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19.01
INTRODUCTION
Présentation des bases juridiques et constitutionnelles de l’Etat.
L’Etat de droit arrive vers le 19ème s mais s’achemine et se perfectionne à partir du 20ème s.
Comment se présente-t-il, se matérialise-t-il ?
Qu’est-ce qu’on attend de lui ?
Qu’est-ce qu’un Etat dans l’histoire des nations ?
Qu’est- ce qu’un Etat aujourd’hui ?
Plan :
- Chap. 1 : L’Etat
- Chap. 2 : La Constitution
- Chap. 3 : Le régime politique et l’exigence démocratique
II. La population
La population correspond à l‘ensemble des individus qui vient de manière sédentaire sur le
territoire d’un Etat.
D’un point de vue politique, on considère qu’une population doit constituer une nation.
Une nation c’est un groupement d’individus que réunissent des liens à la fois matériels et
spirituels, qui ont manifesté à différents moments de leur histoire le désir de vivre
ensemble.
Le lien juridique qui relie un individu à son Etat s’appelle la nationalité.
On distingue la conception de la nation française de la conception de la nation allemande
(philosophiquement parlant).
- Dans la philosophie allemande de Johann Gottlieb Fichte, on considère que la
nation résulte de 5 éléments objectifs : la géographie (le territoire, les
frontières), la religion, la langue, la race. C’est une conception essentialiste de la
nation. Il y a une homogénéité de la nation, les allemands sont tous ceux qui
parlent allemand.
- Dans la philosophie française d’Ernest Renan (auteur du 19ème s), on considère que
la nation est plus subjective et volontariste, on va se référer à la volonté des
individus. On parle d’une association des individus volontaires pour un destin
commun. Il relève deux principes fondamentaux : « la possession en commun d’un
riche legs de souvenirs » et « le consentement actuel, le désir de vivre
THEORIE GENERALE DE L’ETAT
ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage que l’on a reçu
indivis ».
Il résume cela par la phrase : « avoir fait de grandes choses ensemble dans le
passé, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un
peuple ». Il insiste sur le fait que pour continuer d’exister il faut une « conscience
morale » qui appelle nation , qui ne peut résulter que d’une commune volonté
maintenu au prix de « l’abdication de l’individu au profit d’une communauté ».
Le concept de concession pour appartenir à une communauté est important, chacun doit
contribuer et apporter un peu de soi aux autres.
On parle en générale d’Etat nation, qui est l’idée selon laquelle à chaque Etat correspond
une nation.
En France, la DDHC de 1789 introduit le principe des nationalités : la souveraineté ne peut
être que nationale. La France est donc une seule nation.
Dans les années 90, le CC a déclaré à deux reprises que le concept juridique de « peuple
français » caractérisé par son « unicité » a valeur constitutionnel. La C. « ne connait que
le peuple français composé de tous les citoyens français sans distinction d’origine, de
race ou de religion. »
Un Etat correspond à une nation.
Cependant il peut avoir plusieurs nations ou revendications nationales au sein d’un Etat
mais c’est difficile à vivre. C’est le cas dans lequel une nation n’a pas d’Etat et vit donc
minoritairement sur le territoire d’un Etat reconnu, mais elle risque d’être opprimée, ou
encore si une nation se repartie sur le territoire de plusieurs états.
Exemple : les kurdes qui n’ont pas d’états à eux , sont minoritaires et vivent dans
plusieurs territoires ( Turquie , Syrie , Irak …)
Dans la réalité il y a une sorte de concurrence avec l’E avec d’autres personnes
de droit privé mais ils n’ont pas ce monopole de la souveraineté.
Les caractéristiques de ce pv :
La nécessité de ce pouvoir :
Pour que l'Etat existe réellement, il faut que sa souveraineté soit reconnue par
les autres Etats de la communauté international, il est libre de choisir son
système politique. Aucun autre Etat ne doit se mêler, mais il existe le droit
d'ingérence si l'Etat méconnait le droit des individus.
Pour désigner les autorités poli aptes à exercer le pv souverain on désigne « les
pouvoirs publics » ou le G. Quel que soit la réalité et l’unité d’une population, la
cohérence du territoire sur lequel elle vit, si elle n’est pas en mesure de désigner
un pv souverain, elle n’est pas capable d’avoir d’E.
