’acte peut également être rapporté s’il a été pris à la suite d’une fraude commise par
l’intéressé (ex. fausse déclaration), sous réserve que l’intéressé ait été dûment averti de la
procédure et qu’un délai de 3 mois lui a été accordé pour se justifier et dans la même forme que
celle en laquelle l’acte a été obtenu.
Le retrait peut intervenir quelle que soit la date de l’acte, ou celle de la découverte de la
fraude. On peut contester la validité des actes passés par le réintégré antérieurement à l’acte de

13
retrait, si cette validité était subordonnée à l’acquisition de la nationalité marocaine. Le code a
enfin prévu la possibilité d’un recours pour excès de pouvoir devant la Cour Suprême conte un
acte de non réintégration ou de non naturalisation alors que les conditions ne sont pas réunies.

III- LA PERTE DE LA NATIONALITE ET LA DECHEANCE

Paragraphe 1 : La perte de la nationalité marocaine


La question qui se pose est de savoir si le lien de nationalité peut être dissous ou si la
transmissibilité de la qualité de national a un caractère indélébile (définitif). Deux systèmes
diamétralement opposés vont s’appliquer.
Le premier système : suivant l’allégeance perpétuelle, un individu ne peut en principe
acquérir une nouvelle nationalité ni abandonner celle qu’il possède. C’est un système trop
absolu dans le monde moderne et il a été assoupli dans le sens que la nationalité peut très bien
être perdue par la législation en vigueur.
Le second système : il permet à l’individu de bénéficier du droit et de la liberté de changer
sa nationalité, cette liberté totale n’est pas accordée sans limites et toutes els législations
apportent de restrictions. De plus, la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen
énonce que chaque individu a droit à une nationalité.
A l’heure actuelle, il existe plusieurs processus de perte de la nationalité prévue dans
l’article 19 du code, cinq possibilités sont envisagées :
- l’acquisition d’une nationalité étrangère, le mineur marocain qui renonce à la
nationalité marocaine acquise par suite de l’effet collectif de la naturalisation de son père.
- la femme mariée à un ressortissant étranger
- la répudiation qui intervient suite à l’effet collectif de naturalisation
- la présence dans un service public ou dans une armée étrangère sans l’autorisation des
autorités marocaines (ici on va lui appliquer la sanction pour lui retirer la nationalité marocaine,
c’et la « déchéance », on dit qu’il est déchu)
- à cette possibilité le code prévoit d’une façon expresse la déchéance et le retrait
Perd la nationalité marocaine :
1° le Marocain majeur qui a acquis volontairement à l'étranger une nationalité étrangère
et est autorisé par décret à renoncer à la nationalité marocaine ;
2° le Marocain, même mineur, qui, ayant une nationalité étrangère d'origine, est autorisé
par décret à renoncer à la nationalité marocaine ;
3° - la femme marocaine qui épousant un étranger, acquiert, du fait de son mariage, la
nationalité du mari et a été autorisée par décret à renoncer à la nationalité marocaine ;
4° le Marocain qui déclare répudier la nationalité marocaine dans le cas visé à l'article
18 du code de la nationalité ;
5° - le Marocain qui, remplissant une mission ou occupant un emploi dans un service
public d'un Etat étranger ou dans une armée étrangère, le conserve plus de six mois après
l'injonction qui lui aura été faite par le gouvernement marocain de le résigner, lorsque ladite
mission ou emploi est contraire à l'intérêt national.
L'enfant issu d'un mariage mixte et considéré marocain du fait de sa naissance d'une
mère marocaine peut exprimer sa volonté de conserver uniquement la nationalité de l'un de ses
parents par déclaration présentée au ministre de la justice entre sa dix-huitième et sa vingtième
année.
La mère marocaine d'un enfant issu d'un mariage mixte, considéré marocain du fait de
sa naissance d'une mère marocaine peut, avant la majorité de l'enfant, exprimer, par déclaration
présentée au ministre de la justice, sa volonté pour que celui-ci conserve la nationalité de l'un
de ses parents.

14
L'intéressé peut demander de renoncer à la déclaration de sa mère aux fins de conserver
la nationalité de l'un de ses parents et ce, par déclaration présentée au ministre de la justice entre
sa dix-huitième et sa vingtième année. La conservation de la nationalité prend effet à compter
de la date de la déclaration présentée valablement par l'intéressé ou par sa mère.
La perte de la nationalité marocaine prend effet à compter de :
1° - la date de la publication du décret qui autorise l'intéressé à renoncer à la nationalité
marocaine,
pour :
- le Marocain majeur qui a acquis volontairement à l'étranger une nationalité étrangère ;
- le Marocain, même mineur, ayant une nationalité étrangère d'origine ;
- le Marocain qui, remplissant une mission ou occupant un emploi dans un service public d'un
Etat étranger ou dans une armée étrangère, le conserve plus de six mois après l'injonction qui
lui aura été faite par le gouvernement marocain de le résigner, lorsque ladite mission ou emploi
est contraire à l'intérêt national ;
Le décret de perte de la nationalité ne peut intervenir qu’ à la condition qu'il ait été mis
à même de présenter ses observations. Ce décret est annulé s'il est établi que l'intéressé a été,
au cours du délai accordé, dans l'impossibilité de résigner sa mission ou son emploi à l'étranger
;
2°- la date de la conclusion de l'acte de mariage pour la femme marocaine qui acquiert
la nationalité de son mari étranger par le mariage ;
3°- la date de la déclaration souscrite valablement par l'intéressé et adressée au ministre
de la justice, pour la personne qui acquiert la nationalité marocaine conjointement avec l'un de
ses parents en vertu du même acte de naturalisation et qui était âgé de 16 ans au moins lors de
sa naturalisation.

Effet collectif de la perte :


• La perte de la nationalité marocaine étend de plein droit ses effets aux enfants
mineurs non mariés de l'intéressé, lorsqu'ils demeurent effectivement avec ce
dernier
• sauf le cas prévu au paragraphe 5° de l'article 19, la perte ne s'étend à ces
enfants que si le décret le prévoit expressément.

Paragraphe 2 : La déchéance
La déchéance est la perte d’un droit à titre de sanction ou en raison de non respect de
ses conditions d’exercice. Cette mesure ne concerne que els personnes qui ont acquis la
nationalité en cours d’existence.
Echappent donc à cette mesure les marocains qui ont une nationalité d’origine. La
déchéance ne frappe pas les nationaux.
La déclaration universelle des droits de l’homme dans son article 15 stipule que : « tout
individu a droit à une nationalité, il ne peut être privé arbitrairement de sa nationalité ».Toute
personne qui a acquis la nationalité marocaine peut en être déchue :
1° - si elle est condamnée :
- soit pour attentat ou offense contre le Souverain ou les membres de la famille royale ;
- soit pour un acte qualifié crime ou délit contre la sûreté intérieure ou extérieure de l'Etat ;
- soit pour acte constituant une infraction de terrorisme ;
- soit pour acte qualifié crime, à une peine de plus de cinq ans de réclusion ;
2° si elle s'est soustraite à ses obligations milit aires ;
3° si elle a accompli au profit d'un Etat étranger des actes incompatibles avec la qualité de
marocain ou préjudiciables aux intérêts du Maroc.

15
La déchéance n'est encourue pour l'un des faits reprochés à l'intéressé que si ce fait s'est
produit dans un délai de dix ans à compter de la date de l'acquisition de la nationalité marocaine.
Elle ne peut être prononcée que dans le délai de cinq ans à compter de la date du jugement.
La déchéance est prononcée par dahir lorsque la nationalité marocaine a été conférée
par dahir. Dans tous les autres cas, elle est prononcée par décret pris en Conseil de cabinet.
La déchéance ne peut être prononcée qu'après que l'intéressé a été informé de la mesure
envisagée contre lui et mis à même de présenter ses observations.
La déchéance peut être étendue à la femme et aux enfants mineurs de l'intéressé à
condition qu'ils soient d'origine étrangère et qu'ils aient conservé une nationalité étrangère.

Paragraphe 3 : Le retrait
Le retrait est inclus dans le code notamment dans la section réservée à la naturalisation,
le retrait comme la déchéance est une sanction. Il est prévu dans l’article 14 du code. Cette
sanction est relative non aux comportements de l’intéressé mais à la procédure de la
naturalisation elle-même en ce qui concerne le fond que la forme.
Le retrait est effectué au plus tard un an après la naturalisation lorsqu’il apparaît que les
conditions de fond étaient remplies pour l’octroi de la nationalité marocaine ou bien lorsque de
fausses déclarations ont été faites.
Contrairement à la déchéance, le retrait s’effectue rétroactivement : les intérêts des tiers
sont protégés et le retrait n’implique pas l’obligation de quitter le territoire national mais
l’individu est désormais considéré comme un étranger, il doit se soumettre aux formalités
relatives à la qualité de résident.

Les Formalités Administratives : Les demandes et déclarations faites en vue


d'acquérir, de perdre ou de répudier la nationalité marocaine, ainsi que les demandes de
réintégration, sont adressées au ministre de la justice. Les dahirs et décrets pris en matière de
nationalité sont publiés au Bulletin
officiel. Ils produisent effet, à l'égard de l'intéressé et des tiers, à compter de leur publication.

CHAPITRE 3 : LA CONDITION DES ETRANGERS

I- HISTORIQUE DE LA CONDITION DES ETRANGERS

16
II- LE STATUT NEGATIF DE L’ETRANGER

III- LE STATUT POSITIF DE L’ETRANGER ET SES APPLICATIONS

CHAPITRE 3 : LA CONDITION DES ETRANGERS

La condition des étrangers est l’ensemble de droit dont peuvent jouir des étrangers sur
le territoire national. Certaines restrictions de droit public et de droit privé frappent les
étrangers, ce problème doit être considéré sous deux points de vue :
Du point de vue de droit public : les personnes physiques étrangères sont le plus souvent
exclues des droits et charges réservées aux nationaux : droit de vote, obligation militaire…cette
exclusion peut se justifier par l’absence d’un lien fondamental entre l’état et l’étranger, ce lien
n’est rien d’autre que la nationalité.

17
Du point vue de droit privé : la qualité de national n’est pas toujours mentionnée de
manière explicite pour l’exercice de droit privé mais l’état manifeste souvent le désir de mettre
l’étranger dans une situation d’infériorité. Ces principaux droits sont la plupart du temps le droit
d’ester en justice, les droits patrimoniaux, les droits extrapatrimoniaux et dans une large mesure,
les droits professionnels.

I- HISTORIQUE DE LA CONDITION DES ETRANGERS

Paragraphe 1 : La position du problème au Maroc avant 1912


Avant 1912, le Maroc a signé plusieurs traités avec les pays d’Europe dans leur
ensemble. Ces traités prévoient un certain nombre de dispositions concernant la condition des
étrangers parmi lesquels on note :
- la liberté de commerce : les étrangers exercent librement leurs activités
commerciales dans les ports, ils font circuler librement les marchandises, ils
payent des taxes au même titre que les marocains.
- Les traités prévoient également le libre exercice des libertés des cultes, liberté
d’opinion, liberté de circuler, liberté de travailler,
- La compétence des consuls en instituant les juridictions consulaires, ces
juridictions sont compétentes dans les litiges dans lesquels sont impliqués les
compatriotes des consuls. Depuis le moyen âge, le Maroc s’est fortement
islamisé et il s’est bien doté d’institution administrative et judiciaire et en
matière juridictionnelle. Les « cadis » étaient compétents et appliquaient le
droit musulman. La compétence de « cadi » n’était pas totale et de ce fait
chaque fois qu’un étranger était impliqué dans un litige, il appartenait au juge
consulaire de le trancher.
La souveraineté de l’état musulman marocain n’est pas altérée et on constate que dans
son ensemble que le régime juridique des étrangers leur accorde des avantages exceptionnels
qu’avait fini par devenir le régime des capitulations notamment en matière sociale.

Paragraphe 2 : L’évolution du problème pendant le protectorat


Le protectorat ne pouvait pas abroger le contenu des traités et conventions signées
auparavant. Un dahir relatif à la condition civile des français et des étrangers au Maroc avait
été promulgué le 12 août 1913.
La condition de l’étranger en principe relève du droit interne car il met en cause la
souveraineté de l’Etat, la loi interne intervient normalement de façon souveraine sauf en matière
de statut personnel et c’est ainsi que le D.O.C. renvoi à la loi nationale de l’individu pour la
détermination de sa capacité. L’application stricte de l’extra territorialité de la loi étrangère
concerne le statut personnel.
Les engagements internationaux du Maroc renforcent le régime capitulaire et en fait les
étrangers bénéficient d’une « véritable immunité » contre les règles propres en droit marocain.
Cependant ils ne sont pas en marge de l’ordre public marocain, fortement islamisé. A leur égard,
l’ordre public demeure omniprésent : en matière de fiscalité, le code foncier, le code de
commerce, l’autorisation de la femme pour exercer le commerce...
Il y a eu tendance visant la primauté de l’ordre public marocain sur la condition des
étrangers, cette primauté trouve un terrain favorable notamment dans les matières de droit
public, réglementation de droit des associations, de droit d’expression, de la presse…plusieurs
tentent de cerner la condition des étrangers dans sa globalité. Pour s’en rendre compte, on
retient :

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- dahir du 10 janvier 1924 permettant l’accès des étrangers aux barreaux (l’ordre
des avocats)
- dahir du 31 mai 1932 interdisant aux non musulmans l’acquisition des
immeubles à Moulay Driss
- dahir du 24 mai 1955 réglementant la propriété commerciale et ouvre
l’exercice de la profession commerciale à tous
- dahir du 23 juin 1916 relatif à la propriété industrielle : les étrangers peuvent
obtenir les brevets d’invention, les dessins et les modèles
- dahir du 16 avril 1951 sur la recherche et l’exploitation minière
- dahir de 1934 sur l’immigration
Depuis son indépendance, le Maroc tient à fixer de manière souveraine la condition des
étrangers. En dehors du statut personnel, ceux-ci restent assujettis à la loi marocaine, le dahir
sur la condition civile des étrangers du 12 août 1913 (il n’est pas abrogé, on peut dire qu’il est
tombé en désuétude).