➔ Thomas Hobbs (1588-1679) :
Philosophe anglais. Un des grands auteurs de la théorie du contrat social. Il correspond
très peu au canon de notre époque.
Déjà parce que c’est un auteur très pessimiste. Il dit considère que l’homme est
naturellement mauvais, « l’homme est un loup pour l’homme ». A l’époque l’image du
loup est très mauvaise (Lafontaine, le loup et l’agneau).
Si on laisse l’homme sans organisation étatique c’est la loi du plus fort qui sera imposée.
Sans règles l’homme va se laisser aller à ses instincts les plus primaires. Il a besoin
d’être encadré par la peur du gendarme.
De ce constat, Hobbs déduit que comme la loi du plus fort n’est pas celle voulue par la
plupart des individus, qui veulent de la sécurité, leur intérêt est donc de soustraire un
contrat confiant le pouvoir à une autorité qui aura comme mission principale d’assurer
l’ordre et la paix civile. Ce contrat est plus par intérêt que par plaisir, presque par
résignation.
Cette théorie est développée principalement dans son ouvrage Le Léviathan, publié en
1651. Le Léviathan est un monstre en mythologie ancienne. Il est mentionné dans la Bible.
Dans l’Etat il y a l’idée de force, de puissance, qui peut sévir par la force, par les armes.
« Ce grand Léviathan, qu’on appelle République ou Etat, n’est qu’un homme artificiel
quoi que d’une stature et d’une force plus grande que celle de l’homme naturel pour
la défense et la protection duquel il a été conçu ; en lui la souveraineté est une âme
artificielle puisqu’elle donne la vie et le mouvement à l’ensemble du corps. »
THEORIE GENERALE DE L’ETAT
Pur lui la République est quelque chose de très fort. On retrouve un peu la définition de
la personne morale dans cette citation. Dans la deuxième partie de cette citation, on
retrouve ce qui justifie l’Etat (la souveraineté).
On a souvent dit que sa théorie justifiait les régimes totalitaire car considérait que les
individus acceptaient un contrat par résignation : ont-ils vraiment le choix et est-ce un
vrai contrat ?
Ce contrat permet de justifier le pouvoir de l’Etat.
➔ John Locke (1632-1704) :
Philosophe anglais.
Son ouvrage principal est Les traités du gouvernement civil, (deux tomes) écrit en 1690.
Il a un théorie plus optimiste, il considère que l’homme est naturellement bon, libre,
raisonnable. Il considère qu’il y a un vrai consentement de l’homme au pouvoir. Selon lui
l’homme consent au pouvoir de l’Etat pour satisfaire son gout de la liberté. Il parle des
droits naturels de l’individus qui doivent être sauvegardés par l’Etat.
Il va plus loin car il dit que si l’Etat venait à méconnaitre la liberté des droits naturels de
l’individus ceux-ci auraient droit à l’insurrection. Il appelle ça « le droit d’en demander
au ciel ». Selon lui le pouvoir vient de Dieu, ainsi si le souverain abuse de son pouvoir, la
volonté de Dieu est salie.
Il va encore plus loin. Il commence à introduire la notion de séparation des pouvoirs.
Même si ce n’est pas la même chose qu’aujourd’hui il commence à dissocier le pouvoir
exécutif et le pouvoir législatif.
➔ Jean Jacques Rousseau (1712-1778) :
Son œuvre principal est Du contrat social (1762).
Sa théorie principale est que l’homme se méfie plus de la société que de lui-même.
Il faut préserver la liberté de l’homme sans trop le contraindre : « il faut trouver une
forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et
les biens de chaque associés et chacun s’unissant à tous n’obéit pourtant qu’à lui-
même et reste aussi libre qu’auparavant. »
Il pense finalement que l’Etat garde sa force protectrice mais qu’il ne doit pas entraver
la liberté de chacun.
Il considère que le contrat est toujours basé sur le consentement de tous les citoyens. Il
insiste encore sur le caractère toujours juste de la loi, il explique qu’elle est « la
conséquence nécessaire du pacte social et substitue la liberté civile à la liberté
naturelle ». On retrouve sa formule « la loi est l’expression de la volonté générale ».
C’est une vision très optimiste et très utopique.
La souveraineté nationale, idée qui vient notamment de Rousseau, est l’une des grandes
idées de la DDHC de 1789, qui elle sous-entend que nous avons besoin de représentants.