II- LE STATUT NEGATIF DE L’ETRANGER


Plusieurs institutions interdisent aux étrangers de se trouver sur le territoire national,
parmi lesquels on retient le refoulement, l’expulsion et l’extradition. Ces procédures
s’appliquent à un immigré c'est-à-dire à une personne qui a quitté son pays pour s’installer dans
un autre.

Paragraphe 1 : Le refoulement
C’est une mesure administrative prise contre un étranger qui s’est vu refuser une carte
de séjour et consistant à le reconduire à la frontière. Cette mesure permet d’interdire à un
étranger l’accès au territoire car il n’a pas rempli les formalités administratives nécessaires.
Cela peut concerner les formalités tenant à un passeport exemple périmé, falsifié, une
carte ou un certificat d’hébergement (ou même un oubli). Le refoulement dépasse parfois le
cadre juridique.
Le refoulement peut également être prononcé lorsque un résident légal mais temporaire
n’a pas procédé au renouvellement de sa carte de séjour. Dans ce cas là, la carte de résident
temporaire peut lui être retirée sur mesure d’expulsion qui est dite déguerpissement dans un
délai de 8 jours.
La reconduite à la frontière est ordonnée par l’administration, motivée dans des cas bien
spécifiés à l’article 21 du dahir :

1 - si l'étranger ne peut justifier être entré régulièrement sur le territoire marocain, à moins que
sa situation n'ait été régularisée postérieurement à son entrée ;

2 - si l'étranger s'est maintenu sur le territoire marocain au-delà de la durée de validité de son
visa ou, s'il n'est pas soumis à l'obligation du visa, à l'expiration d'un délai de trois mois à
compter de son entrée au territoire marocain, sans être titulaire d'une carte d'immatriculation
régulièrement délivrée ;

3 - si l'étranger, auquel la délivrance ou le renouvellement d'un titre de séjour a été refusé ou a


été retiré, s'est maintenu sur le territoire marocain au-delà du délai de 15 jours, à compter de la
date de notification du refus ou du retrait ;

4 - si l'étranger n'a pas demandé le renouvellement de son titre de séjour et s'est maintenu sur
le territoire marocain au-delà du délai de 15 jours, suivant l'expiration du titre du séjour ;

19
5 - si l'étranger a fait l'objet d'une condamnation par jugement définitif pour contrefaçon,
falsification, établissement. sous un autre nom que le sien ou défaut de titre de séjour ;

6 - si le récépissé de la demande de carte d'immatriculation qui avait été délivré à l'étranger lui
a été retiré ;

7 - si l'étranger a fait l'objet d'un retrait de sa carte d'immatriculation ou de résidence, ou d'un


refus de délivrance ou de renouvellement de l'une de ces deux cartes, dans les cas où ce retrait
ou ce refus ont été prononcés, en application des dispositions législatives et réglementaires en
vigueur, en raison d'une menace à l'ordre public.

L'étranger, qui fait l'objet d'une décision de reconduite à la frontière, peut, dans les
quarante-huit heures suivant la notification, demander l'annulation de cette décision au
président du tribunal administratif, en sa qualité de juge des référés.

Paragraphe 2 : L’expulsion
Elle est définie comme l’ordre donné par le ministre de l’intérieur à un étranger de
quitter le territoire. Cet ordre est contenu dans un arrêté d’expulsion.
Le principe est le suivant : tout étranger autre que les agents diplomatiques et consulaires
peut être expulsé à tout moment si sa présence constitue une menace pour l’ordre public. Cette
dernière formule reste très vague et donne à l’autorité publique un large pouvoir d’appréciation.
Il appartient donc à l’autorité gouvernementale de faire éloigner tout individu étranger dont les
agissements peuvent nuire à la sécurité publique.
La procédure est la suivante, elle est prononcée par arrêté non motivé par le ministre de
l’intérieur. L’étranger menacé d’expulsion ne bénéficie que des garanties précaires, il doit être
informé, avisé de la mesure envisagée, il peut être entendu par une commission spéciale formée
pour ce but. Quant aux garanties qui lui sont accordées, elles sont extrêmement vagues car si
l’arrêté d’expulsion est susceptible de recours pour excès de pouvoir, ce recours n’est dans la
plupart du temps pas suspensif.
L’expulsé doit se conformer lui-même à l’arrêté qui lui est notifié. L’étranger qui refuse
de se conformer à l’exécution de l’arrêté d’expulsion serait coupable de délit d’infraction à
l’arrêté d’expulsion. Il peut être sanctionné par l’emprisonnement et l’amende. La force majeure
est une excuse de l’inexécution mais elle implique la preuve que l’étranger ne peut ni regagner
son pays d’origine, ni de se rendre dans un autre pays. Cependant, la sanction ne peut être prie
contre un apatride ou un réfugié ou à l’égard du bénéficiaire du droit d’asile.
Le réfugié étant la personne qui craint d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion,
de son appartenance politique qui se trouve hors du pays dont il a la nationalité et qui ne peut
et qui ne veut pas proclamer la protection diplomatique de son pays. Dans ce cas, un arrêté
d’assignation à résidence peut être renforcé. Il oblige l’étranger de résider obligatoirement dans
els lieux qui lui sont fixés par l’autorité gouvernementale et de se rendre périodiquement au
service de la police ou de la gendarmerie.
L’expulsion comme la reconduite est exécutée d’office, l’étranger est éloigné à
destination du pays dont il a la nationalité sauf s’il a un statut de réfugié ou un droit d’asile. Il
peut être éloigné à destination de pays qui lui a remis le titre de voyage sinon dans le pays qu’il
choisit. L'expulsion peut être prononcée par l'administration si la présence d'un étranger sur le
territoire marocain constitue une menace grave pour l'ordre public. La décision d'expulsion peut
à tout moment être abrogée ou rapportée. Ne peuvent faire l'objet d'une décision d'expulsion :

1 - l'étranger qui justifie par tous moyens qu'il réside au Maroc habituellement depuis qu'il a
atteint au plus l'âge de six ans ;

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2 - l'étranger qui justifie par tous moyens qu'il réside au Maroc habituellement depuis plus de
quinze ans ;

3 - l'étranger qui réside régulièrement sur le territoire marocain depuis dix ans, sauf s'il a été
étudiant pendant toute cette période ;

4 - l'étranger, marié depuis au moins un an, avec un conjoint marocain ;

5 - l'étranger qui est père ou mère d'un enfant résidant au Maroc, qui a acquis la nationalité
marocaine par le bienfait de la loi, à condition qu'il exerce effectivement la tutelle légale à
l'égard de cet enfant et qu'il subvienne à ses besoins ;

6 - l'étranger résidant régulièrement au Maroc sous couvert de l'un des titres de séjour prévus
par la présente loi ou les conventions internationales, qui n'a pas été condamné définitivement
à une peine au moins égale à un an d'emprisonnement sans sursis ;

7 - la femme étrangère enceinte ;

8 - l'étranger mineur.

Aucune durée n'est exigée pour l'expulsion si la condamnation a pour objet une
infraction relative à une entreprise en relation avec le terrorisme, aux moeurs ou aux
stupéfiants. A noter cependant que lorsque l'expulsion constitue une nécessité impérieuse pour
la sûreté de l'Etat ou pour la sécurité publique, elle peut être prononcée par dérogation à ces
critères. L'étranger qui fait l'objet d'une décision d'expulsion ou qui doit être reconduit à la
frontière, est éloigné :

a) à destination du pays dont il a la nationalité, sauf si le statut de réfugié lui a été reconnu ou
s'il n'a pas encore été statué sur sa demande d'asile ;

b) à destination du pays qui lui a délivré un document de voyage en cours de validité ;

c) à destination d'un autre pays, dans lequel il est légalement admissible.

L’étranger qui a fait l’objet d’une mesure administrative de reconduite à la frontière et


qui saisit le président du tribunal administratif, en sa qualité de juge des référés peut assortir
son recours d’une amende de sursis à exécution. Tout étranger résident au Maroc, quelle que
soit la nature de son titre de séjour, peut quitter librement le territoire national à l'exception de
l'étranger à l'encontre duquel est prononcée une décision administrative l'obligeant à déclarer à
l'autorité administrative son intention de quitter le territoire marocain.

Paragraphe 3 : L’extradition
C’est l’acte par lequel un état livre une personne accusée de crime ou de délit ou
condamné à l’état qui a le droit de la juger ou de la punir. C’est une procédure internationale
ayant pour objet la remise de l’auteur de l’infraction à la disposition d’un état étranger qui le
réclame pour le juger ou pour lui faire appliquer la sanction.
En absence de traités, les conditions, la procédure et les effets de l’extradition sont
réglementés au Maroc par le dahir du 8 novembre 1958. Cette procédure relève du droit
international (pénal), elle s’intègre également dans la condition des étrangers puisque un

21
principe général prévaut selon lequel « l’état n’extrade jamais ses nationaux ». L’extradition se
fait dans le seul intérêt de l’état et non à la demande d’un tiers. En général, 4 critères principaux
sont retenus pour fonder le refus de l’extradition :
- la nature du système politique et juridique de l’état demandeur
- le caractère politiquer de l’infraction poursuivie
- le mobile politique de la demande d’extradition
- le risque d’aggravation en cas d’extradition de la situation de la personne
concernée en raison notamment de son action, de ses opinions politiques, de
sa race et de sa religion.
Des difficultés sont inhérentes à la nature même de l’extradition, elles s’opposent entre
le crime de droit commun et le crime politique. Les mêmes difficultés surgissent également
lorsque l’infraction est commise sur des territoires appartenant à plusieurs pays. On cite comme
exemple le cas de la piraterie aérienne : ici plusieurs gouvernements peuvent être intéressés par
l’extradition.

III- LE STATUT POSITIF DE L’ETRANGER


La condition des étrangers a connu une nouvelle réglementation à travers le dahir du 11
novembre 2003 relatif à l’entrée, au séjour des étrangers au Maroc, à l’immigration et
l’immigration irrégulière.
Au sens de ce dahir et notamment dans son article 1er « l’étranger est défini comme étant
la personne qui n’ayant pas de nationalité marocaine, n’ayant pas de nationalité connue ou dont
la nationalité n’a pas été déterminée ». Ce dahir comporte deux titres principaux à savoir :
- l’entrée et le séjour des étrangers au Maroc
- les dispositions pénales à l’égard de ceux qui contreviennent aux prescriptions
de ce dahir et à l’égard de l’émigration et de l’immigration irrégulière
L’accès au territoire marocain est contrôlé d’une manière discrétionnaire par le
gouvernement qui peut toujours le refuser. Les moyens de contrôle sont les suivants :
- Le passeport : selon la doctrine française, « le passeport est une carte d’identité
délivrée par les autorités du pays d’origine ». On peut le définir également
comme un document d’identité délivré par l’état et destiné en particulier à
permettre à son titulaire de voyager à l’étranger. Ce document est établi en vue
de certifier l’identité et la nationalité de l’intéressé au regard des autorités
étrangères. Le passeport n’est pas nécessaire entre deux ou plusieurs états liés
par une convention, exemple les pays de l’union européenne
- Le visa, c’est la mention (étiquette) apposée dans un passeport afin de
reconnaître au bénéficiaire le droit d’entrer dans un pays qui n’est pas le sien.
Le visa d’entrer est donné par les consuls marocains à l’étranger préalablement
à l’entrée sur le territoire. Le visa de sortie est obligatoire dans certains états
seulement, il est délivré par la police des frontières. La possibilité de refus est
laissée à l’appréciation discrétionnaire des autorités consulaires. Parfois, il
existe des régimes particuliers d’entrée et de sortie notamment dans les régions
frontalières.

Paragraphe 1 : De l’entrée et du séjour des étrangers au Maroc


L’étranger qui débarque ou arrive sur le territoire marocain doit présenter aux autorités
compétentes aux frontières un passeport délivré par l’état dont il est ressortissant et le cas
échéant des visas exigibles. Le contrôle aux frontières peut porter sur des motifs de sa venue au
Maroc éventuellement sur les conditions d’existence et sur les possibilités de son rapatriement.
Dans la même perspective, le refus peut frapper toute personne étrangère dont la présence au

22
Maroc constitue un danger pour l’ordre public local et pour la sûreté intérieure. Dans ce cas
l’intéressé peut faire l’objet d’une expulsion.
On entend par " étrangers ", au sens de la présente loi, les personnes n'ayant pas la
nationalité marocaine, n'ayant pas de nationalité connue, ou dont la nationalité n'a pas pu être
déterminée. Sous réserve de la réciprocité, les dispositions de la présente loi ne sont pas
applicables aux agents des missions diplomatiques et consulaires et à leurs membres accrédités
au Maroc, ayant le statut diplomatique.

Tout étranger débarquant ou arrivant sur le territoire marocain est tenu de se présenter
aux autorités compétentes, chargées du contrôle aux postes frontières, muni d'un passeport
délivré par l'Etat dont il est ressortissant, ou de tout autre document en cours de validité reconnu
par l'Etat marocain comme titre de voyage en cours de validité et assorti, le cas échéant, du visa
exigible, délivré par l'administration. Le contrôle effectué à l'occasion de la vérification d'un
des documents peut, également, porter sur les moyens d'existence et les motifs de la venue au
Maroc de la personne concernée et aux garanties de son rapatriement, eu égard notamment aux
lois et règlements relatifs à l'immigration.

L'autorité compétente, chargée du contrôle aux postes frontières, peut refuser l'entrée
au territoire marocain à toute personne qui ne remplit pas ces obligations ou ne satisfait pas aux
justifications prévues par les dispositions ci-dessus ou par les lois et règlements relatifs à
l'immigration. L'accès au territoire marocain peut également être refusé à tout étranger dont la
présence constituerait une menace pour l'ordre public ou qui fait l'objet soit d'une interdiction
du territoire soit d'une expulsion. Tout étranger auquel est opposé un refus d'entrée a le droit
d'avertir ou de faire avertir la personne chez laquelle il a indiqué qu'il devait se rendre, le
consulat de son pays ou l'avocat de son choix. L'étranger auquel est opposé un refus d'entrée
au territoire marocain peut être maintenu dans les locaux prévus.

A- Le séjour au Maroc

Les titres de séjour sur le territoire marocain sont :

- la carte d'immatriculation ;

- la carte de résidence.

L'étranger en séjour sur le territoire marocain, âgé de plus de dix-huit ans, doit être
titulaire d'une carte d'immatriculation ou d'une carte de résidence. L'étranger, âgé de seize à
dix-huit ans, qui déclare vouloir exercer une activité professionnelle salariée, reçoit, de plein
droit, une carte d'immatriculation si l'un de ses parents est titulaire de la même carte. les
mineurs âgés de moins de dix-huit ans dont l'un des parents est titulaire d'un titre de séjour,
ainsi que les mineurs entrés au territoire marocain pour y suivre des études sous couvert d'un
visa de séjour d'une durée supérieure à trois mois, reçoivent, sur leur demande, un document de
circulation qui est délivré dans des conditions fixées par voie réglementaire.

La carte d’immatriculation :

L'étranger désireux de séjourner sur le territoire marocain est tenu de demander à


l'administration, dans les conditions et selon les modalités déterminées par voie réglementaire,

23
la délivrance d'une carte d'immatriculation renouvelable, qu'il doit détenir ou être en mesure de
présenter à l'administration dans un délai de 48 heures. Sont dispensés de souscrire à une
demande de carte d'immatriculation :

1) outre les agents et membres des missions diplomatiques et consulaires, leurs conjoints, leurs
ascendants et leurs enfants mineurs ou non mariés vivant sous leur toit :

2) les étrangers séjournant au Maroc pendant une durée maximale de 90 jours, sous couvert
d'un titre régulier de voyage.

La carte d'immatriculation est une formalité indispensable qui comporte l’autorisation


de séjour, elle est valable pour une période allant d’une année à 10 années au maximum. Elle
est renouvelable pour la période, elle est demandée auprès de l’administration, comme elle peut
être remplacée par un récépissé provisoire. Lorsqu’elle est refusée ou retirée, l’étranger doit
quitter immédiatement le territoire dans le délai de 15 jours à compter du jour de la modification
de cette décision. De même l’étranger est soumis à la même obligation de quitter le territoire à
l’expiration de la durée de validité. La carte d’immatriculation peut également être délivrée à
l’étranger par les autorités consulaires. Elle porte dans ce cas la mention de « visiteur » lorsque
le bénéficiaire apporte la preuve qu’il peut vivre avec ses ressources. Il s’engage à ne pas
exercer une activité professionnelle au Maroc, s’il désire exercer cette activité, il doit être
autorisé à cet effet et la carte porte la mention de cette activité.

La carte de résidence : L’obtention de cette carte est soumise à une condition de


résidence. L’étranger pour pouvoir prétendre à cette carte, il doit résider au Maroc pour une
période inférieure ou égale à 4 années sans interruption. L’octroi ou le refus de cette carte prend
en compte notamment les moyens de l’existence dont dispose l’étranger notamment les
conditions de son activité professionnelle et éventuellement les faits qui peuvent être invoqués
à l’appui de son intention de s’établir au Maroc. Le refus de cette carte concerne également
l’étranger dont la présence est de nature à compromettre l’ordre public.

Peut obtenir une carte dite carte de résidence, l'étranger qui justifie d'une résidence sur
le territoire marocain, non interrompue, conforme aux lois et règlements en vigueur, d'au moins
4 années.

La décision d'accorder ou de refuser la carte de résidence est prise en tenant compte


notamment des moyens d'existence dont l'étranger dispose, parmi lesquels les conditions de son
activité professionnelle et, le cas échéant, des faits qu'il peut invoquer à l'appui de son intention
de s'établir durablement sur le territoire marocain. La carte de résidence peut être refusée à tout
étranger dont la présence sur le territoire marocain constitue une menace pour l'ordre
public. Sous réserve de la régularité du séjour et de celle de l'entrée au territoire marocain, et
sauf dérogation, la carte de résidence est délivrée :

1 - au conjoint étranger d'un ressortissant de nationalité marocaine ;

2 - à l'enfant étranger, d'une mère marocaine, et à l'enfant apatride d'une mère marocaine, si cet
enfant a atteint l'âge de majorité civile, ou s'il est à la charge de sa mère, ainsi qu'aux ascendants
étrangers d'un ressortissant marocain et de son conjoint, qui sont à sa charge ;

3 - à l'étranger, qui est père ou mère d'un enfant résident et né au Maroc, et qui a acquis la
nationalité marocaine par le bienfait de la loi, dans les deux ans précédant sa majorité, , à la

24
condition qu'il exerce la représentation légale de l'enfant, le droit de garde ou qu'il subvienne
effectivement aux besoins de cet enfant ;

4 - au conjoint et aux enfants mineurs d'un étranger titulaire de la carte de résidence. Toutefois,
à leur majorité civile, les enfants peuvent solliciter individuellement une carte de résidence
conformément aux conditions requises ;

5 -à l'étranger qui a obtenu le statut de réfugié, ainsi qu'à son conjoint et à ses enfants mineurs
ou dans l'année qui suit leur majorité civile ;

6- à l'étranger qui justifie par tous moyens avoir sa résidence habituelle au Maroc depuis plus
de quinze ans ou depuis qu'il a atteint, au plus, l'âge de dix ans ou qu'il est en situation régulière
depuis plus de dix ans.

Toutefois, la carte de résidence ne peut être délivrée dans les cas ci-dessus mentionnés,
si la présence de l'étranger au Maroc constitue une menace pour l'ordre public. L'étranger doit
déclarer aux autorités marocaines le changement de son lieu de résidence dans les délais et selon
les formes fixés par voie réglementaire. La carte de résidence d'un étranger, qui aura quitté le
territoire marocain pendant une période de plus de deux ans est considérée périmée.

B- Le refus de délivrance ou de renouvellement d’un titre de séjour


La carte de séjour peut être retirée à toute personne qui ne fourni pas les documents, les
justifications exigées par voie légale ou réglementaire. Le refus peut frapper le détenteur de
titre qui fait l’objet d’une mesure d’expulsion ou d’une décision judiciaire d’interdiction.
Il est à noter que le refus de titre de séjour ou le renouvellement de celui-ci est soumis
à un recours devant le président du tribunal administratif en sa qualité de juge des référés et ce
dans un délai de 15 jours qui suit la modification de la décision de refus ou de retrait. La
délivrance d'un titre de séjour est refusée à l'étranger, qui ne remplit pas les conditions
nécessaires ou qui, sollicitant la délivrance d'une carte d'immatriculation au titre de l'exercice
d'une activité professionnelle, n'est pas autorisé à exercer celle-ci.

Le titre de séjour peut être retiré si :

- l'étranger ne fournit pas les documents et justifications prévus par voie réglementaire ;

- le détenteur du titre fait l'objet d'une mesure d'expulsion ou d'une décision judiciaire
d'interdiction du territoire marocain.

Dans ces 2 cas prévus, l'intéressé doit quitter le territoire marocain.

L'étranger dont la demande d'obtention ou de renouvellement d'un titre de séjour a été refusée
ou qui s'est vu retirer, ce titre peut formuler un recours devant le président du tribunal
administratif en sa qualité de juge des référés dans le délai de quinze (15) jours suivant la date
de notification de la décision du refus ou du retrait. Le recours mentionné n'empêche pas la
prise d'une décision de reconduite à la frontière ou d'expulsion .

Paragraphe 2 : La circulation des étrangers

25
L’étranger a le droit de circuler librement sur le territoire marocain. A toute réquisition,
il doit présenter aux agents chargés du contrôle toutes les pièces qui justifient son séjour au
Maroc. Lorsque le séjour n’excède pas 3 mois, il doit être normalement muni d’un titre de
voyage.
Le visa peut être annulé lorsque l’étranger exerce une activité lucrative sans qu’il soit
autorisé pour cela. Si l’étranger a le droit de circuler librement, cette liberté peut se voir limité.
Ainsi il n’est pas titulaire d’une carte de résidence s’il présente des antécédents, il peut être
soumis à une surveillance spéciale. L’administration peut lui interdire l’accès dans certaines
provinces ou préfectures comme elle peut lui désigner certaines circonscriptions dans lesquelles
il veut séjourner. Les étrangers séjournent et circulent sur l'ensemble du territoire marocain.

Toutefois, lorsqu'un étranger non titulaire de la carte de résidence doit, en raison de son
attitude ou de ses antécédents, être soumis à une surveillance spéciale, l'administration peut lui
interdire de résider dans une ou plusieurs provinces ou préfectures ou lui indiquer, à l'intérieur
de ces dernières, une ou plusieurs circonscriptions de son choix. Mention de la décision est
portée sur le titre de séjour de l'intéressé. Les étrangers visés à l'alinéa précédent ne peuvent se
déplacer en dehors de la zone de validité de leur titre de séjour sans être munis d'un sauf-conduit
délivré par les services de police ou, à défaut, ceux de la gendarmerie royale.

Paragraphe3 : Dispositions pénales


Le dahir prévoit des pénalités de l’article 42 à l’article 56. Ces mesures visent les
étrangers qui contreviennent aux mesures édictées par ce dahir, il prévoit pour la plupart : les
amendes, l’emprisonnement.
En cas de récidive, les sanctions sont portées au doubles Outre que cette sanction et par
souci de maintenir la sécurité et l’ordre public, on prononce l’expulsion, la mesure de reconduite
en frontière, l’interdiction de territoire. Ces dernières sanctions peuvent être prononcées après
l’expiration de l’emprisonnement et l’acquittement des amendes. Il est à noter que d’autres
sanctions plus lourdes sont relatives à l’émigration et à l’immigration irrégulière.
L’article 52 prévoit que les amendes peuvent aller jusqu’à un million de dirhams à
l’encontre de ceux qui organisent ou facilite l’entrée ou la sortie des nationaux et des étrangers
de manière clandestine du territoire marocain. Le ou les coupables peuvent être frappés par une
peine allant jusqu’à 15 ans d’emprisonnement. La peine peut être une réclusion perpétuelle
lorsque l’émigration ou l’immigration irrégulière comporte la mort.

26
Chapitre 4 : Droit International Privé

I- Définition :

Le DIP peut être présenté comme la branche du droit qui réglemente les rapports de
droit privé de caractère international par exemple, les mariages conclus entre deux personnes
de nationalités différentes ou les contrats entre sociétés établies dans des états différents. Dans
ces exemples cités, l’existence d’un élément étranger fait entrer en jeu des règles particulières
dont la recherche et l’application constituent l’objet du DIP.

L’existence de cet élément étranger qu’on appelle aussi élément d’extranéité peut être
d’origines diverses. Une conception simpliste voudrait voir dans le DIP, le droit des étrangers
et par suite, résoudre tous les problèmes par l’application de la loi nationale. Il en est en réalité
tout autrement. Par ex : devant une juridiction française, une succession dans laquelle le défunt
et tous les héritiers sont français n’en a pas moins le caractère international si au moment du
décès, le défunt était domicilié hors de France.

De même, un contrat passé au Maroc entre deux Marocains est un contrat international
s’il a pour objet la vente ou la location d’un immeuble situé à l’étranger. (Le contrat s’il porte
sur un objet à l’étranger même s’ils sont du même pays, ils peuvent convenir de l’application
d’une loi étrangère).

27
Le DIP touche à l’ensemble des matières juridiques, délits contractuels, statut personnel,
statut réel, condition des étrangers…L’accord est cependant loin d’être réalisé sur l’étendue
exacte du DIP, les uns lui disputent le droit du travail ou le droit fiscal considérés comme des
matières de droit public, d’autres veulent contrairement à la tradition en exclure le droit pénal.

Le droit international privé est la branche du droit qui étudie le règlement des différends de
droits privés présentant au moins un caractère d'extranéité, que les parties soient de nationalités
différentes, résident dans des pays différents, ou soient liées par des engagements pris dans un
pays autre que leur pays de résidence.

Les problèmes principaux se posant au droit international privé sont:

• les conflits de juridictions, qui se subdivise en deux questions distinctes : la compétence


internationale (dans quel pays le litige peut-il être jugé ?), et la reconnaissance des
décisions étrangères
• et les conflits de lois (quel est l'ordre juridique - le pays - dont la loi s'applique).