La souveraineté populaire qui est une autre idée de rousseau, sous-entend que nous
pourrions gouverner sans représentant.
Il fait une analogie entre l’Etat et le droit, on dit en général que Hegel a introduit une
conception dialectique de l’histoire, selon lui l’histoire d’un peuple suit le mouvement
de la vie et tout moment historique a une cause.
Pour Hegel le développement du droit est absolument nécessaire, c’est la base de tout,
ce droit qui est absolument nécessaire seul l’Etat peut l’apporter car c’est le seul à avoir
la force et la légitimité pour le faire.
Son objectif est que le droit dépasse les intérêts individuels et seul l’Etat peut le faire.
Il dit encore que le droit est une expression de la raison humaine. Si seul l’Etat peut
faire du droit c’est parce que lui seul peut donner à la norme un caractère contraignant.
Il présente l’Etat comme une belle totalité, il a la qualité selon Hegel d’être rationnel,
d’être légitime.
➔ Maurice Hauriou (1856-1929) :
Grand professeur de droit, connu pour la théorie de l’institution.
Il développe l’idée que l’Etat n’est rien d’autre qu’un ensemble d’institution habilité à
édicter des règles de droit et à les faire respecter.
Il dit que « l’Etat c’est l’institution par excellence » c’est-à-dire la plus perfectionnée
des institutions qu’il existe.
Il insiste sur le fait que l’Etat soit le seul auteur du droit car c’est lui qui détient la
souveraineté, le pouvoir politique.
Il considère que les individus consentent au pouvoir de l’Etat car selon les individus le
but de l’Etat est louable, défendable, l’Etat incarne le mieux l’intérêt général.
Le point commun des 2 auteurs est qu’ils expliquent l’Etat par la création et la mise en
application du droit.
I. L’Etat unitaire
02/02.
La France est plutôt centralisée, toutes les décisions viennent de Paris.
En théorie, l'Etat unitaire est centralisé, c'est un Etat qui concentre les décisions les plus
importantes dans la ville capital et qui manifeste une certaine défiance vis-à-vis les
collectivités intérieurs et des organisations inférieurs.
On en déduit que tout Etat unitaire a recours à des techniques d'aménagements des
compétences dont l'objectif est de rapprocher la décision des citoyen.
➔ Parmi ces techniques on retrouve la déconcentration .
La déconcentration consiste à faire prendre des décisions importantes par des agents des
pouvoirs centraux qui sont implantés sur le territoire et non pas dans la capitale. Cela
permet un allègement de l’administration centrale et un rapprochement les décisions
des citoyens.
La déconcentration en France est au main du préfet qui siège au niveau du département.
Il n’est pas le seul agent la quasi-totalité des autres fonctionnaires sont sous son
autorité ; le principal haut fonctionnaire qui n’est pas placé sous l’autorité du préfet est
le recteur d’académie.
Les préfets sont nommés par le gouvernement et le PRF. Ces emplois sont à la disposition
de l’Etat, ils doivent rendre des comptes à l’Etat, fidèlement appliquer la politique prise
par l’Etat et éventuellement l’adapter à leur territoire.
Depuis plusieurs années en France, la déconcentration, du point de vue des textes. Cela
signifie qu’on a augmenté le nombre de décisions prises par le préfet ou le recteur et
diminué celles prises par le ministre.
Cependant, on constate que le préfet est très encadré et est souvent influencé par les
ministres.
Les textes ont nettement fait progresser la déconcentration, mais on voit dans la réalité
que ce n’est pas aussi net.
CONCLUSION : la déconcentration est nécessaire et elle a nettement évolué en France
ces dernières années malgré la différence notable entre théorie et pratique.
➔ La deuxième technique de partage des compétences au sein d’un Etat unitaire
est la décentralisation.
La décentralisation consiste à confier des compétences adm. à des collectivités dotées
de la personnalité morale et possédant leurs propres organes de décisions. En France ce
sont les CT (régions, départements, communes).
THEORIE GENERALE DE L’ETAT
La différence entre ces CT et l’Etat est qu’il est le seul à avoir la souveraineté nationale.
Les organes de décisions des CT sont élus tous les 6 ans.
En France les compétences des CT se sont bcp élargies, on a franchi une étape importante
dans la décentralisation avec la loi du 2/03/1982 £££
Ex. depuis 1983, le maire délivre les permis de construire (avant il s’agissait du préfet).