Les deux questions sont bien distinctes, les tribunaux d'un pays pouvant être amenés à
appliquer la loi d'un autre pays. Les manuels ajoutent également souvent une partie traitant des
sujets de droit, comprenant le droit de la nationalité et la condition des étrangers.

Malgré son nom, le droit international privé n'est pas uniforme. Il existe un droit
international privé français, un droit international privé allemand, etc.

II- Les sources du DIP :

Le droit international privé est un fleuve irrigué par de nombreux affluents. Longtemps
purement national. Depuis le début du XXe siècle, et l'accroissement de la mobilité
internationale des personnes, capitaux et biens, on assiste à une internationalisation des sources
du DIP. Ces sources sont internationales (les conventions de La Haye) ou plus régionales (droit
communautaire).

Le DIP se présente comme un droit national et la qualification du Droit international a


été critiqué par de très nombreux auteurs du DIP n’est donc pas un droit commun à un certain
nombre d’ETATS c’est un droit propre à chaque Etat. Le qualificatif international trouve sa
seule raison d’être dans l’objet de la matière des relations inter-nations sur la scène
internationale. Le DIP découle de 2 sources : les sources internes et les sources internationales.

- En droit comparé : certains Etats de l’Europe de l’est et de l’ouest ont codifiés leurs
DIP.

- Les règles codifiées : existent dans de nombreux Etats arabes musulmans par exemple,
un chapitre consacré au conflit de lois dans le code civile égyptien 1949 a inspiré les codes
civils de Syrie, d’Iraq, la Lybie…

- Au Maroc : le Dahir sur la condition civile des étrangers du 12 aout 1913 (appelé
D.C.C.) constitue la source principale du DIP. Il constitue ainsi le 1er code du DIP ( par la
langue française) il traite essentiellement des conflits de lois, pour ce qui est des conflits des
juridictions (citant) du dahir du 4 Avril 1959 modifiant cela du 4 Avril 1956 relatif au
fonctionnement des juridiction du droit commun, la loi du 2 Janvier 1955, loi d’unification,
d’arabisation et marocanisation et le code 1974 qui intéresse à plus d’un titre le DIP, quant à la
28
nationalité, elle est entièrement régie par le dahir 6 septembre 1958 modifiée par la loi du 23
mars 2007.

III- Les conflits de lois :


Il y a conflits de lois lorsque le juge se trouve en présence d’une situation juridique,
susceptible d’être régie par plusieurs lois. Pour avoir la caractéristique de situation
internationale, le problème juridique doit contenir un élément d’extranéité par rapport au juge
saisi. Par exemple : un juge marocain peut être saisi d’une question de validité d’un mariage
entre une française et un marocain. Le juge marocain peut être également saisi des effets d’un
contrat de soutraitance ou encore un contrat conclu entre une société française et une société
marocaine.

La question qui se pose au juge est de savoir à laquelle de ces lois, le litige doit être
soumis ? La réponse qui peut nous venir à l’esprit est de se dire pourquoi pas le juge marocain
ne soumettrait-il pas les différents litiges à la loi marocaine ? Mais, ne serait-il pas souhaitable
que le juge applique la loi avec laquelle le litige présente le plus d’attache ?.

Donc, le problème du DIP se ramène à une option entre les différentes lois en
présence en l’occurrence la loi du for et la loi étrangère. Et le conflit de lois se présente au juge
comme un choix qui doit être opéré entre plusieurs ordres juridiques, mais ce conflit ne se pose
pas en réalité que lorsque le système juridique du for accepte de le poser.

Il y a des domaines du droit qui échappent à la méthode conflictuelle notamment le droit


administratif, le droit pénal et toutes les règles concernant la procédure. Ces domaines de droit
sont nécessairement soumis à la loi du for. Par conséquent le problème de conflit de lois apparaît
lorsque le juge s’interroge sur la vocation de la loi du for ou d’une loi étrangère à régir une
situation présentant un élément d’extranéité. Pour répondre à ces questions, il y a une méthode
propre au DIP, il s’agit de la méthode conflictuelle.

Autrement dit, il y a conflit de lois toutes les fois lorsque des situations pouvant se
rattacher à plusieurs pays, il faut choisir entre les lois de ces différents Etats, celle qui sera
appelée à régir le rapport de droit considéré, c’est donc essentiellement un problème d’option,
le procédé le plus général de solution du (problème) du DIP consistent alors non pas à les
résoudre directement par des dispositions législatives propres mais à désigner, s’agissant de
relations concernant les particulier, la loi interne qui leur sera appliquée, par ex : article 3 du
D.C.C. dispose que l’état et la capacité des français et des étrangers sont régis par leur loi
nationale.

On désigne traditionnellement ce système de solutions par l’expression de conflit de la


loi, car il détermine les lois applicables à des relations internationales, c'est-à-dire des relations
présentant des contacts avec plusieurs pays et leurs lois.

29
La règle de conflit de lois est une règle abstraite, indirecte (elle ne permet pas de
résoudre la question de fond posée, mais uniquement de déterminer la loi compétente pour
résoudre cette question de droit substantiel), et neutre (la solution substantielle n'est pas prise
en compte dans la détermination de la loi applicable).

Le droit international privé est composé de règles de conflit de lois émanant


d'instruments internationaux (convention et traité), de la loi, ou de la jurisprudence.

Solution

Deux grandes approches peuvent être envisagées par les États pour résoudre un conflit
de lois. La première consiste dans la mise en œuvre de règles de droit international privé
matérielles, et la seconde consiste dans l'édiction de règles de conflit.

Les règles de droit international privé matérielles sont des règles substantielles, se
présentant souvent sous forme de traités internationaux, qui ont vocation à s'appliquer dès lors
qu'une situation, présentant des éléments d'extranéité, peut ainsi être qualifiée de situation
internationale et qu'elle entre dans le champ d'application du traité.

L'intérêt d'une règle matérielle de droit international privé est que, en raison de son
caractère substantiel, elle donne directement la solution du litige. Il n'est ainsi plus besoin de
prendre le détour d'une règle de conflit et la solution du litige peut être obtenue beaucoup plus
facilement. À titre d'exemple, un litige concernant la vente internationale de marchandises est
régi par la Convention internationale de Vienne.

Si un juge doit statuer sur une vente conclue entre un français et un allemand (la France
et l'Allemagne ayant tous deux ratifié cette convention) entrant dans le champ d'application de
cette convention, il n'aura pas à déterminer laquelle de la loi française ou allemande a vocation
à s'appliquer pour trancher ce litige, mais appliquera directement les règles matérielles issues
de la Convention de Vienne, du moins dans le cadre du champ d'application matérielle de la
convention. En revanche, pour tous les éléments qui ne sont pas traités par cette convention, le
juge devra déterminer la loi applicable en vertu des règles de conflit de lois.

L'édiction de règles de droit international privé matérielles est extrêmement difficile


dans la mesure où, lorsque cette règle est internationale, elle suppose l'accord de plusieurs États
sur des éléments souvent complexes. C'est pourquoi dans la plupart des situations, il n'existe
pas de règles de droit international privé matérielles et le juge doit trancher un conflit de lois.
Dès lors, le juge devra trancher le litige en appliquant la loi désignée par une règle de conflit de
lois. Ces règles de conflits peuvent trouver leur source dans des conventions internationales
(par exemple la Convention de Rome en matière d'obligations contractuelles) ou dans le droit
interne.

Il faut également savoir qu'en matière de commerce international, les opérateurs du


commerce international sont progressivement amenés à édicter spontanément des règles qui,
par leur constance et régularité d'application, acquièrent une certaine impérativité : on parle
alors de Lex Mercatoria.

IV- Conflit de juridictions :

30
Les conflits de juridictions est la partie du droit international privé qui vise à déterminer
quand, et sous quelles conditions, les juridictions françaises peuvent être compétentes pour
trancher un différend à dimension internationale.

Il y a conflit de juridiction toutes les fois qu’un litige posant un problème d’extranéité,
il faut déterminer si le tribunal compétant est un tribunal marocain ou étranger, il se pose dons
tous les procès et est nécessairement préalable au conflit de lois car avant de déterminer la loi
applicable, le juge doit nécessairement se prononcer sur sa propre compétence.

Autrement dit comme les lois de tous les pays concernés par les litiges ont vocation à
s’appliquer il est permis de penser également que leurs tribunaux sont compétents, il y a alors
conflits de juridictions.

CHAPITRE 5 : LES CONFLITS DE LOIS

I- Théorie générale des conflits de lois :


La règle de conflit de lois contient trois éléments : la catégorie de rattachement, le point
ou le critère de rattachement et la loi applicable.
La catégorie de rattachement constitue l’objet de la règle. C’est le point de départ dans la
désignation de la loi applicable. Il s’agit des différentes institutions ou rapports juridiques de
droit privé, relevant du statut personnel, du statut réel, du droit des successions, du droit des
obligations, du droit des sociétés…
Une fois la catégorie de rattachement définie, il appartiendra aux praticiens du droit de
qualifier le problème du cas concret afin de le soumettre à telle ou telle règle de conflit
déterminée. Le deuxième élément de la règle de conflit de lois est le point ou le critère de
rattachement.
Ainsi, à chaque catégorie de rattachement correspond un élément de rattachement choisi
par le législateur parmi les différents éléments de la relation privée internationale.
Parmi les critères de rattachement on peut citer la nationalité, la volonté des parties (contrats),
le domicile (contrats)… Le troisième élément de la règle de conflit est la loi désignée applicable,
celle qui est appelée à apporter la solution au fond du problème soulevé.

II- Les étapes du règlement du conflit de lois


Pour connaitre la loi applicable à une question juridique en droit international privé, il faut
passer par l’épreuve de la qualification avant de rattacher la situation à un ordre juridique donné.

Section 1 : La qualification :
La qualification permet de soumettre le problème de droit découlant d’une situation, dans
une catégorie juridique, en fonction de laquelle seront déterminées la règle de conflit et la loi

31
applicable selon le critère de rattachement adopté. Il s’agit donc de classer le problème soulevé
dans une catégorie juridique afin d’appliquer la règle de conflit correspondante.
La question qui se pose en matière de qualification est celle de savoir selon quel ordre
juridique cette qualification doit être faite. La doctrine propose trois solutions à cette question :
- Certains retiennent la qualification lege fori,
- d’autres retiennent la qualification lege causae
- et enfin une troisième méthode consiste à effectuer la qualification par référence à des
concepts autonomes universels.

§1- La qualification lege fori


Selon cette thèse, le juge doit qualifier en utilisant les concepts et classifications de son
droit interne. Ainsi, le juge marocain se référera aux concepts du droit marocain, le juge français
au droit français…
§2- La qualification le causae :
La loi de la causae est la loi normalement applicable au rapport de droit considéré. Ce type
de qualification consiste donc à chercher la qualification au droit étranger éventuellement
applicable au rapport de droit faisant l’objet du litige.
§3- La qualification par référence à des concepts autonomes et universels :
Selon cette thèse, le juge ne devait pas être prisonnier de la qualification par référence à
une loi déterminée, mais devrait dégager, par l’utilisation de la méthode comparative, des
concepts autonomes différents des concepts internes et dotés d’une portée universelle.
Ces concepts doivent être formés à partir du droit comparé en dégageant les éléments
communs des institutions remplissant la même fonction.
En pratique, les juges retiennent la qualification lege fori.

Section 2 : Le rattachement :
La seconde étape du règlement du conflit de lois consiste à rattacher le problème de droit
à un ordre juridique déterminé.
Une fois classée dans une catégorie du droit international privé, la question de droit est
automatiquement soumise, grâce à l’élément de rattachement correspondant à cette catégorie,
à un ordre juridique donné.

§1- Le conflit de rattachement :


Il existe deux types de conflits de rattachement. Le conflit positif et le conflit négatif.

A- Le conflit positif

Le conflit positif a lieu lorsque plusieurs systèmes juridiques, se considèrent compétents


pour appréhender une situation. Par exemple, le droit international privé italien soumet à la loi
italienne la succession mobilière d’un italien domicilié en France, tandis que le droit
international privé français désigne la loi française.
Ce conflit positif ne pose pas de problème particulier. Le juge français n’a pas de raison
de renoncer à appliquer sa règle de conflit au motif que le juge italien ne doit pas appliquer la
même.

B- Le conflit négatif :

Il y a conflit négatif de rattachement lorsqu’aucun des systèmes juridiques en conflit ne


retient sa compétence pour trancher le problème de droit en cause. Ce conflit survient lorsque
le système étranger désigné par la règle de conflit donne compétence à une autre loi que la

32
sienne parce qu’il ne retient pas le même facteur de rattachement pour la même catégorie
juridique.
C’est le cas par exemple, d’un Anglais domicilié en France dont le statut personnel est en
cause. Le droit international privé français rattache le statut personnel à la loi nationale, donc à
la loi anglaise. Mais le droit anglais ainsi désigné rattache le statut personnel à la loi du domicile.
Le droit anglais refuse donc sa compétence et renvoie le problème au droit français.
La question qui se pose est la suivante : le juge français doit il tenir compte du droit
international privé anglais dans l’application de la règle de conflit française ou doit-il s’en tenir
à l’application du droit anglais ? En d’autres termes : faut-il admettre le renvoi opéré par le droit
anglais au droit Français ?

1- Les types de renvoi :

Il existe deux types de renvoi :


- le renvoi au premier degré : intervient lorsque la règle de conflit étrangère renvoie à la
loi du juge saisi.
- et le renvoi au deuxième degré : lorsque la loi étrangère normalement applicable renvoie
à une autre loi étrangère.
2- La controverse sur le renvoi :

Faut il ou non accepter le renvoi ? Il existe à ce sujet deux thèses :


- la première est hostile au renvoi,
- la seconde est favorable au renvoi.

2.1- La thèse hostile au renvoi :


L’hostilité au renvoi se fonde sur l’idée que l’Etat ne peut renoncer à sa souveraineté en
cédant devant les règles de conflit d’un Etat étranger.
De plus, selon cette thèse, une fois la loi étrangère désignée, le conflit de lois doit être
considéré comme réglé de façon définitive et il n’y a pas de raison de réouvrir le débat à son
sujet.
2.2- La thèse favorable au renvoi :
Selon les partisans de cette thèse, plusieurs arguments on été avancés, parmi lesquels on
peut citer le fait que le renvoi conduit le juge à appliquer sa propre loi à la place de la loi
étrangère, ce qui lui facilite la tâche et diminue les risques d’erreur.

§2- L’évolution du rattachement :


L’élément de rattachement retenu par une règle de conflit peut se modifier avec le temps.
C’est ce qu’on appelle le conflit mobile.
On dit, donc, qu’il y a conflit mobile lorsqu’une situation juridique se trouve soumise à
des lois différentes suite à un changement de son élément de rattachement. Tel est le cas, par
exemple, lorsque la personne dont le statut personnel est en cause a changé de nationalité, de
domicile ou de résidence habituelle.
Trois méthodes de résolution du conflit mobile peuvent être envisagées :
1°- l’application de la théorie des droits acquis
2°- l’application des règles internes relatives au conflit de lois dans le temps
3°- l’interprétation au cas par cas de la règle de conflit en cause
A- l’application de la théorie des droits acquis

33
Selon cette méthode, le respect des droits acquis est un principe fondamental de la
réglementation des relations internationales. Dès lors la loi ancienne doit s’appliquer pour
assurer le respect de tout droit acquis sous son empire.
B- l’application des règles internes relatives au conflit de lois dans le temps

Selon cette méthode, il faut faire une application immédiate de la loi nouvelle aux effets à
venir des situations juridiques en cours et maintenir la loi ancienne pour juger les conditions de
validité et les effets passés de ces situations.
C- l’interprétation au cas par cas de la règle de conflit en cause

Selon cette méthode, il n’y a pas de solution générale digne de s’imposer à tous les conflits
mobiles. Il faut traiter chaque cas à part et lui appliquer la solution adéquate.

III - L’application des règles de conflit :

Section 1 : L’application de la loi compétente


La loi compétente est soit la loi marocaine, soit une loi étrangère. Dans le premier cas, il
n’y a pas de problème, la loi marocaine est appliquée comme s’il s’agissait d’un rapport
juridique purement interne.
Dans le second cas, lorsque le juge doit appliquer une loi étrangère, la preuve du contenu
de cette loi doit être rapportée par la personne qui invoque l’application du droit étranger. Cette
preuve peut être faite au moyen de consultations délivrées par des juristes étrangers (avocats en
général) ou par des attestations délivrées par des agents diplomatiques ou consulaires.
Lorsque l’application de la loi étrangère n’est pas demandée par les parties, le juge doit
vérifier lui-même le sens et la portée de la loi étrangère.

Section 2 : Les obstacles à l’application de la loi étrangère compétente


L’application de la loi étrangère peut être écartée si elle est contraire à l’ordre public ou
en cas de fraude à la loi.

§1- L’ordre public


La notion d’ordre public comprend l'ensemble des règles obligatoires qui touchent à
l'organisation de la Nation, à l'économie, à la morale, à la santé, à la sécurité, à la paix publique,
aux droits et aux libertés essentielles de chaque individu.
Lorsque la notion d’ordre public est soulevée par le juge, elle sert d’abord à éliminer les
lois étrangères qui commanderaient une solution injuste, contraire au droit naturel, à la religion
ou aux fondements d’une civilisations données. C’est le cas par exemple d’une loi privant un
individu de certains de ses droits pour des motifs d’ordre racial.

§2- La fraude à la loi


La fraude à la loi en droit international privé consiste au détournement volontaire d’une
règle de conflit de son application normale, en modifiant le critère de rattachement afin
d’obtenir l’application d’une loi plus favorable que celle qui régirait ordinairement le rapport
considéré. Il s’agit de changer de nationalité, pour éluder une loi plus contraignante en matière
de statut personnel, transférer le siège d’une société dans un pays étranger, afin de bénéficier
d’un régime juridique plus favorable.etc.
Deux éléments principaux sont nécessaires pour constater l’existence de la fraude à la loi :
le changement du point de rattachement de la règle de conflit de loi (élément matériel) et

34
l’intention frauduleuse ayant pour but d’écarter la loi normalement compétente (élément
intentionnel).
La sanction de la fraude à la loi est l’inopposabilité : l’acte étranger obtenu
frauduleusement conserve sa validité au regard de l’Etat étranger qui l’a accordé mais est sans
effet dans le litige privé dans l’état du for.

IV- Les solutions spéciales du droit des conflits de lois au Maroc

Section 1 : Le statut personnel

Sous-section 1 : Le mariage

§1- Le mariage des étrangers au Maroc


On examinera d’une part les conditions de fond du mariage et d’autre part les conditions de
forme.
A- Les conditions de fond du mariage :

Si les deux époux sont de même nationalité, le juge doit appliquer leur statut personnel tel
qu’il est prévu par leur loi nationale sauf contradiction avec l’ordre public marocain.
Si les époux sont de nationalités différentes, les conditions de fond du mariage doivent être
conformes aux lois nationales des deux parties cumulativement.
B- Les conditions de forme du mariage:

Selon l’article 11 du D.C.C., les étrangers peuvent se marier au Maroc soit selon les formes
admises par leur loi nationale, soit selon celles déterminées par l’état civil marocain.
Ainsi, les étrangers ont la possibilité de conclure leur mariage devant l’officier d’état civil
marocain à condition que leur loi nationale l’admette.
C- Cas du musulman étranger :

On n’applique pas à un étranger musulman qui veut conclure son mariage au Maroc son
droit national quant aux conditions de fond et conditions de forme, ce droit est remplacé par le
droit marocain c'est-à-dire les règles de la Moudawana. Il en résulte les conséquences
suivantes :
1°- un étranger musulman est autorisé à avoir plusieurs épouses même si son droit
national le lui interdit
2°- Une étrangère musulmane n’est pas autorisée à se marier avec un étranger même si
sa loi nationale le lui permet.
3°- Le mariage du musulman étranger n’est valable du point de vue du droit marocain
que s’il est conforme aux règles de la moudawana.

§2- Le mariage mixte (entre marocains et étrangers)


Le dahir du 4 Mars 1960 prévoit que ce type de mariage n’est valable au Maroc que s’il
est conclu conformément au droit marocain applicable à la partie marocaine.
Par conséquent, la célébration doit avoir lieu dans les formes prévues par la Moudawana
si le conjoint marocain est musulman et selon les formes du droit hébraïque s’il est de
confession juive.

§3- Le mariage entre marocains à l’étranger


Lorsque deux marocains se marient à l’étranger, leur contrat de mariage doit réunir toutes
les conditions de fond et de forme auquel se contrat est soumis au Maroc. Ce qui veut dire qu’il

35
doit être conforme à la Moudawana en ce qui concerne le mariage des marocains musulmans et
au statut personnel hébraïque en ce qui concerne les israélites marocains.
Selon le professeur Moussa Abboud, le mariage des marocains qui ne sont ni musulmans
ni israélites doit être célébré de la même manière qu’un mariage entre musulmans pour être
considéré valide même si cette solution est inconcevable sociologiquement.

Ainsi selon l’article 2 du code de la famille : « Les dispositions du présent Code


s’appliquent :
1- A tous les marocains même ceux portant une autre nationalité
2- Aux réfugiés y compris les apartides
3- à toute relation entre deux personnes lorsque l’une d'elles est marocaine ;
4- à toute relation entre deux personnes de nationalité marocaine lorsque l’une d'elles est
musulmane.
Les Marocains de confession juive sont soumis aux règles du statut personnel hébraïque
marocain. ».

Par ailleurs, l’article 14 de la Moudawana permet aux marocains résidant à l’étranger de


contracter mariage selon les formalités administratives locales du pays de résidence, pourvu
que soient réunies les conditions du consentement, de la capacité, de la présence du tuteur
matrimonial (Wali), le cas échéant, et qu’il n’y ait pas d'empêchements légaux ni d'entente sur
la suppression du Sadaq (la dot) et ce, en présence de deux témoins musulmans.

Les marocains, ayant contracté mariage conformément à la législation locale du pays de


résidence, doivent déposer une copie de l'acte de mariage, dans un délai de trois mois courant
à compter de la date de sa conclusion, aux services consulaires marocains du lieu
d'établissement de l'acte. En l'absence de services consulaires, copie de l’acte de mariage est
adressée dans le même délai au ministère chargé des affaires étrangères.
Le mariage entre marocains à l’étranger peut avoir lieu dans les consulats marocains qui
disposent de adouls pouvant célébrer le mariage.

Dans les relations franco-marocaines, l’article 6 alinéa 2 de la convention relative au statut


des personnes et de la famille et à la coopération judiciaire prévoit que : « Chaque Etat peut
décider que le mariage dans l'autre Etat entre des époux qui possèdent tous deux sa nationalité
sera célébré par ses fonctionnaires consulaires ».

Sous-section 2 : Le divorce :
L’étude de cette institution nécessite la distinction entre les conditions de fond et la
procédure du divorce.
Les conditions de fond :
S’agissant des causes du divorce, on applique la loi nationale commune des époux s’ils sont
de la même nationalité.
Si les époux sont de nationalité différente, on applique la loi nationale de la partie qui
demande le divorce. Cependant, si l’une des parties est de religion musulmane, on applique le
droit marocain.
Les conditions de forme du divorce
La dissolution du mariage des étrangers au Maroc peut être prononcée par les tribunaux
marocains. Le tribunal compétent est le tribunal de première instance dans le ressort duquel se
trouve le domicile conjugal.
L’instance en divorce commence toujours par le préliminaire de la conciliation, même si la
loi nationale des intéressés ne la prévoit pas. Le jugement du divorce doit être transcrit sur les

36
registres de l’état civil du lieu où le mariage a été célébré, si la célébration a eu lieu au Maroc
en la forme de l’état civil.
Si la célébration a eu lieu en une forme coutumière, consulaire ou hors du Maroc, le jugement
est transcrit sur les registres de l’état civil du lieu où les époux avaient leur dernier domicile au
Maroc. Le jugement ne peut être transcrit sur les registres d’un consulat étranger qu’après
exéquatur.

Sous-section 3 : Les successions et le testament :


Il résulte de l’article 18 du DCC que les successions et les testaments sont soumis à la loi
nationale du défunt. Toutefois, lorsque ce dernier est musulman, il sera soumis à la moudawana
conformément à la jurisprudence.

Sous-section 4 : L’état et la capacité


L’état et la capacité des étrangers sont régis par leur loi nationale.

Section 2 : Les biens


Les biens meubles et immeubles sont soumis à la loi du pays où ils sont situés.

Section 3 : Les contrats


Deux articles réglementent la solution des conflits de lois en matière contractuelle : il s’agit
des articles 10 et 13 du dcc. Une distinction est faite entre les règles relatives à la forme des
actes juridiques et les règles relatives aux conditions de fond et les effets de ces actes.

Sous-section 1 : La forme des actes juridiques :


Selon l’article 10 du D.C.C. : « Les actes juridiques passés dans le protectorat français du
Maroc par des Français ou des étrangers sont, quant à leur forme, valables, s'ils sont faits suivant
les prescriptions, soit de la loi nationale des parties, soit de la loi française, soit de la législation
édictée pour le protectorat français, soit enfin des lois et usages locaux ».
Cet article donne donc le droit de choisir entre trois lois : la loi des parties, la loi française
et le droit local. Toutefois, l’application de cet article est exclue dans certains cas.

§1- La loi des parties :


Si les deux parties ont la même nationalité, ils peuvent conclure le contrat selon la forme
édictée par leur loi nationale. Ainsi, si cette loi autorise la conclusion du contrat sous seing
privé, le recours au notaire n’est pas obligatoire.
Par contre si la forme autorisée est la forme authentique, le contrat doit être conclu soit
par un notaire marocain, soit par le consul du pays auquel les parties au contrat appartiennent.

§2- Le droit français :


La règle selon laquelle, la forme d’un acte juridique est valable si cet acte est fait suivant
les prescriptions de la loi française n’est plus applicable à l’heure actuelle. Cette règle était
applicable avant l’indépendance puisque le Maroc était sous protectorat français.

§3- Le droit local :


L’article 10 du D.C.C. se réfère à deux formes d’application du droit local : il s’agit de la
législation édictée pour le protectorat français et des lois et usages locaux.
A- La législation édictée pour le protectorat français :

Cette expression fait référence aux règles relatives au système notarial moderne qui
déterminent la compétence du notaire au Maroc.

37
Durant le protectorat, le notaire qui était toujours français, ne pouvait rédiger un contrat
que lorsque l’une des parties était française ou justiciable des tribunaux français ou lorsque ce
contrat intéresse un marocain mais est destiné à être produits en France ou à l'étranger ou devant
une autorité administrative ou judiciaire française ou étrangère. L’expression législation édictée
pour le protectorat français, concerne aussi le cas des greffiers qui étaient autorisés à rédiger
certains actes.
B- Les lois et usages locaux :

Cette expression fait référence aux formes relatives aux contrats connues lors de la
publication du DCC à savoir le notariat adoulaire et le notariat hébraïque.
Ainsi, est valable le contrat dont l’un des contractants est étranger et dressé par un adoul à
condition que ce contrat ne soit pas contraire au droit musulman.
Le notariat hébraïque est réservé aux personnes de confession juive et ce quel que soit leur
nationalité.