Le maire a donc plus de compétences.
L’aspect développement des compétences est donc indéniable.
L’autre aspect, plus problématique, est celui ressource. A partir du moment où l’Etat
donne des compétences aux CT, il faut que les CT aient les ressources nécessaire, et
notamment les moyens financiers pour exercer ces compétences. Les CT protestent de
manière unanime en disant qu’elles n’en ont pas assez. Jusqu’à présent, les CT touchaient
la taxe d’habitation. Cependant, cette taxe d’habitation est en train de disparaître, sur
décision de l’Etat, ce qui est une grosse perte pour les CT. L’Etat compense les pertes
liées à cette suppression, mais on lui reproche de plus en plus de ne pas assez compenser.
Dans un Etat unitaire, l’Etat(préfets et sous-préfet) conserve un large pouvoir de
contrôle sur ces collectivités territoriales. Si un CM ne fonctionne pas du tout, l’Etat
peut le dissoudre. L’Etat peut également révoquer un maire (très rare). De manière quasi
systématique, c’est le contrôle de l’Etat sur les actes adm. des CT.
Ex. Dans la commune, le maire prend des arrêtés municipaux et le CM vote des
délibérations. Tous ces actes doivent être transmis au préfet ou au sous-préfet pour qu’il
puisse contrôler leur conformité à la légalité nationale. Ainsi l’intérêt national l’emporte
toujours sur l’intérêt local.
Art 72 alinéa 6 : « dans les CT de la R., le représentant de l’Etat [le préfet] a la charge
des intérêts nationaux, du contrôle adm. et du respect des lois ».
C’est ce qu’on appelle le contrôle a posteriori
Si le Préfet constate qu'un arrêté municipal ou un délibéré municipal n'est pas conforme, il
peut demander au maire de le modifier. C'est le contrôle a posteriori.
Avant 82 le préfet exerçait une forme de tutelle sur le collectivités, dépassant le champ de
la légalité et depuis cette date la L dit que les actes des collectivités terri sont exécutoires
de pleins droit. Il exerce juste un contrôle à posteriori. L’acte locale est exécutoire de
plein droit mais à condition qu’il est été transmis au préfet.
Au R-U, en Italie et en Espagne, la décentralisation est plus prononcée qu’en France,
quand une forme de décentralisation devient poussée on emploie souvent le terme de «
régionalisation » ou d’autonomie régionale même si cela ne concerne pas que les régions :
l’Italie donne beaucoup plus d’autonomie à ses régions que la France, car c’est un état
unitaire où les régions possèdent une partie du pouvoir normatif.
Le préfet applique un contrôlé a postériori. La loi pose une condition importante : l’acte
local est exécutoire de plein droit à condition qu’il ait été transmis au préfet. Ainsi ce
qui change est que le préfet n’a plus le pouvoir d’approbation mais seulement un
pouvoir de contrôle de la légalité.
Ce contrôle de légalité peut aboutir à la saisine du TA pour que celui dise si l’acte est
légal ou non.
La France reste un Etat unitaire car l’Etat garde le contrôle sur l’ensemble des
collectivités déconcentrées et décentralisées.
THEORIE GENERALE DE L’ETAT
Au RU, en Italie et en Espagne la décentralisation est plus prononcées qu’en France. On
parle alors de régionalisation ou d’autonomie régionale.
Par ex. l’Italie donne bcp plus d’autonomie à ses régions que la France, c’est un état
unitaire où les régions possèdent une partie du pouvoir normatif.
L’Espagne se rapproche de l’Etat fédérale par endroit, avec des régions à caractères
particuliers comme la Catalogne, qui a voulu s’auto proclamer indépendante.
Ça montre bien que c’est intéressant de pousser la décentralisation mais qu’après on
peut avoir des revendications à l’autonomie, à l’indépendance.
C’est un peu pareil au Royaume-Uni, certains pari sur l’éclatement du Royaume-Uni, le
problème principal est celui de l’Écosse et de l’Irlande du Nord. La plus grande partie du
R-U a été favorable au Brexit mais ces régions n’ont pas voté pour le Brexit mais ils y ont
été embarqués.
La Nouvelle-Calédonie déroge tellement au principe de l’Etat unitaire qu’il a fallu
inscrire son statut dans la C. (titre 13).