§4- L’exclusion des dispositions de l’article 10 du DCC :


Les dispositions de l’article 10 du DCC sont exclues soit en raison de la primauté de la loi
nationale de l’intéressé soit en raison de la primauté de la loi interne marocaine. Dans ces deux
cas, le choix entre différentes législations est exclu.
A- La primauté de la loi nationale de l’intéressé :

Elle existe lorsque la loi nationale de l’intéressé impose une forme comme élément de la
validité d’un acte. C’est le cas par exemple de la forme authentique du testament imposée par
le droit des Pays-Bas.
B- La primauté de la loi interne marocaine

Le droit marocain impose dans certains cas une forme déterminée pour la formation d’un
contrat et ce de manière impérative. C’est le cas par exemple de la vente immobilière qui doit
être effectuée par écrit ainsi que des obligations dont la valeur est supérieure à 250 dirhams qui
doivent également être établies par écrit.

Sous-section 2 : Les conditions de fond et les effets des actes juridiques :


Selon l’article 13 du DCC : « Les conditions de fond et les effets des contrats sont déterminés
par la loi à laquelle les parties ont eu l'intention expresse ou tacite de se référer.
Si la détermination de la loi applicable, dans le silence des parties, ne ressort ni de la nature
de leur contrat ni de leur condition relative, ni de la situation des biens, le juge aura égard à la
loi de leur domicile commun, à défaut du domicile commun, à leur loi nationale commune, et,
si elles n'ont ni domicile dans le même pays, ni nationalité commune, à la loi du lieu du
contrat ».

Section 4 : La responsabilité délictuelle


Les obligations nées d’un délit ou d’un quasi-délit sont régis par la loi du lieu où le fait
dommageable s’est produit.

38
CHAPITRE 6 : LES CONFLITS DE JURIDICTION

Les conflits de juridiction ne tendent pas à régler le problème de la détermination de la loi


applicable mais ceux de la détermination du juge compétent.

I- Les cas de compétence internationale des tribunaux marocains

Section 1 : Les cas de compétence exclusive des tribunaux marocains :


Il existe 7 cas de compétence exclusive des tribunaux marocains :
1) En matière immobilière, lorsque l’immeuble objet du litige est situé au Maroc.
2) En matière de prestation de soins médicaux ou de nourriture lorsque ces soins ou
nourritures ont été donnés au Maroc.
3) En matière de contrats dans lesquels l’Etat ou une collectivité publique est partie,
lorsque la signature a eu lieu au Maroc
4) En matière d’impôts directs et de taxes municipales lorsqu’ils sont dus au Maroc
5) En matière de travaux publics, lorsque ces travaux ont été exécutés au Maroc
6) En matière de successions, lorsque le défunt est décédé au Maroc (sauf si la succession
englobe un immeuble situé à l’étranger, dans ce cas la compétence sera dévolue au
tribunal du lieu où se situe l’immeuble).
7) En matière de société, les tribunaux sont exclusivement compétents lorsque le siège
social de la société objet du litige se trouve au Maroc.

Section 2 : Les cas de compétence facultative conventionnelle


Il s’agit des cas dans lesquels le demandeur a le choix entre deux ou plusieurs tribunaux et
que l’un de ces tribunaux est marocain.
Les tribunaux marocains sont facultativement et concurremment compétents dans les 3 cas
suivants :

39
1) En matière de pension alimentaire lorsque le demandeur ou le défendeur se trouve au
Maroc.
2) En matière de responsabilité civile lorsque le fait dommageable ou le domicile du
défendeur se trouve au Maroc.
3) En matière contractuelle lorsque le contrat a été conclu ou exécuté au Maroc.

II- L’exéquatur
Les jugements étrangers ne peuvent, en principe, être exécutés au Maroc que s’ils ont obtenu
l’exéquatur. Il s’agit d’un ordre d’exécution, donné par l’autorité judiciaire marocaine, d’une
décision rendue par une juridiction étrangère.

Selon l’article 430 du code de procédure civile : « Les décisions de justice rendues par les
juridictions étrangères ne sont exécutoires au Maroc qu'après avoir été revêtues de l'exéquatur
par le tribunal de première instance du domicile ou de la résidence du défendeur ou, à défaut,
du lieu où l'exécution doit être effectuée ».

Le tribunal saisi doit s'assurer de la régularité de l'acte et de la compétence de la juridiction


étrangère de laquelle il émane. Il vérifie également si aucune stipulation de cette décision ne
porte atteinte à l'ordre public marocain.

La demande d’exéquatur est formée, par voie de requête, à laquelle sont jointes :

1° Une expédition authentique de la décision ;

2° L'original de la notification ou de tout autre acte en tenant lieu ;

3° Un certificat du greffe compétent constatant qu'il n'existe contre la décision ni opposition, ni


appel, ni pourvoi en cassation ;

4° Eventuellement, une traduction complète en langue arabe des pièces énumérées ci-dessus
certifiée conforme par un traducteur assermenté.

La décision de l’exéquatur permet à la décision étrangère de produire les mêmes effets que
si elle avait été rendue par une juridiction marocaine.

Aussi faut-il préciser que les jugements étrangers ont la force juridique d’un acte authentique
et constituent un moyen de preuve non négligeable même s’ils ne sont pas revêtus de
l’exéquatur. De plus, les jugements relatifs à l’état et à la capacité d’une personne produisent
leurs effets sans exéquatur.

40
Chapitre 4 : Droit International Privé

I- Définition :

Le DIP peut être présenté comme la branche du droit qui réglemente les rapports de
droit privé de caractère international par exemple, les mariages conclus entre deux personnes
de nationalités différentes ou les contrats entre sociétés établies dans des états différents. Dans
ces exemples cités, l’existence d’un élément étranger fait entrer en jeu des règles particulières
dont la recherche et l’application constituent l’objet du DIP.

L’existence de cet élément étranger qu’on appelle aussi élément d’extranéité peut être
d’origines diverses. Une conception simpliste voudrait voir dans le DIP, le droit des étrangers
et par suite, résoudre tous les problèmes par l’application de la loi nationale. Il en est en réalité
tout autrement. Par ex : devant une juridiction française, une succession dans laquelle le défunt
et tous les héritiers sont français n’en a pas moins le caractère international si au moment du
décès, le défunt était domicilié hors de France.

De même, un contrat passé au Maroc entre deux Marocains est un contrat international
s’il a pour objet la vente ou la location d’un immeuble situé à l’étranger. (Le contrat s’il porte
sur un objet à l’étranger même s’ils sont du même pays, ils peuvent convenir de l’application
d’une loi étrangère).

Le DIP touche à l’ensemble des matières juridiques, délits contractuels, statut personnel,
statut réel, condition des étrangers…L’accord est cependant loin d’être réalisé sur l’étendue
exacte du DIP, les uns lui disputent le droit du travail ou le droit fiscal considérés comme des
matières de droit public, d’autres veulent contrairement à la tradition en exclure le droit pénal.

Le droit international privé est la branche du droit qui étudie le règlement des différends de
droits privés présentant au moins un caractère d'extranéité, que les parties soient de nationalités
différentes, résident dans des pays différents, ou soient liées par des engagements pris dans un
pays autre que leur pays de résidence.

41
Les problèmes principaux se posant au droit international privé sont:

• les conflits de juridictions, qui se subdivise en deux questions distinctes : la compétence


internationale (dans quel pays le litige peut-il être jugé ?), et la reconnaissance des
décisions étrangères
• et les conflits de lois (quel est l'ordre juridique - le pays - dont la loi s'applique).

Les deux questions sont bien distinctes, les tribunaux d'un pays pouvant être amenés à
appliquer la loi d'un autre pays. Les manuels ajoutent également souvent une partie traitant des
sujets de droit, comprenant le droit de la nationalité et la condition des étrangers.

Malgré son nom, le droit international privé n'est pas uniforme. Il existe un droit
international privé français, un droit international privé allemand, etc.

II- Les sources du DIP :

Le droit international privé est un fleuve irrigué par de nombreux affluents. Longtemps
purement national. Depuis le début du XXe siècle, et l'accroissement de la mobilité
internationale des personnes, capitaux et biens, on assiste à une internationalisation des sources
du DIP. Ces sources sont internationales (les conventions de La Haye) ou plus régionales (droit
communautaire).

Le DIP se présente comme un droit national et la qualification du Droit international a


été critiqué par de très nombreux auteurs du DIP n’est donc pas un droit commun à un certain
nombre d’ETATS c’est un droit propre à chaque Etat. Le qualificatif international trouve sa
seule raison d’être dans l’objet de la matière des relations inter-nations sur la scène
internationale. Le DIP découle de 2 sources : les sources internes et les sources internationales.

- En droit comparé : certains Etats de l’Europe de l’est et de l’ouest ont codifiés leurs
DIP.

- Les règles codifiées : existent dans de nombreux Etats arabes musulmans par exemple,
un chapitre consacré au conflit de lois dans le code civile égyptien 1949 a inspiré les codes
civils de Syrie, d’Iraq, la Lybie…

- Au Maroc : le Dahir sur la condition civile des étrangers du 12 aout 1913 (appelé
D.C.C.) constitue la source principale du DIP. Il constitue ainsi le 1er code du DIP ( par la
langue française) il traite essentiellement des conflits de lois, pour ce qui est des conflits des
juridictions (citant) du dahir du 4 Avril 1959 modifiant cela du 4 Avril 1956 relatif au
fonctionnement des juridiction du droit commun, la loi du 2 Janvier 1955, loi d’unification,
d’arabisation et marocanisation et le code 1974 qui intéresse à plus d’un titre le DIP, quant à la
nationalité, elle est entièrement régie par le dahir 6 septembre 1958 modifiée par la loi du 23
mars 2007.

III- Les conflits de lois :


Il y a conflits de lois lorsque le juge se trouve en présence d’une situation juridique,
susceptible d’être régie par plusieurs lois. Pour avoir la caractéristique de situation
internationale, le problème juridique doit contenir un élément d’extranéité par rapport au juge

42
saisi. Par exemple : un juge marocain peut être saisi d’une question de validité d’un mariage
entre une française et un marocain. Le juge marocain peut être également saisi des effets d’un
contrat de soutraitance ou encore un contrat conclu entre une société française et une société
marocaine.

La question qui se pose au juge est de savoir à laquelle de ces lois, le litige doit être
soumis ? La réponse qui peut nous venir à l’esprit est de se dire pourquoi pas le juge marocain
ne soumettrait-il pas les différents litiges à la loi marocaine ? Mais, ne serait-il pas souhaitable
que le juge applique la loi avec laquelle le litige présente le plus d’attache ?.

Donc, le problème du DIP se ramène à une option entre les différentes lois en
présence en l’occurrence la loi du for et la loi étrangère. Et le conflit de lois se présente au juge
comme un choix qui doit être opéré entre plusieurs ordres juridiques, mais ce conflit ne se pose
pas en réalité que lorsque le système juridique du for accepte de le poser.

Il y a des domaines du droit qui échappent à la méthode conflictuelle notamment le droit


administratif, le droit pénal et toutes les règles concernant la procédure. Ces domaines de droit
sont nécessairement soumis à la loi du for. Par conséquent le problème de conflit de lois apparaît
lorsque le juge s’interroge sur la vocation de la loi du for ou d’une loi étrangère à régir une
situation présentant un élément d’extranéité. Pour répondre à ces questions, il y a une méthode
propre au DIP, il s’agit de la méthode conflictuelle.

Autrement dit, il y a conflit de lois toutes les fois lorsque des situations pouvant se
rattacher à plusieurs pays, il faut choisir entre les lois de ces différents Etats, celle qui sera
appelée à régir le rapport de droit considéré, c’est donc essentiellement un problème d’option,
le procédé le plus général de solution du (problème) du DIP consistent alors non pas à les
résoudre directement par des dispositions législatives propres mais à désigner, s’agissant de
relations concernant les particulier, la loi interne qui leur sera appliquée, par ex : article 3 du
D.C.C. dispose que l’état et la capacité des français et des étrangers sont régis par leur loi
nationale.

On désigne traditionnellement ce système de solutions par l’expression de conflit de la


loi, car il détermine les lois applicables à des relations internationales, c'est-à-dire des relations
présentant des contacts avec plusieurs pays et leurs lois.

La règle de conflit de lois est une règle abstraite, indirecte (elle ne permet pas de
résoudre la question de fond posée, mais uniquement de déterminer la loi compétente pour
résoudre cette question de droit substantiel), et neutre (la solution substantielle n'est pas prise
en compte dans la détermination de la loi applicable).

Le droit international privé est composé de règles de conflit de lois émanant


d'instruments internationaux (convention et traité), de la loi, ou de la jurisprudence.

Solution

43
Deux grandes approches peuvent être envisagées par les États pour résoudre un conflit
de lois. La première consiste dans la mise en œuvre de règles de droit international privé
matérielles, et la seconde consiste dans l'édiction de règles de conflit.

Les règles de droit international privé matérielles sont des règles substantielles, se
présentant souvent sous forme de traités internationaux, qui ont vocation à s'appliquer dès lors
qu'une situation, présentant des éléments d'extranéité, peut ainsi être qualifiée de situation
internationale et qu'elle entre dans le champ d'application du traité.

L'intérêt d'une règle matérielle de droit international privé est que, en raison de son
caractère substantiel, elle donne directement la solution du litige. Il n'est ainsi plus besoin de
prendre le détour d'une règle de conflit et la solution du litige peut être obtenue beaucoup plus
facilement. À titre d'exemple, un litige concernant la vente internationale de marchandises est
régi par la Convention internationale de Vienne.

Si un juge doit statuer sur une vente conclue entre un français et un allemand (la France
et l'Allemagne ayant tous deux ratifié cette convention) entrant dans le champ d'application de
cette convention, il n'aura pas à déterminer laquelle de la loi française ou allemande a vocation
à s'appliquer pour trancher ce litige, mais appliquera directement les règles matérielles issues
de la Convention de Vienne, du moins dans le cadre du champ d'application matérielle de la
convention. En revanche, pour tous les éléments qui ne sont pas traités par cette convention, le
juge devra déterminer la loi applicable en vertu des règles de conflit de lois.

L'édiction de règles de droit international privé matérielles est extrêmement difficile


dans la mesure où, lorsque cette règle est internationale, elle suppose l'accord de plusieurs États
sur des éléments souvent complexes. C'est pourquoi dans la plupart des situations, il n'existe
pas de règles de droit international privé matérielles et le juge doit trancher un conflit de lois.
Dès lors, le juge devra trancher le litige en appliquant la loi désignée par une règle de conflit de
lois. Ces règles de conflits peuvent trouver leur source dans des conventions internationales
(par exemple la Convention de Rome en matière d'obligations contractuelles) ou dans le droit
interne.

Il faut également savoir qu'en matière de commerce international, les opérateurs du


commerce international sont progressivement amenés à édicter spontanément des règles qui,
par leur constance et régularité d'application, acquièrent une certaine impérativité : on parle
alors de Lex Mercatoria.

IV- Conflit de juridictions :

Les conflits de juridictions est la partie du droit international privé qui vise à déterminer
quand, et sous quelles conditions, les juridictions françaises peuvent être compétentes pour
trancher un différend à dimension internationale.

Il y a conflit de juridiction toutes les fois qu’un litige posant un problème d’extranéité,
il faut déterminer si le tribunal compétant est un tribunal marocain ou étranger, il se pose dons
tous les procès et est nécessairement préalable au conflit de lois car avant de déterminer la loi
applicable, le juge doit nécessairement se prononcer sur sa propre compétence.

44
Autrement dit comme les lois de tous les pays concernés par les litiges ont vocation à
s’appliquer il est permis de penser également que leurs tribunaux sont compétents, il y a alors
conflits de juridictions.

CHAPITRE 5 : LES CONFLITS DE LOIS

I- Théorie générale des conflits de lois :


La règle de conflit de lois contient trois éléments : la catégorie de rattachement, le point
ou le critère de rattachement et la loi applicable.
La catégorie de rattachement constitue l’objet de la règle. C’est le point de départ dans la
désignation de la loi applicable. Il s’agit des différentes institutions ou rapports juridiques de
droit privé, relevant du statut personnel, du statut réel, du droit des successions, du droit des
obligations, du droit des sociétés…
Une fois la catégorie de rattachement définie, il appartiendra aux praticiens du droit de
qualifier le problème du cas concret afin de le soumettre à telle ou telle règle de conflit
déterminée. Le deuxième élément de la règle de conflit de lois est le point ou le critère de
rattachement.
Ainsi, à chaque catégorie de rattachement correspond un élément de rattachement choisi
par le législateur parmi les différents éléments de la relation privée internationale.
Parmi les critères de rattachement on peut citer la nationalité, la volonté des parties (contrats),
le domicile (contrats)… Le troisième élément de la règle de conflit est la loi désignée applicable,
celle qui est appelée à apporter la solution au fond du problème soulevé.

II- Les étapes du règlement du conflit de lois


Pour connaitre la loi applicable à une question juridique en droit international privé, il faut
passer par l’épreuve de la qualification avant de rattacher la situation à un ordre juridique donné.

Section 1 : La qualification :
La qualification permet de soumettre le problème de droit découlant d’une situation, dans
une catégorie juridique, en fonction de laquelle seront déterminées la règle de conflit et la loi
applicable selon le critère de rattachement adopté. Il s’agit donc de classer le problème soulevé
dans une catégorie juridique afin d’appliquer la règle de conflit correspondante.
La question qui se pose en matière de qualification est celle de savoir selon quel ordre
juridique cette qualification doit être faite. La doctrine propose trois solutions à cette question :
- Certains retiennent la qualification lege fori,
- d’autres retiennent la qualification lege causae
- et enfin une troisième méthode consiste à effectuer la qualification par référence à des
concepts autonomes universels.

§1- La qualification lege fori

45
Selon cette thèse, le juge doit qualifier en utilisant les concepts et classifications de son
droit interne. Ainsi, le juge marocain se référera aux concepts du droit marocain, le juge français
au droit français…
§2- La qualification le causae :
La loi de la causae est la loi normalement applicable au rapport de droit considéré. Ce type
de qualification consiste donc à chercher la qualification au droit étranger éventuellement
applicable au rapport de droit faisant l’objet du litige.
§3- La qualification par référence à des concepts autonomes et universels :
Selon cette thèse, le juge ne devait pas être prisonnier de la qualification par référence à
une loi déterminée, mais devrait dégager, par l’utilisation de la méthode comparative, des
concepts autonomes différents des concepts internes et dotés d’une portée universelle.
Ces concepts doivent être formés à partir du droit comparé en dégageant les éléments
communs des institutions remplissant la même fonction.
En pratique, les juges retiennent la qualification lege fori.

Section 2 : Le rattachement :
La seconde étape du règlement du conflit de lois consiste à rattacher le problème de droit
à un ordre juridique déterminé.
Une fois classée dans une catégorie du droit international privé, la question de droit est
automatiquement soumise, grâce à l’élément de rattachement correspondant à cette catégorie,
à un ordre juridique donné.

§1- Le conflit de rattachement :


Il existe deux types de conflits de rattachement. Le conflit positif et le conflit négatif.

C- Le conflit positif

Le conflit positif a lieu lorsque plusieurs systèmes juridiques, se considèrent compétents


pour appréhender une situation. Par exemple, le droit international privé italien soumet à la loi
italienne la succession mobilière d’un italien domicilié en France, tandis que le droit
international privé français désigne la loi française.
Ce conflit positif ne pose pas de problème particulier. Le juge français n’a pas de raison
de renoncer à appliquer sa règle de conflit au motif que le juge italien ne doit pas appliquer la
même.

D- Le conflit négatif :

Il y a conflit négatif de rattachement lorsqu’aucun des systèmes juridiques en conflit ne


retient sa compétence pour trancher le problème de droit en cause. Ce conflit survient lorsque
le système étranger désigné par la règle de conflit donne compétence à une autre loi que la
sienne parce qu’il ne retient pas le même facteur de rattachement pour la même catégorie
juridique.
C’est le cas par exemple, d’un Anglais domicilié en France dont le statut personnel est en
cause. Le droit international privé français rattache le statut personnel à la loi nationale, donc à
la loi anglaise. Mais le droit anglais ainsi désigné rattache le statut personnel à la loi du domicile.
Le droit anglais refuse donc sa compétence et renvoie le problème au droit français.
La question qui se pose est la suivante : le juge français doit il tenir compte du droit
international privé anglais dans l’application de la règle de conflit française ou doit-il s’en tenir
à l’application du droit anglais ? En d’autres termes : faut-il admettre le renvoi opéré par le droit
anglais au droit Français ?

46
3- Les types de renvoi :

Il existe deux types de renvoi :


- le renvoi au premier degré : intervient lorsque la règle de conflit étrangère renvoie à la
loi du juge saisi.
- et le renvoi au deuxième degré : lorsque la loi étrangère normalement applicable renvoie
à une autre loi étrangère.
4- La controverse sur le renvoi :

Faut il ou non accepter le renvoi ? Il existe à ce sujet deux thèses :


- la première est hostile au renvoi,
- la seconde est favorable au renvoi.

2.1- La thèse hostile au renvoi :


L’hostilité au renvoi se fonde sur l’idée que l’Etat ne peut renoncer à sa souveraineté en
cédant devant les règles de conflit d’un Etat étranger.
De plus, selon cette thèse, une fois la loi étrangère désignée, le conflit de lois doit être
considéré comme réglé de façon définitive et il n’y a pas de raison de réouvrir le débat à son
sujet.
2.2- La thèse favorable au renvoi :
Selon les partisans de cette thèse, plusieurs arguments on été avancés, parmi lesquels on
peut citer le fait que le renvoi conduit le juge à appliquer sa propre loi à la place de la loi
étrangère, ce qui lui facilite la tâche et diminue les risques d’erreur.

§2- L’évolution du rattachement :


L’élément de rattachement retenu par une règle de conflit peut se modifier avec le temps.
C’est ce qu’on appelle le conflit mobile.
On dit, donc, qu’il y a conflit mobile lorsqu’une situation juridique se trouve soumise à
des lois différentes suite à un changement de son élément de rattachement. Tel est le cas, par
exemple, lorsque la personne dont le statut personnel est en cause a changé de nationalité, de
domicile ou de résidence habituelle.
Trois méthodes de résolution du conflit mobile peuvent être envisagées :
1°- l’application de la théorie des droits acquis
2°- l’application des règles internes relatives au conflit de lois dans le temps
3°- l’interprétation au cas par cas de la règle de conflit en cause
D- l’application de la théorie des droits acquis

Selon cette méthode, le respect des droits acquis est un principe fondamental de la
réglementation des relations internationales. Dès lors la loi ancienne doit s’appliquer pour
assurer le respect de tout droit acquis sous son empire.
E- l’application des règles internes relatives au conflit de lois dans le temps

Selon cette méthode, il faut faire une application immédiate de la loi nouvelle aux effets à
venir des situations juridiques en cours et maintenir la loi ancienne pour juger les conditions de
validité et les effets passés de ces situations.
F- l’interprétation au cas par cas de la règle de conflit en cause

Selon cette méthode, il n’y a pas de solution générale digne de s’imposer à tous les conflits
mobiles. Il faut traiter chaque cas à part et lui appliquer la solution adéquate.

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III - L’application des règles de conflit :

Section 1 : L’application de la loi compétente


La loi compétente est soit la loi marocaine, soit une loi étrangère. Dans le premier cas, il
n’y a pas de problème, la loi marocaine est appliquée comme s’il s’agissait d’un rapport
juridique purement interne.
Dans le second cas, lorsque le juge doit appliquer une loi étrangère, la preuve du contenu
de cette loi doit être rapportée par la personne qui invoque l’application du droit étranger. Cette
preuve peut être faite au moyen de consultations délivrées par des juristes étrangers (avocats en
général) ou par des attestations délivrées par des agents diplomatiques ou consulaires.
Lorsque l’application de la loi étrangère n’est pas demandée par les parties, le juge doit
vérifier lui-même le sens et la portée de la loi étrangère.

Section 2 : Les obstacles à l’application de la loi étrangère compétente


L’application de la loi étrangère peut être écartée si elle est contraire à l’ordre public ou
en cas de fraude à la loi.

§1- L’ordre public


La notion d’ordre public comprend l'ensemble des règles obligatoires qui touchent à
l'organisation de la Nation, à l'économie, à la morale, à la santé, à la sécurité, à la paix publique,
aux droits et aux libertés essentielles de chaque individu.
Lorsque la notion d’ordre public est soulevée par le juge, elle sert d’abord à éliminer les
lois étrangères qui commanderaient une solution injuste, contraire au droit naturel, à la religion
ou aux fondements d’une civilisations données. C’est le cas par exemple d’une loi privant un
individu de certains de ses droits pour des motifs d’ordre racial.

§2- La fraude à la loi


La fraude à la loi en droit international privé consiste au détournement volontaire d’une
règle de conflit de son application normale, en modifiant le critère de rattachement afin
d’obtenir l’application d’une loi plus favorable que celle qui régirait ordinairement le rapport
considéré. Il s’agit de changer de nationalité, pour éluder une loi plus contraignante en matière
de statut personnel, transférer le siège d’une société dans un pays étranger, afin de bénéficier
d’un régime juridique plus favorable.etc.
Deux éléments principaux sont nécessaires pour constater l’existence de la fraude à la loi :
le changement du point de rattachement de la règle de conflit de loi (élément matériel) et
l’intention frauduleuse ayant pour but d’écarter la loi normalement compétente (élément
intentionnel).
La sanction de la fraude à la loi est l’inopposabilité : l’acte étranger obtenu
frauduleusement conserve sa validité au regard de l’Etat étranger qui l’a accordé mais est sans
effet dans le litige privé dans l’état du for.

IV- Les solutions spéciales du droit des conflits de lois au Maroc

Section 1 : Le statut personnel

Sous-section 1 : Le mariage

§1- Le mariage des étrangers au Maroc

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On examinera d’une part les conditions de fond du mariage et d’autre part les conditions de
forme.
D- Les conditions de fond du mariage :

Si les deux époux sont de même nationalité, le juge doit appliquer leur statut personnel tel
qu’il est prévu par leur loi nationale sauf contradiction avec l’ordre public marocain.
Si les époux sont de nationalités différentes, les conditions de fond du mariage doivent être
conformes aux lois nationales des deux parties cumulativement.
E- Les conditions de forme du mariage:

Selon l’article 11 du D.C.C., les étrangers peuvent se marier au Maroc soit selon les formes
admises par leur loi nationale, soit selon celles déterminées par l’état civil marocain.
Ainsi, les étrangers ont la possibilité de conclure leur mariage devant l’officier d’état civil
marocain à condition que leur loi nationale l’admette.
F- Cas du musulman étranger :

On n’applique pas à un étranger musulman qui veut conclure son mariage au Maroc son
droit national quant aux conditions de fond et conditions de forme, ce droit est remplacé par le
droit marocain c'est-à-dire les règles de la Moudawana. Il en résulte les conséquences
suivantes :
1°- un étranger musulman est autorisé à avoir plusieurs épouses même si son droit
national le lui interdit
2°- Une étrangère musulmane n’est pas autorisée à se marier avec un étranger même si
sa loi nationale le lui permet.
3°- Le mariage du musulman étranger n’est valable du point de vue du droit marocain
que s’il est conforme aux règles de la moudawana.

§2- Le mariage mixte (entre marocains et étrangers)


Le dahir du 4 Mars 1960 prévoit que ce type de mariage n’est valable au Maroc que s’il
est conclu conformément au droit marocain applicable à la partie marocaine.
Par conséquent, la célébration doit avoir lieu dans les formes prévues par la Moudawana
si le conjoint marocain est musulman et selon les formes du droit hébraïque s’il est de
confession juive.

§3- Le mariage entre marocains à l’étranger


Lorsque deux marocains se marient à l’étranger, leur contrat de mariage doit réunir toutes
les conditions de fond et de forme auquel se contrat est soumis au Maroc. Ce qui veut dire qu’il
doit être conforme à la Moudawana en ce qui concerne le mariage des marocains musulmans et
au statut personnel hébraïque en ce qui concerne les israélites marocains.
Selon le professeur Moussa Abboud, le mariage des marocains qui ne sont ni musulmans
ni israélites doit être célébré de la même manière qu’un mariage entre musulmans pour être
considéré valide même si cette solution est inconcevable sociologiquement.

Ainsi selon l’article 2 du code de la famille : « Les dispositions du présent Code


s’appliquent :
1- A tous les marocains même ceux portant une autre nationalité
2- Aux réfugiés y compris les apartides
3- à toute relation entre deux personnes lorsque l’une d'elles est marocaine ;
4- à toute relation entre deux personnes de nationalité marocaine lorsque l’une d'elles est
musulmane.

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Les Marocains de confession juive sont soumis aux règles du statut personnel hébraïque
marocain. ».

Par ailleurs, l’article 14 de la Moudawana permet aux marocains résidant à l’étranger de


contracter mariage selon les formalités administratives locales du pays de résidence, pourvu
que soient réunies les conditions du consentement, de la capacité, de la présence du tuteur
matrimonial (Wali), le cas échéant, et qu’il n’y ait pas d'empêchements légaux ni d'entente sur
la suppression du Sadaq (la dot) et ce, en présence de deux témoins musulmans.

Les marocains, ayant contracté mariage conformément à la législation locale du pays de


résidence, doivent déposer une copie de l'acte de mariage, dans un délai de trois mois courant
à compter de la date de sa conclusion, aux services consulaires marocains du lieu
d'établissement de l'acte. En l'absence de services consulaires, copie de l’acte de mariage est
adressée dans le même délai au ministère chargé des affaires étrangères.
Le mariage entre marocains à l’étranger peut avoir lieu dans les consulats marocains qui
disposent de adouls pouvant célébrer le mariage.

Dans les relations franco-marocaines, l’article 6 alinéa 2 de la convention relative au statut


des personnes et de la famille et à la coopération judiciaire prévoit que : « Chaque Etat peut
décider que le mariage dans l'autre Etat entre des époux qui possèdent tous deux sa nationalité
sera célébré par ses fonctionnaires consulaires ».

Sous-section 2 : Le divorce :
L’étude de cette institution nécessite la distinction entre les conditions de fond et la
procédure du divorce.
Les conditions de fond :
S’agissant des causes du divorce, on applique la loi nationale commune des époux s’ils sont
de la même nationalité.
Si les époux sont de nationalité différente, on applique la loi nationale de la partie qui
demande le divorce. Cependant, si l’une des parties est de religion musulmane, on applique le
droit marocain.
Les conditions de forme du divorce
La dissolution du mariage des étrangers au Maroc peut être prononcée par les tribunaux
marocains. Le tribunal compétent est le tribunal de première instance dans le ressort duquel se
trouve le domicile conjugal.
L’instance en divorce commence toujours par le préliminaire de la conciliation, même si la
loi nationale des intéressés ne la prévoit pas. Le jugement du divorce doit être transcrit sur les
registres de l’état civil du lieu où le mariage a été célébré, si la célébration a eu lieu au Maroc
en la forme de l’état civil.
Si la célébration a eu lieu en une forme coutumière, consulaire ou hors du Maroc, le jugement
est transcrit sur les registres de l’état civil du lieu où les époux avaient leur dernier domicile au
Maroc. Le jugement ne peut être transcrit sur les registres d’un consulat étranger qu’après
exéquatur.

Sous-section 3 : Les successions et le testament :


Il résulte de l’article 18 du DCC que les successions et les testaments sont soumis à la loi
nationale du défunt. Toutefois, lorsque ce dernier est musulman, il sera soumis à la moudawana
conformément à la jurisprudence.

Sous-section 4 : L’état et la capacité

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L’état et la capacité des étrangers sont régis par leur loi nationale.

Section 2 : Les biens


Les biens meubles et immeubles sont soumis à la loi du pays où ils sont situés.

Section 3 : Les contrats


Deux articles réglementent la solution des conflits de lois en matière contractuelle : il s’agit
des articles 10 et 13 du dcc. Une distinction est faite entre les règles relatives à la forme des
actes juridiques et les règles relatives aux conditions de fond et les effets de ces actes.

Sous-section 1 : La forme des actes juridiques :


Selon l’article 10 du D.C.C. : « Les actes juridiques passés dans le protectorat français du
Maroc par des Français ou des étrangers sont, quant à leur forme, valables, s'ils sont faits suivant
les prescriptions, soit de la loi nationale des parties, soit de la loi française, soit de la législation
édictée pour le protectorat français, soit enfin des lois et usages locaux ».
Cet article donne donc le droit de choisir entre trois lois : la loi des parties, la loi française
et le droit local. Toutefois, l’application de cet article est exclue dans certains cas.

§1- La loi des parties :


Si les deux parties ont la même nationalité, ils peuvent conclure le contrat selon la forme
édictée par leur loi nationale. Ainsi, si cette loi autorise la conclusion du contrat sous seing
privé, le recours au notaire n’est pas obligatoire.
Par contre si la forme autorisée est la forme authentique, le contrat doit être conclu soit
par un notaire marocain, soit par le consul du pays auquel les parties au contrat appartiennent.

§2- Le droit français :


La règle selon laquelle, la forme d’un acte juridique est valable si cet acte est fait suivant
les prescriptions de la loi française n’est plus applicable à l’heure actuelle. Cette règle était
applicable avant l’indépendance puisque le Maroc était sous protectorat français.

§3- Le droit local :


L’article 10 du D.C.C. se réfère à deux formes d’application du droit local : il s’agit de la
législation édictée pour le protectorat français et des lois et usages locaux.
C- La législation édictée pour le protectorat français :

Cette expression fait référence aux règles relatives au système notarial moderne qui
déterminent la compétence du notaire au Maroc.
Durant le protectorat, le notaire qui était toujours français, ne pouvait rédiger un contrat
que lorsque l’une des parties était française ou justiciable des tribunaux français ou lorsque ce
contrat intéresse un marocain mais est destiné à être produits en France ou à l'étranger ou devant
une autorité administrative ou judiciaire française ou étrangère. L’expression législation édictée
pour le protectorat français, concerne aussi le cas des greffiers qui étaient autorisés à rédiger
certains actes.
D- Les lois et usages locaux :

Cette expression fait référence aux formes relatives aux contrats connues lors de la
publication du DCC à savoir le notariat adoulaire et le notariat hébraïque.
Ainsi, est valable le contrat dont l’un des contractants est étranger et dressé par un adoul à
condition que ce contrat ne soit pas contraire au droit musulman.

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Le notariat hébraïque est réservé aux personnes de confession juive et ce quel que soit leur
nationalité.

§4- L’exclusion des dispositions de l’article 10 du DCC :


Les dispositions de l’article 10 du DCC sont exclues soit en raison de la primauté de la loi
nationale de l’intéressé soit en raison de la primauté de la loi interne marocaine. Dans ces deux
cas, le choix entre différentes législations est exclu.
C- La primauté de la loi nationale de l’intéressé :

Elle existe lorsque la loi nationale de l’intéressé impose une forme comme élément de la
validité d’un acte. C’est le cas par exemple de la forme authentique du testament imposée par
le droit des Pays-Bas.
D- La primauté de la loi interne marocaine

Le droit marocain impose dans certains cas une forme déterminée pour la formation d’un
contrat et ce de manière impérative. C’est le cas par exemple de la vente immobilière qui doit
être effectuée par écrit ainsi que des obligations dont la valeur est supérieure à 250 dirhams qui
doivent également être établies par écrit.

Sous-section 2 : Les conditions de fond et les effets des actes juridiques :


Selon l’article 13 du DCC : « Les conditions de fond et les effets des contrats sont déterminés
par la loi à laquelle les parties ont eu l'intention expresse ou tacite de se référer.
Si la détermination de la loi applicable, dans le silence des parties, ne ressort ni de la nature
de leur contrat ni de leur condition relative, ni de la situation des biens, le juge aura égard à la
loi de leur domicile commun, à défaut du domicile commun, à leur loi nationale commune, et,
si elles n'ont ni domicile dans le même pays, ni nationalité commune, à la loi du lieu du
contrat ».

Section 4 : La responsabilité délictuelle


Les obligations nées d’un délit ou d’un quasi-délit sont régis par la loi du lieu où le fait
dommageable s’est produit.

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CHAPITRE 6 : LES CONFLITS DE JURIDICTION

Les conflits de juridiction ne tendent pas à régler le problème de la détermination de la loi


applicable mais ceux de la détermination du juge compétent.

I- Les cas de compétence internationale des tribunaux marocains

Section 1 : Les cas de compétence exclusive des tribunaux marocains :


Il existe 7 cas de compétence exclusive des tribunaux marocains :
8) En matière immobilière, lorsque l’immeuble objet du litige est situé au Maroc.
9) En matière de prestation de soins médicaux ou de nourriture lorsque ces soins ou
nourritures ont été donnés au Maroc.
10) En matière de contrats dans lesquels l’Etat ou une collectivité publique est partie,
lorsque la signature a eu lieu au Maroc
11) En matière d’impôts directs et de taxes municipales lorsqu’ils sont dus au Maroc
12) En matière de travaux publics, lorsque ces travaux ont été exécutés au Maroc
13) En matière de successions, lorsque le défunt est décédé au Maroc (sauf si la succession
englobe un immeuble situé à l’étranger, dans ce cas la compétence sera dévolue au
tribunal du lieu où se situe l’immeuble).
14) En matière de société, les tribunaux sont exclusivement compétents lorsque le siège
social de la société objet du litige se trouve au Maroc.

Section 2 : Les cas de compétence facultative conventionnelle


Il s’agit des cas dans lesquels le demandeur a le choix entre deux ou plusieurs tribunaux et
que l’un de ces tribunaux est marocain.
Les tribunaux marocains sont facultativement et concurremment compétents dans les 3 cas
suivants :
4) En matière de pension alimentaire lorsque le demandeur ou le défendeur se trouve au
Maroc.
5) En matière de responsabilité civile lorsque le fait dommageable ou le domicile du
défendeur se trouve au Maroc.
6) En matière contractuelle lorsque le contrat a été conclu ou exécuté au Maroc.

II- L’exéquatur
Les jugements étrangers ne peuvent, en principe, être exécutés au Maroc que s’ils ont obtenu
l’exéquatur. Il s’agit d’un ordre d’exécution, donné par l’autorité judiciaire marocaine, d’une
décision rendue par une juridiction étrangère.

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Selon l’article 430 du code de procédure civile : « Les décisions de justice rendues par les
juridictions étrangères ne sont exécutoires au Maroc qu'après avoir été revêtues de l'exéquatur
par le tribunal de première instance du domicile ou de la résidence du défendeur ou, à défaut,
du lieu où l'exécution doit être effectuée ».

Le tribunal saisi doit s'assurer de la régularité de l'acte et de la compétence de la juridiction


étrangère de laquelle il émane. Il vérifie également si aucune stipulation de cette décision ne
porte atteinte à l'ordre public marocain.

La demande d’exéquatur est formée, par voie de requête, à laquelle sont jointes :

1° Une expédition authentique de la décision ;

2° L'original de la notification ou de tout autre acte en tenant lieu ;

3° Un certificat du greffe compétent constatant qu'il n'existe contre la décision ni opposition, ni


appel, ni pourvoi en cassation ;

4° Eventuellement, une traduction complète en langue arabe des pièces énumérées ci-dessus
certifiée conforme par un traducteur assermenté.

La décision de l’exéquatur permet à la décision étrangère de produire les mêmes effets que
si elle avait été rendue par une juridiction marocaine.

Aussi faut-il préciser que les jugements étrangers ont la force juridique d’un acte authentique
et constituent un moyen de preuve non négligeable même s’ils ne sont pas revêtus de
l’exéquatur. De plus, les jugements relatifs à l’état et à la capacité d’une personne produisent
leurs effets sans exéquatur.

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